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Tag: Suez
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Nucléaire – Pluie d’euros pour les uns, pluies acides pour les autres
Nationalisation du secteur énergétique – De l’argent pour la recherche publique!
Des milliers de morts à mo y e n t e rme à Fukushima, victimes de cancers et autres maladies. Cela rappelle le triste incident de Tchernobyl en 1986. Bien sûr, la Belgique n’est pas le Japon et les risques de tsunami sont plutôt limités (sic) à Doel ou Tihange. Quel point commun alors, entre nos centrales nucléaires et celle de Fukushima ? C’est que ces centrales ont été construites et continuent en Belgique de répondre non pas à une logique de sécurité et de précaution mais à une logique de profit.
Par Stéphane (Liège)
Le nucléaire représente un risque énorme pour l’humanité à court terme et également à long terme avec la question du stockage des déchets nucléaires. Il est clair qu’il faudra donc sortir du nucléaire pour éviter l’impasse. Actuellement, les centrales nucléaires belges sont sous la coupe de Suez, grande société privée multinationale franco-belge. Leur logique est celle du profit, pas celle de l’intérêt général, de la sécurité des populations voisines ou de leurs travailleurs.
Le gouvernement avait décidé de sortir du nucléaire en 1999, mais cette décision a été suspendue depuis, prétexte saisi par Suez pour ne pas réaliser de nouveaux investissements dans ces centrales. Ces dernières, prévues pour durer 30 années, ont dépassé cette limitation et vont bientôt fêter leur quarantième anniversaire, alors que la durée de vie moyenne des centrales fermées dans le monde est de 21 ans ! A la grande détresse des habitants, des travailleurs de ces centrales et des habitants des alentours. Mais au grand bonheur de Suez qui réalise des profits gigantesques en vendant son électricité sans devoir faire aucun investissement !
Les investissements, où vont-ils? Actuellement, nulle part ! Et pourtant les moyens et le potentiel sont là. Les chercheurs pourraient, avec les moyens nécessaires, élaborer et construire des moyens alternatifs d’énergies respectueuses de la sécurité et de l’environnement.
Si l’énergie nucléaire est un trop grand risque pour l’humanité, il serait hypocrite de quitter le nucléaire dans notre pays… pour aller acheter de l’électricité nucléaire à la France, grande productrice. Nous voulons sortir le secteur de l’énergie des mains du privé et appliquer la logique de l’intérêt général – celui des travailleurs et des habitants – et non celui du profit. Nous déciderons alors quel sera l’avenir pour l’énergie nucléaire, tout en sachant que les profits gigantesques dégagés pour la vente de cette énergie permettront d’investir dans la recherche d’énergies nouvelles et dans l’élaboration et la construction de méthodes déjà connues ou nouvelles.
Manifestation antinucléaire ce dimanche 24 avril à Bruxelles, à partir de 14h00 à la Gare du Nord
A l’appel de la coalition "Climat et Justice Sociale"
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[DOSSIER] Protestations massives au Moyen-Orient et en Afrique du Nord: Quelles perspectives pour la révolution en Egypte?
A la suite des évènements révolutionnaires de Tunisie, les masses égyptiennes ont occupé les rues 18 jours durant. Après le départ de Ben Ali et de Moubarak, les régimes autoritaires de la région craignent pour leur survie. Pourtant, en Egypte, il ne s’agit encore que du début de la révolution.
Dossier par Peter Taaffe
Soulèvement révolutionnaire
En 1936, Léon Trotsky déclarait à propos de la France : ‘‘Jamais la radio n’a été aussi précieuse que ces derniers jours.’’ S’il y a plus de moyens de communication globaux aujourd’hui, le sentiment est identique. Des millions de personnes ont pu suivre le déroulement des évènements et tout a été mis de côté, comme les matchs de l’équipe nationale égyptienne.
Même dans un mouvement révolutionnaire spontané, la garantie du renversement du vieux régime est souvent liée à l’élément de direction de l’insurrection, direction préparée par les forces révolutionnaires au cours de la période précédente. Cet élément était absent de la révolution égyptienne, que divers commentateurs ont qualifiée de ‘‘révolution sans dirigeant’’ Mais la foule était immense (jusqu’à 6 millions de personnes) et très déterminée.
Certains facteurs sont responsables de la décision des généraux de finalement laisser tomber Moubarak. L’un d’entre eux est l’occupation de la place Tahrir, qui a constitué un élément de double pouvoir où la rue a contesté le pouvoir d’Etat. Mais les généraux ont pris peur de la foule croissante, certainement au vu du fait que certains commençaient à prendre la direction du Palais présidentiel et d’autres centres du régime, comme les locaux de télévision. Le ministre américain de la Défense, Robert Gates, a appelé les généraux pour pousser au départ de Moubarak. Mais un autre élément décisif est l’implication de la classe ouvrière, avec des grèves et des occupations d’entreprises.
Un Elément de surprise Ce soulèvement révolutionnaire et insurrectionnel a constitué une surprise pour les commentateurs bourgeois. Dans les documents de notre Congrès Mondial de décembre dernier, on pouvait notamment lire : ‘‘Tous les régimes despotiques et autoritaires de la région craignent à juste titre les mouvements d’opposition de masse qui pourraient se développer en Iran, en Égypte et ailleurs, et qui constitueraient une source d’inspiration pour leurs populations opprimées. Toutefois, à moins que la classe ouvrière ne prenne la direction de tels mouvements, avec un programme de classe indépendant, l’opposition de masse peut emprunter des canaux différents.’’
Tous les ingrédients de la révolution étaient présents, avec la division au sein de la classe dirigeante, l’entrée en résistance de la classe moyenne, et les travailleurs et les pauvres qui expriment leur mécontentement face à la détérioration de leurs conditions de vie, à l’augmentation des prix et au chômage de masse. Cela avait déjà été démontré par la vague de grève qui avait récemment déferlé sur le pays.
Il y a aussi une tradition de lutte contre le régime. Le jour où les protestations de masse ont commencé, le 25 janvier, est aussi le jour où les forces britanniques ont perpétré un immonde massacre de manifestants égyptiens, dont des policiers ironiquement. En 1952, il y a eu une révolution contre le Roi et des émeutes de la faim ont eu lieu contre Moubarak mais aussi contre son prédécesseur, Anwar El Sadat. Aujourd’hui, les évènements de Tunis ont été l’étincelle qui a mis le feu à la révolution égyptienne.
Un coup d’Etat en douceur
La joie était énorme à l’annonce du départ de Moubarak, mais la révolution n’est pas encore achevée, ce qui est compris par de nombreux combattants égyptiens. Les droits démocratiques ne sont toujours pas d’actualité et la loi martiale (en application depuis 30 ans) n’a toujours pas été abrogée. Comme l’a dit un manifestant : ‘‘Nous n’allons pas nous contenter d’une demi-révolution.’’
En fait, il y a eu une sorte de coup d’Etat en douceur destiné à garantir les éléments centraux du régime: le capitalisme et la grande propriété terrienne. L’armée reflète la composition sociale de l’Egypte elle-même. Les conscrits en composent environ 40%. Ces derniers ont été radicalisés par la révolution, tout comme une partie du corps des officiers. Les généraux auront des difficultés à faire respecter la stricte discipline militaire.
Tant la direction de l’armée que l’élite dirigeante espèrent de tout coeur que le rôle des masses est terminé. C’est encore loin d’être le cas. Des illusions existent parmi les masses concernant le rôle de l’armée comme caution de la révolution, idée renforcée par des figures comme Mohamed El Baradei qui a déclaré que l’armée devrait prendre le pouvoir afin d’empêcher toute ‘‘explosion’’ dans le pays. Cela résume la crainte des capitalistes libéraux face aux menaces qui pèsent contre les bases économiques et sociales de l’Egypte capitaliste.
La menace de la contre-révolution
Si la classe dirigeante et l’armée ont à faire le choix entre un statu quo et une véritable révolution, certainement une révolution socialiste, ils feront tout pour favoriser la première option. Le révolutionnaire irlandais Henry Joy McCracken avait dit : ‘‘Les riches trahissent toujours les pauvres’’. Cela vaut tout particulièrement pour les propriétaires terriens et les capitalistes pourris qui prédominent dans les pays néocoloniaux. Les responsables de l’ancien régime sont dans un premier temps obligés de s’adapter au nouveau pouvoir, mais uniquement pour ensuite voir comment restaurer leur influence. C’est ce qui s’est produit après la révolution de février 1917 en Russie avec le général réactionnaire Kornilov ou au Chili avec le général Pinochet, qui avait utilisé sa position dans l’armée sous le gouvernement radical d’Allende pour faire un coup d’Etat et noyer la révolution dans le sang. La révolution, à moins de parvenir à sa conclusion socialiste, provoque inévitablement des tentatives contre-révolutionnaires de la part du vieux régime.
L’armée manoeuvre
Il ne suffit pas de déposer Moubarak et sa clique, il faut mettre un terme au pouvoir socio-économique sur lequel se base le régime. La direction de l’armée est pieds et poings liée au capitalisme et aux propriétaires terriens. Le chef du conseil suprême de l’armée égyptienne, le maréchal Tantawi, est également l’un des plus gros industriels du pays. L’armée égyptienne ressemble sur ce point à l’élite militaire pakistanaise : elle contrôle une grande part de l’industrie et fait partie de l’élite capitaliste. L’élite de l’armée égyptienne n’est pas seulement liée à la classe dirigeante, elle a intégralement soutenu la politique impérialiste américaine au Moyen Orient. Ces dernières années, le régime égyptien a reçu environ 1,5 milliards de dollars chaque année, dont une bonne part est revenue à la direction de l’armée.
De ce côté-là, aucun soutien ne peut être attendu pour la révolution. Une fois que la classe ouvrière aura décidé de s’impliquer sur le plan politique avec des mouvements et des grèves de masse qui mettront en avant des revendications autres que seulement sur les salaires et les conditions de travail, l’armée aura vite fait de choisir son camp. Mais d’autre part, il y a un soutien à la révolution à différents niveaux de l’armée. Les soldats doivent aussi s’organiser, même si la radicalisation n’y atteint pas les proportions que l’on a pu connaître dans l’armée portugaise durant la révolution de 1974.
Parmi les soldats, le rôle de la direction de l’armée va de plus en plus être questionné, ce qui conduira à des conflits. Les forces révolutionnaires doivent y jouer un rôle et poser la question des liens entre la base de l’armée et les protestations de la rue. Cela peut se faire avec des revendications portant sur la constitution de comités de soldats avec les droits démocratiques pour parvenir à un changement dans l’armée et dans la société.
Un gigantesque gouffre entre les classes
Il est maintenant d’une importance cruciale de construire sur base des récentes luttes de la classe ouvrière et d’instaurer des comités de travailleurs et des pauvres dans les usines et les quartiers ainsi que de les relier aux niveaux local, régional et national.
A la base même de la société, parmi les travailleurs les plus exploités et les pauvres, une révolution suscite naturellement la sympathie et le soutien. Le journaliste britannique Robert Fisk a relaté la façon dont les enfants sans abris (au nombre de 50.000 dans la capitale) ont été impliqués dans les évènements révolutionnaires. Le régime a essayé de les récupérer, mais nombreux sont ceux qui ont choisi le camp de la révolution.
La révolution offre à la classe ouvrière l’opportunité de mettre en avant ses propres revendications au niveau politique ou social. Nombre de facteurs économiques sont à la base des mouvements en Tunisie, en Egypte et ailleurs. Les salaires très bas combinés à la hausse astronomique des prix (certainement pour les produits de base comme la nourriture) ont été parmi les éléments déterminants du déclenchement de la révolution. Cela a conduit la classe moyenne mais aussi les travailleurs et les pauvres à protester. Les statistiques officielles disent que sur une population de 80 à 85 millions d’habitants, 40% vit sous le seuil de pauvreté, 44% sont quasi illettrés et 54% travaillent dans le secteur ‘‘informel’’.
