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Tag: Tunisie
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Egypte : Quelle issue pour les Frères Musulmans ?
Pour des millions d’égyptiens pour qui la chute de Moubarak par les mouvements de masse fut une première expérience, la révolution était une voie à sens unique. Un peu plus d’une année plus tard, le processus de révolutions et contre-révolutions apparaît comme plus compliqué que prévu. S’il est clair que la classe dirigeante n’est pas en mesure de restaurer son programme comme jadis, de son côté la classe ouvrière n’a pas encore pu s’armer d’un programme pour aboutir à un gouvernement de la classe ouvrière et des pauvres.
Rapport d’une discussion tenue à l’école d’été du CIO, par Baptiste L.
Les Frères Musulmans contre le CSFA : deux représentants pour les classes dirigeantes
De nombreux changements brusques ont pris place dans la dernière période. Parallèlement à l’élection de Morsi (Frères Musulmans, de droite, se réclamant de l’islam politique) le Conseil Suprême des Forces Armées (CSFA) a dissout le parlement et s’est de fait octroyé le pouvoir législatif, provoquant le rassemblement d’un million de personnes place Tahrir à l’appel des Frères Musulmans. C’est une situation très complexe qui s’est développée avec la lutte entre les Frères Musulmans et le CSFA pour le pouvoir. Fondamentalement, ces deux forces représentent les classes dirigeantes, les travailleurs et les pauvres se retrouvent quant à eux spectateurs de cette lutte.
Depuis la chute de Moubarak, le mouvement a clairement été dévié vers les élections, avec pas moins de 6 échéances en 7 mois. L’évolution des résultats électoraux est riche en enseignements. Les Frères Musulmans sont ainsi passés de 45 % à 22 %, tandis que les Nasseristes sont passés de 4 % à 22 %, auxquels résultats il faut encore ajouter la percée des salafistes à 18%. Ces scores expriment la volatilité omniprésente dans la situation, avec d’une part la déjà perte de crédit des Frères Musulmans suite à leur inaction, et d’autres part le potentiel et la marge de progression que possèdent les Nasseristes, qui apparaissent comme les seuls représentants à ce niveau des intérêts des travailleurs et pauvres. S’il est clair que leur programme comporte son lot de confusions, il est clairement ancré à gauche. Pour Morsi, il est désormais clair que sa victoire ne signifie pas une adhésion mais avant tout le rejet de l’ancien régime.
Aucune illusion à avoir dans l’islam politique de Morsi
Pendant 30 ans, Moubarak a pu s’octroyer l’appui des impérialistes sur base de la rhétorique « moi ou l’aventure islamiste ». Ce soutien considérable se chiffrait par exemple à hauteur d’1 milliard $ chaque année de la part des USA, uniquement pour ce qui est du soutien militaire. Les islamistes représentaient une « menace » surtout dans le sens où l’équilibre régional, essentiellement la relation avec Israël, aurait pu voler en éclat. Ce qui est compromettant pour les nombreux enjeux stratégiques pour les impériales dans le Moyen-Orient.
Pourtant, l’élection de Morsi a été largement saluée aussi bien par Hillary Clinton que par les marchés financiers à Londres. Tout simplement parce qu’une victoire de Morsi était préférable par rapport une victoire d’un ancien de la clique de Moubarak qui aurait à coup sûr jeté de l’huile sur le feu de la révolte. Dans ce sens, Morsi incarne un candidat idéal pour les capitalistes car lui et les Frères Musulmans peuvent jouir d’une certaine tolérance (dans un premier temps en tout cas) vis-à-vis du mouvement de masse qui secoue le pays depuis des mois. En outre, Morsi n’a d’ailleurs en rien changé la relation avec Israël, et sa recherche de l’appui des impérialistes ne devrait pas le faire dévier de cette attitude.
Cette lune de miel vis-à-vis des masses ne devrait pas durer étant donné le caractère néolibéral de la politique de Morsi. Un de ses axes n’est autre que de s’attaquer à la législation du travail. Récemment, le FMI a exigé de son côté du gouvernement de Morsi des coupes dans les aides alimentaires, ce qui pourrait raviver encore un peu plus la colère de la population. Il y a quelques années, les émeutes de la faim ont démontré à quel point ce sujet pouvait être brûlant.
Le processus de révolution et contre-révolution est à l’œuvre
Au même titre qu’en Tunisie, le processus révolutionnaire est loin d’être terminé. Néanmoins, quel chemin prendra-t-il ? Ce 7 juillet, la coalition des jeunes révolutionnaires a annoncé sa dissolution. Leur argument était que la lutte était finie maintenant que des élections avaient pu prendre place après Moubarak. Cet exemple illustre les clarifications nécessaires. Parallèlement, des pas en avant ont été faits à travers cette école qu’est la lutte de masse. Les syndicats libres se sont considérablement développés : on y comptabilise aujourd’hui 2,5 millions de syndiqués, contre 50 000 avant la chute de Moubarak ! Cela illustre le pôle d’attraction que représente le mouvement ouvrier organisé dans une telle période, mais aussi la force potentielle entre les mains de ces organisations.
Malgré la chute de Moubarak et la concession des élections, le cœur du régime est toujours là, et le coup d’Etat latent du CSFA durant le déroulement des élections en est une preuve. L’omniprésence de l’armée restreindra systématiquement la marge de manœuvre politique de Morsi, et cette situation pourrait se cristallisé en une forme d’Etat comme au Pakistan, où c’est en dernière instance l’armée qui tire les ficelles.
C’est une forme de contre-révolution qui a pu s’exprimer par l’absence de l’intervention décisive d’une classe ouvrière armée de son programme. Comme dans tout processus, cette situation n’est pas une situation finale mais temporaire, qui sera soumise aux prochains développements. Le tournant vers la droite qu’imprime cette avancée de la contre-révolution impulsera inévitablement des explosions avec ses éléments de renforcement de la révolution.
La classe ouvrière doit s’organiser de manière indépendante autour de son programme
Face à l’armée, aux salafistes et à l’ancien régime, il serait erroné de croire que les Frères Musulmans soient un rempart plus progressiste pour les travailleurs, les jeunes et les pauvres. La gauche ne doit pas tomber dans ce piège et prendre à bras le corps la tâche cruciale qui est d’organiser le mouvement ouvrier autour de son programme. C’est la seule manière de continuer la lutte pour de meilleures conditions de vie et de travail.
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Tunisie : Quelle situation un peu plus d’un an après la chute du dictateur et après les premières élections ?
Dans son rapport du mois de juin, l’International Crisis Group (ICG) soulignait le risque de nouvelles explosions de colère en Tunisie, du fait de l’incapacité du gouvernement à faire face à des problèmes majeurs du pays, à savoir le chômage, les inégalités et la corruption. Ces problèmes sont exactement les mêmes qui ont causé les mouvements de masse des jeunes, travailleurs et pauvres qui aboutirent à la fuite de Ben Ali.
Rapport d’une discussion tenue à l’école d’été du CIO, par Baptiste L.
La Tunisie pieds et poings liés au marasme économique mondial
Les causes économiques de ces maux sont toujours à l’œuvre et la grave crise économique qui touche la Tunisie ne permet pas d’envisager d’autre perspective. Alors que le gouvernement dirigé par Ennahdha annonçait 2012 comme l’année de la reprise (croissance prévue entre 2,6% et …4,7% selon le ministre), le plus probable est que cette année amorce une nouvelle phase de contraction de l’économie. De fait, les exportations vers l’Europe chutent substantiellement, or c’est le cœur de l’économie. En outre, des partenaires traditionnels de la région comme la Lybie ne sont pas dans une situation pour stimuler les échanges commerciaux.
