Tag: Minerval

  • Le coût des études pousse des étudiants dans la prostitution !

    Luttons pour un enseignement décent et gratuit

    Fin septembre, un camion publicitaire de la société RichMeetBeautiful était parqué à l’entrée de l’ULB. On pouvait y lire ‘‘Hey les étudiantes ! Améliorez votre style de vie. Sortez avec un sugar daddy’’. C’est ni plus ni moins qu’une banalisation de la prostitution étudiante. Est-ce suffisant d’interdire ce type de publicité ? Pour en finir avec de telles pubs, il faut éradiquer la précarité étudiante.

    Par Emily (Namur)

    Banalisation de la précarité étudiante

    Selon la Fédération des étudiants francophones (FEF), pour un étudiant kotteur, une année d’étude supérieure revient à plus de 10.000€. Le minerval a augmenté de près de 50% en Flandre depuis 2014 et a triplé cette année pour les étudiants étrangers côté francophone. Et cela ne comprend pas encore tous les autres frais connexes : syllabus, ordinateur,… À côté de ça, les frais indirects augmentent systématiquement d’année en année (logement, nourriture, transport,…), un poids d’autant plus lourd qu’il s’accompagne de la pénurie généralisée de moyens due aux politiques des autorités (manque de logements sociaux, manque de places en crèche,…) et des coupes budgétaires à tous les niveaux de pouvoir.

    ‘‘Selon le SPF Intégration sociale, le nombre de jeunes qui bénéficient du Revenu d’intégration sociale (RIS) a doublé en 10 ans, passant de 7.239 en 2006 à 14.867 en 2016. Un chiffre immense puisque ces étudiants pauvres représentent près de 15 % du nombre total de bénéficiaires belges du RIS.’’(1) Face à cette affluence et au manque de financement des CPAS, une enquête est systématiquement réalisée pour s’assurer que la famille n’a pas les moyens de subvenir au besoin du jeune et force ce dernier, le cas échéant, à entreprendre une action en justice pour obtenir une pension alimentaire ! C’est aussi le CPAS qui, sur base d’une entrevue, mais surtout de l’état de ses finances, autorisera le jeune à entreprendre ou non des études supérieures.

    De nombreux étudiants tentent également de demander une bourse d’étude mais, là aussi, c’est la galère. La récente réforme pour l’octroi des bourses d’études côté francophone a fait mal à 32.000 étudiants avec la globalisation des revenus pour le calcul d’octroi d’une bourse d’études. Ainsi les revenus de tous ceux qui vivent sous le même toit sont pris en considération, que ça soit le frère, la sœur ou encore le colocataire de l’étudiant précaire(2). La solidarité s’organise de moins en moins au niveau de l’ensemble de la société, pour se limiter au niveau de la famille. La possibilité d’un jeune d’étudier ne dépend dès lors pas de sa motivation, mais bien des moyens de sa famille.

    Obligé de travailler pour payer ses études

    Dans ce cadre, c’est le règne de la débrouille, et pas à armes égales. Le nombre d’étudiants jobistes employés toute l’année a augmenté de 70 % en cinq ans(3). Pour la moitié d’entre eux, ce travail n’est pas une source d’argent de poche, mais un moyen de financer leurs études et de vivre(4). La réforme de 2012 qui facilite le travail étudiant a illustré qu’il est dorénavant considéré comme normal de travailler à côté des études tout au long de l’année. Les étudiants qui doivent ainsi s’autofinancer perdent un temps d’étude considérable et sont surreprésentés parmi les situations d’échec. De plus, ils n’ont pas toujours la possibilité de recommencer leur année ou de se réorienter : les familles ne peuvent parfois pas l’assumer et le CPAS ne l’accepte généralement pas.

    L’augmentation massive du nombre de jobistes a également des conséquences non négligeables sur les travailleurs temporaires (soit un travailleur de moins de 30 ans sur 4(5)). Dans certains secteurs, les travailleurs intérimaires doivent chômer l’été – et de plus en plus durant l’année – car les entreprises préfèrent employer des étudiants, encore meilleurs marchés. Il s’agit d’une pression à la baisse sur les salaires et les conditions de travail de l’ensemble des salariés.

    En plus de mettre en concurrence les jeunes travailleurs et les étudiants, les hommes et les femmes ne sont pas égaux face aux jobs étudiants. La société d’intérim Randstad a mené une étude qui révèle que les inégalités salariales en fonction du genre sont déjà perceptibles chez les jobistes. Une étudiante jobiste gagne en moyenne 1.904 € par an, contre 2.166 € pour un étudiant masculin. Le salaire horaire, quant à lui, est de 11,10 € en moyenne pour un étudiant, et de 10 € pour une étudiante. L’étude souligne également que cette différence est encore plus marquée si on regarde les jobs informels (baby-sitting, jardinage,…)(6).

    Des entreprises se frottent les mains…

    La précarisation étudiante est une opportunité de profits aux yeux de certains ! La prostitution existe sur tous les sites de rencontres. Mais avec la pub de RichMeetBeautiful, on est passé à la catégorie supérieure. Le PDG de RMB, Sigurd Vedal, met clairement en lien le manque de moyens des étudiantes et leurs inscriptions sur son site: ‘‘La vie d’étudiant n’est pas une vie aisée. Vous aurez besoin d’argent pour payer vos manuels, pour un nouvel ordinateur, un logement, vous nourrir et vos moments de détente.’’(7) Il serait donc logique que des étudiantes (mais aussi des étudiants) vendent leur corps aux riches pour subvenir aux coûts des études et de la vie ?!

