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  • 10 ans après le début de la guerre en Irak

    La moisson impérialiste de la mort et la destruction

    Il y a dix ans de cela, sous la dénomination, la coalition dirigée par les États-Unis attaquait l’Irak. Malgré une énorme opposition publique, symbolisée par dix millions de manifestants anti-guerre à travers le monde le 15 et 16 février 2003, la campagne ‘‘choc et effroi’’ de bombardement débuta le 20 mars suivie, quelques heures plus tard, de l’invasion territoriale.

    Par Niall Mulholland, Socialist Party (CIO Angleterre et Pays de Galles)

    L’énorme force militaire envahissait une population qui avait souffert de 35 ans de dictature sous Saddam Hussein, de la guerre du Golfe de 1991, et de 13 ans de sanctions cruelles des Nations Unies, qui ont détruit l’économie irakienne, réduit des millions de gens à la pauvreté et couté de un demi-million à un million de vies irakiennes.

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    ‘‘Ravager, massacrer, usurper sous de faux noms, ils appellent cela l’empire ; et, où ils ont fait un désert, ils disent qu’ils ont donné la paix.’’ Caius Cornelius Tacitus (Tacite, 56-117), historien romain.

    La fiction des armes de destruction massive

    La guerre de 2003 fut « justifiée » par un torrent de propagande et de mensonges émanant de Washington et de Downing Street, relayé par la complicité de l’appareil médiatique de droite.

    Le président Bush accusait alors le dictateur irakien, Saddam Hussein, de tenter d’acquérir de l’uranium pour développer des « armes de destruction massive ». Le secrétaire d’État américain, Colin Powell, annonça aux Nations Unies que l’Irak se munissait de capacité d’armes biologiques. Tony Blair, le premier ministre anglais du Labour Party, proclama que les armes de destruction massive irakiennes pouvaient être prêtes à être utilisées « dans les 45 minutes ». Saddam fut aussi accusé de soutien à Al-Qaida.

    Tout ceci n’était que mensonges. Très vite après l’invasion, les forces occupantes ne purent apporter les preuves d’existence des armes de destruction massive de Saddam ou des liens entre l’ancien régime de Saddam et le « terrorisme ». En fait, ce fut l’occupation qui causa le ressentiment qui permit à la terreur d’Al-Qaida de s’installer en Irak.

    A la veille du 10ème anniversaire de la guerre, l’ancien premier ministre déclarait encore à la BBC : « Quand vous me demandez si je pense aux pertes de vie depuis 2003, bien sûr. Je serais inhumain de ne pas le faire, mais pensez à ce qui serait arrivé si on avait laissé Saddam en place. »

    Les commentaires habituels de Blair ne s’attachent pas à l’énorme coût humain de la guerre. Selon plusieurs études ; de 2003 à 2011, de 150.000 à 400.000 irakiens ont violemment perdu la vie. The Lancet, journal médical réputé, a estimé un chiffre encore plus gros de 600.000 morts violentes entre 2003 et 2006 seulement. Ajouté à cela, il y a des milliers d’irakiens qui sont toujours portés disparus et des milliers d’américains, d’anglais et d’autres soldats de la coalition militaire qui ont péris ou ont été sévèrement blessés.

    La moisson de la mort en Irak a laissé 2 millions de veuves qui doivent, seules, rapporter le pain dans leur foyer et 4 à 5 millions d’orphelins (dont 600.000 qui vivent dans les rues). La guerre a poussé 4 millions de personnes à fuir, dont 1 million vers la Syrie. 1,3 millions d’irakiens ont dû fuir ailleurs en Irak. Depuis 2008, de ceux-ci, seule 1 personne sur 8 de a pu rentrer chez elle.

    L’aventure irakienne de Bush et Blair a également eu un énorme coût pour l’économie américaine. Selon l’économiste Joseph Stiglitz, ancien chef de la Banque Mondiale, cela a prélevé 3 trillions de dollars hors de l’économie américaine. Alors qu’il y a toujours des fonds pour mener des guerres à l’étranger pour le compte des profits et des intérêts commerciaux, les travailleurs anglais et américains voient leur niveau de vie tomber dramatiquement.

    Les justifications de Blair continuent

    Les interviews de Blair n’arrivent pas à lui faire avouer les véritables raisons de l’invasion. A la place de la guerre d’agression impérialiste, c’est « l’intervention humaniste » et les tentatives de Blair et de Bush d’exporter la démocratie libérale de type occidentale au Moyen Orient qui est présentée.

    Les classes dirigeantes internationales étaient divisées quant à l’Irak. Les pouvoirs mondiaux et régionaux étaient craintifs quant aux conséquences de l’invasion et aux gains que les États-Unis allaient se faire sur leur dos. Les néo-conservateurs de Bush ont tout de même poussé à la guerre.

    Les impérialismes américain et britannique, qui avaient précédemment soutenu Saddam, ne sont pas partis en guerre pour arrêter l’oppression, introduire des droits démocratiques ou améliorer les niveaux de vie.

    Pendant des décennies, le régime sadique de Saddam a tué et terrorisé les irakiens tout en profitant du soutien occidental. Après le renversement d’un autre despote favori des occidentaux, le Shah d’Iran, l’occident encouragea Saddam à envahir son voisin. Des millions de personnes périrent ou souffrirent de terribles blessures à la suite de cette guerre qui dura 8 années.

    Mais Saddam, en envahissant le Koweït voisin en 1991, est allé à l’encontre des intérêts des impérialistes occidentaux. Le potentiel qu’avait Saddam de contrôler l’approvisionnement vital en pétrole a terrifié les pouvoirs occidentaux qui ont très rapidement constitué une force militaire massive.

    Lors de la première guerre du Golfe, la coalition menée par les États-Unis a vite repris le petit État riche en pétrole mais fut arrêtée aux frontières irakiennes. Peu d’intérêt fut porté à l’opposition à Saddam en 1991. Les forces militaires occidentales croisèrent les bras alors qu’un soulèvement des chiites et des kurdes fut brutalement réprimé par le dictateur.

    Exploitant cyniquement l’attaque terroriste atroce d’Al-Qaida du 11 septembre 2001, la Maison Blanche et Downing Street ont avidement sauté sur l’opportunité d’une intervention militaire directe pour renverser Saddam et pour imposer un régime docile pro-occidental.

    S’emparer du contrôle des réserves abondantes de pétrole irakien, estimé à 9% du total mondial, était un objectif clé pour l’impérialisme américain, en tant qu’intérêts géostratégiques vitaux dans le Moyen-Orient.

    Peut-être était-ce pour éviter que ces véritables intentions ne deviennent de notoriété publique que le Cabinet a insisté pour que le rapport Chilcot publié tardivement ne contienne aucune preuve évidente qui pourrait révéler de quoi discutaient Bush et Blair avant l’invasion.

    Appui aux dictateurs

    Avant la première guerre du Golfe et les années de sanction, le taux d’alphabétisation en Irak dépassait les 90%. 92% des irakiens avaient accès à l’eau potable et 93% bénéficiaient de soins de santé gratuits.

    En 2011, après l’occupation impérialiste, 78% des adultes sont instruits et 50% de la population vit dans des bidonvilles (17% en 2000).

    Plus d’un million d’irakiens sont exilés à travers l’Irak. Près de la moitié des 400.000 réfugiés dans la capitale (personnes déplacées victimes de la terreur sectaire) vivent dans la misère des bidonvilles.

    Selon la Banque Mondiale, un quart des familles irakiennes vit sous le seuil de pauvreté. Moins de 40% des adultes disposent d’un emploi. Des millions de personnes manquent d’électricité, d’eau potable et d’autres services essentiels.
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    Bush et Blair n’ont pas été confrontés à la justice pour leurs crimes de guerre irakiens. La Cour pénale internationale, tout comme les Nations Unies, est dominée par les intérêts des Etats-Nations les plus puissants. Seuls les anciens despotes et les seigneurs de guerre des Balkans et d’Afrique, qui s’étaient confrontés à l’impérialisme, ont été poussés devant la Cour à La Haye.

    Parmi toutes ses justifications pour ses massacres de guerre, Blair a demandé « Si nous n’avions pas retiré Saddam du pouvoir, pensez juste, par exemple, ce qui serait arrivé si les révolutions arabes s’étaient poursuivies à l’heure actuelle et que Saddam, qui est probablement 20 fois pire qu’Assad en Syrie, essayait d’écraser un soulèvement en Irak ?

    Il est incontestable que Saddam était un tyran brutal et que son régime a massacré de nombreuses personnes dont des communistes et des syndicalistes. Mais l’ancien premier ministre n’a aucun problème avec les dictateurs en-soi. Les associés de Tony Blair conseillent aujourd’hui le despote du Kazakhstan, Nazarbayev, le boucher des travailleurs du pétrole en grève. Et l’Irak « libérée » de Blair est actuellement dirigée par le Premier Ministre Nouri al-Maliki, que même le journal de droite The Economist accuse de « tendances dictatoriales ».

