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  • "Des soulèvements sociaux enflamment le Mexique"

    "Des soulèvements sociaux enflamment le Mexique". Ceci était le titre de la Une du Wall Street Journal pour le week-end du 1-3 septembre. Le vendredi 6 octobre 2006, El País, le quotidien espagnol, comportait un article d’Ignacio Sotelo sous le titre, "Mexique : une situation pré-révolutionnaire". Ces articles révèlent la véritable étendue des batailles et luttes qui se déroulent en ce moment au Mexique, suite à un trucage des élections présidentielles de juin, qui a mené au pouvoir Felipe Calderón, le candidat de l’aile droite conservatrice, le PAN (Partido Acción Nacional – Parti Action Nationale).

    Tony Saunois

    Depuis lors, le centre-ville de Mexico City reste bloqué par un campement de dizaines de milliers de partisans de López Obrador, le candidat radical et populiste du PRD (Partido Revolucionario Democratico – Parti Révolutionnaire Démocratique).

    Bien qu’il soit prématuré de décrire le Mexique, sur une échelle nationale, comme étant arrivé à un stade pré-révolutionnaire classique tel qu’il est compris par les marxistes, des éléments pouvant mener à cette phase commencent à se développer, et un soulèvement social massif se déroule.

    Le dernier rassemblement de masse a été l’assemblée populaire à laquelle on estime qu’un demi-million de personnes étaient présentes, le 16 septembre 2006, jour de la Fête d’Indépendance. Cette assemblée élut Obrador "président" d’un gouvernement parallèle dont le but est d’organiser une campagne de masse de "protestation citoyenne" qui devra empêcher Calderón d’être intronisé à la présidence du pays le 1er décembre, et combattre les tentatives du gouvernement de mettre en oeuvre son agenda néolibéral.

    Cette campagne a été accompagnée par des batailles massives de la classe salariée, des paysans et d’autres, durant toute cette année. Ces événements historiques ouvrent un nouveau chapitre dans l’histoire des luttes des masses mexicaines. Avec la grande tradition révolutionnaire mexicaine, qui prend sa source dans la période de 1910-20, la classe dirigeante du Mexique et la junte autour de Bush ont de quoi être terrifiés de la manière dont va se dérouler la suite des événements. En tant que seul pays "néocolonial" à partager une frontière avec une grande puissance impérialiste, il ne fait aucun doute que ces soulèvements auront des répercussions massives, pas seulement au Mexique et en Amérique Latine, mais aussi aux USA, avec leur forte population hispanique et mexicaine. Depuis la révolution de 1910-20, le Mexique s’est transformé et a maintenant une classe salariée puissante et bien éduquée, avec 55% de la main d’oeuvre employée dans le secteur des services. La population mexicaine a explosé de 15 millions en 1910, aux 100 millions actuels. En 1910, 29% des gens vivaient dans les villes, alors que ce chiffre s’élève maintenant à 75%. Cependant, l’histoire de la révolution mexicaine est bien implantée dans la conscience des masses.

    Comme le disait le Wall Street Journal (01/09/06): "L’âpre bataille qui se déroule juste après les élections a révélé une facette du Mexique, que beaucoup assumaient ne plus se trouver que dans les livres d’histoire." Le même article comparait la situation actuelle, avec la période qui s’est ouverte en 1913 après l’assassinat du président Francisco Madero, "la période que les Mexicains appellent maintenant leur ‘révolution’". Enrique Krauze, un historien mexicain proéminent, et adversaire d’Obrador, avertit que "Il ne doit faire aucun doute que M. López Obrador représente une menace révolutionnaire. Ceci n’est pas une blague. J’espère qu’il n’y parviendra pas, et que la démocratie aura le dessus. Mais néanmoins, il est important que tout le monde réalise bien ce qui est en jeu." (WSJ, 01/09/06)

    Toutefois, plutôt que López Obrador, la menace réelle vient de la puissance de la masse des salariés, paysans, étudiants, et autres exploités du capitalisme qui le soutiennent. Car, tout en dénonçant la corruption, la pauvreté et l’inefficacité, son programme radical est limité à une application au sein du système capitaliste, avec pour objectif de "faire le nettoyage" et de construire une forme plus "humaine" de capitalisme.

    Ce que craint la classe dirigeante, et à juste titre, en ce qui concerne la montée au pouvroir d’Obrador, est qu’une telle victoire ouvre grand la porte à des mouvements massif de grèves et d’occupations d’usines, afin d’exiger du gouvernement qu’il dirigera, d’aller bien plus loin que ce que lui-même avait l’intention de faire au début. Il est clair que le nouveau gouvernement de Calderón, s’il est capable de s’asseoir sur sa chaise de président, n’aura ni crédibilité, ni autorité. Des luttes massives sont imminentes, et beaucoup ont déjà lieu.

    Même avant les élections présidentielles, des milliers de mineurs à Lázaro Cárdenas, dans l’état du Michoacán, ont été impliqués dans une rude grève qui a vu des conflits avec la police, et au cours de laquelle deux mineurs ont perdu la vie.

    Les métallurgistes ont aussi connu un mouvement de grève de 141 jours, qui a fermé le port, qui a impliqué des batailles rangées entre policiers et grévistes, et l’incendie de deux des bureaux de leur entreprise. Les métallos n’ont pas seulement gagné chacune de leurs revendications, mais ils sont aussi parvenus à forcer l’enterprise à les dédommager de leur salaire pour chaque jour de grève.

    Le Mexique a une classe salariée puissante et fortement syndiquée, avec 10 millions de syndicalistes. La plupart sont dans les syndicats officiels liés à l’ancien régime du PRI (Partido Revolucionario Instituciónal – Parti Révolutionnaire Institutionnel) qui a dirigé le Mexique pendant plus de 70 ans sous un système de plus en plus corrompu et répressif, et qui incluait dans son économie un très fort secteur de corporation d’Etat.

    Arrivé au pouvoir en 2000, le PAN néolibéral agit en faveur du capitalisme et de l’impérialisme. Il est maintenant impatient de pouvoir mettre la main sur le pétrole, l’électricité, l’eau et les autres services publics – qui appartiennent tous à l’Etat – pour pouvoir les revendre. Même les dirigeants corrompus des syndicats officiels sont maintenant obligés d’agir, sous pression de leurs membres, mais aussi pour défendre leurs propres intérêts.

    400 000 travailleurs de la sécurité sociale menacent de partir en grève dès la mi-novembre. Le dirigeant du syndicat est un partisan d’Obrador. Maintenant, la direction des travailleurs de l’électricité à Mexico City menace aussi de partir en grève contre les investissements privés, et soutient Obrador. Lors d’un rassemblement de masse, Fernado Amezcua, un haut dirigeant syndical, a déclaré que "Nous ne permettrons pas le pillage de nos ressources nationales". Sous l’ancien régime du PRI, la direction syndicale collaborait à la politique en tenant leur base à carreau, en échange de concessions de la part du secteur d’Etat. Mais maintenant, avec ces menaces, des luttes majeures de la classe salariées sont en cours d’éruption.

    D’énormes concessions (pour le monde néocolonial) ont été remportées par la classe salariée mexicaine, et que la classe dirigeante aimerait remettre en cause. Les investisseurs impérialistes veulent réformer le Code du Travail, introduit dans les années 30 (sous le régime radical-populiste de Cardenas – qui avait nationalisé l’industrie pétrolière, et accordé l’asile politique à Léon Trotsky). Ce Code assure que le plus haut salaire qui aurait été accordé par une entreprise à ses travailleurs, devient automatiquement le salaire de tous les travailleurs du même secteur ! Et cela, même, dans les entreprises où il n’y avait pas de représentation syndicale. Même Calderón n’ose pas encore attaquer cette partie du Code du Travail, de peur de provoquer une nouvelle explosion encore plus large.

