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Tag: Washington
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Crise alimentaire: L’envol des prix est un désastre pour les plus pauvres
Les spéculateurs financiers qui ont si bien contribué à la crise financière et à la ”Grande Récession” actuelle se sont à présent tournés vers les marchés internationaux de denrées alimentaires, avec des conséquences désastreuses.
John Sharpe, Socialist Party (CIO-Angleterre et Pays de Galles)
Ces charlatans sont maintenant en train d’investir massivement dans les marchés à terme des denrées alimentaires, spéculant sur les prix et causant une volatilité extrême.
La FAO (organisation des Nations-unies pour l’alimentation et l’agriculture) a rapporté que : ”Rarement les marchés ont affiché un tel niveau d’incertitude et de revirements soudains en un si bref intervalle. La production céréalière de cette année, qui est aujourd’hui estimée à 2216 millions de tonnes, est en baisse de 2% par rapport à son niveau de 2009, 63 millions de tonnes en moins que ce qui avait été annoncé en juin”.
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A propos de la crise alimentaire (2008)
- [DOSSIER] Crise internationale du pouvoir d’achat, crise alimentaire,… Le malheur des uns fait le bonheur des autres !
- DEBAT – La spéculation est-elle fondamentale dans les causes de la hausse des prix?
- Prix de l’alimentation – Ils spéculent. Nous payons la note! (tract du PSL)
- Augmentation des prix et crise alimentaire: Ce n’est pas notre faute, ce n’est pas à nous de payer!
- Augmentation des prix, rébellion et pauvreté
- Rage globale contre les hausses de prix de la nourriture
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Les Nations-unies avertissent que les prix des denrées alimentaires pourraient bien être rehaussés de 10 à 20% l’an prochain, après une récolte en baisse et la réduction annoncée des réserves mondiales. Plus de 70 pays africains et asiatiques figureront parmi les plus touchés.
Combinée à la vague de chaleur et aux incendies en Russie, et aux inondations au Pakistan, cette situation résulte en ce que les prix du blé, du maïs, et de nombreuses autres denrées alimentaires qui sont échangées au niveau international vont augmenter de jusqu’à 40% en l’espace de seulement quelques mois.
Les prix du sucre, du beurre et du manioc sont à leur plus haut depuis 30 ans, et la viande et le poisson sont tous deux bien plus chers cette année que l’an passé.
Larry Elliott, dans le journal britannique Guardian, a expliqué que ces hausses massives sont dues aux spéculateurs qui achètent des terres dans des pays pauvres, afin de profiter de la dépendance croissante de la Chine par rapport aux importations de nourriture. Ceci va à son tour accroître la dépendance des pays pauvres vis-à-vis des importations de denrées alimentaires à prix élevé.
Les dépenses d’importation alimentaires à l’échelle internationale pourraient bien dépasser la barre des 1.000 milliards de dollars ; les spéculateurs ne peuvent évidemment pas résister à l’idée d’aller fourrer leur nez dans une mangeoire de cette taille.
Les années 2007 et 2008 ont connu des émeutes de la faim dans plus de 25 pays, et on vu la population d’affamés dans le monde s’accroître de 100 millions de gens. Les Nations-unies craignent la même chose pour l’an prochain.
Comme l’a fait remarquer Lester Brown, fondateur du Worldwatch Institute à Washington, ”Ce sont les plus pauvres qui souffriront le plus, parce qu’ils ressentent directement les effets de la hausse des prix”.
Il y a dans le monde 1,5 milliards de personnes qui survivent avec entre 1 et 2 dollars par jour (ou moins) ; le capitalisme n’a rien à leur offrir – pas même de quoi remplir leur estomac.
Mais, tandis que les plus pauvres de la population mondiale sont en train de souffrir, les gros businessmen se remplissent les poches de superprofits provenant de l’agriculture et des secteurs associés. Dans les pays capitalistes avancés aussi, la vie des travailleurs est rendue de plus en plus difficile à cause de la hausse des prix de la nourriture.
La nationalisation socialiste des multinationales de l’agro-alimentaire et une planification internationale et démocratique de la production et de la répartition de la nourriture représente la seule issue pour les pauvres et les travailleurs du monde entier.
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Portugal: 30.000 manifestants contre l’impérialisme et la guerre dans les rues de Lisbonne.
Ce week-end, un grand sommet de l’OTAN a eu lieu à Lisbonne. Sept ans après “the coalition of willing” qui avait servi de préparation en vue de l’invasion de l’Irak, le Portugal a de nouveau fait bon accueil à un important sommet militaire. L’alliance militaire de l’impérialisme occidental s’est réunie pour discuter de sa stratégie pour les 10 années à venir. Leur objectif premier est de défendre les intérêts de l’impérialisme occidental dans un monde où d’autres blocs émergent.
Jonas Raposeiro, Socialismo Revolucionario (CIO-Portugal)
L’OTAN a été fondée après la Seconde Guerre Mondiale en tant qu’organe de ‘‘défense de la démocratie” et ce en dépit du fait que de nombreux dictateurs figuraient parmi les membres fondateurs, y compris le régime fasciste de Salazar au Portugal. Son véritable objectif était la défense militaire des intérêts économiques et géopolitiques des pays capitalistes majeurs contre le “péril rouge” venant d’URSS. Pour arriver à ses fins, l’OTAN n’a jamais hésité à avoir recours à la force brutale, l’invasion de l’Afghanistan n’étant que l’exemple le plus récent.
Depuis la disparition de l’URSS il y a 20 ans, l’OTAN a cherché une nouvelle stratégie. La “guerre contre le terrorisme” a servi de prétexte pour légitimer les nouvelles “prouesses” militaires; l’envoi de troupes dans des pays riches en pétrole. Avec l’émergence de nouvelles puissances, la Chine principalement, il est maintenant temps d’adopter une nouvelle stratégie.
L’OTAN a toujours été une organisation impérialiste. Son principal but est depuis le début de soutenir les intérêts économiques occidentaux dans le monde entier. Vu le contexte de crise économique, les contradictions capitalistes grandissent. Elles sont maintenant matérialisées sous la forme de conflits commerciaux, de protectionnisme ou de guerres des monnaies. Nous ne devrions donc pas être étonnés si dans la prochaine période, Washington utilise l’OTAN comme un moyen de pression militaire dans la guerre des monnaies, y compris contre la Chine.
Socialismo Revolucionario (CIO-Portugal) a été l’une des organisations qui ont mobilisé pour une grande manifestation contre le sommet. Des centaines d’organisations, avec parmi elles le Bloc de Gauche et le Parti Communiste, se sont joins à cette manifestation sous le slogan “paix oui, OTAN non”.
Samedi après midi, plus de 30.000 jeunes, travailleurs, militants et syndicalistes ont battu le pavé. Le lien entre le sommet de l’OTAN et la crise du capitalisme était souligné par de nombreuses délégations. Sur certaines banderoles, on pouvait lire: “stopper l’OTAN, le bras armé du capitalisme”, “désarmez l’OTAN, l’aile armée du capitalisme mise en place pour casser les droits des travailleurs” ou encore ‘‘contre la guerre; capitalisme et impérialisme sont la cause pas la solution”. Notre organisation-sœur est intervenue avec son dernier journal ainsi qu’un tract spécifique relatif à l’OTAN et à la grève générale qui va suivre ce mercredi.