Le gouffre entre riches et pauvres est abyssal, un gouffre qui s’approfondit à travers le monde sous le coup de la crise économique. Pour tenter de rester au pouvoir, Moubarak avait promis une augmentation salariale de 15% aux six millions de travailleurs des services publics, ce qui n’a toutefois pas suffi à stopper les protestations. Des revendications portant sur les salaires, une semaine de travail plus courte et d’autres revendications du mouvement ouvrier (notamment au sujet des soins de santé et de la sécurité) devront faire partie du programme combatif dont ont besoin les travailleurs pour la période à venir. Pour cela, les travailleurs doivent construire leurs propres organisations et syndicats.
L’auto-organisation des travailleurs
Les syndicats indépendants qui se développent maintenant doivent tourner le dos aux dirigeants syndicaux occidentaux qui voudront les limiter à l’intérieur du cadre du capitalisme.
La lutte ne concerne pas seulement les droits démocratiques comme le droit de grève et le droit de constituer des syndicats. La classe ouvrière a besoin de ses propres organisations de lutte, dans les entreprises mais aussi dans la société de façon plus générale. La classe dirigeante essayera de former un ‘‘Parlement’’ pour défendre ses intérêts. Les masses doivent y opposer leur propre ‘‘Parlement’’ : des conseils de travailleurs et des paysans pauvres qui lutteraient pour une Assemblée Constituante démocratique.
La nécessité d’une véritable confédération syndicale des travailleurs égyptiens est criante. Cette question est liée à la création d’une expression politique indépendante, flexible et démocratique de la classe ouvrière organisée, l’équivalent des comités de masse créés durant la révolution russe et que l’on a aussi pu voir durant des évènements similaires dans l’histoire. Quand, durant la première révolution russe de 1905, de tels comités ont été improvisés, c’était essentiellement des comités de grève. Aucun des représentants politiques des travailleurs n’imaginait que cela puisse être élargi jusqu’à devenir des organes de lutte de masse et, éventuellement, après la révolution d’Octobre 1917, des organes de pouvoir pour la classe ouvrière victorieuse. La revendication de construction de comités ouvriers de masse n’est pas applicable à toutes les situations, mais c’est tout à fait légitime dans une période révolutionnaire, comme c’est clairement le cas en Egypte.
Une Assemblée Constituante Révolutionnaire
Les grèves ne concernent déjà plus uniquement des caractéristiques économiques et industrielles mais aussi des aspects politiques.
C’est assez symptomatique de la façon dont les travailleurs égyptiens voient la situation. Une révolution est un grand professeur pour les masses, qui apprennent plus et à plus grande vitesse qu’en temps normal. Les 18 jours de janvier et de février ont été une période d’éducation intense et ont forgé les travailleurs égyptiens dans un processus de révolution et de contre-révolution.
Dans le but de soutenir cela, la classe ouvrière a besoin de tirer les conclusions nécessaire. Il est primordial d’entamer un processus de création de comités de masse. La classe ouvrière doit se battre pour exprimer de manière indépendante ses positions dans la société en gardant farouchement son indépendance de classe.
La classe ouvrière doit se faire le meilleur avocat d’un programme et des droits démocratiques. C’est la seule façon pour elle de prendre la direction révolutionnaire des différentes sections de la société : les paysans, les pauvres des villes et des sections de la classe moyenne qui voient l’obtention de la démocratie comme la tâche la plus urgente dans la situation actuelle. Les slogans démocratiques comme de revendiquer une presse libre, avec la nationalisation des imprimeries pour faciliter l’expression de toutes les tendances de l’opinion, et le droit d’association libre sont cruciaux.
Mais la revendication la plus importante d’une portée générale est celle d’un Parlement démocratique, d’une assemblée constituante. Il est clair que les classes possédantes, même si elles sont préparées à concéder certains droits démocratiques, ne sont pas en faveur d’une démocratie large, honnête et accessible à tous. On ne peut accorder aucune confiance aux généraux ou aux élites pour construire une véritable démocratie en Egypte.
Face à cela, les travailleurs devraient appeler à la formation de conseils indépendants des travailleurs et des paysans pauvres. L’ensemble du programme démocratique devrait être appuyé par l’appel pour une assemblée constituante qui aurait un caractère révolutionnaire dans le contexte de la révolution actuelle. Des comités doivent assurer que les élections soient correctement organisées et que les votes ne soient pas achetés comme par le passé.
Nous nous démarquons complètement des formations ‘pro-capitaliste’ qui ont aussi soulevé la question de l’assemblée constituante dans une forme abstraite. La classe ouvrière n’a aucun intérêt dans un régime où le président a le dernier mot. Ce régime était celui de Moubarak, celui de Sadate et celui de Gamal Abdel Nasser. Nous sommes contre une ‘chambre haute’ qui contrôle et repousse les demandes radicales de la classe ouvrière et des pauvres. Une élection démocratique pour une assemblée constituante révolutionnaire devrait être le mot d’ordre des masses égyptiennes.
Une telle revendication agitée dans une campagne de masse par les forces révolutionnaires aurait un énorme effet dans la situation actuelle. Cela devrait aller de pair avec la création d’un parti de masse des travailleurs qui donnerait une voix aux sans-voix et aux oubliés.
Répercussions internationales
La révolution Egyptienne n’a pas été un évènement strictement intérieur, mais un phénomène étendu à tout le Moyen-Orient et à l’ensemble du monde. Les masses égyptiennes ont secoué les fondations du pouvoir impérialiste qui croyait qu’il pouvait tenir toutes les rênes dans ses mains. Une des affiches placardée après le départ de Moubarak disait : ‘‘2 partis, 20 à faire partir’’, premièrement la Tunisie et maintenant l’Egypte. Bien sûr, cela ne se reproduira pas à l’identique automatiquement pour chaque aspect et détail dans les pays de la région.
Il n’y a aucun régime stable dans la région. Les régimes les plus réactionnaires du Golfe, les potentats semi-féodaux, tremblent actuellement devant le magnifique mouvement des travailleurs Egyptiens. Déjà en Jordanie, les échos de ces mouvements sont reflétés dans les manifestations de masses, tout comme en Lybie, en Algérie et au Maroc. Au Yémen, le président a promis de ne pas se représenter. Cependant, sa tentative de rester encore 2 ans est intenable. Il peut être déchu par un mouvement de masse dans la prochaine période.
L’équilibre des forces a considérablement changé dans la région. Un des régimes le plus effrayé est sans doute celui qui apparait comme le plus fort, Israël. Jusqu’ici, la classe dirigeante israélienne était soutenue par le régime de Moubarak à travers son soutien honteux à l’embargo imposé aux masses pauvres palestiniennes à Gaza. Le canal de Suez est aussi un facteur stratégique vital.
La classe ouvrière israélienne qui est récemment entrée en conflit avec son propre gouvernement sera aussi touchée par la révolution égyptienne. Une Egypte démocratique et socialiste lancerait une collaboration intime avec la classe ouvrière dans les deux pays conduisant à une réelle paix à travers une confédération socialiste des états du Moyen Orient. Des conséquences à moyen et long terme pourraient mettre en avant le scénario d’une autre guerre dans la région. Mais la plus importante guerre qui doit être diligemment menée est la guerre de classe. Nul doute qu’une nouvelle page de l’histoire est en train de s’écrire dans cette région du monde et particulièrement pour la classe ouvrière. Toutes les forces combattant pour un monde socialiste, le PSL et son internationale le Comité pour une Internationale Ouvrière saluent la classe ouvrière égyptienne et espèrent et attendent avec ferveur que ce nouveau chapitre soit favorable au mouvement de la classe ouvrière dans le monde.
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Tunisie, Égypte,… Quelles perspectives et quel programme pour les masses?
Lors de la discussion sur les perspectives internationales du Comité National du PSL-LSP qui s’est tenu ce weekend, un bonne part des interventions ont eu trait au processus actuellement à l’oeuvre dans le Moyen-Orient et au Maghreb. Le texte suivant reprend quelques uns des éléments qui ont été mis en avant, mais la discussion a été plus large et comprenait aussi des aspects historiques (Nasser, la crise du canal de Suez, le pan-arabisme,…) ou encore la situation au Yémen et en Algérie, thèmes sur lesquels nous reviendrons.
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A lire aussi- Révolution en Tunisie, en Egypte,… Rubrique spéciale de socialisme.be
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- La première phase de la révolution a réussi à virer Ben Ali ! Il faut continuer ! (24 janvier)
- Les tâches urgentes de la révolution tunisienne (17 janvier)
- Maghreb : La révolte Tunisienne s’étend en Algérie – Solidarité avec les masses Tunisiennes et Algériennes ! (14 janvier)
- Révolte sans précédent en Tunisie (11 janvier)
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Des mouvements qui ne tombent pas du ciel
Dans le document du 10e Congrès Mondial du CIO consacré au Moyen Orient et à l’Afrique du Nord, il était dit ”tous les despotes et les régimes autoritaires de la région ont peur de mouvements de révolte de masse. Des mouvements en Iran ou en Egypte sont possibles, qui peuvent alors en inspirer d’autres. Si la classe ouvrière n’en prend pas la direction, ces mouvements peuvent prendre des directions très différentes.”
Le mouvement en Tunisie a constitué une source d’inspiration pour toute la région: le Yémen, la Syrie, la Jordanie, l’Algérie,… Ces actions ne tombent pas du ciel, elles sont le résultat d’un cocktail explosif fait d’un chômage énorme, d’une très large pauvreté très large (en Égypte, 40% de la population vit avec moins de deux dollars par jour), d’une politique répressive de la part de régimes autoritaires, mais aussi des traditions de lutte dans la région.
Dans cette région aussi, la crise capitaliste a suivi une politique néolibérale très dure. Entre 2004 et 2009, l’Égypte a attiré 42 milliards de dollars d’investissements extérieurs, investissements obtenus avec la promesse qu’il n’y aurait pas de taxes sur les profits. Une partie du secteur bancaire a été privatisée pour des entreprises d’autres pays et les principaux actionnaires des banques viennent d’Italie ou de Grèce. La Bourse égyptienne, entre 2004 et 2009, s’est développée en étant multipliée par douze.
La crise s’est développée depuis 2009, avec la chute du prix du pétrole et une diminution des investissements, mais l’Égypte est une des places dans le monde où même avec cela, l’économie a continué à croître. Mais cette poursuite de la croissance économique, la population ne l’a pas plus ressentie qu’avant. Différents mouvements avaient déjà eu lieu ces dernières années et qui exprimaient cela.
Entre 2004 et 2008, 194 grèves s’étaient développées chaque année en Egypte, surtout dans les centres textiles et à Suez. Entre 1992 et 2010, le gouvernement a mené sa politique de privatisation, et c’est dans cette période que ceux qui ont moins de deux dollars par jour sont passé de 20 à 44%. 66% de la population a moins de 25 ans, le poids de la jeunesse est extraordinaire et, parmi les chômeurs, 90% a moins de 25 ans. Cela illustre encore une fois que le mouvement ne tombe pas du ciel. Entre 2008 et 2010 il y a eu 1600 grèves chaque année, soit trois fois plus que durant la période précédente.
Différentes multinationales sont présentes en Égypte, comme la multinationale française Lafarge (construction). L’Égypte représente pas moins de 10°% de ses profits. Mais on trouve aussi des entreprises Solvay, Unilever, la Société Générale, Heineken,… En Tunisie, quelques 2.500 multinationales sont présentes, dont plus d’un millier de françaises qui engagent 110.000 travailleurs. Les 146 entreprises belges emploient 20.000 travailleurs.
