Tag: Monsanto

  • Monsanto : Quand on fait de l'argent plutôt que nourrir les gens

    Une des manifestations de ce 25 mai à Bruxelles faisait suite à l’appel mondial relancé en Belgique par un appel facebook (‘‘Monsonto Dégage’’). Forte d’à peu près 500 personnes en tout début de rassemblement, celle-ci s’est très vite retrouvée à compter plus de 3000 participants (2000 officiellement selon la police) !

    Photos de Loïc (Liège), Rapport d’Yves (Liège)

    Une vingtaine de camarades du PSL étaient présents, avec un bon groupe d’étudiants du secondaire de Liège, Bruxelles et du Luxembourg (le Grand duché). Dans la manifestation, on trouvait également des membres de la JOC (Jeunesse Ouvrière Chrétienne), des Etudiants et Jeunes FGTB ou encore du Parti Pirate. Le corps de la manifestation était principalement composé d’initiatives agricoles locales, d’associations (kokopelli…), d’altermondialistes, de familles, d’adeptes du bio, etc. En somme, comme dans l’esprit de beaucoup des personnes présentes, il s’agissait plutôt d’un large regroupement d’initiatives individuelles ou de petits collectifs plutôt que d’une manifestation réellement organisée et politisée.

    Monsanto c’est l’arrêt de l’évolution naturelle du maïs, du soja, du colza et du coton. Mais Monsanto ne représente pas que les organismes génétiquement modifiés et les pesticides, c’est aussi un symbole de l’intrusion du capital et des lobbys de multinationales au parlement européen et dans notre vie de tous les jours. Monsanto symbolise le déni flagrant du droit de savoir et surtout de choisir ce que l’on consomme. C’est aussi une preuve manifeste supplémentaire qui démontre que les pays qui se targuent d’être démocratiques ne le sont que très peu. En tout cas ne le seront pas tant que les moyens de production et les surfaces agricoles seront aux mains d’une poignée de super riches au détriment des 2 milliards de personnes qui souffrent de malnutrition à travers le monde alors que des milliers de tonnes de récoltes sont détruites chaque mois afin de réguler leur prix sur les marchés financiers.

    A l’heure où la vie est cadenassée pour protéger les fortunes de multinationales qui préfèrent une agriculture profitable plutôt que basée sur les besoins alimentaires des populations, à l’heure où la liberté de culture ne sera peut-être plus d’actualité que pour ceux qui peuvent faire tester et approuver leurs semences par l’agence européenne des variétés végétales, à l’heure où 10000 ans d’histoire agricole risquent d’être balayés par une proposition de loi de la commission européenne, il est plus que nécessaire de résister.

    Beaucoup de gens se rendent compte de l’hypocrisie et du double discours des politiciens traditionnels. Le capital bafoue nos droits les plus élémentaires et il faut avancer conjointement dans la lutte contre le système et ceux qui le représente.

    Des alternatives existent et sont possibles, elles s’appellent entre autre aquaponie (la culture de végétaux en ‘‘symbiose’’ avec l’élevage de poissons) ou agroécologie. Mais laisser ce potentiel s’épanouir pleinement nécessite collectivisation et mise sous contrôle et gestion démocratique des grandes propriétés agricoles dans le cadre d’un programme de production agricole. Il est nécessaire de retirer le secteur-clé qu’est l’agriculture des mains des multinationales – Monsanto ne constitue qu’un exemple – et des parasites capitalistes afin d’assurer une production de biens respectueuse des travailleurs et de leur environnement et orientée vers la satisfaction des besoins sociaux, nutritionnels et écologiques des masses.

    La manifestation s’est terminée après 2h par une prise de parole dans le quartier Européen et sur ces mots : ‘‘Qu’on soit pour la paix, la libre circulation des personnes ou l’anticapitalisme, toutes nos luttes sont connectées.’’

  • Manifestation contre Monsanto : C'est tout un modèle qu'il faut démonter !

    Ce samedi, ce déroulera à Bruxelles une manifestation contre la multinationale de l’agro-industrie Monsanto. Cette entreprise c’est fait connaître pour ces pratiques notamment via le documentaire ‘‘Le monde selon Monsanto’’. Mais au delà de ce cas d’espèce – qui est en fait un parangon du système capitaliste – c’est tout un modèle de production qu’il faut transformer car il est incapable de répondre aux besoins, même primaires, de la majorité de la population.

    Par Alain (Namur)

    Samedi 25 mai, 16h, à la Bourse à Bruxelles

    Le système de production capitaliste est rempli de contradictions, à tous ses étages. Alors que les connaissances scientifiques, la productivité et la technologie nous permettrait de répondre aux besoins fondamentaux de l’humanité, plus de 3 milliards de personnes ‘‘se privent plus ou moins de nourriture’’, 2 milliards de personnes souffrent de malnutrition et 1,2 milliard de personnes souffrent de la faim quotidiennement. Parmi ceux qui sont touchés, la majorité a comme principale activité l’agriculture. Alors que dans les pays capitalistes avancés, les petites et moyennes exploitations agricoles ploient sous les crédits nécessaires (achat ou location de terre, de produits phytos, de machines agricoles,…) pour les exploitations modernes, seuls 2,18% des fermiers au monde sont équipés de tracteurs.

    Ces contradictions sont le résultat d’un système qui n’est pas orienté vers les besoins sociaux, mais vers la chasse au profit d’une infime minorité. C’est cette même minorité qui dirige la politique des entreprises, y compris dans le secteur agricole. La tendance à la concentration du capital n’a épargné aucun secteur. C’est ainsi que sont apparue ces sociétés géantes tels que : Monsanto, Cargill, Sygenta, Bayer,… Toute ces entreprises actives dans l’agro-industrie recherchent à maximiser l’investissement de leur propriétaire quel qu’en soit le coût social et environnemental.

    Grâce à leur capital, ces sociétés parviennent à orienter la production et les décisions politiques. Cela a donné lieu à des politiques terribles pour les agriculteurs et des populations comme la ‘‘révolution verte’’. Cela a donné lieu aussi à des catastrophes environnementales et humaines comme celle de Bhopal en Inde. Cela a donné lieu aussi à des méthodes de culture extrêmement néfastes et peu durable, comme cet épuisement des sols déjà mis en avant par Marx à son époque.

