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  • Suisse. Les mouvements pour le climat et pour l’émancipation des femmes marquent les élections

    Les mouvements pour le climat et pour l’émancipation des femmes entraînent une ‘vague verte’ et une percée de la gauche aux élections fédérales

    Suisse. Les mouvements pour le climat et pour l’émancipation des femmes entraînent une ‘vague verte’ et une percée de la gauche
    Le week-end dernier, les élections de l’Assemblée fédérale Suisse ont connu une percée pour les Verts, qui ont vu 13% des voix leur revenir, leur faisant gagner 17 sièges supplémentaires. Cela signifie qu’ils ont désormais 28 sièges au conseil national et sont devenus, pour la toute première fois, le 4ème parti au parlement.

    La percée des Verts fut notable à travers plusieurs avancées: leur représentation a triplé à Genève, où ils sont maintenant le plus grand parti ; leurs voix ont triplé au Tessin ; un siège a été gagné au Valais pour la toute première fois ; et plusieurs sièges ont été gagnés dans le conseil des Etats, pour la première fois dans plusieurs cantons.

    Le parti Vert’Liberal, une ancienne scission des Verts, a aussi connu une progression, passant de 9 à 16 sièges avec 8% des voix.
    Le rôle des mouvements

    Les résultats des élections ont l’empreinte des récents mouvements de masse pour les droits des femmes et pour le climat qui ont éclaté en Suisse tout au cour de l’année.

    En Septembre, 100.000 personnes sont descendues dans les rues pour le climat. De la même façon, de larges manifestations menées par des collégiens, lycéens et jeunes ont pris formes au printemps dernier, et des milliers sont devenus actifs dans des actions et manifestations locales.

    En juin dernier, 500.000 ont pris part à une grèves des femmes historique qui fut la plus grande manifestation dans l’histoire récente du pays. (voir précédent rapport: 500.000 personnes dans la rue en Suisse pour une « Grève des femmes).

    Le mouvement pour le climat ainsi que la grève des femmes furent inspirés par de nombreux événements internationaux et ont démontré la forte volonté des travailleurs et des jeunes de devenir actifs dans une lutte pour une société différente ; beaucoup devenant actifs en manifestations et en politique pour la première fois.

    Les mouvements ont aussi popularisé l’idée d’action de grève comme méthode ayant le pouvoir d’apporter un réel changement et de pousser des revendications pour la majorité de la classe ouvrière.

    Malgré l’existence d’un certain support envers les idées anticapitalistes et socialistes, l’existence d’une large ouverture politique envers ces idées au sein même du mouvement, et les efforts immenses investis par les militants, aucune direction politique correcte et claire n’a encore vu le jour.

    Cependant, malgré le manque de direction pour aider à la construction des mouvements, ces derniers ont joué un rôle décisif dans les élections, pointant vers des questions fondamentales comme celles du changement climatique, des inégalités, des salaires et des retraites, qui sont devenues beaucoup plus proéminentes et ont permis de repousser les politiques racistes et d’extrême droite.

    Dans un récent sondage précédant les élections, 27% des participants ont nommé le changement climatique comme jouant un rôle déterminant dans leur vote, 21% ont nommé le coût de l’assurance maladie obligatoire, tandis que le problème d’immigration a baissé et ne fut nommé que par 19%.

    La grève des femmes et le mouvement pour le climat furent le résultat de l’organisation d’actions par des milliers de jeunes et de travailleurs. A cause du manque d’organisation politique de ces mouvements, les Verts ont pu exploiter ce sentiment politique dans la société. Il est vrai que les Verts ont consciemment tenté de se mettre à l’avant de ces deux mouvements.

    Un sondage effectué après les votes a montré qu’un jeune sur cinq a voté pour les Verts, et un sur trois si l’on inclut les Vert’Libéraux. Les Verts ont aussi gagné 28% de leur soutien à travers ceux qui s’étaient abstenus aux élections précédentes.

    Les limites des Verts

    Les Verts ont parlé de demander des comptes au secteur financier. Leur président Regula Rytz a mis en avant le besoin d’un secteur financier Suisse qui ‘n’investit plus dans le charbon et les énergies fossiles’.

    Pour le capital financier Suisse, ne plus investir dans les énergies fossiles marquerait la dévaluation des stocks dans l’un des principaux centre financiers d’Europe, un acte qui ne sera jamais organisé volontairement par la classe capitaliste.

    Pour exécuter un réel changement qui serait en ligne avec les attentes du mouvement pour le climat, il faudrait une rupture totale avec le marché capitaliste et avec le monopole privé des richesses par les patrons.

    Cependant, les Verts sont étroitement liés aux politiques pro-marché et ont joué un rôle, aux côtés du Parti Socialiste, dans les coupes des dépenses publiques et dans la privatisation à échelle locale et cantonale.

    Une discussion a maintenant pris forme autour du besoin d’altérer la traditionnelle ‘formule magique’ d’entente sur le partage du pouvoir pour amener les Verts au Conseil Fédéral (qui est constitué de 7 ministres, tous provenant en permanence des 4 mêmes partis politiques). Lisa Mazzone, vice-présidente des Verts, déclarait : ‘nous avons l’intention d’être une force dans le gouvernement’.

    Mais les Verts ne défieront pas le capitalisme. Leurs nouvelles positions seront testées, surtout s’ils entrent au gouvernement, et seront jugés lacunaires.

    Un repli pour la droite

    La droite a subi un revers dans ces élections. Chaque parti traditionnel a perdu des voix: le Parti Libéral-Radical (PLR), le Parti Démocrate-Chrétien (PDC) et le Parti Socialiste (PS). Mais c’est la droite populiste, l’Union Démocratique du Centre (UDC), qui a perdu le plus : -12 sièges. L’UDC reste cependant le plus gros parti au parlement fédéral ; une position qu’ils ont maintenu depuis 2003 et qui avait fortement augmenté en 2015.

    Le parti a fait campagne avec une infâme rhétorique raciste, profilant une affiche déclarant : ‘défendons la Suisse’ et ‘protégeons les Suisses’ ‘des insécurités, des viols et des agressions’, tout en mettant en scène les dessins d’un maghrébin barbu, d’un Eurocrate et de Greta Thunberg !

    Par ailleurs, le parti populiste de droite basé à Genève, le Mouvement des Citoyens Genevois (MCG), a perdu son siège au parlement. La Lega, basée dans le canton italophone du Tessin, a aussi perdu un siège et n’a maintenant qu’une place au parlement.

    Malgré avoir perdu du terrain dans ces élections, le populisme de droite et d’extrême droite reste une menace, puisque l’UDC reste le parti principal au parlement. Bien qu’ils reçoivent du soutien du côté des réactionnaires, ils doivent leur succès électoral à leur tactique d’exploitation du sentiment publique anti-establishment et d’insécurité économique. Ayant implémenté des coupes dans les dépenses publiques et des mesures d’austérités, et ayant été incapables de répondre aux peurs et attentes du peuple, le Parti Socialiste et les Verts n’ont pu faire obstacle à l’UDC de façon décisive. La seule manière de réellement défier l’extrême droite, c’est à travers un mouvement des travailleurs uni, qui ne tient pas compte des origines des travailleurs et les armerait d’une alternative de gauche forte et militante.
    Un tel mouvement viendrait se confronter à l’initiative populaire (initiée par l’UDC, pour attaquer le droit des migrants et qui sera votée en mai) et pourrait défendre les droits des immigrés tout en s’opposant à une spirale vers le bas, à l’austérité et à la précarité au travail, et mettant en avant une opposition socialiste et internationale à l’Union Européenne.

    Des nuages économiques à l’horizon…

    Bien que la classe dirigeante suisse fasse envie à la classes capitaliste dans le monde entier – pour son taux de chômage faible, sa faible dette publique et sa politique relativement stable – la moindre idée que la Suisse puisse être une exception est très superficielle. La Suisse n’est pas immune aux développements économiques et politiques globaux. Le fait est qu’il y a des nuages à l’horizon pour le capitalisme suisse.

    Le capitalisme suisse dépend d’une croissance alimentée par l’exportation et a déjà subi un impact négatif suite aux conflits commerciaux mondiaux et au processus de déglobalisation. Sous l’effet du ralentissement économique en Allemagne et ailleurs, l’économie suisse n’a fait que stagner. L’investissement privé ne fait que diminuer et la Suisse a connu une croissance négative dans les deux dernier trimestres de 2018, et une croissance anémique de seulement 0.4% au premier trimestre de cette année.

    Le capitalisme suisse a aussi été affecté par l’incertitude croissante de ne pas savoir si ses traités bilatéraux avec l’UE pourront être renégociés. Les négociations ont en effet été bloquées avec l’UE qui pousse pour une libéralisation plus importante de l’économie et pour la baisse de protection des droits des travailleurs.

    En Suisse, le chômage est faible avec seulement 2.3%. Cependant, cela masque l’augmentation des conditions précaires et du nombre d’emplois à temps partiels, surtout parmi les jeunes.

    Tout comme dans le reste de l’Europe, les conditions des travailleurs en Suisse ont été attaquées lors de la grande récession et se sont heurtés à une certaine résistance que l’on a pu voir, par exemple, dans les grèves du secteur public à Genève et dans l’opposition aux attaques sur les droits à la pension.

    La crise économique qui s’annonce fera à nouveau pression sur les travailleurs et les services publics, ce qui entraînera des opportunités pour développer de nouveaux mouvements. Il est essentiel que le mouvement syndical s’empare de ces opportunités.

    Le potentiel pour la gauche

    Bien que la gauche n’ait pas fait la Une de beaucoup de médias, ses résultats ont été très positifs lors des élections, et, mis à part les Verts et les Vert’Libéraux, elle fut la seule force politique a gagner des voix.

    A Genève, l’organisation anticapitaliste SolidaritéS, faisant partie d’Ensemble à Gauche, a gagné 7.2% des voix dans le canton, et un siège au Conseil National. La dernière fois qu’ils avaient obtenu un siège, c’était il y a 12 ans. Le Parti Suisse du Travail/Parti Ouvrier et Populaire (PST-POP) a aussi maintenu son siège à Neuchâtel, mais avec davantage de voix, remportant 14.1% des votes. De la même façon, Ensemble à Gauche a augmenté sa part du vote populaire à Vaud, remportant 4.1% mais n’obtenant pas assez de voix pour gagner un siège.
    Ces sièges au Conseil National sont un gain important. Ils peuvent être utilisés pour permettre aux travailleurs de se faire entendre au niveau fédéral ainsi que pour donner une voix aux dizaines de milliers de travailleurs et de jeunes devenant actifs. Ils peuvent aussi aider à établir un lien entre les mouvements émergents et les travailleurs qui chercheront à défendre leur emploi, salaire, conditions et services publics dans la période à venir. Ces positions au Conseil National peuvent aussi être utilisées pour mettre en avant des stratégies claires pour les mouvements, pour remporter des victoires, y compris en organisant des actions de grève et des initiatives politiques.

