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Tag: Soudan
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Soudan. Mohamed Satti est libéré, la campagne internationale de solidarité a porté ses fruits!

Notre camarade soudanais du Comité pour une Internationale Ouvrière Mohammed Satti (Hamudi) a été libéré hier soir, le jeudi 2 février. Il a été détenu par les autorités soudanaises plus de deux semaines pour avoir participé à une manifestation anti-régime dans la capitale, Khartoum. Hamudi a été ramené chez lui par une voiture de police vers 21h30, heure locale.
Il ne fait aucun doute que la libération de Hamudi est le fruit des pressions incessantes exercées sur les autorités soudanaises par la campagne internationale de solidarité organisée par le Comité pour une Internationale Ouvrière et ses sections à travers le monde. Le bruit grandissant autour de l’affaire Hamudi a fait en sorte que son maintien en détention devenu gênant pour le gouvernement soudanais.
Le Comité pour une Internationale Ouvrière salue cette victoire sur l’Etat soudanais et tient à remercier tous ceux qui ont mené campagne pour que notre camarade puisse sortir de prison. Cependant, des dizaines de militants de l’opposition sont toujours détenus dans de terribles conditions par le régime et doivent également être libérés.
Des manifestations contre les hausses des prix ont encore éclaté ce mercredi à Khartoum, Wad Medani, Zalingei et dans d’autres villes. D’autres manifestants ont été arrêtés. Cela met en lumière la nécessité de construire un mouvement sur le long terme qui puisse non seulement résister à la répression de l’Etat mais aussi renverser la dictature capitaliste d’Omar el Béchir.
Le Comité pour une Internationale Ouvrière exige la libération de tous les prisonniers politiques qui luttent contre le régime soudanais et continuera de faire campagne pour aider à pousser de l’avant la lutte du peuple soudanais pour un Soudan libre, démocratique et socialiste.
Voici ci-dessous quelques photos de solidarité qui ont accompagné cette campagne d’actions, de lettres de protestations,…
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Action “libérez Mohamed Satti” contre la répression au Soudan

Jeudi 8 février, action devant l’ambassade du Soudan à 18h et débat à l’ULB à 19h (EGA, Amnesty International ULB & la Coordination des sans-papiers).
Action de protestation pour la libération de Mohamed Satti et de tous les prisonniers politiques au Soudan !
Jeudi 8 février, nous manifesterons devant l’ambassade du Soudan, à proximité de l’ULB, contre la répression brutale du gouvernement soudanais face au mouvement social. Le cercle des Etudiants de Gauche Actifs est en lien avec des activistes sur place. Cela fait presque deux semaines que notre camarade soudanais Mohamed Satti (Hamudi) a été arrêté à Khartoum et nous n’avons toujours aucune nouvelle tangible de sa part.
C’est lors de la journée de protestation du 17 janvier qu’Hamudi a été arrêté. Près de 200 opposants politiques ont été incarcérés. Leurs familles et avocats ne sont pas autorisés à les rencontrer, et le service de sécurité n’a fourni aucune preuve de leur jugement, localisation ou conditions de détention. L’idée qu’ils ont été torturés est maintenant un fait avéré, comme l’a montré la journaliste soudanaise Amal Habani, qui a fait partie des détenus et a été grièvement blessée après avoir été torturée avec une matraque électrique.
L’élément déclencheur des protestations a été le doublement du prix du pain après que le gouvernement brutal d’Al-Beshir ait confié les importations céréalières au secteur privé, dans le cadre d’une politique d’austérité. Cette mesure a pris place sur fond de misère extrême (jusqu’à 75% de taux de pauvreté dans certaines zones) et de vastes pénuries dans la santé, l’éducation ou l’accès à l’eau potable.
L’administration Trump a abandonné les sanctions contre le Soudan, la France a invité le ministre soudanais des affaires étrangères à Paris et l’Angleterre organise un forum de commerce et d’investissement entre le Royaume-Uni et le Soudan. En Belgique, le gouvernement coopère avec la dictature soudanaise. C’est avec ce régime que Francken veut travailler pour identifier les réfugiés soudanais et les renvoyer là-bas, ne respectant pas la protection subsidiaire (stipulée par la convention de Genève) s’il y a risque d’un traitement dégradant et inhumain dans leur pays d’origine. Le gouvernement Michel utilise les sans-papiers et les réfugiés comme des boucs émissaires qui seraient responsables des trous dans la Sécurité Sociale. Il essaye de nous monter les uns contre les autres et de détourner l’attention en stimulant le racisme pendant qu’il détruit notre sécurité sociale.
EGA ULB, le Cercle Amnesty International – ULB veulent témoigner toute leur solidarité avec les jeunes et les travailleurs et tous ceux qui luttent contre la pauvreté et la violence au Soudan. RDV à 18h devant le Foyer pour rejoindre l’ambassade du Soudan (avenue Roosevelt, 124) et exiger la libération de Mohamed Satti et de tous les prisonniers politiques au Soudan!
Nous vous demandons également d’envoyer tous vos messages de protestation et vos photos de solidarité sur ces deux adresses email: mut@isoc.sd et info@sudan.gov.sd, avec des copies vers egaulb@gmail.com
L’action sera suivie d’un débat à 19h à l’ULB contre la politique migratoire de Francken et pour la manifestation nationale de solidarité avec les migrants du 25 février. Avec des orateurs de la Coordination des sans-papiers de Belgique, des Étudiants de Gauche Actifs et du Cercle Amnesty International ULB.
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Soudan: Pour la libération de Mohamed Satti et de tous les prisonniers politiques !

Mohamed Diaeldin Mohamed Satti, 21 ans, connu sous le nom de “Hamudi”, est l’un des manifestants qui ont été arrêtés par l’État soudanais la semaine dernière, dans le cadre de la réponse brutale du régime d’Al-Beshir à la vague de protestations suivi contre la flambée des prix et l’austérité. L’arrestation de Hamudi a eu lieu mercredi dernier après-midi , alors qu’il participait à une marche pacifique dans le centre de Khartoum.
Selon certaines informations, plus de 400 militants politiques et manifestants seraient actuellement détenus dans le pays, dont neuf membres du bureau politique du Parti communiste soudanais, des dirigeants du Parti national Umma et la militante de longue date Ilham Malik Salman Salman Ahmed. Cette campagne d’arrestations massives s’est étendue aux journalistes soudanais et étrangers qui faisaient des reportages sur les manifestations. Elle met en lumière la crainte du régime que toute forme de critique, même légère, de ses politiques pourrait être l’étincelle donnant lieu à une une révolte de masse.
