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Tag: Paris
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Cameroun: Non à la dictature ! Non au RDPC !
Récemment, le RDPC, le parti du président du Cameroun, a convoqué une réunion à Liège. Mis au courant grâce à l’un de nos camarades camerounais, plusieurs membres du Mouvement pour une Alternative Socialiste se sont rendus à cette réunion pour protester contre la dictature et contre l’implantation d’une cellule locale du RDPC en région liégeoise.
Dictature et corruption sur le dos du peuple
La situation au Cameroun, comme d’ailleurs partout en Afrique, est particulièrement préoccupante. Depuis la fin des années ’60, le pouvoir est exercé par un seul parti, l’Union Nationale Camerounaise, devenue en 1985 le Rassemblement « Démocratique » du Peuple Camerounais. Il aura fallu attendre 1991 et de nombreuses révoltes et émeutes contre la dictature pour qu’un multipartisme de façade soit instauré.
Cependant, lors des élections de 1992, le président Paul Biya, au pouvoir depuis 1982, a réussi à se maintenir à la tête du pays en truquant les élections, comme il le fait toujours d’ailleurs. Son pouvoir est exorbitant. Entre autres :
- il est le président du parti majoritaire absolu au parlement, et chef du gouvernement,
- il nomme, récompense ou punit les magistrats,
- en tant que chef suprême des forces armées, il gère directement la police et la gendarmerie,
- il nomme les emplois civils et militaires,
- il nomme le conseil constitutionnel, la cour des comptes, ceux qui vérifient le bon déroulement des élections,…
Il faut ajouter à cela le contrôle des journaux, des radios, de la télévision…
Les études de l’ONG Transparency International font ressortir que cette dictature a deux fois été le N°1 mondial en terme de corruption (en 1999 et 2000). En 2006, le Cameroun n’était « plus » que 25e sur 163 pays… Le journal “The African Independent” a par exemple dénoncé le fait que l’ancien directeur des impôts aurait acheté son poste de ministre des finances pour 2 milliards de francs CFA (un peu plus de 3 millions d’euros). En 2004, plus de 50% des ménages camerounais ont reconnu avoir versé au moins un pot-de-vin.
Toujours d’après Transparency International, en 2005, chaque ménage camerounais aurait dépensé environ 102.500 francs CFA (156 euros) en moyenne en pot-de-vin. Cela représenterait de un tiers à un cinquième des revenus des ménages les moins aisés. Selon Christol Georges Manon, président de l’Observatoire de lutte contre la corruption au Cameroun, 40% des recettes enregistrées chaque année ne servent pas le développement pour cause de corruption. La dictature a bien tenter de donner le change, mais comme le dit un avocat camerounais: « les poissons ne peuvent pas voter un budget pour l’achat des hameçons »…
Les multinationales et entreprises occidentales ne sont pas étrangères à ce processus. Le parquet de Paris a par exemple ouvert un enquête contre Total pour soupçons de corruption dans l’exploitation et la commercialisation de pétrole au Cameroun.
Les violations des droits de l’homme sont monnaie courante dans ce pays où la peine de mort est toujours d’actualité. En 2005, un exemple a particulièrement ému l’opinion internationale, celui d’une dizaine de gays camerounais emprisonnés à cause de leur orientation sexuelle différente. L’homosexualité est en effet considérée comme une infraction… Des idées que l’ont pourrait retrouver sans aucune difficulté au Front National par exemple. Il est vrai que Chantal Biya, la femme du président, est en excellents termes avec Jany Le Pen, et a d’ailleurs souhaité bonne chance à Jean-Marie Le Pen pour les élections…
Une réunion fort révélatrice…
Alors que la réunion à Liège devait commencer à 17h00, la délégation officielle n’est arrivée que sur le coup de 21h00…
Nous avons mis à profit ce long temps d’attente pour discuter avec la cinquantaine de Camerounais qui s’était déplacée. La majorité des présents étaient là pour demander des comptes aux représentants du pouvoir en place, chose qu’ils ne peuvent pas faire au pays sous peine d’emprisonnement dans des conditions extrêmements pénibles. Nous avons été très bien reçu avec nos pancartes « Non à la dictature, non au RDPC » et « Non à la Répression Dictatoriale du Peuple Camerounais », comme en témoigne la diffusion de notre mensuel, l’Alternative Socialiste, parmi la communauté camerounaise présente. Les messages de solidarité ont fusé des deux côtés, sous quelques regards un peu plus sombres…
Quand enfin la délégation officielle est arrivée, nous sommes également rentrés, silencieux, mais en brandissant toujours fièrement nos pancartes. Une discussion vive et animée s’est engagée et la police a été appelée, sous les protestations d’une partie des participants. Le temps que nous soyons jetés dehors, nous avons toutefois pu voir comment était orientée la discussion de la tribune.
L’orateur a pris la parole sans un mot d’excuse pour les 4 heures de retard, avant qu’un Camerounais indigné ne lui fasse la remarque. Pour beaucoup, c’était assez révélateur de la manière dont les choses se passent au Cameroun : on traite la population comme autant de chiens galeux, aucune raison de s’excuser de quoi que ce soit… Ensuite, les personnes présentes ont pu voter pour la seule et unique liste de responsables de la section locale qui était constituée, selon les remarques ironiques de notre camarade, majoritairement d’étudiants qui voient dans ces fonctions une manne d’argent pour faire face au coût des études qu’ils ont entrepris en Belgique.
C’est à ce moment que la police est arrivée, avec le responsable du local, bien désolé de se rendre compte un peu tard qu’il avait loué la salle à un parti dictatorial.
Quel droit avons-nous de critiquer ?
Comme nous l’ont fait remarqué certains, la Belgique est mal placée pour donner des leçons sur beaucoup de points (Charleroi, entre autres exemples, a désormais une renommée internationale…). Cependant, nous ne nous définissons pas comme des moralisateurs attachés à la Belgique, mais comme des activistes politiques attachés au sort des travailleurs, quelles que soient leurs nationalités. C’est-à-dire contre les Etats, belges ou camerounais, qui ne servent qu’à préserver l’ordre établi et l’exploitation.
S’il est vrai que la situation est bien différente en Belgique, il faut aussi voir d’où cela vient. Et là, il faut constater que la richesse d’un pays ne veut pas dire nécessairement la richesse d’une population et qu’elle se construit souvent sur le dos d’autres pays. Que dire de la colonisation du Congo par exemple ? On parle peu en Belgique de l’exploitation gigantesque qui a assassiné plusieurs millions de Congolais uniquement sous Léopold II.
Vis-à-vis du Cameroun, l’activité de certaines entreprises belges, sous le silence complice de nos dirigeants, révèle un cynisme extraordinaire. Une étude réalisée au Cameroun précise par exemple que la Belgique est le deuxième pays exportateur de poulets congelés vers le Cameroun. Ces exportations sont un véritable drame pour toute l’Afrique de l’Ouest qui voit ces arrivages de Belgique ou d’ailleurs inonder les marchés locaux à des prix 2 ou 3 fois moins chers. Conséquence : la pauvreté augmente de façon gigantesque en parallèle avec les problèmes de santé de la population.
