Tag: Royaume-Uni

  • Se prostituer pour payer ses études?

    Quel avenir nous prépare-t-on?

    En France, selon les chiffres de l’Observatoire de la Vie Etudiante (OVE), 40.000 étudiant(e)s se prostituent pour payer les frais liés à leurs études (droits d’inscription, photocopies et syllabi, logement, transport,…) ! Un(e) étudiant(e) sur 57 ! Et ce chiffre est en-dessous de la réalité, nombreux sont ceux et celles qui n’osent pas le déclarer…

    Boris Malarme

    La politique néolibérale menée par les derniers gouvernements de droite comme de « gauche» ont appauvri une grande partie de la jeunesse. Toujours selon l’OVE, en France, 225.000 étudiants ont des difficultés à payer leurs études, 100.000 vivent sous le seuil de pauvreté et 45.000 d’entre eux vivent dans une situation d’extrême pauvreté.

    Vu la hausse énorme des loyers, le logement est la part du budget des étudiants qui a le plus augmenté. Pendant ce temps, le montant des bourses n’a, lui, pas bougé… L’accès réel aux études supérieures devient de plus en plus difficile. Un étudiant français sur deux se voit donc forcé de travailler pendant l’année à côté de ses études et la moitié des autres travaille durant ses vacances. Autant de temps qui ne peut être consacré à étudier et qui handicape la réussite.

    Un petit boulot de quelques heures par semaine n’est aujourd’hui plus suffisant

    En comparaison des petits jobs qui emploient la plus grande partie de la main d’oeuvre étudiante, l’industrie du sexe est plus attractive financièrement.

    De plus en plus d’étudiant(e)s, pour être à même de réussir leurs études, sont donc obligés de vendre leur corps dans des bars à hôtesses, des agences d’escort-girl, par annonces sur internet, en posant pour des photos pornographiques ou des webcam, en faisant le ménage en sous-vêtements, ou simplement en faisant le trottoir des grandes villes de France.

    Mais croire que ce processus est limité à la France serait une erreur. Il ne réflète que la situation qui se développe dans toute l’Europe. Aucune donnée n’est disponible pour la Belgique, mais l’exploitation, par l’industrie du sexe, d’étudiants confrontés aux mêmes problèmes ne fait pas de doute.

    Une étude récente de l’université anglaise de Kingston illustre les liens entre augmentation des frais d’inscription et prostitution. De 1998 à aujourd’hui, le nombre d’étudiantes forcées à recourir à l’industrie du sexe a doublé en Angleterre pendant que les droits d’inscription ont triplé (aujourd’hui 4.500 € par an en moyenne).

    Plusieurs personnalités issues du corps académique des universités francophones en Belgique, comme le recteur de l’UCL ou l’assistant de l’ancien recteur de l’ULB, ont déclaré récemment vouloir briser le plafond du minerval (aujourd’hui plafonné à 778€).

    Ils préparent ainsi consciemment l’opinion à une hausse de celui-ci, pouvant atteindre plusieurs milliers d’euros ! Selon l’UCL, les frais pour une année d’études sont de 9.278 € en moyenne, ce qui correspond à près de 200 services de ménages en petites culottes. Mais qu’à l’avenir un plus grand nombre d’étudiant(e)s soient littéralement poussés à se vendre si les minervals augmentent n’émeut guère les recteurs, les patrons et leurs politiciens.

    Le Mouvement pour une Alternative Socialiste et Etudiants de Gauche Actifs défendent l’idée d’un salaire étudiant suffisant afin que chacun puisse étudier. Cela mettrait fin au recours à des solutions individuelles extrêmes comme la prostitution.


    Pour en savoir plus

  • Irlande. Le gouvernement de coalition de plus en plus près de la chute

    C’est sous une énorme pression que Bertie Ahern, le Taoiseach (premier ministre) irlandais, est arrivé au Dáil (parlement irlandais) ce 3 octobre 2006, afin d’expliquer dans quelles circonstances il avait été amené à recevoir des « prêts » et des « cadeaux » de la part d’hommes d’affaires lorsqu’il était un ministre au gouvernement dans les années 90. Cette affaire, qui a tourné au scandale, a dominé toute la scène politique irlandaise lors des deux dernières semaines, et a mené à la perspective d’une chute du gouvernement.

    Joe Higgins, parlementaire du Socialist Party (CWI Irlande) a fait un discours au Dáil, dans lequel il condamnait « la débauche, le copinage, le clientélisme et la corruption qui étaient tellement répandues dans la politique des années 80 et 90 ». Joe a aussi condamné des ministres du gouvernement de coalition, du Fianna Fáil (FF) et des Progressive Democrats (PD), qui défendent Bertie Ahern pour pouvoir rester au pouvoir, ainsi que leurs liens avec les milieux de la finance.

    Depuis le débat au Dáil du 3 septembre, la pression s’est renouvelée sur Ahern. De nouveaux rapports dans la presse racontaient que Michael Wall, un homme d’affaires, qui avait vendu sa maison de Dublin à Ahern en 1997, était présent lors d’une soirée de collecte de fonds en octobre 1994 à Manchester, en Angleterre, pendant laquelle Ahern avait reçu £8000 de divers hommes d’affaires.

    Ahern a confirmé que Michael Wall lui avait bien vendu sa maison de Dublin en 1997, mais assure que Wall ne lui a jamais donné d’argent en retour. Il certifie aussi avoir acheté la maison « au plein tarif » au cours du marché, mais a refusé de dire combien cela lui avait exactement coûté. Les médias irlandais parlent aussi d’une « rupture du lien de confiance » qui existait entre Ahern et son adjoint, Michael McDowell, soulevant l’éventualité d’un gouvernement de coalition qui s’enfoncerait de plus en plus profondément dans la crise, dans les divisions, et vers la chute.

    Ci-dessous, nous publions l’intervention que Joe fit au Dáil Éireann le 3 september.

    « Une affaire d’un goût douteux révèle le divorce d’un gouvernement d’avec son peuple » – déclare Joe Higgins, parlementaire socialiste

    Discours de Joe Higgins, membre du Socialist Party au Dáil Éireann (parlement irlandais)

    Joe Higgins (Socialist Party): Nous savons que les ministres du Fianna Fáil ne voient rien de mal à ce qu’un ministre des Finances reçoivent pour leur usage personnel de grosses sommes d’argent en provenance d’intérêts financiers, tant que, disent-ils, il n’ya aucune preuve qu’il s’agit du fruit d’une faveur spécifique. Ce faisant, ils ne défendent pas seulement le conflit d’intérêt majeur qui est apparu lorsque le Taoiseach a accepté 60 000 € d’individus fortunés, mais ils défendent aussi la débauche, le copinage, le clientélisme et la corruption qui étaient si répandues en politique dans les années 80 et 90. Aucun de ceux qui ont été pris en flagrant délit d’un de ces crimes ne s’est défendu avec le même slogan : « Il n’y a pas eu de favoritisme, et n’ont n’avons rien fait de mal ». Comment les ministres du Fianna Fáil pourraient-ils y voir du mal, lorsque leur parti lui-même est massivement financé par les intérêts des grandes entreprises ? Du parti financé par les grandes entreprises, à l’individu, il n’y a qu’un pas.

    Il y a une tendance à limiter cette controverse au sujet de l’argent au niveau du Taoiseach, mais elle ne peut être abstraite de la relation entre le Taoiseach, les Progressive Democrats, et les intérêts des grandes entreprises – tous acceptent des financements massifs en provenance de ces sources. C’est l’adjoint du Taoiseach qui l’a aidé avec ses donations personnelles ; qui, dans les années 90, allait s’asseoir dans un hôtel somptueux de Dublin et y recevait des millions de la part des spéculateurs, des développeurs de projets, des multinationales, des compagnies pétrolières, et de toutes sortes de sacs à fric qui venaient assombrir la porte de sa suite de luxe. Toute personne ordinaire sait que les milieux d’affaires font cela afin d’influencer la politique du gouvernement, et qu’ils y parviennent. Les gens ordinaires, sont les victimes de tout ceci. Ouvrez les yeux, sur les conflits, la lutte et le stress que doivent endurer les jeunes gens afin de s’assurer le droit basique d’avoir un toit au-dessus de leurs têtes, tout cela parce que les spéculateurs qui soutiennent le Fianna Fáil ont placé le prix d’une maison bien au-delà de leur portée. Le gouvernement les a simplement laissé faire pendant 10 ans.

    Brian Lenihan (Fianna Fáil): Et que fait le Député des maisons qui ont été construites dans son district ?

    J. Higgins: Des dizaines de milliers de gens ont été empêchés d’accéder au marché par les spéculateurs qui finançaient les partis en face. Des dizaines de milliers de gens ont été terrifiés par la hausse des emprunts immobiliers – peut-être 200 € par mois – qu’ils ont maintenant peur de devoir payer. Cela revient à 2400 € par an, ce qui aura virtuellement pour résultat de tous les appauvrir, mais cet argent sert à payer les cigares des riches qui financent le Taoiseach. Encore plus honteux, regardez donc à quel point le Fianna Fáil et les PD étaient tout dévoués à la Shell Oil Corporation ce matin, malmenant les braves gens d’Erris de sorte que Shell, le pollueur et profiteur virtuellement le plus notoire du globe, puisse extraire de la mer le gaz qu’ils lui ont donné sans rien lui demander en échange. Ce processus a commencé en 1997 avec M. Ray Burke, le ministre de l’époque, et a continué en 1992 sous le ministre de la Finance, maintenant Taoiseach, lorsqu’ils accordèrent gratuitement à ces compagnies des ressources naturelles fabuleuses, par l’intermédiaire de contrats secrets. Combien d’argent le Fianna Fáil et les Progressive Democrats reçurent-ils de ces compagnies pétrolières ?

    J’ai tellement la nausée, au regard de tout ceci, de voir le Fianna Fáil et les PD, le Taoiseach et le Tánaiste, réduire cette controverse tout entière, toute ce réseau de clientélisme et de débauche, à un cynique petit jeu de grattage, de pliage et de tordage de mots, de sorte que les deux partis peuvent maintenant sortir d’ici en affirmant qu’on leur a donné raison. Recevoir de grosses sommes d’argent des entreprises, ainsi que l’a dit le Taoiseach aujourd’hui, était une erreur et une méprise, non pas parce que c’était mal, non pas parce que cela cause un conflit d’intérêts massif entre le peuple et le Taoiseach, mais bien parce que cela a fait surface et a causé du tracas et de la consternation au Taoiseach et à ses amis. Le Tánaiste et chef des Progressive Democrats est assis à ses côtés, et applaudit à cette phrase.