D’après les manifestants libérés, les services de sécurité obligent les détenus à signer un document dans lequel ils s’engagent à cesser toute manifestation ou activité politique à l’avenir. Ceux qui ont refusé de signer, comme Hamudi, ont été gardés à l’intérieur. Les détenus se voient refuser la visite de leur famille, se font raser la tête et sont victimes de mauvais traitements physiques.
Le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO, dont le PSL/LSP est la section belge) exige la libération immédiate de Mohamed Satti “Hamudi” ainsi que de tous les autres prisonniers politiques. Nous appelons tous nos sympathisants internationaux à protester contre les autorités, les ambassades et les consulats soudanais dans le monde entier. Nous appelons tous ceux qui le peuvent à exprimer leur solidarité avec Hamudi et les autres détenus en envoyant des photos et des messages de soutien à cwi@worldsoc.co.uk.
En Belgique, une action aura lieu à Bruxelles demain, ce vendredi 26 janvier, à 13h, à l’ambassade du Soudan, Avenue Franklin Roosevelt 124.
>> Quelques éléments de contexte et exemple de lettre de protestation
Ci-dessous, quelques photos d’actions de protestation et de solidarité qui ont déjà eu lieu ces derniers jours, de différentes parties du monde.
Nigeria
Belgique
Mexique
Angleterre et Pays de Galles
INDIA:
Suède
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Soudan: Libération immédiate de tous les manifestants !
Une vague de protestations contre les massives hausses des prix et contre diverses mesures d’austérité du gouvernement a englouti le Soudan au cours de ces deux dernières semaines… (lire notre article : “Soudan: des protestations éclatent contre les politiques d’austérité du gouvernement”).
Craignant que ces protestations ne se transforment en un mouvement plus large, le régime dictatorial d’Omar el-Béchir a réagi en recourant à une forte répression. Des dizaines de manifestants, de journalistes, de militants des droits humains et d’activistes politiques ont été brutalement attaqués, intimidés et arrêtés. La police a également été déployée dans les rues pour faire taire les voix de l’opposition.
Ce mercredi 17 janvier au petit matin, le principal dirigeant du Parti communiste soudanais a été arrêté par la police à son domicile. Cette arrestation intervient un jour à peine après qu’une manifestation organisée par le PC contre les mesures d’austérité du gouvernement a rassemblé des milliers de personnes dans le centre de Khartoum, en criant des slogans comme “Non à la faim! Non aux prix élevés!” Il s’agit jusqu’à présent de la plus grande manifestation depuis le début de la récente vague de luttes. Elle a été brutalement réprimée par les forces de l’Etat avec des gaz lacrymogènes, des coups de matraque et de nombreuses arrestations. Mercredi après-midi, dans une autre manifestation organisée par l’opposition, une nouvelle vague d’arrestations et de détentions arbitraires a eu lieu. Un témoin qui avait parlé avec le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO, dont le PSL/LSP est la section belge) juste avant la manifestation rapportait alors que la police politique avait été déployée en nombre inhabituellement important. Il expliquait que les autorités avaient inondé la place où la manifestation devait se dérouler avec des citernes d’eau dans le but d’éviter qu’elle ne devienne un point central de rassemblement pour les personnes désireuses d’exprimer leur colère contre le régime et ses politiques anti-pauvres. Ce type de mesures trahit un sentiment de panique de la part de l’élite dirigeante soudanaise corrompue face au spectre des révoltes de masse qui éclateront dans la période à venir.
Le Comité pour une Internationale Ouvrière tient à exprimer sa pleine et entière solidarité avec le peuple soudanais, qui brave l’impitoyable machine répressive du régime d’Al-Beshir pour se battre en faveur d’un avenir décent. Nous exigeons la libération immédiate et inconditionnelle de tous les militants, manifestants et dissidents politiques arrêtés par les autorités ces derniers jours.
Veuillez envoyer des lettres de protestation au ministre soudanais de l’Intérieur Ibrahim Mahmoud Hamid à l’adresse mut@isoc.sd, avec des copies à cwi@worldsoc.co.uk. Voici un exemple de lettre de protestation :
‘‘Nous avons été outrés d’entendre la nouvelle de la répression violente des autorités soudanaises contre les manifestants pacifiques qui exercent leurs droits démocratiques fondamentaux. Il s’agit d’une inacceptable tentative de forcer le peuple soudanais à se taire face aux politiques d’austérité mises en œuvre par le gouvernement, en dépit de l’opposition généralisée et de leurs conséquences désastreuses sur la vie de la population. Nous exigeons la libération immédiate et inconditionnelle de tous les manifestants et dissidents appréhendés au cours de ces derniers jours, de même que l’abandon de toutes les charges potentiellement retenues à leur encontre. Dans l’éventualité où cela ne se produirait pas, nous veillerions à ce que cette répression honteuse et ce traitement brutal des voix d’opposition soudanaises soient largement exposés sur la scène internationale.’’
“We have been outraged to hear the news about the violent repression by the Sudanese authorities on peaceful protesters exercising their basic democratic rights. This is an unacceptable attempt at forcing the Sudanese people to keep quiet on the austerity policies that are being implemented by the government, despite widespread opposition and the dismal consequences of these measures on people’s lives. We demand the immediate and unconditional release of all the protesters and dissidents who have been apprehended in the last days, and the dropping of all potential charges against them. In the event this does not happen, we will make sure that this disgraceful crackdown and brutal treatment of Sudanese voices of opposition is being widely exposed internationally.”
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Soudan: des protestations éclatent contre les politiques d’austérité du gouvernement

Des marches ont éclaté ce 8 janvier dans toute une série de villes du Soudan dont la capitale Khartoum, les villes du Sud (Nyala, Geneina et al-Damazin), ainsi que dans l’Ouest (Darfour).
La raison de ces mobilisations est le prix du pain qui a doublé après que, dans leur budget 2018 adopté le mois dernier, les autorités ont décidé de supprimer les subventions à cette denrée de base. Le ministère de l’Intérieur a déclaré que les manifestants seraient traités « avec force ». Un étudiant a été tué dans la répression qui a suivi, tandis que les dirigeants des partis d’opposition ont été arrêtés et que six journaux critiquant la baisse des subventions ont été interdits de vente.
En octobre dernier, la majorité des sanctions économiques imposées par les États-Unis au Soudan, qui étaient en vigueur depuis deux décennies, ont été levées. En dépit des espoirs des masses, la situation économique de la majorité de la population s’est détériorée, l’inflation atteignant de nouveaux records. Les trois quarts du nouveau budget de l’État ont été alloués aux dépenses militaires et de sécurité. Et le gouvernement fait face à la pression du FMI pour réduire les subventions énergétiques, qui constituent une bouée de sauvetage pour de nombreuses familles pauvres et ouvrières.