    RMB prévoit ‘‘300.000 inscriptions de membres belges d’ici la fin de l’année 2018’’(8). Le phénomène est difficilement chiffrable, car tant les étudiantes ayant recours à cette activité que les clients tiennent à garder cela secret. Mais entre 3 et 5 % des étudiantes en Europe auraient recours à la prostitution de manière occasionnelle ou régulière peut-on lire dans Moustique(9). En Belgique, on compterait 16.000 étudiantes “sugar babies” selon la journaliste Julie Denayer. Et ce chiffre n’est pas près de diminuer. Une étude menée en Grande-Bretagne montre le lien entre augmentation du coût des études et hausse de la prostitution étudiante…

    Selon Renaud Maes(10), docteur en Sciences sociales et du travail et chercheur à l’ULB, la grande majorité des étudiantes qui opte pour cette activité le fait par besoin criant d’argent rapide, souvent lié à une situation d’endettement. Il rappelle également qu’une très large proportion des personnes qui se prostituent, en ce compris les étudiantes, se font agressées, souffrent de syndrome post-traumatique et tombent dans la drogue. Ce n’est pas une activité anodine dont on sort indemne. Et si les étudiantes ont généralement recours à la prostitution pour financer leurs études, la majorité les abandonne, car c’est également chronophage. Sortir de cette activité à la fin des études n’est pas non plus évident puisqu’il n’y a pas d’aide sociale à la fin de ces dernières et qu’il faut en moyenne 7,5 mois pour trouver un emploi une fois le diplôme en poche(11).

    L’interdiction des publicités du type de celle qui trônait à côté de l’ULB par le Jury d’Éthique publicitaire est importante, mais cela ne suffira pas pour combattre ce phénomène. La campagne de sensibilisation que veulent mener la ministre des Droits des femmes Simonis et le ministre de l’Enseignement supérieur Marcourt non plus. Ce n’est pas tant un manque d’informations sur les dangers que comporte cette activité, mais bien un manque de moyens pour vivre et étudier qui engendre la prostitution étudiante. C’est sur ce terrain-là que des actions doivent être entreprises.

    Permettons à chacun d’étudier dans de bonne condition : pour un salaire étudiant !

    Pour que chacun puisse réellement choisir d’entreprendre ou non des études supérieures, il est nécessaire que les jeunes – et moins jeunes – qui décident de consacrer du temps aux études puissent le faire de manière sereine, en toute indépendance financière. Il est inacceptable que le coût des études empêche des jeunes d’étudier, les pousses à se prostituer ou leurs familles à se ruiner.

    L’enseignement doit être pris en charge par la collectivité, dans l’ensemble de ses aspects. Nous revendiquons, dès lors, un enseignement gratuit, accessible et la qualité. Pour cela, un refinancement public de l’enseignement à hauteur de 7 % du PIB est indispensable.

    Remettons également à l’ordre du jour la revendication d’un salaire étudiant, exigence auparavant portée par les organisations de jeunesse syndicales. Cela rendrait les études réellement accessibles à tous, face au coût, mais aussi au manque à gagner qu’elles constituent. Un salaire étudiant permettrait aussi de choisir quel type d’étude entreprendre. Un jeune dont la famille a dû faire des sacrifices importants pour qu’il accède aux études est souvent bien plus confronté à la pression de faire des études qui permettent de mieux gagner sa vie au détriment de celles qui l’intéressent peut être plus. Un salaire étudiant permettrait de mettre toutes les chances du côté de l’étudiant et de l’étudiante pour favoriser sa réussite, mais également lui permettre de vivre dignement.

    1. http://www.lalibre.be/actu/belgique/le-nombre-d-etudiants-au-cpas-a-double-en-10-ans-5809a0bbcd701ccd4d7dcfd
    2. http://www.lalibre.be/actu/belgique/le-nombre-d-etudiants-au-cpas-a-double-en-10-ans-5809a0bbcd701ccd4d7dcfd22) https://www.rtbf.be/info/societe/onpdp/detail_nouvelles-bourses-d-etudes-32-000-etudiants-en-difficulte?id=9538822
    3. http://www.lesoir.be/108286/article/2017-08-08/le-nombre-detudiants-jobistes-employes-toute-lannee-explose-en-cinq-ans
    4. https://www.rtbf.be/info/societe/detail_la-moitie-des-etudiants-qui-travaillent-le-font-pour-financer-leurs-etudes?id=9712580
    5. https://www.rtbf.be/info/belgique/detail_emploi-en-belgique-la-situation-s-ameliore-mais-pas-de-quoi-crier-victoire?id=9733456
    6. http://plus.lesoir.be/101659/article/2017-06-27/pourquoi-etudiantes-et-etudiants-jobistes-ne-gagnent-ils-pas-la-meme-chose
    7. http://www.moustique.be/19352/prostitution-20-voulez-vous-une-sugar-baby
    8. http://www.lalibre.be/actu/belgique/une-campagne-de-publicite-sexiste-cree-la-polemique-a-l-ulb-59c90213cd70129e418c9d22
    9. http://www.moustique.be/19352/prostitution-20-voulez-vous-une-sugar-baby
    10. Idem
    11. http://www.stepstone.be/Conseils-de-Carriere/Trucs-astuces/combien-de-temps-faut-il-pour-trouver-un-emploi.cfm
  • Augmentation du minerval pour les étudiants étrangers

    Bientôt, le plafond du prix du minerval d’un étudiant étranger pourrait passer de 4.175 euros à 12.525 euros, selon un avant-projet de décret organisant le refinancement de l’enseignement supérieur.

    Par Nina (Bruxelles)

    Actuellement, les universités et hautes écoles sont autorisées à faire payer jusqu’à 5 fois le minerval classique (835 euros pour les universités) aux étudiants étrangers. Il existe des exceptions. Les étudiants ressortissants d’un pays PMA (les pays les moins avancés, selon l’ONU), ceux ayant le statut de réfugié ou de résident, les étudiants venant d’un pays de l’Union européenne ou encore les jeunes dont le pays a conclu des accords avec la Fédération Wallonie-Bruxelles continueraient à payer la même somme que les étudiants belges.