    La clé, cependant, est qu’une alternative socialiste claire soit proposée, qui rompe avec la logique de marché capitaliste, pour satisfaire les besoins des travailleurs, mettre fin aux inégalités et garantir une politique adéquate pour faire face au changement climatique.

  • 500.000 personnes dans la rue en Suisse pour une “Grève des femmes”

    Plus de 500.000 femmes, travailleurs et jeunes sont descendus dans les rues de toute la Suisse le 14 juin dernier dans le cadre d’une grève nationale des femmes.

    Par Valerie Leary, militante de la campagne socialiste féministe ROSA en Irlande et membre du Socialist Party (CIO-Irlande).

    L’ampleur même des manifestations dans de nombreuses villes a envoyé un message clair : le statu quo ne sera plus toléré. Rien que dans les rues de Zurich, 160.000 personnes ont manifesté, tandis que 40.000 se sont rassemblées devant le Parlement à Berne, de 40.000 à 50.000 ont manifesté à Lausanne et à Bâle, 25.000 à Genève, 12.000 à Fribourg et à Sion et, dans des villes beaucoup plus petites comme Neuchâtel, Saint-Gall et Delémont, le chiffre oscille entre 4.000 et 10.000.

    Aucun changement significatif

    Cette action historique représente la plus grande mobilisation de l’histoire récente du pays et a été entreprise près de 30 ans après la grève nationale des femmes de 1991 qui avait également connu une mobilisation massive de plus de 500.000 femmes dans les rues du pays. Le mouvement avait forcé la mise en œuvre de la législation sur l’égalité, y compris l’égalité salariale et l’introduction du congé maternité. L’égalité avait été inscrite dans la Constitution une décennie plus tôt, en 1981, mais peu avait été fait pour que cela soit suivi de lois. Cette mobilisation avait été nécessaire pour forcer l’establishment à agir.

    30 ans plus tard, les revendications n’ont pas vraiment changé. En Suisse, les femmes gagnent encore en moyenne 20% de moins que leurs homologues masculins, elles sont plus susceptibles d’occuper des emplois précaires et faiblement rémunérés, elles ont des pensions moins élevées et elles effectuent 282 millions d’heures de travail non rémunéré chaque année à domicile ou sous forme de travail bénévole (l’équivalent de 148.000 postes à plein temps). Récemment, le Parlement a voté contre deux propositions visant à introduire le congé de paternité.

    Les grévistes réclament l’égalité de rémunération à travail égal et la fin des conditions précaires, des pensions décentes combinées à un abaissement de l’âge de la retraite, une revalorisation du travail domestique et des soins, une réduction du temps de travail sans perte de salaire, la socialisation des soins aux enfants et du travail de soins que les femmes font généralement à la maison, le droit de choisir et le droit à l’autonomie corporelle qu’il s’agisse d’avortement, de sexualité ou d’identité de genre, la fin de la violence et du harcèlement sexistes, homophobes et transphobes, les droits des migrants, une éducation sexuelle inclusive et globale dans les écoles, la solidarité internationale et la fin du racisme !

    S’organiser

    La grève a d’abord été déclenchée par les femmes dans les syndicats qui ont adopté une résolution lors du Congrès syndical suisse en juin de l’année dernière, appelant à une grève le 14 juin 2019. Immédiatement après, une assemblée a été convoquée, à laquelle ont participé quelque 150 délégués de chaque canton. Depuis lors, des collectifs de femmes se sont formés dans chaque région, ville et village avec à leur tête des militantes syndicales, des travailleuses ordinaires, des étudiantes et des jeunes. La dynamique a clairement été inspirée par la récente vague de mouvements et de luttes féministes dans le monde, dont la grève de masse à l’occasion de la Journée internationale des femmes de 2018 dans l’État espagnol ainsi que par le récent mouvement des jeunes contre la catastrophe climatique. Les collectifs ont organisé une assemblée en mars pour appeler officiellement à la grève du 14 juin et à laquelle plus de 500 femmes venant de tout le pays ont participé.

    Au cours de l’année écoulée, les collectifs ont organisé et participé à de nombreuses manifestations et actions telles que des manifestations et des actions de désobéissance civile. Ils ont notamment pris part à la manifestation contre le changement climatique, ont organisé des manifestations et des actions à l’occasion de la Journée internationale des femmes et sont intervenus dans les manifestations du 1er mai. Au cours des derniers mois, d’autres mesures ont été prises pour préparer la grève, notamment diverses interventions et performances artistiques dans des espaces publics, le déploiement de banderoles sur les ponts et la création d’une station de radio féministe. La grève a reçu un large soutien au sein de la population, les sondages montrent que 63 % des femmes étaient en faveur de la grève. Une femme sur cinq prévoyait de participer à la grève ce jour-là et les hashtags #frauenstreik2019 et #2019grevefeministe faisaient tendance sur les médias sociaux.

    14 juin – Journée de protestations et de piquets de grève

    Les manifestations du 14 juin ont commencé à 1 heure du matin par des actions dans de nombreuses villes, y compris des marches contre la violence sexiste, le déploiement de banderoles sur des monuments historiques, des manifestations bruyantes de “casseroles” et des feux de joie. Dès le matin, des piquets de grève ont été organisés dans de nombreux lieux de travail, notamment à l’extérieur des hôpitaux, des maisons de repos et des établissements de soins, avec des actions de solidarité et des piquets de grève des nettoyeurs, des éboueurs et autres professions traditionnellement masculines.

    Des petits-déjeuners ont été organisés sur les piquets de chaque ville pour soutenir les grévistes, ces actions du matin ont réuni plus de 100.000 personnes à l’échelle nationale. Tout au long de la journée, des ateliers improvisés de fabrication de pancartes dans les écoles ou dans la rue, des pique-niques, des discours et des chorales féministes ont été organisés et ont culminé avec les manifestations de l’après-midi organisées dans chaque ville et municipalité.

    Les organisations patronales ont vivement critiqué la grève, la qualifiant d’illégale et s’opposant fermement à ses revendications. Cependant, le mouvement et la pression étaient tels que de nombreux employeurs ont été forcés d’adopter une position conciliante et de permettre au personnel de participer à l’action d’une manière ou d’une autre.

    Les partis traditionnels de droite tels que le PLR (Parti libéral radical), les ministres du gouvernement et les politiciens de droite de haut niveau ont également subi des pressions pour montrer une certaine forme de soutien à l’action. Ce jour-là, l’UDC (Union du Centre Démocratique), un parti bourgeois conservateur d’extrême droite, s’est sans surprise opposé à la grève, ses membres féminines organisaient un déjeuner de charité pour collecter des fonds pour une organisation anti-avortement pour marquer cette journée !!

    Nécessité d’un parti des travailleurs

    Les Verts et le PS se sont consciemment mis en avant dans ce mouvement. Cependant, ils ne représentent pas d’alternative. Elles participent au pouvoir depuis des décennies, tant au niveau fédéral qu’au niveau cantonal, et sont constamment orientées vers la droite, soutiennent les politiques d’austérité qui frappent le plus durement les femmes et la classe ouvrière et ne proposent que des réformes édulcorées.

    Bien que les militantes syndicales aient été l’épine dorsale de ce mouvement et que leurs revendications soient claires, le mouvement est politiquement très éclectique et confus, sans perspective anticapitaliste claire de la part des collectifs et avec la présence d’éléments de féminisme libéral.

    Il faut une alternative de gauche claire et reposant sur la classe des travailleurs en Suisse, une alternative capable de mettre en avant les revendications du mouvement. Comme dans le reste de l’Europe, les conditions de travail des travailleurs en Suisse sont attaquées, mais aucun parti ne représente leurs intérêts à l’échelle nationale. Une telle alternative pourrait constituer un grand pas en avant.

    Une nouvelle génération entre en action

    L’élan acquis par le mouvement au cours des derniers mois est vraiment inspirant et a permis à de nombreuses jeunes femmes, travailleuses et étudiantes de s’engager pour la première fois en politique. L’action a également popularisé l’idée de l’action de grève comme méthode qui peut imposer le changement et arracher des revendications qui bénéficieront à la classe ouvrière dans son ensemble.

    Un appel a été lancé pour que les collectifs se réunissent le 2 juillet afin de discuter d’une stratégie pour aller de l’avant. La lutte doit se poursuivre sur l’élan de cette grève et des appels doivent être lancés à destination du mouvement syndical pour exiger l’organisation d’actions, y compris une grève impliquant tous les travailleurs. Pour répondre aux aspirations des centaines de milliers de personnes qui sont descendues dans la rue, il faut remettre en question le système capitaliste – qui repose sur l’exploitation et qui engendre inégalités et discriminations – et construire une alternative socialiste.

  • Suisse: L'austérité budgétaire met le feu au lac

    suisse

    La droite populiste de l’UDC remporte des victoires électorales, mais la résistance s’organise face aux attaques lancées à tous les échelons contre les travailleurs

    Les populistes de droite de l’UDC ont remporté deux succès électoraux d’envergure : aux élections législatives et au gouvernement. Ceci dans un contexte de réformes sur la fiscalité des entreprises ainsi que d’assainissements budgétaires sur le dos des travailleurs alors que le niveau d’alerte antiterroriste a été élevé à Genève.

    Par Alexandre et Stéphane (Bruxelles)

    Le jeudi 10 décembre dernier, Genève a élevé son niveau d’alerte anti-terroriste, les autorités soupçonnant la présence, dans les environs de la ville, de suspects en relation avec l’Etat Islamique et avec les attentats du 13 novembre dernier à Paris. Des mesures de sécurité exceptionnelles ont été prises, avec le déploiement de nombreuses forces de police et de la garde des Nations-Unies (au Palais des Nations, le siège de l’ONU) équipées de fusils d’assaut, tandis que les contrôles aux frontières suisses ont été renforcés. Cette situation se déroule juste après une période électorale qui a vu les élections législatives le 18 octobre et une élection au sein du Conseil fédéral (gouvernement) ce mercredi 9 décembre.

    Le parti populiste de droite Union démocratique du Centre (UDC) a marqué la campagne de son emprunte, à coups de propagande anti-immigration de masse et dans le cadre de la discussion autour d’une «clause de sauvegarde» pour limiter l’immigration européenne vers la Suisse. L’UDC a remporté 29,4% des voix et 11 sièges de plus au Conseil national (chambre des représentants), ce qui porte à 65 leur nombre de députés (sur un total de 200). L’autre vainqueur, le Parti libéral-radical (PLR) a obtenu 16,4% et 3 sièges de plus. Les deux partis considérés comme étant les plus à droite sortent ainsi renforcés de ces élections.

    Ces résultats ont permis à l’UDC de revendiquer un siège de plus au Conseil fédéral, pour remplacer la ministre démissionnaire Eveline Widmer-Schlumpf, du Parti bourgeois démocratique (PBD), l’un des perdant des élections législatives. Avec Guy Parmelin, élu par le Conseil national le 9 décembre, l’UDC porte ainsi à 2 (sur 7) ses membres du gouvernement suisse.

