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  • Tunisie : La grève générale fait trembler le pays et précipite la crise politique au sommet de l’Etat

    Le fouet de la contre-révolution provoque une nouvelle étape dans la lutte de masse

    Comme l’interview ci-dessous l’indique, l’assassinat du dirigeant de gauche Chokri Belaïd représente un « point tournant» dans le processus de révolution et de contre-révolution qui se déroule en Tunisie depuis plus de deux ans maintenant. Cet épisode a ouvert un nouveau chapitre de confrontations dans la bataille en cours entre la masse des travailleurs tunisiens, des pauvres et des jeunes, et le gouvernement largement discrédité dirigé par Ennahdha. Il a aussi précipité la crise politique au sommet de l’appareil de l’Etat.

    Article suivi d’une interview de Dali Malik, sympathisant du CIO en Tunisie

    De nombreux commentateurs décrivent les événements récents comme un « sursaut laïque contre les islamistes ». Si les tentatives faites par Ennahdha et par d’autres groupes islamistes, en particulier les gangs salafistes, de faire reculer les traditions séculaires de longue date en vigueur dans le pays ont joué un rôle dans l’alimentation de la colère générale, une telle vision simpliste n’explique que très peu la situation. En effet, comme en Egypte, les questions sociales sont au cœur de la bataille en cours. Le chômage de masse, la flambée généralisée des prix, la misère sociale et la marginalisation des régions constituent l’arrière-plan de la colère politique de masse dirigée contre les dirigeants actuels, dont les politiques économiques néolibérales ont suivi exactement le même chemin désastreux pour la majorité de la population que celles de la clique mafieuse qui a été balayée du pouvoir il y a deux ans.

    Depuis mercredi dernier, le parti au pouvoir est dans la ligne de mire de manifestants en colère dans tout le pays, réclamant la chute du régime et une nouvelle révolution. Pendant des jours, des affrontements entre manifestants et forces de police ont eu lieu dans de nombreux endroits, en particulier dans les régions militantes de l’intérieur du pays comme Gafsa ou Sidi Bouzid. La grève générale de vendredi, la première dans le pays depuis 1978, a complètement paralysé l’économie du pays et a été combinée avec une mobilisation historique dans les rues de la capitale pour la commémoration de la mort de Belaïd. Le slogan «Chokri, repose-toi, nous continuerons ton combat! » exprimait un sentiment largement partagé: il s’agissait en effet d’un cortège funèbre très politique, l’ambiance dans les rues était celle d’une opposition et d’un mépris de masse à l’égard du régime. Des centaines de Tunisiens ont protesté à nouveau lundi devant l’Assemblée Nationale, demandant la démission du gouvernement.

    Des pourparlers sont maintenant engagés depuis plusieurs jours dans les coulisses du pouvoir pour tenter de former un gouvernement de soi-disant «unité nationale». Comme c’est arrivé un certain nombre de fois depuis la chute de Ben Ali, la classe dirigeante, craignant la vague révolutionnaire, est à la recherche de la mise en place d’un gouvernement qui puisse assurer la «continuité» de l’Etat, ou plutôt de «leur» Etat: un Etat qui puisse maintenir les masses laborieuses en échec, réprimer leurs actions et revendications, et bloquer leurs prétentions à prendre les choses entre leurs mains.

    La gauche et la centrale syndicale, l’UGTT, ne doivent pas mettre les pieds dans ces manœuvres! Comme Dali l’explique, la coalition de gauche du Front populaire doit « refuser tout accord avec des forces hostiles aux travailleurs et aux camps de la révolution ». Le Front Populaire argumente à présent en faveur d’un « Congrès National de Dialogue» et appelle à un gouvernement d’«urgence», ou de «crise». Tant le Parti des Travailleurs que le Parti des Patriotes Démocrates Unifié (l’organisation de Belaïd) se positionnent en faveur d’un gouvernement de «compétences nationales», toutes des formulations très vagues au demeurant, ouvrant la porte à d’éventuels arrangements gouvernementaux entre une partie de la direction du mouvement ouvrier et de la gauche, avec des éléments pro-capitalistes. L’idée de construire « l’unité nationale » présente à nos yeux le problème fondamental de ne pas clairement tracer la ligne de démarcation entre les amis et les ennemis de la révolution.

    Le CIO pense pour sa part qu’il n’y a qu’une seule unité possible: l’unité de la classe ouvrière, de la jeunesse et des pauvres pour poursuivre leur révolution, et ce jusqu’à la mise en place, à travers la lutte de masse, d’un gouvernement qui leur appartient, par la construction d’instruments ad hoc: comités de grève, comités de quartier, etc.

    Pour faire valoir ses arguments vers de larges couches de la population, le Front Populaire pourrait affirmer qu’il ne rentrerait dans un gouvernement que sur la base d’un certain nombre de conditions, qui inclurait : le retour de toutes les entreprises privatisées dans l’orbite du public, l’annulation totale de la dette, le lancement d’un plan d’investissements publics dans les infrastructures via la création massive d’emplois socialement utiles, l’imposition d’un monopole de l’État sur le commerce extérieur, et la prise en charge des secteurs stratégiques de l’économie entre les mains des travailleurs, au travers de représentants démocratiquement élus par eux. En pratique, un tel programme ne pourrait être mis en œuvre qu’indépendamment de tous les partis qui défendent la logique du capitalisme, et qui sont seulement intéressés à négocier des postes ministériels dans un futur gouvernement composé de représentants et défenseurs des grosses entreprises.

    En outre, d’importantes unités de l’armée ont été déployées ces derniers jours dans la capitale ainsi que dans d’autres villes. L’état d’urgence est toujours en cours, et l’ancien appareil policier continue son sale boulot de répression et d’abus et de violence contre les manifestants. Les masses ne doivent pas laisser les forces de l’État contrôler les rues, mais doivent les réclamer, en conjonction avec la construction d’organes de défense révolutionnaires, composés de militants ouvriers, de syndicalistes, de jeunes etc, pour empêcher la violence de la réaction de riposter. Des appels en direction des soldats du rang devraient être encouragés dans ce but, afin de diviser l’Etat selon des lignes de classe, et construire un puissant contrepoids face à la menace de possibles complots provenant des classes supérieures.

    Le Front populaire devrait mettre en avant un plan d’action clair, visant à renforcer la révolution et à la défendre contre les tentatives de la repousser en arrière, que ce soit par l’armée, par la police ou par des milices réactionnaires. Par exemple, il pourrait appeler à des assemblées de masse dans les lieux de travail et les localités, dans les universités et les institutions publiques, dans les écoles et dans les quartiers, etc, pour que les masses puissent discuter et déterminer, de la manière la plus démocratique et collective possible, quelles devraient être les prochaines étapes de leur lutte, et comment s’organiser partout contre la contre-révolution. Une nouvelle grève générale, après le succès de celle de vendredi, pourrait peut-être servir à réaffirmer la force de la révolution et de la classe ouvrière organisé, et contribuer à en finir avec la clique dirigeante actuelle, dont la légitimité, aux yeux de la majorité, a disparu depuis longtemps.

    Dans certaines régions, les récents incidents ont encouragé les masses à renouveler instinctivement avec des formes antérieures d’auto-organisation: des comités de quartiers ont rejailli dans certains quartiers populaires de Tunis, au Kef et en quelques autres endroits. Ces exemples doivent être utilisés pour être élargis ailleurs, jusques et y compris sur les lieux de travail et dans les usines, pour servir de tremplin vers l’institution du contrôle et de la gestion, par les travailleurs eux-mêmes, des leviers économiques de la société.

    L’appel à un « Congrès national » prendrait tout son sens s’il s’adresse aux masses révolutionnaires elles-mêmes. Cette proposition devrait être liée à la nécessité de construire et de coordonner des comités de lutte au niveau local, régional et national, élisant leurs représentants, révocables, issus directement des forces vives de la révolution, des couches combatives de l’UGTT, du mouvement ouvrier et de la jeunesse. De tels comités prépareraient ainsi la classe ouvrière et les pauvres à l’exercice du pouvoir et à la reconstruction de la société, sur la base d’un plan socialiste de production organisé de manière démocratique par la population. Une telle démarche audacieuse, vers l’établissement d’une Tunisie socialiste et démocratique, aurait un impact électrifiant et inspirant pour les travailleurs et les jeunes, dans la région et dans le monde entier. Elle établirait rapidement le lien avec le mouvement ouvrier révolutionnaire égyptien et d’autres, afin d’engager les premiers pas vers la construction d’une fédération socialiste libre des pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient.

    Peux-tu expliquer rapidement quelles sont le contexte et l’implication de l’assassinat de Chokri Belaïd?

    La mort de Chokri Belaïd représente un événement majeur et un point tournant dans le processus révolutionnaire tunisien. Mais ce qu’il faut bien comprendre, c’est qu’une immense colère s’accumulait déjà depuis des mois contre le gouvernement en place. La mort de Belaïd a pris place dans un contexte où l’establishment politique, le gouvernement et l’Assemblée Nationale Constituante nageaient déjà dans une crise sans précédent. Cette situation reflète l’incapacité des classes dominantes à faire tenir une formule ministérielle capable d’imposer leurs plans contre-révolutionnaires tout en ayant suffisamment d’assise populaire pour le faire. C’est une équation impossible.

    Cela fait sept mois maintenant qu’on nous parle d’un remaniement ministériel mais ils n’arrivent toujours pas à se mettre d’accord, en premier lieu du fait de la colère sociale gigantesque qui s’exprime aux quatre coins du pays. La haine anti-gouvernementale avait déjà atteint un très haut niveau d’intensité avant que l’assassinat de Chokri Belaïd n’ait lieu. Cet assassinat a donc mis le feu aux poudres. Belaïd n’était pas « le » dirigeant révolutionnaire le plus en vue, mais c’était un militant avec une certaine stature, qui s’est fait connaitre surtout suite à la révolution.

    Des mobilisations massives ont explosé très vite partout suite à l’annonce de sa mort, certaines avec un caractère insurrectionnel. 72 locaux d’Ennahdha ont été incendiés dans les derniers jours ! Des manifs de grande dimension ont pris place dans la demi-heure qui a suivi la mort de Belaïd ; des sit-in, des grèves, des clashs avec les flics, etc font partie intégrante du paysage, à un niveau encore plus élevé que d’habitude, depuis mercredi. Et le jour de l’enterrement, une avalanche humaine a déferlé sur la capitale, ainsi que des manifestations de masse dans toute une série de villes. Certains chiffres évoquent plus d’un million de personnes dans les rues de Tunis vendredi ; il est impossible de décrire avec des mots l’ambiance qui y régnait. Les slogans repris dans la manif appelaient à la chute du régime, à une nouvelle révolution, accusaient Rached Ghannouchi (le chef d’Ennahdha) d’être un assassin, etc.

    Quel a été l’impact de la grève générale de vendredi ?

    La grève générale a été extrêmement bien suivie. L’adhésion était massive et totale. Même des entreprises où il n’y a pas de représentation syndicale, des institutions qui ne font jamais grève, ont débrayé. Cela est aussi vrai pour de nombreux cafés, des petits techniciens, des petits commerçants supposés pro-Ennahdha, qui ont fait grève également. Tout le pays était paralysé, comme cela ne s’est probablement jamais produit dans l’histoire de la Tunisie. Cette grève et la mobilisation qui l’a accompagnée a donné un nouveau coup de ‘boost’ à la révolution et à la confiance des masses. Elle a aussi touché de plein fouet le gouvernement, qui tremble maintenant littéralement sur ses bases.

    Le premier ministre Jebali est à présent engagé dans des pourparlers incessants pour essayer de sauver la face du pouvoir. Il tente de recomposer un appareil gouvernemental qui peut « tenir la face ». Mais la colère contre Ennahdha a atteint un paroxysme, au point que ce parti est au bord de l’implosion. L’aile radicale du parti a tente de mobilisé ses troupes samedi, mais ce fut un flop : même en payant des gens, ils n’ont pas réussi à faire descendre plus de 3000 personnes dans le centre de Tunis !

    La crise institutionnelle est profonde. Toute l’opposition a gelé sa présence à l’Assemblée Constituante, et le régime est vraiment déstabilisé. Aussi, des frictions se sont fait jour avec les puissances impérialistes sur la marche à suivre. Du point de vue des classes dirigeantes, il n’y a donc pas de solution évidente. Il y a quinze jours encore, des discussions étaient en cours avec les institutions financières internationales pour engager un programme de « réformes structurelles » (un euphémisme pour des plans d’attaques néolibérales, telles que la baisse de certaines subventions à des produits de base, de nouvelles privatisations, des baisses de salaires, etc) mais la mort de Belaïd a tout court-circuité. L’aile pragmatique d’Ennahdha autour de Jebali ainsi que les impérialistes semblent privilégier l’option d’un gouvernement de « technocrates » ; mais même une telle formule est pour eux difficile à mettre en place, et même si elle l’est, il n’est pas sûr qu’elle puisse tenir le coup. Dans ces conditions, nous devons être sur nos gardes, car même l’option d’un coup d’état ne peut plus être écartée, bien qu’il ne s’agisse pas de la perspective la plus immédiatement plausible.

    Qu’en est-il de la coalition de gauche du Front Populaire ?

    Le Front Populaire a une forte implication dans les luttes et les mouvements sociaux depuis sa fondation. Il joue un rôle central dans les mobilisations, et ses militants sont une force agissante dans presque toutes les mobilisations. Par exemple, le Front a joué un rôle décisif dans la grève régionale de Siliana en décembre dernier, ainsi que dans la plus récente grève régionale au Kef. Dans ce sens, le Front est vue largement comme la force politique du coté des luttes révolutionnaires, et sa base est essentiellement composée de jeunes révolutionnaires, de syndicalistes, de chômeurs… Chokri Belaïd était un des porte-parole du Front Populaire; à travers lui, c’est donc aussi le travail du Front et de ses militants qui est visé.

    Cependant, le Front a aussi d’importants déficits et limites quant à la lecture de la situation actuelle, ses propositions concrètes, son fonctionnement interne aussi. Bien qu’il a une importante base militante sur le terrain, ces mêmes militants n’ont que peu de poids sur les prises de position de ses dirigeants, et sur les décisions qui y sont prises, qui sont peu inclusives.