    Pourtant, tous les analystes craignent que ce que seront les batailles à venir au Mexique, est ce que l’on peut déjà voir dans l’état d’Oaxaca, dans lequel une insurrection populaire est maintenant en cours. Ce qui a commencé par une grève militante des professeurs pour leurs salaires, s’est maintenant développé en une insurrection de masse, qui demande la démission du gouverneur de l’état, Ulises Ruis, membre du PRI.

    70 000 enseignants sont maintenant en grève dans cet état, depuis début mai, bloquant l’accès aux cours pour 1,3 millions d’étudiants. Pour toute cette période, l’état a été contraint de leur payer leur salaire plein. Ces professeurs ont une très forte tradition militante. Chaque année depuis les années 80, ils sont partis en grève en demandant une hausse de salaire supérieure à celle accordée par les négociations entre le gouvernement et la direction syndicale nationale. En général, après une manifestation à Mexico City, ils gagnaient quelques centaines de dollars de plus. Mais cette année, lorsque les négociations sont arrivées à leur terme, ils ont simplement demandé 100 millions de dollars, et ont entamé une grève. Le chef des enseignants d’Oaxaca, Enrique Rueda, a résumé l’attitude des professeurs en ces termes : "Nous avons appris à nous battre pour chaque chose que nous obtenons, parce que sinon, personne ne nous accorde aucune attention."

    Depuis trois mois, la capitale de l’état est assiégée. Les touristes ne vont plus visiter la petite cille coloniale. Le gouverneur se cache, et le congrès de l’état ne peut plus se rassembler qu’en secret dans un hôtel. L’Assemblée Populaire d’Oaxaca (APPO), formée pour soutenir les professeurs, est un organisme de coordination pour des centaines d’organisations sociales, syndicales, indigènes et politiques, qui a virtuellement pris à sa charge la gestion de la ville, y compris la sécurité. La police a disparu, et n’apparaît qu’en secret, pour tirer au hasard sur tous les activistes qu’ils croisent. Des groupes de jeunes, avec des bandanas pour recouvrir leur figure, parcourent la ville, et il y a des groupes de professeurs au coin des rues, dont bon nombre sont armés de machettes, et qui arrêtent tous ceux qu’ils jugent suspects.

    L’APPO a implémanté un couvre-feu dès 22h, et a interdit la prise de photos, à cause de la surveillance de la police. Les insurgents ont pris le contrôle de huit stations de radio privées pour diffuser leurs revendications et leurs appels à l’action, afin de coordiner le mouvement. Le gouverneur d’état a peur d’apparaître en public, les juges d’état se cachent dans leurs maisons : toute la ville est en pause. On voit donc ici des éléments de double pouvoir et de situation pré-révolutionnaire. Ceci signifie que la vieille machine d’Etat capitaliste n’est plus totalement contrôlée, et qu’une partie de ses fonctions ont été reprises par la classe salariée et ses partisans, mais que les travailleurs n’ont pas un contrôle total, et que la vieille machine d’Etat existe toujours, bien qu’affaiblie.

    Une telle situation ne peut continuer indéfiniment – et surtout pas si elle est isolée à un seule état. Le mouvement peut toujours s’essoufler, ou même être écrasé. Le gouvernement s’est abstenu d’intervenir brutalement jusqu’ici, de peur de provoquer une crise encore plus profonde. Toutefois, de telles mesures pourraient être tentées à un certain stade, de sorte à essayer d’intimider les masses sur le plan national, et de leur ôter toute envie de tenter ailleurs une telle rébellion. Alors que la revendication centrale du mouvement s’est centrée sur la démission du gouverneur, il est urgent que le mouvement à Oaxaca se répande et entreprenne toutes les démarches possibles afin de gagner le soutien des masses nationalement, ce qui inclut des manifestations et des grèves nationales, en solidarité avec les gens d’Oaxaca. Obrador a gardé ces distances vis-à-vis de ce mouvement, et a insisté pour que la lutte nationale se limite à "une protestation citoyenne et pacifique", ce qui est très révélateur. Pourtant, cette rébellion à Oaxaca n’est qu’un avant-goût des mouvements à venir au Mexique, au cours des prochains mois ou années.

    Tandis que se développe cette lutte au Mexique, la nécessité pour la classe salariée de développer ses propres organisations, parti et programme indépendants afin de renverser le capitalisme, devient de plus en plus pressante. Une tâche urgente, consiste à se battre pour la démocratisation des syndicats, qui sont toujours dirigés par une puissante bureaucratie antidémocratique sur des lignes corporatistes. Des élections démocratiques et libres pour la direction syndicale, et le contrôle démocratique des syndicats par la base, sont une étape urgente et cruciale.

    En même temps, une campagne pour une grève de 24h, nationale et générale, doit être lancée, en tant que premier pas pour empêcher l’intronisation de Calderón. Une campagne de désobéissance civile, comme celle qui est proposée par Obrador, n’est pas suffisante pour infliger une défaite aux gangsters corrompus qui ont volé les élections au peuple mexicain.

    Des comités de lutte démocratiquement élus doivent être établis dans tous les lieux de travail, universités et quartiers ouvriers, ouverts aux paysans et aux autres personnes opposées au système existant. De tels comités, dont les délégués doivent être élus, révocables et pleinement responsables devant des assemblées de masse, doivent être structurés à l’échelle des villes, des districts, des états, et du pays tout entier. De tels organes peuvent devenir une expression et une organisation réellement démocratique du mouvement, et former la base qui permettra de mener encore plus loin les luttes, d’une manière coordonnée.

    A partir de ce mouvement, une autre nécessité urgente se pose à la classe salariée, celle de construire son propre parti, un parti qui combattra pour ses intérêts, et qui développera un programme révolutionnaire et socialiste. Obrador a déclaré que le Mexique "a besoin d’une révolution". Toutefois, il s’imagine cette révolution se déroulant dans le cadre du capitalisme. Ce dont nous avons besoin, est une révolution qui brisera le corset étroit que voudrait lui imposer le capitalisme et le féodalisme au Mexique. Si ceci n’est pas réalisé, il ne sera pas possible de remplir les attentes des masses qui se sont ralliées à la campagne d’Obrador.

    Les luttes afin de prévenir Calderón d’être intronisé, et contre son gouvernement s’il devait quand même être formé, doivent faire partie de la lutte pour un gouvernement des salariés et des paysans avec un programme socialiste révolutionnaire. En liant ce mouvement à ceux qui se déroulent en Bolivie et au Venezuela, et à l’achèvement de la révolution socialiste dans ces pays et la mise en place d’une véritable démocratie ouvrière à Cuba, il sera possible d’établir une fédération socialiste démocratique de ces pays avec le Mexique. Le capitalisme et le féodalisme pourraient commencer à être défiés à travers toute l’Amérique Latine, et la porte vers le soutien des travailleurs et des pauvres aux USA, à s’ouvrir. C’est ce défi, qui se dresse maintenant devant les socialistes et les travailleurs au Mexique, tandis que la lutte deviendra de plus en plus aigüe dans les mois et années à venir.

  • Mexique. "S'il n'y a pas de solution, il y aura une révolution"

    Il aura fallu plus de deux mois de délibérations au Tribunal électoral suprême du Mexique pour décider que les élections présidentielles du 2 juillet avaient été remportées par Felipe Calderon, le candidat du Parti d’Action Nationale (PAN, droite libérale et pro-américaine).

