Tag: Prostitution

  • Toujours plus de filles nigérianes dans le milieu de la prostitution en Belgique

    PHoto: Flickr/davidwilson1949

    Quand vous rentrez dans la gare de Bruxelles Nord en train, vous ne pouvez pas rater la prostitution en vitrine de Schaerbeek. Les filles derrière les vitres sont devenues ces dernières années toujours plus jeunes. De plus en plus de ces filles sont originaires du Nigeria. Selon la police fédérale, ce chiffre tourne en Belgique autour des centaines de filles, il y en a des milliers en Europe.

    Article de Liesbeth (Anvers)

    Cette augmentation n’est pas une coïncidence. Les jeunes filles âgées de 14 à 16 ans sont recrutées par des trafiquants d’êtres humains nigérians et des bandes criminelles. Ils promettent aux filles et à leur famille nigériane qu’elles peuvent gagner beaucoup d’argent en Europe. Les filles sont majoritairement recrutées aux alentours de Benin City dans l’état d’Edo. Cela est renforcé par la situation économique pénible et l’inégalité sociale au Nigeria.

    Un proxénète nigérian a récemment été arrêté dans le quartier de la prostitution de Schaerbeek. Son organisation a été fermée. Les filles étaient constamment menacées en utilisant des pratiques vaudou et de la violence. La même chose se produirait à travers des réseaux actifs dans d’autres parties de Bruxelles, mais aussi à Anvers et Ostende.

    Les filles ont souvent déjà été soumises à une horrible cérémonie vaudou au Nigeria, où elles doivent jurer obéissance à leurs proxénètes. Elles ont pour interdiction d’aller à la police et doivent s’acquitter d’une «dette». Celle-ci varie entre 25.000 et 60.000 euros. Pour les filles qui ne connaissent que la valeur de leur propre monnaie, c’est très abstrait. Après la cérémonie, elles sont amenées à la côte libyenne par des trafiquants d’êtres humains à par le Niger.

    Le voyage en Europe prend souvent des semaines ou des mois et est très dangereux. Il n’est pas rare que les filles soient violées, assassinées ou qu’elles décèdent à cause de mauvais traitements. En Europe, les filles sont regroupées et se retrouvent immédiatement dans la prostitution. Elles sont alors forcées de rembourser leur «dette» en vendant leur corps.

    Il y avait des témoignages de filles d’Anvers qui travaillaient dans des appartements délabrés, dormaient et vivaient parmi les rats et la vermine. Si elles essayaient de fuir, elles étaient lourdement punies voire même tuées. Celles qui désobéissent sont menacées de violence et de représailles contre leurs proches au Nigeria. En moyenne, les filles font des passes de 15 clients par jour et cela pendant des années. Cela équivaut à un «salaire» de 5 euros par heure ou moins. La grande peur et le manque de structures d’accueil font qu’il est difficile de gagner la confiance des filles et de remonter les rangs des gangs criminels.

    Ça ne devrait pas être comme ça. Le Nigeria est un pays avec de nombreuses ressources naturelles, parmi lesquelles le pétrole et l’agriculture. Cependant, la richesse reste entre les mains de quelques sociétés riches et grandes telles que Shell. Dans le pillage des richesses naturelles, il n’est pas tenu compte de l’environnement ni de conditions de travail équitables: les personnes et les matières premières sont utilisées pour réaliser le maximum de profits le plus rapidement possible. Depuis l’indépendance en 1960, les crises économiques et la mauvaise gestion se sont succédé. Cela conduit à un chômage massif, à une réduction du système éducatif, à d’énormes problèmes environnementaux,… L’opposition est souvent réprimée. Dans ce contexte, les gangs criminels sont en hausse.

    Alors qu’il y a suffisamment de ressources pour offrir à tous une vie décente, le capitalisme conduit à un fossé toujours croissant entre les riches et les pauvres, entre la grande majorité de la population et une poignée de super-riches. Au lieu d’utiliser la richesse pétrolière pour investir dans les services publics, la sécurité et la sécurité de l’emploi, tout est revendiqué par de gros actionnaires et une petite couche supérieure corrompue au Nigeria. Cela conduit à des drames sociaux.

    Afin de faire quelque chose au sujet des conditions pénibles de la prostitution par les filles nigérianes dans notre pays, nous devons également lutter contre la situation sociale désastreuse au Nigeria. C’est pourquoi nous, en tant qu’internationalistes, soutenons expressément le Mouvement Démocrate Socialiste au Nigeria.