Le Comité pour une Internationale Ouvrière condamne fermement l’attitude provocatrice de la police durant la manifestation. Par exemple, elle a essayé de bloquer un contingent de la PAGAN (plateforme anti-OTAN et anti-guerre) en l’isolant derrière un double cordon policier. Le but était de provoquer des réactions chez les manifestants de manière à pouvoir procéder à des arrestations et ainsi criminaliser l’évènement. Ces provocations n’ont pas eu beaucoup d’effets: elles ont rencontré une réponse militantes mais sans violences.
C’est cependant un exemple de campagnes que le gouvernement a tenté de développer ces dernières pour arriver à criminaliser les mouvements sociaux. Le gouvernement et les médias ont tenté d’effrayer les manifestant en annonçant la venue de 5.000 “black block violent” (qui ne sont d’ailleurs jamais arrivés) et en parlant de menace terroriste. Le gouvernement tente de créer un climat de peur contre la haine grandissante de la population contre sa politique, avec évidemment à l’esprit la grève générale de cette semaine. Cette campagne peut seulement être contrée par l’organisation et la lutte de la classe ouvrière.
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Relations commerciales Etats-Unis / Union Européenne : Echange entre l’ambassadeur américain et Joe Higgins
Ce premier juin, dans la Commission du Parlement Européen consacrée au commerce international, l’eurodéputé Joe Higgins (CIO-Irlande) s’est adressé à l’ambassadeur américain auprès de l’Union Européenne. Il y a abordé la crise économique actuelle et le rôle de l’administration Obama. Voici la vidéo de cet échange, ainsi que la traduction de cette discussion en français.
Joe Higgins :
‘‘Merci Président.
‘‘M. l’Ambassadeur, vous avez dit qu’un des plus graves problèmes sur base de laquelle nous, je veux dire la génération actuelle, serons jugés, est la manière dont nous nous occuperons de la crise économique et financière actuelle.
‘‘Cependant, comme vous le savez, ce désastre économique a été précipité par la spéculation et par la soif de profit téméraires de la part d’institutions financières américaines et internationales, qui ont été facilitées par la folie de la dérégulation et de la libéralisation mise en place coûte que coûte par les administrations américaine et européenne.
‘‘Et donc, que va faire l’administration Obama quant à cette situation, si l’on prend en compte que des hedge funds surpuissants sont toujours en train de mener le même type d’activités sur les marchés financiers et sur le plan international ?
‘‘Ou en train de spéculer, par exemple, contre le peuple grec et exigeant un prix énorme de la part de la classe ouvrière grecque qui est en train de payer pour les superprofits engrangés par la spéculation de ces mêmes personnes.
‘‘La plupart de ces requins sont basés sur la côte Est des Etats-Unis, les hedge funds, et plus à Londres.
‘‘Donc, que pense faire votre administration contre ce que j’appelle la dictature de ces hedge ffunds et de ces institutions financières ?
‘‘Deuxièmement, vous avez mentionné le fait que le libre-échange était considéré avec suspicion par la population laborieuse des Etats-Unis. Les accords de libre-échange.
‘‘Et l’instinct de la classe ouvrière américaine est ici correct, parce que les accords de libre-échange, selon moi, n’ont pas été faits dans leur intérêt, mais dans l’intérêt des grandes corporations internationales qui bénéficient du libre-échange, forçant par-là une spirale vers le bas des salaires et des conditions de travail pour la population laborieuse.
‘‘Ceci s’est très certainement vérifié aux Etats-Unis, comme ailleurs dans le monde.
‘‘Maintenant, puis-je vous demander, M. l’Ambassadeur – comme vous le savez, dans les années 60, 70, et 80, les administrations américaines ont soutenu pratiquement chacune des dictatures puantes qui ont émergé en Amérique latine et ailleurs, au nom de la facilitation du commerce, avec un immense profit pour les grandes entreprises américaines.
‘‘Pourtant, qu’est-ce qui a changé dans l’approche de l’administration Obama par rapport au commerce ?
‘‘Le commerce est-il toujours une activité « neutre », qui ne doit pas se mêler des Droits de l’Homme et autres ?
‘‘Ou bien, qu’est-ce qui a réellement changé avec la nouvelle administration ?
‘‘Et si quelque chose a réellement changé, pourquoi votre administration continue-t-elle toujours à accorder un soutien économique et un traitement énormément favorables à des Etats qui violent les Droits de l’Homme à la face du monde entier, tels qu’Israël, et que sera le résultat du désastre et du massacre de ces gens qui apportaient de l’aide humanitaire à Gaza ?
‘‘Et ceci va-t-il causer une quelconque modification de vos relations commerciales avec Israël, par exemple ?
‘‘De la même manière, avec le Honduras, comment justifiez-vous le maintien de relations ouvertes avec un gouvernement boiteux, provenant au départ d’un coup d’Etat ?
‘‘Et pour terminer, MM. le Président et l’Ambassadeur : vous vous êtes référés au désastre de la marée noire dans le Golfe du Mexique, qui constitue bien entendu une énorme source d’inquiétude pour le peuple américain, pour les travailleurs, pour les écologistes, pour tout le monde.
‘‘Quelles en sont les implications pour le forage pétrolier à grande profondeur, après ce désastre ?
Réponse de William E. Kennard, Ambassadeur des Etats-Unis auprès de l’Union Européenne :
‘‘M. Higgins, vous avez soulevé un certain nombre de problèmes et posé un certain nombre de questions.
‘‘Une sur la régulation financière, et vous avez émis le commentaire que les Etats-Unis sont responsables de la crise financière.
‘‘Je pense que nous avons passé le stade où nous pouvons chercher à savoir sur qui mettre la responsabilité de qui a causé cette crise et de qui ne l’a pas causée.
‘‘Vous voyez, nous y sommes tous ensemble, et on doit résoudre cela tous ensemble.
‘‘Une anecdote familiale – mon père était un petit entrepreneur. Il avait un petit partenariat. Mon père est un Afro-Américain, et son partenaire était un Blanc. Et je me souviens d’une époque, où ils avaient du mal, ils avaient des difficultés avec leur entreprise et ils se demandaient comment ils pourraient rentrer dans leurs frais. Et mon père s’est tourné vers son partenaire et lui a dit « Tu sais, on n’est pas arrivé ici sur le même bateau, mais maintenant, on est tous les deux dans la même galère ».
‘‘Voilà où nous en sommes. Je pourrais dire que la crise de l’Eurozone est un produit de l’Europe, mais en quoi cela va-t-il nous aider ?
‘‘En quoi cela va-t-il nous aider à résoudre le problème ? La réalité, est que nous sommes tous emmêlés dans un réseau financier mondial et interconnecté, et que nous devons travailler à cela tous ensemble. Vous avez aussi dit que nous n’avons rien fait pour réformer la finance.