Depuis la chute de Ben Ali, 134 entreprises ont quitté le pays et parmi ces 134, environ 100 se justifient par les risques de grève accrus. Un tel fait suffit à illustrer à quel point la moindre tentative d’amélioration des conditions de vie ou de travail est d’emblée confrontée au chantage. Cela se retrouve encore de différentes manières dans l’économie. Ainsi, si l’inflation est officiellement de 5,7%, l’augmentation des prix des denrées de base est totalement disproportionnée. En un an, le prix des tomates a par exemple été multiplié par 8 !
Une situation sociale toujours dans l’impasse
Cela n’est pas un hasard ou la conséquence des méfaits du climat, mais une politique consciente du patronat de sorte à reprendre d’une main ce qu’ils ont dû concéder de l’autre (comme des augmentations de salaires conséquentes aux luttes et grève de la dernière période). Les luttes n’ont pas pris fin avec la chute de Ben Ali, que du contraire : la chute du dictateur honni a ouvert une boîte de Pandore en termes de revendications sociales. D’ailleurs, les magouilles derrière l’augmentation des prix des denrées de base pourraient donner naissance à une nouvelle vague de luttes sur ce sujet et où serait en train de germer l’idée de comités populaires pour contrôler les prix.
De son côté, le chômage n’a pas baissé depuis la fin de Ben Ali, que du contraire. Les grèves de la faim et les immolations sont autant d’actes de désespoir en augmentation face à cette situation. Le gouvernement fait d’ailleurs aveu de son échec et de son incapacité en proposant explicitement aux chômeurs d’aller tenter l’aventure en Lybie pour gagner de quoi vivre.
Ennahdha et l’islam politique déjà totalement discrédités
Dans une telle situation, les sondages faisant part du discrédit du gouvernement ne sont guère surprenants : pour 86 % des sondés le gouvernement Ennahdha est en échec complet sur la question de l’emploi et du chômage, pour 70 % il est également en échec face à la corruption et pour 90 % également sur la question des prix, où il apparaît qu’ils n’ont strictement rien fait. Ce bilan pour le gouvernement est si lourd qu’il va jusqu’à remettre en question l’existence de ce gouvernement, comme cela est avancé à juste titre dans le rapport de l’ICG.
Ennahdha, parti de droite et se réclamant de l’islam politique, est arrivé au pouvoir en octobre 2011. Cette victoire aux premières élections depuis Ben Ali ne signifiait pas pour autant un virage vers la droite des masses qui avaient mis fin à la dictature. Il suffit de voir que la participation électorale n’était que de 75 % et que 60 % de ceux-là n’ont pas voté en faveur d’Ennahdha. La base sociale d’Ennahdha prend plutôt ses racines dans des couches de la population qui furent inactives durant la révolution. En fait, cette victoire par défaut signifiait plus l’absence d’une alternative crédible pour répondre aux attentes sociales. Il est également crucial de voir ce résultat électoral comme une photo, un « instantané », et non comme une vue complète sur le processus dans lequel a pris place l’élection. Si Ennahdha a pu gagner en autorité suite à sa victoire, ils n’ont que plus perdu en crédit depuis avec le test de la pratique.
La contre-révolution prend ses marques
Suite à son incapacité à avancer une réponse sur le plan socio-économique, Ennahdha s’est décidé à s’engouffré sur la voie de la répression. Les contrôles arbitraires et la répression policière rappellent parfois ni plus ni moins que les méthodes de Ben Ali, à un degré différent toutefois. Cela est d’autant plus choquant quand on sait que le président Moncef Marzouki a été représentant pour Amnesty International et pour la ligue des droits de l’homme, et que le premier ministre Hamadi Jebali fut lui-même victime de la répression et connut la prison sous Ben Ali. La manière dont de telles figures ont adopté si rapidement ces méthodes répressives nourrit l’idée que ce qui est nécessaire est de renverser l’ensemble du système et pas seulement les têtes les plus visibles du régime. Ennahdha n’hésite d’ailleurs pas à déclarer que le vrai problème de l’ancien régime était avant tout une question de personnes. Une telle déclaration achève d’enterrer le mythe de l’islam politique.
L’enracinement dans l’appareil d’Etat de la nouvelle couche dirigeante de Ennahdha n’est évidemment pas encore aboutie comme a pu l’être l’enracinement du RCD de Ben Ali. Cette espace permet à des déchus du l’ancien régime de s’organiser derrières d’anciennes figures encore présentes surtout dans l’appareil militaire. Cette situation génère un conflit latent entre le nouvel et l’ancien establishment. Cette réorganisation des anciens de Ben Ali s’opère également au sein de « l’Appel de Tunisie ». Au sein de ce mouvement on retrouve d’anciens diplomates, ministres et notamment de l’ancien premier ministre provisoire Béji Caïd Essebsi. « Appel de Tunisie » se profile comme ‘moderniste’ et libéral, en contraste avec le caractère islamiste de Ennahdha et dans le but de se présenter comme des partenaires plus fiables pour les impérialistes et la bourgeoisie tunisienne. Sur base de l’expérience au sein de l’ancien régime, ils cherchent également à se profiler comme un gage de stabilité par rapport à Ennahdha dont le gouvernement est en crise.
Au final, Ennahdha et l’Appel de Tunisie ne sont rien d’autre que deux des visages de la contre-révolution. Leur volonté commune est de faire plier le mouvement ouvrier, son organisation, et de pérenniser le capitalisme en Tunisie. Ce n’est pas un hasard si une solidarité de classe apparaît lors de certaines situations socialement chaudes, comme lors de la répression d’un piquet de grève.
Les défis pour le mouvement ouvrier restent d’une importance critique
L’idée selon laquelle la Tunisie est le miracle du printemps arabe est donc loin d’être vrai. Bien sûr, il n’y a pas eu les interminables scénarios de guerre civile et de violence comme le connaissent la Syrie, la Lybie ou l’Egypte. Une des raisons qui explique cette différence est le poids conséquent de l’UGTT. Dans les autres pays cités précédemment, la structuration du mouvement ouvrier est beaucoup plus affaiblie. De toute la région (Afrique du Nord et Moyen-Orient), la Tunisie présente la plus grande tradition syndicale.
Depuis la chute de Ben Ali, le nombre de syndiqués a doublé pour atteindre un million de personnes. Sous Ben Ali, l’UGTT était le seul syndicat reconnu et sa direction avait tendance à être plus loyale au gouvernement qu’à sa base. Depuis le congrès de décembre 2011, une nouvelle direction a été élue à l’UGTT, largement plus sensible aux militants syndicaux de la base. Si à l’époque de la chute de Ben Ali le renversement de la direction de l’UGTT était une nécessité, aujourd’hui il s’agit plutôt de réaliser la tactique du front unique pour permettre au mouvement ouvrier de décrocher des victoires et d’augmenter sa conscience de classe.
