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  • Comment vaincre la machine d’austérité européenne ?

    Depuis le début de la crise de la zone euro, les mobilisations de masse n’ont pas manqué contre la politique d’austérité, avec toute une série de manifestations et de grèves mais aussi de grèves générales. Mais même si ces explosions de colère et de rage ne peuvent plus tout simplement être passées sous silence – malgré le contrôle des médias dominants et de l’information par la classe dominante – le bulldozer de la casse sociale n’en a pas moins poursuivi sa course, une course d’ailleurs destinée à devenir plus meurtrière encore avec l’adoption du ‘‘Traité européen d’austérité’’ (le Traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance, TSCG). Quelle contre-attaque organiser et comment (re)mobiliser les découragés de la lutte sociale ?

    Par Nicolas Croes

    A faux diagnostique, faux remède

    La logique austéritaire ne fonctionne tout simplement pas. Tout y est faux, du début à la fin. Cette politique de bain de sang social est basée sur une explication totalement erronée : la crise de la zone euro proviendrait non pas de la faillite du secteur bancaire et de la collectivisation des pertes du privé – elles-mêmes conséquences des contradictions du système capitaliste – mais des dépenses publiques ‘‘impayables’’. Banquiers et spéculateurs ont en fait bénéficié de la complicité active et enthousiaste des politiciens capitalistes et des médias dominants pour se cacher, eux et leurs responsabilités, derrière les fonctionnaires ‘‘fainéants’’, les travailleurs ‘‘privilégiés’’, les chômeurs ‘‘parasites’’ et les pensionnés ‘‘destructeurs de sécurité sociale’’. A cette liste se sont rajoutés – au gré des besoins – les immigrés, les homosexuels, les femmes, les syndicats,… et l’extrême-droite est loin d’être la seule à avoir tenu la plume.

    Il a toujours été clair que cette politique n’allait rien arranger pour les masses, que nous serrer la ceinture n’allait pas nous préparer des jours meilleurs et qu’il nous faudrait au contraire percer de nouveaux trous. La maîtrise relative de la dette publique avant 2008 n’avait d’ailleurs pas empêché les divers pays européens de sombrer profondément dans la crise. S’il en était encore besoin, un bref coup d’œil porté aujourd’hui sur cette Union Européenne dévastée suffit à illustrer la faillite totale de l’austérité.

    En Espagne, après des années de coupes dans les budgets des autorités, d’augmentations de taxes (pour l’homme de la rue, pas pour ceux qui nous regardent du haut de leur tour d’ivoire) et de destruction des conditions de travail et des salaires, l’avenir du pays reste plombé par la récession. Le taux de chômage vient d’y franchir un seuil historique lors du premier trimestre de cette année en atteignant les 27,16%. Derrière ce chiffre, il y a 6.202.700 personnes plongées dans la misère (pas moins de 237.400 de plus qu’au trimestre précédent). Dans cette course macabre, l’Espagne ne cède la place qu’à la Grèce (27,2% de chômage officiel en janvier). Quant à cette fameuse dette publique dont la réduction justifie tous les sacrifices (pour autant qu’ils ne touchent pas l’élite de la société), elle a elle aussi atteint un nouveau record au premier trimestre de 2013 : 923,31 milliards d’euros, soit 87,8% de la totalité des richesses produites en un an dans le pays (le PIB, Produit Intérieur Brut). La Banque centrale prévoit qu’elle poursuivra son ascension vers les 91,4% du PIB en 2013 et les 99,8% en 2016. Et quand ça ne marche pas on fait quoi ? Et bien on continue !

    La saignée est inefficace, allons-y à la hache !

    En Grèce, l’austérité massive n’a pas empêché la dette publique d’atteindre les 159,9% de son PIB fin 2012 (une croissance de 8,6% entre 2010 et 2012). Ce taux aurait d’ailleurs largement dépassé les 190% si le tiers de la dette grecque (100 milliards d’euros) n’avait pas été annulé en mars 2012. Fin 2012 toujours, la dette souveraine de l’Irlande représentait 117,6% de son PIB (+ 25,5% entre 2010 et 2012) et celle du Portugal 123,6% (+ 29,6% entre 2010 et 2012).

    Ces trois pays sont ceux à avoir subi le plus directement la dictature des marchés, par l’intermédiaire de l’action dévastatrice de la troïka européenne (qui réunit la Banque Centrale Européenne, la Commission Européenne et le Fonds Monétaire International). Afin de bénéficier de ‘‘l’assistance’’ du Fonds Européen de Stabilité Financière, puis du Mécanisme Européen de Stabilité, les gouvernements de ces pays se sont engagés à appliquer une politique antisociale extrêmement brutale. Le résultat de cette politique (explosion du chômage, des suicides, des expulsions de logements, de malades incapables de payer leurs soins,…) ne peut que faire froid dans le dos, notamment à la population chypriote dont le pays vient de rejoindre le club des Etats mis en coupe réglée par la troïka européenne. Il est pourtant question de mettre toute la population européenne au même régime à l’aide du TSCG, le ‘‘traité d’austérité’’ européen. Ce texte a été signé le 2 mars 2012 par 25 pays de l’Union Européenne (tous sauf le Royaume-Uni et la République tchèque) et prévoit de ‘‘renforcer le pilier économique de l’Union économique et monétaire en adoptant un ensemble de règles destinées à favoriser la discipline budgétaire au moyen d’un pacte budgétaire, à renforcer la coordination de leurs politiques économiques et à améliorer la gouvernance de la zone euro.’’ En gros, il condamne l’Union Européenne à une austérité permanente.

    TSCG : une dictature des marchés de plus en plus ouverte

    L’article 3 du Traité interdit de dépasser un ‘‘déficit structurel’’ de 0,5% pour le budget d’un gouvernement (doublé dans le cas où la dette publique se situe sous les 60% du PIB). Respecter cette règle signifiera d’opérer des coupes encore plus profondes dans les dépenses publiques à un moment où les investissements de l’Etat dans l’économie sont plus que jamais nécessaires. De plus, cette notion de ‘‘déficit structurel’’ est absolument arbitraire. En 2006, le Fonds Monétaire International avait par exemple estimé le déficit structurel irlandais à 5,4% du PIB, tandis que la Commission Européenne l’avait estimé à 2,2%. Et c’est la Commission Européenne – le quartier général européen de l’offensive antisociale – qui décidera du chiffre à garder, de même que des moyens à mettre en œuvre pour rester dans le cadre de la discipline budgétaire !

    Il ne s’agit là que d’un exemple, tout le reste du texte est du même acabit, uniquement basé sur une vision à court terme de l’économie capitaliste et sur la recherche du profit maximal le plus rapidement possible. L’élite européenne est tellement idéologiquement liée au néolibéralisme qu’elle est incapable de voir l’impact dévastateur qu’aura ce traité, même en considérant les intérêts des capitalistes à plus long terme.

    Ce traité est aussi une attaque anti-démocratique de taille. L’Union Européenne est déjà une institution anti-démocratique, ce n’est même pas une ‘‘démocratie parlementaire’’. Le pouvoir y est concentré dans la Commission Européenne et le Conseil Européen. Fin 2011, 6 mesures ont été adoptées (le ‘‘six-pack’’) pour transférer d’importants pouvoirs de décision des gouvernements élus vers la Commission Européenne non-élue, tandis que la prise de décision a été modifiée au sein du Conseil Européen afin de rendre les sanctions punitives quasiment automatiques en cas de non-respect des dictats néolibéraux.

    Le texte du Traité prévoit de considérer le néolibéralisme comme une obligation et non plus comme un choix économique. L’article 5 prévoit ainsi de placer un pays directement sous administration des autorités européennes. Actuellement, plus de vingt pays sur les 27 que comprend l’Union Européenne sont exposés à cette tutelle !

    Quel type de résistance ?

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    Pourquoi l’austérité ?

    Comme expliqué ci-contre, l’austérité ne vise pas à ‘‘rééquilibrer les budgets des autorités’’. Dans le cadre de la crise de surproduction dans laquelle est plongée la totalité du système capitaliste (et pas uniquement l’Europe), il s’agit pour ‘‘nos’’ élites de restaurer par la manière forte le taux de profits des capitalistes, les détenteurs des moyens de production. A la manière dont Naomi Klein l’avait développé dans son livre ‘‘La stratégie du choc’’ (également disponible gratuitement sous forme film-documentaire sur internet), le choc de la crise a servi de prétexte pour accroitre l’offensive contre les acquis sociaux que le mouvement des travailleurs avait pu obtenir par le passé grâce à sa lutte.

    Il s’agit de l’accentuation de la politique néolibérale de transfert de richesses de la collectivité vers le privé, initiée en leur temps par Pinochet au Chili, Reagan aux Etats-Unis et Thatcher au Royaume-Uni. Cette politique économique était devenue nécessaire suite à la crise économique des années ‘70 et a pris son plein essor suite à l’effondrement du stalinisme au début des années ’90. Depuis lors, les privatisations d’entreprises publiques, les réductions de moyens pour les budgets sociaux et les diminutions de taxes pour les grosses entreprises se sont suivies au pas de charge. Mais cela n’a pas pu empêcher la crise d’éclater.

    Quel programme contre l’austérité ?

    • Non à l’austérité ! Pour la défense des services publics et des pensions ! C’est aux patrons de payer pour leur crise !
    • Pour des syndicats combatifs et démocratiques et des partis larges de travailleurs combatifs !
    • Dans chaque pays : pour un plan d’action combatif, démocratiquement discuté à la base, afin de construire le meilleur rapport de force contre l’offensive antisociale et d’élever la conscience des masses par la discussion et l’action collective !
    • Pour un plan d’action vers une grève générale de 24 heures à l’échelle européenne !
    • Non à la dictature des marchés ! À bas les agences internationales de notation de crédit et le FMI ! Stop au paiement des dettes de l’État aux capitalistes ! Arrachons la richesse des mains des spéculateurs super riches !
    • Nationalisation des secteurs-clés de l’économie (finance, énergie, sidérurgie…) sous le contrôle démocratique et la gestion des travailleurs !
    • Non au chômage de masse ! Pour la réduction du temps de travail sans perte de salaire et avec embauches compensatoires !
    • Pour des programmes massifs de travaux publics afin de créer des emplois socialement utiles et de répondre aux besoins de la population
    • Non à l’Europe des patrons et des marchés ! Pour une Europe socialiste démocratique !