    Surtout, le Front demeure dans le flou en ce qui concerne la question la plus importante de la révolution, et qui en conditionne beaucoup d’autres : celle de qui détient le pouvoir. Le Front n’est pas homogène, et à l’intérieur, certaines de ses composantes sont toujours fortement influencées par la stratégie d’une révolution « par étapes », qui consiste à dire qu’il faut d’abord consolider la démocratie et les libertés avant de s’en prendre au capitalisme. Cette logique les amène à penser la démocratie dans un cadre qui ne remet pas en question les institutions existantes, ou à concevoir une prise de pouvoir uniquement par la voie du parlementarisme classique. Bien sûr, nous sommes en faveur de la plus grande démocratie possible et nous nous battons pour les libertés. Mais nous estimons qu’on ne peut pas détacher ces questions du contenu social de la révolution. Comme les marxistes le disent souvent, sous le capitalisme, la démocratie « s’arrête à la porte des usines ». Nous pensons qu’une vraie démocratie ne peut se réaliser que si les travailleurs ont la mainmise sur leurs instruments de travail et contrôlent directement ce qui est fait du fruit de leur labeur. Nous nous battons pour une vraie démocratie qui traverse toute la société, impliquant l’exercice du pouvoir par les masses elles-mêmes à tous les niveaux : dans les entreprises, dans les quartiers, dans les écoles,…Nous luttons à l’intérieur du Front pour renforcer ces points, pour que le Front formule un programme sans ambigüité sur le contenu d’une prise de pouvoir, et pour refuser tout accord gouvernemental avec des forces qui soient hostiles au camp de la révolution et des travailleurs.

    Le Front Populaire parle aujourd’hui de la nécessité d’un « gouvernement de crise ». Mais tout dépend du contenu que l’on donne à une telle formulation. A nos yeux, une sortie de crise ne peut avoir lieu sans la perspective de renverser un système économique et social qui baigne jusqu’au coup dans la crise, et fait payer chaque jour aux masses travailleuses son fonctionnement anarchique. Cela implique selon nous l’annulation pure et simple de la dette, question qui est source de divergences au sein du Front : certains proposent juste de la « geler » pour quelques temps, et d’instaurer un audit afin d’en déterminer la part odieuse. Cette logique implique qu’une partie tout au moins de la dette serait somme toutes légitime, alors qu’elle est le résultat du pillage des biens publics par l’ancienne mafia au pouvoir, avec le concours des institutions capitalistes internationales. Nous sommes aussi en faveur de la nationalisation sous contrôle ouvrier de toutes les entreprises qui licencient, ainsi que celle des banques et des multinationales, dont l’activité est uniquement orientée en vue de sucer le sang des masses et d’enrichir une poignée de parasites.

    Nous sommes prêts à travailler en commun avec d’autres forces à la réalisation de ces objectifs. Pour cela, nous sommes prêts à une certaine souplesse, mais il y a un point sur lequel nous ne dérogerons pas : celui qui fait le constat que la crise du capitalisme a atteint un point de retour, et qu’il faut une stratégie claire pour en sortir. Cela afin d’offrir un futur et de véritables opportunités à la majorité de la population, entre autres au million de chômeurs que compte ce pays. Si les travailleurs décidaient eux-mêmes des plans d’investissement, et réorganisaient l’économie selon une planification générale dépendant des besoins de chacun et de chacune, les moyens pourraient être développés pour procurer un emploi décent et qui plus est, socialement utile, à tout le monde. Aujourd’hui nous sommes minoritaires à mettre en avant un tel programme, mais la logique des événements implique qu’un jour ces propositions pourront être reprises par la majorité.

  • Pour un enseignement et des emplois de qualité : Luttons pour notre avenir !

    Le chômage est en hausse partout dans le pays, celui des jeunes progresse deux fois plus vite. Confrontés aux emplois précaires et aux intérims, les jeunes sont les premières victimes des pertes d’emplois. Records de faillites, record de licenciements collectifs, des milliers d’emplois « stables » sont menacés comme à Ford Genk ou à Arcelor-Mittal Liège. Les patrons licencient, reçoivent leurs cadeaux fiscaux, maximalisent leurs profits déjà exorbitants et pour de nombreux jeunes la voie est bouchée.

    Tract des Etudiants de Gauche Actifs

    Tract en version PDF

    Les politiciens n’ont aucune idée de comment sortir de ce cul-de-sac. Ils font payer la crise aux 99% de la population : les aînés sont maintenus au travail plus longtemps, les chômeurs sont poussés dans la pauvreté et les travailleurs subissent l’augmentation de la flexibilité pour des salaires rabotés. Pour renflouer les banques, ils coupent dans les dépenses publiques (comme la santé, la coopération au développement ou l’enseignement) aggravant les pénuries existantes dans les services vitaux pour la population. Leur austérité ne nous apporte que chômage, précarité & recul social.

    Cela crée un terreau et un climat favorable au développement d’idées racistes, sexistes, homophobes. Les immigrés, les chômeurs, les grecs, les flamands/wallons… toutes sortes de boucs émissaires sont pointés du doigt afin de masquer les vrais responsables de la crise : les capitalistes et leurs politiciens.Seule une réponse collective issue de la résistance des travailleurs et des jeunes peut repousser ses divisions qui visent à nous affaiblir et offrir une alternative pour sortir de la crise.


    PARTICIPE AUX CAMPAGNES ET AUX MANIFS AVEC EGA !

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    • 18/02 : Manif anti-sac : 18h Place Gabrielle Petit – Bxl
    • 21/02 : Manif syndicale contre l’austérité: 10h30 Gare du Nord – Bxl
    • 07/03 : Manif anti-NSV : 20h Martelarenplein – Louvain
    • 10/03 : Manif anti-nucléaire : 14h Huy
    • 14/03 : Manif contre l’austérité en Europe- Bxl
    • 15/03 : Manif Stop-répression : 18h Place Fontainas – Bxl
    • 24/03 : Manif Pro-choix : Bxl
    • 13&14/04 : Socialisme 2013, week-end de débat et de formation – Bxl
    • Du 4 au 7/07 : Camp d’été des Étudiants de Gauche Actifs

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    STOP aux amendes (SAC) contre les jeunes en lutte !

    Huissiers contre les sous-traitants de Ford, autopompes contre les métallos liégeois, tabassage des antifascistes dans le métro, arrestation des opposants au banquet des riches… la répression est utilisée contre ceux qui luttent. 145 jeunes, dont une quinzaine d’Étudiants de Gauche Actifs, ont été scandaleusement arrêtés pour une manifestation pacifique contre le gala d’un puissant lobby patronal européen et sont menacés par des sanctions administratives communales (SAC) pouvant aller jusqu’à 250€.

    Dans un nombre de communes, les SAC contre les incivilités sont détournée contre le droit de manifester mais aussi contre le simple fait d’être jeune parfois jusqu’à l’absurde avec des amendes pour jet de boules de neige. Les maisons de jeunes ferment, l’aspect commercial domine dans l’accès aux loisirs mais on nous sanctionne pour « flâner » dans la rue.

    Participe avec EGA aux actions de la « campagne Stop Répression » initiée par la JOC :

    • le 18 février, place Gabrielle Petit, 18h
    • le 15 mars, place Fontainas, 18h, Bruxelles

    Unifions la résistance contre l’austérité !

    Grèce, Espagne, Portugal, Irlande… l’austérité ne marche pas, gonfle les dettes publiques et poussent l’économie dans la récession. Leurs politiques précipite des millions de personnes dans la précarité. Les diktats de la Troïka (UE – BCE – FMI) ont crée un désastre social. Ils sont appliqués ici par le gouvernement Di Rupo. En coeur avec le patronat, il nous vante le modèle allemand où les travailleurs touchent 500€ par mois.

    Une manifestation nationale des syndicats est prévue le 21 février. Le 14 mars aussi, une manifestation contre le sommet européen est prévue. Les jeunes doivent s’orienter vers le mouvement des travailleurs car ce sont eux qui ont la force de frapper les spéculateurs là où ça fait mal, dans leurs coffres-forts. Grecs, espagnols, belges… nous devons passer à l’action tous ensemble de façon coordonnée. Pourquoi ne pas commencer par une grève générale européenne de 24h, bien organisée, bloquant l’ensemble des lieux de travail, des écoles et des unifs, accompagnée de manifestations de masse ?

    21/02 : Manif syndicale contre l’austérité: 10h30 Gare du Nord – Bxl


    Des emplois, pas de racisme !

    Le cercle officieux du Vlaams Belang le NSV organise sa marche annuelle de la haine à Louvain. La campagne antifasciste flamande Blokbuster et EGA organisent une contre-manifestation non-violente.

    Les cures d’austérité imposées aux Grecs font des ravages, plus d’un jeune sur deux est au chômage, 68% de la population vit dans la pauvreté… Mais la dette publique atteint des sommets inégalés. Ainsi les néo-nazis d’Aube Dorée engrangent des succès et ont assez de confiance pour agresser en plein jour immigrés, militants de gauche, homosexuels…

    Des dirigeants du NSV font l’apologie d’Aube Dorée. Le NSV invite des orateurs du NPD, du Jobbik, du BNP… Les étudiants francophones doivent soutenir les antifascistes en Flandre qui luttent contre la présence de ce cercle néo-fasciste violent, reconnu officiellement dans leurs universités. Les luttes contre le fascisme et le racisme doivent aussi s’opposer aux politiques qui créent cette frustration sociale instrumentalisée par l’extrême-droite.

    Manifeste avec EGA le 7 mars à 20h à Martelarenplein, Louvain


    Pour le droit des femmes à disposer de leur corps!

    Les « pro-vie », mouvement réactionnaire contre le droit à l’avortement, organisent chaque année une marche à Bruxelles. Nous devons empêcher le développement de ces idées conservatrices que l’on peut voir lors de marches homophobes en France ou lors d’actions d’intimidation devant les centres IVG en Belgique.

    Les femmes sont plus fortement touchées par la précarité et les bas revenus. EGA défend un véritable libre choix, ce qui implique une politique sociale qui élimine toute contrainte financière. Plus généralement nous devons lutter contre cette société qui relègue les femmes dans une position de second rang et qui crée un sexisme ambiant, de la petite remarque humiliante au harcèlement et au viol.

    EGA participe à l’appel pour une contre-manifestation le 24 mars à Bruxelles pour le libre choix.


    LUTTER EFFICACEMENT ? REJOINS EGA !

    Étudiants de Gauche Actifs est une organisation étudiante de gauche, par et pour les jeunes, active dans ton école, ta haute-école ou ton université que ce soit en Flandre, en Wallonie ou à Bruxelles car nous nous opposons à la logique de surenchère communautaire des politiciens traditionnels.. Nous nous organisons, discutons les idées, mobilisons et organisons des actions.

    Crise, sous-financement de l’enseignement, précarité, austérité, racisme, sexisme, danger nucléaire, guerre… Nous lions tous les problèmes auxquels nous sommes confrontés au capitalisme, un système qui est basé sur la course au profit à court terme pour une petite élite. EGA fait partie d’une organisation de jeunes, ISR (International Socialist Résistance) présente dans plus de 40 pays et sur tous les continents. Ce qui nous permet de tirer les leçons des révolutions en Afrique du Nord et au Moyen-Orient avec des jeunes tunisiens impliqués dans les événements ou d’apprendre de nos interventions dans les mouvements de masses en Grèce, en Espagne, en Afrique du Sud, aux Etats-Unis…

    Partout, nous lions les luttes des jeunes à celles des travailleurs et de leurs organisations, car ce sont ceux qui produisent les richesses, qui détiennent la position clé pour renverser la société capitaliste.

    EGA lutte quotidiennement parmi la jeunesse pour construire un monde où la production et toute la société est démocratiquement gérée et contrôlée par les organes issus des luttes de masse des travailleurs et des jeunes même – une démocratie réelle – afin de satisfaire les besoins et l’épanouissement de tous, une société socialiste démocratique. Ne nous regarde pas rejoins nous !


    Participe au camp d’été d’ega – du 4/07 au 7/07

    Place à la détente, à la préparation des campagnes de rentrée au weekend organisé par les Etudiants de Gauche Actifs!

    Au programme: formation au marxisme, les révolutions en Tunisie et Egypte, la lutte des jeunes en Espagne et en Grèce avec des orateurs qui ont participé au mouvement, la crise nucléaire, la lutte contre la précarité des jeunes, les luttes étudiantes, la lutte antifasciste, femmes, LGBT… mais aussi barbecue, fiesta et film! Bref, une excellente occasion de se préparer aux luttes à venir, dans un cadre convivial et agréable.

  • A propos du parti – Nouvelles du PSL

    Cette rubrique de socialisme.be vous propose des nouvelles de notre parti, de ses activités et initiatives,… Cette rubrique comprend donc divers courts rapports d’actions, des brèves de campagne, des appels pour des conférences, des rapports de réunion, ou encore de petits textes de nouveaux membres qui expliquent pourquoi ils ont rejoint notre parti.


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    A Noter dans votre agenda

    • Ve. 18 jan. Anvers. Soirée de nouvel an du PSL-Anvers
    • Ma. 22 jan. Bruxelles. Action de solidarité à Bruxelles avec les militants des droits des LGBT en Russie.
    • Me. 23 jan. Namur. Meeting sur l’Afrique du Sud
    • Lu. 11 fév. Ixelles. Action de protestation de la communauté cachemiri.
    • Sa. 16 fév. Liège. Journée de formation "pour un syndicalisme de combat"
    • Jeu. 7 mars. Anvers. manifestation antifasciste contre le NSV
    • Di. 24 mars. Bruxelles. Action pro-choix contre la manifestation anti-avortement
    • 13-14 avril. Bruxelles. Week-end "Socialisme 2013"

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    Liège – 16 février : Journée de discussion et de débat pour un syndicalisme de lutte

    Leçons d’hier pour les combats d’aujourd’hui

    • Plus d’infos

    La Belgique possède un mouvement syndical potentiellement surpuissant, avec un taux de syndicalisation parmi les plus élevés au monde. Cette puissance est un atout important, mais cela ne suffit pas pour parvenir à vaincre la politique d’austérité et l’offensive généralisée contre le monde du travail à laquelle nous assistons aujourd’hui. Il nous faut aller plus loin sur le chemin de l’organisation collective des travailleurs et renouer avec un syndicalisme de combat, à l’opposé du syndicalisme de concertation actuel. Cette journée de formation organisée par les Etudiants de Gauche Actifs (EGA) et le Parti Socialiste de Lutte (PSL) est à considérer dans ce cadre.