‘‘Je prends assez mal ceci. Nous sommes très près de faire passer au Congrès Américain une des plus importantes réformes de nos lois financières depuis la Grand Dépression. Nous en sommes très près.
‘‘Et il est très important que, tandis que nos lois passent à travers le Congrès Américain, il y ait une coordination étroite avec l’Union Européenne. Parce que, à nouveau, ceci est un système interconnecté.
‘‘M. Abory était à Washington et à New York récemment, pour justement parler de cet enjeu, et je suis conforté dans l’idée que nous pouvons agir ensemble – si pas en harmonie, au moins en coordination au fur et à mesure que notre réforme financière sera mise en place.
‘‘De même, je ne suis pas du tout d’accord avec votre thèse selon laquelle la politique de libre-échange ne prend pas en compte les enjeux sociaux et environnementaux.
‘‘Le Président Obama a mené campagne autour d’une plate-forme visant à s’assurer que les négociations commerciales soient sensibles aux enjeux sociaux et environnementaux.
‘‘Il a donné une directive à l’ensemble du gouvernement, et c’est quelque chose auquel nous pensons chaque jour au gouvernement des Etats-Unis.
‘‘Israël, je m’excuse, je n’en ai pas parlé. Hier, nous avons tous été témoins d’une tragédie en haute mer autour d’une tentative d’amener un convoi d’aide humanitaire à Gaza. Le Président a tout de suite émis une déclaration.
‘‘Je ne sais qu’en dire de plus, à part que, avant de tirer une quelconque conclusion, il nous faut bien nous renseigner sur ce qui s’est passé.
‘‘Je pense qu’à chaque fois que qu’une telle chose se produit, il est important de comprendre ce que sont les faits, ce qui s’est réellement produit, et ensuite d’agir en conséquence.
Joe Higgins MEP:
‘‘Un acte de piraterie dans les eaux internationales, M. l’Ambassadeur, ce qui s’est produit est assez clair.
Ambassadeur américain:
‘‘Eh bien, nous verrons. Tous les faits ne nous sont pas encore parvenus.
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Inde : Retour sur les attentats terroristes de Mumbai
A bas la terreur du communautarisme et du capitalisme.
Le 27 novembre dernier, un abominable attentat a ensanglanté les rues de Mumbai (anciennement Bombay). Nos camarades Indiens avaient alors publié une déclaration que nous publions ici.
Déclaration de New Socialist Alternative (CIO-Inde)
L’horrible attaque terroriste du 27 novembre à Mumbai (anciennement appelée Bombay par l’occupant britannique, peuplée de 14 millions d’habitants, Mumbai est le centre économique et cinématographique indien) doit être condamnée à tous points de vue. Elle s’est déroulée dans la gare ferroviaire CST, habituellement bondée, ainsi qu’à six autres emplacements très fréquentés, tuant au moins 140 personnes (bien que certains bilans laissent entrevoir plus de 20 morts) et en blessant des centaines. La responsabilité a été réclamée par les Moudjahidines du Deccan, un groupe terroriste islamiste jusqu’ici inconnu.
Nos cœurs sont avec les familles, parents et amis qui sont gravement affectés par ces actes haineux, quel que soit le groupe ou l’organisation qui les ait perpétrés. Le gouvernement du Maharashtra (la province dont Mumbai est la capitale) et les autorités concernées devraient immédiatement compenser les familles qui ont perdu un ou des proches. Nous sommes certains que toutes les communautés, qu’elles soient hindoues, musulmanes, ou chrétiennes, sont terrifiées, pas seulement à Mumbai, mais dans le pays tout entier. Les organisations démocratiques des travailleurs, les syndicats et les organisations locales de toutes les communautés doivent organiser la lutte contre le terrorisme au côté de la lutte contre le capitalisme, le féodalisme et l’impérialisme.
Depuis les attaques du 11 septembre aux Etats-Unis, les attaques terroristes se sont multipliées en Inde. Les gouvernements de New Delhi, quel que soit le parti au pouvoir, se sont étroitement alliés avec Washington, une alliance qui a culminé avec l’accord hautement controversé sur l’énergie (et les armes) nucléaire. Au cours des derniers mois, chaque ville indienne d’importance a connu de telles attaques terroristes, tuant des douzaines, si pas des centaines d’innocents.
Polarisation communautaire
Les gouvernements capitalistes du monde entier ont suivi la même politique que l’administration américaine sous la tutelle de George Bush, personnage détesté dans l’ensemble du monde ; cette politique visait à aliéner les peuples musulmans en leur greffant l’étiquette de « terroristes », potentiels ou non. En Inde, la division communautaire historique a été encore renforcée par cette stigmatisation communautaire officieuse des minorités, et en particulier des musulmans.
Les gouvernements des Etats indiens dirigés par le BJP (Bharatiya Janata Party – Parti du Peuple Indien, de tendance centre-droite nationaliste et hindouiste), ou le gouvernement central dirigé par l’UPA (l’UPA, l’United Progressive Alliance, est une coalition de partis, elle-même dirigée par le Parti du Congrès, parti nationaliste laïque à tendance sociale-démocrate), sont directement responsables de la désaffection parmi la jeunesse, et surtout les jeunes musulmans qui, bien qu’en faible nombre, rejoignent les rangs de ces bandes terroristes désespérées.
Pour l’establishment indien, le fait de blâmer soit les membres de l’ISI (Inter-Services Intelligence, les services d’espionnage pakistanais), soit leur bouc émissaire préféré : le SIMI (Students’ Islamic Movement of India), afin de les diaboliser aux yeux de la population, est devenu le schéma habituel. Cela n’enlève absolument rien à la responsabilité de ces groupes monstrueux qui utilisent des méthodes de terreur. Leurs activités renforcent les forces communautaristes hindoues d’extrême-droite et la machine d’Etat qui ne fera qu’utiliser cette opportunité qui lui est offerte de piétiner les droits des travailleurs en particulier et des droits de l’Homme en général.
L’agenda caché de la terreur fondamentaliste hindouiste
Les chroniqueurs de la gauche radicale tels que Ram Punyani et Subhash Gatade se sont déjà étendus sur le phénomène que l’on connaît de nos jours sous le nom de « terreur saffran », celle des organisations fondamentalistes hindouistes. Les récentes explosions à Malegaon (dans le Maharashtra) qui ont mené à l’arrestation de Sadhvi (sainte) Pragya Singh et de ses deux associés, remet en question toute la théorie de la terreur djihadiste elle-même.
Les méfaits de Raj Thackeray, membre du MNS (Maharashtra Navnirman Samithi – Armée de la Rénovation du Maharashtra), un groupe qui terrorise en ce moment dans le Maharashtra les travailleurs immigrés en provenance de l’Uttar Pradesh (un Etat du nord-est de l’Inde, le long du Gange et frontalier avec l’Himalaya, et dont 18% de la population est musulmane), etc. ne sont pas moins terrorisants que la terreur soi-disant islamique.