    L’invasion de 2003 a considérablement augmenté parmi les arabes le sentiment d’humiliation et d’injustice vis-à-vis de l’impérialisme. Cela a été un facteur important qui a conduit aux révolutions de 2011 contre les dictateurs soutenus par l’occident dans le Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Tout comme cela a semé la colère contre l’absence de droits démocratiques, le chômage de masse et la pauvreté dans ces sociétés.

    Le « Printemps arabe » ne justifie pas du tout l’aventure néocoloniale de Blair mais confirme en fait nos positions dans le déroulement de la guerre en Irak : que le renversement du tyrannique Saddam était la tâche de la classe ouvrière irakienne par un mouvement de masse unifié.

    Fin 2010 et début 2011, le renversement des proches alliés de l’occident, Ben Ali et Moubarak – qui étaient des dictateurs soi-disant « imprenables » tout comme Saddam – a montré que c’est aussi une voie d’action possible pour les masses irakiennes.

    « Résoudre le conflit israélo-palestinien ? »

    John Prescott, Vice-Premier ministre du Royaume-Uni (Labour) en 2003, aujourd’hui Lord Prescott, a admis récemment à la BBC que l’invasion de l’Irak en 2003 « ne pouvait être justifiée ». Il a déclaré avoir soutenu l’invasion parce qu’il croyait que George Bush avait un plan pour résoudre le conflit israélo-palestinien.

    Bush et Blair ont proclamé que la défaite de Saddam Hussein pouvait être une impulsion pour un nouveau plan pour la paix en Israël et en Palestine. Mais comme nous l’avions prévu en 2003, l’oppression des palestiniens allait continuer sans relâche après l’invasion irakienne. Pour ses propres intérêts impérialistes géostratégiques, les États-Unis continuent de soutenir Israël, son plus proche allié dans la région, pendant que l’indépendance et l’auto-détermination palestiniennes sont plus éloignées que jamais.

    Dans une interview accordée à l’édition nocturne de la BBC, Blair a consenti que « la vie quotidienne en Irak aujourd’hui n’est pas ce qu’il souhaitait qu’elle soit » quand il a mené son invasion dix ans plus tôt. Il poursuivait en disant qu’il y avait des « améliorations significatives » mais que « c’était loin d’être ce que ça devait être ».

    C’est un euphémisme ! Nous nous sommes résolument opposé à l’intervention impérialiste en 2003 et prédisions très justement que cela mènerait à l’oppression et au chaos – ouvrant les portes à une conflit sectaire – et que l’impérialisme serait englué dans un long conflit.

    La politique impérialiste de dé-Baasification du régime de Saddam largement basé sur les sunnites et la dislocation de l’armée irakienne, a entraîné des purges sectaires des sunnites. Cela a enflammé la résistance de ceux-ci.

    L’occupation coloniale brutale, incluant la torture et l’abus systématique des civils dans les prisons comme celle d’Abu Ghraib, le siège de la ville de Falloujah et le massacre de combattants de la résistance et de beaucoup de civils dans des villes comme Haditha et Balad, ont provoqué une opposition de masse croissante – non exclusivement sunnite – contre l’occupation menée par les États-Unis. Le sentiment anti-guerre a grandi aux États-Unis, en Angleterre et partout dans le monde.

    En dépit de son impressionnante machine militaire et de son trésor de guerre, la coalition fut incapable d’écraser la résistance et a recouru à la technique de « diviser pour mieux régner ». Ils ont soutenu les chiites contre les sunnites, créant une orgie de sang.

    Conséquences

    En 2004, selon des enquêtes du Guardian et de la section arabe de la BBC, l’administration Bush s’est tournée vers « l’option salvadorienne » – nommée ainsi suite au rôle joué par les États-Unis dans la gestion des escadrons de la mort d’extrême droite au Salvador dans les années ‘80. Les milices chiites ont été armées et financées par les États-Unis. Des centaines de milliers d’irakiens ont été tués et des millions exilés par la suite. Les sunnites furent les grands perdants de la guerre civile sectaire.

    Une constitution imposée par les États-Unis a institutionnalisé les divisions sectaires et ethniques. Les élections en 2005 ont vu les partis chiites remporter la majorité au parlement et le poste de premier ministre.

    Une classe dirigeante corrompue et réactionnaire et des partis politiques sectaires se battent pour les ressources naturelles irakiennes pendant que la majorité de la population vit dans la pauvreté. Bien que l’Irak dispose de 100 milliards de dollars annuels en revenus pétroliers, très peu de cet argent est alloué à la population. L’Irak est le 8ème pays le plus corrompu au monde selon Transparency International.

    La Capitale Bagdad, qui héberge un cinquième des 33 millions d’irakiens, est toujours une ville en guerre, divisée par les postes de contrôle militaires et en proie aux attentats sectaires. Bagdad et le centre du pays souffrent quotidiennement de bombardements, d’assassinats et d’enlèvements.

    L’héritage de Bush et de Blair comprend un quintuplement des malformations congénitales et une multiplication par quatre du taux de cancer dans et autour de Falloujah. Ce sont des conséquences de l’utilisation par les forces de la coalition de munitions radioactives appauvries en uranium.

    Les politiciens occidentaux aiment différencier Bagdad à la paix relative qui règne dans la région kurde riche en pétrole et dans les provinces majoritairement chiites. Mais ce n’est qu’illusion.

    Les chiites dans le sud sont relativement protégés car une communauté domine largement. Le chômage y est cependant élevé et la plupart des chiites vivent encore dans une pauvreté effroyable.

    Les Kurdes

    Des tensions entre les Kurdes, les Arabes et d’autres minorités sont toujours présentes dans le gouvernement régional kurde semi-indépendant. Au grand dam du gouvernement central de Bagdad, le régime kurde a conclu 50 accords pétroliers et gaziers avec des compagnies étrangères et exporte directement du pétrole en Turquie.

    Après des décennies d’oppression brutale, beaucoup de Kurdes espèrent pouvoir obtenir une véritable auto-détermination. Mais le gouvernement régional kurde est entouré d’états qui ont une longue histoire dans l’oppression kurde. Les dirigeants réactionnaires kurdes se sont alliés aux États-Unis et à la Turquie, qui fut l’un des pires auteurs de leur oppression.

    Un élément indicateur du conflit grandissant autour du pétrole et des territoires entre le gouvernement régional turc et le régime central irakien est l’affrontement entre les combattants peshmerga kurdes et les troupes irakiennes.

    Le retrait de Saddam n’a pas transformé le monde en « un lieu sûr » comme l’avaient promis Bush et Blair. Dans les faits, le monde est devenu encore plus violent et instable. Saddam ne possédait pas d’armes de destruction massive mais, après l’invasion de 2003, les « Etats voyous », comme la Corée du Nord, ont conclu que le seul moyen d’arrêter les attaques menées par les États-Unis contre eux était d’acquérir ces armes.

    Malgré la déroute de l’impérialisme en Irak, les États-Unis et la Grande-Bretagne continuent de mener des conflits partout dans le monde pour servir leurs intérêts vitaux. Tentant de maintenir une distance avec la guerre de Blair, Ed Miliband a déclaré que la guerre en Irak avait été une erreur mais il continue à soutenir les troupes britanniques en Afghanistan et ne plaide pas pour la fin des frappes de drones américains.

    La guerre de 2003 et l’occupation ont eu des conséquences à long terme pour la région. Installer des forces occidentales en Irak visait à isoler et à encercler davantage l’Iran. Mais Téhéran a compris qu’elle avait une influence sur le gouvernement irakien dominé par les chiites et « l’arc chiites » a été renforcé.

    En partie pour contrer l’Iran, les États réactionnaires du Golf et l’impérialisme occidental sont intervenu en Syrie, exploitant l’opposition sunnite à Assad. Le conflit syrien se répercute au Liban et en Irak, ou un « Printemps sunnite » a vu des manifestions d’opposition de masse dans les zones sunnites.

    Révolution

    La majorité des irakiens ne veulent pas être replongés dans les horreurs de la guerre civile. Mais pour empêcher d’autres conflits, pour en finir avec l’interférence impérialiste et pour se débarrasser des élites dirigeantes réactionnaires et corrompues, les travailleurs ont besoin d’une alternative.

    L’Irak avait une gauche forte jusqu’à ce qu’elle soit écrasée par la CIA dans les années ‘60 et par le régime de Saddam par la suite.

    La plus importante leçon de cette tragédie et des horreurs de la dernière décennie est la nécessité pour les travailleurs d’avoir un parti de classe indépendant pour lutter pour leurs intérêts. Un tel parti revendiquerait la nationalisation des richesses pétrolières, sous la propriété publique démocratique au bénéfice de la population.

    Comme les révolutions de 2011 en Égypte et en Tunisie l’ont montré, des luttes de masse peuvent se développer contre les tyrans et, malgré les limites du mouvement, peuvent les démettre du pouvoir. Mais pour parvenir à un véritablement changement de société, les travailleurs ont besoin d’un programme socialiste dans chaque pays, régionalement et internationalement.