Autre exemple, chez nous cette fois : une jetée a été construite à Nieuport – avec l’aval des autorités flamandes – en azobé, un bois en provenance du Cameroun. Problème : il ne s’agit pas de bois certifié, c’est-à-dire que la coupe a été faite de manière illégale et dans une région à la biodiversité exceptionnelle où vivent des populations subsistant directement de la forêt. Ces abattages illégaux auraient déjà fait perdre 75 millions d’euros de taxe au Cameroun. Il faut dire que la population n’aurait de toute façon pas trop vu la couleur de ces taxes et que la corruption du pays encourage ce genre de pratiques… Le relatif bien-être que nous avons dans les pays dits développés se fait en partie sur le dos de l’exploitation des populations du Tiers-Monde. Cela rend-t-il nos gouvernements moins odieux ?
Contre cette logique de profit qui mène la planète à la catastrophe, nous opposons la lutte et la solidarité des travailleurs pour une autre société, une société socialiste.
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La France: A ceux qui veulent précariser les jeunes nous répondons: Résistance!
Ces dernières semaines, un mouvement d’une rare ampleur mobilise les jeunes en France. Les manifestations du 18 mars ont rassemblé 1,5 million de personnes. Et les travailleurs entrent de pleinpied dans ce mouvement lancé par les étudiants!
Stephane Ramquet
Le CPE (contrat première embauche) permettra de licencier un jeune de moins de 26 ans pendant deux ans sans aucun motif. Cette mesure antisociale du gouvernement Villepin vise à instaurer une concurrence entre travailleurs afin de faire baisser les salaires et les conditions de travail. Le CPE ne créera aucun emploi! Il ne fera que remplacer les Contrats à Durée Indéterminée par des emplois précaires!
Les étudiants ont compris qu’ils en seraient les futures victimes et ils ont immédiatement réagi! A travers des assemblées générales, les étudiants ont déclaré la grève jusqu’au retrait du CPE. Désormais, soixante-huit universités sont bloquées et occupées, ainsi qu’un quart des lycées!
Les étudiants, organisés dans la Coordination Nationale des Etudiants, et les lycéens étaient massivement présents lors de la manifestation du 18 mars et formaient le principal du cortège. Les mots d’ordre des étudiants en lutte – qui réclament l’annulation totale du CPE et qui appellent à la grève générale – débordent largement ceux des syndicats étudiants.
Les syndicats de travailleurs (CGT, CFDT, FO,..) étaient cette fois venus en nombre à la grande manifestation du 18 mars réclamant la suppression du CPE. L’attitude des directions syndicales, peu enclines à lancer la grève générale, tranche avec la détermination des travailleurs et des délégués de base sur lesquels plane la menace d’un « contrat senior ».
De leur côté, le PS et le PC limitent leur « action » à une joute parlementaire. Ils se profilent comme les meilleurs garants de la « paix sociale » et ne voient dans le mouvement qu’un tremplin pour les élections de 2007.
Le gouvernement est resté de marbre, même après la gigantesque mobilisation du 18 mars, et les CRS ont attaqué les manifestants rassemblés Place de la Nation et les étudiants massés devant la Sorbonne pour qu’on leur rende leur faculté.
Nos camarades de la Gauche Révolutionnaire, notre organisation soeur en France, étaient présents lors de la grande manifestation du 18 mars avec leurs journaux, leurs tracts, etc. La foule était très réceptive et leur intervention fut une réussite. Une quinzaine de camarades belges sont venus à Paris et à Lille pour leur prêter main forte.
Mais la grève et les manifestations des étudiants et lycéens ne suffiront pas à faire plier ce gouvernement au service des patrons. Frappons-les là où ça leur fait mal: leurs profits, à travers la grève générale!
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ÉNERGIE: Nos intérêts ne sont pas les leurs
Un sommet européen vient de se tenir à Bruxelles. Au menu: la politique énergétique. Le consommateur, à l’heure des grandes manoeuvres spéculatives, y trouvera t-il- son compte? On peut en douter…
Xavier Dupret
Energie: du monopole public au monopole privé…
La construction européenne, basée sur le libre-échange, a entrepris, dès 2002, le démantèlement des monopoles nationaux en vigueur dans les Etats-Membres. Le projet européen de libéralisation des marchés de l’électricité et du gaz poursuit plusieurs objectifs: favoriser l’émergence d’un marché européen de l’énergie unifié, accroître la compétitivité des entreprises européennes du secteur de l’énergie face à leurs concurrents internationaux, faire profiter les consommateurs (professionnels en particulier) des baisses de prix sur le marché de l’énergie entraînées par la restauration de la libre concurrence. On fera remarquer, dès le départ, que la baisse des tarifs concerne en priorité les gros consommateurs (les entreprises).
En laissant les coudées franches à de grands groupes, on risquait de favoriser l’apparition de monopoles privés au niveau européen, non sans conséquences d’ailleurs. « Les résultats observés sur les marchés européens sont mitigés au regard des objectifs initiaux : forte volatilité des prix de l’électricité sur plusieurs marchés européens, recrudescence croissante des incidents » (1.) Ce genre de remarque permet de voir où le bât blesse. C’est qu’avant la libéralisation, l’existence de monopoles trouvait son explication dans les investissements nécessaires à la mise en oeuvre de la production d’énergie. Au total, la libéralisation aura juste permis un transfert de propriété du public vers le privé. A la clé: une perte de contrôle démocratique sur le secteur de l’énergie.
Electrabel: la poule aux oeufs d’or
La libéralisation a eu très vite ses effets sur le marché intérieur belge. C’est ainsi qu’Electrabel est passé sous le contrôle de Suez pour en devenir le pôle d’électricité. Le passage a été progressif. Au départ, Suez, groupe de service aux collectivités et spécialisé dans l’énergie, détenait déjà 50,1% des parts de la société belge. En août 2005, les actionnaires minoritaires ont été dégagés et Electrabel est passé sous le contrôle total de Suez. Cette stratégie de consolidation répondait à un souci de protection. Enel (Ente Nazionale per l’Energia Elettrica), la société nationale italienne d’électricité, principal producteur d’énergie électrique du pays, a fait connaître son souhait de se porter acquéreur d’Electrabel qui est très rentable puisque ses centrales sont amorties depuis longtemps.
Evidemment, pour capter Electrabel, il fallait passer par Suez qui n’a jamais voulu lâcher la poule aux oeufs d’or. Résultat des courses : après avoir fait l’objet d’une tentative de rachat par ENEL, Suez a décidé de fusionner avec Gaz de France (GDF). Suez restera français, Electrabel aussi.
