Tag: Marseille

  • Comment transposer la dynamique du Front de Gauche en Belgique ?

    Un jour d’avril, le Moustique a dévoilé sur son site que ses internautes s’étaient largement prononcés en faveur de ‘‘cette sympathique grande gueule de Jean-Luc Mélenchon’’ dans un sondage sur les présidentielles françaises. Le candidat du Front de Gauche avait obtenu 32% de soutien et arrivait en tête. Bien entendu, il ne s’agissait pas là d’un véritable sondage, mais ce résultat a illustré à quel point la dynamique de cette campagne à la gauche du PS et de verts avait débordé des frontières de l’hexagone.

    Par Nicolas Croes

    Dans le contexte de l’actuelle crise mondiale du capitalisme, travailleurs, jeunes, chômeurs et pensionnés à qui les gouvernements veulent faire payer la crise observent la riposte des masses de pays en pays. Un bon score aux présidentielles françaises pour un candidat refusant les plans d’austérité aurait un impact certain dans toute l’Europe, et à fortiori en Belgique.

    Chez nous aussi la dynamique de la campagne du FdG a impressionné. Il y a évidemment le talent d’orateur du ‘‘tribun Mélenchon’’ et notamment la façon dont il a, pour reprendre les termes du Vif, ‘‘consciencieusement tabassé Marine Le Pen’’ dans un débat télévisé. Son audace, sa pugnacité, la confiance qu’il affiche dans son projet et l’enthousiasme que cette approche suscite sont les signes d’une nouvelle époque pour une gauche qui doit résolument sortir de l’attitude défensive héritée des années ’90 pour oser aller de l’avant.

    Le FdG a aussi à son actif les plus grands succès populaires de la campagne avec les spectaculaires meetings en plein air qui ont réuni 120.000 personnes à Paris, autant à Marseille, 50.000 à Toulouse, etc. A Lille, le stade de 15.000 places n’a pas suffit et 8.000 personnes assistaient encore au meeting à l’extérieur grâce à un écran géant. Cette mobilisation est sans précédent en période électorale. Le succès fut tel que Sarkozy et Hollande ont tenté de relever le défi, en vain, malgré les moyens financiers extraordinaires à leur disposition. Durant ces meeting massifs, des militants parcouraient inlassablement la foule avec des ‘‘kits militants’’, des fardes comprenant quelques tracts du FdG, une liste de soutien à renvoyer une fois remplie au bureau national de campagne, quelques autocollants du candidat,… Au dos de la farde, on pouvait lire : ‘‘En un mot se résume tout un Etat d’esprit, un engagement, une façon de vivre : militer. Que ce mot nous parle à tous.’’

    [box type=”shadow” align=”alignright” width=”100″]

    Comment parvenir à un vrai changement ?

    Le vrai ‘‘changement’’ ne viendra pas d’une victoire du PS au 2ème tour de la présidentielle, même si beaucoup souhaitent voir Sarkozy perdre. Tant que les multinationales, les banques etc. seront aux mains des grands capitalistes, l’économie continuera d’aller de crise en crise et les travailleurs resteront exploités pour le seul profit des grands patrons et grands actionnaires. Il nous faut bien plus que cette ‘’VIe république’’ à laquelle appelle Mélenchon, il faut totalement renverser le capitalisme.

    Mais en parlant du socialisme, Mélenchon permet d’ouvrir ce débat, en France comme chez nous. Le FdG revendique la nationalisation des grands groupes de l’énergie (Total, Areva, EDF, GDF etc.), refuse les licenciements ‘’boursiers’’, défend la nécessité d’un ‘’secteur public bancaire’’, revendique la hausse du salaire minimum, le remboursement à 100% des dépenses de santé, la ‘’planification écologique’’ de l’économie, etc.

    Prendre le pouvoir signifie d’en finir avec le capitalisme. Il faut s’en prendre aux fondements de cette société : une économie et des moyens de production confisqués, aux mains d’une poignée de riches et de grands actionnaires. Il faut les exproprier tous et planifier la production sous la gestion et le contrôle des travailleurs et de la population. Il faut se battre pour une vraie nouvelle société, basée sur les besoins de tous, une société socialiste.

    Ceux qui produisent doivent décider. Par nos luttes, dans les entreprises, les lieux d’études, les quartiers, des comités de lutte doivent se créer et décider. A partir de ceux-ci, un vrai gouvernement des travailleurs pourra émerger, pour organiser l’économie et la société de manière planifiée et démocratique.
    [/box]

    Cette tentative de transformer un soutien passif en un soutien actif, de pousser le soutien électoral à devenir un soutien militant, est incontestablement l’une des réussites de cette campagne. Cette approche a été également illustrée par le slogan de la campagne : ‘‘Prenez le pouvoir !’’ ou encore par les ‘‘résistance ! résistance !’’ massivement scandés durant les meetings.

    La campagne du FdG et ses slogans, notamment ‘’prenez le pouvoir’’, appellent au renversement du pouvoir des capitalistes, des banquiers, et des politiciens à leur service. Au delà de l’élection, quel que soit le vote (pour le Nouveau Parti Anticapitaliste ou le FdG), il sera nécessaire de lutter ensemble. En France, comme en Belgique, il manque une véritable stratégie collective pour les diverses résistances, de même qu’un outil politique de masse. Après le premier tour des élections, le 1er mai est déjà une première occasion de descendre massivement en rue tous ensemble. Le mouvement qui s’enclenche autour de la campagne peut se construire et s’élargir dans toute la population avec l’objectif de préparer les luttes à venir contre l’austérité autour d’un programme de luttes et d’actions.

    Et en Belgique ?

    Des centaines de militants de la FGTB, et d’autres, se sont rendus aux meetings de Paris et de Lille. Fin mars, le président de la Centrale Générale de la FGTB et son secrétaire général ont publié un communiqué intitulé ‘‘Mélenchon, viens vite en Belgique!’’ Dans ce texte, on trouve entre autres la phrase suivante : ‘’Ici aussi, il y a de la place pour une gauche plurielle, syndicale et associative.’’ C’est tout à fait vrai. La colère gronde de plus en plus ouvertement contre le PS, à la tête de ce gouvernement d’austérité. ‘’Le PS nous a trahis, humiliés et abandonnés’’ déclaraient ainsi des militants de la CGSP dans un tract. Plusieurs délégations syndicales flamandes ont aussi écrit une lettre ouverte au président de la FGTB Rudy De Leeuw (voir notre édition précédente) afin d’exiger que les liens entre le syndicat et la social-démocratie soient brisés. Lors de la grève générale des services publics du 22 décembre, des militants de la centrale des employés de la CSC s’étaient aussi rendus devant le siège du PS pour y dénoncer la politique de droite du parti de Di Rupo.

    Le débat concernant un éventuel Front de Gauche belge a aussi été stimulé par les annonces de Bernard Westphael, qui a quitté ECOLO et ouvertement déclaré qu’il veut construire un nouveau parti, proche du FdG français. Le 18 avril dernier, un de ses proches a déclaré que “plusieurs personnalités issues du monde syndical, associatif et même entreprenarial ont signé son manifeste et pourraient rapidement le rejoindre“. Mais qu’est-ce que cela veut dire ? L’initiative politique que l’ancien fondateur d’ECOLO envisage correspond-t-elle vraiment à celle de Mélenchon, qui essaye de donner une expression électorale aux mobilisations sociales qui se sont produites avant la campagne électorale et qui se produiront encore à n’en pas douter ? Considère-t-il le même type de programme que celui de Mélenchon? Et qu’est-ce que ‘‘l’entreprenariat’’ en pensera ? Où alors essaye-t-il juste de surfer sur la vague qu’a provoqué la campagne de Mélenchon ? Mieux vaudrait alors l’annoncer de suite.

    Nous avons besoin d’un relai politique démocratique, ouvert et capable de fédérer respectueusement les différents courants de la gauche. Le Front de Gauche français affiche ainsi systématiquement les sigles des différents courants qui le composent sans que cela ne soit vu comme un problème. Pour nous, les syndicats ont un rôle primordial à jouer dans ce processus. Ils peuvent mieux que personne rassembler tous les opposants à l’austérité, les organisations de la gauche dite radicale mais aussi de très nombreuses personnes qui ne sont pas encore politiquement engagées. Ils peuvent aussi assurer une orientation basée avant tout sur les luttes plutôt que vers les élections.

    Imaginons un instant ce que donnerait une campagne de meetings organisés par les diverses centrales et délégations syndicales, avec une invitation à Mélenchon, et culminant pourquoi pas avec un meeting monstre place Schuman à Bruxelles, face aux bâtiments de la Commission Européenne, un peu à la manière du meeting de la Bastille. Ce serait une très bonne impulsion pour une campagne visant à construire un Front de Gauche en Belgique. Les élections communales peuvent être l’occasion de stimuler le débat, mais le véritable objectif devrait être 2014, ce qui laisse le temps de construire patiemment une initiative politique large de façon démocratique, avec l’implication active de centaines puis de milliers de personnes à travers tout le pays.

  • Maghreb : La révolte Tunisienne s’étend en Algérie – Solidarité avec les masses Tunisiennes et Algériennes !

    Cette nouvelle année a commencé avec une importante vague de révolte qui touche l’Afrique du Nord. Alors qu’en Tunisie, le régime dictatorial de Ben Ali est touché par une importante série de protestations depuis une semaine, l’Algérie a aussi vécue au fil ‘d’émeutes’ populaires. Celles-ci ont principalement impliqué pour le moment des jeunes et ce dans un pays où 75% de la population a moins de 30 ans. Ce soulèvement massif révèle au monde entier l’importance du désespoir et de la rage de cette génération “no future”, et ce dans un contexte aiguisé par les effets de la crise internationale du capitalisme.