    La gauche officielle paie sa participation aux politiques d’austérité budgétaire

    Aux élections d’octobre, le Parti socialiste suisse (PSS, 18,8%) et le Parti écologiste suisse (PES, 7,1%) ont perdu respectivement 3 et 4 sièges au Conseil national. Ils paient ainsi leur participation aux politiques néolibérales antisociales menées aux différents échelons de gestion politique auxquels ils sont associés au pouvoir. Ils paient aussi leur incapacité à répondre aux questionnements des travailleurs et de la jeunesse dans un contexte de crise économique qui touche aussi la Suisse.

    Les économistes de Credit Suisse viennent par ailleurs de revoir à la baisse leurs estimations de croissance pour 2016, de 1,2 à 1%, après une croissance de 0,8% cette année. La force du franc suisse plombe les exportations, et le chômage grimpe, avec un taux officiel prévu de 3,3% en 2015 et 3,7% l’an prochain. Cette situation touche particulièrement l’industrie, mais aussi le commerce et le secteur financier.

    Même si la Suisse peut compter sur un niveau de vie en moyenne plus élevé que la plupart des autres Etats européens, les pénuries dans un système en crise se font tout de même sentir, et sont croissantes. La crainte d’un avenir plus sombre s’y développe aussi, tant pour les plus faibles revenus que pour les couches ayant accès à davantage de moyens. La question de l’immigration, plus forte aujourd’hui qu’auparavant, joue un grand rôle dans ce contexte. Le manque de moyens pour des logements, des emplois et des services publics de qualité se fait et se fera encore plus sentir avec l’arrivée de nouvelles familles.

    L’UDC a été capable de surfer sur ces craintes, en misant sur la division des travailleurs, pendant que la gauche officielle en Suisse ne parvient pas à offrir une réelle alternative. Les travailleurs et les jeunes ont besoin de réponses sûres et concrètes concernant les pénuries, la sécurité et les attaques toujours plus grandes contre leurs conditions de vie et de travail. Seul un mouvement unitaire de tous les travailleurs, quel que soient leurs origines, sera capable d’offrir une réponse de classe pour satisfaire pour dépasser ces pénuries et balayer la droite.

    Pendant que les travailleurs subissent, les gros actionnaires sont récompensés

    Le régime fiscal spécial suisse est depuis quelques temps pointé du doigt au niveau international, notamment par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), le Groupe des vingt principaux pays industrialisés et émergents (G20) et l’Union européenne (UE). Pour se conformer aux règlements internationaux, sous pression de l’Europe, le parlement a dû mettre sur pieds la troisième réforme de l’imposition des entreprises (RIE III), qui prévoit la suppression des régimes fiscaux cantonaux accordés aux holdings et aux sociétés d’administration. Avec la RIE III, les autorités espèrent renforcer la position de la Suisse face à la concurrence fiscale internationale, ainsi que la sécurité juridique et la sécurité en matière de planification pour les entreprises.

    Les Etats voisins veulent éviter que les entreprises s’installent en Suisse pour bénéficier des avantages fiscaux. Mais pour faire passer cette pilule auprès des gros actionnaires, la majorité des élus a refusé la proposition d’augmentation de la taxation sur les dividendes des actions. Il s’agirait d’une perte de 2 milliards de francs suisses (1,85 milliards d’euros). Cette question pourrait cependant très vite se retrouver à l’agenda d’un référendum dont l’issue ne serait pas gagnée d’avance pour la poignée de profiteurs.

    Les femmes, cibles d’attaques antisociales

    La réforme ‘Prévoyance vieillesse 2020’ veut notamment relever l’âge de la retraite à 65 ans pour les femmes, afin de réaliser une économie supplémentaire de 1,3 milliards de francs suisses (1,2 milliards d’euros). Comme l’avance le syndicat Unia, cette attaque n’est qu’un premier pas pour aller vers une retraite à 67 ans pour tous.

    Les femmes ne sont d’ailleurs pas au bout de leur peine, puisqu’une flexibilisation des horaires d’ouverture des magasins est aussi à l’œuvre. Dans ce secteur à bas salaires qu’est la vente, 50.000 personnes, dont 40.000 femmes, gagnent moins de 4.000 francs suisses (3.700 euros) par an. A juste titre, Unia critique notamment le fait que des horaires encore plus flexibles détruiraient les vies sociales et de famille de tous les travailleurs du secteur. Encore une fois, ce sont les couches les plus fragilisées qui paient le prix, avec la claire intention d’ensuite attaquer l’ensemble du mouvement des travailleurs.

    A Genève, les fonctionnaires organisent la résistance

    Les différents gouvernements cantonaux (Conseils d’Etat en Suisse romande) sont en train de préparer leur projet de budget 2016, prévoyant ici et là des plans d’assainissement budgétaires. A Neuchâtel, le Conseil d’Etat veut notamment aboutir à 155 millions de franc d’économies (143 millions d’euros). A Genève, un plan de réduction des dépenses publiques d’envergure est lancé : réduction de 5% de la masse salariale de l’Etat en trois ans, augmentation du temps de travail de 40 à 42 heures, gel des annuités, procédures facilitées de licenciements et non remplacement des départs. Pas moins de 1.800 postes pourraient ainsi disparaître.

    Face à cette attaque, les fonctionnaires ont clairement montré la voie à suivre. Un premier jour de grève a été lancé le 10 novembre, où 10.000 fonctionnaires et étudiants étaient descendus dans les rues. Entretemps, cinq autres journées de grève ont eu lieues. Les autorités de Genève ont un temps essayé d’utiliser l’élévation du niveau d’alerte terroriste pour freiner la contestation. Mais ce lundi 14 décembre, 400 à 500 personnes réunies en assemblée générale du Comité de lutte des services publics ont décidé de relancer la grève reconductible pour la journée de ce mardi 15 décembre. La colère est grande, mais le mouvement risque de s’épuiser. Le lendemain, le Cartel intersyndical de la fonction publique a d’ailleurs décidé de signer un accord avec le Conseil d’Etat, instaurant une trêve de la grève jusqu’au 21 mars. Une trêve qui n’empêche pas les manifestations, et un rassemblement a directement été organisée dans la foulée. Mis sous pression, le gouvernement a tout reporté. Le mouvement exceptionnel de ces dernières semaines a maintenant face à lui la nécessité de reprendre son souffle et d’accentuer la pression, notamment en essayant de rallier à eux des travailleurs d’autres secteurs.

    Le mouvement des travailleurs et la gauche doivent organiser la résistance et proposer une alternative sociétale

    Avec les résultats des élections d’octobre, le parti de gauche POP (Parti ouvrier et populaire – Parti suisse du travail) revient au Conseil national après 4 années d’absence, grâce à l’élection du maire du Locle, Denis de la Reussille, dans le canton de Neuchâtel. Il semble cependant que ses autres résultats soient en général plutôt décevant, puisque le POP et ses alliés pensaient pouvoir compter sur l’un ou l’autre élu de plus, surtout dans les cantons de Vaud et de Genève.

    Mais pouvoir compter sur une voix représentant la classe des travailleurs au parlement fédéral de Berne est un élément très important. Le challenge est grand pour un tel représentant. Il sera crucial de relayer les luttes des travailleurs et de la jeunesse sur le plan national et de créer des liens entre les mouvements de résistance qui se développent un peu partout, en s’appuyant sur les très bons exemples comme celui des fonctionnaires genevois, et promouvoir ainsi la nécessité d’un mouvement généralisé contre les politiques d’austérité budgétaire.

    Mais la tâche est aussi de populariser les réponses de gauche à apporter concernant toutes les craintes vécues parmi les travailleurs et la jeunesse et de proposer une alternative de société. De petites mesures progressistes peuvent bien sûr jouer un rôle, certainement pour soulager le quotidien des travailleurs. Mais elles peuvent surtout servir de levier pour mettre en avant un autre type de société : une société socialiste démocratique, réellement solidaire, dont le but est la satisfaction des besoins de l’ensemble des travailleurs, et non ceux de quelques actionnaires capitalistes.

  • Une politique scientifique qui n’entraîne aucun progrès social

    Les moyens publics pour la recherche et l’innovation sont surtout orientés vers un groupe très select d’entreprises qui encaissent les subsides et suppriment pourtant des emplois. Une réponse de la Ministre flamande de l’Innovation, des Investissements publics, des Médias et de la Lutte contre la Pauvreté Ingrid Lieten (SP.a) à une question posée au parlement flamand a démontré que 59% des subsides attribués entre 2002 en 2011 sont arrivés dans les caisses de dix grandes entreprises qui, dans la même période, ont supprimé 6.600 emplois. Il s’agit entre autres de Janssen Pharmaceutica, Alcatel-Lucent, Philips, Umicore, Bekaert, ON Semiconductors et Agfa. Du côté francophone, nous ne disposons pas de chiffres, mais, là aussi, Jean Claude Marcourt, Demotte & Co accentuent le développement du soutien au secteur de l’innovation. Pour stimuler l’emploi bien sûr…

    Par Tim (Bruxelles)

    “Ecosystèmes et emplois indirects”

    La ministre Lieten a bien été forcée d’admettre que ces données étaient spectaculaires, en rajoutant toutefois très vite que les subsides pour l’innovation et la recherche ‘‘ne servent pas seulement à créer l’emploi chez les entreprises soutenues’’, que les ‘‘écosystèmes et les emplois indirects’’ sont également importants. Il faut autrement dit tenir également en compte les activités économiques des fournisseurs et des clients de l’entreprise en question. Le revers de la médaille, c’est bien sûr le fait qu’avec la fermeture d’une grande entreprise, c’est tout son ‘écosystème’ qui est menacé. Les fermetures et les licenciements chez Ford, ArcelorMittal ou Catterpillar entraînent déjà une importante dislocation économique dans des régions entières.

    Les dossiers introduits par les entreprises pour recevoir des subsides pour la recherche et le développement sont tenus secrets. Nous ne disposons donc d’aucune donnée publique sur la manière dont ces entreprises calculent les retombées économiques et sociales de leurs investissements. C’est bien dommage. Tout ce que nous savons avec certitude, c’est que l’agence flamande pour ‘‘l’Innovation par la Science et la Technologie’’ (IWT) distribue chaque année environ 110 millions d’euros de subsides à des entreprises qui organisent des bains de sang sociaux. Un certain contrôle serait peut-être le bienvenu…

    “Valeur ajoutée”

    L’IWT soutient en principe des projets dont la valeur ajoutée est au moins 25 fois plus grande que le subside attribué. Pour chaque euro de subside, l’agence s’attend donc au moins à 25 euros de valeur ajoutée. Dans certains cas, cet objectif peut être réduit à 10. ‘‘Valeur ajoutée’’ étant une description assez vague, l’IWT ne prend en compte que les frais salariaux prouvés et les amortissements sur investissements. On ne regarde pas seulement à l’emploi supplémentaire, mais aussi aux jobs qui seraient délocalisés ou rayés de la carte faute de subside ainsi qu’aux investissements et aux emplois chez les fournisseurs, les institutions de recherche et les clients.