    Jean Peltier

    Ce délai étonnant a été provoqué par l’énorme mouvement de protestation qui s’est amplifié tout au long de l’été en soutien au candidat de l’opposition et ancien maire de la capitale Mexico, Andrés Manuel Lopez Obrador. AMLO, comme l’ont surnommé ses partisans, dénonçait une fraude électorale massive et exigeait un recomptage complet des votes. Le Tribunal a limité cette opération à 9% des votes, sous prétexte qu’"il n’y a pas d’élections parfaites"! Il est pourtant clair que la fraude a eu lieu sur une grande échelle, les réclamations portant sur des milliers de bureaux de vote où des irrégularités ont été dénoncées.

    Le mouvement de protestation contre la fraude électorale a été le plus important qu’ait jamais connu le pays. Des manifestations monstres ont réuni jusqu’à un million de personnes. Une ville de tentes s’étendant sur près de dix kilomètres a été construite au centre de Mexico par les partisans d’AMLO, perturbant fortement la circulation. Les protestataires se sont inspirés de la "révolution orange" en Ukraine qui avait contesté des élections frauduleuses et fait tomber le président pro-russe en décembre 2004. Mais, à la différence de l’Ukraine, le mouvement de protestation au Mexique a été quasiment ignoré par la grande presse internationale. La plupart des agences de presse ont dit et redit que l’élection avait respecté les procédures légales. Cela n’est guère étonnant quand on sait que le président "élu" Calderon, tout comme son prédécesseur Fox, sont des alliés fidèles des Etats-Unis et qu’ils ont le soutien affirmé de Bush (un autre spécialiste des victoires électorales "aidées").

    Au cours de la campagne, Lopez Obrador, à la tête du Parti de la Révolution Démocratique, avait multiplié les attaques verbales contre les riches, la corruption et l’impérialisme US… tout en affirmant qu’il voulait travailler avec les patrons mexicains et qu’il ne s’en prendrait qu’aux corrompus. Son discours a eu un énorme écho parmi les travailleurs et la population pauvre à travers tout le pays. C’est que le Mexique, même s’il connaît une certaine croissance économique, reste marqué par de gigantesques différences sociales. Un Mexicain sur cinq ne mange pas à sa faim. Depuis 2000, six millions de Mexicains ont quitté leur pays pour entrer aux Etats-Unis à la recherche d’une vie meilleure. Un rapport des Nations-Unies affirme que l’argent envoyé par les immigrés mexicains vivant aux USA représente la principale source de revenus du pays après le pétrole.

    Dans ces conditions, les protestations de masse contre la fraude électorale peuvent prendre rapidement une toute autre dimension. Ces dernières semaines, un des slogans les plus entendus parmi les manifestants est "S’il n’y a pas de solution, il y aura une révolution". La bourgeoisie mexicaine craint Lopez Obrador, pas parce qu’il serait un anticapitaliste ou un révolutionnaire, mais parce qu’il pourrait devenir un point de ralliement pour des actions plus radicales et de nouvelles vagues de luttes.

    Ils ont peur que se généralise la situation que connaît depuis juillet l’Etat d’Oaxaca (le Mexique est un Etat fédéral et l’Oaxaca est une des régions les plus pauvres) où un mouvement de grève lancé par les enseignants, rapidement rejoints par les travailleurs de la santé, s’est transformé en soulèvement de masse exigeant la démission du gouverneur de l’Etat. Des manifestations ont réuni des centaines de milliers de personnes, les routes sont bloquées par des barrages, des bâtiments officiels occupés et une Assemblée Populaire du Peuple d’Oahaxa a été formée pour coordonner le mouvement.

    Sous la pression du mouvement, Lopez Obrador a annoncé la création d’un "gouvernement du peuple" qu’il pose en "rival de celui de la mafia politique et des criminels en col blanc". Il est difficile de savoir jusqu’où AMLO est prêt à aller: va-t-il se contenter de faire de ce "gouvernement parallèle" un outil de contestation dans le cadre du parlement ou va-t-il développer la mobilisation jusqu’à empêcher l’entrée en fonction de Calderon le 1er décembre ?

    Les protestations de masse de ces dernières semaines ont déjà montré la force du mouvement populaire.

    Mais, pour chasser Calderon et en finir avec le système d’exploitation, ce mouvement devra aller plus loin, en se liant avec les syndicats, en s’organisant en comités démocratiquement élus, sur les lieux de travail, dans les quartiers et les universités, et en mobilisant pour des journées de grève générale. Et l’ampleur de ce mouvement montre la nécessité criante d’un parti luttant au quotidien pour défendre les intérêts des travailleurs et des paysans (ce que n’est absolument pas le PRD) et mettant en avant des revendications socialistes pour en finir avec la pauvreté, le chômage et les inégalités.

  • Etats-Unis: immigrés en lutte!

    Aux Etats-Unis, des millions d’immigrés ont investi les rues pour défendre leurs droits. Du 10 mars au 10 avril, près de 4 millions de travailleurs et de jeunes ont manifesté dans plus de 125 villes… Dans beaucoup de villes, il s’agissait des plus grandes manifestations jamais vues!

    Kristof

    Le motif de ces protestations est le vote par la Chambre de la proposition de loi HR 4437 déposée par le député républicain Sensenbrenner. Cette loi vise à lutter contre l’immigration illégale par l’extension de la gigantesque barrière qui s’étend déjà le long d’une partie de la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique, le contrôle accru de l’immigration et la criminalisation de toute aide aux “illégaux” (même le fait de ne pas dénoncer l’existence d’un clandestin serait poursuivi par la loi!). Cette loi est un nouveau pas dans la longue liste des attaques lancées contre les étrangers depuis une quinzaine d’années et surtout depuis le 11 septembre 2001.

    En réaction, des centaines d’organisations d’immigrés (surtout d’origine latino-américaine), de groupes de solidarité avec les sans-papiers (ceux-ci seraient 12 millions aux Etats-Unis), de sections syndicales et d’iorganisations de gauche ont organisé des manifestations aux quatre coins du pays. Ces actions ont culminé le 1er mai. Alors que ce jour est aux Etats-Unis un jour de travail comme un autre, un appel a été lancé pour faire du 1er Mai 2006 “Un Jour sans Immigrés” au travail et à l’école. On estime que 10 millions de personnes ont participé à ce mouvement, et cela bien que cet appel n’était pas soutenu par la partie la plus conservatrice de la direction du mouvement et par beaucoup de dirigeants syndicaux.

    Sous la pression du mouvement d’opposition et devant la crainte d’une partie du patronat de perdre une main-d’oeuvre à bon marché, un autre projet de loi a été déposé, le Guest Worker Program (“ Programme pour les Travailleurs Invités “) qui prévoit de donner un visa de travail temporaire temporaire à certains immigrants. Mais l’application de ce projet impliquerait que des millions d’immigrants illégaux soient d’abord expulsés avant de pouvoir, par apès, demander un visa temporaire pour revenir travailler aux Etats-Unis ! Les patrons entendent ainsi ne garder que des travailleurs “utiles” et expulser tous les autres.

    Cette proposition trouve des partisans aussi bien chez les Républicains que chez des Démocrates comme Hillary Clinton. Mais les organisations de sans-papiers et le mouvement de solidarité continue à réclamer le retrait de toutes ces mesures et la régularisation des sans-papiers.