Ce mouvement n’est pas uniquement basé sur des revendications démocratiques, c’est aussi une expression de la crise mondiale et du fait que toute une génération de jeunes n’a aucune perspective pour l’avenir. La crise capitaliste a brisé chaque espoir d’un meilleur avenir, cette illusion était présente et a été réduite à néant.
On peut parler de mouvements révolutionnaires dans la région, avec une majorité de la population participant activement au mouvement dans l’intention de changer le statuquo en leur faveur et pour retirer la gestion de la société hors des mains de l’élite et des classes dirigeantes. Les manifestations sont massives et très populaires, avec beaucoup de travailleurs, des pauvres mais aussi des couches moyennes. Les appels initiaux ont été diffusés par des nouveaux médias, c’est une bonne manière de les utiliser. Mais il serait exagéré de dire que c’est une révolution Facebook. Ainsi, seulement 6% de la population égyptienne est sur Facebook.
Dans les débats autour de ces évènements, il y a beaucoup de comparaisons avec les mouvements révolutionnaires du passé, comme les Révolutions colorées de la décennie précédente. Des explosions de colère ont ressemblé à cela, mais le mouvement actuel est bien plus profond. La conscience des masses est plus élevée et la conscience des classe est présente, c’est plus difficile à récupérer pour la bourgeoisie. On mentionne aussi la Révolution iranienne de 79, mais il est clair qu’il y a beaucoup de différences avec cela. On parle encore de la chute du stalinisme en 89-91. En fait, toutes les comparaisons ont leurs limites, et chaque révolution a ses propres éléments et sa propre dynamique.
En Tunisie, le mouvement est rapidement parvenu à une première victoire. D’autres régimes tirent la conclusion que faire des concessions est dangereux, cela peut renforcer le mouvement. Chaque concession de Ben Ali a renforcé la confiance des masses, chaque concession a illustré le pouvoir du mouvement. La fuite de Ben Ali n’a ainsi pas stoppé le mouvement, ni la recomposition du gouvernement, ni la démission des ministres de l’UGTT. Les mobilisations continuent, avec toutefois un caractère différent.
Différents secteurs connaissent des grèves. On essaye là aussi de stopper les protestations avec des concessions: les éboueurs ont reçu une augmentation de salaire de 60%. Des programmes sociaux ont été introduits par le gouvernement. Le régime tunisien a implosé, et cela a constitué un catalyseur pour le développement du mouvement en Égypte.
L’Egypte
L’Égypte diffère de la Tunisie au niveau économique (avec le canal de Suez) et politique. C’est aussi la population la plus grande de la région. L’Égypte est un des piliers les plus importants de l’impérialisme américain. Une de ces facettes est la relation avec Israël, un des alliés les plus farouches de Moubarak à l’heure actuelle. Le régime israélien a appelé Moubarak à utiliser la violence contre le mouvement. Le soucis de la classe dirigeante israélienne, c’est l’impact que cela aurait sur les masses palestiniennes. Il y a le problème du blocus de Gaza, auquel le régime de Moubarak collabore. Cette politique est très impopulaire en Égypte même, et ce qui se passerait avec un changement de régime n’est pas clair.
Depuis mercredi, il est clair que le mouvement révolutionnaire en Égypte est compliqué. Jusque mardi, c’était plutôt joyeux. Mardi, il y avait plus d’un million de manifestants au Caire. La façon dont les choses s’étaient déroulées en Tunisie avait créé des illusions sur la facilité de renverser un régime. Mais depuis mercredi, le régime a utilisé les forces de la contre-révolution. La base sociale pour cela, c’est le sous-prolétariat du Caire, mais aussi les fonctionnaires du régime qui ont beaucoup à perdre. On peut faire la comparaison avec la manière dont le régime tsariste s’est opposé à la révolution de 1905 en Russie. Le mouvement sera-t-il assez fort pour aller contre le pouvoir? Les manifestations de vendredi ont confirmé que le mouvement est encore en train de croître et n’a pas perdu de ses forces, mais le potentiel n’est pas utilisé: pas de marche vers le palais présidentiel par exemple. C’était le ”jour du départ”, mais peu a été fait pour que Moubarak dégage vraiment.
Pour arriver à une défaite fondamentale du régime, la classe ouvrière doit intervenir en tant que classe. Comme en Tunisie, il y a des liens très forts entre les directions syndicales et le régime. Tous les dirigeants sont membres du parti de Moubarak. Le régime exerce un contrôle sur la fédération syndicale. C’est vrai, mais dans les dernières luttes, des militants de base se sont opposés aux directions syndicales. Le syndicat des contrôleurs de taxes a même quitté la fédération syndicale pour rejoindre une nouvelle structure syndicale qui défend le salaire minimum, la sécurité sociale,… C’est difficile d’avoir énormément de précisions, mais ce nouveau syndicat est impliqué dans les comités de quartier.
Le mouvement doit partir à l’offensive pour éviter que le régime et les Etats-Unis n’organisent une transition favorable aux capitalistes. Les revendications sociales doivent être centrales dans le mouvement afin d’également mobiliser les couches les plus passives.
Les Frères Musulmans ont hésité avant de s’impliquer. Mais en même temps, des rapports disent que parmi ceux qui ont défendu la place du Caire, il y avait beaucoup de Frères Musulmans. Les cadres étaient contre tout soutien au mouvement, ce sont les jeunes qui ont fait pression, ce sont ces jeunes qui, mercredi dernier, participaient à la défense des manifestants contre la contre-révolution. Un scénario ”à l’iranienne” est peu probable, mais il est possible que les Frères remplissent le vide politique. Quelque soit le régime qui succèdera à Moubarak, il ne pourra toutefois pas collaborer avec Israël de la même manière. En Palestine, tant le Hamas que le Fatah sont contre le soutien au mouvement, ils voient les dangers pour leur propre position. Tout changement de régime en Égypte modifie en fait radicalement les choses au niveau du moyen-orient.
Les Frères Musulmans peuvent jouer un rôle, mais ce n’est pas vraiment le cas aujourd’hui. La direction de Frères dit que leur modèle est plutôt celui de l’AKP d’Erdogan en Turquie et pas le modèle iranien. Ce n’est bien entendu que ce qu’ils disent, mais c’est aussi possible que cela soit une réflexion de ce qu’ils constatent: dans la rue, l’idée d’une société islamiste ne vit pas. Bien entendu, ils savent que s’ils rentrent dans le vide politique existant, ils vont se trouver dans une situation très compliquée, et c’est la raison pour la quelle eux aussi mettent en avant El Baradei pour qu’il négocie avec le régime.
L’armée tente de gagner du temps pour, avec les USA, sauver l’élite et leur propre position dans la société égyptienne. Mercredi, pour beaucoup de manifestants, c’était clair que l’armée avait laissé l’espace pour ceux qui soutenaient le régime. Le chaos peut aider l’armée et cela peut renforcer parmi la population l’idée d’un appel à l’ordre. Mais l’armée n’est pas quelque chose d’homogène. Il y a eu des fraternisations entre soldats et manifestants en certains endroits. Pour les manifestants, il est crucial d’avoir une approche envers les simples soldats pour les détacher de la hiérarchie.
Extension internationale
Un des éléments important dans cette vague de révolte et de révolution, c’est la dispersion internationale. C’est un élément important, mais loin d’être neuf. A l’époque de Nasser, lors de la crise du canal de Suez en 1956, ce dernier avait mis en avant une grève générale dans toute la région, appel qui a joué un grand rôle dans la défaite de l’impérialisme. Mais le nationalisme arabe de Nasser a eu ses limites. Khadafi aujourd’hui est un des derniers représentants de cette époque du nationalisme arabe, qui a eu de grandes répercussions dans la région.
Le développement de cette situation en Égypte a des incidences ailleurs. En Chine, ils essayent d’étouffer les évènements. Les médias ne parlent que de hooligans qui viennent tout casser au Caire. Le régime craint la propagation des protestations, et d’autres aussi, l’Iran par exemple. Khamenei, l’actuel Guide Suprême, a essayé de félicité le ”mouvement pour la libération musulmane” et, comme le Tea Party aux USA, le régime affirme que le mouvement ne vise qu’à instaurer un régime islamiste. De tels mouvements peuvent se développer dans d’autres régions, et un des éléments clé est le prix de l’alimentation. L’agence alimentaire américaine a publié un rapport sur l’insécurité alimentaire qui disait que les gens ont trois options: se révolter, migrer ou mourir. Il y a une grande possibilité qu’une grande révolte se développe sur ce thème.
L’impérialisme ébranlé
Personne n’a vu venir le mouvement en Tunisie. En un mois seulement, Ben Ali a tout perdu. L’énorme vitesse à laquelle le régime a été poussé dans la défensive, la vitesse à laquelle l’armée a été séparée de Ben Ali, la formation rapide des comités qui ont notamment jeté leurs patrons, tout cela est phénoménal. Entretemps, le régime cherche à voir comment canaliser la situation de double pouvoir qui existe. Le problème pour la bourgeoisie et l’impérialisme en Tunisie, c’est qu’ils n’ont pas quelqu’un comme El Baradei ou Amr Moussa, le président de la ligue arabe, qui est égyptien. Les USA continuent à miser sur le premier ministre, mais nous devons voir comment les relations de force vont se développer.
Blair a parlé de Moubarak comme de quelqu’un de très courageux et une force œuvrant pour le bien et Obama, moins directement toutefois, est sur une position similaire. Pour donner une idée du rôle crucial de l’Égypte pour USA: depuis 1979, le pays reçoit 1,3 milliard de dollars de soutien militaire par an de la part des USA. C’est plus ou moins le même montant que ce que les USA donnent au Pakistan et à Israël. L’armée égyptienne est la 10e au niveau mondial, et elle joue un rôle crucial pour défendre les intérêts de l’impérialisme dans la région.
L’impérialisme recherche des figures capables de restaurer la stabilité, mais c’est dans la rue que le résultat du mouvement va se jouer.
Le double pouvoir et le rôle d’une direction révolutionnaire
On peut conclure que le mouvement a jusqu’ici été très spontané et sans véritable organisation, mais on voit aussi un développement important de l’auto-organisation, comme avec la manière dont la sécurité a été organisée place Tahir, très impressionnante, de même que la façon dont des comités de quartier ont été instaurés en Tunisie ou en Égypte pour défendre les quartiers contre les pillages. Des comité sont lancés dans les entreprises aussi, et tout cela peut être la base pour développer un gouvernement des travailleurs et des petits paysans.
Un processus révolutionnaire ne se développe pas de façon linéaire. En Tunisie, on assiste à un reflux du mouvement, malgré le développement d’une grève dans les métros à la suite de la victoire obtenue par les éboueurs par exemple. Cela contraste tout de même fortement avec la grève générale contre le régime et les protestations des semaines précédentes.
Cette période était en fait déterminée par les premiers éléments d’une situation de double pouvoir où les comités de vigilance et les comités de quartier se développaient face au pouvoir du régime. Le danger du vol de la révolution tunisienne avec la complicité des institutions internationales est réel. La direction de l’UGTT soutient le gouvernement de Ghannouchi composé de patrons issus de l’étranger. Il faut réclamer un Congrès Extraordinaire de l’UGTT basé sur l’élection de représentants de la base afin de changer de direction syndicale.
Mais il manque aussi une direction révolutionnaire. Le danger le plus grand est constitué par cette absence de direction qui laisse l’espace pour des figures bourgeoises. Il y a des mouvements comme dans les syndicats, qui sont importants et qui rendent très très difficile pour le régime de pouvoir revenir à la précédente situation, tant en Egypte qu’en Tunisie. Le résultat du mouvement sera décidé par l’organisation des masses: il faut renforcer les comités de base et les pousser à l’offensive contre le gouvernement.