    [box type=”shadow” align=”alignright” width=”100″]

    Pour en savoir plus:

    • Révolte sans précédent en Tunisie – A bas le régime de Ben Ali !
    • Tunisie: Message de solidarité de Joe Higgins, député européen du CIO
    • Algérie: Arcelor Mittal connaît sa seconde grève à durée indéterminée de l’année! Juin 2010
    • Algérie : Révolte de masse et actions de grève continuent de secouer le pays Avril 2010
    • COURRIER des lecteurs: Elections en Tunisie – Quels enjeux et perspectives? Septembre 2009

    [/box]

    Cette vague d’émeutes a débuté dans la banlieue d’Alger mais s’est rapidement étendue à d’autres villes comme Oran, Blida, Bouira, Tizi Ouzou, Dejlfa, Ouargla, Constantine et beaucoup d’autres à travers le pays. La plupart des ces régions n’ont d’ailleurs pas été touchées par des émeutes de cette ampleur depuis plus de deux décennies. Même des figures gouvernementales sont obligées de reconnaitre qu’au moins 24 wilayas (régions) ont été touchées par le mouvement – en d’autres mots, la moitié du pays.

    Jour et nuits, des groupes de jeunes se sont engagés dans des affrontements violents avec la police, bloquant les routes avec des pneus enflammés, et dans certains cas en attaquant des bâtiments publics et tout ce qui peut symboliser l’autorité de l’Etat et l’élite. Même si les émeutes en Algérie sont loin d’être un nouveau phénomène, l’étendue de celles-ci, ainsi que leur extension géographique rapide, leur donnant ainsi un caractère national, pourrait être un signal d’explosions plus importantes dans le futur proche.

    Dans le passé, le régime a été capable de faire passer de telles explosions de colère comme des incidents isolés. Maintenant, il semble qu’une nouvelle brèche s’est ouverte et que beaucoup de travailleurs sont en train de regarder la jeunesse avec sympathie et inspiration, bien qu’en n’approuvant pas toujours leurs méthodes d’actions, spécialement par rapport aux actes de destruction et de violence. Des rapports mentionnent que dans certaines régions, des habitants se sont organisés dans le but de décourager certains jeunes à commettre des actes de vandalisme contre-productifs.

    Un climat de “pre-1988”

    Mais ces actes, portés par une minorité, ne peuvent pas éclipser l’importance significative de ces émeutes. Le site des droits de l’homme, “Algeria watch”, commentait ceci : “Très peu d’Algériens sont contre les mobilisations des jeunes; dans des conversations de rue, la majorité les trouvent légitimes, dans un pays où les autres voies sont bloquées et que les moyens ordinaires d’expression sont absents. Les parallèles avec les évènements d’Octobre 1988 sont souvent soulevés parmi les plus âgés d’entre eux.” Cette année-là, l’énorme crise sociale qui toucha le pays a conduit à une série d’émeutes, manifestations et grèves qui finalement conduisirent à la chute du règne du monolithique parti unique, le FLN. Une répression sanglante de l’armée entraina la mort de centaines de personnes et l’absence d’une force politique indépendante de gauche et ouvrière entraina que la révolte fut ensuite exploitée par les forces islamistes réactionnaires. Le pays plongea alors dans une terrible guerre civile d’une longue décennie.

    Comme la situation actuelle en Tunisie l’illustre très bien, la poigne de fer d’un régime répressif et le manque de droits démocratiques de base, qui a étouffé toute opposition pendant très longtemps, peut, à partir du moment où cette énergie s’exprime, conduire beaucoup plus loin et prendre un tournant extrêmement explosif. Commentant le mouvement et ses possibles perspectives, Mahamed Zitout, un ancien diplomate Algérien, disait sur Al Jazeera: “C’est une révolte, et probablement une révolution d’un peuple opprimé qui a, depuis 50 ans, attendu des logements, des emplois et une vie décente dans un pays très riche.” Bien que ça ne soit pas encore la révolution, les possibilités que le mouvement actuel prenne des dimensions révolutionnaires est clairement présent, et ce dans un pays où les traditions de résistance des opprimés sont ancestrales. L’attitude de la classe ouvrière, qui n’est pas encore rentrée en scène en tant que telle sera décisive sur les futures développements de la lutte.

    La colère accumulée s’est exprimée simultanément dans différentes régions. L’accès à internet et des sites tels que facebook, youtube ou encore twitter ont aidé les manifestants à dépasser les tentatives des médias d’Etat de cacher la réalité de ce qui se déroulait. Comme en Tunisie, la violente répression déployée par le régime (en Tunisie, une cinquantaine de personnes ont été tuées, alors qu’en Algérie, au moins 5 personnes sont décédées) a suscité une colère encore plus grande. Ce n’est pas une surprise de voir le silence et la complicité des gouvernements “démocratiques” européens face à la répression violente et l’assassinat de manifestants. Tout au mieux certains d’entre eux se sont limités à exprimer leur “inquiétude”.

    300 personnes d’origine tunisienne et algérienne se sont rassemblés il y a quelques jours à Marseille pour demander un arrêt immédiat à la répression dans la région. Le CIO demande la libération immédiate de toutes les personnes arrêtées à cause de leur implication dans les manifestations en Tunisie et en Algérie. Nous encourageons aussi l’organisation d’actions similaires partout où cela est possible.

    Ce n’est pas juste une émeute de la faim

    Ce tsunami d’émeutes n’a pas surgi de nulle part. Déjà depuis des mois, une révolte mûrissait en Algérie. Selon le quotidien, Liberté, une moyenne d’environ 9000 émeutes et ‘troubles’ ont eu lieu chaque mois en 2010. Depuis des mois, des travailleurs de différentes compagnies sont partis en grève les uns après les autres. En mars de l’année passée, nous écrivions à ce sujet: “Grève après grève, manifestation après manifestation, transforment le pays en un chaudron social prêt à exploser à n’importe quel moment.” (voir cet article) Ceci s’est confirmé par les récents évènements. La goutte qui a fait déborder le vase est la récente et dramatique explosion des prix de la nourriture qui ont augmenté de 20 à 30 % depuis le début du mois. Cela est particulièrement le cas pour l’huile, la farine et plus spécialement le sucre, dont le prix a augmenté de 80% dans le courant des trois derniers mois.

    Les augmentations de salaires obtenues dans le secteur public après des années de luttes et de grèves restent dérisoires. Et alors que ces augmentations n’ont pas été appliquées partout, elles sont déjà mangées par la flambée des prix. Dans le secteur privé, la situation est encore pire. Faire ses courses afin de nourrir sa famille est devenu un challenge quotidien; pour le nombre sans cesse croissant de sans emplois, cela est devenu tâche impossible. L’insécurité sociale et la misère grimpante ont convaincu la majorité des Algériens que les mesures publiques de contrôle des prix sont absolument inutiles et laissent la liberté aux spéculateurs et aux monopoles d’augmenter leurs marges de profits sur le dos des plus pauvres, des petits commerçants et des vendeurs de rue. Dans les rues du quartier ouvrier de Bab El-Oued à Alger, qui est devenu le bastion symbolique de la révolte, les gens répètent sans cesse: “50% d’augmentation pour les flics! Et pour nous?” Il est clair que le seul secteur qui a bénéficié récemment d’une augmentation significative de ses salaires a été la police. C’était une tentative consciente de l’Etat d’augmenter la fiabilité de ses forces armées dans la perspective de ‘troubles sociaux’.

    Par peur de perdre contrôle sur la situation, une réunion urgente des ministres le week-end passé a approuvé un nombre de mesures pour réduire le prix du sucre et de l’huile. Mais cela va difficilement être assez pour apaiser la situation, et encore moins la haine énorme envers le régime. En effet, bien que l’augmentation du coût de la vie soit devenue une inquiétude critique et un des éléments décisif de cette révolte, les raisons de la colère sont bien plus profondes. Ce que la jeunesse a exprimé aujourd’hui dans les rues fait partie d’un mécontentement plus général. “La vie chère, pas de logements abordables, chômage, drogues, marginalisation”. C’est ainsi que les habitants d’Oran, la deuxième plus grande ville d’Algérie, résument les raisons de leur révolte.

    Ici comme ailleurs, ce cocktail de facteurs, encadré par un état policier qui musèle quelconque opposition sérieuse et protège la clique de riches gangsters corrompus au pouvoir, constitue le contexte des derniers évènements. Les inégalités sociales entre les pauvres et l’élite dirigeante ont grandi dans des proportions jamais vues depuis l’indépendance. Alors que le PIB Algérien a triplé ces dix dernières années, les revenus gigantesques du pétrole, qui constituent la plus grosse partie de cette croissance, ont seulement servi à remplir les poches et les comptes en banque d’une infime minorité proche de la classe dirigeante alors que la majorité de la population souffre de sous-nutrition, ou même encore de famine. L’augmentation des cas de blanchiment d’argent et la corruption touchant tous les secteurs et à tous les niveaux de pouvoir ont contribué à éclairer aux yeux de tous le détournement continu de la richesse du pays au bénéfice de quelques-uns.

    Selon le journal, El Watan, un jeune manifestant a somptueusement résumé cette situation: “Rien ne nous retiendra cette fois. La vie est devenue trop chère et la famine menace nos familles pendant que des apparatchiks détournent des milliards et d’enrichissent sur notre dos. Nous ne voulons plus de cette vie de chien. Nous demandons notre part de la richesse de ce pays.”

    La jeunesse en détresse

    En 2001, des jeunes manifestants faisant face aux policiers tirants à balles réelles criaient: “Vous ne pouvez pas nous tuer, nous sommes déjà morts”. Le même esprit “rien à perdre” est présent dans la révolte actuelle de la jeunesse. En effet, aucune perspective n’est offerte à cette génération qui est particulièrement et durement touchée par les hauts niveaux de chômage et ainsi réduite à des activités quotidiennes de survie. Officiellement, le chômage touche 21,3% des jeunes entre 16 et 24 ans; la réalité est sans aucun doute bien plus grave alors que les statistiques officielles sont complètement falsifiées par les autorités. Certains estiment que certainement 60% de la population en dessous de 30 ans est sans emploi. Même une grande proportion de jeunes diplômés ont rejoint les rangs des chômeurs une fois leurs études finies. Pour les jeunes Algériens, la vision du futur est souvent réduite à un choix entre la prison et l’exil. Le taux de suicide parmi cette couche de la population atteint des proportions exorbitantes. La construction de la “forteresse Europe” et l’augmentation des mesures répressives contre les candidats à l’émigration vers l’Europe signifient qu’il n’y a pas d’autre voie pour les jeunes que de prendre le chemin de la lutte et de l’action collective.