  • Flambée des prix du pétrole. Précarité pour les uns, juteux bénéfices pour les autres

    Il y a un an, ceux qui osaient miser sur un baril à 70 dollars pour l’année 2005 étaient presque considérés comme des fous. Maintenant, même les économistes bourgeois n’hésitent plus à évoquer un « troisième choc pétrolier » et parlent d’un baril à 80 dollars – l’équivalent en dollar d’aujourd’hui du record établi lors du deuxième choc, en 1979- comme une perspective à court terme relativement probable. Depuis l’intervention impérialiste en Irak, les pics historiques n’ont fait que se succéder à un rythme presque ininterrompu : en deux ans, le prix du baril a été multiplié par 2,5. Les travailleurs trinquent, les multinationales pétrolières comptent leurs sous.

    Cédric Gérôme

    Anarchie capitaliste ou planification socialiste?

    Sous le capitalisme, la recherche du profit à tout prix et l’absence d’une planification ordonnée de la production entraînent inévitablement un manque total de stratégie à long terme. Depuis 1950, l’utilisation du pétrole brut est en augmentation de 57%. Certains experts estiment qu’une augmentation similaire est à prévoir pour les 25 prochaines années, et pourrait atteindre les 121 millions de barils par jour (contre 77 aujourd’hui) à l’ombre de 2030. Cette énergie fossile est certes indispensable, mais la manière dont elle utilisée relève de l’anarchie la plus aberrante.

    Un simple exemple: le manque d’investissements publics dans les transports en commun et les politiques d’aménagement du territoire poussent les gens à privilégier la voiture comme mode de transport ; or, une même dépense d’énergie permet à un voyageur de parcourir une distance 11 fois plus grande en tram qu’en voiture… De même, les bilans des marées noires de l’Erika et du Prestige ont encore démontré à quel point, dans une logique capitaliste, la gestion des matières premières et des ressources énergétiques est totalement irresponsable.

    Un cocktail explosif

    Aujourd’hui, l’instabilité politique mondiale fait peser de lourdes craintes quant aux possibilités d’approvisionnement, d’autant que le manque d’investissements dans le raffinage ces 25 dernières années ne saurait faire face à une demande qui ne fléchit pas. Depuis plusieurs années en effet, les compagnies extraient davantage de pétrole qu’elles n’en raffinent. Ce coktail crée une envolée vertigineuse des prix du pétrole. La seule “issue” à cette situation nous semble être…une profonde récession entraînant une chute de la demande de pétrole. Car une augmentation sensible de l’offre, qui rétablirait l’équilibre des prix, est hautement improbable, les producteurs d’or noir n’ayant pas de réserves inemployées, toutes leurs capacités tournant pratiquement à plein régime.

    En dépit des nombreuses déclarations de l’OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole, qui fournit 40% des réserves de pétrole brut mondial) concernant un relèvement de ses quotas de production, ses capacités excédentaires sont limitées. Elle produit déjà à son niveau le plus haut depuis 26 ans, et ce ne sont pas ses maigres offres supplémentaires qui vont significativement inverser la tendance. La découverte de nouveaux gisements est quant à elle de plus en plus rare. Au point qu’une véritable course aux réserves est en train de s’engager; plus globalement, les approvisionnements en énergie deviennent un nouveau terrain de confrontation entre les grandes puissances. Cela est notamment illustré par la véritable guerre que se mène la Chine et le Japon pour le contrôle du pétrole russe.

    L’Irak : la quête d’un nouvel eldorado

    Selon les plans de l’administration Bush, le pillage et le contrôle des ressources pétrolières de l’Irak était sensé entraîner les prix du pétrole vers le bas. Mauvais calcul. Avant l’entrée des troupes américaines dans le pays, l’Irak exportait plus de deux millions de barils par jour. En comparaison, les exportations étaient déjà réduites à une moyenne de 1,5 millions de barils par jour pour l’année 2004. Aujourd’hui, le niveau de la production est toujours plus bas que celui d’avant-guerre, pour cause du chaos qui règne dans le pays et des attaques régulières sur les infrastructures pétrolières.

    Cet effondrement des exportations pétrolières de l’Irak, cumulé à l’accroissement de l’instabilité dans l’ensemble du Moyen-Orient – région qui regorge deux tiers des ressources pétrolières mondiales- semble être la cause première de la flambée des prix du brut. A cela se rajoutent d’autres facteurs, qui s’influencent mutuellement : forte demande de la Chine et de l’Inde, spéculation intense sur les marchés financiers, tensions politiques dans d’autres pays producteurs (Nigéria, Vénéuela…). En ce sens, le récent cyclone Katrina n’a fait que rajouter de l’huile sur le feu. Environ 91,7 % de la production quotidienne de la région, soit 1,38 million de barils par jour, a été interrompue. L’arrivée de Katrina a contraint à la fermeture un grand nombre d’installations du Golfe du Mexique, où se concentrent un quart des infrastructures pétrolières des États-Unis.

    Des bénéfices affolants

    Mais tous ces phénomènes ne doivent pas nous faire oublier la toile de fond sur laquelle ils s’opèrent : la crise mondiale du capitalisme, à travers laquelle se meut une poignée de multinationales qui profitent de leur mainmise sur cette ressource énergétique de première importance pour imposer leurs conditions et surtout leurs prix à l’ensemble de la planète. “Le Soir” du 8 septembre titrait: “Des bénéfices affolants”. C’est le moins que l’on puisse dire: les 5 plus grosses multinationales pétrolières ont réalisé un bénéfice net cumulé de 43,47 milliards d’euros pour le seul premier semestre 2005, une augmentation de 30% par rapport à l’année dernière. “En tant qu’actionnaire, cela ne me dérange pas, mais je plains bien entendu les ménages modestes qui doivent encaisser la facture du mazout cher”, commentait Albert Frère, actionnaire chez Total. On le remerciera au passage pour cette belle démonstration de compassion.

    Les travailleurs paient la note

    Au-delà de l’augmentation du prix à la pompe et du mazout de chauffage, les prix élevés du pétrole entraîne une augmentation des coûts de production, qui mine la rentabilité des entreprises. Cela fournit de nouveaux prétextes aux entreprises pour licencier et stimule de surcroît une augmentation générale des prix, qui frappe les travailleurs de plein fouet.

    Le MAS exige:

    > la réaffectation des recettes pétrolières dans les secteurs prioritaires tel que l’enseignement, les soins de santé, le logement.

    > l’abolition de la TVA sur le mazout et sur les autres sources de chauffage, le gel immédiat des prix

    > le retour du carburant dans l’index

    > la nationalisation des multinationales pétrolières sous contrôle ouvrier, ce qui permettrait aussi de mettre la main sur tout les brevets d’énergies alternative accaparés par les multinationales.

  • Etats-Unis. Ouragan Katrina: un désastre amplifié par le capitalisme

    Des centaines de milliers de personnes sont devenues sans abri. Des dizaines de milliers d’entre elles ont été envoyées au Texas en temps que réfugiées. Les immeubles se sont effondrés. Des quartiers entiers ont été réduits en gravats. La Nouvelle-Orléans, un des centres culturels et historiques des Etats-Unis, sera inhabitable pour plusieurs mois. Le nombre de morts causés par Katrina se comptera en centaines, si pas en milliers. Certains commentateurs avancent que c’était imprévisible, mais c’est un mensonge.

    Bryan Koulouris, New York, Etats-Unis

    Le Wall street Journal a même imprimé un journal intitulé, « l’évacuation était un modèle d’efficacité – pour ceux qui avaient une voiture. » Le sud profond aux Etats-Unis est aujourd’hui comparable au tiers monde en terme de pauvreté, et la Nouvelle-Orléans, en dépit de son côté touristique, n’est pas une exception.

