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Tag: Mia De Vits
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L’attaque orchestrée contre Rudy De Leeuw confirme la nécessité d’avoir des dirigeants syndicaux de principe
Ces derniers jours, il a beaucoup été question du président de la FGTB, Rudy De Leeuw, à cause de la société créée par lui-même et sa famille afin de rénover un bâtiment délabré. Cette société a recouru au mécanisme de la déduction des intérêts notionnels. Cette campagne médiatique contre le président de la FGTB est à considérer dans le cadre de l’offensive lancée depuis un bon moment contre toute forme d’opposition à la politique d’austérité. Mais toute l’agitation entourant cet incident illustre l’absolue nécessité de disposer de dirigeants syndicaux de principe.
Ci-contre: Rudy De Leeuw et Bruno Tobback, président du SP.a
Dans l’offensive contre la résistance anti-austérité, ces dernières semaines, tous les arguments possibles ont été utilisés. Chaque période d’hésitation et chaque faiblesse des directions syndicales a immanquablement été instrumentalisée à grande échelle. Concernant la grève générale du 30 janvier, le fait qu’aucune décision claire n’ait été prise pendant des semaines a offert autant d’espace à la campagne antigrève pour qu’elle se déchaîne alors que les militants attendaient le feu vert pour l’action. Ensuite, encore une fois, c’est l’hésitation qui règne quant à la prochaine étape. Ici et là, on parle de la journée européenne d’action du 29 février, soit dans deux semaines à peine, mais nous ne savons toujours pas ce que cette journée d’action impliquera concrètement. Tout cela donne autant d’armes à nos adversaires, qui peuvent ainsi exploiter au maximum leur monopole médiatique.
D’autres faiblesses sont encore utilisées, notamment le fait que les syndicats ont pris peu d’initiatives pour impliquer les jeunes ces dernières années, ce qui permet de renforcer les tentatives visant à présenter l’opposition actuelle à la politique d’austérité comme un ‘‘conflit des générations’’ entre des anciens accrochés à leurs privilèges et des jeunes en quête d’avenir. Les liens entretenus entre la direction de la FGTB et les partis sociaux-démocrates au gouvernement, le PS et le SP.a, ont aussi été évoqués afin de lancer la rumeur selon laquelle le syndicat socialiste avait lui aussi tenu la plume dans l’écriture de l’accord gouvernemental. Maintenant, le président de la FGTB est dans la tourmente, sur base d’un évènement qui ressortira systématiquement à l’occasion de toute campagne contre la déduction des intérêts notionnels.
Clarifions immédiatement les choses : si les petites entreprises et les indépendants sont également accusés d’utiliser la déduction des intérêts notionnels, cela n’a rien à voir avec les grandes entreprises, qui abusent véritablement à tort et à travers de ce système. Les entreprises ont globalement utilisé le système des intérêts notionnels à hauteur de 17,3 milliards d’euros dans leurs déclarations d’impôts pour 2009 (pour les revenus de 2008), pour un coût pour les caisses de l’Etat de 5,7 milliards d’euros. Seuls 925 millions d’euros concernent les PME, soit 5% des 17,3 milliards. Voilà le contexte réel dans lequel il faut placer l’utilisation de la déduction des intérêts notionnels par la société de la famille de Rudy De Leeuw. Mais le fait demeure bel et bien : cela mine l’argumentaire syndical. De Leeuw n’est pas le seul à être ainsi visé, presque tous les délégués et militants FGTB ont dû subir des commentaires à ce sujet ces derniers jours. Alors que les militants doivent lutter contre leur propre patron tout en ayant à contrer l’offensive médiatique contre leurs actions, leur combat est sapé par le manque de fermeté sur les principes des dirigeants syndicaux. Il y a peu, la débâcle d’ARCO, le holding coopératif du Mouvement Ouvrier Chrétien, avait illustré que c’est d’ailleurs tout autant le cas à la CSC.
Rudy De Leeuw a déclaré qu’il ne pouvait pas demander à sa famille de payer plus d’impôts parce qu’il est président de la FGTB. Il a également expliqué qu’il avait démissionné du conseil d’administration de la société concernée en juillet dernier, ce qui n’avait pas encore été officiellement publié. La communication maladroite de De Leeuw n’arrange rien du tout. Le fait est toujours là : un président de la FGTB a tiré avantage de la déduction des intérêts notionnels. Et ce cas n’a pas dérogé à la règle : le mécanisme de la déduction des intérêts notionnels n’a pas créé le moindre emploi, si ce n’est celui de l’expert-comptable bien créatif de la société, dont le travail a assuré qu’un impôt de 5% seulement ait été payé sur un bénéfice de 13,665 euros.
Un grand nombre de faiblesses sont systématiquement utilisées par les médias de droite (c’est-à-dire toute la presse traditionnelle), comme le fait que l’aile des partis sociaux-démocrates dans la direction de la FGTB est sous la pression de la base pour lutter contre la politique d’austérité soutenue par ces mêmes partis, mais qu’elle reste finalement pieds et poings liés à ces mêmes partis. Rudy De Leeuw en est un excellent exemple : il est non seulement présent au bureau de parti du SP.a mais aussi président de la section du SP.a à Denderleeuw, une commune où son parti est en coalition avec la N-VA notamment. Inutile d’expliquer aux très nombreux militants de la FGTB que ce dernier élément constitue une faiblesse qui, sans le moindre doute possible, décrédibilise la FGTB. Il est grand temps que les liens entretenus avec les partis ‘‘sociaux-démocrates’’ soient brisés, et peut-être Rudy De Leeuw devrait-il commencer en démissionnant du bureau du parti du SP.a et de la présidence de la section de Denderleeuw.
Le comité fédéral de la FGTB a décidé de confirmer sa confiance en Rudy De Leeuw. Sa démission n’était pas à l’ordre du jour. De toute façon, si c’était pour être remplacé par un nouveau Mia De Vits (ancienne députée du SP.a au Parlement européen et actuelle députée au Parlement flamand, elle fut présidente de la FGTB entre 2002 et 2004), il peut tout aussi bien rester à son poste. Il est nécessaire de poser les questions suivantes : comment la direction syndicale est-elle élue et dans quelle mesure est-elle responsable devant sa base ? Au lieu de nommer des partisans du PS et du SP.a, il serait mieux d’élire démocratiquement et de façon transparente des dirigeants issus de la base. En outre, ces représentants syndicaux ne devraient pas gagner plus que le revenu moyen des membres qu’ils représentent et à qui ils doivent rendre des comptes.