    Puisque cette description de ‘‘valeur ajouté’’ reste floue, comment calculer si plus d’emplois seraient perdus sans subsides ? De plus, si une ‘‘valeur ajoutée’’ est réalisée au sein de l’Espace économique européen, les subsides ne peuvent légalement pas être récupérés. Si, par exemple, une entreprise comme Bekaert reçoit des subsides des autorités pour, par après, délocaliser sa production en Slovaquie, on ne peut légalement rien y faire…

    VOKA : le problème est la recherche publique

    Avec ces chiffres qui donnent à réfléchir, on pourrait s’attendre à un minimum de modestie de la part du patronat. Ce n’est pas leur point fort. La fédération patronale flamande VOKA a lancé la contre-attaque en dénonçant le fait que la plupart des investissements publics dans la recherche tombaient dans les caisses d’organisations publiques de recherche (comme les universités) sans qu’il n’existe de ‘‘retombée positive à long terme.’’

    Au lieu d’accorder des budgets aux universités, hautes-écoles et autres institutions publiques de recherche, les petits patrons flamands veulent que le gouvernement n’investisse que dans la recherche qui a un impact économique immédiat. Une telle politique aurait signifié de ne jamais connaître bon nombre d’inventions qui font aujourd’hui notre quotidien. De plus, les institutions publiques de recherche créent directement des emplois et des investissements dans l’infrastructure. Les institutions publiques de recherche ne connaissent en effet pas le phénomène des énormes profits à verser en dividendes aux actionnaires…

    De plus, il est faux de dire que la majorité des moyens sont alloués aux institutions publiques. En 2011, l’IWT a distribué 232 millions de subsides pour la recherche et l’innovation, dont 144 millions au privé et 88 millions pour les institutions publiques ! Une partie des subsides au privé revient toutefois aux universités et aux hautes-écoles qui mettent à disposition des entreprises leur infrastructure ou leur capacité de recherche, en tant que ‘‘partenaire de recherche’’. Ainsi, 48,4% des moyens versées par l’IWT vont vers les institutions publiques. Avec ces moyens, ces institutions ont créé plus de 1.500 emplois ! C’est tout le contraire des entreprises privées.

    La problématique plus large

    Le manque d’investissements dans la recherche et développement est général. En 2002, l’Union Européenne s’était fixée pour objectif d’atteindre la ‘‘norme de 3%’’ en 2010 : les investissements publics dans la recherche et le développement devaient atteindre 1% du PIB, les investissements privés 2% du PIB. En Flandre, seulement 2,12% ont été atteint – du côté francophone, la situation est pire encore – et le secteur privé est davantage en retard que le secteur public. Parmi les pays voisins, seuls les Pays-Bas font pires que nous.

    Cela n’est pas une coïncidence. Sous le capitalisme, les entreprises n’investissent que lorsqu’elles peuvent réaliser des profits à relativement court terme. Une technologie socialement utile mais qui ne rapporte pas suffisamment de plus-value économique ne présente pas d’intérêt suivant cette approche. C’est la conséquence logique de la propriété privée des moyens de production : les capitalistes sont mutuellement en compétition, et essaient d’obtenir un rendement maximal avec leurs investissements privés. En période de crise, la spéculation et les transactions financières sont plus rentables que la recherche et le développement de la production et des activités économiques réelles. Le capitalisme se heurte à ses propres contradictions : la propriété privée des moyens de productions a atteint ses limites.

    Pour une vision socialiste

    Un véritable programme socialiste doit se fixer pour objectif de libérer la recherche et l’innovation du carcan de la propriété privé. La nationalisation des 500 plus grandes entreprises de ce pays, et leur mise sous contrôle démocratique de la collectivité, amènerait une énorme richesse qui pourrait être utilisée dans la recherche et le développement. Nous pourrions ainsi fournir de véritables moyens au développement de technologies socialement utiles. Nous pourrions investir dans des bus, des trains et des voitures de qualité et écologiques, dans des maisons passives pour combler la manque de maisons sociales,… Il serait aussi possible de rassembler toutes les recherches sur le cancer et le SIDA au lieu de la fragmentation qui existe actuellement dans des dizaines d’entreprises.


    Nationaliser pour le progrès social et technologique

    En 2011, le projet de recherche “COMPLEX” a commencé, un projet de l’Université de Gand et de 7 partenaires industriels. Le projet examine la possibilité de transformer les entreprises d’assemblages de voitures en usines où l’on peut produire tant des voitures à combustion classique que des engins hybrides et électriques.

    Les possibilités des voitures électriques sont énormes. L’Université de Gand utilise déjà plusieurs voitures aux performances très similaires à celles d’une voiture avec combustion fossile. Mais aucune entreprise n’est prête à réserver un hall de production dans ses usines pour la fabrication de voitures électriques : le risque commercial est trop grand dans une situation de surproduction. Le projet COMPLEX apporterait une solution. Mais un des cas pratiques à l’étude est le hall de production de… Ford à Genk. La fermeture de Ford menace dès lors la poursuite de cette recherche…

    Pourquoi alors ne pas nationaliser l’usine et la faire redémarrer sous contrôle public ? L’entreprise pourrait ainsi être transformée en une unité de production et de recherche publique pour la mobilité. Les lignes de production pourraient être adaptées pour pouvoir également produire des bus et des trains. Sur base des résultats du projet COMPLEX, nous pourrions commencer assez vite la production de voitures électriques. L’acier nécessaire à cette fin pourrait être trouvé à Liège, et transporté par la Meuse et le Canal Albert, pour ne pas engorger les routes.

    Pour construire de nouvelles lignes de métro ou de tram, pour élargir la jonction Nord-Midi à Bruxelles, ou pour construire des pôles de recharge pour les voitures et bus électriques, des machines de construction pourraient être fabriquées à Gosselies, où Caterpillar vient d’annoncer 1.400 licenciements. Les machines de construction et l’acier pourraient également être utilisées pour la construction de maisons sociales passives, d’écoles et de crèches modernes. En nationalisant le secteur bancaire, et en le transformant en un véhicule d’investissements publics avec des garanties par le gouvernement, et sous contrôle public, les travailleurs et leurs familles recevraient un bon taux d’intérêt garanti sur leurs épargnes, et il y aurait des crédits à bon marché pour les maison particulières et pour les PME.

    Dans le cadre du système actuel, tout ceci est impossible. Mais les moyens pour une telle politique existent. Pensons seulement aux 30-35 milliards d’euros que des Belges ont illégalement planqués en Suisse, ou aux 92 milliards d’euros de profits des entreprises belges (2009). Aujourd’hui, ceci pourrait paraitre irréaliste, mais n’est-il pas plus irréaliste de continuer à assainir et de supprimer des emplois et des services publics quand des alternatives existent ?

  • De l’argent, il y en a ! Les Belges les plus riches ont 30 milliards d’euros sur leurs comptes en Suisse !

    Ce discours, nous l’avons entendu maintes et maintes fois : nous devons ‘‘tous’’ nous serrer un peu plus la ceinture, quitte à faire un trou de plus. Mais avec ce ‘‘tous’’, il est surtout question des travailleurs et de leurs familles. Eux doivent voir leur niveau de vie se dégrader tandis qu’une petite élite de riches continue de concentrer des moyens gigantesques entre ses mains. Ainsi, les Belges les plus riches disposent d’au moins 30 milliards d’euros en Suisse.

    Ce chiffre est directement issu de la Banque Nationale Suisse et a été publié ce matin dans la presse belge. Compte tenu du secret bancaire, les détails des titulaires de ces comptes n’ont pas été dévoilés. Afin de maintenir ce secret bancaire, la Suisse propose d’imposer une taxe unique de 34% sur tout cet argent et de livrer le fruit de cette taxe à la Belgique. Un tel accord a déjà été conclu précédemment entre la Suisse et l’Allemagne, la Grande-Bretagne,… La Suisse héberge de grandes quantités d’argent ‘‘noir’’.

    Le gouvernement belge refuse de conclure cet accord, ce qui revient à un manque à gagner de 10 milliards d’euros. C’est que l’Etat belge, tout comme la Commission Européenne, privilégient la suppression totale du secret bancaire. Ces 30 milliards d’euros planqués en Suisse s’ajoutent aux plus de 229,16 milliards d’euros d’épargne des Belges. Ce dernier chiffre provient de la Banque Nationale Belge et représente la situation du mois d’août, mois marqué par une augmentation de 10 milliards d’euros par rapport au mois précédent.

    Cet argent planqué Suisse représente 3.000 euros par Belge. Mais il y a bien peu de chances que les 99.362 Belges qui ont actuellement recours à la procédure de règlement collectif des dettes soient concernés… En bref, de l’argent, il y en a, et les besoins sont nombreux dans cette société caractérisée par la pénurie d’emplois, de logements décents, de places à l’école,… Pourquoi donc continuer à s’en prendre aux pensions, aux allocations sociales et à l’épargne de la population alors que les supers-riches disposent de gigantesques réserves ? Pourquoi ne pas aller chercher l’argent là où il est ?

    Le fossé monumental qui existe entre des riches toujours plus riches et le reste de la population (confrontée à la faim, à la pauvreté, au chômage,…) s’exprime par différents chiffres. Les 1.000 personnes les plus riches au monde contrôle ensemble une richesse équivalente à celle des 2,5 milliards de personnes les plus pauvres ! Les supers-riches dominent aussi le monde politique : aux Etats-Unis, 67% des sénateurs américains sont millionnaires et eux n’ont pas trop de soucis à se faire pour leurs fins de mois. Entre 2009 et 2011, la richesse combinée des membres du Congrès américains a augmenté de 11%. Ce genre de choses, ils préfèrent éviter de le dire à leurs électeurs…

    Les contradictions croissantes entre riches et pauvres sont inscrites dans le code génétique du système capitaliste. Un impôt sur la fortune constituerait un pas en avant, mais cela ne serait pas suffisant pour faire disparaître ces contradictions. Tant que les moyens de production des richesses – réalisée par le travail de la majorité de la population – resteront accaparés par une élite de capitalistes, cette infime minorité continuera à privilégier ses intérêts au détriment de tout le reste.

    Ne nous contentons pas des miettes qui tombent du banquet des puissants, exigeons le contrôle démocratique de la population sur l’ensemble des secteurs-clés de l’économie (finance, énergie, sidérurgie, agro-alimentaire,…). Nous pourrons ainsi – enfin – décider de la manière de produire ce qui est nécessaire pour répondre aux besoins de la population dans le respect de l’environnement. Cette société solidaire, celle pour laquelle le PSL se bat, s’appelle une société socialiste.

  • Hong-Kong : 15 ans après le retour à la Chine, la démocratie est toujours absente et les inégalités sont plus grandes que jamais.