  • Iran : exacerbation des tensions, sanctions et exercices militaires

    L’impérialisme américain et / ou Israël préparent-ils une attaque militaire contre l’Iran ? Comment la dictature islamiste à Téhéran va-t-elle riposter ? Ces questions sont à nouveaux parvenues sur le devant de la scène, avec les nouvelles sanctions annoncées par les Etats-Unis et les exercices effectués par la marine iranienne.

    Par Per-Åke Westerlund, Rättvisepartiet Socialisterna (CIO-Suède)

    Tant le régime iranien que la Maison Blanche ont des raisons internes qui justifient cette escalade dans la guerre des mots. La profonde crainte du régime iranien face à des protestations de masses – à l’instar de celles qui avaient suivi les ‘‘élections’’ de 2009 – a été renforcée par les révolutions en Afrique du Nord et au Moyen Orient. De nouvelles ‘‘élections’’ antidémocratiques se tiendront en mars prochain, dans un contexte de crise économique de plus en plus aigu. Le régime tente de mettre uniquement l’accent sur la responsabilité de l’impérialisme américain, qui a maintenu un blocus long de plus de 30 ans contre l’Iran. Aux Etats-Unis, le président Barack Obama trouve bien pratique de pouvoir dévier l’attention de l’opinion vers l’étranger après le mécontentement grandissant qui s’est exprimé dans le pays durant l’année 2011, notamment avec le mouvement Occupy. En outre, le président est sous la pression des Républicains pour être plus dur concernant les affaires étrangères, en particulier à l’égard de l’Iran.

    Tout acte guerrier contre l’Iran aurait des conséquences désastreuses. La région est l’une des plus militarisées au monde. Les Etats-Unis ont leur Cinquième Flotte stationnée au Bahreïn et tous les pays du golfe Persique ont participé à la course régionale aux armements qui a marqué ces dernières années. Une attaque contre l’Iran ferait face à une opposition de masse au Moyen-Orient, notamment bien entendu de la part d’organisations soutenues par l’Iran comme le Hamas et le Hezbollah.

    Les rumeurs et les inquiétudes à ce sujet ont déjà fait bondir les prix du pétrole de 6% durant la première semaine de janvier. Un conflit militaire qui risquerait d’affecter les exportations de pétrole du golfe Persique pourrait menacer l’économie mondiale tout entière. 40% des exportations mondiales de pétrole passent par l’étroit détroit d’Ormuz.

    L’évènement qui a déclenché ces dernières évolutions est le rapport de l’Agence internationale de l’énergie atomique de novembre qui, une fois encore, laisse supposer que l’Iran est secrètement en train de préparer une production d’armes nucléaires. Depuis 10 ans, les installations nucléaires iraniennes conduisent à des crises et à de nombreuses spéculations concernant son arsenal militaire. Le projet nucléaire iranien est devenu public en 2002, mais l’enrichissement d’uranium a été suspendu, pour reprendre un peu plus tard lorsqu’Ahmadinejad est devenu président, en 2005.

    L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et le Conseil de sécurité des Nations Unies ont depuis lors lancé différents ultimatums au régime de Téhéran et ont adopté quatre séries de sanctions. Téhéran a toujours maintenu que l’enrichissement d’uranium était uniquement orienté vers la production d’énergie atomique et également à des fins médicales. Mais Ahmadinejad n’a jamais perdu une occasion de vanter la capacité de l’Iran à produire du combustible nucléaire avec l’aide de leur 8000 centrifugeuses. L’AIEA et même la Maison Blanche, depuis l’accession d’Obama au pouvoir, admettent que l’Iran n’est toujours pas capable de produire des armes nucléaires, mais ils avertissent que le risque a augmenté. Le traitement de l’uranium a été, pendant longtemps, un enrichissement de 3,5%, mais il a augmenté à près de 20% en 2010 (l’uranium nécessaire à la production d’armes nucléaires nécessite un enrichissement de 90%).

    Les sanctions ont jusqu’à présent eu un effet sur l’économie iranienne, mais n’ont par contre eu aucun impact sur les projets nourris par le régime concernant l’enrichissement d’uranium. Depuis qu’Israël a ouvert la possibilité d’une attaque militaire contre l’Iran, la pression s’est accrue sur Obama. Les Etats-Unis et Israël mènent aussi une guerre d’espionnage, avec notamment le meurtre de scientifiques, contre le programme nucléaire iranien. Le soir du réveillon de Nouvel An, Obama a lancé de nouvelles sanctions contre l’Iran, plus sévères encore que les précédentes.

    Ces nouvelles sanctions visent directement les recettes pétrolières du régime, le secteur pétrolier représentant 60% de l’économie iranienne. L’objectif de ces sanctions est de stopper toute affaire avec la Banque Centrale Iranienne, la banque qui est en charge du commerce extérieur et du commerce de devises. Le blocus précédent était limité aux échanges avec les États-Unis, mais maintenant les entreprises et gouvernements européens sont également obligés d’arrêter de commercer avec l’Iran. Cela implique l’extraction de pétrole, mais aussi son raffinage et bien entendu son exportation hors de l’Iran.

    Sous pression, l’Union Européenne a en principe accepté l’embargo pétrolier. Mais les pays de l’UE comptent sur le pétrole iranien, particulièrement dans le sud de l’Europe. Les pays européens importent 450.000 barils de pétrole iranien par jour (pour une exportation totale de 2,6 millions de barils par jour). Même la Grèce a été pressée de ne pas protester contre le blocus à venir.

    Les nouvelles sanctions d’Obama vont prendre effet d’ici six mois, mais il est encore possible que le président annule cette décision ou la reporte avant qu’elle ne prenne effet, surtout si les prix du pétrole continuent de monter. Le régime iranien a répondu qu’il lui est facile de remplacer les consommateurs qui lui tournent le dos. Le régime place de grands espoirs dans la Chine, qui est déjà actuellement le plus gros importateur de pétrole iranien, et l’Inde.

    L’Iran est confronté à une crise économique sévère, avec une forte inflation et un taux de chômage grandissant. La monnaie nationale a perdu 40% de sa valeur face au dollar entre décembre et début janvier. Parallèlement, la menace de nouvelles manifestations de masse et de grèves a augmenté. Cela explique la rhétorique de guerre en provenance de Téhéran, destinée à dévier l’attention des problèmes internes. ‘‘Pas une goutte de pétrole ne va passer le détroit d’Ormuz’’ si les sanctions sont appliquées, a ainsi déclaré le vice-président Mohammad Reza Rahimi.

    Lors d’un exercice naval de 10 jours, l’Iran a testé deux nouveaux missiles à longue portée, Ghadr et Nour, avec une portée de plus de 200 kilomètres. Mais le pays avait testé des missiles Sejil-2 il y a quelques temps, dont la portée est dix fois plus longue.

    Durant cet exercice, les commandants iraniens ont averti que le porte-avions américain USS John C. Stennis, basé au Bahreïn, ne pouvait pas passer devant les navires de guerre iraniens, ce qui s’est toutefois bel et bien produit sans déclencher d’incident. Washington a répondu qu’un blocage du détroit d’Ormuz "ne serait pas toléré’’, en faisant référence à la défense des intérêts stratégiques américains. Même au cours de la guerre entre l’Iran et l’Irak, de 1980 à 1988, le détroit a toujours été ouvert aux navires pétroliers. Le pétrole iranien en route vers la Chine et d’autres pays passe également par ce passage.

    L’Iran a également annoncé que l’enrichissement d’uranium se déroule aussi à Fordo, en dehors de la ville sainte de Qom, en plus des équipements déjà disponibles à Natanz. Cette nouvelle usine disposerait d’une protection spéciale contre les frappes aériennes.

    Une éventuelle guerre contre l’Iran serait plus susceptible de prendre la forme de frappes aériennes et non pas d’une invasion terrestre. Israël a signalé qu’une attaque militaire contre l’Iran n’est pas à exclure. Le Ministre de la Défense Ehud Barak a récemment déclaré que ‘‘l’Iran pourrait atteindre un stade, dans les neuf mois, où rien ne pourra être fait pour stopper ses capacités à construire des armes nucléaires’’ a rapporté le quotidien Daily News. Les Etats-Unis ont publiquement critiqué et mis en garde les projets israéliens. Une attaque d’Israël, plus encore qu’une attaque des Etats-Unis, déclencherait immédiatement d’énormes manifestations au Moyen-Orient et dans le monde.

    Le risque d’une guerre ou de conflits a augmenté, et un tel cas de figure n’est pas du tout à exclure. Mais il est toutefois fort probable que de nouvelles tentatives de négociations auront lieu avant que ces menaces ne sont concrétisées.

    Les marxistes en Iran, aux Etats-Unis et dans le monde doivent lutter contre tout acte de guerre des États-Unis et / ou d’Israël contre l’Iran. Washington et Jérusalem agissent à seule fin de protéger leur pouvoir, leur influence et leurs profits, et non pas par souci du bien-être du peuple iranien. Les conséquences d’une intervention militaire impérialiste peuvent être aujourd’hui observées en Irak. Cependant, cette opposition à la guerre ne signifie en aucun cas de soutenir le régime dictatorial iranien. Pour garantir la paix et l’obtention des droits démocratiques pour les travailleurs et les pauvres du pays, ce régime doit être renversé par les travailleurs, les jeunes et tous les opprimés d’Iran. Aux Etats-Unis, la résistance contre cette guerre doit aussi s’attaquer aux profiteurs, à Wall Street et aux politiciens corrompus par le Grand Capital. En définitive, lutter de façon conséquente contre la guerre signifie de lutter pour une démocratie des travailleurs, contre le capitalisme et l’impérialisme.