    10h00 : Face à la crise et à l’austérité, un seul mot : Résistance !

    10h15 : Projection du reportage : ‘‘André Renard, trois moments d’un parcours syndical’’ – Commentaires de Gustave Dache, militant syndical actif depuis les années ’50, auteur du livre ‘‘La grève générale insurrectionnelle et révolutionnaire de l’hiver 60-61’’ – Débat 

    13h00 : Pause midi (sandwiches et des boissons prévus à prix démocratiques)

    14h00 : Projection du reportage ‘‘Leçons de Clabecq, quinze ans après’’ – Commentaires de Jean Larock, ancien journaliste au quotidien Le Peuple ayant couvert le conflit de Clabecq – Débat

    16h20 : Meeting : Quel syndicalisme de lutte pour aujourd’hui ? Avec Karim Brikci (délégué CGSP à l’Hôpital Brugmann) et Eric Byl, responsable du travail syndical du PSL

    17h45 : Mot de clôture


    Pourquoi j’ai rejoint le PSL

    J’ai attendu que les partis traditionnels fassent quelques choses au niveau de l’économie, de l’enseignement et de l’intégration afin d’améliorer les choses. Ce fut en vain, et c’est même tout le contraire qui s’est produit, l’écart entre riches et pauvres s’est agrandit, de même que la division entre étrangers et Belges.

    Après la grève du 14 novembre dernier, j’ai eu une conversation avec un syndicaliste. Cela m’a permis d’ouvrir les yeux sur ce qui se passe vraiment dans le monde de la politique, notamment l’hypocrisie des politiciens traditionnels qui ne se manifestent que durant la période des élections avec de belles promesses jamais tenues. Je voulais réagir et montrer mon mécontentement face à se système.

    C’est durant un stand tenu à l’université de Liège que j’ai fait connaissance avec des militants du PSL et d’EGA. J’ai été étonnée de les voir militer en dehors des élections, participer aux mouvements de grève et prendre des initiatives pour que les choses changent. Le plus surprenant pour moi fut leur analyse, notamment au niveau de la différence entre les musulmans et les extrémistes de l’Islam politique et plus globalement du processus révolutionnaire au Moyen Orient et en Afrique du Nord (je suis originaire de Tunisie).

    Après avoir fait de mon côté des recherches sur le parti, avoir lu le programme, le journal, des articles du site web et avoir discuté avec des membres, j’ai été convaincue que les chosent peuvent changer au niveau national et international. J’ai donc décidé de les rejoindre pour organiser cette lutte contre les injustices qui touchent de plus en plus de personnes, peu importe la culture ou la religion. Nous sommes tous touchés, et il est plus que temps de réagir, car les choses ne vont qu’empirer.

    Mouna, travailleuse sans emploi, Liège


    Réception de nouvel an à Anvers

    Ce vendredi, le PSL-Anvers a tenu une réception de nouvel an qui a réuni quelque 25 participants. Deux petites prises de paroles ont notamment eu lieu, avec tout d’abord les remerciements de Thas, ce militant d’origine tamoule qui a été arrêté fin 2012 et était menacé d’être expulsé au Sri Lanka. Toute une campagne avait été menée en sa faveur. Il a également abordé l’importante bataille qui est actuellement en cours à l’Université de Jaffna, au Sri Lanka, un conflit dans lequel l’armée est intervenue sur le campus universitaire pour disperser les étudiants. La solidarité internationale sera importante pour ces étudiants en lutte. Thas a fini son discours avec de bonnes nouvelles: la procédure qu’il avait entamée avec sa femme pour enfin pouvoir se marier s’est terminée positivement. Le 9 février prochain, nous sommes invités à 11h à la maison communale du district de Berchem.

    Ensuite est intervenu, Bart Vandersteene, porte-parole national du PSL, directement de retour du piquet de grève des sous-traitants de Ford à Genk. Il a bien entendu parlé de ce conflit important. Il a aussi parlé des possibilités qui existent pour les marxistes, tant en Belgique qu’ailleurs dans le monde.

  • Tunisie : Grève générale le 13 décembre – La révolution tunisienne à la croisée des chemins

    Près de deux ans après l’immolation de Mohamed Bouazizi, les yeux de beaucoup de travailleurs et de jeunes se tournent une nouvelle fois vers la Tunisie

    La révolution tunisienne est entrée maintenant dans une phase décisive. L’appel à une grève générale nationale le 13 décembre par le syndicat historique l’UGTT (Union Générale Tunisienne du Travail) engage les travailleurs et les masses révolutionnaires dans la voie d’une confrontation ouverte avec le nouveau régime de la ‘Troïka’, dirigé par le parti de droite religieux Ennahda.

    Par des correspondants du CIO

    Un peu plus d’un an après la montée au pouvoir de ce parti, la colère de la population est immense, ainsi que le désir d’en découdre avec ce gouvernement d’usurpateurs et de vendus. « Le peuple veut la chute du régime », « Le peuple en a marre des nouveaux Trabelsi », « Gouvernement du colonialisme, tu as vendu la Tunisie », les slogans se répètent et se font écho aux quatre coins d’un pays las de la misère, du chômage de masse, du mépris et de la violence du nouveau pouvoir, ainsi que de sa politique économique néolibérale, de plus en plus clairement assimilée à celle de l’ancien régime.

    Cette grève s’inscrit dans un contexte où les tensions sont à leur comble, et où le gouvernement, fortement affaibli, est assis sur un baril de poudre. Depuis des mois et des mois, le pays vit au rythme presqu’ininterrompu des grèves -y compris un nombre incalculable de grèves générales localisées- des actes de désobéissance civile, des blocages de routes, des manifestations, des sit-ins et des émeutes.

    Les récents événements dans la ville de Siliana (Sud-Ouest de Tunis), épicentre d’une importante explosion sociale accompagnée d’une violente répression policière, ont contribué à précipiter la crise actuelle. Ils ne sont pourtant qu’un symptôme de ce qui couve dans tout le pays, et en particulier dans les régions plus pauvres de l’intérieur. Ces régions n’ont rien vu venir comme changement depuis la chute de Ben Ali, si ce n’est la couleur politique du parti qui organise leur misère et commande la flicaille qui leur tire dessus.

    Les cinq jours de grève générale qui ont pris place à Siliana ont obligé le gouvernement à lâcher un peu de lest sur une des revendications principales des habitants, à savoir le départ du gouverneur local, dans une tentative de désamorcer la crise et prévenir son extension. En parallèle, les négociations qui avaient lieu entre la fédération patronale l’UTICA et les syndicats, ont abouti à ce que le patronat concède une augmentation salariale de 6% dans le secteur privé.

    Ces deux épisodes ont contribué à construire une atmosphère de confiance et de victoire parmi d’importantes couches de travailleurs, face à une coalition gouvernementale plus divisée que jamais, et dont le soutien est en perte de vitesse vertigineuse.

    C’est dans ce contexte que le parti au pouvoir, humilié et blessé, a tenté un coup de force en envoyant ses milices par centaines, armées de bâtons et de couteaux, contre une manifestation tenue par des syndicalistes à Tunis, en commémoration du soixantième anniversaire de la mort de Ferhat Hached, le fondateur de l’UGTT.

    Cette provocation, qui a mené à plusieurs dizaines de blessés dans les rangs des syndicalistes, a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Elle eut un effet électrifiant et fut rapidement suivie de manifestations spontanées de travailleurs et de jeunes, dans beaucoup d’endroits, exigeant que l’UGTT appelle à la grève générale.

    Dès le soir même, les sections régionales de l’UGTT de quatre gouvernorats stratégiques (Gafsa, la ville minière aux longues traditions militantes, Sfax, le poumon industriel du pays, Sidi Bouzid, berceau de la révolution du 14 janvier, ainsi que Kasserine, la ville qui a payé le plus lourd tribut en termes de martyrs durant la révolution) annonçaient des grèves générales régionales dans leur fiefs respectifs pour le jeudi 6 décembre.

    Le lendemain, la réunion exceptionnelle de la Commission administrative de l’UGTT, sous la pression de ses supporters et affiliés, décrétait la grève générale nationale pour le 13 décembre en réponse aux attaques perpétrées sur ses militants.

    Un nouveau chapitre

    Cette décision marque un point tournant dans la relation entre le pouvoir chancelant et le mouvement syndical tunisien, dont la force de frappe a peu d’égal dans la région, et dont la mobilisation des troupes avait déjà été décisive dans la chute du dictateur déchu Ben Ali. Strictement parlant, il ne s’agit que de la troisième véritable grève générale dans toute l’histoire du pays.

    La dernière eut lieu en 1978, comme point culminant d’une période de confrontation grandissante entre l’UGTT et le régime nationaliste de Bourguiba. Elle fut écrasée dans le sang par l’armée, menant à plusieurs centaines de morts, des milliers d’arrestations, et à une répression féroce contre la gauche dans la foulée.

    Dans la conscience collective de la classe ouvrière tunisienne, la grève générale est une affaire sérieuse. Dans le climat actuel, elle pourrait prendre des allures d’insurrection. Depuis des mois en effet, beaucoup de secteurs et de localités se sont retrouvés a se battre souvent isolés les uns des autres contre le pouvoir en place. La grève du 13 décembre offre pour la première fois l’opportunité d’une riposte coordonnée le même jour à l’échelle du pays tout entier. Incontestablement, elle sera vue par les masses comme un jour historique offrant une occasion unique pour une démonstration de force contre le gouvernement et ses valets et soutiens divers.

    L’appel à la grève générale par la direction de l’UGTT n’allait pourtant pas de soi. Depuis des mois en effet, la direction du syndicat a tergiversé avec le pouvoir, jouant le chaud et le froid, mariant une rhétorique occasionnelle de confrontation avec des propositions d’apaisement et de ‘dialogue national’. De ce fait, beaucoup de temps a déjà été perdu. « Les dirigeants syndicaux doivent nommer une date pour une grève générale de 24 heures », disions-nous déjà à la suite de la manifestation réussie du 25 février dernier, organisée par l’UGTT en réaction a une attaque ultérieure des milices d’Ennahda sur ses locaux.

    La même direction syndicale qui évoquait encore il y a quelques semaines la nécessité d’un consensus large impliquant toutes les forces politiques majeures du pays, a repris depuis le chemin des critiques acerbes à l’égard du pouvoir, sous la pression de sa propre base.

    Pour un plan de bataille sérieux qui s’inscrit dans la durée

    Pour faire de cette journée un succès, un sérieux plan de bataille est nécessaire, qui s’inscrit dans la durée et qui n’a pas peur d’identifier clairement les ennemis de la révolution et d’en tirer toutes les conclusions qui s’imposent.

    Cette grève doit être une étape décisive en vue de faire tomber ce gouvernement. Le pouvoir en place doit en effet être reconnu comme ce qu’il est : un gouvernement au service de la contre-révolution capitaliste, animé par la seule volonté de restaurer l’ordre au profit des exploiteurs privés, des propriétaires d’usines, des multinationales et des spéculateurs qui s’enrichissent sur le dos de la population.

    Pour atteindre ce but, le gouvernement est prêt a tout, y compris en ré-adoptant les méthodes de l’ancien régime, en tirant sur les protestataires à coups de chevrotine, en muselant les médias, ou en envoyant ses milices contre l’UGTT, sans laquelle pourtant ce pouvoir ne serait même pas la où il est.

    Deux ans après la révolution, les conditions de vie de la majorité sont, sous de nombreux aspects, pires qu’avant. Les prix des produits de base explosent, le chômage aussi, les patrons jettent des milliers de travailleurs à la porte et ferment les usines à la recherche de plus juteux bénéfices, tandis que le pouvoir non seulement s’engage à payer les dettes de l’ancien régime, mais contracte de nouveaux prêts vis-à-vis de créanciers internationaux, dont la note sera inévitablement présentée aux pauvres, aux chômeurs, aux travailleurs et à leurs familles.

    Inutile de dire qu’il n’y a absolument rien à attendre d’un gouvernement pareil. Les moralistes bien-pensants et représentants effarouchés des partis de pouvoir qui lèvent tous les yeux au ciel pour dénoncer l’acte ‘politique’ de l’UGTT n’y feront rien : ce gouvernement a perdu toute forme de légitimité, laquelle ne se mesure pas par une arithmétique électorale dépassée par les faits, mais par les faits eux-mêmes.

    Ces faits sont sans ambigüité : sans surprise, ce gouvernement a failli sur absolument toutes les revendications élémentaires de la révolution, et agit et légifère contre elle à chaque instant. Un tel gouvernement doit dégager. S’il ne veut pas quitter la scène, le mouvement révolutionnaire, et le mouvement ouvrier en particulier, en redéployant toute sa puissance, lui indiquera la porte de sortie. Si la grève du 13 n’est pas suffisante pour lui faire comprendre, une autre mobilisation générale devra lui succéder.

    Malheureusement, jusqu’à présent, la direction de l’UGTT s’en tient à des revendications d’ordre minimal pour la grève: elle exige la dissolution des milices au service d’Ennahda et leur traduction en justice. Au moment ou partout dans le pays, des manifestations exigent la chute du régime, ces revendications sont bien en-dessous de ce que la situation exige : demander à Ennahda de dissoudre ses propres milices demeurera un vœux pieu si on lui laisse les rênes du pouvoir entre les mains.