    Les filles qui se retrouvent dans la prostitution en Belgique doivent être recherchées et avoir la possibilité d’être régularisées. Les travailleurs de quartier et de rue ont un rôle important à jouer ici. C’est pourquoi nous demandons des investissements dans des options d’aide et de réception spécialisées. Pas d’économies dans le travail social, mais une expansion, professionnalisation et structuration de ce type de travail. Cela demande également des emplois plus nombreux et mieux rémunérés dans le secteur social.

  • Le coût des études pousse des étudiants dans la prostitution !

    Luttons pour un enseignement décent et gratuit

    Fin septembre, un camion publicitaire de la société RichMeetBeautiful était parqué à l’entrée de l’ULB. On pouvait y lire ‘‘Hey les étudiantes ! Améliorez votre style de vie. Sortez avec un sugar daddy’’. C’est ni plus ni moins qu’une banalisation de la prostitution étudiante. Est-ce suffisant d’interdire ce type de publicité ? Pour en finir avec de telles pubs, il faut éradiquer la précarité étudiante.

    Par Emily (Namur)

    Banalisation de la précarité étudiante

    Selon la Fédération des étudiants francophones (FEF), pour un étudiant kotteur, une année d’étude supérieure revient à plus de 10.000€. Le minerval a augmenté de près de 50% en Flandre depuis 2014 et a triplé cette année pour les étudiants étrangers côté francophone. Et cela ne comprend pas encore tous les autres frais connexes : syllabus, ordinateur,… À côté de ça, les frais indirects augmentent systématiquement d’année en année (logement, nourriture, transport,…), un poids d’autant plus lourd qu’il s’accompagne de la pénurie généralisée de moyens due aux politiques des autorités (manque de logements sociaux, manque de places en crèche,…) et des coupes budgétaires à tous les niveaux de pouvoir.

    ‘‘Selon le SPF Intégration sociale, le nombre de jeunes qui bénéficient du Revenu d’intégration sociale (RIS) a doublé en 10 ans, passant de 7.239 en 2006 à 14.867 en 2016. Un chiffre immense puisque ces étudiants pauvres représentent près de 15 % du nombre total de bénéficiaires belges du RIS.’’(1) Face à cette affluence et au manque de financement des CPAS, une enquête est systématiquement réalisée pour s’assurer que la famille n’a pas les moyens de subvenir au besoin du jeune et force ce dernier, le cas échéant, à entreprendre une action en justice pour obtenir une pension alimentaire ! C’est aussi le CPAS qui, sur base d’une entrevue, mais surtout de l’état de ses finances, autorisera le jeune à entreprendre ou non des études supérieures.

    De nombreux étudiants tentent également de demander une bourse d’étude mais, là aussi, c’est la galère. La récente réforme pour l’octroi des bourses d’études côté francophone a fait mal à 32.000 étudiants avec la globalisation des revenus pour le calcul d’octroi d’une bourse d’études. Ainsi les revenus de tous ceux qui vivent sous le même toit sont pris en considération, que ça soit le frère, la sœur ou encore le colocataire de l’étudiant précaire(2). La solidarité s’organise de moins en moins au niveau de l’ensemble de la société, pour se limiter au niveau de la famille. La possibilité d’un jeune d’étudier ne dépend dès lors pas de sa motivation, mais bien des moyens de sa famille.

    Obligé de travailler pour payer ses études

    Dans ce cadre, c’est le règne de la débrouille, et pas à armes égales. Le nombre d’étudiants jobistes employés toute l’année a augmenté de 70 % en cinq ans(3). Pour la moitié d’entre eux, ce travail n’est pas une source d’argent de poche, mais un moyen de financer leurs études et de vivre(4). La réforme de 2012 qui facilite le travail étudiant a illustré qu’il est dorénavant considéré comme normal de travailler à côté des études tout au long de l’année. Les étudiants qui doivent ainsi s’autofinancer perdent un temps d’étude considérable et sont surreprésentés parmi les situations d’échec. De plus, ils n’ont pas toujours la possibilité de recommencer leur année ou de se réorienter : les familles ne peuvent parfois pas l’assumer et le CPAS ne l’accepte généralement pas.