Chaque occasion ratée donnera des opportunités à la droite
Le climat social est toujours bouillonnant, en atteste le nombre accru de grèves. Aux mois de mars et d’avril, une vague de grèves générales de villes pris place. Vingt villes réalisèrent à tour de rôle une grève générale. Cette expérience unique n’avait rien d’un mouvement de grèves désordonné. Que du contraire, ce mouvement de grève fut massivement suivi dans chaque ville avec la solidarité à chaque fois d’un grand nombre de petits commerçants. La solidarité de telles couches de la société est significative de l’autorité qu’a gagnée l’UGTT et de son potentiel. Ce potentiel est tel qu’il a donné lieu à certaines situations de double pouvoir.
Néanmoins, l’attitude de la direction de l’UGTT reste défensive et manque d’audace. Cela reflète en dernière instance un manque de confiance dans les capacités de la classe ouvrière et le manque d’une alternative politique. La direction actuelle pratique en fait un populisme de gauche, fait de balancement entre un radicalisme, poussé par la base, et des appels à la conciliation, faute de perspective politique. Un tel manque de stratégie n’est pas anodin et peut rapidement mener à une démoralisation ; d’autant plus que dans une période révolutionnaire chaque occasion manquée est une opportunité pour l’ennemi : la contre-révolution.
Les salafistes, l’immonde symptôme d’un régime agonisant
La situation actuelle peut être caractérisée comme très volatile : tout peut basculer d’un côté comme de l’autre. Une polarisation extrême se développe entre des éléments de révolution et contre-révolution. Cela s’est récemment illustré avec la croissance des forces de salafistes, qui défendent une lecture très réactionnaire de l’islam avec notamment l’organisation d’une police morale en défense de la charia. Ces salafistes ont une base sociale similaire aux fascistes : du lumpen (le ‘‘sous-prolétariat en haillons’’), des éléments de la petite bourgeoisie et des éléments aliénés de la classe ouvrière. Ils ont en commun également le recours à la violence envers le mouvement ouvrier organisé. De nombreux cas d’attaques envers des femmes « mal habillées », des bars à alcool et des militants politiques sont à recenser. Il faut toutefois remarquer que tous les salafistes ne sont pas des intégristes religieux. Il s’y trouve parfois de simples délinquants et autres petites frappes, ce qui est lié à la base sociale des salafistes.
L’attitude d’Ennahdha vis-à-vis des salafistes est symptomatique : les critiques sont toujours contrebalancées de justifications. Cette attitude s’explique en partie par le fait qu’au sein d’Ennahdha est présente une aile plus radicale, liée aux salafistes. La direction d’Ennahdha n’affronte donc pas les salafistes pour s’accommoder cette aile plus radicale. En outre, les salafistes sont consciemment instrumentalisés par Ennahdha pour faire le sale boulot envers les militants politiques et les travailleurs en lutte, mais également pour dévier les tensions de classe vers des tensions religieuses ou encore de profiter du climat délétère pour justifier la mise en place de couvre-feux. Parallèlement, des soupçons existent sur le fait que d’anciens pontes du RCD renforceraient les salafistes afin de déstabiliser le pouvoir en place.
Une stratégie vers la victoire est nécessaire pour écraser la réaction
Au mois de juin, dans la foulée des plus grandes manifestations depuis la chute de Ben Ali, les salafistes ont mis le feu à des bureaux de l’UGTT. Ce développement des forces salafistes appuie et illustre l’absolue nécessité pour le mouvement ouvrier de s’organiser de manière indépendante, pour pouvoir répondre à de tels défis critiques. Ces évènements de juin sont une première alarme à cet égard. La gauche doit construire un pôle indépendant de la classe ouvrière autour de l’UGTT. Nous n’avons aucune illusion à avoir dans le rôle soi-disant progressiste de l’Appel de Tunisie d’Essebsi ; les prochaines victoires du processus révolutionnaire seront le fait de la classe ouvrière et non des capitalistes à visage démocratique.
Les expériences de luttes pour les masses furent une véritable école révolutionnaire. Nous devons capitaliser sur cette expérience pour continuer la lutte pour une société basée sur des conditions de vie décentes, pour créer massivement des emplois, pour la nationalisation des banques et des grandes entreprises, pour un plan de développement des infrastructures par des investissements massifs. Seule la lutte pour le socialisme permet une économie démocratiquement gérée dans les intérêts des travailleurs et des pauvres.
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Syrie : Le massacre de Houla augmente la crainte d’une véritable guerre civile
Le meurtre de 108 personnes près de la ville syrienne de Houla a interpelé et choqué dans le monde entier. Le meurtre de 49 enfants, dont beaucoup ont été tués à bout portant, est particulièrement odieux. Les tensions sectaires alimentées par cet acte barbare font planer la terrible menace d’un glissement vers un conflit plus large et d’une véritable guerre civile. Comme toujours, les travailleurs et les pauvres en souffriront le plus. En lutte contre le régime brutal de Bachar El Assad, la classe ouvrière doit s’opposer au sectarisme et à l’intervention impérialiste
Niall Mulholland, Comité pour une Internationale Ouvrière
Depuis 15 mois maintenant, des manifestations massives ont lieu dans beaucoup d’endroits de Syrie contre le règne dictatorial de la famille Assad, qui dure depuis plus de 40 ans. A l’origine, ces protestations se sont déroulées dans le cadre des révolutions au Moyen Orient et en Afrique du Nord. Mais en l’absence d’un mouvement indépendant de la classe ouvrière dirigeant la lutte et avec de plus en plus d’intervention dans la région de la part de régimes réactionnaires tels que ceux du Qatar et d’Arabie Saoudite ainsi que l’ingérence impérialiste, le conflit syrien a de plus en plus adopté un caractère de guerre civile teinté de sectarisme.
Les puissances occidentales, en particulier les USA, la Grande Bretagne et la France, ont été rapides à condamner les atrocités de Houla. Elles ont fait reporter tout le poids de la faute sur le régime syrien du président Bachar el-Assad, qui décline de son côté toute responsabilité. Il est certain que beaucoup de témoins et de survivants accusent les forces armées syriennes et les gangs de Shabiha (qui peut se traduire par ‘‘bandits’’), qui massacrent et enlèvent régulièrement les opposants. Les investigateurs de l’ONU ont dit qu’il y a des indices que les Shabiha aient accompli au moins une partie de la tuerie des 25 et 26 mai.
Les accusations des puissances impérialistes sont toutefois profondément hypocrites et écœurantes. Des centaines de milliers de civils ont perdu la vie en Irak comme en Afghanistan du fait de l’invasion occidentale et de l’occupation. Dans le cadre de leur quête de pouvoir, d’influence et de contrôle des ressources, des attaques aériennes impérialistes de drones ont quotidiennement lieu au Pakistan, en Somalie et au Yémen. Le lendemain du massacre de Houla, une attaque de l’OTAN dans l’est de l’Afghanistan a déchiqueté les 8 membres d’une famille.
Les puissances occidentales justifient l’utilisation de la force militaire en déclarant attaquer des cibles ‘‘terroristes’’, ce qui est une rhétorique similaire à celle de la dictature de Bachar el-Assad. Dans les deux cas, ces attaques au hasard, approuvées par l’Etat, équivalent à des exécutions sommaires et à de potentiels crimes de guerre.
