Tag: Sous-investissement

  • Que se cache-t-il derrière le "Pacte d'investissements" de Charles Michel?

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    Une déclaration d’intention pour demain qui tente de cacher l’austérité et le manque d’investissement d’hier et d’aujourd’hui?

    Après le ‘‘Jobs, Jobs, Jobs’’ de l’année passée, Charles Michel annonce vouloir lancer un ‘‘pacte national pour les investissements stratégique’’ de plusieurs milliards qui s’étalerait de 2017 à 2030(1). Même s’il n’en précise pas les détails, il a vaguement sous-entendu que cela prendrait la forme de partenariat public-privé (PPP).

    Par Ben (Charleroi), article tiré de l’édition d’octobre de Lutte Socialiste

    Soyons clairs, connaissant les problèmes de calculs du gouvernement, on peut clairement mettre en doute ses volontés et ses capacités réelles d’investissements. Sans rompre avec les logiques budgétaires néolibérales, il est en outre impossible de remédier au manque d’investissements publics. On se souvient du Tax shift : le gouvernement donne d’une main ce qu’il reprend trois fois de l’autre.

    Alors que le gouvernement a fait tomber sur nous une avalanche d’austérité, pour corriger le trou dans le budget 2016 et maintenir son objectif d’équilibre en 2017, il doit encore trouver 2,4 milliards et il se dit déjà que, pour 2018, il faudrait trouver 5 milliards supplémentaires, en grande partie parce que le Tax shift n’est pas suffisamment financé. Pour ne pas arranger les choses, il y a cette discussion sur une réforme de l’Impôt des sociétés visant à rabaisser le taux vers 24% selon la proposition de la FEB ou vers 20% selon la proposition du ministre des finances Van Overtveld, ce qui couterait quelque chose comme 7,3 milliards d’euros par an.

    Les soi-disant quelques milliards qui seront investis publiquement ne compenseront donc peut-être même pas les économies qu’on va nous imposer. Mais surtout, avec quelques milliards, nous resterions très loin de ce qui se faisait comme investissements publics dans les années ‘70. Si nous voulions faire des investissements publics dans les mêmes proportions qu’à l’époque, c’est à dire autour de 4,5% du PIB, c’est des montants de l’ordre de 15 à 20 milliards d’euros qu’il faudrait investir publiquement en Belgique chaque année ! Pire, du fait que, depuis les années ‘80, les investissements publics ont chuté autour de 2% du PIB seulement. Ce qui signifie concrètement que ceux-ci compensent à peine la dépréciation du capital. Il faudrait donc investir encore plus massivement afin de compenser le sous-investissement chronique depuis un quart de siècle.

    On le voit, les infrastructures ne sont plus correctement entretenues, ce qui explique les tunnels, ponts, routes, infrastructures fluviales et ferroviaires qui tombent en ruines ou tardent à se développer, comme par exemple le RER ou le port d’Anvers. Dans l’enseignement francophone, les estimations parlent de 20.000 places manquantes d’ici 2022(2) alors qu’à Bruxelles, de nombreuses écoles ont déjà sacrifié leurs cours de récréation pour y installer de nouvelles classes dans des containers. Rajoutons le manque de logements publics, de crèches, de maisons de quartier, le sous-investissement massif dans les soins de santé, les différents SPF (Services Publics Fédéraux) comme la justice ou les finances, etc.

    Un plan d’investissements est donc plus que jamais nécessaire, mais nous ne devons pas être naïfs. Pour que celui-ci permette de répondre aux nombreux besoins de la collectivité, il faudra s’attaquer à la logique néolibérale et au capitalisme lui-même. Seule des luttes de masse peuvent arracher de réels investissements publics.

    (1) ‘Jeudi en prime’ 1/09/16
    (2) Le Soir, 10/09/16

  • Anvers : Des écoles fermées pour insalubrité

    A Anvers, quatre écoles communales viennent de fermer leurs portes pour insalubrité, un exemple extrêmement flagrant de l’ampleur du sous-financement général de l’enseignement. Nous en avons discuté avec un délégué syndical de la CGSP-Enseignement dans l’enseignement communal.