    Ce premier juillet, alors que Hong-Kong fêtait le 15e anniversaire de son retour à la Chine, une manifestation antigouvernementale massive a eu lieu. L’an dernier, plus de 200.000 personnes avaient participé à cet évènement devenu annuel depuis 2003. Cela suffit à démontrer les vives tensions qui existent dans les relations entre le gouvernement central de Pékin et la région administrative spéciale de Hong Kong, depuis que celle-ci a été rétrocédée par les Britanniques en 1997.

    chinaworker.info

    La manifestation « 7.1 » (pour le premier juillet) organisée cette année était un baptême du feu pour le nouveau chef exécutif (à la tête du gouvernement), Leung Chun-ying, alors qu’il entrait au pouvoir. Leung, que l’on surnomme CY, est un politicien capitaliste avec des tendances clairement autoritaires. Il est aussi soupçonné d’être membre du parti ‘‘communiste’’ au pouvoir (PCC). Comme beaucoup d’autres membres de l’élite, Leung nie ces allégations en bloc. Même si le PCC détient les rênes du pouvoir, officiellement, il n’existe pas à Hong-Kong, et préfère opérer dans l’ombre.

    Le PCC est fortement impopulaire, surtout parmi les jeunes. En tant que parti officiel, s’il n’avait pas le monopole politique qu’il exerce en Chine continentale, le PCC serait inévitablement miné par des dénonciations populaires plus fréquentes, des sondages d’opinions défavorables et des pertes majeures au niveau électoral. Cela remettrait fortement la légitimité du parti en question, et pas seulement à Hong-Kong.

    La commentatrice et auteure libérale, Christine Loh décrit le système hongkongais assez poliment en le qualifiant de ‘‘capitalisme antidémocratique’’. Même si cette zone du territoire jouit d’un certain degré d’autonomie, le peuple ne peut pas élire de gouvernement car celui-ci est désigné d’office par la dictature du PCC, en consultation avec les milliardaires d’Hong-Kong, les Tycoons. Le PCC a conservé le système gouvernemental antidémocratique hérité des Britanniques, et n’y a apporté que très peu de modifications.

    Les vagues de manifestations successives et les revendications pour ‘‘une personne, une voix’’ qui ont été scandées par les masses ont été accueillies par le gouvernement central et ses représentants locaux par des tactiques de retardement, des pseudos ‘‘réformes’’ et d’autres manœuvres de ce type. Les Tycoons capitalistes et le conglomérat qui contrôle l’économie ne cachent pas leur opposition face à une transition démocratique plus rapide. Ils avancent que cela conduirait à un Etat-Providence et que cela minerait fortement leur compétitivité (c’est-à-dire leurs profits). La faible cadence des changements démocratiques est l’une des causes principales de ce sentiment antigouvernemental. D’autres facteurs tels que la crise immobilière, l’extrême disparité des richesses, le copinage entre les hommes d’affaires et les hommes d’Etat, etc. ont poussé le mécontentement au sein de la population à un point de non-retour.

    Malgré le caractère antidémocratique de son système, Hong-Kong est souvent considéré comme ‘‘l’économie la plus libre du monde’’ par les think tanks libéraux. La Fondation Heritage (l’un des plus importants think tank conservateur américain lié au Wall Street Journal) place régulièrement Hong-Kong au sommet de ses listes des ‘‘économies les plus libres’’. Si on veut établir une comparaison, dans les listes récentes, la Grande-Bretagne est arrivée 14ième et l’Allemagne 26ième.

    Extrême disparité des richesses

    Néanmoins, selon les Nations Unies, Hong-Kong détient le record de la disparité des richesses de toutes les économies développées. De nombreuses études observent que cette région détient aussi celui des ‘‘logements les moins abordables au monde’’. Les prix des logements ont augmenté de 82% depuis la fin de l’année 2008. Ces prix ont été fortement propulsés par le dollar américain bon marché et les taux d’intérêts américains extrêmement bas (par lequel Hong-Kong est lié à travers un ancrage de la devise) et un afflux du capital en provenance de la Chine continentale en quête de gains spéculatifs et d’un moyen de contourner les contrôles du capital exercés par Pékin. Les continentaux représentent plus d’un tiers des contrats de propriété immobilière depuis 2008.

    Hong Kong accueille plus de millionnaires que n’importe quelle autre ville de cette taille, mais ne dépense qu’une fraction de ce que les autres économies allouent à leurs services sociaux, leurs systèmes d’éducation et leurs pensions. On estime qu’environ 300.000 personnes (des femmes pour la majorité) ramassent les poubelles dans la rue chaque jour afin de gagner un peu d’argent grâce au recyclage. Et depuis que le pays a récupéré Hong Kong, la disparité en Chine a encore augmenté. La proportion de la population vivant sous le seuil de pauvreté a augmenté de 14,8% en 1995 pour atteindre 18% aujourd’hui. Alors que le PIB a augmenté de 30% ces dernières années, le salaire moyen mensuel a stagné, variant de 10000$HK en 2011 à 11000$HK aujourd’hui, partiellement à cause de la réduction du salaire minimum de l’année dernière.

    L’empire des Tycoons

    A Hong Kong, le terme ‘‘propriété hégémonique’’ est largement répandu. Il décrit la manière dont certaines dynasties de Tycoons contrôlent la majeure partie de l’économie. Ils détiennent des empires d’entreprises composés de propriétés immobilières, de compagnies de construction, d’hôtels, de services de transport, de télécommunications, de magasins et de banques. Quatre familles de Tycoons à elles seules (menée respectivement par Li Ka-shing, les frères Kwok, Lee Shau-Kee et Cheng Yu-tung) contrôlent une bonne moitié de l’économie. De plus, ils ont été capables de se renforcer grâce aux liens étroits qu’ils entretiennent avec le PCC depuis la passation de pouvoir.

    Li Ka-shing est l’homme le plus riche d’Asie. Il détient des compagnies dans plus de 50 pays, comme par exemple, les compagnies des eaux et de l’électricité de Grande Bretagne, d’Australie et du Canada. On dit souvent que sur chaque dollar dépensé à Hong Kong, 5 centimes tombent directement dans la poche de Li Ka-shing. Les avoirs étrangers nets de Hong Kong (les compagnies privées, de sécurité, les actions, etc.) sont les plus élevés au monde avec un taux de 288% du PIB, dépassant la Suisse à qui revient la seconde place, avec 157% du PIB. On voit bien que les Tycoons de Hong Kong ont été capables d’élargir leur champs d’influence bien au-delà des frontières, et ce, surtout grâce à des transactions foncières avec la Chine continentale.

    Alliance avec les Tycoons

    Le PCC a tissé des liens étroits avec les Tycoon hongkongais depuis le début des années ’80, lorsque les négociations ont commencé avec les Britanniques, par rapport à l’avenir du territoire. Le PCC a adopté la doctrine ‘‘utilisons les affaires afin de diriger la politique’’, une tactique qui a été remise au goût du jour à Taiwan récemment, lorsqu’une alliance a été formée avec les grands capitalistes Taïwanais. Sur les 20 plus grandes compagnies d’exportation chinoises, 10 appartiennent à Taiwan.

    Dans le cas d’Hong Kong, les Tycoons et les libéraux sont désormais les acteurs principaux de l’économie continentale. Les prêts consentis au secteur privé de la Chine continentale par les banques kongkongaise valent 200% de son PIB, c’est-à-dire 280 milliards de dollars. Ce phénomène s’observe surtout depuis la passation de pouvoir en 1997, l’économie de Hong Kong s’est construite sur le ‘‘blanchiment d’argent’’ pour faciliter les mouvements des capitaux depuis la Chine continentale et éviter ainsi les contrôles du gouvernement. La plus grosse partie de cet argent est ensuite ré-envoyé vers la Chine en tant ‘‘qu’investissement étranger’’, jouissant alors de l’évasion fiscale, de territoires bon marchés (voire gratuits) et de biens d’autres avantages. Entre 1978 et 2010, Hong Kong représentait la moitié des investissements directs à l’étranger (IDE) totaux en Chine.

    En 1985, afin de préparer la passation de pouvoir, Pékin a mis sur pied un Comité d’élaboration de lois (the Basic Law Drafting Committee -BLDC) afin de rédiger une ‘‘constitution’’ pour Hong Kong. Ce comité était composé de 23 membres hongkongais sur un total de 59 membres. Et sur les 23 membres choisis, 12 étaient des Tycoons. Le Tycoon Pao Yue Kong, fondateur d’une entreprise maritime mondiale, et David KP Li, président de la banque d’Asie de l’est, sont tous deux devenus vice-présidents de la BLDC. Ce qui montre, selon Christine Lo, ‘‘l’ambition de la part de Pékin de former une alliance avec les capitalistes’’. La constitution qui en a découlé, ‘‘la législation de base’’ impose le capitalisme comme ‘‘unique système pouvant être exercé à Hong Kong, et ce jusqu’à 2047’’ (soit 50 ans après la passation de pouvoir). Elle rend même hors-la-loi tout déficit budgétaire afin de lui servir de bouclier contre ‘‘l’assistanat’’.

    Même si le BLDC n’existe plus, les Tycoon sont toujours surreprésentés parmi les représentants hongkongais sélectionnés pour participer aux institutions quasi-gouvernementales chinoises, comme par exemple, le Congrès National Populaire (NPC) ou encore la Conférence Consultative Politique Populaire Chinoise (CPPCC). Ce processus d’intégration des grands capitalistes avec le régime en place du PCC a commencé à Hong Kong mais s’est répandu par la suite ; il atteint même le continent aujourd’hui.

    Pendant toute cette période, Pékin a travaillé de concert avec la classe des capitalistes de Hong Kong afin de mettre un frein au suffrage universel et aux revendications pour le droit à la sécurité sociale. Dans ses mémoires, l’ancien responsable de la branche hongkongaise de l’agence Xinhua (précurseur du bureau de liaison du gouvernement central) Xu Jiatun confesse ‘‘certains capitalistes et certains membres des hautes strates de la société pensaient qu’ils pouvaient compter sur la Chine afin de résister aux tendances démocratiques de Hong Kong.’’ Xu exprimait ainsi ses peurs de voir ‘‘un vote pour une personne’’ se mettre sur pied, ce qui ‘‘ferait perdre le contrôle de Hong Kong à Pékin.’’ (Propos recueillis dans le livre de Christine Loh, Underground Front, HK University Press, 2010.)

    L’Article 23

    En utilisant son alliance avec les Tycoons, le PCC a aussi été capable de museler la ‘‘presse libre’’ hongkongaise. La plupart des médias Tycoons ont des intérêts financiers sur le continent et des positions clés au sein du corps gouvernemental de continent. Les patrons qui contrôlent le câble télévision : le groupe Sing Tao (Charles Ho), le groupe Oriental Press (Ma Ching Kwan) ainsi que Wheelock (Peter Woo) sont tous membres du PCC. C’est aussi le cas de Victor Li, le fils de Li Ka-shing dont l’empire financier détient la société de diffusion du Metro. En 2003, lorsqu’un demi-million de personnes se sont mobilisées afin de combattre la proposition de loi sécuritaire sur la répression, l’Article 23, les Tycoons tels que Li Ka-shing, Stanley Ho et Gordon Wu l’ont publiquement soutenue. L’article 23 limiterait le droit de rassemblement, de libre expression, et d’autres droits démocratiques comme les ‘‘liens avec des organisations étrangères’’ telles que le Comité pour une Internationale Ouvrière.