Environ 15.000 personnes sont mortes en Syrie, majoritairement des mains de l’armée Syrienne et des forces pro-Assad, depuis l’insurrection de mars 2011. Mais sous le mandat d’Obama, plus de 500 civils ont été tués par des attaques aériennes dans le seul Pakistan, dont 175 enfants.<p
A couteaux tirés
Les USA, appuyant l’opposition syrienne, et la Russie, soutenant le régime d’Assad, sont de plus en plus à couteaux tirés à mesure qu’empire la situation du pays. Cela se traduit par des conflits au Conseil de Sécurité des Nations Unies sur la manière de traiter la dossier syrien.
La Russie et la Chine ont voté contre les résolutions anti-Assad soutenues par les USA, la Grande Bretagne et la France. Malgré cette rhétorique, les positions des USA et de la Russie n’ont rien à voir avec la situation critique du peuple Syrien. Elles sont liées aux intérêts de leurs classes dominantes respectives et à celles de leurs plus proches alliés.
Les USA, la Grande Bretagne et la France ont clairement affirmé qu’ils veulent la fin du régime d’Assad. Depuis longtemps, ils le considèrent comme un obstacle à leurs intérêts impérialistes dans la région. Ils veulent à sa place un gouvernement docile et pro-occidental. Suite aux révolutions de l’année dernière qui ont renversé deux alliés cruciaux de l’occident dans la région – Ben Ali en Tunisie et Moubarak en Egypte – les puissances impérialistes sont déterminées à s’assurer que la révolte populaire en Syrie ne dépasse pas des barrières de ‘‘l’acceptables’’ (c’est-à-dire vers une position d’indépendance de classe) et qu’elle reste à l’avantage des impérialistes.
Les USA instrumentalisent l’échec du ‘‘plan de paix’’ de Kofi Annan (émissaire conjoint de l’Organisation des Nations unies et la Ligue arabe sur la crise en Syrie ) pour menacer d’entrer en action ‘‘en dehors du plan Annan’’ et de l’autorité du Conseil de Sécurité des Nations Unies, avec le soutien des plus proches alliés dans le conflit Syrien ; la Grande Bretagne et la France. Cela rappelle l’infâme coalition militaire menée par George Bush et Tony Blair qui a envahi l’Irak en toute illégalité.
D’un autre côté, la Russie considère le régime d’Assad comme un allié crucial dans la région, un allié qui lui offre un accès à un port de Méditerranée. Le ministre russe des affaires étrangères a ainsi indiqué qu’il pourrait être préparé à mettre en œuvre ce qu’il appelle la ‘‘solution Yéménite’’, c’est-à-dire qu’Assad soit renversé alors que la plupart de la structure de son régime resterait en place. Cette solution est calquée sur un plan de la Ligue Arabe au Yémen, où le président Ali Abdullah Saleh a perdu le pouvoir en février 2012, après des mois de manifestations massives.
Le Kremlin est cependant fermement opposé à toute intervention militaire occidentale, en particulier après l’expérience amère du conflit libyen l’an dernier. La Russie soutenait une résolution du Conseil de Sécurité de l’ONU basée sur la constitution d’une zone d’exclusion aérienne, une ‘‘no-fly-zone’’. Mais les puissances occidentales ont utilisé cette résolution pour permettre une intervention armée de l’OTAN en Lybie, déviant la révolution de sa trajectoire, renversant le régime du Colonel Kadhafi et, selon leurs propres termes, installant un régime pro-occidental.
L’OTAN
Bachar el-Assad ne semble pas prêt de perdre le pouvoir ou d’être placé devant le risque imminent d’un coup d’Etat. Alors que la Syrie est frappée par des sanctions économiques, une part significatrice de la population dont beaucoup d’hommes d’affaires sunnites, n’ont pas encore catégoriquement rompu leurs liens avec le régime. Damas parie aussi sur le fait que l’Ouest serait incapable de mener une intervention militaire directe du type libyen.
Le ministre des affaire étrangères britannique, William Hague, a récemment menacé qu’aucune option ne puisse être écartée dans le traitement de Bachar el-Assad, laissant entendre la possibilité d’une action militaire occidentale. Mais l’attaque de l’OTAN contre la Lybie l’an dernier ne peut pas tout simplement être répétée en Syrie, un pays qui possède une population beaucoup plus élevée et dont les forces d’Etat sont, selon les experts militaires, plus puissantes, mieux entrainées et mieux équipées.
Assad a à sa disposition une armée de 250.000 personnes, en plus de 300.000 réservistes actifs. L’an dernier, l’OTAN a été capable d’envoyer des milliers de missions aériennes et de missiles sur la Lybie sans rencontrer de réelle résistance. Mais la Syrie possède plus de 80 avions de chasse, 240 batteries anti-aériennes et plus de 4000 missiles sol-air dans leur système de défense aérien. Les stratèges militaires occidentaux admettent qu’une invasion du pays demanderait un effort monumental. Leurs troupes seraient irréductiblement embourbées dans de larges zones urbaines hostiles.
Quant aux diverses propositions visant à aider la population et à affaiblir le régime Syrien sans offensive militaire directe (‘‘corridor humanitaire’’, ‘‘zone d’exclusion aérienne’’,…), elles exigent tout de même des opérations militaires offensives.
Chaque ère protégée devraient très certainement être sécurisés avec des troupes au sol, qu’il faudrait ensuite défendre contre des attaques, ce qui exigerait l’envoi de forces aériennes. Les stratèges britanniques de la défense admettent qu’une action militaire quelconque contre la Syrie ‘‘conduirait presqu’inévitablement à une guerre civile encore plus aigüe et sanglante.’’
De plus, la composition complexe de la Syrie (une majorité sunnite avec des minorités chrétienne, alaouite, druze, chiite, kurde et autres) entraîne le risque de voir l’intervention militaire occidentale déclencher une véritable explosion dans la région, sur bases de divisions ethniques et sectaires.
Même sans une intervention occidentale directe, la Syrie continue de glisser vers une guerre civile ‘‘à la libanaise’’. L’implication directe des régimes locaux de droite et des puissances mondiales qui soutiennent soit l’opposition, soit le régime, encourage cela.
Les puissances sunnites réactionnaires de la région, avec à leur tête l’Arabie Saoudite et le Qatar, utilisent la crise syrienne pour appuyer leur position contre les régimes chiites. Avec le soutien des USA et d’Israël, les régimes sunnites s’opposent à l’Iran, le plus important allié de la Syrie dans la région.
Il apparait que la Turquie, l’Arabie Saoudite, le Qatar et les autres Etats du Golfe, chacun suivant son plan, acheminent des fonds et des armes à l’opposition Syrienne, avec le soutien tacite des USA. Une base de passage à la frontière existe même depuis la Turquie. Les forces d’opposition armée disent avoir tué 80 soldats syriens le weekend du début du mois de juin. En même temps, un commandant en chef des Gardiens de la Révolution en Iran a récemment admis que les forces iraniennes opèrent dans le pays pour soutenir Assad.
Patrick Cockburn, le journaliste vétéran du Moyen-Orient, a écrit que les rebelles armés ‘‘pourraient probablement commencer une campagne de bombardement et d’assassinats sélectifs sur Damas’’ (Independent, dimanche 03/06/12). Le régime d’Assad riposterait en ayant recours à des ‘‘sanctions collectives’’ encore plus sauvages. Damas serait ‘‘ victime de la même sorte de haine, de peur et de destruction qui ont ébranlé Beyrouth, Bagdad et Belfast au cours de ces 50 dernières années.’’