    L’ensemble de la chaîne alimentaire est vicié par la course aux profits. Mettre du cheval au lieu du bœuf, donner des hormones aux bœufs afin de raccourcir la période où le profit se réalise,… la gestion de nos denrées agroalimentaires est totalement inféodée à l’obtention d’un taux de retour suffisant pour l’investisseur, quitte même à jeter de la nourriture.

    Les défis qui attendent l’humanité sont énormes. Il faut produire afin de permettre à tout le monde de manger à sa faim, en respectant des modes de cultures qui soient soutenables. Le système de production actuel est incapable d’y parvenir.

    Il faut donc prendre le contrôle de l’ensemble de la chaîne de production alimentaire en commençant par la nationalisation sous contrôle et gestion démocratiques des sociétés multinationales permettant d’assurer une planification démocratique de la politique agricole. La socialisation des moyens énormes dont disposent les multinationales permettrait de largement lancer des cultures agroécologiques. Nous pourrions aussi nous servir du réseau déjà constitué par ces multinationales pour effectuer les transferts de connaissances et de technique à l’ensemble des pays néocoloniaux.

    Résoudre la question agraire passe par la collectivisation et la mise sous contrôle et gestion démocratiques des grandes propriétés agricoles dans le cadre d’un programme de production agricole, avec redistribution des terres ou gestion collective de celles-ci et en assurant la disponibilité des instruments de production pour tous les agriculteurs.

    Et ce qui vaut pour l’agriculture vaut également pour les autres secteurs-clés de l’économie (énergie, sidérurgie, finance,…) : il est crucial de les retirer des mains des parasites capitalistes afin d’assurer une production de biens respectueuse des travailleurs et de leur environnement et orientée vers la satisfaction des besoins sociaux et écologiques des masses.

    Organisons la lutte contre l’ensemble du système, pas seulement contre ses symboles !

  • Un poison nommé ACTA

    ACTA (Accord Commercial Anti Contrefaçon), est un accord qui menace la liberté d’internet. Cet accord vise officiellement à protéger la propriété intellectuelle au niveau international. La propriété intellectuelle est un terme vague qui est sujet à une interprétation extensive : de nombreuses firmes l’utilisent pour empêcher leurs concurrents de réutiliser leurs bonnes idées. La propriété intellectuelle peut s’appliquer aux marques, aux oeuvres, à des procédés techniques,…

    Par Jean (Luxembourg)

    ACTA prétend également défendre le droit d’auteur en obligeant les fournisseurs d’accès internet à surveiller tous leurs abonnées et à les dénoncer s’ils téléchargent illégalement des oeuvres ou des données soumises à un copyright. Il suffira de citer un article de presse dans un email ou d’envoyer un extrait de musique pour être pris la main dans le sac. Les informations seront alors envoyées à leur auteur qui pourra entamer des poursuites contre les “contrefacteurs”.

    L’accord ne profite qu’à une fraction d’industriels tels que les compagnies RIAA et MPAA (associations interprofessionnelles qui défendent les intérêts de l’industrie du disque et du cinéma). ACTA est la conséquence de leurs actions de lobbying auprès des gouvernements. Au-delà de la “protection du droit d’auteur” et de la propriété intellectuelle, on voit clairement que la la surveillance systématique des échanges d’information sur Internet peut être utilisée à d’autres fins, notamment de censure ou de répression politique. C’est déjà le cas dans certains pays où l’accès vers certains contenus, mots clés ou sites internet est bloqué.

    ACTA ne s’attaque pas seulement à nos libertés sur le net, mais aussi à notre santé et notre indépendance alimentaire. En effet, les médicaments génériques pourront être interdits tout comme l’utilisation de certaines semences qui seraient protégées par des brevets. Ces mesures visent uniquement à protéger les intérêts des multinationales pharmaceutiques et agro-alimentaires comme Monsanto. La propriété intellectuelle est érigée en “règle d’or” au mépris de toute autre considération.

    Le samedi 11 février dernier, des dizaines de milliers de manifestants se sont rassemblés dans au 4 coins du globe pour dire non :

    • aux semences copyrightées
    • à l’interdiction des médicaments génériques
    • à la censure d’internet;
    • aux restrictions de la liberté d’expression;
    • à la surveillance totale de toutes nos activités en ligne;
    • à la perte de libertés et droits civiques.

    Il faudra continuer à se mobiliser dans les semaines qui viennent contre ACTA, car il s’agit d’un dangereux poison contre nos droits et nos libertés fondamentales.

    ACTA est également le symptôme d’un système capitaliste à bout de souffle qui s’accroche désespérément à une source de profit facile. Facile mais néfaste puisque la propriété intellectuelle et les brevets n’ont jamais produit aucune richesse réelle. Ils offrent simplement une rente à ceux qui ont inventé quelque chose un jour ou qui détiennent un brevet.  Elle offre également un marché juteux aux avocats d’affaires avec la multiplication des contentieux sur la propriété intellectuelle.

    Ce système est pourri jusqu’à la moelle. Il faut en finir une fois pour toute et le remplacer par un système basé sur le partage des richesses et des connaissances. Stop ACTA ! Stop Capitalism !

  • Questions fréquemment posées sur le socialisme

    Conséquence du développement du mouvement Occupy, l’opposition face au système économique et politique est devenue monnaie courante. Difficile d’imaginer que la femme au bandana sur la couverture du Time – représentation du “Manifestant”, personnalité de l’année selon le Time – puisse avoir quoi que ce soit de positif à dire au sujet du capitalisme, et l’omniprésence du masque de Guy Fawkes – popularisé par “V for Vendetta” – souligne encore plus à quel point les idées révolutionnaires sont à présent répandues.

    Par Brandon Madsen, Socialist Alternative (CIO-USA)

    Cependant, ce soutien croissant apporté à un changement de système n’a pas encore conduit à des discussions sérieuses quant à une quelconque alternative. Un nouveau sondage du Pew publié le 28 décembre 2011 indique que les personnes noires ou de moins de 30 ans sont majoritairement en faveur du socialisme, mais n’explique en rien ce qu’est le socialisme, ou comment un système politique et économique socialiste fonctionnerait. Nous vous offrons cet article comme base de discussion.