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    Les pétitions, cartes blanches, déclarations,… n’ont pas manqué pour dénoncer ce traité. Les positions défendues dans ces critiques étaient souvent très bonnes, mais les moyens exposés pour vaincre le TSCG n’ont pas été à la hauteur de l’attaque. Le TSCG n’a été soumis au référendum qu’en Irlande, avec une offensive patronale et un chantage extraordinaire qui ont réussi à faire passer le ‘‘oui’’ de justesse. Dans les autres pays, ce sont les parlements nationaux qui étaient responsables de l’acceptation du texte ou de son rejet. En Belgique, cela signifie de passer devant le Parlement flamand et le Sénat (où le traité a déjà été approuvé), à la Chambre du Parlement fédéral, au Parlement wallon, au Parlement bruxellois, au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles et au Parlement germanophone. Hélas, l’opposition à l’austérité européenne s’est limitée à un lobbying à destination de parlementaires qui appliquent quotidiennement la casse sociale…

    Ainsi, la centrale des employés de la CSC (CNE), malgré des prises de positions combatives ces derniers temps (notamment concernant la nécessité d’organiser une grève générale contre la politique des autorités belges ou face à la nécessité de construire un nouveau relais politique large pour les travailleurs aux côtés de la FGTB Charleroi & Sud-Hainaut), a appelé ‘‘tous les parlementaires belges à un sursaut de courage pour défendre notre démocratie. Ratifier ce traité serait comme choisir, en pleine mer, la ceinture de plomb plutôt que la bouée.’’ De même, le CEPAG (Centre d’Education Populaire André Genot, une ASBL d’éducation permanente liée à la FGTB et dont l’actuel administrateur général est Thierry Bodson, le président de la FGTB wallonne) a lancé une pétition déclarant notamment : ‘‘Nous devons agir pour que nos représentants élus ouvrent les yeux, refusent d’obéir à l’Europe de l’austérité et rejettent la Traité budgétaire. Mettons la pression sur les parlementaires afin qu’ils ne signent pas un texte en totale contradiction avec les intérêts de la population !’’ Ce lobbying est insuffisant, on ne peut convaincre les politiciens capitalistes d’agir dans nos intérêts que par la force. En ce sens, la manifestation appelée par la FGTB wallonne devant le Parlement Wallon le 29 mai dernier était un premier pas – tardif – dans la bonne direction, qui ne doit pas rester un acte isolé, doit être amplifié et être considéré dans le cadre de la lutte plus large contre l’austérité et les licenciements. Qu’attendre encore pour un vrai plan d’action avec grève(s) générale(s) ?

    Pas mal de gens se demandent comment combattre cette Union Européenne antisociale qui parait être si lointaine. De nombreux politiciens traditionnels se servent d’ailleurs de ce sentiment d’impuissance pour justifier leurs attaques, sur le mode ‘‘c’est pas nous, c’est l’Europe’’. Cette question est loin d’être neuve. Karl Marx répondait déjà à son époque que ‘‘la lutte de classes est internationale dans son contenu mais nationale dans sa forme’’. Il n’en va pas différemment aujourd’hui. La majeure partie des problèmes auxquels sont confrontés les travailleurs oppose directement ces derniers à la classe dominante de leur pays. Hélas, partout en Europe, nous sommes forcés de constater que les sommets syndicaux manquent d’audace et évitent soigneusement toute stratégie d’affrontement direct avec l’Etat capitaliste et les diverses bourgeoisies nationales.

    L’exemple de la Grèce est à ce titre des plus édifiants. Ces dernières années, les grèves générales se sont succédées comme nulle part ailleurs en Europe, mais décidées et stoppées d’en haut, sans aucun plan d’action, bien plus destinées à laisser échapper la pression de la base qu’à sérieusement bloquer l’économie pour aller chercher les moyens là où ils se trouvent : dans les caisses des grandes entreprises et des banques. Dans chaque pays, le mouvement des travailleurs doit lutter pour récupérer ses instruments de lutte de masse, ce qui signifie de lutter résolument pour une démocratie syndicale (entre autres parce qu’une lutte déclenchée par la base est plus difficile à stopper par le sommet syndical), pour la fin du syndicalisme de négociation et de concertation et pour le retour d’un syndicalisme de lutte.

    Pour nous, cette timidité dans la contre-offensive provient directement de l’absence d’idée concernant l’alternative à défendre contre la société capitaliste. ‘‘Nos’’ dirigeants syndicaux ont été tellement impliqués dans le ‘‘moindre mal’’ et dans la concertation avec les institutions capitalistes qu’ils refusent de sérieusement considérer qu’une voie de sortie existe en dehors du capitalisme. Revenir à un syndicalisme de lutte signifie donc aussi de s’armer d’un programme anticrise anticapitaliste basé sur la collectivisation des moyens de production et leur contrôle et gestion démocratiques. C’est la seule manière d’obtenir un plan de relance basé sur les nécessités sociales et écologiques et non pas sur la recherche de profit. Réclamer tout simplement une ‘‘fiscalité plus juste’’ est largement insuffisant, en plus de nier la possibilité de l’évasion de capitaux qu’il faut résolument saisir et donc exproprier. Cela nécessite aussi de disposer d’un prolongement politique large pour porter les exigences des travailleurs sur l’arène politique tout en étant un parti de lutte, qui ne se cantonne pas à l’activité électorale. Les PS, Partis Travaillistes, Pasok et autres sont totalement passés dans l’autre camp depuis belle lurette.

    Pour une grève générale européenne

    De même que la lutte internationale ne doit pas servir de prétexte à laisser sa propre classe dirigeante nationale tranquille, une coordination des luttes par-delà les frontières – et particulièrement au niveau européen – est absolument cruciale. A ce niveau aussi, la faiblesse de la direction du mouvement des travailleurs est criante : la Confédération Européenne des Syndicats (CES) reçoit ainsi une partie de ses subsides de la Commission Européenne, et a toujours considéré son action dans le cadre de la construction loyale d’une Union Européenne capitaliste ‘‘sociale’’. On en voit le résultat.

    Le mot d’ordre d’une grève générale européenne est aujourd’hui d’une extrême importance, et la journée d’action européenne du 14 novembre dernier en a illustré le potentiel. Cette action coordonnée de plus grande ampleur que par le passé était un reflet de la pression grandissante de la base syndicale sur les divers syndicats européens et sur la CES elle-même. En Espagne et au Portugal, des grèves générales de 24 heures ont eu lieu (ce fut la plus massive et militante depuis 1974 au Portugal tandis qu’un million de personnes avaient manifesté à Barcelone et à Madrid). Des actions de grève avaient aussi eu lieu en Italie, en Grèce, à Malte, à Chypre et en Belgique. Comme nous le disions à l’époque : ‘‘Le génie des actions de grèves internationales est sorti de sa lampe.’’

    La combativité nécessaire à la victoire est bel et bien présente. Mais toute cette énergie ne peut être que dilapidée si elle n’est pas canalisée au travers d’un plan d’action combatif, avec un échéancier clair capable de peu à peu (re)mobiliser tous ceux qui veulent se battre mais se rendent bien compte que nombre de responsables syndicaux ne sont eux-mêmes pas convaincus qu’il est possible d’inverser la tendance antisociale actuelle. Laisser cette situation perdurer équivaut à ouvrir grand la voie à la droite la plus réactionnaire et à l’extrême-droite. Avec les conséquences que cela implique.

  • Appel à l'action contre la marche "pour la vie" du 24 mars 2013

    Ne laissez pas passer cette attaque contre les droits des femmes !

    Nous sommes inquiets. Depuis quelques années, le mouvement soi-disant ‘‘pro-vie’’ organise une Marche pour la Vie défendant l’abolition du droit à l’avortement. En plus de cette manifestation annuelle, des actions sont menées devant des centres pratiquant des avortements au nom du groupe “Sinterklaas”. Présents aux portes des centres, ses militants intimident et culpabilisent les femmes qui s’y rendent notamment à l’aide de photos de fœtus. Ils jettent même parfois de l’eau bénite sur les patientes ! Que les femmes soient attaquées de cette façon dans un moment où elles sont si vulnérable est inacceptable ! Hors de question de laisser passer ça !

    Ces dernières années, une réaction contre cette Marche pour la Vie a systématiquement été organisée. En mars 2012, un appel de la campagne Abortus Right a rassemblé plus de 2000 personnes pour défendre le droit à l’avortement. Il semble que, cette année, cette plateforme ne puisse pas réorganiser d’action. Nous pensons que laisser le champ libre à ces idées réactionnaires est dangereux et qu’il est nécessaire de construire une riposte.

    En Irlande, la mort de Savita Halappanavar nous a rappelé que l’interdiction de l’avortement tue. Cette jeune femme est décédée en octobre 2012 suite aux complications de sa grossesse. Sa vie aurait pu être sauvée si un avortement avait été pratiqué. Des actions de protestation ont eu lieu dans plusieurs pays, y compris en Belgique, pour dénoncer la politique du gouvernement irlandais. En Europe, l’Irlande n’est pas le seul pays où le droit à l’avortement n’est toujours pas reconnu (Chypre, Malte et Pologne).

    De plus, le droit à l’avortement est également fortement mis sous pression dans plusieurs autres pays. Ainsi, le gouvernement espagnol veut limiter le droit à l’avortement en obligeant les femmes à justifier leur choix. Les plans d’austérité successifs ont instauré une pression sur les financements. Les développements de la crise et les bouleversements sociaux qui en découlent vont laisser un espace aux forces réactionnaires. Nous ne pouvons l’accepter.

    Nous sommes inquiets parce que la crise frappe durement les couches les plus pauvres et les femmes y sont surreprésentées. Cette mauvaise situation financière pousse certaines à décider d’avorter alors qu’elles ne le feraient pas avec une meilleure situation financière. Le mouvement ‘‘pro-vie’’ joue hypocritement sur ce malaise social afin de faire passer ses idées réactionnaires.

    Nous revendiquons un véritable choix pour les femmes : le maintien du droit à l’avortement avec de préférence un allongement du délai légal d’avortement. Mais nous pensons également qu’il est crucial de lier la défense du droit à l’avortement aux revendications sociales : le droit à un revenu stable et suffisant pour vivre confortablement par l’augmentation des salaires, de toutes les allocations sociales et des allocations familiales (afin qu’elles recouvrent réellement les frais de l’éducation) ; le développement de services publics permettant aux femmes de combiner travail et famille, etc. Ce programme doit garantir qu’aucune femme ne recoure à l’avortement pour des raisons essentiellement financières.