    L’augmentation massive du nombre de jobistes a également des conséquences non négligeables sur les travailleurs temporaires (soit un travailleur de moins de 30 ans sur 4(5)). Dans certains secteurs, les travailleurs intérimaires doivent chômer l’été – et de plus en plus durant l’année – car les entreprises préfèrent employer des étudiants, encore meilleurs marchés. Il s’agit d’une pression à la baisse sur les salaires et les conditions de travail de l’ensemble des salariés.

    En plus de mettre en concurrence les jeunes travailleurs et les étudiants, les hommes et les femmes ne sont pas égaux face aux jobs étudiants. La société d’intérim Randstad a mené une étude qui révèle que les inégalités salariales en fonction du genre sont déjà perceptibles chez les jobistes. Une étudiante jobiste gagne en moyenne 1.904 € par an, contre 2.166 € pour un étudiant masculin. Le salaire horaire, quant à lui, est de 11,10 € en moyenne pour un étudiant, et de 10 € pour une étudiante. L’étude souligne également que cette différence est encore plus marquée si on regarde les jobs informels (baby-sitting, jardinage,…)(6).

    Des entreprises se frottent les mains…

    La précarisation étudiante est une opportunité de profits aux yeux de certains ! La prostitution existe sur tous les sites de rencontres. Mais avec la pub de RichMeetBeautiful, on est passé à la catégorie supérieure. Le PDG de RMB, Sigurd Vedal, met clairement en lien le manque de moyens des étudiantes et leurs inscriptions sur son site: ‘‘La vie d’étudiant n’est pas une vie aisée. Vous aurez besoin d’argent pour payer vos manuels, pour un nouvel ordinateur, un logement, vous nourrir et vos moments de détente.’’(7) Il serait donc logique que des étudiantes (mais aussi des étudiants) vendent leur corps aux riches pour subvenir aux coûts des études et de la vie ?!

    RMB prévoit ‘‘300.000 inscriptions de membres belges d’ici la fin de l’année 2018’’(8). Le phénomène est difficilement chiffrable, car tant les étudiantes ayant recours à cette activité que les clients tiennent à garder cela secret. Mais entre 3 et 5 % des étudiantes en Europe auraient recours à la prostitution de manière occasionnelle ou régulière peut-on lire dans Moustique(9). En Belgique, on compterait 16.000 étudiantes “sugar babies” selon la journaliste Julie Denayer. Et ce chiffre n’est pas près de diminuer. Une étude menée en Grande-Bretagne montre le lien entre augmentation du coût des études et hausse de la prostitution étudiante…

    Selon Renaud Maes(10), docteur en Sciences sociales et du travail et chercheur à l’ULB, la grande majorité des étudiantes qui opte pour cette activité le fait par besoin criant d’argent rapide, souvent lié à une situation d’endettement. Il rappelle également qu’une très large proportion des personnes qui se prostituent, en ce compris les étudiantes, se font agressées, souffrent de syndrome post-traumatique et tombent dans la drogue. Ce n’est pas une activité anodine dont on sort indemne. Et si les étudiantes ont généralement recours à la prostitution pour financer leurs études, la majorité les abandonne, car c’est également chronophage. Sortir de cette activité à la fin des études n’est pas non plus évident puisqu’il n’y a pas d’aide sociale à la fin de ces dernières et qu’il faut en moyenne 7,5 mois pour trouver un emploi une fois le diplôme en poche(11).

    L’interdiction des publicités du type de celle qui trônait à côté de l’ULB par le Jury d’Éthique publicitaire est importante, mais cela ne suffira pas pour combattre ce phénomène. La campagne de sensibilisation que veulent mener la ministre des Droits des femmes Simonis et le ministre de l’Enseignement supérieur Marcourt non plus. Ce n’est pas tant un manque d’informations sur les dangers que comporte cette activité, mais bien un manque de moyens pour vivre et étudier qui engendre la prostitution étudiante. C’est sur ce terrain-là que des actions doivent être entreprises.

    Permettons à chacun d’étudier dans de bonne condition : pour un salaire étudiant !

    Pour que chacun puisse réellement choisir d’entreprendre ou non des études supérieures, il est nécessaire que les jeunes – et moins jeunes – qui décident de consacrer du temps aux études puissent le faire de manière sereine, en toute indépendance financière. Il est inacceptable que le coût des études empêche des jeunes d’étudier, les pousses à se prostituer ou leurs familles à se ruiner.