    Bien que généralisé, le mouvement actuel implique essentiellement la jeunesse des quartiers pauvres et n’a pas encore rassemblé autour de lui la mobilisation active de la masse de la population. L’entrée en action de la classe ouvrière sera nécessaire pour donner à ce mouvement un caractère plus massif et organisé évitant ainsi de le laisser se transformer dans des actions désorganisées et de désespoir qui rendrait plus facile sa répression par les forces armées.

    Alors qu’en Tunisie, la fédération des syndicats, l’UGTT (Union Générale des Travailleurs Tunisiens) a exprimé sa solidarité avec la jeunesse et a soutenu leur lutte en appelant à l’action, les travailleurs algériens peuvent difficilement compter sur de telles initiatives de la part de l’UGTA (Union Générale des Travailleurs Algériens) qui a atteint un niveau incroyable de corruption, de trahisons et de soumission au régime de Bouteflika. Le seul communiqué public publié jusqu’à présent par la direction de l’UGTA avait pour but de défendre de manière exécrable la version officielle du gouvernement quant aux évènements. Sur les dernières années, cette soumission au gouvernement a entraîné des secteurs entiers de syndicalistes à quitter l’UGTA pour rejoindre des syndicats plus combatifs et indépendants. La bataille pour vitaliser, unifier et démocratiser ces syndicats indépendants est une des tâches importante à laquelle la classe ouvrière est aujourd’hui confrontée.

    La mise sur pied de comités locaux de résistance dans les quartiers et dans les entreprises pourrait être un outil très utile pour construire la lutte de la jeunesse mais aussi surtout pour y impliquer le reste de la population via des actions de masse. Ces comités pourraient aider à coordonner de telles actions en lien avec les syndicats indépendants dans la perspective d’arrêts de travail et de grèves à l’échelle nationale. Déjà, dans certains secteurs, comme les dockers du port d’Alger ou bien les travailleurs des soins de santé discutent de partir en grève. Ces discussions sont d’une importance capitale. Généraliser de telles étapes pourrait transformer la situation. Un appel à une grève nationale en soutien à la révolte des jeunes entrainerait une réponse massive et contribuerait à transformer l’énorme colère et frustration qui existe en un mouvement plus puissant qui pourrait potentiellement abattre ce régime pourri et ouvrir la voie à un changement réellement démocratique et socialiste.

  • France: 3,5 millions de manifestants dans les rues pour la défense des retraites! (rapport)

    C’est environ 500.000 personnes de plus que lors de la journée d’actions et de grèves du 23 septembre, et environ 700.000 en plus que le 7 septembre. A Paris quelques 330.000 manifestants ont protesté. Cette quatrième journée de mobilisation en un mois a donc connu un record de participation, tandis que de plus en plus de jeunes rejoignent le mouvement (selon le syndicat lycéen FIDL, entre 30 et 40% des lycées ont connu une action concernant la réforme des retraites). D’autre part, des grèves reconductibles touchent des secteurs clés comme les raffineries et les transports en commun. Une délégation du PSL était présente à Paris et une autre à Valenciennes afin de soutenir nos camarades français de la Gauche Révolutionnaire, courant construisant le NPA (Nouveau parti Anticapitaliste).

    La mobilisation ne faiblit pas

    Les trois journées d’action précédentes avaient déjà atteint des sommets de mobilisation, dans un contexte de large soutien parmi la population : 71% des sondés soutenant les manifestants contre cette gigantesque attaque portée au monde du travail. Il y aurait eu ce mardi pas moins de 244 manifestations dans le pays ! Pour la journée d’hier, la CGT-Paris a parlé de 200 appels à la grève (60% dans le secteur public et 40% dans le secteur privé) et, dans de nombreuses entreprises, la question des grèves reconductibles est à l’ordre du jour. Ainsi, ce mercredi matin, à la SNCF, les assemblées générales de travailleurs ont massivement reconduit la grève pour la journée de ce jeudi. Dans les raffineries, des assemblées générales doivent décider de la suite du mouvement. Onze des douze raffineries françaises avaient été touchées par la grève hier. Cette situation concerne aussi différentes entreprises des secteurs de l’énergie, de l’agro-alimentaire et la fonction publique.

    [box type=”shadow” align=”alignright” width=”100″]

    Plus d’infos

    [/box]

    Dans de nombreuses villes, les manifestants ont applaudi la participation des jeunes, aux cris de «Sarkozy, t’es foutu, la jeunesse est dans la rue» ou encore de «Des retraites pour les vieux, du boulot pour les jeunes ». Un million d’emplois seraient perdus par l’augmentation de l’âge du départ à la retraite, et l’on comprend que ce thème concerne les jeunes… Le Monde d’hier parodiait avec humour la réaction du gouvernement dans une caricature où un responsable déclarait aux jeunes «Retournez en cours, les retraites, ça ne vous concerne pas… D’ailleurs, ça ne vous concernera jamais.»

    Humour et comptage des manifestants

    Concernant la journée d’hier, les syndicats ont donc avancé le chiffre de 3,5 millions de manifestants. Pour la police, il ne s’agirait que de 1,23 million. Le plus ridicule étant atteint par l’évaluation de la manifestation de Marseille : 230.000 manifestants selon les syndicats, 24.500 selon la police ! Un écart d’un à dix… Au cours des précédentes journées de protestation un fossé comparable avait déjà été constaté.

    Pour le syndicat Unité SGP police, la raison est claire : la direction départementale de la sécurité publique des Bouches-du-Rhône "s’épuise à dévaloriser le nombre des manifestants alors même que la mobilisation s’amplifie." Selon ce syndicat, majoritaire dans la police, ces pratiques risquent surtout de "ridiculiser la police."

    Et pour la suite ?

    Un sondage BVA réalisé pour la chaîne M6 parle de 66 % de Français favorables à un durcissement des actions (et même 72% chez les 15-24 ans). Selon un sondage CSA pour Le Parisien, 61 % des sondés se disent favorables à une grève durable. Face à l’attitude du gouvernement, la situation est explosive mais, comme le disent nos camarades de la Gauche révolutionnaire : «les perspectives restent confuses et l’absence de réelle volonté des directions syndicales de construire une véritable grève générale pèse négativement. La colère sociale, le sentiment anti-Sarkozy ont une tendance à se généraliser mais sans pour l’instant trouver de voie nette pour s’exprimer sur le terrain social et politique.» Les appareils bureaucratiques des syndicats tentent de freiner l’organisation de la colère, mais cette dernière est telle qu’elle a assuré une augmentation constante des mobilisations, ce que la journée d’hier a encore confirmé.

    Un plan d’action fait cruellement défaut en France, tout comme en Belgique et ailleurs. Une stratégie claire discutée entre les grévistes et tous ceux qui veulent lutter aurait un potentiel énorme. Comme le disent encore nos camarades français : «Pour l’instant, seule une généralisation de la grève après le 12 Octobre (y compris en utilisant la nouvelle date annoncée par les syndicats d’une journée de manifestation… le samedi 16 octobre) peut permettre d’avancer. La multiplication des assemblées générales, des comités de lutte doit permettre d’aller dans ce sens et de se diriger vers les entreprises qui ne sont pas encore en grève mais qui pourraient y entrer. C’est à cela qu’il faut travailler tous ensemble : dans les entreprises, les universités, les lycées… Il faut également créer des instruments pour coordonner les luttes au niveau local et plus tard à l’échelle régionale et nationale.» Il faut construisons une grève générale pour bloquer l’économie du pays et gagner !

    Bien entendu, ce qui se passe actuellement en France est à placer dans le contexte plus large des politiques d’austérités à l’échelle européenne qui visent à faire payer la crise capitaliste aux travailleurs et à leurs familles. Pour le gouvernement Sarkozy, tout recul sur cette attaque contre les intérêts des travailleurs aurait pour effet de montrer aux travailleurs d’Europe qu’il est possible de gagner.

    Lors de la journée d’action européenne du 29 septembre dernier, le Comité pour une Internationale Ouvrière, dont le PSL est la section belge et la Gauche révolutionnaire la section française, est intervenu pour défendre l’idée d’une grève générale de 24 heures à l’échelle européenne. C’est dans cette direction qu’il faut aller, pour que les luttes dans les différents pays se renforcent les unes les autres.

    Plus fondamentalement se pose également la question de l’alternative politique à offrir face aux partis traditionnels, aux partis patronaux. Il faut construire de nouveaux partis des travailleurs, démocratiques et combattifs, et aider les nouvelles formations à se développer dans cette direction. Cela doit permettre aux travailleurs non seulement de stopper les attaques contre leurs acquis, mais aussi d’offrir une alternative socialiste au chaos capitaliste.

  • France : Construisons une grève générale pour bloquer l’économie du pays et gagner !

    Depuis le début de la crise économique en 2008, en France, comme partout en Europe, le gouvernement n’a qu’un seul objectif : faire payer la crise aux jeunes et aux travailleurs pour maintenir les profits des patrons. Ainsi Sarkozy et son gouvernement alternent lois antisociales et mesures et discours racistes. De la casse de l’éducation (100 000 postes supprimés entre 2007 et 2012), aux licenciements en passant par la privatisation de la Santé, rien ne nous est épargné.

    Gauche Révolutionnaire (CIO-France)

    En 2009, on a vu se multiplier des luttes isolées contre des licenciements, pour de meilleurs salaires ou encore pour des primes de départs plus élevés pour lors de fermetures d’entreprises ou de plans de licenciements.

    Allonger le nombre d’années de cotisation à 41,5 ans, repousser l’âge de départ à 62 ans, et l’âge pour une pension complète à 67 ans : l’attaque du régime des retraites est une des grandes réformes prévues dans le plan d’austérité de Sarkozy . Et c’est évidemment les femmes, et plus tard les jeunes, qui vont le plus subir les effets de cette réforme. Les précédentes réformes ont amené une chute générale de 20% du niveau des pensions sans parler du fait qu’en travaillant plus longtemps, l’espérance de vie des travailleurs va diminuer. En même temps, Woerth, ministre du Travail, en charge de casser les retraites, fait scandale dans l’affaire de corruption avec la patronne de l’Oréal, Bettencourt (qui détient une fortune de 22 milliards d’euro quand on sait que le déficit de la Sécurité sociale, dont la caisse des retraites fait partie, est de 25 milliards d’euros…). La collusion ainsi révélée entre le parti présidentiel et les grandes fortunes a alimenté la colère des travailleurs et de la population contre la politique du gouvernement et contre Sarkozy en particulier.