Le sectarisme s’approfondit. La minorité chrétienne craint de subir le même sort que les chrétiens d’Irak, ‘‘ethniquement purgés’’ après l’invasion américaine de 2003. Le régime d’Assad exploite et alimente cette peur pour se garder une base de soutien dans la minorité chrétienne, ainsi que chez les Alaouites, les Druzes et les Kurdes. Les USA, la Grande Bretagne, la France et l’Arabie Saoudite et leurs alliés sunnites dans la région ont utilisé sans scrupules la carte du sectarisme pour défendre un changement de régime à Damas et pour leur campagne contre l’Iran et ses alliés. Tout cela a des conséquences potentiellement très dangereuses pour les peuples des Etats frontaliers et dans toute la région.
Le conflit Syrien s’est déjà déployé au Liban frontalier, où le régime d’Assad a le soutien du Hezbollah, qui fait partie de la coalition gouvernementale. Le conflit entre les sunnites et les alaouites pro-Assad dans la ville de Tripoli au Nord du Liban a fait 15 morts en un weekend. Ces dernières semaines, le conflit s’est dangereusement exporté à Beyrouth, faisant craindre la ré-irruption d’un conflit sectaire généralisé au Liban.
La classe ouvrière de Syrie et de la région doit fermement rejeter toute forme de sectarisme et toute intervention ou interférence impérialiste.
Intervention
L’insurrection de mars 2011 en Syrie a commencé par un mouvement authentiquement populaire contre la police d’Etat d’Assad, l’érosion des aides sociales, les degrés élevés de pauvreté et de chômages et le règne de l’élite riche et corrompue.
En l’absence d’un mouvement ouvrier fort et unifié avec un programme de classe indépendant, les courageuses manifestations massives semblent avoir été occultées et dépassées par des groupes d’oppositions armés et hargneux. Alors que beaucoup de Syriens restent engagés pour un changement révolutionnaire et résistent à la provocation sectaire, de plus en plus de dirigeants de ces forces sont influencés par les régimes réactionnaires de la région et par l’impérialisme.
Les combattants islamistes de la province irakienne d’Anbar, de Lybie et d’ailleurs ont rejoint l’opposition armée libyenne. Une attaque à la voiture piégée à Damas qui a tué un nombre de personnes record en mai dernier est largement reproché aux combattants de l’opposition liés à Al-Qaeda.
Le Conseil National Syrien (CNS), un groupe d’opposition exilé, demande une résolution du Conseil de Sécurité des Nations Unies autorisant l’usage de la force contre Assad, ce qui paverait la voie à une intervention armée, à l’instar de la Lybie.
Alors qu’une grande partie du peuple libyen est dans une situation désespérée et que certains peuvent sincèrement espérer une intervention militaire extérieure, les évènements en Lybie illustrent que l’implication de l’OTAN ne conduit ni à la paix, ni à la stabilité. Le nombre de morts a connu une percée après que l’OTAN ait commencé ses attaques aériennes sur la Lybie, se multipliant par 10 ou 15 selon les estimations. Le pays, ruiné par la guerre, est maintenant dominé par des centaines de milices en concurrence qui dirigeants des fiefs.
Environ 150 personnes sont mortes dans un conflit tribal dans le sud de la Lybie en mars, et le weekend dernier, une milice a temporairement pris le contrôle du principal aéroport du pays. La supposée administration centrale du pays (le Conseil National de Transition, non-élu et imposé par l’Occident) a sa propre milice, le Conseil Suprême de Sécurité, fort de 70.000 hommes. Les dirigeants de l’opposition bourgeoise et pro-impérialiste en Syrie cherchent sans doute à être mis au pouvoir d’une manière similaire par le pouvoir militaire occidental.
Révolutions
Cependant, la menace d’une intervention impérialiste en Syrie et l’implication de plus en plus forte des régimes réactionnaires Saoudiens et Qataris n’ont aucune raison de soutenir le régime d’Assad. Pour les socialistes, l’alternative a été clairement montrée lors des révolutions de l’année dernière en Tunisie et en Egypte, ainsi qu’aux débuts de la révolte syrienne en 2011.
Elles ont illustré que c’est le mouvement massif et unifié des la classe ouvrière et des jeunes qui est capable de renverser les despotes et leurs régimes pour engager la lutte pour un changement réel aux niveaux politique et social. La reprise du mouvement révolutionnaire en Egypte, suite à l’issue injuste du procès de Moubarak et de ses sbires, souligne que ce n’est que par un approfondissement de l’action de masse du fait de la classe ouvrière et des jeunes qu’il peut y avoir un véritable changement.
Les travailleurs de Syrie, quelle que soit leur appartenance ethnique ou religieuse, ont le droit de se défendre eux-mêmes contre la machine d’Etat d’Assad et contre toutes les milices sectaires. Les véritables socialistes, basés sur les traditions du marxisme révolutionnaire, appellent à la constitution immédiate de comités de défense indépendants, démocratiquement élus et contrôlés par les travailleurs, pour défendre les manifestations, les quartiers et les lieux de travail.
Cela doit être lié à une nouvelle initiative de la classe ouvrière en Syrie, construisant des comités d’action dans toutes les communautés et les lieux de travail, en tant que base pour un mouvement indépendant des travailleurs.
L’une de ses tâches serait d’enquêter indépendamment sur les responsables de la tuerie de Houla et de tous les autres massacres et assassinats sectaires. Cela montrerait aussi le rôle du régime d’Assad et de ses milices, ainsi que celui des puissances voisines et impérialistes.
Comme partout, les Nations Unies sont incapables, à cause de leur asservissement aux principales puissances mondiales, d’empêcher les atrocités contre les civils ou de résoudre les conflits armés dans l’intérêt de la classe ouvrière.
Suite au massacre de Houla, les grèves de ‘‘deuil’’ ont éclaté dans certains endroits de la Syrie. Les manifestations contre Assad continuent dans certaines villes, dont à Damas. Il est crucial que de telles manifestations prennent un caractère anti-sectaire et pro-classe ouvrière. Un mouvement de la classe ouvrière en Syrie développerait les manifestations de travailleurs, les occupations de lieux de travail et les grèves, dont des grèves générales, pour rompre avec le sectarisme et lutter pour le renversement du régime d’Assad. Un appel de classe aux soldats pauvres du rang à s’organiser contre leurs généraux, à se syndiquer et à rejoindre les manifestants, pourrait diviser les forces d’Etat meurtrières et les neutraliser.
Les travailleurs syriens de toutes religions et ethnies ont besoin d’un parti qui leur est propre, avec une politique socialiste indépendante. Un tel parti avec un soutien massif peut résister avec succès au sectarisme et aux politiques empoisonnées du diviser pour mieux régner d’Assad, des régimes sunnites et chiites de la région et de l’impérialisme hypocrite.
Un programme socialiste – appelant à un contrôle et une gestion démocratiques de l’économie par les travailleurs pour transformer les conditions de vie, créer des emplois avec des salaires décents et une éducation, la santé et les logements gratuits et de qualités – inspirerait les travailleurs et les jeunes à rejoindre le camp de la révolution.
Sous un drapeau authentiquement socialiste, en opposition aux forces prétendument ‘‘socialistes’’ qui soutiennent le régime dictatorial de Bachar el-Assad, la révolte populaire contre le régime syrien appellerait les travailleurs de la région à étendre la révolution.