Le limogeage des PDG dans les entreprises en Tunisie et les barrages de travailleurs refusant que les anciens directeurs reviennent posent directement cette question: qui prend la direction des usines? Le gouvernement ? Les travailleurs ? D’autres capitalistes ? Nous devons considérer le développement de comités dans les entreprises, les écoles,… comme la base de la future société socialiste. Il ne suffit pas de s’opposer à la politique libérale, aborder la question du contrôle ouvrier est un point crucial dans le développement du mouvement aujourd’hui.
Il ne suffit pas de réclamer la dissolution du RCD (le parti de ben Ali), la liberté d’expression et syndicale,… Saluer le développement des comités de base est très bien, mais il faut surtout amener la question de la prise du pouvoir par ces comités, les élargir et appeler à une Assemblée Constituante Révolutionnaire sur base de délégués démocratiquement élus dans les comités de base. Contre des mots d’ordre vagues de formation d’un gouvernement intérimaire qui jouisse de la confiance du peuple, il faut pousser la nécessité d’une démocratie des travailleurs basée sur les comités de base et les travailleurs.
Concernant la police, réclamer une police basée sur la supériorité de la loi et les droits de l’homme est illusoire et totalement insuffisant à l’heure où l’on voit des bandes contre-révolutionnaires attaquer physiquement les locaux syndicaux, les militants,… La défense du mouvement doit être basée sur l’extension des comités, et cela vaut aussi pour la justice, etc. Ces comités doivent aussi être étendus à l’armée pour organiser les soldats qui ont fraternisé avec la révolution. Cela doit être la base pour fractionner l’appareil d’État. La direction de l’armée a lâché Ben Ali, mais ne veut pas que le mouvement aille plus loin.
Enfin, concernant notre travail militant, nous devons accorder une grande attention aux sensibilités qui existent vis-à-vis de la question nationale. Il n’est pas question de crier à la révolution du ”monde arabe”, la question est beaucoup plus vaste. Les berbères, par exemple, ne sont pas arabes et sont opprimés au Maroc et ailleurs. On trouve également des berbères en Algérie, en Libye, en Tunisie et en Egypte. Ce terme de ”monde arabe” exclut aussi l’Iran, et l’on se rappelle encore des puissants mouvements de 2009.
On ne peut jamais prédire comment les choses vont se développer, mais ces mouvements confirment la confiance que le Comité pour une Internationale Ouvrière et ses sections, comme le PSL-LSP en Belgique, a toujours eu envers les capacités des masses pour se battre en faveur de leurs conditions de vie. Une fois ces mouvements initiés, cela a conduit à une détermination très profonde. Ces mouvements ont même confirmé les méthodes traditionnelles de la classe ouvrière, même initiés de façon spontanée par les masses.
Bien entendu, c’est aussi la confirmation gigantesque de la nécessité d’une organisation révolutionnaire capable de garantir que l’énergie d’un tel mouvement soit utilisée pour aller vers une une société orientée vers la satisfaction des intérêts des masses, c’est-à-dire une société où les secteurs clés de l’économie sont retirés de la soif de profit du privé pour être démocratiquement planifiés, une société socialiste.
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Egypte : Le régime de Mubarak ébranlé par les plus fortes manifestations depuis 30 années
“La Tunisie est la solution”
Ces manifestations ont pris place le 25 janvier, le Jour de la Police, un jour férié national commémorant la lutte de la police d’Ismailia contre l’occupation britannique en 1952. Aujourd’hui, les forces de police de Mubarak sont directement à l’opposé d’un mouvement de libération! Elles sont utilisées pour réprimer violemment les travailleurs et les jeunes qui veulent manifester leur colère contre une élite corrompue et fabuleusement richissime.
David Johnson, Socialist Party (CIO-Angleterre et Pays de Galles)
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Ceux qui ont appelé à manifesté ont directement été inspirés par le magnifique mouvement des masses tunisiennes. On retrouve parmi ces initiateurs le ‘Mouvement de jeunes du 6 avril’ et le groupe facebook ‘Nous sommes tous des Khaled Saeid’, du nom du jeune qui a été tué par la police à Alexandrie en 2010 après avoir dénoncé la corruption qui y règne.
On estime à 15.000 le nombre de personnes qui ont pris part aux mobilisations dans la capitale, Le Caire, avec des départs de différents endroits de la ville convergeant vers la place Tahrir. Des centaines de manifestants ont brisé les cordons de sécurité et ont été rejoints par des passants, y compris des familles avec leurs enfants. Sur les banderoles, on pouvait notamment lire en plusieurs endroits “La Tunisie est la solution”. D’autres appelaient à la chute du régime égyptien et à la démission du Premier Ministre. Des affiches montrant Hosni Mubarak et son fils détesté, Gamal, ont été arrachées avec colère.
Dans un premier temps, la police ne semblait pas trop savoir comment répondre à un tel nombre de protestataires, dépassant très largement les quelques centaines qui participent habituellement à ce genre de mobilisation. Par la suite, ils ont recouru à des cannons à eaux ainsi qu’à des gaz lacrymogènes contre les manifestants, ces derniers chargeant une autopompe et ouvrant la porte du conducteur pour le tirer hors du véhicule. La jeunesse s’est montrée particulièrement brave dans les confrontations avec la police, tenant leurs positions et repoussant la police et de nombreuses occasions.
Des rapports ont également fait état de luttes entre manifestants et forces de police du district du Caire de Mattariya. Quelques 15.000 manifestants ont occupé les rues de Kafr El-Sheikh, dans le nord du pays, 2.000 à al-Mahalla al-Kubra (où une grande grève s’était déroulée en 2006). Plus de manifestants étaient présents à Alexandrie, Dar El-Salam, Boulaq, Maadi, Ard El-Lewa et Imbaba. Au Sinai, la route vers l’aéroport de Al-Goura à Rafah, ainsi que la route de Al-Mahdiya, ont été bloquées avec des voitures et des pneus enflammés. A Suez, deux manifestants ont été tués par la police.
De précédentes protestations initiées par Facebook et des groupes de jeunes le 6 avril 2009 et 2010 avaient reçu des réponses mixtes. La police a habituellement réussi à protéger les centres-villes et à empêcher de grands rassemblements. Les protestations au Caire ne durent habituellement qu’une heure, mais elles se sont poursuivies tard dans la nuit ce 25 janvier, jusqu’à ce que la place soit finalement vidée par la police. Des sites comme Twitter et Bambuser ont été bloqués pour éviter tout partage d’information ou de vidéo.
Opposition
Quelques partis d’opposition ont soutenu l’appel à manifester – les nasséristes, Ayman Nour’s al-Ghad et al-Karama. D’autre, al-Wafd et al-Tagammu, les ex-partis ouvriers, ne l’ont pas fait. Le plus grand groupe d’opposition, les Frères Musulmans, sont apparus très confus sur cette question de soutenir ou non le mouvement. Ses dirigeants ont hésité jusqu’au jour même tandis que les jeunes membres créaient des pages Facebook en soutien des protestations. Un porte parole des Frères Musulmans a déclaré : “Les protestation de la place Tahrir sont spontanément apparues, (…) nous n’avons envoyé personne. Le gouvernement sait exactement qui représente ces manifestations. Nous espérons qu’il accèdera aux demandes du peuple."
L’Eglise Copte (chrétiens d’Egypte) a appelé ses membres à éviter les cortèges de manifestants, trois semaines seulement après que des centaines de chrétiens aient protesté après l’attentat à la bombe d’Alexandrie, et n’ont rencontré que la violence de la police. Un prêtre a déclaré: “La Sainte Bible nous recommande d’obéir à nos Rois et dirigeants; des appels à manifester sont destructifs et nous prions donc pour le salut de l’Egypte.”
Bien entendu, le gouvernement n’a aucune intention d’aller dans le sens des revendications de manifestants pour plus d’emplois, pour un salaire minimum et pour la fin de la corruption, de la répression et des torture de la police. Il pourra éventuellement faire des concessions dans le feu des protestations de masse, mais comme la Tunisie l’a démontré, chaque concession augmentera la confiance des travailleurs et des jeunes pour aller plus loin dans leurs revendications.
La détermination des travailleurs et des jeunes contre le régime marque une nouvelle étape en Egypte. Plus jamais le régime de Mubarak ne sera en état de maintenir sa poigne sur le pays par la peur comme il a pu le faire précédemment. Jusqu’ici, la classe ouvrière égyptienne a à peine fléchi un muscle, mais l’atmosphère dans le pays est déjà électrique.
La tâche la plus urgente actuellement est la formation par les travailleurs de leur propre parti, armé d’un programme socialiste visant à transformer la société. Nous appelons à l’instauration d’un salaire minimum d’au moins 1.200 Livres Egyptiennes (soit l’équivalent de 150 euros); à la garantie pour chacun d’avoir un emploi; au droit de faire grève et de s’organiser dans des syndicats démocratiques et indépendants; à un programme massif de construction de logements, à la garantie de l’accès à l’enseignements et aux soins de santé pour tous, à la fin de la brutalité policière et à des élections libres pour une assemblée constituante démocratique et pour un gouvernement des travailleurs et des travailleurs ruraux. Cela doit être lié à la nationalisation des grandes entreprises, des banques et des grands domaines pour satisfaire les besoins des travailleurs et des pauvres.
L’étincelle de la révolution tunisienne a donné naissance à une flamme qui maintenant s’étend au monde arabe. Les évènements d’Egypte participant à ce processus, et il en ira ainsi jusqu’à ce que tous ces régimes pourris de la région soient renversés et que les ressources de la région seront utilisées pour mettre un terme à la pauvreté et à la répression de ces masses qui ont déjà souffert si longtemps.
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La crise exige une modification de la politique économique – La lutte des classes en déterminera le caractère (Quatrième partie)
Dans cette partie, nous analysons les propositions à l’approche des négociations pour un accord interprofessionnel. Nous soulevons les difficultés pour boucler les budgets de 2008 et de 2009, qui devraient être finalisés le 14 octobre. Dans la dernière partie, nous révélons les drames sociaux déjà présents même avant que la crise se soit étendue à l’économie réelle.
Texte de perspectives du Congrès National DU PSL/LSP. Ce texte a été écrit durant l’été.
Handicap salarial ?
112. Mais d’où vient alors cette ténacité chez les travailleurs à se mettre tout de même en action ? C’est vrai que nous n’avons pas encaissé les profits des entreprises, les dividendes des actionnaires ou encore les augmentations salariales des managers, mais nos salaires augmentent quand même plus vite que dans les pays voisins, n’avons-nous pas un handicap salarial ? Notre salaire horaire nominal a été relevé de 7,5% en 2007 et 2008, largement plus que la norme salariale de 5,1% que les syndicats avaient eu dans l’accord de février 2007. (1) Mais avec les statistiques, tout peut être prouvé. Le chiffre du Bureau du Plan de 2007-2008 est une estimation. En outre, le Bureau du Plan s’attend à une inflation de 6.5% pour la même période. Après déduction de l’inflation, il ne reste donc que 1% d’augmentation salariale. Cela doit représenter aussi bien l’augmentation de la productivité que les glissements des salaires et les augmentations barémiques. La Banque Nationale estime que l’augmentation de la productivité en 2007 a été plus basse que 1%, et ce pour la première fois depuis 2001. Elle estime le glissement des salaires sur 1% cette même année, c’est le phénomène d’augmentation du salaire moyen par le fait que le nombre d’emplois non qualifiés diminue pendant que le nombre d’emplois qualifiés augmente. (2) De plus, il s’agit ici de moyennes qui sont déformées par certaines catégories.