    Comment fonctionnerait une économie socialiste?

    Sous le capitalisme, les institutions où d’immenses richesses sont centralisées (les grandes entreprises) dirigent l’économie, et exploitent les plus pauvres pour accroître leurs propres richesses. Le but d’une économie socialiste est de renverser la vapeur : ce serait la classe ouvrière qui serait aux commandes de l’économie, et utiliserait les richesses et la productivité de la société pour améliorer ses conditions de vie. Pour cela, il faudrait rendre publiques les ressources des banques et des grandes entreprises, et les gérer de manière démocratique.

    Employer les chômeurs, redéfinir le budget et créer de l’emploi en tenant compte des priorités sociales – soins de santé, éducation, énergie propre, etc. – donnerait un énorme coup de fouet à la productivité et créerait des richesses. Une planification démocratique de l’économie permettrait à tout le monde d’avoir un travail bien rémunéré, un accès à des soins de santé de qualité, à un enseignement gratuit à tous les niveaux, et, bien sur, aux besoins vitaux tels que la nourriture et un logement. Mais cela ne se limiterait pas à ces bases; nous pourrions soutenir et encourager les musiciens, artistes, réalisateurs, designers, etc de façon à favoriser un développement culturel.

    Ce système économique nécessiterait une planification réfléchie, mais c’est déjà le cas d’une certaine manière sous le capitalisme. Des multinationales plus grandes que des Etats planifient déjà leurs niveaux de production et de distribution, décident des prix, et cela sans pour autant s’effondrer, rien ne dit que les travailleurs seraient incapables de faire de même.

    La différence sous le capitalisme, c’est que la planification n’est que partielle, incomplète, et antidémocratique, le but étant de maximiser les profits d’une élite. Sous le socialisme, nous pourrions décider des investissements en ayant une vue d’ensemble de l’économie mondiale, afin de subvenir aux besoins humains, de conserver un environnement sain, et de garantir à chacun le droit à une existence libre.

    Un système économique socialiste devrait être intégré de par le monde. C’est déjà le cas sous le capitalisme, nous vivons en effet dans un monde d’interdépendance. La globalisation vue par le capitalisme consiste à exploiter les économies les plus faibles, et à plonger dans une misère sans cesse croissante les travailleurs de par le monde. Sous le socialisme, l’intégration d’une économie globale aurait pour but d’améliorer la vie des gens.

    Une économie socialiste gérerait l’environnement de manière très différente. Tant que maintenant, les compagnies n’ont que faire des taxes environnementales, car elles peuvent les faire payer au public. Les coûts liés à la pollution de l’air et de l’eau sont réels, mais ils ne représentent pas une menace pour une entreprise comme Monsanto. Voilà pourquoi aucune corporation ne bougera le petit doigt pour l’environnement sur base des principes du marché libre.

    Une économie démocratiquement planifiée empêcherait les corporation de faire des profits en externalisant les coûts liés à la pollution. Au lieu de cela, l’efficacité, la préservation de l’environnement, et la satisfaction des besoins de base de chacun seraient les critères de décision économique. Au lieu de promouvoir des mesures inadéquates telles que les ampoules économiques et la sensibilisation au recyclage, une économie socialiste investirait dans un total renouveau de la production, mettant à profit les dernières technologies vertes pour assurer la protection de l’environnement et la création de millions d’emplois.

    Comment fonctionnerait une démocratie socialiste?

    La « démocratie » actuelle se limite à nous faire voter une fois de temps en temps afin de décider quel riche politicien prendra les décisions pour nous. Cela n’a bien sur rien de démocratique, encore moins quand la corruption issue des corporations s’en mêle.

    Au contraire, une démocratie socialiste serait une démocratie omniprésente, de semaine en semaine, présente sur tous les lieux de travail, dans toutes les écoles et communautés. Les travailleurs effectuerait une rotation des tâches, et les managers élus seraient révocables à tout moment si le besoin s’en faisait sentir. Chaque décision pourrait être réévaluée par un vote de la majorité.

    Le programme et les politiques scolaires, plutôt que d’être imposées par des administrateurs incompétents et des bureaucrates, seraient discutées conjointement par les parents, les professeurs et les étudiants. Des conseils de quartier décideraient de qui peut ou ne peut avoir une forme d’autorité, et dicteraient à leurs élus comment prioriser leurs efforts..

    Tout investissement et décision économique se ferait démocratiquement. Les lieux de travail et les quartiers éliraient des représentants à de massifs conseils locaux et régionaux, qui eux-mêmes éliraient des décideurs nationaux. Les représentants élus ne devraient avoir aucun privilège que ce soit comparé à leur électorat, et ils seraient révocables à tout moment.

    Afin de faciliter ce processus décisionnel démocratique, les horaires de travail et d’études devraient prévoir du temps pour des conseils et des discussions quand aux décisions. Grâce aux richesses nouvellement créées, la semaine de travail serait réduite afin de prodiguer aux gens le temps et l’énergie pour s’impliquer politiquement, et se réaliser hors du travail ou du cadre scolaire.

    Une élite bureaucratique ne prendrait-elle pas le dessus?

    Cela va sans dire, aux prémices d’une société socialiste, une lutte contre les carriéristes et la corruption sera nécessaire. Le bagage idéologique pernicieux issu de siècles de domination de classe ne s’évaporera pas d’un claquement de doigts. Mais en faisait des ressources productives de la société un bien public, en éliminant les privilèges, et en établissant les structures d’une gestion et d’un contrôle démocratiques, les obstacles barrant la route des aspirants bureaucrates seraient immenses.

    L’évènement qui fait craindre une prise de pouvoir de la bureaucratie est l’arrivée de Staline au pouvoir en Union Soviétique quelques années après la révolution russe de 1917. Cette dégénérescence tragique de la Révolution Russe a été débattue par des marxistes dans de nombreux ouvrages. La conclusion que l’on peut tirer de ces évènements après une analyse historique sérieuse, c’est que cette dégénérescence n’était ni naturelle, ni inévitable, mais juste un concours de circonstances particulières.

    Au moment de la révolution, la Russie était l’un de pays les plus pauvres, et la situation ne n’est guère améliorée lorsque les capitalistes détrônés, soutenus par 21 armées étrangères, on fait usage de violence pour récupérer le pouvoir des mains des assemblées démocratiques, ce qui a conduit a une guerre civile sanglante. Bien que la révolution prenait place ailleurs également, notamment en Allemagne, tous les mouvements furent réprimés, laissant la Russie isolée.

