Your cart is currently empty!
Tag: Socialist Party
-
Raz-de-marée de scandales politiques au Royaume-Uni : à bas les voleurs et leur système !
Le poisson pourrit en premier par la tête
La puanteur qui s’élève de la corruption la plus pure et du vol à l’état brut des “deniers publics” par l’écrasante majorité des «(dés-)honorables membres» de la Chambre des Communes offre un spectacle nauséabond. Cette puanteur discrédite non seulement le Parlement et ses occupants, mais encore l’ensemble du système capitaliste.
Editorial du Socialist, journal du Socialist Party (CIO-Angleterre et Pays de Galles)
Parfois, un événement agit comme un catalyseur qui ramène à la surface tout le mécontentement. C’est un tel effet qu’a été produit par les révélations du Daily Telegraph. Alors que le spectre du chômage de masse s’étend sur la classe salariée et que la pauvreté est pire encore que du temps de Thatcher, les parlementaires se sont remplis les poches au moyen de «demandes de remboursement de frais» grotesquement exagérées. Certains journalistes «respectables» ont été jusqu’à demander l’arrestation de certains parlementaires.
Les parlementaires ont réclamé de l’argent pour des femmes de ménage, des tapis, des saunas, des piscines, des jardiniers, des barbecues, de la nourriture pour chien, des coussins – en soie, bien évidemment – «pour se reposer». John Selwyn Gummer, parlementaire Tory et ancien Ministre, s’est fait rembourser un chasseur de taupes, d’autres ont poussé la mesquinerie jusqu’au point de se faire rembourser un KitKat ou un sac plastique à 5 pence! Comme le disait Andrew Rawnsley de l’Observer : «Il a probablement besoin de quelque chose pour ranger ses reçus».
Une parlementaire Libéral-Démocrate a reçu de l’argent pour ses produits de beauté, et il y a même UN parlementaire Tory qui a demandé des tampax! John Prescott, ce soi-disant «héros» New Labour de la classe ouvrière, a sur sa liste de demandes de remboursement «trois fausses poutres Tudor pour son château à Hull». Il a aussi demandé deux sièges de toilettes.
L’imposture de la “démocratie parlementaire” britannique a été révélée au grand jour. Chaque parti majeur est impliqué dans cette véritable «conspiration criminelle». Certaines pointures parlementaires, telles que l’ancien Vice-Président de la Chambre, ont suggéré que le «Parlement devra peut-être être dissous».
L’ampleur de la désilluion publique est résumée par le chroniqueur de l’Observer, Rawnsley, qui utilise le langage de la «rue» afin d’exprimer cette large désillusion : «Et le parlementaire qui a demander le remboursement de crottin? Eh bien, pourquoi pas, vu que lui et les autres ne sont que des merdes!»
A quelques exceptions près, ce discours est opposé à celui de la majorité des parlementaires. Ceux qui ont déjà des brouettes entières remplies d’argent en veulent apparemment plus, comme Barbara Follett, ou Shaun Woodland, parlementaire Tory renégat et maintenant Ministre New Labour, qui a un majordome mais demandait à ce que soient réglées ses «dépenses». Les parlementaires clament qu’ils avaient besoin de demander tout ça, à cause de «l’inadéquation» de leur salaire parlementaire, qui s’élève à «seulement»… 64 000 livres par an! (soit 5.300 livres par mois, environ 7.650 euros)
Quel contraste au regard des anciens parlementaires socialistes et marxistes, tels que Dave Nellist et feus Terry Fields et Pat Wall, qui ne conservaient que le salaire moyen d’un travail et donnaient le reste. Mais ça, c’était à l’époque où le Labour était du côté des travailleurs.
Comparez aussi le sort des parlementaires à celui de cette femme accablée de misère qui était interviewée par le Guardian la semaine passée, contrainte de nourrir sa famille avec un budget de 3 livres (un peu plus de 4 euros) par personne et par jour ! Et pourtant, le Ministre James Purnell, tentant de plonger son propre groin dans la mangeoire, cherche encore à poursuivre en justice et à punir les bénéficiaires d’allocations sociales comme elle, qui ne sont pourtant pas responsables de leur situation. Tout cela alors que les parlementaires et les banquiers vont probablement s’en tirer sans rien d’autre qu’une petite remontrance !
Lorsque l’on combine tout cela au scandale des bonus des banquiers et à la faillite complète de ces dirigeants à donner un emploi, un logement et un revenu décent à des millions de travailleurs dans ce pays, c’est l’ensemble du système parlementaire et du capitalisme qui est montré du doigt.
Les «institutions» de ce système – y compris le Parlement, comme le confirment ces révélations – sont discréditées. Si un parti des travailleurs de masse existait aujourd’hui au Royaume-Uni, la révulsion ressentie par toutes ces mesures qui récompensent les riches tout en punissant les pauvres pourrait être utilisée pour construire une vague d’opposition de masse qui pourrait représenter une véritable alternative. La campagne «No2EU» (une liste portée par le syndicat des transports et soutenue par le Socialist Party, NDLR) pour les élections européennes est le début d’une telle alternative.
Les véritables socialistes et le mouvement ouvrier se sont battus pour et soutiennent les conquêtes démocratiques qui existent aujourd’hui. Nous et nos prédécesseurs avons fait les plus grands sacrifices pour le droit de vote, la liberté de la presse, les droits syndicaux et des systèmes de représentation sur les plans local et national, qui puissent refléter la «volonté du peuple». Mais on se rend compte que ce «Parlement» actuel se trouve à des millions de kilomètres de cet idéal.
La presse et les medias sont contrôlés par une poignée de riches magnats, tandis que la voix des personnes ordinaires est noyée sous la cacophonie en faveur du «marché», qui a totalement abandonné la majorité de la population. Trois partis quasiment identiques – le New Labour, les Tories et les Libéraux-Démocrates – sont, comme ces révélations l’ont montré, submergés par la corruption, et n’offrent absolument aucune issue.
Le Parlement lui-même, avec des élections tous les cinq ans de parlementaires jouissant d’énormes salaires et avantages, est complètement non-représentatif. Deux siècles plus tôt, le philosophe français Rousseau critiquait déjà le système parlementaire britannique : «Si le peuple anglais pense qu’il est libre, il se dupe lui-même ; il n’est libre que lors des élections des membres du Parlement ; aussitôt que ces personnes sont élues, le peuple est esclave, il ne compte plus pour quoi que ce soit… Ainsi, les députés du peuple ne sont et ne peuvent être les représentants du peuple». Quel beau tableau de la démocratie actuelle !
Les pionniers de la démocratie au Royaume-Uni, les Chartistes – qui ont formé le tout premier parti ouvrier indépendant de l’Histoire – revendiquaient des élections parlementaires annuelles. Lorsque le tout premier élu Labour, Keir Hardie, est entré dans la Chambre des Communnes, il n’était pas payé, ni lui, ni aucun autre parlementaire. Toutefois, au contraire de Hardie, les parlementaires étaient essentiellement des Tories ou des Libéraux qui disposaient de «revenus indépendants». Le strict minimum qui devrait être aujourd’hui demandé est qu’un parlementaire ne bénéficie d’aucun «intérêt extérieur», telles que des positions de directions ou de conseiller auprès de compagnies privées.