    Pour les plus de 100.000 habitants pauvres de la Nouvelle-Orléans sans accès aux voitures, il y avait peu d’options. Vous pouviez cracher les quelques penny que vous aviez pour prendre un bus sortant de la ville, abandonnant vos biens, amis, et connaissances pour se retrouver dormant à la belle étoile dans une autre ville. Ou alors, vous pouviez aller au Superdome, où plus de 23.000 personnes avaient décidé d’attendre la fin de l’ouragan dans un stade conçu pour le football américain, pour être éventuellement transporté (après une évacuation dangereuse) vers le pas si proche Astrodome de Houston au Texas.

    Ou bien, comme des centaines de personnes l’avaient décidé (ou avaient été forcées à le faire), attendre cette évacuation sur leur toit ou dans leur grenier, assiégés par la destruction et les cadavres flottants ; en espérant seulement ne pas devenir l’un d’entre eux. La classe ouvrière et les pauvres avaient les maisons les moins stables, leurs maisons furent donc, de manière disproportionnée, les plus détruites.

    La Nouvelle-Orléans (et d’autres endroits à travers la Louisiane, le Mississipi, l’Alabama, etc.) n’ont pas d’eau potable et la distribution de nourriture a été négligée. Des travailleurs et des pauvres désespérés ont été poussés au « pillage » pour se nourrir. Se procurer nourriture, eau et marchandises de première nécessité est vital et les gens ne devraient pas être punis pour la tragédie qu’ils vivent. Les supermarchés peuvent se permettre d’abandonner de la nourriture ; les travailleurs faces à ce désastre, pas.

    Alors que cette crise frappe, plus de 6.000 gardes nationaux de Louisiane et du Mississipi sont en Irak pour soutenir l’occupation du pays (voulue par la classe dirigeante américaine) ne servant que les bénéfices d’Halliburton, Texaco, Bechtel et d’autres compagnies américaines. Théoriquement, la garde nationale n’est supposée s’occuper que des urgences intérieures (ils sont souvent utilisés pour briser des grèves) et s’il y a jamais eu un moment où ils étaient nécessaires dans une urgence intérieure, c’est bien celui-ci. Les priorités du gros business et de ses deux partis sont vraiment dévoilées ici.

    On estime actuellement que les seuls dégâts de la Nouvelle-Orléans coûteront des dizaines de milliards de dollars. Ca semble une somme incroyable, mais pensons-y : en seulement quelques mois, Bush et sa clique ont dépensé des centaines de milliards de dollar pour la guerre en Irak. Aujourd’hui, l’occupation coûte 5,6 milliards de dollars par mois.

    Visiblement pour les millionnaires et les milliardaires qui dirigent ce pays, la guerre et les profits passent avant le souci des gens ordinaires confrontés à la pire des situations. A cause, en partie, de la quantité astronomique d’argent consacré à la guerre pour le pétrole, des profits et du prestige, les gouvernements locaux et fédéraux ont fait des coupes de budget vaseuses qui ont causé, plus qu’autre chose, une diminution de l’argent destiné à s’occuper des désastres naturels.

    Prévention: les profits avant les gens

    Les dernières années ont vu une croissance significative du nombre d’ouragans et autres catastrophes naturelles dont certains résultent probablement des changements climatiques. Il aurait, bien sûr, été impossible de prévenir l’entièreté des dommages causés par Katrina, mais une grosse partie pouvait l’être. La Nouvelle-Orléans encerclée de trois côtés par l’eau (le Mississipi, le lac Pontchartrain et le golfe du Mexique) a atteint un niveau record d’inondations pendant l’ouragan.

    La ville a été construite en dessous du niveau de la mer et est protégée des inondations permanentes par un système de digues et de pompes. Les digues ont été conçues pour résister à des ouragans de niveau trois, mais Katrina était un ouragan de niveau quatre et il existe une multitude de technologies qui supportent même le niveau cinq.

    Le système de pompes qui extrait l’eau des endroits les plus bas fonctionne avec l’électricité pas avec des générateurs. Bien sûr, l’électricité n’a pas été coupée seulement à la Nouvelle-Orléans, mais bien sur toute la côte du golfe. Le système aurait pu fonctionner à l’aide de générateurs, mais cela aurait coûté de l’argent, de l’argent que les politiciens du « big business » n’était pas prêt à dépenser.

    Dans un article intéressant du New Orleans City Business daté du 7 février 2005, l’armée américaine constatait que des millions étaient nécessaires pour la protection de la Nouvelle-Orléans des ouragans et des inondations, mais « la plupart des projets ne seront pas financés dans le budget fiscal de 2006 du président.» De 2001 à 2005, les dépenses gouvernementales dans des projets de protection des inondations massives pour la Nouvelle-Orléans sont tombées de manière drastique de 147 millions de dollars à 82 millions.

    Le corps d’armée des ingénieurs est responsable de la maintenance des défenses contres les inondations et en juin de l’an dernier, son chef de projet (Al Naomi) vint avant que l’autorité de la digue d’East Jefferson ne réclame 2 millions $ pour « travaux urgents » que Washington ne payait pas. « Les digues s’affaiblissent » dit-il, « tout s’affaiblit, et si nous n’obtenons pas suffisamment vite l’argent pour les renforcer, alors nous ne pourrons plus protéger les constructions. »

    Toutes les études ont montré que les quartiers pauvres et ouvriers, comme le nécessiteux “Lower Ninth Ward” de la Nouvelle-Orléans, sont les plus durement frappés par les inondations à cause du manque d’investissements dans la prévention.

    Ils clament qu’il n’y avait pas d’argent pour la prévention, pourtant des millions ont été injectés dans United Airlines par le gouvernement fédéral. Des milliards sont dépensés dans la destruction, l’occupation et l’oppression en Irak. Et ils ne peuvent financer des projets pour minimiser les dommages de catastrophes inévitables ? Ridicule…

    Avec le contrôle du plan d’urgence par le « big business », la situation semble mauvaise pour les masses pauvres de la côte du golfe. Même si le niveau de l’eau se normalise, les cadavres, la nourriture avariée et les eaux putrides vont mener à des épidémies et la certitude de la maladie pour celui qui retournerait dans la région. L’électricité et l’eau potable ne seront pas prêt non plus pour une utilisation de masse.

    Pour le moment, Wall street ne s’inquiète pas de la situation dramatique vécue par des millions de gens à cause du désastre. Ils sont inquiets à propos de l’essentiel : les profits. Et plus spécifiquement du pétrole. La côte du golfe a beaucoup, si pas la plupart, de raffineries pétrolières des USA. Avec la montée en flèche du prix du gaz et une crise importante de l’énergie dans de nombreux endroits, les grands manitous de Wall Street s’inquiètent de « la confiance des investisseurs » et d’un « effet boule de neige » dans la chute des stocks.

    Ils devraient être inquiets. L’économie américaine et l’économie mondiale seront massivement affectées par ces évènements. La classe ouvrière a déjà été frappée très durement. Les travailleurs ne peuvent laisser le « big business » leur faire porter le fardeau des problèmes économiques ; et c’est ce qu’ils feront quand ils nous demanderont de « nous serrer la ceinture .» Bush et son gang sont inquiets. La colère monte envers lui sur plusieurs sujets, la guerre qui s’éternise en Irak, le revenu instable et sa coupe massive des taxes pour les riches. Souffrant déjà d’un taux d’approbation au plus bas, Bush craint que la catastrophe ne le mine d’avantage avec la compréhension des responsabilités de son gouvernement dans la coupe des budgets des défenses contre les inondations et de l’envoi de la garde nationale en Irak. L’ouragan Katrina pourrait être un moment charnière dans lequel la colère passive se transformerait en opposition active.