Les attaques contre De Leeuw visent à affaiblir la base et à saper la force du syndicat. Le caractère aigu de ces attaques démontre que le gouvernement et le patronat optent de plus en plus pour un modèle de confrontation. Face à cela, en tant que syndicalistes, nous devons corriger toutes les faiblesses dans nos propres rangs.
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Quel prolongement politique? FGTB et CSC: rompez les liens avec les partis traditionnels!
Cet automne, il n’y a pas que les négociations salariales qui seront importantes pour les militants syndicaux. Le Congrès de la CSC/ACV vient de se tenir et une enquête va bientôt être organisée parmi les membres de la FGTB flamande sur les rapports avec les partis politiques, le SP.a et le PS en particulier.
Geert Cool
“Partenaires priviligiés”?
Le fait que la FGTB flamande ait annoncé la tenue d’une enquête parmi ses membres résulte directement du mouvement contre le Pacte de Solidarité entre les Générations. Dans la discussion sur la réforme des prépensions, il s’est avéré que les propositions de départ de ce Pacte sont nées dans les cabinets sociaux-démocrates. Et, bien évidemment, les actions contre le Pacte de Solidarité n’ont pas été soutenues par les ‘’partenaires’’ politiques des syndicats.
Si à la CSC les liens s’expriment de manière moins formelle, la FGTB pour sa part est toujours représentée au sein du bureau politique du SP.a et du PS. L’ancienne présidente de la FGTB Mia De Vits a opté pour une carrière au Parlement Européen pour le SP.a. Aux élections communales, elle s’est présentée à Gooik comme tête de liste d’un cartel du SP.a, de Groen… et du très libéral VLD !
Lors de ces mêmes élections, les secrétaires de la FGTB d’Anvers et de Gand, Dirk Schoeters et Mil Kooyman, se sont présentés sur des listes du SP.a. Le nombre de voix de préférence qu’ils ont recueillies – 496 et 651 – a été pour eux une amère déception. Selon Kooyman, cela est partiellement dû au « manque de clarté sur les liens avec le monde politique au sein de la FGTB ». Kooyman craint en fait que ce maigre résultat ait pour résultat que le SP.a ne cherche plus de candidats FGTB pour ses prochaines listes.
Ailleurs, les liens entre la direction de la FGTB et celles du PS et du SP.a sont souvent moins directs, mais les partis socialistes demeurent les ‘’partenaires priviligiés’’. Nous pensons qu’il faut immédiatement rompre ces liens. Un lien avec des partis appliquant une politique néolibérale ne fait pas progresser la lutte pour les intérêts des salariés et de leurs familles. Au contraire, ce lien est utilisé par la social-démocratie pour freiner le développement des mouvements de lutte.
Cela ne signifie toutefois pas que les militants syndicaux doivent plaider pour une position ‘‘apolitique’’. La plupart des revendications syndicales ont un contenu explicitement politique. Afin d’imposer des revendications, un prolongement politique est plus que nécéssaire. Sans cela, la lutte syndicale est plus faible. Mais il faut que ce relais politique soit réel et ne se limite pas à de beaux discours pour abuser de la base des syndicats.
Les directions syndicales acceptent la logique néolibérale
Le problème n’est pas uniquement dans le camp des partis. Au lieu de traduire les revendications des syndicalistes sur le plan politique, les directions syndicales elles-mêmes reprennent la logique néolibérale de leurs partenaires politiques. Le récent accord du ‘‘groupe des 10’’ en est une expression concrète.
Le 20 septembre, les partenaires sociaux ont conclu un ‘’accord de septembre du groupe des 10’’. Lorsque cet accord a été discuté au bureau fédéral de la FGTB le 22 septembre, beaucoup de ses membres n’étaient pas encore au courant qu’en échange du lien entre les allocations et le bien-être avait été acceptée une nouvelle baisse plus poussée des charges sur le travail en équipe et sur les heures supplémentaires!
L’absence de démocratie interne et de consultation a fait que cet accord a été une nouvelle fois imposé aux syndiqués. Accepter des baisses de charges sur le travail en équipe et sur les heures supplémentaires signifie donner son accord à une nouvelle vague de cadeaux au patronat et à un nouveau renforcement de la flexibilité.
Luc Cortebeeck, le président de la CSC, a déclaré dans Trends/Tendances (13 octobre, édition flamande) que ‘la diminution du temps de travail collectif n’offre aujourd’hui aucune solution. Il vaut mieux que nous réféchissions à la manière de combiner la flexibilité que demandent les patrons à la flexibilité privée dans nos familles ». Il ne s’agit donc plus de formuler des alternatives, mais bien de discuter sur l’emballage des revendications patronales dans du papier « social » !
Cette voie est véritable un cul-de-sac. On peut toujours essayer de modérer ou de colorer en rose l’avidité du patronat, mais tant que les patrons sentiront qu’ils peuvent imposer des choses, il en exigeront toujours plus.
Nous l’avons encore vu avec les déclarations du dirigeant de Volvo Peter Leyman au magazine Vacature (21 octobre). Leyman a expliqué que le Pacte des Générations n’allait pas encore assez loin et a déclaré à propos des salaires que « Nous sommes allés trop loin au niveau de notre bien-être et je crains que nous soyons confrontés à une période de nivellement. (…) Nous ne pouvons pas nous attendre chaque année à la fois à gagner plus, à travailler moins et à trouver les produits les moins chers du monde. »
Il faut un contre-poids
Luc Cortebeeck a raison quand il déclare qu’un contre-poids est nécessaire. Mais on ne construit pas un contre-poids en acceptant – totalement ou partiellement – la logique des adversaires.