Le régime corrompu et brutal d’Omar el-Béchir ne peut plus se cacher derrière les sanctions de l’impérialisme américain pour blâmer la mauvaise situation économique qui frappe le peuple soudanais. Le pillage des richesses par l’élite au pouvoir, la corruption de masse et le gaspillage des ressources dans les guerres sanglantes sont exposés à la vue de tous. Des manifestations comme celles qui ont eu lieu ce 8 janvier constituent un signe avant-coureur des choses à venir, alors que la colère contre le régime s’intensifie de toutes parts.
Ci-dessous, nous publions un article écrit avant ces manifestations par un partisan du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO, dont le PSL/LSP est la section belge) vivant à Khartoum, qui donne un aperçu des récents développements.
À la fin de l’année 2017, et après une longue attente, le gouvernement soudanais a présenté une proposition de budget pour l’année 2018 qui a été discutée au parlement. Après quatre années de baisse des subventions aux carburants (une mesure défendue par le gouvernement comme représentant un « remède à la détérioration de l’économie »), l’économie n’a fait qu’empirer et le déficit budgétaire est monté à 28 milliards de livres soudanaises, soit une hausse spectaculaire par rapport à l’année précédente. Le nouveau budget a établi la poursuite de la politique de guerre du gouvernement, la part des dépenses de sécurité et de défense s’élevant à plus de 20 milliards de livres, tandis que la part totale de l’éducation et de la santé ne dépasse pas 1 milliard. Ce sont pourtant les secteurs pour lesquels la population soudanaise souffre particulièrement, avec un taux d’analphabétisme très élevé, un système de soins de santé extrêmement dégradé et des prix des médicaments qui augmentent à des niveaux que les gens ordinaires ne peuvent tout simplement pas se permettre.
Et ça ne s’arrête pas là. Le gouvernement s’apprête à poursuivre sa politique de suppression graduelle des subventions gouvernementales aux hydrocarbures, qui avait pourtant provoqué des mouvements massifs en 2012 et 2013. Le gouvernement avait à l’époque tiré à balles réelles pour réprimer les marches, causant la mort de dizaines de manifestants. Quelques jours avant le budget, le gouvernement a également annoncé la suppression des subventions sur le dollar douanier, ce qui dévalué la livre soudanaise pour la faire passer de 7 livres pour un dollar à 18 livres pour un dollar. Cette dévaluation de la livre soudanaise par rapport aux autres monnaies aura un impact terrible sur la hausse des prix, à un moment où les gens se plaignent déjà de la poursuite de l’inflation (qui est actuellement d’environ 25 %). Cette politique étouffera encore plus les pauvres, puisqu’ils ne pourront même plus satisfaire leurs besoins de base.
Pendant que le gouvernement augmente son budget militaire, il harcèle un certain nombre de militants et de politiciens par l’entremise de ses agences de sécurité. C’est ainsi que les dissidents politiques Ilham Malik et Ehssan Ebdalaziz ont été appréhendés la semaine passée. Depuis, le Service national du renseignement et de la sécurité les interroge chaque jour, sans leur expliquer pourquoi, en les faisant attendre de nombreuses heures entre deux séances, sans aucune raison donnée, comme moyen de contrôle psychologique. Le président d’un syndicat d’agriculteurs, Hassbo Ebrahim, a également été arrêté dans la matinée du 28 décembre.
Le système ne se contente pas de harceler les activistes et d’attaquer les libertés individuelles ; il extorque aussi de l’argent aux citoyens par le biais de la loi de “l’ordre public”, qui détermine même le style vestimentaire de la population. Vingt-quatre filles ont été arrêtées au cours du mois écoulé et présentées devant les tribunaux pour “attentat à la pudeur”. Les accusations ont ensuite été abandonnées après que l’affaire eut provoqué un tollé international. Mais de nombreux cas ne sont pas signalés par les médias. Des statistiques récentes montrent que plus de 40 000 cas d’ordre public sont enregistrés chaque année dans la seule région de Khartoum! La loi sur l’ordre public invoqué est lâche et son interprétation ne dépend que de la mesure arbitraire des officiers de police en charge. Au-delà d’être un outil de soumission, en particulier contre les femmes, cette loi s’applique beaucoup plus vers la fin de chaque année car elle est utilisée pour obtenir le plus d’argent possible afin de parvenir à boucler le budget.
Des changements dans la politique étrangère
En même temps que le gouvernement annonçait son budget, il a reçu la visite du président turc Erdogan, au cours de laquelle de nombreuses réunions ont eu lieu et des accords ont été signés entre les deux pays sur des questions économiques et militaires. Plus particulièrement, un accord a été conclu pour la remise de la ville portuaire de Suakin, une île située sur la côte ouest de la mer Rouge (qui possède des monuments archéologiques datant de l’époque ottomane) à la direction du gouvernement turc, pour une période de 99 ans. Des militants ont protesté contre cette décision, arguant qu’elle porte atteinte aux droits fonciers des populations locales et que le territoire du Soudan appartient à ses citoyens et ne devrait pas être négocié par les gouvernements.
La visite a été accompagnée d’une réunion tripartite entre les dirigeants des forces militaires turques, soudanaises et qataries. Il y a lieu de penser que Suakin pourrait devenir un avant-poste militaire turc au Soudan en raison de l’échec des pourparlers lors de la visite d’Al-Bashir en Russie, le mois dernier, sur l’établissement d’une base militaire russe sur le rivage de la mer Rouge.
La visite en Russie, ainsi que l’influence militaire, économique et politique croissante de la Turquie au Soudan, illustrent les changements rapides dans les relations extérieures et dans l’attitude du régime soudanais vis-à-vis de l’alliance turco-qatarie dans la région, alors que les relations solides entre le Soudan et l’Arabie saoudite traversent une tempête. La position brutale du régime saoudien contre les Houthis dans la guerre du Yémen a créé un grand malaise à Khartoum. Les relations ont commencé à se détériorer récemment à la suite d’un affrontement entre les forces militaires émiraties et soudanaises dans le sud du Yémen.
La récente visite en Russie et celle du président turc au Soudan vont renforcer l’atmosphère politique tendue entre le Soudan et le pôle régional autour de l’Arabie saoudite et de l’Egypte. Les médias égyptiens ont vivement critiqué ce rapprochement récent, craignant que la présence d’une base militaire au Soudan ne constitue une menace pour les pays voisins. Les relations égypto-soudanaises ont récemment été tendues en raison de nouvelles tensions autour des territoires contestés d’Hala’ib et de Shalateen, ainsi qu’en raison du soutien du Soudan à l’Éthiopie pour la construction d’un immense barrage hydroélectrique (le barrage de Nahdha, ou “barrage de la Renaissance”) sur le Nil bleu.
