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  • Espagne : Succès pour les listes de gauche d’unité populaire aux élections locales

    Le bipartisme désavoué aux élections locales et régionales

    elections_espagneLe 24 mai, des élections locales prenaient place dans toute l’Espagne, de même que dans 13 de ses 17 parlements régionaux. Les résultats représentent une nouvelle étape dans la crise politique du capitalisme espagnol. Ils ont été particulièrement décevants pour le PP, le parti de la droite officielle, qui a perdu le pouvoir dans tous ses grands bastions, y compris Madrid, Valence, Séville et beaucoup d’autres. Ils ont également perdu leurs majorités globales dans la plupart des régions et seront obligés de compter sur le soutien de «Ciudadanos» (un nouveau parti de droite populiste), qui viendrait à point.

    Par Danny Byrne, Comité pour une Internationale Ouvrière

    La baisse du soutien pour le PP – sanctionné pour son programme d’austérité brutale après 4 ans de gouvernement favorable aux grosses fortunes – s’est accompagnée d’une augmentation du soutien pour les alternatives de gauche. Dans un développement inédit depuis la chute de la dictature de Franco, l’alternative de gauche est en passe de prendre le pouvoir à Madrid et Barcelone, avec la victoire d’Ada Colau – figure publique du mouvement anti-expulsions. Cela fait les gros titres de la presse internationale. Dans le même temps, des avancées ont aussi été enregistrées aux élections régionales – pour lesquelles «Podemos» se présentait sous son propre sigle – mais avec des résultats moindres que ceux obtenus par les listes de gauche larges dans les élections locales.

    Bien que les grands centres urbains d’Espagne restent les épicentres de ce virage vers la gauche, ce succès a également été reproduit dans une série de villes et de villages à travers le pays. C’est un énorme pas en avant pour les travailleurs et les mouvements sociaux, et cela les place dans une position de force et de confiance bien meilleure afin de lutter contre l’austérité et pour un changement fondamental. Il y a deux ans, Ada Colau, a été soumise à des attaques incessantes de la part des médias, étiquetée comme «terroriste», alors que l’establishment s’apeurait de la croissance du mouvement contre les expulsions. Le fait qu’elle va probablement devenir la maire de la deuxième plus grande ville d’Espagne, fait naître beaucoup d’espoirs. L’idée que «nous, qui avons toujours perdu avons finalement gagné» a gagné les esprits.

    Dans le même temps, ce succès porte en lui-même d’énormes responsabilités, et nécessitera un large débat sur la façon d’aller de l’avant à partir de cette position renforcée. Si une approche correcte est prise, ces victoires pourraient être une étape déterminante pour se préparer à intensifier la lutte de la classe des travailleurs contre l’austérité.

    Qu’ont été ces listes «d’unité populaire»?

    Les listes dites «d’unité populaire» avaient différents noms dans différentes villes. «Ahora Madrid» (Maintenant Madrid), emmenée par le juge de gauche Manuela Carmena, a remporté plus de 30% des voix dans la capitale, tandis que «Barcelone en Comu» (Barcelone en commun) a obtenu le plus grand nombre de voix avec plus de 20%.

    Ces listes ont émergé à partir d’un processus de convergence dans l’ensemble du mouvement. Elles comprenaient des militants des principales formations de gauche – Podemos, Izquierda Unida (Gauche unie), des formations nationalistes de gauche comme la CUP en Catalogne – ainsi que des syndicalistes combattifs, des militants anti-expulsions, des militants antiracistes, etc. Associées par beaucoup à Podemos, ces listes avaient un profil véritablement indépendant. Ni Colau ni Carmena ne sont membres de Podemos (ou de tout autre parti), ni la plupart des conseillers élus.

    Malgré un vocabulaire et une phraséologie ambiguë (reflétés dans les noms choisis), ces listes ont été clairement perçues comme représentant une gauche anti-austéritaire. Elles soutenaient généralement un programme qui a souligné la nécessité de vérifier démocratiquement le fardeau de la dette publique et une opposition aux mesures d’austérité, solidaires avec le mouvement social et les luttes ouvrières en cours. Elles ont aussi mis en avant la nécessité de la lutte pour la réalisation de certaines de leurs revendications centrales, comme une paralysie des expulsions. Leurs militants ont été maintes fois dénoncés par le PP comme des «communistes» radicaux, ce qui n’a évidemment pas empêché des millions de personnes de se tourner vers eux et de leur accorder leurs voix.

    Coalition ou gouvernements minoritaires? Pour des gouvernements anti-austérité à 100%!

    Cependant, le succès de la gauche pose maintenant de nouvelles questions sur la façon d’aller plus en avant. Malgré leurs victoires éclatantes, aucune de ces listes n’a obtenu de majorité absolue. Cela représente une tâche de plus en plus difficile dans un paysage politique aussi fragmenté, avec au moins 5 partis dans la plupart des parlements et des conseils régionaux et locaux. Gagner une majorité claire avec une telle fragmentation rend encore plus cruciale la nécessité d’un projet politique unitaire sans équivoque reposant sur un plan réaliste visant à totalement changer la situation.

    Les résultats électoraux soulèvent aussi la question de savoir comment la gauche peut gouverner au niveau local sans majorité. Cette question se pose également dans un certain nombre d’endroits (dont Madrid) où, malgré le fait qu’elle se retrouve directement derrière le PP, la gauche a le potentiel de mener une majorité alternative au PP. Des gouvernements de coalition pourraient être constitués avec le PSOE ou d’autres forces. Beaucoup plaident en faveur d’une telle disposition, sur la base d’un certain «pragmatisme», en cherchant à former des majorités le plus rapidement possible. Autrement, des gouvernements minoritaires de gauche pourraient être formés. Cette question est actuellement débattue dans des dizaines de villes, et est potentiellement un prélude à la même question se posant à une plus large échelle pour les élections générales en novembre.