    Ce n’était pas le terrain idéal sur lequel fonder le socialisme. La base même du socialisme, c’est d’avoir suffisamment de moyens pour subsister, mais la Russie manquait de moyens. Dans ce contexte, les structures démocratiques des Soviets (les assemblées de travailleurs) ont cessé de fonctionner. Qui se soucie d’aller aux réunions politiques sans savoir s’il pourra se nourrir le soir?

    C’est cette sape du pouvoir des travailleurs, aggravée par l’isolement et le déclin économique du pays, qui a permis la bureaucratisation de la société et la montée de Staline en tant que leader. Mais ce n’eût rien de naturel. Staline a eu recours à l’emprisonnement, au meurtre et à l’exil, et a forcé des millions de gens dont le seul crime était leur attachement aux principes démocratiques de la révolution de 1917 à se soumettre.

    Cette expérience illustre l’importance de faire de la lutte pour le socialisme une lutte globale. A cause d’impérialistes pillant des ressources à travers le monde, certains pays pourraient manquer d’une base économique stable pour se mettre au socialisme, et auraient besoin de négocier avec des pays plus riches. Si la Russie avait pu recevoir la soutien ne serait-ce que d’un seul pays, comme l’Allemagne, l’histoire serait aujourd’hui bien différente.

    Ne serait-ce pas plus facile de réformer le capitalisme?

    Contrairement aux récits populaires, l’histoire du capitalisme n’est pas celle d’un progrès constant vers des sommets de démocratie et de richesse. Chaque réforme a nécessité une lutte de masse, remettant souvent en doute les fondements mêmes du système.

    Les réformes ne sont pas des cadeaux de politiciens au grand coeur, mais des concessions accordées dans l’unique but d’apaiser le mouvement et de faire oublier les vraies revendications. Que cela concerne les droits civils, le week-end de congé, ou le droit d’organiser uns syndicat, chacune de ces réformes a nécessité un combat constant contre la logique capitaliste, combats dans lesquels nombre d’innocents furent éliminés par les élites désireuses de mettre un terme à la lutte.

    Sous le capitalisme, même ces réformes partielles ne sont pas permanentes. Comme nous avons pu le voir ces dernières décennies, les capitalistes n’hésitent pas à annuler leurs réformes quand ils pensent pouvoir se le permettre.

    Les programmes sociaux pour lesquels les gens se sont battus bec et ongles par le passé se disloquent ou disparaissent sous des coupes budgétaires. Après avoir presque annihilé les syndicats dans le privé –où moins de 7% des travailleurs sont syndiqués – les politiciens se tournent maintenant vers le secteur public, dont un tiers des travailleurs n’est toujours pas syndiqué.

    Une base stable pour des réformes effective demanderait que les travailleurs s’emparent du pouvoir pour le gérer eux-même – c’est à dire, rejeter le capitalisme en faveur du socialisme. C’est bien simple, lutter pour des réformes, et lutter pour le socialisme, sont deux choses identiques.

    En théorie, ça sonne bien, mais en pratique?

    La seule constante en histoire est le changement ininterrompu. Des anciens Etats esclavagistes aux seigneuries féodales jusqu’au système capitaliste global d’aujourd’hui, les gens n’ont cessé de rejeter les anciens systèmes dés qu’ils devenaient un frein au développement. Là où réside l’utopie, c’est dans la pensée que la guerre, la pauvreté et la destruction de l’environnement peuvent être réglés par le capitalisme.

    Bien que le socialisme soit réaliste, il n’est pas inévitable. Encore et toujours, le capitalisme a conduit les opprimés et les travailleurs à se révolter. Nombreuses ont été les révolutions cette année, notamment en Egypte et en Tunisie. Mas bien que beaucoup aient réussi à détrôner le gouvernement, peu sont parvenues à un changement de régime. Le capitalisme renaîtra sans cesse, au détriment des pauvres, des jeunes et des travailleurs, si nous ne le remplaçons pas par un système meilleur.

    C’est là que les socialistes entrent en scène: Nous prenons l’étude de l’histoire au sérieux, apprenant à la fois des défaites et des succès qu’ont connus les révolutions. Nous répandons cette connaissance au maximum afin d’établir le socialisme avec succès . Cela ne revient pas qu’à se plonger dans des bouquins. Cela nécessite de s’engager et construire les mouvements actuels, de mettre en avant des idées socialistes tout en apprenant des autres en lutte, construire notre avenir ensemble.

    Si vous êtes d’accord avec ces idées, réfléchissez à nous rejoindre !

  • Opportunité Gigantesque pour les Multinationales

    Le 29 mai 2011, une action a été menée à Wetteren, contre une expérience menée sur un champ expérimental et concernant des pommes de terre génétiquement modifiées. Abstraction faite de nos positions au sujet des actions directes telles que menées autour de ce thème, nous devons bien entendu admettre que l’utilisation d’Organismes Génétiquement Modifiés (OGM) pose plusieurs problèmes.

    Article de Jon Sneyers

    Qui contrôle les OGM ?

    Le recours massif à des monocultures colossales de plantes génétiquement identiques implique d’énormes risques si de nouvelles maladies ou de nouveaux parasites émergent. Pour les agriculteurs eux-mêmes, OGM est synonyme de dépendance face aux multinationales qui possèdent les brevets. Ces multinationales, BASF et Monsanto, n’hésitent pas à intenter des procès aux agriculteurs qui utilisent une partie de leur récolte comme semence pour l’année suivante (ainsi, de 1995 à 2004, Monsanto a poursuivi 147 agriculteurs et 39 entreprises agricoles américains pour violation de brevet). Même les voisins qui n’utilisent pas de graines génétiquement modifiées et qui sont contaminées peuvent être condamné à d’énormes amendes pour violation de brevet. Dans le monde néocolonial, ce genre de pratiques a déjà poussé des milliers d’agriculteurs au suicide.

    Les modifications génétiques pourraient être utilisées de façon bénéfique à la société, mais pas sur base de la soif de profit qui est la motivation première de Mosanto & Co. La résistance croissante aux OGM pose des questions importantes : qui tire les ficelles de la société et comment ce contrôle est-il utilisé ?