    24 mars 2013 à 14h Mont des Arts, côté Place Albertine (Bruxelles)


    CONTACT : 0484/36.77.01 (Aïsha)

    Evénement Facebook


    Premiers signataires

    • Anja Deschoemacker, porte-parole Gauches Communes
    • Ann Van Cutsem, delegee ACOD Overheidsdiensten
    • Maud Willems, employée SETCa
    • Tina Degreef, militante LBC
    • Paul Murphy, MEP (European United Left/ Nordic Green Left (GUE/NGL) group) – Socialist Party Ireland
    • Michael Pidgeon, action Irish Ambassy
    • Aïsha Paulis, Parti Socialiste de Lutte, Linkse Socialistische Partij
    • Marita de Neubourg, Rood
    • Mathias Vander Hoogstraeten, Actief Linkse Studenten – Etudiants de Gauche Actifs
    • Reza Farnoud, militant de la gauche Iraniène
    • Christian Palmero, militant CNE
    • Kristof Bruyland, lid van nationaal bestuur ACOD onderwijs
    • Sylvianne Mans, militante SETCa
    • Levi Sollie, delegee ABVV
    • Catherine Bracke, artiste
    • Karim Brikci, CGSP Brugmann
    • Jeroen Demuynck, parliamentary assistant to Paul Murphy, MEP (European United Left/ Nordic Green Left (GUE/NGL) group )
    • Tanja Niemeier, staff member of the European United Left / Nordic Green Left (GUE/NGL) group in the European Parliament
    • Lagae Stefanie, militante Setca-sel
    • Liesje Ulburgh, delegee ACOD Onderwijs
    • Jo Coulier, hoofdafgevaarde ABVV VUB
    • Antoine Thioux, animateur Jeunes FGTB Charleroi
    • Luz Alvarez, employée CPAS Molenbeek
    • Pascale Maquestiau (Le Monde selon les femmes)
    • Katrien Van Hecke (voorzitter HVV Vrijzinnige Vrouwen Oost-Vlaanderen)
    • Kris Smet (voormalig VRT journaliste)
    • Marijke Van Hemeldonck (ex-europarlementslid sp.a)

    Organisations signatrices

    PSL-LSP ; EGA-ALS ; Comac ; MALFRAPS ; Etudiants FGTB Bruxelles ; Jeunesse Ouvrière Chrétienne, Commission femme FGTB Bruxelles ; CGSP Brugman ; Le Monde selon les femmes ; JAC ; CHEFF ; SIDA’SOS ; Zij-kant ; LCR-SAP ; 8 maart organisaties (Iran-Afghanistan) ; CFFB – Section de Liège ; Hollaback!-Bruxelles ; Gauches Communes

  • Vers une grève générale européenne de 24 heures !

    Le 14 novembre : journée de lutte historique contre l’austérité

    Le 14 novembre dernier, la Confédération Européenne des Syndicats (CES) avait appelé à une journée internationale d’action contre l’austérité. Nous avons pu avoir un petit aperçu de la force réellement monumentale qui est celle du mouvement des travailleurs. Des millions de travailleurs sont partis en grève ou ont manifesté le même jour, dans plus d’une vingtaine de pays. Comment aller de l’avant à présent ?

    Par Nicolas Croes

    Cette journée d’action fut – et de loin – la plus importante jamais organisée par la CES. Le 29 septembre 2010, elle avait organisé une journée d’action, mais il était essentiellement question d’une manifestation à Bruxelles, capitale de l’Union européenne. Plus de 100.000 personnes y avaient participé tandis que l’Espagne connaissait, seule, une grève générale de 24 heures. À l’époque déjà, le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) et ses sections (dont le PSL en Belgique) avait défendu la nécessité d’une grève générale européenne de 24 heures comme prochaine étape dans la construction d’un rapport de force international contre l’austérité.

    Le tract du CIO distribué en plusieurs langues dans le cortège de la manifestation dans les rues de Bruxelles expliquait notamment : « La Confédération Européenne des Syndicats a été obligée d’appeler à cette journée de lutte à cause de la pression exercée par la base syndicale en faveur d’actions solidaires à échelle internationale. Toutefois, certains dirigeants syndicaux verront en cette journée une autre possibilité de faire baisser “la pression” en organisant des actions symboliques inefficaces. (…) Les grèves et les manifestations (…) devraient être entreprises dans la perspective (…) de construire une grève générale de 24 heures dans toute l’Europe. Une telle grève ébranlerait les fondations du capitalisme européen et renforcerait infiniment la confiance et la détermination des travailleurs et des jeunes contre l’offensive d’austérité. »

    Nous avons saisi chaque occasion pour faire entendre ce mot d’ordre, notamment lorsque la Fédération européenne des sidérurgistes (FEM) avait appelé tous les travailleurs d’ArcelorMittal et de ses sous-traitants en Europe à faire grève le 7 décembre 2011, un « exemple à énergiquement utiliser pour défendre l’organisation d’une grève générale européenne de 24 heures », comme nous l’avions dit dans notre matériel politique diffusé à la manifestation du 6 décembre 2011 à Liège, en solidarité avec les métallos d’ArcelorMittal.

    Il a fallu attendre longtemps, jusqu’au 29 février 2012, pour avoir un nouvel appel de la CES, un appel dont l’ambition avait été particulièrement revue à la baisse puisqu’il ne s’agissait que d’organiser des “actions symboliques”. En Belgique, ce mot d’ordre timoré a d’ailleurs été instrumentalisé par nos directions syndicales dans le cadre de leurs efforts visant à faire honteusement atterrir le mouvement anti-austérité qui avait culminé avec la grève générale du 30 janvier 2012.

    La pression de la base se développe

    Cette décision d’organiser le 14 novembre une action coordonnée de plus grande ampleur reflète la pression grandissante issue de la base syndicale, pression qui s’est ouvertement exprimée le jour même. En Espagne et au Portugal, l’appel avait concrètement pris la forme de grèves générales de 24 heures. Au Portugal, cette grève générale fut la plus massive et militante depuis la Révolution des Œillets de 1974 qui avait fait tomber la dictature salazariste au pouvoir depuis 1933. En Espagne, les syndicats parlent d’une participation à hauteur de 77% des travailleurs, soit un pourcentage bien plus élevé que lors des précédentes grèves générales. À Barcelone et à Madrid, un million de personnes ont battu le pavé tandis que de nombreuses régions connaissaient les plus importantes manifestations de leur histoire.

    En Italie, la principale confédération syndicale du pays, la Confédération générale italienne du travail (Confederazione Generale Italiana del Lavoro, CGIL) avait appelé à une « grève générale de 4 heures ». Mais dans plusieurs secteurs, comme le commerce, les télécommunications, les écoles et la fonction publique, la grève a été étendue à 8 heures. La participation aux manifestations a de plus été réellement impressionnante. En Grèce, le secteur privé a stoppé le travail en solidarité durant 3 heures, mais le pays venait de sortir d’une grève générale de 48 heures une semaine auparavant. À Malte et à Chypre, des actions de grève ont également eu lieu. La prochaine étape du mouvement sera très probablement une grève générale commune au sud de l’Europe. Le génie des actions de grèves internationales est sorti de sa lampe.

    Il nous faut un plan d’action !

    Le caractère destructif et interminable de l’austérité n’est pas partout perçu de la même façon. Certains espèrent encore un “retour à la normale” ou pensent que la contagion du scénario grec restera cadenassée au sud de l’Europe. La pression de la base varie donc en intensité. Les dirigeants syndicaux n’ont de plus pas d’alternative à proposer à la classe sociale et sont souvent pieds et poings liés à la social-démocratie. Ils n’offrent pas de perspective qui gonfle suffisamment la confiance des travailleurs pour que ces derniers se lancent dans la lutte. Soit ils n’organisent rien (ce fut le cas le 14 novembre en Flandre), soit ils organisent des actions sans lendemain, dont on ne peut que suspecter qu’elles ont principalement pour but de faire baisser la pression (ce fut le cas en Wallonie et à Bruxelles le 14 novembre).

    Comme nous l’expliquions dans notre tract distribué en Belgique : « Cette situation diminue la pression qui peut venir de la base, un élément qui à son tour est utilisé comme excuse pour ne rien faire de la part de certaines directions syndicales. D’autres préfèrent la fuite en avant dans la radicalité, mais sans avoir préparé le terrain. Il ne nous faut ni passivité, ni aventurisme, mais un plan d’action bien élaboré qui offre une perspective de victoire. »

    L’autorité du capitalisme n’a jamais été aussi minée depuis les années ‘30. Mais la faiblesse des capitalistes ne conduit pas automatiquement à la victoire du mouvement des travailleurs. Cette tâche exige de sérieusement organiser l’offensive, avec des assemblées générales d’information sur les lieux de travail, dans les écoles, les universités et les quartiers pour discuter d’un plan d’action comprenant de bons piquets de grève aux entreprises, dans les zonings industriels et les centres-villes, des manifestations (ce qui permet d’impliquer ceux qui ne sont pas intégrés dans les délégations syndicales comme les chômeurs, les jeunes, les retraités, les travailleurs précaires…), des occupations d’entreprises…

    Cela nécessite également de construire des relais politiques pour les luttes sociales, avec de nouveaux partis pour et par les travailleurs, larges et démocratiques, qui considèrent que l’essentiel de leur activité est dans la rue auprès de la base syndicale et non dans les Parlements. Les élections et l’activité parlementaires ne doivent être que des moyens au service de la lutte des masses contre l’austérité et, in fine, pour un projet de société basé sur l’épanouissement des possibilités de chacun et la satisfaction des besoins de tous. C’est ce que nous appelons le socialisme démocratique.

    • Non à l’austérité! Pour la défense des services publics et des pensions! C’est aux patrons de payer pour leur crise!
    • Pour des syndicats combatifs et démocratiques et des partis larges de travailleurs combatifs!
    • Dans chaque pays : pour un plan d’action combatif, démocratiquement discuté à la base, afin de construire le meilleur rapport de force contre l’offensive antisociale et d’élever la conscience des masses par la discussion et l’action collective !
    • Pour un plan d’action vers une grève générale de 24 heures à l’échelle européenne!
    • Non à la dictature des marchés ! À bas les agences internationales de notations de crédit et le FMI ! Stop au paiement des dettes de l’État aux capitalistes! Arrachons la richesse des mains des spéculateurs super riches!
    • Nationalisation des secteurs clés de l’économie (finance, énergie, sidérurgie…) sous le contrôle démocratique et la gestion des travailleurs!
    • Non au chômage de masse ! Pour la réduction du temps de travail sans perte de salaire et avec embauches compensatoires !
    • Pour des programmes massifs de travaux publics afin de créer des emplois socialement utiles et de répondre aux besoins de la population!
    • Non à l’Europe des patrons et des marchés! Pour une Europe socialiste démocratique!
  • Morte à cause de l’interdiction de l’avortement: plus jamais!