    Socialismo Revolucionario (SR – la section du Comité pour une Internationale Ouvrière dans l’Etat espagnol et section sœur du PSL) fait valoir que la discussion doit commencer à partir du programme. Comment la gauche peut-elle, sur base de son succès électoral, renforcer la lutte contre l’austérité et favoriser activement la riposte?

    Un point de départ fondamental est de refuser de poursuivre l’application de politiques brutalement antisociales et de revenir sur celles déjà instaurées le plus rapidement possible. Le parti social-démocrate PSOE – ainsi que le parti ERC en Catalogne, également partenaire potentiel d’une coalition de «gauche» – s’est engagé à 100% dans la mise en œuvre de l’austérité. Il a été le premier parti à présenter des coupes brutales au nom de la crise capitaliste actuelle, sous le gouvernement Zapatero.

    Nous défendons que l’austérité – même dans une version adoucie – ne sert pas les intérêts de la gauche ou des travailleurs et des jeunes enthousiasmés par son succès. L’expérience issue de la participation de Gauche unie (IU) à des coalitions avec le PSOE – récemment encore en Andalousie – a généralement conduit à l’associer à l’austérité plutôt qu’à la résistance sociale. La répétition d’une telle expérience aujourd’hui constituerait un grave recul, avec le danger d’anéantir les progrès de la gauche et de démoraliser une couche importante de travailleurs et de jeunes radicalisés.

    Socialismo Revolucionario milite pour une autre option, celle de former des gouvernements minoritaires de gauche, basés sur un programme 100% anti-austérité et sur la mobilisation de la population pour le défendre et forcer la main des autres partis. Cela implique de mettre en avant un programme radical pour le peuple et de mobiliser ce dernier afin qu’il appuie ce programme en appelant les assemblées parlementaires à le voter.

    C’est la lutte et non l’arithmétique parlementaire qui va conduire au changement

    Des autorités de gauche minoritaires, si elles adoptent la bonne approche, peuvent être beaucoup plus «pragmatiques» et engranger beaucoup plus de victoires pour la population qu’un «compromis» dans une coalition de collaboration de classe. Pour comprendre cela, il faut prendre conscience que ce qui provoque le changement de politique n’est pas l’arithmétique parlementaire ou institutionnelle, mais bien le changement social et la lutte. Le succès électoral actuel de la gauche est une expression de la vraie lutte que des millions de travailleurs, de jeunes et de retraités ont menée contre l’austérité dans la dernière période : les 3 grèves générales en 2012 et 2013, le mouvement de masse anti-expulsions et d’autres innombrables exemples.

    Le succès électoral et la présence dans les institutions, ne rendent pas ces luttes superflues mais leur donnent une importance et un potentiel accrus. Une classe des travailleurs mobilisée et organisée est l’ingrédient clé de la réussite d’un gouvernement anti-austérité à 100%. Un gouvernement minoritaire de gauche pourrait annoncer les mesures nécessaires pour faire ce qui est possible au niveau local afin de mettre fin au cauchemar de l’austérité – refuser d’effectuer des coupes dans les budgets publics, refuser les privatisations, refuser les expulsions ainsi que les autres politiques antisociales et investir dans des mesures socialement utiles et nécessaires pour fournir à chacun de bons logements et des emplois décents.

    Par exemple, sur la question particulièrement importante des expulsions, un tel gouvernement local pourrait déclarer sa ville «zone exempte d’expulsions», boycotter les banques responsables d’expulsions et mobiliser le soutien actif de la population pour une telle politique. Cela pourrait paralyser les expulsions indéfiniment, forçant les autorités locales et la police locale – opposée aux expulsions de masse dans de nombreux cas – à refuser de mettre en œuvre les expulsions forcées. Le soutien social énorme que cela permettrait de générer permettrait à tout gouvernement de gauche de faire face à toute contestation juridique «constitutionnelle» à de telles mesures, et d’organiser la désobéissance civile de masse.

    Une telle politique, inacceptable pour les partisans de l’austérité, pourrait galvaniser la classe des travailleurs et les mouvements sociaux. L’organisation conséquente à la base et la mobilisation généreraient une pression sociale énorme en faveur de ces mesures et en défense du gouvernement de gauche. Cette atmosphère pourrait forcer la main à d’autres partis, en particulier ceux de la soi-disant gauche (ou au moins des sections d’entre eux, provoquant des divisions en leur sein), qui pourraient être contraints de soutenir les politiques anti-austérité. Il faut tirer les leçons de l’exemple historique du conseil municipal de Liverpool dans les années 1980 en Grande-Bretagne. A cette époque, Militant (les partisans du Comité pour une Internationale Ouvrière en Grande-Bretagne regroupé aujourd’hui au sein du Socialist Party) ont eu une influence importante, mais ne bénéficiaient pas de la majorité à eux seuls. En se basant sur la classe des travailleurs en dehors du conseil, ils ont quand même réussi à faire adopter des mesures qui ont changé la donne face au gouvernement Thatcher.

    Des gouvernements anti-austérité à 100% pourraient se coordonner à travers différentes villes et villages, pour constituer une alliance rebelle significative, unie dans la résistance contre les tentatives d’imposer l’austérité de l’extérieur. Cela, en plus d’être efficace au niveau local, servirait également à préparer le mouvement pour les élections générales afin d’élire un gouvernement anti-austérité, sous lequel les travailleurs et les mouvements sociaux pourraient s’organiser à partir du niveau local, dans le cadre d’un mouvement anti-austérité coordonnée dans tout le pays.