    Nous devons combattre le « big business » pour un désastre qu’il a aidé à amener et qu’il a empiré. Nous devrions exiger un contrôle par la communauté et les travailleurs des ressources d’aide. Nous devrions exiger des milliards en aide et en prévention des catastrophes naturelles. Le gouvernement fédéral doit fournir l’entretien complet et sans restrictions à ceux qui ont perdu leur emploi, il doit y avoir un programme de construction de bonnes habitations publiques d’urgence pour tous ceux qui sont maintenant sans toit, des prêts sans intérêts doivent être donnés aux petites affaires et aux fermiers pour leur permettre de reconstruire, un financement fédéral doit être donné aux états pour compenser leurs pertes de revenu en taxes. Nous devons organiser des manifestations de masse, des grèves, des actions concrètes pour renverser les coupes budgétaires, taxer les riches, et obtenir des fonds pour des programmes comme des soins de santé universels, un enseignement de qualité et des travaux publics qui offrent des emplois décents.

    Le système capitaliste a ses priorités : rendre les actionnaires heureux en augmentant leurs profits. Pour faire des profits, ils veulent garder nos salaires bas. Les grosses entreprises ne veulent pas être taxées pour payer nos programmes sociaux, donc ils payent des politiciens qui font passer des lois et des budgets dont bénéficient les super riches. Nous avons besoin d’un parti qui représente les travailleurs, un parti qui ferait de la pauvreté, de la guerre, du racisme et de la destruction environnementale de l’histoire ancienne. Nous avons besoin d’un parti des travailleurs avec un programme socialiste qui combattra le « big business » jusqu’au bout.

  • Crise et révolte en Amérique latine

    FIN JUILLET, près de 350 camarades provenant de 14 pays se sont retrouvés lors de l’école d’été du CIO, parmi lesquels des camarades du Brésil et du Venezuela. La discussion sur l’Amérique latine, qui a pris toute une journée, était une des discussions les plus importantes.

    Tina De Greef

    Regimes en crise

    Tout le continent est en mouvement et en crise. La profondeur de celle-ci diffère selon les pays. L’industrie textile est presque intégralement délocalisée vers l’Inde et la Chine. Les Etats doivent rembourser des dettes colossales. Actuellement au Pérou, 35% du budget sert au remboursement de la dette. Les richesses naturelles de l’Amérique latine sont en grandes parties tombées entre les mains des capitalistes.

    Presque partout nous voyons les symptômes d’un régime en crise, parfois même avec des composantes pré révolutionnaires. Le Chili et le Pérou sont en ce moment les régimes les plus stables d’Amérique latine. Il y a cependant eu récemment deux grèves générales au Chili. Le gouvernement Fox au Mexique est sur une pente glissante. En Bolivie le président Sanchez de Losada a été chassé car il voulait vendre le gaz aux Etats-Unis. Carlos Mesa, son successeur, essaie quand même d’organiser cette vente, malgré la résistance des masses.

    A Haïti, le revenu moyen par personne de l’ensemble de la population est inférieur à un dollar par jour. Aristide – qui a une approche anti-impérialiste seulement en paroles – a dû s’exiler. Au Pérou, Toledo est pour le moment le dirigeant le moins populaire de toute l’Amérique latine. Il a dû faire face il y a quelques semaines à une manifestation de masse, malheureusement dirigée par Garcia le leader de l’opposition bourgeoise.

    La révolte au Venezuela reflète le refus de la politique néo-libérale menée au cours de la dernière décennie dans toute l’Amérique latine. Le chômage officiel est passé de 12% à 17%. La population pauvre se radicalise et place le populiste de gauche Hugo Chavez au pouvoir en 1998. Celui-ci va décider – sous la pression des masses – d’envoyer 3.500 médecins vers les gens qui n’en avaient encore jamais vus. La Constitution changea de sorte que les propriétaires terriens perdirent leurs terres et que le pétrole soit placé sous le contrôle des autorités publiques.

    Les supermarchés itinérants avec de la nourriture bon marché et une nouvelle entreprise nationale de télé-communications sont les récentes initiatives de Chavez. Pour faire ces concessions, Chavez dépend des prix élevés du pétrole. Pour le moment le Venezuela est le cinquième producteur de pétrole du monde avec 3,1 millions de barils par jour. Cette réforme politique n’est cependant pas tenable à long terme dans un cadre capitaliste. La bourgeoisie, qui a perdu partiellement le contrôle de l’appareil d’état, déteste Chavez car il est a prêt à céder sur de nombreux terrains sous la pression des masses. C’est une situation dangereuse pour l’impérialisme.

    Pour rencontrer fondamentalement les revendications des masses et pour élever leur niveau de vie il faut rompre avec le capitalisme. Contrairement au Chili et à d’autre pays du continent, le Venezuela n’a jamais connu de tradition socialiste ou communiste. Même Chavez ne saisit pas la chance pour mobiliser une véritable révolution socialiste: il veut installer un «capitalisme plus humain».

    Pas de réconciliation avec l’opposition de droite

    Chavez voudrait réconcilier la révolution et la contre-révolution. Il louvoie entre les deux: d’une part entre la pression des masses vénézuéliennes et d’autre part la bourgeoisie et l’impérialisme. Les tentatives pour une réconciliation avec l’opposition de droite vont démoraliser les masses. Seul un parti révolutionnaire – condition décisive pour une victoire révolutionnaire: le facteur subjectif – sera capable de mener les masses vers la révolution. Seul un changement total de la société, rompant avec le capitalisme, pourra mettre un terme à la crise et en finir avec le chômage et la pauvreté.

    Les masses expérimentent aujourd’hui un processus important d’auto-organisation: les comités populaires, et les Cercles bolivariens initiés par Chavez. Ces organes doivent s’élargir vers toutes les couches des opprimés, et se transformer en organes réels de la lutte des travailleurs.

    Des comités populaires dans les entreprises et les quartiers doivent se baser sur les principes de la démocratie ouvrière: éligibilité, révocabilité des élus, un salaire pour les élus qui ne dépasse pas le salaire moyen d’un ouvrier qualifié,…

    La population doit s’armer au travers de cette forme d’auto-organisation, pour se protéger contre de nouvelles tentatives de coup d’état ou de contre-révolution violente. L’armement en soi n’est cependant pas une garantie pour une victoire: il faut aussi un véritable programme socialiste. L’appel de Chavez pour «armer la population» sont des paroles en l’air. De ce fait et si aucun véritable parti révolutionnaire ne se développe, une contre-révolution ne peut être battue.

    L’armée au Venezuela est essentiellement composée de travailleurs qui reflètent clairement la pression de la société. Cette situation est quelque peu comparable avec celle de l’armée durant la révolution des oeillets au Portugal. Au Portugal, le Mouvement des Forces Armées trouvait dans son programme des éléments socialistes qui allaient beaucoup plus loin que le mouvement d’aujourd’hui au Venezuela.

    Un tel parti révolutionnaire pour amener les masses à la victoire, fait défaut aujourd’hui au Venezuela.Toutes les mesures positives entreprises par Chavez jusque maintenant ont été essentiellement mises en avant par le sommet du régime. Les Cercles bolivariens forment le point d’appui dans la société pour Chavez et son gouvernement, mais il y a souvent des tentatives pour les contrôler par le haut.

    Récemment il fallait élire un responsable dans un Cercle bolivarien. Le gouvernement a essayé de mettre en avant son candidat, ce qui a provoqué la protestations des travailleurs qui avaient leur propre candidat. Il y a une grande pression du bas pour une démocratisation de ces organes, où maintenant déjà une couche de la population est représentée.