Comme l’a fait remarquer Mark Lawson, un critique artistique et télévisuel, pourquoi ne pas aller plus loin, et demander qu’un parlementaire ne reçoive pas plus que le salaire moyen? Ceci éclaircirait certainement les rangs des parlementaires et aspirants parlementaires en provenance des «échelons supérieurs» de la société, mais laisserait plus de place pour ceux qui sont plus à l’écoute de la population, càd des travailleurs.
Mais à un moment, il faudra aller encore plus loin que cela. L’élection de tout représentant à une institution comme le Parlement actuel et ce, pour une durée de cinq ans, est par nature antidémocratique. Ces parlementaires ne doivent pas rendre de comptes aux électeurs qui les ont élus plus d’une fois tous les cinq ans, et même alors leurs actions ne sont pas examinées correctement.
Les socialistes soutiennent tous les droits démocratiques, y compris l’élection d’un Parlement. Nous nous battrons aux côtés des travailleurs contre toute tentative de renverser un gouvernement élu démocratiquement, comme cela s’est passé au Chili en 1973, ou en Espagne dans les années ‘30. Mais un système plus représentatif, plus responsable que le système actuel est nécessaire.
La Chambre des Lords doit être abolie ; il ne devrait y avoir qu’une seule assemblée qui combinerait les pouvoirs exécutifs et législatifs qui sont jusqu’ici divisés au Royaume-Uni.
Les membres de cette assemblée devraient être élus pour une durée de deux ans au maximum, sur base d’assemblées locales démocratiques, avec un droit de rappel par les personnes qui les ont élues, et devraient recevoir le salaire d’un travailleur qualifié. L’âge minimum des électeurs devrait être abaissé à 16 ans.
Une démocratie comme celle-ci mènerait à une plus grande participation par la masse de la population. Un changement du système électoral dans le sens d’une représentation proportionnelle constituerait également une amélioration.
Comparé au système actuel antidémocratique – qui maintient le pouvoir entre les mains d’une élite – les changements exprimés ci-dessus représenteraient un important pas en avant. En l’absence aujourd’hui d’un parti des travailleurs de masse au Royaume-Uni, de telles revendications et slogans sont sans doute en avance de ce que la plupart des gens, même des travailleurs, pourraient soutenir à l’époque actuelle. Mais la nausée qui monte à la suite des révélations du vol du Parlement par les parlementaires est en train de préparer le terrain pour l’adoption de telles demandes audacieuses dans le futur.
En attendant, le salaire des parlementaires doit être réduit au niveau du salaire moyen. Là où des remboursement de frais sont requis, ils devraient être strictement nécessaires – de la même manière que certains ouvriers du bâtiment sont payés pour se déplacer à travers le pays sur base de leur travail. Qui plus est, plutôt qu’un « corps extérieur » qui contrôle et audite les frais demandés, pourquoi ne pas établir des commissions de contrôle constituées de travailleurs, de chômeurs, d’allocataires sociaux, de petits commerçants et d’entrepreneurs menacés par la récession actuelle ?
Le scandale des demandes de remboursement de frais des parlementaires va mener à la conclusion qu’un système basé sur la production pour les profits de quelques-uns – les millionnaires et milliardaires – plutôt que pour les besoins sociaux de la majorité – les millions – produit inévitablement la pourriture et la corruption dont nous sommes témoins. Nous défendons tous les droits démocratiques – qui doivent inclure également l’abolition des lois antisyndicats héritées de Thatcher. Mais en même temps, nous visons à une extension de la démocratie, à un Etat socialiste démocratique, au lieu de la caricature de «dictature élue» qu’est le Parlement à présent.
Le Comité pour une Internationale Ouvrière, CIO
Cet article est issu de la section Angleterre et Pays de Galles du CIO.
Le capitalisme est un système mondial et il doit être combattu à la même échelle. C’est pourquoi le Parti Socialiste de Lutte fait partie d’une organisation marxiste internationale: le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), un parti mondial actif sur tous les continents. Notre lutte en Belgique s’inscrit dans le cadre d’une lutte des travailleurs du monde entier pour un société socialiste car si la révolution socialiste éclate sur le plan national, elle se termine sur l’arène internationale. La démocratie ouvrière et la planification socialiste de la production ne peuvent se limiter à un seul pays. C’est d’ailleurs l’isolement de la Russie soviétique qui a conduit à sa dégénérescence à partir de 1924.
- Histoire du CIO
- Liens vers différents sites du CIO et de ses sections
- Rubrique de ce site consacrée aux nouvelles du CIO
- Site du CIO, socialistworld.net
-
Sri Lanka: La défaite des “Tigres” amplifie la rancune du peuple Tamoul
Le gouvernement Rajakapse ne peut pas satisfaire les besoins des travailleurs et des pauvres
“Cette bataille a atteint une fin amère… Nous avons décidé de faire taire nos fusils.» L’annonce tragique parue dimanche ce 17 mai sur le site des Tigres de Libération de l’Eelam Tamoul (Liberation Tigers of Tamil Eelam – LTTE) semblait indiquer que la guerre civile au Sri Lanka, longue de 26 ans, appartient au passé. Les LTTE ont subi une défaite écrasante, alors qu’ils contrôlaient auparavant un tiers du territoire de l’île, dont plus de la moitié de son littoral.
Elizabeth Clarke, CIO
Aidé par des désertions importantes, telles que celle de Karuna, le commandant du front de l’Est, et avec un énorme soutien de la Chine ainsi que de l’Inde, le gouvernement Rajapakse a été capable de poursuivre cette guerre de manière brutale, ignorant les protestations massives à Londres, au Canada et ailleurs tout autant que les bêlements hypocrites des gouvernements étrangers.
Avant le début de cette année, le bilan pour l’ensemble de la guerre civile s’élevait à 70.000 morts. Depuis la dernière offensive sanglante de l’Armée Sri Lankaise, au début de l’année, on estime qu’entre 7.000 et 20.000 autres personnes ont trouvé la mort – pour la plupart des civils piégés dans la zone de conflit, morts des suites de leurs blessures, abandonnés là où ils ont été touchés. Pendant plus d’une semaine, aucune aide médicale ou alimentaire n’a pu les atteindre. Les médecins postés dans la zone «neutre» ont été forcés d’abandonner le seul hôpital improvisé au moment où celui-ci a été bombardé par l’armée sri lankaise (laquelle avait déclaré plusieurs semaines auparavant qu’ils cessaient tout usage de l’artillerie lourde !).
Confiant de sa victoire, le président Sri Lankais Mahinda Rajapakse a annoncé la fin de la guerre avant même la confirmation de la mort de Velupillai Prabhakaran, le chef des LTTE. Pour lui, ceci signifiait l’accomplissement de son objectif déclaré au moment de son élection en 2005, c’est-à-dire établir une nation unifiée, sans autonomie pour la minorité de la population tamoule au nord et à l’est.