    De plus, le gouvernement, bien qu’affaibli, n’a pas encore dit son dernier mot. Si l’objectif de la grève manque d’ambitions, et ne s’inscrit pas dans une dynamique de luttes visant à arracher le pouvoir des mains de la contre-révolution afin de le transmettre à la révolution elle-même ; si l’élan enclenché fait place a des tergiversations sur la suite à donner au mouvement, ou à une nouvelle phase de tentatives de négociations avec le pouvoir, la contre-révolution pourrait tenter de reprendre l’initiative et s’engager dans une violente contre-attaque. Pour cela, Ennahda pourrait s’appuyer sur une partie importante de l’appareil d’Etat qui, bien qu’en désaccords ponctuels avec ce parti sur la marche à suivre, pourrait très bien trouver un terrain d’entente lorsqu’il s’agit de briser le coup de la révolution et de ‘neutraliser’ une UGTT par trop bruyante à son gout.

    Un succès initial de la grève pourrait forcer l’ennemi à battre en retraite pour un temps, mais s’accompagner ensuite d’un ‘retour de flamme’ par des actes de représailles et de violence vengeresse ciblant les symboles de la révolution et ses forces vives, à commencer par l’UGTT elle-même.

    C’est pourquoi l’enjeu du combat qui s’engage doit être saisi correctement. Les jours qui viennent doivent pouvoir permettre une préparation minutieuse de la grève. Des meetings de masse dans les quartiers, des assemblées générales sur les lieux de travail et dans les facs, doivent aider à construire un soutien massif et actif pour la grève partout dans le pays, et de discuter largement sur l’engagement de chacun et de chacune à en faire une réussite. Des comités d’action dans les quartiers, des piquets de grève volants, des services d’ordre aguerris et coordonnés entre eux, ainsi que des manifestations massives et disciplinées aideront à assurer le bon déroulement de la grève et à prévenir toutes attaques, provocations ou débordements.

    Pour un gouvernement des travailleurs et de la jeunesse révolutionnaire !

    Même avant l’annonce de la grève générale, le président de la République Moncef Marzouki avait cru bon de préciser lors d’un discours télévisé que « Nous n’avons pas une seule Siliana (…) j’ai peur que cela se reproduise dans plusieurs régions et que cela menace l’avenir de la révolution ». Une phrase qui en dit long sur l’incertitude et la panique qui traversent les rangs du pouvoir.

    Le spectre de la révolution qui a fait chuter Ben Ali effraie, dans le palais de Carthage et dans les ministères. En effet, l’UGTT occupe une place centrale dans le paysage tunisien, et est incontestablement la seule force organisée qui dispose d’un appui de masse dans la population tunisienne. Son appel à la grève générale a fait tomber les masques de tous ceux qui essaient de surfer sur le mécontentement populaire pour leurs propres intérêts opportunistes.

    Le chargé d’information du parti salafiste ‘Hizb Attahrir’ a par exemple émis un appel à condamner et à incriminer l’UGTT, qualifiant l’appel à une grève générale le 13 décembre de « saut vers l’inconnu », ajoutant aussi que l’UGTT a été du côté de Ben Ali jusqu’au bout, et niant un quelconque apport de la centrale syndicale a la révolution de janvier 2011.

    L’apport qu’aurait eu Hizb Attahrir à la révolution est une question tellement ridicule en soi qu’elle ne mérite même pas débat. Par contre, si la direction précédente de l’UGTT était effectivement mouillée jusqu’au coup à la dictature de Ben Ali, le syndicat, qui dispose de centaines de milliers de travailleurs dans ses rangs, n’en a pas moins fourni la colonne vertébrale des mobilisations révolutionnaires qui ont abouti à la chute de la dictature.

    Et c’est aujourd’hui vers la restauration d’une dictature, bien que sous un vernis idéologique différent, que la trajectoire d’Ennahda se dirige, lentement mais surement. Déjà, la torture a repris du service, les milices ont pignon sur rue, les procès politiques se multiplient, la corruption pullule, et les masses souffrent, encore et toujours.

    Le temps d’en finir avec ce pouvoir est maintenant venu, et ca, les masses l’ont bien compris. La grève générale, qui couvait depuis des mois, est l’arme la plus puissante dont dispose la classe ouvrière dans son arsenal. De sa réussite et de ses suites dépendent rien de moins que le sort de la révolution et le futur du pays.

    Même la Confédération Générale Tunisienne des Travailleurs (CGTT), un petit syndicat formé après la révolution et qui réclame quelque 50.000 membres, a déclaré jeudi dernier qu’il était en « pleine solidarité » avec l’UGTT. Le syndicat des agents et cadres de l’assemblée nationale constituante (ANC) relevant de l’UGTT a décidé quant à lui d’observer une grève du 11 au 13 décembre pour témoigner de son refus “des nominations partisanes” et de la tentative de la Troika de s’ingérer  dans l’administration. Ce genre d’exemples illustre à quel point si la force des travailleurs, tous secteurs confondus, est mobilisée dans toute sa puissance, le pays peut s’arrêter de tourner du jour au lendemain, et le pouvoir ne tenir plus qu’à un fil.

    Déjà, les grèves générales régionales le 6 décembre ont vu une participation massive, avec par exemple 95% de participation dans le gouvernorat de Gafsa, selon les chiffres donnés par l’UGTT. Dans tous les gouvernorats concernés, les différentes villes et localités étaient largement paralysées, avec une proportion très importante d’institutions publiques et privées complètement fermées.

    Cela donne une indication du caractère potentiellement explosif que la grève générale du 13 décembre pourrait acquérir. Malgré que la direction nationale de l’UGTT essaie d’en limiter l’impact, cet appel en soi a ouvert une brèche dans laquelle les masses pourraient s’engouffrer, avec la possibilité que ce mouvement échappe en partie au contrôle et au cadre que ses dirigeants veulent lui donner.

    Tous les politiciens et les capitalistes savent qu’une chute du gouvernement actuel ouvrirait un nouveau chapitre pour la révolution tunisienne. En démontrant une fois de plus la force des travailleurs et du mouvement de masses, un tel développement s’accompagnerait d’une nouvelle poussée revendicative et de répercussions dépassant les frontières tunisiennes.

    Najib Chebbi, du parti ‘Al Joumhouri’, dont le parti n’a visiblement plus d’autre ambition que de servir de rustine à la bourgeoisie lorsqu’elle en a besoin, n’exprime pas autres chose lorsqu’il demande à Ennahda de faire des « excuses publiques » à l’UGTT. Tous savent qu’une grève générale crée les conditions objectives pour une possible chute du pouvoir en place. Le pouvoir est déchiré comme jamais, et la grève du 13 pourrait lui donner le coup fatal.

    Le moment est en ce sens historique : la contradiction entre la possibilité pour l’UGTT, vu le poids qu’elle a dans le mouvement ouvrier tunisien, de prendre le pouvoir d’une part, et le manque de volonté de sa propre direction à le prendre effectivement entre les mains, d’autre part, pourrait être posée dans les prochaines journées et semaines de manière plus aigue que jamais.

    La tournure des événements pourrait même forcer la classe dominante, dans le contexte d’une impasse politique structurelle, à tenter de composer un nouveau gouvernement impliquant des représentants de la direction de l’UGTT. Dans ce contexte, il est crucial que les leçons du passé récent soient tirées : si tous les gouvernements qui se sont succédé depuis la chute de Ben Ali ont été incapables de répondre aux besoins des masses et à leurs aspirations révolutionnaires, la raison en est simple : tous ont agi avec la volonté, affichée ou inavouée, de défendre les intérêts du capital contre ceux du travail, les profits des actionnaires et des investisseurs -qui n’investissent pas- plutôt que les besoins sociaux criants de la population. Dans le contexte de la crise historique et globale du capitalisme, la possibilité pour une amélioration durable quelconque des conditions de vie de la population est complètement illusoire.

    C’est pourquoi la seule solution réside dans la préparation stratégique des masses travailleuses à la prise du pouvoir politique et économique. Les travailleurs doivent refuser avec obstination tout accord gouvernemental entre des représentants de la gauche et du mouvement ouvrier avec des forces ou des politiciens pro-capitalistes, quelles qu’ils soient.

    En ce sens, le Front Populaire (=une coalition de partis d’extrême-gauche et nationalistes arabes), qui joue un rôle de premier plan dans les mobilisations actuelles, a une responsabilité première à formuler un programme d’action et une stratégie qui maintiennent une indépendance totale vis-à-vis de la classe capitaliste et de ses partis.

    Malheureusement, les formules ambigües formulées par certains dirigeants du Front, évoquant «un gouvernement de crise» sans en préciser le contenu politique et économique, atteste de la réticence manifeste de ces derniers à appeler un chat un chat.

    Le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) pense que l’UGTT, en tant que la plus grosse organisation ouvrière du pays, doit encourager les travailleurs à exercer le pouvoir en leurs noms, assistée en ce sens par l’UDC et par les organisations de gauche et populaires qui partagent ce but. Pour qu’une telle opération ne soit pas le prélude à une démoralisation et à une désillusion massive dans les rangs des masses révolutionnaires, dont certains flancs de la réaction (police, armée salafistes, milices du pouvoir) risqueraient de profiter par la suite, un tel gouvernement devra user de l’élan révolutionnaire ainsi créé pour s’attaquer sans tarder au système économique capitaliste actuel, lequel produit la pauvreté, le chômage, la vie chère et les bas salaires dans l’unique but d’enrichir toujours plus une clique de parasites qui possèdent et contrôlent les moyens de production.

    Seul un programme socialiste, organisant les travailleurs, la jeunesse et les pauvres en vue de la saisie des grandes propriétés, la nationalisation des banques et des multinationales, la réquisition des entreprises qui ferment et licencient, le refus de payer la dette, et la mobilisation rationnelle, démocratique et planifiée de toutes les ressources du pays en vue de répondre aux besoins sociaux, pourra offrir un avenir décent à la hauteur des sacrifices effectués.

    • Bas les pattes de l’UGTT ! Pour la défense de l’expression syndicale et du droit de grève
    • Ennahda dégage ! Grève générale en vue de la chute du gouvernement !
    • Pour la constitution et la généralisation de comités d’action partout dans le pays pour préparer la grève et ses suites
    • Pour une lutte soutenue jusqu’à un gouvernement révolutionnaire des travailleurs et de la jeunesse, appuyé par l’UGTT et les organisations populaires
    • Pour la nationalisation immédiate des secteurs stratégiques de l’économie sous le contrôle des travailleurs
    • Solidarité avec nos frères et sœurs d’Egypte dans leur lutte
    • Pour le socialisme démocratique, pour la révolution internationale.
  • Les dirigeants israéliens sèment carnage et terreur pour servir leurs propres intérêts

    ‘‘Nul pays au monde ne tolérerait que des missiles pleuvent sur ses citoyens de par delà les frontières’’, a déclaré Obama, en soutien à Israël pour le bombardement de Gaza, des paroles qui déformaient délibérément la réalité qui est que la bande de Gaza est sous l’occupation brutale du régime israélien.

    La situation est pire encore que ce que le mot ‘‘occupation’’ laisse présager. Gaza n’a absolument aucun contrôle sur ses frontières ou sur son commerce extérieur. Le territoire tout entier a été condamné à une pauvreté terrible suite à son blocage par l’armée et la flotte israélienne depuis six ans maintenant. La bande de Gaza a été victime d’incursions militaires régulières, de meurtres, d’agressions et d’emprisonnements arbitraires.

    Dans le reste des territoires palestiniens occupés (essentiellement la Cisjordanie), le gouvernement israélien a poursuivi une politique de destruction des maisons et des vergers palestiniens afin de faire de la place pour les colons juifs et pour l’infrastructure d’État israélienne ainsi que pour empêcher la création d’un État palestinien.

    Alors qu’ont estime que les milices palestiniennes à Gaza représentent 35.000 personnes équipés d’armes et de missiles de contrebande, Israël possède une armée de 175.000 soldats, avec 45.000 autres en réserve, avec une aviation, des hélicoptères, des drones, des tanks, et d’autres armes et bombes hypersophistiquées. Israël possède également des intercepteurs de missile ‘‘Iron Dome’’ qui identifient et détruisent en plein vol la plupart des missiles palestiniens.

    Nous ne voulons pas fermer les yeux sur les attaques portées contre Israël. Elles causent parfois la mort de victimes innocentes, et en blessent d’autres. Certaines attaques ont presque atteint les zones de Tel Aviv et de Jérusalem, et elles ne servent en rien la cause palestinienne. Mais utiliser ces attaques pour justifier le massacre d’envergure contre les habitants de Gaza à l’aide d’armes high-tech est une tentative de cacher les véritables intentions des dirigeants israéliens et celles de leurs amis des classes dirigeantes du monde entier.

    Le cessez-le-feu

    L’opération ‘‘Pilier de défense’’ a semé la mort et la terreur à Gaza. Elle a mobilisé plus de troupes que l’opération ‘‘Plomb durci’’ de 2008-2009. Le ministre des affaires étrangère Avigdor Lieverman a expliqué que ‘‘cette fois’’, l’invasion terrestre devrait être menée ‘‘jusqu’au bout’’, contrairement à la dernière fois. Les puissances mondiales et régionales ont toutefois fait pression pour l’instauration d’un cessez-le-feu afin d’éviter une invasion terrestre. Obama s’est juste contenté de dire qu’il serait ‘‘préférable’’ d’éviter une invasion terrestre. Mais la décision du premier ministre israélien Benjamin Netanyahu d’accepter un cessez-le-feu n’est pas venue des suites des pressions internationales, mais d’un sondage israélien qui indique que même si 80% de la population approuve les bombardements, seuls 30% d’entre elle cautionnerait une invasion.

    Le gouvernement déclare qu’il est de son devoir de stopper les attaques de missiles de Gaza. C’était aussi le but déclaré du massacre de 2008-2009, mais cela a échoué, et cette offensive est vouée au même sort. Nulle démonstration de force n’empêchera les habitants de Gaza de résister à l’occupation et à lutter pour rendre leurs vies plus tolérables. En plus de l’échec de la brutalité militaire, si les choses se poursuivent ainsi, les victimes en Israël vont se faire plus nombreuses, ce qui conduira à une remise en question et à une opposition à la guerre au sein même d’Israël.