113. En août, le Bureau du Plan a dégagé des chiffres qui donnent le vertige. Les salaires bruts réels, adaptés à l’inflation, des ouvriers masculins dans l’industrie auraient, dans le meilleur cas, diminués de 2.6% de juillet 2007 à juillet 2008. (3) Cela confirme une étude similaire précédente du Bureau du Plan en février de cette année, lorsque les salaires bruts réels de ces mêmes travailleurs avaient, à ce moment là, diminué de 2% sur base annuelle. (4) Les chiffres de la Banque Nationale ont confirmé que cette tendance valait aussi pour les employés et les ouvriers des autres secteurs. Comme raison principale, le Bureau du Plan met en avant l’index santé. Pourtant, déjà avant, la situation n’était pas positive. Fin 2007, il semblait déjà que « le paiement des salariés belges », le salaire, y compris les cotisations sociales, était pour la première fois depuis ’71 en dessous de 50 % du PIB. (5) Dans sa réaction, Cortebeeck, le président de la CSC, avait dit: “cela ne peut pas durer”, tandis que Rudi Thomaes de la FEB avait qualifié ces chiffres de “purement symboliques”.
114. Des études ont paru, pour un oui ou pour un non, afin d’affirmer que les coûts salariaux belges déraillent, que le handicap du coût salarial augmente, etc. La plupart du temps, ce sont des études de l’OCDE qui reçoit ses chiffres des gouvernements nationaux qui, eux, les reçoivent des patrons. Selon la FEB, le handicap salarial s’élève à 12%. On se demande alors comment la Belgique reste un pays si attractif pour les investisseurs. Un coup d’oeil sur les frontières nous l’explique rapidement. Il semble que dans les pays voisins, on raconte les mêmes histoires. Le but de l’OCDE, des gouvernements nationaux,… n’est jamais de parler des salaires à voix haute, au contraire. La Banque Nationale est toutefois, elle, obligée de publier les chiffres réels. Il semble dès lors que les coûts salariaux par heure de travail dans le secteur privé, entre 1996 et 2007, ont diminué en Allemagne de près de 10%, en Belgique de 1% et a augmenté en France et au Pays-Bas de, respectivement, 6% et un peu plus de 15%.(6) La fête en Allemagne se prolonge d’ailleurs jusqu’à la fin. IG-Metall, le syndicat faisant autorité dans toute l’Europe avec ses 3.5 millions de membres, a exigé cette année 8% d’augmentation, revendication la plus élevée depuis 16 ans. Aujourd’hui, près de la moitié a été obtenu, mais cela aurait pu se finir autrement.(7)
115. Il n’est donc pas étonnant que les attaques du président de la BCE Trichet sur l’indexation aient peu impressionné.(8) Les patrons ne sont pas réellement chauds pour une confrontation là-dessus, mais avec une adaptation de l’index à la fin 2007, deux fois en 2008, et probablement encore une fois dans la première partie de l’année 2009, l’avidité patronale peut être stimulée. Lorsque Thomas Leysen est devenu président de la FEB, qui selon lui représente 33.000 entreprises, il a déclaré : « il faudra bien que quelque chose se passe. » (9) Guy Quaden, gouverneur de la Banque Nationale, a suggéré une indexation en chiffres absolus plutôt qu’en pourcentage. De cette manière, les revenus les plus élevés feraient des économies sur l’indexation. Les syndicats ne sont pas tombés dans le piège. Luc Cortebeeck a répondu : « En tirant une partie de l’index à celui qui gagne un peu plus, on mine la portée de tout le système. » (10)
Un accord interprofessionnel en fin d’année
116. Contrairement à ce que les patrons suggèrent tout le temps, le travailleur belge n’a rien à se reprocher. A chaque fois, il apparait qu’il se trouve au top de la productivité. En terme de valeurs produites par heure de travail, avec une moyenne de 53,4$ par heure, il ne laisse passer devant lui que les travailleurs luxembourgeois (71,3$) et norvégiens (53,5$).(11) En Norvège, c’est principalement dû au secteur pétrolier. Les travailleurs américains (52,3$), néerlandais (52,2$), allemands (49,3$), français (51,3$) et surtout japonais (37,5$) sont tous moins productifs. En termes de valeur produite par travailleurs, les belges sont « seulement » à la cinquième place. C’est parce que les travailleurs belges travaillent en moyenne 1.610 heures par an, les américains 1.785 et les irlandais 1.870. Les néerlandais, par contre, travaillent en moyenne 1.413 heures, les français 1.559 et les allemands 1.432. (11)
117. Mais pour certains, ce n’est jamais assez. Le provocateur Van Eetveelt, d’Unizo, ne nous a pas réellement surpris lorsqu’il a prétendu qu’il n’y aurait pas d’espace pour des augmentations salariales. « Ce serait déjà tout un art de pouvoir sauvegarder notre système d’indexation. » Pour la diminution des charges par contre, il voit encore quelques possibilités. (12) Son rêve ? « Travailler 6 jours, pas d’augmentation. Pourquoi ne pas augmenter la semaine de travail de 38 à 48 heures ? Pendant des périodes chargées, on doit pouvoir prester plus. » (13) Ainsi, Van Eetvelt joue son rôle classique : il lance des pistes là où d’autres n’osent pas se prononcer. La FEB va aussi aux négociations pour l’accord interprofessionnel avec des mots d’ordre clairs. Ils en ont 5 : le pouvoir d’achat n’est pas un problème, les salaires sont trop élevés, le marché du travail n’est pas assez flexible, les belges travaillent trop peu et les autorités n’ont pas une vision à terme car malgré l’augmentation de l’espérance de vie, les carrières restent trop courtes. Peter Timmermans, directeur général, rajoute que les négociations d’un accord seront plus difficiles que jamais.
118. Il y a déjà quelques années que nous disons que les petites et moyennes entreprises de livraison seront très vulnérables dans le cas d’une récession. Les 8 premiers mois de 2008, on comptait déjà 5.191 faillites, 8,3% de plus qu’en 2007 et nous sommes sur la voie de casser le record de 2004 de 7.935 faillites. Ces faillites ont entrainé la perte de 12.000 emplois, il s’agissait surtout de petites entreprises. L’assainissement du groupe pharmaceutique UCB où 555 emplois sont menacés à Bruxelles et à Braine-le-Comte, n’en fait pas partie. Il ne s’agit pas d’une faillite. Mais c’est bien un affront pour le gouvernement wallon, puisqu’il appartient au secteur de pointe du plan Marshall. La plus grande augmentation des faillites s’est produite à Bruxelles (+20%), en Wallonie (+10%) et beaucoup moins en Flandre (+1,4%) où 2.387 faillites ont néanmoins été enregistrées. Mais tout ceci avant que la récession n’ait réellement commencé. (14)
119. En septembre, une accélération s’est produite aussi en Flandre. Déjà avant l’été, Beekaert avait fermé sa production de cables d’acier à Lanklaar : une perte de 136 emplois. En été, Punch International a fait de même avec son usine d’enjoliveurs à Hoboken : -315 emplois. En septembre, Barco a décidé de railler 113 emplois dont 2/3 en Belgique. Ce même mois, Picanol a annoncé la perte de 190 emplois à Ypres. L’entreprise de textile Beaulieu restructure à Wielsbeke, -209 emplois et ferme sa filiale à Ninove, -178 emplois. Chez Gilbos à Herdersem, construction de machines de textile, 48 emplois disparaissent en conséquence du démantèlement d’activités de livraison. Domo Gand ferme sa filiale Cushion Floor à Zwijnaarde, 91 ouvriers et 47 employés perdent leurs emplois. En termes de faillites, il y a la fermeture d’UCO-Gand, -400 emplois et du fabricant de meubles Sint-Jozef à Aarschot, -33 emplois. Tout cela seulement en septembre 2008.
120. Pour le patronat, c’est la situation rêvée pour faire monter la pression et se débarrasser de personnel superflu. Probablement espère-t-il effrayer les travailleurs et en même temps procurer une arme pour paralyser la base aux amis secrétaires syndicaux, tels que Herwig Jorissen de la centrale des métallos de la FGTB qui vient d’être divisée sur base communautaire. Bien que la vague de faillites pourrait provoquer des doutes pendants quelques semaines, nous ne croyons pas que cela va paralyser le mouvement des travailleurs. L’appel confus de la FGTB pour une journée d’action le 6 octobre l’exprime. Les différentes centrales interprètent la situation de manière différente.
121. Certains plaident à juste titre pour démarrer la mobilisation par une manifestation nationale. Le 25 septembre déjà, les travailleurs des autorités locales et régionales de Bruxelles ont bloqué toute la ville par des blocages filtrants. A Belgacom, les trois syndicats ont organisés une assemblée commune pour la première fois en 40 ans. (15) Dans la centrale des métallos de la FGTB Wallonie et Bruxelles, on voulait partir immédiatement en grève durant 48 heures, entrainant le danger d’être trop en avance sur la conscience qui vit dans d’autres secteurs. La Centrale Générale et le Setca ont plaidé pour organiser d’abord une manifestation nationale. A De Lijn et à la STIB, on a pratiquement immédiatement commencé à organiser la journée de grève du 6 octobre. En Flandre orientale, en préparation, des assemblées interprofessionnelles sont organisée. A Anvers, on veut organiser un blocage filtrant du port. Cette situation chaotique va restaurer l’atmosphère d’action qui existait avant l’été et préparer les forces pour une confrontation à l’approche des négociations sur l’accord interprofessionnel (AIP).
122. Dans les appareils syndicaux, la contradiction sera poussée jusqu’au bout entre ceux qui veulent totalement atomiser le mouvement et rêvent probablement déjà d’une carrière ailleurs, et d’autres plus sensibles aux pressions de la base et veulent le refléter même si ce n’est que de façon très limitée. Les parties plus radicales des organisations patronales (Voka, Unizo, VKW, Agoria) vont vouloir se baser sur cette contradiction pour lancer des revendications de plus en plus osées et aboutiront probablement à un discours très communautaire. Les parties plus intelligentes du patronat, le sommet de la FEB, reflèteront de temps en temps la pression de ces fragments radicaux et l’utiliseront lorsque cela leur conviendra, mais essaieront en général de temporiser pour permettre aux dirigeants syndicaux de ne pas perdre leur contrôle sur la base et pour permettre aux politiciens de rétablir la stabilité.
123. Il y a probablement une partie des organisations patronales qui estime ne pas avoir besoin d’un accord interprofessionnel. Les grosses entreprises et leurs représentants, par contre, considèrent un accord interprofessionnel comme un instrument pour freiner une vague d’actions et de grèves dans les secteurs et entreprises et seront probablement en faveur d’un accord même si cela exige des concessions limitées. Mais un des problèmes, c’est que le gouvernement ne dispose pas de moyens pour aider à venir à un accord avec des moyens supplémentaires.
La création d’un budget
124. Le gouvernement a d’ailleurs un gros problème. Après s’être chamaillé pendant 15 mois sur le communautaire, il doit toujours faire aboutir son premier budget. Le précédent, était a à l’époque été fait par les ministres de la violette. Le fait que Melchior Wathelet, le ministre du budget sous Leterme Ier, soit devenu le « secrétaire d’Etat au Budget », alors qu’il est en plus responsable de la politique des familles, était déjà un signe. Avec Reynders sur les finances, c’est fatal, celui-ci s’est de nouveau trompé dans ses comptes. Selon le service d’étude des finances, les impôts en 2008 rapporteront 1,1 milliards d’euros en moins que prévu lors du contrôle budgétaire de juillet.(16) Ce sont surtout les revenus de la TVA, et les précomptes professionnels, qui ont été décevant, l’un à cause de l’affaiblissement de la consommation, l’autre à cause des diminutions de charge sur les heures supplémentaires, le travail de nuit et en équipe. Mais pour Reynders, un déficit de -0,3% n’est pas problématique. Cela pourrait d’ailleurs devenir -0,5%. La contribution de Suez de 250 millions d’euros n’est toujours pas réalisée et celle du gouvernement flamand, presque 400 millions d’euros, ne rentrera pas puisqu’il n’y a pas encore de réforme d’Etat.