    Une colère qui demande à s’exprimer dans la lutte

    Pour beaucoup, la réforme signifie une pension très réduite, et pour les jeunes, un marché du travail encore moins ouvert puisque les travailleurs partiront plus tard en retraite. Des milliards sortis de nos poches offerts en cadeaux aux riches et aux capitalistes, et un but pour eux : avancer pas à pas vers un système de retraites privées.

    Depuis mai 2010, les journées de mobilisation réunissant les travailleurs du secteur privé comme ceux du public se sont multipliées. Le 24 juin c’est la première fois qu’un appel à la grève aussi tardif a réuni autant de travailleurs dans les rues, des millions ont manifesté exigeant que la lutte continue en septembre. Durant tous l’été, les militants ont mobilisé de façon intensive pour le 7 septembre, la nouvelle journée de grève posée. Bien que très tôt après la rentrée on pouvait compter 2.5 millions de manifestants. Dans de nombreuses villes on n’avait pas vu un tel niveau de mobilisation depuis 1995.

    Suite à cette journée les directions syndicales, poussées par la base qui ne voulait pas en rester là, appellent à une nouvelle journée le 23 septembre. De nouveau la mobilisation est massive, on atteint les 3 millions. Les militants syndicaux et les travailleurs poussent de plus en plus leur direction à appeler à un mouvement plus fort qui s’inscrive dans la durée. Les dirigeants syndicaux ont donc été obligés d’appeler, en même temps qu’une manifestation le samedi 2 octobre, à une nouvelle journée de grève le 12. La journée de samedi loin de marquer l’essoufflement du mouvement montre une réelle colère de l’ensemble de la population. De nombreuses personnes peu habituées à battre les pavés sont sorties dans la rue ce jour là pour montrer leur colère. Il faut continuer à élargir le mouvement, c’est par une lutte de masse qu’on gagnera.

    Discours racistes, lois sécuritaires, précarité, bas salaires, licenciements, privatisations… C’est toute la politique de Sarkozy et des capitalistes qu’il faut stopper ! C’est maintenant, Il faut y aller ! Construisons une grève générale pour bloquer l’économie du pays et gagner !

    Un mouvement de fond

    Certains secteurs se sont saisi de la journée du 12 octobre pour aller plus loin et tenter d’impulser une grève illimitée. C’est cela qu’il faut faire. Des appels dans ce sens se multiplient : cheminots, dockers, pétrochimie, mines, énergie… Ce sont soit plusieurs syndicats de ces secteurs, soit la CGT seule. Il y a également la multiplication d’initiatives locales ou d’entreprises, qui peuvent jouer un rôle important. L’annonce de l’appel à grève reconductible de la CGT et de SUD dans les raffineries du groupe Total a par exemple poussé la CGT du secteur pétrochimique à se prononcer elle aussi pour la grève reconductible. La ville de Marseille (et le département des Bouches du Rhône dont elle fait partie) a joué depuis le début le rôle de fer de lance, et on compte pas moins de 230 appels à la grève reconductible dans le département, depuis les travailleurs municipaux jusqu’aux marins. A Paris, plusieurs syndicats de la Poste, par exemple, ont également appelé à une grève reconductible. A Rouen, le syndicat CGT des transport en commun a déposé un préavis de grève du 12 octobre au 30 novembre.

    Les retraites mais également la situation générale, aggravée par la crise

    La question retraite est l’élément unifiant mais c’est la politique globale de Sarkozy qui est contesté. Dans un sondage, 71 % répondaient qu’ils étaient contre la réforme des retraite et 74 % contre la politique de Sarkozy. Ce sentiment anti Sarkozy est très fort dans la jeunesse et de plus en plus les lycéens et les étudiants se joignent aux grèves et manifestations.

    Il y a un ras-le-bol global et de nombreux travailleurs se radicalisent. Beaucoup de luttes locales se déclenchent sur des questions de conditions de travail ou de salaires ou contre d’autres attaques du gouvernement. Les employés des deux ports pétroliers près de Marseille sont en grève depuis 15 jours contre la réforme des ports qui va conduire à une dégradation des conditions de travail, avec la perspective d’un mouvement plus long à la prochaine journée de grève touchant l’ensemble des activités portuaires. Dans de nombreux bureaux de poste, centre de tri ou de distribution postale, des grèves locales ont éclaté.

    Il reste incertain de savoir si le secteur privé est en mesure de faire une grève reconductible. Les retraites sont une question aussi importante que les conditions de travail ou les salaires. Néanmoins, les cortèges des entreprises du privé étaient en croissance le 23 septembre par rapport au 7. Et parfois, des grèves éclatent dans des entreprises où des travailleurs se mettent en grève pour la première fois. Des commerciaux d’Educatel (une entreprise donnant des cours par correspondance), par exemple, en sont à leur 42ème jour de grève. 2500 ouvriers du secteur automobile ont envahi le « Mondial de l’auto », on pouvait lire, entre autre, « Michelin champion du monde des fermetures d’usines ».

    Quelles perspectives ?

    Le gouvernement n’a fait que de maigres concessions, et a annoncé refuser d’en faire plus. Certaines mères de trois enfants et certains parents d’enfants handicapés bénéficieraient d’une retraite sans décote maintenue à 65 ans. En effet, Les femmes parties en retraite dernièrement avaient toujours 5 annuités de moins que les hommes ! 5 annuités manquantes entraînent une décote de 25% ! Sachant que le calcul de la pension est fait au prorata entre carrière réalisée et exigée et avec 2 ans de plus à faire ! Pas de doute, la réforme aggrave les conditions des femmes à l’âge de la retraite.

    Malgré la situation explosive, les perspectives restent confuses et l’absence de réelle volonté des directions syndicales de construire une véritable grève générale pèse négativement. La colère sociale, le sentiment anti-Sarkozy ont une tendance à se généraliser mais sans pour l’instant trouver de voie nette pour s’exprimer sur le terrain social et politique. Parmi les nombreux travailleurs et travailleuses qui veulent lutter, tout le monde n’en est pas au même point de discussion sur les moyens de lutter et de gagner.

    Les freins bureaucratiques restent nombreux dans les syndicats même si le calendrier syndical a permis une mobilisation constante car la colère est très élevée. A chaque mobilisation, ça a répondu présent, mais il manque un plan d’action, une stratégie claire discutée entre tous ceux qui font grève et luttent pour monter d’un cran.

    Ne pas rester dans son coin, généraliser la grève

    Évidemment, un recul sur ce sujet serait un signal à toute l’Europe, celle des capitalistes comme la classe ouvrière européenne, qu’une défaite européenne des politiques néolibérales est possible. La droite, qui est extrêmement divisée et craint une grève générale massive et illimitée, serre les rangs. Pour l’instant, seule une généralisation de la grève après le 12 Octobre (y compris en utilisant la nouvelle date annoncée par les syndicats d’une journée de manifestation… le samedi 16 octobre) peut permettre d’avancer. La multiplication des assemblées générales, des comités de lutte doit permettre d’aller dans ce sens et de se diriger vers les entreprises qui ne sont pas encore en grève mais qui pourraient y entrer. C’est à cela qu’il faut travailler tous ensemble : dans les entreprises, les universités, les lycées… Il faut également créer des instruments pour coordonner les luttes au niveau local et plus tard à l’échelle régionale et nationale.

    Le coeur du problème reste l’absence d’une perspective politique, d’une alternative socialiste au capitalisme et d’un parti de masse des travailleurs et des jeunes qui porte celle-ci. Le mouvement actuel pose les base d’une période sociale et politique agitée, qui va être riche de luttes, de discussions politiques sur l’alternative à Sarkozy et au capitalisme. Chaque jour nous montre un peu plus que le gouvernement travaille pour les intérêts des capitalistes.

    Si le mouvement continue, si la grève s’étend et se généralise, la question de virer Sarkozy et son gouvernement se posera. Pas question d’attendre 2012 et une nouvelle gauche plurielle. Nos intérêts, ceux des travailleurs, des jeunes et de la majorité de la population ne sont défendus que par nos luttes. Un gouvernement qui voudrait réellement en finir avec ces politiques devra être celui des travailleurs et de la population, issu des comités, des coordinations de nos luttes, un gouvernement des travailleurs eux mêmes et de leurs organisations syndicales et politiques, indépendant des politiques capitalistes. Un mouvement de longue durée doit permettre de débattre et de décider ensemble des pas concrets pour la lutte et aussi de la perspective de la révolution socialiste pour en finir avec le capitalisme. C’est pour cela que la Gauche révolutionnaire se bat, section française du Comité pour une internationale ouvrière, et courant au sein du Nouveau parti anticapitaliste (NPA). N’hésitez pas à en discuter avec nous !

  • Nouvelle étape dans la lutte contre la politique de Sarkozy

    Depuis le début de la crise économique en 2008, en France, comme partout en Europe, le gouvernement n’a qu’un seul objectif : faire payer la crise aux jeunes et aux travailleurs pour maintenir les profits des patrons. Ainsi Sarkozy et son gouvernement alternent lois anti-sociales et mesures et discours racistes. De la casse de l’éducation (100 000 postes supprimés entre 2007 et 2012), aux licenciements en passant par la privatisation de la Santé, rien ne nous est épargné.

    Alex Rouillard et Cassandra Dessannau, Gauche Révolutionnaire (CIO-France)

    [box type=”shadow” align=”alignright” width=”100″]

    A lire également

    [/box]

    En 2009 on a vu se multiplier des luttes isolés contre des licenciements, pour de meilleurs salaires ou encore pour des primes de départs plus élevés pour lors de fermetures d’entreprises ou de plans de licenciements.