    Licenciée pour avoir soutenu une action anti-OGM

    L’action de Wetteren – où de 15 à 20% du terrain a été endommagé – a été qualifiée par les politiciens et les médias traditionnels comme violente et dirigée contre la ‘‘liberté de recherche’’. La recherche réelle est cependant bien moins libre et indépendante que celle présentée dans les médias. Le manque de moyens public pousse les universités et institutions de recherche scientifique de plus en plus dans les bras du financement privé.

    Barbara Van Dyck, chercheuse au département d’urbanisme de la Katholieke Universiteit van Leuven (KUL) a été licenciée – et est interdite d’exercer sa profession – pour avoir soutenu cette action (hors de ses heures de travail et dans le cadre d’un engagement personnel). Elle n’a même pas détruit de pommes de terre transgéniques, il lui a suffit de donner son avis pour être licenciée.

    La délégation syndicale de la K.U.Leuven lutte évidemment contre ce licenciement abusif. Si un désaccord est une raison suffisante pour un licenciement, c’est un précédent très dangereux. Quelles opinions seraient encore permises ? Quel est le prochain pas ? Réprouver certaines expériences médicales ne serait plus toléré ? Un mathématicien athée fondamentalement en désaccord avec l’église catholique serait lui aussi menacé dans une université catholique ? Nous nous opposons aussi à la manière dont ce licenciement a été opéré.

    Les syndicats exigent la réintégration immédiate de Barbara Van Dyck et, en plus, revendiquent une nouvelle convention collective de travail pour le personnel académique où la procédure de licenciement concernant la ‘‘déontologie scientifique’’ seraient précisée en détail et des sanctions prévues pour toute violation. Nous pensons en définitive qu’un large débat social est nécessaire sur la liberté de recherche et la liberté d’expression, sur les brevets et sur la recherche scientifique publique.

  • Chimie : Les entreprises brisent la norme salariale

    La Banque Nationale s’attend à une croissance économique de 2,6% pour la Belgique en 2011, et de 2,2% en 2012. Une croissance des profits est également à nouveau attendue. Mais, selon le patronat, les salaires n’ont pas à suivre cette tendance. Début d’année, ils ont obtenu une norme salariale avec une loi qui impose que les salaires ne peuvent croître que de 0,3% en 2011-2012.

    Il en va différemment pour les managers eux-mêmes : en 2008-2010, les salaires de ceux des entreprises du Bel 20 (les plus grandes entreprises de notre pays) ont augmenté de plus de 20%. En 2010, ces mêmes entreprises ont réalisé 37% de profits en plus comparé avec 2009: 16,6 milliards d’euros. En 2009, les 500 entreprises aux plus grands profits ont payé en moyenne 3,76% de taxes.

    Il n’est donc pas surprenant que la proposition de geler nos salaires soit rejetée par les travailleurs. Certains patrons ont eux-mêmes cherché des méthodes pour dépasser les 0,3%, entre autres avec des primes ou d’autres avantages. Dans d’autres entreprises, la norme salariale a été brisée dans les négociations. Les travailleurs des entreprises chimiques Evonik (ex-Degussa) et Bayer à Anvers et Solutia (ex-Monsanto) à Gand ont obtenu plus. Les deux premières entreprises donnent 3% d’augmentation pour 2011-2012 (dans le cas de Bayer en 25 mois). Chez Solutia, il s’agit d’une augmentation salariale de 0,50 euro par heure et une prime. Evonik et Oxeno (les deux entreprises sur les terrains de l’ancien Degussa) ont réalisé un profit de 122 millions d’euros en 2010, Bayer avait 167 millions de profits.

    L’employeur d’Evonik déclarait dans la presse que l’augmentation salariale était nécessaire pour que le boulot soit attractif. Mais en général, les employeurs craignent que cet exemple soit trop suivi. Dans la chimie à Anvers, il y aura encore des négociations à Lanxess (septembre) et à BASF (fin de cette année). Pourquoi devraient-ils rester en dessous de 3% ? Dans l’entreprise chimique Dow Corning à Seneffe, les travailleurs ont fait grève pendant quelques jours et ont obtenu une augmentation salariale de 4% pour les 300 employés. Les travailleurs de la métallurgie Industeel (Marchienne-au-Pont) ont même obtenu 5% après une grève de 10 jours. Ces travailleurs avaient rejeté à 50,4% une première proposition de la direction.

    Malheureusement, ces entreprises restent des exceptions. Mais ces travailleurs et délégués démontrent la possibilité d’obtenir plus que 0,3%.

  • Pour un financement public de la recherche scientifique !

    Article par Alex (Bruxelles)

    En Belgique, 15,3% de la recherche scientifique aux universités flamandes est commandée et payée par les entreprises, une moyenne supérieure à celle des autres pays. L’université de Louvain obtient 20% de son budget consacré à la recherche auprès de sociétés privées et de l’Union Européenne.

    À l’université d’Anvers, un nouveau laboratoire de recherche a été à moitié payé par l’entreprise Janssen Pharmaceutica. Mais la conséquence, c’est que ces messieurs ne désirent pas que des recherches non directement rentables soit effectuées avec leur argent, à plus forte raison si les conclusions vont à l’encontre de leurs intérêts.

    Le fond du problème, c’est le manque de moyens publics destinés à la recherche , mais aussi que le financement public de la recherche est de plus en plus soumis à un fonctionnement de type entrepreneurial (le financement par output) où les différentes entités, hautes écoles et universités, sont en concurrence les unes avec les autres pour recevoir de l’argent. Dans ce modèle, seule compte la quantité : combien de publications, abstraction faite de leur qualité. L’analyse critique, les projets à plus long terme ou la recherche socialement utile sont subordonnées à la recherche de résultats rapides.

    Les sociétés privées (et leurs porte-paroles politiques) tentent de faire passer l’idée que certaines recherches n’ont pas vraiment d’importance et servent surtout à donner une occupation à quelques professeurs barbus. Le fait est toutefois que l’ampoule n’a pas été inventée en améliorant la bougie et le laser n’est pas venu de l’amélioration de l’ampoule. La technologie du laser est issue de recherches dans la physique quantique, ce qui serait maintenant considéré comme des recherches sans utilité à court terme, et sans rentabilité immédiate pour le privé.