Tous ces développements surviennent à un moment où les partis se préparent aux prochaines élections législatives d’avril 2020. De plus, le parlement débat d’une décision visant à amender la Constitution pour permettre à Al-Bashir de se présenter pour un troisième mandat (la Constitution actuelle ne lui permet pas de se présenter plus de deux fois). Les dernières élections ont eu lieu en 2015 et ont été boycottées par les principaux partis d’opposition. Cependant, cette fois-ci, on s’attend à ce que certains partis participent aux élections, puisqu’ils sont entrés depuis lors dans le “dialogue national” convoqué par le régime.
Le Comité pour une Internationale Ouvrière au Soudan estime que ce “dialogue” avec le régime n’est qu’une tentative d’attirer l’opposition dans un accord qui préserve l’essence même des politiques pro-capitalistes du régime. Elle est rejetée par la grande majorité de la population soudanaise. Nous préconisons plutôt la construction d’une lutte indépendante des travailleurs et des pauvres pour renverser le régime pourri d’Al-Bashir. Ce régime doit être remplacée par un gouvernement reposant sur des représentants démocratiquement élus de toutes les régions et communautés soudanaises, qui serait à l’origine d’une reconstruction socialiste du pays, sur base de la planification des richesses dans l’intérêt de toute la population soudanaise.
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Après les mensonges, le chantage. Mais sur le fond, ils sont d’accord.

Manifestation contre la visite de Francken à l’université d’Anvers fin 2017. Theo Francken doit rester en place, faute de quoi la N-VA provoquera une crise gouvernementale. De Wever n’aurait pas pu être plus clair ce week-end : “Si on demande à Theo Francken de se retirer, alors la N-VA se retirera. À ce sujet, je suis très clair. Je soutiens Theo Francken et je ne le laisserai pas tomber”. Si Theo Francken s’est retrouvé dans une telle situation, ce n’est pas en raison de sa politique, mais bien parce qu’il a menti au sujet de celle-ci. L’occasion a été saisie par le CD&V, l’Open-Vld et le MR pour aboyer contre la N-VA, en prenant toutefois bien garde de ne pas mordre. C’est qu’ils ne désirent vraiment pas aborder le fond de la question : la politique d’asile antisociale des autorités.
Qui a le plus gros bouton rouge?
Comme à son habitude, De Wever a réagi en aboyant encore plus fortement. Sur le plateau de l’émission “De zevende Dag” (VRT), le député européen Ivo Belet (CD&V) a déclaré que Theo Francken aurait dû démissionner depuis longtemps. Son collègue du CD&V, Eric Van Rompuy, Charles Michel est devenu “la marionnette” de la N-VA. Il a également accusé la N-VA d’être responsable d’un “climat politique écœurant” en recourant notamment à des tweets populistes. Ni Belet ni Van Rompuy n’ont toutefois été jusqu’à remettre en question la participation du CD&V à ce gouvernement… Ils ont laissé à leur président le soin de se prononcer. Mais Wouter Beke a déjà indiqué que le CD&V n’allait pas exiger le renvoi de Francken.
Nous avons déjà assisté il y a peu à la petite joute des présidents des partis présents au gouvernement fédéral par le biais de tweets particulièrement empoisonnés concernant les émeutes. De Wever avait une fois de plus atteint le sommet en menaçant de faire chuter le gouvernement. Difficile de ne pas penser à Donald Trump qui a répondu au message de Nouvel An de son homologue nord-coréen, qu’il appelle “Rocket-Man”, en déclarant que lui aussi avait un bouton rouge ‘‘plus gros et plus puissant que le sien’’ pour lancer des missiles nucléaires. Ce système capitaliste plongé dans la crise en crise génère des leaders politiques qui se décrivent – sans rire – comme des ‘‘génies stables’’ alors qu’ils discutent sur Twitter de qui a le plus gros bouton rouge !
Au milieu des mensonges et du chantage, un accord sur l’austérité
Si Francken est capable de s’en tirer avec ses mensonges et De Wever avec son chantage, c’est avant tout parce que la totalité des partis du fédéral partage la politique à propos de laquelle on ment. Ces dernières années, les conditions de vie de la majorité de la population ont durement été frappées : saut d’index, augmentation de l’âge de départ en pension, suppression progressive des retraites anticipées, flexibilité et précarité renforcée,… Pour mettre en œuvre ce type de mesures, le gouvernement ne s’embarrasse pas de tellement de discussions. Sur tout cela, la concorde règne en maître. Michel n’hésite pas à qualifier de menteur celui qui ose critiquer la logique de ces mesures antisociales sur base de faits et de chiffres. “Fake News !” a-t-il encore osé dire au sujet des syndicats à la suite de la manifestation du 19 décembre dernier. Ce jour-là, des dizaines de milliers de syndicalistes défilaient à Bruxelles en défense de nos pensions.
Les partis établis ne veulent pas d’une campagne électorale dont le thème central serait la politique d’asile. Ils redoutent que cela profite à la N-VA. Le débat porte avant tout sur la forme et non sur le fond, comme l’a encore tout récemment illustré le ponte du SP.a Louis Tobback en disant : ‘‘Une grande partie de ce que fait Theo Francken, je le ferais aussi.’’ Il a au moins eu le mérite de résumer simplement toute la faiblesse de l’opposition. Et c’est vrai, Tobback a à plus d’un titre tracé le chemin pour Francken. Souvenons-nous qu’il a dû démissionner de son poste de ministre en 1998 trois jours après la mort de Semira Adamu. La seule critique de Tobback vis-à-vis de Francken, c’est qu’il en fait trop.
Il n’est pas évident d’en finir avec cette politique d’asile et ce racisme d’Etat qui condamnent les victimes de guerres, de tortures et d’exploitation extrême. Pour y parvenir, c’est avec le capitalisme lui-même qu’il faut rompre. Dans ce système, la concentration de richesses aux mains d’une infime élite signifie d’imposer une effroyable misère, d’exacerber les tensions parmi le reste de la population, de piller les pays du monde néocolonial,… Défendre une véritable politique d’asile, cela implique de s’assurer que plus personne n’ait à fuir la misère, la guerre ou la dictature tandis que des mesures soient prises pour garantir que les migrants ne soient pas instrumentalisé contre d’autres travailleurs en termes de conditions de travail, de vie ou de salaire. En entendant cela, les yeux des politiciens établis s’écarquillent : il est hors de question pour eux de toucher aux fondements de la logique de profit du capitalisme !