    L’enseignement doit être pris en charge par la collectivité, dans l’ensemble de ses aspects. Nous revendiquons, dès lors, un enseignement gratuit, accessible et la qualité. Pour cela, un refinancement public de l’enseignement à hauteur de 7 % du PIB est indispensable.

    Remettons également à l’ordre du jour la revendication d’un salaire étudiant, exigence auparavant portée par les organisations de jeunesse syndicales. Cela rendrait les études réellement accessibles à tous, face au coût, mais aussi au manque à gagner qu’elles constituent. Un salaire étudiant permettrait aussi de choisir quel type d’étude entreprendre. Un jeune dont la famille a dû faire des sacrifices importants pour qu’il accède aux études est souvent bien plus confronté à la pression de faire des études qui permettent de mieux gagner sa vie au détriment de celles qui l’intéressent peut être plus. Un salaire étudiant permettrait de mettre toutes les chances du côté de l’étudiant et de l’étudiante pour favoriser sa réussite, mais également lui permettre de vivre dignement.

    1. http://www.lalibre.be/actu/belgique/le-nombre-d-etudiants-au-cpas-a-double-en-10-ans-5809a0bbcd701ccd4d7dcfd
    2. http://www.lalibre.be/actu/belgique/le-nombre-d-etudiants-au-cpas-a-double-en-10-ans-5809a0bbcd701ccd4d7dcfd22) https://www.rtbf.be/info/societe/onpdp/detail_nouvelles-bourses-d-etudes-32-000-etudiants-en-difficulte?id=9538822
    3. http://www.lesoir.be/108286/article/2017-08-08/le-nombre-detudiants-jobistes-employes-toute-lannee-explose-en-cinq-ans
    4. https://www.rtbf.be/info/societe/detail_la-moitie-des-etudiants-qui-travaillent-le-font-pour-financer-leurs-etudes?id=9712580
    5. https://www.rtbf.be/info/belgique/detail_emploi-en-belgique-la-situation-s-ameliore-mais-pas-de-quoi-crier-victoire?id=9733456
    6. http://plus.lesoir.be/101659/article/2017-06-27/pourquoi-etudiantes-et-etudiants-jobistes-ne-gagnent-ils-pas-la-meme-chose
    7. http://www.moustique.be/19352/prostitution-20-voulez-vous-une-sugar-baby
    8. http://www.lalibre.be/actu/belgique/une-campagne-de-publicite-sexiste-cree-la-polemique-a-l-ulb-59c90213cd70129e418c9d22
    9. http://www.moustique.be/19352/prostitution-20-voulez-vous-une-sugar-baby
    10. Idem
    11. http://www.stepstone.be/Conseils-de-Carriere/Trucs-astuces/combien-de-temps-faut-il-pour-trouver-un-emploi.cfm
  • Amnesty International endosse la prostitution : un droit humain ?

    Amnesty International a récemment pris une position selon laquelle la prostitution figure parmi les droits humains. L’institution n’est que la dernière d’une longue liste d’organisations ou d’individus de premier plan, et même d’Etats, qui sont poussés à normaliser l’industrie du sexe. Cette approche sert les intérêts des maquereaux et le commerce mondial croissant qui s’y rapporte. Des milliards d’euros sont en jeu.

    Par Katia Hancke, Socialist Party (CIO-Irlande)

    Retirer de la prostitution sa réalité concrète a pour effet de réduire cette question compliquée à une problématique abstraite : qui sommes-nous pour dire aux autres quoi faire de leur corps ? Ou, pire encore, comment osons-nous avoir une opinion là-dessus ? D’autre part, tous les opposants à la forme d’exploitation des femmes qu’est la prostitution se basent-ils sur une pudeur excessive ?

    L’industrie du sexe ‘objectivise’ les femmes

    Nous nous basons quant à nous sur une réalité malheureuse : l’exploitation sur base du sexe et du genre empire dans une société où l’objectivation des femmes fait partie du big business et où la violence envers elles est justifiée et même promue par les méga-industries de la pornographie, des jeux de vidéo, des médias, etc. La prostitution doit être comprise dans ce contexte.

    Vendre et acheter le corps de quelqu’un, qu’est-ce donc d’autre que l’objectivation ultime d’un être humain, homme ou femme ? Mais soyons clair, la majorité de ceux qui se prostituent sont des filles et des femmes, en ce compris des transsexuelles. Toute extension de l’objectivation des femmes a des effets sur chacun d’entre nous car cela renforce l’inégalité de genre.