    Le sous-financement public de la recherche scientifique assure que la recherche soit de plus en plus dépendante de subventions privées. Pour des sociétés telles que Bayer et Monsanto (cette dernière ayant créé l’Agent Orange utilisé par l’armée américaine durant la guerre de Viêt-Nam), les bénéfices priment sur la santé et le reste. Toutes les recherches qu’ils subsidient ne servent qu’à augmenter leurs bénéfices (notamment pour les OGM).

    La recherche doit être retirée des mains des entreprises. Nous avons besoin d’une recherche publique et indépendante. Ce n’est qu’ainsi que nous aurons l’assurance d’avoir une recherche scientifique au service de la collectivité.

  • Le malheur des uns fait le bonheur des autres !

    Crise internationale du pouvoir d’achat, crise alimentaire,…

    Une crise alimentaire aux conséquences effrayantes se développe à l’échelle mondiale. De nombreux observateurs et économistes l’affirment “Dans les mois à venir, des millions de gens vont mourir de faim”. Tous pointent du doigt les immenses dangers de cette crise.

    Els Deschoemacker

    Cette crise n’est pas l’effet temporaire de l’un ou l’autre désastre naturel. Une intervention humanitaire à grande échelle ne suffira pas à faire face à la crise alimentaire actuelle, qui touche des centaines de millions de pauvres pour qui les produits de base deviennent bien trop cher.

    Le débat concernant les causes de cette crise et les mesures à prendre est intense. Pour les uns, la réponse réside dans le « libre marché » et toute mesure de limitation des prix ou de contrôle des exportations est donc à proscrire. Pour les autres, c’est au contraire dans la limitation et la correction de ce “libre marché” que se trouve la solution.

    Les raisons pour lesquelles plus de 100 millions de personnes sont venues – en quelques mois ! -grossir les rangs du milliard de pauvres (ceux qui vivent avec moins de 1 dollar par jour) qui existait déjà sont les mêmes que celles qui sont à la base des profits record de bon nombre de grandes sociétés agroalimentaires. Des mastodontes comme Monsanto, Cargill, Mosaic, Syngenta, Unilever, Nestlé, Wal-mart et autres producteurs de graines génétiquement modifiées, de produits agricoles, d’autres produits à base de soja, de maïs ou de blé, d’engrais,… ont augmenté leurs profits jusqu’à parfois 70% !

    Les pauvres et les classes moyennes du monde néocolonial ne sont pas les seuls à subir les conséquences désastreuses de l’augmentation des prix. Chez nous aussi, la crise du pouvoir d’achat fait exploser la part du budget des familles consacrée à la nourriture et à l’énergie.

    Quelles sont les causes de ce “choc des prix alimentaires” ?

    Une demande qui augmente…

    Plusieurs spécialistes parlent de l’augmentation de la demande des pays dits “émergents” comme le Brésil, l’Inde, la Chine,… Ces pays ont connu une croissance économique allant de 5 à plus de 10% sur base de la croissance de l’économie mondiale. Jusqu’au milieu de l’année 2007, l’euphorie était générale vis-à-vis de cette croissance et du développement des classes “moyennes” qui promettaient, à terme, l’abolition de la pauvreté.

    Durant ces années, des centaines de millions de gens ont ainsi pu augmenter un peu leur consommation alimentaire. Mais l’impact de cette augmentation ne doit pas être surestimé. D’abord, parce que la pauvreté est loin d’avoir disparu. Trois milliards de gens vivent avec moins de 2 dollars par jours, dont un milliard (une personne sur six) avec 1 dollar ou moins par jour ! Ensuite, parce qu’au cours des quatre premiers mois de 2008, ils ont déjà perdu en moyenne 0,20 dollar, une bouche en moins dans une famille de cinq (De Morgen, 26/04/08) et que la crise économique qui se développe risque de doubler ce nombre et d’effacer l’essentiel des gains des dernières années !

    … et une offre limitée

    Au cours des 20 dernières années, les investissements dans l’agriculture ont chuté vertigineusement et la productivité a suivi. L’hebdomadaire britannique The Economist (19/04/08) a ainsi écrit que “les investissements publics dans l’agriculture du monde néocolonial ont diminué de moitié entre 1980 et 2004. (…) Nous payons le prix de 15 années de négligence”.

    Mais il ne s’agit nullement de négli-gence mais au contraire d’une politique consciente aux conséquences catastrophiques. Le néolibéralisme a transformé des pays producteurs de nourriture en pays importateurs et a mené en général au sous-emploi et au sous-investissement dans l’agriculture pour la simple raison que ce n’était pas assez rentable. Le commerce dans les pays du Tiers-Monde a été « libéralisé » sous les pressions du FMI et de la Banque Mondiale pour favoriser les importations provenant des Etats-Unis et de l’Europe alors que ces derniers ont continué à protéger leurs propres marchés. Résultat: la production locale a été balayée. Les progrès technologiques (meilleurs engrais, graines,…) ne sont accessibles qu’à ceux qui disposent de gros capitaux. Les petits paysans du monde néocolonial sont donc privés de ces progrès.

    Des pays qui étaient hier auto-suffisants en termes de production de nourriture sont devenus dépendants de l’importation et en paient aujourd’hui le lourd prix. La nourriture importée est devenue inabordable pour des millions de personnes sans qu’une production de nourriture locale puisse la remplacer. De plus, les stocks mondiaux de nourriture ont baissé jusqu’au minimum absolu, ce qui est très attractif pour les spéculateurs !

    Agrocarburants: une solution face au prix du pétrole ou un crime contre l’humanité ?

    Les prix toujours plus élevés de l’énergie, la très grande instabilité politique et sociale dans les pays producteurs de pétrole ainsi que les conséquences dramatiques du réchauffement climatique – pas seulement dans le monde néocolonial (qui n’a jamais eu d’intérêt décisif pour le capitalisme mondial) mais ici aussi, dans le monde industrialisé – ont obligé les gouvernements et les grands groupes capitalistes à porter leur attention sur des formes “alternatives” ou “vertes” d’énergie.