    De plus, la colère et la condamnation du massacre de la part de la population de tout le Moyen-Orient et à travers le monde va croître en parallèle avec le nombre de victimes en Palestine. Certains stratèges occidentaux craignent qu’une conséquence au désir des dirigeants israélien de détruire le Hamas soit le soutien indirect à d’autres milices palestiniennes, comme la Jihad Islamique, le partenaire favori du régime iranien à Gaza.

    En réalité, bien que le Hamas lance de manière périodique des missiles sur Israël, et continue de le faire actuellement, il a à plusieurs reprises tenté d’imposer un cessez-le-feu à ses propres milices et à d’autres, afin de consolider son contrôle de la bande de Gaza en négociant avec Israël une certaine relâche de la répression et de la privation.

    Peurs et objectifs de Netanyahu

    Peu après la chute de missiles israéliens le 14 novembre, qui a tué le dirigeant militaire du Hamas Ahmed Jabari lors des premiers assauts, un accord de cessez-le-feu avait été conclu par Jabari. Mais Netanyahu et sa clique avaient d’autres plans en tête. Cela ne veut pas dire que la stratégie de Netanyahu est soutenue par toute la haute société israélienne, car il y a eu de nombreux avertissements du contraire et des dissensions ouvertes. Efraim Halevy, ancien dirigeant de l’agence d’information du Mossad, s’est ainsi distancé des attaques et a écrit : ‘‘Il est impératif qu’Israël contribue a un plan décidé par l’Egypte et soutenu par les Etats-Unis pour la région’’.

    Mais Netanyahu a depuis longtemps préparé la voie à une possible attaque militaire contre l’Iran et est maintenant délibérément passé à la vitesse supérieure dans le conflit national. De la pure folie, menée avec au cœur la volonté de servir intérêts de l’impitoyable classe capitaliste. Cette dernière craint que le Hamas aient de nouveaux alliés dans la région suite à la victoire des islamistes en Egypte et en Tunisie, et au soutien croissant de la Turquie. Il y a quelques semaines l’émir du Qatar avait aussi visité Gaza et y a investi 400 millions de dollars, ce qui a renforcé la position du Hamas. L’élite du Qatar tente de développer sa propre influence régionale, notamment en profitant de la détresse des Palestiniens. Cela a été encouragé par le dirigeant du Hamas, Khaled Meshaal, qui s’est soustrait à l’aide du régime d’Assad en Syrie où il était basé, afin de s’installer à Doha, au Qatar.

    Le président égyptien Mohamed Morsi, des frères musulmans, ne veut pas faire ouvertement affronter l’élite égyptienne et veut garder le soutien des Etats-Unis et de l’Union Européenne et donc éviter tout conflit avec Israël. Il a donc collaboré avec des agences de sécurité israéliennes au blocage de Gaza et du Sinaï. Mais la population égyptienne en colère fait pression sur lui pour soutenir Gaza. Les dirigeants israéliens sont très inquiets à propos d’autres évènements dans la région, particulièrement concernant la Syrie et ses répercussions au Liban.

    Il y a également eu des grèves, des manifestations et des émeutes contre le régime jordanien, un autre voisin d’Israël. Les capitalistes israéliens ne veulent pas que cette rébellion et les précédents soulèvements dans les pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord n’inspirent les palestiniens des territoires occupés, ou ceux d’Israël, à se battre massivement aux côtés de la classe ouvrière israélienne. De plus, la réélection d’Obama n’a pas été de bon augure pour Netanyahu, qui ne veut pas se voir forcé d’entamer un processus de paix avec les Palestiniens. Il y a encore la tentative d’adhésion à l’ONU de la part de l’Autorité Palestinienne.

    Mais la véritable raison du timing de cette attaque réside dans la tenue des prochaines élections en janvier, si elles ne sont pas reportées. Les deux partis de droite menés par Netanyahu et Lieberman veulent accroître leur nombre de sièges à la Knesset (le parlement). Ces deux partis ont donc joint leurs forces, mais des sondages après l’attaque sur Gaza n’ont pas révélé le soutien auquel ils s’attendaient. Cette attaque leur est toutefois bénéfique dans la mesure où elle distrait les Israéliens en leur faisant penser à autres choses qu’aux coupes budgétaires et à la diminution de leurs conditions de vie. De plus, elle donne une impression de consolidation de la Défense. La population d’Israël est sujette à une propagande massive de la part du régime, qui développe qu’il s’agit de la seule manière d’améliorer la sûreté du pays. Mais une minorité importante se rend bien compte que l’armée ne garantit pas sa sécurité, et une partie de cette minorité participe à des manifestations anti-guerre au sein même de l’Etat d’Israël.

    Des organisations pour les travailleurs

    Le cessez-le-feu, même s’il est un soulagement, ne répond pas aux aspirations des Palestiniens, pas plus que toute autre négociation de paix. Les dirigeants capitalistes des deux côtés de la frontière n’ont aucun programme allant dans cette direction, ni aucune solution pour mettre fin aux bains de sang.

    Pour les Palestiniens, ni le Hamas, une organisation islamique de droite, ni la direction du Fatah en Cisjordanie n’ont une stratégie viable pour mettre fin à l’occupation ou fournir des conditions de vie décentes. Au lieu de cela, les masses palestiniennes ont besoin de construire leurs propres organisations démocratiques pour organiser la défense et prendre des mesures offensives basées sur la lutte de masse, contre le blocus et la privation de terres.

    En Israël, suite au mouvement social sans précédent ayant impliqué des centaines de milliers de personnes en 2011, il faut un nouveau parti des travailleurs pour concrétiser les attentes du mouvement – des services, salaires et logements décents, etc.

    C’est par la construction de nouveaux partis de masse des travailleurs dans la région que les capitalistes pourront être jetés dehors, et que des idées socialistes pourront prendre racine. Telle est la route vers la construction de deux États socialistes : une Palestine socialiste et un Israël socialiste en tant que partie d’une confédération socialiste de Moyen-Orient, pour jeter les bases d’un futur libéré de la guerre, de la terreur et de la pauvreté.

  • Libye : La société post-Kadhafi toujours volatile et violente

    Pour réaliser les revendications des travailleurs, il leur faut s’auto-organiser avec des objectifs clairs

    Un peu plus d’un mois à peine après la mort de l’ambassadeur américain, les développements en Libye révèlent l’instabilité, et même le chaos, qui règne en de nombreux endroits du pays. En l’absence de véritable gouvernement, les combats continuent autour de Bani Walid (considéré comme une zone pro-Kadhafi) par les forces de Misrata, en colère contre l’emprisonnement et la mort d’Omran Shaban, le combattant rebelle qui a retrouvé Kadhafi après une attaque aérienne de l’OTAN contre son convoi il y a un an.

    Robert Bechert, CIO

    L’année dernière, nous expliquions qu’alors que Kadhafi, un ”dirigeant autocrate, entouré de sa famille et de ses amis privilégiés”, avait été renversé, la situation n’était pas similaire à celle qui a fait tomber Ben Ali et Moubarak en Tunisie et en Egypte. ”Cela aurait été largement applaudi si c’était le pur résultat de la lutte de la classe ouvrière libyenne, mais l’implication directe de l’impérialisme assombrit le futur de la révolution.” (CIO, www.socialistworld.net: ”Gaddafi Regime Crumbles”, 26 août 2011)

    L’un des plus grands changements au cours de cette année fut la reprise de la production de pétrole. En ce moment, le revenu du pétrole libyen est d’environ 1 milliard de dollars tous les 10 jours, ce qui n’est pas mal dans un pays de 6,5 millions d’habitants. Mais de nouveaux gangs de pillards se mettent déjà en place. En octobre, Le Monde Diplomatique a rapporté que les ministres perçoivent des salaires de 7800$ par mois et habitent dans des hôtels de luxes de Tripoli à 325$ la nuit. Même si les élections se sont déroulées pacifiquement en juillet, en réalité, le Congrès Général National est impuissant face aux milices concurrentes.

    Cette situation chaotique n’était pas inévitable. Quand les manifestations de masse ont commencé en février 2011, Kadhafi a lancé une contre-offensive brutale contre Benghazi et les autres centres de l’opposition. Benghazi, cependant, aurait pu être défendue par les masses populaires de la ville qui compte un million d’habitants, avec un appel aux travailleurs, aux jeunes et des pauvres du reste de la Libye. Cela aurait pu conduire plus rapidement à la victoire et ne laisser aucune excuse pour une intervention étrangère.

    A Benghazi, au début de la révolution, des affiches en anglais déclaraient : ”Non à l’intervention étrangère – Les Libyens peuvent se débrouiller tous seuls.” Mais la direction autoproclamée du Conseil National de Transition, dominée par des transfuges du régime de Kadhafi et des pro-impérialistes, a ignoré le sentiment populaire initial contre une intervention étrangère. Elle a recherché du soutien auprès des puissances impérialistes occidentales et des Etats Arabes semi-féodaux.

    Un grand nombre de Libyens se sont réjouis de la chute de Kadhafi en août 2011, mais pas tous, et ce n’étaient pas seulement l’élite privilégiée autour de Kadhafi et les groupes favorisés par son régime. Il existait également une part de réelle opposition contre le rôle des puissances occidentales et des régimes arabes autocratiques, ainsi que la peur des fondamentalistes religieux.

    Chacune des révolutions du printemps arabe avait ses propres caractéristiques. En Tunisie et en Egypte, les organisations ouvrières se développaient ou se transformaient. En Libye, le soulèvement initial spontané n’a pas mené à l’auto-organisation démocratique des travailleurs et des jeunes à une large échelle.

    Malgré l’implication d’un grand nombre de Libyens dans les combats et l’armement de la population, il n’y a pas le moindre signe pour l’instant que les travailleurs, les jeunes et les pauvres libyens qui lutteraient pour établir leur propre pouvoir collectif sur la société. Sans organisations démocratiques et indépendantes dans la plupart des communautés et des lieux de travail, les milices prennent les devants pour maintenir la sécurité. Mais la plupart de ces milices sont divisées sur des lignes territoriales, tribales, religieuses ou ethniques, et leurs dirigeants ont leurs objectifs propres.

    Les intégristes religieux

    A présent, les intégristes religieux s’impliquent de plus en plus et les éléments qui ont lutté au côté de Kadhafi contre ce qu’ils considéraient comme une intervention étrangère perdurent. Ainsi, en plus des rivalités entre les milices, il y a eu la démolition de sanctuaires Soufi par les Salafistes intégristes et quatre attaques de représentants occidentaux avant l’attaque du consulat américain à Benghazi le 11 septembre et d’une base semi-secrète de renseignements américaine.

    La manifestation du 20 septembre qui a expulsé de Benghazi la milice Ansar al-Sharia, initialement accusée de l’attaque du consulat américain, n’était pas une simple réaction populaire contre les milices. La manifestation était dirigée par la police militaire qui a alors procédé à l’attaque de la base de la milice Rafallah al-Sahati (fondée par des Qatari) qui travaille avec le ministère de la défense basé à Tripoli. Rien n’est encore clair concernant le cadre dans lequel cette seconde cible a été choisie en fonction du contexte des rivalités entre les dirigeants de Benghazi et de Tripoli. Ces tensions continuent. Le 21 septembre, le commandant militaire de Benghazi a été kidnappé pendant six heures. Trois jours plus tard, les milices pro-Tripoli à Benghazi ont commencé à arrêter les participants à la manifestation du 20 septembre, dont 30 officiers de l’armée.

    Alors que certains Libyens sont encore reconnaissants du soutien des USA dans le renversement de Kadhafi, l’opposition augmente – surtout à caractère religieux, en ce moment – face à l’implication prolongée des USA en Libye. Cela va probablement accroître les tentatives des puissances occidentales de renforcer leur présence. En septembre, l’administration Obama a accordé 8 millions de dollars pour l’entraînement d’une force ”anti-terroriste” d’élite de 500 hommes en Libye.

    Le sentiment de libération de beaucoup de Libyens est encore important. Cela pourrait être la base d’une opposition aux milices sectaires et réactionnaires, dont le potentiel a été vu dans les manifestations contre Ansar al-Sharia. Cependant, cette manifestation a aussi montré que sortir dans la rue est insuffisant. Pour que les revendications des travailleurs soient réalisées, il est nécessaire de s’auto-organiser avec des objectifs clairs, sinon d’autres forces peuvent tirer profit de tels mouvements.

    Beaucoup de Libyens, en particulier les jeunes, sentent que l’année dernière ils ont eu une chance, et le pouvoir, de décider de leur propre avenir. Maintenant, il est de plus en plus clair que cela demande de l’organisation, un programme et une lutte pour l’unité des travailleurs et des jeunes dans une bataille commune, sinon il y a le risque d’une spirale de dégradation.

    Les divisions entre les zones sont de plus en plus fortes, malgré le ciment du revenu du pétrole. Misrata, par exemple, est maintenant pratiquement autonome. Dans la région Cyrénaïque riche en pétrole autour de Benghazi, il y a des revendications répétées pour plus d’autonomie, ce qui fait peur aux autres régions. En l’absence d’organisations indépendantes et démocratiques des travailleurs, les autres forces prendront la tête.

    L’opposition à une présence étrangère, la peur du retour de l’ancienne élite ou de la montée d’une nouvelle peuvent constituer la base de différentes formes de populisme – religieux, régional, tribal, ethnique ou nationaliste. Alors que les richesses pétrolières de la Libye peuvent maintenir le pays ensemble, particulièrement du point de vue des zones non-productrices de pétrole, des luttes peuvent éclater entre les élites rivales sur le partage du pillage ou, à un certain stade, sur la question de l’éclatement du pays.

    Il est essentiel de créer des organisations indépendantes et démocratiques des travailleurs

    La création d’organisations indépendantes et démocratiques de travailleurs, et notamment la question cruciale d’un parti de la classe des travailleurs, est d’une importance vitale. C’est le seul moyen pour que les travailleurs, les opprimés et les jeunes soient capables de surmonter les divisions de plus en plus présentes et d’entamer une lutte pour une véritable transformation révolutionnaire du pays et ainsi contrecarrer les projets des impérialistes, en finir avec la dictature et transformer radicalement la vie des masses.