En liant ensemble les mouvements révolutionnaires qui ont lieu en Syrie, en Tunisie, en Egypte et ailleurs en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, sur base d’un programme d’orientation socialiste, où les secteurs clés de l’économie seraient aux mains des masses, la classe ouvrière pourrait dégager les tyrans et porter de puissants coups au capitalisme pourri et à l’ingérence impérialiste. Cela pourrait se transformer en une lutte pour une confédération socialiste volontaire et équitable du Moyen-Orient, dans laquelle les droits de toutes les minorités seraient garantis.
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Un nouveau type de révolution ?
Depuis 2011, le monde est à nouveau parcouru de mouvements de masse et de révolutions. A partir des révoltes de Tunisie et d’Egypte, le mouvement s’est étendu avec les Indignados d’Europe du Sud, le mouvement Occupy aux Etats-Unis, puis dans 970 villes étrangères. Différentes grèves générales ont également eu lieu, de même que divers mouvements de masse. Vingt ans après la ‘‘fin de l’histoire’’ et la chute de l’URSS, il semble qu’une nouvelle ère débute, une période de mécontentement massif et de révolte, en conséquence de la crise économique mondiale.
Par Mathias (Gand)
Ce nouvel état d’esprit entraîne des discussions et des débats passionnés. Remettre en question l’idéologie, les institutions et l’élite dominantes pose en effet de nombreuses questions très intéressantes. Quelles méthodes utiliser? Comment nous organiser ? Quelle est l’alternative à défendre ? De nombreuses questions semblent aujourd’hui être réinventées, alors que plusieurs générations avant nous ont lutté contre ce système, avec les mêmes interrogations en tête.
De nombreux points de discussion au sein du mouvement ne peuvent pas être distincts de l’héritage des tentatives précédentes de renverser ce système. La profonde aversion ressentie par beaucoup de jeunes face à la politique, aux partis ou aux syndicats peut s’expliquer à partir de la trahison systématique de partis sociaux-démocrates au cours de ces 20 dernières années. Tout comme en Belgique, ces partis ont laissé tomber les ‘‘gens ordinaires’’ pour défendre les intérêts du 1% le plus riche.
Dans de nombreux pays, la faillite de l’establishment politique et de ses institutions soi-disant démocratiques a conduit à une nouvelle quête pour la démocratie. Les participations massives aux assemblées populaires du mouvement Occupy ou des Indignés ont été l’expression quasiment littérale du retour du débat politique dans la rue plutôt que dans les tours d’ivoire des parlements. Le Comité pour une Internationale Ouvrière (dont le PSL est la section belge) s’est impliqué dans tous ces mouvements dans ces divers pays en proposant que ces nouvelles structures organisationnelles se développent dans les quartiers, les lieux de travail, les écoles et les universités afin qu’un nouveau pouvoir se développe à côté de celui des capitalistes, et pour finalement le défier. Nous avons aussi défendu la nécessité d’une direction démocratiquement élue contre les illusions qui existaient souvent envers ce qu’on appelle la démocratie directe. Cette forme de démocratie signifiait souvent en réalité que, après 10 heures de réunions, seuls ceux qui avaient le plus de temps ou de détermination prenaient les décisions.
Dans la plupart de ces mouvements, le rôle de la jeunesse a été crucial. Les plus jeunes couches de la population active, les 99%, qui sont souvent les plus dynamiques dans l’action. D’abord parce que c’est leur avenir qui est directement attaqué, et en partie aussi parce qu’elles ne supportent pas sur elles les défaites des mouvements précédents. Il est très important que ces défaites ne se répètent pas.
Une des raisons pour laquelle mai 68 n’a pas conduit à la victoire fut la relation limitée entre la jeunesse radicale et les couches plus larges de la population active. Les jeunes peuvent entrer en lutte et même initier des mouvements internationaux tels le mouvement Occupy, mais il est au final absolument nécessaire que les 99% s’organisent. Tant en Egypte qu’en Tunisie, ce sont les syndicalistes indépendants et l’arme de la grève générale qui ont mis ces dictatures sanglantes à genoux. Ici aussi, les protestations doivent trouver comment se lier au reste de la population, au moyen de revendications portant sur les conditions de travail et de salaire, sur le logement, l’enseignement, etc.
Ce que les révolutions égyptienne et tunisienne nous ont aussi appris, c’est qu’il ne faut pas se contenter d’une seule victoire. Tant que la même élite capitaliste garde les rênes du pouvoir, toute réforme ne peut avoir qu’un caractère temporaire et limité. Les nouveaux régimes en place n’ont pas donné de changement réel pour les conditions de vie difficiles des populations d’Afrique du Nord et du Moyen- Orient. Il faut proposer une alternative concrète au système actuel, capable d’assurer que les 99% aient le contrôle de l’économie de façon à ce qu’elle puisse répondre aux besoins de tous.
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Action de protestation à l'ambassade de Tunisie
Hier matin, une délégation du PSL/ LSP a été reçue par M. Farhat, actuel ambassadeur de Tunisie en Belgique. Nous lui avons communiqué notre inquiétude à propos des atteintes aux droits démocratiques actuellement en cours en Tunisie et plus spécifiquement à propos de la violence policière lors des évènements du 9 avril. Nous lui avons aussi rappelé qu’il y a à peine un an et demi, nous nous trouvions avec la communauté tunisienne de Belgique en face de cette même ambassade, alors encore occupée par les agents de l’ancien dictateur Ben Ali. Nous lui avons dit que nous ne voulons pas une répétition du glissement vers la dictature. Et que la répression du syndicat des chômeurs diplômés, les attaques contre les locaux de l’UGTT et maintenant la répression abusive des manifestants Avenue Bourguiba semblaient pourtant le confirmer. Nous avons aussi ajouté que le gouvernement a indiqué lui-même avoir compris qu’il avait été trop loin en retirant l’interdiction de manifester Avenue Bourguiba, symbole important de la révolution qui avait chassé Ben Ali.
Par Eric
L’ambassadeur nous a remerciés pour l’attention que nous portons à son pays. Il ne se trouvait pas lui-même en Belgique lors des événements de décembre 2010 et janvier 2011, mais ses collaborateurs confirmaient se rappeler notre présence. L’ambassadeur a reconnu les difficultés à instaurer un régime démocratique. Il se rendait compte des dangers, y compris les attaques qui ont eu lieues sur les universités, attaques mentionnées sur le site du PSL, mais non citées dans notre dernière lettre. Entre les lignes, mais sans le dire explicitement, il a suggéré que les attentes, tant de la droite que de la gauche, sont trop élevées et que le gouvernement essaye de trouver le juste milieu. Il a parlé des difficultés à redémarrer l’économie, à faire aboutir l’assemblée constitutionnelle et à faire fonctionner les institutions. Avant de quitter l’entretien, la délégation du PSL à transféré la lettre que l’ambassadeur donnera au ministre de l’intérieur. Nous avons aussi affirmé suivre de près les événements en Tunisie comme ailleurs. L’ambassadeur nous a promis de nous informer du suivi.
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Tunisie: la ‘Journée des Martyrs’ laisse de nombreux blessés par la répression policière
La troïka tunisienne tombe le masque
Le lundi 9 avril, au centre de Tunis, une brutalité effroyable a été utilisée par la police tunisienne afin de réprimer des manifestants pacifiques. Il s’agit sans doute de la pire vague de répression policière dans le pays depuis des mois. Ce qui est déjà évoqué comme le ‘‘lundi noir’’ livre une lumière des plus éclairantes sur le véritable caractère de la nouvelle coalition tripartite au pouvoir (la ‘troïka’), une coalition prête à assimiler les pires méthodes de la dictature de Ben Ali pour mater toute opposition à son pouvoir.