    Comment peut-on en arriver à une telle situation ?

    Les bâtiments de l’enseignement communal datent principalement des années ’50 et ils n’ont jamais été rénovés. Imaginez qu’un ménage ait fait pareil pour sa maison ! Pendant longtemps, l’idée qui prévalait était que pour donner cours, il suffisait d’avoir des craies et un tableau noir.

    La lamentable situation actuelle provient de ce manque chronique de moyens. Les conséquences de ces pénuries se sont accumulées au fil des ans jusqu’à l’inspection qui a fait fermer les écoles en question, en décembre dernier. Ceci dit, les choses auraient pu aller bien plus loin ! En effet, seules 10 écoles communales ont été inspectées, et quatre d’entre elles ont reçu un avis négatif.

    Mais la réalité de la situation est que la plupart des bâtiments scolaires sont dans un état pire encore. Si l’étude avait porté sur l’ensemble des bâtiments scolaires communaux, il n’est pas exagéré de dire que 200 des 250 bâtiments auraient mis la clé sous le paillasson.

    L’annonce de la fermeture de ces quatre écoles a été fort commentée dans la presse néerlandophone, et le collège échevinal a déclaré que les écoles touchées recevraient les moyens nécessaires à leur rénovation. Problème résolu ?

    Il semble effectivement que, tout à coup, des moyens existent. Alors que l’argent disponible par législature a été en moyenne d’un million d’euros – une bagatelle quand on sait que cela est censé couvrir l’entretien de 250 bâtiments – 84 millions d’euros sont aujourd’hui tombés du ciel. Mais laisser fermer ces écoles alors qu’il y a déjà une pénurie de places et que des classes en préfabriqués existent un peu partout, ça aurait été un trop gros scandale. Mais de nombreuses écoles sont toujours forcées de faire durer des solutions censées être temporaires comme les bâtiments en préfabriqués, et nous sommes loin d’en avoir fini avec ce genre de problème. Et il faut garder à l’esprit que nous n’avons ici parlé que de l’enseignement communal ! Les conséquences du sous-investissement de l’enseignement sont beaucoup plus larges.

  • Bruxelles : Une région marquée par les pénuries et les inégalités (3)

    Comme cela était déjà souligné dans la première partie de ce dossier consacré à Bruxelles, la capitale connait une croissance de sa population. Le nombre d’enfants et de jeunes est croissant ce qui pose de nombreux défis pour le logement, mais aussi pour l’enseignement et l’accueil des enfants. Les pénuries sont nombreuses. Ces deux aspects sont examinés dans cette troisième partie.

    Des années de sous-investissement dans l’enseignement

    L’enseignement bruxellois est-il responsable du chômage ? Cette question a été posée par le journal Le Soir à différents politiciens au pouvoir à la région dans le cadre d’un de ses dossiers « SOS Bruxelles ». Ces politiciens ont vu dans cette question une belle échappatoire, leur permettant de se débiner de leur responsabilité vis-à-vis de l’emploi et de pointer du doigt un autre niveau de pouvoir, les communautés, comme étant le responsable des problèmes d’emploi à Bruxelles.

    En termes de précarité et de sous-investissement, il est vrai que les écoles sont dans une situation critique à Bruxelles. D’ici 2015, on estime qu’il y aura un besoin de 23.000 places dans l’enseignement, dont 18.000 dans le fondamental. Pour 2020, ce sont 27.000 places qui seront nécessaires dans le fondamental (20.000 dans le primaire, 7.000 en maternel), soit l’équivalent de 1400 classes.

    Saint-Gilles est au même titre que d’autres communes bruxelloises de la première couronne particulièrement touchée par ce problème. Actuellement, il n’y a plus aucune place en première primaire et la situation générale devrait encore s’aggraver. « C’est une centaine d’enfants que l’on ne peut pas accueillir en première primaire pour l’instant et à côté de cela, c’est près de 300 enfants que l’on ne peut pas accueillir en maternelle », indique Alain Hutchinson, échevin de l’enseignement à Saint-Gilles (PS). A nouveau, il est question du boom démographique. Ce à quoi répond à juste titre Alain Hutchinson : « Dieu sait que nous avons aujourd’hui des bureaux d’études qui nous font des statistiques, des études démographiques,… Je ne comprends pas comment on a pas vu arriver cette vague-là ». Le boom démographique est à nouveau bien utile pour donner un cache-sexe aux politiques d’assainissements du PS cette fois-ci à la Communauté française.