    La mort de Savita Halappanavar a une nouvelle fois illustré que le discours “pro-vie” menace la vie des femmes, très certainement quand leurs positions deviennent des lois. Savita est morte suite au refus des partis traditionnels irlandais de traduire une exception constitutionnelle (autoriser l’avortement si la vie de la mère est en danger) en loi. Le PSL/LSP soutient la revendication des protestations irlandaises qui exige que le gouvernement fasse ce pas immédiatement, en tant que première étape vers le droit plein et entier à l’avortement.

    Tract du PSL


    Ce tract a été produit à destination de l’action de protestation de ce mercredi 21 novembre, face à l’ambassade d’Irlande (Chaussée d’Etterbeek 180, 1040 Bruxelles)


    Laisser les femmes décider de leur corps, c’est sauver des vies !

    Changer la loi ne suffira cependant pas à éviter de nouvelles douleurs ni de nouveaux morts. Depuis les années ’80, on estime que 150.000 irlandaises se sont rendues en Grande-Bretagne pour avorter. Au vu du coût que cela implique (le transport et l’absence de remboursement des soins), cette solution n’en a jamais été une. Cette situation est encore aggravée actuellement avec l’effondrement du niveau de vie de la population irlandaise, conséquence de la crise économique. Ainsi la vente de pilules abortives en ligne a fortement augmenté.

    L’interdiction de l’avortement n’entraîne pas une diminution du nombre d’avortements. Cela conduit à des avortements dangereux avec des complications allant de l’infertilité à la mort. Chaque année 19 millions de femmes risquent leur vie lors d’un avortement non médicalisé. Une étude de l’Organisation Mondiale de la Santé a dévoilé qu’en 2008, 49% des avortements à travers le monde étaient des avortements dangereux, où la femme perdait la vie dans un cas sur huit.

    Pour imposer un changement en Irlande – ou encore en Pologne, à Malte et dans tous les pays où l’avortement est interdit – un mouvement de lutte contre l’austérité et les idées réactionnaires est nécessaire. Il est possible de construire un large soutien pour le droit à l’avortement y compris parmi les croyants. Cela a été illustré par le fait qu’en Belgique, le mouvement des femmes du Mouvement Ouvrier Chrétien soutient le droit à l’avortement après avoir analysé les 20 ans de l’existence de la loi. Il est même ouvert à discuter de l’élargissement du délai légal d’avortement.

    En Belgique aussi, l’action reste nécessaire!

    Sans défense, les acquis ne sont pas éternels. Dans divers pays, il existe une pression sur le droit à l’avortement. Les politiques d’austérité ont miné son financement et, dans certains Etats des USA, l’arrivée au pouvoir de gouverneurs populistes de droite a entraîné des restrictions légales. Avec l’approfondissement de la crise et le désarroi social qui en résulte, les forces réactionnaires vont instrumentaliser ce thème. Nous ne devons leur laisser aucun espace.

    Une fois par an, en Belgique, le “mouvement pro-vie” rassemble ses troupes avec une ‘‘Marche pour la Vie’’ lors de l’anniversaire du vote de la loi autorisant l’avortement dans notre pays. Depuis plusieurs années, des centres d’avortement sont confrontés à la tenue de piquets réguliers du mouvement ‘‘pro-vie’’ à leurs portes. Ces militants intimident et culpabilisent les femmes à un moment où elles sont vulnérables. Un espace leur est laissé puisqu’il n’y a aucun débat social sur ce thème et en raison du fait que les cours d’éducation sexuelle ont été réduits à presque rien suite au sous-financement de l’enseignement. De là provient également le recul de l’utilisation de moyens de contraception pour se protéger d’une grossesse non-voulue ou des maladies sexuellement transmissibles.

    Leur discours peut aussi trouver une certaine écoute chez ceux qui, sans être ultraconservateurs, sont sensibles au manque criant de politique sociale destinée à aider les familles à ne pas connaître une dégradation de leurs conditions de vie en ayant un enfant. Ils dénoncent ainsi très correctement le manque de soutien pour les parents dont les enfants naissent avec un handicap. Mais leur solution est d’obliger les mères a en porter seule la charge en défendant l’idée d’un salaire pour les femmes au foyer. Le PSL-LSP revendique plutôt un élargissement de différents types de services qui permettent aux femmes de combiner famille, travail et loisirs : accès aux soins, accueil des enfants, emplois convenables… Pour beaucoup de femmes, le choix de l’avortement est entaché de nombreuses préoccupations. Les difficultés financières, le manque d’institutions de soins, le manque de crèches, les prix élevés du logement ne sont que quelques éléments qui rendent difficile de faire un choix véritablement libre.

    Le PSL/LSP se bat pour un vrai choix:

    • Pour le droit à l’avortement, dans des centres publics accessibles
    • Pour la prévention par la gratuité des moyens de contraception et une éducation sexuelle de bonne qualité à l’école
    • Pour des emplois à temps plein avec de bons salaires pour tous ; des services publics de qualité qui aident les femmes à combiner emploi et famille; des allocations familiales qui couvrent les coûts réels, afin d’éviter que l’avortement ne soit une décision purement financière.

    Participez à la campagne pro-choix ! Prenez contact avec la commission femme du PSL/LSP et aidez-nous à mobiliser pour l’action contre la manifestation du mouvement pro-vie du 24 mars !

  • Irlande : Elle est morte à cause de l’interdiction de l’avortement : plus jamais ça !

    Veille à la mémoire de Savita et protestation contre l’interdiction de l’avortement en Irlande

    Après le décès tragique de Savita Halappanavar, des actions de protestation ont eu lieu partout en Irlande. En Belgique aussi, il existe un appel (Never Again – Brussels vigil for Savita and protest at Irish abortion law) pour une veille à sa mémoire et pour une action de protestation, ce mercredi 21 novembre, face à l’ambassade d’Irlande (Chaussée d’Etterbeek 180, 1040 Bruxelles). Le PSL/LSP soutient cette action et appelle à y participer.

    Par Anja Deschoemacker

    La mort de Savita Halappanavar illustre à nouveau à quel point le mouvement “pro-vie” est bien mal nommé. Cette femme de 31 ans est arrivée à l’hôpital avec un mal de dos. Les médecins ont constaté qu’elle allait faire une fausse couche mais, malgré l’aggravation rapide de son état, l’avortement lui a été refusé puisque le cœur du fœtus battait encore. Savita est décédée d’une septicémie.

    Des portes-paroles du mouvement ”pro-vie” essayent de se débarrasser de cette histoire en disant que toutes les données ne sont pas encore connues et qu’il peut y avoir d’autres causes à son décès. Il n’existe que de doute – voire aucun – sur le fait que cette femme serait encore en vie aujourd’hui si le fœtus lui avait été enlevé à temps. Mais le gouvernement irlandais attend les rapports et les enquêtes avant de faire quoi que ce soit pour changer la loi. ”Pour sauver un fœtus de quatre mois, ils ont laissé mourir ma fille de 30 ans. Vous pouvez m’expliquer le bons sens là-dedans ?” a déclaré la mère de Savita. ”Combien de cas semblables doivent encore suivre ?” (De Standaard, 15/11/2012)

    En Irlande l’avortement est interdit par la constitution, sauf exceptionnellement, si la vie de la mère enceinte est en danger. Cette exception a été obtenue en 1992 sous la pression d’un mouvement de protestation. Mais les divers gouvernements ont refusé de transformer cette exception en loi avec pour résultat le fait que la clarté manque toujours concernant ce qui est possible et permis. Cela laisse beaucoup d’espace aux docteurs et aux directions des hôpitaux (souvent catholiques), qui décident comme ils l’entendent. Une proposition de loi émise par notre parti-frère en Irlande, le Socialist Party, a été rejetée par le gouvernement des travaillistes et du Fianna Gail.

    Un jugement de la Cour Européenne des Droits de l’Homme a statué que l’Etat irlandais n’appliquait pas la législation existante concernant l’avortement en cas de mise en danger de la vie de la mère. En janvier, le gouvernement irlandais a mis sur pied un groupe d’experts afin de parvenir à des recommandations sur base de ce jugement. Pour Savita, c’est de toute façon trop tard.

    L’Irlande n’est pas le seul pays à être dans ce cas en Europe. Il y a aussi la Pologne et Malte. La vie des femmes y est mise en danger par une législation basée sur des opinions religieuses – et sur une vision très limitée de la place de la femme dans la société – et pas sur les intérêts de la majorité de la population. Afin d’éviter que plus de femmes ne connaissent le sort de Savita, il est urgent que les choses changent.

    Une adaptation minimale de la loi ne suffira pas à éviter le mal et des morts inutiles. Les irlandaises doivent toujours se rendre à l’étranger pour se faire avorter, ce qui est impossible pour de nombreuses femmes en raison d’un manque de moyens. La vente de pilules abortives sur internet est un phénomène qui n’a que pris de l’ampleur depuis le début de cette crise économique qui frappe durement l’Irlande. Il est évident que ce genre d’avortement sans sécurité et sans accompagnement signifie un énorme risque de complications et que cela met en danger la vie des femmes qui veulent avorter.

    Le PSL/LSP se bat pour le droit des femmes de décider librement si et quand elles veulent avoir des enfants:

    • Pour le droit à l’avortement, dans des centres publics et accessibles
    • Pour la prévention, par la gratuité des moyens contraceptifs et par une éducation sexuelle de qualité enseignée à l’école
    • Pour des emplois à temps plein avec de bons salaires pour tous ; pour des services publics de qualité qui aident les femmes à combiner leur travail et les enfants ; pour des allocations familiales qui couvrent les coûts réels de la vie, tout cela afin d’éviter que des femmes n’avortent uniquement pour des raisons financières
  • 14 novembre : Premier pas vers une grève générale à l’échelle européenne !

    • Vers une grève générale à l’échelle européenne !
    • A bas les gouvernements de la troïka !
    • A bas l’Europe des marchés !
    • Pour une Europe socialiste démocratique, pour et par les travailleurs !