Pour les Tamouls à travers toute l’île, les feux d’artifice de «célébration» qui ont éclaté dans les rues sur ordre du gouvernement à partir de dimanche paraissaient sceller leur sort en tant que nation assujettie et opprimée, sous un régime cingalais chauviniste triomphant. Pour les centaines de milliers de gens déplacés au cours des mois de combat, et dont la plupart sont maintenant maintenus prisonniers dans une quarantaine de camps gouvernementaux (dont 55.000 enfants), le futur n’apporte que la faim, la maladie, la mort, le vagabondage, la pauvreté et une misère inimaginable.
La BBC et d’autres commentateurs ont mentionné le fait que la brutalité avec laquelle le gouvernement a accompli sa victoire militaire est en train de radicaliser une nouvelle génération de Tamouls, à la fois sur l’île et parmi la diaspora, qui se sent humiliée et en colère. Selon Mangala Samawira, ancien membre du Parti de la Liberté du Sri Lanka de Rajapakse, et Ministre des Affaires étrangères de son gouvernement, «Le carnage (…) a encouragé les appels à un Etat séparé de la part de Tamouls autrefois modérés. Je crains que des centaines de Prabhakaran n’aient été créés». Robert Templar, du Groupe de Crise International : «On peut facilement imaginer un des membres de la génération nouvellement énergisée s’avancer pour remplir le vide».
Une question nationale sans fin
Que le chef des Tigres ait été tué par l’Armée Sri Lankaise ou qu’il ait pris sa propre vie, au côté d’autres combattants dans le dernier morceau de jungle qu’ils contrôlaient, sa mort ne marque que la phase actuelle du conflit national au Sri Lanka. Les travailleurs cingalais qui participent aux réjouissances, tels que W.S.C. Bandula, ce chauffeur cité dans le Times de Londres du 18 mai, seront gravement déçus en croyant que «On peut s’attendre à de meilleures vies, une meilleure sécurité, une meilleure économie».
Malheureusement, le gouvernement fortement endetté de Rajapakse ne peut pas assurer une paix durable, sans parler de la prospérité pour les travailleurs et les pauvres du Sri Lanka – qu’ils soient Tamouls ou Cingalais. L’immense tâche de sauver des vies et reconstruire les maisons et les moyens de subsistance des gens du Nord requerra bien plus que le prêt de 1,9 milliards de dollars demandé au FMI et en ce moment bloqué par l’administration Obama.
Le peuple tamoul doit avoir la chance de choisir librement et honnêtement leurs propres représentants, et de décider de comment ils veulent que soient gérées les régions à majorité tamoule. Le United Socialist Party (USP, section du Comité pour une Internationale Ouvrière au Sri Lanka) a toujours défendu ces droits de même que ceux des minorités – musulmane et cingalaise – au sein de ces régions. L’USP défend une politique socialiste de propriété et contrôle publics de la terre et de l’industrie par les travailleurs et les pauvres, en tant que seule manière de résoudre les immenses problèmes nationaux et économiques qui pèsent sur la population laborieuse qui lutte aujourd’hui pour sa survie. Ceci signifie aussi mener campagne pour la chute de la clique dirigeante actuelle, par une lutte politique et syndicale.
Au nom de la guerre contre le terrorisme, les droits des Cingalais ont été piétinés par le régime de Rajapakse tout comme ceux des Tamouls. Tôt ou tard, cette quasi-dictature sera révélée pour ce qu’elle est.
-
Sri Lanka : La fin de la guerre provoquera de nouveaux conflits majeurs
La population Tamoul doit avoir le droit de décider de son propre avenir
L’information donnée par les médias contrôlés par l’armée sri-lankaise selon laquelle la guerre serait presque finie et que la victoire sur les Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE) serait juste une question de temps, est le genre de propagande pratiquée lors de chaque guerre. Il est cependant pertinent de souligner que les LTTE font face à la défaite dans la période actuelle de cette longue guerre civile qui dure depuis plusieurs décennies.
Siritunga Jayasuriya, United Socialist Party (CIO-Sri Lanka)
Les dires des commandants de l’armée comme quoi la zone de combat serait restreinte à une infime zone géographique d’entre 30 et 50 km² sont seulement une interprétation de la réalité de terrain. Penser que la guerre contre les LTTE – une force guérillera lourdement armée – viendrait à sa fin avec de telle stratégie serait comme de croire à la prédiction des témoins de Jéhovah sur la fin du monde.
Le cours des évènements dans la province orientale du pays, après la soi-disant victoire sur les LTTE, serait juste une indication de la complexité d’une guerre conduite contre une force de guérillera luttant pour la libération nationale. La défection de l’ancien dirigeant des LTTE dans cette zone donne indubitablement un énorme avantage à l’armée sri-lankaise. La «pacification» de l’est, avec les élections qui se déroulent littéralement le pistolet sur la tempe, a contribué à repousser les LTTE au nord.
Les différentes à l’échelle internationale veulent croire la propagande de l’armée sri-lankaise (SLA) dans l’espoir que les terroristes LTTE seront éliminés et qu’il pourront continuer leur business dans la région. Pour le «grand frère» régional, l’Inde, il est urgent que la guerre se termine à cause des répercussions dans les zones du sud du pays, spécialement dans l’Etat de Tamil Nadu.
Un désastre humain
Eelam War 4, comme l’ont appelé les média sri-lankais, se rapproche dangereusement des civils, emprisonnés dans la zone de combat. La 55ème division de l’armée srilankaise a affirmé que dix bateaux qui opéraient sous le commandement du leader des «Sea Tiger», Soosai, avaient coulés. C’est un autre élément qui indique que les LTTE sont prêts à se battre jusqu’au bout, sans se soucier des dommages civils. Des estimations indépendantes ont déclaré qu’il y avait près de 200.000 personnes vivant – ou plutôt attendant de mourir – dans la zone de combat. Ils sont dans la situation sans précédent de devoir vivre parmi un équipement militaire lourd, comme des mortiers ou d’autres artilleries, que les LTTE ont stocké dans la zone et qui constitue leurs derniers espoirs.
Il n’est pas difficile, dans cette situation, de comprendre pourquoi les LTTE n’autorisent pas les civils à sortir de la zone de combat. Il y a peut-être des civils qui ont décidé de rester avec les LTTE jusqu’à la fin, puisqu’ils ont perdu leurs proches dans cette guerre sanglante qui dure depuis 30 ans. Le destin de ceux qui sont sortis de cette soi-disant zone sécurisée contrôlée par la SLA est comme de marcher à travers un camp de concentration, chaque tamoul est suspect d’être membre des LTTE.
La tension grandit alors que le JVP (Janatha Vimukhti Peramuna – Front populaire de Libération, se réclamant officiellement du marxisme et membre de la coalition gouvernementale) et le gouvernement chauvin Cinghalais discutent des colons cinghalais implantés au sud du Sri-Lanka. 40.000 villageois des zones bordant le sud du pays ont déjà reçu des armes du gouvernement pour leur protection. De telles mesures sont la garantie de prochaines montées de violence et de la continuation du conflit national au Sri Lanka d’une manière ou d’une autre.