125. La construction d’un budget pour 2009 sera encore plus difficile. Pour le Bureau du Plan, la croissance diminue jusqu’à 1,2% et si la politique appliquée n’est pas changée, il faudra au moins trouver 5 milliards pour arriver à un équilibre. De plus, le gouvernement a promis de lier les allocations au bien être (200 millions en 2009), de diminuer encore les charges sur les entreprises et de réaliser une marge de 0,3%. (17) Leterme prétend chercher 5 milliards, mais selon Knack et Trends, il devrait en trouver 7. Le 14 octobre, il doit prononcer son discours sur sa politique dans le parlement fédéral. Luc Coene, vice-gouverneur de la Banque nationale, de cachet VLD, a lancé déjà quelques pistes début septembre. « Les années précédentes, les dépenses sociales ont connu une croissance de 2,3% du PIB de plus que prévu. Ce rythme de croissance des dépenses doit diminuer. » Il trouve aussi que « les dépenses publiques doivent être tenues sous contrôle. »
126. Coene ne veut évidemment pas dire que le gouvernement doit quitter sa politique de baisse des charges. Evidemment non, car il prétend que « Après la suède, la Belgique est toujours à la deuxième place sur le plan mondial en ce qui concerne la pression fiscale. » Que faut-il alors ? Voici une sélection du Standaard. Celui-ci titre le 6 mai 2008 : « 40% des fonctionnaires partent en pension d’ici 5 ans ». Le 22 mai, « remplacer seulement un fonctionnaire sur 3 ». Le 26 juin, « Avec 72.000 fonctionnaires de moins, cela marche également ». Finalement, Van Eetvelt a écrit dans une carte blanche à la presse : « L’Etat doit vivre selon ses moyens, comme toute entreprise ». Qui vient de décider que l’Etat est une entreprise ? Il ne le mentionne pas. Pour Van Eetvelt, les dix prochaines années, 11.000 fonctionnaires peuvent disparaitre, et ceci sans bain de sang social et sans diminuer l’efficacité des autorités. Ainsi Van Eetvelt veut répondre à quelques experts financiers qui venaient de déclarer il y a quelques jours qu’ils ne croient pas en des économies sur les fonctionnaires et les soins de santé. (18)
127. Selon ces experts, une économie sur les 80.000 fonctionnaires fédéraux ne rapporte que très peu. Le gros des coûts salariaux se trouve d’ailleurs dans les communautés et les administrations locales. Ils disent ne pas conseiller d’économiser sur les enseignants. Et évidemment, Van Eetvelt et compagnie ne sont pas d’accord. Ils savent aussi qu’une entreprise sur trois est en infraction selon l’inspection sociale (19), que l’administration fiscale est en manque systématique de personnel. Ne plus remplacer les fonctionnaires fédéraux qui partent en pension signifie parallèlement l’érosion de services publics gênants tels que l’inspection sociale et la lutte contre la fraude fiscale. En ce qui concerne l’enseignement, Van Eetvelt et compagnie ont leur réponse : l’immigration économique, c’est meilleur marché. Avec la ministre Open-VLD Turtleboom, ils ont installé une dame de fer sur cette matière.
128. Les spécialistes trouvent aussi que faire des économies sur les soins de santé est irréaliste. « A cause du vieillissement, les dépenses pour les soins de santé croissent systématiquement ce qui rend difficile d’économiser. » Marc Devos, du groupe de réflexion ultralibéral Itinera, totalement hors de soupçon d’une quelconque sympathie de gauche, dit que les soins de santé sans réforme vont directement vers des déficits. Ce que les patients paient pour les soins de santé a augmenté systématiquement contre la tendance européenne et ceci pendant que la qualité a systématiquement reculé. L’OCDE place nos soins de santé à la 18e place (sur 26) en termes de performance. Le nombre de soins prestés est bon mais les résultats sur la santé, tels que l’espérance de vie, la mortalité infantile, les décès dus à des cancers guérissables,… tirent notre système vers le bas. Aux USA, au Canada, en Suisse, en Espagne et au Portugal, les patients eux-mêmes paient une plus grande partie de soins de santé. Pourtant, Itinera plaide pour une limitation de la croissance du budget : « Puisque, autrement, la volonté de réforme n’est pas stimulée. »
129. Van Eetvelt a calculé qu’en diminuant la norme de croissance de 4,5 à 2,8% en 2009, 365 millions d’euros peuvent être économisés sur les soins de santé. « Sans problème pour la santé de la population », ajoute-t-il. Sur le terrain, on n’en est pas convaincu. Là, on montre du doigt le fait qu’il faut tenir compte des développements techniques et scientifiques. Les prothèses des genoux, des hanches, ou les opérations de la cataracte sont heureusement devenus beaucoup plus accessibles qu’à la fin des années ‘80, mais la facture augmente. La norme de croissance actuelle menace d’ailleurs tout le secteur. Des hôpitaux se plaignent de déficits structurels. A Bruxelles, plusieurs hôpitaux sont au bord de la faillite. Au rythme actuel, on évolue de plus en plus vers des soins de santé à 2 vitesses, avec des soins de base pour ceux qui ne peuvent plus se le permettre. On fait d’ailleurs appel de plus en plus à des aides soignants mal payés et la charge du travail est systématiquement augmentée.
130. Où les experts voient-ils alors les possibilités pour équilibre le budget ? « Du côté des revenus, il y a encore des possibilités. C’est déjà la deuxième année consécutive que les revenus des impôts sont en retard de 1 milliards sur le schéma. Avec plus de contrôle, une partie du problème budgétaire serait résolu. » Et plus encore : « Le gouvernement fédéral doit quitter les recettes classiques et taxer le capital. » La crise de crédit internationale et l’indignation généralisée sur l’avidité d’une infime minorité aux dépend de la grande majorité de la population traversent toute la société. C’est ce qui explique le sens soudain des réalités de quelques experts qui voient dans l’avidité de Van Eetvelt et compagnie une menace pour la légitimité du système de profits. Nous sommes ici témoins d’un phénomène classique, c’est-à-dire que la révolution se manifeste d’abord au sommet de la société et non comme on le pense souvent à la base de celle-ci.
131. Pour la majorité des stratèges (petits-) bourgeois et leurs marionnettes politiques, le danger n’est aperçu que lorsqu’il se trouve déjà sous leur nez. En général, ils y ajoutent encore une cuillère. En juin encore, le VLD a revendiqué une baisse des charges à hauteur de 4,4 milliards d’euros. Au niveau de la Flandre, le VLD voulait en plus une diminution de taxe, de ce que l’on nomme le job-korting, à la hauteur de 600 euros, une diminution de l’impôt des sociétés à hauteur de 350 millions d’euros et une augmentation de l’exonération des précomptes professionnels sur le travail de nuit et d’équipe de 10,7 à 15,6%. Finalement, le VLD veut aussi de plus grands avantages fiscaux pour des heures supplémentaires.(20) A la fin de février 2009, tous les flamands qui ont un travail recevront une diminution de taxe de maximum 300 euros, avec un maximum de 600 euros par foyer. Cette diminution ne sera cette fois pas éparpillée sur les 12 mois, mais calculée dans le précompte professionnel sur le salaire de février, trois mois avant les élections. « De cette manière, la diminution est visible pour chaque flamand. »
132. Sur le plan fédéral, le VLD a aussi un liste de revendications : activation plus intensive des 50 ans et plus, réduction des termes d’invitation des chômeurs à un entretien de contrôle, dégressivité des allocations, remplissage plus souple de la semaine de 38 heures et immigration économique. Et, enfin, l’Open-VLD veut s’attaquer aux fraudes sociales. Selon Rik Daems, on peut aller y chercher 3 milliards d’euros, ce qui n’est pourtant qu’un dixième de la fraude fiscale estimée dans une étude de Mc Kinsey et de la VUB à 30 milliards d’euros annuellement. Daems ne vise évidemment pas les cotisations sociales non payées par les patrons, ni les heures supplémentaires payées en noir ou les patrons qui emploient illégalement des travailleurs. Il vise exclusivement ceux qui combinent une allocation avec un peu de travail en noir à gauche et à droite. Selon la criminologue de l’ULB Carla Nagels, Daems a une vision extrêmement libérale de la lutte contre la fraude sociale.
