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Tag: Strasbourg
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Le train des eurodéputés bloqué par des syndicalistes et des jeunes indignés
Ce matin, à la gare du Midi, une centaine des syndicalistes et de jeunes ont bloqué le train spécial prévu pour les eurodéputés, reliant Bruxelles à Strasbourg.
L’action était organisée par les comités d’action Europe qui s’opposent au projet de "gouvernance économique" de l’UE qui sera au cœur des débats cette semaine à Strasbourg et qui devrait être voté le 23 juin à Bruxelles. La commission européenne veut imposer l’austérité partout en Europe pour faire payer la crise du capitalisme aux travailleurs et à leurs familles. En voulant imposer des amendes aux pays qui n’atteindrait pas les critères économiques, elle veut presser les gouvernements à ne pas reculer devant les protestations de masse et continuer les coupes budgétaires, les privatisations et la baisse de salaires. "Tous ensembles, tous ensembles !" ou "Austérité, Précarité, ils sont fous, indignez-vous !", tels étaient les slogans scandés ce matin. Le mouvement des jeunes et des travailleurs en Espagne et en Grèce est une source d’inspiration ici.
Cette action pour les comités d’action Europe est le lancement de la mobilisation pour le rassemblement prévu le 22 juin à 18h place Schuman à Bruxelles contre le sommet de l’UE du 23-24 juin, suivi d’une assemblé sur le modèle d’occupation des places en Espagne et en Grèce.
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Message de solidarité du GUE/NGL pour la manifestation en faveur de la Grèce
Aujourd’hui a lieu à Bruxelles une manifestation de solidarité avec la lutte des travailleurs et des jeunes grecs contre les plans d’austérités sauvages que le gouvernement cherche à leur imposer. Le groupe de la Gauche Unitaire Européenne/Gauche verte Nordique, dont est membre notre camarade irlandais l’eurodéputé Joe Higgins, a envoyé un message de solidarité.
GUE/NGL
Le groupe GUE/NGL (Gauche Unitaire Européenne/Gauche Verte Nordique) au Parlement européen souhaite exprimer sa solidarité avec votre lutte contre les attaques graves qui sont lancées contre la population grecque. Malheureusement, nous ne pouvons pas être avec vous aujourd’hui puisque le Parlement européen se réunit à Strasbourg cette semaine.
Mensonges et diffamations sur le niveau de vie, les salaires, les pensions et les conditions de travail de la majorité de la population grecque sont colportées afin d’obtenir le soutien pour des mesures d’austérité draconiennes.
La Gauche Unitaire Européenne/Gauche Verte Nordique veut vous envoyer un signal clair aujourd’hui : Vous – travailleurs, retraités, jeunes et chômeurs – ne devriez pas et n’avez pas à payer pour une crise que vous n’avez pas créée. Nous avons présenté cette position très clairement dans les débats qui ont eu lieu au Parlement européen ainsi que dans nos circonscriptions et dans les médias.
Le peuple grec – en particulier les travailleurs et les employés dans les secteurs publics et privés, sont en première ligne des attaques. Mais ce n’est pas seulement vrai pour la Grèce. Des réductions importantes ont également été annoncées et seront mises en œuvre au Portugal, en Espagne et en Irlande. D’autres pays suivront.
Ce problème affecte l’ensemble de l’Union européenne et de l’Europe en général. Par conséquent, nous devons avoir une approche commune et montrer notre solidarité dans la riposte nécessaire.
Nous devons rester unis et défendre notre niveau de vie et l’avenir des prochaines générations.
Nous exigeons un contrôle public et démocratique des banques et du système financier.
Laissons les riches, les grandes entreprises et les grandes banques payer pour la crise qu’ils ont créée.