    Ce que le Tánaiste fait aujourd’hui, c’est soutenir un parti Fianna Fáil non reconstruit, c’est défendre un acte de débauche après dix ans d’investigation. Etait-ce pour cela que le Tánaiste s’est encouru sous tous les projecteurs, partout à travers Dublin, afin de nous dire que nous avions besoin de lui au gouvernement pour renforcer les opportunistes du Fianna Fáil ? Cet événement a maintenant été révélé n’avoir rien été de plus qu’une souche creuse.

    An Ceann Comhairle [Président]: Le temps accordé au Député est terminé.

    J. Higgins: Il n’oserait pas le répéter aux prochaines élections.

    Un Député: Bien sûr que si.

    J. Higgins: Il pourrait essayer, mais cette fois-là au moins, personne ne le croirait. Les projecteurs seront laissés aux caniches de Ranelagh pour faire à la base, ce que le Tánaiste fait maintenant aux beaux principes qu’il prétendait avoir lorsqu’il était occupé à grimper ses échelons.

    Cette affaire de mauvais goût révèle un gouvernement qui a totalement divorcé d’avec la réalité vécue par les gens ordinaires, —-

    An Ceann Comhairle: Le Député aura une autre occasion de parler lors des Questions des Dirigeants.

    J. Higgins: —– relégués à des années-lumière de la lutte que mènent les gens ordinaires pour répartir leur salaire entre l’emprunt pour la maison, leurs enfants, le transport, et les autres problèmes. Le Taoiseach devrait partir aujourd’hui, pas seulement pour la manière véreuse dont il empoche l’argent des entreprises, mais aussi pour la manière dont il est mêlé aux affaires en général, et qui a créé une société —-

    An Ceann Comhairle: Le Député aura à nouveau l’occasion de parler lors des Questions des Dirigeants.

    J. Higgins: —– qui récompense les puissants, à un coût énorme pour les gens ordinaires ; donc laissez-nous avoir les élections maintenant. Il y a d’autres questions, mais je les ferai patienter jusqu’aux Questions des Dirigeants. Il y a beaucoup de questions détaillées auxquelles le Taoiseach doit encore répondre aujourd’hui.

  • Thailande. Un coup d’état suite à l’impasse politique. L’armée supprime les droits démocratiques.

    Ce 19 septembre, la Thailande a été le théâtre d’un autre coup d’état. Ceci est le 17ème coup d’état depuis que la « monarchie constitutionnelle » a été établie en 1932. Ce coup d’état, mené par Sonthi Bunyaratglin, commandant en chef des forces armées, a expulsé le premier ministre Thaksin Sinawatra, un magnat des télécoms milliardaire. Depuis 2001, avec son gouvernement du parti « Thai Rak Thai » (TRT – « les Thaïs aiment les Thaïs »), Thaksin Sinawatra a remporté deux écrasantes victoires électorales, avant de devoir faire face cette année à des manifestations de rue contre la corruption. Il est largement entendu que le roi Bhumibol a donné le feu vert à l’armée quant à la mise sur pied de ce coup d’état. Les forces armées, avec le soutien du roi, misaient sur l’hostilité générale envers Thaksin, en particulier sur celle de la population urbaine de Bangkok, afin d’obtenir une victoire rapide, remportée sans devoir tirer le moindre coup de feu ni verser la moindre goutte de sang. Ce coup d’état avait pour but, selon ses chefs, de mettre un terme à plus d’un an d’impasse politique.

    Dossier par Ravie Chandren

    La chute de Thaksin

    Thaksin est arrivé au pouvoir en 2001, en utilisant à son avantage l’impact de l’agenda de « restructuration » demandé par le FMI lors de la crise de l’économie asiatique en 1997. Il gagna un soutien significatif, surtout dans les zones rurales, pour son programme populiste vis-à-vis des fermiers et des pauvres, avec par exemple des promesses de soins de santé bon marché. En même temps, il utilisa des mesures protectionnistes pour servir ses propres intérêts économiques. Ses cinq ans au pouvoir furent caractérisés par son administration de style « PDG ». A cause des pressions économiques au niveau mondial, Thaksin recourut à une politique néo-libérale, comprenant des privatisations de services publics (par exemple, l’électricité). Il introduisit des accords de libre échange pour faciliter les investissements étrangers.

    Ces mesures furent à la source de désaccords importants avec des hommes d’affaires locaux, et d’autres plus petits commerçants et industriels, ainsi que d’une certaine colère de la population urbaine, lorsque l’inflation atteignit son plus haut niveau en 6 ans. La population urbaine était également outragée par le contrôle que Thaksin exerçait sur les médias et par sa négligence des droits démocratiques, par ses incessantes tentatives de remplir les institutions avec ses propres hommes, par sa « guerre contre les trafiquants de drogue » (qui lui servait d’excuse pour commettre des meurtres illégaux), et par les moyens de répression brutaux qu’il employa contre une insurrection organisée par les musulmans au Sud, et qui intensifia les émeutes séparatistes.

    La goutte qui fit déborder le vase, fut la vente de toutes les parts que la famille de Thaksin détenait dans Sin Corp., le géant des télécommunications, à Tamasek Holdings, une société singapourienne, pour une valeur de 1,88 milliards de dollars, réalisant ainsi la plus grosse vente de toute l’histoire de Thaïlande. Pas un centime de taxe n’en fut prélevé. Cette opération donna naissance à des manifestations de milliers de personnes dans les rues de Bangkok, en février et mars de cette année, comprenant les classes moyennes, des groupes de citoyens, d’étudiants, d’intellectuels, les partis d’opposition et les églises, ainsi que des travailleurs. Pendant ce temps, Thaksin se reposait sur son soutien populaire à la campagne, où habite 60% de la population, utilisant à son avantage les divisions entre campagne et ville, élaborant des stratégies de « diviser pour régner » afin de remporter les élections.

    Cependant, les tensions entre Thaksin et les partis d’opposition atteignirent un sommet lors des derniers mois. Thaksin tenta de calmer les manifestations à Bangkok, en improvisant des élections le 2 avril de cette année. Les partis d’opposition boycottèrent le scrutin, de sorte qu’il fut impossible de former un nouveau parlement sur base des maigres résultats. Par conséquent, Thaksin promit de démissionner dès qu’un nouveau cabinet aurait été mis sur pied. On pense que cette décision lui fut conseillée par le roi Bhumibol, afin de mettre un terme à l’impasse politique. Mais la crise ne se résolut pas, ce qui poussa le roi à demander aux juges du pays de « mettre de l’ordre » dans le pays.

    La cour constitutionnelle annula rapidement les élections d’avril, puis la cour criminelle emprisonna trois des commissaires qui avaient organisé les élections. Les nouveaux commissaires avaient été choisis un peu plus tôt ce mois-ci. Il semblait que la Thaïlande se dirigeait vers de nouvelles élections, peut-être dès le mois de novembre, et auxquelles les partis d’opposition auraient pris part. Mais la crise politique n’aurait pas été terminée, même après ces élections de novembre, puisqu’il était largement attendu que le parti de Thaksin (le TRT) allait remporter les élections, grâce à son important soutien rural. Et donc, même si Thaksin avait démissionné de son poste de premier ministre, comme il avait suggéré de le faire, il aurait continué de contrôler le gouvernement à travers le TRT.

    Au même moment, des couches entières de l’élite dirigeante ressentaient un profond malaise vis-à-vis des conséquences politiques et économiques que causerait une confrontation prolongée entre Thaksin et ses opposants politiques : plus longtemps durerait ce conflit, plus grand allait en être l’impact sur les prix des actions, sur l’inflation et sur les investissements. Des couches encore plus larges de la population étaient aussi prêtes à donner de la voix si l’économie continuait à se détériorer.

    Une autre cause du coup d’état semble avoir été les manœuvres de Thaksin contre des officiers âgés, dont le Général Sonthi, qui était critique envers le premier ministre. Des rapports indiquent que pendant le mois de juillet, cent officiers de rang moyen qui étaient loyaux à Thaksin, furent écartés des postes-clés à Bangkok. Récemment, Thaksin avait projeté de placer deux de ses partisans à des endroits stratégiques, pour contrôler la sécurité de la capitale.

    Depuis le coup d’état de cette semaine, les généraux de l’armée ont insisté sur le fait que Thaksin, qui se trouve pour l’instant à Londres, est libre de rentrer au pays, et même de participer aux prochaines élections. Pendant ce temps, Reuters a mentionné deux juges et l’ancien dirigeant de la banque centrale comme membres attendus du nouveau comité de six experts qui aurait pour mission d’enquêter sur les affaires financières de Thaksin, de sa femme, de ses autres parents, et de ses collègues politiques. Divers accusations ont été formulées contre lui auprès des tribunaux et, maintenant qu’il a quitté le pouvoir, d’autres semblent devoir bientôt suivre.

    Le roi et l’armée

    La Thaïlande, le seul pays d’Asie du Sud-Est à n’avoir jamais été colonisé par une puissance européenne, était une monarchie absolue pendant presque quatre siècles, jusqu’en 1932, lorsqu’un coup d’état pacifique limita les pouvoirs du roi. Cependant, le roi reste extrêmement révéré et influent, de par la constitution. C’est par son implication dans le coup d’état militaire que le gouvernement Thaksin a vu son terme. Pendant presque les deux tiers du siècle dernier, la direction du pays a été dominée par les forces armées, avec toute une succession de dictateurs militaires.

    Le lendemain du coup d’état, la junte militaire qui a pris le pouvoir, composée de six hommes, est apparue devant les medias du monde entier, insistant qu’ils n’avaient aucune intention de s’accrocher au pouvoir. Ils ont promis de passer le pouvoir dans deux semaines, après qu’ils aient sélectionné l’administration civile qui devra diriger le pays pour une année. Les généraux ont aussi insisté sur le fait que ce nouveau cabinet devrait constituer un comité à charge d’écrire une nouvelle constitution, qui serait soumise à un référendum avant que des élections n’aient lieu.