Pravin Thogadia, la fripouille du VHP (Vishwa Hindu Parishad – Conseil Hindou Mondial), ainsi que l’infâme Narendra Modi, «le Hitler du Goujarat», sont célèbres pour leur politique communautariste qui flirte avec le fascisme. Ces « célébrités » communautaires hindoues doivent également être pointées du doigt. Encore aujourd’hui, des millions de musulmans frissonnent au souvenir de la terreur de masse – viols, meurtres, pillages – qui a été perpétrée à l’encontre des musulmans désarmés du Goujarat (un Etat indien frontalier avec le Pakistan, à forte population musulmane) pendant les émeutes de Godhra en 2002.
Que ce soit la terreur de masse commise par la Sangh Parivar (« Famille d’Associations ») et sa famille composée de la Rashtriya Swayamsevak Sangh, du BJP, du VHP, de la Shiv Sena, de la MNS, de la Sanathan Sanstha, de la Durga Vahini, de la Bajarang Dal, de l’Abhinav Bharat, de l’Akhila Bharatiya Vidyarti Parishad, du Rashtriya Jagaran Manch, du Hindu Raksha Samithi, etc. (Organisation Nationale des Volontaires, Parti du Peuple Indien, Conseil Hindou Mondial, Armée de Shiva, Armée de la Rénovation du Maharashtra, Organisation éternelle, Armée de Durga, Armée des Singes, Nouvelle Inde, Conseil pour tous les Etudiants de l’Inde, Forum pour un Jagran National, Comité de Défense Hindoue), la criminalisation et la brutalisassions de la société toute entière, ou les tactiques de terreur individuelle des groupes djihadistes islamistes, ils polarisent une société déjà divisée. Ils vont pousser la société encore plus loin dans une impasse de haine et de vengeance, qui pourrait même mener à une situation de guerre civile.
Les statistiques et les faits révèlent que le néolibéralisme et le communautarisme se sont renforcés l’un l’autre afin de servir les intérêts du capitalisme en Inde. A partir de 1991, l’offensive néolibérale a coopéré amicalement avec la vague montante de communautarisme hindouiste ; la destruction de la Mosquée de Babri à Ayodhya en 1992 a bel et bien détourné l’attention du mouvement ouvrier loin des problèmes réels que sont le riz et le sambhar (plat de légumes indien), le roti (pain indien) et le sabji (un autre plat de légumes indien).
Unité et action de classe maintenant !
La lune de miel dont a bénéficié le Parti du Congrès s’est visiblement subitement terminée. Les mandarins du Bloc Sud de Delhi (les bureaux des Premier Ministre, Ministre de la Défense et Ministre des Affaires étrangères) qui, jusqu’il y a peu, se complaisaient dans la gloire d’un boom sans précédent et dans l’aura de l’accord nucléaire avec Washington, sont maintenant frénétiquement partis à la recherche de boucs émissaires sur le plan économique aussi bien que social. Le ton suraigu avec lequel le Premier Ministre Manhoman Singh a prévenu les « voisins » de l’Inde de ce qu’ils vont devoir payer, montre bien le désespoir de l’establishment indien. L’idée de sonner le tambour de guerre jingoïste par quelques singeries emphatiques a peut-être traversé les esprits des pouvoirs en place afin de les préserver de la déroute électorale lors des prochaines élections provinciales et, surtout, lors de l’élection générale de la moitié de l’an prochain.
Le BJP et ses sbires, qui se préparent en ce moment à un come-back à l’échelle nationale lors des prochaines élections générales, vont utiliser le sentiment de chagrin et de désespoir qui vit actuellement afin de rallumer le feu communautaire et ainsi prendre avantage de la crise sociale.
La récession qui s’est déjà bien installée dans l’économie va encore plus dévaster les vies des travailleurs pauvres, des paysans et des classes moyennes dans les semaines et mois qui viennent. La période à venir exige toute la combativité que la classe ouvrière peut rassembler afin de défendre les intérêts des travailleurs et des pauvres. La nécessité du moment, c’est l’unité de classe. Nous appelons tous les travailleurs, qu’ils soient hindous, musulmans, chrétiens ou sikh, à être vigilants et unis afin de contrecarrer toute tentative de diviser leur classe sur des bases communautaires sanglantes.
Les syndicats et organisations de travailleurs et de communes doivent agir pour vaincre ces tentatives sinistres de diviser pour régner dans le but d’en tirer un profit politique.
Nous exigeons:
- La justice pour les personnes affectées et de vraies compensations pour les victimes et pour leurs familles
- Des comités de quartiers des travailleurs et des pauvres afin de défendre les zones affectées par des attentats et des émeutes
- Non au terrorisme !
- Une lutte unie et commune des travailleurs et des pauvres pour la justice, contre l’exploitation et la pauvreté
- Aucune confiance dans les forces étatiques officielles. Le droit pour les agents de police et des forces auxiliaires à se syndicaliser et à élire des représentants aux comités régionaux
- La fin du capitalisme qui engendre le communautarisme et le terrorisme !
- Un socialisme démocratique, seule alternative
- Que soient chassés du gouvernement le Congrès, le BJP et les autres partis qui défendent le capitalisme, et n’offrent aucune alternative
- L’édification d’un nouveau parti des travailleurs de masse
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Augmentation des prix, rébellion et pauvreté.
La flambée des prix de la nourriture a récemment causé une tempête de protestations et ce partout à travers le monde. Ces grèves et manifestations ne sont que la réaction des ouvriers et paysans face à cette envolée des prix.
Robert Bechert, Comité pour une Internationale Ouvrière, Londres (article publié le 23 avril sur socialistworld.net)
Haiti, le Cameroun, l’Egypte ou l’Indonésie ne sont que quelques uns des pays qui ont connu récemment des protestations de masses.
Si les envolées des prix sont choquantes, elles ne donnent qu’un aperçu seulement de ce qui est en train de se passer, des millions de personnes doivent en fait se battre pour arriver à nourrir leurs familles. Les médias ne cessent de nous rapporter ce qui se passe : le riz a augmenté de 75% en deux mois, le blé de 130% durant l’année dernière et en une seule journée, le riz a augmenté& mondialement de 10%.
Des millions de personnes sont forcées d’économiser simplement sur ce qu’ils consacrent à la nourriture et des millions de personnes ressentent une colère immense. Au Salvador, les pauvres mangent deux fois moins qu’il y a un an. La Banque Mondiale a estimé que 100 millions de personnes en plus ont déjà été poussé dans «l’extrême pauvreté». Même dans les pays « développés », les prix augmentent : en Grande Bretagne, un test comparatif reprenant 24 produits de consommations courants a montré que leurs prix avaient augmenté de 15% en une année.
Cette crise a même choqué les institutions capitalistes telles que le Fond Monétaire International ou la Banque Mondiale, principalement car elles en craignent les conséquences. Le président de la Banque Mondiale a déclaré que 33 pays étaient en proie à un «malaise social» à cause de la hausse des prix des denrées alimentaires. Le terme «malaise» est une sous estimation grossière de la situation : la pénurie alimentaire et l’inflation peuvent provoquer des révolutions.