Francken s’est fait prendre pour avoir menti. Mais c’est la règle plutôt que l’exception dans ce gouvernement. Tous ses membres sont fiers des fameux nouveaux emplois créés par sa politique. En oubliant opportunément de préciser qu’il ne s’agit quasiment pas d’emplois décents à plein temps… Ça aussi, Charles Michel en parlera-t-il comme «d’informations incomplètes» au lieu de mensonges ? Les autorités fédérales répètent inlassablement que le progrès a embrassé la Belgique, alors que tous les chiffres indiquent que notre pouvoir d’achat et nos salaires réels sont en retard par rapport à ceux des pays voisins. C’est peut-être bien pour ça que l’on entend plus beaucoup parler de ce fameux ‘‘handicap salarial’’ d’ailleurs… On pouvait encore lire hier dans le quotidien flamand Het Nieuwsblad: “Au moins 1 Belge sur 20 ne peut pas chauffer suffisamment son logement. C’est ce qui ressort des chiffres d’Eurostat.”
Ce gouvernement n’a cessé de nous mentir au sujet de nos pensions, de nos salaires, de nos services publics,… Comme le dit Gwendolyn Rutten: “Celui qui fait violence à la vérité une fois sera mis en doute la fois suivante.’’ Et Wouter Beke : ‘‘Au sujet de tout ce qui est dit, nous ne savons plus distinguer le vrai du faux.’’ Instaurer l’austérité, ça passe quand même mieux en montant les différentes couches de la population frappée les unes contre les autres. Et dans ce cadre, un mensonge de plus ou de moins…
Le gouvernement ne parvient à s’en tirer qu’en raison de la faiblesse de l’opposition. Au Parlement, l’opposition se limite en grande partie à des remarques sur les mensonges de Francken tout en soulignant l’importance de l’enquête du Commissariat général aux Réfugiés et Apatrides sur les conséquences des rapatriements. La situation actuelle doit être saisie pour se mobiliser activement contre toutes les mesures antisociales de ce gouvernement de malheur – que le gouvernement ait menti ou non. Le succès de la manifestation du 19 décembre a encore tout récemment illustré le potentiel dont bénéficierait un mouvement social conséquent contre ce gouvernement de droite dure. Tout l’enjeu est de parvenir à construire une opposition active dans la rue pour mettre un terme à cette politique de casse sociale. Ce défi sera d’autant mieux relevé si le mouvement est armé d’un programme de rupture avec le capitalisme, un programme qui défend l’instauration d’une société socialiste démocratique, où les besoins de la majorité de la population sont centraux en lieu et place de la soif de profit de quelques-uns.
Pendant ce temps, au Soudan
Le week-end dernier, des actions de protestation ont eu lieu dans tout le Soudan contre l’augmentation des prix du pain. La répression des autorités s’est abattue sur le mouvement : des journaux ont été fermés, un dirigeant de l’opposition a été arrêté et la violence policière s’est déchaînée contre les manifestants. A Geneina, il y a eu un mort. Cette augmentation du prix du pain fait suite à la décision du gouvernement de stopper de subventionner cette denrée de base, dans le cadre d’un plus vaste paquet de mesures néolibérales faisant suite aux recommandations du FMI. Il y a quelques années, le pays avait déjà été secoué par des protestations de masse à l’occasion de l’augmentation des prix du carburant. Selon Amnesty International, en 2013, pas moins de 185 personnes ont été tuées dans la répression des manifestations. Cela est un temps parvenu à paralysé les protestations, mais les premiers signes d’un nouveau mouvement sont actuellement visibles. En septembre 2017, des actions d’étudiants avaient également eu lieu.
Samedi 13 janvier, 14h, gare du Nord à Bruxelles – Manifestation « Francken doit quitter le gouvernement » (événement Facebook)
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Soudan. Nouvelles tentatives du régime pour briser le mouvement étudiant

Libération immédiate d’Asim Omar !
En août, un étudiant de l’université de Khartoum du nom d’Asim Omar a été reconnu coupable de l’assassinat d’un policier après six mois de procédure judiciaire. Il a dû attendre l’audience suivante pour savoir quelle peine la cour envisageait à son égard et a finalement été condamné à mort par pendaison le 24 septembre. Le même jour, les partis de l’opposition avaient organisé un certain nombre d’interventions publiques. Les mouvements étudiants ont également manifesté en divers endroits pour exposer et dénoncer les fausses accusations qui avaient été faites à l’encontre d’Asim.
Par Abdo Ebdalrahman, Alternative Socialiste (Comité pour une Internationale Ouvrière – Soudan)
Car c’est en dépit du manque complet de preuves qu’Asim Omar – un membre du « Sudan Congress Party » et de « l’Independent Student Conference » – s’est retrouvé accusé de « meurtre avec préméditation » à l’encontre d’un policier lors d’un affrontement entre la police et des étudiants en avril 2016. Cet affrontement avait été provoqué par la violente répression des autorités contre des étudiants qui protestaient pacifiquement contre la décision du Ministre du tourisme de vendre les locaux de l’Université de Karthoum ou de les transformer en une attraction touristique.
Au début de l’audience, depuis l’intérieur de sa cellule, Asim a déclaré : « Faisons une minute de silence pour ceux qui ont été tués à Camp Kalma ». Il faisait ainsi référence au massacre qui avait eu lieu deux jours plus tôt dans un camp de réfugiés au Sud du Darfour. Les réfugiés du Camp Kalma s’opposaient à la visite du président soudanais Omar al-Bashir. Ils entendaient condamner ses crimes de guerre commis au Darfour. Alors que les manifestants s’organisaient pour empêcher la visite d’al-Bashir sur les lieux, des véhicules armés équipés d’artilleries lourdes et des hélicoptères furent envoyés pour ouvrir le feu sur les manifestants. Les victimes furent nombreuses.
Avec cette phrase, Asim tenait à rappeler à la Cour et aux personnes présentes qu’il se tenait du côté des pauvres et laissés-pour comptes. C’est la véritable raison pour laquelle l’Etat essaie de le réduire au silence.
Après sa condamnation à mort, le jeune étudiant et ses partisans à l’intérieur du tribunal ont scandé d’une seule voix : « Révolution jusqu’à la victoire ! Révolution jusqu’à la victoire ! » Une manifestation a alors commencé de l’extérieur du tribunal, en plein centre de la Capitale, et à l’université de Khartoum. Les services de sécurité ont réagi avec des gaz lacrymogènes et en procédant à l’arrestation de plus de 40 activistes, étudiants pour la plupart, accusés de toutes sortes de choses. Ils seront rapidement traduits en justice.