    Une des grandes réformes prévues dans le plan d’austérité de Sarkozy est l’attaque du régime des retraites. Mais au même moment, Woerth, ministre du Travail, en charge de casser les retraites, a fait scandale dans une affaire de corruption avec la patronne de l’Oréal, Béthencourt (qui détient une fortune de 22 milliards d’euro quand on sait que le déficit de la Sécurité sociale, dont la caisse des retraites fait partie, est de 22 milliards d’euros…). dans cette affaire, Woerth a facilité des avantages fiscaux pour Bettencourt à hauteur de 100 millions d’euro en échange de dont de quelques centaines de milliers d’euro au parti du Président Sarkozy, l’UMP. La collusion ainsi révélée entre le parti présidentiel et les grandes fortunes a alimenté la colère des travailleurs et de la population contre la politique du gouvernement et contre Sarkozy en particulier.

    Une colère qui demande à s’exprimer dans la lutte

    L’attaque sur les retraites vise à allonger le nombre d’années de cotisation à 41,5 ans, de repousser l’âge de départ à 62 ans, et l’âge pour une pension complète à 67 ans. Pour beaucoup, cela va vouloir dire une pension très réduite, et pour les jeunes, un marché du travail encore moins ouvert puisque les travailleurs partiront plus tard en retraite. Les milliards que le gouvernement vient ainsi cherché dans la poche des travailleurs sont autant de cadeaux aux riches et aux capitalistes. Le but du gouvernement est en fait d’avancer pas à pas vers un système de retraites privées.

    Depuis l’annonce de l’attaque sur les retraites, les journées de mobilisation réunissant les travailleurs du secteur privé comme ceux du public se sont multipliées. Le 24 juin c’est la première fois qu’un appel à la grève aussi tardif réunit autant de travailleurs dans les rues, des millions de travailleurs ont manifesté exigeant que la lutte continue en septembre. Durant tous l’été les militants ont mobilisé de façon intensive pour le 7 septembre, la nouvelle journée de grève posée. Bien que cette journée arrive très tôt après la rentrée on pouvait compter 2.5 millions de manifestants. Dans de nombreuses villes on n’avait pas vu un tel niveau de mobilisation depuis 995. Suite à cette journée les directions syndicales, poussées par la base qui ne voulait pas en rester là, appellent à une nouvelle journée le 23 septembre. De nouveau la mobilisation est massive, on atteint les 3 millions. Les militants syndicaux et les travailleurs poussent de plus en plus leur direction à appeler à un mouvement plus fort qui s’inscrive dans la durée. Les dirigeants syndicaux ont donc été obligé d’appeler, en même temps qu’une manifestation le samedi 2 octobre, à une nouvelle journée de grève le 12. La journée de samedi loin de marquer l’essoufflement du mouvement montre une réelle colère de l’ensemble de la population.

    De nombreuses personnes peu habitué à battre les pavés sont sortis dans la rue ce jour là pour montrer leurs colère. Comme ce n’était pas une grève, il pouvait s’agir souvent de partie différentes de la classe ouvrière (travailleurs de petites entreprises, travailleurs précaires) mais aussi un public peu habituel des grandes entreprises : cadres, et des travailleurs non grévistes ces dernières semaines.

    Un mouvement de fond

    Certains secteurs vont se saisir de la journée du 12 octobre pour aller plus loin et tenter d’impulser une grève illimitée. Des appels dans ce sens se multiplient : cheminots, dockers, pétrochimie, mines, énergie… Ce sont soit plusieurs syndicats de ces secteurs, soit la CGT seule, comme dans l’éducation (pour le moment). Il y a également la multiplication d’initiative locales ou d’entreprises, qui peuvent jouer un rôle important. L’annonce de l’appel à grève reconductible (c’est à dire que chaque matin une assemblée générale décide de continuer ou non la grève, ce qui lui donne un caractère illimité) de la CGT et de SUD dans les raffineries du groupe Total a par exemple poussé la CGT du secteur pétrochimique à se prononcer elle aussi pour la grève reconductible. La ville de Marseille (et le département des Bouches du Rhône font elle fait partie) a joué depuis le début le rôle de fer de lance, et on compte pas moins de 230 appels à la grève reconductible dans le département, depuis les travailleurs municipaux jusqu’aux marins. A Paris, plusieurs syndicats de la Poste, par exemple, ont également appelé à une grève reconductible. A Rouen, le syndicat CGT des transports en commun a déposé un préavis de grève du 12 octobre au 30 novembre.

    Les retraites mais également la situation générale, aggravée par la crise

    La question retraite est l’élément unifiant mais c’est la politique globale de Sarkozy qui est contesté. Dans un sondage, 71 % répondaient qu’ils étaient contre la réforme des retraite et 74 % contre la politique de Sarkozy. Ce sentiment anti Sarkozy est très fort dans la jeunesse et de plus en plus les lycéens et les étudiants se joignent aux grèves et manifestations.

    Il y a un ras-le-bol global et de nombreux travailleurs se radicalisent. Beaucoup de luttes locales se déclenchent sur des questions de conditions de travails ou de salaires ou contre d’autres attaques du gouvernement. Les employés des deux ports pétroliers près de Marseille sont en grève depuis 12 jours contre la réforme des ports qui va conduire à une dégradation des conditions de travail, avec la perspective d’un mouvement plus long à la prochaine journée de grève touchant l’ensemble des activités portuaires. Dans de nombreux bureaux de poste, centre de tri ou de distribution postale, des grèves locales ont éclaté.

    Il reste incertain de savoir dans quelle mesure le secteur privé est en mesure de faire une grève reconductible. Les retraites sont une question aussi importante que les conditions de travail ou les salaires. Néanmoins, les cortèges des entreprises du privé étaient en croissance le 23 septembre par rapport au 7. Et parfois, des grèves éclatent dans des entreprises où des travailleurs se mettent en grève pour la première fois. Les commerciaux d’Educatel (une entreprise donnant des cours par correspondance), par exemple, en sont à leur 38ème jour de grève. (41 si c’est lundi qu’on publie). 3500 ouvriers du secteur automobile ont envahi le « Mondial de l’auto », on pouvait lire, entre autre, « Michelin champion du monde des fermetures d’usines ».

    Quelles perspectives ?

    Malgré la situation explosive le niveau de conscience reste confus. La colère sociale, le sentiment anti-Sarkozy ont une tendance à se généraliser mais sans pour l’instant trouver de voie nette. Les freins bureaucratiques restent nombreux dans les syndicats et malgré un calendrier syndical qui a permis une mobilisation constante, il manque une stratégie claire. Le gouvernement n’a fait que de maigres concessions, et a annoncé refuser d’en faire plus. Evidemment, un recul sur ce sujet serait un signal à toute l’Europe, celle des capitalistes comme la classe ouvrière européenne, qu’une défaite européenne des politiques néolibérales est possible. La droite, qui est extrêmement divisée et craint une grève générale massive et illimitée, serre les rangs. Pour l’instant, seule une généralisation de la grève après le 12 Octobre (y compris en utilisant la nouvelle date annoncée par les syndicats d’une journée de manifestation… le samedi 16 octobre) peut permettre d’avancer. La multiplication des assemblées générales, des comités de lutte doit permettre d’aller dans ce sens et de se diriger vers les entreprises qui ne sont pas encore en grève mais qui pourraient y entrer.

    Le cœur du problème reste l’absence d’une perspective politique, d’une alternative socialiste au capitalisme et d’un parti ouvrier de masse qui porte celle-ci. Le mouvement actuel pose les base d’une période sociale et politique agitée, qui va être riche de lutte, de discussions politiques sur l’alternative à Sarkozy et au capitalisme. Ces de ces débats qu’il faut également se saisir, en proposant des pas concrets pour la lutte et en mettant en avant la perspective de la révolution socialiste.

    C’est ce que tente de faire la Gauche révolutionnaire, section française du Comité pour une internationale ouvrière, aussi bien au sein du Nouveau parti anticapitaliste dont nous sommes un courant, que dans sont journal ou son bulletin jeune. Les évènements actuels montrent qu’une fois de plus, l’approfondissement de la crise et la multiplication des attaques patronales et gouvernementales, pousse les travailleurs à entrer en lutte à une échelle chaque fois plus importante.

  • Stop aux chanteurs homophobes ! Sexion d’Assaut : ‘‘On est homophobe à 100% !’’

    Depuis quelques jours, de nombreuses associations dénoncent les propos homophobes tenus par le groupe de rap Sexion d’Assaut : ‘‘l’homosexualité est une erreur, une déviance, un péché intolérable’’. De quoi faire trembler leur maison de disques. Le groupe est actuellement le premier vendeur de disques en France avec pas moins de 350.000 albums vendus, des chiffres inconnus dans le rap français depuis dix ans… et des comptes en banque garnis en conséquence.

    Après un été chargé en concerts déprogrammés, en prises de parole enflammées, c’est bien plus qu’un énième groupe de rap qui dérape. C’est dans une interview pour le magazine International Hip-Hop que le groupe Sexion d’Assaut répand sa morve : ‘‘On a beaucoup attaqué les homosexuels parce qu’on est homophobes à cent pour cent et qu’on l’assume!’’ Au fil de l’interview, le groupe enfonce le clou sur ce ‘‘phénomène de mode’’, ce ‘‘péché’’ qu’est l’homosexualité dont il faut se repentir par rapport à l’islam, la seule religion ‘‘dans le vrai’’. ‘‘On est très croyants et même dieu a envoyé un prophète chez les gays pour les rappeler à l’islam et leur pardonner leurs péchés.’’ Face à l’étonnement du journaliste, abasourdi par ce qu’il vient d’entendre, ils répondent ‘‘On ne peut donc pas se permettre de dire ouvertement que pour nous, le fait d’être homosexuel est une déviance qui n’est pas tolérable! On ne comprend absolument pas que le mariage gay et l’adoption pour les gays soient acceptés dans certains pays!’’