Drame social en construction
133. Daems et compagnie sont à peine capables de s’imaginer ce qui pousse des gens à accepter du travail au noir, pour autant que ça les intéresse. Dans une étude pour l’institut du développement durable, Philippe Defeyt, président du CPAS de Namur, est venu à la conclusion que de plus en plus de familles refusent dorénavant de prendre en charge leurs enfants. Un jeune de moins de 25 ans sur vingt est dépendant d’une allocation du CPAS.(21) Le nombre de personnes dépendantes d’un revenu d’insertion sociale a augmenté de 75.400 en 2005 à 82.000 en janvier 2008.(22) Un belge sur 7 (14,7%) a un revenu inférieur à 60% du revenu médian, le seuil de pauvreté officiel. Celui-ci est de 860€ pour une personne isolée et de 1.805€ pour une famille avec deux enfants. (23) En Wallonie, ils sont 17%, en Flandre 11,4%. Le salaire minimal est de 1.355,78€ brut. 260.000 belges combinent deux ou plusieurs emplois. Selon Elsy Verhofstadt, chercheur à la RUG, ils le font principalement « pour pouvoir gérer les prix de mazout, d’immobilier ou de nourriture. » (24)
134. Les propositions du VLD pour augmenter la politique d’activation et pour la dégressivité des allocations arrivent à un moment où une personne sur 8 en Belgique vit dans une famille sans emploi. En Europe (27), seules le Royaume-Uni et la Hongrie font un plus mauvais score sur ce plan là. 16% des européens vivent avec un revenu en dessous du seuil de pauvreté, dont la moitié fait partie d’un foyer où au moins une personne travaille. Le phénomène du « travailleur pauvre » se produit donc aussi en Europe.(25) Depuis 2004, 12.516 chômeurs se sont vus suspendre leurs allocations, dont 3.605 définitivement, les autres temporairement, en général pour 4 mois. Plus de la moitié des suspensions ont été faites sur la seule année 2007 ! En Flandre, on laisse sousentendre systématiquement que la politique d’activation en Wallonie et à Bruxelles serait appliquée de manière insuffisante. Pourtant, bien que la Flandre compte 32,96% des chômeurs au niveau national, « seulement » 28,63% des suspensions y ont été appliquées. La Wallonie, avec 49,62% des chômeurs, compte 50,02% des suspendus. Pour Bruxelles, 17,42% des chômeurs et 21,35% des suspendus. (26)
135. On aurait l’impression que le chômage n’est pas vraiment un problème, à l’exception de quelques profiteurs acharnés. En 2007, 116.000 emplois auraient été créés. Le nombre total de travailleurs est de 4,4 millions contre 3,6 millions au début des années 80. Nous avons toujours dit que des bons emplois étaient remplacés par des mauvais, des emplois flexibles, partiels et temporaires, évidemment aussi avec un salaire bas et partiel. De plus, la majorité de ces emplois font partie de ceux qui sont payés avec des moyens publics tels que les chèques-services. Selon l’enquête des forces de travail (EFT) du service public fédéral, 3,9% de la population active en Flandre était sans emplois, 10,3% de celle en Wallonie et 16,3% de celle à Bruxelles. Les chiffres d’EFT utilisent la définition de sans-emploi du Bureau International du Travail et sont plus bas que ceux de l’ONEM. (27)
136. En 1964, le nombre d’heures de travail prestées annuellement en Belgique a reculé pour la première fois en dessous de 8 millions, en 1973 en dessous de 7 millions. En 1964, cela se faisait avec 3.740.000 travailleurs, en 1973 avec 3.777.000 travailleurs. C’était la conséquence de la réduction du temps de travail arraché par la lutte des travailleurs. En 1999, nous étions pour la première fois plus de 4 millions de travailleurs et ensemble nous avons presté 6,5 millions d’heures de travail. Ce n’était plus le résultat d’une lutte pour une réduction du temps de travail, mais plutôt de l’augmentation de l’emploi à temps partiel jusqu’à 19,5%. En 2007, 4.337.000 travailleurs, dont déjà 23,7% à temps partiel, ont presté 6,9 millions d’heures de travail, fortement moins que pendant les golden sixties. (28) A cette époque, un salaire par foyer suffisait pour s’en sortir, aujourd’hui c’est devenu intenable. Surtout ceux qui gagnaient le moins dans le foyer, sont obligé de combiner l’entretien de la famille avec un emploi à temps partiel ; 42,6% des femmes travaillent à temps partiel, 7,8% des hommes. (29)
137. Mais tout ceci, c’était avant que la crise ne se traduise dans l’économie réelle. Entre-temps, le nombre de faillites augmente de manière spectaculaire. Les récessions précédentes menaient systématiquement à de fortes explosions du chômage. Celle de 74-75 a rayé 350.000 emplois dans l’industrie. Ceci a été compensé parce que les autorités ont créé à peu près 250.000 emplois dans les services publics, mais les chiffres de chômage de la période précédente, autour de 75.000, appartenaient définitivement au passé. La crise de ‘81-83 a doublé le nombre de chômeurs officiels jusqu’à 500.000, un chiffre en dessous duquel on n’a plus jamais réellement été. Depuis, les gouvernements consécutifs ont commencé à modeler les statistiques. Mais cela n’a pu empêcher une augmentation forte du degré de chômage officiel lors de la crise de ‘90 de moins de 9% à 15% dans la deuxième partie de ‘95. La mini crise de 2008 a fait sauter le nombre de chômeurs de presque 200.000. Ces dernières années, le chômage est descendu, mais malgré les chèques services et d’autres types de statuts, même pas jusqu’au niveau du point le plus bas précédent, de juin 2001, ne parlons même pas de celui du début des années ‘90. (30) En août 2008, De Tijd s’est demandé : « Un orage d’automne menace-t-il le marché de l’emploi ? » Le journal fixe notre attention sur le fait que le marché du travail ne réagit qu’avec un retard d’une demi-année sur des changements conjoncturels et que pour la fin de l’année, il y a bien des raisons de se faire des soucis. (31) A Bruxelles, depuis, le chômage est remonté de 18,8% avant l’été à 19,4% en septembre 2008. (32)
138. Leterme avait probablement espéré autre chose, mais il peut se préparer à une augmentation forte des dépenses sociales. Celles-ci avaient légèrement reculé dans la période 2003-2007 de 23% du PIB à 22,5%. Pendant cette même période, la sécurité sociale a connu trois fois un surplus, une fois un déficit (2003) et une fois un équilibre (2005). En 2007, les recettes de la sécurité sociale étaient de 64 milliards d’euros. C’est composé principalement de salaires différés – nommées cotisations patronales et les cotisations des travailleurs – pour 43 milliards d’euros et de ce que l’on nomme les contributions des autorités, pour 18 milliards d’euros, principalement des financements alternatifs (presque 10 milliards d’euros). Encore en 2007, la sécurité sociale a dépensé 62,5 milliards d’euros, principalement dû à ce qui était son but, c’est-à-dire les allocations sociales et les coûts du personnel, mais aussi de plus en plus pour des subsides aux entreprises (1,6 milliards déjà). Des allocations sociales en 2007, 21 milliards ont été dépensés aux soins de santé, 19 milliards aux pensions, 7,8 milliards au chômage (comprenant aussi une partie des prépensions), 4,5 milliards aux allocations familiales, et 4 milliards aux incapacités de travail. (33)
139. Pendant des années, on nous a effrayé avec le vieillissement et le fait que nos pensions seraient impayables. Pour chaque personne de plus de 60 ans, il y a aujourd’hui 2,5 travailleurs actifs, en 2015 ce ne sera plus que 2,1 travailleurs actifs. Presque tout le monde connait l’ordre de grandeur de ces chiffres. Via la télé et d’autres médias, ils ont été imprégnés dans notre conscience de la même manière que l’on marque le bétail au fer rouge. Cela servait à nous faire accepter l’érosion de notre pension. Pendant des décennies, des économies à charges de nos personnes âgées n’auraient provoquées que des indignations. Encore aujourd’hui, il n’y a rien de pire que quelques jeunes qui se moquent, volent ou maltraitent des personnes âgées, ou qui les laisse tout simplement à leur propre sort. C’est pourtant l’exemple que nos gouvernements donnent depuis des années. L’allocation de retraite moyenne d’un salarié masculin n’est plus que de 1.000 euros, d’une salariée féminine, de 700€. Les recherches démontrent que les « pensions supplémentaires » arrivent pratiquement exclusivement chez ceux qui ont déjà une pension légale élevée. (34)
140. Entretemps, la pension moyenne après taxation n’est plus que de 64,4% du salaire moyen. En Grèce et aux Pays-Bas, c’est plus de 90%. Au Luxembourg, un pensionné reçoit, pendant sa vie, si on totalise toutes ses allocations, en moyenne 664.240€ contre 179.056€ en Belgique, moins qu’en Grèce qui connait pourtant un niveau de vie en moyenne beaucoup plus bas (35). Délaisser les personnes âgées de telle manière est l’expression la plus écoeurante d’une société basée sur l’avidité. Après avoir réalisé ce drame, le Bureau du Plan nous amène des nouvelles : le vieillissement sera dans les prochaines années moins fort qu’on ne l’avait prévu. Mais ceci n’est pas une raison de ne plus rien faire : en 2050 (la date a reculé de 35 ans), il y aura 44 personnes âgées de plus de 65 ans (on n’y a ajouté 5 ans) sur 100 travailleurs actifs. Les voyants du Bureau du Plan prévoient 30,38 personnes âgées de plus de 65 ans sur 100 travailleurs actifs pour la région Bruxelles-Capitale, 42,68 en Wallonie et 47,38 en Flandre. (36)
141. Nous avons déjà traité des économies sur les salaires et sur les conditions de travail des salariés, des emplois flexibles et sous-payés des jeunes, de l’immigration sélective, des attaques sur les chômeurs, les malades et les pensionnés. Et pourtant nous ne sommes pas encore à la fin. Selon l’Agence flamande des personnes handicapées, les listes vacantes pour les personnes handicapées ont augmenté de 5.689 en 2003 à 8.200 en 2007. (37) Pour une région qui est capable de donner le fameux « job-korting » et d’autres cadeaux à l’approche des élections, cela témoigne de mauvais goût.
(1) Bureau Fédéral du Plan, communiqué du 12 septembre 2008
(2) Rapport annuel de la Banque Nationale, 2007, p. 97 et 99
(3) De Tijd, 27 août 2008, Reële lonen werknemers dalen
(4) De Tijd, 27 février 2008, Lonen kunnen prijzen niet volgen
(5) De Tijd, 3 octobre 2007, Lonen stijgen trager dan BBP. Entre 2002 et 2006, les salaires (nominaux) et les allocations sociales ont augmenté de 13% pour atteindre 158,2 milliards €, dans cette même période, le surplus d’exploitation brut et les revenus mixtes, principalement composé des revenus des entreprises, a connu une croissance de 26% pour atteindre 121 milliards €. Le PIB était de 316,6 milliards €.
(6) Rapport annuel de la Banque Nationale, 2007, p. 103, graphique 41
(7) De Tijd, 9 septembre 2008, IG Metall eist 7 tot 8 procent meer loon
(8) Des 15 Etats-membres, 6 possèdent une indexation automatique ou partielle : la Belgique, le Luxembourg, l’Espagne, la Slovénie, Chypre et Malte. Dans certains pays, il existe en plus une indexation du salaire minimum.
(9) De Morgen, 19 avril 2008, De index is geen ideaal systeem
(10) La Belgique et le Luxembourg sont les seuls pays avec une indexation automatique. Le système se base sur les prix de 507 produits. Dès que l’index atteint un certain, niveau, appelé l’index pivot, une adaptation à l’index s’applique. Pour les allocations dans le mois qui suit, pour les services publics et quelques secteurs du privé dans le deuxième mois qui suit. Si certains perdaient une partie de leur indexation, cela minerait leur attachement à l’index et détricoterait le front en défense de l’indexation.
(11) The Conference Board & Groningen Growth and Development Centre – summary statistics et total economy database, janvier 2008 – en 2007 US $
(12) De Tijd, 25 juillet 2008, Unizo trekt streep onder loonsverhogingen
(13) Het Nieuwsblad, 17 septembre 2008, Zes dagen werken, geen opslag
(14) De Tijd, 2 septembre 2008, Faillissementen op record na acht maanden
(15) De Tijd, 2 septembre 2008, CAO-overleg Belgacom nog onzeker
(16) De Tijd, 3 septembre 2008, Belastingsinkomsten met 1,1 miljard in het rood
(17) Knack, 24 septembre 2008, Rolverdeling met een hoge prijs
(18) De Tijd, 4 septembre 2008, We moeten besparen, maar waar?
(19) De Tijd, 8 février 2008, Een op drie bedrijven overtreedt wet
(20) De Tijd, 6 juin 2008, Open VLD eist 4,2 miljard minder lasten
(21) Le Soir, 12 septembre 2008, Un tiers de jeunes dans les CPAS
(22) Le Soir, 5 juillet 2008, Le public des CPAS continue de s’élargir
(23) Le revenu médian est la somme qui compte autant de gens avec un revenu supérieur que de gens avec un revenu inférieur. Le revenu moyen est la somme de tous les revenus divisée par le nombre de personnes ayant un revenu.
(24) Laatste Nieuws, 26 mars 2008
(25) De Tijd, 26 février 2008, Een op de acht Belgen leeft in gezin zonder job
(26) De Tijd, 21 février 2008, RVA-activeringsbeleid leidde sinds 2004 tot 12.500 schorsingen
(27) De Tijd, 15 mai 2008, 116.000 extra banen in recordjaar 2007
(28) The Conference Board & Groningen Growth and Development Centre –total economy database, janvier 2008
(29) Site des autorités fédérales, emploi et chômage
(30) Taux de chômage en pourcentage de la population active
(31) De Tijd, 2 augustus 2008, Dreigt herfststorm op arbeidsmarkt
(32) Le Soir, 4 septembre 2008, Deuxième mois de hausse consécutive pour le chômage
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Qui croit encore ces gens-là ?
Les politiciens traditionnels embourbés de crise en crise
L’inflation atteint un niveau record en Belgique : 5,1% en mai alors que la moyenne de l’Union Européenne est de 3.6%. Le coût du logement a doublé depuis 2000, aussi rapidement que dans les pays voisins. La Belgique est un paradis pour gros fraudeurs ; les riches volent chaque année 30 milliards d’euros à la collectivité. Nos retraites sont parmi les plus faibles d’Europe et 40% des pensionnés seront sous le seuil officiel de pauvreté d’ici 2016. Mais nos politiciens ne s’occupent que de BHV, des corridors, des bourgmestres francophones de la périphérie, des droits d’inscription,…
Stoppez ce cirque!
Ce genre de titre a été utilisé même dans les journaux flamands après la tentative des partis flamands de scinder unilatéralement BHV au parlement début novembre. Plus de neuf mois plus tard, le cirque continue. Les mécanismes qui empêchent un groupe linguistique d’imposer une décision à un autre sont entrés en vigueur et on est passé aux négociations après avoir roulé des mécaniques. Au cours des neuf derniers mois, l’attitude de la majorité de la population est passée de la contrariété à l’indignation. La colère et l’incompréhension grandissent aujourd’hui. Le fossé entre ce que les gens souhaitent et ce que racontent les politiciens n’a presque jamais été aussi grand. Le petit monde qui gravite dans et autour de la rue de la Loi se trouve à des lieues des préoccupations réelles des familles ordinaires.