    Pour parvenir à ses fins, un mouvement des travailleurs aura besoin de défendre tous les droits démocratiques, d’impliquer les travailleurs immigrés en abordant la défendre de leurs droits, et de s’opposer à la privatisation des atouts de la Libye. Il faut revendiquer le retrait de toutes les forces armées étrangères, s’opposer à toute intervention militaire étrangère et par-dessus tout, rejeter la participation à tout gouvernement avec des forces capitalistes.

    Le mouvement des travailleurs doit lutter pour un gouvernement de représentants des travailleurs et des pauvres, basé sur des structures démocratiques dans les lieux de travail et les collectivités. Un tel gouvernement utiliserait les ressources de la Libye dans l’intérêt de la population. Cela serait la réelle victoire pour les travailleurs et les jeunes Libyens et permettrait de mettre en avant un exemple international de fin d’un régime dictatorial et des misères du capitalisme.

  • Tunisie: Stop au blâme des victimes de viol!

    Indignation à travers le pays suite à l’accusation d’ «immoralité publique» contre une victime de viol par des policiers

    La campagne ‘Rape Is No Joke’ déclare son entière solidarité avec toutes celles et tous ceux qui protestent aujourd’hui en Tunisie contre l’accusation scandaleuse d’«atteinte aux bonnes mœurs» à l’égard d’une jeune femme ainsi que de son fiancé, tous deux menacés d’une peine d’emprisonnement de six mois.

    Déclaration de la campagne ‘Rape Is No Joke’

    Cette accusation est un acte évident de représailles contre leur courage d’avoir porté plainte ouvertement après que la jeune femme ait été violée par deux policiers. Par la suite, les déclarations du Ministère de l’Intérieur affirmant que cette jeune femme et son fiancé ont été trouvés dans une «position immorale» dans leur voiture avant l’attaque est une tentative pathétique de suggérer que la victime méritait ce qui s’est passé.

    Malheureusement les femmes, en Tunisie ainsi que dans tout le Moyen-Orient et dans le monde, sont confrontées à ce genre d’abus et de condamnation en tant que victimes tous les jours. La campagne ‘Rape Is No Joke’ se bat contre la banalisation du viol et soutient la lutte internationale des femmes revendiquant l’égalité réelle pour les femmes et la fin du sexisme sous toutes ses formes.

  • Alimentation : Qu’est ce qu’on s’en fout de vos profits !

    ‘‘Excusez-moi Monsieur, mais je voudrais un peu plus de nourriture’’. Il n’y a pas que les orphelins des romans de Dickens qui doivent se battre pour un produit de base : la nourriture. Des milliards d’êtres humains à travers le monde souffrent soit de malnutrition, soit d’obésité. Même dans les pays capitalistes dits ‘‘développés’’, leur système basé sur les profits semble incapable d’offrir un régime alimentaire équilibré à la population. Iain Dalton, de notre parti-frère en Angleterre et au Pays de Galles le Socialist Party, observe ici les effets du capitalisme sur la nourriture et développe l’intérêt de réponses réellement socialistes.

    L’envolée des prix des denrées alimentaires

    Plus de 18 millions de personnes dans la région du Sahel en Afrique de l’Ouest sont actuellement en danger de mort car les récoltes ont été très mauvaises et les prix des denrées alimentaires n’ont cessé d’augmenter. En 2011, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture rapportait que les prix alimentaires mondiaux étaient à leur plus haut niveau depuis le début des recensements en 1990.

    En 2010, la Banque Mondiale estimait qu’environ un milliard d’êtres humains sur les sept milliards que comptent la population mondiale souffraient de malnutrition. Chaque année, six millions d’enfants à travers le monde meurent de malnutrition avant d’avoir atteint l’âge de cinq ans.

    En Grande-Bretagne, les mesures d’austérité sont combinées à une augmentation des prix. En 2011, un chiffre record de 129.000 personnes ont eu recours aux banques alimentaires. Cela démontre que de plus en plus de gens sont obligés de faire le choix entre manger ou se chauffer. Selon les chiffres du gouvernement, les prix des denrées alimentaires au Royaume Uni ont enregistré une hausse de 26% entre 2007 et 2011.

    La sécheresse aux Etats-Unis

    Un des facteurs qui explique l’explosion des prix en cette période, c’est la sécheresse qui sévit actuellement aux Etats-Unis. Dans un rapport qui fait plus penser à la situation de l’Afrique subsaharienne qu’à celle des Etats-Unis, le journal britannique The Guardian rapportait: ‘‘Certaines tiges arrivent à hauteur du menton, mais ne produisent pas d’épis de maïs. D’autres sont aussi épaisses que des ananas. Et le soja qui devrait atteindre la hauteur du genou frôle à peine le tibia.’’ Environ un tiers du territoire des Etats-Unis est désormais officiellement considéré comme une zone sinistrée. En juillet, le Centre national de données climatiques (NCDC) a découvert que 55% du territoire des Etats-Unis était frappé par une sécheresse d’un niveau moyen à extrême selon les zones. De plus, des feux sauvages se sont déclarés dans l’Utah et au Colorado.

    Le gouvernement des Etats-Unis estime qu’un tiers des récoltes de maïs et de soja est en mauvais état, mais les travailleurs sur le terrain pensent que les dégâts sont bien pires. Un fermier a déclaré dans une interview à The Guardian : ‘‘Techniquement, certains aliments ne vaudront même pas la peine d’être récoltés car ils ne pourront pas être vendus au prix de la production.’’

    Le 23 juillet dernier, le prix du maïs avait atteint le prix de $8 (=6,30€) le boisseau, alors qu’en 2006, son prix était de $2 (=1,50€). Cela aura un effet dévastateur sur les prix du lait et de la viande car le maïs est utilisé dans l’alimentation d’une grande partie des animaux. Certains fermiers ont même été contraints de nourrir leur bétail avec certains types de confiseries bons marché.

    Le bétail est abattu car les fermiers américains ne peuvent plus se permettre les prix élevés de leur nourriture. Les refuges pour chevaux ont dû accueillir de nouveaux animaux et une baisse de 70% a été enregistrée dans la vente de tracteurs et autres machines agricoles dans certaines parties du Mid-Ouest.

    La situation actuelle aux Etats-Unis est comparable à la pire sécheresse que la région de la Mer Noire en Russie ait connue en 130 ans et qui avait eu pour conséquence une escalade des prix du blé. Vu que le changement climatique conduit à de plus en plus d’évènements climatiques extrêmes tels que des sécheresses, des tsunamis et des inondations, les effets dévastateurs sur la production alimentaire s’en feront ressentir.

    Avec 40% du maïs américain utilisé dans la production de l’éthanol, le débat sur la question des biocarburants fait rage. Certains Etats ont rapporté que beaucoup d’usines d’éthanol et de bio-diesel sont en train de réduire leur production ou de fermer temporairement. D’innombrables sommets ont démontré que les politiciens qui ne défendent que les grandes entreprises sont incapables de prendre des mesures nécessaires contre les puissants lobbys de l’énergie.

    Spéculation

    Il y a d’autres facteurs qui influencent les prix des denrées alimentaires. Lorsque les banques sont entrées en crise en 2007-2008, une vague de spéculation a déferlé sur les matières premières futures, dont des aliments comme le sucre et le bétail. Leurs valeurs totales sont passées de moins de $2 milliards (=1,5 milliard d’euros) en 2004 à $9 milliards (= 7 milliard d’euros) en 2007. Les grandes Institutions qui achètent et retiennent des biens sur de longues périodes de temps ont commencé à investir dans la bulle spéculative des matières premières, ce qui a non seulement fait augmenter les prix mais a aussi coupé les provisions, principalement dans les économies en développement.

    Les spéculateurs ont de nouveau fait face à la dernière crise en date en pariant massivement sur les prix alimentaires. Leur attitude face à l’augmentation des prix est très bien résumée par un des gérants de fonds: ‘‘c’est comme si on avait ouvert un énorme robinet à argent’’ (Bloomberg 23 juillet)

    Le journal The Economist a récemment déclaré à brûle-pourpoint: ‘‘les prix élevés sur la nourriture ne pèsent pas seulement sur les revenus des pauvres, mais ils mènent aussi à plus d’agitations politiques à travers les monde.’’

    En 2008, des émeutes de la faim ont explosé en Afrique de l’Ouest, en Haïti, au Maroc, au Bangladesh et aux Philippines. Après la grève générale du pain qui a eu lieu dans la ville de Malhalla, en Egypte, l’armée a reçu l’ordre de cuire et de distribuer du pain subventionné afin d’empêcher de futures protestations.

    Alors que la Tunisie et l’Egypte étaient en plein milieu d’une période révolutionnaire au début de l’année 2011, sous l’impulsion notamment de l’essor des prix des denrées alimentaires, l’Algérie achetait plus de 800 000 tonnes de blé et l’Indonésie 800 000 tonnes de riz. Les deux élites au pouvoir essayaient ainsi d’empêcher que la révolution ne s’étendent jusqu’à leurs frontières.

    Néanmoins, cette option de conjurer les soulèvements a ses limites. Et on observe que de nombreux pays ont sévèrement réduit leurs réserves de grains ne les jugeant pas nécessaires.

    Pourtant, les menaces auxquelles la production alimentaire fait face sont bien réelles, notamment celle du changement climatique. Mais la plus sérieuse, c’est la manière dont la nourriture est produite. Tant que l’industrie alimentaire sera contrôlée par des compagnies privées qui privilégient les profits et que les spéculateurs contrôleront les prix, des millions d’êtres humains continueront de mourir de faim ou de souffrir de malnutrition. En Occident, la sous-alimentation dans les familles pauvres s’aggrave pendant que des millions d’autres familles doivent faire face à d’autres types de problèmes de santé, tel que l’obésité. La raison de tout ces maux, c’est une nourriture malsaine et fortement traité mais rentable!

    Le Comité pour une Internationale Ouvrière et ses sections à travers le monde, dont le Parti Socialiste de Lutte en Belgique, revendiquent que la production alimentaire, de même que les autres secteurs clés de l’économie, soient nationalisés sous le contrôle démocratique des travailleurs afin d’être intégrés dans une planification démocratique de la production. Une fois rayée la soif de profits du capitalisme, il est tout à fait possible d’éradiquer la faim dans le monde.

    Nos revendications:

    • Mise en place de comités populaires, avec les syndicats et les groupes de consommateurs, afin de surveiller les prix et de mesurer la réelle augmentation du prix de la vie pour les travailleurs.
    • Transparence des comptes des grandes entreprises qui dominent l’industrie alimentaire et l’économie, afin de déterminer leurs coûts réels, leurs profits, les salaires et bonus des cadres, etc.
    • Augmentation immédiate du salaire minimum afin qu’il atteigne £8 (=10€) de l’heure, et des augmentations régulières afin de couvrir la hausse des prix. Une augmentation substantielle des pensions et autres acquis sociaux afin que ceux-ci reflètent le coût réel de la vie. Des investissements massifs dans un programme de création d’emplois.
    • Nationalisation des plus grandes compagnies agricoles, de gros, de détail et de distribution, ainsi que des banques et des institutions financières. Des compensations ne seraient octroyées que sur base de besoins prouvés.
    • Investissements massifs dans la recherche et le développement de ressources d’énergies renouvelables alternatives sures, ainsi que le développement de techniques qui mettraient un terme aux techniques agricoles néfastes à l’environnement et à la santé de la population.
    • Planifier la production et la distribution agricole afin d’offrir de la nourriture réellement nutritive pour tous de façon durable plutôt qu’en préconisant les profits à court terme d’une minorité au sommet.
  • Révolution & socialisme. Un autre monde est possible – Lequel et comment y parvenir ?

    Les révolutions qui ont fait chuter les dictateurs Ben Ali et Moubarak ont été un véritable tremblement de terre idéologique. Ainsi donc, révolutions et irruptions des masses sur le devant de la scène politique n’avaient pas sombré avec le vingtième siècle ! Ces admirables mobilisations ont suscité un extraordinaire enthousiasme aux quatre coins du globe, non seulement parmi les militants révolutionnaires, mais plus largement aussi, parmi ces millions d’opprimés et d’exploités aux prises avec les terribles conséquences de la crise du système capitaliste et qui, jusque là, n’avaient pas encore rejoint le camp de la lutte.

    Dossier par Nicolas Croes

    A partir du Moyen Orient et de l’Afrique du Nord, le souffle de la révolte des masses a déferlé sur le monde avec le mouvement des Indignés, le mouvement Occupy Wall Street, l’explosion de grèves générales historiques dans des pays aussi divers que le Nigeria ou l’Inde, le ‘‘printemps érable’’ québecquois,… Tous ces gens ont découvert l’incommensurable force qui est la leur une fois leur colère collectivement exprimée. La question essentielle est toutefois celle-ci: comment, à partir de là, transformer la contestation de masse en une énergie capable de renverser ce système haï ?

    Pendant toute une période, cette question a été étouffée par l’offensive idéologique de la classe dominante. L’effondrement du stalinisme avait été saisi pour dire qu’aucune alternative au capitalisme n’était viable. C’était la ‘‘fin de l’Histoire’’, pour reprendre l’expression du philosophe américain Francis Fukuyama. Mais la réalité est plus forte que la propagande et, aujourd’hui, même les partisans les plus acharnés du capitalisme ne parviennent pas à cacher qu’ils n’ont aucune réelle solution capable de restaurer la stabilité du système. Face à cette faillite systémique, tout tourne pour eux autour de l’austérité (teintée ou non d’un soupçon de rhétorique de croissance), un peu à la manière de ces médecins des temps jadis qui avaient pour remède universel de saigner leurs patients, parfois jusqu’à la mort. De la même manière, combien d’économies ne succombent-elles pas actuellement sous les coups des ‘‘remèdes’’ imposés par la dictature des marchés ? Nulle part la cure d’austérité, à plus ou moins forte dose, n’a conduit à une sérieuse convalescence économique.

    Fort heureusement pour le bien de l’humanité, la médecine a progressé et a tourné le dos à la pratique destructrice de la saignée. Le reste de la société doit suivre cette voie, et baser sa gestion des ressources sur une méthode rationnelle, diamétralement opposée au dogme de la ‘‘main invisible automatiquement régulatrice’’ des marchés, dont les extrêmes limites ont dramatiquement été dévoilées par la crise économique.