    En septembre, la Communauté française a annoncé la création de près de 20.000 places supplémentaires d’ici 2017 dans les écoles de Wallonie et de Bruxelles, selon une interview accordée à Sudpresse par Jean-Marc Nollet (ministre de la petite enfance, de la fonction publique, de la recherche scientifique, de la gestion immobilière et des bâtiments scolaires au Gouvernement de la Communauté française, Ecolo). Parmi ces 20.000 places, 11.447 sont promises aux écoles bruxelloises, ce qui est loin d’être suffisant par rapport aux besoins.

    Pour faire face à cette pénurie, la région bruxelloise avait pris l’initiative de lancer un « plan écoles d’urgence » début de l’année 2012, Picqué en profitant pour prendre une posture princière en vue des élections communales. Ce plan d’urgence était constitué d’un budget de 12 millions € octroyés à 12 communes (surtout du nord-ouest) pour 29 projets (25 préfabriqués et 4 rénovations) dont 75% sont francophones. L’objectif était d’aboutir à 3.836 places dans le fondamental pour septembre 2013 (1/3 en maternelle, 2/3 en primaire). Cela reste à nouveau loin de répondre aux 27.000 places nécessaires dans le fondamental, d’autant plus que la durée de vie des préfabriqués est limitée tout comme les conditions d’enseignement. Ces containers offrent un cadre d’enseignement précaire et leur installation des désagréments, comme l’illustre l’école Ulenspiegel à Saint-Gilles où deux « classes modulaires » ont été placées sur le terrain de foot de la cour de récré. Il n’y a donc aucune réponse structurelle à la pénurie.

    Saint-Gilles est l’une des communes où il est le plus difficile de trouver une place pour ses enfants dans une école près de chez soi. Le PS a fait des promesses électorales importantes en matière d’enseignement : 1000 nouvelles places dans le fondamental pour le réseau communal d’ici 2016 et une nouvelle école secondaire d’enseignement général. Celle-ci serait envisagée sur l’ancien site de l’ECAM, fraîchement acquis par la commune dans le cadre du contrat de quartier « Bosnie ».

    Pour le fondamental, un plan communal existe depuis 2011 et prévoit pour 2015-2017 la réaffectation de l’ancienne école rue Louis Coenen pour y accueillir les 120 élèves de l’école du Parvis et un nouveau bâtiment rue Vlogaert qui accueillerait les cours de promotion sociale. Ainsi l’école du Parvis pourrait être réaménagée et créer 320 nouvelles places dans le fondamental. Pour les 680 autres places promises d’ici 2016, tout porte à croire que les promesses pré-électorales resteront une nouvelle fois lettres mortes vu que rien n’a été fait depuis les élections et qu’un an plus tard, Saint-Gilles est la seule commune qui n’a toujours pas de déclaration de politique générale. Ou peut-être que l’on assistera à l’un ou l’autre préfabriqué et autre bricolage à la veille des élections comme en 2012 ?

    Enfin, le bilinguisme apparaît de plus en plus régulièrement comme un requis pour les emplois à Bruxelles. Le peu de travailleurs bruxellois rentrant dans ces critères en dit long sur la qualité de l’enseignement en place à Bruxelles. Sur les 163 écoles primaires en immersion de la Communauté française, seules 10 se trouvent à Bruxelles. Dans le secondaire, cette proportion est de 17 écoles sur 91. Pour contrer ce manque et alors qu’une majorité de Bruxellois sont favorables à un enseignement bilingue, beaucoup de parents ont inscrit leurs enfants dans des écoles de la Communauté flamande ces dernières années. De son côté, la Communauté flamande a mis en place une discrimination pour contrer ce phénomène, qui risquerait de mettre trop en évidence son sous-investissement : il y a désormais une priorité pour les enfants dont les deux parents sont néerlandophones. Et malgré cette priorité, il y a tout juste assez de places et des centaines d’enfants néerlandophones ne trouvent pas de place dans une école dans leur commune ou même dans l’école du réseau choisi. Par conséquent, un nombre (inconnu) d’enfants se déplacent vers la périphérie pour trouver une école. Cette question est source de dispute entre la commission communautaire flamande et le gouvernement flamand.