Malgré cela, Cortebeeck se rend compte que beaucoup de défis l’attendent. Au congrès de la CSC, il a expliqué que, dans le monde politique, il existe beaucoup de populisme « qui veut ‘’responsabiliser’’ les plus faibles du fait d’être faibles, qui veut substituer la charité à la solidarité et qui veut maintenant, après avoir vendu les bâtiments de l’Etat, vendre également la société sociale aux assureurs du privé. »
Même si la perspective des élections de 2007 va peut-être amener le gouvernement à postposer les attaques les plus dures, cela ne va pas conduire à la fin de l’offensive. Il faudra construire un rapport de force en organisant la résistance à la logique néolibérale.
Les syndicalistes combatifs devront s’organiser en défendant la démocratie syndicale (à l’inverse des accords secrets tels que celui de septembre) tout autant qu’une position combative qui pousse à l’avant les intérêts des salariés et de leurs familles et non ceux du patronat.
Le Comité pour une Autre Politique pourra jouer un grand rôle dans cette lutte.
Beaucoup de militants et de délégués sont déjà actifs en son sein. Sur base des discussions collectives au sein du CAP, nous pourrons également mettre sur pied un réseau de syndicalistes combatifs capable d’exprimer ce qui vit à la base des syndicats et de le renforcer.
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Grève générale du 7 octobre. Jamais auparavant un syndicat n’a pu faire cela tout seul
Le gouvernement, les patrons, toute la presse et le sommet de la CSC auraient sans doute préféré que ce ne soit pas le cas. Ils ont pourtant été obligé de reconnaître que la grève générale lancée par la FGTB fut un succès indédit. Cela ne s’explique évidemment pas par les nombreux blocages de routes. Sans un soutien large, la seule FGTB n’aurait jamais été capable de réaliser ce tour de force.
Eric Byl
Quelle différence avec les années précédentes! Chaque délégué syndical vous aurait dit qu’une grève générale était vouée à l’échec sans la CSC. La confiance des travailleurs FGTB est maintenant considérablement renforcée, pour débrayer seul si nécessaire.
La préparation laissait pourtant à désirer. Il est vrai que la FGTB s’est activée mi-septembre, mais avant on ne l’avait que trop peu entendu dans le débat sur les fins de carrières. Nous supposons que le sommet du syndicat rouge voulait ainsi éviter la confrontation avec ses « partenaires » trop libéraux du SP.a et du PS. Il apparaît mainenant à tous qu’il s’agissait d’une faute d’envergure.
De plus, une grève aussi sérieuse ne s’est plus vue depuis 12 ans, ce fut donc la première pour beaucoup de militants. La nécessité de faire des piquets devait à nouveau être apprise. La fermeture de centres de formations syndicales comme celui de Melreux ou le manque de formation idéologique ont eu leurs conséquences.
Depuis le départ de Mia de Vits, une bouffée d’air frais – ce sont les mots d’un secrétaire du Setca – est entrée dans la FGTB. Finalement, on a prit la peine d’écouter la base. Finalement, on a préparé une grève au lieu de la saboter. Espérons que l’on poursuive cet élan et que l’on puisse mettre de l’ordre là où le sommet de la FGTB est toujours dans la poche des patrons, comme à la Poste ou chez Belgacom.
Pour l’Establischment, la FGTB est isolée. PS et SP.a ont également choisi le mauvais camp. Mais la FGTB peut compter sur le soutien de la population. Selon une enquête du groupe VUM (Vlaamse Uitgeversmaatschappij) plus de 40 % des flamands (sans parler des wallons et des bruxellois) ont approuvé la grève. C’est bien plus que le nombre de membres de la FGTB et bien plus que le score du syndicat aux élections sociales. Chez ceux qui n’ont qu’un diplôme du secondaire, le soutien monte à 55 %, tandis que chez les universitaires, il tombe à 21 %.
A l’opposé, le gouvernement, malgré le soutien de toute la presse, des académiciens, du patronat et d’une partie de la CSC n’a pu convaincre que 25 % des flamands sur leur optique vis-à-vis des fins de carrière.
Cortebeek a essayé de briser la grève
On prétend que la FGTB est divisée, mais l’on veut surtout dire par là que la direction n’est pas capable de faire avaler à sa base l’agenda néolibéral. La situation est différente à la CSC. La direction a dépensé pas moins de 140.000 euros pour briser la grève, et le préavis de grève pour le 10 ocotbre a été annulé. En fait, le sommet de la CSC a maintenu le gouvernement debout. La division syndicale a été utilisée par certains pour saper le droit de grève. Ils veulent entre autre interdire les piquets de grève, déjà proscrits dans les propriétés privées, sur la voie publique, limitant de ce fait scandaleusement notre droit de grève.
En réalité la CSC est beaucoup plus divisée que la FGTB. A toutes les réunions de la CSC où nous avons été présent, la critique des militants fut accablante. Mais sur le terrain, l’unité à la base fit écho à la division au sommet. Quant à la direction, c’est un fossé qu’il existe entre Cortebeek et sa clique, clamant à qui mieux mieux la nécessité de travailler plus longtemps, et le chef du service d’étude de la CSC, De Swert, qui dans son livre « 50 mensonges sur le vieillissement » réfute cette thèse.
Nous ne pouvons pas nous laisser entraîner dans la politique de « diviser pour mieux règner ». Nous sommes agréablement surpris par la nouvelle approche du sommet de la FGTB, mais restons vigilants. Pour cela, nous devons continuer la construction de notre réseau syndical. Cette grève est une opportunité pour construire des relations de force dans les entreprises, mettre à l’ordre du jour la rupture des syndicats avec le SP.a/PS et le CD&v/CDh et promouvoir la nécessité d’un nouveau parti des travailleurs indépendant du patronat.
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De quels syndicats avons-nous besoin? Pour des syndicats combatifs et démocratiques
De quels syndicats avons-nous besoin?
Les syndicats sont régulièrement pris sous le feu des employeurs : ils les trouvent trop radicaux. Beaucoup de militants se demandent si on parle bien des mêmes syndicats! Beaucoup de travailleurs se demandent en effet si les syndicats les défendent encore et si, à l’époque de la mondialisation, les syndicats peuvent agir efficacement. Nous tentons ici d’apporter une réponse.