    Bien que le pays ait déjà eu 15 constitutions différentes depuis 1932, de nombreux politiciens et académiciens thaïs semblent convaincus qu’une nouvelle réécriture sera un grand succès. Le magazine The Economist a écrit : « Lorsque la dernière constitution a été rédigée, en 1997, elle fut largement perçue comme porteuse d’un équilibre certain. D’un côté, elle fournissait à la Thaïlande des partis politiques et un pouvoir exécutif plus forts – ce dont elle avait besoin, avec son histoire faite de différentes administrations aussi faibles qu’éphémères ; d’un autre côté, elle introduisait de nouveaux équilibres et contrepoids, tels que la cour constitutionnelle, et un important organe anti-corruption. Malgré cela, on reproche maintenant à la constitution de 1997 d’avoir permis à M. Thaksin de dominer les institutions étatiques, et d’abuser de son pouvoir de premier ministre. Différentes propositions de réformes – telles que des restrictions aux changements d’allégeance politique – ont été rédigées ; bien qu’il semble peu probable qu’elles puissent réaliser les miracles qui sont attendus d’elles, même si elles devaient être promulguées. »

    La junte militaire, qui s’est donnée le nom de « Conseil pour la Réforme Démocratique », répète que son but est de sauver la démocratie thaï de la « corruption galopante » du gouvernement Thaksin, de mettre un terme à ses interventions au sein des institutions du pays, supposées « indépendantes », et de réparer les divisions profondes que Thaksin a ouvertes parmi les Thaïs. Néanmoins, lorsque nous examinons le passé (pas si lointain que ça) de la Thaïlande, il est clair que les solutions ne sont pas à aller chercher du côté des chefs militaires qui prennent le pouvoir.

    Cette semaine, après que l’armée ait pris le contrôle à Bangkok et dans les zones environnantes, la première action des généraux a été d’interdire toutes les manifestations et les rassemblements de plus de 5 personnes. Le nouveau régime a ensuite interdit tous les meetings et autres activités qui auraient pu être organisés par des partis politiques. Ces mesures répressives ont été conçues pour tenter d’empêcher toute tentative de contre-coup d’état de la part des partisans de Thaksin au sein de l’armée, et d’empêcher les mouvements de protestations parmi la population rurale, chez qui Thaksin est très populaire. En prenant les pouvoirs législatifs jeudi 21 septembre, les militaires ont interdit tout compte-rendu médiatique jugé « négatif », ont renforcé les restrictions vis-à-vis des partis politiques existants (mais n’ont donné aucune indication quant à la durée de ce blocus), et ont interdit la formation de nouveaux partis politiques.

    Il semblerait que le commandant en chef de l’armée, Sonthi Boonyaratglin, officiellement intronisé ce vendredi 22 septembre en tant que chef de la nouvelle junte militaire, ne correspond pas au profil habituel des anciens putschistes. Les généraux de police ou d’armée qui ont dirigé la Thaïlande précédemment étaient en général des personnages arrogants et égoïstes – des descriptions qui, jusqu’ici, ne peuvent s’appliquer à Sonthi. « Lors de mes conversations avec le général Sonthi, je l’ai trouvé honnête, modeste, poli et professionnel », a déclaré Surin Pitsuwan, un ancien ministre des affaires étrangères thaï, et le chef du « Parti Démocrate ». Sonthi va tenter d’utiliser son image « modérée » pour assurer à la fois à la population thaïe et aux groupes de la finance internationale que sous son règne la vie sera paisible et prospère. Mais, si la situation économique et politique devait ne pas se redresser, ou empirer, le commandant en chef Sonthi Bunyaratglin et sa junte peuvent toujours prendre des mesures plus sévères contre l’opposition populaire.

    Les meneurs du coup d’état vont probablement assigner un premier ministre par intérim, capable de rassurer la « communauté financière » nationale et multinationale. Le message qu’ils cherchent à faire passer est que l’économie thaïe, si dépendante de ses exportations, se trouve entre de « bonnes mains ». La spéculation autour de qui sera appointé aux postes gouvernementaux cruciaux pointe en direction Supachai Panitchpakdi, l’ancien chef de l’OMC, et de l’ancien directeur de la Banque Centrale, Pridiyathom Devakula. De toutes façons, qui que soit le prochain premier ministre, tout le monde s’attend à ce que ce soit la junte militaire, accompagnée du roi, qui dirige la politique des cabinets par intérim.

    Les conglomérats de la finance et des multinationales qui, depuis 2001, ont beaucoup bénéficié de la politique néolibérale du premier ministre Thaksin, applaudiraient aussi à ce coup d’état, s’il aidait à résoudre la longue crise politique débilitante qui a frappé la croissance économique. Les économistes disent qu’ils ne s’attendent guère à un gros impact sur l’économie thaïe, pourvu que la situation politique du pays demeure calme et que le pays s’achemine rapidement vers un régime civil. Somjai Phagaphasvivat, professeur en sciences politiques à l’université Thammasat, à Bangkok, a dit que « Je ne prévois pas beaucoup d’impact sur l’économie globale, qui, ironiquement, aurait pu encore plus se dégrader si Thaksin était resté au pouvoir. Jusqu’à présent, elle a été affaiblie par une société sérieusement divisée, et par la crise politique de cette année… Le redressement ou l’effondrement de l’économie dépendra de la manière dont les meneurs de ce coup d’état vont la diriger, et de la manière dont ils tiendront leur promesse d’organiser rapidement des élections correctes. »

    Bien que les grandes puissances occidentales, comme les USA et le Royaume-Uni, ont exprimé leur « considération » quant à la fin de la démocratie en Thaïlande, il n’y a eu aucune condamnation sérieuse du coup d’état. Ces puissances sont plutôt satisfaites de voir la démocratie supprimée, et l’arrivée au pouvoir des généraux, si cela est dans l’intérêt général des grosses entreprises et de l’impérialisme, et si cela permet de faire taire les mouvements de protestation populaires. Qu’en est-il de l’idée des « révolutions démocratiques », que Bush et les autres leaders occidentaux ont proclamée partout au Moyen-Orient et dans le monde néocolonial ?!

    Les partis d’opposition thaïs, la population urbaine et les groupes de « citoyenneté » qui ont mené les manifestations au cours des derniers mois, ont bien acclamé l’intervention de l’armée. Ils pensent que l’action des généraux peut mettre un terme à l’incertitude politique qui avait été amenée par le régime Thaksin. Les directions de ces organisations n’ont pas un programme pour en finir avec les crises économiques et politiques. Ceci signifierait la fin du système de profit.

    Les populations rurales et urbaines

    A de nombreuses reprises, l’histoire de la Thaïlande a démontré qu’à chaque fois qu’il y a une intense crise politique ou économique, la classe dirigeante utilise soit la monarchie, soit l’armée, ou, quand elle le peut, le système parlementaire, comme outil pour briser la révolte populaire et façonner l’Etat en faveur des besoins de la classe capitaliste. Le coup d’état militaire de cette semaine a été mené à des fins similaires. L’intervention de l’armée a été conçue pour mettre un terme à un an de troubles politiques, qui ont affectés l’industrie et l’économie toute entière, en particulier à Bangkok, qui se trouve être le pivot de l’économie thaïe.

    Sous le règne militaire, il pourra y a voir quelques réformes pour apaiser des couches de la population, tels que les pauvres à la campagne. Mais aucune réforme ne peut être durable dans le système de profit, qu’elles soient établies par des gouvernements civils ou par des dirigeants militaires. Le capitalisme est incapable de satisfaire les besoins fondamentaux des travailleurs et des paysans. La classe ouvrière thaïe et les paysans pauvres vont devoir faire face à encore plus d’incertitudes et d’attaques sur leur mode de vie au cours des prochaines années, ce qui mènera à une nouvelle instabilité politique, qui déclenchera de nouvelles luttes de masse.

    Lors des deux précédentes émeutes de masse en Thaïlande, il y avait des illusions envers la soi-disant « bourgeoisie progressive » (la classe capitaliste), surtout parmi les classes moyennes, les étudiants et les paysans, qui espéraient gagner des droits démocratiques par des luttes contre le régime militaire. Le 14 octobre 1973, une manifestation menée par des étudiants renversa une dictature militaire et amena une courte période de régime démocratique. Cette période dura jusqu’en 1976, lorsque des forces militaires de droite réprimèrent violemment le mouvement étudiant. En mai 1992, un autre dictateur militaire, Suchinda Kraprayoon, a été chassé par des citoyens thaïs. Ils étaient en colère contre ses mesures anti-démocratiques. Mais Suchinda Kraprayoon fut remplacé par un gouvernement de droite qui fut incapable de résoudre les problèmes économiques et sociaux qui se posaient au peuple thaï.

    Ces événements montrent que les travailleurs et paysans thaïs peuvent avoir des illusions dans les ailes soi-disant « démocratiques » ou « progressives » de la classe capitaliste. Toutes les différentes sections de la classe dirigeante et des partis politiques agissent d’abord au profit des grosses entreprises, et cela inclut la suppression des droits démocratiques s’ils entrent en contradiction avec leurs intérêts de classe.

    Cette année, al crise politique a révélé les différents agendas des organisations qui constituent l’opposition, qui inclut les partis politiques, les étudiants, les ONG (organisations non-gouvernementales), les syndicats et d’autres, tous unis sous « l’Alliance Populaire pour la Démocratie » (APD). Ils resserrèrent les rangs après que Thaksin ait été accusé d’abuser de son pouvoir, et en particulier, de s’enrichir soi-même grâce à une grosse opération financière dans le secteur des télécommunications. Mais les forces qui composent l’APD différèrent au sujet de ce qu’il fallait faire de Thaksin et de son parti, de la nature des réformes constitutionnelles, et des négociations de « libre échange » avec les Etats-Unis.

    Les partis d’opposition de droite, tels que le Parti Démocrate, qui a organisé des attaques sur les paysans et les travailleurs lorsqu’il était au gouvernement, se concentre maintenant essentiellement sur le démantèlement du parti de Thaksin. La demande d’une « réforme constitutionnelle » émanant du Parti Démocrate n’est qu’une rhétorique politique pour tenter d’élargir son soutien électoral. Les syndicats, les « groupes de pression », et les organisations d’étudiants veulent plus de changements fondamentaux, exigeant la fin des privatisations et des autres attaques néolibérales sur les travailleurs. Mais cela n’est pas à l’agenda des directions de l’APD et du Parti Démocrate.