    Des années de sous-investissement dans l’accueil de la petite enfance

    Au niveau de la petite enfance aussi, les sous-investissements ont abouti à une pénurie de places d’accueil. La population bruxelloise des moins de 3 ans va passer à 57.615 enfants en 2020 (par rapport à 52.254 cette année). De leur côté, l’ONE et Kind & Gezin offrent une capacité d’accueil de seulement 16.424 places, soit un taux de recouvrement de 31,34% seulement. Pour ce qui est des crèches subventionnées et pratiquant une participation liée à la situation financière des parents en lien avec leurs revenus n’atteint que 18,13%. A nouveau, la pénurie s’exprime d’autant plus fort dans les communes du croissant pauvre, où on dénombre en moyenne entre 0,1 et 0,3 place par enfant de moins de 3 ans et ce alors que la croissance démographique y est la plus forte. À Saint-Gilles par exemple, le taux de recouvrement est de 23,11%, dont seulement 10% dans le secteur subventionné.

    Pour tenter de combler les pénuries criantes, la région a lancé un plan d’urgence en 2007. Ce « plan crèches » avait pour ambition de mettre en service 500 nouvelles places par an. A ce jour, ce plan n’a permis de créer que 819 places. Le plan a également ses limites au niveau institutionnel. Suite à un recours d’une ASBL flamande à la cour institutionnelle, la région a dû mettre fin à son plan en 2011, la petite enfance ne faisant pas partie de ses compétences.

    La région a malgré tout tenté de contourner l’arrêté en passant par l’octroi de subsides, avec l’objectif d’ouvrir 1934 places entre 2012 et 2015. Cependant, l’ONE ne libère pas assez d’agrégations pour les nouvelles crèches, par conséquent environ 1100 des nouvelles places créées sont en stand-by. La raison de ce retard dans les agrégations par l’ONE est simple : il n’y avait plus de programmation pour de nouvelles places depuis 2010. Bien que le gouvernement inter-francophone tente de corriger le tir avec le plan cigogne III lancé en 2013 et qui a pour but de rendre effectives 1600 places chaque année en communauté française, cela risque fort d’être insuffisant puisque ce même plan cigogne III devra déjà être réévalué dès 2014 dans le cadre de débats sur le plan Marshall.

    Les crèches communales Saint-Gilloises ont actuellement une capacité d’accueil de 327 enfants. Cela a été rendu possible avec l’ouverture de 4 nouvelles crèches en 2011 et 2012. Trois autres projets existent pour 2013 et 2014, dont une crèche de 10 places dans le cadre du contrat de quartier « Midi-Fontainas » et 2 crèches pour un total de 42 places avec le contrat de quartier « Parc-Alsemberg». Un autre projet pourrait être envisagé dans le futur bâtiment scolaire de la rue Vlogaert.

    Mais pour atteindre leur promesse électorale de minimum 200 nouvelles places, 8 autres crèches au moins devraient voir le jour. Ce qui ne répondrait toujours pas au besoin puisque plus de 750 familles sont sur les listes d’attente dans la commune. Et à en croire Cathy Marcus, il est peu probable de voir un nouveau plan crèche. Cette dernière déclarait en tant que bourgmestre faisant fonction à l’assemblée du nouveau contrat de quartier « Bosnie» qu’on avait déjà fait assez pour les crèches lors des deux précédents contrats de quartier et qu’il fallait tenir compte des réalités budgétaires. Les écoles et les crèches sont-elles coincées dans un problème institutionnel ?