    Podemos, la gauche et la perspective des élections générales

    Le succès des listes «d’unité populaire» montre l’énorme potentiel du modèle de larges fronts unitaires, formés à la base, autour d’un programme anti-austérité commun. Une caractéristique frappante a été la performance de ces listes par rapport à la performance de Podemos et des listes IU aux élections régionales qui ont eu lieu simultanément. Podemos est arrivé 3ème dans la plupart des scrutins régionaux, échouant à dépasser le PSOE comme le principal parti «d’opposition». Cela n’a été possible qu’aux élections locales, dans le cadre d’un front uni de la gauche. A titre d’exemple, à Madrid, la liste électorale locale «Ahora Madrid» a remporté 400.000 voix de plus que la liste régionale Podemos dans la même région.

    La leçon de ces élections est que, pour emporter une victoire dans le cadre des élections générales, une stratégie similaire, d’unité avec les autres forces de gauche, par en bas, est nécessaire sur une plus grande échelle.

    Cela a été démontré de façon encore plus spectaculaire aux dirigeants de la Izquerda Unida, dont les forces ont été divisées dans ces élections. La bureaucratie et son aile droite ont insisté sur la nécessité de former des listes indépendantes contre les listes d’Unité populaire dans la majorité des villes, tandis que son aile gauche a rejoint ces listes. Les listes officielles d’IU ont disparu du conseil de Madrid sous la vague de «Ahora Madrid», et cela s’est produit de façon similaire dans de nombreuses villes à travers le pays. Les listes régionales d’IU ont également souffert d’un quasi-anéantissement dans la plupart des régions. Cela va intensifier la lutte au sein du parti, ce qui est susceptible de le diviser définitivement dans la période à venir. Les secteurs critiques de la gauche d’IU doivent agir de façon décisive et, autour de la figure d’Alberto Garzon – chef de file électoral d’IU -, pourraient jouer un rôle décisif dans la reconstruction d’un mouvement unifié.

    Tout nous indique qu’il faut se mettre au travail pour constituer un front uni capable de lutter pour former un gouvernement de gauche après les élections générales. Une répétition dans toute l’Espagne de «l’unité populaire» – formée sur base d’assemblées démocratiques reliées entre elles au niveau local et régional afin de déterminer démocratiquement un programme anti-austérité et une stratégie – aurait un immense potentiel. Armé d’un programme socialiste anti-austérité, cela pourrait jeter les bases d’un nouveau parti de masse de la classe des travailleurs et de la jeunesse, élément essentiel à la réussite de la révolution espagnole.

  • Gand. Meeting réussi consacré à la percée de la gauche en Espagne

    podemos_gand_01Ce jeudi 28 mai, les sections du PSL de Gand avaient organisé un meeting consacré aux élections espagnoles et à la percée de PODEMOS et des listes de gauche. La manière dont PODEMOS a secoué le paysage politique du pays fait sans aucun doute appel à l’imagination de beaucoup. Plus de 70 personnes intéressées ont participé à cet événement destiné à discuter des premiers enseignements de ces élections. Dans le public se trouvait notamment un bon groupe d’Espagnols résidant actuellement à Gand. Avant le début du meeting, il a également été question de la grève des éboueurs à Gand, et un groupe de participants est allé les retrouver à la fin du meeting pour une visite de solidarité.

    Rapport de Jeroen, photos d’Emilie

    Lola Sanchez, parlementaire européenne de Podemos, a parlé de la “vie politique depuis la fin du régime franquiste, marqué par un système de deux partis.” Elle a décrit comment les sociaux-démocrates du PSOE et les conservateurs du PP se sont alternés pour au final appliquer une politique néolibérale identique tout en s’empêtrant dans la corruption. Les racines du succès de PODEMOS sont à chercher dans la colère de la population en rejet de cette politique et dans la résistance du mouvement du 15 mai (les Indignés).

    Lola a décrit l’un des objectifs de Podemos comme étant de “faire des représentants de véritables représentants. Pour ce faire, les élus doivent être révocables afin de ne pas disposer “d’un chèque en blanc”. Ils doivent également percevoir un salaire normal sans avoir d’autres mandats rémunérés.” C’est ainsi que Podemos veut mobiliser le mécontentement de la population pour un “bon programme” ce qui, selon Podemos, ne peut être “qu’un programme de gauche.”

    podemos_gand_02Bart Vandersteene, porte-parole du PSL, a ensuite pris la parole. Bart a commencé par souligner la recherche d’une alternative politique au néolibéralisme en cours sur l’arène internationale mais aussi l’impact de l’évolution à l’oeuvre en Espagne sur d’autres pays, dont la Belgique. Ce fut notamment le cas en Belgique en 2012 avec la manifestation de 15.000 personnes à Bruxelles à la suite de la marche des Indignés vers Bruxelles. Il a aussi abordé l’importance des expériences internationales, comme celles les leçons à tirer du processus grec. “La Grèce illustre particulièrement à quel point le capitalisme laisse peu de place aux compromis avec l’establishment”, a expliqué Bart. “Il n’existe pas de capitalisme social. Par conséquent, nous devons défendre une alternative anticapitaliste, mais aussi son expression concrète pour la lutte, sous forme de slogans et de programme.”

    De nombreuses questions ont porté sur les mesures concrètes à adopter par Podemos pour s’en prendre au problème du chômage ou encore au financement des services publics. Plusieurs interventions ont clairement indiqué que si Podemos veut vraiment faire une différence, de telles questions ne peuvent rester sans réponse. Le débat a encore porté sur la manière dont ces questions sont discutées au sein de Podemos ou sur la formation de coalitions, une donnée cruciale pour ces dernières élections municipales.