    Si le projet est adopté, les institutions de l’enseignement supérieur pourront multiplier le prix du minerval classique par 15 et non plus par 5 pour les étudiants étrangers, hors exceptions citées précédemment. Ce projet répond à la demande émise depuis longtemps de la part des recteurs d’augmenter les frais d’inscription. Ils ont cependant fait parvenir une note confidentielle à l’Académie de recherche et d’enseignement supérieur (Ares) dans laquelle ils réclament l’abolition des exceptions citées plus haut et demandent qu’on leur accorde la possibilité de décider eux-mêmes des étudiants étrangers auxquels accorder une aide financière.

    Précarisation des étudiants étrangers

    Ce projet précarisera encore plus les étudiants étrangers, déjà victimes des administrations de l’enseignement supérieur. Le 1er mars au matin, une vingtaine d’étudiants étrangers de l’ULB ont bloqué le siège de la direction du service d’inscription. Ils protestaient contre la réclamation de plusieurs milliers d’euros de frais d’inscription supplémentaires, ils avaient en effet reçu une menace de désinscription si ces montants n’étaient pas payés dans les semaines qui suivaient, une surprise à laquelle ils ne s’attendaient pas. Ces étudiants avaient pourtant reçu la confirmation de leur inscription après avoir payé le minerval classique en début d’année, les services d’administration s’étaient-ils tout à coup rendus compte qu’il y avait là une possibilité de grappiller quelques euros suite à l’obligation de faire des économies émise par le gouvernement ? (1)

    Mais quel est le but du projet de décret? Les représentants des étudiants craignent que cela ouvre les portes à un refinancement de l’enseignement par les étudiants eux-mêmes…

    Le but serait-il de dissuader les étrangers de venir étudier en Belgique francophone ? Selon le recteur de l’ULB, Didier Viviers, le but serait de refléter le réel coût des études. Il déclare de plus qu’à l’étranger on considère que le prix traduit la qualité.(2) Mais cela ne vaut que pour les familles qui ont les moyens de payer ces montants ! De plus, si le but est de mettre en avant la qualité de l’enseignement, il faudrait déjà que cet enseignement soit de qualité. Mais avec les économies toujours plus importantes faites sur le budget dédié à l’enseignement, celle-ci ne fait qu’en pâtir.

    Si on souhaite que la qualité de l’enseignement belge soit reconnue à l’étranger, il serait par exemple temps de rénover les auditoires qui tombent en ruines, surtout dans les filières plus artistiques ou sociales. Le but de l’enseignement ne devrait pas être utilitariste. Actuellement la priorité est mise sur les filières utiles au monde de l’entreprise. Il est nécessaire de mettre plus de professeurs à disposition des étudiants, surtout en première année de baccalauréat, où les étudiants s’entassent dans les auditoires.

    Pour un refinancement public massif de l’enseignement !

    Le pacte d’excellence, une réforme de l’enseignement que prépare le gouvernement et dont les informations restent pour l’instant assez secrètes, inquiète les enseignants. En effet, Eugène Ernst (CSC) et Pascal Chardome (CGSP) tiennent le même discours : ‘‘On veut réformer l’école, sans y mettre les moyens. Nous craignons donc que l’enseignant soit la seule variable d’ajustement… Nous ne voulons pas d’un pacte qui menacerait l’emploi, le statut, ou les conditions de travail.’’ (3)

    La seule solution pour obtenir un enseignement de qualité serait un refinancement massif de l’enseignement, avec réouverture de l’enveloppe fermée dédiée à ce budget. Ce refinancement ne peut pas se faire en allant chercher dans les poches des étudiants ou des familles, ceux-ci devant déjà assumer des frais toujours plus importants en termes de logements étudiants, de transports, etc. Étudier est un droit, pas un luxe, et il est nécessaire d’y mettre tous les moyens possibles !

    Des moyens financiers, il y en a ! Il serait temps que les richesses produites par les travailleurs ne soient plus accaparées par quelques riches mais servent au bien-être de tous. Cela passe par un enseignement pleinement accessible et de qualité, pour tout le monde, qu’importe le pays d’origine.

    (1) ‘‘Des étudiants étrangers contestent leur minerval’’, Le Soir, 2 mars 2016.
    (2) Dans une interview réalisée par Valentine Van Vyve, journaliste pour La Libre.
    (3) BOUILLON P., ‘‘Le pacte d’excellence’’, Actualité, 3 mars 2016

  • Protestations anti-austérité à la réception de Nouvel An du CD&V

    Rapport : Fabian. Photos : Jean-Marie et Liesbeth

    Hier, des étudiants du secondaire et du supérieur se sont réunis devant la réception de Nouvel An du CD&V, à Gand, afin de dénoncer l’augmentation des frais d’inscription dans l’enseignement supérieur ainsi que les mesures d’austérité qui frappent l’enseignement. Des militants de la CSC étaient également présents pour protester contre les politiques d’austérité de même que des activistes de l’association pacifiste Vrede vzw qui s’opposent à l’achat de nouveaux avions de chasse F-35.

    La ministre flamande de l’enseignement, Hilde Crevits, a été accueillie par les jeunes au cri du slogan “Hilde Crevits, van ons krijg je niets!” (“Hilde Crevits, tu n’auras rien de nous!”). Au cours de sa première année à ce poste, elle veut sabrer 800 millions d’euros du budget de l’enseignement.

  • Londres : Manifestation contre les frais d’inscription

    socialistsstudents

    Ce 19 novembre, plus de 5.000 étudiants ont manifesté à Londres afin de revendiquer un enseignement gratuit. Suite à une réforme introduite en 2010, les frais d’inscription ont massivement augmenté en Angleterre : ils peuvent atteindre les 9000 livres (soit 10.500 euros…)! Au sein de ce cortège étudiant se trouvait un bloc des Socialists Students, une organisation étudiante dont les Etudiants de Gauche Actifs sont très proches puisqu’il s’agit de l’organisation étudiante du Socialist Party, le parti-frère du PSL en Angleterre et au pays de Galles.

    Cette manifestation, rapportent nos camarades anglais, était une brillante démonstration de colère et de détermination. Des étudiants étaient venus de tout le pays, certains sans même avoir reçu le moindre soutien de leur syndicat étudiant, en s’arrangeant avec des amis ou d’autres étudiants.