  • Insurrection de masse à Jañaözen !

    Aujourd’hui, plus de 3.000 personnes se sont rassemblées pour une manifestation pacifique sur la grand’place de la ville de Jañaözen, à l’Ouest du Kazakhstan. On supposait que les travailleurs du pétrole en grève et les simples citoyens qui les soutiennent allaient pouvoir exprimer leur protestation pacifique face aux autorités du Kazakhstan. Il n’en a rien été. Actuellement, il y a au moins eu 70 morts et 500 blessés suite à la répression sanglante du régime.

    Texte traduit du site de nos camarades de Socialist Resistance (CIO-Kazakhstan)

    Alors que l’action battait son plein, un fourgon de police a foncé à toute allure dans la foule. La patience des manifestants, déjà mise à l’épreuve, a alors volé en éclats. La population, furieuse, a retourné le fourgon, a brulé les autobus de la police et le sapin de Noël qui avait été installé sur la place afin de commémorer l’indépendance du pays.

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    Pour en savoir plus


    Actions de solidarité

    Belgique : la dictature kazakhe également à l’œuvre à Bruxelles ?

    De pacifiques supporters qui voulaient soutenir les travailleurs du pétrole au Kazakhstan et dénoncer la répression à l’œuvre dans ce pays au régime dictatorial ont implacablement été arrêtés lors du match de ce vendredi 7 octobre entre les Diables Rouges et l’équipe du Kazakhstan. Le pouvoir dictatorial du Président Nazarbayev s’étend apparemment jusqu’à Bruxelles…


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    À un moment donné, les policiers se sont enfuis. Mais à présent, des troupes se concentrent dans la ville (depuis la rédaction de cet article, on parle de la présence de tanks et d’au moins 1500 soldats dans la ville, NDLR). Les habitants déclarent que si la force devait être employée contre les grévistes, alors toute la ville sortira dans les rues (actuellement, des actions de protestation sont prévues dans tout le pays pour ce samedi, NDLR). Vers le lieu de l’action continuent d’arriver de nouvelles personnes.

    Ces événements se produisent alors même qu’aujourd’hui, dans plusieurs villes du monde (essentiellement en Europe : Vienne, Berlin, Bruxelles, Londres, Dublin, Stockholm, Göteborg, mais aussi à Boston aux États-Unis, et sans doute aussi ailleurs), sont organisées des actions de solidarité par les différentes sections du Comité pour une Internationale Ouvrière (dont le PSL est la section belge, NDLR). Ainsi, aux portes de diverses ambassades du Kazakhstan, des militants protesteront contre le traitement scandaleux des travailleurs du pétrole en grève depuis des mois.

    Une action sera également menée devant le bureau du Parti Travailliste à Londres, afin de dénoncer le rôle de conseiller qu’a accepté Tony Blair auprès du dictateur kazakh, Nursultan Nazarbayev. À Moscou, les autorités ne nous ont malheureusement pas autorisés à manifester avant la semaine prochaine. Le 15 décembre, au Parlement européen, notre député européen Paul Murphy (élu de la section du CIO en République irlandaise, le Socialist Party) est intervenu pour annoncer le lancement d’une grande campagne de solidarité avec les travailleurs du pétrole kazakhs, au moment même où le régime célèbre les 20 ans de l’indépendance du pays.

    Cela fait sept mois, jour et nuit, dans la neige hivernale comme sous la chaleur estivale, que les travailleurs du pétrole occupent la place Intimak dans le centre de Jañaözen. Ces simples citoyens demandent du pouvoir la considération et le respect des efforts des travailleurs, le respect des efforts de vos frères et sœurs, le respect des efforts de nos pères et mères.

    Cela fait sept mois, que personne de l’Ak-Orda (la ‘‘Maison Blanche’’ kazakhe) – ni président, ni ministre, pas même un seul député du Majilis (le Parlement) n’est venu négocier avec eux ! Ils ne veulent pas entendre ni voir ni résoudre les problèmes du peuple !

    Cela fait sept mois que les travailleurs du pétrole sont soutenus par le mouvement ouvrier et par les syndicats indépendants du monde entier ! Ils sont soutenus par de simples ouvriers, métallurgistes, mineurs, infirmiers, enseignants, de tout le Kazakhstan ! Les travailleurs sont soutenus par des députés du Parlement européen. La lutte de nos ouvriers est suivie par le monde entier ! La lutte des travailleurs se répand au monde entier !

    Les revendications des travailleurs sont légitimes et ont un caractère pacifique. Nous comprenons fort bien que de cette lutte dépend le destin de nos enfants et par conséquent le destin de tous les travailleurs du Kazakhstan ! Nous comprenons que de simples gens : des enseignants, des médecins et infirmiers, des ouvriers, des chauffeurs et de simples agents de police veulent vivre en tant qu’êtres humains et sont obligés de soutenir la lutte des travailleurs du pétrole. Nos enfants doivent avoir un enseignement supérieur, des jardins d’enfants, des soins de santé, tous gratuits et accessibles à tous. Tous doivent avoir accès à des logements à prix abordable ! Et pour cela, dans notre pays, il y a toutes ces richesses qui, selon la Constitution, appartiennent au peuple et non aux investisseurs-pillards et aux bureaucrates qui ne font que manger !

    Frères et sœurs ! Venez avec nous, pour que tous ensemble, nous nous attelions à la construction d’une vie meilleure dès aujourd’hui, et pas demain, comme on nous le promet sans arrêt à la télévision !

    Les travailleurs du pétrole en grève ont fait énormément de sacrifices, mais ils n’ont pu les faire et tenir jusqu’ici que grâce à l’aide de simples citoyens comme vous et nous, et non du gouvernement. Allons tous ensemble soutenir les travailleurs et leurs revendications :

    • Libération de Natalia Sokolovaïa, l’avocate des travailleurs ; reconnaissance par les autorités de la grève et du lock-out qui a suivi ; réintégration de tous les travailleurs licenciés, sans exception ; suppression de tous les chefs d’accusation contre les travailleurs et les militants du syndicat.
    • Amélioration des conditions de vie et de travail, hausse des salaires, des pensions et mise en application des coefficients sectoriels et de productivité pas seulement pour les travailleurs du pétrole, mais pour tous les travailleurs de la province de Mañstau, sans exception.
    • Enquête indépendante et révocation de tous les fonctionnaires et employeurs dont les actions ont amené à l’attisement du dissentiment social, au déchainement, aux humiliations, aux persécutions judiciaires, aux tabassages et aux meurtres bestiaux de travailleurs et de membres de leur famille par des nervis.
    • Nationalisation (restitution au peuple, en propriété étatique sous contrôle des travailleurs) des entreprises du secteur de l’extraction.
    • Formation de syndicats indépendants et création de notre propre parti politique, qui nous défende nous, et pas les millionnaires et les patrons !

    Le 16 décembre 1986, nos frères et sœurs qui étaient descendus sur les places et dans les rues d’Almaty ont obtenu l’indépendance pour nous tous. Mais les autorités ont volé sa liberté au peuple et se sont emparées de toutes nos richesses, se sont emparés de nos gisements, de nos usines et de notre production, se sont emparés du travail de nombreuses générations de nos pères et de nos grand-pères. Ça fait 20 ans que les autorités mentent en nous promettant une vie meilleure, mais ne font que continuer à nous voler et voler ! Et que ferons-nous lorsque s’épuiseront les gisements de pétrole et autres ? Est-ce pour cela que nos ancêtres ont versé leur sang afin de nous transmettre ces richesses ?

    Tous ensemble nous devons faire le choix :

    Avons-nous besoin d’un gouvernement si honteux, d’un gouvernement qui se moque du peuple ?

    Avons-nous besoin d’élections au Majilis alors qu’aucun député ne représente les travailleurs et le peuple ?

    Rejoignons les travailleurs du pétrole, arrêtons le travail, créons des syndicats, des comités de travailleurs et descendons sur la place Intimak !

    • Ensemble nous obtiendrons justice !
    • Ensemble nous deviendrons maitres de nos richesses et nous obtiendrons une vie meilleure pour nous et pour tous les habitants du Kazakhstan !
    • Ensemble nous rendrons au peuple sa liberté et à notre Patrie, son indépendance !
    • Ensemble nous obtiendrons le respect des efforts et un salaire décent pour notre travail !
    • Ensemble nous sommes une force invincible !

    Nous ne sommes pas des esclaves silencieux ! Assez enduré les humiliations et les supercheries !

  • Grande-Bretagne: Nationalisation du groupe Murdoch !