    Pour les écoles comme pour les crèches, la cour constitutionnelle a donné raison aux recours de la communauté flamande contre la région, confirmant que cela ne fait pas partie des compétences régionales. Cet arrêt de la cour n’empêche toutefois pas la réalisation des plans de la région déjà actés mais rend impossible toute reconduction de ces plans. Pour éviter un discrédit total face aux pénuries dans les communes bruxelloises, l’Olivier a sorti un plan B : un prêt spécial de 60 millions € pour les communes, libre à elles d’investir dans les infrastructures collectives.

    Faut-il dès lors régionaliser l’enseignement et l’accueil de la petite enfance ? Selon Jean-Claude Marcourt (PS), la régionalisation permettrait d’assurer que les spécificités locales soient mieux rencontrées. Pourtant rien n’indique que la région bruxelloise est sous-considérée par la Communauté française : pour l’enseignement, la région bruxelloise perçoit 52% du budget sur l’encadrement différencié, 26% du budget sur les rénovations et 58% du budget sur les nouvelles écoles. Le problème se retrouve dans le montant global, le jeu de ping-pong entre entités est une mise en scène pour le camoufler. La rhétorique « c’est de la faute des communautés » est un jeu de dupes institutionnel, les mêmes partis étant présents à ces différents niveaux de pouvoir.

    Dans notre texte de congrès précédent, nous expliquions que nous n’étions pas contre des simplifications et réaménagements de compétences qui permettraient de résoudre des absurdités, tant que cela s’accompagne des moyens adéquats. La logique des partis traditionnels est justement l’inverse : aménager les compétences pour mieux répartir les assainissements.

  • Retour sur la nouvelle gouvernance à l'ULB.

    Il y a, depuis ce jeudi 17 octobre, un changement majeur qui s’est opéré au sein des institutions de l’ULB. Et c’est, hélas, un changement négatif pour le personnel, les étudiants et pour l’enseignement en général. Ainsi, le Conseil d’Administration a voté la réforme de gouvernance “efficacité et démocratie” mais nous pouvons traduire ce titre par “vision managériale d’un service public pour le rendre plus compétitif, plus performant et plus rentable”.

    Par Maxime (Bruxelles)

    Pour accomplir ce but, l’état de la direction de l’ULB posait problème, il a fallu le régler… ou plutôt le “réformer”… Donc, pour rendre toute opposition aux projets néolibéraux des autorités universitaires impossible, la nouvelle gouvernance consiste à :

    • Diviser le CA en deux, un Conseil qui gère l’académique et un autre qui gère l’administratif, en réduisant le nombre de représentants du personnel et des étudiants.
    • Renforcer l’exécutif, avec l’arrivée d’un nouveau Directeur Général externe à l’ULB.
    • Accorder plus de places aux « experts », les technocrates.

    Cela rend tout débat d’ensemble impossible (l’académique et l’administratif étant pourtant liés). La nouvelle gouvernance attaque aussi les conditions de travail du personnel administratif, technique, de gestion et spécialisé comme l’ont dénoncé les syndicats. Les autorités nient tout lien entre cette réforme et le processus de marchandisation de l’enseignement commencé par la Déclaration de Bologne. Il ne faut pas être dupe. Les autorités nient l’évidence même.

    Sur le climat autoritaire

    Les conditions dans lesquelles c’est opéré le vote de la réforme sont fort significatives de la nature si “démocratique” de la nouvelle gouvernance. Tout d’abord, lors de la contestation étudiante de ce lundi 14 octobre qui réclamait seulement le report du vote précédé par des débats contradictoires et un référendum, les autorités de l’ULB ont fait appel à la police, pour ‘‘se protéger’’ des étudiants qui ne réclamaient rien de très anti-démocratique. Et la police n’y est pas allée de main morte, elle a laissé tomber la “méthode douce” pour utiliser gaz, matraques et chiens. Une belle preuve de répression musclée, d’une force inouïe, disproportionnée et de violence gratuite. Il y a eu plusieurs blessés.