    [box type=”shadow” align=”alignright” width=”100″]

    A lire également:

    • Un homme agressé à Bruxelles parce qu’il est homo : L’homophobie n’a pas pris de vacances !
    • [DOSSIER] Lesbiennes, gays, bis, trans, hétéros – Défendons la liberté de choix de l’orientation sexuelle!
    • Rubrique LGBT de ce site

    [/box]

    Aujourd’hui, le groupe est inquiet et divisé, moins sur le fond de la polémique, mais plutôt sur la manière d’assurer les futures rentrées sur leur comptes en banques. En effet, le groupe vient de lancer sa nouvelle tournée, plusieurs concerts sont déjà prévus en France et en Belgique. L’annulation d’un seul concert représenterait des pertes substantielles, à éviter à tout prix. Alors forcément, certains membres du groupe essaient de faire bonnes figures, s’enlisent dans des déclarations bancales et contradictoires sur Twitter : les propos auraient été ‘‘mal rapportés’’ par une journaliste qui ‘‘a la haine contre le groupe’’. Pourtant, leur maison de disques Sony confirme que ces propos nauséabonds ont bien été tenus : ‘‘On était atterrés en écoutant l’enregistrement.’’ Leur participation aux MTV Music Awards est par ailleurs remise en question. En ce qui concerne les mises en garde de la maison de disque, le groupe réplique : ‘‘Mais on nous a déjà fait beaucoup de réflexions et on nous a dit qu’il était mieux de ne plus trop en parler dans nos nouveaux disques parce que ça pouvait nous porter préjudice, que notre public pourrait se sentir concerné. Imagine, il y a même des gays qui viennent nous voir en concert!’’ Enfin, plus pour très longtemps… Néanmoins, le groupe traine depuis toujours une réputation d’homophobes. Alors simple flirt avec l’homophobie ou combat de toujours ?

    Des appels au meurtre comme antécédents !

    Le groupe a déjà tenu, dans ses précédents albums, de véritables appels au meurtre contre les gays. En attendant la localisation du «prophète chez des gays», on peut toujours relire les paroles de la chanson On t’a humilié ‘‘Je crois qu’il est grand temps que les pédés périssent, coupe leur le pénis, laisse les morts, retrouvés sur le périphérique. Lointaine est l’époque où les homos se maquaient en scred. Maintenant, se galochent en ville avec des sappes arc-en-ciel. Mais vas-y bouge, vas-y bouge. Toutes ces pratiques ne sont pas saines, nos corps ne seront qu’un tas de cendres, la mort ne sera qu’une passerelle’’, entend-on dans Cessez le feu. Et de continuer… ‘‘T’as froid dans le dos quand un travelo te dit “vas-y viens”. Car tu sais que l’homme ne naît pas gay mais qu’il le devient’’ dans le morceau A 30%. ‘‘Bien trop de gays qui s’aiment et en plus se marient’’ dans Vous aussi ou ‘‘Toujours anti-homos’’ dans Rescapé. Pour ne citer que celles-là… Des chansons qui tournent en boucle sur Youtube, sans doute écoutées frénétiquement par des jeunes encore en manque d’esprit critique.

    Quand on voit l’indifférence qui règne autours ce genre de propos, il ne faut pas s’étonner de la montée de violence envers les homosexuels. C’est ainsi que la banlieue pauvre de Marseille a été le théâtre d’une agression particulièrement brutale le mois passé. David, un jeune étudiant, se balade avec un ami par une chaude soirée du mois d’août près du périphérique quand soudain, une bande de 10 jeunes bavant de rage se jette sauvagement sur eux : ‘‘sale pédé, on va t’arranger!’’ Les coups pleuvent. David perd connaissance. Il se réveille dans l’ambulance baignant dans son sang et souffre de multiples traumatismes, de quatre fractures au niveau du visage et plusieurs dents cassées. Après une opération maxillo-faciale, David conservera les deux mâchoires collées par des bridges métalliques. Il s’alimente aujourd’hui par une paille et devrait rester les deux mâchoires soudées pendant 4 à 8 semaines. Certain semblent avoir bien retenu la leçon de Sexion d’Assaut. Si nous voulons empêcher de tels actes homophobes, nous devons rester intransigeants face à ceux qui veulent diffuser la haine. Nous devons lutter pour empêcher toute prise de parole qui incite à la haine contre les homosexuels.

    Pas de place pour les homophobes !

    Rares sont les groupes de rap qui luttent contre l’homophobie et la misogynie comme Calavera, CelluleX, Piloophaz et Rapaces, beaucoup sont des noirs américains qui veulent faire vivre l’héritage du combat pour les droits civiques en luttant pour les gays. N’oublions que le bras droit de Martin Luther King était ouvertement homosexuel. Le problème aujourd’hui, c’est qu’il y a trop de tolérance vis-à-vis de l’homophobie dans le milieu du rap. Sexion d’Assaut n’est pas le premier groupe à faire davantage parler de lui pour ses propos haineux que pour sa musique. C’est ainsi que le chanteur Krys, qu’on entend plus aujourd’hui, affirmait : ‘‘Brûlez tous les bisexuels, les transsexuels, les homosexuels et les travestis, de cette mission là je m’investis. Coup de fusil sur les PD clic clac boum. Ils méritent tous de brûler’’. Il prétendait alors que l’homophobie n’est qu’une ‘‘opinion’’ liée à ses ‘‘convictions religieuses’’. C’est malheureux, mais ce n’est pas un cas isolé. Beenie Man, Capleton, Admiral T, Bounty Killer, Buju Banton, D. Pleen, Lieutenant, Sizzla et Straika,… tous ont déjà été dénoncés par plusieurs associations LGBT, et plusieurs de leurs concerts annulés.

    « Out of the closets and into the streets »

    De son côté, Sexion d’Assaut sera en concert à Bruxelles le 02 novembre à l’Ancienne Belgique à 20h, sans doute précédé par un comité d’accueil… En effet, plusieurs associations LGBT se mobilisent d’ores et déjà. Fortes de leur succès au festival Couleur Café cet été, les associations sont à présent montées à bloc. Elles avaient obtenu l’annulation pure et simple du concert de l’homophobe Bennie Man grâce à une mobilisation soutenue. Un groupe sur Facebook rassemble déjà des centaines de réactions : « Sexion D’Assaut, groupe homophobe: BOYCOTT ! ».

    Au delà de la chanson, nous voulons lutter contre toutes les discriminations et en particulier contre l’homophobie dans les écoles et sur les lieux de travail. C’est pourquoi le PSL/LSP participe chaque année à la Gay Pride et milite toute l’année avec du matériel contre l’homophobie lors de différents festivals, manifs, meeting et autres. Tout ce qui nous divise, nous affaiblit!

  • Réforme ou révolte ? Comment la traite des esclaves a-t-elle été abolie ?

    Le commerce des esclaves entre la côte occidentale de l’Afrique et les Amériques, qui s’est étalée sur une période de 300 à 400 ans, a été une des périodes les plus barbares de toute l’histoire de l’exploitation. La capture et la vente d’Africains a fait des commerçants d’esclaves et de leurs mécènes des hommes riches ; leurs clients utilisaient le travail de leurs esclaves afin de s’enrichir à leur tour.

    Hugo Pierre, Socialist Party (CIO-Angleterre et Pays de Galles)

    L’accumulation de cette richesse a joué un rôle majeur dans le développement du capitalisme en Europe. Mais les souffrances infligées aux esclaves étaient immenses, et l’héritage de ce commerce est toujours bien vivant parmi nous. Cette migration forcée et brutale a été très différente par rapport aux formes d’esclavage qui existaient en Europe et en Afrique au Moyen-Âge ou même à l’Antiquité.

    Nous avons des preuves que les marchés aux esclaves qui existaient à ces époques dans diverses régions d’Europe et d’Afrique étaient surtout utilisées en tant que moyens de punition, en particulier de débiteurs, ou pour l’utilisation de prisonniers de guerre. Aux Antilles, on a tout d’abord déporté des esclaves européens afin de les faire travailler dans les plantations qui produisaient les cultures et les biens destinés à la consommation européenne.

    Ceci s’avéra bien problématique pour les propriétaires, puisque certains s’échappaient et n’étaient plus retrouvés, ou refusaient de se remettre à travailler. Même l’utilisation de serviteurs contractuels – des gens qui échangeaient une dette ou leur libération de service en échange d’une période de travail aux Amériques – était un problème pour leurs « propriétaires », puisque souvent les contrats étaient rompus.

    L’utilisation par les Portugais d’esclaves en provenance d’Afrique occidentale fut presque accidentelle, mais ceci devint la méthode préférée d’approvisionnement en main d’oeuvre pour le système de plantations aux Amériques tout au long du 17ème siècle.

    Les propriétaires des plantations développèrent un système basé sur la violence afin de réprimer les esprits de leurs captifs déjà désorientés et facilement identifiables, et une idéologie, le racisme, afin de s’octroyer la supériorité et la justification de leurs actions. Il est estimé que, grâce à la vente de 2,5 millions d’Africains, les marchands d’esclaves britanniques obtinrent 12 millions de livres de profits (l’équivalent de 900 millions de livres actuelles).

    Les vies des Africains capturés étaient perçues comme autant de « marchandises » périssables par les marchands et les planteurs. De nombreux mouraient au cours du « passage » entre l’Afrique et les Amériques – dans certains cas, jusqu’à 45% des membres d’une « cargaison » mouraient au cours du voyage, mais en moyenne ce chiffre tournait autour de 30%.

    L’espérance de vie sur la plantation n’était guère meilleure. En 1764, la Barbade comptait 70 706 esclaves, 41 840 autres furent amenés par négrier jusqu’en 1780. Le décompte des eclaves en 1783 révélait que ce chiffre avait baissé de 62 258 unités au cours des neuf années écoulées.

    Un commerce mortel

    Ce commerce d’humains n’était pas effectué que par la Grande-Bretagne, même au 18ème siècle, mais la richesse qui en découla créa de puissants partisans en faveur de sa poursuite. Il est dit qu’en conséquence de ce commerce, la ville de Bristol toute entière devint une cité de petits commerçants.

    Liverpool fut transformée d’un petit village de pêcheurs en un lieu de commerce international, sa population passant de 5000 personnes en 1700 à 34 000 en 1779. Sur une période de soixante ans, 229 525 Africains furent embarqués sur des vaisseaux esclavagistes à partir de ce port. La propriété n’était souvent pas détenue par un individu, mais par un groupe d’actionnaires composé de petits commerçants et de marchands, avides de s’octroyer une part des profits.

    La traite des esclaves n’était pas sans danger pour ceux qui s’y adonnaient. Les captifs eux-mêmes ne prenaient pas à la légère leur condition d’esclaves. Nous disposons de nombreux récits de vaisseaux dévastés par les esclaves surgis de leurs cales, avec même dans un cas la capture du vaisseau tout entier par les esclaves, après qu’ils aient jeté tout l’équipage à la mer.