De l’eau dans le gaz en Belgique
Outre l’électricité, Suez est également, en Belgique, à la tête du principal réseau de stockage et de distribution de gaz, via ses filiales Fluxys et Distrigaz. Le projet de fusion avec GDF -qui vend du gaz en direct en Belgique et qui y est aussi le second producteur d’électricité via sa filiale SPE (qu’il contrôle avec le britannique Centrica) – aboutirait, donc, à la création d’un monopole énergétique. Evidemment, les garanties pour le consommateur sont des plus minces. L’Europe du libre marché n’aura pas eu pour effet, chez nous, d’accroître la concurrence, bien au contraire. Et à quelques mois des communales, ça fait désordre. D’où l’intervention du Premier Ministre. Les pistes avancées sont soit une cession d’actifs en Belgique par GDF et Suez soit le démantèlement pur et simple d’Electrabel. La solution préconisée par les libéraux flamands – et les écologistes francophones ! – tendrait plutôt à casser Electrabel avec toutes les conséquences qu’on peut imaginer. Car si le secteur belge de l’électricité devait se caractériser par un grand nombre d’opérateurs individuels, le principe de concurrence reposerait aussi par une renégociation des acquis des travailleurs du secteur, compression des coûts oblige. Pour rappel, le bénéfice d’Electrabel a grimpé de 60,4% l’année dernière. Décidément, cette Europe n’est pas la nôtre…
(1) 10ème session du cycle de conférences de politique énergétique organisé conjointement par le Commissariat général au Plan, Paris, février 2004
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Rapport de l’action de solidarité avec la lutte des jeunes en France contre la précarité
Ce mardi 28 mars était une journée historique en terme de mobilisation en France. Près de 3 millions de personnes, étudiants, chômeurs, travailleurs confondus ont défilé dans les rues de l’hexagone pour protester contre la loi de régression sociale dite de « l’égalité des chances ».
Les Etudiants de Gauche Actifs
Les Etudiants de Gauche Actifs soutiennent vigoureusement cette lutte contre la précarisation de l’emploi et ont tenu à organiser un rassemblement devant le consulat de France à Bruxelles afin de concrétiser leur soutien (d’autres sont allés manifester dans les rues de Lilles ou de Paris) et de protester contre le démantèlement social que subit l’ensemble de l’Europe.
Plusieurs communiqués de presse avaient été envoyés et nous avions mobilisé pendant deux semaines et notamment à la manifestation contre le décret Simonet avec un tract faisant un lien entre les attaques que l’enseignement subit ici en Belgique et celles mises en place en France pour l’emploi des jeunes.
Nous étions pourtant qu’une petite vingtaine (étudiants de la VUB, de l’ULB, de la Haute Ecole de la Poste, et travailleurs) devant le consulat, mais sans aucun doute, combatifs et déterminés (sous les slogans de « non à la précarité, étudiants , travailleurs solidarité » ou encore « résistance internationale contre l’Europe du capital »).
Il est important de montrer une solidarité internationale face aux attaques qui nous touche tous. En effet, le pacte des générations, celui contre les chômeurs, les attaques dans l’enseignement, etc.… ne sont pas des mesures isolées mais se retrouvent dans un contexte d’attaques néolibérales appliquées au niveau européen. Et c’est à l’échelle internationale que nous devons nous y opposer.
Ci dessous la lettre donnée au consulat:
Bruxelles, le 27 mars 2006
Les Etudiants de Gauche Actifs
Tel : 0497/92.12.63
Site web: www.gauche.be
Email: ega@gauche.beMadame, monsieur
Le cercle des Etudiants de Gauche Actifs de toutes les universités et hautes écoles de Belgique, et les personnes venues appuyer leur lettre, tiennent à vous faire part de leur total désaccord avec la loi dite pour l’égalité des chances. Cette loi n’annonce que précarisation, flexibilité, avenir misérable pour les jeunes, et n’est que le reflet d’une politique ultra-libérale appliquée partout en Europe et dans le monde. Cette politique qui ne profite qu’au patronat nous la refusons. Nous trouvons également scandaleuses les méthodes répressives employées pour discréditer et museler l’opposition criée par les jeunes et les travailleurs.
Le gouvernement français n’a le droit de rester sourd à ce mouvement de contestation qui traverse sont pays. Il est clair que la majorité de la population s’oppose au moins au CPE.
Si ce gouvernement refuse de retirer cette mesure, c’est qu’il ne représente nullement son pays. Le mot d’ordre de la coordination nationale étudiante appelant à la démission du gouvernement nous semble des plus légitimes en ce sens.
Nous constatons que partout en Europe (et certainement dans le reste du monde) des attaques visant à reprendre nos acquis sociaux sont lancées. La précarisation de la vie et du travail se fait ressentir de plus en plus clairement. Face à ce démantèlement social nous nous devons de réagir. C’est pourquoi nous soutenons vigoureusement la lutte des étudiants, des lycéens et des travailleurs contre cette loi de plus, synonyme de régression sociale.
Salutations socialistes,
Les Etudiants de Gauche Actifs
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Paris: des centaines de milliers de manifestants contre le CPE
France
Ce 18 mars avait lieu dans toute la France des manifestations pour dénoncer le train de mesures asociales du CPE (Contrat Première Embauche) . Selon les médias, il y avait des manifestations dans plus de 150 villes. La CGT estime que 1.5 millions de gens ont manifesté dans les rues de France.
Vincent Devaux
Cela fait bien longtemps qu’il n’y a plus eu de mobilisations aussi massives en France et malgré que la contestation soit présente depuis des semaines, cela ne pourrait bien être que le début d’un mouvement plus large si De Villepin et le gouvernement Chirac s’entêtent dans leur ligne arrogante de détricotage social.
Rien qu’à Paris le cortège aurait compté plus de 350.000 personnes. Alors que les gens en fin d’après-midi terminaient le défilé Place de la Nation, d’autres ne l’avaient toujours pas commencée et étaient toujours sur la place Denfert-Rochereau, le point de rendez-vous à 6km de là. La mobilisation était immense et toutes les tranches d’âges dans la société étaient présentes.
Tout le monde se rend compte que la précarisation est générale. Beaucoup de gens font également le parallèle avec mai 68 ; il est clair que la récente occupation de la Sorbonne y est pour quelque-chose ; elle est devenue un symbole de résistance contre l’arrogance du gouvernement Chirac. Egalement, c’est le mouvement étudiant et lycéen par son ampleur, sa capacité d’organisation qui a amené des secteurs plus larges de la population dans les rues. Si elles seront les premières victimes du Contrat Première Embauche, les mesures du gouvernement Chirac toucheront également les moins jeunes, par exemple au travers des « Contrats Séniors ».
La Coordination Nationale des Etudiants formait la tête du cortège – malgré les essais de récupération bureaucratique par l’UNEF- principal syndicat étudiant en France- et était bien plus importante que cette dernière. Etudiants et lycéens mis à part on pouvait noter la présence des syndicats (majoritairement la CGT, mais également la CFDT, FO,…), mais également une délégation d’une organisation de parents, des délégations de sans-papiers (la coordination nationale des sans-papier était présente), les Intermittants du spectacle,…
Beaucoup de personnes « non-organisées » étaient présentes dont beaucoup de travailleurs et de personnes plus âgées. Dans le cortège on pouvait entendre une délégation chanter « La Sorbonne on l’a gagnée, la Sorbonne on la gardera ». D’autres slogans traduisaient la rage envers le gouvernement et le patronat : « À ceux qui veulent précariser les jeunes, les jeunes répondent : "Résistance !" », « Villepin t’es foutu, la jeunesse est dans la rue » , « Villepin Démission », certaines délégations avançaient le mot d’ordre de grève générale mais en tout cas le mot d’ordre principal qui ressortait clairement dans toute la manif était le « Retrait du CPE ».
Notre organisation soeure en France, La Gauche Révolutionnaire, est intervenue avec ses journaux et des tracts, aidée par des camarades venus de Belgique. Les gens étaient en tout cas très curieux et très demandeur vis-à-vis de tracts, ce qui peut être expliqué par un processus d’une politisation qui va au delà d’une simple radicalisation et de recherche d’alternative –la gauche institutionnelle étant discréditée-.