    Le ‘Murdochgate’, c’est le Watergate de Grande Bretagne. En politique existe également ‘‘l’effet papillon’’, tout comme dans la nature. Un tout petit événement – un battement d’ailes de papillon selon la célèbre métaphore – peut entraîner toute une chaîne d’évènements jusqu’à des conséquences jamais vues. Dans le cas de l’affaire du Watergate, cela a conduit jusqu’à la chute et au discrédit total de Richard Nixon, le président du pays le plus puissant sur terre, les Etats-Unis. Cameron et son gouvernement pourri et corrompu font face au même processus aujourd’hui.

    Editorial du Socialist, hebdomadaire du Socialist Party (CIO-Angleterre et Pays de Galles)

    Le Watergate a exposé la pourriture présente au Cœur même de l’administration américaine et a menacé le système social sur lequel il est basé : le capitalisme. La classe dirigeante américaine a été prise d’effroi et en particulier le régime quasiment hors de contrôle et semi-dictatorial de Nixon et de ses acolytes, qui avaient notamment poursuivi et amplifié l’aventure US au Vietnam, guerre qui n’était pas encore terminée lors de son éviction de la Maison Blanche. Le Watergate a exposé la toile complexe de mensonges et de conspirations qui entremêle les politiciens capitalistes, les criminels et l’Etat. Ce n’est que grâce au travail de quelques journalistes et que Nixon avait lié ses crimes les uns aux autres que la vérité a finalement pu éclater au grand jour. Il est maintenant question de révélations similaires. Cameron, l’empire Murdoch et la police sont impliqués dans une tentative de renverser les droits démocratiques du people britannique.

    Au départ, il y a eu l’émoi suscité par la divulgation du numéro de portable de Milly Dowler, une écolière assassinée, par un employé du journal News International, qui fait partie de l’empire Murdoch. L’outrage de masse qui s’est développé a bouleversé les projets de Murdoch et d’autres comme Cameron et son gouvernement, qui n’ont pas réussi à stopper le scandale. Quelques jours plus tôt, il était clair que le Secrétaire à la Culture, Jeremy Hunt, était prêt à accepter de céder à Murdoch la majorité de la propriété du satellite BSkyB, ce qui lui aurait livré le contrôle de 40% des moyens de communication britanniques. Il est maintenant fort peu probable, voire clairement exclu, que Cameron puisse ratifier cet accord face à la colère de masse qui se développe contre l’empire Murdoch et ses acolytes. Une campagne de masse destinée à s’opposer au contrat, largement organisée par les nouveaux medias tels que les réseaux sociaux, a très vite mobilisé 170.000 objections à la prise de contrôle de BSkyB par Murdoch!

    D’autres révélations d’accès illégal à des systèmes de messagerie vocale personnels, en particulier ceux de victimes et de leurs proches, n’ont par la suite fait qu’amplifier l’atmosphère de colère. Politiciens, journalistes et chroniqueurs capitalists ainsi que la police, qui a remis les preuves aux employés de Murdoch, ont ainsi été pris dans la tourmente, y compris la dirigeante de News International, Rebekah Wade, et le fils de Murdoch, James. Tous se sont chargés les uns les autres de façon extrêmement hypocrite et nauséabonde pour se distancer de leur ancien patron.

    Tous ceux qui ont lutté contre le capitalisme ont été impitoyablement vilipendés par Murdoch et par les médias de droite en général. Ainsi, Tony Benn (une des principales figures de l’aile gauche du parti travailliste dans les années 1970 et 1980) a été comparé à Hitler lorsqu’il s’est présenté comme candidat pour la présidence du parti, tout comme avant lui Arthur Scargill (ancien dirigeant du syndicat des mineurs) durant la longue grève des mineurs de 1984-85. La tendance Militant de Liverpool ainsi que ceux qui ont remporté une victoire contre Thatcher dans la lutte épique contre la Poll-tax (la tendance Militant étant le nom du Socialist Party lorsqu’il était encore l’aile marxiste du parti travailliste) n’ont pas reçu un autre traitement. Tommy Sheridan (militant de gauche radicale écossais, ancien parlementaire et fondateur du SSP, puis de Solidarity) est aujourd’hui en prison à cause de la vendetta personnelle de Murdoch pour ‘virer ce petit communiste’. Dernièrement, il a été démontré que ce sont Murdoch et ses témoins qui ont menti et qui ont même fait disparaître des preuves qui auraient aidé Tommy Sheridan lors de son procès.

    Maintenant, le Premier Ministre David Cameron et le reste du gang qui domine la Coalition au pouvoir ne peut pas tout simplement se distancer de Murdoch. Cameron et sa femme ont des relations étroites avec Rebekah Wade et James Murdoch faites de soupers, d’équitation,… ‘Dis moi qui tu fréquentes et je te dirai qui tu es’

    Mais le plus important est bien entendu que cette affaire démontre la poigne d’acier virtuelle de Murdoch qui a pesé sur la politique des différents gouvernements britanniques et sur les principaux aspects de la vie de la population au cours de ces dernières décades. Un des responsables de Murdoch avait été jusqu’à dire à John Major – ancien Premier Ministre Tory (le parti conservateur) – qu’il recevrait un ‘gros seau de merde sur la tête’ s’il ne se pliait pas aux ordres de Murdoch. Tony Blair avait vole jusqu’en Australie pour quémander le soutien de Murdoch avant les élections de 1997. Une fois que Blair a été élu, on parlait parfois de Murdoch comme du ‘24e membre du cabinet du Premier Ministre’ ! Murdoch a personnellement visité Blair à trois reprises dans le but de faire pression sur lui au nom de George Bush afin de soutenir l’invasion de l’Irak. Ce n’est pas que Blair avait tellement besoin d’être persuadé, mais c’est un fait que la masse de la population britannique avait démontré sa claire opposition à cette guerre. Mais les diktats de l’impérialisme américain par l’intermédiaire du magnat de la presse Murdoch passaient largement devant cela. Il a aussi été publiquement révélé que lorsque Blair se préparait à quitter le 10 Downing Street en 2007 (le logement de fonction du Premier Ministre Britannique), Murdoch était déjà dans sa Bentley, attendant l’arrivée du nouveau Premier Ministre Gordon Brown pour déjà faire pression sur lui !

    Quelle honte pour les dirigeants ‘travaillistes’ que ce soit à des personnalités des medias comme Hugh Grant ou Steve Coogan de dire les meilleures choses à propos de News of the World et de l’empire Murdoch. Coogan a ainsi déclaré le 8 juillet dernier: “Les gens dissent que c’est une mauvaise journée pour la presse. Mais c’est une journée merveilleuse pour la presse: une petite victoire pour la décence et l’humanité…’’

    Encore maintenant, le dos au mur, Murdoch a prévenu le nouveau dirigeant travailliste Ed Miliband que News Corporation ‘va s’engager contre lui et son équipe’ pour avoir eu la témérité de demander la démission de Rebekah Wade tout en s’opposant au contrat BSkyB. Mais Miliband n’a adopté cette position qu’après que le scandale ait éclaté.

    Précédemment, il avait siroté du champagne aux soirées de Murdoch, jusqu’à quelques semaines avant le scandale. Il affirme maintenant qu’une simple ‘‘occasion sociale’’, mais rien ne saurait être plus éloigné de la vérité. Tout démontre que les invites de Murdoch le sont pour que ce dernier puisse s’assurer que les dirigeants politiques des principaux partis restent en accord avec sa ligne. Si ce n’est pas le cas, les contrevenants doivent s’attendre à une campagne de dénigrement. Murdoch a même tenté d’utiliser Tony Blair sur Gordon Brown quand il était Premier Ministre afin de faire taire le depute travailliste Tom Watson, qui avait courageusement été en première ligne avec le journaliste Nick Davies pour exposer le scandale au grand jour.

    Tout cela en dit long sur le caractère de la ‘démocratie’ britannique. Comme l’a déclaré le quotidien The Observer : “Durant 40 ans, Murdoch a convaincu l’establishment qu’il était capable de faire et défaire les réputations politique et de garantir les succès électoraux, ou de leur barrer l’accès. De cette façon, il s’en est pris aux droits des citoyens et a miné la démocratie.” Tout le monde peut voter ce qu’il veut tant que les grands capitalistes et les menteurs de la presse peuvent décider de ce qui doit arriver. Murdoch n’est pas le seul à exercer un contrôle dictatorial sur l’opinion publique en Grande Bretagne. Paul Dacre, du groupe Mail, est exactement le même genre de personnage dégoûtant, dont la plume est remplie de rage contre le mouvement des travailleurs.

    La concentration des medias a entraîné une situation où 10 entreprises contrôlent 75% des médias du Royaume-Uni. Les pertes d’emplois nt été nombreuses dans ce processus. 200 journalistes et autres travailleurs ont perdu leur emploi avec la fermeture de News of the World. Nous pouvons très honnêtement dire que nous ne regrettons pas la fin de ce journal. Mais personne ne peut soutenir que, particulièrement dans une période de chômage de masse, des gens puissent ainsi être jetés à la porte de façon aussi arbitraire. Combien de capitalistes ont pensé aux 1.400 travailleurs qui ont perdu leur emploi quand Murdoch avait déplacé ses stocks à Wapping en 1986?