Le régime continue à employer les pires méthodes possibles pour endiguer le mouvement estudiantin, qui est devenu le fer de lance de l’opposition soudanaise. Les confrontations avec le régime sont permanentes. Le 31 août dernier, l’Université islamique Omdurman a dû faire face à une attaque coordonnée par les services de sécurité et les milices du parti au pouvoir. Trois étudiants ont été blessés. L’un d’eux est décédé le jour-même, les deux autres ont succombé à leurs blessures par la suite.
Ces incidents sont si réguliers qu’ils en deviennent une routine. Le régime a derrière lui une longue tradition de répression et de confrontation armée envers quiconque s’oppose à ses intérêts. Mais le recours croissant aux autorités judiciaires est un élément plus neuf.
Les procès d’Asim et des 40 étudiants qui seront jugés ont été précédés du procès du Docteur Mudawi Ibrahim Adam, un professeur de l’Université de Khartoum qui travaillait dans le domaine des droits de l’homme. Il a été incarcéré sur base d’accusations fabriquées de toutes pièces comme « guerroyer contre l’état ». Son procès a duré plus de 9 mois. Accompagné de 5 autres défenseurs des droits de l’homme, il a été relâché suite à une décision présidentielle et les charges retenues contre lui ont été abandonnés en conséquences d’une campagne menée tant au Soudan qu’à l’étranger.
Toutes ces violations surviennent au moment-même où une résolution concernant le Soudan a été présentée au Conseil des droits de l’homme de l’ONU par le gouvernement soudanais en accord avec les Etats-Unis. L’événement est à considérer dans le cadre des efforts visant à blanchir le gouvernement soudanais de ses crimes, dans la perspective d’une éventuelle levée des sanctions économiques qui pèsent sur le pays.
Le gouvernement soudanais ne se distingue pas seulement par la répression sanglante à l’égard de la dissidence, il a également commis un grand nombre de crimes de guerres au Darfour et a soutenu divers groupes terroristes. Ces atrocités ont entrainé des sanctions internationales, parmi lesquelles un embargo commercial, qui imposent de nouvelles souffrances à la population soudanaise tandis que le régime est laissé tranquille.
A la suite des médiations des régimes saoudien et émirati, le Soudan a récemment été enlevé de la nouvelle version de la liste de Donald Trump des pays dont les ressortissants ne peuvent se rendre aux Etats-Unis. Nombreux sont ceux qui considèrent cette démarche comme le prélude à la levée des sanctions américaines sur le Soudan (qui devaient être examinées le 12 octobre).
Les socialistes au Soudan rejettent les mesures de punitions collectives telles que les sanctions économiques et les interdictions de voyager, car elles atteignent en premier lieu les victimes de ce régime tyrannique. Nous soutenons à la place un combat de masse, populaire et indépendant mené par les travailleurs et les pauvres afin de renverser le régime d’al-Bashir. Toutes ces manœuvres peu scrupuleuses illustrent clairement l’hypocrisie de l’impérialisme et de la « communauté internationale ». Ils ne s’intéressent qu’aux intérêts économiques des grandes puissances capitalistes, et non aux droits fondamentaux du peuple soudanais.
Envoyez une lettre de protestation, soutenez les mobilisations contre le régime !
S’il vous plait, envoyez des lettres de protestations au Ministère de la justice soudanaise à l’adresse : moj@moj.gov.sd avec une copie à cwi@worldsoc.co.uk pour exiger la libération immédiate d’Asim Omar et l’annulation de sa sentence, ainsi que l’abandon de toutes les charges à l’encontre des étudiants arrêtés le 24 septembre.
Une suggestion de message pourrait être : « Nous avons été choqué d’entendre les nouvelles à propos du procès et de la condamnation de l’étudiant Asim Omar à la peine de mort. Cette sentence est une totale erreur judiciaire, basée sur des fausses accusations et un manque sérieux de preuves, elle est clairement menée afin de faire d’Asim un exemple destiné à intimider le mouvement estudiantin et le peuple en général contre toute forme de critique légitime à l’encontre des politiques du gouvernement soudanais. L’arrestation ensuite de plus de 40 étudiants qui protestaient contre le verdict rendu est également honteuse. Nous demandons la libération immédiate d’Asim Omar et de tous les étudiants arrêtés durant les protestations du 24 septembre, et l’abandon complet de toutes les charges les concernant. »
“We have been shocked to hear the news about the trial and condemnation of the student Asim Omar to a death sentence. This sentence is a complete miscarriage of justice, based on fabricated accusations and on a lack of any serious evidence, and is clearly aimed at making of Asim an example in order to intimidate the student movement and the public at large against any form of legitimate criticism against the policies of the Sudanese government. The subsequent arrest of up to 40 students who protested against this verdict is equally disgraceful. We demand the immediate release of Asim Omar and of all the students arrested during the protests on September 24, and the dropping of all charges against them.”
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Soudan : solidarité avec les luttes des étudiants!
Pour la libération immédiate de tous les étudiants arrêtés !
Alternative Socialiste Soudan et le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO, dont le PSL est la section belge) apportent leur solidarité pleine et entière aux étudiants et à tous ceux qui se sont opposés à la décision de vendre le terrain de l’Université historique de Khartoum et sont héroïquement descendus dans la rue pendant plusieurs jours pour exprimer leur mécontentement.
Déclaration d’Alternative Socialiste (CIO-Soudan)
La décision de ce gouvernement est dans la logique de son acharnement à vendre pratiquement tout ce qui a de la valeur pour le peuple soudanais, et ce peu importe les intérêts de la majorité de la population. Cette décision, qui a fuité via le ministère du tourisme du pays, a déchaîné la colère des étudiants et fait suite à une série d’attaques sur le système éducatif.
Nous déclarons notre rejet total de cette décision et condamnons fermement toute forme de violence d’État et d’oppression utilisée contre la communauté étudiante – ou contre toute autre section de la population.
Nous condamnons l’arrestation arbitraire de dizaines d’étudiants. Nous condamnons l’usage de gaz lacrymogène et de flash-balls par les forces de sécurité et l’envahissement du campus par la police.
Ces mesures ont pour objectif d’empêcher le développement de manifestations pacifiques. Et d’étouffer le mouvement avant qu’il n’inspire d’autres sections de la populations soudanaise : les jeunes, les pauvres et les travailleurs, qui en ont tous marre de la pauvreté grandissante et du manque de droits démocratiques dans notre pays.