    Les Socialist Students avaient quant à eux un contingent combatif avec de nombreux slogans et des chants de lutte entrecoupés de prises de parole. Ils ont également distribué un tract expliquant leur stratégie pour la suite du mouvement étudiant, et abordant la question fondamentale du type de direction dont nous avons besoin. En voici quelques extraits ci-dessous.

    “Il y a quatre ans, le 10 novembre 2010, les rues de Londres avaient accueilli plus de 50.000 jeunes. (…) C’était le début d’un mouvement qui a donné le goût de la lutte à des milliers de personnes. Deux semaines plus tard, plus de 100.000 étudiants étaient encore sortis de leurs universités et hautes écoles. La médecine amère de l’austérité, dans ce cas précis le triplement des frais d’inscription et des coupes dans les budgets de l’enseignement, était rejetée avec vigueur.

    Les étudiants qui manifestent aujourd’hui vont à juste titre se demander quels doivent être les prochains pas du mouvement actuel. Comment reconstruire un mouvement capable de défier le gouvernement et l’austérité dans l’enseignement ?

    En retournant sur nos campus, la tâche la plus immédiate doit être d’organiser la solidarité avec le personnel (…) dans le cadre de leur lutte pour leurs pensions. Leur combat est également le nôtre. mais il y a aussi la question de la direction de la lutte.

    Lors de la mobilisation vers la manifestation [de ce 19 novembre], la direction de droite du National Union of Students (NUS, syndicat national des étudiants) a tenté de retirer la prise. Toni Pearce, présidente du NUS, a annoncé dans une déclaration publiée sur internet qu’elle-même et d’autres responsables revenaient sur leur décision de soutenir la manifestation en raison, officiellement, “d’inquiétudes concernant la sécurité”. Il s’agit d’un grave déni de prise de responsabilité. (…) Avec la menace de nouvelles attaques contre notre enseignement, échouer à organiser ou même à soutenir une manifestation nationale est criminel.

    Si la direction du NUS avait de véritables raisons d’avoir des craintes pour la sécurité des manifestants, son attitude aurait dû être de donner les ressources et les conseils nécessaires pour aider les organisateurs à surmonter les difficultés. le mieux aurait été que les dirigeants étudiants aient eux-mêmes organisé la manifestation en première instance. (…) Il ne faut pas attendre de “permission” de la part de personnes du type de Toni Pearce pour organiser la riposte dont nous avons désespérément besoin. Le mouvement de 2010 (…) lui aussi avait été trahi par la direction du NUS, qui a abandonné la lutte dès la première manifestation.

    En plus de cela, la classe des travailleurs – avec son pouvoir économique monumental – devait encore entrer dans l’arène. En dépit de la colère et d’une forte solidarité entre étudiants et travailleurs, ces derniers ont été retenus par le frein des directions syndicales. Ces facteurs ont assuré que le premier round de la bataille contre l’austérité dans l’enseignement s’est terminé en défaite.

    Mais aucune défaite n’est éternelle. Nous devons retourner dans nos campus et continuer à organiser la lutte, avec des grèves, des actions de protestation et des occupations afin de mettre sous pression la direction des universités et les dirigeants syndicaux étudiants.

    Mais il nous faut aussi lutter pour une alternative politique. Aucun des principaux partis ne peut être digne de confiance. Se réfugier derrière un soutien pour le parti Travailliste (qui a introduit l’augmentation des frais d’inscription) n’est pas une stratégie viable. Les 1% les plus riches ont 4 grands partis à leur disposition. Nous avons besoin de notre propre parti, qui se batte pour les intérêts de tous les travailleurs, les jeunes, les pauvres et les opprimés. (…) Aux USA, Kshama Sawant (Socialist Alternative, organisation-soeur du Socialist Party et du PSL aux USA) a récemment obtenu près de 100.000 voix et a été élue au conseil de Seattle; Elle a ensuite mené avec succès une campagne pour l’imposition des 15 dollars de l’heure comme salaire minimum. Cela illustre ce qui est possible.

    (…) Nous nous opposons à chaque mesure d’austérité et luttons pour une société où les grandes entreprises – banques, multinationales,… – seront publiquement et démocratiquement gérées et contrôlées. A la place d’une économie destinée à satisfaire la soif de profits capitaliste, nous avons besoin d’une économie démocratiquement planifiée afin de satisfaire les besoins de la majorité sans détruire la planète.

    L’énergie et la vitalité du mouvement étudiant lié aux muscles de la classe des travailleurs organisée – la mouvement syndical – représente une force formidable. les scènes de résistance de 2010 ne sont encore qu’un début.

  • [DOSSIER] Enseignement flamand : Renforçons la lutte !

    Grève des étudiants du secondaire à Gand, ce 22 octobre, avec la participation de 800 étudiants. .

    En Flandre, le gouvernement régional est la copie conforme du gouvernement fédéral : un gouvernement de droite dure qui veut frapper fort et vite. C’est dans ce cadre que l’enseignement a été visé, et qu’une mesure hautement symbolique a notamment été annoncée : l’augmentation du minerval. La ministre de l’Enseignement Crevits a ainsi annoncé une augmentation du minerval de plus de 270 euros, jusqu’à atteindre les 890 euros par an.

    Lettre ouverte de nos camarades flamands d’Etudiants de Gauche Actifs (Actief Linkse Studenten) à la communauté de l’enseignement, aux parents et à l’ensemble du personnel, enseignant ou non.

    Nous savons qu’il y a parmi les étudiants, un courant en faveur des économies et du relèvement du minerval. Il est représenté par des cercles tels que le KVHV (Katholiek Vlaams Hoogstudenten Verbond) et le LVSV (Liberaal Vlaams Studentenverbond). Ces individus veulent un retour à l’enseignement élitiste d’avant la première guerre mondiale. L’émancipation de l’enseignement ne va, pour eux, pas plus loin que la question linguistique. Pour le reste, leur vision rejoint subrepticement celle de la bourgeoisie francophone d’avant-guerre. Expriment-ils une opinion qui vit parmi de larges couches d’étudiants ? C’est tout le contraire que nous pouvons déduire des diverses mobilisations, mais nous ne pouvons nier que ces organisation de droite de fils-à-papa bénéficient d’un bon accès aux médias.