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Manifestation de la confédération européenne des syndicats à Strasbourg – Reportage photo
Ce mardi 16/12, bravant le froid piquant de Strasbourg, ce sont plus de 10.000 syndicalistes venant de toute l’Europe qui ont manifesté contre une directive européenne qui prévoit de rallonger le temps de travail hebdomadaire. Le texte, qui résume les discussions menées entre les Etats membres de l’UE, vise à rallonger la durée hebdomadaire maximale de travail en Europe à 65 heures, contre 48 à l’heure actuelle…
Karim, délégué CGSP
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Manifestation de la confédération européenne des syndicats à Strasbourg
Ce mardi 16/12, bravant le froid piquant de Strasbourg, ce sont plus de 10.000 syndicalistes venant de toute l’Europe qui ont manifesté contre une directive européenne qui prévoit de rallonger le temps de travail hebdomadaire. Le texte, qui résume les discussions menées entre les Etats membres de l’UE, vise à rallonger la durée hebdomadaire maximale de travail en Europe à 65 heures, contre 48 à l’heure actuelle…
Karim, délégué CGSP
Les dirigeants des différents pays européens s’étaient aussi mis d’accord pour redéfinir le concept de «gardes » de diverses professions (pompiers, infirmières, médecins,…). L’idée est de considérer que les gardes pendant lesquelles le travailleur n’est pas appelé seraient considérées comme des «périodes de garde inactives» qui ne seront alors plus comptabilisées comme du temps de travail.
Cinq cars de la FGTB et 2 de la CSC ont participé à la manifestation qui a débuté vers 14h. Des délégations françaises (CGT), allemandes (IGM, Verdi,…), portugaises (UGT), polonaises (Solidarnosc),…étaient présentes en nombre. Les manifestants ont défilé dans les rues de Strasbourg en direction du Parlement Européen.
La manif s’est terminée avec des speeches des différents dirigeants de la Confédération Européenne des Syndicats. A nouveau, il est à regretter qu’aucun mot d’ordre clair n’ait été mis en avant et que la lutte entamée aujourd’hui contre cette directive n’a pas été liée aux différentes autres luttes que mènent les travailleurs dans leur pays contre la politique néolibérale de l’UE. Les discours étaient creux et sans aucune perspective. Les travailleurs font face à de vicieuses et agressives attaques du patronat ces dernières années, mais la CES ne semble pas prête à organiser une lutte d’ampleur au niveau européen.
Die Linke, la nouvelle formation de gauche allemande, était présente au sein des délégations allemandes, essentiellement dans le cortège de Verdi. Pas mal de jeunes membres de Die Linke avaient fait le déplacement. Pour les formations politiques françaises, l’intervention était très faible. Quelques militants du PCF et du PS déambulaient autour du cortège. Le NPA était présent avec 5 membres qui n’avaient aucun matériel en leur possession excepté quelques pancartes. C’est en fait le Parti de Gauche qui a eu la meilleure intervention avec de nombreuses affiches le long du parcours, des militants qui distribuaient un tract.
Camarades, cette nouvelle manifestation a redémontré deux choses très importantes :
- Les travailleurs et les délégués combattifs veulent lutter contre les attaques antisociales mais il leur manque un plan d’action au niveau national et européen. Face à la directive proposée par l’UE, la CES devrait mettre en avant des revendications offensives qui pourraient unifier les travailleurs tel que ‘32h par semaine, sans perte de salaire et avec embauches compensatoires’ ! Car c’est uniquement comme ça que l’on améliorera nos conditions de travail et trouveront une solution efficace face au chômage galopant.
- Les travailleurs ont aussi urgemment besoin d’un outil politique, d’un parti qui sera prêt à mener la bataille au sein des syndicats pour organiser la lutte autour de telles revendications!
Si vous voulez discuter avec nous de tout ça, contactez-nous !!
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France. Les syndicats appellent à un jour de grèves et d’actions nationales.
Un front commun des confédérations syndicales françaises préparent un jour d’actions et de grèves ce mardi 04 octobre. Cela sera le troisième jour d’actions nationales cette année, se déroulant dans une période de colère montante au sujet des salaires, de la sécurité de l’emploi et des privatisations.