    Cependant, l’actuelle situation antidémocratique de la presse et des medias en Grande Bretagne ne peut pas être résolue avec quelques mesures domestiques comme le ‘renforcement du comité de plaintes de la presse’. Nous ne pouvons pas non plus demander, comme certains à gauche l’ont fait, à la division de l’empire Murdoch. Nous ne voulons pas de mini-Murdochs pour remplacer l’ancien monstre. Tous les responsables de violations de droits individuels doivent être jugés et, s’ils sont jugés coupables, doivent recevoir un châtiment approprié. Mais même dans ce cas, cela ne serait pas suffisant pour contrôler les forces antidémocratiques présentes dans les médias.

    De nouveaux medias alternatifs et socialistes doivent être construits par les syndicats et les travailleurs. Mais cela doit être accompagné de la revendication de la nationalisation de la presse, de la télévision et de la radio sous le contrôle et la gestion démocratiques de la population – en commençant par l’expropriation par l’Etat des avoirs de News Corporation, qui a largement démontré qu’elle constituait un danger pour la démocratie. Mais nous n’avons pas besoin de reprendre les feuilles de choux que sont le Sun ou le Daily Mail.

    Nous nous opposons toutefois au monopole d’Etat sur l’information qui prévalait dans les Etats staliniens. La réelle alternative est le contrôle démocratique et populaire de la classe des travailleurs sur la presse et les médias en général. Cela ne signifierait pas un monopole d’Etat ou d’un parti, mais donnerait un accès aux médias en proportion du soutien politique. Le capitalisme et le stalinisme défendent un contrôle antidémocratique des médias par une minorité alors que nous voulons retirer la ‘production d’informations’ des mains d’une minorité pour les placer dans les mains de la majorité, avec liberté totale de discussion et de prise de décision.

  • Obama est-il différent?

    Lorsque les américains et le monde ont appris l’élection d’Obama, on avait l’impression qu’une véritable révolution avait éclaté: autre style, autre discours, autre couleur de peau,… tout allait être différent! ‘‘Change, we can believe in’’(1) scandaient les américains. Ont-ils eu raison d’y croire? Où en sommes-nous un an plus tard? L’homme le plus puissant du monde l’a-t-il changé?

    Par Stéphane (Liège)

    Au début de la crise des subprimes, Bush, après avoir laissé couler Lehman Brothers marquant le signal de déclenchement de la crise, sauvait les sociétés financières Fanny Mae et Freddie Mac à coup de deniers publics. Dès le début de sa présidence, Obama s’est attelé à ficeler son plan de relance principalement fait de réduction d’impôts pour les grandes sociétés… Sauvez l’économie capitaliste vacillante à coup de deniers publics… voyez le changement…

    La politique de guerre prolongée

    L’autre grand reproche fait à Bush, surtout par les non-américains fut sa politique étrangère: guerre en Afghanistan et Irak en tête, soutien inconditionnel à Israël, unilatéralisme, etc. Ici, peu question de changement aussi, mais la couleur était annoncée dès le départ: la guerre en Afghanistan est LA guerre qu’il fallait mener et l’engagement précipité en Irak une erreur. Jamais il n’a été question de s’opposer aux guerres d’agression des Etats-Unis, ni d’un retrait des troupes d’Irak.

    Obama déclarait: ‘‘Je ne m’oppose pas à toutes les guerres. Je suis opposé aux guerres stupides. Ce à quoi je m’oppose est la guerre irréfléchie.’’ S’il y a différence avec W., c’est peut-être dans la stratégie opérée pour élargir ‘‘l’Empire’’ américain. Là où les néoconservateurs voulaient contester les grandes puissances jusque chez elles, le réaliste Obama revient à la zone traditionnelle étasunienne: les Amériques. Ainsi Obama a décidé d’abandonner le bouclier anti-missile pour se réconcilier avec la Russie. Aussi, les révolutions colorées qui ont fleuri sous le mandat de George Bush (Géorgie 2003, Ukraine 2004, Kirghizstan 2005, etc.) ne risquent pas de bénéficier du même soutien et même lorsque le gouvernement pro-US au Kirghizstan a été renversé par un mouvement populaire, il n’y a eu aucune contestation de la part de la Maison Blanche. D’autre part, dans les coulisses du sommet de Copenhague, Barack Obama a préféré négocier un accord minimaliste non-contraignant pour les parties avec une brève déclaration d’intentions avec la Chine, le Brésil, l’Afrique du Sud, etc. Par contre, la droite radicale a fait un Coup d’Etat au Honduras avec l’assentiment tacite de Washington et des bases militaires fleurissent aux portes du Venezuela ou en Haïti à quelques kilomètres de Cuba.

    De l’espoir à la déception

    Même dans son propre pays, Obama n’a pas réussi à parvenir à un changement fondamental. Il y a peu, Bush n’hésita pas à sauver les entreprises privées et les banques avec l’argent de la communauté. Le résultat de ce ‘‘socialisme pour les riches’’ (privatiser les profits, socialiser les pertes), ce sont des économies dans les services publics et l’infrastructure qu’Obama ne remet pas en cause.

    D’autre part, la réforme des soins de santé est très limitée. Il n’a pas été question d’un grand service de santé public pour tous, même une option minimale publique a été écartée. Même après cette réforme, 23 millions d’Américains ne sont pas assurés. Le groupe d’action ‘‘Médecins pour un plan national de santé’’ (PNPH) compare ainsi la réforme à une ‘‘aspirine pour combattre le cancer’’. Obama a fait des concessions aux républicains (en n’hésitant pas à davantage limiter le droit à l’avortement pour tenter de gagner des votes républicains) au lieu d’écouter le point de vue de ceux qui ont voté pour lui. En vain. Le résultat, c’est un déclin de popularité pour Obama et une réforme des soins de santé très limitée.

    L’espoir d’un changement ne s’est pas réalisé et le soutien pour Obama est victime de cette désillusion. Seule une minorité de la population est toujours en faveur de sa politique. Le soutien au parlement a déjà disparu, 75% de la population estimant qu’il fait mal son job. C’est le plus haut niveau jamais enregistré.

    Il est grand temps d’entendre à nouveau la voix des américains ordinaires: travailleurs, chômeurs, retraités ou jeunes. Nous ne pouvons pas compter sur les démocrates. Leur échec offre des ouvertures pour un retour des républicains et crée l’espace pour les démagogues populistes comme Sarah Palin et son Tea Party. Ce n’est pourtant pas le type d’opposition vers laquelle regardent les travailleurs américains et leurs familles.

    Un élément que les médias ne rapportent pas, c’est le fait que 36% des Américains ont aujourd’hui une opinion positive du socialisme. L’ouverture pour des alternatives et des idées socialistes est de plus en plus grande, mais elle doit être politiquement organisée. Nos camarades de Socialist Alternative plaident pour soutenir des candidats indépendants des républicains et des démocrates qui peuvent se battre pour les soins de santé universels, contre la guerre et pour la nationalisation des secteurs-clés de l’économie, en réponse à la crise. Aux Etats-Unis aussi, un parti des travailleurs de masse avec un programme socialiste est nécessaire. www.socialistalternative.org (1) Le changement, nous pouvons y croire!

  • Crise révolutionnaire en Iran : Les divisions au sein de la classe dirigeante s’approfondissent

    Les élections présidentielles du 12 juin en Iran ont déclenché une crise révolutionnaire. La classe capitaliste islamiste est profondément divisée sur la question de savoir comment arrêter le mouvement historique de masse qui a émergé: répression brutale ou concessions? Les dirigeants et, de plus en plus, leur système ont perdu leur légitimité. La propagande nationaliste et religieuse n’a eu que peu d’effet. Les fusillades, les bastonnades et les arrestations sont le dernier recours dont dispose l’appareil de Khamenei et d’Ahmadinejad. Toutefois, l’absence d’organisations ouvrières de masse et d’un parti révolutionnaire de masse sont également un facteur majeur au cours de ces événements.

    Per-Ake Westerlund, Rättvisepartiet Socialisterna (Parti de la Résistance Socialiste – CIO Suède), article publié le 22 juin

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    • Révolution iranienne: vers où aller?
    • Appel à la solidarité du PSL/LSP en français et néerlandais (PDF)
    • Appel à la solidarité du PSL/LSP en anglais (PDF)
    • Appel à la solidarité du PSL/LSP en persan (PDF)
    • Protestations de masse en Iran
    • Iran 1978-79: Une révolution volée à la classe ouvrière
    • Rubrique "Asie" de socialisme.be
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      Les mobilisations qui ont rassemblé plus d’un million de personnes dans les rues de Téhéran à partir du 16 juin, à côté des divisions ouvertes au sein de la classe dirigeante capitaliste islamiste, marquent une crise révolutionnaire en Iran. Les gens ont perdu leur crainte. L’immense haine contre le système politique actuel et la colère face aux difficultés économiques qui touchent la population ont explosé.