    La fin du meeting n’a pas signifié la fin des discussions, que du contraire, tandis qu’une délégation se rendait au piquet de grève d’Ivago. 7 exemplaires de notre mensuel ont été vendus à l’occasion de cette soirée, de même que deux abonnements d’un an.

  • Suivi des élections espagnoles: Rapport de la soirée du García Lorca

    brusselpodemos-300x207Izquierda Unida Belgique, Podemos Belgique, Equo Bruxelles et ICV Bruxelles ont organisé une soirée électorale au centre culturel García Lorca à Bruxelles pour suivre les résultats des élections municipales et régionales du 24 mai en Espagne. La décision de différentes formations de se rassembler pour suivre les résultats et la bonne ambiance de la soirée sont une indication du processus de confluence parmi les forces de gauche en Espagne. Le sentiment général par rapport aux résultats était qu’ils étaient bons, mais insuffisants.

    Par Marisa (Bruxelles)

    Le bipartisme de deux partis traditionnels, PP (droite) et PSOE (social-démocratie), a reculé de 65% en 2011 à 52% aux municipales. Le PP continue à être la plus grande force électorale, mais avec une perte de 10% (2,4 millions des voix). Le PSOE perd 3% des voix mais aspire à récupérer de nombreuses régions et mairies. Les candidatures de confluence contre l’austérité ont la possibilité de gouverner dans 7 villes. «Barcelona en Comú» dépasse CIU (droite nationaliste catalane) et devient la liste plus soutenue à Barcelone. «Ahora Madrid» est la deuxième force avec 20 conseillers, juste en dessous du PP qui en obtient 21.

    podemosbrussel2-300x194Podemos se présentait comme liste unitaire aux élections des autonomies et n’est arrivée ni première ni deuxième force électorale. Elle se place troisième aux régions de Madrid, Aragon et Asturies. Izquierda Unida maintient un nombre d’élus aux municipales comparable à 2011. Néanmoins, elle perd 277.000 voix aux régionales et 25 élus régionaux, notamment à Madrid et Valence, et perd ainsi sa représentation dans quatre de huit régions. Ciudadanos (nouvelle formation populiste de droite) rentre aussi dans 10 de 13 parlements régionaux.

    Socialismo Revolucionario (SR), la section sœur du PSL-LSP en Espagne, a joué un rôle dans le processus de formation de la liste «Badalona en Comú», une ville voisine à Barcelone, qui a obtenu 17,54% des voix et devient la deuxième force avec 5 élus. SR appelle à un front uni de la gauche et des mouvements sociaux qui s’oppose à l’austérité et lutte pour des autorités qui refusent les coupes budgétaires imposées par le gouvernement central et qui osent mener une véritable politique de rupture, de non-paiement de la dette et de nationalisation des banques et des secteurs clés de l’économie sous contrôle et gestion démocratiques.

  • Crise politique et candidatures de gauche au menu des élections espagnoles

    podemos_maiL’espoir d’une politique de rupture anti-austérité en Espagne se traduit par la recherche d’un débouché politique en cette période d’échéances électorales. Les élections municipales et celles de nombreuses communautés autonomes (équivalant à nos Régions) prennent place ce 24 mai. C’est le premier grand test pour Podemos avant les élections générales de cette fin d’année.

    Par Boris Malarme

    Discrédit des partis traditionnels et fragmentation de la carte politique

    Les derniers sondages donnent l’impression que la croissance électorale explosive de Podemos a atteint son apogée, temporairement du moins. Au lieu d’un scénario d’une croissance ininterrompue de Podemos brisant la domination bipartite du PP (droite conservatrice) et du PSOE (social-démocratie) jusqu’à la victoire électorale aux élections générales, on assiste à un morcèlement de la carte électorale. De celui-ci a pu, entre autre, émerger la formation populiste de droite Ciudadanos (parti des citoyens) surfant sur un discours anti-corruption, dans un contexte de scandales incessants. Cette situation de crise et d’instabilité politique rend compliquée la formation des futurs gouvernements locaux et régionaux.

    L’approche politique de Pablo Iglesias et de la direction de Podemos consiste à modérer le programme politique, en renonçant entre autres au non-paiement de la dette et à l’introduction d’un revenu de base pour tous, afin de paraitre plus ‘‘réaliste’’. Cette attitude est remise en question. Ce débat doit être initié et mené parmi les membres et sympathisants de Podemos via des assemblées. Il est nécessaire de présenter une perspective audacieuse de gauche radicale, en ligne avec le programme initial de la formation. La leçon de la débâcle électorale d’Izquierda Unida (Gauche Unie) en Andalousie – en grande partie due à sa participation à un gouvernement d’austérité avec le PSOE sous le prétexte de faire barrage à la droite – doit également être tirée.

    Notre section-sœur en Espagne, Socialismo Revolutionario (SR), qui travaille au sein d’Izquierda Unida comme au sein de Podemos, appelle à voter en faveur de candidats qui s’opposent à l’austérité. SR lutte pour des autorités qui osent mener une véritable politique de rupture, de non-paiement de la dette et de nationalisation des banques et des secteurs clés de l’économie sous contrôle et gestion démocratique.