    Reprendre le contrôle de l’économie

    Fondamentalement, la solution réside dans la collectivisation démocratique des moyens de production. Impossible d’obtenir une démocratie réelle en Afrique du Nord et au Moyen Orient sans retirer les leviers économiques des mains de ceux à qui bénéficiaient les dictatures de Ben Ali et de Moubarak. Impossible aussi d’éviter le naufrage des conditions de vie de la population tant que les pertes des banques, des spéculateurs et des grands actionnaires sont épongées par les ressources de la collectivité. Impossible toujours, dans un registre tout récemment remis à la une de l’actualité avec le sommet RIO+20 (20 ans après le sommet de la Terre de Rio), de sortir de la destruction systémique de l’environnement tant que la soif de profit constitue l’alpha et l’oméga de l’extraction des ressources naturelles et de leur utilisation.

    Si les secteurs-clés de l’économie étaient placés sous contrôle démocratique de la collectivité, il serait possible de démocratiquement planifier l’activité économique. Ainsi, une véritable guerre pourrait être menée contre la pauvreté et pour l’élévation de l’humanité au niveau que permettrait la technique actuelle libérée de la camisole de force de l’économie de marché et de concurrence. C’est cela que nous appelons le socialisme. Actuellement, l’énergie créatrice de millions de personnes est gâchée par le chômage et la misère alors que les nécessités sociales sont gigantesques. Hôpitaux, écoles, logements sociaux, transport en commun et autres besoins de base manquent ou sont même détruits par les réductions budgétaires, tandis que des sommes faramineuses dorment sur des comptes, les capitalistes craignant comme la peste de ne pas pouvoir faire suffisamment de profit en les investissant. Une force sociale est capable de s’approprier ces moyens : la classe des travailleurs.

    La classe ouvrière n’a pas disparu

    Le terme suscite de grandes controverses. Pour certains, la population des pays capitalistes avancés est essentiellement composée de consommateurs, la vieille classe ouvrière aurait été annihilée et avec elle ses possibilités. C’est faux. La classe ouvrière, une catégorie sociale forcée de vendre sa force de travail puisqu’elle ne dispose pas de la propriété des moyens de production, constitue aujourd’hui une force sociale de centaines de millions de personnes. En ce 21e siècle, elle est plus puissante qu’elle ne l’a jamais été, et plus dans les pays dits développés seulement. C’est ce qu’ont illustré la grève générale de janvier au Nigeria et les deux grèves générales quasiment continentales qu’a connu l’Inde en cette première moitié de 2012.

    En fait, le potentiel de la classe ouvrière n’a cessé d’être révélé ces derniers mois. Le rôle joué par l’OTAN et l’impérialisme dans la chute de Kadhafi ne peut pas occulter le soulèvement de Benghazi. Mais l’impérialisme occidental craignait surtout la contagion dans la région des exemples tunisiens et égyptiens, où la classe ouvrière avait joué un dangereux rôle indépendant en bloquant l’économie entière. Ce n’est aucunement un hasard si Ben Ali et Moubarak ont quitté le pouvoir qu’ils occupaient depuis plusieurs décennies le jour de grèves générales. Pas de hasard non plus dans le silence des médias traditionnels, eux aussi sous l’étroit contrôle du capital, à ce sujet. D’autre part, en Belgique et ailleurs, les travailleurs ont pu se rendre compte que la hargne des médias dominants ne s’étale jamais si fortement que lorsque les ‘‘syndicats dépassés’’ composés de ‘‘grévistes preneurs d’otages’’ partent en action ‘’irresponsable’’ contre ‘’l’intérêt économique du pays’’. C’est en soi également une très bonne indication de là où se trouve la grande peur de la classe dominante.

    Le danger de l’électoralisme

    Récemment, en Grèce ainsi qu’en France (bien que dans une moindre mesure), nous avons pu voir cette résistance s’exprimer également par le biais des urnes, ce qui est une source d’encouragement. Cela rend d’autant plus crucial d’accorder une attention particulière à la relation entre les luttes concrètes, surtout syndicales, et les élections. Au début du vingtième siècle, le militant socialiste allemand Karl Kautsky soutenait que la clé de la stratégie à adopter pour renverser le capitalisme était une “accumulation passive” de forces basée sur une non-participation gouvernementale jusqu’à atteindre la majorité électorale et pouvoir ainsi gouverner seul. Les élections sont un moyen à utiliser pour faire entendre la voix d’une alternative politique, mais cette optique unilatéralement électorale – qui a déchaîné les critiques des révolutionnaires socialistes (notamment de Lénine) mais a été à la base de l’action de la social-démocratie – fut un échec tout au long du vingtième siècle. Des éléments de cette analyse persistent toutefois parmi ceux qui considèrent comme essentiel de se concentrer uniquement sur la construction d’une force électorale.

    En Égypte et en Tunisie, nombreux ont été les militants, y compris parmi la gauche dite révolutionnaire, qui ont désigné la voie électorale comme la manière de poursuivre le combat entamé avec les débuts des révolutions. Le temps laissé à leur organisation a offert un espace à la contre-révolution pour se réorganiser et a permis à une couche de la population d’être gagnée par la lassitude face au désordre social, politique et économique. Cela, les réactionnaires ont bien compris qu’ils pouvaient l’instrumentaliser. Pourtant, au moment de la chute des dictateurs, des éléments de double pouvoir étaient présents dans la situation. En Égypte, de grandes divisions étaient également apparues parmi les Frères Musulmans, sur base de contradictions sociales entre une direction définitivement pro-capitaliste et une base touchée par les revendications sociales hardies portées par le mouvement révolutionnaire.

    Des comités de quartiers et de défense s’étaient organisés dans le cadre de la lutte, tout comme des comités de grève et des comités d’entreprise qui ont même été placés devant le contrôle de sites désertés par les patrons liés aux dictateurs. Sur base de ces assemblées de travailleurs et de jeunes et de la méthode de la grève générale, il était possible de commencer à poser la question d’une autre société, avec une activité politique et une production démocratiquement gérée par des comités de base coordonnés entre eux, avec l’élection de représentants révocables à tout moment et ne disposant pas de privilèges. Un tel système est à l’opposé de la sanglante caricature de socialisme que fut le stalinisme.

    C’est en ce sens que la gauche aurait dû orienter ses efforts, avec audace et confiance envers les capacités révolutionnaires des masses. Trotsky, un révolutionnaire marxiste qui fut l’un des dirigeants de la révolution russe, a souligné dans son ouvrage consacré à cette révolution que ‘‘plus le prolétariat agit résolument et avec assurance, et plus il a la possibilité d’entraîner les couches intermédiaires, plus la couche dominante est isolée, plus sa démoralisation s’accentue ; et en revanche, la désagrégation des couches dirigeantes apporte de l’eau au moulin de la classe révolutionnaire.’’ Hélas, c’est une certaine timidité qui l’a provisoirement emporté, héritée des années de dictature et du poids de la pensée unique néolibérale consécutive à la chute du Mur de Berlin.

    Des partis de lutte

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    Le programme de transition

    Aujourd’hui, la compréhension des tâches exigées par la situation de crise économique (la “conscience politique” de la classe des travailleurs) est en retard sur cette situation objective. Cela s’est déjà présenté et c’est à cet effet que Trotsky avait élaboré le Programme de transition, en tant qu’aide pour que les révolutionnaires touchent d’abord les couches de la classe ouvrière les plus politiquement avancées, puis les masses de travailleurs par la suite.

    Dans ce texte écrit en 1938 en prévision de la Seconde Guerre Mondiale, on peut notamment lire que ‘‘Le chômage croissant à son tour approfondit la crise financière de l’État et affaiblit davantage le système monétaire instable’’. N’est-ce pas là une description presque parfaite de la crise qui se développe actuellement autour de la soi-disant “dette souveraine” ? Cela illustre l’extraordinaire actualité de ce texte.

    Le fossé entre la situation objective qui ne fait qu’empirer et la conscience de la classe ouvrière va se refermer au cours de la prochaine période. Les événements vont dans ce sens. Au bord du gouffre, la masse des travailleurs va se retourner contre le système capitaliste, parfois sans une idée claire de ce qui pourrait être mis à la place. La route vers une conscience socialiste et révolutionnaire peut cependant être considérablement raccourcie si la classe ouvrière devait s’approprier la méthode transitoire et un programme transitoire qui lie les luttes quotidiennes à l’idée du socialisme.

    Ainsi, concernant la lutte contre le chômage, le programme de transition développe la revendication de la répartition du temps de travail nécessaire en fonction des forces disponibles, avec embauches compensatoires et sans perte de salaire. Cette approche somme toute des plus logiques remet en fait puissamment en question le contrôle de l’embauche et, in fine, de la production par les capitalistes. Liée aux autres revendications du Programme de transition, notamment la nationalisation des monopoles, elle pose directement la question du contrôle et de la gestion des principaux leviers économiques par les travailleurs eux-mêmes.

    Les adversaires du marxisme dépeignent les revendications transitoires comme étant “impossibles”, “utopiques”, “irréalistes”, etc. Trotsky a précisé à ce titre : “La “possibilité” ou l’ “impossibilité” de réaliser les revendications est, dans le cas présent, une question de rapport des forces, qui ne peut être résolue que par la lutte.’’ Allant un peu plus loin, il a ajouté que : “Les révolutionnaires considèrent toujours que les réformes et acquisitions ne sont qu’un sous-produit de la lutte révolutionnaire. Si nous disons que nous n’allons demander que ce qu’ils peuvent donner […] alors la classe dirigeante ne donnera qu’un dixième ou rien de ce que nous demandons. Le plus étendu et le plus militant sera l’esprit des travailleurs, le plus sera revendiqué et remporté.’’
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    Même si la pression vers la tenue d’assemblées constituantes sur le modèle parlementaire bourgeois était trop forte, une agitation conséquente sur ce thème de la prise du pouvoir économique et politique aurait trouvé un écho et un soutien conséquents sur lesquels un puissant outil politique aurait pu être développé. Car il reste bel et bien nécessaire pour les luttes de disposer d’un prolongement politique. Nous ne parlons pas ici d’un ramassis de politiciens, mais bien d’un instrument de combat social visant à organiser le plus grand nombre vers un même objectif. Trotsky, toujours dans son Histoire de la révolution russe, disait que ‘‘Sans organisation dirigeante, l’énergie des masses se volatiliserait comme de la vapeur non enfermée dans un cylindre à piston. Cependant le mouvement ne vient ni du cylindre ni du piston, mais de la vapeur.’’

    La tâche cruciale aujourd’hui pour ceux qui aspirent à un changement de société fondamental est de construire de tels partis révolutionnaires, avec un programme qui lie les attentes quotidiennes du plus grand nombre à la lutte pour une société réellement socialiste, basée sur la propriété collective des moyens de production. Cette approche ne saurait pas directement être saisie à une échelle de masse et des partis révolutionnaires comme les sections du Comité pour une Internationale Ouvrière à travers le monde auront encore à argumenter en défense de ce point de vue avec acharnement. Mais la nécessité de s’organiser s’impose d’elle-même, de nouvelles formations politiques de gauche se développent, et elles constituent autant de laboratoires idéologiques pour les militants politiques, des lieux où les révolutionnaires peuvent participer au débat et à l’analyse de l’expérience concrète du combat politique.

    En Grèce, Syriza a démontré que de telles formations larges peuvent rapidement évoluer sous la pression des évènements. Même si le programme de cette coalition de la gauche radicale comporte encore selon nous de nombreuses faiblesses, son évolution vers la gauche a été réelle ces derniers mois. Cela peut se poursuivre pour autant que le débat démocratique soit plus favorisé en son sein, afin que l’expérience et les discussions des militants de la base puissent s’épanouir et être réellement reflétées dans la politique du parti. Il est également crucial que l’activité de celui-ci soit orientée vers les luttes et qu’elle ne considère pas l’activité électorale comme le moyen unique d’assurer l’arrivée d’une autre société.

    Le début d’une nouvelle ère

    Le développement de la situation actuelle n’est pas linéaire, la révolution y est à l’œuvre de même que la contre-révolution. Mais les bases matérielles qui poussent à la lutte pour un changement de société restent présentes. En Égypte, lors du premier tour des élections présidentielles, le candidat le plus identifié aux idéaux de la révolution du 25 janvier 2011 a obtenu 22%, à peine 2 et 3% derrière le candidat des Frères Musulmans et celui de l’armée et sans disposer de leurs solides réseaux. De plus, les Frères Musulmans avaient perdu près de 20% des voix qu’ils avaient obtenues aux élections législatives de janvier 2012. Cela illustre, en plus du développement de nouvelles structures syndicales et des grèves, le développement de la révolution vers le reversement du système économique qui soutenait la dictature. Mais l’armée est décidée à garder son pouvoir, raison pour laquelle elle avait sacrifié Moubarak en espérant ainsi freiner la colère des masses.

    Lénine disait notamment qu’une situation révolutionnaire pouvait s’épanouir quand ‘’ceux d’en bas ne veulent plus être gouvernés comme avant, et quand ceux d’en haut ne peuvent plus gouverner comme avant’’. Il ajoutait : ‘’La révolution ne surgit pas de toute situation révolutionnaire, mais seulement dans le cas où, à tous les changements objectifs énumérés vient s’ajouter un changement subjectif, à savoir la capacité pour la classe révolutionnaire de mener des actions assez vigoureuses pour briser complètement l’ancien gouvernement qui ne tombera jamais, même à une époque de crise, si on ne le fait choir’’.

    Aujourd’hui, si le poids des années ‘90 est certes encore très grand en termes de recul de la conscience des masses et de faiblesse au niveau des organisations de luttes politiques et syndicales des travailleurs (notamment en raison du rôle joué par des directions syndicales qui ne croient pas en un changement de système), l’évolution peut être rapide. La sévérité de la crise économique fait tomber les masques et les occasions de construire un outil révolutionnaire de masse seront nombreuses.