      Le Guide Suprême, l’Ayatollah Ali Khamenei, a dans son discours du vendredi 19 juin, ouvertement menacé de répression et de violence, de «faire couler le sang». Il a ouvert la porte à ses rivaux au sein du régime – l’ancien Président l’Ayatollah Akbar Rafsanjani, qui est aussi l’homme le plus riche d’Iran, accompagné de son protégé, le candidat présidentiel Mir Hossein Moussavi – qui ont appelé à annuler les manifestations à cause du risque de massacre. Les politiciens occidentaux ont eux aussi «exprimé leur crainte» et leur «inquiétude» face à la violence, se proclamant en faveur d’un compromis au sommet.

      Cette semaine, les manifestations ont été attaquées sur leurs lieux de rassemblement pour le départ, limitant la possibilité d’organiser des manifestations de masse. Des miliciens Basiji à moto ont attaqué les manifestants à coups de feu et de matraques. La police et l’armée utilisent des gaz lacrymogènes et tirent à balles réelles. Les rapports estiment le nombre de morts à entre 50 et 184 personnes. L’Etat a officiellement affirmé avoir arrêté 475 personnes, mais ce nombre s’élèverait à entre 800 et 1.000 personnes selon les observateurs. Selon Reporters Sans Frontières, 26 journalistes sont détenus, tandis que d’autres agences d’information parlent de l’arrestation de 100 dirigeants étudiants. Un tribunal spécial a été mis en place afin d’interroger et de condamner les détenus.

      La division au sommet du régime s’approfondit de plus en plus. Le candidat présidentiel Mir Hossein Moussavi – qui se tient à l’épicentre de la fracture au sein du régime, ayant défié Khamenei et Ahmadinejad – a été placé sous arrêt à domicile, et son propre journal a été saccagé, avec 25 personnes arrêtées. Son « parrain », L’Ayatollah Akbar Hashemi Rafsanjani, qui est aussi l’ancien Président et l’homme le plus riche d’Iran, a été mis sous pression par l’arrestation de sa famille, y compris sa fille, Faezeh Hashemi. Rafsanajani s’est apparemment rendu dans la ville sainte de Qom afin d’y rassembler ses partisans.

      Khamenei a été forcé de descendre de son piédéstal qu’il occupait en tant qu’arbitre religieux et, dans une certaine mesure, de mettre Ahmadinejad de côté afin de pouvoir proférer ses menaces, apparemment inquiet à l’idée que toute concession aux manifestants ne ferait qu’accroître l’appétit des masses. Le Conseil des Gardiens a admis le fait que certaines failles existent dans le système électoral, mais nient toute possibilité d’un recomptage complet, sans même parler de nouvelles élections. C’est pourquoi la réponse de Khamenei consiste en une répression de masse. Jusqu’ici, toutefois, Musavi n’a pas riposté, préférant appeler à l’annulation des manifestations, mentionnant le risque d’un bain de sang. Les politiciens occidentaux expriment leur «crainte» et leur «inquiétude» au sujet de la violence, espérant un compromis au sommet.

      L’humeur des masses, toutefois, n’est pas facilement contrôlée. Les manifestations de masse de mardi – deux millions selon certains observateurs – se sont déroulées malgré à la fois le mot d’ordre d’ouvrir le feu donné aux forces étatiques et l’appel à rester chez soi lancé par Moussavi. A ce stade, l’Etat et les dirigeants ont à nouveau été pris par surprise. On a même vu la police protéger les manifestants des attaques des milices basiji honnies. Cette semaine, les manifestations des toits – des jeunes sur les toits, criant des slogans toute la nuit – se sont renforcées chaque jour.

      Avec son discours de vendredi, Khamenei a tenté de renforcer le moral des forces de l’Etat, de la même manière qu’il l’a fait contre le mouvement étudiant il y a dix ans. Il y a de nombreux moments décisifs au cours de mouvements de masse et de révolutions. La répression de samedi contre la plus petite des manifestations en route vers la Place de la Révolution n’a pas mis un terme au mouvement de protestation – les manifestations ne vont très certainement pas se terminer maintenant, même si personne n’est sûr de savoir jusqu’où le nouveau mouvement et les forces contre-révolutionnaires sont prêts à aller. Samedi 20 juin, Mir Hossein Moussavi a même appelé à une grève générale au cas où il serait arrêté, ce qu’il a prédit. Certains des syndicats clandestins ont eux aussi appelé à la grève générale.

      Une accumulation de colère

      Cette explosion n’est pas surgie de nulle part. L’authentique révolution ouvrière de 1979, soutenue par les pauvres urbains et ruraux, a été plongée dans le sang par la réaction islamiste. Une contre-révolution brutale, se poursuivant sur de nombreuses années, a annihilé toutes les organisations démocratiques et ouvrières. Ceci a été rendu possible par le rôle joué par le parti communiste pro-Moscou, le Toudeh, qui a soutenu le dirigeant islamiste Khomeyni, considéré comme «anti-impérialiste», poussant la logique jusqu’à ce que le Toudeh lui-même soit écrasé.

      Le mouvement étudiant de 1999 était le premier à réellement secouer le régime et à susciter l’espoir des masses. Mais il a aussi exposé les illusions vis-à-vis de Khatami, le Président «réformateur» d’alors, qui n’a même pas levé le petit doigt pour défendre les étudiants contre la répression. Khatami représentait une aile du régime qui visait à améliorer les relations – à la fois sur le plan national et international – afin de pouvoir éviter tout changement réel. Cette année, Khatami fait partie de l’équipe qui soutient Moussavi. Au cours des dernières années, les étudiants ont organisé toute une série de manifestations sur leurs universités. Les dirigeants étudiants et les éditeurs des magazines étudiants ont été emprisonnés.

      Depuis 2004, il y a eu une importante reprise des grèves et des luttes des travailleurs. Les chauffeurs de bus de Téhéran, les ouvriers de la sucrerie de Haf Tapeh, les enseignants, les ouvriers du textile et les ouvriers de l’usine automobile d’Iran Khodro ont organisé des grèves et des luttes pour les emplois et les salaires – et pour le droit à former des syndicats indépendants. Ils ont aussi formé leurs propres organisations et élu leurs représentants. En juillet 2005, une journée de grèves et de manifestations nationale a vu des grèves se produire même dans la ville sainte de Qom. Cette année, plus de 80 militants ont été arrêtés à la manifestation du Premier Mai dans le parc de Laleh à Téhéran. La détermination des masses, et de la classe ouvrière en particulier, a été démontrée encore et encore. La répression contre le syndicat des chauffeurs de bus et l’emprisonnement de leur dirigeant, Mansur Osanloo, n’a pas pu venir à bout de leur organisation. Après les arrestations du Premier Mai, les travailleurs et leurs familles ont organisé des manifestations quotidiennes pour réclamer la libération de tous les militants.

      Point de focalisation de tous les espoirs

      Les élections présidentielles de cette année sont devenues le point de focalisation pour les espoirs des masses, malgré les pseudo-analyses des «experts» occidentaux qui affiramaient que les conservateurs avaient renforcé leur emprise et que les «réformateurs» avaient été mis de côté. Certains avaient prédit que le Président sortant, Mahmoud Ahmadinejad, pourrait être mis à l’épreuve par un conservateur un plus modéré. En 2005, Ahmadinejad était parvenu, de manière inattendue, à vaincre Rafsanjani grâce à ses promesses de répartition équitable des revenus du pétrole et d’amélioration du niveau de vie pour les pauvres. Malgré la rupture de ces promesses, Ahmadinejad s’est habilement promu lui-même, et est parvenu à échapper au contrôle des mollahs capitalistes. A la place, Ahmadinejad a soutenu les capitalistes parmi le Basij et les Gardiens de la Révolution Islamaique, surtout dans l’industrie pétrolière et le secteur de la construction.

      Malgré le style non-orthodoxe d’Ahmadinejad, l’Ayatollah Kamenei a décidé qu’il était tout de même la meilleure carte à jouer pour les élections présidentielles. Les trois autres candidats approuvés par le Conseil des Gardiens, composé de douze chefs religieux, parmi les 475 personnes ayant demandé à participer à la campagne présidentielle, étaient plus proches du clergé et plus académiques. Ahmadinejad avait aussi montré qu’il n’hésitait pas un instant à recourir à la répression et à se confronter aux Etats-Unis sur la question nucléaire.

      Rafsanjani, qui est lui-même un grand capitaliste et le chef de l’Assemblée des Experts (composée de 86 membres) qui choisit le Guide Suprême, a adopté une position différente. Il considère Ahmadinejad comme un handicap, qui provoque à la fois l’opposition interne et les puissances mondiales. A la place, il voulait élire Mir Hossein Moussavi. Cependant, personne ne s’attendait à ce que l’ancien Premier Ministre, au pouvoir durant une période notoirement répressive (celle de la Guerre contre l’Irak de 1980-88), reçoive un soutien de masse.