Protestation à l’ambassade tunisienne de Belgique
- Stop à la répression politique contre les militants politiques et syndicaux
- Défendons la liberté d’expression et d’organisation
- Pour la libération immédiate de tous les manifestants arrêtés
- Pour une enquête indépendante réalisée par les le syndicat UGTT, l’UDC,… pour rechercher les responsables de cette violence policière
Ce vendredi 13 avril, 10h Avenue de Tervuren, n°278, 1150 Bruxelles (A partir de Bruxelles Central (environ 20 min), métro 1 direction Stockel jusqu’à Montgomery, Tram 39 direction Ban-Eik, jusqu’à l’arrêt Jules Ceasar ou le Tram 44 direction Tervuren jusqu’à l’arrêt Jules Ceasar)
Différentes manifestations et rassemblements avaient lieu dans la capitale ce jour-là pour commémorer l’anniversaire de la ‘‘Journée des Martyrs’’, en référence à la répression sanglante de manifestants pro-indépendantistes par les troupes coloniales françaises en 1938.
Cette occasion a été saisie par un grand nombre de gens afin de protester contre le gouvernement dirigé par le parti Ennahda, pour honorer les martyrs tombés sous les coups de la contre-révolution l’an dernier, ainsi que pour défier l’interdiction de manifester avenue Bourguiba, interdiction imposée par le ministère de l’Intérieur à la fin du mois de mars. Certains manifestants avaient marché plusieurs jours en provenance des régions de l’intérieur du pays pour manifester dans la capitale.
Les gens ont commencé à se rassembler au centre-ville tôt le matin, le plus grand rassemblement ayant lieu sur l’avenue Mohamed V. Alors que la foule de manifestants, comprenant des enfants et des personnes âgées, se dirigeait sur l’avenue Bourguiba, une répression brutale s’est soudainement déchainée: une énorme quantité de gaz lacrymogène a été balancée, tandis que les coups de matraque et de gourdin ont commencé à pleuvoir dans tous les sens.
La scène est rapidement devenue le théâtre d’une vengeance aveugle par la police, provoquant l’évanouissement et la suffocation de personnes à cause des gaz, des fourgons de police ainsi que des motos avec des flics masqués fonçant dans la foule, et des dizaines de personnes ont été sauvagement tabassées, y compris de simples passants, des avocats , des journalistes et des membres de Assemblée constituante présents sur les lieux.
Beaucoup de gens ont du être transportés à l’hôpital avec des blessures graves, et un nombre inconnu d’arrestations a également eu lieu. Ces arrestations et passages à tabac ont particulièrement ciblé des militants de gauche connus. Un jeune manifestant, victime d’une hémorragie cérébrale suite à un tabassage en règle, se trouve toujours à l’hôpital entre la vie et la mort.
Ajouté à cela, de nombreux rapports et des photos et vidéos mettent en évidence la présence de milices de civils armés aidant la police à pourchasser les manifestants et a ‘nettoyer’ les rues avoisinantes, en utilisant des méthodes de violence de rue peu différentes de celles de groupes fascistes. La plupart des gens soupçonnent ces voyous ayant assisté les flics dans leur sale besogne d’être des partisans notoires d’Ennahda.
Les mensonges du gouvernement
Le ministère de l’Intérieur, relayé par d’autres voix officielles, a inventé et tronqué un certain nombre de faits afin d’incriminer les manifestants, prétendant entre autres que des cocktails Molotov auraient été utilisés par ces derniers. Bien qu’il y ait de nombreuses preuves attestant de la provocation violente de la police, rien de tel ne peut être trouvé pour étayer de telles affirmations.
Dans la même logique, le président Moncef Marzouki a condamné le ‘‘degré inacceptable de violence’’, en mettant sur un même pied d’égalité l’agression arbitraire d’une force de police lourdement armée d’une part, et la prétendue ‘violence’ de civils sans défense, dont la réaction la plus ‘violente’ a été que certains jeunes en colère ont jeté des pierres sur les policiers en réaction au comportement sauvage de ces derniers.
Apres ces déclarations, ceux qui pensaient encore que le passé de Moncef Marzouki en tant que militant des droits de l’homme pourrait être une sorte de ‘garantie’ contre les abus sauront désormais à quoi s’en tenir.
‘‘La Tunisie n’est pas menacée par la dictature, elle est menacée par le chaos’’, a déclaré Rached Ghannouchi, chef de file d’Ennahda, en mettant le blâme sur ce qu’il décrit comme des ‘‘anarchistes staliniens’’ qui veulent semer le chaos dans le pays. Ces couvertures politiques de la répression policière trahissent le fait que ce qui s’est passé lundi n’est pas du tout accidentel, mais orchestré par ceux au pouvoir dans une tentative d’intimider et de décourager les couches les plus actives et les plus combatives de la population de poursuivre leurs aspirations au changement.
Ces événements sont censés servir d’’exemple’ a l’égard de tous ceux qui osent défier le gouvernement, dont l’incapacité et la réticence à répondre à ces aspirations est de plus en plus claire de jour en jour aux yeux des masses populaires. Mais la réussite d’une telle opération par les nouvelles autorités est une toute autre question.
Un point tournant
La répression d’hier suit directement la répression d’une autre marche, organisée samedi par l’UDC (Union des Diplômés Chômeurs), avec la revendication centrale du droit à un travail décent pour tous. La réponse de la police fut similaire, avec plusieurs personnes arrêtées et/ou blessées, une sorte de ‘‘répétition générale’’ des événements de lundi. La semaine dernière, une manifestation à laquelle participaient des blessés de la révolution et des familles de martyrs en face du siège du ministère des droits de l’homme (!) a également été violemment attaquée par la police. Nous avions déjà signalé en février les raids physiques organisés contre les bureaux de l’UGTT.
Mais ce nouvel élan de répression représente un point tournant. Bien que la manifestation de lundi fût relativement petite, l’impact de la répression est lui déjà très large, et est susceptible d’encourager la radicalisation d’une plus large couche de la population contre le gouvernement d’Ennahda.
Cela va renforcer la compréhension croissante du fait que les partis au pouvoir sont des ennemis de la révolution, et n’ont aucune réponse si ce n’est la répression aux revendications de la population. Il y a un sentiment largement partagé d’un retour aux méthodes traditionnelles de la police de Ben Ali, et des dangers de tentatives visant à restaurer une nouvelle dictature. Nombreux sont ceux qui ne manqueront pas de remarquer le ‘deux poids deux mesures’ du gouvernement, dont l’attitude complaisante à l’égard de groupes salafistes réactionnaires contraste étrangement avec la répression brutale déchainée contre les actions de gauche et syndicales.
Dans tout le pays, le climat est maintenant particulièrement tendu, et cette répression pourrait susciter un ‘retour de flamme’; plusieurs manifestations de solidarité (notamment à Monastir, Sousse et Sfax), ainsi que des affrontements de jeunes avec la police ont déjà eu lieu depuis lundi dans plusieurs régions du pays. Une grève générale a eu lieu à Ktar (dans la région de Gafsa), une autre est en cours à Sidi Bouzid, et les bureaux d’Ennahda ont été brûlés en plusieurs endroits. Une grève de tous les élèves et étudiants a été engagée à Sousse, et d’autres actions par le syndicat étudiant, l’UGET, sont également l’objet de discussions en ce moment.