Les sondages d’opinion démontrent pourtant que plusieurs années de campagne et de propagande communautaires n’ont pas provoqué de changement fondamental dans l’opinion publique. Selon le dernier sondage d’opinion, seuls 9 % des Flamands sont partisans du séparatisme, environ le même chiffre qu’au cours des précédentes décennies. Nous ne pensons pas que ce soit spécialement l’expression d’un lien émotionnel fort vis-à-vis de la Belgique et tous ses symboles (Etat, drapeau, maison royale,…). C’est surtout l’expression du sentiment général que la division du pays ne se passerait pas sans grosse casse, que l’autre groupe linguistique n’est pas le problème fondamental dans cette société mais que lors d’une scission, quelque soit le côté, c’est l’homme de la rue qui sera le dupe.
Une réforme d’Etat pour qui ?
A défaut de crédibilité dans le domaine social, les partis traditionnels essayent de donner un emballage social à leurs positions sur la réforme d’Etat. On nous dit que tout cela a pour but de défendre les générations futures – alors que, pour eux, seules comptent les marges bénéficiaires du trimestre suivant !
Il est frappant de remarquer qu’aucun parti francophone ou néerlandophone ne veut mettre un terme aux milliards d’euros de cadeaux que reçoit le patronat (sans pour cela devoir satisfaire à des conditions contraignantes), au fait que la sécurité sociale est sapée par les transferts de financement vers le capital ou aux innombrables autres mesures antisociales. On parle au Nord comme au Sud de la question communautaire comme d’une question d’importance cruciale pour l’avenir de nos enfants, mais leur avenir est en fait vendu aux sociétés comme Suez, Microsoft, Ford,… Les politiciens belges s’arrachent ensuite les cheveux pour savoir comment utiliser les maigres moyens restants.
Les partis flamands veulent aller plus loin que les francophones avec leurs réformes. Cela n’a rien à voir avec un caractère plus social des partis francophones, mais bien avec un autre contexte, d’autres rapports de forces et donc d’autres sensibilités.
Fondamentalement, les partis bourgeois francophones réclament juste le droit de décider comment et à quel rythme organiser leurs attaques sociales, comme autour de la chasse aux chômeurs par exemple, alors que les partis flamands veulent imposer leur vision.
Pas d’espace pour des mesures favorables au pouvoir d’achat ?
Entre 80 et 100.000 manifestants. Des actions, des grèves et des manifestations partout. Les agriculteurs eux aussi en action. Le gouvernement ne veut cependant pas offrir plus que ce qui est déjà prévu avec l’indexation automatique des salaires pour le pouvoir d’achat. Et si on parle encore d’indexation, c’est parce que les syndicats ont clairement fait savoir qu’il était absolument hors de question d’y toucher. Pourtant, l’indexation a été déjà bien minée, entre autres pour plus de 300.000 employés soumis à la commission paritaire 218 qui n’ont plus droit qu’à une seule indexation par an et qui doivent attendre maintenant encore une demi-année avant que leurs salaires puissent faire un peu plus face aux augmentations des prix de ces derniers mois.
Le budget du gouvernement se trouve déjà depuis longtemps dans le rouge. Les gouvernements Verhofstadt ont pu maintenir un certain équilibre au cours de ces cinq dernières durant une période de croissance économique, mais uniquement en reportant beaucoup de factures sur les générations suivantes. Le gouvernement actuel doit prendre des mesures dans une conjoncture beaucoup plus défavorable. La question est alors : d’où viendra l’argent ? Electrabel a clairement fait comprendre que les 250 millions d’euros que lui réclame le gouvernement seront répercutés sur la clientèle. De cette manière, chaque mesure sera payée par nous-mêmes.
Quoi après le 15 juillet ?
Les élections suivantes (en 2009) sont bien trop proches pour que la rhétorique électorale s’arrête. Aucun parti ne veut apparaître comme le perdant et la discussion contre l’autre groupe linguistique est la seule manière avec laquelle les différents partis peuvent se distinguer. Autrefois des moyens étaient libérés pour faire digérer un accord avec un peu de sucre. Aujourd’hui il n’y a plus de marge financière pour payer un accord, et pas uniquement parce que le cartel flamand ne veut pas libérer un euro pour payer la scission de BHV.
En ce sens, il n’y a rien d’extraordinaire à ce que les négociations traînent maintenant depuis plus d’un an. Il n’y a quasiment plus d’espace pour un compromis à la belge. Les élections continuent à se rapprocher et personne ne va faire de concessions à l’autre. Il est donc difficile de prédire ce qui se passera le 15 juillet ou après. Ce qui est certain, c’est que nous aurons la même instabilité politique et que les politiciens seront toujours aussi éloignés des problèmes auxquels sont confrontés les gens ordinaires.
Le mouvement ouvrier a urgemment besoin de faire entendre sa propre voix politique au sein du débat. Quand donc se développera un courant au sein du mouvement ouvrier chrétien CSC et du mouvement ouvrier socialiste FTGB pour remettre en cause la politique antisociale des CDH, CD&V, PS et SPa et pour lancer un appel pour un nouveau parti des travailleurs?
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Pouvoir d’achat. Construire un rapport de forces favorable pour un automne chaud !
La semaine d’actions et de manifestations provinciales pour le pouvoir d’achat organisée par les syndicats du 9 au 13 juin est une bonne initiative. Ce n’est qu’un premier pas, qui devrait être suivi par une manifestation nationale à l’automne. Mais pour assurer qu’une telle mobilisation soit un succès, il faut un programme clair et l’implication active de larges couches de travailleurs.
Le néolibéralisme en crise de légitimité
Personne ne nie plus la hausse des prix de ces derniers mois. Pour l’année 2008, les banques estiment que l’inflation – la montée des prix – sera de 3,6% (ING) à 3,8% (KBC).
Pour que les salaires suivent, une norme salariale supérieure à 5% pour deux ans sera nécessaire, sans quoi les travailleurs, les chômeurs et les pensionnés connaîtront un appauvrissement collectif encore plus grave. Une part grandissante du budget des ménages file vers l’énergie et la nourriture. Des économistes bourgeois affirment qu’on va devoir “accepter que notre niveau de bien-être diminue” (selon un économiste d’ABN-Amro).
Au cours des dernières années, les politiciens traditionnels ont affirmé que la lutte contre la pauvreté était importante et qu’elle ne pourrait se mener que par le biais du marché “libre”. Verhofstadt a par exemple écrit dans une lettre aux antimondialistes que “le marché et le libre échange constituent la meilleure méthode, la seule méthode avérée, pour triompher de la pauvreté.”
Pourtant, c’est au marché soi-disant “libre” que l’on doit aujourd’hui la hausse des prix de l’alimentation, parce que les grandes entreprises et les spéculateurs voient dans ce secteur une opportunité de réaliser de juteux profits. De même, la libéralisation du marché de l’énergie a conduit à des prix plus élevés, ce qui n’empêche pas la multinationale Suez de balayer toute critique en affirmant que sa filiale Electrabel a recours à des prix conformes au marché !
Libéralisations et privatisations mènent à moins de services qu’on paie plus cher, avec la conséquence qu’une bonne partie de la population ne peut plus s’en sortir.
Mais le néolibéralisme n’est pas néfaste pour tout le monde. Les managers de haut vol qui réalisent chaque année de nouveaux records salariaux n’ont évidemment pas à se plaindre. Aux Pays-Bas, les 5 plus grands top managers reçoivent un salaire cumulé de 131,8 millions d’euros, à peu près le salaire annuel de 4.000 travailleurs normaux.
Dans notre pays, le salaire moyen d’un topmanager d’une société reprise au Bel 20 est de 2,22 millions d’euros. Nul doute que les chiffres néerlandais seront utilisés chez nous comme argument pour augmenter encore les salaires de nos topmanagers… pendant que les salaires chinois seront utilisés comme argument pour bloquer nos salaires !
En mars 2007, le libéral Karel De Gucht reconnaissait déjà que les actionnaires et les top managers étaient les “grands gagnants” de la mondialisation. Il disait aussi : “Il y a 20 ans, le paquet total de rémunération d’un top manager américain était à peu près 40 fois le salaire d’un employé normal. Aujourd’hui il est monté jusqu’à 110 fois. Chez nous, en Europe, le fossé est beaucoup plus petit, mais il a fortement augmenté ici aussi ces 15 dernières années.” Il appelle même les top managers à la modération “pour ne pas faire le jeu des tendances populistes (…) On ne peut jamais perdre de vue que l’économie de marché puise sa légitimité morale et politique dans la supposition que les revenus correspondent grosso modo à la contribution faite à l’économie. Cette légitimité doit être préservée.” Aujourd’hui, cette légitimité du néolibéralisme est de plus en plus contestée.
Plus de pouvoir d’achat par plus de salaire
Contre la vie chère, il faut plus de salaire. On a trouvé de l’argent pour faire de – très gros – cadeaux au patronat, comme la déduction des intérêts notionnels. Pour les travailleurs par contre, le moindre centime est un problème et l’indexation des salaires ne suffit pas à compenser la hausse des prix. L’index est en fait déjà tellement miné que le pouvoir d’achat réel baisse. Mais en plus du rétablissement de l’index, il nous faudra lutter pour une véritable augmentation salariale. 1 euro de plus par heure serait un bon point de départ.
Cela peut être financé par des mesures comme un impôt sur les grandes fortunes (par exemple au-dessus de 1 million d’euros) et la suppression de mesures comme la déduction des intérêts notionnels.
Nous devons bien prendre garde à ne pas perdre d’un côté ce qu’on nous a donné de l’autre en payant nous-mêmes nos augmentations salariales. Les réductions de taxes sur le travail peuvent sembler sympathiques mais, en diminuant les rentrées pour l’Etat, elles aboutissent à une diminution de moyens pour la collectivité, ce qui conduit au final à devoir payer pour des services offerts auparavant par l’Etat. La libéralisation du marché de l’énergie constitue un avertissement suffisant : quand la collectivité n’a plus aucun contrôle sur un secteur, on paie plus cher alors que ce secteur génère des profits record.
La seule réponse correcte est la nationalisation du secteur de l’énergie sous le contrôle des travailleurs et des consommateurs pour que les besoins de la majorité de la population deviennent centraux à la place des profits.
Construire un mouvement
La crise économique touche déjà les travailleurs et leurs familles de plein fouet. En Espagne, 250.000 emplois dans le secteur de l’immobilier risquent de disparaître. Aux Etats-Unis, il devrait y avoir cette année 17% d’opérations oculaires en moins, la faible sécurité sociale américaine renforçant l’impact de la récession économique. Le pourcentage de leur revenu que les Américains doivent consacrer à la nourriture et à l’énergie est au plus haut niveau depuis que ces données sont collectées.
Les prix qui montent, le pouvoir d’achat qui baisse, cela touche tout le monde. Pour que les actions prévues soient une réussite, il est crucial de ne pas se limiter à de simples concentrations de permanents et de délégués mais d’impliquer activement des couches les plus larges possibles dans des manifestations et des arrêts de travail afin de construire un meilleur rapport de forces.
Un bon pas dans cette direction serait aussi de ne pas faire les évaluations des journées d’actions provinciales des syndicats lors d’une conférence de presse le 13 juin, mais dans des réunions intersectorielles de militants (et pourquoi pas dans des assemblées communes FGTB-CSC) où on pourrait en même temps discuter de la continuation de la campagne vers une journée d’action nationale après les vacances.
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