    Les listes de confluence de gauche aux municipales

    Dans certaines villes, les listes de confluence de gauche permettent une candidature anti-austérité unifiée pour les municipales avec la participation entre autres de Podemos, d’Izquierda Unida, d’écologistes de gauche, de nationalistes de gauche, de syndicalistes, d’activistes des mouvements sociaux, etc. C’est le cas par exemple avec Zaragoza en Común, Marea Atlántica à A Coruña, Barcelona en Comú (malgré l’absence de la CUP, parti nationaliste de gauche catalan). Dans toutes ces grandes villes, les listes de confluence de gauche sont deuxièmes dans les sondages. Barcelona en Comú est même donnée gagnante dans certains sondages, ouvrant la possibilité d’une mairie anti-austérité tirée par Ada Colau, porte-parole de la plate-forme contre les expulsions des logements. Toutefois, dans de nombreuses villes, ce processus a été chaotique, comme à Madrid où la direction locale d’Izquierda Unida a décidé de se présenter à côté de la liste Ahora Madrid.

    Socialismo Revolutionario a joué un certain rôle dans ce processus de confluence de gauche à Badalona, une municipalité voisine de Barcelone, en défendant un front uni de gauche et des mouvements sociaux. La liste Guanyem Badalona en Comú est soutenue par Podemos, la CUP, Procés Constituent, SR et les secteurs critiques d’IU et des Verts. Le secteur critique d’IU – l’aile gauche à laquelle participe SR – s’est opposé à la direction qui a renoué avec la vieille coalition entre IU et les Verts. Ceux-ci ont été rejoints par les perdants des primaires de Podemos. Cet exemple est indicatif de la situation dans de nombreuses villes en Espagne où l’obstacle principal était incarné par certaines directions d’IU qui ont considéré les listes de confluence de gauche comme une atteinte à leur petite part de pouvoir. Il est urgent d’unir les secteurs critiques autour d’un programme de virage à gauche et en faveur d’un front uni à la base, au sein ou en dehors d’IU.

    Des mairies de gauche ou des élus de gauche pourraient être utilisés pour aider à stimuler la résistance active des travailleurs contre l’austérité autour d’un programme qui désobéit à l’imposition de coupes budgétaires par le gouvernement national.

  • MEETING Syriza, Podemos et perspectives de luttes en Belgique

    Syriza_charleroiQuelles sont les perspectives de luttes sociales en Europe et en Belgique ? Comment renforcer la solidarité européenne et internationale pour les soutenir ?

    « En janvier 2015, un évènement d’une portée politique historique s’est déroulé en Europe. En portant au pouvoir un parti qui refuse le discours néolibéral, le mouvement ouvrier grec a ébranlé la classe dominante grecque et européenne. »

    MEETING en présence d’orateurs de SYRIZA, mais aussi d’orateurs belges comme JEAN-FRANÇOIS TAMELLINI (secrétaire fédéral de la FGTB) et BART VANDERSTEENE (porte-parole national du PSL).

    Ce samedi 30 mai, 15h, à La Maison Des Huit Heures à Charleroi, 23 Place Charles II.

    La crise économique qui a éclaté en 2008 a déclenché une vague de politique d’austérité. Après avoir sauvé le système bancaire mondial à coup de milliers de milliards, les gouvernants ont présenté la note à la population. Celle-ci n’est pas restée sans réaction. De par le monde des vagues de femmes et d’hommes se sont levé-e-s : révolutions en Afrique du Nord et au Moyen Orient, luttes des étudiants aux Chili et au Québec, luttes aux USA, combat autour de la question salariale à Seattle, luttes des enseignants et dans les transports au Brésil, mais aussi à Shanghai, en Afrique du Sud, au Burkina Faso, au Sénégal,…

    L’Europe n’est pas restée à l’écart de ce processus. En Europe du Sud, les luttes énormes de la classe ouvrière ont conduit à l’émergence de partis politiques à gauche des partis traditionnels. En Belgique, le plan d’action syndical de l’automne 2014 a démontré le potentiel du mouvement des travailleurs.

    Venez en débattre avec nous le 30 MAI à 15H à la « Maison des 8h » à CHARLEROI.
    Entrée à PRIX LIBRE.

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  • Après la Grèce, les regards se portent vers l’Espagne

    podemosL’imposition des politiques d’austérité a entraîné des millions des Grecs et d’Espagnols à sortir dans la rue pour protester contre la diminution des salaires, les coupes budgétaires et les privatisations. En Espagne, les manifestations ont abouti à des mouvements de masse contre l’austérité à l’instar de celui des Indignés et des marches de la dignité. L’apparition de Podemos a donné une expression politique à ces mouvements et, depuis son irruption aux élections européennes, a changé la donne politique espagnole. La nouvelle vague d’élections offre des opportunités aux forces de gauche alternatives: élections en Andalousie en mars, aux parlements des communautés autonomes et aux conseils municipaux en mai, en Catalogne en septembre et générales en novembre.

    Par Marisa (Bruxelles), article tiré de l’édition d’avril de Lutte Socialiste

    Crise des partis traditionnels et opportunités pour la gauche

    Selon les premiers sondages de 2015, Podemos se situerait autour des 27% pour les prochaines élections générales, ce qui en ferait la première force politique du pays. Le Parti Populaire (PP, droite) actuellement au pouvoir diminuerait de 44,6% (élections générales de 2011) à 20%. Les sociaux-démocrates du PSOE, en pleine chute eux aussi, se retrouveraient autour des 18%. Cela confirme la crise politique dans laquelle sont plongés les instruments politiques de la classe dominante, la bourgeoisie. L’autorité du ‘‘régime de transition’’, né autour de l’année 1978 après la mort du dictateur Franco, est aujourd’hui discréditée : le système bipartite espagnol construit autour des faux rivaux du Parti Populaire et du PSOE, la monarchie, la Constitution et le système des communautés autonomes sont en crise. Le discrédit est encore plus accentué par les multiples cas de corruption inhérents à ce système capitaliste pourri où les inégalités ne cessent d’augmenter (1). On assiste parallèlement à la montée dans les sondages de la formation populiste de droite Ciudadanos, dont la rhétorique repose sur un renouvellement démocratique et la lutte anti-corruption, ce qui sert à masquer leur programme de destruction de la sécurité sociale.