    Le système esclavagiste pratiqué dans les plantations requérait la formation d’une milice locale afin de le réguler, et l’utilisation fréquente de la Marine afin de mettre un terme à de graves troubles. Une des premières révoltes d’esclaves à la Barbade, en 1683, incluait un appel à l’unité dans la rébellion de tous les esclaves, rédigé en anglais.

    A la Jamaïque, il ne se passait que rarement une décennie sans une nouvelle rébellion, qui menaçait souvent l’ensemble du système des plantations. Dans certains cas, un accord de paix était obtenu avec les rebelles en leur permettant de gérer leurs propres communautés.

    Afin d’effectivement obtenir le renversement de l’esclavage, la riposte des esclaves devait être renforcée par d’autres forces de classes au sein du centre impérial lui-même. A ce sujet, en cette année du deux-centième anniversaire de l’abolition du commerce des esclaves, on parlera beaucoup du rôle de William Wilberforce, présenté comme le militant qui abolit la traite des esclaves grâce à un travail parlementaire acharné et diligent. En conséquence, Melvin Bragg, le présentateur de la BBC, a récemment consacré cet homme comme étant le plus grand de tous les politiciens anglais.

    Des arguments lui furent donnés par son ami proche, William Pitt le Jeune, Premier Ministre de l’époque, selon qui l’esclavage devait être aboli parce que bien plus coûteux que l’utilisation d’ouvriers. Le point de vue de Pitt était celui d’un disciple de l’économiste du marché libre, Adam Smith, à la suite de la Guerre d’Indépendance qui avait induit la perte des colonies britanniques en Amérique.

    En réalité, la principale préoccupation de Pitt était le fait que les négriers vendaient une grande partie de leurs esclaves aux colonies françaises, en particulier celle de Saint-Domingue (Haïti), renforçant par là une puissance rivale. En 1787, Wilberforce rejoignit la campagne déjà existante et connue sous le nom de Société pour l’Abolition, qui était essentiellement un groupe d epression.

    Wilberforce dépensa la plupart de son énergie en rédaction de législation parlementaire. L’humeur de la jeune classe ouvrière et des pauvres était en faveur d’un changement radical. Parmi eux, se trouvaient approximativement 10 000 noirs – anciens esclaves, serviteurs et fugitifs. Le gouvernement Pitt n’avait pu parvenir à mettre en avant des réformes constitutionnelles, en particulier sur le plan électoral (à cette époque, seule une petite minorité de la population avait le droit de vote) – il considérait l’abolition comme un moyen de détourner l’attention.

    Mais dans l’espace d’un an, le lancement d’une pétition, couplée à des rassemblements de masse dans les villes, petites et grandes, organisés par d’anciens esclaves tels qu’Olaudah Equiano, venus raconter leur vécu, s’articula autour des préoccupations globales des masses ouvrières et pauvres.

    A Manchester, 10 000 hommes (les femmes n’étaient pas encouragées à signer la pétition, bien qu’elles trecherchaient souvent à le faire) signèrent la pétition – plus de la moitié de la population mâle adulte de la ville. Malgré cela, la première action de Wilberforce au Parlement fut refusée par la Chambre des Communes en 1789. Mais de plus grands événements allaient intervenir.

    La révolution française

    A partir des années 1870, la colonie française de Saint-Domingue était devenue la plus prospère des îles des Caraïbes. Elle produisait plus de sucre, de café et de tabac qu’aucune autre, non seulement en termes de quantité, mais aussi de qualité. Ceci permit à la France et aux marchands impliqués dans lîle de s’enrichir.

    De la même manière que Liverpool, Bristol et London s’étaient développées sur base du commerce des esclaves, les villes de Nantes, Bordeaux et Marseille grandissaient. En 1789, les tensions sous-jacentes entre la richesse de la nouvelle classe de marchands et la monarchie explosèrent en un mouvement de masse, avec la prise de la Bastille et le début de la Révolution française.

    Cette révolution fut le signal de la fin du féodalisme en France, et posa les bases d’une société capitaliste moderne. Bien que cette révolution n’était pas une révolution socialiste, mais bourgeoise, ce furent les masses pauvres, les sans-culottes, qui menèrent le processus révolutionnaire de plus en plus en avant.

    Dans les colonies, la révolution divisa les Blancs en différents camps. Les métis libres et parfois riches de Saint-Domingue (qu’on appelait les « mulâtres ») choisirent leur camp, et firent pression pour obtenir plus de droits. Les Blancs déclenchèrent contre eux et contre la majorité noire de la population la terreur et la violence. Mais les divisions entre les Blancs fournirent à tous les autres l’occasion de dresser la bannière de la liberté.

    En particulier, à la fin de 1789, les « mulâtres » demandèrent à l’Assemblée Constitutante en France d’être traités comme des égaux par rapport aux Blancs. Ils désiraient toujours avoir accès à de la main d’oeuvre sur leur île, et par conséquent ne demandèrent pas de droits pour les Noirs.

    L’Assemblée était alors dominée par l’aile droite de la révolution, qui désirait obtenir des droits pour les nouveaux riches capitalistes, mais était terrifiée par le potentiel des masses qui avaient saccagé la Bastille. Après beaucoup d’hésitations, seule une minorité des métis purent obtenir des droits.

    Mais les divisions parmi les classes dirigeantes – la royauté et l’aristocratie contre la nouvelle couche émergente de capitalsites –, comme dans toute révolution, allait donner confiance aux masses. Ceci se vérifia pour les ouvriers et paysans de France mais aussi pour les Noirs de Saint-Domingue, qui croyaient à la nécessité de faire pression pour leurs revendications, mais cette fois-ci, jusqu’au bout.

    A partir de 1791, Saint-Domingue explosa et une guerre de classe débuta, qui sépara aussi les Blancs, les Noirs et les métis. Très rapidement, Toussaint L’Ouverture émergea en tant que dirigeant des esclaves. Son armée emprunta de très nombreuses différentes routes et positions afin de se battre pour l’émancipation.

    Mais la France révolutionnaire était aussi attaquée sur le plan international. Parmi les agresseurs se trouvait l’impérialisme britannique, qui luttait contre les Français pour l’hégémonie dans les Antilles, et qui lança une guerre en vue de conquérir les possessions françaises, en particulier Saint-Domingue.

    Saint-Domingue étant dans les faits divisée sous le contrôle de trois forces différentes, et devant faire face à l’invasion britannique, le nouveau gouverneur n’avait d’autre option que de déclarer l’abolition totale de l’esclavage, en 1793, et de mettre sous ses ordres l’armée de Toussain L’Ouverture. Les masses en France s’étaient également mises en branle pour défendre leurs intérêts, et en 1794 l’Assemblée, maintenant contrôlée par les Jacobins – la gauche – abolit l’esclavage.

    Révolte dans les Antilles

    Le drame de la révolution fut dans son ensemble joué à Saint-Domingue. Mais les conséquences de la Révolution française ébranlèrent l’ensemble des Antilles françaises : des révoltes d’esclaves se produisirent à la Martinique, en Guadeloupe, et à Tobago. La bannière « Liberté, égalité, fraternité » inspira les esclaves.

    A Sainte-Lucie, les esclaves prirent le contrôle de l’île de 1795 à 1796, après en avoir expulsé les troupes britanniques. Une fois que la Grande-Bretagne eût repris le contrôle, elle obtint la « paix » en acceptant de transformer l’armée d’esclaves en un régiment Ouest-Africain. La Marseillaise était toujours chantée par les jeunes dans les villages dans les années 30 et 40 !

    Les travailleurs et les radicaux britanniques reprirent eux aussi la bannière de la Révolution française, et soutinrent Tom Paine lorsque celui-ci rédigea ses Droits de l’Homme.

    La guerre contre la France affaiblit le soutien parlementaire en faveur de l’abolition. A cette époque comme maintenant, le Parlement décréta une série de mesures répressives afin de faire taire l’opposition à la guerre qui vivait parmi la classe ouvrière et les pauvres. En 1795, en l’espace de trois semaines, trois manifestations fortes de plus de 150 000 personnes défilèrent sous les slogans de « A bas Pitt ! », « Non à la guerre ! », « A bas le roi ! ».

    Wilberforce soutint la politique étrangère de Pitt contre la France, de même que sa politique intérieure de répression. A ce moment, il ne fit que maintenir ses suggestions visant à ouvrir un débat sur l’abolition au Parlement.

    La révolution en France devait encore connaître de nombreuses vicissitudes. Dix ans après qu’elle ait débuté, Napoléon Bonaparte arriva au pouvoir. De nombreux gains de la révolution en faveur des sans-culottes furent annulés, mais le passage d’un système de propriété féodale à un système de propriété capitaliste fut maintenu.

    Napoléon réinstaura l’esclavage, mais Toussaint L’Ouverture avait prédit la réaction des esclaves de Saint-Domingue dès 1797 dans une lettre au Directoire français :

    « Pensent-ils que des hommes qui ont été capables d’apprécier la bénédiction de la liberté vont calmement la leur voir arrachée ? Ils ne supportaient leurs chaînes que tant qu’ils ne connaissaient pas d’autre condition de vie plus heureuse que l’esclavage. Mais aujourd’hui, alors qu’ils l’ont quittée, quand bien même ils disposeraient d’un millier de vies, ils les sacrifieraient toutes plutôt que d’être à nouveau contraints à l’esclavage. »

    Les masses noires de Saint-Domingue lancèrent une insurrection qui allait mener à la fin de la tutelle française et à l’indépendance. Le joyau colonial de la France, que la Grande-Bretagne avait tenté de lui voler, resterait exempt de l’esclavage.

    Le mouvement radical en Grande-Bretagne reflua vers la voie parlementaire. A partir de 1806, des parlementaires plus radicaux (bien que capitalistes) furent élus au Parlement. L’impérialisme britannique, libéré de la lutte pour Saint-Domingue, se tourna de plus en plus vers les richesses de l’Inde plutôt que vers celles des Caraïbes.

    Qui plus est, la flotte française, décimée à Saint-Domingue, ne représentait plus la même menace pour la politique et les intérêts britanniques. Aux Antilles, il était clair que la menace de révolte constante allait accroître par l’import continu de nouveaux esclaves en provenance d’Afrique. La loi d’Abolition de l’Esclavage fut signée en 1807, pour être mise en application en 1808.