Karl Debbaut
Les syndicats dénoncent la vague de réformes néolibérales introduites par le gouvernement français, dirigé par le Premier Ministre Dominique de Villepin et le ministre sans portefeuille, Nicolas Sarkozy.
Ils ont, par exemple, introduit des nouveaux contrats de 2 ans pour des personnes travaillant dans des firmes employant moins d’une vingtaine d’employés. Cela dans le but de miner les droits des travailleurs et de faciliter les licenciements. En même temps, ils discutent beaucoup de renforcer les contrôle sur les allocations sociales, d’accélérer la privatisation de Gaz de France et d’Electricité de France et de vendre les péages d’autoroute au secteur privé.
Cette grève est un premier grand test pour Dominique de Villepin, le nouveau Premier Ministre, en poste depuis seulement quatre mois. En effet, celui-ci remplaça son ‘camarade de parti’ Raffarin, qui, lui, avait été frappé de plein fouet par le NON au référendum sur la Constitution Européenne. De Villepin a passé son premier mois à faire des déclarations dans lesquelles il défendait le ‘modèle social français’. Nicolas Sarkozy, le ‘patron’ du parti au gouvernement, l’UMP, est lui aussi un fervent politicien néolibéral. Il se prépare à un nouveau défi : devenir le prochain président français, en appliquant de féroces attaques sur les droits des travailleurs, sur les allocations et sur l’emploi dans le secteur public. Toute cette politique de répression ne peut être stoppée que si les syndicats organisent sérieusement la lutte pour la défense de leurs membres.
Les marins protestent contre les plans de privatisation
Le mardi 26 septembre, l’élite des forces armées du GIGN ont débarqué sur un ferry Corse, celui-ci étant au centre de la lutte contre la privatisation de la SNCM. Les marins protestaient contre les plans du gouvernement français de vente de la part de l’Etat français de la compagnie de Ferry SNCM à une compagnie française d’investissements (Butler Capital Partners). Cette compagnie annonça qu’elle comptait réorganiser la SNCM, ligne de ferry qui transporte 1,25 millions de passagers par an entre Marseille et la Corse, et qu’elle pourrait licencier jusqu’à 400 travailleurs de la compagnie qui en compte 2400.
En protestation à ces plans de licenciements, environ 30 marins, membres de la CGT et de la STC ont prit le contrôle de l’un des bateaux de la compagnie et ont quitté le port de Marseille mardi passé. Le GIGN, force d’intervention anti-terroriste, est intervenu avec une dizaine d’hommes à l’aide d’hélicoptères Puma et ont reprit contrôle du bateau. Les marins ont été menottés, enfermés dans les cabines du bateau, forcés de se mettre à genoux sur le pont du bateau et arrêtés pour détournement, un crime pour lequel ils peuvent être condamnés jusqu’à 20 ans de prison.
La dramatique démonstration de force des autorités françaises n’a pas impressionné les travailleurs des ports de Marseille et Bastia. A Bastia, des émeutes se dont déroulées et la police a dû intervenir avec 200 policiers anti-émeute. Une bataille rangée avec plus de 1000 travailleurs s’est déroulée pendant 4 heures la nuit de mardi passé. La CGT a ensuite appelé à une grève de 24 heures à Marseille, qui a, en fait, complètement paralysé le plus gros port français. Les travailleurs ont aussi alors voté l’extension de la grève, bloquant ainsi l’accès au complexe pétrochimique et au port pétrolier clé de Fos-sur-Mer.
Manifestations et grèves le 4 octobre
Les syndicats ont appelé à des manifestations à Paris, Lyon, Marseille, Strasbourg, Bordeaux et Montpellier pour ce mardi 04 octobre. Ces manifestations vont attirer des milliers de personnes et seront accompagnées de grèves dans le secteur public et dans certaines compagnies du secteur privé. Des membres de la Gauche révolutionnaire (section sœur du MAS en France) participeront à ces actions.