Un délégué FGTB
Au cours des récentes années, un grand nombre d’emplois ont disparu suite aux fermetures et aux rationalisations: la faillite de la Sabena et le démarrage de SN Brussels Airlines avec beaucoup moins de personnel et avec de plus mauvaises conditions de travail, la fermeture de la phase à chaud chez Arcelor à Liège, les nombreuses pertes d’emplois à La Poste et à la SNCB, etc. Dans la plupart des cas les syndicats ont à peine réagi. Les actions menées par les travailleurs ont timidement été soutenues par les syndicats qui se sont surtout contentés de canaliser les actions et de se concerter avec les employeurs. Un telle politique syndicale ne peut mener les travailleurs qu’à la démoralisation et même à l’antisyndicalisme.
Il y a pourtant une aspiration des travailleurs à passer à l’action pour se défendre. Il suffit de citer les nombreux débrayages spontanés à La Poste ou aux TEC, les grèves sectorielles pour le renouvellement des conventions collectives ou encore la manifestation de masse du 21/12/04 pour un meilleur accord interprofessionnel. Les mobilisations dans le non-marchand montrent que les travailleurs sont mobilisables quand le jeu en vaut la chandelle.
Et pourtant, malgré les nombreuses actions dans les secteurs, le résultat des conventions collectives est souvent plus maigre que ce qui était initialement prévu dans le projet d’accord interprofessionnel! Cela n’est pas dû à un manque de combativité de la base, mais à la couardise des directions syndicales soucieuses de la “santé économique” des entreprises et dont le radicalisme s’exprime en paroles mais pas en actes. Par exemple contre la directive Bolkestein.
Ce n’est que lorsque ça dépasse vraiment les bornes, comme par exemple avec l’affaire Picanol (où le manager avait empoché un solide magot), qu’ils osent encore élever la voix pour s’en prendre au “mauvais” capitalisme. Où est le temps où, à l’intérieur des syndicats, une aile gauche remettait en cause le capitalisme même? Dans les années 80, la FGTB a encore mené des actions de masse contre la politique des gouvernements Martens-Gol. Aujourd’hui le sommet de la FGTB est un allié du gouvernement Verhofstadt via ses alliés politiques privilégiés (PS et SP.a).
Il faut bien constater au-jourd’hui que l’aile gauche dans les syndicats est fluette et que les directions syndicales tentent vite de faire taire les voix dissidentes. Le putsch contre Albert Faust, au sein du SETCa de Bruxelles Hal Vilvorde, mené par un quarteron de secrétaires ambitieux, ralliés temporairement au SETCa national, sous la supervision de Mia De Vits, en est l’exemple le plus frappant. Quelques années plus tôt, les délégués les plus en pointe des Forges de Clabecq, en pleine bataille pour la réouverture de leur usine, avaient été exclus de la FGTB sans avoir la possibilité de se faire entendre dans les structures. La direction de la FGTB voudrait – comme à la CSC – une direction fortement centralisée pour pouvoir plus facilement faire la chasse aux dissidents. Cela semble momentanément leur réussir. Mais cela peut changer. Comment?
Le MRS et le MPDS
Pendant la lutte des travailleurs des Forges de Clabecq s’est créé le Mouvement pour le Renouveau Syndical (MRS). Ce fut un pôle d’attraction – bien que limité – pour tous ceux qui voulaient refaire du syndicat un organe de lutte. Le fait que la liste Debout, aux élections européennes de 1999, ait récolté 5% des voix dans certains cantons électoraux ouvriers montre l’audience qu’avaient ceux de Clabecq. Le MRS s’est cependant progressivement éteint après la fin du procès des 13 travailleurs des Forges, faute de perspectives et de structuration.
Après la liquidation d’Albert Faust et son lynchage médiatique, le Mouvement pour la Démocratie Syndicale (MPDS) a été impulsé par les militants de gauche du SETCa de Bruxelles Hal Vilvorde. Cette initiative a tout de suite suscité l’intérêt de militants syndicaux de gauche d’autres secteurs, mais le MPDS, malgré ses efforts pour s’adresser à la gauche syndicale au-delà du SETCa, n’a pas pu réellement s’élargir.
Le MRS et le MPDS ont pu se développer à partir de l’activisme et le militantisme de syndicalistes de gauche dans une période de lutte. Les militants du MAS présents dans le MRS et dans le MPDS ont insisté sur la nécessité d’avoir une analyse correcte de la situation économique et politique. Etre radical ne suffit pas en soi. Cela doit être encadré.
Quand la lutte perd de son élan, le militantisme faiblit. La tâche d’une direction est alors d’analyser la situation et de réorienter le cours afin d’éviter la démoralisation des travailleurs et d’étayer le rapport de forces pour de futures luttes. Lorsque les travailleurs de Splintex ont entamé leur lutte courageuse pour le maintien de l’emploi, une gauche syndicale aurait pu jouer un rôle important pour soutenir et élargir le mouvement. En l’absence d’une telle gauche syndicale, les directions syndicales avaient les mains libres pour laisser le conflit s’asphyxier progressivement.
Comment faire pour avoir des syndicats combatifs?
Les militants combatifs sont actuellement peu nombreux et dispersés. Aujourd’hui la mise sur pied d’une structure pour les réunir risque de n’être, tout au plus, qu’une réédition de l’expérience du MRS et du MPDS, dans de plus mauvaises conditions. La tâche des syndicalistes de gauche consiste avant tout à œuvrer, sur les lieux de travail mêmes, à rassembler et à former un noyau syndical combatif capable d’analyser la situation et prêt à agir pour mettre en mouvement la masse des travailleurs pour se défendre contre les attaques patronales. Cela implique d’accorder beaucoup d’attention à l’implication des militants et de développer un travail de conscientisation vers les jeunes travailleurs.
Des contacts informels, au sein du secteur et sur le plan régional, peuvent permettre de tisser peu à peu un réseau de militants syndicaux de gauche. Quand ce réseau aura suffisamment de poids, on pourra songer à le structurer pour mener la bataille au sein des syndicats pour exiger plus de démocratie syndicale.
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Seule une Europe socialiste peut être une Europe sociale
Un des points de discussion les plus importants autour de l’Union Européenne est l’élément social. Mème si la Constitution n’arrive pas, l’UE va essayer d’imposer plus de compétivité sur le dos des travailleurs et de leurs familles. La production en Europe est toujours plus intégrée, ce qui fait que les entreprises ne sont plus indépendante l’une de l’autre, mais justement liées fortement par le processus de production. C’était clair pendant la grève de Opel-Bochum en octobre 2004 par exemple. Grève qui paralysa rapidement d’autre filiales d’Opel. Cela rend réel les perspectives de lutte des travailleurs sur le plan international.