    Dans quelle mesure la prostitution est-elle consentie ?

    Nous devons dénoncer la dure réalité derrière le discours du ‘‘travailleur du sexe heureux et libéré’’. Selon la déclaration d’Amnesty, ‘‘travailleurs du sexe signifie par définition que les travailleurs qui s’engagent dans le sexe commercial ont consenti à le faire.’’ Mais dans quelle mesure la prostitution est-elle réellement consentie ? Une récente méta-analyse (une démarche statistique combinant les résultats d’une série d’études indépendantes, NDLR) concernant l’expérience des travailleurs du sexe réalisée au sein de neuf pays révèle que 60% des prostituées travaillent dans des conditions d’esclavage, que 38% d’autres expliquent qu’elles n’ont pas d’autres options pour cause de pauvreté, de racisme, de manque d’opportunité et de sexisme. Seules 2% des personnes interrogées sentent qu’elles peuvent quitter cette activité quand elles le souhaitent. De quel consentement parle-t-on exactement sur base de telles données ?

    L’achat de sexe tarifé, un droit humain ?

    Nous soutenons la décriminalisation de la prostitution. Criminaliser les plus vulnérables dans la chaîne de l’industrie du sexe – les travailleurs du sexe eux-mêmes – ne peut aboutir qu’à renforcer le contrôle des maquereaux sur ceux qu’ils exploitent. Cela n’est pas acceptable. Mais qu’une organisation de défense des droits humains proclame que la prostitution fait partie de ces droits donne l’illusion que la prostitution peut aujourd’hui être exempte d’exploitation. En fait, ce que dit véritablement Amnesty International, c’est que le fait pour les hommes d’acheter du sexe (puisque ce sont presque toujours des hommes qui sont acheteurs, ce qui est symptomatique de l’oppression des femmes en général dans la société) fait partie des droits humains et que faire commerce de l’oppression des femmes ne constitue pas un problème.

    Des études réalisées aux Pays-Bas et en Allemagne démontrent que ce sont ceux qui profitent de la vente du corps d’autres personnes – les maquereaux – qui bénéficient le plus de la légalisation de l’industrie du sexe. La traite des êtres humains pour le travail du sexe augmente. La majorité des prostituées vivent dans l’illégalité et sont vulnérables à la violence sexuelle et physique ainsi qu’à d’autres formes d’abus. Le ‘‘quartier rouge’’ d’Amsterdam à lui seul compte 7.200 travailleurs du sexe en conditions d’illégalité, vivant sous le joug de leur maquereau. Malgré le fait que plus de 220.000 ‘‘transactions’’ y prennent place chaque année, moins de 100 rapports de police sont rédigés à ce sujet.
    Peut-être que si nous étions un peu plus ouverts sur la masturbation et à l’éducation sexuelle en général nous laisserions la génération suivante moins confuse et frustrée. Dès qu’il s’agit de relations avec quelqu’un d’autre, cela doit être sur base d’un consentement mutuel dans le réel sens du terme : entre deux personnes égales et avec respect mutuel plutôt qu’en permettant à ce système, avec sa féroce avidité pour le profit, de réduire ce désir humain universel au rang de commerce.


    Prostitution : les faits

    • 71% des personnes prostituées ont été victimes de violence physique dans le cadre de cette activité.
    • 62% ont été violées.
    • 89% veulent quitter la prostitution mais ne voit pas d’autre issue pour survivre.
    • 65% à 95% des personnes prostituées ont été sexuellement abusées durant leur enfance.
    • Plus que 50% des personnes prostituées tombe dans la prostitution avant leurs 18 ans.
    • En Belgique, le chiffre d’affaires du secteur de la prostitution est estimé à 870 millions d’euros.


    Pourquoi la prostitution ne représente pas une solution face à la précarité

    La prostitution est une des pires formes d’exploitation et une expression très dure du sexisme. Les médias traditionnels ont beau régulièrement mettre en avant des escorts de luxe afin de démontrer que la prostitution est un choix, la réalité est bien différente. Ces prostituées de luxe ne constituent qu’une minorité. Si on se penche sur la situation sociale de ces personnes, on constate qu’une grande majorité n’a que cette ‘‘solution’’ pour survivre. Les personnes prostituées sont tantôt sans-papiers, tantôt en situation d’exclusion sociale et n’ont aucun revenu ! Ce choix est donc très relatif.