    L’opposition perd le référendum

    La réaction de Chavez après le référendum de la mi-août – qui portait sur sa révocation – montre qu’il ne cesse de vouloir concilier le processus de révolution et la contre-révolution. Le résultat, après une participation massive, est maintenant connu: Chavez l’a emporté avec 58.25 % des voix (contre 41.74% des voix en faveur de sa révocation). L’opposition ne reconnaît pas sa défaite. Elle a lancé une enquête sur d’éventuelles fraudes électorales.

    Dès l’annonce du résultat, le prix du baril de pétrole à la bourse de New-York a baissé. En fait Bush ne peut intervenir dans l’immédiat. Le prix élevé du cours du pétrole et l’importance du Venezuela comme pays producteur de pétrole, couplé à la guerre en Irak oblige l’administration américaine à remettre à plus tard une intervention dans les affaires intérieures au Venezuela.

    Nouveau parti au Brésil

    Au Brésil le PT social-démocrate, dirigé par Lula, est au pouvoir. Lula, un ancien métallo devenu dirigeant syndical, est arrivé au pouvoir en promettant de donner de la terre aux paysans sans-terres. Juste après avoir été élu, il a fait vote-face. Il a notamment annoncé que les fonctionnaires devaient travailler 12 ans de plus pour toucher leur maigre pension. Le chômage a pris des proportions énormes et plus de gens ont faim qu’autrefois. Quatre parlementaires restés fidèles au programme originel de Lula ont été exclu du PT. Le gouvernement Lula marche sur les traces du précédent gouvernement, qui suivait la politique du FMI.

    Les 200.000 emplois pour les jeunes que Lula avait promis n’ont pas vu le jour. En outre Lula joue localement un rôle impérialiste. Il aide à mener la guerre en Irak pour se procurer une petite place au conseil des Nations-Unies.

    Récemment, en réaction à la politique droitière du PT, un nouveau parti a vu le jour: le PSoL (Parti pour le Socialisme et la Liberté). Notre section au Brésil participe à la construction du PSoL dont les perspectives de croissance sont indubitables. Seul le programme est sur pied. Il comprend de fort accents révolutionnaires mais aussi des éléments de politique de réformisme keynésien. Mais ce n’est pas suffisant: l’action est nécessaire. Le débat interne porte aussi sur les statuts: il y a des propositions pour qu’ils soient très démocratiques. L’impact potentiel d’un parti de masse des travailleurs comme le Psol est important pour toute l’Amérique Latine. A ce jour, 20.000 militants ont pris part aux assemblées locales pour la fondation de ce nouveau parti.

    Le combat entre révolution et contre-révolution aujourd’hui à l’oeuvre en Amérique latine est d’une importance capitale à l’échelle du monde.

  • Elargissement du droit de vote. Le libéralisme contre la démocratie

    Elargissement du droit de vote

    Le 19 février, la Chambre a enfin voté la proposition de loi qui accorde le droit de vote communal aux étrangers noneuropéens. Les libéraux francophones du MR y ont imposé des conditions très restrictives. Les libéraux flamands du VLD ne voulaient même pas entendre parler de ce droit de vote au rabais. Nous passons ici en revue leurs arguments contre le droit de vote.

    Thierry Pierret

    «Pas de droit de vote sans réciprocité»

    Le Mexique interdit aux étrangers toute activité politique. Si on accepte la logique de la réciprocité, on aurait dû, par exemple, interdire aux Mexicains qui vivent ici de participer aux manifestations contre la guerre en Irak… Si on la pousse jusqu’au bout, cette logique aboutirait aussi à ce qu’on n’accorde pas plus de droits aux étrangers qu’ils n’en auraient dans leur pays d’origine.

    «La majorité de la population (flamande) est contre le droit de vote»

    C’est le leitmotiv du VLD pour s’opposer au droit de vote. Les sondages les plus contradictoires ont pourtant circulé, selon qu’ils étaient commandités par les adversaires ou les partisans du droit de vote. C’est surtout un argument d’une grande hypocrisie. D’après un sondage paru en février, 53% des Belges désapprouvent le principe de l’amnistie fiscale chère aux libéraux. Cela n’empêchera pourtant pas un Rik Daems de continuer à prétendre que «la fraude sociale est pire que la fraude fiscale»…

    «Le droit de vote n’est pas un droit de l’Homme»

    Karel De Gucht, Rik Daems et 3 autres élus VLD osent écrire cela dans une libre tribune de La Libre Belgique du 31/01/2004. En somme, ils ne sont pas très différents des politiciens libéraux du 19ème siècle qui estimaient que seuls les riches pouvaient voter. Un politicien libéral de l’époque, FrèreOrban, s’était même exclamé: «le suffrage universel, c’est la bêtise au pouvoir!». Les libéraux d’aujourd’hui, Karel De Gucht et Daniel Ducarme en tête, auront tout fait pour lui donner raison.

    «Le droit de vote n’aide pas à l’intégration des immigrés»

    Ce n’est pas le droit de vote mais la politique néolibérale qui dissout les liens sociaux. L’égalité des droits politiques entre Belges et étrangers est justement un moyen de renforcer l’unité entre les travailleurs pour mieux combattre cette politique anti-sociale. L’absence de droits politiques contribue à maintenir nombre d’étrangers dans une attitude d’apolitisme qui les rend moins aptes à défendre leurs droits et déforce la lutte de l’ensemble des travailleurs.

    «La simplification de la naturalisation rend caduque la question du droit de vote»

    La question du droit de vote aux étrangers concerne par définition ceux qui, pour une raison ou l’autre, n’ont pas pu ou n’ont pas voulu obtenir la nationalité belge. Pourquoi contraindre les étrangers à faire un choix déchirant entre la nationalité belge et celle du pays d’origine avec lequel ils souhaitent garder un lien? Le chanteur Adamo a ainsi expliqué qu’il avait toujours refusé de devenir belge «par fidélité à son père». Cela doitil le priver du droit de donner son avis une fois tous les quatre, cinq ou six ans sur la façon dont le pays, la région ou la commune est dirigé?

    «Le droit de vote des étrangers n’est pas une mesure électoralement neutre»

    Nos archéolibéraux démontrent ici qu’ils ne sont même pas des démocrates. Cet argument est révélateur de l’attitude des politiciens pas seulement des libéraux envers la population en général. Nous pouvons voter pour qui bon nous semble, du moment que tout continue comme avant. Ne viennentils pas d’instaurer un seuil d’éligibilité de 5% pour limiter les effets du suffrage universel?

  • Rapport du Comité Exécutif International – CIO

    Rapport du Comité Exécutif International – CIO

    Le Comité exécutif international du Comité pour une Internationale Ouvrière a tenu sa réunion annuelle fin novembre. Les membres du CEI sont venus de 16 pays à travers le monde pour discuter et débattre des événements de 2003 et tracer les perspectives pour l’année 2004.

    Vincent Devaux

    Discussion sur la situation mondiale

    L’introduction de Peter Taaffe lors de la discussion générale sur la situation mondiale a mis l’accent sur les récentes mobilisations de masse. Les mobilisations contre la guerre ont rassemblé des millions de manifestants à l’échelle mondiale. Le 1er novembre la manifestation à Berlin contre l’austérité a rassemblé 100.000 personnes. Une grève générale de 9 jours a paralysé le Nigéria. L’accent a été mis sur la situation en Irak: l’armée américaine va-t-elle s’enliser dans un bourbier semblable à celui du Vietnam? Il y a déjà eu plus de soldats américains tués au cours des six derniers mois en Irak que durant les deux premières années de la guerre du Vietnam.

    La situation en Afghanistan – qui est redevenu le premier producteur d’opium au monde – est un exemple des foyers d’instabilité que la politique de Bush crée de par le monde. Brian, des USA, a évoqué la montée de la résistance à la guerre parmi les soldats et leurs familles.