Résistance Internationale contre l’UE
Le MAS-LSP a une longue tradition de résistance contre l’UE. Pendant les sommets européens de 2001, notre campagne Jeunes, Résistance Internationale, a joué un rôle important dans l’organisation des actions de protestation. Dejà à ce moment-là, on disait que la résistance des jeunes ne serait que le prédecesseur d’une lutte plus large des travailleurs. Le nombre croissant de mouvements contre la politique néolibérale affirment cette perspective.
La direction syndicale, et spécifiquement le Confédération Européen des Syndicalts (CES), ne fait rien avec cette réalité. Le CES coopère avec la construction de l’UE et se limite à sporadiquement lacher la vapeur dans une manifestation européene, comme par exemple celui de 19 mars à Bruxelles. Seulement, sous la pression des syndicalistes combattifs présents, surtout de la CGT française, de cette manifestation naissait des slogans contre la Constitution Européenne. Ça n’a sans doute pas plu a la direction de la CES ou de ses partenaires politiques comme l’ex-présidente de la FGTB Mia De Vits (qui s’est déclarée pour la Constitution).
D’un certain nombre de centrales commence à croitre l’opposition contre l’UE. La FGTB-Bruxelles organise une action le 17 juin au parlement bruxellois (qui vote sur la Constitution). Les syndicats doivent s’exprimer contre la Constitution Européenne, mais aussi contre les mesures qui sont imposés par l’UE. Avec une telle attitude la FGTB et la CSC entrerait en conflit avec SP.a et CD&V, tous les deux des défenseurs enthousiaste de la Constitution Européenne auquelle ils ont participé avec zèle. Cela mets en avant la question d’un instrument politique pour les mouvements de lutte.
Contre l’offensif des coupes budgettaires annoncées par le gouvernement belge, soutenu par l’UE, les syndicats doivent organisat la lutte contre la politique néolibérale.
L’UE ne peut pas être démocratisée, ni par une constitution, ni par une réunion constitutive. C’est seulement en virant cette union néolibéral qu’on peut commencer à construire une société qui est vraiment basée sur la solidarité entre les travailleurs et les pauvres en Europe.
Cette solidarité et cette unité serait basées sur la coopération libre entre les travailleurs ainsi que leurs familles dans les différents pays d’Europe et sur la construction d’une société dans laquelle les secteurs clés de l’économie ne sont plus dans les mains de banquiers, de magnats et des grands actionnaires. Une société dans laquelle l’économie est planifié, géré et controlé par la classe ouvrière. Une société socialiste.
Une fédération socialiste en Europe permettra que les moyens et les possibilités énormes soient utilisés pour les intérêts de la majorité de la population.
Afin de réaliser cela il faut un instrument politique. Un parti ouvrier combatif qui réuni dans la lutte les travailleurs, les jeunes, les chômeurs et les pensionnés.
Le MAS-LSP veut aider à construire un tel parti, et avec le CIO nous voulons aider à la construction d’un tel parti sur le plan international. Aidez-nous et rejoignez-nous.
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De Vits s’abstient lors du vote sur la limitation de l’allongement de la semaine de travail
Mia De Vits, ex-présidente de la FGTB, s’est abstenue de voter au parlement européen sur l’application plus stricte des limites maximales de la semaine de travail de 48 heures. La proposition de la majorité du parlement n’a aucune chance d’être appliquée, mais c’est au moins un signal (très limité).
Le SETCA a publié un communiqué de presse qui dit que le vote du parlement européen est une victoire syndicale parce qu’on a choisi de maintenir le temps de garde comme temps de travail et parce qu’on va contre les possibilités des Etats-membres d’appliquer un " opting-out " (la possibilité du patron de ne pas suivre la règle quand les travailleurs sont d’accord).
La victoire syndicale dont le SETCA parlait n’était en tout cas pas due à Mia De Vits…
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Albert Faust (1945 -2004)
Albert Faust, ex-secrétaire général du SETCa de Bruxelles Hal Vilvorde et ex-président de la FGTB de Bruxelles est mort à l’âge de 59 ans ce dimanche 18 juillet 2004 à la suite d’une maladie incurable.
Pour le MAS/LSP, Guy Van Sinoy
Albert Faust avait pris depuis de nombreuses années des positions en pointe sur le terrain syndical, social et politique: mise sur pied d’une Commission des travailleurs immigrés dès les années 70, actions de solidarité contre le licenciement de délégués syndicaux employés ou ouvriers, occupation du siège de la FEB, organisation de fêtes de la FGTB le 1er Mai indépendamment du PS, soutien au peuple palestinien, campagnes contre le racisme et contre le fascisme, soutien au 13 de Clabecq, campagne de syndicalisation et de défense des travailleurs sans-papiers,…
En juillet 2002, il avait été éliminé de façon anti-statutaire de ses responsabilités syndicales et licencié de façon illégale par le président national du SETCa national Christian Roland. Elimination anti-statutaire car Faust avait été élu par un congrès seul apte à le démettre de ses fonctions. Licencié de façon illégale car employé par le SETCa de Bruxelles Hal Vilvorde il ne pouvait être licencié par le SETCa national qui n’était pas son employeur.
Pour réaliser ce coup de force, Christian Roland avait besoin de deux conditions: le feu vert de la FGTB nationale (car Faust était aussi président interprofessionnel de la FGTB de Bruxelles) et un appui au sein du SETCa de Bruxelles Hal Vilvorde. Il a trouvé cet appui auprès d’un certain nombre de secrétaires du SETCa BHV ligués dans une coalition sans principes: d’un côté des carriéristes prêts à tout, de l’autre des compagnons de route du PTB estimant être plus à gauche que Faust. Du côté de la FGTB nationale le feu vert avait déjà été donné par Mia De Vits quand elle avait annoncé lors de son arrivée à la présidence de la FGTB son intention de combattre au sein du syndicat «l’extrême gauche comme l’extrême droite». Le véritable enjeu pour la FGTB nationale était la reprise en main de la FGTB de Bruxelles jugée trop indépendante à l’égard du PS.