    La plupart des partis politiques et des organisations de masse misent publiquement sur le roi, espérant qu’il calmera la situation, et qu’il veillera à l’amélioration de la vie pour les Thaïs. Mais l’histoire des nombreux coups d’état en Thaïlande montre que le roi a toujours donné son soutien à partir des coulisses aux juntes militaires comme le régime Sonthi. Cela montre bien que la monarchie aide les magnats de l’industrie tels que Thaksin à monter au pouvoir. Le roi légitimise les coups d’état et les régimes anti-travailleurs et anti-paysans.

    Le problème des rébellions des musulmans, et des demandes séparatistes – une cause d’instabilité majeure en Thaïlande – ne peut être résolu sur base du capitalisme. Seule, l’action de la classe salariée, par la lutte pour ses droits démocratiques, pour les réformes sociales et économiques, et pour le socialisme, peut gagner de véritables droits pour cette communauté opprimée.

    Les expériences passées de luttes de masse en Thaïlande ont clairement prouvé que, en dépit de leur héroïsme et de leur sacrifice, ni les paysans, ni les étudiants, ni la classe moyennes, à cause de leur caractère très hétérogène, ne peuvent mener la bataille pour la mise à bas du capitalisme. En ce moment, il semble que la population rurale (surtout composée de paysans), qui constitue la majorité de la population en Thaïlande, penche vers un soutien à des meneurs tels que Thaksin.

    La classe salariée est la seule classe capable de prendre la direction jusqu’à la chute du capitalisme, et capable de tirer à elle le soutien des pauvres des campagnes, des étudiants et des classes moyennes, ainsi que celui des pauvres musulmans du Sud. Afin d’accomplir cette tâche, il est crucial de commencer la construction d’un parti des travailleurs. Un tel parti, avec un soutien massif, sur base d’un programme socialiste, donnerait assez de confiance à la classe salariée pour qu’elle prenne la direction des luttes d’opposition.

    Pour un parti des travailleurs et des paysans, il est nécessaire de lier les revendications pour des droits démocratiques et des réformes économiques et sociales, au besoin de bâtir un Etat ouvrier. Une Thaïlande socialiste gagnerait le soutien des travailleurs à travers toute l’Asie du Sud-Est, et le monde entier.

    Le CIO demande :

    • Opposition totale au coup d’état militaire
    • Non au règne des généraux, non au règne des politiciens millionnaires et corrompus
    • Non à la suppression des droits démocratiques, et à la mainmise étatique sur les médias
    • Pour une lutte de masse afin de remporter des droits démocratiques complets, y compris le droit aux travailleurs de s’organiser, de manifester et de faire grève
    • Pour des organisations paysannes et des syndicats indépendants, combatifs, et démocratiques
    • Des droits syndicaux pour les soldats – afin de gagner le soutien des soldats pauvres pour les luttes des travailleurs
    • Pour la construction d’un parti de masse, des salariés et des paysans
    • Pour une lutte unie des travailleurs et des paysans, afin de renverser l’armée et son gouvernement fantoche
    • Pour une Assemblée Constituante honnête et représentative
    • Abolir la monarchie
    • Pour un gouvernement à majorité ouvrière et paysanne
    • Des droits égaux pour toutes les minorités ethniques, y compris les populations musulmanes
    • Non à la politique néolibérale de privatisation et de dérégulation
    • Nationaliser les grosses entreprises, les secteurs-clé de l’industrie, les grands holdings privés et les banques
    • Pour une économie planifiée destinée à fournir à tous les travailleurs et paysans leurs besoins de base, sous le contrôle et la gestion démocratique de comités élus à partir des ouvriers et des paysans
    • Pour une Thaïlande socialiste et membre d’une fédération socialiste d’Asie du Sud-Est
  • Socialisme 2006. La parole à ceux qui luttent

    Trois assemblées plénières, un débat, un rapport d’une délégation au Pakistan pour le Forum Social Mondial et 18 groupes de travail, voilà l’ordre du jour rempli du weekend de formation annuel du MAS/LSP. Pas de professeurs distingués, de technocrates ou d’intellos « spécialisés », mais des salles remplies de gens qui luttent quotidiennement contre tous les aspects de la politique néo-libérale et ses effets. Et cela était vrai tant pour les orateurs et les invités – parmi lesquels Jef Sleeckx – que pour les 187 participants.

    Eric Byl

    On dit parfois que le MAS/LSP est un petit parti de jeunes. C’est vrai. Nous avons la réputation de nous adresser aux jeunes sur des thèmes concrets, de les intégrer et de les former. Chez nous, pas d’ateliers de bricolage où on prend soin de ne pas parler de politique, pas de porteurs de pancartes qui se contentent de sautiller ni de diffuseurs de tracts qui n’osent pas engager la discussion. Au contraire, les jeunes participent à la vente de notre journal, récoltent une bonne partie de nos moyens financiers et renforcent considérablement nos campagnes et nos interventions.

    Ce sont ces jeunes qui se sont chargés d’une bonne partie de la préparation politique du weekend de formation et ils ont eu un effet contagieux sur d’autres jeunes qui ont participé pour la première fois à une telle activité.

    Puisque les syndicats ont négligé en grande partie les thèmes touchant la jeunesse, nos jeunes se font remarquer dans ce milieu.

    Cela ne signifie pas que le MAS/LSP ne compte pas de militants syndicaux dans ses rangs. Parmi les orateurs et les participants se trouvaient des dizaines de militants et de délégués du secteur privé, tant de la FGTB que de la CSC, travaillant dans la pétrochimie, l’automobile, le secteur du nettoyage, la construction,… Participaient aussi des délégués du secteur public ainsi que des cheminots, des postiers, des fonctionnaires de divers ministères, des chauffeurs de bus… Enfin, quelques délégués du non-marchand et de l’enseignement étaient également présents.

    Parmi les participants il y avait aussi quelques personnes plus âgées, militants syndicaux retraités et vétérans. Au MAS/LSP, il n’y a pas de différence artificielle entre jeunes et moins jeunes, entre Belges et immigrés, avec ou sans papiers, ou entre hommes et femmes. Chacun contribue selon ses moyens et son expérience. Des délégations et des orateurs venus d’Irlande, de France, d’Allemagne, d’Angleterre et des Pays-Bas ont démontré que la situation n’est pas différente dans les partis frères du MAS/LSP.

    Le weekend s’est terminé dans un climat d’enthousiasme et de confiance qu’a confirmé le succès de notre appel financier qui a rapporté 6.500€.

  • Camp Jeunes

    7-8-9 juillet

    Résistance Internationale – Etudiants de Gauche Actifs – Blokbuster


    Vendredi 7 juillet A partir de 10h

    Ouverture: LA RESISTANCE AU NEOLIBERALISME CROIT PARTOUT DANS LE MONDE

    Ateliers:

    > Job Mc Do, intérim, CPE,… Qu’ est-ce que l’ exploitation capitaliste ?

    Plus de flexibilité, cela signifie-t-il plus d’emplois ou plus de profits? Quels salaires sont trop élevés: ceux des travailleurs ou ceux des managers? Mondialisation et patriotisme économique: le capitalisme est-il un système viable ? Toujours plus de contrats précaires; comment obtenir des vrais emplois avec des vrais salaires?

    > Libéralisme, réformisme, religions et marxisme: Quelle vision du Monde ?

    Bush, Ben Laden : La religion détermine-t-elle la politique ? Clash des civilisations ou crise du capitalisme? Matérialisme ou idéalisme ? L’homme est-il un loup pour l’homme? Y a t-il des bons et des mauvais patrons ? Charité ou solidarité ?

    > L’oppresion de la femme, quelque chose d’ inévitable?

    Quelle est l’origine de la famille? L’éducation doit-elle reposer sur les épaules des parents? Des femmes chefs d’Etat, est-ce cela l’émancipation? Faut-il changer les hommes ou la société?

    > Qu’ est-ce que l’Etat ?

    Occupation militaire, Guantanamo et prisons secrètes en Europe: pour notre sécurité ou pour celle des multinationales? Pourquoi à nouveau des états d’urgences et des couvre-feu prennent-ils place ? Picanol, grand banditisme et délinquance, la justice est-elle la même pour tous ? Tolérance zéro, nettoyer les quartiers au karscher ou développer les services à la population, construire des logements décents pour tous,…?

    En soirée: projection grand écran. Film et Débat: THE TAKE

    Dans les années ‘90, la politique néolibérale a rempli les coffres des multinationales et de la classe politique corrompue en Argentine. L’économie argentine s’est écroulée comme un château de carte. Le gouvernement De La Rua (1999-2001) a tenté d’appliquer le programme du FMI. Une révolte de masse en Argentine contre le diktat du FMI a balayé 4 présidents en deux semaines fin 2001. Des milliers d’usines ont été abandonnées par les patrons qui ont foutu le camp les poches remplies de pognon. "The take", réalisé en 2004, relate le mouvement d’occupation d’entreprises par les travailleurs.


    Samedi 8 juillet

    Ateliers:

    > A la lumière de la révolution espagnole: Anarchisme ou Socialisme ?

    Guerre civile ou révolution ? Comment les captalistes en sont-ils arrivés à soutenir Franco? Front populaire ou front unique des travailleurs ? Quel rôle a joué l’URSS de staline ? Pourquoi la révolution espagnole a-t-elle échouée ?

    > Mai ‘68 et le parallèle avec la lutte contre le CPE

    Des universités à la grève de millions de travailleurs en France…l’autorganisation des jeunes et des travailleurs ? Réformisme ou révolution ? Quel rôle a joué le PCF ? Pourquoi le mouvement contre le CPE n’a-t-il pas abouti à la Grève Générale ? Qu’est-ce qui a manqué pour obtenir une victoire complète contre Chirac, de Villepin et Sarkozy?

    > L’ expérience de la Guerre du Vietnam pour le mouvement antiguerre

    Quelle similitude avec la guerre en Irak ? Pourquoi l’impérialisme américain a été forcé de retirer ses troupes ? Pourquoi le mouvement ouvrier irakien n’a pas la capacité d’organiser la résistance contre l’occupation, comme ce fut le cas au Vietnam? Quelle est la nature et le rôle des Al Sader, Zarqaoui & co. Va t-on vers une intervention militaire en Iran ?