Nous soutenons entièrement l’appel du Syndicat des Professeurs de l’Université qui appelle « tous les secteurs du peuple soudanais à résister » et à « rejeter la manière dont l’État joue avec les trésors de la nation ».
Nous revendiquons
- la libération inconditionnelle et immédiate de tous les étudiants arrêtés, et le retrait des forces d’État du campus
- l’organisation d’actions résolues et organisées par les étudiants, les professeurs et les travailleurs pour défendre leur université
- la tenue d’une enquête entièrement indépendante de la décision de vendre l’Université de Khartoum
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Soudan : colère contre l’abolition de subsides pour le gaz
Solidarité avec les travailleurs en lutte, les jeunes et les femmes !
Les travailleurs, la jeunesse et les femmes opprimées sont sortis dans les rues du Soudan après que le régime tant haï d’el-Béchir (Front National Islamique) ait doublé les prix du fuel et du gaz de cuisine par l’abolition des subsides accordés auparavant. Les manifestants ont scandé des slogans comme ‘‘Le peuple veut la chute du régime !’’ et ‘‘Liberté, liberté !’’
Par Halema, Socialist Party (CIO-Angleterre & Pays de Galles)
La fin des subsides a aussi entraîné l’augmentation des prix de la nourriture. Les manifestants ont subi une répression violente des forces de l’Etat. La police a réagi en utilisant des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc. Jusqu’à présent, le régime a fait 60 victimes, et on ne compte plus les blessés. Dans les régions de Wad Nubawy, d’al-Thawra, et de al-Kalaklat, au sud de Karthoum, les manifestations ont été violemment réprimées par la police.
Les manifestants ont été traqués par des voitures de polices pour ne pas qu’ils bloquent la rue principale d’al-Thawra. Des témoins disent avoir vu la police utiliser des balles réelles et des gaz lacrymogènes à Wad Nubawy et à al-Kalakat. Ils ont ajouté que des arrestations massives de jeunes ont eu lieu dans les quartiers sans que leurs parents en soient informés. Pendant 48 heures, Internet a été désactivé dans le pays.
La situation des masses était déjà critique. Le taux de chômage atteint les 20%. Plus de 2 millions d’habitants vivent dans la pauvreté et on estime que 300.000 personnes n’ont aucun accès à l’eau potable et à la nourriture.
Un régime répressif
Le Front National Islamique de Béchir est un régime répressif de l’aile droite de l’Islam politique. A son accession au pouvoir en 1989, sa première initiative a été de décréter le Public Order Act (loi sur l’ordre public), créé pour opprimer les femmes. L’article 152 du Criminal Act autorise la lapidation des femmes. Cela accorde un pouvoir disproportionné à l’exécuteur, qui devient à la fois juge, juré et bourreau.
Le 27 septembre, les syndicats des médecins et des avocats au Soudan ont appelé à une grève générale après la prière du vendredi.
Les syndicats, les organisations d’agriculteurs et les étudiants doivent armer leur lutte contre les hausses des prix et exiger que les ressources et l’économie du pays soient placées dans les mains de la collectivité, et réclamer un gouvernement où seraient présents les travailleurs et les pauvres.
Il est urgent de construire un mouvement de masse de la classe ouvrière qui réunisse tous les opprimés de la société.
Un programme socialiste sera aussi essentiel pour la classe ouvrière et les masses oppressées pour commencer à résoudre les problèmes du Soudan que sont le sous-développement, les ravages de la guerre, l’endettement et la pauvreté (le revenu moyen est de 1$ par jour). Un tel programme proposerait des solutions durables aux divers conflits ethniques et religieux du pays.
Pour le retour des subsides au gaz et aux prix d’avant leur annulation, pour la construction d’un mouvement de masse des travailleurs et des pauvres !
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Mali : l’intervention impérialiste n’offre aucun espoir à la classe des travailleurs
Du Libéria au Congo et à la Somalie, de la Sierra-Léone au Rwanda et au Burundi, du Soudan au Sud-Soudan et au Kenya, en Côte d’Ivoire, au Nigéria et maintenant au Mali, une grande proportion de pays post-coloniaux et néo-coloniaux d’Afrique sont victimes de faillites étatiques. Comme le Démocratic Socialist Movement (DSM) l’a toujours défendu, la raison sous-jacente de cette faillite (qui se manifeste par des guerres, des rébellions, des coups d’états et l’instabilité gouvernementale), c’est l’incapacité des Etats à satisfaire les besoins essentiels des masses.
Par Lanre Arogundade, Démocratic Socialist Movement (CIO-Nigéria)
- Rubrique de ce site consacrée à l’Afrique
Mais le glissement vers le chaos et l’anarchie est encore plus appuyé par, de temps à autre, des questions ethniques non-résolues, dont les racines se trouvent dans la volonté de s’accaparer des ressources naturelles et dans le dessin de frontières artificielles par les anciennes puissances colonisatrices.
Il y a également l’intégration des pays africains néo-coloniaux dans le giron du capitalisme mondialisé – ce qui correspond de facto à l’agenda de re-colonisation – qui est venue avec l’imposition de politiques publiques néo-libérales et anti-pauvres à travers lesquelles la richesse se concentre en un nombre toujours plus restreint de mains pendant que l’immense majorité des pauvres et des travailleurs souffre de privations.
La vraie tragédie de l’Afrique, c’est que ces pays sont riches en ressources humaines et naturelles, à tel point qu’une telle pauvreté devrait être une abhérration. Cependant, comme nous le voyons tous les jours, ces ressources sont sources de beaucoup plus de maux que d’aides. Ainsi, parfois, plus riche en minérai est le pays (comme la RDC ou le Nigéria) plus grand est le nombre de guerres, de guerres civiles ou le chaos de ce pays.
Au dela de cela, la crise qui secoue le Mali n’est que le dernier chapitre d’un conte sordide. La réalité reste qu’en dépit de l’intervention de l’impérialisme francais et des forces de la Communauté Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), ce ne sera pas la dernière crise à cause de la fragilité croissante des soi-disantes démocratie africaines. C’est cette fragilité qui a fait que la classe dirigeante malienne (civile ou militaire) s’est jetée dans les bras des forces d’intervention étrangères. Les jeunes officiers formés par les Etats-Unis, qui avaient préalablement planifié un coup d’état contre le gouvernement civil, ont dû se rétracter quand ils se sont rendus compte du sous-équipement et de la sous-motivation de leurs troupes.
Aucune défaite des forces islamistes au Nord Mali ne pourra sortir la grande majorité des maliens de la pauvreté aussi longtemps que le système d’oppression capitaliste se maintiendra aux commandes.