Accusé de détournement de fonds par le tandem De Vits/Roland, Albert Faust avait d’emblée été placé par ses accusateurs dans une situation difficile car lors d’une conférence de presse Christian Roland n’avait pas hésité à communiquer à la presse des copies de documents comptables fragmentaires et invérifiables «semblant prouver» la mauvaise gestion de Faust. Le proverbe dit: «Il n’y a pas de fumée sans feu». Une fois publiés dans la presse, ces documents (vrais, fragmentaires ou carrément faux) avaient vite eu pour effet de jeter le trouble chez la masse des syndiqués. De surcroît la maladie foudroyante qui a frappé Albert l’a placé dans l’incapacité de se défendre.
Pour l’appareil tenter de faire croire que Faust avait détourné des fonds était indispensable pour le discréditer car, de par son action militante en tant que responsable syndical, il était très populaire auprès de centaines de militants du SETCa de Bruxelles Hal Vilvorde et d’autres centrales.
Le MAS/LSP ne partageait pas toujours les positions d’Albert Faust, mais il fallait se dresser sans réserves contre son élimination bureaucratique annonciatrice d’un tournant à droite de la FGTB et d’une nouvelle chasse aux sorcières. Dans les mois qui ont suivi l’élimination d’Albert Faust des dizaines de militants, de délégués, de permanents ou de membres du personnel du SETCa de Bruxelles Hal Vilvorde ont d’ailleurs été éliminés. Les responsables de ce gâchis devraient d’ailleurs tirer les conclusions de leur politique destructrice de l’organisation syndicale et démissionner.
Le MAS/LSP salue la mémoire d’Albert Faust car c‘était un combattant du mouvement ouvrier – responsable syndical – comme on en trouve peu aujourd’hui. Il adresse aussi à tous les militants qui se sont dressés contre cette élimination bureaucratique et qui luttent pour un syndicalisme de combat et démocratique un salut fraternel.
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La politique néo-libérale repose sur du sable
Elections du 13 juin
Les élections ont signifié en Flandre une victoire pour la droite et surtout pour l’extrême droite, mais cette dernière gagne également du terrain à Bruxelles et en Wallonie. Ce sont de tristes nouvelles pour tous les gens de gauche qui voient les choses en termes de solidarité, d’égalité et de bien commun. La radicalisation de la droite a triomphé – notre peuple d’abord, nos entreprises surtout, moi d’abord, le reste après. Normalement cela devrait être une excellente nouvelle pour le patronat. La victoire de la droite lui laisse pourtant un arrière-goût amer. Le pays devient comme ingouvernable alors que le patronat désire actuellement un fort plan d’austérité.
La coalition violette a néanmoins fait un bon calcul. En 2003 tous les partis de la coalition actuelle avaient gagné les élections fédérales avec brio. Le « renouveau », l’attention pour l’emballage, la mise en avant de ce qui en terme moderne est appelé « la perception » avait porté ses fruits. Les bureaux de communication faisaient merveille. Entre-temps, les partenaires de la coalition violette avaient plus que mouillé les verts dans le bain de la participation gouvernementale; ils les avaient presque noyés. Agalev disparaissait du parlement fédéral, Ecolo perdait plus de la moitié de ses élus. La coalition violette estimait avoir fait du bon boulot. Apporter un message positif diminue la pression sur les aspects négatifs, c’est le mode d’emploi de la coalition violette. La politique des gouvernements Verhofstadt I et II peut se résumer à ces quelques points: une politique néo-libérale de privatisations, de poursuite de la flexibilité, de baisse d’impôts pour le patronat. Cette politique a été atténuée par les revenus de la vente des biens collectifs comme les bâtiments et les entreprises publiques. Le Ministre du budget Vande Lanotte a encore pu, année après année, équilibrer les budgets par le bradage ahurissant des biens collectifs. Verhofstadt mène, a un rythme plus modéré, essentiellement la même politique que Balkenende aux Pays-Bas, Raffarin en France et les sociaux-démocrates Blair et Schröder en Grande-Bretagne et en Allemagne
La pression du patronat pour la poursuite d’une politique libérale encore plus dure a cependant eu des effets. Il s’est avéré qu’en dépit de toutes les affirmations les impôts ne diminuaient pas sous Verhofstadt; la fameuse amnistie fiscale n’a été qu’un coup d’épée dans l’eau, la communauté internationale a rappelé la Belgique à l’ordre pour sa politique de mesures uniques destinées à maintenir la croissance. L’augmentation du nombre de chômeurs de 35.000 unités, soit 7.1 %, depuis mai 2003 constitue un douloureux écho à la promesse de Verhofstadt de créer 200.000 emplois. Pour redresser la situation, la coalition avait organisé les supers-conseils des ministres (les conclaves). Il en a résulté de nombreux cadeaux fiscaux pour le patronat mais également plus de contrôle des chômeurs, le FOREm et l’ORBEm devenant de véritables machine à suspendre du fait qu’ils sont désormais associés à ces contrôles. En outre, Frank Vandenbroucke a permis le retour de la journée des 10 heures en accord avec le secteur de la construction. Cela peut nous donner un avant-goût de ce qui nous attend après le 13 juin.
La « perception » peut créer un sentiment illusoire de satisfaction pendant un certain temps, mais on finit tôt ou tard par être rattrapé par la réalité. La politique traditionnelle fustige le négativisme (dénonciation que « rien ne va » dans la société), l’anti-politisme sur lequel le Vlaams Blok construit son fond de commerce. Le Blok ne pourrait pourtant pas se repaître de ce négativisme sans que ce sentiment ne trouve une base matérielle quelque part. Celle-ci n’est pas difficile à trouver : il suffit de constater l’augmentation du chômage et de la pauvreté, l’augmentation de la durée du travail, l’allongement des listes d’attentes pour des logements sociaux et des institutions de santé, la flexibilité croissante du marché du travail, l’état des bâtiments scolaires, les licenciements à La Poste et à la SNCB pour préparer l’ouverture à la concurrence, etc…
Contrairement à ce que certains espèrent et/ou affirment, la population n’est pas bête. Elle sait que les mesures prises seront drastiques pour ses conditions de travail et pour son niveau de vie. Elle sait également que ni les patrons ni les politiciens ne feront les frais de cette politique. Dans une telle situation il n’y a pas 36.000 solutions. La lutte collective devrait offrir une issue, mais avec le sommet de la FGTB qui, en la personne de Mia de Vits, s’est littéralement conduit en vassal du pouvoir gouvernemental, il semblait ne pas y avoir de solutions. S’en remettre au SP.a/Spirit pour empêcher une nouvelle détérioration n’était pas plus réaliste: les ministres SP.a sont les meilleurs gestionnaires que le patronat puisse imaginer. En Wallonie et à Bruxelles, le PS l’a emporté malgré sa participation gouvernementale et bien qu’il ne fasse qu’un avec la politique néo-libérale. Comme le PS se présente comme le seul frein aux mesures brutales d’austérité dans le gouvernement, il a pu être le seul parti de la coalition à enregistrer une forte avancée.