    Par Morgane (Charleroi)

    Conduire des personnes à se prostituer en organisant leur précarité – surtout en temps de crise – est bien un choix par contre, mais politique celui-là ! Le constat est là : quand les partis traditionnels décident de mener des politiques d’austérité, les femmes sont particulièrement touchées. Le gouvernement Di Rupo a frappé fort avec sa mesure de limitation dans le temps des allocations dites d’insertion. C’était clairement une attaque frontale contre les femmes, puisque 65% des exclusions du chômage de ce 1er janvier 2015 les concernaient. Le gouvernement Michel a continué dans cette lignée en s’attaquant notamment au rabotement des allocations de chômage complémentaires en cas de temps partiels.
    La nature même des politiques d’austérité, du système capitaliste – fondement de toute oppression – et son incapacité à fournir à chaque personne une vie décente poussent ces personnes à vendre leur corps pour survivre.

    Amnesty dit que la prostitution est un droit fondamental. Qu’entend le PSL par droits fondamentaux ?

    Pour le PSL, la prostitution n’est pas un droit fondamental, mais une des pires formes d’exploitation. Ça ne veut pas dire que nous considérons les personnes prostituées comme des criminels, mais nous nous opposons aux circonstances qui poussent des gens à se prostituer. C’est le fait de voir des droits fondamentaux bafoués (disposer de bonnes conditions de vie) qui les oblige à vendre leur corps.

    Un emploi décent avec un salaire minimum de 1500€ pour tout le monde constituerait une base sérieuse pour l’émancipation des femmes et de l’ensemble des travailleurs. La semaine des 30 heures sans perte de salaire, avec embauches compensatoires et réduction des cadences est un premier pas pour fournir à chacun un bon emploi, c’est-à-dire une alternative à la prostitution. Nous avons également besoin de logements plus accessibles pour alléger le poids du loyer dans le budget des ménages. Un investissement public massif dans les logements sociaux est donc nécessaire ! De nombreuses personnes qui se prostituent sont sans-papiers, clandestines. Elles ont besoin d’être régularisées afin de pouvoir prétendre à un emploi légal et une vie décente.

    Comment atteindre ces objectifs ?

    Les travailleuses et des travailleurs avec ou sans emploi, avec ou sans papiers doivent se mettre en lutte: c’est le meilleur mais aussi le seul moyen de mettre fin à cette exploitation.

    Dans un premier temps, si nous voulons combattre les circonstances qui poussent les femmes à se prostituer, nous devons nous impliquer dans chaque lutte contre l’austérité, mais aussi contre toutes les divisions. Nous vous invitons à nous rejoindre dès ce 7 octobre lors la manifestation syndicale nationale pour dire non aux politiques d’austérité du gouvernement Michel !

    Dans un deuxième temps, il faut lutter contre le système capitaliste qui est le fondement de l’oppression de toutes les travailleuses et de tous les travailleurs. La prostitution et le sexisme en général ne sont pas une fatalité. Nous avons besoin d’une alternative politique qui élimine les bases matérielles et économiques de la précarité et des inégalités. Nous avons besoi n d’une société qui se soucie des besoins de l’entièreté de la population et pas seulement des 1 %, nous avons besoin d’une société socialiste démocratique !

  • Une approche marxiste de la prostitution et de l’industrie du sexe

    L’industrie du sexe, y compris la prostitution, constitue l’un des plus grands secteurs économiques au monde. Ce dossier aborde cette question sur base de l’oppression fondée sur le sexe et la classe ainsi qu’à partir des inégalités inhérentes au capitalisme. Cet article est une version raccourcie d’un dossier de notre camarade irlandaise Laura Fitzgerald (Socialist Party, République irlandaise).

    Une inégalité profondément enracinée

    Ce sont surtout des femmes qui vendent des services sexuels et surtout des hommes qui y recourent. Dans ce contexte de crise capitaliste mondiale, la disparité entre riches et pauvres augmente sans cesse, de même que celle entre hommes et femmes. Une illustration de cela a été livrée par la Banque Mondiale, selon laquelle une contraction économique de 1% entraîne une augmentation du taux de mortalité infantile de 7,4 décès pour 1.000 filles par rapport à 1,5 pour 1.000 garçons. La crise a également entraîné une chute du nombre de filles à terminer leur scolarité primaire de 29% à travers le globe, comparativement à 22% pour les garçons.