    Aujourd’hui se déroule la journée d’action européenne la plus importante que la Confédération Européenne des Syndicats (CES) ait jamais organisée. Son caractère est qualitativement différent des fois précédentes. Ce n’est que demain que nous pourrons savoir quelle aura été l’échelle exacte des diverses actions, mais il est clair qu’il s’agit d’un pas important en direction d’une grève générale à l’échelle européenne ! Enfin, nous avons la perspective d’une résistance unifiée du mouvement des travailleurs contre l’offensive de l’establishment européen. Voilà l’essence des actions d’aujourd’hui.

    Tract du PSL

    Tract en version PDF

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    Le message qui sera diffusé dans la presse sera bien différent ! Cette journée d’action sera qualifiée ‘‘d’inutile’’ et ‘‘d’irresponsable’’. Patrons, politiciens, journalistes et académiciens crierons que nous mettons l’économie en danger, que nous scions la branche sur laquelle nous sommes assis, que nous prenons en otage la collectivité. Ils nous dirons qu’il faut devenir plus compétitifs pour sauvegarder notre industrie et nos emplois. Que, pour échapper à l’emprise des marchés, il faut réduire nos dettes publiques et nos dépenses. Que, pour être capables de faire face au vieillissement, il faudra travailler plus longtemps et cotiser plus. Que nous avons besoin d’un choc de compétitivité, d’un plan d’austérité structurel.

    On nous prescrit donc des remèdes identiques à ceux de la troïka (UE, FMI, BCE), responsables du ravage social dont est victime l’Europe du Sud. Ces remèdes n’ont pas entraîné plus de compétitivité, plus d’emplois, moins de déficits budgétaires ou moins de dette publique. Que du contraire ! Ces économies ont conduit droit à une récession plus profonde encore. Pourquoi ces remèdes foireux fonctionneraient-ils ici ? Tout choc de compétitivité en Belgique aura pour réponse une salve de mesures comparables dans nos pays voisins. Notre compétitivité ne s’améliorera donc pas, nous serons tout simplement entraînés dans une spirale négative de casse sociale où les travailleurs d’un pays seront montés contre ceux des autres pays. Seuls les détenteurs de capitaux, les PDG et les membres de conseils d’administration ont à y gagner.

    Il nous faut un plan d’action et une perspective de victoire !

    En Espagne, au Portugal et dans d’autres pays de l’Europe du sud, on sait à quoi conduit la concurrence débridée. La décision de la CES d’organiser aujourd’hui une action coordonnée reflète la pression grandissante issue d’en bas. En Espagne et au Portugal, le travail sera stoppé 24 heures durant. En Grèce, où il y a déjà eu 48 heures de grève la semaine dernière, le secteur privé stoppera le travail en solidarité durant 3 heures, et durant 4 heures en Italie. A Malte et à Chypre, des actions de grève sont également planifiées. L’action d’aujourd’hui est probablement le précurseur d’une grève générale du sud de l’Europe. Le génie des actions de grève internationales peut sortir de sa lampe.

    Le caractère destructif et interminable de la politique d’austérité n’est pas compris partout de la même manière. Faute de perspective, certains en sont encore à simplement espérer un ‘‘retour à la normale’’. Par conséquent, la pression de la base n’est pas partout aussi forte. De plus, les dirigeants syndicaux n’ont en général pas d’alternative à opposer à la casse sociale. Ils sont souvent pieds et poings liés aux politiciens de la social-démocratie et d’ailleurs, et sont ainsi politiquement désarmés. Ils n’offrent pas de perspective qui gonfle suffisamment la confiance des travailleurs pour que ces derniers se lancent dans la lutte. Cette situation diminue la pression qui peut venir de la base, élément qui à son tour est utilisé comme excuse pour ne rien faire de la part de certaines directions syndicales. D’autres préfèrent la fuite en avant dans la radicalité, mais sans avoir préparé le terrain. Il ne nous faut ni passivité, ni aventurisme, mais un plan d’action bien élaboré qui offre une perspective de victoire.

    Malgré la diversité, la tendance est partout à la résistance croissante

    Les différentes formes d’actions – grèves générales et partielles, manifestations de masse, meetings, etc. – reflètent les différences de rythme dans la lutte des classes des différents pays, régions et secteurs. En Belgique cela s’exprime par des appels différents entre la Flandre et la Wallonie, entre la distribution, le métal et les services publics, entre la SNCB et l’enseignement. L’absence d’un mot d’ordre clair en front commun syndical sera énormément mise en lumière dans la presse, tout comme la moindre divergence entre communautés et secteurs. Concernant les patrons et les politiciens, les divergences s’appellent ‘‘diversité’. Concernant les travailleurs et leurs organisations, c’est soudainement présenté comme de la ‘‘division’’. Pour nous, ce qu’il faut accentuer, c’est que le rythme peut bien être différent mais que, partout dans le pays et dans tous les secteurs, la tendance est identique : la résistance va croissante, de même que la recherche d’une alternative.

    L’internationalisme : un levier pour l’action, pas une excuse pour la passivité.

    Dimanche dernier, lors de la manifestation de solidarité avec les travailleurs de Ford, des manifestants ont exprimé une grande sympathie pour la revendication défendue par le PSL de la nationalisation du site. Depuis que cette revendication a été mise en avant par les syndicats l’an dernier dans le cas d’ArcelorMittal, elle fait de plus en plus surface. De suite, on entendait toutefois de ces mêmes manifestants que cela ne serait possible qu’au niveau européen. Nous comprenons bien cette attitude, mais ne sommes que partiellement d’accord. La journée des 8 heures de même que d’autres acquis historiques n’ont pas été décrétés d’en haut sur le plan international, mais ont d’abord été arrachés sur le plan national avant d’être introduits ailleurs. La nationalisation de Ford ou de n’importe quelle autre entreprise devra aussi être appliquée sur le plan national avant de s’attaquer à toute l’Europe. Mais il est également vrai que tout ce que nous arrachons ne pourra être consolidé que lorsque nous prendrons toute cette Union Européenne à la gorge. Aujourd’hui, ce n’est qu’un début dans cette direction. Un plan international d’action coordonné est extrêmement important. Mais cela ne doit pas être instrumentalisé pour freiner la lutte. Les actions doivent être liées à la lutte contre nos propres gouvernements et patrons, dans chaque pays. En Espagne, au Portugal et en Grèce, la nécessité d’actions coordonnées dans toute l’Europe ne doit pas être utilisée pour stopper toute action après le 14 novembre. Un plan d’action allant crescendo avec des grèves de 48 heures peut pousser les gouvernements affaiblis de la troïka et les grandes entreprises dans la défensive. Le 14 novembre doit être le début d’une lutte unifiant la résistance sur le plan européen, non un point final.

    A bas l’Union européenne capitaliste ! Pour une Europe des travailleurs !

    La lutte des classes européenne entre dans une nouvelle et orageuse période de mouvements explosifs des travailleurs et des jeunes. Au Portugal déjà, une attaque contre les salaires a dû être retirée. Pour obtenir des victoires durables et afin de briser le cycle de désespoir et d’appauvrissement, il faut armer le mouvement d’une alternative où les richesses de la collectivité seraient investies dans l’emploi et l’amélioration de la qualité de vie au lieu de payer les dettes des spéculateurs et des banquiers.

    Le PSL veut populariser la revendication de la nationalisation sous contrôle démocratique des banques et des secteurs clés de l’économie. Cela n’est possible que sous un gouvernement des travailleurs. Au fur-et-à-mesure que la lutte des travailleurs européens se coordonnera au-delà des frontières se clarifiera le potentiel d’une alternative des travailleurs contre l’Union Européenne capitaliste des marchés. Ce qu’il nous faut aujourd’hui, c’est un mouvement international qui défende comme alternative une confédération européenne volontaire socialiste et démocratique.

  • Liège : Appel à soutenir la journée de mobilisation contre l'austérité du 14 novembre

    Un appel a été lancé vers le monde politique, associatif et culturel de Liège afin de publiquement soutenir les mobilisations syndicales du mercredi 14 novembre, et cela afin de démontrer que les préoccupations avancées par les organisations syndicales sont largement partagés et d’éviter que les médias ne tentent de minimiser les choses comme cela arrive trop souvent…

    Nous soutenons la grève générale du 14 novembre. Rejoignez-nous !

    Cinq pays européens – Grèce, Espagne, Portugal, Chypre et Malte – ont appelé à une grève générale européenne le 14 novembre. C’est la première fois que cela se produit et les peuples des pays du « nord » de l’Europe doivent répondre à l’appel, contre les plans d’austérité imposés sur l’ensemble du continent.

    En Belgique, au-delà du soutien apporté par les deux principaux syndicats du pays, la FGTB et la CSC, à la journée d’action et de mobilisation convoquée par la Confédération Européenne des Syndicats (CES), plusieurs régionales et centrales de la FGTB ont décidé d’aller plus loin en appelant également à la grève générale : la FGTB Liège-Huy-Waremme, la FGTB Centre, les Jeunes FGTB, la CGSP wallonne, les Métallos Wallonie-Bruxelles, la CGSP ACOD Cheminots, la CGSP ALR Bruxelles. La CNE quant à elle appelle à faire des assemblées générales dans les entreprises et à des actions dans toutes les grandes villes l’après-midi.…

    Liège – comme d’autres villes – sera donc mobilisée ce mercredi 14 novembre 2012.

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    • Parce que, au nom du remboursement d’une dette qui n’est pas la leur, les plans d’austérité en cours sont en train de plonger les populations d’Europe dans la précarité et l’exclusion sociale. Cette politique de rigueur est absurde économiquement et socialement suicidaire. Plus on l’applique, plus la situation s’aggrave. La Grèce, le Portugal, l’Espagne nous le confirment tous les jours. Acceptons-nous que la Belgique suive cette voie ?
    • Parce que les populations en Europe ne sont pas opposées les unes aux autres : ceux qui exploitent les Grecs et les Espagnols sont les mêmes qui exploitent les Belges ou les Allemands. Il est donc fondamental d’être solidaires entre tou-te-s les travailleur-euse-s, avec ou sans emploi, et citoyen-ne-s en lutte dans l’Europe ou ailleurs.
    • Parce que des alternatives sérieuses et efficaces existent pour construire une Europe solidaire, socialement juste et réellement démocratique.
    • Parce que, et contrairement aux articles sur les "prises d’otages" et la soi-disant inutilité des grèves dont les médias ne manqueront pas de nous inonder, nous savons qu’aucun des droits sociaux qui sont en train d’être attaqués de toute part (sécurité sociale, retraites, santé, chômage, services publics) n’a été donné généreusement mais conquis par la lutte en général, et la grève en particulier.