    > La lutte pour le socialisme en Amérique Latine, de Che Guevara à aujourdhui !

    Che Guevara: plus important que son portrait, quelles sont ses idées ? Guérilla ou action de masse ? Chili et Nicaragua, pourquoi le capitalisme n’a pas été renversé ? Chavez et Morales vont-ils résoudre les problèmes sociaux? Populisme de gauche ou socialisme ? Quelle solution pour les masses en Amérique latine ?

    Après Midi: Détente et Sport: natation et détente au bord de l’eau, Match de foot, Volleyball, pétanque,..

    En soirée: BBQ

    Nuit: Fiesta

    Meeting: UNE NOUVELLE VOIE POUR LES JEUNES ET LES TRAVAILLEURS

    Y en a marre de la politique néolibérale. Le PS et le SP.a participent à tous les mauvais coups contre les acquis sociaux. Ils ont particpé à la casse des pré-pensions. Quel parti a représenté les centaines de milliers de travailleurs en grève? Avec le Plan Vandenbroucke et le Plan Arena, le PS et le SP.a veulent que l’enseignement deviennent une marchandise au service des entreprises. Pour arrêter les plans d’austérité et faire reculer les partis fascistes, nous avons besoin d’un nouveau parti des travailleurs. Des initiatives ont été prises pour construire une nouvelle force à gauche du PS-Sp.a et d’Ecolo-Groen.


    Dimanche 9 juillet. Nos Campagnes

    DES EMPLOIS, PAS DE RACISME ! «Il ne peut y avoir de capitalisme sans racisme» Malcom X

    Suite à la mort de Joe, un nombre important de remarques racistes ont été scandées par les politiciens. Le FN et le VB se régalent. Ce climat met en confiance les brutes fascistes pour exécuter leurs actes de violence comme à Anvers. Nous allons lutter contre la violence raciste, mais aussi contre ce système qui engendre le racisme. Les 4 grandes banques en Belgique ont fait un profit combiné de près de 10 milliards d’euros en 2005. Un petit groupe de capitalistes s’accaparent des profits exorbitants. Et cela tandis que la population est de plus en plus confrontée au manque de logements sociaux, à la désintégration du système d’éducation, à l’extension des emplois précaires et à l’affaiblisement du pouvoir d’achat. Le fossé entre riches et pauvres ne cesse de croître. Les patrons et leurs potes au gouvernement stimulent les idées racistes pour détourner l’attention sur cette contradiction. Le FN et le VB leurs emboitent le pas, et cachent les vrais profiteurs en pointant les immigrés comme responsables de la crise. Le racisme divise la jeunesse et les travaileurs. Cela affaiblit la capacité de riposte du mouvement ouvrier. Les politiciens traditionnels sont incapables d’arrêter l’extrême-droite. Au contraire, leur politique antisociale pousse toujours plus de gens à orienter leurs votes pour le VB ou le FN. Les partis fascistes sont les pires ennemis de la jeunesse et des travailleurs; ils veulent une politique néolibérale encore plus dure. Il nous faut une opposition de gauche crédible contre la politique antisociale. Nous voulons lancer une nouvelle campagne antifasciste du côté francophone ! BlokBuster apportera son expérience immense à sa construction et continuera ses actions en Flandre.

    7% du PIB pour l’ enseignement !

    Le plan Vandenbroucke, c’est une coupe sombre dans le budget de l’enseignement supérieur flamand. Actuellement, celui-ci est de 1,15 milliard d’euros alors que Dexia a réalisé un profit de 1,2 milliard d’euros en 2005. L’enseignement est un secteur sous-financé depuis des années. En 1980, 7% du PIB était consacré à l’enseignement. Aujourdhui moins de 5.6% du PIB y est encore consacré. Vandenbroucke veut appliquer la déclaration de Bologne et l’AGCS, un accord de l’OMC qui vise la privatisation de tous les services. Son plan vise à mettre les institutions en concurence sur le financement, ce qui les forcera à chercher des moyens dans le secteur privé et à reporter les coûts sur les étudiants. Pour accéder à l’université et aux écoles supérieures, on devra débourser des milliers d’euros pour les minervals comme aux Etats-Unis ou en Angleterre. Pour Vandenbroucke, la KUL doit devenir l’université réservée à l’élite. Une bonne partie des étudiants de Louvain n’auront ainsi plus accès à leur université. Certaines institutions seront plus accessibles que d’autres, mais cela se fera au détriment de la qualité de l’enseignement vu le manque de moyens. Les entreprises dicteront leurs lois aux institutions car celles-ci seront complètement dépendantes de leurs fonds. Du côté francophone, Arena propose un partenariat entre le public et le privé en ce qui concerne le financement des écoles. Pour le PS-SP.a, l’enseignement doit être centré sur le besoin des patrons et du marché du travail et non sur l’épanouissement de chacun. Le succès des manifestations à Bruxelles, Anvers et Gand a illustré que les étudiants et les membres du personnel ne sont pas dupes. Les délégués étudiants d’EGA et la délégation syndicale de la VUB ont joué un role moteur pour développer le mouvement.

    Ateliers (Matin) :

    > Qu’ est-ce que le Plan de Vandenbroucke? Un enseignement gratuit et de qualité pour tous: comment y arriver?

    > Comment stopper la violence fasciste ? Comment combattre le racisme et le fascisme ?

    Ateliers (Après Midi) :

    > Enseignement: Comment préparer au mieux la rentrée ? Après Bruxelles, Gand et Anvers, comment continuer?

    > Comment construire une Nouvelle Campagne antifasciste en Wallonie ? Quels types d’ actions entreprendre ?

    Clôture: NOTRE CAMPAGNE D’ETE


    LIEU? PRIX?

    Le Camp jeunes se déroulera à ZANDVLIET

    Le Camping se situe près d’Anvers, Train Anvers central: prendre le bus à la place Roosevelt

    L’ accueil, l’inscription et l’installation des tentes débutera vendredi à 10h, il faut amener sa tente, son matelas, son sac de couchage.

    Prix: 25 euros pour les trois jours, Cela comprend le logement, l’infrastructure et les repas

    + infos: 02.345.61.81 / 0472. 41.62.78

    Paiement possible par versement: 001-2260393-78 avec la mention "Camp 2006"

  • Manifestation massive au Forum Social Européen d’Athènes

    Une politique socialiste et combative est nécessaire pour résister à la guerre, à la casse sociale et au capitalisme

    Le samedi 6 mai, plus de 100.000 travailleurs et jeunes grecs se sont rassemblés pour une manifestation de 7 kilomètres contre la guerre et l’exploitation capitaliste. Cette marche était à l’initiative du Forum Social Européen (FSE) qui s’est déroulé à Athènes du 4 au 7 mai. La manifestation avait une taille impressionante, même pour les traditions du mouvement ouvrier grec. La police, une fois de plus, a tout fait pour se ridiculiser en déclarant initialement qu’il n’y avait que 15.000 participants, chiffre doublé ensuite pour se contenter enfin de mentionner la longueur de la manifestation.

    Andros, Xekinima (organisation-soeur du MAS en Grèce)

    La foule s’est dirigée vers l’ambassade américaine pour protester contre les politiques impérialistes des Etats Unis et de l’Union Européenne au Moyen-orient, en Irak et en Iran. Ensuite, la manifestation a pris le chemin du Parlement grec pour exprimer son opposition aux politiques menées contre la classe ouvrière par le gouvernement grec et l’Union Européenne. L’atmosphère présente à cette marche était jubilatoire. Sa taille a permis aux travailleurs de sentir leur force et de donner un puissant message pour toute la société grecque. Le fait qu’étaient présent environ 9.000 activistes du reste de l’europe – en particulier de France, d’Italie, de Turquie et des Balkans (plus ou moins 2.000) – a pu donner un véritable élément d’internationalisme.

    Xekinima

    Xekinima, la section grecque de notre internationale, le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), a mené une campagne enthousiaste pour le succès de cette manifestation du 6 mai et a pris également part aux discussions durant le FSE. Nous avons notamment produit 10.000 affiches et 20.000 tracts appelant les travailleurs et les jeunes à prendre part à cette marche. Il y avait aussi des versions turque, italienne et anglaise du tract de Xekinima/CIO que nous avons distribué au FSM.

    En même temps, nous avons critiqué les politiques du FSE et, en général, des Forums Sociaux (Forum Social Mondial et les forums sociaux nationaux) ainsi que la direction suivie par ces forum sociaux. Les slogans du FSE – contre la guerre, le néo-libéralisme et le racisme – sont tellement généraux qu’ils permettent à n’importe qui de prendre part aux évènements organisés, comme les partis sociaux-démocrates qui supportent les politiques menées contre les travailleurs et les appliquent même lorsqu’ils sont au gouvernement !

    Les forums sociaux sont maintenant dominés, bien plus que par le passé, par les partis de la Gauche Européenne, comme le Parti Communiste en France (PCF), la Refondation Communiste en Italie (PRC) ou le Parti du Socialisme Démocratique en Allemagne (PDS). Beaucoup de ces partis sont coupables de participer, avec les sociaux-démocrates, à des gouvernements qui mènent des politiques anti-travailleurs et anti-immigrés.

    Ces caractéristiques du FSE minent ses perspectives futures et ses capacités à jouer un rôle unificateur pour les luttes de la classe ouvrière contre des politiques à caractère européen ou international. Seule une approche anti-capitaliste et des idées socialistes peuvent offrir le programme nécessaire aux activistes de toute l’Europe pour combattre la politique du capital. Xekinima et le CIO participent aux initiatives majeures des Forums Sociaux tout en critiquant ouvertement de mannière claire et constructive les orientations que nous jugeons mauvaises.

    Le reste de la gauche

    Le reste de la gauche grecque n’a pas une approche similaire. Les organisations qui prennent part au Forum Social Grec et au récent Forum Social Européen à Athènes n’évaluent pas de façon critique ces organisations, ou le font de manière trop partielle. Chaque organisation parlant au nom de Trotsky autre que la nôtre, comme l’International Socialist Tendency (le SWP britannique) ou l’USFI, le Secrétariat Unifié de la Quatrième Internationale (La LCR en France), tentent de créer un optimisme artificiel sur l’avenir et le rôle de ces forums sociaux.