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Le néo-libéralisme mis en cause. Union européenne: une claque magistrale!
La victoire du NON au référendum sur la constitution européenne, le 29 mai dernier en France, est une claque magistrale infligée par les travailleurs et les jeunes aux institutions capitalistes de l’Union européenne. Le taux de participation élevé (70%), les 56% de NON à la constitution sont sans appel. L’Europe capitaliste est K.O. debout ! Chirac et la classe politique et médiatique peuvent aller se rhabiller : ils ont mal mesuré le ressentiment des classes défavorisées envers les institutions européennes. Depuis des années, celles-ci incarnent, pour une masse croissante de travailleurs et de jeunes, les privatisations, la casse des services publics, les coupes dans les budgets sociaux, la compétition forcée avec les pays à bas salaire,…
Peter Delsing
Le NON aux Pays-Bas (63%), le 1er juin, a été le clou du cercueil. En quelques semaines, une atmosphère de crise a gagné les bourgeoisies européennes. L’eu(ro)phorie est bien loin !
Le NON comme expression des contradictions de classes
En France et aux Pays-Bas, l’extrême droite et les nationalistes ont fait campagne pour le NON : le néo-fasciste Le Pen et le conservateur de droite De Villiers en France, le populiste de droite Geert Wilders aux Pays-Bas. Mais le NON était principalement l’expression d’un rejet de l’Europe capitaliste par les victimes de la crise. En France, les mobilisations de masse contre l’abolition de la semaine de 35 heures, contre la baisse du pouvoir d’achat et contre les privatisations ont pesé lourd dans le camp du NON. L’opposition à la Constitution est devenue une question sociale : la politique antisociale de Chirac et des autres gouvernements fait partie intégrante de la politique néo-libérale imposée par l’Union européenne. Dans les grandes villes ouvrières comme Marseille, Nice ou Lille, le NON l’a emporté haut la main. Dans les villes plus nanties, avec une forte concentration petite-bourgeoise, comme Paris, Lyon, Strasbourg, le OUI l’a emporté. Dans les quartiers populaires d’Amsterdam (Amsterdam-Nord : 73%, Volewijck et Buiksloterham ; tous deux 79%) le NON l’a emporté sans bavures.
Il est révélateur que même les commentateurs bourgeois ont été contraints de reconnaître qu’on avait voté contre la politique ‘libérale’. Les résultats de ces référendums ont confirmé l’analyse du MAS: depuis des années nous avons répété qu’une révolte de masse allait se lever contre la politique antisociale actuelle. Les mobilisations de la jeunesse annonçaient une radicalisation plus large chez les travailleurs. Quand nous avons organisé en 2001, à Gand, avec Résistance internationale, une grève et une manifestation de 2.500 lycéens et d’étudiants contre le sommet européen, certains commentateurs ont jugé qu’il s’agissait de protestations "marginales". Ils ont eu tort.
La crise capitaliste met à mal l’Union européenne
Toute tentative d’organiser un second referendum en France et aux Pays-Bas a fait long feu ; Cela ôterait toute crédibilité aux institutions capitalistes européennes, avec le risque de provoquer des mobilisations de rue. Ce serait une stupidité pour la bourgeoisie. La Grande-Bretagne, la Pologne et la Tchéquie ont décidé de reporter leur référendum. La victoire du NON en France et aux Pays-Bas a radicalisé les travailleurs. Ceux qui expliquent que le NON est l’expression d’un nationalisme étroit, n’ont rien compris: c’est au contraire l’expression d’une prise de conscience sociale internationale.
L’Europe ne peut être unifiée sur base de différents états-nations. Plus la crise économique s’approfondira, plus la pression au sein de chaque bourgeoisie pour trouver une issue individuelle pèsera. En Italie, pays officiellement en récession, la Ligue du Nord – pourtant au gouvernement – a préconisé l’abandon de l’euro et le retour à la lire! L’idée derrière cela est d’améliorer la position concurrentielle des exportations italiennes en dévaluant la lire. Ceci (évidemment) au détriment des autres états concurrents européens. Une crise économique profonde, et surtout le spectre de la lutte de classes qui pourra faire chuter des gouvernements, ne manquera pas de pousser à terme l’Union européenne hors jeu.