    Après ça, une petite victoire a été obtenue par le blocage vu que le vote a été reporté… au jeudi 17 octobre. La deuxième petite victoire forte de symboles est le fait que le CA a dû voter la réforme en zone neutre, place Royale, et sous surveillance policière. Malgré l’opposition exprimée -du personnel et des étudiants- à travers leurs actions: blocage du CA, du rectorat par les syndicats, assemblées générales et manifestation…

    Bref, nous sommes face à un bon signal pour la démocratie et l’enseignement à l’ULB et en Belgique en général…

    Revendications:

    • Non à la réforme pourrie !
    • Construisons une mobilisation massive pour gagner !
    • Unité des étudiants avec le personnel !
    • Pour un contrôle et une gestion démocratique du personnel et des étudiants, avec des délégués révocables à tout moment par l’assemblée qui les a élus, pour enfin connaître une vraie démocratie à l’université !
    • Pour un refinancement public de l’enseignement à hauteur de 7% du PIB minimum !
    • Pour une société où les richesses sont gérées et réparties démocratiquement par la population !
  • Pompiers: la lutte paie, mais la vigilance reste de mise

    Quelques centaines de pompiers venus de tout le pays ont mené action au Lambermont, le siège du premier ministre Di Rupo, au début de ce mois d’octobre. Ils revendiquaient que le gouvernement applique enfin toute un série de mesures promises de longue date dans le cadre de la confection du budget fédéral.

    Par Tim (Bruxelles)

    Les pompiers exigeaient un entretien avec la premier ministre et le ministre des Affaires Etrangères, Didier Reynders, et ont d’abord refusé de rencontrer la ministre de l’Intérieur Joëlle Milquet, la ministre responsable des services d’incendie. En agissant de la sorte, ils espéraient pouvoir expliquer leurs positions au gouvernement entier, puisqu’ils n’avaient plus la moindre confiance en la ministre Milquet, qui avait à plusieurs reprises négligé de concrétiser les accords du passé.

    Les revendications des pompiers sont très diverses, ce qui donne une bonne vue d’ensemble de la situation difficile dans laquelle beaucoup de corps de pompiers doivent actuellement travailler. Il y a entre autres la revendication de la professionnalisation des pompiers ‘‘volontaires’’ : aujourd’hui, une majorité des pompiers n’a pas de statut fixe, ils sont appelés et payés en cas de situation d’urgence. Pourtant, les ‘‘volontaires’’ exercent le même travail que leurs collègues ‘‘fixes’’ et doivent eux aussi rester disponibles lors de leurs heures de garde, ce qui rend difficile toute combinaison avec un autre emploi ou une vie de famille. Qui penserait à appliquer cette approche à un propriétaire de magasin, par exemple, qui paierait ainsi son personnel uniquement pour le moment où des clients se trouvent dans l’officine… Les pompiers revendiquent donc avec raison que les volontaires soient reconnus comme des pompiers de plein droit.

    Autre plainte des pompiers : leur financement limité, ce qui se traduit en manque de personnel et de matériel, ce qui concrètement rend impossible de disposer d’un service sécurisé et de qualité. Des pompiers ont ainsi raconté que des collègues de Liège et du Limbourg ont dû aller mendier de vieux gants et de vieux vestons de travail auprès de leurs collègues de Bruxelles, souvent mieux équipés… Leur propre service n’a pas les moyens d’acheter un matériel décent.

    Le gouvernement avait premièrement refusé de rencontrer les pompiers, une grande partie des pompiers est alors resté sur place, rue de la Loi, jusqu’à 23h. Ce n’est qu’après une nouvelle série de promesses de la part du gouvernement, que le blocage du Lambermont a été levé, mais pas sans avertissement : si le gouvernement n’honore pas ses promesses, les pompiers reprendront le chemin de la lutte !

    • Reportage-photos du Collectif Krasnyi
  • Les autorités rendent les études encore plus inabordables

    Il vaut mieux mettre de l’argent de côté suffisamment longtemps avant d’envoyer ses enfants aux études ! De plus de 300 euros au début, l’enseignement peut facilement revenir à 1.300 ou 1.500 euros par an en fin de secondaire. Et encore, cela ne comprend pas les frais extrascolaires de plus en plus importants, comme de disposer d’un ordinateur avec internet et une bonne imprimante. Le refus d’allouer plus de moyens publics à l’enseignement combiné aux politiques d’austérité en tout genre rendent l’accès à un enseignement de qualité sans cesse plus difficile.