    L’oppression des femmes existe depuis des milliers d’années. La sexualité des femmes a été réprimée par le mariage, avec l’objectif de transmettre la propriété privée par la voie des descendants masculins, ce qui a offert de nombreux avantages à l’élite dominante. Le capitalisme a eu pour effet que l’inégalité profondément enracinée a été renforcée par l’idéologie de la famille patriarcale avec le mari comme chef de famille et l’épouse en tant que fournisseur de soins pour la famille, un travail non-rémunéré effectué par les femmes.

    La lutte des femmes et, plus généralement, la lutte du mouvement des travailleurs a assuré que l’idée de la subordination des femmes vis-à-vis des hommes soit considérée comme inacceptable, du moins dans le monde capitaliste développé. Cela n’a toutefois pas signifié la disparition de l’inégalité. Les femmes gagnent toujours en moyenne moins que les hommes pour un emploi similaire et la violence conjugale continue d’être un problème gigantesque, renforcé par la crise sociale.

    La faillite du post-féminisme

    Au cours de ces dernières décennies s’est développée l’idée selon laquelle les femmes avaient atteint l’égalité complète. Les principales discriminations juridiques ont été éliminées, et les post-féministes en ont déduit que la bataille était terminée et qu’il était du ressort de chaque femme de saisir sa chance. Cette rhétorique s’est accompagnée d’une croissance exponentielle de l’image de la femme considérée comme un vulgaire objet de commerce dans la société. Cela n’est pas brusquement tombé du ciel, l’industrie cosmétique représente un marché de grande ampleur.

    La croissance de l’industrie du sexe – tant légale qu’illégale – a totalement déformé la manière de considérer la sexualité en présentant les femmes comme des objets destinés à servir la sexualité masculine. Il suffit de regarder la place qu’a prise l’industrie pornographique. Bien entendu, les relations sexuelles librement consenties restent une affaire privée, mais la commercialisation massive de la pornographie est une expression de la nature exploiteuse du système et cela affecte notre sexualité.

    Notre opposition à l’industrie du sexe n’a rien de commun avec l’approche des conservateurs moralistes ou des bigots religieux. Il s’agit d’une protestation contre la commercialisation du sexe. Ce commerce est nocif pour les femmes et pour la société en général, car cela ne fait que renforcer les inégalités.

    La lutte contre l’austérité requiert l’unité la plus forte parmi la classe des travailleurs. Et ces politiques antisociales affectent plus durement les femmes, à la fois au travail et à la maison, notamment par la dégradation des services publics. Lutter contre le sexisme et la division que cela entraîne est une nécessité cruciale pour renforcer l’unité et le combat de notre classe.

    La prostitution

    La prostitution est une partie spécifique de l’industrie du sexe, c’est l’une des pires formes d’exploitation. Les discussions sont nombreuses quant à sa réglementation mais, tout comme l’égalité juridique n’a pas stoppé l’oppression des femmes, aucune loi ne sera suffisante pour débarrasser la prostitution de l’exploitation.

    Femmes, hommes et personnes transgenres tombent dans la prostitution pour des raisons différentes et leurs expériences personnelles peuvent être très variées. Limiter les causes de la prostitution à la pauvreté est trop unilatéral, même s’il faut remarquer qu’en Grèce, par exemple, l’appauvrissement rapide de la population s’est accompagné d’une forte croissance de la prostitution. La prostitution de rue (souvent effectuée par des toxicomanes), les agences d’escorts de luxe et la prostitution oeuvrant à partir d’Internet ne peuvent pas simplement être mises dans le même sac.

    Le débat public sur la prostitution est souvent écarté par la notion de ‘‘choix’’. C’est un terme très relatif. Pour certains, ce n’est de toute façon pas une question de choix. La traite des femmes est toujours un problème majeur à notre époque, cet esclavage moderne connaît même une progression. Il s’agit cependant d’une situation extrême qui ne concerne pas la plupart des personnes prostituées. Mais le ‘‘choix’’ dont il est ici question est limité par la naturemême du capitalisme, particulièrement en temps de crise. On arrive généralement dans le milieu de la prostitution par manque d’alternative et donc de véritable choix.

    Dans tous les pays, les médias fourmillent d’exemples de prostituées de luxe d’origine aisée et dont la vie quotidienne se situe à des kilomètres de la réalité vécue par la majorité des personnes prostituées. Ces cas sont instrumentalisés pour minimiser l’existence de l’oppression des femmes dans la société, ou même pour la nier. Cela vise à cautionner l’industrie du sexe sexiste et oppressive. Ces prostituées ne représentent qu’une infime minorité.