    Nous, mouvements associatifs, partis politiques, citoyennes et citoyens indignés, affirmons notre solidarité et notre détermination dans le refus de l’austérité. Nous affirmons qu’une autre voie est possible. Il est temps d’établir un plan d’action pour développer la lutte contre l’austérité et d’élaborer une stratégie pour sortir de ce système qui impose à la majorité de payer pour une minorité de très riches.

    Nous appelons toute la population de la région liégeoise à diffuser cette information et à se mobiliser en participant à la grève et en rejoignant le rassemblement prévu à 10h30 sur la place Saint-Paul. Le 14 novembre, arrêtons de travailler et de consommer. Dès aujourd’hui, diffusons, facebookons, interpellons nos voisins, nos collègues, fabriquons des pancartes, agissons ensemble… Montrons que nous sommes nombreux-ses, que nous avons des choses à dire et que nous ne nous laisserons pas manipuler !

    Se résigner nuit gravement à notre santé et à celles de nos enfants. Indignons-nous et agissons!

    Premiers signataires :

    • Alter’ Actifs
    • Appel pour une école démocratique (Aped)
    • ASBL Léonard Da Vinci
    • ATTAC
    • Aquilone
    • Barricade
    • Beau Mur
    • Casa Nicaragua
    • Centre Poly-Culturel de Résistance (CPCR)
    • Collectif de Résistances aux Centres pour Etrangers (CRACPE)
    • Collectif Manifestement
    • Collectif Mensuel
    • Collectif Le Ressort
    • COMAC
    • Comité de l’Annulation de la Dette du Tiers-Monde (CADTM) Belgique et Liège
    • Coopérative politique VEGA (Vert et de Gauche)
    • Ecolo Liège
    • Ecolo J Liège
    • Espace Marx Liège
    • Etudiants de Gauche Actifs (EGA)
    • Fédération Liégeoise du Parti Communiste
    • Forum bruxellois de lutte contre la pauvreté (FBLP)
    • Fewla
    • Financité Ardente
    • Flammes de L’espoir (FdE)
    • Front Commun SDF
    • Ginger (mouvement citoyen volontaire, féministe et liégeois)
    • JOC de Liège
    • La Braise Liège
    • La Cinquième Couche, édition
    • La Zone
    • Le Monde des Possibles ASBL
    • Les amis du monde diplomatique de Liège (AMD)
    • LîDjibouti
    • Ligue Communiste Révolutionnaire (LCR)
    • Maison médicale La Passerelle
    • Mediadoc
    • Mouvement de Gauche
    • Mouvement politique des objecteurs de croissance, groupe de Liège (mpOC – groupe de Liège)
    • Ni putes Ni soumises
    • Nerfs d’Acier
    • New Vision
    • Parti de Gauche Bénélux
    • Partito delle rifondazione comunista – federazione comunista del belgio
    • Parti Socialiste de Lutte (PSL)
    • Peuple et Culture Wallonie/Bruxelles
    • Piments Rouges-collectif anticapitaliste
    • Parti du Travail de Belgique (PTB)
    • Riposte-CTE
    • Radio Bistrot
    • Ré-solution
    • Studios du Horla asbl
    • Syndicat des locataires
    • Université populaire de la province de Liège

    Pour signer l’appel : emilie@cadtm.org

  • Journée d’action internationale le 14 novembre : un tournant potentiel

    Pour une grève générale dans toute l’Europe du Sud le 14 novembre !

    • Vers une grève générale dans toute l’Europe!
    • A bas les gouvernements de la Troïka!
    • A bas l’Europe des marchés!
    • Pour une Europe démocratique et socialiste des travailleurs!

    Le 17 octobre dernier, les ”dirigeants” européens se sont rassemblés pour préparer un sommet des chefs d’Etat à Bruxelles. Il s’agissait de l’énième réunion de crise depuis que la crise économique capitaliste et les bouleversements politiques et sociaux qui en découlent ont commencé à ébranler les fondations du ”projet d’unité européenne” des patrons.

    Déclaration du Comité pour une Internationale Ouvrière

    Il est donc peu surprenant que ce sommet, comme ceux qui l’ont précédé, se soit terminé sans la moindre indication des étapes nécessaires pour stabiliser les crises économique et de la dette explosives du continent. Sous la direction de la Troïka (FMI, BCE et UE), des marchés et des dirigeants politiques capitalistes, l’Europe continue à marcher vers un profond désastre social, une accélération de la récession économique et une politique de la terre brûlée d’attaques contre les conditions de vie et les moyens d’existence des travailleurs, des jeunes, des chômeurs et des retraités de tout le continent. Rien que ces trois dernières semaines, les gouvernements de Grèce, du Portugal et d’Espagne ont introduit de nouveaux plans d’austérité, les derniers en date d’une série d’offensives sans fin.

    Cependant, le même jour dans la même ville, un sommet de la Confédération Européenne des Syndicats a pris une décision importante : une journée européenne d’action des travailleurs contre l’austérité. Cela pourrait potentiellement représenter un tournant dans la lutte des travailleurs.

    Le 14 novembre a été déclaré journée d’action européenne, avec au moins des grèves générales coordonnées confirmées au Portugal et en Espagne, une demi-journée de grève générale appelée par le plus grand syndicat italien, la CGIL, accompagnées par des manifestations de masse dans les autres capitales Européennes. Ce sera une journée de lutte internationale d’un plus haut niveau que ce que l’on a pu voir auparavant, et la première tentative d’une grève générale coordonnée depuis le début de la crise.

    Le Comité pour une Internationale Ouvrière se réjouit de cette décision et va lutter pour s’assurer que le 14 novembre soit un succès qui jette les bases d’autres actions généralisées. Une journée de grève et de manifestations réussie peut envoyer un message d’unité, montrer la colère des travailleurs de toute l’Union Européenne et aider à surmonter le sentiment d’isolement qui existe parmi certaines couches des travailleurs et des jeunes dans des pays comme la Grèce.

    Depuis le début de la crise actuelle, le CIO a souligné le besoin d’une coordination de la riposte dans toute l’Europe – y compris dans cette déclaration publiée juste avant la déclaration finale par la CES – et a pris des initiatives concrètes pour populariser et promouvoir l’action internationale, au-delà des manifestations Européennes symboliques appelées par la CES jusqu’à maintenant. La décision concrète de la direction de la CES de coordonner l’action du 14 novembre, qui découle logiquement du caractère continental des attaques contre les travailleurs et de la montée de la riposte, est aussi le résultat de l’augmentation de la pression de la base dans le mouvement ouvrier, en particulier en Espagne et au Portugal et dans les autres pays du Sud de l’Europe. Même si cette décision vient sur le tard et résulte d’une pression massive pour que l’action soit construite, le 14 novembre représente un développement essentiel et libère de sa bouteille le génie de la grève générale internationale. Cela pourrait poser les bases d’une lutte internationale d’un niveau encore plus haut dans la période à venir.

    Cependant, l’ampleur de cette action largement acceptée par les dirigeants du mouvement syndical Européen n’a pas encore été clarifiée. Dans beaucoup de pays, les directions syndicales hésitent et reportent l’appel à l’action.

    En Espagne et au Portugal, ils ont été obligés d’appeler à une grève générale. En Italie, le COBAS a appelé à une grève alors que le CGIL n’a pas encore décidé. En dehors de la péninsule Ibérique, il y a clairement la base pour augmenter le nombre de pays dans lesquels une grève générale pourrait et devrait avoir lieu, si les directions syndicales appelaient à la grève. En Grèce, cinq grèves générales ont déjà eu lieu cette année, et la coalition gouvernementale pourrie vient juste de donner son accord à une série de mesures brutales pour plus de destruction des vies de la population, notamment la semaine de travail de 6 jours. L’inclusion du 14 novembre en tant que date-clé dans la lutte en cours du mouvement ouvrier grec pour en finir avec le gouvernement de la Troïka et pour un gouvernement ouvrier est possible et représenterait une unité dans la lutte des combattants de la classe ouvrière grecque avec ceux qu’ils ont inspirés en Espagne et au Portugal.

    Les conditions existent pour que le 14 novembre inclue une grève générale dans tout le Sud de l’Europe. En Espagne et au Portugal, l’appel à la grève existe déjà. En Grèce, en Italie, à Chypre et à Malte, la question se discute. En Belgique, des couches importantes du mouvement syndical se sont déclarées pour une grève générale le 14 novembre. Dans toute l’UE, il y a de la colère et l’exigence de l’action. Même dans certains pays où il n’y a pas encore eu d’appel, la situation est mûre pour un appel à une grève générale.

    Nous insistons sur l’urgence d’organiser des manifestations de solidarité les pays où il n’y aura pas d’appel officiel à la grève générale. Suite à une journée d’action internationale, incluant une large grève dans le Sud de l’Europe le 14 novembre, un plan d’intensification et d’élargissement de l’action internationale pourrait être mis en place.

    Le cauchemar de la crise

    L’aggravation du cauchemar de la crise dans toute l’Europe et la détermination de la classe ouvrière et des jeunes à résister créent les conditions pour un tel processus. Le 20 octobre, 150.000 personnes ont manifesté à Londres contre l’austérité ; il y a eu une pression énorme sur les dirigeants du Trade Union Congres pour appeler à une grève générale de 24 heures et trois des principaux secrétaires généraux se sont déclarés en faveur de cette grève. Les dirigeants du TUC ont été forcés de discuter d’une telle possibilité en grande partie grâce à la lutte pour une grève générale de 24 heures par les syndicalistes organisés dans le National Shop Stewards Network (NSSN). En Grande Bretagne comme dans d’autres pays, la législation antisyndicale rend l’organisation d’une grève générale très compliquée mais cela ne peut pas être utilisé comme excuse pour l’inaction des dirigeants syndicaux.