    L’héritage du mouvement

    Des dizaines de milliers d’Africains furent encore capturés et vendus pendant des décennies. On trouva rapidement des lacunes dans la Loi, et le recours à des activités illégales telles que l’utilisation de contrebandiers, de fronts étrangers pour les marchands britanniques, de même que toute une série d’autres mécanismes, permirent aux colons de satisfaire leur soif de main d’oeuvre pour leurs plantations.

    Mais le commerce des esclaves et l’esclavage lui-même furent finalement abolis en Grande-Bretagne en 1833 par l’action de la classe ouvrière et les révoltes et la résistance continues des Noirs maintenus en captivité.

    Aujourd’hui, la classe dirigeante ne peut même pas souffrir de devoir faire des excuses pour les atrocités de l’esclavage, de peur d’être assaillie de demandes de réparations.

    En 1833, vingt millions de livres (l’équivalent de 1,5 milliards de livres actuelles) furent offertes aux propriétaires d’esclaves en compensation. L’héritage dévastateur laissé par l’esclavage – l’idéologie raciste, la destruction des civilisations et communautés africaines, la mort et la déportation de 10 à 30 millions de gens, la destruction de la vie des familles noires dans les colonies – persiste encore de nos jours.

    Toutefois, l’héritage laissé par le mouvement pour l’abolition consiste en la preuve que les masses, et en particulier la classe ouvrière et les pauvres – Noirs comme Blancs – peuvent lutter ensemble pour obtenir des changements décisifs. De nos jours, seul le contrôle socialiste, la distribution et l’utilisation démocratique de l’énorme richesse qui existe partout dans le monde peuvent mettre un terme à leur exploitation et à leur divison de manière décisive.


    « Victimes de l’avarice »

    « Enfin, lorsque le vaisseau dans lequel nous nous trouvions eût chargé toute sa cargaison, ils s’apprêtèrent, avec de nombreux bruits effrayants, et nous fûmes tous placés sous le pont, de sorte que nous ne puissions pas voir comment ils manoeuvraient leur embarcation. Mais cette déception était le moindre de mes soucis.

    La puanteur de la cale, alors que nous étions encore sur la côte, était si intolérable, si répugnante, qu’il était dangereux pour nous d’y demeurer même pour une courte période, et certains d’entre nous avaient reçu l’autorisation de rester sur le pont pour y profiter de l’air frais ; mais maintenant que l’ensemble de la cargaison du vaisseau y était confinée, l’air y devint absolument pestilentiel.

    L’étroitesse de l’endroit et la chaleur du climat, ajoutées au nombre de gens dans le vaisseau, qui était si plein que chacun y avait à peine assez d’espace que pour se retourner, nous suffoquèrent presque.

    Ceci produisit une copieuse perspiration, de sorte que l’air devint bientôt inapte pour la respiration, chargé d’odeurs répugnantes, et amena une maladie parmi les esclaves, parmi lesquels de nombreux périrent, devenant par là victimes de l’avarice irréfléchie, si on me permet de l’appeler ainsi, de leurs acheteurs. »

    Olaudah Equiano, ex-esclave et militant anti-esclavage

  • France: Reportages-photo de la grève nationale de jeudi dernier

    Environ 2,5 millions manifestants ont participé aux défilés de la grève nationale pour l’emploi, le pouvoir d’achat et la défense des services publics, dont 300.000 à Paris uniquement. Une délégation de camarades du PSL s’est rendue sur place (à Valencienne, Paris et Marseille) pour participer à cette journée ainsi qu’à l’intervention de nos camarades français de la Gauche Révolutionnaire, actifs au sein du Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) lancé autour d’Olivier Besancenot. La GR est intervenue à Valenciennes, à Lille, à Paris, à Rouen, au Havre et à Marseille et a vendu environ 200 exemplaires de son journal, l’Egalité (vous pouvez accéder ici au tract de la GR à cette occasion).

    Reportage-photo de Valencienne

    Reportage photo de Paris

  • France : Mobilisation nationale contre la réforme des retraites

    Des centaines de milliers de français ont manifesté jeudi dernier dans toute la France contre la réforme des retraites proposée par le gouvernement Fillon. Une délégation de militants du MAS/LSP étaient présents pour participer à l’intervention de notre section-soeur, la Gauche Révolutionnaire.

    Stéphane Delcros

    Le plan du gouvernement soutenu par Sarkozy veut allonger la durée de cotisation nécessaire pour obtenir une retraite complète à 41 ans, contre 40 depuis 2003 et 37,5 auparavant. Le patronat y ajoute son habituelle arrogance par la bouche de Laurence Parisot, présidente du Medef (équivalent de la FEB en France), qui explique que l’allongement de la durée de cotisation à 41 ans ne suffisait pas et qu’il fallait également repousser l’âge légal de départ à la retraite à 63 ans et demi.

    C’est bien entendu à Paris que la mobilisation syndicale était la plus nombreuse, la CGT y rassemblant plus de la moitié des dizaines de milliers de manifestants présents. Mais des manifs importantes se sont également déroulées dans d’autres grandes villes du pays : Marseille, Bordeaux, Lyon, Toulouse, Nantes, Rouen, Grenoble,…

    La Gauche Révolutionnaire, section-sœur du Mouvement pour une Alternative Socialiste en France, est intervenue dans les luttes à Rouen, à Valencienne et à Paris, où une petite délégation de camarades belges est venue en renfort. Nos idées ont été favorablement accueillies, en témoignent les nombreuses discussions avec des manifestants et la vente de 40 exemplaires de l’Egalité, le journal de la GR. Nos interventions ont mis en avant la nécessité d’une lutte d’ensemble des lycéens, étudiants, travailleurs du privé et du public et d’un nouveau parti combatif des travailleurs et des jeunes capable d’unifier les luttes présentes et à venir contre le système capitaliste.


    Visitez le site de nos camarades français:

  • www.gr-socialisme.org

  • France. Les syndicats appellent à un jour de grèves et d’actions nationales.

    Un front commun des confédérations syndicales françaises préparent un jour d’actions et de grèves ce mardi 04 octobre. Cela sera le troisième jour d’actions nationales cette année, se déroulant dans une période de colère montante au sujet des salaires, de la sécurité de l’emploi et des privatisations.

    Karl Debbaut

    Les syndicats dénoncent la vague de réformes néolibérales introduites par le gouvernement français, dirigé par le Premier Ministre Dominique de Villepin et le ministre sans portefeuille, Nicolas Sarkozy.

    Ils ont, par exemple, introduit des nouveaux contrats de 2 ans pour des personnes travaillant dans des firmes employant moins d’une vingtaine d’employés. Cela dans le but de miner les droits des travailleurs et de faciliter les licenciements. En même temps, ils discutent beaucoup de renforcer les contrôle sur les allocations sociales, d’accélérer la privatisation de Gaz de France et d’Electricité de France et de vendre les péages d’autoroute au secteur privé.

    Cette grève est un premier grand test pour Dominique de Villepin, le nouveau Premier Ministre, en poste depuis seulement quatre mois. En effet, celui-ci remplaça son ‘camarade de parti’ Raffarin, qui, lui, avait été frappé de plein fouet par le NON au référendum sur la Constitution Européenne. De Villepin a passé son premier mois à faire des déclarations dans lesquelles il défendait le ‘modèle social français’. Nicolas Sarkozy, le ‘patron’ du parti au gouvernement, l’UMP, est lui aussi un fervent politicien néolibéral. Il se prépare à un nouveau défi : devenir le prochain président français, en appliquant de féroces attaques sur les droits des travailleurs, sur les allocations et sur l’emploi dans le secteur public. Toute cette politique de répression ne peut être stoppée que si les syndicats organisent sérieusement la lutte pour la défense de leurs membres.

    Les marins protestent contre les plans de privatisation

    Le mardi 26 septembre, l’élite des forces armées du GIGN ont débarqué sur un ferry Corse, celui-ci étant au centre de la lutte contre la privatisation de la SNCM. Les marins protestaient contre les plans du gouvernement français de vente de la part de l’Etat français de la compagnie de Ferry SNCM à une compagnie française d’investissements (Butler Capital Partners). Cette compagnie annonça qu’elle comptait réorganiser la SNCM, ligne de ferry qui transporte 1,25 millions de passagers par an entre Marseille et la Corse, et qu’elle pourrait licencier jusqu’à 400 travailleurs de la compagnie qui en compte 2400.

    En protestation à ces plans de licenciements, environ 30 marins, membres de la CGT et de la STC ont prit le contrôle de l’un des bateaux de la compagnie et ont quitté le port de Marseille mardi passé. Le GIGN, force d’intervention anti-terroriste, est intervenu avec une dizaine d’hommes à l’aide d’hélicoptères Puma et ont reprit contrôle du bateau. Les marins ont été menottés, enfermés dans les cabines du bateau, forcés de se mettre à genoux sur le pont du bateau et arrêtés pour détournement, un crime pour lequel ils peuvent être condamnés jusqu’à 20 ans de prison.

    La dramatique démonstration de force des autorités françaises n’a pas impressionné les travailleurs des ports de Marseille et Bastia. A Bastia, des émeutes se dont déroulées et la police a dû intervenir avec 200 policiers anti-émeute. Une bataille rangée avec plus de 1000 travailleurs s’est déroulée pendant 4 heures la nuit de mardi passé. La CGT a ensuite appelé à une grève de 24 heures à Marseille, qui a, en fait, complètement paralysé le plus gros port français. Les travailleurs ont aussi alors voté l’extension de la grève, bloquant ainsi l’accès au complexe pétrochimique et au port pétrolier clé de Fos-sur-Mer.

    Manifestations et grèves le 4 octobre

    Les syndicats ont appelé à des manifestations à Paris, Lyon, Marseille, Strasbourg, Bordeaux et Montpellier pour ce mardi 04 octobre. Ces manifestations vont attirer des milliers de personnes et seront accompagnées de grèves dans le secteur public et dans certaines compagnies du secteur privé. Des membres de la Gauche révolutionnaire (section sœur du MAS en France) participeront à ces actions.

  • 0
      0
      Your Cart
      Your cart is emptyReturn to Shop