Les failles dans la construction européenne capitaliste se multiplient : la constitution est mise au frigo pour longtemps ; l’élargissement de l’Union (à la Turquie, à de nouveaux pays de l’Est) est remise aux calendes grecques ; le sommet de Bruxelles (en juin) a capoté sur le budget européen. Il s’agit de la crise la plus grave de la tentative d’unification capitaliste européenne. Il n’existe plus de noyau "convaincu" de pays forts qui rallient derrière eux les pays indécis, comme dans la deuxième partie des années 90, à l’époque d’une conjoncture économique meilleure. Les intérêts capitalistes nationaux regagnent du terrain. C’est la conséquence de l’aggravation de la crise du capitalisme.
Les dirigeants capitalistes n’ont rien appris: il est temps de les mettre dehors
En France, le nouveau premier ministre De Villepin veut inverser le cours en annonçant… de nouvelles mesures d’austérité. Il veut, par exemple, faciliter les licenciements dans les PME ("pour qu’elles embauchent plus vite") et organiser la chasse aux chômeurs.
Les syndicats doivent riposter à ces nouvelles attaques et défendre réellement les travailleurs. On ne pourra construire un rapport de forces qu’à travers la lutte. Le MAS veut participer à cette riposte. La création d’un nouveau parti des travailleurs à caractère de masse est un élément clé de cette riposte. Nous pensons que ces partis devront adopter un programme de transformation socialiste de l’Europe. Car seule une fédération des états socialistes d’Europe pourra mener une véritable politique sociale.
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Sigma Coatings et Alstom. Pourquoi les conflits sociaux se durcissent
Sigma Coatings et Alstom.
FIN NOVEMBRE 6 membres de la direction de Sigma à Manage (Hainaut) ont été retenus dans les locaux de l’entreprise par les travailleurs en grève. Quelques jours plus tard la direction d’Alstom à Beyne-Heusay (Liège) subissaient le même sort.
Eric Byl
En février les cadres de Cockerill Sambre ont enfermé le directeur général Alain Bouchard et quelques membres de la direction à l’université de Liège. Un peu plus tard les travailleurs de Tihange faisaient de même. Dans les années 80 les travailleurs de la FN avaient aussi retenus la direction pendant deux jours. Beaucoup de militants syndicaux connaissent l’un ou l’autre exemple où les travailleurs ont bloqué des responsables de la direction dans des locaux lors de situations difficiles.
La presse a réagi avec une indignation sélective, surtout en Flandre. Le patronat flamand (Vlaams Economisch Verbond, VEV) veut imposer la personnalité juridique aux syndicats et saisir les caisses de grève car elles "paient des gens qui mènent des opérations criminelles". Le ministre de l’Intérieur, Dewael, aurait voulu une intervention de la police fédérale. L’hebdomadaire Knack a commenté: "Le bourgmestre socialiste de Manage, Christian Gibeau, a eu raison de ne pas vouloir l’intervention de la police. Cela aurait mené à une situation sans issue". Afin de parer à l’explosion sociale, la Fédération des Entreprises de Belgique (FEB) n’a condamné que discrètement les "actions sociales illégales." Knack et les stratèges les plus futés de la bourgeoisie n’ont pas voulu mettre de l’huile sur le feu.
Depuis des mois et des années les familles des travailleurs sont confrontées aux restructurations d’entreprises, aux délocalisations et aux fermetures. Rarement les clauses légales et les conventions collectives ont été respectées. Pour un rien les patrons ont fait appel aux tribunaux pour infliger des astreintes astronomiques aux piquets de grève. Les briseurs de grève ont même parfois été déposés par hélicoptère dans l’enceinte d’entreprises en grève, pour éviter de devoir franchir les piquets et les occupations d’usines sont attaquées sur le plan juridique sous le motif de "viol de propriété privée".