Les travailleurs commettraient une erreur en se reposant sur ces gens, ou sur des philanthropes, pour trouver une solution. Bien sur, ils pourraient organiser une aide d’urgence, mais c’est fondamentalement leur système – l’économie de marché – qui est à l’origine de la crise.
Les demandes d’actions se multiplient.
Mais, quelles sont les causes de la crise ?
Clairement, un grand facteur de la crise est le chaos du marché «libre» et la spéculation qui l’accompagne. Loin d’être le fil conducteur qui guide les progrès humains, le marché aggrave l’inflation du prix de la nourriture. Comme la crise économique mondiale provenant des USA a provoqué un effondrement des possibilités de spéculations financières, les spéculateurs capitalistes se sont reportés sur la nourriture et les matières premières.
Encore inondés des super profits datant de la dernière période de croissance économique, ils se sont accaparé les stocks de nourriture. Comme les gens sont bien obligés de manger pour vivre, ils pensaient ainsi pouvoir s’enrichir encore plus en spéculant sur les prix de la nourriture et des autres matières premières. Depuis le début de l’année, le nombre d’accords financiers conclus quotidiennement sur le marché CME de Chicago (Chicago Mercantile Exchange – bourse de produits des matières premières, particulièrement au niveau de l’alimentation) a augmenté de 20%. L’Ethiopie a tenté de lutter contre cette spéculation en interdisant les accords dans « le futur » (des paris sur les prix à venir de la nourriture et des matières premières). Mais l’action d’un seul pays, a fortiori s’il est issu du monde néocolonial, n’a qu’un impact limité.
Cependant, la spéculation n’est pas la seule cause de la hausse des prix. Certaines autres causes telles que la demande croissante de nourriture, le changement climatique ou encore les «bio» carburants ont été très souvent mentionnés. Lester Brown, directeur du Earth Policy Institute à Washington a déclaré, pas plus tard qu’en avril dernier, que la surface utilisée aux USA pour produire des biocarburants ces deux dernières années aurait pu fournir à 250 millions de personnes leurs rations en grain.
L’hebdomadaire de droite « The Economist » a involontairement mentionné un autre facteur de la hausse des prix : l’offensive néolibérale depuis les années 1980. « The Economist » a expliqué que les rendements des nouvelles récoltes avaient tendance à diminuer naturellement, et que c’était seulement en produisant de nouvelles variétés que l’on pouvait maintenir ou faire progresser les rendements.
Cependant, « la plupart des recherches agronomiques sont financées par des gouvernements qui, dans les années 1980, ont commencé à réduire (…) les dépenses (…) ils ont préféré faire intervenir le secteur privé. Mais, beaucoup des entreprises privées engagées pour remplacer les chercheurs d’Etats se sont révélé n’être intéressés que par le profit. La part de l’agriculture dans les dépenses publiques dans les pays en voie de développement a chuté de moitié entre 1980 et 2004. Ce déclin a eu un impact inévitable… Entre les années 1960 et 1980, dans les pays en voie de développement, le rendement des céréales principales augmentait de 3 à 6% par année. Maintenant, la croissance annuelle est revenue à 1 à 2%, en dessous de l’augmentation de la demande. « Nous payons le prix de 15 ans de négligence » a déclaré Bob Ziegler, directeur de l’Institut international de recherche sur le riz, basé aux Philippines. » (The Economist, 19 avril 2008).
En réalité, ce n’est pas de la « négligence » mais le dogme néolibéral et la recherche de nouvelles zones où faire des profits qui s’est ajouté à cette crise alimentaire.
Qu’est ce qui peut être fait ?
Dans beaucoup de pays, des voix se font entendre pour instaurer un contrôle du prix de la nourriture, pour introduire ou défendre les subsides pour la nourriture ou encore pour une hausse des salaires. Les syndicats devraient exiger une hausse des salaires qui suit l’inflation. Les salaires devraient être liés à un indice des prix qui correspondrait réellement au coût de la vie. Cependant, de telles mesures, bien que bienvenues, ne seraient que provisoire.
Le contrôle de l’approvisionnement en nourriture doit être immédiatement retiré des mains des spéculateurs, des négociants internationaux et des grosses compagnies agroalimentaires. Le mouvement ouvrier doit exiger que ces institutions soient nationalisées pour permettre la mise en place d’un plan de distribution de nourriture, à des prix raisonnables, pour tous.
Mais une telle nationalisation devrait être contrôlée démocratiquement au rique d’être utilisée par les gouvernements pour s’enrichir eux mêmes ainsi que leurs alliés capitalistes.
Dans beaucoup de pays, le contrôle de l’importation ou de l’exportation a toujours été source de corruption et de mercantilisme. L’argentine, le Vietnam ou l’Inde ont déjà interdit certaines exportations de nourriture ou ont instauré des taxes sur celles-ci. Mais de telles mesures n’abaissent pas automatiquement le coût de la nourriture, et peuvent mener de petits fermiers à la rébellion.
Seul un contrôle et une gestion des ressources par les travailleurs combinée à une comptabilité ouverte pourra assurer la répartition équitable de la nourriture et ce sans marché noir. Les petits fermiers et les petits commerçants doivent donc se voir attribuer des revenus et une place dans la chaîne de distribution de la nourriture. Si le rationnement doit être imposé, il doit être laissé sous le contrôle démocratique des travailleurs, pas sous celui des gouvernements corrompus servant des élites.
Des mesures doivent être prises pour « booster » l’approvisionnement en nourriture. Les entreprises produisant les graines, le fertilisant,… doivent également être nationalisées sous le contrôle des travailleurs. Alors, de nouvelles récoltes pourront être développées pour répondre aux besoins et non pas pour réaliser des profits. Les engrais pourront aussi être rendus plus accessibles.
Les banques, dont beaucoup ne survivent plus que grâce aux aides de l’Etat, devraient également être nationalisées et leurs ressources employées pour fournir aux petits fermiers des crédits bon marchés.
Les grands producteurs agricoles, eux aussi, devraient encore être nationalisés. Sur cette base, il serait possible de commencer à planifier l’augmentation de la production de nourriture avec l’aide de progrès dans l’irrigation ou dans d’autres techniques, pour répondre aux besoins et non pour s’adapter au marché.
Pour sauver notre planète, le capitalisme doit être éliminé.
Fondamentalement, cela signifie contester le système capitaliste en lui-même. La crise financière a vu des banquiers courir auprès des gouvernements pour demander de l’aide. L’argument néo libéral selon lequel l’Etat ne peut intervenir dans le marché s’écroule, poignardé en plein cœur par les capitalistes eux mêmes.
Cependant, l’Etat n’est pas neutre. Dans les pays capitalistes, l’Etat agit pour protéger les intérêts des capitalistes. La nationalisation d’entreprises, voir même d’un secteur entier de l’économie, n’est pas en soi une cassure vis-à-vis du capitalisme. La propriété publique avec la nationalisation des secteurs clés de l’économie est la vraie alternative au système du marché qui produit régulièrement des convulsions.