    Pour les élections municipales, les initiatives de convergence des forces alternatives de gauche anti-austérité peuvent devenir les exemples de ce qu’il est possible de réaliser à l’avenir au niveau de l’État. Même si les initiatives sont assez variées et connaissent différents stades de développement, elles ouvrent la possibilité de réaliser des majorités de gauche dans certaines municipalités. A Barcelone par exemple, l’initiative a été impulsée par Guanyem (“Gagnons”), une plateforme de militants et d’activistes des mouvements sociaux sur base d’un accord entre plusieurs formations: Podemos, ICV-Esquerra Unida (alliance entre écologistes de gauche et la formation ‘‘Gauche Unie’’ en Catalogne), Equo (autres écologistes de gauche) et Procés Constituent. Des listes unitaires, généralement sous le sigle de ‘‘Ganemos’’, auxquelles participent notamment Podemos, Izquierda Unida (‘‘Gauche Unie’’) et Equo, se sont aussi constituées à Córdoba, Zaragoza, Palma de Mallorca, Burgos, Bilbao, etc. Dans d’autres villes, pareille alliance a été plus difficile à concrétiser, comme à Madrid où Izquierda Unida n’a pas intégré l’initiative et à Seville où Podemos présente sa propre initiative séparée.

    La ‘‘casta’’ et le ‘‘peuple’’

    Podemos a illustré que la possibilité de vaincre est bien réelle. Son succès a quelque chose à voir avec la vision défaitiste des directions syndicales et de la direction d’Izquierda Unida, formation qui participe même à certaines majorités avec la social-démocratie. Une victoire de Podemos, après celle de Syriza en Grèce, livrerait une grande occasion de briser l’austérité au niveau européen. Mais tant en Grèce qu’en Espagne, la question qui se pose n’est pas seulement de gagner mais aussi de comment gagner, avec quel programme et quelle stratégie. Le discours de Podemos surfe sur un certain sentiment anti-parti présent dans les mouvements de masse. Pablo Iglesias et d’autres dirigeants de l’initiative proclament que Podemos n’a pas un profil idéologique, que la formation n’est ‘‘ni de gauche ni de droite’’. Ils soulignent l’existence de ‘‘la casta’’, une caste corrompue de patrons et de politiciens capitalistes. Ils disent que ‘‘Podemos est le peuple’’ parce qu’il reflète sa volonté et parce que c’est la base qui se prononce concernant les décisions internes.

    Podemos représente bien la volonté d’une majorité des gens de punir les politiciens vendus et d’en finir avec l’austérité. Le peuple avec lequel les activistes des mouvements sociaux s’identifient est la partie du peuple qui subit l’impact de la crise (les travailleurs avec ou sans emplois, les jeunes, les pensionnés,…) et pas la partie qui en bénéficie (les capitalistes). Le phénomène de Podemos est l’expression d’un mouvement de classe sceptique vis-à-vis des partis et des syndicats, qui s’organise à l’extérieur des organisations traditionnelles des travailleurs. Cette ambiguïté et ce manque de clarté de Podemos par rapport à la classe sociale qu’il représente peut devenir un élément décisif entre la poursuite d’une ligne de rupture avec le capitalisme ou un ‘‘capitalisme à visage plus humain’’.

    Après un processus de formalisation de sa structure, une “assemblée citoyenne” (en ligne) s’est consolidée comme organe où les adhérents à Podemos peuvent choisir leur direction et se prononcer sur des décisions importantes. Le pouvoir réel de décision réside néanmoins au sein du noyau central de la direction, autour de Pablo Iglesias (secrétaire général) et de son équipe. Toute l’attention médiatique s’est concentrée sur lui ces derniers mois. Les ‘‘cercles’’, ou assemblées démocratiques locales, auraient pu servir de piliers fondamentaux à Podemos dans les quartiers et les lieux de travail. Cela aurait constitué une occasion précieuse d’impliquer activement les travailleurs à tous les niveaux de la formation. Par contre, les cercles limitent leur activité à voter pour des candidats et à lancer des idées pour le programme. Cette culture politique perpétue la vision de représentant faisant de la politique au nom du peuple.

    Un programme pour s’adapter au contexte ou pour le changer ?

    La Grèce illustre jusqu’où la classe dominante peut aller pour faire pression afin d’éliminer les points de programme les plus radicaux. Un processus similaire est à l’œuvre en Espagne avec Podemos. En 2014, Podemos est sorti des élections européennes avec un programme intégrant les revendications de divers mouvements sociaux. Mais dans le dernier document de discussion sur le programme économique, certains points du programme de base sont tombés ou ont été modérés. L’âge de la pension est ainsi passé de 60 à 65 ans, le droit à un revenu de base pour tous est devenu un plan d’urgence pour les familles et les personnes en exclusion, la position adoptée vis-à-vis de la dette publique est passée d’un audit citoyen destiné à délimiter la partie illégitime de la dette à ne pas rembourser à une restructuration de la dette coordonnée avec l’establishment et à une révision des conditions de payement, etc.