    Aux Etats-Unis, la production alimentaire laisse une place grandissante à celle d’agrocarburants, comme c’est déjà le cas au Brésil depuis longtemps. L’Europe suit une pente identique. Fidel Castro a été l’un des premiers à montrer du doigt les conséquences perverses de cette politique mais aujourd’hui, même un rapporteur de l’Organisation des Nations-Unies parle des subventions accordées aux agrocarburants comme “d’un crime contre l’humanité”. Le problème, c’est qu’il n’existe tout simplement pas de solution écologique et humaine dans le cadre du capitalisme. Les agrocarburants sont aujourd’hui plus lucratifs et plus attractifs pour le capital, et tant pis si cela engendre de nouveaux problèmes. Le bonheur des uns fait la mort des autres !

    L’élément déterminant: la spéculation

    La fuite des capitaux du marché immobilier vers celui des matières premières, c’est-à-dire d’une bulle spéculative à une autre, est d’une importance décisive dans les augmentations de prix. Le capital, uniquement intéressé dans un maximum de retour sur investissement, s’est trouvé un nouveau “refuge”.

    La patronne de la société ADM (multinationale spécialisée dans la vente et la transformation de grains) a déclaré: “la volatilité sur le marché des matières premières présente des opportunités sans précédent”. Ce n’est pas du cynisme, c’est de l’économie. De l’économie de marché, plus précisément.

    Les crises récentes du marché immobilier, du crédit et de l’alimentation font chanceler les économies, créent de l’instabilité et mettent en danger les gouvernements. L’euphorie qui régnait encore au début de l’an dernier a totalement disparu. Aux Etats-Unis, où la crise est plus avancée, des centaines de milliers de gens ont perdu leur maison ou leur emploi, voire les deux. Un sérieux ralentissement de la croissance mondiale arrive à grands pas. Bien que des milliards de dollars et d’euros se soient évaporés, la recherche de profits continue et le pétrole, l’or et les matières premières sont devenu le nouvel eldorado. Personne ne va investir dans la production dans une période de déclin du pouvoir d’achat.

    L’économie mondiale est prise dans une spirale descendante et nous allons en subir les conséquences.

    Un monde politique sous pression et profondément divisé

    Des protestations massives autour du pouvoir d’achat et de l’alimentation (les fameuses émeutes de la faim) se sont développées partout à travers le monde depuis le début de l’année. Dans beaucoup de pays, les travailleurs sont passés à la lutte collective et des victoires ont été obtenues, comme les fonctionnaires en Syrie et en Egypte qui ont obtenu jusqu’à 30% d’augmentation salariale.

    La peur s’est installée. Des insti-tutions internationales comme la Banque Mondiale, le FMI ou l’ONU organisent des réunions, discutent,… mais ne trouvent pas de solutions viables. Bien entendu, il subsiste encore des fous libéraux qui appellent à plus de libre marché et à l’abolition des subventions et des limitations commerciales. Mais, sous la pression, la politique dominante des 20 dernières années commence à être mise en question et une tendance vers le protectionnisme et les interventions de l’Etat se développe. Des mouvements de masse, ou même parfois seulement la crainte de protestation, ont déjà forcé des gouvernements à prendre des mesures précédemment considérées comme hérétiques. Plus de 30 pays ont pris des mesures de limitation des exportations, de contrôle des prix, de subvention alimentaire,… pour tenter de contrer la spéculation.

    Tout cela peut temporairement et localement atténuer les problèmes. Nous sommes évidemment favorables à chaque amélioration à court terme et nous luttons pour en obtenir mais nous devons aussi prévenir des limites de ce type de mesures, et particulièrement du protectionnisme. Un contrôle des prix sans contrôle de la production et de la distribution conduit à des étagères vides dans les supermarchés et à la pénurie parce qu’il est plus avantageux pour les producteurs de se diriger vers le marché noir. Une augmentation des taxes pour les multinationales mène à une fuite des capitaux et de la production. Limiter les exportations alors qu’il n’y a pas assez de consommation locale peut pousser les paysans contre les autres travailleurs et le gouvernement local.

    En fait, œuvrer pour le bien des masses de pauvres et de travailleurs tout en essayant de donner un os à ronger aux propriétaires du capital est un grand écart impossible à réaliser.

    Une soi-disant « troisième voie » qui prétende sauvegarder à la fois les intérêts du travail et ceux du capital est un cul-de-sac.

    Food, not profit !

    Un programme socialiste contre le “libre” marché capitaliste

    Des protestations massives peuvent temporairement obliger les gouvernements et les entreprises à investir dans l’approvisionnement alimentaire ou les services publics, à produire en respectant mieux l’environnement, à payer des salaires qui suivent le coût réel de la vie,… à céder, donc, une part plus grande de leurs profits aux travailleurs et à leurs familles. Mais pour réaliser des changements fondamentaux, nous devrons nous en prendre au système de profit en lui-même.

    Cette crise alimentaire ne se solution-nera pas avec des sparadraps, il faut une approche mondiale, une planification de la production et de la distribution de nourriture sous le contrôle de la collectivité. Seule la classe ouvrière peut l’imposer en s’organisant, en luttant pour conquérir des droits syndicaux et politiques, en construisant des partis politiques qui défendent réellement ses intérêts et enfin en prenant elle-même le contrôle de la société.

    Les banques et le système financier jouent un rôle important dans cette crise. Nationaliser ce secteur et en utiliser les moyens pour le bien commun permettrait des investissements énormes dans une production de nourriture efficace, planifiée et respectueuse de l’environnement.

    Les nationalisations ont longtemps été considérées comme irréalisables, mais la crise du crédit a mis une fin à cette idée. Ces derniers mois, aux Etats-Unis ou en Grande-Bretagne, de grandes banques et institutions financières ont été nationalisées pour éviter des faillites qui auraient pu causer de grands problèmes au système financier et à toute l’économie.

    Partout, les banques ont reçu des garanties que leurs dettes seraient si nécessaire reprises par l’Etat, ce qui a incité les marchés à calmement continuer comme avant : la collectivité payera bien pour la spéculation quand ça tournera mal…

    Les travailleurs et les pauvres, où que ce soit, ne reçoivent pas ces garanties. Pourtant, ce sont eux qui produisent la richesse. Si les grandes banques peuvent être « sauvées » avec de l’argent public, pourquoi ne pas les nationaliser pour assurer à chacun assez de nourriture variée ou pour garantir l’emploi et les revenus ainsi que des services publics de qualité, notamment dans des secteurs comme l’enseignement et les soins de santé ? Ces idées ne sont pas neuves. L’expérience du mouvement ouvrier nous apprend qu’un programme de nationalisations ne peut être une solution que dans un système démocratique où le contrôle et la gestion sont assurés par les travailleurs.