    Les organisations critiques envers le FSE et le Forum Social Grec, comme le Parti Communiste Grec (KKE) et les groupes maoïstes ainsi que leurs alliés, choisissent de rester en dehors et d’attaquer le FSE et tout ceux qui participent à ces évènements. Ils se coupent ainsi des centaines de milliers de travailleurs qui répondent ou sont attirés par l’appel anti-guerre et anti-néo-libéral des organisations autour du FSE. Le Parti Communiste Grec, en particulier, a panniqué durant la semaine précédent le FSE et a entammé une forte campagne pour couvrir les affiches annonçant le FSE. Cela s’est avéré vain. Les groupes maoïstes et leurs alliés ont quant à eux appelé à un « contre-forum » et à une « contre manifestation » qui a rassemblé à peu près 500 personnes.

    Le journal du Parti Communiste du 7 mai avait une petite note sur la manifestation à l’appel du FSE où était déclaré qu’environ 7.000 personnes y avaient pris part.

    Perspectives

    Jusqu’au meeting du FSE à Athènes, les organisateurs étaient assez pessimistes sur l’avenir de l’initiative. Cela était essentiellement arrivé après le 3e meeting du FSE, tenu à Londres. Le Maire de londres, Ken Livingstone, et le SWP britannique étaient deux des principales forces dirigeantes de cet événement ce que beaucoup d’activistes avaient mal ressentis. Mais le meeting d’Athènes a revivé leurs espoirs.

    Une résolution est passée à la conférence du FSE à Athènes appelant à une meilleure coordination des actions au niveau européen, spécialement sur les questions de la guerre et du racisme. La résolution appelle à une semaine d’actions contre la guerre (du 22 au 30 septembre), et à une journée d’actions le 7 octobre contre le racisme et en soutien des droits des immigrés.

    Ce sont des initiatives positives, mais loin d’être suffisantes. Les organisateurs du FSE semblent éviter, de toutes les manières possibles, de voir la remontée de la lutte des classes en Europe et les actions de classe décisives que cela demande. Cela inclut entre autre les thématiques de la pauvreté qui s’accroît, de l’inégalité, de l’exploitation et des attaques sur les pensions. Bien plus encore, les organisateurs du FSE semblent éviter de proposer des moyens de lutte qui puisse stopper ces politiques. Des festivals, des journées de protestation et autres manifestations colorées peuvent être utiles, mais sans actions de lutte et sans protestations de masse de la part de centaines de millions de travailleurs et de jeunes à travers l’Europe, les capitalistes – en Europe et internationallement – vont continuer à appliquer les mêmes politiques.

    Dans les rangs des activistes, une conclusion va s’imposer avec le passage du temps : le capitalisme ne peut pas devenir « humain ». Les guerres, le racisme, la pauvreté et la famine ne seront jamais éliminés tant que le capitalisme ne sera pas tombé.

    Xekinima (CIO) a eu une excellente délégation lors de la manifestation du 6 mai à Athènes, avec plus de 400 participants de Grande-Bretagne, d’Irlande, de belgique et d’ex-Union Soviétique. Cette délégation a été remarquée tant par nos amis que par nos ennemis pour son côté éminement militant et plein de vitalité.

    La campagne de Xekinima pour renforcer le soutien au FSE et à la marche du 6 mai n’a duré que 8 jours, le FSE venait peu de temps après les vacances de Pâques grecques. Durant ces journées de mobilisations, plus de 1000 journaux de Xekinima ont été vendus, et à peu près 1.300 euros ont été récoltés pour notre fonds de lutte. Beaucoup de personnes intéressées par les idées défendues par Xekinima et le CIO ont laissé leurs coordonnées pour nous rejoindre ou nous aider dans notre travail.

    Raph Parkinson, vice-président du bureau exécutif de UNISON – syndicat du secteur public en Grande-Bretagne – et membre du Parti Socialiste d’Angleterre et du Pays de Gales, membre du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), s’est également rendu au Forum Social Européen. Raph écrit à titre personnel:

    « Des socialistes, syndicalistes, Organisations Non Gouvernementales (ONG), communautés et de jeunes activistes se sont rencontrés pour discuter d’un large pannel de problématiques au Forum Social Européen d’Athènes, entre autres des privatisations, du développement du commerce équitable, de l’Amérique Latine, de la guerre en Irak, et de la libération sociale. En comparaison au FSE tenu à Londres il y a deux ans, l’atmosphère à Athènes était plus sérieuse, mais il y avait moins de participants.

    Le point culminant était pour moi la très large manifestation du 6 mai contre la pauvreté, le chômage, la guerre et le racisme. Les membres du Parti Socialiste d’Angleterre et du Pays de Gales ont marché sous la bannière de Xekinima, la section grecque du CIO.

    Cette section était suivie par la délégation de Youth Against Racism in Europe (YRE, Jeunes contre le Racisme en Europe, campagne lancée à l’initiative du CIO) qui comprenait beaucoup d’immigrés vivant en Grèce.

    Il était fort remarquable que les manifestants du CIO et de YRE étaient très dynamiques, en chantant notamment des chants de lutte variés, et étaient bien organisés.

    Une « contre-manifestation » est sortie de la manifestation principale pour tenter d’attaquer l’ambassade américaine et a été confrontée à la police anti-émeute. D’innocents manifestants ont été gazés. Les stewards du CIO et de YRE ont maintenu à cette occasion une approche disciplinée pour défendre leurs délégations contre toutes attaques possibles.

    Les télévisions ont montré les McDonalds attaqués, mais n’ont pas montré la majorité pacifique de la manif’. En Bref, le FSE cette année fut mieux organisé, avec moins de conférences, mais des discussions plus sérieuses.

  • Démanteler activement la Sécurité sociale

    Les mensonges de “l’Etat social actif”

    L’Etat-Providence subit une pression accrue pour s’adapter aux exigences du marché. L’une des conséquences de l’offensive néolibérale de ces dernières décennies est la baisse de recettes de la Sécurité sociale par un transfert de charges des patrons sur les épaules des travailleurs. Le capital poursuit sa quête inlassable de profits, ce qui met du même coup les gouvernements sous pression pour satisfaire les exigences du patronat. La plupart des gouvernements oeuvrent à ce processus sans avoir quoi que ce soit à y redire. Jadis, on pouvait compter sur les pouvoirs publics pour se protéger des risques sociaux comme le chômage ou la maladie; aujourd’hui, on est de plus en plus seul face à ces maux.

    Karel Mortier

    Activation?

    La notion d’”activation” des chômeurs et des minimexés est devenue un véritable leitmotiv pour les politiciens de tous bords et les journalistes. Ce serait LA solution au chômage et au financement de la Sécurité sociale. Les objectifs de cette politique manquent pourtant parfois de clarté. Le fait que le Danemark et les Etats-Unis, qui divergent totalement quant à leur vision de l’Etat-Providence, placent l’”activation” au coeur de leur politique ne rend pas les choses plus claires.

    Problèmes individuels?

    Il est toutefois possible d’en dégager les traits essentiels qui consistent à considérer le travail rémunéré comme la meilleure forme de sécurité sociale et les allocations comme une partie du problème dans la mesure où elles auraient un impact négatif sur les chômeurs et les malades !

    Le chômage et la pauvreté sont de plus en plus souvent considérés comme des problèmes individuels. La simple évocation des problèmes structurels dans la société est devenue tabou. Les gens devraient prendre leur sort en main et cesser de toujours s’en remettre à l’Etat en cas de coup dur.

    Cette tendance nous vient des Etats-Unis et du Royaume-Uni où elle se double le plus souvent d’un aspect moral. Les mères célibataires ou divorcées sont de mauvaises mères qui feraient mieux de chercher un homme plutôt que de frapper à la porte des pouvoirs publics ! Si les gens font malgré tout appel à l’Etat, celui-ci est en droit de leur demander une contre-partie. Rendre les chômeurs responsables de leur sort est de la pure hypocrisie au vu du chômage de masse qui sévit actuellement. Les chômeurs ne sont pas responsables d’un système qui n’est pas capable de procurer du travail à tout le monde.

    Selon les libéraux de tout poil (y compris les sociaux-libéraux qui se disent socialistes !), les allocations coûteraient trop cher. Cet argent serait bien mieux utilisé par les patrons. De plus, les allocations seraient une fausse solution tout en étant inefficaces sur le plan économique parce que des allocations élevées dissuaderaient les chômeurs de travailler. Résultat: un fossé de plus en plus béant partout en Europe entre le montant des allocations de chômage et celui du salaire minimum. C’est la même évolution dans notre pays mais en un peu moins marqué parce que les gouvernements préfèrent s’en prendre graduellement aux allocations en les laissant stagner par rapport à l’évolution des salaires.

    Entretemps, on peut constater que ça ne fait pas baisser le chômage pour autant. La baisse du salaire brut de larges catégories de travailleurs comme les jeunes, les chômeurs de longue durée et les travailleurs âgés n’y arrive pas davantage. Les gouvernements continuent à distribuer des cadeaux au patronat qui font à peine frémir la courbe de l’emploi.

    Cadeaux pour le patronat

    Aux centaines de millions d’euros que le patronat a reçus en cadeau via le Pacte des Générations s’ajoute aussi 8 millions pour ce qu’on appelle l’accompagnement des chômeurs. Une part encore difficile à évaluer de cette somme ne manquera pas de disparaître dans les poches des actionnaires des sociétés qui se sont positionnées sur ce nouveau “marché”. On a révélé récemment que deux sociétés hollandaises avaient reçu 4 millions (2.450 euros par chômeur) pour aider les chômeurs à trouver un emploi. D’autres sociétés leur emboîteront sans doute bientôt le pas. Le marché n’est en effet pas près d’être saturé…

    Les travailleurs doivent aujourd’hui redoubler d’efforts pour avoir droit à des allocations de plus en plus maigres. Ils ont pourtant cotisé eux-mêmes dans le passé pour cette sécurité sociale. Dans le même temps, le patronat reçoit des cadeaux supplémentaires sans la moindre contre-partie.

    Dans un Etat Social Actif, il semble que les patrons soient les seuls à pouvoir compter sur une “solidarité inconditionnelle”, à sens unique il est vrai : le leur ! N’est-il dès lors pas étrange que les syndicats cautionnent – ou au moins laissent passer – les plans du gouvernement ?