    Par Geert Cool

    Des pénuries à tous niveaux

    Impossible ici de donner une vue exhaustive de tous les manques auxquels il est urgent de répondre. Le problème des inscriptions – qui fait l’actualité de chaque rentrée scolaire depuis plusieurs années déjà – donne à lui seul une claire indication de la gravité de la situation. Côté francophone, 430 élèves étaient toujours sans école secondaire à la fin du mois d’août de cette année… Pas mal de choses ont été tentées, comme d’installer des containers aménagés en classes, mais il n’y a toujours pas assez de places pour tout le monde.

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    La spectaculaire dette des étudiants aux USA

    Aux États-Unis, les prêts étudiants représentent ensemble un total de 1 billion de dollars (c’est douze zéros derrière le 1 !) Cette montagne de dettes fait suite à des études qui sont plus chères que le négatif auquel on a droit avec une carte de crédit : un diplômé possède ainsi en moyenne une dette de 26.000$ à cause de ses prêts étudiants. En sept ans, il s’agit d’une augmentation de 40%. Une année d’étude revient aujourd’hui, en moyenne, à plus de 21.000 $ (en comprenant également la location d’un kot) contre 9.000 $ il ya trente ans (donnée adaptée en valeur actuelle). Pendant la même période, le revenu médian des ménages a augmenté de 46.000 à 50.000 dollars. L’enseignement est littéralement devenu impayable.

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    De plus, l’infrastructure scolaire est souvent dans un état lamentable. En Flandre, cette année, 39 millions d’euros ont été dégagés pour rénover les bâtiments… alors qu’il faudrait au moins 2 milliards ! En Belgique, la part du budget de l’Enseignement consacrée aux investissements dans les bâtiments scolaires est seulement de 2,8 %, contre 8,2 % en moyenne dans les pays de l’OCDE. Quant au personnel, il ploie sous l’augmentation de la charge de travail, notamment au niveau administratif. Ce sera sans aucun doute encore pire les années à venir.

    Le refus de dégager des moyens publics pour l’enseignement a conduit à des désastres en termes d’infrastructures, de ressources humaines et de frais scolaires. Le Secrétariat général de l’enseignement catholique (Segec) a dénoncé au mois d’août : ‘‘D’ici 2030, le nombre d’élèves à scolariser dans l’enseignement obligatoire augmenterait de 30 % à Bruxelles et d’environ 15% en Wallonie. Qui va créer les écoles nécessaires et avec quels moyens ? Les communes ? La Communauté française? Des associations libres ? Personne ne voit clair sur ce sujet.’’

    L’austérité s’ajoute au sous-investissement structurel

    Cette situation dramatique est amplifiée par les mesures d’austérités des différents niveaux de pouvoir. Le gouvernement fédéral vient ainsi de réduire l’allocation de rentrée scolaire alors que cette prime était déjà insuffisante. Aperçu chiffré en bas.

    En plus de cela, la prime pour les enfants nés en 1991 ou avant a été réduite. Les parents recevaient ainsi 123,99 euros par mois pour un enfant de plus de 22 ans, montant maintenant réduit à 117,88 euros. Cette mesure fait partie des nombreuses ‘‘petites’’ économies du dernier accord budgétaire. Cela représente près 80 euros pour cette année, et il s’agira de 100 euros l’an prochain.

    Le directeur général du Segec dénonce lui aussi diverses restrictions budgétaires depuis 2010, notamment les diverses suppressions de subventions de fonctionnement, la récente décision du gouvernement de la fédération Wallonie-Bruxelles de ne pas appliquer la dernière tranche des accords de la St-Boniface et la désindexation partielle des subventions. ‘‘En tout, cela représente un montant total de 32 millions d’économies structurelles à charge des Pouvoirs Organisateurs.’’

    Plus de moyens pour l’enseignement !

    Offrir un enseignement de qualité nécessité des infrastructures adéquates et un personnel suffisant. Quant au coût de cet enseignement, il doit résolument être diminué. Tout cela, seule la lutte pourra nous l’accorder. Personnel, parents et étudiants doivent lutter ensemble pour revenir sur des années de sous-financement.

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