    Les premières actions des étudiants et lycéens contre l’augmentation du minerval et les autres mesures d’austérité dans l’enseignement étaient prometteuses. Plusieurs milliers d’étudiants ont signé la pétition contre l’augmentation du minerval. Les lycéens à Gand ont organisé leurs premières manifestations et sit-in en septembre. Ensuite, des journées d’action coordonnées avec sit-in et grèves ont suivi en octobre dans plusieurs écoles. Même dans les universités et les écoles supérieures, il y a eu des actions de protestation au début de l’année académique. Elles visaient essentiellement à attirer l’attention des médias, mais nous espérons que des actions de mobilisation des étudiants du supérieur suivront bientôt, comme cela a été le cas pour les étudiants du secondaire.

    Construire la résistance d’en bas par une implication maximale

    Nous ne nous faisons aucune illusion sur le caractère de ce gouvernement : il ne supporte aucune contradiction à sa politique d’austérité dure. S’il ne se donne déjà pas la peine de se concerter avec les syndicats, comment écouterait-il les étudiants et lycéens ? Pour stopper ses coupes budgétaires, il faudra donc plus que quelques manifestations, actions symboliques ou concertation pour faire connaître notre mécontentement. Cela n’empêchera pas ce gouvernement de dormir. Il nous faudra le type de résistance qui pourra imposer nos revendications. Seule une résistance de masse portée par un large front de lycéens, d’étudiants, de membres du personnel et de parents avec un programme qui se prononce contre toute mesure d’économie sur le dos des jeunes et de la population active est en mesure d’y parvenir.

    Construire un tel mouvement ne se fait pas du haut vers le vas, avec quelques personnes isolées et des actions imposées d’en haut. Il est important que les étudiants et lycéens n’en soient pas réduits à de simples spectateurs d’un mouvement en leur nom, mais soient au contraire activement impliqués dans le processus de décision et la poursuite de la construction du mouvement.

    EGA_gand_greve02C’est ainsi que le mouvement des étudiants au Québec en 2012 a pu mener un combat de longue haleine jusqu’à ce que le gouvernement soit démis et le projet d’augmenter le minerval soit annulé. Les étudiants organisaient régulièrement des assemblées générales pour lesquelles ils mobilisaient massivement et au cours desquelles les personnes présentes décidaient tant de la forme des actions que de la plateforme des revendications et du programme. Cette méthode a été instaurée par un nouveau syndicat des étudiants CLASSE, initialement contre le goût des associations d’étudiants plus anciennes comme la FECQ et la FEUQ qui, après le mouvement étudiant de 2005, avaient marqué leur accord aux mesures d’austérité dure.

    Même aujourd’hui, en Flandre, nous constatons dans le mouvement étudiant qu’il y a de fortes réticences à tenir des assemblées générales. Pourtant, le succès de telles assemblées, surtout quand elles sont liées à un plan d’action concret, est démontré par les comités d’action des lycéens à Gand. Tout de suite après leur première action du 10 septembre déjà, les 80 participants démarraient sur base de cette méthode avec un micro ouvert pour mener la discussion sur la poursuite du mouvement. Des comités d’action ont été mis sur pied dans différentes écoles et la manifestation qui a suivi le 8 octobre a réuni quelques 500 participants. La grève des lycéens du 22 octobre comptait 800 participants et poursuivait sur la lancée de cette méthode démocratique.

    Il est nécessaire pour la dynamique d’un mouvement de stimuler la discussion et le débat. Non seulement en vue de garantir une implication la plus large possible mais aussi pour enrichir le débat et renforcer la lutte.

    Contre toute la politique d’austérité

    Dans une telle lutte, il faudra convaincre ceux qui ne le sont pas. C’est impossible en limitant nos revendications au minerval et aux autres mesures d’économie qui touchent directement les étudiants. L’augmentation du minerval n’est qu’une partie d’une attaque antisociale généralisée contre les droits et revenus de toute la classe des travailleurs.

    Cela s’inscrit complètement dans le cadre de ce gouvernement qui veut faire payer la crise aux jeunes et aux travailleurs. Les riches restent hors d’atteinte. Nous devons faire ce lien. Une attaque contre l’un de nous est une attaque contre tous !

    Ce n’est qu’en cherchant l’unité des jeunes et des travailleurs que nous pourrons construire un mouvement suffisamment fort pour contrer cette attaque généralisée. Si nous ne le faisons pas, nous laisserons l’espace à l’argumentation de droite. Si l’un doit économiser pourquoi pas l’autre ? Nous serons très vite enfermés dans une logique d’austérité dont la fin ne sera plus en vue. Une argumentation politique forte contre chaque forme d’économie sur le dos des jeunes et des travailleurs n’est pas seulement utile pour nous armer contre la droite et les partisans des économies mais aussi pour pouvoir répondre aux questions des jeunes qui doutent encore.

    Depuis le début, les Etudiants de Gauche Actifs opposent l’achat de 40 nouveaux avions de chasse F35 pour un montant de 6 milliards d’euros aux mesures d’austérité du gouvernement flamand dans l’enseignement. Un seul F35 coûte environ autant que ce que doit rapporter l’augmentation du minerval ! Dans le comité d’action contre l’augmentation du minerval, il y avait au départ des contre-arguments, même Comac (l’organisation de jeunesse du PTB) estimait que la comparaison ‘‘visait trop haut politiquement’’. Entre-temps, tout le monde concède que c’est un véritable argument. C’est justement avec ce type d’exemples que l’on peut mettre en évidence que l’attaque contre l’enseignement supérieur est bien un choix idéologique.