    La manifestation monstre du “7.1” qui s’est déroulée en 2003, a établi une nouvelle tradition, constituée de manifestations de masse pour la démocratie chaque année le même jour. Cette année, alors que CY prend le pouvoir, l’Article 23 est remis sur la table. Son gouvernement, avec le soutien de Pékin, va sans aucun doute tenter de faire passer une nouvelle proposition de loi, et il s’attirera le soutien de certains ‘‘libéraux démocrates’’ en échange de petites concessions ou même peut-être contre des sièges dans un gouvernement de ‘‘coalition’’. Ces politiciens pro-capitalistes ont montré à de nombreuses reprises que leur soutien à la démocratie se limite à des mots.

    Mais à la base de la société, une opposition massive se forme contre de nouvelles législations répressives et la frustration monte face aux promesses éternellement brisées concernant le suffrage universel.

    La disparité grandissante de richesses entre les détenteurs du pouvoir et le peuple conduiront à des explosions sociales, avec des répercussions sans précédents en Chine continentale et dans la région. Mais l’histoire du long chemin parcouru par Hong Kong depuis la domination coloniale jusqu’à leur fragile ‘‘autonomie’’ illustre que la lutte pour une démocratie véritable est inséparable de la lutte contre le capitalisme et pour l’instauration d’une société socialiste démocratique.

  • NON a l'extreme droite a Namur !

    RASSEMBLEMENT CONTRE LA PRÉSENCE DE L’EXTRÊME-DROITE À NAMUR ! PLACE D’ARMES, VENDREDI 6 JUILLET À 10H

    Le groupuscule d’extrême-droite Solidarité Unitaire, fondé par des membres de l’ex-Front National, compte manifester ce vendredi à Namur. Ce cas illustre une fois de plus la volonté de plusieurs partis d’extrême-droite de s’implanter dans notre ville. Il y a quelques semaines, d’autres extrémistes avaient distribué sur le marché des tracts accusant les « immigrés » d’être responsables du chômage et de la montée de la précarité. Nous, militants ou simples citoyens namurois, refusons la présence des partis de la haine à Namur.

    Des indignés – PSL – JOC – jeunes FGTB – PTB

    En France, Marine Le Pen a dépassé le score de son père de 2002. En Grèce, le parti néo-nazi "Aube Dorée" – responsable de plusieurs pogroms anti-immigrés et dont le programme contient l’installation de mines antipersonnel aux frontières du pays – a atteint les 7% des voix. Aux Pays-Bas, en Suisse, en Hongrie, en Norvège, etc. ; on constate une poussée de l’extrême-droite violente.

    En Belgique, les sondages indiquent une remontée du Vlaams Belang et la recrudescence de l’activité des partis nationalistes est évidente. Certains se donnent une image de progressistes en cachant la réalité de leurs programmes qui ont tous en commun d’être racistes, sexistes, homophobes et profondément réactionnaires. La crise économique et l’austérité, la montée du chômage et des exclusions, le manque de perspectives démontrent l’absurdité du système économique en place. Avec ses méthodes habituelles de division, l’extrême-droite est le meilleur allié des politiciens qui nous font payer la crise des banquiers et des nanciers.

    Travailleurs belges ou immigrés, nos intérêts sont les mêmes.

    Organisons la colère sans nous tromper de cible !

    Nous appellons à un rassemblement pacique ce vendredi 6 juillet à 10h, Place d’Armes. Construisons une plate-forme large et ouverte réunissant organisations et citoyens pour combattre les idées d’extrême-droite !

  • Grèce : Révolution et contre-révolution sur fond de crise croissante de la zone euro

    C’est véritablement un séisme politique qui a pris place le 6 mai dernier en Grèce. Ces élections constituent un signe avant-coureur de bouleversements politiques et sociaux plus intenses encore. Partout à travers l’Europe, les travailleurs et leurs organisations doivent être solidaires de la population grecque et s’opposer résolument aux diktats de la troïka (Union Européenne, Fonds Monétaire International, Banque Centrale Européenne). Cette solidarité passe aussi par la lutte contre les attaques des divers gouvernements partout en Europe.

    Résumé d’un dossier de Tony Saunois (CIO) et d’Andros Payiatos, Xekinima (CIO-Grèce)

    Suite à l’impossibilité de former un gouvernement, de nouvelles élections doivent se tenir le 17 juin. Cette paralysie est une expression des chocs violents dont a été victime la société grecque dans le cadre d’un processus de révolution et de contre-révolution. Le prestigieux Financial Times a ainsi mis en garde: ‘‘Il peut y avoir des émeutes et des pillages. Un coup d’État ou une guerre civile sont possibles’’ (édition du 18 mai).

    Alexis Tsipras (Syriza): “Une guerre entre le peuple et le capitalisme”

    Syriza (‘Coalition de la Gauche Radicale’) est sortie grand vainqueur du scrutin en passant de 4,6% à 16,78%, de quoi donner espoir à de nombreux travailleurs et militants de gauche en Grèce et ailleurs. La classe dirigeante est terrifiée face à cette large contestation de la Troïka et de l’austérité.

    Les conservateurs de la Nouvelle Démocratie (ND) et les sociaux-démocrates du PASOK se sont systématiquement agenouillés devant les diktats de la Troïka, assurant ainsi que le pays soit littéralement occupé par les grandes banques, la Banque Centrale Européenne, le Fonds Monétaire International et l’Union Européenne. Le 6 mai, le peuple grec a riposté par une claque monumentale envoyée à ces deux pantins de l’Europe du capital. Alors qu’ils obtenaient généralement 75% à 85% ensemble, ils n’ont maintenant recueilli que 32,02% (18,85 pour la ND et 13,18% pour le PASOK).

    D’ici aux élections du 17 juin, Syriza peut encore renforcer son soutien électoral. La coalition de gauche radicale sera-t-elle à la hauteur des espoirs placés en elle? Selon nous, ce n’est possible qu’avec un programme socialiste révolutionnaire, un programme de rupture avec le capitalisme. Toute recherche de solutions au sein du système actuel est vaine.

    Si la gauche est mise en échec, l’extrême droite pourrait se saisir du vide politique. Nous avons d’ailleurs assisté le 6 mai à l’émergence du parti néo-fasciste ‘‘Aube Dorée’’ qui a obtenu 6,97% et 21 élus. Depuis lors, ces néonazis ont chuté dans les sondages, mais l’avertissement est sérieux.

    Un niveau de vie attaqué à la tronçonneuse

    Le Produit Intérieur Brut grec a chuté de 20% depuis 2008, cet effondrement économique réduisant à néant la vie de millions de personnes. Dans les services publics, les salaires ont chuté de 40%. L’église estime que 250.000 personnes font quotidiennement appel aux soupes populaires. Dans les hôpitaux (où le nombre de lits a diminué de moitié), les patients doivent dorénavant payer à l’avance pour bénéficier d’un traitement. Un hôpital a même gardé un nouveau-né jusqu’à ce que sa mère puisse payer la facture de l’accouchement. Des milliers d’écoles ont aussi été fermées.

    La classe moyenne est détruite. Le nombre de sans abri a explosé et ils font la file aux côté de leurs frères d’infortunes immigrés pour recevoir un peu de nourriture et pouvoir intégrer un abri dans ces sortes de camps de réfugiés qui constituent la version européenne des bidonvilles. Le chômage frappe 21% de la population active et 51% de la jeunesse tandis que les centaines de milliers d’immigrés sont agressés sans relâche par l’extrême droite. La gauche doit riposter avec un programme de mesures d’urgence.

    Les travailleurs contre-attaquent

    Sous la pression de la base, au moins 17 grèves générales ont été organisées en deux ans, dont trois de 48 heures, sans que les attaques antisociales ne cessent. Mais un certain désespoir se développe puisque la lutte n’a pas remporté d’avancées. Le désespoir a poussé des dizaines de milliers de personnes à fuir à l’étranger. Environ 30.000 immigrés clandestins grecs sont en Australie, certains sont même partis au Nigeria ou au Kazakhstan. D’autres ont choisi une fuite plus tragique : le taux de suicide grec est aujourd’hui le plus élevé d’Europe.

    Cette situation n’est pas sans rappeler la dépression américaine des années ‘30. La haine et la colère sont telles à l’encontre de l’élite grecque et de ses politiciens qu’ils ne sont plus en sécurité en rue ou au restaurant. Les riches cachent leur argent en Suisse ou dans d’autres pays européens, tandis que la majorité de la population bascule à gauche du fait des conséquences de la crise.

    Syriza refuse une coalition avec le PASOK et la ND

    Syriza a déclaré que le PASOK et la ND voulaient qu’elle se rende complice d’un crime en participant au gouvernement avec eux. Alexis Tsipras a proposé de constituer un bloc de gauche avec le Parti communiste grec (KKE) et la Gauche démocratique (une scission de SYRIZA) pour mener une politique de gauche.

    Le dirigeant de Syriza, Alexis Tsipras, appelle à l’abolition des mesures d’austérité et des lois qui ont mis fin aux conventions collectives de travail et ont plafonné le salaire minimum à 490 euros par mois. Il a exigé une enquête publique concernant la dette de l’Etat et, dans l’intervalle, un moratoire sur le remboursement des dettes.

    Ce programme est insuffisant face à la profondeur de la crise, mais il représente un bon point de départ afin de renforcer la lutte contre l’austérité et le débat sur un véritable programme de rupture avec le capitalisme.

    De son côté, la direction du KKE a refusé de rencontrer Tsipras. Le parti communiste s’enfonce dans son approche sectaire, à l’opposé du mouvement ouvrier, et il le paye dans les sondages. Xekinima, la section grecque du Comité pour une Internationale Ouvrière, plaide pour la création d’un front de gauche depuis longtemps. Si cet appel reçu un accueil plutôt hostile dans un premier temps, il a ensuite progressivement bénéficié de plus de soutien pour finalement être repris par Alexis Tsipras et Syriza.

    Une liste unitaire serait sortie première des élections du 6 mai, et aurait de ce fait reçu le bonus de 50 sièges supplémentaires accordés au plus grand parti selon la législation électorale grecque. Même si cela n’avait pas été suffisant pour obtenir une majorité parlementaire, cela aurait offert une place encore plus centrale à la gauche pour la deuxième élection de juin et pour la campagne concernant cette perspective très réaliste d’un véritable gouvernement de gauche.

    Mais le KKE a refusé et reste sur le banc de touche. Pourtant, en 1989, ce parti n’a eu aucune réticence à entrer en coalition avec… les conservateurs de la Nouvelle Démocratie ! La secrétaire générale du KKE, Aleka Papriga, se réfère maintenant à cette expérience pour justifier son refus d’un front de gauche, comme si un front unitaire basé sur la lutte contre l’austérité pouvait être mis sur le même pied qu’un gouvernement pro-capitaliste avec les conservateurs ! Malheureusement, d’autres formations de gauche ont également adopté une attitude négative sur cette question, particulièrement Antarsya (une alliance anticapitaliste).