Dominique de Villepin est désormais sous une énorme pression; il est clair qu’il ne pourra pas maintenir une position aussi inflexible telle que jusqu’ici. Son taux de popularité est en baisse; il n’a plus que 37% d’opinion favoribale soit une baisse de 16 % en deux mois. Selon un sondage, actuellement 68% des français veulent le retrait du CPE ; ce qui entre en contradiction avec les propos hypocrites du gouvernement qui voudraient faire passer « les masses silencieuses » pour des gens qui seraient favorables au CPE.
Les syndicats ont prévu de se réunir ce lundi pour décider de l’appel à la grève afin d’obtenir le retrait du CPE. La semaine va redémarrer dans les lycées et les unifs par des assemblées générales pour décider de la suite des mobilisations Une grande journée de mobilisation est déjà prévue pour jeudi prochain (le 23). La mobilisation doit s’élargir et l’appel à la grève dans les usines doit être utilisé pour prendre à la gorge le patronat et son bras armé gouvernemental dans ce qu’il lui est le plus chèr: les profits.
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Il y a 135 ans. La Commune de Paris
Le 18 mars, il y aura 135 ans que naissait la Commune de Paris, la première démocratie ouvrière que le monde ait connue. Mais qu’était exactement cette Commune et quels enseignements pouvons-nous encore en retirer? Nous publions une version raccourcie d’un dossier de Peter Van der Biest.
Peter Van der Biest
La naissance de la Commune
Le matin du 18 mars 1871, Paris se réveille au cri de « Vive la Commune », C’est le résultat des bouleversements qui ont secoué la France au cours des six mois précédents.
En juillet 1870, l’empereur Napoléon III a déclaré la guerre à la Prusse, l’Etat qui domine la Confédération allemande. Cette guerre se transforme rapidement en déroute militaire. L’empereur doit abdiquer tandis que les troupes prussiennes font une percée en direction de Paris et finissent par dresser leur campement aux portes de la ville. Plutôt que d’armer les travailleurs parisiens pour continuer la résistance, le nouveau gouvernement républicain français dirigé par Adolphe Thiers préfére accepter la défaite fin janvier. La Prusse exige des indemnités de guerre gigantesques.
Aux yeux des Prussiens mais aussi du beau monde français, Paris apparaît toujours comme un danger. Elle a conclu une trêve avec la Prusse mais ne s’est pas rendue. Les travailleurs s’y sont armés et veillent attentivement à ce qu’aucun Prussien ne traverse la ligne de démarcation fixée. Paris est affamée, tourmentée par les maladies et la misère provoquées par guerre, mais l’esprit révolutionnaire y souffle toujours aussi fort qu’avant.
Dès lors, la tentative du gouvernement de Thiers pour désarmer les Parisiens est ressentie comme une véritable provocation. Elle montre aux Parisiens que la nouvelle République n’est déjà plus la leur et que les grands discours républicains ne servent que de camouflage aux ennemis du peuple et aux traîtres à la nation : les grands propriétaires fonciers et les riches bourgeois qui constituent le gouvernement de Thiers préparent, dans les coulisses, le rétablissement de la monarchie antidémocratique.
La tentative de Thiers aboutit au résultat inverse de celui qu’il souhaitait : une révolte armée chasse les troupes gouvernementales de la capitale. Le 18 mars, le Comité Central de la Garde Nationale, une milice populaire forte de plus de 165.000 membres, prend la direction provisoire de la ville. Il vote immédiatement l’établissement de la Commune, un type de conseil communal marqué par la démocratie directe. Cette Commune trouve son inspiration dans la première Commune créée en 1792, lorsque la Révolution Française était sous le feu de tous les côtés et que les masses populaires avaient pris temporairement le pouvoir à Paris.
Mais dans le Paris de 1870, les « masses populaires » ne sont plus la masse socialement sans formes de 1792. Le développement d’une société industrielle et moderne a fait en sorte que, depuis les années 1850, les salariés sont devenus la couche populaire la plus importante dans la capitale française.
La mise sur pied de la Commune signifie donc le passage du pouvoir politique aux travailleurs et à leurs alliés, comme le confirment les élections du 26 mars 1871. Même si celles-ci se tiennent sous le mode de suffrage restreint et élitiste datant de l ‘époque de Napoléon III, sur les 229.167 voix émises, les candidats de gauche en récoltent 190.000 tandis que les candidats antirévolutionnaires n’en obtiennent que 40.000.
Démocratie ouvrière
La Commune incarne pour la première fois une véritable démocratie ouvrière. Chaque élu doit tout au long de son mandat rendre des comptes à l’assemblée qui l’a élu et est, de plus, révocable à tout moment par cette même assemblée. Cette aspiration populaire à la vraie démocratie se concrétise ainsi en une nouvelle forme d’Etat.
Le changement est fondamental. Le nouveau pouvoir ne s’appuie plus sur une armée permanente placée sous la dictature antidémocratique d’officiers arrogants, autoritaires et bornés. La population en armes élit ses propres officiers et les soumet eux aussi à une révocabilité permanente.
La Commune en finit également avec la une vision de la politique comme domaine de chasse réservé à des carriéristes qui pensent avant tout à se remplir les poches. La rémunération des élus est limitée au salaire moyen d’un travailleur qualifié. Ici aussi, la révocabilité permet de limiter les possibilités de corruption. En outre, la Commune en finit avec toutes les anciennes barrières élitistes en permettant à chaque travailleur d’accéder à chaque mandat. Parallèlement, la rotation de toutes les fonctions sert de remède à la pétrification bureaucratique.
Enfin, la Commune en finit avec les ministres tout-puissants trônant à la tête d’administrations coûteuses à l’abri de tout contrôle. Les décisions sont exécutées par des commisssions composées de Communards et présidées chacune par un délégué désigné par la Commune. Il n’y a donc plus de séparation entre le pouvoir exécutif (le gouvernement) et le pouvoir législatif (le parlement). C’est la Commune elle-même qui a la responsabilité d’exécuter elle-même ses propres décisions. Ces mesures seront reprises par la suite lors de toutes les tentatives faites par les travailleurs pour instaurer leur propre pouvoir.
Mesures sociales de la Commune
La courte durée de vie de la Commune a réduit sa marge de manoeuvre pour appliquer des réformes économiques anticapitalistes. Mais ce qu’elle a réussi à réaliser est la preuve qu’elle était sincère quand elle affirmait que son drapeau était ‘celui de la république mondiale du travail’.
Le travail de nuit est aboli dans les boulangeries, un système d’amendes imposé aux entreprises qui cherchent sous divers prétextes à diminuer les salaires, la vente des propriétés mises en gage est annulée et les outils que les travailleurs ont dû mettre en gage leur sont rendus. La Commune désigne une commission chargée d’examiner les possibilités de transférer les lieux de travail abandonnés par les capitalistes aux coopératives organisées par les travailleurs.
Par contre, la Commune ne trouve pas le temps de mettre en oeuvre une réforme profonde de l’enseignement. Mais en abolissant les contraintes religieuses à la conscience et en accordant gratuitement les livres et le matériel scolaire aux éleves, la Commission d’enseignement indique que, selon ses convictions, l’intérêt des salariés l’emporte sur celui de l’eglise et des possédants.