Groen!. C’est avec une copie de la campagne de Tobback « le SP est nécessaire » qu’il a pu se rétablir spectaculairement de sa défaite de 2003. Vera Dua et Cie sont assez réalistes pour ne pas rempiler au gouvernement. Ce n’est pas le cas d’ECOLO qui souhaite une pariticipation malgré leur défaite des législatives en 2003 et malgré qu’ils n’aient pas su rétablir leurs position autant qu’ils le voulaient (ils perdent 11 sièges au parlement wallon et 7 sièges au parlement bruxellois). Une fois que l’on a gôuté au pouvoir, il est difficile de s’en passer! Si ils participent effectivement au gouvernement régional, ils auront fort à faire pour défendre leur positions dans des formations où ils auront le moins bon rapport de force. Groen! se rend compte qu’il lui serait fatal de participer à un gouvernement qui sera de toute façon fortement instable. Imagine-t-on pour autant que Groen! va organiser la résistance contre le pillage néo-libéral ? Groen! est contraint de rester dans l’opposition. Son plus grand concurrent, le SP.a/Spirit, est en position difficile. Groen! espère ainsi se refaire une santé avant de tenter à nouveau une participation gouvernementale.
En bref : la résistance collective semble en rade. Dans ces circonstances, beaucoup de gens se tournent – dans l’espoir de ne pas devenir une victime – vers de fortes figures qui tirent profit de l’offensive antisociale. Dewinter et le Vlaams Blok s’en sont fait une spécialité. Dehaene également, avec sa mine bourrue et son profil de bûcheur acharné. Si Le cartel CD&V-NV-A devient bel et bien la plus grande formation, il doit avoir le triomphe modeste. En 1999, le CVP récoltait seul 30 sièges, la Volksunie 12. Aujourd’hui le cartel doit se satisfaire de 35 sièges, dont 6 sièges pour le partenaire NV-A. Pour former une majorité, il faut 63 sièges. Seule une coalition CD&V-NV-A Vlaams Blok permettrait d’avoir une majorité avec deux formations. Le Blok devrait cependant faire beaucoup de concessions pour que le sommet du CD&V et surtout Yves Leterme, son président, se résolvent à rompre le cordon sanitaire. Vu que Groen! a fait le choix de l’opposition – à moins que, mis sous la pression, il ne retourne sa veste – il ne reste comme option qu’une tripartite classique.
Di Rupo a toute latitude de choisir entre le MR et le CDH. En guise de clin d’oeil vers le MOC (Mouvement Ouvrier Chrétien), de toute manière moins lié avec le CDH qu’en Flandre, une coalition rouge-romaine serait peut-être la meilleure option pour lui. Quoi qu’il en soit, le cartel CD&V-NVA est dans une position difficile pour manœuvrer dans les négociations communautaires comme la régionalisation d’une partie de la sécurité sociale et la scission de l’arrondissement de Bruxelles-Hal-Vilvorde. Un PS puissant va se positionner comme leader de la Communauté française. Il va argumenter que le gouvernement flamand veut imposer à la Communauté française une politique d’austérité antisociale. Si le PS est déjà d’accord avec une nouvelle réforme de l’état, il en exigera le prix fort dans les négociations. Avec de l’autre côté de la table une tripartite qui a comme seule opposition le Vlaams Blok et la petite fraction Groen!, Di Rupo sait que le gouvernement flamand ne dispose pas d’une assise solide. De plus, le patronat n’a pas non plus intérêt à voir s’installer une crise communautaire de longue durée.
Quel que soit le gouvernement qui émergera, les résultats électoraux n’offrent pas de base stable à la bourgeoisie pour prendre les mesures d’austérité qu’elle aurait souhaitées. Sa seule consolation est qu’il n’y a pas un seul parti dans le(s) parlement(s) qui soit prêt à défendre les intérêts des travailleurs et de leurs familles. Le contrôle de la base par les appareils syndicaux n’est pourtant pas total. Et cela se voit encore plus dans les faibles résultats de Mia De Vits pour le SP.a aux élections européennes. Si les travailleurs descendent massivement dans la rue, ils pourront contrarier temporairement l’offensive néo-libérale. Cependant, tant que nous n’aurons pas de nouveau un grand parti des travailleurs, l’offensive de la bourgeoisie repartira de plus belle
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Une liste du MAS du côté francophone!
Elections européennes
VENDREDI 16 AVRIL, le MAS/LSP a déposé ses listes de candidats pour les élections européennes du 13 juin: une liste MAS pour le collège francophone, une liste LSP pour le collège néerlandophone. C’est la première fois que le MAS/LSP est en mesure de déposer une liste aux élections du côté francophone. Cette première traduit notre renforcement sur le terrain en Wallonie et à Bruxelles.Un grand merci à tous les camarades et sympathisants et amis qui ont contribué à la récolte des signatures! Quelques candidats présentent les points forts de notre programme.
Aïsha Paulis, étudiante, Ixelles,
2e effectiveNous revendiquons notamment un enseignement de qualité accessible à chacun. C’est important car le processus de Bologne représente un coup d’accélérateur dans la politique de privatisation de l’enseignement supérieur.