    Certains s’opposent au fait de considérer les personnes prostituées comme des victimes. Cela présuppose que toute oppression a disparu. Il est toutefois extrêmement significatif de constater que la majorité des personnes prostituées ne veulent pas que leurs enfants se retrouvent dans la prostitution. Une étude américaine des années 1990 a montré que 82% des prostituées des rues de San Francisco avaient été attaquées physiquement, 83% menacées d’une arme et 68% violées pendant leur travail. La prostitution entraîne souvent de graves conséquences psychologiques car, suite à un instinct de survie, la personne prostituée fait parfois la distinction entre son esprit et son corps. Les personnes prostituées sont des victimes de l’oppression qui existe dans cette société.

    Notre opposition à l’industrie du sexe ne signifie pas que nous sommes opposés à l’organisation des personnes prostituées et à mener par exemple campagne pour un accès libre et gratuit à la contraception. De la même manière, nous ne nous opposons pas à l’organisation des travailleurs de l’industrie nucléaire ou de l’industrie de l’armement afin qu’ils luttent pour de meilleurs salaires. Mais la nature du travail et du secteur rend difficile l’organisation des personnes prostituées.

    Légaliser ou décriminaliser ?

    De toute évidence, nous ne considérons comme un criminel aucune femme, aucun homme ou aucun transgenre travaillant dans la prostitution. Les initiatives législatives destinées à améliorer la sécurité et la situation des personnes prostituées peuvent compter sur notre soutien.

    Mais nous nous opposons à la légalisation complète de la prostitution. Le message d’une telle décision serait qu’il soit acceptable et normal d’acheter le sexe et que le corps, essentiellement celui des femmes, soit considéré comme une marchandise. Là où la prostitution est légale, cela n’a du reste pas conduit à une diminution de la stigmatisation des personnes prostituées. Cela n’a mis fin ni à la violence, ni à la traite des êtres humains. En Allemagne, la légalisation de la prostitution a même conduit un certain nombre de chômeuses à devoir répondre à des offres d’emploi dans l’industrie du sexe afin de conserver leurs allocations.

    Certains proposent de s’en prendre aux clients. Ce modèle a été introduit en Suède en 1999 sur base de l’idée que cela réduirait la demande. Il est difficile de trouver des données destinées à correctement évaluer l’impact de cette mesure qui, de plus, a été introduite dans le contexte d’un mouvement progressiste contre le sexisme, avec une large sensibilisation. Peut-être bien la demande a-t-elle pu être limitée, mais l’effet d’une telle mesure à long terme reste très incertain.

    Bien sûr, nous sommes en faveur d’une meilleure prise de conscience autour de la question de l’oppression des femmes et du sexisme. La gauche doit soutenir tous les efforts visant à lutter contre l’industrie du sexe et la prostitution. Les syndicats peuvent jouer un rôle au travers de campagnes visant à mieux faire connaître la réalité du commerce du sexe, de la traite des êtres humains, de la violence et du viol dont sont victimes tant de personnes prostituées. Mais cette approche doit s’accompagner d’un mouvement de lutte contre l’austérité.

    Poursuivre les clients ne suffit pas, cela peut même approfondir le problème en faisant tomber l’activité dans l’illégalité la plus totale. Nous avons besoin d’une riposte fondamentale contre le sexisme, avec une réelle éducation sexuelle et affective dans les écoles, une lutte contre l’industrie cosmétique et plus généralement contre la soif de profit à l’origine de la commercialisation du sexe.

    Notre programme

    Nous ne limitons pas notre position à une baisse de la demande. Nous n’acceptons pas les circonstances qui poussent les gens à se prostituer. Nous avons besoin d’une lutte de masse contre les politiques d’austérité avec des investissements massifs dans des emplois décents, autour d’un programme socialiste visant à retirer des mains de l’élite les richesses existantes pour les placer sous propriété publique démocratique et sous le contrôle de la population, afin d’éliminer les bases matérielles et économiques des inégalités. Le sexisme et les divisions ne sont pas inévitables. Une société socialiste fondée sur la coopération, le respect et la démocratie conduirait également au développement des relations humaines et sexuelles, sous leurs diverses formes.

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