    Le mouvement doit partir des besoins à satisfaire : il nous faut plus de moyens publics, pas moins ! Nous devons combattre l’augmentation du minerval mais également réclamer plus de moyens publics pour l’enseignement, à commencer par un retour à une situation où 7% du PIB est consacré à l’enseignement. Les syndicats l’exigent depuis des années déjà, et cela est aussi systématiquement défendu par les Etudiants de Gauche Actifs.

    Des gouvernements d’austérité à tous les niveaux qui touchent presque tous les travailleurs et allocataires sociaux offre le potentiel d’un mouvement généralisé. Les jeunes peuvent jouer un rôle très important pour dynamiser la protestation. Nous l’avons vu avec les Marches des Jeunes pour l’Emploi en 1982 et 1984 ou avec les grèves de lycéens contre le gouvernement Martens VI en 1986. Les jeunes vont plus facilement en rue, mais pour forcer l’establishment capitaliste à faire des concessions, nous devrons frapper là où ça fait mal, dans leurs profits, en mettant toute la société et l’économie à l’arrêt ! C’est pourquoi, des actions de grève sont si importantes et pourquoi nous devons renforcer les liens avec le mouvement ouvrier. En dénonçant directement toute la politique d’austérité, il est plus facile de faire des liens avec la protestation du mouvement ouvrier.

    Propositions concrètes

    EGA_gand_greve03Les Etudiants de Gauche Actifs appellent à un plan d’actions locales lié à des assemblées générales dans autant d’écoles, de hautes écoles, d’universités et de facultés que possible, dans toutes les villes.

    Les syndicats appellent à un plan d’action avec des manifestations nationales, des grèves régionales et finalement, une grève générale. Suivons le même rythme avec les lycéens et les étudiants en organisant les mêmes jours des manifestations et des grèves de lycéens et d’étudiants. La lutte des travailleurs contre le relèvement de l’âge de la pension ou le saut d’index concerne aussi la jeunesse ! Inversément, la lutte des jeunes contre l’austérité dans l’enseignement est aussi celle des travailleurs.

    Ce n’est encore qu’un début, mais le potentiel pour un mouvement commun n’a pas été aussi grand depuis longtemps. Nous ne devons pas laisser une chance à ces gouvernements de droite pour jouer avec notre avenir. Prenons notre avenir en mains en construisant un mouvement qui nous débarrassera de ces gouvernements pour faire place à une alternative au centre de laquelle seront placés les besoins de la majorité de la population.

    Pour cela, nous devrons prendre l’argent où il est, auprès des 1 % de super-riches. Les Etudiants de Gauche Actifs sont en faveur d’une alternative socialiste au capitalisme, le système actuel n’offre aucun avenir à la majorité des jeunes.

    Photos : Grève écolière de ce mercredi 22 octobre

  • [PHOTOS] Sit-in aux écoles Voskeslaan et KA Gentbrugge à Gand

    Repris du site néerlandophone des Etudiants de Gauche Actifs, actieflinks.be

    Après une première action de sit-in organisée cette semaine contre l’austérité dans l’enseignement flamand, ce mercredi, trois autres ont pris place hier. Ci-dessous, un reportage-photos de l’action de l’école Voskeslaan et un autre de KA Gentbrugge.

    Voskeslaan:

    Gentbrugge:

  • Un sit-in réussi à l’école De Wingerd (Gand), d’autres à suivre aujourd’hui !

    Rapport et photos repris d’actieflinks.be, le site des Étudiants de Gauche Actifs en néerlandais

    En Flandre, la lutte contre l’austérité dans l’enseignement se poursuit. Hier, un sit-in a eu lieu à l’école De Wingerd, à Gand. Aujourd’hui, des actions similaires sont prévues entre autres à St Lucas, de Voskenslaan et l’Athénée Gentbrugge. Thomas, un élève de De Wingerd, nous raconte.

    “Ce matin, plus de 250 élève de l’école De Wingerd ont participé à une action de sit-in contre l’austérité dans l’enseignement. L’initiative de cette action a été prise par le comité d’action de De Wingerd. Ce n’est pas la seule école qui refuse d’accepter l’austérité. Après la manifestation qui a réuni étudiants du secondaire et du supérieur le 8 octobre dernier, le lancement de groupes d’action dans différentes écoles et hautes-écoles a été décidé. Avec succès, puisque des actions doivent être menées demain à l’image de se qui s’est produit aujourd’hui à De Wingerd. J’ai entendu que cela allait se produire à St.-Lucas (qui avait déjà organisé un sit-in avec environ 200 personnes), de Voskenslaan et l’Athénée Gentbrugge. Avec ces actions, nous espérons clarifier aux yeux du gouvernement que nous n’acceptons pas la logique d’austérité et que nous allons défendre notre enseignement. Des comités d’action s’organisent aussi dans d’autres écoles.”

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  • Comment vaincre l’austérité dans l’enseignement supérieur?

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    Action du 10 septembre contre l’augmentation du minerval et contre l’austérité dans l’enseignement.

    En Flandre, la colère contre l’austérité vient de connaître un nouveau tournant lorsque les mesures du gouvernement de Geert Bourgeois (un nom particulièrement prédestiné…) ont été dévoilées. Personne n’est à l’abri : les mesures antisociales en discussion frapperont indistinctement écoliers, étudiants ou travailleurs. Mais la colère et l’indignation ne parviendront à rien arrêter sans être organisée. L’article ci-dessous est consacré à la question décisive de la construction d’un rapport de force favorable au mouvement social. Initialement écrit pour faire face à la nouvelle situation de luttes qui émerge en Flandre, essentiellement autour de l’enseignement, ce texte n’en est pas moins une précieuse source de réflexion pour l’autre côté de la frontière linguistique.

    Par Mathias (Anvers)

    Pour des comités d’action démocratiques !