Dans la pratique, beaucoup de patrons ont enterré tout dialogue social. Leurs méthodes dignes du 19e siècle battent cependant de l’aile. Dépossédés de leurs moyens de luttes traditionnels, les travailleurs choisissent d’autres voies, même si cela doit parfois aboutir à une confrontation plus musclée. En juillet 2000, on a même vu les travailleurs de Cellatex à Givet (France), confrontés à une fermeture de leur usine, menacer de verser de l’acide dans la rivière si on ne voulait pas les entendre. Les travailleurs de Adelshoffen à Strasbourg, placés dans une situation identique, ont menacé, de leur côté, de carrément faire sauter l’usine.
Comparé à cela, l’action des travailleurs de Sigma apparaît comme presque banale. En mai 2003, la direction avait annoncé la suppression de 73 emplois. Après 7 jours de grève un pré-accord avait été signé: prépension à 50 ans, départs volontaires, crédit temps, baisse de salaires de 15%. Début novembre, la direction a annoncé qu’elle ne respecterait pas l’accord signé et que l’âge de la prépension serait rehaussé à 52 ans. Une tentative de conciliation a échoué le 17 novembre. Tous les employés ont alors été renvoyés chez eux pendant une semaine et la direction a disparu. Les ouvriers restés sur place ont assuré le maintien de l’outil de cette usine classée Seveso sans recevoir la moindre directive de la direction.
Le 24 novembre la direction a convoqué un conseil d’entreprise extraordinaire où elle a annoncé une nouvelle restructuration avec 159 pertes d’emploi (sur 279!) sans plan social. Les travailleurs en grève ont alors retenus 6 membres de la direction dans les locaux pendant trois jours pour imposer une négociation. La direction a signé un accord où elle reconnaissait le droit des travailleurs d’occuper l’usine et de bloquer les stocks de matières premières et de produits finis. Elle s’engageait aussi à ne pas faire appel aux forces de l’ordre et à rediscuter de la prépension à 50 ans.
Le 17 décembre à la manifestation régionale pour l’emploi à La Louvière, les travailleurs de Sigma étaient au premier rang. Les responsables syndicaux régionaux ont parlé de reconversion, mais n’ont rien dit sur le maintien de l’emploi. Le bourgmestre PS de La Louvière et le secrétaire régional de la FGTB ont tempêté contre les multinationales mais n’ont pas dit un mot sur une reprise de l’usine par la Région wallonne. Pas de mots d’ordre pour mobiliser les travailleurs de la région, ni pour lancer une grève régionale de solidarité. Avec d’autres si piètres dirigeants syndicaux on peut comprendre que les travailleurs iront parfois jusqu’au bout pour ne pas rester sur le carreau.
L’action des travailleurs de Sigma a été la dernière issue qu’il leur restait, une meillieure option que la concertation syndicale des appareils syndicaux qui mène à la défaite. Tout comme les exemples de Cellatex ou Adelshoffen, avoir retenu la direction dans les locaux fait partie d’un autre type de syndicalisme: le syndicalisme de combat. C’est souvent un type d’action qui a lieu quand la lutte est en recul, quand il faut vendre sa peau le plus chère que possible. Cela peut débloquer une situation, mais si le rapport de forces n’est pas en leur faveur la bourgeoisie peut passer à la contre-offensive par la répression.
Retenir la direction dans les locaux, ou d’autres types d’actions "radicales", ne peut cependant être une tactique payante que si elle ne nuit pas l’unité des travailleurs et celle des travailleurs avec la communauté locale. Cela doit être subordonné à la stratégie générale du syndicalisme de combat: meetings de masse dans les entreprises, grèves de solidarité, envoi de délégations de grévistes aux entreprises de la région, mobilisation de la population, mise sur pied de comités de grève et de solidarité.