On va tout droit vers un enseignement supérieur à deux vitesses: une formation pointue réservée à une élite, une formation au rabais pour la masse des étudiants. Nous revendiquons aussi un pré-salaire étudiant qui permette à tous ceux qui en ont besoin de payer leurs études. Nous voulons la fin de la privatisation des restaurants universitaires et des cantines scolaires dans le secondaire.
En matière de droit d’expression sur les campus, nous refusons que les libertés conquises depuis Mai 68 nous soient reprises. A l’ULB je milite aussi au sein d’Etudiants de Gauche Actifs. Nous subissons des pressions de la part des autorités académiques surtout quand nous dénonçons leur politique de privatisation.
Guy Van Sinoy, agent des services publics, Bruxelles,
tête de listeAu cours des semaines à venir, nous mettrons en avant un éventail de revendications essentielles, mais aussi la nécessité du socialisme: une société où ce que l’on produit, comment on le produit, pour qui on le produit doit être décidé démocratiquement par les travailleurs et les usagers. Où les moyens de production appartiennent à la collectivité. Nous expliquerons inlassablement que pour arriver à cet objectif les travailleurs ont besoin d’un parti. D’un véritable parti socialiste et non des contrefaçons incarnées aujourd’hui par le PS et le SP.A.
En plus du dépôt des listes, un autre motif de fierté de notre parti est d’avoir 8 candidats sur 15 âgés de moins de 30 ans. C’est la preuve de nos progrès dans la jeunesse et c’est à la fois le gage du futur.
Nadine Mertens, employée et déléguée syndicale,
candidate indépendante, Wavre, 4e effectiveJe trouve que la défense des services publics est une priorité. Il est choquant de constater que partout en Europe, au nom de la libéralisation, les services pu- blics développés avec l’argent de la collectivité soient tronçonnés, démantelés et souvent cédés à vil prix aux firmes privées.
On ne peut admettre que La Poste ou la SNCB finissent comme la Sabena! Les transports publics doivent rester publics. Une fois privatisés la recherche de profit passera avant la sécurité des passagers. La privatisation des chemins de fer britanniques le prouve.
En tant que militante syndicale, je ne suis pas très fière de Mia De Vits qui abandonne la FGTB – en plein milieu de la campagne des élections sociales – pour aller faire carrière au SP.A. En tant que présidente de la FGTB, elle n’a rien fait pour développer une lutte d’ensemble. L’organisation syndicale doit être un contre-pouvoir dans la société. Sans ce contre-pouvoir, le gouvernement et les patrons ont les mains libres.
Nicolas Croes, employé, Liège, 3e effectif
Le logement occupe une place importante dans notre programme électoral. Des études montrent que le budget des ménages consacré au logement augmente beaucoup plus vite que les revenus. Et, sans avoir fait d’études, de nombreuses familles modestes le ressentent concrètement chaque mois.
Dans une société où chacun tremble à l’idée de perdre son emploi, le coût du logement devient crucial. Pour les milliers de travailleurs d’Arcelor à Liège qui perdront leur gagnepain avec la fermeture annoncée de la phase à chaud le coût du logement va devenir un drame.
C’est justement en période de fermetures, de restructurations, de délocalisations que les travailleurs ont le plus besoin de services publics.
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Elections sociales. Votez pour un syndicalisme démocratique et de lutte!
LES ELECTIONS sociales pour les Conseils d’Entreprise et les Comités pour la Prévention et la Protection au Travail (CPPT) auront lieu au cours du mois de mai dans les entreprises du secteur privé. C’est un événement important car des centaines de milliers de travailleurs vont élire ceux qui vont les représenter pendant quatre ans. Il faut au moins 100 travailleurs pour avoir un Conseil d’Entreprise et au moins 50 pour avoir un CPPT. Il n’y aura pas d’élections dans les services publics (sauf à la STIB, par exemple) ni dans les petites et moyennes entreprises du privé. Voilà qui permet déjà de mesurer les limites des conceptions «démocratiques» des patrons: les élections sociales n’ont été rendues obligatoires que là où les syndicats représentent un rapport de forces important.
Guy Van Sinoy
Que faut-il penser des élections sociales?
Le mouvement syndical en Belgique évolue dans un cadre institutionnel ambigu. D’une part on a un mouvement syndical numériquement puissant, capable à la fois de paralyser le pays par la grève générale et de canaliser le mécontentement social grâce à une bureaucratie syndicale chevronnée. D’autre part un cadre légal d’intégration du mouvement syndical: Conseil d’Entreprise, CPPT, Conseil national du Travail sont officiellement des organes de «concertation», c’est-à-dire de collaboration de classe et d’intégration des syndicats à l’Etat bourgeois.
Mais aux yeux de centaines de milliers de travailleurs, Conseil d’entreprise et CPPT sont vus, à côté de la délégation syndicale, comme des organes revendicatifs. De plus le statut de délégué dans ces organes permet aux militants syndicaux de mieux organiser la résistance sociale des travailleurs (droit de circuler dans l’entreprise, d’informer les travailleurs, d’afficher et de distribuer des tracts, etc.) Il est donc vital d’utiliser les facilités accordées aux délégués dans ces organes pour développer l’esprit de lutte chez les travailleurs.
FGTB FGTB ou CSC?
Depuis sa création en 1945, la FGTB est officiellement indépendante des partis politiques. Mais chacun sait que son appareil syndical est étroitement sous le contrôle bureaucratique du PS et du SP.A. Et ce n’est pas la candidature de Mia De Vits sur la liste SP.A aux élections européennes qui infirmera cela.
La CSC, de son côté, était lors de sa création un syndicat officiellement «antisocialiste». Mais aujourd’hui, sur le terrain, on trouve de nombreux militants et délégués combatifs dans les deux syndicats… et aussi pas mal de candidats uniquement sur les listes pour être «protégés».
Le MAS refuse la division des rangs des travailleurs. Il refuse d’appeler à voter pour un syndicat plutôt que pour un autre, ce qui reviendrait en outre (en appelant à voter pour ce syndicat) à cautionner toutes les manoeuvres bureaucratiques de son appareil.
Le MAS appelle à élire des délégués combatifs – FGTB ou CSC – qui pratiquent la démocratie syndicale: des délégués qui informent et mobilisent leurs camarades de travail, capables – au-delà de l’esprit de chapelle – d’oeuvrer à la réalisation d’un véritable front commun syndical de lutte.