  • Ecole d’été du CIO : Le rôle de la classe ouvrière dans les révolutions du monde néocolonial

    Lors de l’édition 2012 de l’école d’été du Comité pour une Internationale Ouvrière, un meeting a donné la parole à trois camarades de notre internationale (issus respectivement de Tunisie, du Brésil et du Sri Lanka). Ils ont ainsi abordé la situation des luttes sociales et des mouvements révolutionnaires dans leur pays de même que notre implication en tant que parti révolutionnaire mondial dans ces mouvements. Peter Taafe, président du Socialist Party (parti-frère du PSL en Angleterre et Pays de Galles), est lui aussi intervenu, notamment au sujet des 50 ans de l’indépendance de l’Algérie.

    Rapport par Julien (Bruxelles)

    Le premier intervenant a activement participé au mouvement et à la lutte contre le dictateur tunisien Ben Ali. Il a commencé par rappeler l’histoire populaire de la Tunisie qui, comme c’est le cas pour beaucoup de pays néocoloniaux, a connu l’imposition du capitalisme de manière dictatoriale sur base de la collaboration de l’impérialisme et des monarchies sur place. Cela s’est accompagné d’un processus d’endettement dû à l’industrialisation et aux réformes agraires inachevées.

    La ‘‘singularité tunisienne’’ provient du fait que la réforme agraire a été accompagnée de révoltes contre le régime, ce qui a permis le remplacement de la monarchie par une république. La colonisation a, elle, forcé l’industrialisation. La cohabitation entre les deux systèmes a été dure, ce qui a impliqué une double rébellion : premièrement, un mouvement réactionnaire et conservateur, qui disparu assez vite, au profit du deuxième mouvement : le mouvement ouvrier progressiste. C’est ce dernier qui a combattu l’impérialisme français.

    Il n’y a aucun doute sur le rôle du mouvement ouvrier dans ‘‘l’exception tunisienne’’ : c’est le premier pays de la région à s’être doté d’une organisation syndicale (qui refusa la collaboration avec les nazis, contrairement à d’autres mouvements nationalistes du monde arabe qui y voyaient un moyen de lutter contre la métropole). C’est la classe ouvrière qui a réellement brisé la colonisation. En 1943, les femmes avaient, entre autre, le droit de vote ainsi que le droit au travail. Les mouvements ouvrier et féministe sont totalement liés en Tunisie. Le camarade a insisté : ‘‘Ce que la bourgeoisie présente aujourd’hui comme la Tunisie Moderne ne sont que les acquis de la Tunisie Ouvrière’’.

    En 1978 et 1984, suite à des réformes économiques néolibérales, des luttes syndicales se sont développées contre l’Etat bourgeois. En 1986, un mouvement similaire est né contre le Plan d’Ajustement Structurel du Fonds Monétaire International (FMI). Avec un mouvement ouvrier organisé et des syndicats combatifs, l’impérialisme a été conduit à soutenir des putschistes comme Ben Ali afin de maintenir son pouvoir sur la région.

    Comment la bourgeoisie présente-t-elle la révolution actuelle ? De manière scolastique : ‘‘Les gens ne sont pas contents’’. C’est oublier son rôle dans la dictature. Depuis 2008, la classe ouvrière a repris le chemin de la lutte après une longue période de repos. Il s’agissait d’une sorte de revanche sur les années ’80, quand elle avait échoué à chasser Ben Ali. Elle s’est de mieux en mieux organisée et est devenue plus combative.

    Actuellement, le pays vit une période de grèves générales. Que peuvent-elles apporter au mouvement ? Si on regarde l’histoire de la Tunisie, ce sont les grèves générales qui permettent de virer des dictateurs ! C’est un réel conflit de classe.

    Une partie de l’extrême-gauche n’a pas compris cela et a abandonné l’idée des Comités Ouvriers, des Comités de Quartier,… et a préféré courir vers les institutions bourgeoises ! C’est pourtant une question importante qui fait le lien avec la nécessité d’un gouvernement ouvrier.

    Notre camarade brésilienne est revenue sur la crise économique qui frappe ce pays. Le Brésil connait une crise similaire à celle qui touche l’Europe, un processus qui conduit à une augmentation des luttes. Des illusions restent toutefois encore présentes concernant l’avenir que réserve ce système (meilleur que celui de la génération précédente aux yeux de nombreuses personnes).

    Après la crise des années ’90, il y a eu une croissance économique essentiellement basée sur les exportations à destination de la Chine. Jusqu’en 2010, le pays a connu une croissance de la consommation et des crédits. Mais cette croissance est forcément limitée par la dépendance du pays envers le reste du monde à cause de la désindustrialisation du pays et de la réorientation de sa production vers l’extraction de matières premières.

    Le pays est, à la fois parmi les 6 plus grandes puissances économiques du monde et parmi les 12 pays qui comprennent le plus large fossé entre riches et pauvres. La majorité des richesses sont donc concentrées entre quelques mains seulement. Une baisse des conditions de travail a accompagné les progrès effectués dans la construction d’infrastructures.

    Cela a impliqué une augmentation des luttes liées aux projets de prestiges industriels et sportifs et à l’expulsion de travailleurs qu’ils impliquaient. Beaucoup de luttes spontanées ont vu le jour, y compris au beau milieu de l’Amazonie. Toute une série de travailleurs qui se croyaient privilégiés dans la dernière période sont aujourd’hui convaincus qu’une grève générale est nécessaire. 90% des universités fédérales sont en grève (les projets de prestiges ont fait de l’ombre aux budgets pour l’enseignement, ce qui force certains enseignants à donner cours dans des églises, dans des restaurants abandonnés,… bref, là où il y a de la place). Le mouvement de grève dure depuis 2 mois avec des manifestations, des occupations,… partout dans le pays, tant dans le secteur public que privé.

    Le défi aujourd’hui est de surmonter la fragmentation de la lutte. C’est ce que le PSOL (Partido Socialismo e libertad) tente de faire. Nos camarades de la LSR (section sœur du PSL au Brésil) travaillent au sein du PSOL et y sont considérés comme une référence de gauche au sein du PSOL et à l’extérieur car, depuis toujours, ils défendent la perspective d’une société socialiste et un programme de rupture fondamental avec le système d’exploitation capitaliste. La LSR a un candidat aux élections communales et il existe des possibilités d’élus du PSOL dans différentes villes. Ces élections seront un moment important afin de tester l’impact que peuvent avoir nos idées à notre échelle, qui reste encore limitée dans ce pays.

    Au-delà de cette question électorale, un autre point de cristallisation des luttes existe autour du CSP-Conlutas (syndicat de gauche) qui a organisé 6000 personnes dans des occupations destinées à défendre le droit à la terre avec le MTST (le Mouvement des paysans sans-terre, la plus importante organisation de sans-domiciles). Il y a eu de nombreuses expulsions à cause des spéculations criminelles.

    De plus en plus de gens commencent à véritablement voir les limites du capitalisme et se tournent dorénavant vers nous. En étant membre du PSOL tout en défendant des critiques constructives concernant ses méthodes, la nécessité d’intervenir dans les luttes et le besoin de clarifier les idées politiques de cette formation large, nous avons pu construire une certaine périphérie autour de notre organisation.

    Le troisième intervenant était issu du Front Line Socialist Party (une organisation de gauche large avec laquelle travaillent nos camarades sri-lankais de l’United Socialist Party), au Sri-Lanka. Elle a commencé par expliquer que selon la constitution sri-lankaise, le pays est ‘‘socialiste’’ et est dirigé par des partis ‘‘socialistes’’ ! Mais la crise dévoile très clairement, et cruellement, qu’il ne s’agit que d’une rhétorique vide de sens. De plus en plus de gens sont jetés à la rue et doivent voler pour survivre. A côté de cette situation se développent de grandes illusions concernant l’Europe, qui est vue comme un paradis. Mais pour ceux qui y arrivent, c’est plutôt un enfer qui les attend, celui de l’univers des sans-papiers et de leur exploitation.

    Enfin, notre camarade Peter Taafe a pris la parole, en commençant son intervention en expliquant que nous vivons la plus sérieuse crise du capitalisme depuis les années ’30. Cette idée est aujourd’hui largement comprise et acceptée dans les couches larges de la population. Aux dires du dirigeant de la principale banque anglaise, il s’agirait même de la plus grave crise jamais connue, et le pire serait encore à venir.

    Mais le degré des luttes est lui aussi sans précédent, avec des mouvements de masses dans de nombreux pays. Après la guerre de 40-45, la lutte a été marquée par son impact dans le monde néocolonial (Asie, Afrique, Amérique-latine, tous y passaient). Au Sri-Lanka, un vrai parti de masse trotskyste des travailleurs et des paysans a joué un rôle clef à l’époque. Mais le LSSP (Lanka Sama Samaja Party) a fait de nombreux compromis avec la bourgeoisie et a brisé de lui-même sa position parmi la jeunesse et le mouvement des travailleurs, une leçon qui reste cruciale pour l’avenir.

    Ce meeting était aussi une manière de célébrer le 50e anniversaire de la victoire du FLN (le Front de Libération National) en Algérie contre l’impérialisme français. Cette guerre a cause la mort d’un 1,5 million de civils et a duré de 1954 à 1962. Finalement, une guérilla de 40.000 combattants a vaincu 600.000 soldats français. Les Algériens qui vivaient en France avaient énormément sacrifié pour la victoire de cette lutte pour l’indépendance, il n’était pas rare que 50% de leurs revenus servent à financer le combat.

    En dépit du fait qu’il s’agissait d’un mouvement nationaliste bourgeois, le FLN a été soutenu de façon critique par ce qui allait devenir par la suite le Comité pour une Internationale Ouvrière, dont les membres considéraient qu’une victoire allait affaiblir l’impérialisme français. Ce soutien n’a pas été uniquement verbal, mais a également eu une dimension pratique. Ainsi, des camarades ingénieurs se sont rendus en Algérie afin d’aider à divers actes de sabotage le long de la frontière avec le Maroc.

    Ce soutien a contrasté avec celui d’autres prétendus “trotskistes” qui avaient refuse de soutenir le FLN a avaient soutenu le MNA (Mouvement National Algérien) dirigé par Messali Hadj. Ce dernier avait joué un role important dans le passé mais était devenu un véritable larbin de l’impérialisme français.

    La révolution algérienne a eu un énorme impact en France, qui a notamment conduit à la révolte des officiers d’Alger (la capitale du pays) en 1961. Avant cela, Charles De Gaulle était arrivé au pouvoir en 1958 et avait instauré une sorte de bonapartisme parlementaire, sans que la direction de la classe ouvrière française – la Section française de l’internationale ouvrière (qui deviendra le Parti Socialiste en 1969) et le Parti Communiste – ne fassent rien.

    Après la victoire de mouvements de guérilla dans des pays comme l’Algérie, certains ont commence à développer l’idée selon laquelle la paysannerie détenait le rôle clé à jouer dans la révolution mondiale plutôt que la classe ouvrière. Ce point de vue a notamment été développé par le Secrétariat Unifié de la Quatrième Internationale (SUQI, dont la LCR est la section en Belgique) et en particulier par son théoricien, Ernest Mandel.

    Ainsi, début 1968, Ernest Mandel s’était adressé au public venu l’écouter lors d’un meeting à Londres organisé par les partisans du SUQI en déclarant que la classe ouvrière européenne ne partirait pas en action décisive contre le système pour au moins 20 années en raison de la force du dollar et de la croissance économique mondiale. Cette Remarque a été faite un mois à peine avant les évènements révolutionnaires de Mai 1968 en France !

    Il existait pourtant de nombreux signes avant-coureurs du potentiel d’un tel développement, comme l’envoi de gardiens armés dans les entreprises et le blocage d’élèves dans des classes fermées à clefs pour les empêcher d’aller manifester ! Par après, la France a connu la plus grande grève générale de l’histoire, avec 10 millions de travailleurs en grève et d’innombrables piquets de grève partout dans le pays. De Gaulle était totalement désarmé. Le pouvoir aurait pu être pris par els travailleurs, mais les dirigeants du mouvement ouvrier ont préféré détourner la lutte vers le parlementarisme.

    Il y a peu, le Financial Time expliquait que ‘‘l’Europe est en feu et Rajoy jette de l’huile sur le feu par l’augmentation des taxes alors que celles-ci devrait baisser pour atténuer le mouvement.’’ Il y a quelques années que le CIO s’attend et anticipait l’arrivée des luttes actuelles. L’impact des luttes en Afrique du Nord et au Moyen-Orient a été bien plus grand que prévu. La révolution égyptienne n’est pas morte, les masses ne font que digérer l’expérience nouvellement acquise. Les Frères Musulmans seront testés sur leur politique, et il en va de même pour le nouveau régime tunisien.

    Peter a poursuivi en expliquant que nous entrons dans une ère qui pourra voir le développement de révolutions de type socialistes, où la question de la collectivisation des secteurs clés de l’économie et leur fonctionnement sur base d’une planification sera posée. Mais l’exemple de Cuba est là pour nous rappeler que la classe ouvrière doit avoir le contrôle démocratique de son Etat, sans quoi le développement du bureaucratisme est inévitable. La victoire de la classe ouvrière dans un pays résonnera à travers tout le globe.

    Ce danger, la bourgeoisie en est bien consciente. Une des nombreuses illustrations de cet état de fait est la campagne médiatique menée en Irlande contre notre camarade Joe Higgins et notre parti-frère le Socialist Party. De tout temps, la presse s’est opposée à la révolution. Déjà en 1917, 124 journaux tentaient de semer la discordes en affirmant que Lénine avait tué Trotsky (ou inversement, tant qu’à faire…). Il en allait de même avec nos camarades anglais dans les années ’80, à Liverpool, lorsque nous avons eu une majorité communale sous Thatcher et où les médias ont attaqués de manière tout aussi honteuse les acquis que notre organisation a apportés aux travailleurs et à leurs familles.

    Avec le Comité pour une Internationale Ouvrière, soyons à la hauteur de l’histoire, pour la lutte et la solidarité, pour le socialisme ! Préparons-nous à cet avenir tumultueux qui est devant nous en construisant un parti révolutionnaire international de masse !

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