    L’économie "en râde"

    La discussion s’est également concentrée sur l’économie mondiale. La situation économique stagne dans la zone euro, reste très faible au Japon et si la croissance aux USA semble forte (7,5%), près de 3 millions d’américains ont perdu leur emploi depuis que Bush est au pouvoir. L’appareil de production américain est en surcapacité de 25%.

    La croissance économique de la Chine, l’"atelier du monde" ne permettra pas de résoudre la crise économique mondiale. L’ Allemagne est toujours une force économique mais on attend 40.000 faillites et 300.000 emplois en moins pour 2004. Il y a cinq millions de sans-emploi en Allemagne ce qui est comparable au début des années 30. En Australie, l’économie est assez stable avec une croissance de 6% mais les boulots créés sont des temps partiels et la bulle de spéculation immobilière est en train d’éclater. Si notre camarade du Kazakhstan, nous signale une croissance de 3% dans son pays, il souligne que cette croissance provient de l’exportation du gaz et du pétrole et de l’exploitation des produits miniers mais le taux de chômage atteint les 50%.

    Les luttes en Amérique Latine

    Un thème important abordé lors de la réunion du CEI a été la situation en Amérique Latine. La situation au Brésil, avec le PT au gouvernement et Lula comme président, qui prend des mesures asociales pose la question d’un nouveau parti des travailleurs. La situation au Venezuela (Chavez), au Mexique (les Zapatistes), les derniers mouvements en Bolivie au Pérou et en Argentine… ne sont que quelques exemples du bouillonnement qui vit sur ce continent.

    Irlande: campagne contre le coût des déchets

    Un autre sujet important est la campagne faite en Irlande par nos camarades à Dublin contre les taxes sur les sacs poubelles. C’est une riche expérience de lutte que l’on doit étudier afin d’en tirer des leçons pour les prochains combats.

    Europe: croissance des oppositions

    La discussion sur l’Europe a montré la détérioration de la situation économique et les tensions qui s’aggravent entre les pays. La France et l’Allemagne ont rompu le pacte de stabilité et l’élargissement de l’Union Européenne est dans une phase difficile. On peut voir le développement des luttes en Grande-Bretagne chez les postiers, les cheminots,… Du point de vue syndical, les contradictions dans la société entraînent une pression au sein de certains syndicats qui mènent à des ruptures au sein de certains syndicats, par exemple au sein de la CFDT en France.

    Ce phénomène reste cependant marginal et la tendance principale serait une pression d’en bas sur les dirigeants syndicaux, voire leur débordement par la base.

    Construire le CIO

    La conférence s’est achevée sur la discussion de la construction du CIO. On peut mettre en avant le succès de la campagne d’International Socialist Resistance (34 sections en Angleterre), le facteur décisif de notre organisation dans le mouvement antiguerre, le travail de nos camarades de DSM (Democratic Socialist Movement) au Nigéria qui ont participé a une campagne électorale et ont montré leur poids dans les luttes dans des conditions très difficiles. Notre section grecque a doublé le nombre de ses membres en deux ans.

    Il est évident que nous entrons désormais dans une nouvelle phase dans le développement de la lutte des classes. La situation est complètement différente que celle des années 90. Et c’est à travers l’expérience des travailleurs en lutte que la nécessité d’un changement de société va émerger. Ce processus ne sera pas linéaire et de nombreux détours vont être pris avant d’en arriver à cette conclusion. Il y aura des nouvelles organisations de masse qui vont éclore et nous devrons nous impliquer dans ce processus afin de mettre en avant notre alternative.

  • Ca chauffe en Bolivie!

    Octobre dernier, un soulèvement populaire contre le gouvernement éclate en Bolivie. Les tensions, nombreuses et déjà présentes depuis longtemps tournent en insurrection lorsque le peuple apprend le projet du gouvernenment d’exporter du gaz.

    Rachel

    Depuis 2001, la Bolivie est gouvernée par Gonzalo Sanchez de Lozada, qui mène une politique capitaliste en lien étroit avec les Etats-Unis. Le pays étant constitué essentiellement de mineurs et de paysans, les victimes de cette politique sont nombreuses et les conditions de vies sont précaires pour une majorité de Boliviens. Mais ceci n’a en rien inquiété leur président qui avait bien d’autres soucis. Pour la petite histoire, Gonzalo a séjourné de nombreuses années au Etats-Unis et en a toujours conservé un accent anglo-saxon, d’où son surnom de « gringo ». C’est au sein de cette collaboration Gonzalo-américaine que le projet d’exportation du gaz a vu le jour. Il s’agit en fait d’exporter du gaz via un port chilien au Mexique pour y produire de l‘électricité pour la Californie.

    Les mouvements de grève contre ce projet ont commencé en Septembre, à El Alto, ville annexe de la capitale où se concentrent les populations les plus pauvres et les plus démunies. Le 7 Octobre, la situation s’aggrave. El Alto est totalement bloquée, et les affrontements entre le peuple et les forces de l’ordre commencent. Le gouvernement tente d’imposer l’ordre par la force : des chars et des mitrailleuses face à des gens avec des frondes et des bouts de bois. Cette répression violente fait une centaine de morts. Celui-ci exige alors non seulement l’annulation du projet d’exportation du gaz mais aussi la démission du président.

    « Mourir plutôt que vivre comme esclave », cette phrase de l’hymne national devient le mot d’ordre. Au fil des jours, alors que les affrontements s’intensifient toujours plus, le mouvement s’étend aux autres villes et à tous les secteurs d’activités. Au sein même du gouvernement les contestations naissent, avec notamment la démission du vice-président qui condamne les violentes répressions. Seul au pouvoir, le « gringo » persiste et cela ne fait que confirmer le soutien qu’il a des Etats-Unis.C’est avec la naissance de mouvements solidaires avec le peuple dans l’armée et avec l’organisation de grèves de la faim un peu partout, que la situation tourne. Le 17 octobre, soit après 10 jours de conflit, Gonzalo cède, dépose sa démission et s’exile vers Miami. Il est évident que cet homme est une marionette. Et, de plus, peut-être que si les Etats-Unis n’étaient pas enlisés en Irak, ils seraient intervenus en Bolivie pour y maintenir leur influence. Pour l’instant, c’est Carlos Mesa, le vice-président qui assure l’intérim avant l’organisation de prochaines éléctions.

    Le plus difficile reste à faire : créer une politique plus juste, pour que chacun puisse accéder au minimum vital. Le gaz ne fut que le catalyseur des frustrations d’un peuple victime de la misère et de la corruption. La population est lassée d’une situation dont elle ne voit pas le bout, où les gens doivent se débattre pour survivre. La grande revendication, au-delà du gaz, au-delà de la démission du président, c’est que soit pris en compte la soufrance et la misère, que soit écouté l’immense majorité qui constitue le pays. Qu’ils soient reconnus pour ce qu’ils vivent, pensent et espèrent du futur.

    Cela est évidemment impossible au sein du capitalisme qui ne prend absolument pas en compte les besoins du peuple, mais qui fonctionne pour le profit d’un petit nombre, en utilisant le reste de la population. Un nouveau parti des travailleurs est nécessaire et serait déjà un pas en avant. Un parti dans lequel les marxistes révolutionnaires pourront défendre leurs idées afin de faire un contre-poids aux idées réformistes. Car il est clair pour nous que pour les travailleurs boliviens et ceux du monde entier, il est nécessaire de rompre avec le capitalisme pour mettre en place un système qui produit selon les besoins de toute la population.

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