    Il faut en finir avec cette politique qui consiste à partager le chômage au lieu du travail. Les seuls qui ont à y gagner sont les patrons qui accroissent leurs profits sur le dos de la Sécurité Sociale sans la moindre obligation de créer des emplois en retour.

    Plutôt que de se limiter à arrondir les angles les plus saillants de la politique néolibérale actuelle, les syndicats devraient oeuvrer de toute urgence à une alternative.

    On ne peut en effet gagner aucune guerre en reculant sans cesse, fût-ce en bon ordre.

  • Friedrich Engels et la nécessité d’un parti des travailleurs

    Partout en Europe ressurgit la lutte du mouvement ouvrier contre la politique néolibérale. Cette politique est notamment menée à bien par les anciens partis ouvriers sociaux-démocrates, meilleurs défenseurs du patronat. Aujourd’hui, en Belgique, les travailleurs ne disposent d’aucune représentation parlementaire. Cette situation n’est pas nouvelle. Avant la création des partis ouvriers au XIXe siècle, les travailleurs étaient confrontés à la même situation. A l’époque, Marx et Engels mettaient en avant la nécessité de la création d’un parti ouvrier.

    Luc Wendelen

    Jusqu’à sa mort en 1895, le révolutionaire Friedrich Engels prêta beaucoup d’attention au mouvement ouvrier anglais. L’Angleterre n’était pas seulement le berceau de la Révolution Industrielle, la classe ouvrière britannique a aussi joué un rôle pionnier dans l’histoire du mouvement ouvrier organisé.

    Dans une série d’articles et de letttres, Engels décrivit la nécessité d’un prolongement politique pour le mouvement ouvrier. Inorganisés, les travailleurs restent impuissants et deviennent même concurrents. Les syndicats anglais réussirent à sortir de leur illégalité en 1824, mais se heurtèrent souvent à leurs limites. Ils réussirent cependant bien à faire respecter les lois salariales ainsi qu’à obtenir de meilleurs salaires. Mais cela n’était possible qu’après une lutte continuelle demandant beaucoup de moyens et de forces. Et un capitaliste n’en serait pas un s’il n’aspirait aux hausses de profits et donc aux baisses des salaires. Il profitera donc de toutes les occassions pour s’attaquer de nouveau aux conditions de travail. Ainsi Engels affirmait-il que la lutte entre les deux classes importantes dans la société se transforme inévitablement en une lutte politique: «Dans chaque lutte classe contre classe, le premier but est un but politique. La classe dominante défend sa position politique élitiste, autrement dit, la garantie de sa majorité au sein des organes législatifs. La classe opprimée tente d’abord d’obtenir une partie du pouvoir politique, ensuite l’intégralité pour être capable de changer les lois existante en fonction de ses intérêts.»

    Les syndicats furent à la base du «mouvement pour la Charte du Peuple» qui, à partir de 1838, revendiquait une représentation ouvrière au parlement britannique. Les chartistes commençèrent à soutenir chaque révolte sociale en y ajoutant des revendications politiques. Au moment de la dissolution de cette organisation purement politique, entre 1850 et 1860, l’organisation des syndicats était renforcée. La classe possédante fut contrainte de faire des concessions et de tenir compte des travailleurs.

    En 1867, le suffrage fut élargi, et la plupart des travailleurs organisés purent voter. Les syndicats continuèrent à limiter leurs activités à la régulation des salaires et de la journée de travail, et à la lutte pour l’abolition des lois anti-ouvrières.

    Engels avançait ainsi la nécessité d’un parti de travailleurs : « Il est contre-nature que la classe ouvrière britannique maintenant capable d’avoir quarante ou cinquante représentants au parlement continua de se satisfaire d’être représentée par les capitalistes et leurs exécuteurs comme les journalistes, les juristes etc. » (…) «Au delà des syndicats des différentes professions, il faut une assemblée générale, l’organisation politique de la classe ouvrière.»

    Chez nous aussi, il n’est pas naturel que la classe ouvrière se fasse représenter par les exécuteurs d’une politique néolibérale. Il ne suffit alors pas que les travailleurs s’organisent en syndicats, mais aussi dans un prolongement politique. A la fin du XIXe siècle, cela s’incarna dans la création des partis des travailleurs. Depuis lors, ces partis sont devenus des instruments aux mains du patronat et il est temps d’en recréer.

    Comme Engels le disait à propos de la classe ouvrière américaine: «La première étape importante pour le mouvement ouvrier est la formation d’un parti indépendant. N’importe comment pourvu qu’il s’agisse d’un véritable parti des travailleurs ».

  • Le mouvement ouvrier orphelin d’un prolongement politique. Pour un nouveau parti des travailleurs!

    Patronat et actionnaires ont soif de profits, et disposent d’un large choix pour relayer leurs désirs au gouvernement et au parlement afin de l’imposer aux travailleurs et leurs familles. S’il subsiste encore quelques différences entre les divers partis traditionnels, ce ne sont cependant que des nuances sur la méthode et la manière d’appliquer la volonté de la bourgeoisie. Pour les travailleurs par contre, de choix il ne reste guère, et s’il est nécessaire de trouver un relais politique aux luttes de la population, ce dernier est encore à construire. Le Mouvement pour une Alternative Socialiste / Linkse Socialistische Partij appelle à la formation d’un tel parti.

    Nicolas Croes

    Les grèves des 7 et 28 octobre ont démontré l’ampleur du mécontentement face au néolibéralisme. Bien loin d’être uniquement basées sur la thématique des fins de carrière, les discussions aux piquets de grève, lors de la manifestation du 28 à Bruxelles, ou encore durant les assemblées générales des syndicats ont clairement exprimé le ras-le-bol qui existe chez les travailleurs.

    C’est le résultat de vingt-cinq années où se sont accumulées les mesures de récession sociale mises en œuvre par des gouvernements de différentes coalitions mais dans lesquels les partis socialistes ont été présents pendant 17 ans! La même situation se retrouve dans les autres pays européens où les socialistes au pouvoir ont mené une politique d’austérité qui ne diffère guère de celle des partis de droite. Un peu partout ces dernières années, les travailleurs ont montré leur opposition à ces politiques au travers de manifestations et de grèves massives, et les PS ont perdu une grande partie de leur crédit.

    Un vide à gauche loin d’être unique à la Belgique

    Que se soit en Belgique, en Europe ou dans le reste du monde, la question de l’alternative politique face à l’impressionnant virage à droite des partis traditionnels de gauche est présente.

    Ainsi, en France, le désaveu du gouvernement PS-PC de Jospin s’est traduit aux élections présidentielles de 2002 par un vote de plus de 10% pour les candidats d’extrême-gauche (LO-Lutte Ouvrière et LCR-Ligue Communiste Révolutionnaire). Cette année, la victoire du NON au référendum sur le projet de Constitution européenne est largement dû à la campagne commune du Parti Communiste, de la LCR, de la gauche du PS, de syndicalistes et d’altermondialistes tandis que la direction et la majorité du PS appellaient à voter pour ce projet.

    Plus récement, ce 4 octobre, il y eu en France également une journée de grève générale, troisième journée d’actions nationales depuis janvier. Plus d’un million de travailleurs sont à cette occasion descendus dans les rues, chiffre impressionnant, mais qui n’a pas réussi à faire reculer le gouvernement. Comment expliquer cela si ce n’est en remarquant que si la revendication de la chute du gouvernement actuel ne pose aucun problème, celle de l’alternative à mettre en avant reste elle sans réponse. La combativité du Parti Socialiste est là aussi depuis longtemps un sujet de plaisanterie, dont on rirait de bon cœur s’il n’y avait autant de conséquences catastrophiques. Et l’absence d’une force politique unie à gauche du PS ne permet pas d’offrir une alternative à ceux qui veulent lutter, mais sont dégoûtés du PS.

    Lutte, solidarité et socialisme!

    Durant des décennies, les partis sociaux-démocrates, bien qu’ayant une direction clairement ralliée à la sauvegarde du système capitaliste, restaient tout de même autant de pôles d’attraction pour la majorité des travailleurs combatifs. Ceux-ci voyaient dans les PS, malgré leurs limites, l’outil pour gagner de nouvelles réformes et de nouveaux acquis. L’offensive néo-libérale entamée dès le début des années ’80 et accélérée par l’effondrement des régimes staliniens d’Europe de l’Est changea la donne, et ce fut de manière constamment plus ouverte que les partis socialistes se mirent à défendre les différents programmes d’austérité de la bourgeoisie « au nom de la raison ». Ce processus a pris évidemment des rythmes et des formes variables en fonction des différentes situations rencontrées dans chaque pays, voire même à l’intérieur de ceux-ci. Il est clair, par exemple, que le PS francophone n’a pas encore été aussi loin dans cette direction que le SP.a en Flandres.

    L’impact de cette orientation se fit sentir dans la composition des adhérents à la social démocratie. Alors que pour des travailleurs en lutte et cherchant un relais politique pour défendre leurs positions, il était jadis assez naturel de se diriger vers la social-démocratie, tel n’est plus le cas aujourd’hui. Pour ces travailleurs, seule reste la solution de créer eux même un nouveau prolongement politique.

    Pour les révolutionnaires, cette question de l’endroit vers où les travailleurs les plus conscients vont se diriger revêt une importance primordiale. Ainsi, nous avons longtemps travaillé au niveau international à l’intérieur des partis socialistes, jusqu’au début des années ‘90, dans le but non pas de redresser ces partis que nous savions irrécupérables mais dans celui de gagner à un programme marxiste révolutionnaire les représentants les plus avancés du mouvement ouvrier.

    Aujourd’hui, les militants syndicaux et les jeunes les plus combatifs se détournent de plus en plus du PS, mais nous ne pouvons espérer les gagner directement à nos idées socialistes révolutionnaires. L’offensive néolibérale initiée au début des années ‘80 continue, plus difficilement cependant, et a laissé de fortes traces. Est ainsi voilé actuellement et mieux que jamais ce qui fait la force du mouvement ouvrier: son nombre et son potentiel une fois uni. Bien au-delà de l’alternative socialiste à la société d’exploitation dans laquelle nous sommes, ce sont des notions élémentaires de solidarité qui sont maintenant considérées comme dépassées. Les travailleurs sans emploi sont isolés comme jamais auparavant, même à l’intérieur des syndicats, l’idée “chômeur= profiteur” est largement répandue, et le sexisme ainsi que le racisme continuent à diviser les travailleurs.