L’euphorie de la victoire envisagée par le gouvernement flotte déjà dans l’air. Tous les groupes communautaires sont en campagne et affirment que cette victoire militaire sera une victoire des Cinghalais sur les Tamouls. Ils décrivent également cela comme une occasion rare ; le Sri Lanka deviendrait un pays unifié par un dirigeant cinghalais.
Étant donné la situation sur le terrain, il ne peut pas être exclu que le SLA se déplace pour nettoyer les zones contrôlée par les LTTE plus tôt. Mais la grande interrogation est de savoir ce qui se passera après. Même si certains peuvent dire que les LTTE seront vaincus militairement, il n’est pas certain qu’ils seront vaincus politiquement, surtout avec les inquiétudes grandissantes et le soutien dont ils bénéficient dans la population de l’Etat indien de Tamil Nadu et ses expatriés.
Dans le sud du pays, les forces nationalistes extrêmes cinghalaises travaillent bec et ongle pour empêcher toute tentative de transfert, même substantiel, de pouvoir. La campagne du “Majoritarian Sinhala Buddhist” deviendra plus offensive lorsque la victoire arrivera. Le Janata Vimukthi Perumuna, soi-disant marxiste, a déjà commencé sa politique de résistance à n’importe quel transfert de pouvoir. Il espère revenir sous les feux de la rampe en utilisant cela comme la question fondamentale de la période présente. Une partie du SLA soutiendra fortement cette idée.
Le président Mahinda Rajapaksa devra traverser de nouvelles eaux troubles alors qu’il se prépare à la situation d’après-guerre. Qu’offre-t-il à la minorité nationale Tamoul ? Il est déjà sous extrême pression de l’Inde et d’autres pouvoirs occidentaux. La victoire militaire sur les LTTE serait de courte durée pour lui puisqu’elle ouvrira de nouvelles zones de combat politique très bientôt.
Tous les Tamouls, ainsi que les musulmans parlant le tamoul, au Sri Lanka trouveront difficile de comprendre ce que les trois décennies de lutte armée leur ont rapporté. Il est facile de pointer la folie et l’impasse du terrorisme individuelle et des tactiques de guérilla armée dans le contexte actuel ainsi que l’absence d’appel des Tigres pour une lutte de masse contre le régime.
Quoi qu’il en soit, la première responsabilité de cette guerre désastreuse doit revenir à l’incapacité de la classe capitaliste a résoudre les problèmes qui affectent les travailleurs et les pauvres, y compris en garantissant les droits démocratiques des Tamouls à l’autodétermination. Au Sri Lanka, spécialement depuis l’indépendance arachée aux Britanniques, saute aux yeux. Le dirigeant tamoul, durant les années ‘50, revendiquait seulement des droits égaux pour la langue tamoul. C’était inacceptable pour la classe capitaliste cinghalaise.
En même temps, la trahison des dirigeants de la classe ouvrière doit être condamné pour ne pas avoir lié la question nationale à la lutte des classes contre l’impérialisme, les capitalistes locaux et les propriétaires terriens.
En tant que socialiste, le CIO (Comité pour une Internationale Ouvrière, dont la section au Sri Lanka est l’United Socialist Party) a poursuivi sa ligne de défense des droits à l’autodétermination de la population tamoul pour résoudre la question nationale. Plus concrètement, à présent, nous faisons campagne pour cesser l’énorme désastre humain de cette guerre qui emprisonne des civils dans les jungle Mulaittivu.
Le gouvernement sri-lankais a poussé pour cesser la guerre; ils promettent encore et encore de cesser cela avant le Nouvel An sri-lankais en Avril. Près de 200.000 vies sont en jeu. La classe ouvrière internationale doit protester contre ce massacre de masse.
Un gigantesque soutien a déjà été mis en place autour de la classe ouvrière et de la population en Inde à travers une campagne «Stop au massacre des Tamouls». Nous appelons les travailleurs et les autres couches opprimées à travers le monde à se joindre à cette campagne et à lutter pour la fin immédiate de la guerre. Joignons la lutte pour obtenir de vrais droits démocratiques pour tous au Sri Lanka.
Elections provinciales
Les dernières élections provinciales se sont tenues le 14 février dernier au centre et au nord du Sri Lanka. « L’alliance Sandayana » de Mahinda Rajapaksa a réussi à gagner facilement avec presque 65% des voix. Rajapaksa est toujours populaire parmi les électeurs cinghalais grâce à la perspective d’une victoire dans la guerre. Mais il est clair que la majorité des électeurs tamouls et musulmans n’ont pas voté pour Rajapaksa.
Dans le district de Kandy, par exemple, Sandanaya n’a aucun membre tamoul ou musulman dans les 18 postes de conseiller qu’il a obtenu. A Nuwara Eliya, le parti de Thondeman déclare représenter les travailleurs exploités dans les plantations, mais il supporte aussi le gouvernement de Rajapaksa. Il avait obtenu précédemment 7 conseillers mais n’en a remporté que trois cette fois-ci. Un autre allié de Rajapaksa, « Sandanaya Chandrasekaran » avait eu trois conseillers, mais n’en a obtenu aucun lors de ces dernières élections. Tout cela montre la colère contre le régime de Rajapaksa de la population tamoul qui vit totalement hors du nord est.
Dans ces élection, l’USP s’est présenté dans trois des cinq districts. Deux autres partis de gauche se sont aussi présentés. En général, lors de la plupart des dernières élections, l’USP avait réussi à arriver à la quatrième place. De la même manière, l’USP est arrivé 4e et 5e, malgré la présence sur ses listes de candidats détenus en prison (les charges étaient montées de toute pièce et ont été abandonnées une fois les élections terminées.) Nous avons été la première des listes de gauche.
Nous ne sommes bien entendu pas heureux de nous présenter aux élections dans une situation semi-dictatoriale. Mais à cause de l’absence d’une aternative de gauche pour la classe ouvrière dans le pays, nous avons été contraints de nous présenter de nouveau aux élections, cette fois dans les provinces occidentales (dans les districts de Colombo, de Gampaha et de Kalutara) ce 25 avril 2009. Le Front de gauche et le SPE se présenteront également mais seulement dans le district de Colombo.
Lors cette élection, l’USP fait campagne avant tout pour cesser la guerre, mais aussi pour défendre les droits à l’autodétermination de la population tamoul, la liberté de vivre et de former des syndicats pour lutter contre les coupes budgétaires et pour obtenir satisfactions pour les revendications de la classe des travailleurs. Les discussions récentes avec le FMI (pour une aide de 1,9 milliards de dolalrs) impliquent de futures attaques contre les travailleurs. De grandes batailles politiques de la classe ouvrière pourraient voir le jour rapidement étant donné les difficultés majeures du capitalisme local et international.
-
Irlande du Nord: Des milliers de personnes dans les rues à l’appel des syndicats dontre les meurtres et le sectarisme
Environ 10.000 personnes se sont rassemblées au Belfast City Hall ce 11 mars tandis que des milliers d’autres ont protesté à Derry, Newry, Lisburn et Downpatrick contre les meurtres de la dissidence de l’IRA (l’IRA-Véritable) et contre le danger d’une recrudescence des tensions sectaires.