D’une ville où des souteneurs mettent sur le trottoir des milliers de prostituées intoxiquées à l’opium et où le cambriolage, le vol et l’assassinat sont monnaie courante, Paris se transforme, sous la protection des travailleurs en armes, en un endroit où l’on peut se balader paisiblement et sans crainte avant comme après le coucher du soleil.
Limites et erreurs
Que le conseil communal d’une ville de deux millions d’habitants réussisse à accomplir autant en 70 jours, et de plus en pleine guerre, donne à réfléchir quand on compare son action avec les palabres sans fin qui se mènent aujourd’hui dans des assemblées parlementaires à l’abri du contrôle du public et, en plus, souvent sans résultats concrets.
Mais l’action de la Commune reste incomplète. Au lieu de lancer les Parisiens à l’assaut du gouvernement de Thiers qui s’est réfugié dans la ville voisine de Versailles, les Communards s’enferment dans Paris. Si la Commune avait nettoyé à fond ce bourbier politique, elle aurait pu affirmer sa force face au reste de la France, qui restait aux deux-tiers composé d’une population paysanne souvent conservatrice et ignorante.
Les Communards ne touchent pas non plus à la Banque Nationale. La prise de celle-ci aurait pourtant permis de saisir à la gorge les Versaillais et de mettre à la disposition de la Commune des moyens énormes en faveur des réformes économiques et sociales.
La Commune vivra !
Mais les Communards ne peuvent pas compter sur autant de générosité de la part de leurs adversaires. Adolphe Thiers manigance avec le chancelier prussien Bismarck pour obtenir que lui soient remis les prisonniers de guerre français afin de pouvoir les utiliser contre les Parisiens.
Fin avril, Thiers lance l’assaut militaire sur Paris. L’offensive est sanglante. Le 21 mai, les Versaillais réussissent à pénétrer dans la ville. Durant la Semaine Sanglante du 21 au 28 mai, lors des batailles sur les barricades, la répression contre les Communards est terrible. Les blessés sont sauvagement achevés. Les femmes sont massacrées tout autant que les hommes. Selon les estimations, entre 20.000 et 30.000 Parisiens tombent sous le feu des Versaillais.
Les Versaillais ont écrasé avec une brutalité sans équivoque Paris en tant que capitale révolutionnaire mondiale. Mais les traditions créées par la Commune et son rôle historique pionnier pour le mouvement ouvrier n’ont pas pu être effacés. Quand le mouvement ouvrier recommencera à s’organiser en parti politique indépendant, il saluera à nouveau les Parisiens de 1871.
Vive la Commune !
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France. Etudiants en lutte: l’avenir des jeunes plus que jamais menacé
Rapport d’un participant
La France est secouée par les mobilisations étudiantes et lycéennes contre la « loi sur l’égalité des chances »… d’être exploité. AJB, membre d’Etudiants de Gauche Actifs (EGA/ALS) et du Mouvement pour une Alternative Socialiste (MAS/LSP), est parti en France, conscient que ces luttes sont dirigées contre un ennemi commun à tous, par-delà les frontières : le néo-libéralisme et le capitalisme qui l’a engendré.
Propos recueillis par Nicolas Croes
- Paris: des centaines de milliers de manifestants contre le CPE
- France. Contrat Promotion Esclave!
- Pour une grève tous ensemble, jeunes et travailleurs. Retrait du CPE
- Tracts, déclarations,… de la Gauche révolutionnaire
Peux-tu nous expliquer ce qu’est cette loi sur l’égalité des chances ?
Il s’agit d’une attaque sans précédent, orientée contre les jeunes, mais qui concerne l’ensemble des travailleurs. Ce projet de loi est constitué de trois parties: la possibilité d’aller en apprentissage dès 14 ans, celle d’effectuer du travail de nuit dès 15 ans, et la dernière partie est le fameux Contrat Première Embauche (CPE). Selon le CPE, tout jeune pourra, jusqu’à 26 ans, être licencié sans justification durant les deux premières années qui suivent son embauche. En cas de licenciement, après trois mois d’attente, il pourra de nouveau être engagé aux mêmes conditions… De quoi apprendre à accepter n’importe quoi sous la menace constante de se retrouver sans emploi à tout moment !
Cela a évidemment mené à des actions de protestation…
Oui, qui ont atteint une ampleur qui n’est pas sans rappeler mai 68. Je suis arrivé à Paris ce mardi 7 mars au matin, juste à temps pour participer aux manifestations contre le CPE qui se sont déroulées partout en France et qui ont fait battre le pavé à plus d’un million de personnes à travers l’hexagone, dont 150.000 à Paris.
Dans une ambiance peu commune on imagine.
Il est assez difficile de se représenter ce que cela peut être quand on vient de Belgique. La grande majorité des manifestants étaient des jeunes, étudiants ou lycéens, et la combativité était très grande, même si elle variait selon les facultés. Certaines revendiquaient le retrait de la totalité du projet de loi, d’autres uniquement le retrait du CPE, au cri de «C comme chômage, P comme précarité, E comme exploitation : retrait du PCE, retrait du CPE !». J’étais déjà venu pour les mobilisations du 7 février qui avaient réuni 45.000 jeunes à Paris, et plus ou moins 400.000 dans toute la France, et ce en plein congé scolaire, ce qui rendaient impossibles les descentes d’information dans les écoles. La fac’ de Rennes était déjà occupée à ce moment.
Qu’en est-il aujourd’hui ?
Ce vendredi 10 mars, 42 facultés étaient occupées, sur les 80 que compte le pays. Plus de la moitié donc, et une faculté non occupée n’est pas une faculté non mobilisée!
Que s’est-il passé après la manif’ ?
Nous nous sommes réunis à la faculté de Jussieux. Enfin, il a tout de même fallu passer au-dessus des grilles que les vigiles avaient placées… Nous étions à peu près 200 étudiants et une cinquantaine de lycéens. Etaient présents également quelques jeunes travailleurs précaires. La majeure partie de ces jeunes les plus motivés étaient syndiqués à l’UNEF (Union Nationale des Etudiants Français) ou au syndicat SUD et organisés dans des organisations politiques comme la Confédération Nationale du Travail (CNT), la Ligue Communiste Révolutionnaire (LCR), la Jeunesse Communiste (JC) ou encore Lutte Ouvrière (LO). Ils composaient environ 75% de l’assemblée. J’espérais retrouver des camarades de la Gauche Révolutionnaire (organisation-sœur du MAS en France), mais, dans la capitale, ils étaient principalement à Paris 8.
A cette réunion, il a été décidé de faire des descentes dans les autres facultés le lendemain pour en bloquer un maximum. A chaque fois, les blocages ont été votés à une bonne majorité.
Et ensuite?
Le jeudi matin, je suis allé à une des facultés les plus mobilisées, celle de Nanterre, qui était occupée. Tout y était bloqué, y compris la fac’ de droit (ce qui n’était plus arrivé depuis au moins une quinzaine d’années). Là, j’ai rencontré l’UNI…
L’UNI ? Qu’est-ce c’est ?