    Cela est nécessaire tant pour assurer que des gouvernements corrompus et les riches élites n’accaparent les profits que pour garantir une efficacité et une planification à l’échelle nationale et internationale.

    L’augmentation des prix et la pénurie alimentaire peuvent conduire à de grands mouvements révolutionnaires qui, faute de solution dans le système de profit, chercheront nécessairement une solution au-delà les limites du capitalisme. Des gouvernements de gauche en Amérique Latine, comme au Chili au début des années ’70 et au Venezuela aujourd’hui, illustrent ce qui est possible, même si une fraction seulement de la richesse est utilisée dans l’intérêt commun. Mais ce type de mesures est insuffisant pour abolir la pauvreté et la misère.

    Les moyens de production doivent être dans les mains des travailleurs pour pouvoir utiliser la richesse, la technique et la nature dans les intérêts de l’homme et de l’environnement. Le vieux slogan “socialisme ou barbarie” est aujourd’hui plus actuel que jamais.


    Liens:

  • Prix de l’alimentation. Ils spéculent. Nous payons la note!

    Prix de l’alimentation

    Cette question, vous vous l’êtes déjà posée à la caisse : combien va me coûter mon caddie cette fois-ci ? A chaque fois, le ticket de caisse vous étonne : en un an, le pain a augmenté de 13%, les oeufs de 25%, les spaghettis de 25%, …

    Tract MAS. PDF (Néerlandais – Français)

    Beaucoup d’éléments jouent dans ces augmentations. La destruction du climat, les réquisitions de terres cultivables pour les biocarburants,… Mais le point fondamental, c’est la spéculation. D’énormes stocks de nourriture sont bloqués dans les hangars pour spéculer sur la hausse continue des prix alors que des millions de personnes ont besoin d’une aide alimentaire.

    Les spéculateurs ont déjà joué auparavant avec notre épargne dans les bourses et sur le marché immobilier. Avec la crise, ils se sont massivement jetés sur les matières premières et l’alimentation. Ce sont d’abord les habitations qui sont devenues impayables, la même chose arrive maintenant avec notre alimentation.

    Non à la flambée des prix !

    Non à la flambée des profits !

    Alors que de plus en plus de familles doivent rogner sur leur alimentation, les multinationales font des profits gigantesques. Des sociétés comme Monsanto (+50%) et Cargill (+70%) connaissent des augmentations de profits spectaculaires. En 2007, Nestlé a fait 6,59 milliards d’euros de bénéfices.

    Et tout le monde veut profiter de l’aubaine, dans la distribution et ailleurs, en utilisant la hausse des prix pour augmenter la marge bénéficiaire.

    Entretemps, les managers des grandes entreprises sont largement récompensés pour leurs services: 2,6 million d’euros le salaire annuel chez Delhaize (une hausse de 25% par rapport à l’année précédente), 4,28 million d’euros chez Inbev.

    Notre niveau de vie est en chute libre!

    En six mois, le nombre de personnes vivant avec moins d’un dollar par jour a augmenté de 100 millions. Tous ceux qui doivent vivre avec moins de 2 dollars par jour – 2,5 milliards de personnes – qui étaient déjà confrontés à la misère et la pauvreté, font aujourd’hui face à la famine.

    « Les spéculateurs achètent de grandes quantités, les stockent, et les tiennent en dehors du marché jusqu’à ce que les prix augmentent ! »

    Chez nous, le nombre de gens qui font appel à l’aide alimentaire augmente; la FGTB a d’ailleurs introduit le terme de « travailleur pauvre ». En plus de tout le reste, c’est humiliant de ne pas pouvoir subvenir aux besoins les plus essentiels de sa famille.

    Pour celui qui vit avec un salaire raisonnable, ce sont les études supérieures des enfants, les vacances, la détente et la culture qui sont sous pression. Justement ces choses qui rendent la vie plus agréable.

    Les pauvres et les travailleurs, dont le niveau de vie est menacé, ont raison de passer à l’action. Aux quatre coins du monde il y a des manifestations et des actions de grève. En Belgique aussi, il y a eu des actions et des grèves pour plus de salaire. En juin se dérouleront d’ailleurs des actions et manifestations à l’initiative des syndicats.

    Au début de cette année, les patrons ont parlé d’une «hystérie du pouvoir d’achat». Mais aujourd’hui, c’est le monde entier qui est frappé par une crise alimentaire et du pouvoir d’achat telle que nous n’en avons jamais vue.

    Quelles solutions pour cette crise?

    Seule une réelle augmentation salariale pour la classe des travailleurs peut sauver notre pouvoir d’achat. Nous avons aussi besoin d’un programme social qui comprend entre autres des allocations adaptées au bien-être.

    En tant que véritables socialistes, nous pensons que c’est le chaos et l’anarchie du marché « libre » qui pousse le monde dans cette crise. La science et la technologie atteignent pourtant des niveaux extraordinaires. Il est parfaitement possible aujourd’hui de produire de quoi nourrir 12 milliards de personnes.

    Les travailleurs doivent exiger que les secteurs clés de l’economie soient sous le contrôle de la collectivité. De cette façon, un plan démocratique qui permette de vendre les produits alimentaires à des prix abordables peut être établi. Ces entreprises doivent être sous le contrôle des travailleurs et des consommateurs, ce n’est que de cette façon que la production sera orientée vers les besoins de la population et en faveur de l’environnement.


    Pour un programme vraiment socialiste !

    • Un index qui reflète réellement l’augmentation du coût de la vie
    • Suppression de la TVA sur les produits de première nécessité
    • 1 euro d’augmentation salariale par heure pour tous
    • Augmentation significative des allocations

    Financé par :

    • Une répression sévère de la grande fraude fiscale
    • La suppression des cadeaux fiscaux aux riches
    • Un impôt sur les grandes fortunes
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