Rapport et photo d’un correspondant à Belfast
De nombreuses banderoles syndicales ont recouvert la manifestation. Le Socialist Party, notre section-soeur, était le seul groupe politique présent avec une banderole. Nos pancartes avec le slogan “No more killings – For workers’ unity” (“Stop aux meurtres – pour l’unité des travailleurs”) ont reçu beaucoup d’attentions des média locaux et internationaux.
Le Socialist Party avait fait une édition spéciale de son journal qui a eu beaucoup de succès, 600 exemplaires ont été très vite vendus. Il est aussi apparu dans les nouvelles de la BBC et en première page du Financial Times. Les auto-collants du Socialist Party ont aussi été très populaires.
L’idée d’une alternative politique de masse a reçu du soutien également, un parti de la classe des travailleurs et des jeunes qui lutterait contre la casse sociale, pour de meilleurs salaires et contre la destruction de services publics. Tous les partis sectaires au parlement régional sont complices des politiques d’austérité.
-
Royaume-Uni: La grève rencontre la victoire à la raffinerie de Lindsey
Les leçons à tirer de ce conflit
L’accord obtenu entre le comité de grève de la raffinerie Lindsey et la compagnie pétrolière Total, qui détient cette raffinerie, est devenu une référence pour des douzaines d’autres sites à travers tout le Royaume-Uni, et même en Europe. Cette lutte héroïque menée par plus de mille travailleurs (soutenus par des actions sur plus de vingt autres sites) engagés sous différents types de contrats s’est clôturée par une victoire pour les travailleurs.
Bill Mullins, Socialist Party (CIO-Angleterre et Pays de Galles)
C’est une victoire acquise contre les patrons de Total, mais aussi contre l’ensemble du régime néolibéral qui sévit à travers toute l’Union Européenne. Au cours de ce processus, les lois anti-syndicales se sont révélées complètement inconsistantes une fois la masse des salariés mise en route.
Les travailleurs se sont vus garantir 102 des 198 emplois menacés. Leur contrat est de construire une nouvelle installation chimique dans la raffinerie.
Comme Keith Gibson l’a expliqué dans son article dans The Socialist (le journal du Socialist Party, section sœur du Parti Socialiste de Lutte) de la semaine passée, «Shaw’s, l’entrepreneur de départ, a appris qu’il avait perdu une partie du contrat au profit d’IREM, une entreprise italienne, qui amènerait sa propre main d’œuvre d’Italie et d’ailleurs pour faire le boulot».
Par conséquent, Shaw’s a dit aux délégués syndicaux du site que certains de leurs membres seraient licenciés à partir du 17 février, de sorte à faire place aux travailleurs italiens.
Ce qui était crucial dans cette affaire n’était pas le fait que ces travailleurs soient italiens ou portugais, mais que ces travailleurs ne feraient pas partie de «l’accord national pour l’industrie de l’ingénierie et de la construction (National Agreement for the Engineering and Construction Industry – NAECI)». Pourquoi ? Parce que selon les directives européennes, soutenues par la Cour Européenne des Droits de l’Homme, ceci serait perçu comme une «contrainte au commerce» et donc contre la liberté de mobilité de la main d’œuvre et du capital enchâssée dans les lois et les règles du club des capitalistes européens.
Nul besoin d’être physicien nucléaire pour comprendre que ceci n’est rien d’autre qu’une charte pour les patrons, et uniquement pour eux. Les patrons adorent par-dessus tout avoir la complète liberté de faire ce qu’ils veulent, sans que les syndicats ne viennent les en empêcher.
La presse a donné la priorité au slogan “Les emplois britanniques pour les travailleurs britanniques” exprimé par certains travailleurs lors des meetings de masse. Elle n’a pas pu voir (mais à quoi d’autre pourrait-on s’attendre lorsqu’il s’agit de cette presse capitaliste enragée ?) que le problème des grévistes était simple : ils étaient exclus de leurs emplois sur le site par la traîtrise des patrons, sous couvert du «droit pour le travail et le capital d’être déplacé sans restriction vers n’importe quelle partie de l’UE».
Comme nous l’avons déjà dit dans un éditorial du “Socialist”, “Aucun mouvement ouvrier n’est ‘chimiquement pur’. Des éléments de confusion, voire des idées réactionnaires, peuvent exister et ont existé lors de ces grèves. Toutefois, cette lutte était fondamentalement dirigée contre la ‘spirale vers le bas’, pour le maintien des salaires et des conditions de travail négociés par les syndicats sur ces immenses sites de construction».
Les lois et directives actuellement en vigueur dans l’UE sont complètement biaisées ; elles donnent une totale carte blanche aux patrons qui peuvent importer de la main d’œuvre qui travaillera à un moindre salaire et dans de pires conditions que ceux du « pays d’accueil », tant que les conditions minimum de leur pays d’origine sont remplies.
Ces travailleurs ne doivent pas être syndiqués, et il était clair que les travailleurs d’IREM ne l’étaient pas, ni en Italie, ni ailleurs. La dirigeante de la confédération syndicale italienne CGIL, Sabrina Petrucci, a rappelé au Morning Star du 6 février qu’IREM est une entreprise connue pour sa politique antisyndicale.
Mais la lutte était plus constante que cela. C’était une lutte pour le contrôle de leur lieu de travail par les travailleurs eux-mêmes. Si les cadres de Total, en tant que propriétaires du site, et les entrepreneurs italiens d’IREM avaient pu agir comme bon leur semblait, ils auraient complètement enfoncé tous les éléments de contrôle ouvrier pour lesquels on avait lutté contre la direction du site tout au long de la période passée.
Une partie de l’accord obtenu, qui est une percée majeure, permet aux délégués syndicaux de vérifier que les travailleurs italiens et portugais travaillent bien dans les mêmes conditions que les travailleurs locaux. selon les termes de l’accord NAECI.
Cela signifie en pratique que les travailleurs syndiqués travailleront au jour le jour aux côtés des travailleurs italiens engagés par IREM, et seront à même de vérifier si les conditions de travail sont bien respectées ou non.
Cette revendication était fondamentale pour les grévistes lorsqu’ils ont élaboré une liste centrale de revendications lors des assemblées générales. Cette liste inclut la revdnication que «Tous les travailleurs au Royaume-Uni doivent être couverts par l’accord NAECI, et tous les immigrés doivent être syndiqués».
Afin de s’accorder une sécurité supplémentaire en vue de maintenir l’organisation syndicale sur les sites, les grévistes ont aussi accepté une revendication mise en avant par le comité de grève, qui met l’accent sur la nécessité d’un «recensement et d’un suivi, contrôlé par le syndicat, des chômeurs et des membres du syndicat qualifiés qui habitent dans la région».
C’est exactement ce que ne veulent pas les capitalistes et qui est effectivement, de leur point de vue, une «contrainte au commerce», càd à leur droit d’exploiter leur main d’œuvre sans que le syndicat n’ait quelque chose à dire là-dessus.
De plus, fermement établi dans l’accord, on trouve la clause selon laquelle les délégués du site pourront surveiller l’entreprise italienne par des réunions de liaison régulières.