Il n’y a pas que les organisations de gauche qui sont présentes dans les facultés, les partisans de la chasse aux pauvres du gouvernement sont aussi présents. En fait, l’UNI est un mouvement de jeunes de droite, proche de Sarkozy, qui comprend une aile d’extrême-droite. Mais bon, quand on entend Sarko dire qu’il voulait nettoyer les banlieues au Karcher, on comprend qu’une proximité puisse exister entre ses partisans et ceux de Le Pen. Mardi, ils étaient une vingtaine à avoir fait le tour des blocages en chantant la Marseillaise en faisant le salut nazi. A cela, les grévistes répondaient « Nanterre, Précaires, on est tous solidaires ! » et en chantant l’Internationale.
Ils ont réussi à rentrer à l’intérieur d’un bâtiment occupé, aidés par une dizaine de vigiles (en tout, ils ne devaient pas être plus d’une vingtaine). Une centaine d’étudiants en droit qui voulaient avoir cours en ont profité pour rentrer aussi. Finalement, ils ont été repoussés après une lutte entre grévistes et membres de l’UNI.
Ceux-ci en sont restés là ?
Non. Ils ont réussi à regrouper un millier de d’étudiants, venus à l’appel de « contre le blocage », et ils ont participé à l’Assemblée Générale de la faculté. En fait, si beaucoup de jeunes sont contre le CPE et la « loi pour l’égalité des chances », beaucoup s’opposent également aux blocages. Et là, dans les discussions, la situation a été complètement retournée. Des étudiants grévistes et moi-même sommes intervenus dans l’AG contre l’UNI et les étudiants qui voulaient reprendre les cours, et le blocage a été de nouveau voté!
Qu’as tu mis en avant ?
L’importance d’avoir une vision globale du problème. Que la loi sur l’égalité des chances est une suite logique des attaques libérales contres les travailleurs, les jeunes et les étrangers. Que les attaques contre le travail ont commencé par des attaques contre les retraites en Allemagne, en France et, comme on le sait, il y a quelques semaines en Belgique. Le gouvernement français élu de manière quasi-illégitime (Le Pen – Chirac au second tour) ne cesse d’attaquer de manière frontale tous les acquis sociaux. On se rappelle aussi la manière dont ils ont réprimé successivement le mouvement lycéen, le mouvement étudiant contre le système « LMD », le mouvement des intermittents du spectacle, les émeutes dans les banlieues,… Aujourd’hui la réponse que le gouvernement amène passe encore par la répression policière. J’ai terminé mon intervention sur l’obligation d’ouvrir la lutte aux jeunes de banlieues qui seront les premières victimes du CPE mais aussi aux travailleurs sans attendre l’appel des bureaucraties syndicales qui se font assez discrètes dans la hantise de revoir un nouveau mai 68 ou des grèves massives comme celle de 1995.
Comment les différentes facultés sont-elles coordonnées ?
La coordination d’Ile-de-France, c’est à dire de Paris et de sa région, se réunit tout les deux jours. Les différentes facultés se réunissent tous les jours en Assemblées Générales, auxquelles tous peuvent participer. C’est là que sont à chaque fois élus les étudiants qui iront à la prochaine réunion de la coordination d’Ile-de-France: 7 représentants par faculté occupée, et 3 par faculté mobilisée, mais non-occupée. S’ils fonctionnent comme ça, c’est pour éviter que les facultés de droite ne bloquent tout. Et au niveau national, cela fonctionne comme ça aussi, mais les réunions sont hebdomadaires.
A l’intérieur des fac’, des commissions ont été mises sur pied: actions, interprofessionnelle (pour aller à la rencontre des associations et des travailleurs à l’extérieur de la faculté), sécurité, mobilisation, enseignants et travailleurs (orientée vers les travailleurs de la faculté), et enfin lycéenne. Dans plusieurs facultés, des motions de soutien ont été votées par les travailleurs en solidarité avec les étudiants, et beaucoup de lycées sont bloqués et occupés également. A titre d’exemple, une école professionnelle près de Nanterre est venue donner un coup de main pour bloquer la fac’. Le niveau de conscience politique des lycéens à Paris est très élevé. J’ai pu à de nombreuses reprises le remarquer, par les discussions politiques avec ceux-ci mais aussi en écoutant les interventions dans les assemblées générales. Les AG se tiennent dans des décors surréalistes avec comme slogans sur les murs : « Arrêtez d’étudier l’histoire, faites-la », « Une seule solution, la révolution » ou une des phrases mythique du Che « Hasta la victoria siempre » (Jusqu’à la victoire, toujours).
Des actions sont donc prévues conjointement ?
Tout à fait, et c’est tant mieux parce que c’est vraiment nécessaire. Isolés, séparés, les étudiants ne peuvent rien. Par exemple, le jeudi après-midi, il a été décidé de faire des diffusions de tracts dans un maximum de gares de la capitale afin d’expliquer la problématique du CPE et les positions des étudiants et aussi de mettre sur pied des manifestations « sauvages » – c’est à dire non annoncées – pour le vendredi.
C’est ainsi que 2.000 étudiants ont déboulé sur les Champs-Elysées, pour la première fois depuis mai 68! La manifestation s’avançait, au rythme de l’Internationale et de slogans comme « Etudiants, salariés, même combat ! » ou encore, « Le pouvoir est dans la rue », « Tout est a nous, rien n’est à eux… ». Nous sommes restés deux heures Place de l’Etoile, en face de l’Arc de Triomphe, qui est un grand symbole. Il y a eu là-bas quelques heurts avec la police, mais les étudiants sont partis d’eux-mêmes pour bloquer les Champs-Elysées durant quatre heures, juste avant d’aller à la Sorbonne. En fait, la Sorbonne était occupée depuis la veille au soir par 150 étudiants et un bon millier d’autres manifestaient à l’extérieur, juste séparés de leurs camarades par les CRS. Or, pendant ce temps, les autres facultés étaient toujours occupées et il y avait mille tâches à faire. Les chiffres de manifestants ne sont donc pas révélateurs du nombre d’étudiants impliqués dans ces mobilisations. Des barricades ont été élevées au Boulevard Saint-Michel et au Quartier Latin, hauts lieux des évènements de mai ‘68, dans les chants et les slogans comme le traditionnel « CRS : SS » ou encore « Police partout, justice nulle part », « La police est en colère, le pinard il est trop cher », « On veut étudier, pour pas finir policier »,…
Et vendredi, la Sorbonne tenait toujours bon…
Oh oui. Nous étions 1500-2000 à protester à l’extérieur, tout en lançant de la nourriture aux occupants qui n’avaient rien mangé depuis la veille. Un groupe est rentré par derrière, un autre, dont je faisais partie, a réussi à rentrer par les toits. A l’intérieur, nous nous sommes retrouvés à environ 500. Il y avait des discussions politiques, des pièces de théâtre sur Mai 68’, sur la Commune de Paris (dont nous allons fêter le 135e anniversaire le 18 mars), de la musique,… Les flics, de l’extérieur, essayaient de voir où étaient les étudiants pour lancer des lacrymogènes à cet endroit.
Mais finalement, le samedi, vers 4h du matin, les CRS ont chargé le bâtiment et évacué la fac’. La grande majorité des occupants a pu s’enfuir, grâce aux manifestants de l’extérieur qui ont tout fait pour aider leurs camarades de lutte. Mais il y a tout de même eu 27 arrestations. Une manifestation le lendemain a été organisée aux cris de « Libérez nos camarades ». Deux heures plus tard, tous les camarades ont été libérés.