    En Irlande, des dizaines de milliers de personnes continuent à refuser de payer la ”household tax” de la Troïka. En France, le tournant du gouvernement Hollande vers l’austérité quelques mois après son élection prépare le terrain pour une nouvelle période de confrontations de classe. Ainsi nous voyons qu’il y a la base pour les socialistes et les militants ouvriers et jeunes d’avoir en vue une grève générale de toute l’Europe, même si ce n’est pas réalisable dans l’immédiat. L’action du ”14N” pourrait être un tremplin important pour une campagne en faveur d’une telle grève. Mais appeler simplement à la grève n’est pas suffisant. Une telle campagne doit être reprise dans les lieux de travail et dans tout le mouvement ouvrier, être expliquée et popularisée, en créant la confiance et en développant une stratégie pour dépasser les lois antisyndicales qui sont utilisées comme obstacles à la grève générale dans des pays comme Grande Bretagne et l’Allemagne.

    Malgré l’importance d’un plan international d’action coordonnée, il est important que cette question ne soit pas utilisée pour freiner la lutte de classe dans un pays donné. L’action internationale coordonnée découle organiquement du calendrier de la lutte des classes de chaque pays, et commence avec la lutte contre les gouvernements et patrons nationaux. En Espagne, au Portugal et en Grèce par exemple, nous ne devons pas laisser le besoin de coordination à un niveau continental permettre aux bureaucraties bureaucrates de freiner l’action après le 14 novembre. Des grèves de 48 heures, par exemple, sont une étape essentielle pour construire la dynamique contre les gouvernements affaiblis de la Troïka et des gros capitalistes dans ces pays.

    Le 14 novembre doit être le début et non la fin de la lutte pour unifier la résistance des travailleurs de toute l’Europe

    • A bas l’UE capitaliste !
    • Pour une Europe des travailleurs !

    La lutte des classes européenne entre dans une nouvelle phase houleuse, où le renversement des gouvernements des partons va être à la portée des mouvements explosifs des travailleurs et des jeunes. Nous avons déjà vu avec le retrait forcé de l’attaque contre les salaires du TSU au Portugal comment on peut gagner contre les gouvernements pro-austérité et les représentants du capitalisme.

    Cependant, nous pensons que pour obtenir des victoires durables et rompre avec le cycle de désespoir et d’appauvrissement, nos mouvements ont besoin d’être armés d’alternatives politiques pour investir la richesse de la société dans les emplois et la remontée des conditions de vie, et non dans le paiement des dettes des spéculateurs et le renflouement des banques.

    Les véritables socialistes ont un rôle crucial à jouer en intervenant dans les batailles à venir pour populariser la lutte pour des gouvernements des travailleurs basés sur une telle politique et sur la nationalisation, sous contrôle démocratique, des banques et des principaux secteurs de l’économie. Pendant que les luttes des travailleurs européens se coordonnent à travers les frontières, nous voyons l’ouverture potentielle d’une alternative des travailleurs à l’UE capitaliste des marchés. Un mouvement international, sous le drapeau d’une lutte pour une confédération alternative démocratique et socialiste de l’Europe, égalitaire et sur base volontaire, est à l’ordre du jour.

  • 14 novembre : journée européenne d’action contre l’austérité

    14 novembre : journée européenne d’action contre l’austérité

    Organisons la lutte contre la crise, la politique d’austérité et pour une alternative socialiste !

    Lorsqu’ils ont appris que le prix Nobel de la paix avait été décerné à l’Union Européenne, nombreux sont les travailleurs qui ont dû s’exclamer, en Grèce et ailleurs ; "Mais l’Europe nous fait la guerre !". La riposte s’organise d’ailleurs. Le 14 novembre prochain constitue une date importante, avec une journée internationale d’action contre l’austérité. En Espagne et au Portugal, au moins, il s’agira d’une journée de grève générale. Cette voie est la bonne, celle de l’organisation de la résistance contre l’austérité par-delà les frontières nationales.

    Les dirigeants européens, aux côtés de ceux du Fonds Monétaire International, font partie de la très détestée "Troïka" des institutions capitalistes qui soutien et impose les mesures d’austérité qui frappent actuellement la population grecque. Dans ce pays, 68 % de la population vit actuellement au niveau du seuil officiel de pauvreté ou en-dessous. Un quart des travailleurs sont au chômage. En Espagne également, un quart des travailleurs sont au chômage. Dans ces deux pays toujours, le taux de chômage parmi la jeunesse a dorénavant dépassé les 50%.

    L’augmentation de l’émigration issue de pays embourbés dans la récession comme la Grèce, l’Irlande et l’Espagne – parmi tant d’autres – est une illustration du désespoir et de la lutte quotidienne d’innombrables personnes qui peinent à joindre les deux bouts. Le taux de suicide a également considérablement augmenté. Et maintenant, les économies européennes réputées plus fortes sont en position de faiblesse, y compris la France et l’Allemagne. Plus rien n’arrêtera le présent déclin et la faillite de l’Union Européenne et de la zone euro.

    Le FMI a récemment admis que l’impact de la ligne de conduit de l’austérité sur la croissance économique pourrait être pire que prévu. Suite à de nombreux plans dictés par la troïka, la Grèce ne présente aucun signe permettant d’éviter la perspective d’une fuite, tôt ou tard, hors de la zone euro. Malgré toutes les tentatives de sauvetage et les coupes d’austérité brutales, sa dette publique est plus importante aujourd’hui qu’au tout début de la crise. Une sortie de la Grèce hors de la zone euro entraînera de profonds troubles dans et autour de l’eurozone et augmentera les pressions sur les autres économies.

    Commentateurs et analystes spéculent pour savoir qui est à blâmer dans cette désastreuse situation. Pourquoi donc le projet européen a-t-il abouti à la désunion actuelle, aux affrontements ouverts et à cette crise proprement inimaginable ?

    Le bourbier européen

    Le Comité pour une internationale ouvrière (CIO) et ses sections à travers le monde, dont le Parti Socialiste de Lutte (PSL) en Belgique, a avertit depuis le début que la zone euro ne serait pas épargnée par la crise. Au sein de la zone euro, les diverses économies ont leur propre caractère – leurs propres forces, faiblesses, intérêts et classe dominante – mais sont confinées à la camisole de force d’une monnaie unique et à d’un unique taux d’intérêt. Cela était encore surmontable en période de croissance économique mais était condamné à subir une pression insurmontable en période de récession.

    Le fait que les classes dirigeantes européennes et leurs gouvernements n’ont aucune solution à présenter et sont fortement divisés entre eux sur ce qu’il convient de faire est une réflexion de la profondeur de la crise européenne. Certains défendent en vain l’instauration d’une nouvelle constitution européenne avec plus de pouvoirs centraux et la fin des vetos nationaux sur les traités. D’autres veulent au contraire relâcher les liens à l’intérieur de l’Union Européenne ou carrément considérer d’en sortir. Mais tous ne font que mettre au grand jour qu’ils sont incapables d’apporter stabilité et croissance.

    Leurs bavardages n’ont cependant pas lieu dans l’isolement. Des millions de membres de la classe des travailleurs ou de la classe moyenne ont participé aux diverses grèves et manifestations de masse dirigées contre les attaques antisociales qui les frappent et qui sont lancées par les dirigeants de l’Union Européenne. Ces dernières semaines, grèves générales et mobilisations de masse ont eu lieu en Grèce, au Portugal ou en Espagne tandis que des dizaines de milliers de personnes ont manifesté en France, en Allemagne, en Grande-Bretagne et ailleurs.

    Les institutions européennes sont de plus en plus considérées comme autant de clubs patronaux (ce qu’elles sont d’ailleurs en réalité) d’où sont issues les lois et les attaques qui découlent de la dictature des marchés.

    Le rôle des syndicats

    Dans cette situation, les dirigeants des syndicats – le mouvement organisé des travailleurs – ont une responsabilité écrasante afin de défier les gouvernements d’austérité et de les battre en retraite. Nous avons besoin de bien plus que des grèves et des appels à manifester qui ont pour vocation essentielle de laisser la vapeur s’échapper (même si certaines mobilisations sont impressionnantes), comme cela s’est déjà produit à de nombreuses reprises.

    Le Comité pour une Internationale Ouvrière appelle les syndicat à adopter une opposition déterminée et résolue contre toutes les attaques lancées contre notre niveau de vie à travers l’Europe, en intensifiant les actions si nécessaire. La stratégie syndicale doit viser à faire chuter chaque gouvernement ayant l’intention de rester fidèle à l’abominable logique selon laquelle ce serait aux travailleurs et à leurs familles de payer la crise des grands actionnaires et grands patrons.

    La résistance des masses doit être coordonnée pour avoir l’impact le plus grand possible, avec des grèves générales et des manifestations dans plusieurs pays au même moment. Dans ce cadre, la journée du 14 novembre constituera un pas dans la bonne direction avec des grèves générales actuellement prévues en Espagne et au Portugal, et peut-être également en Grèce, à Malte, à Chypre et au Portugal. Ce vendredi 26 octobre, cinq syndicats français (CGT, CFDT, FSU, UNSA et Solidaires) ont publié un communiqué de presse commun appelant à manifester partout en France le 14 novembre contre l’austérité et pour "l’emploi et la solidarité en Europe". En Belgique, la FGTB Liège-Huy-Waremme appelle également à une grève de 24 heures, tout comme la CGSP-ALR de Bruxelles. Rien ne peut justifier que le reste du mouvement syndical reste à la traîne. La voie est toute tracée vers une prochaine étape, celle d’une grève générale de 24 heures organisée à l’échelle de l’Europe toute entière.

    L’Arène politique

    Une telle action de masse coordonnée à l’échelle européenne, mais le combat doit aussi être développé sur le terrain politique. Le monde du travail a un besoin crucial de parti ouvriers capables d’offrir une alternative politique contre celle des partis capitalistes : une alternative orientée vers la construction du socialisme démocratique.

    La croissance de l’influence d’Aube Dorée en Grèce constitue un sérieux avertissement : des idées dangereuses et basée sur la division peuvent se développer sur le désespoir si aucune voie progressiste est clairement visible. Cependant, la Grèce a aussi montré quelle rapide croissance peut exister pour la gauche. Le soutien grandissant à la coalition de la gauche radicale Syriza est une illustration de l’échelle et de la rapidité avec laquelle un parti s’opposant à l’austérité peut gagner de l’audience. Dans la période à venir, d’autres nouvelles formations des travailleurs pourraient faire écho à ce processus.