Ce que revendiquent assez correctement les grévistes de Lindsey, c’est que si les entrepreneurs du site ont besoin de plus de main d’œuvre, alors ils doivent le demander au syndicat, qui sélectionnera le personnel à partir de son registre des chômeurs de la région. En d’autres mots, il faut être syndiqué pour pouvoir figurer sur le registre.
L’alternative au contrôle syndical sur le “recrutement et le licenciement”, est la situation dans laquelle les patrons ont le droit de recruter et de virer qui ils veulent, et dans ce cas, à qui vont-ils donner les emplois ? Certainement pas à des militants syndicaux ! Comme c’est trop souvent le cas, une liste noire est souvent dressée par les patrons. Pour que cette revendication soit réellement mise en pratique, il faudra une lutte continue entre le personnel et la direction ; une lutte dont l’enjeu est le contrôle de l’entreprise et, par conséquent, elle fait partie d’une lutte visant à définir dans l’intérêt de qui l’entreprise continuera à tourner.
La Gauche
Honteusement, certains parmi la Gauche se sont complètement laissés emporter par les gros titres de la presse bourgeoise tout au long du conflit ; ces journaux mettaient en évidence les éléments du type “Les emplois britanniques pour les travailleurs britanniques”. Ce qu’ils n’ont pas réalisé, ou ce à quoi ils ont refusé de faire face, c’est que c’est toute la période précédente qui a mené à cette bataille. Si ce conflit s’était déroulé il y a un an, il est probable qu’il ne se serait pas développé de la manière dont il l’a fait. Ce qui était nouveau dans l’équation, c’était la rapide entrée dans une période de chômage de masse, qui menace chaque travailleur en Grande-Bretagne comme à travers une grosse partie du monde.
La crise économique a créé une peur parmi les travailleurs, non seulement pour leur emploi d’aujourd’hui, mais aussi une crainte quant à la question de savoir si leurs enfants auront un emploi à l’avenir. Dans la période précédente, il était possible pour les travailleurs de trouver un boulot sur d’autres sites.
Un élément de la période précédente était l’inscription des militants syndicaux sur une liste noire à différentes entreprises, ce qui a déjà conduit à des batailles localisées dans le passé. Au cours de ces luttes s’est posé la question : qui dirige le lieu de travail : la direction ou le syndicat ?
Aujourd’hui, près de 25.000 travailleurs spécialisés dans les techniques d’ingénierie de la construction sur des gros projets – comme les raffineries pétrolières ou les centrales électriques – sont de plus en plus conscients que les temps changent. Près de 1.500 d’entre eux sont déjà tombé au chômage.
Récemment encore, les syndicats se préparaient à se battre contre les patrons en organisant les délégués syndicaux au niveau national. Mais tout ce plan a été précipité lorsque Total a décidé de donner un contrat à IREM avant Noël (ou, du moins, de le donner à une entreprise américaine qui allait à son tour le sous-traiter auprès d’IREM).
Ce timing n’était en rien une coïncidence. Les patrons de Total voulaient utiliser le ralentissement de l’économie pour pouvoir confier l’ouvrage à un entrepreneur qui n’aurait pas à se soucier des syndicats, contrairement à la plupart des entrepreneurs britanniques spécialisés dans les gros projets de construction et qui sont obligés d’employer des travailleurs aux conditions normales.
Les politiciens capitalistes se sont plaints du fait que le principe de liberté de mouvement avait été écorché par l’accord. Mais on parle en fait de “liberté” pour les patrons d’effectuer des déplacements de main d’oeuvre à travers tout le continent grâce aux législations de l’UE soutenues par les tribunaux (et qui sont partout contre les intérêts des travailleurs), et ce afin de saper l’organisation des syndicats.
Cette “liberté” a effectivement été attaquée par cette grève, laquelle a dans la foulée porté un coup à la “spirale vers le bas” des conditions de travail.
Il devient de plus en plus nécessaire de coordonner davantage tous les syndicats européens au niveau des entreprises, mais aussi aux niveaux national et paneuropéen. Il faut aussi une campagne massive pour propager la nouvelle de la victoire des salariés de la raffinerie de Lindsey à travers tout le pays et toute l’Europe.
Commentaire d’Alistair Tice, membre du Socialist Party :
Cela faisait un moment que la pression s’accumulait à cause du refus d’Alstom d’engager des travailleurs britanniques sur le chantier de la centrale électrique de Staythorpe. Plusieurs manifestations avaient eu lieu, y compris avec des délégations issues de Lindsey.
La confirmation du fait qu’IREM n’engagerait aucun travailleur britannique a été la goutte qui a fait le déborder le vase. Les délégués syndicaux ont recommandé de rester dans le cadre des procédures, mais une asemblée des salariés de Shaw’s a exigé l’action immédiate et a voté en faveur de la grève.
Ceci signifiait de commencer une grève inofficielle sans aucune direction et sans aucune revendication claire. Le vide qui a existé pendant les deux à trois premiers jours a été rempli par des pancartes “artisanales” téléchargées à partir d’un site d’ouvriers de la construction qui disaient “BJ4BW” (British Jobs for British Workers – Les emplois britanniques pour les travailleurs britanniques) en parodiant ainsi les propres termes du Premier Ministre Gordon Brown . Bien que ce slogan n’a jamais été une revendication des grévistes, les médias s’en sont emprarés afin de présenter la grève comme “anti-travail étranger”.
Cette déformation de la grève dans les médias a causé une réaction parmi les grévistes qui ont insisté lors des interviews et des conversations sur le fait que la grève n’était ni raciste, ni contre les travailleurs immigrés, mais bien contre l’exclusion de la main d’oeuvre britannique, et contre l’attaque portée à l’accord national. Le BNP (British National Party, parti d’extrême-droite), contrairement aux racontars des médias, n’était pas le bienvenu au piquet.
L’intervention active du Socialist Party (section sœur du Parti Socialiste de Lutte en Angleterre et Pays de Galles, NDT) a été un facteur important pour déterminer l’issue de la grève. Keith Gibson, membre du Socialist Party, et qui n’était pas délégué, a été élu au comité de grève et est devenu son porte-parole l’après-midi même de son élection. Qu’une telle responsabilité lui soit confiée est une conséquence de sa réputation, basée sur des années et des années de militantisme syndical. On a entendu des commentaires de la part des travailleurs du genre “Gibbo y est maintenant. C’est un des meilleurs. Il va tout arranger”.
Un lundi le Socialist Party a distribué près de 1.000 tracts aux grévistes qui expliquaient que la grève n’était pas contre la main d’oeuvre étrangère, mais contre la “spirale vers le bas” et que son slogan devrait être “des emplois, des salaires et des conditions de travail aux normes syndicales pour tous les salariés” plutôt que “BJ4BW”. De même, nous avons aussi proposé une série de revendications claires que Keith a fait adopter par le comité de grève, et qui ont été présentée à l’assemblée générale. Les discours de Keith ont toujours mis l’accent sur l’intérêt commun de l’ensemble des travailleurs contre les patrons.