Et c’est ce jour là que je suis rentré en Belgique, crevé, courbaturé, mais avec un moral qui résistera à bien des coups durs avant de retomber !
Et les actions continuent !
Les actions continuent, et continueront encore. Dominique de Villepin, le premier ministre, vient encore de dire maintenant (dimanche 12 mars) qu’il était hors de question de retirer le projet de loi. Qu’attendre d’autre de la part d’hommes pour qui seuls comptent les profits des patrons? La « loi sur l’égalité des chances » n’est qu’un gigantesque cadeau pour eux, ils sont les seuls bénéficiaires de ce retour en arrière. Le MEDEF (la fédération patronale) appuie évidement le premier ministre tout en affirmant que le Contrat Première Embauche et le Contrat Nouvelle Embauche n’étaient pas suffisants et qu’il fallait élargir les facilités de licenciements qu’offrent ceux-ci à tous les types de contrats !
Tout ce que tu dis est très intéressant. D’autant plus que l’on a entendu un autre son de cloche ici.
Oui, le rôle des médias dans toute cette histoire est on ne peut plus honteux. Ils ne disent pas la vérité, où alors ils la déforment à l’avantage des partisans du projet de loi. Contrairement à ce qui a été dit, rien n’a été cassé à la Sorbonne, sauf le local des réactionnaires de l’UNI, qui a été saccagé. Des papiers ont même été collés aux murs pour ne rien abîmer tout en écrivant partout slogans, réflexions et revendications. De même, il a été dit que les étudiants avaient brûlé des livres inestimables, alors que s’il y a bien eu un feu dans la cour, seules les publications de l’UNI et des syllabi périmés ont été jetés au feu. Un autre exemple est l’histoire de cette fille handicapée (Paris 10 Nanterre), qui voulait passer le blocage au-dessus de plusieurs escaliers, et qui est tombée en se cassant le bras par accident. Directement, le gouvernement, relayé par la presse sans que personne ne cherche à savoir ce qui s’était passé, a déclaré que les étudiants jetaient des gens dans les escaliers!
Une dernière chose importante, il a été constamment répété que la Sorbonne était occupée par des intermittents du spectacle, des travailleurs précaires, bref, tout sauf des étudiants. Je n’ai rencontré que trois participants à l’occupation qui n’étaient pas étudiants. Il y avait des étudiants d’autres facultés, c’est vrai, mais la majorité était de la Sorbonne.
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France. Lutte contre le Contrat Première embauche: Un relent de mai 68
Les mobilisations chez les étudiants français furent rarement aussi combatives que cette dernière semaine depuis longtemps. Les étudiants de plusieurs universités se sont ainsi mis en grève afin de lutter contre le CPE (contrat première embauche), le CPE permettra aux employeurs de licencier sans aucun motif (!) Les jeunes de moins de 26 ans dans une période de 2 ans après leur engagement.
Stéphane Ramquet
Autre article sur le site de la Gauche Révolutionnaire (section française du CIO):
> Le gouvernement a fait passer le CPE en force ! Refusons ça !A cela le PS ou le PC répondent mollement au parlement et sont incapables de mener une lutte effective, l’UNEF (le syndicat étudiant) suit mollement le mouvement poussé par sa base…
Les étudiants, eux, ont parfaitement compris que la politique Chirac-Villepin-Sarkozy n’est autre que la politique des multinationales et de la richesse pour la minorité et de la précarité pour le reste.
Ainsi plusieurs milliers d’étudiants manifestaient dans le quartier latin demandant le retrait du CPE, s’ensuit alors une occupation de la Sorbonne (célèbre pour avoir accueilli les évenements de mai 68). Ni une, ni deux et sans sommations, les CRS furent envoyés afin de vider les grévistes par la force, à coups de matraque et gaz lacrimogènes.
Les étudiants de 45 universités sur 80 sont désormais en grève! Des assemblées générales se tiennent dans toutes ces fac’ en grèves afin d’élaborer la stratégie et la continuation de la lutte! A Lille 2 et à Nancy 2 des assemblées générales de 2000 étudiants ont reconduit le blocus, alors qu’ils étaient 1600 étudiants à Dijon, 1500 à Toulouse 2 et à Paris 10 Nanterre, 1000 à Jussieu…
La lutte s’amplifie chaque jour chez les étudiants, mais les étudiants ne peuvent mener cette lutte seuls! Son centre névralgique se trouve chez les travailleurs! Afin de faire pression sur le gouvernement, les manifestations ne suffisent pas, il faut couper le robinet économique et que les travailleurs se mettent en grève!
Travailleurs et Etudiants, Luttons ensemble! Pour le retrait du CPE! Occupez vos universités et usines, vers la Grève Générale!
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France. Les syndicats appellent à un jour de grèves et d’actions nationales.
Un front commun des confédérations syndicales françaises préparent un jour d’actions et de grèves ce mardi 04 octobre. Cela sera le troisième jour d’actions nationales cette année, se déroulant dans une période de colère montante au sujet des salaires, de la sécurité de l’emploi et des privatisations.
Karl Debbaut
Les syndicats dénoncent la vague de réformes néolibérales introduites par le gouvernement français, dirigé par le Premier Ministre Dominique de Villepin et le ministre sans portefeuille, Nicolas Sarkozy.
Ils ont, par exemple, introduit des nouveaux contrats de 2 ans pour des personnes travaillant dans des firmes employant moins d’une vingtaine d’employés. Cela dans le but de miner les droits des travailleurs et de faciliter les licenciements. En même temps, ils discutent beaucoup de renforcer les contrôle sur les allocations sociales, d’accélérer la privatisation de Gaz de France et d’Electricité de France et de vendre les péages d’autoroute au secteur privé.
Cette grève est un premier grand test pour Dominique de Villepin, le nouveau Premier Ministre, en poste depuis seulement quatre mois. En effet, celui-ci remplaça son ‘camarade de parti’ Raffarin, qui, lui, avait été frappé de plein fouet par le NON au référendum sur la Constitution Européenne. De Villepin a passé son premier mois à faire des déclarations dans lesquelles il défendait le ‘modèle social français’. Nicolas Sarkozy, le ‘patron’ du parti au gouvernement, l’UMP, est lui aussi un fervent politicien néolibéral. Il se prépare à un nouveau défi : devenir le prochain président français, en appliquant de féroces attaques sur les droits des travailleurs, sur les allocations et sur l’emploi dans le secteur public. Toute cette politique de répression ne peut être stoppée que si les syndicats organisent sérieusement la lutte pour la défense de leurs membres.
Les marins protestent contre les plans de privatisation
Le mardi 26 septembre, l’élite des forces armées du GIGN ont débarqué sur un ferry Corse, celui-ci étant au centre de la lutte contre la privatisation de la SNCM. Les marins protestaient contre les plans du gouvernement français de vente de la part de l’Etat français de la compagnie de Ferry SNCM à une compagnie française d’investissements (Butler Capital Partners). Cette compagnie annonça qu’elle comptait réorganiser la SNCM, ligne de ferry qui transporte 1,25 millions de passagers par an entre Marseille et la Corse, et qu’elle pourrait licencier jusqu’à 400 travailleurs de la compagnie qui en compte 2400.