    Ces partis pourront être attractifs aux yeux des masses pour autant qu’ils mettent en avant des idées clairement socialistes qui mettent à nu les failles du capitalisme et offrent un programme qui défend courageusement une réelle alternative dans les intérêts des travailleurs. Ce type de programme doit inclure une sérieuse augmentation des taxes pour les riches, les grandes entreprises, mais aussi la nationalisation des secteurs clés de l’économie (finance, sidérurgie, énergie,…) sous le contrôle et la gestion démocratique des travailleurs, dans le cadre d’une planification démocratiquement élaborée de leurs activités. De telles mesures permettraient de massivement investir dans les emplois et les services à la population. En Grèce, là où la crise et la plus aigüe, le soutien pour un tel programme est grandissant.

    Qu’en est-il de l’Union Européenne ? L’opposition qui se développe contre les institutions au service du capitalisme à la base de la construction de l’Union Européenne n’implique très certainement pas le rejet de la coopération entre les travailleurs et les pauvres par-delà les frontières nationales.

    Les questions-clés sont les suivantes : quelles sont les caractéristiques des institutions, qui les contrôle à l’heure actuelle et dans quel but agissent-elles ? L’UE est contrôlée par 27 gouvernements capitalistes européens dont toute la politique est orientée vers la satisfaction des intérêts des grandes entreprises et des riches.

    Si le socialisme démocratique se répandait à travers l’Europe, il serait alors possible de démocratiquement élire les représentants pour des institutions totalement différentes, au service des travailleurs et de leurs familles. Ce serait là la base d’une confédération socialiste européenne – une alliance volontaire d’Etats socialistes – qui pourrait démocratiquement permettre une coopération économique, environnementale, sociale et culturelle dans l’intérêt de l’écrasante majorité à travers le continent.

  • Ford. Pas de funérailles mais un plan d’action ! Nationalisation et reconversion du site !

    Ce mercredi 24 octobre 2012 fut une journée sombre pour les travailleurs de Ford, pour les habitants de Genk et des communes voisines ainsi que pour tous les travailleurs du pays. Par communication vidéo, la direction du géant automobile a annoncé la fermeture du site de Genk et le déménagement de la production du modèle Mondeo à Valence.

    Par Eric Byl

    L’abattement et la colère sont grands parmi les 3.996 ouvriers et les 268 employés de Ford Genk. Des larmes coulent. D’un jour à l’autre, leur avenir part en fumée. Au moins autant de travailleurs des nombreux sous-traitants sont également touchés. Mais sur les marchés financiers, c’est la fête. Les actionnaires se sont à nouveau enrichis de 3% en deux jours. Politiciens, patrons et autres spécialistes, qui n’ont pourtant jamais travaillé sur une chaîne de production, sortent déjà leurs analyses. L’an dernier, la multinationale a enregistré un profit record de 20,2 milliards de dollars. Mais ce n’est pas cela qui est visé : il faut s’attaquer une seconde fois aux travailleurs, mais cette fois-ci par l’intermédiaire de leurs salaires différés, les prétendues ‘‘charges sociales’’.

    Primes de départ et prépensions

    Ce n’est pas facile de s’opposer aux restructurations et aux fermetures. La compétition accrue a provoqué une surcapacité du secteur. La crise économique et les plans d’austérité appliqués partout en Europe réduisent encore le marché. C’est aussi le cas en Belgique, surtout depuis l’installation d’un gouvernement d’austérité. Il est donc compréhensible que, sous ces conditions, nombreux sont ceux qui espèrent obtenir la prime de départ la plus élevée possible. Pour le moment, le montant de 77.000 euros bruts circule, mais il n’en restera que la moitié en net. Les travailleurs des sous-traitants ne recevront même pas ça.

    Les travailleurs ont déjà dû céder 12% de leur salaire et, en plus, le rythme de travail a fortement augmenté ces dernières années, jusqu’à atteindre un rythme insupportable. Lire, calculer, diner et signer des contrats, c’est facile à faire jusqu’à 65 ans voir voire plus, mais vingt ou trente années en production, ça se fait sentir. Si le gouvernement accorde les prépensions aux travailleurs malgré l’opposition de De Croo, il est compréhensible que beaucoup d’entre eux saisissent l’occasion sous la contrainte de la peur.

    La fermeture n’est pas une option

    Nous ne sommes plus à l’époque dorée où il était encore facile d’obtenir un boulot à l’usine du coin. La prime de départ sera vite dépensée et celui qui n’a pas de carrière complète peut s’attendre à une mauvaise surprise à son 65e anniversaire. Où trouver à l’heure actuelle un autre emploi ? La crise est omniprésente dans toute la Belgique, dans toute l’Europe et partout dans le monde. Il ne peut pas être question de fermeture dans ces conditions.

    Cette fermeture ne sera pas seulement un drame pour les 10.000 familles dont le pain est ôté de la bouche. Elle coûtera largement 10 milliards à l’économie belge, principalement en pertes de cotisations sociales et de revenus d’impôts ainsi qu’en dépenses supplémentaires en allocations. Cela entraînera sans doute encore plus d’économies dans l’enseignement et dans les services publics. Dans les communes touchées, les finances seront minées avec des conséquences dramatiques pour le personnel communal et les services sociaux. Le Limbourg sera à nouveau changé en désert social.

    Nous ne pouvons pas laisser l’avenir de la collectivité aux mains des multinationales !

    Même si la multinationale est juridiquement propriétaire du site, celui-ci a été construit par les générations consécutives de travailleurs, avec aussi les largesses des autorités qui ont puisé dans les cotisations sociales et les impôts payés par la population belge. Des années durant, les actionnaires ont empoché de beaux profits. Nous voyons aujourd’hui à quoi conduit ce transfert de richesses de la collectivité vers une poignée d’actionnaires privés.

    Nous ne pouvons laisser l’avenir du site et de la communauté entre les mains des multinationales qui ne visent que le profit. Les politiciens pleurent des larmes de crocodile en prétendant qu’ils sont impuissants. En réalité, il leur manque juste la volonté politique. Avec les médias, ils ont déjà orchestré l’enterrement. Pourquoi ne pas imposer le choix suivant à Ford : soit sauvegarder le site et chaque emploi, soit subir l’expropriation des installations et des terrains ?

    Une alternative socialement et écologiquement responsable

    Le secteur financier l’avait déjà démontré, celui de l’automobile le confirme : le libre marché ne peut pas garantir des conditions stables de travail et de vie. Nous sommes actuellement capables de produire plus que ce que nous n’avons jamais pensé réalisable, mais cela n’entraîne que la surcapacité et à l’engorgement du trafic. L’époque où une usine automobile n’était pas convertible est depuis longtemps dépassée. A Genk, la production peut être facilement transformée avec des adaptations limitées et une reprogrammation des outils pour une production socialement utile et écologiquement responsable.

    Pourquoi balancer à la poubelle un site si performant ? Nous disposons du savoir pour développer des moyens de transport écologiquement responsables et pour répondre aux problèmes de trafic. Pourquoi ne pas mettre cela en œuvre maintenant que les installations se libèrent et que nous disposons de travailleurs expérimentés ? Pourquoi ne pas enfin créer une entreprise publique pour le développement d’une mobilité écologiquement responsable et rationnellement planifiée ? Le temps de convertir le site, des travailleurs pourraient partir en prépension, ce qu’ils ont déjà bien mérité, ou au chômage technique, comme c’était déjà le cas à Ford, mais alors cette fois avec une prime supplémentaire.

    Manifestation de masse le 11 novembre : nationaliser pour sauver l’emploi !

    Nous savons que cela va à contre-courant de la tendance globale aux privatisations. Ce ne sera pas facile. Il faudra établir de puissants rapports de force pour obliger les autorités à suivre cette voie. Les travailleurs ont bloqué l’entreprise, ils organisent l’activité aux piquets de grève par équipes. De nombreuses discussions et une bonne organisation seront nécessaires pour convaincre chacun de ne pas décrocher du mouvement. Mais nous ne sommes pas seuls. Les travailleurs de la sous-traitance sont dans le même bateau. De plus, une vague de restructurations et de fermetures envahit tout le Limbourg, toute la Belgique et toute l’Europe.

    Aujourd’hui, aucun travailleur ne se sent plus en sécurité. C’est la raison pour laquelle nous avons l’opinion publique avec nous. Mobiliser cette force, dans les entreprises, dans les écoles et les universités et dans les quartiers, c’est le défi à relever pour la manifestation de masse du 11 novembre. N’en faisons pas cette fois-ci une marche funèbre, mais utilisons-la comme un levier pour la prochaine mobilisation ! Chaque mobilisation n’exige pas seulement un plan d’action détaillé et démocratiquement élaboré, mais aussi une perspective, un objectif à la hauteur de l’effort exigé.

    Nous pensons que seule y correspond la nationalisation du site pour sauver l’emploi. Contrairement au plan social, cela offre un avenir attractif, non seulement aux travailleurs de Ford, mais aussi à ceux des sous-traitants et à toute la communauté. Cela provoquerait un exemple optimiste et un grand enthousiasme parmi tous les travailleurs du pays également confrontés à des restructurations et à des fermetures. Ford nous a appris que nous n’avons pas besoin d’une direction qui ne pense qu’à la rentabilité pour remplir les poches des actionnaires, mais que les travailleurs sont plus aptes à gérer l’entreprise en fonction de l’emploi et des besoins de toute la collectivité.

    Pour une grève générale européenne le 14 novembre !

    Il n’y a rien à attendre de la part des politiciens actuels. Les ‘nationalisations’ sont interdites par l’Europe, sauf quand il s’agit de socialiser les pertes et de privatiser les profits. Mais en Europe aussi nous ne sommes pas seuls. Le 14 novembre, une journée internationale d’action contre l’austérité est prévue. En Espagne et au Portugal – peut-être également en Grèce, à Malte, à Chypre – il s’agira d’une grève générale. Des syndicats en France et en Italie ont rejoint l’appel. D’autres vont probablement suivre. La FGTB Liège-Huy-Waremme appelle également à une grève de 24 heures le 14 novembre, tout comme la CGSP-ALR de Bruxelles. Aucune raison ne peut justifier que les syndicats belges ne s’y joignent pas.

    Ford n’est qu’un des nombreux exemples qui illustrent que le marché libre ne fonctionne pas. Nous pouvons en finir avec la spirale qui nous tire vers le bas à condition d’avoir une alternative attractive et rationnellement planifiée à opposer au chaos du marché. Dans cette époque de crise du capitalisme, chaque lutte concrète pose automatiquement la nécessité d’une société socialiste démocratique, mais cette alternative ne peut gagner en crédibilité que si elle offre des réponses aux luttes que nous menons aujourd’hui.

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