Le lendemain et le surlendemain, bien que quelques Union Jacks (drapeaux britanniques) pouvaient encore être aperçus ça et là, toutes les affiches BJ4BW étaient parties. A la place, il y avait des pancartes en italien appelant les ouvriers italiens à rejoindre la grève et une autre qui disait “Travailleurs du monde entier, unissez-vous !”.
Ce qu’on remarque ici, c’est la conscience confuse qui existe et l’effet que l’intervention consciente de véritables socialistes peut avoir sur la progression de revendications de classe et sur le recul d’idées réactionnaires qui peuvent exister en conséquence d’années et d’années quasiment vides de luttes et d’absence d’une politique de classe.
Les critiques ultra-gauche contre la grève (et le Socialist Party) ne sont jamais intervenus et n’ont pas discuté avec les travailleurs. Ils préféraient croire les récits de la presse capitaliste et ont donc rejeté cette grève sous prétexte qu’elle aurait été réactionnaire, raciste, ou xénophobe. Si le Socialist Party n’avait pas participé activement à ce conflit, le danger aurait pu être présent que de telles attitudes se soient renforcées. Mais au lieu de cela, une splendide victoire a été obtenue, qui pose les bases d’une syndicalisation des travailleurs étrangers et d’un renforcement de l’unité de classe.
-
Grande-Bretagne. Les protestations augmentent contre la guerre à Gaza
Les protestations britanniques contre la guerre en Irak avaient déjà été particulièrement massives, et il en va de même aujourd’hui contre la guerre dans Gaza. Le week-end dernier, une manifestation nationale a rassemblé plus de 50.000 personnes selon les organisateurs. D’innombrables actions locales prennent également place, avec de grandes participations. Nous publions ici un court rapport de quelques unes.
Londres

Les organisateurs parlent donc d’une présence de plus de 50.000 personnes à la manifestation nationale de samedi dernier, ce qui est un chiffre énorme compte tenu de la rapidité de l’organisation de cette protestation. Il faut y voir une expression d’engagement et de solidarité avec les Palestiniens de Gaza soumis aux attaques aériennes, puis terrestres, de l’armée israélienne. Beaucoup de jeunes étaient là, issus d’Asie, du monde arabe, mais aussi des blancs et des noirs. Nombreux étaient ceux qui participaient là à leur première manifestation.
Tous les tracts du Socialist Party (notre organisation-sœur en Angleterre et Pays de galles) ont été pris par les manifestants, à la recherche d’analyses sur la crise actuelle dans le conflit israélo-palestinien. Au stand du Socialist Party, de vives discussions ont eu lieu sur la possibilité d’une réponse politique socialiste.
Le jour suivant cette manifestation nationale s’est déroulée une action à l’ambassade israélienne, avec environ 500 participants. Là encore nos camarades ont distribué leur tract et vendu 70 exemplaires de leur hebdomadaire, The Socialist.
Manchester
Le 3 janvier, 3.000 manifestants ont défilé à Manchester. Cette grande manifestation n’a été dépassée en termes de présence que par celle de Londres, et elle a également été largement plus suivie que les précédentes actions anti-guerre dans cette ville. Beaucoup de militants de gauche étaient présents, mais aussi des centaines de personnes de la communauté arabe et asiatique dont beaucoup de jeunes femmes musulmanes.
Coventry
A Coventry, environ 150 personnes se sont rassemblées devant l’hôtel de ville le 5 janvier. Cette action avait été organisée par de jeunes membres du Socialist Party de Coventry en 24heures de temps, notamment via des appels lancés sur le net. Des orateurs de différentes organisations y ont pris la parole, les conseillers communaux du Socialist Party Rob Windsor et Dave Nellist, un orateur du Centre Musulman, un autre du syndicat Unison, un de la coalition anti-guerre et du Parti Vert. Un témoignage poignant a été fait par Manal Timraz, qui a déjà perdu plusieurs membres de sa famille au cours du conflit. Cette action s’est déclarée solidaire de la manifestation de 10.000 personnes qui avait eu lieu plus tôt à Tel Aviv.
Pays de Galles
A Swansea s’est tenue une manifestation de 200 personnes, où un orateur du Socialist Party a, entre autres, pris la parole. Cette semaine, différents meetings publics sont prévus par nos camarades au sujet de cette guerre. A Cardiff, il y a également eu une manifestation de 300 personnes.
Liverpool
A Liverpool, une manifestation de plusieurs centaines de personnes a occupé le centre ville, après plusieurs rassemblements symboliques pour rendre hommage aux victimes de la guerre.
Yorkshire
Les organisateurs de la manifestation de Sheffield ont parlé de 1.500 participants. Là encore, beaucoup d’intérêt a été démontré pour nos tracts et nos meetings publics. D’autres manifestations ont encore eu lieu à Leeds, Bradford et York.
-
2008 – Une année historique
De nouvelles opportunités s’ouvrent pour la lutte socialiste et la construction du Comité pour une Internationale Ouvrière
Le Comité pour une Internationale Ouvrière désire exprimer ses meilleurs vœux de Nouvel An aux membres de ses sections et groupes dans le monde entier, ainsi qu’à ses sympathisants et à ses lecteurs. L’année 2008 fut une année extraordinaire, aussi mémorable – bien que d’une manière différente – que 1968, ‘l’année des révolutions’, dont nous avons commémoré le quarantième anniversaire au cours des douze derniers mois, de même que le quatre-vingt-dixième anniversaire de la révolution allemande.
socialistworld.net
On se souviendra de cette année comme étant celle qui a marqué pour les marxistes de la plupart des pays la fin du marasme politique. Avec l’effondrement des économies planifiées, abruties par une bureaucratie étouffante, en URSS et en Europe de l’Est il y a deux décennies et le triomphe apparent du capitalisme, les travailleurs du monde entier se virent dire qu’il n’y avait aucune alternative à ce système. La plupart des dirigeants des syndicats et des partis colportèrent le mensonge que la coopération avec les patrons était la seule voie à suivre, plutôt que la lutte contre eux.
Malgré les avertissements des marxistes, dont les idées étaient perçues comme ‘dépassées’, le capitalisme semblait promettre une croissance sans fin. Cette croissance était basée sur des niveaux jamais vus de dettes personnelles et publiques, accompagnées d’un côté par la guerre, la guerre civile et une pauvreté de masse, de l’autre par une richesse obscène et la corruption. Le fossé entre riches et pauvres, à la fois au niveau national et international, doit avoir largement surpassé le fossé déjà effarant qui avait été décrit par Marx et Engels, il y a 150 ans. La dégradation et la destruction du système écologique planétaire, perpétrée par les deux mastodontes du capitalisme et du stalinisme, approche d’un point de non-retour.
Maintenant, avec la cohue suscitée par l’effondrement tragique des principales institutions financières et des marchés immobiliers, suivie d’un repli de l’économie réelle, on entend de plus en plus l’acceptation de la part des analystes capitalistes que Marx avait raison, et on remarque un regain d’intérêt pour ses idées. Les ouvrages socialistes regagnent en popularité, au fur et à mesure que les banquiers et les politiciens capitalistes s’attirent le courroux des travailleurs et des jeunes.