    Construire une opposition efficace passe obligatoirement par l’implication active des étudiants du secondaire et du supérieur. C’est pourquoi nous pensons crucial d’établir des comités d’action dans chaque université, dans chaque haute école de même que dans les écoles secondaires de Flandre. Ces comités peuvent assurer de libérer l’espace nécessaire à la construction d’un mouvement par la base et non par en haut, en permettant aux étudiants de démocratiquement discuter des revendications à défendre et des actions à organiser. Ces comités d’action auront aussi à élire leurs porte-paroles, leurs responsables des diverses tâches et leurs représentants. Tous les élèves, organisations étudiantes et membres du personnel opposés aux mesures doivent pouvoir s’y exprimer librement.

    La puissance potentielle de tels organes démocratiques de lutte a été démontrée lors des manifestations étudiantes de 2011 au Québec. Le gouvernement de droite avait décidé d’augmenter les frais d’inscription à 1.650 dollars canadiens, soit une augmentation de 75% ! La contre-offensive étudiante fut massive.

    La majorité des étudiants québécois est affiliée à l’une des quatre grandes fédérations syndicales étudiantes. Après quelques actions d’avertissement, une grève générale illimitée fut lancée. Le succès fut au rendez-vous : environ 100.000 étudiants ont fait grève cinq mois durant. À son apogée, le mouvement comprenait 215.000 étudiants grévistes et des manifestations ont réuni 310.000 étudiants au même moment dans différentes villes!

    Les autorités ont tenté de briser le mouvement par une répression brutale. C’est ainsi que fut votée au parlement québécois l’infâme loi 78. Les actions organisées autour des campus universitaires étaient devenues illégales et l’amende atteignait les 1000 à 7000 dollars canadiens. En cas de rôle dirigeant dans un syndicat étudiant, cette somme pouvait même grimper jusqu’à 35 000 dollars canadiens. Les syndicats étudiants ont aussi chacun reçu une amende de 125.000 dollars canadiens.

    La loi 78 interdisait à peu près toutes les formes de protestation et la police a été autorisée à utiliser jusqu’aux outils de répression les plus controversés contre les manifestations. Les actions étudiantes ont bien vite été systématiquement accompagnées de nuages de gaz lacrymogène et des balles en caoutchouc ont même été tirées. Cette répression n’est toutefois pas parvenue à briser l’élan du mouvement. Il était devenu impossible de donner le moindre cours et l’année académique dû finalement être annulée. Le gouvernement subit ensuite une cuisante défaite électorale et l’augmentation des frais d’inscription fut abrogée.

    Tout cela n’a été possible que parce qu’un mouvement a été construit à partir de la base, avec la possibilité pour chaque élève d’être impliqué dans la lutte, de manière démocratique. Des assemblées générales étudiantes prenaient place quotidiennement dans toutes les universités et hautes écoles, souvent avec une participation de centaines voire de milliers d’étudiants. Les développements politiques y étaient discutés, de même que les méthodes d’action à utiliser et l’organisation des activités de protestation.

    Ces assemblées générales ont aussi veillé à ce que les étudiants soient impliqués dans les négociations avec le gouvernement. Et c’est une excellente chose. Au beau milieu du mouvement, la direction du syndicat étudiant de droite avait essayé de conclure un accord pourri avec le gouvernement selon lequel l’augmentation aurait été étalée non pas sur cinq ans, mais sur sept ans tandis qu’une nouvelle commission devait voir le jour pour discuter, avec participation étudiante, de la manière d’appliquer les mesures d’économie dans l’enseignement ! Toutes les revendications étudiantes avaient été balayées en d’autres termes. Cette proposition a été soumise au vote : 324.000 étudiants ont voté contre et seulement 4.600 pour ! Sans cette capacité à prendre des décisions de manière démocratique, le mouvement se serait probablement fini sur une défaite.

    En Flandre, les comités d’action ont été constitués à partir des conseils étudiants du supérieur. Il faut maintenant les développer davantage pour qu’ils deviennent des organes représentatifs combatifs et démocratiques. Une première étape importante en ce sens consiste à convoquer une assemblée générale étudiante ouverte et démocratique dans les différentes villes. Les comités d’action doivent ensuite être élargis vers toutes les hautes-écoles, les universités et les écoles secondaires.

    Pour un plan d’action !

    Demander simplement au gouvernement de retirer ses mesures ne marchera pas. Nous ne pourrons pas nous passer de descendre dans les rues, et pas qu’une fois ! La lutte devra se baser sur un plan d’action offensif pour forcer le gouvernement à revenir sur ses intentions austéritaires.

    La pétition qui a été lancée est un excellent moyen d’entrer en discussion avec les étudiants, de les informer et de les inviter à entrer en action. Des actions ludiques et orientées vers les médias peuvent être une manière de maintenir le mouvement dans le feu des projecteurs, mais nous avons absolument besoin de moments d’action qui permettent à tous les étudiants de participer et de montrer la véritable puissance du mouvement. Nous pouvons commencer par mobiliser pour des actions locales sur les campus, pour ensuite appeler à appeler des manifestations locales dans les différentes villes étudiantes. Ces manifestations peuvent à leur tour être le point de départ d’une campagne pour une manifestation nationale contre l’austérité dans l’enseignement.

    Il faut dès aujourd’hui considérer la possibilité que le gouvernement maintienne ses mesures et tienne bon après la tenue d’une telle manifestation nationale. Au Québec, c’est la grève étudiante qui fut l’instrument de combat essentiel. Cela a non seulement permis de mettre à plat toute l’activité universitaire, mais aussi de dégager le temps nécessaire aux étudiants pour qu’ils s’impliquent dans les assemblées générales et les différentes actions.

    Une grande manifestation centrale serait le lieu idéal pour appeler à la grève générale étudiante, pour 24 heures. Cela ne pourrait qu’accroître la pression sur le gouvernement, et elle pourrait ensuite facilement être étendue à 48 heures ou même à une semaine.

    Contre l’austérité sous toutes ses formes !