En protestation à ces plans de licenciements, environ 30 marins, membres de la CGT et de la STC ont prit le contrôle de l’un des bateaux de la compagnie et ont quitté le port de Marseille mardi passé. Le GIGN, force d’intervention anti-terroriste, est intervenu avec une dizaine d’hommes à l’aide d’hélicoptères Puma et ont reprit contrôle du bateau. Les marins ont été menottés, enfermés dans les cabines du bateau, forcés de se mettre à genoux sur le pont du bateau et arrêtés pour détournement, un crime pour lequel ils peuvent être condamnés jusqu’à 20 ans de prison.
La dramatique démonstration de force des autorités françaises n’a pas impressionné les travailleurs des ports de Marseille et Bastia. A Bastia, des émeutes se dont déroulées et la police a dû intervenir avec 200 policiers anti-émeute. Une bataille rangée avec plus de 1000 travailleurs s’est déroulée pendant 4 heures la nuit de mardi passé. La CGT a ensuite appelé à une grève de 24 heures à Marseille, qui a, en fait, complètement paralysé le plus gros port français. Les travailleurs ont aussi alors voté l’extension de la grève, bloquant ainsi l’accès au complexe pétrochimique et au port pétrolier clé de Fos-sur-Mer.
Manifestations et grèves le 4 octobre
Les syndicats ont appelé à des manifestations à Paris, Lyon, Marseille, Strasbourg, Bordeaux et Montpellier pour ce mardi 04 octobre. Ces manifestations vont attirer des milliers de personnes et seront accompagnées de grèves dans le secteur public et dans certaines compagnies du secteur privé. Des membres de la Gauche révolutionnaire (section sœur du MAS en France) participeront à ces actions.
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D’un large parti des travailleurs à un parti révolutionnaire
Quelle est la base théorique de la revendication d’un nouveau parti des travailleurs ? Les marxistes se basent sur l’expérience concrète de la classe ouvrière et tirent les leçons des mouvements de lutte précédents. De cette façon, nous nous préparons politiquement et organisationellement pour les mouvements à venir.
Peter Delsing
La première leçon que nous pouvons tirer de l’histoire, c’est que les grandes masses de la classe ouvrière, quand leurs vies sont menacées plus directement sous le capitalisme, n’en viennent pas immédiatement à des conclusions révolutionnaires. Fort souvent, ces larges couches se limitent au réformisme, au réformisme de gauche ou au centrisme.
Le réformisme est l’idée selon laquelle il est encore possible d’arracher des améliorations sociales fondamentales au sein même du capitalisme. C’est sur base de cela que la social-démocratie, avant la première guerre mondiale, rejettait l’idée du socialisme pour un « lointain avenir ». Plus tard les dirigeants réformistes ont de plus en plus mis sur le côté l’idée du socialisme.
Le réformisme de gauche défend l’idée que de grandes parties de l’économie, même des secteurs clés, peuvent être nationalisées, sur base d’une stratégie purement parlementaire qui irait dans la direction du ‘socialisme’. Cette tendance ne comprend pas le rôle de l’état capitaliste (parlement bourgeois, tribunal, armée et police) dans la défense de la propritété privée des moyens de production.
Le centrisme est la combinaison de l’emploi d’un langage révolutionnaire et du réformisme dans la pratique, une impuissance à apporter des perspectives et tactiques correctes dans la lutte pour la prise du pouvoir par la classe ouvrière.
La question qui se pose est : comment la minorité consciente des travailleurs révolutionnaires et des jeunes peut-elle se tourner vers des couches larges ? De quelle manière doivent-ils s’organiser pour intervenir de la manière la plus efficiente possible dans les mouvements larges et gagner la majorité de la population à un point de vue socialiste révolutionnaire? Marx disait dans le Manifeste du Parti Communiste en 1848 : « Pratiquement, les communistes sont donc la fraction la plus résolue des partis ouvriers de tous les pays, la fraction qui entraîne toutes les autres : théoriquement, ils ont l’intelligence claire des conditions, de la marche et des fins générales du mouvement prolétarien ».
La Ligue des Communistes de 1848 avait encore beaucoup de caractéristiques d’une organisation clandestine, vu la répression de la bourgeoisie. En 1864, l’Association Internationale des Travailleurs (AIT) fut créée: la Première Internationale. Elle était composée de syndicalistes anglais ( parmi lesquels il y avait beaucoup plus de réformistes que de révolutionnaires), de socialistes français, et même de nationalistes bourgeois radicaux italiens (Mazzini). Marx et Engels ont essayé au travers de la Première Internationale d’avancer le concept d’une organisation internationale de la classe ouvière plus large et de gagner une majorité à un véritable programme révolutionnaire.
La dégradation de la situation objective – la défaite de la Commune de Paris en 1871- et les divergences d’opinions avec l’anarchiste Bakounine ont aboutit à la chute de la Première Internationale. Engels écrivait : « Je pense que la prochaine Internationale, d’après les écrits de Marx lorsqu’il était plus vieux de quelques années, sera directement communiste et que nos principes seront reconnus. »
En 1889, la Deuxième Internationale fut créée, sur une base officiellement socialiste et avec une forte influence marxiste. Dans la pratique, l’Internationale fut plus une fédération de partis nationaux qu’une force révolutionnaire unie avec élections démocratiques et une direction centralisée. Le fossé entre les paroles révolutionnaires et la pratique réformiste fut démontré dans les faits lorsque presque tous les partis sociaux-démocrates donnèrent leur voix à la guerre mondiale impérialiste de 1914.
Seule la fraction bolchévique de la social-démocratie russe, autour de Lénine, et quelques marxistes isolés dans le reste de l’Europe continuèrent à défendre l’internationalisme révolutionnaire. Lénine avait développé son propre concept d’une ‘organisation révolutionnaire’ et de ses liens avec les masses qu’il a développé dans ‘Que faire’. Son concept d’une organisation de cadres stricte, à la place d’un parti qui essaie directement d’englober toute la classe, était influencée par les conditions sous la dictature policière tsariste.
Ce concept a cependant une validité plus générale. Toutes les couches de la classe n’ont pas le même niveau de combativité ou de conscience de classe. Une organisation de cadres éduqués doit tirer les couches larges de la classe ouvrière à son propre niveau : elle ne doit pas s’aligner sur les fluctuations du mouvement. Le parti révolutionnaire ne peut pas immédiatement être en phase avec les larges couches des masses: cela ne se réalise qu’au moment d’une fermentation révolutionnaire massive.
Pour trouver le chemin vers les masses, les marxistes ont développé leurs conceptions tactiques concernant le travail à l’intérieur de partis plus larges, ou à l’intérieur de fronts unis d’organisations de travailleurs ou de partis. L’existence d’une organisation de base et la lutte commune accentue de toute manière le mouvement dans la lutte. Les révolutionnaires doivent politiquement s’unifier en fraction ou s’organiser en courant, mais ne doivent pas se mettre à l’écart, ni se séparer, des mouvements réels de la classe ouvrière. L’idée d’un nouveau parti des travailleurs large est pour nous un pas intermédiaire vers un parti de masse révolutionnaire.