    L’argument en faveur de ces concessions programmatiques est qu’il faut être plus réaliste face au contexte actuel. Il est vrai qu’un programme doit tenir compte du contexte et des ressources disponibles. Le contexte actuel est celui de la crise capitaliste, de l’austérité, du remboursement de la dette et des diktats de la Troika. Ce contexte ne laisse aucune marge pour appliquer un programme basé sur les besoins de la majorité, il faut donc le changer afin de rendre possible les politiques nécessaires. Continuer à rembourser la dette signifie que l’argent dépensé ne sera pas investi dans la création d’emplois et dans le développement des conditions matérielles permettant une vie digne. Refuser de nationaliser les banques et les secteurs stratégiques de l’économie sous contrôle démocratique signifie que l’économie reste aux mains du marché et non au service de la population.
    Mariano Rajoy, le chef du gouvernement espagnol, a fortement réagi contre Alexis Tsipras durant les réunions de l’Euro-groupe dans le but de discréditer les revendications anti-austéritaires grecques, car il voit en Syriza ce que Podemos pourrait devenir en Espagne. La peur de la classe dominante face à cette contagion anti-austéritaire à d’autres pays d’Europe est énorme. La victoire de Syriza en Grèce a été précédée par de nombreuses années de néolibéralisme et par plus de 30 grèves générales. En février, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté pour soutenir le gouvernement Syriza et exiger une attitude ferme face à l’Euro-groupe.

    Grâce à la pression et à la mobilisation de la base, les politiques de rupture peuvent gagner le soutien large de la majorité. Le plan électoral n’est qu’une expression de la lutte des classes. Ne cédons pas à la pression pour limiter nos mouvements. Plus de 100.000 personnes ont participé à la ‘‘marche pour le changement’’ le 31 janvier dernier à Madrid à l’appel de Podemos. Son message était que : ‘‘Le changement qui semblait impossible auparavant est aujourd’hui de plus en plus proche. Il faut expulser la caste et récupérer les institutions pour le bien-être des gens ordinaires.’’ Une nouvelle vague de lutte intense en Espagne pourrait pousser Podemos vers la gauche et créer de nouvelles opportunités pour la résistance en Europe contre l’austérité. Socialismo Revolucionario (section espagnole du Comité pour une Internationale Ouvrière et organisation-sœur du PSL) défend un programme de transformation socialiste de la société et souligne le besoin de la mobilisation et de l’organisation des travailleurs, avec leurs propres outils politiques basés sur la démocratie ouvrière.

    (1) L’Espagne est le pays de l’OCDE où les inégalités ont le plus augmenté depuis le debut de la crise http://www.huffingtonpost.es/2014/03/18/espana-ocde-desigualdades_n_4984228.html

  • Podemos, le Syriza espagnol ?

    podemosL’élection d’un gouvernement dominé par Syriza en Grèce a encouragé les forces de gauche anti-austérité à travers toute cette Europe ravagée par la crise, et même bien au-delà. Mais ce n’est nulle part plus le cas qu’en Espagne, là où Podemos, une force considérée comme le «  Syriza espagnol », prend de plus en plus d’ampleur.

    Par Danny Byrne, Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO)

    Les sondages mettent régulièrement Podemos en première ou deuxième position avec plus de 20% de soutien, menaçant la survie du système bipartite espagnol construit autour du Parti Populaire et du PSOE. Plus de 100.000 personnes ont encore tout récemment participé à la « marche pour le changement » qui a eu lieu à Madrid à l’appel de Podemos le 31 janvier dernier. L’année 2015 verra de nombreuses élections dans l’Etat Espagnol et Podemos sera à n’en pas douter une force avec laquelle il faudra compter.

    Podemos prévoit que son score va inexorablement augmenter dans ces élections jusqu’au point culminant de la prise du pouvoir. Même si la possibilité d’une majorité absolue paraît très mince, du moins à ce stade, les deux principaux partis capitalistes espagnols – le PP conservateur et le PSOE ex-social démocrate – pourraient être forcés de former une « grande coalition » destinée à freiner l’avance de Podemos. Une telle manœuvre ne ferait qu’accélérer la spirale mortelle de ces deux partis, tout particulièrement concernant le PSOE.

    A l’instar de Syriza, Podemos a frappé les esprits de millions de personnes qui l’ont considéré comme un outil potentiel pour en finir avec le cauchemar de l’austérité en Espagne et réclamer une vie digne après des années de déchéance. Podemos pourra-t-il tenir ses promesses et satisfaire ces aspirations ?

    Podemos était au devant de la scène lors du rassemblement de clôture de la campagne de Syriza, son dirigeant Pablo Iglesias rejoignant Alexis Tsipras dans son discours final aux cris de «  Syriza, Podemos, Venceremos » (« nous allons gagner » en espagnol). Cependant, alors que Syriza provient d’une alliance de groupes de gauche, Podemos a émergé en tant que nouveau mouvement, séparé des partis de gauche traditionnels.

    A bien des égards, le succès de Podemos est un produit de l’échec des organisations traditionnelles de la gauche et du mouvement des travailleurs. Alors qu’une nouvelle période de lutte des classes intense et de changement radical survenait, les directions de ces organisations – en particulier Izquierda Unida (Izquierda Unida, IU) – ont continué les vieilles politiques de collaboration et d’accords avec le système et les partis du patronat. Ainsi, pour les millions de personnes en lutte contre l’austérité (en particulier ceux qui viennent du mouvement d’occupations Indignados), la gauche traditionnelle et les syndicats paraissent plus comme étant une partie du système que comme une force qui mène la lutte contre celui-ci.

    Podemos est apparu comme une alternative avec un programme de gauche anti-austerité et un programme pour annuler la dette illégitime. Il a employé beaucoup de la phraséologie et des revendications des Indignados et d’autres mouvements sociaux et ne traîne pas la casserole d’avoir géré le système dans le passé, ce qui le rend attractif pour la nouvelle génération.