Des socialistes authentiques
Si les nationalisations et le keynésianisme reviennent à la mode, en tant que seule manière de ‘sauver’ le capitalisme, alors la tâche des socialistes et des communistes tels que ceux qui sont membres du CIO est d’élaborer des revendications en faveur de mesures socialistes authentiques. Les groupes et sections du CIO ont milité énergétiquement en faveur de nationalisation qui soient effectuées entièrement dans l’intérêt des travailleurs : non aux secrets d’affaires, non aux licenciements, non aux coupes salariales, pour le partage du travail et la mise en place d’un système de comités élus de représentants ouvriers aux niveaux locaux et nationaux, afin de contrôler de gérer l’économie et la société.
Alors que des centaines de milliers de travailleurs de l’automobile sont licenciés et que des millions de gens doivent faire face aux deux fléaux que sont le chômage et la perte de son foyer, c’est le combat contre le système lui-même qui doit être mis à l’ordre du jour. Les membres du CIO partout dans le monde sont impliqués dans des campagnes afin de construire de véritables partis ouvriers massifs de lutte. Le CIO lui-même a fait la preuve qu’il était un outil précieux afin de tirer les expériences des nouveaux partis que nous avons vu se développer en Europe et en Amérique latine, ce qui a été illustré par des discussions animées, rapportées sur notre site socialistworld.net, lors de la réunion du Comité Exécutif International du CIO en novembre 2008.
Jusqu’à la fin de cette année, les membres du CIO se sont investis dans les événements tumultueux en Grèce et en France, où les jeunes des écoles et des universités représentent les prémices de la lutte de masse à venir. En Italie aussi, la colère des travailleurs face aux perspectives pour 2009 approche de l’ébullition. Des explosions de lutte des classes sont inévitables. Leur timing, étendue et devenir ne sont pas prévisibles, mais ceux parmi nous qui visent à donner le maximum de leur temps et de leur effort au développement de ces luttes doivent s’y préparer !
Une courte période de repos est bienvenue pendant les congés du Nouvel An, là où c’est possible. Mais comme l’ont démontré de récents articles parus sur notre site international, dans certains pays – tels que le Pakistan, le Kazakhstan, l’Inde, le Sri Lanka ou encore le Nigeria – il n’y a aucune trêve dans les batailles politiques et économiques quotidiennes.
Au fur et à mesure que s’intensifie la lutte des classes, de plus en plus d’énergie et de dévouement sera requis et de plus en plus de forces seront recrutées à la cause de la révolution socialiste. Les journaux et sites du CIO, qui commencent déjà à gagner en popularité au fur et à mesure que la récession se fait amère, exigent des ressources humaines et financières qui doivent être trouvées (des dons de Nouvel An peuvent être envoyés au CIO via notre site web international).
Espoirs et attentes
Les événements dramatiques qui se sont passés lors des élections américaines ont aussi marqué un point tournant. La victoire d’Obama a suscité des espoirs et des attentes chez des millions d’Américains ainsi que chez de nombreuses personnes parmi les laissés-pour-compte et les exploités du monde entier. Les travailleurs espèrent que la nouvelle administration apportera un changement – vis-à-vis de l’Iraq, de Cuba ou même du Moyen-Orient. Mais il est clair que le nouveau cabinet Obama ne représente pas une rupture par rapport au règne du big business. La guerre en Afghanistan va se poursuivre et malheureusement, sous le capitalisme, toutes les réformes et les mesures de « protection » qu’Obama pourra mettre en œuvre ne garantiront pas un avenir sûr pour la classe salariée américaine, qui reste potentiellement la plus puissante du monde, et encore moins pour les masses du monde entier en général. La population laborieuse de Chine découvre aussi, à prix fort, que le capitalisme n’est pas la solution, au vu du ralentissement de leur économie que rien pourtant ne semblait pouvoir entraver.
Des explosions immenses sont imminentes dans le monde entier ; des vagues révolutionnaires peuvent se développer rapidement dans toute une série de pays. La tâche de membres du CIO est de comprendre, expliquer, organiser et agir en conjonction avec les désirs et besoins de la classe salariée et des pauvres. Rien n’est automatique. Mais, après les vingt dernières rudes années, l’heure est venue pour les idées du socialisme de prendre chair, et pour construire de nouveaux mouvements et partis de lutte de masse.
Le moral des sections et groupes du CIO, de même qu’au centre du CIO à Londres, révèle une confiance et un enthousiasme accrus. Nos idées et nos méthodes sont correctes. Nos nombres vont se multiplier à la chaleur des événements. Nous remercions tous ceux qui nous ont apporté leur aide – petite ou grande – au cours des dernières années, et attendons avec impatience les défis de 2009. Nous appelons bien entendu tous nos lecteurs à nous rejoindre dans la lutte pour un monde socialiste.
En raison des congés, l’activité sur nos sites va être quelque peu réduite. Elle reprendra dès début 2009, notamment avec une analyse de Peter Taaffe (Secrétaire Général du Socialist Party (CIO- Angleterre et Pays de Galles) quant aux événements de l’année passée et aux perspectives pour le mouvement ouvrier en 2009.
-
[video] Interview de Joe Higgins (Socialist Party, Irlande)
Lors de la réunion du Comité Exécutif International du Comité pour une Internationale Ouvrièrew qui s’est tenue fin novembre, nous avons parlé avec Joe Higgins, ancien parlementaire du Socialist Party, au sujet de la situation politique en Irlande. Ce pays a été durement frappé par la récession économique. Des milliers d’emploi ont été perdus et le rêve du "Tigre Celtique" a disparu.
-
30% pour un conseiller communal marxiste en Australie
Steve Jolly, conseiller communal du Socialist Party à Yarra, Melbourne, a remporté le scrutin aux élections locales de la semaine dernière avec 29.9% des voix, contre 26.0% pour le candidat des verts et 15.4% pour le candidat travailliste (ALP). C’est une augmentation massive de soutien depuis la première fois où Steve Jolly a été élu en 2004 avec 12% des suffrages. Ce résultat est une énorme approbation des idées socialistes défendues par un militant renommé.
Socialist Party (CIO-Australie)
Beaucoup de sympathisants et de syndicalistes ont financé la campagne et plus de 100 personnes ont participé à cette campagne, en faisant du porte-à-porte ou en distribuant 75.000 tracts.
Le nombre de voix remportées par Steve démontre que les électeurs se sont éloignés en grand nombre des Verts et du Parti Travailliste pour se diriger vers le Socialist party. Dans cette partie de l’Australie historiquement marquée à gauche, le terme de « socialisme » est maintenant clairement identifié au Socialist Party et aux militants qui, comme Steve, se sont battus pour les locataires des logements sociaux, contre les projets du big business, pour de véritables mesures de protection de l’environnement ou encore pour la création de jardins d’enfants.
Le Socialist Party s’est également présenté dans des districts voisins. Nous n’avons toujours pas les résultats finaux pour Melba et Nichols, où Denise Dudley et Anthony Main se présentaient, mais les résultats préliminaires disent qu’Anthony a obtenu environ 5 % et Denise environ 2 %. Ces résultats sont impressionnants dans la mesure où l’essentiel des efforts du Socialist Party ont été concentrés sur la réélection de Steve.