Déjà dans un certain nombre de pays, ce sont les organisations de travailleurs, telles que les syndicats, qui ont été forcées de défendre les « norme de vie ». Le mouvement des travailleurs a la responsabilité d’agir, de prévenir la faim et d’offrir une alternative. Les travailleurs, organisés internationalement, ont la capacité de décider de l’utilisation des ressources du monde.
Cependant, ce n’est pas juste la question de la popularisation de l’alternative socialiste; c’est un but. Récemment, lors d’un discours aux Nations Unies à New York, le président bolivien, Evo Morales, a déclaré que : « pour sauver la planète, il faut éliminer le capitalisme. » C’est absolument correct, mais de tels appels verbaux doivent mener à des conclusions concrètes à moins de ne rester que du vent. Si Morales est sérieux, son gouvernement peut servir d’exemple en mobilisant les pauvres et les travailleurs pour briser le capitalisme, et montrer que cela peut être fait. Cela sera un appel aux pauvres et aux travailleurs du monde entier pour suivre le même parcours.
L’impact brutal de l’augmentation des prix de l’alimentation va, comme le craint la Banque Mondiale, ouvrir une nouvelle période de lutes révolutionnaires et de possibilités pour construire une force socialiste de masse capable de mettre fin au capitalisme, capable de mettre fin à la misère, capable de mettre fin à la pauvreté et à la faim.
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Accuser l’impérialisme. “La Grande Guerre pour la Civilisation : La Conquête du Moyen-Orient”
Qui donc porte la responsabilité de la catastrophe au Moyen-Orient ? Dans ce livre, le journaliste Robert Fisk tente de retracer tous les événements qui se sont déroulés dans cette région au cours des 30 dernières années.
Revue par Per-Ake Westerlund.
Fisk a connu plus d’aventures que la plupart des héros de films. Parmi les gens qu’il a interviewés en tant que reporter figurent l’Ayatollah Khomeini et Oussama ben Laden, l’un pour le Times, l’autre pour The Independant. Il se trouvait en Iran pendant et après la révolution de 1979. Il a visité plusieurs fois la ligne de front des deux côtés pendant la guerre entre l’Iran et l’Iraq, en 1980-88. Il a accompagné les troupes russes dans les années 80’s jusqu’en Afghanistan, et y a été battu par une foule en colère après les bombardements américains de 2001. Il est arrivé à Bagdad par le dernier avion juste avant que Bush ne lance ses premiers missiles en mars 2003.
Fisk est toujours volontaire pour prendre des risques afin de se faire sa propre opinion sur ce qui se passe réellement. Il a de plus en plus défié la majorité des médias, par sa critique de la guerre d’Iraq et de l’oppression des Palestiniens par l’Etat d’Israël. Par conséquent, ce qu’il écrit vaut toujours la peine d’être lu, et c’est encore plus le cas pour ce livre, qui comprend plus de 1000 pages sur l’histoire récente du Moyen-Orient. Si le point de départ est la propre expérience de l’auteur, le thème n’en est pas moins la responsabilité des puissances occidentales dans la guerre, la souffrance et la dictature dans cette partie du monde. Une de ses conclusions est que « historiquement, il n’y a jamais eu d’implication de l’Occident dans le monde arabe sans que s’ensuive une trahison ».
Fisk écrit que le 11 septembre n’est pas la raison de ce livre, mais plutôt une tentative d’expliquer l’enchaînement des événements qui a mené aux fameux attentats. Comment Oussama ben Laden a-t-il pu remporter tous les sondages de popularité ? D’où vient-il ? La réponse se trouve dans l’histoire. Tout au long du 20ème siècle, les puissances occidentales ont démarré des guerres, occupé des pays, et renversé des régimes au Moyen-Orient, encore et encore. Selon Fisk, tout Arabe raisonnable serait d’accord de dire que les attentats du 11 septembre sont un crime, mais demanderait aussi pourquoi le même mot n’est pas employé lorsqu’on parle des 17 500 civils tués par l’invasion du Liban par Israël en 1982. Alors que les régimes du Moyen-Orient – l’Egypte, l’Arabie Saoudite, la Jordanie, la Palestine actuelle de Mahmoud Abbas – sont en excellents termes avec les Etats-Unis, ben Laden et d’autres islamistes ont rappelé aux masses toutes les guerres contre les musulmans dirigées par les USA et Israël. Avec l’échec sur le plan international des partis communistes staliniens et du mouvement social-démocrate à montrer la voie à suivre pour la lutte, c’est la religion qui est apparue comme un facteur politique. C’est le même facteur qui a également été utilisé par des régimes qui se prétendaient comme étant des musulmans authentiques – parmi lesquels le régime de Saddam Hussein des dernières années n’était pas des moindres.
A la suite du 11 septembre, George Walker Bush, avec le soutien des « dirigeants mondiaux », a décidé de bombarder ce pays déjà dévasté qu’était l’Afghanistan. Lorsque ce pays a été envahi par l’Union Soviétique en 1980, cela était le début d’une guerre qui allait durer 16 ans, avec plus d’un million de morts et six millions de réfugiés. Le régime stalinien déclinant de Moscou fut forcé à une retraite en 1988, après une longue guerre contre les « saints guerriers » moudjahiddines, que le président Reagan saluait en tant que « combattants de la liberté ». Parmi eux se trouvait un contingent saoudite, mené par le milliardaire ben Laden, financé et encadré par la CIA, la monarchie saoudite, et le Pakistan. A partir de 1988, le pays sombra dans la guerre civile entre différentes troupes de moudjahiddines, avant la prise du pouvoir par les Talibans en 1966. Les Talibans étaient des enfants de réfugiés afghans vivant dans la misère, élevés dans des écoles islamistes de droite au Pakistan, et armés par les services secrets pakistanais. Les Talibans prirent rapidement le contrôle du pays et établirent un régime islamiste fortement réactionnaire, notoire pour sa répression des femmes, son interdiction de la musique, etc. Oussama ben Laden, en conflit avec les Saoudites et les Américains après la première guerre d’Iraq en 1991, fut accueilli par les Talibans avec tous les honneurs.
Malgré le caractère du régime taliban, Fisk avait prévenu à quoi allaient mener les bombardements de Bush Jr. L’Alliance du Nord, les troupes au sol alliées de Bush, était elle aussi constituée d’assassins islamistes de droite – bien qu’opposés aux Talibans. Le nouveau président, Hamid Karzai, est un ancien employé d’Unocal, une compagnie pétrolière américaine qui essayait d’obtenir un contrat avec les Talibans au sujet d’un pipeline reliant l’Asie Centrale au Pakistan. Les avertissements de Fisk s’avérèrent rapidement fondés, de sorte qu’aujourd’hui la population locale se retrouve de nouveau piégée dans une guerre entre les troupes menées par les Etats-Unis d’une part, et les nouvelles forces des Talibans de l’autre.