    Pour repopulariser ces notions de lutte, de solidarité et de socialisme, nous ne pouvons compter sur les médias bourgeois, plus que jamais omniprésents dans la vie de tous. Les révolutionnaires ne sont bien évidemment pas subventionnés par de grosses entreprises ou de riches exploiteurs comme le sont les partis traditionnels, et ce n’est pas par des campagnes de sensibilisation et de publicité que nous auront les moyens d’inverser la vapeur.

    Par quels moyens?

    Lors des mobilisations dans lesquelles les couches larges de la population sont investies, il est aisé de remarquer à quel point la réflexion sur cette société qui nous oppresse peut aller loin, et résister aux assauts des médias et des patrons, comme l’ont montré les campagnes contre la constitution européenne en France ou aux Pays-Bas. Alors que l’ensemble du patronat, des directions des partis traditionnels et de l’establishment étaient unis sous la bannière de l’Europe néolibérale, ils n’ont pas pu, malgré leur contrôle des médias, endiguer la contestation, et la constitution européenne a été rejetée. La différence s’est faite grâce aux mobilisations continues qui ont pris place en cette période, mais qui, hélas, sont retombées ensuite faute d’avoir un projet politique cohérent.

    C’est par ce biais que les travailleurs, en reprenant confiance en eux, peuvent le plus aboutir à la conclusion de la nécessité de renverser la société capitaliste. Les révolutionnaires ont un rôle essentiel à jouer, pour transmettre l’expérience des luttes passées, à travers leur analyse des erreurs et réussites commises auparavant, et ce que l’on peut en tirer pour les luttes du moment. Un parti révolutionnaire n’est en ce sens qu’un outil à prendre en main pour bâtir un monde débarassé de l’exploitation. Si un mouvement ouvrier en lutte se reconnaît ainsi dans un programme clairement socialiste, il devient alors une formidable force capable de recevoir enfin son dû.

    C’est pour cela que nous sommes présent sur le terrain des luttes, et pour cela aussi que nous voulons être partie intégrante des nouveaux partis des travailleurs qui émergent. Nous y défendons notre programme afin qu’il devienne celui de ces formations, qui, pour réellement défendre les intérêts des exploités, ne peuvent que changer de société.

    Un processus déjà en marche

    Dans plusieurs pays déjà, ce problème a été pris à bras le corps, parfois de manière fort différentes.

    Aux Pays-Bas, c’est sous la forme d’un ancien parti maoïste que cette initiative est née. Fin des années 80’, le SP abandonna ses thèses erronées sur Mao et Staline, et devint peu à peu un petit parti de masse, à l’intérieur duquel commençèrent à affluer une bonne partie des travailleurs les plus combatifs, et également d’autres organisations politiques défendant leurs positions respectives au sein de cette structure large. Hélas, la direction du SP a jeté le bébé avec l’eau du bain, et le socialisme et l’idéal révolutionnaire ont été progressivement abandonnés. Mais le SP reste un point de ralliement à gauche de la gauche traditionnelle hollandaise.

    Pour rester dans nos pays voisins, on peut encore parler de l’Allemagne, où le Linkspartei est issu des mouvements de protestation contre les plans d’austérités de Schröder. Ce nouveau parti a reçu plus de 4 millions de votes (8,7%) aux dernières élections de septembre pour sa première participation. Et ce dans un pays où la social-démocratie semblait plus forte que partout ailleurs.

    En Ecosse, le Scottish Socialist Party a attiré des milliers de jeunes et de syndicalistes tandis qu’en Angleterre également se développent discussions et initiatives pour créer quelque chose de semblable. Et l’on pourrait encore parler de Refondation Communiste en Italie, du Bloc de Gauche au Portugal, ou encore de l’Amérique Latine! Mais la création d’un nouveau parti des travailleurs n’est pas la garantie de son succès futur, et le travail de nos camarades allemands, hollandais, anglais ou brésilien est âpre, et se mène bien souvent contre les tentatives bureaucratiques de limiter le droit d’expression à l’intérieur de ces formations.

    Et en Belgique?

    Finalement, la seule chose qui explique encore le retard de la Belgique dans ce processus est son taux élevé de syndicalisation (de 69,2% en 2000) et concentré dans les deux principaux syndicats CSC et FGTB. S’en prendre aux travailleurs est donc potentiellement beaucoup plus dangereux, ce qui explique les difficultés qu’éprouve la bourgeoisie belge à appliquer son programme d’austérité à la rapidité et avec la violence que lui dictent les bourgeoisies étrangères. Dans ces conditions, le manque d’un relais politique pour le mouvement ouvrier commence à peine à se faire sentir chez les travailleurs.

    Mais les liens étroits qu’entretiennent les directions syndicales avec les partis sociaux-démocrates et sociaux-chrétiens ne peuvent être qu’un gigantesque frein pour l’avancée des luttes et la défense des intérêts des travailleurs.

    C’est pourquoi nous appelons les syndicalistes combatifs et tous ceux qui rejettent la politique du PS à s’unir pour exiger que les syndicats rompent avec ces représentants à peine déguisés du patronat et pour, ensemble, avancer vers la création d’un nouveau parti de gauche pour que celui-ci ne soit pas pris en main par des bureaucrates et des carriéristes mais qu’il soit démocratiquement construit par les travailleurs et les jeunes.

    Signez la pétition pour un nouveau parti des travailleurs

    www.partidestravailleurs.be

  • Interview de Jamil, Cachemiri vivant à Bruxelles

    Jamil jette un oeil sur les raisons qui l’ont poussé à quitter le Cachemire et sur les circonstances dans lesquelles a pris place le récent tremblement de terre.

    propos recueillis par Cédric Gérôme

    “Au Cachemire, il y a un manque total d’infrastructures et un dénigrement total de tous nos droits les plus élémentaires, qu’ils soient économiques, politiques, sociaux, culturels. Nous n’avons pas non plus la moindre liberté d’opinion, et une interdiction de mener la moindre activité politique. Selon un des articles (l’article 1925) de la prétendue “constitution” du pays, aucun parti politique, ni même aucun individu n’est autorisé à exercer une activité politique, même la plus pacifique. C’est cette toile de fond qui m’a poussé à quitter le Cachemire et à demander l’asile politique en Belgique. Il n’y a pas seulement des Cachemiris en Belgique; des milliers de nos camarades ont cherché refuge en Angleterre, au Canada, aux USA,…partout. Nous sommes tous victimes de ce système.

    "Historiquement, le Cachemire a toujours été une zone d’influence divisée entre le Pakistan, l’Inde, et aussi la Chine, qui a également ses interêts dans la région. Mais nous sommes consients que les conflits régionaux sont liés aux conflits internationaux et qu’en dernière instance, la situation du Cachemire ne trouvera pas d’amélioration dans le cadre du système capitaliste international. Ce système crée des conflits partout, et le problème du Cachemire n’est que l’un d’entre eux. Quand nous regardons le conflit au Cachemire, nous ne pouvons percevoir aucune perspective de solution dans le respect du système capitaliste.

    "La population cachemirie doit s’unir et chercher le soutien de la classe ouvrière du Pakistan, de l’Inde, de la Chine. Nous devons reconnaître le droit à l’autodétermination du peuple cachemiri. C’est la seule manière d’en finir avec l’occupation du pays et de lutter efficacement pour nos droits fondamentaux. Le gouvernement pakistanais n’a quant à lui aucune légitimité. C’est un gouvernement qui ne connaît que la force, c’est un régime militaire.

    "Au Cachemire, nous n’avons que des problèmes. Nous vivons quotidiennement les ravages de la pauvreté, de l’ignorance, de la répression militaire. La soumission militaire est la seule réponse qu’apporte le gouvernement aux problèmes du pays. Le régime militaire pakistanais ne sert qu’à défendre les seuls intérêts d’une élite pendant que le peuple crève de faim. Nous avons vu un formidable élan de solidarité de la part de la population internationale, cependant que l’état pakistanais est complètement incapable de procurer la moindre aide d’urgence – aide médicale, nourriture, tentes, abris,…pour la population de ce qu’il considère comme “son” territoire.

    "Aujourd’hui, c’est le 5è jour du tremblement de terre, et plus de 3,5 millions de personnes, rien que dans la région du Cachemire occupé par le Pakistan, sont sans abri. Aujourd’hui, Musharraf a adressé un message à travers les médias, dans lequel il est obligé d’admettre lui-même que son gouvernement a failli dans sa tâche de procurer la moindre aide immédiate conséquente au peuple cachemiri. Il le dit lui-même ! Nous pouvons ainsi clairement visualiser la “mission” du gouvernement de Musharraf: refuser d’autoriser quiconque de se rendre sur place pour voir réellement ce qui se passe dans la région.

    "Nous avons appris à travers les médias que les prétendues “autorités” locales sont parties du Cachemire suite au séisme pour aller s’installer tranquillement à Islamabad pendant que le peuple cachemiri est en train de se débrouiller seul pour organiser les secours lui-même avec des moyens de fortune, déplaçant sans outils des blocs de pierre de plusieurs tonnes, essayant de sauver ce qui peut encore l’être.

    "La police était sensée apporter des tentes et des abris aux habitants des zones isolées, d’autant plus que les températures chutent rapidement dans les régions montagneuses, mais en réalité rien n’a été fait. Nous sommes évidemment conscients que l’on ne peut plus rien faire pour les gens qui sont morts, mais il faut comprendre que tous les survivants sans nourriture, sans abri, sont menacés de morts.

    "Nous appelons toute la population internationale à faire pression sur leurs autorités pour qu’elles délivrent les moyens matériels afin d’accéder à ces zones, où des villages entiers ont parfois été rayés de la carte. J’ai perdu 3 de mes cousins dans le sinistre, mais je ne suis bien sûr pas un cas isolé. Chaque famille, chaque maison, chaque personne au Cachemire a été touchée d’une manière ou d’une autre par la catastrophe. En réalité, c’est toute une génération qui a été décimée par ce tremblement de terre.

    "Dans ces circonstances, nous ne pouvons que déplorer le fait que les autorités de la ville de Bruxelles tentent de nous ignorer, et refuse de nous accorder la permission de mettre sur pied un centre d’urgence pour récolter des fonds et centraliser les informations sur ce qui se passe là-bas. ”

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