    Au plus le mouvement est large, au plus il est puissant, cela va de soi. Nous ne devrions donc pas nous limiter à des slogans orientés contre l’augmentation des frais d’inscription. L’austérité va avoir un effet des plus néfastes sur le personnel enseignant et non-enseignant. Le gouvernement fera tout pour diviser étudiants et personnel, nous devons faire l’inverse.

    Soyons clairs : on économise dans l’enseignement depuis 30 ans, chaque économie supplémentaire est d’autant plus inacceptable ! L’enseignement a besoin d’investissements publics massifs, et c’est pourquoi il faut défendre l’augmentation du budget de l’enseignement pour qu’il représente au moins 7% du Produit Intérieur Brut, comme cela était le cas dans les années ’80.

    Dans les conditions économiques actuelles, il sera très difficile d’arracher cet investissement. Les protestations étudiantes ne seront pas suffisantes pour y parvenir. C’est l’une des leçons négatives du mouvement étudiant au Québec. En considérant l’ampleur des mobilisations, les résultats ont tout de même été limités.

    Le problème fondamental était que le mouvement est principalement resté limité aux étudiants. Une grève étudiante ne peut pas frapper le gouvernement et les grands patrons là où cela leur fait le plus mal : au portefeuille. Si les étudiants étaient parvenus à attirer dans leur lutte le mouvement syndical, bien plus aurait pu être obtenu. Le problème est qu’aucun syndicat étudiant n’a élaboré de plan d’action concret pour défendre un appel à une grève générale de 24 heures au Québec. Cette nécessité a pourtant été ressentie parmi les étudiants en lutte, comme cela a été illustré par la revendication du syndicat étudiant le plus à gauche, CLASSE, pour une ‘‘grève sociale’’. Mais les choses en sont restées au niveau du mot d’ordre abstrait.

    Nous ne pourrons pas non plus faire l’économie d’une discussion sérieuse sur les autres mesures d’austérité que les divers gouvernements cherchent à instaurer. Les mesures antisociales dans l’enseignement sont scandaleuses, c’est vrai, mais il est tout aussi scandaleux de raboter les budgets des transports en commun ! Allons chercher l’argent là où il est : dans la poche de l’élite capitaliste au sommet de cette société !

  • Enseignement flamand : 500 jeunes manifestent à Gand contre l’austérité

    Hier après-midi, quelque 500 jeunes ont défilé à Gand contre l’augmentation du minerval et plus globalement contre les mesures d’austérité destinées à frapper l’enseignement supérieur flamand. Ce rassemblement d’étudiants du secondaire et du supérieur illustre très clairement que le potentiel pour la construction d’un large mouvement contre l’austérité dans l’enseignement est grand. A la suite de cette manifestation, l’organisation de nouvelles actions a été décidée.

    Cette action de protestation était à l’initiative des comités d’action lancés dans diverses écoles secondaires par les Étudiants de Gauche Actifs (EGA, Actief Linkse Studenten en Scholieren en Flandre). Une première action avait eu lieu le 10 septembre et un sit-in avait aussi été organisé dans une école le 23 septembre. La manifestation d’hier avait aussi reçu le soutien du comité d’action étudiant. Le ton a été donné : élèves et étudiants refusent d’accepter les attaques contre leur avenir et leur enseignement ! Directement après la manifestation, une assemblée générale a eu lieu où de nouvelles actions ont été décidée, dont un sit-in le 22 octobre, le dernier mercredi avant les vacances de Toussaint.

    Louis, élève à l’école Sint Lucas :

    “Tout autour de moi, je constate que les gens sont en colère. Mais cela seul ne suffit pas. Stopper l’austérité n’est possible que si nous continuons à organiser les élèves, les étudiants, le personnel et les parents dans l’action. Je soutiens par conséquent l’action de sit-in du 22 octobre.”

    L’assemblée générale a également décidé de soutenir la manifestation étudiante du 29 octobre.

    Koerian, porte-parole des Étudiants de Gauche Actifs (EGA) :

    “L’austérité est pour tout le monde, selon le gouvernement fédéral. Mais les riches y échappent. les grands-parents devront maintenant travailler quasiment jusqu’à leur mort tandis que leurs petits-enfants seront au chômage. Les entreprises ont besoin de travailleurs qualifiés et diplômés, mais c’est à nous de payer ! Le gouvernement affirme qu’il économise pour assurer notre avenir, mais ce qu’il nous présente, c’est une société égoïste où seule l’élite peut jouir d’un avenir sans soucis. Nous voulons une société différente, et nous sommes prêts à nous battre pour y parvenir !”

    Beaucoup d’étudiants étaient présents durant cette manifestation, mais aussi pas mal d’élèves du secondaire. EGA avait mené une campagne intensive le mois dernier pour construire un mouvement large des élèves et étudiants, de bas-en-haut. A cette action, nous avons été rejoints par des membres du Conseil étudiant et de Comac, le mouvement de jeunes du PTB.

    Après la manifestation, les étudiants ont rallié une assemblée générale afin de discuter ensemble des suites de la lutte. Tout le monde a pu avoir l’opportunité de prendre la parole, ce que beaucoup de participant ont effectivement fait. Les nouvelles attaques annoncées par le gouvernement fédéral, notamment sur la question de l’âge de la pension, ont considérablement accru la colère des étudiants.

    Les protestations de la jeunesse peuvent donner le ton pour une résistance unie et dynamique contre l’austérité sous toutes ses formes.

    Reportage-photo de Geert.

    Reportage-photo de Jean-Marie.

  • Les étudiants de Sint-Lucas (Gand) protestent contre l’austérité!

    Hier matin, environ 200 jeunes de l’école Sint-Lucas, une école secondaire gantoise, ont fait un sit-in devant leur école avant le commencement de leurs cours pour protester contre les plans d’austérité destinés à frapper l’enseignement. En Flandre, il est notamment prévu d’augmenter les minervals. Cette action a été organisée par le comité d’action lancé dans cette école. Pareils comités existent également dans d’autres écoles, pour organiser la lutte dans leurs écoles, mais aussi pour de plus grosses mobilisations.

    Voici quelques photos de Mathias.

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