Fisk nous fournit également un important récit des développements en Iran depuis1953, lorsque le Premier Ministre élu, Mohammad Mossadegh, fut renversé après qu’il ait nationalisé les installations de la Compagnie Pétrolière Anglo-iranienne (aujourd’hui devenue British Petroleum – BP). Dans les années 1980’s, Fisk a interviewé un des agents britanniques qui, avec la CIA, avait dirigé le coup d’Etat et installé le régime du Shah et de sa répugnante police secrète, la SAVAK. Le Shah devint un allié de confiance pour l’impérialisme américain en tant que fournisseur de pétrole et soutien militaire. A la base, cependant, le nationalisme iranien et la haine des Etats-Unis n’en furent que renforcés.
La situation finit par exploser lors de la révolution de 1979. Fisk cite Edward Mortimer, un de ses amis reporters, qui avait décrit ce mouvement en tant que « révolution la plus authentique de l’histoire mondiale depuis 1917 ». La principale faiblesse de Fisk est qu’il ne comprend pas le rôle de la classe salariée, bien qu’il insiste sur le fait que « les pauvres des villes » furent la principale force de la révolution. Les slogans et les espoirs des travailleurs et des organisations de gauche pour une « démocratie populaire » entrèrent bientôt en conflit avec les intentions des islamistes et des mollahs. La classe salariée dans le nord de l’Iran avait confisqué la propriété capitaliste, tandis que le régime de Khomeini, basé sur des couches urbaines plus riches, était contre toute forme d’expropriation. Pendant une longue période, la gauche pouvait se rallier un large soutien. Fisk décrit la manière dont un demi-million d’étudiants manifestèrent avec le Fedayin, alors illégal, en novembre 1979. Khomeini dut agir petit à petit pour écraser la gauche et les organisations de la classe salariée. Il exploita au maximum le conflit avec l’impérialisme américain, conduisant les partis communistes pro-Moscou, comme le Tudeh, à soutenir Khomeini jusqu’à ce qu’ils soient démantelés de force en 1983. Même alors, le régime au pouvoir en Russie ne voyait aucun problème à fournir des armes à Téhéran. Des purges massives furent menées pendant la guerre contre l’Iraq, parfois sur base d’informations « anti-communistes » fournies par l’Occident. Au cours de l’année 1983, 60 personnes par jour ont été exécutées, parmi eux de nombreux jeunes.
Lorsque la machine militaire de Saddam attaqua l’Iran en 1980, le sentiment dans les médias et chez les « experts » était que l’Iraq remporterait une victoire rapide. Mais les troupes se retrouvèrent rapidement bloquées sitôt passée la frontière, et l’armée iraqienne commença à envoyer des missiles sur les villes iraniennes, y compris des armes chimiques. Fisk donne des rapports détaillés et émouvants en provenance du front, décrivant les horreurs qui s’y passent et interviewant des enfants soldats, enrôlés pour devenir des martyrs.
Les puissances occidentales ne remirent à aucun moment en cause leur confiance en Saddam – c’est en 1983 que Donald Rumsfeld, alors secrétaire à la défense aux Etats-Unis, comme en 2003, rendit sa fameuse visite à Saddam – même si certains d’entre eux vendirent des armes à chacun des deux camps tout au long du conflit qui dura huit ans et coûta plus d’un million de vies. Plus de 60 officiers américains opéraient en tant que « conseillers militaires » auprès de Saddam, lequel bénéficiait également des données satellites de Washington. L’Arabie Saoudite paya plus de 25 milliards de dollars pour financer les frais de guerre de Bagdad. Le Koweït et l’Egypte furent eux aussi des mécènes enthousiastes. Même lors de l’Anfal, la terrible guerre que Saddam mena contre les Kurdes en Iraq du Nord, personne en Occident ne protesta. Rien qu’à Halabja, 5000 Kurdes furent tués par des armes chimiques les 17 et 18 mars 1988.
La marine américaine était mobilisée dans le Golfe Persique, afin de menacer l’Iran. Un missile américain fut tiré sur un avion civil iranien qui transportait des passagers civils. L’hypocrisie américaine, cependant, fut révélée à tous lors de l’affaire Iran-Contra, en 1986. Les USA avaient vendu 200 missiles en secret à l’Iran dans l’espoir de pouvoir récupérer des otages américains qui avaient été capturés au Liban par des groupes liés à l’Iran. L’argent obtenu par la vente des armes fut ensuite envoyé aux troupes réactionnaires des Contra, au Nicaragua.
Lorsque Saddam Hussein envahit le Koweït en 1990, il avait rendu visite à l’ambassadeur américain à Bagdad qui lui avait donné l’impression que Washington n’allait pas réagir. Il était toujours l’agent de l’Occident. En juin 1990, le gouvernement britannique avait encore approuvé la vente de nouvel équipement chimique à l’Iraq. Le Koweït avait fait partie de la même province de l’Empire Ottoman que l’Iraq jusqu’en 1889, et avait failli être à nouveau rattaché à l’Iraq en 1958, ce qui avait été empêché par les troupes britanniques.
Mais l’enjeu ici était le pétrole, et les intérêts des autres alliés des Américains. Le régime saoudite invita les troupes américaines dans le plus important des pays islamiques, ce qui eut plus tard d’importantes répercussions. L’escalade qui mena à la guerre se forma sous l’illusion d’une alliance avec le drapeau des Nations-Unies, mais dans la pratique ce fut la plus grosse intervention américaine depuis la retraite humiliante du Vietnam. Mais cette fois-ci, la guerre démarra par un bombardement massif, qui dura 40 jours et 40 nuits, avec 80 000 tonnes d’explosifs, plus que pendant toute la seconde guerre mondiale. Parmi les cibles se trouvaient des ponts, des centrales électriques, et des hôpitaux. Les troupes de Saddam devaient se contenter de rations de survie, et fuirent de panique au moment où l’offensive au sol fut lancée. Entre 100 000 et 200 000 iraqiens furent massacrés par les attaques des avions, tanks et troupes américains.
George Bush père appela alors à une grande insurrection contre Saddam, mais laissa les rébellions kurdes et chiites se faire réprimer ddans le sang. Fisk cite un officier américian disant "mieux vaut le Saddam que nous connaissons" que n’importe quel autre régime dont on serait moins certain. Plus de gens moururent lors de l’étouffement des émeutes qu’au cours de la guerre en elle-même, et deux millions de Kurdes devinrent des réfugiés.
Les mêmes Etats arabes qui, quelques années plus tôt, avaient financé la guerre de Saddam en Iran, payèrent également la nouvelle facture, de 84 milliards de dollars. Et dans les deux années qui suivirent, les Etats-Unis vendirent des armes d’une valeur de 28 milliards de dollars à tous les pays de la région.
Contre cet Iraq à l’infrastructure détruite et à la population appauvrie, les Nations Unies décidèrent d’appliquer toutes sortes de sanctions, qui conduisirent à ce que « 4500 enfants meurent chaque jour », selon Dannis Halliday, représsentant de l’Unicef en octobre 1996. Robert Fisk raconte la manière dont les enfants, victimes de munitions à l’uranium appauvri, souffrent de cancers – un mal dont souffrent également beaucoup de soldats américains. En plein milieu de la crise humanitaire, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne poursuivirent leurs raids de bombardements aériens, notamment le jour du Nouvel An 1999.