    Tant le KKE qu’Antarsya sont maintenant sous la pression de leurs bases. Une partie de la base d’Antarsya appelle publiquement à la constitution d’un front avec Syriza, mais la majorité de la direction reste obstinément sur sa position, au mépris du prix à payer. En 2010, cette alliance avait encore réalisé 2% aux élections communales, contre 1,2% en mai, et cela pourrait encore diminuer. De son côté, le KKE a à peine progressé aux élections en mai et les sondages parlent d’une chute de 8,5% à 4,4% pour le 17 juin.

    Tsipras a menacé de ne pas rembourser entièrement les dettes du gouvernement, d’économiser sur les dépenses militaires et de lutter contre le gaspillage, la corruption et l’évasion fiscale des riches. Il exige un contrôle public du système bancaire, et appelle même parfois à la nationalisation. Il s’est encore prononcé pour un New Deal, à l’instar de celui que Roosevelt avait mis en avant pour les États-Unis dans les années ‘30. Syriza a donc pour programme un ensemble de réformes qui ne rompent pas avec le capitalisme, mais c’est tout de même un début. Pour nous, un programme d’urgence de travaux publics doit être lancé, lié à la nationalisation des banques et des secteurs clés de l’économie, sur base d’une planification démocratique et socialiste de la société.

    Le programme de Syriza a ses limites, mais il a le mérite d’être clairement opposé à l’austérité. Syriza refuse d’ailleurs de participer à toute coalition gouvernementale destinée à appliquer des mesures antisociales. Cette approche peut pousser la formation au-delà des 20% dans les sondages, jusqu’à 28%. Cette rapide croissance de soutien illustre le potentiel électoral pour les formations de gauche lorsque les conditions objectives sont réunies et qu’elles adoptent un profil clair.

    Le refus de Syriza de collaborer à une coalition bourgeoise change radicalement de la position d’autres forces de gauche par le passé. En Italie, la position du Parti de la Refondation Communiste (PRC) a été très sérieusement affaiblie par sa participation à des coalitions locales. En Espagne, récemment, Izquierda Unida (Gauche Unie) est entré en coalition avec les sociaux-démocrates du PSOE en Andalousie, ce qui peut menacer son soutien parmi la population.

    L’Union Européenne et l’euro

    Les partis capitalistes et la Troïka tentent désespérément de renverser cette situation, et font campagne en disant que ces élections sont en fait un référendum sur l’adhésion à la zone euro. Tous leurs efforts visent à présenter la résistance à l’austérité comme la porte de sortie hors de l’eurozone et de l’Union européenne.

    Sur ce point, la position de Syriza est trop faible, bien qu’il s’agisse de l’expression d’un sentiment largement répandu dans la population. Selon un sondage, cette dernière est à 79% opposée à quitter l’euro. Les craintes de ce qui se passerait ensuite sont compréhensibles; un isolement de l’économie grecque, relativement petite, pourrait ramener les conditions sociales au niveau des années 1950 et 1960 et l’inflation au niveau élevé des années 1970 et 1980. Syriza et la gauche doivent faire face à ces craintes et expliquer quelle est leur alternative.

    Tsipras parie sur le fait que la Grèce ne sera pas éjectée de l’eurozone en raison des conséquences que cela entraînerait pour le reste de l’Europe. Cela n’est toutefois pas certain, même s’il est vrai qu’une partie des classes dirigeantes européennes a peur de ce cas de figure et des perspectives pour l’euro si l’Espagne et d’autres pays sont aussi poussés vers la sortie.

    De l’autre côté, les classes dirigeantes d’Allemagne et d’autres pays craignent que de trop grandes concessions pour préserver la Grèce dans l’eurozone ne soient un précédent dont se pourraient ensuite se servir l’Espagne, l’Italie, le Portugal, l’Irlande,… Le ‘Centre for Economic and Business Research’ a déjà indiqué que la fin de l’euro sous sa forme actuelle est une certitude.

    Syriza se trompe en pensant que le rejet de l’austérité peut être combiné à l’eurozone. La zone euro est une camisole de force économique que les grandes puissances capitalistes et les grandes entreprises utilisent afin d’imposer leur politique. Syriza se doit de formuler une réponse claire face à la probabilité qu’un gouvernement de gauche soit expulsé de la zone. D’ailleurs, on ne peut pas non plus exclure qu’un gouvernement décidé à accepter l’austérité soit tout de même confronté à ce scénario de sortie.

    Si de nombreux Grecs craignent cette perspective, cela ne signifie pas qu’ils sont prêts à accepter n’importe quoi. Si une Grèce dirigée par un gouvernement de gauche est poussée hors de l’eurozone, elle devra immédiatement institué un contrôle public sur le capital et le crédit afin d’éviter toute fuite des capitaux. Les institutions financières et les autres grandes entreprises devront immédiatement être nationalisées et le remboursement de la dette publique aux banques et aux institutions financières suspendu. Le gouvernement devra rendre public les livres de compte des banques et inspecter minutieusement les accords conclus avec les institutions internationales. Le gouvernement devra aussi exproprier les riches et protéger les petits investisseurs et épargnants. De cette manière, un véritable plan de relance serait de l’ordre du possible, un plan démocratiquement élaboré dans le cadre d’une planification socialiste basée sur le contrôle public des principaux secteurs de l’économie.

    Vive l’internationalisme socialiste !

    Un véritable gouvernement de gauche devra simultanément tout faire pour appeler à la solidarité du mouvement syndical du reste de l’Europe, et en particulier en Espagne, en Irlande, au Portugal et en Italie. Ensemble, ces pays ont le potentiel de construire une alternative à l’Europe du capital vers une confédération socialiste basée sur une adhésion volontaire, première étape vers une Europe socialiste.

    Pour y parvenir, nous devons renforcer les liens entre toutes les organisations de gauche et le mouvement syndical de ces divers pays. Sans une telle approche, la résistance contre l’austérité sera partiellement désarmée, et un flanc laissé au développement du nationalisme.

    Une nouvelle phase de la lutte

    Si Syriza se retrouve le plus grand parti du pays, ou s’il prend la tête d’un gouvernement de gauche, la crise ne serait toutefois pas immédiatement battue. Au contraire, cela ne marquerait que l’ouverture d’une nouvelle phase à laquelle les travailleurs et leurs familles doivent être préparés.

    Syriza doit se renforcer en organisant tous ceux, et ils sont nombreux, qui veulent combattre l’austérité. L’appel de Tsipras pour constituer un front de gauche doit se concrétiser avec l’organisation de réunions locales et nationales des partis de gauche, des syndicats, d’habitants de quartiers, d’étudiants,…

    Des comités locaux démocratiquement constitués sont la meilleure base pour se préparer à la prochaine période de lutte et assurer que suffisamment de pression existe pour qu’un gouvernement de gauche applique une politique réellement centrée sur les intérêts des travailleurs et de leurs familles.

    La classe dirigeante se sent menacé par Syriza et par la gauche. Nous devons nous saisir de cette énorme opportunité. Rester spectateur n’est pas une option.


    Leçons passées et présentes d’Amérique latine

    Nous sommes évidemment dans une autre époque, mais des similitudes existent entre la Grèce actuelle et le Chili des années 1970-73 ou encore avec le développement des régimes de gauche au Venezuela, en Bolivie ou en Argentine.

    Au début des années ’70, le Chili a connu une forte polarisation politique mais la droite et la classe dirigeante s’étaient préparées pour sortir de l’impasse. L’organisation fasciste ‘Patria y Libertad’ (une organisation paramilitaire) occupait les rues et attaquait les militants de gauche. Finalement, l’armée a organisé le coup d’Etat du 11 septembre 1973 qui a porté Pinochet au pouvoir.

    En Grèce, le potentiel du développement d’une organisation paramilitaire existe, avec ‘‘Aube Dorée’’. Cette organisation fait l’éloge de la dictature militaire grecque dite ‘‘des colonels’’ (1967-1973) et même d’Hitler. Une partie de la classe dirigeante peut tirer la conclusion qu’il n’existe pas d’alternative face à la menace de la gauche et peut être tentée de ‘rétablir l’ordre’. Cela ne sera pas le premier choix de la classe dirigeante, mais ce danger n’en est pas moins réel. La baisse du soutien d’Aube Dorée dans les sondages n’est pas synonyme de sa disparition.

    Même sans soutien massif un groupe comme Aube Dorée ou Patria y Libertad peut être une menace physique pour les minorités et le mouvement ouvrier. Aube Dorée envoie ses ‘chemises noires’ attaquer les immigrés et menace ouvertement les homosexuels (leur prochaine cible). La création de comités d’auto-défense est urgente.

    Si Syriza peut former un gouvernement avec un front de gauche, ce gouvernement peut rapidement être poussé plus encore à gauche. Ce fut le cas d’Allende au Chili en 1970 ou de Chavez (Venezuela), de Morales (Bolivie) et de Kirchner (Argentine). Un tel gouvernement peut prendre des mesures contre les capitalistes, y compris par des nationalisations. D’autre part, un gouvernement grec de gauche pourrait bientôt servir d’exemple pour l’Espagne et le Portugal, entre autres.

    Syriza et Tsipras ne parlent pas encore de socialisme, mais cela pourrait changer. Dans une interview accordée au quotidien britannique ‘‘The Guardian’’ Tsipras parle d’une guerre entre la population et le capitalisme. Chavez lui non plus ne parlait pas de socialisme à son arrivée au pouvoir. Il a été poussé à gauche par la pression populaire.

    Sous l’impact de la crise et de la lutte des classes, le soutien pour des demandes comme la nationalisation, le contrôle et la gestion ouvrière peut rapidement grandir. Des gouvernements de gauche peuvent être mis sous pression pour prendre de telles mesures, au moins partiellement. Ce fut d’ailleurs également le cas du premier gouvernement du PASOK grec en 1981. Si les partis capitalistes obtiennent une majorité pour former un gouvernement dirigé par la Nouvelle Démocratie, ce sera un gouvernement sans crédibilité, ni autorité, ni stabilité. Un tel gouvernement entrera vite en confrontation avec l’intense colère du mouvement ouvrier grec. Syriza pourra s’y renforcer. Dans une telle situation Xekinima proposera une campagne active pour la chute du gouvernement par des grèves, des occupations et des manifestations de masse.

    La croissance rapide de Syriza est un élément positif. La crise sociale et politique constitue un test, tant pour Syriza que pour toutes les autres forces politiques. Avec un programme approprié, des méthodes correctes et une bonne approche, il est possible d’avancer. Sinon, la gauche peut disparaître aussi rapidement qu’elle a avancé. Xekinima joue un rôle actif dans les discussions au sein et autour de Syriza afin de parvenir aux conclusions politiques nécessaires pour développer les luttes.

  • ACTA est mort, vive CISPA ?