Bien que la cause immédiate de la crise actuelle est la pression des restes des forces touaregs (qui ont conservés leur loyauté d’autrefois à l’ex-régime de Muhammar Khadafi) pour obtenir par la force leur Etat propre, le facteur déterminant dans cette crise reste le fait que le gouvernement de Bamako a pratiquement perdu toute légitimité à cause de son incapacité à résoudre les problèmes fondamentaux auxquels est confrontée la population malienne. En lancant un appel à l’intervention militaire étrangère, la classe dirigeante malienne a agit de facon à classer l’affaire, après avoir précipité l’économie dans un état de dépendance envers l’aide étrangère qui lui permet à peine de survivre. Comme Walter Rodney le disait dans son livre Comment l’Europe a sous-développé l’Afrique, “Si le pouvoir économique est situé en dehors des frontières nationales de l’Afrique, alors le pouvoir politique et militaire est de fait situé en dehors des frontières nationales jusqu’à ce que les masses des paysans et des travailleurs se mobilisent pour offrir une alternative à ce système de parodie d’indépendance politique.”
En effet, c’est cette dépendance économique qui rend le Mali si vulnérable à n’importe quelle crise sur le marché des matières premières puisque les deux piliers de son économie restent la production agricole et la prospection d’or. En 2001, le Mali est devenu le 3° plus grand extracteur d’or d’Afrique avec 41 tonnes par an (après l’Afrique du Sud et ses 391 tonneset le Ghana avec 72 tonnes). Il n’est pas exclu que les riches réserves d’or du pays aient été une motivation majeure pour les rebelles, de même que l’étalage des vastes ressources minérales de RDC continue d’encourager des rébellions armées répétées et tout comme les “diamants du sang” constituent le facteur central dans la guerre menés par les rebelles de Charles Taylor qui toucha la région de la rivière Mano (Libéria, Sierra Léone et Côte d’Ivoire) des années ’90 jusqu’à tout récemment.
Pourtant, le Mali figure dans le classement des 25 pays les plus pauvres au monde selon l’Observatoire Economique Africains. La croissance économique s’est écroulée pour atteindre 1,1% en 2011, une situation économique attribuée en partie “ à la crise post-électorale de la Côte d’Ivoire, à la guerre en Lybie et à la flambée des prix du pétrole, du gaz et de la nourriture”, avec comme conséquence un boom de la pauvreté pendant que le chômage frappe les catégories les plus jeunes de la population dont 15,4% des 15-39 ans. “Les jeunes sans emploi représentent 81,5% du total des sans emlplois du pays.” Tout cela est arrivé après que le pays ait accepté le prêt du FMI qui précède chronologiquement l’incursion rebelle au Nord-Mali
Malheureusement, ce niveau de pauvreté n’arrêtera pas les impérialistes dans leur volonté de faire payer au pays les frais liés à l’entrée en guerre, tout comme l’Irak a dû le faire et doit toujours le faire pour la guerre du Golfe, via ses ressources pétrolières, ou comme le Libéria a dû payer sa propre guerre avec ses abondantes plantations de caoutchouc qui sont désormais vendues insouciamment à des intérêts économiques étrangers. Le plus grand propriétaire mondial de caoutchouc peut se vanter de ne pas détenir sur son territoire national la moindre usine de caoutchouc ne serait-ce même que pour les semelles de pantoufles…
Au Mali, cette volonté se présente sous la forme de nouvelles exploitations impitoyables des gisements d’or et de la politique économique néo-libérale via la privatisation des principaux secteurs de l’économie.
Des pays comme le Nigéria sont extrêmement désireux de contribuer à l’envoi de troupes au Mali, car ils sont confrontés à leurs propres crises internes. La classe dirigeante Nigériane s’appuie sur les services secrets étrangers (américains, israëliens et anglais) pour faire face aux campagnes de bombardements de Boko Haram (organisation islamiste nigériane qui est en rébellion armée dans ce pays et est également présente au Mali, ndlr ). Apparemment, cette intervention est aussi un moyen d’envoyer l’avertissement que l’utilisation de la force brute soutenue par des puissances étrangères peut devenir une option au Nigéria.
Cependant, nous devons mettre en garde contre cette réponse musclée et militaire qui échouera à enrayer la menace posée par l’insurrection de Boko Haram. Il convient de rappeler que ce sont les brutales réponses militaires – avec le meurtre de sang-froid du leader de Boko Haram, Mohammed Yusuf, en 2009 – qui ont conduit à l’escalade des activités de Boko Haram avec son cortège de massacres insensés et de destructions debridées des institutions d’Etat et de bâtiments l’Eglise, tous deux percus comme des ennemis.
Pareillement, après des années d’expéditions militaires par les pouvoirs capitalistes mondiaux menés par les Etats-Unis – et qui ont coûté des milliards de dollards et la vie de centaines de milliers (si ce n’est de millions) de soldats et de personnes sans défenses – des pays comme l’Afghanistan, l’Irak, le Pakistan ou encore la Lybie où les forces impérialistes ont mené une guerre contre les soi-disant terroristes, restent les pays les plus instables, où la pauvreté règne, des pays non-démocratique et plus divisés que jamais.
Evidemment, les conséquences de l’actuelle expédition impérialiste au Mali ne va qu’empirer la situation politique et sociale du Mali et du Nigéria qui a donc envoyé des soldats commme composantes des troupes de la CEDEAO. Les insurgés tuant déjà beaucoup de soldats déployés au Mali.
Les véritables socialistes et les véritables militants de la classe ouvrière continueront de s’opposer à l’intervention impérialiste au Mali et dans d’autres parties de l’Afrique car elle n’offre aucune perspective d’espoir pour les travailleurs. Mais les forces de la désintégration continueront d’être présentes tant qu’il n’y aura pas d’intervention décisive de la classe ouvrière agissant de concert avec les paysans pauvres et les fermiers.
Il est donc devenu impératif de faire croître la conscience sociale des travailleurs à travers la construction d’un puissant mouvement politique avec l’objectif de conquérir le pouvoir sur base des idées socialistes.
Seul un gouvernement des travailleurs et des paysans pauvres pourra opposer la garantie du droit à l’autodétermination aux tentatives des groupes armés de s’imposer non démocratiquement et par la force aux populations.
Du Mali au Nigéria, au Libéria, au Kenya et au Soudan, un tel gouvernement devra prendre les décisions pour aller vers la nationalisation des secteurs clés de l’économie sous contrôle démocratique et la gestion des travailleurs dans l’objectif de libérer les ressources nécessaire à la réalisation d’un programme d’investissement public massif dans l’éducation, la santé, les logements et les infrastructures rurales.