Après le 11 septembre et les attaques sur l’Afghanistan, il était clair que Bush, Rumsfeld et leurs conseillers néoconservateurs visaient l’Iraq. Fisk énumère chacun des arguments qu’ils inventèrent pour se justifier, des « armes de destruction massive » aux « connections » avec al-Qaïda. De plus, George W Bush promettait « la démocratie pour tout le monde musulman », un objectif pour lequel il ne consulta que très peu ses amis d’Arabie Saoudite, d’Egypte et du Pakistan. L’appareil de propagande exigea alors que le soutien de l’Occident à Saddam soit oublié. La « guerre contre la terreur », à ce stade, signifiait aussi le soutien à Israël et à la guerre que la Russie menait en Tchétchénie. Les critiques de Fisk firent en sorte qu’il fut montré du doigt en tant que partisan du régime de Saddam.
Cette guerre, que Fisk suivit à partir de Bagdad, signifiait encore plus de bombardements que 12 ans plus tôt. Fisk contraste les missiles dirigés par ordinateur aux hôpitaux sans ordinateurs qu’il visita. Les Etats-Unis lâchaient également des bombes à fragmentation contre les civils, ce qu’Israël a aussi fait par deux fois au Liban.
Fisk demeura à Bagdad après sa « libération », le 9 avril 2003, lorsque le pillage de masse fut entamé. Les troupes américains ne protégeaient que le pétrole et les bâtiments du Ministère de l’Intérieur. A Bagdad, des documents vieux de plusieurs millénaires furent détruits lorsque les généraux américains pénétrèrent dans les palais de Saddam. Les Américains agirent comme le font tous les occupants, écrit Fisk. Les manifestants furent abattus ; Bremer, le consul américain pendant la première année, interdit le journal du dirigeant chiite Moqtada al-Sadr ; des soldats américains paniqués fouillèrent des maisons. Avec les prisons d’Abu Ghraïb et de Guantánamo, les Etats-Unis ont également copié les méthodes de torture chères à Saddam, allant jusqu’à réemployer le même médecin-en-chef. Les USA « quitteront le pays. Mais ils ne peuvent pas quitter le pays… », est le résumé que Fisk nous donne de la crise de l’impérialisme en Iraq, une description qui est toujours exacte aujourd’hui.
Le livre de Robert Fisk contient beaucoup d’action, mais aussi de nombreux sujets d”analyse intéressants. Il écrit au sujet du génocide arménien de 1915 ; de la guerre de libération et de la guerre civile des années 90’s en Algérie ; de la crise de Suez en 1956. Il suit à la trace les producteurs du missile Hellfire utilisé par un hélicoptère Apache israélien qui tua des civils dans une ambulance au Liban. Il dit que le coût d’une année de recherche sur la maladie de Parkinson (qui emporta sa mère) est équivalent à cinq minutes de la dépense mondiale d’armes dans le monde. Il analyse la Jordanie et la Syrie ; il écrit au sujet de son père, qui était un soldat dans la première Guerre Mondiale. Ses critiques massives et bien fondées, toutefois, ne deviennent jamais des critiques du système, du capitalisme ni de l’impérialisme. A chaque fois qu’il parle des attaques militaires britanniques ou américaines, il dit « nous ».
Les travailleurs et les socialistes eu Moyen-Orient et partout dans le monde doivent tirer les conclusions nécessaires de l’histoire de la région et des événements qui s’y déroulent actuellement. La classe salariée, alliée aux pauvres des villes et aux paysans, a besoin d’un parti révolutionnaire et socialiste, capable d’unifier la classe dans la lutte contre le capitalisme, l’impérialisme et la dictature, au-delà des différences religieuses et ethniques.
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Corée du Nord. Poker menteur en Asie
En 2006, les dépenses militaires mondiales auront, selon un rapport récent d’OXFAM, dépassé les 1.000 milliards de dollars. Les montants records atteints durant la guerre froide seraient donc dépassés. L’annonce par la Corée du Nord, ce 9 octobre, d’un test nucléaire, trois mois après le lancement de ses premiers missiles longue portée, fait craindre une nouvelle progression de la course à l’armement.
Nicolas Croes
Nous nous opposons bien évidemment au développement des armes nucléaires. Mais, outre le fait qu’aucune certitude n’existe sur les capacités du régime stalinien de Corée du Nord de fabriquer et d’utiliser des armes stratégiques nucléaires (l’amplitude de la déflagration lors de l’essai était bien inférieure aux explosions de Nagazaki et d’Hiroshima), c’est surtout l’hypocrisie de l’impérialisme américain et l’échec de sa stratégie qui ressortent de cette crise.
Placée par le régime de Bush parmi les pays de « l’Axe du Mal » avec lesquels aucune discussion n’est permise, la Corée du Nord a pu observer la différence de traitement réservée à l’Irak et à l’Iran, les deux autres pays de ce fameux « axe ». La Corée s’est retirée du Traité de non-prolifération nucléaire (TPN) en janvier 2003, alors que grandissait la menace d’intervention en Irak qui a finalement eu lieu deux mois plus tard. En juin de la même année, les intentions nucléaires de la Corée du Nord sont devenues officielles. C’est que, quitte à faire partie des pays menacés d’invasion notamment pour détention hypothétique d’armes de destruction massive (dont l’inexistence en Irak a finalement dû être reconnue par Washington), autant les avoir réellement. Ou du moins le faire croire…
Cependant, en ce domaine comme en bien d’autres, le « gendarme du monde » a fait sienne la devise « Fais ce que je dis, pas ce que je fais ». Retrait du Traité sur les missiles balistiques, accord de coopération nucléaire avec l’Inde (qui n’adhère pourtant pas au TPN), silence complice sur l’existence d’armes atomiques en Israël ou au Pakistan (alliés des USA),… en ce qui concerne le respect des traités sur l’armement, les Etats-Unis n’ont de leçons à donner à personne.
Pour l’instant, l’essai nucléaire nord-coréen est surtout instrumentalisé par les différentes puissances asiatiques afin d’augmenter leur budget militaire. L’exemple du Japon est frappant : l’Etat-major japonnais disposera pour l’année 2006 d’une somme de quelques 50 milliards d’euros, plus que la France ou le RoyaumeUni. Impressionant pour un pays qui, officiellement, ne peut plus, depuis la fin de la Deuxième guerre mondiale, entretenir une armée ou participer à un conflit en dehors de son territoire. Mais être l’allié majeur des USA dans la région autorise bien des choses.
Ni le gouvernement américain ni ceux de la région ne désirent actuellement vraiment une chute du régime nord-coréen, mais tous souhaitent plutôt sa déstabilisation. C’est un processus à la chinoise qui semble être attendu de tous : que la Corée du Nord s’intègre petit à petit dans la logique de marché, permettant une transition progressive du pouvoir de la bureaucratie vers une classe bourgeoise qui doit encore naître. Une « zone économique spéciale » existe déjà à la frontière des deux Corées, où le fabricant automobile sud-coréen Hyundai peut profiter de la main d’oeuvre bon marché de son voisin du nord. C’est que les travailleurs nord-coréens travaillent 48 heures pour 57 dollars…