    Dans notre édition de mars dernier, nous vous expliquions à quel point ACTA était dangereux pour nos droits démocratiques et pour la société en général. Entretemps, de nombreuses mobilisations ont eu lieu et sont encore prévues tant que le projet ne sera pas définitivement retiré.

    Par Jean (Luxembourg)

    Pour rappel, il s’agit d’un traité international qui prétend défendre la propriété intellectuelle et les droits d’auteur. Partant du principe que la copie non autorisée d’une œuvre protégée constitue un délit (ce qui nous est rappelé d’une manière insistante chaque fois que nous regardons un DVD acheté légalement), ACTA permet aux autorités de surveiller toutes les communications internet et d’obtenir tous les renseignements voulus sur les utilisateurs.

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    Pirates… à bâbord ou tribord ?

    Les partis Pirates ont fait de la lutte contre ACTA leur principal cheval de bataille. Ils ont dénoncé à juste titre les dangers de ce texte pour nos droits individuels et collectifs. Leur programme politique s’articule essentiellement autour des droits des citoyens dans le contexte de la société ‘‘numérique’’. Il s’agit d’un terrain limité, mais qui a pris une importance considérable ces dernières années. Par exemple, l’accès à la culture et le partage de la connaissance, sont des enjeux réels, à l’heure où le big business veut tout privatiser et cadenasser.

    D’une certaine manière, les pirates dénoncent les dérives d’un capitalisme tentaculaire, mais ils naviguent sans aucune boussole idéologique. Même si l’on peut trouver des accents progressistes dans leur programme, certains d’entre eux ont un couteau antisocial entre les dents. Comme le fondateur du Piratpartiet suédois, Rickard Falkvinge : ‘‘Les conservateurs ne sont pas pour le capitalisme pur. Ils sont une espèce de poules mouillées sociales-libérales. (…) Je me définis comme ultracapitaliste (…) La bataille maintenant se joue sur les droits des citoyens, qui est le sujet majeur. Plus important que le système de santé, l’éducation, le nucléaire, la défense et toute cette merde dont on débat depuis 40 ans.’’ Bref, tous les pirates ne sont pas nos amis…

    Licences libres : kesako ?

    Les licences libres sont des alternatives au ‘‘copyright’’. Le traditionnel copyright est accompagné de la mention ‘‘tous droits réservés’’, ce qui indique qu’il faut une autorisation pour utiliser l’œuvre (musicale par exemple) d’une quelconque manière. Une œuvre sous licence libre mentionnera ‘‘certains droits réservés’’, c’est-à-dire que l’auteur ne tient à protéger que certains de ses droits. Par exemple, il pourra autoriser la copie à des fins non-commerciales ou commerciales, autoriser la modification de son œuvre ou pas, et bien sûr protéger ses droits moraux en exigeant d’être cité à chaque fois que l’on voudra réutiliser son œuvre.

    Ces licences, proposées notamment par Creative Commons, sont déjà utilisées par des milliers d’artistes regroupés sur des plateformes de téléchargement légal. Ces artistes se font rétribuer par les dons de leurs fans et par les redevances payées pour leur diffusion commerciale. Bizarrement, ils ne passent jamais à la radio ni dans les émissions de variété télévisées. Il s’agit là d’une solution crédible à la crise actuelle du droit d’auteur, écartelé entre oubli et répression.

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    ACTA est en fait un HADOPI (système de répression contre les copies illicites en France) développé à l’échelle internationale. Les fournisseurs de services internet sont priés de communiquer toutes les données nécessaires à l’identification des ‘‘suspects’’ sur simple plainte d’un ayant droit (un interprète ou sa maison de disque par exemple).

    Il y a de quoi s’interroger sur les motivations réelles d’ACTA tant le texte de ce traité est flou et sujet à interprétation. Quant à la lutte contre les téléchargements illicites, sans même parler de sa légitimité, il faut relever quelques points étonnants :

    • Les gens qui téléchargent de la musique ou des films illégalement dépensent en moyenne plus d’argent que les autres en produits culturels
    • Des offres commerciales commencent à se développer sous forme de ‘‘licence globale’’ ce qui rendra le téléchargement illégal de moins en moins intéressant
    • Les licences libres se développent largement et offrent des possibilités aux auteurs de vivre de leurs créations sans faire payer les particuliers (voir encadré).

    Devant cette réalité, on comprend mal pourquoi l’industrie s’acharne à faire voter des dispositifs de plus en plus répressifs contre la copie illicite. Il semble qu’ils seront bientôt anachroniques et inutiles. Il s’agit donc probablement d’un combat d’arrière-garde d’une fraction de l’industrie du divertissement qui veut continuer à nous prendre sans relâche le beurre et l’argent du beurre (cf. le prix des places de concert par exemple). Et vu les profits qu’ils engrangent depuis des décennies, ils ont les moyens d’un lobbying intensif.

    Les politiques, autrefois prompts à les écouter sans se poser trop de questions, hésitent face au vent de révolte que ce texte a soulevé. Suite aux nombreuses mobilisations contre ACTA, ceux qui avaient proposé et défendu le texte se sont ravisés, tel Karel De Gucht qui a proposé de soumettre le texte à la Cour de justice européenne, pour ne pas perdre la face.

    Plusieurs pays ont déjà annoncé qu’ils ne signeraient pas le traité. Après le retrait de la Suisse, le Luxembourg est également en train de pencher dans le camp du NON. Le ministre de l’Economie Etienne Schneider avait pourtant assuré qu’ACTA ne changerait rien à la législation luxembourgeoise… (on se demande dans ce cas à quoi sert un nouveau traité). Mais le CSV (parti chrétien démocrate) estime que le texte est trop flou et ouvre la porte à des dérives.

    Certains comme le CSV voudraient renégocier le texte. D’autres veulent attendre l’avis de la Cour de justice européenne. Au Parlement européen, il semblerait qu’on pencherait davantage vers un rejet pur et simple du texte.

    C’est évidemment pour cette dernière option qu’il faut continuer à se battre, car la soumission du texte à la Cour de justice ressemblerait plutôt à une ‘‘mise au frigo’’ en attendant que les choses se calment. Et tout ce qui reste trop longtemps au frigo en ressort avec une drôle d’odeur…

    Bref, ACTA est mourant. Il faut l’achever. Et ne pas baisser la garde, car de nouveaux projets hautement toxiques se profilent à l’horizon, tel CISPA (projet de loi américain de lutte contre les ‘‘cybermenaces’’). Après l’échec de PIPA et SOPA, une nouvelle tentative du flicage du web est sur la table aux Etats-Unis, cette fois avec le soutien des grandes firmes du secteur. Tout comme ACTA, le texte CISPA est flou et sujet à interprétations. Par ailleurs, il officialise et systématise les échanges d’information entre les fournisseurs de services internet et les autorités. La Chambre des représentants a déjà voté cette loi, qui doit encore passer au Sénat. La majorité démocrate qui y siège pourrait lui faire barrage. Mais la pression doit venir d’en bas si l’on veut s’assurer d’une victoire définitive contre tous ces projets néfastes pour nos droits et libertés.

  • A propos du parti – Nouvelles du PSL

    Cette rubrique de socialisme.be vous propose des nouvelles de notre parti, de ses activités et initiatives,… Cette rubrique comprendra donc divers courts rapports d’actions, des brèves de campagne, des appels pour des conférences, des rapports de réunion, ou encore de petits textes de nouveaux membres qui expliquent pourquoi ils ont rejoint notre parti.

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    A noter dans votre agenda

    • Di. 18 mars. Liège. Vottem : 13 ans déjà, je ne l’accepte pas ! Manifestation contre le centre-fermé de Vottem. Rassemblement à 14h Parc de la Citadelle rue des Glacis à Liège
    • Sa. 24 mars. Protestations contre le rassemblement anti-avortement à Bruxelles. 14h place Poelaert (devant le Palais de Justice)
    • Sa-Di 28 et 29 avril : ”Socialisme 2012”
    • 7-9 décembre: Congrès National du PSL

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    Socialisme 2012

    Demain, nous publierons sur ce site le programme entier du week-end ”Socialisme 2012”. Ne manquez pas ces deux jours de discussion politique et de formation! Cette année, nous serons à Anderlecht pour cet évènement. Durant ce week-end, nous voulons prendre le temps de mener tout un tas de discussions de base concernant le marxisme, mais aussi divers thèmes plus spécifiques. Entre autres choses, il y aura un stand de livres et brochures particulièrement bien fourni, avec quelques nouveautés qui bénéficieront très certainement d’un bon accueil…


    Louvain : meeting ce mercredi

    La manifestation antifasciste du 15 mars dernier contre le NSV a dû être annulée suite au tragique accident survenu en Suisse (toute manifestation étant interdite dans la ville de Louvain en signe de deuil). Mais durant la campagne de mobilisation qui a précédé, nous sommes rentrés en contacts avec de nombreuses personnes désireuses d’en savoir plus sur notre parti et notre travail. Le meeting de ce mercredi vise à les réunir pour aborder plus en profondeur la nature de notre programme et de nos méthodes politiques.

    MEETING PUBLIC des Etudiants de Gauche Actifs

    Quelle alternative face au capitalisme ?

    Par Peter Delsing, ancien membre d’EGA à l’université de Louvain et porte-parole du PSL à Louvain.

    Mercredi 21 mars 20.00

    MTC 00.12, Hogeschoolplein

    N’hésitez pas à prendre vous aussi contact avec nous pour participer à nos campagnes ! (info@socialisme.be)


    Manifestation ‘No more Fukushima’

    Dimanche dernier, le PSL était présent à la manifestation ‘No More Fukushima’, un an après le désastre nucléaire au Japon. Nous avions un stand, avons formé une délégation combative dans le cortège et avons diffusé notre matériel politique. Nous avons vendu 42 exemplaires de notre mensuel et récolté 80 euros de fonds de lutte. Un de nos camarades de Liège a ainsi vendu 12 exemplaires de Lutte Socialiste à lui seul.


    Tournée des cafés

    Afin de récolter de la solidarité financière et de distribuer nos tracts, nous passons de temps à autre de café en café pour parler de nos campagne. A Anvers, le jeudi soir, puisque la manifestation anti-NSV était annulée, un groupe de camarade est allé dans divers cafés et a récolté 116 euros pour notre fonds de lutte, et a vendu 19 exemplaires de notre journal. De la même manière, un groupe plus restreint de camarade a fait hier la tournée des cafés du centre-ville de Liège afin de mobiliser une dernière fois pour la manifestation contre le centre fermé de Vottem cet après midi. Ils ont récolté 32 euros de fonds de lutte. Notre camarade Olivier en a récolté 17 à lui seul.


    Les nouveaux drapeaux EGA sont arrivés

    Nous aurions normalement dû utiliser nos nouveaux drapeaux EGA pour la première fois lors de la manifestation anti-NSV. Finalement, c’est à la manifestation contre la répression policière qui s’est tenue le jeudi soir à Bruxelles que ces drapeaux ont fait leur première apparition. Vous pouvez vous aussi acheter un exemplaire pour la somme de 12 euros.

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