Aujourd’hui (le 11 avril), un Conseil des ministres a décidé de lever l’interdiction de manifester sur l’avenue Bourguiba. Cela montre que le gouvernement n’est pas complètement confiant de s’engager dans une attaque frontale contre la jeunesse révolutionnaire et les travailleurs, et craint une réaction plus large dont le contrôle pourrait lui échapper. Le choc immédiat occasionné par l’ampleur de la répression, ainsi que les réactions populaires qui l’ont suivi, ont poussé le gouvernement à prendre une telle décision afin de tenter de calmer la situation.
Après ce qui s’est passé lundi, cette victoire est petite mais lourde de significations. La répression brutale utilisée par le régime l’a finalement conduit, entre autres choses, à céder sur l’une des principales revendications des manifestants: se réapproprier leur avenue Bourguiba, un symbole historique de la révolution qui a renversé le dictateur Ben Ali en janvier de l’année dernière.
Cependant, les événements des derniers jours indiquent clairement la direction dans laquelle le nouveau régime veut s’engager. De nouvelles tentatives de contre-attaquer vont nécessairement resurgir.
Une nouvelle période, faite de luttes acharnées, ne fait en réalité que commencer. L’UGTT et l’UGET pourrait considérer la possibilité d’organiser une journée de grève nationale, en signe de protestation et d’avertissement au gouvernement comme quoi toute tentative de porter atteinte aux droits démocratiques et sociaux se heurtera à une résistance solide des travailleurs, des étudiants, de la jeunesse révolutionnaire, et de tous ceux qui veulent que la ‘révolution de la liberté, de l’emploi et la dignité’ accomplisse ses objectifs.
Le CIO dénonce la répression policière croissante et le harcèlement des militants politiques et syndicaux, exige la liberté d’expression et de rassemblement pour tous, la fin immédiate de l’état d’urgence toujours en cours, ainsi que la libération immédiate de tous les manifestants arrêtés au cours des derniers jours. Une enquête indépendante doit être menée par l’UGTT, l’UDC et d’autres organisations populaires afin de déterminer les responsabilités dans les violences policières qui ont eu lieu au cours du week-end et lundi.
Nous exprimons notre solidarité avec tous ceux qui luttent pour leurs droits en Tunisie, et ferons tout ce qui est entre notre pouvoir pour dévoiler le vrai visage de la prétendue nouvelle Tunisie ‘‘démocratique’’, et pour aider comme nous le pouvons les militants révolutionnaires dans ce qui sera une lutte prolongée contre les tentatives de réaffirmation d’un nouveau régime autoritaire et oppressif.
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En Bref…
Chaque samedi, nous publions dans cette rubrique quelques faits marquants, des citations, des cartoons, de petites vidéos,…
Reynders et la Tunisie
Didier Reynders a quitté son poste de Ministre des Finances pour devenir Ministre des Affaires Etrangères. Que notre bon Didier avait une certaine vision de la fiscalité, personne n’en doutait, et il a su se montrer digne de la confiance que plaçaient en lui les milieux d’affaires. Il semble que sur le terrain des Affaires Etrangères, il bénéficie aussi d’une certaine expérience… en ayant porté le titre de consul honoraire de Tunisie de 2004 à 2011, en pleine dictature de Ben Ali ! Ce poste sert avant tout à « favoriser le développement de relations commerciales, économiques, culturelles et scientifiques entre l’Etat d’envoi et l’Etat de résidence » selon la convention de Vienne. Plusieurs politiciens ont dénoncé cette relation particulière avec un dictateur. Ceci dit, c’est avant tout une manière bien facile et hypocrite de s’attaquer au MR. Nous attendons des commentaires aussi acerbes de la part de Véronique De Keyser (PS) ou de George Dallemagne (CDH) concernant la mission économique belge envoyée en 2012 au Kazakhstan…
Le racisme est une "réalité structurelle" en Belgique
L’ENAR (European Network Against Racism) a publié cette semaine un rapport intitulé "le racisme et les discriminations qui y sont associées en Belgique" à l’occasion de la Journée internationale contre le racisme. Selon la coordination nationale belge de l’ENAR, les communautés noire et musulmane ainsi que les gens du voyage sont les communautés les plus vulnérables face au racisme dans notre pays. Ce rapport dénonce "le racisme lourd en raison de la couleur de la peau" que subissent les populations "noires" tout en regrettant "qu’aucun rapport officiel n’apporte de chiffre ou d’analyse spécifique sur cette forme de discrimination". Il s’agit "d’un mouvement inquiétant" initié par "une coalition de partis conservateurs." Les secteurs les plus touchés par des faits présumés de discrimination sont l’emploi, l’enseignement, le logement et les médias, selon l’ENAR.
Londres annonce une baisse d’impôt pour les plus riches
Ce 21 mars, le budget 2012-2013 a été présenté par le ministre des finances britannique. Le gouvernement de coalition conservateur-libéral-démocrate vient de réduire le taux supérieur d’imposition sur les revenus de 50 % à 45 % pour les personnes gagnant plus de 179.500 euros par an, avec l’objectif de revenir le plus vite possible à un taux unique de 40 %. Pendant ce temps, les chômeurs de longue durée sont obligés de travailler gratuitement pour pouvoir continuer à percevoir leurs allocations de chômage… Comment mieux illustrer la guerre de classe actuellement à l’œuvre en Europe et dans le monde ?
«A tout moment la rue peut aussi dire NON !»
Voici un film de combats réalisé par les métallos Wallonie-Bruxelles de la FGTB. Il s’agit de 11 minutes d’images et de paroles de métallos en colère, un vidéo-tract qui sonne comme un avertissement, sur un rock prêt à mordre du groupe français Eiffel. Cette vidéo rappelle les actions et les combats récents menés par les militants et leur détermination à ne pas plier. Accéder à cette vidéo sur le site metallos.be
Le FMI fait quelques recommandations à la Belgique…
L’encre du conclave budgétaire de mars n’est pas encore sèche que le FMI propose déjà de nouvelles attaques ! Comme nous l’avons déjà dit, nous sommes face à une avalanche d’austérité, et elle ne s’arrêtera pas sans résistance ! Pour le Fonds Monétaire International, l’âge de la pension doit être relevé et l’indexation des salaires doit être revue. Rien que ça… Le prochain cheval de bataille de la Belgique doit être de booster sa position de concurrence, souligne le FMI. Quand s’arrêtera donc cette spirale négative ? Le gouvernement, toujours selon le FMI, doit maintenant se focaliser sur une restriction des dépenses dans les pensions, les soins de santé et l’emploi dans le secteur public.
ArcelorMittal : 138 % de bonus en plus
Selon le rapport annuel 2011, les dirigeants de la multinationale ont reçu 17,2 millions de dollars de rémunérations variables liées aux performances à court terme, contre 7,2 millions en 2010 (soit 138% de plus). Le bonus personnel de Lakshmi Mittal a augmenté de 199 % à lui seul… Durant la même année, le groupe a fermé ou annoncé la fermeture de plusieurs sites, notamment à Liège, à Rodange & Schifflange au Luxembourg et à Florange en France. Comment justifier de lancer un secteur économique aussi important aux mains de tels rapaces ?