    « Le peuple »

    Centré autour de Pablo Iglesias et d’autres universitaires de gauche, Podemos a insisté sur l’existence de « la casta » – une caste politique corrompue de politiciens capitalistes. Cela a exploité le sentiment massif de rejet du capitalisme, exprimé par les Indignados dans un sentiment anti-parti. Podemos déclare représenter l’entrée « du peuple » dans la politique, par-dessus la tête des politiciens discrédités.

    Ses dirigeants ont mis Podemos en avant non pas comme un parti dans le sens traditionnel du terme, mais comme un « espace participatif » par lequel le peuple d’Espagne peut faire entendre sa voix politique dans son ensemble. Son fondement organisationnel n’est pas un réseau de sections ou de comités de la base, mais des « assemblées citoyennes » ouvertes à tous les citoyens espagnols. La direction de Podemos est élue par des primaires sur internet. Plus tard, des votes seront organisés concernant les questions politiques importantes sur base de consultations en ligne. Plus de 300.000 personnes se sont inscrites pour y participer.

    D’après ses dirigeants, cela signifie que « Podemos est le peuple ». Certaines contradictions sont toutefois présentes. N’y a-t-il pas une partie du peuple qui, plutôt que de vouloir en finir avec l’austérité, veut au contraire la défendre ? Il y a assurément des gens qui en bénéficient, comme les grands banquiers et les actionnaires à qui l’odieuse dette publique est payée, et qui font aprtie du « peuple ». Il est crucial pour le mouvement anti-austérité de comprendre que le peuple qui a besoin d’une voix politique, ce sont les travailleurs, les chômeurs, les jeunes, les pensionnés, etc. En d’autres termes, la classe des travailleurs prise au sens large, dont les intérêts vont à l’encontre de ceux d’un autre « peuple » : la classe capitaliste.

    Pour les révolutionnaires socialistes, impliquer la classe des travailleurs dans la politique signifie de les rendre actifs au sein de structures démocratiques qui permettent la discussion, le débat et la prise de décision collectifs concernant la politique et la stratégie du mouvement. Cela signifie bien plus qu’un simple clic occasionnel dans une élection ou un référendum en ligne.

    Podemos a des centaines de « cercles », ou sections, dans tout le pays, mais elles ont un rôle symbolique en ce qui concerne son fonctionnement. L’absence de cercles de masse dans les quartiers et les lieux de travail pour servir de briques à la construction de Podemos signifie qu’en pratique, il fonctionne vraiment du haut vers le bas. Podemos a une direction très restreinte – autour du secrétaire général Iglesias – qui décide de tout.

    Démocratie ?

    Cette manière de fonctionner, tout en se parant de phraséologie démocratique, assigne à la masse du peuple un rôle passif. Il s’agit d’un obstacle à la construction d’une force politique véritablement démocratique et massive pour la classe des travailleurs espagnole.

    Des dizaines de milliers de personnes sont sorties en rue pour « la marche pour le changement » pour finalement être simplement renvoyées chez elles après qu’on leur ait dit de voter pour Podemos quand le temps serait venu ! Une telle mobilisation aurait dû servir de point de départ pour un mouvement de masse durable de manifestations et de grèves destiné à renverser le gouvernement et à mettre fin à l’austérité. Une potentielle victoire électorale ne représente qu’un épisode de ce processus.

    La question est loin d’être académique étant donné les affrontements avec le big business et la Troika que provoqueraient l’adoption de mesures anti-austérité (comme cela s’est vu en Grèce). Tout gouvernement de gauche ne peut appliquer que les politiques qu’il est capable de défendre dans la rue et sur les lieux de travail. La mobilisation et l’auto-organisation de la classe des travailleurs est une préparation précieuse pour une telle éventualité.

    Les dirigeants de Podemos, reflétant d’une certaine façon ceux de Syriza, ont également viré vers la droite à mesure que leur soutien montait. Le programme initial de Podemos était un programme radical de gauche, qui promettait un revenu décent universel pour tous, le droit au logement et la nationalisation des secteurs stratégiques de l’économie. Cependant, au cours de ces derniers mois, les dirigeants ont modéré leur rhétorique, laissant tomber des promesses-clé comme la retraite à 60 ans et le non-paiement de la dette au nom du « réalisme » et du « contexte » international qui rend ces projets impossibles.

    Il est vrai qu’il existe un « contexte » qui agit contre les mesures nécessaires pour en finir avec la misère des travailleurs. Ce contexte, c’est celui de la domination continue des multinationales et des banquiers. Les marchés et les institutions (nationales comme européennes) vont agir contre tout gouvernement qui essaie de gouverner en faveur du peuple. Cependant, au lieu d’accepter cela et d’adapter son programme à ce qui est possible dans ce cadre, les mouvements de masse de la classe des travailleurs contre l’austérité ont besoin de lutter pour transformer ce contexte et briser ce cadre !

    Des politiques socialistes

    Seule l’organisation et la mobilisation de la classe des travailleurs et l’arrivée d’un gouvernement de gauche armé d’une politique révolutionnaire socialiste visant à remplacer la dictature des marchés par une démocratie des travailleurs basée sur la propriété publique démocratique des richesses peut faire face à cette tâche. Un tel gouvernement se lierait à la classe ouvrière de Grèce, d’Irlande, du Portugal et de toute l’Europe pour construire une fédération socialiste sur les cendres de UE capitaliste.

    Socialisme Revolucionario, l’organisation sœur du Parti Socialiste de Lutte dans l’Etat espagnol, lutte pour organiser un pôle révolutionnaire de la gauche, des travailleurs et des mouvements sociaux en défense d’une telle stratégie.

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