      «C’est le duel télévisé entre Moussavi et Ahmadinejad – suivi par 40 millions de téléspectateurs – qui a tout déclenché, et qui a créé des réactions populaires que très probablement ni Moussavi, ni personne au sein de l’appareil du pouvoir iranien n’avait prévues», selon l’analyste suédois Bitte Hammargren. Bien que de nombreux électeurs ne se sentaient pas réellement attirés par Moussavi, il a été perçu par les masses comme étant le candidat qui pourrait vaincre Ahmadinejad.

      Des milliers de jeunes gens et en particulier de femmes sont devenus militants pour Moussavi. L’oppression des femmes est une des clés de voute de la dictature iranienne. Aux côtés des étudiants et des syndicats indépendants, les femmes se sont organisées pour se battre pour leurs droits, et de nombreuses militantes ont été emprisonnées ou tuées. Lorsque la femme de Moussavi, la célèbre artiste Zahra Rahnavard, a participé et a pris la parole aux meetings électoraux de son mari, cela a donné un énorme élan à sa campagne. Au cours de la dernière semaine avant les élections, les étudiants pouvaient plus ou moins librement distribuer des tracts et organiser de smeetings dans les parcs et à l’université. A Téhéran, Moussavi a organisé des meetings de masse, tandis qu’Ahmadinejad, qui dominait totalement et contrôlait les médias étatiques, rassemblait moins de gens.

      L’humeur des masses était au plus haut et, avec un taux de participation de 75%, la jeunesse s’attendait à ce que Moussavi l’emporte. Mais moins de deux heures après la fermeture des bureaux de vote, Ahmadinejad a été déclaré gagnant. Et le lendemain, Khamenei le félicitait, disant que sa victoire était un «événement lumineux». Les politiciens et analystes occidentaux ont semblaient accepter le résultat, le justifiant par le soutien rural pour Ahmadinejad. Toutefois, Moussavi n’était pas d’accord de se laisser mettre de côté, et encore moins ses partisans – ou plutôt, encore moins quiconque qui se déclare contre Ahmadinejad et est mécontent du système. Des rapports faisant état d’arrondissements avec plus de votes que d’électeurs, de bureaux de vote fermés trop tôt, etc. continuaient à arriver. Au lieu de 24 millions de votes, Ahmadinejad n’en aurait reçu que 7 millions, à comparer aux 13 millions de Moussavi. Lors d’un second round, les électeurs des deux candidats vaincus auraient certainement eux aussi voté pour Moussavi.

      Une colère de masse canalisée

      Les manifestations ont démarré immédiatement, avec Ahmadinezhad qui se moquait, les comparant aux petites émeutes qu’on voit après un match de foot. Mais ces manifestations ne protestaient pas seulement contre les résultats électoraux – elles canalisaient toute la colère qui vit contre le chômage, les bas salaires, la crise du logement et le manque de droits démocratiques, avec en plus, pour les militants, l’espoir d’une vengeance contre le régime. Les manifestations sont devenues de plus en plus grandes. Les attaques violentes pendant la nuit menées contre les étudiants sur le campus universitaire par des Basiji à moto, avec des conséquences mortelles, n’ont fait qu’accroître la colère, culminant avec les manifestations de masse de mardi.

      La violence et la propagande comme quoi les USA étaient derrière les manifestations ne sont pas parvenues à mettre un terme au mouvement. Moussavi a dû calmer les manifestations, appelant à des marches funèbres pour jeudi et vendredi. L’Ayatollah Khamenei a dû opérer une retraite partielle et appeler à un recomptage des votes – seulement dans quelques arrondissements, et sous le contrôle du Conseil des Gardiens – ce qui représente un gest dérisoire, mais néanmoins sans précédent. Mais il ne devrait y avoir aucune illusion – à côté de celan Khamenei et le régime ont comment à arrêter les critiques, et à se préparer à une mise au pas dès que possible.

      C’est un mouvement massif et puissant. S’il connaissait sa propre force, le régime pourrait être terminé. Mais il y a aussi des facteurs majeurs qui le retiennent en arrière – la conscience confuse, le manque d’organisations ouvrières indépendantes. Les masses apprendront à travers les événements historiques, mais le mouvement ira-t-il assez loin? Jusqu’où les masses pourront-elles aller avant que Moussavi et Rafsanjani décident qu’elles devraient rentrer chez elles?

      Robert Fisk a écrit dans The Independant de Londres du 19 juin : «Des dizaines de milliers de partisans de Moussavi ont défilé en noir à travers les rues du centre de Téhéran hier soir». Il cite un participant : «On ne peut pas s’arrêter maintenant. Si on s’arrête maintenant, ils vont nous bouffer». Cette humeur combative est probablement typique et peut en soi pousser de côté la répression. Mais le même manifestant poursuit en disant «Le mieux ce serait que les Nations Unies ou n’importe quelle organisation internationale organise de nouvelles élections». Et Fisk de conclure à juste titre : «C’est sur de telles illusions que se construit un désastre».

      Personne en Iran ne devrait faire la moindre confiance aux Nations Unies ou à la classe dirigeante américaine. Lorsque le Président Obama dit qu’il est inquiet, c’est qu’il est surtout inquiet du caractère révolutionnaire des masses. Obama a bien expliqué qu’il n’a aucune préférence pour l’un ou l’autre Président, tant que ce Président est prêt à écouter les Etats-Unis. Les «réformateurs» n’ont jusqu’ici pas été plus ouverts vis-à-vis de la Maison Blanche que ne l’a été Ahmadinejad. L’humeur mixte est aussi observée parmi les manifestations «vertes» anti-Ahmadinejad, où l’on scande ausis des slogans religieux.

      Le mouvement de masse a déjà affecté d’autres couches de la société. Certains policiers ont défendu les manifestants et ont été acclamés comme des héros. Les journaux ont été forcés de donner des compte-rendus des manifestations. Des professeurs d’université ont démissionné en guise de protestation contre les fusillades fatales sur le campus.

      Khamenei a maintenant menacé d’accroître la répression. Mais si le mouvement de masse se poursuit encore quelques jours, Khamenei pourrait être forcé de lâcher Ahmadinejad et de tenter de trouver un compromis avec le camp Rafsanjani. La division au sein de la classe dirigeante est un signe de crise révolutionnaire, et les dirigeants vont lutter pour la surmonter. Moussavi n’est pas une réelle alternative, mais a été poussé dans le rôle de détonateur. Il a accompli sa part en promettant la loyauté à Khamenei et à la république islamique, tout en se donnant l’air d’un dirigeant de l’opposition agressif.

      La classe ouvrière

      La tâche la plus urgente est de former et construire des organisations indépendantes de travailleurs à une échelle de masse. Indépendantes de l’Etat, de la religion, des capitalistes, des libéraux, etc., elles devraient montrer la voie vers les entreprises et les comités de quartier. Tout comme les shuras de la révolution de 1979, des comités de travailleurs devraient prendre à charge à la fois l’auto-défense et le contrôle ouvrier sur la production et l’économie. Contrairement à 1979, ces comités doivent être coordonés à l’échelle d’une ville et à l’échelle nationale.

      Certaines organisations ouvrières indépendantes existent déjà, comme le syndicat des chauffeurs de bus, qui a adopté la ligne correcte de ne soutenir aucun des candidats à la Présidence. Tous étaient des candidats capitalistes religieux d’un genre ou d’un autre. Aucun d’entre eux n’allait se charger du chômage qui touche 20% de la population (12,5% officiellement) ni de l’inflation de 30% par an (25% officiellement).

      Les organisations de travailleurs doivent maintenant se positionner à l’avant de la résistance de masse – construisant des syndicats, formant des comités de défense larges et cherchant le soutient des étudiants et des autre smilitants parmi les pauvres urbains. Mais par-dessus tout, l’Iran a besoin d’un parti clairement socialiste. Les soi-disantes «révolutions de couleur» des autres pays ont montré la possibilité de renverser un gouvernement, mais lorsque cela s’est produit, il s’est avéré que les nouveaux régimes pro-capitalistes qui en ont émergé n’ont pas fondamentalement changé la vie des travailleurs et des gens ordinaires. C’était aussi la leçon des révolutions de masse qui se sont produites partout en Europe en1848, et qui ont été étudiées par Marx et Engels, ce qui a établi la base pour leur conlusion selon laquelle il faut s’efforcer d’organiser la classe ouvrière de manière indépendante.

      Les mouvements de masse ne sont pas inépuisables – ils se battent tant qu’ils croient que la lutte peut et va obtenir des résultats. La lutte pour les droits démocratiques doit être liée à la lutte pour la libération politique et économique. Les mollahs capitalistes doivent être renversés et leur richesse confisquée. Seule une économie démocratiquement contrôlée par un plan socialiste démocratique peut offrir l’éducation, des emplois et des salaires décents. L’Iran a une forte tradition ouvrière, remontant à la révolution de 1906-11, mais avant tout à celle de 1979. C’était le mouvement de grève des travailleurs, plutôt que les simples manifestations dans les villes, qui a renversé l’énome appareil d’Etat du Shah. La leçon principale de cette révolution, apprise dans le sang, est le besoin d’un parti ouvrier socialiste révolutionnaire de masse, afin de désarmer les islamistes, politiquement et militairement.


      Le Comité pour une Internationale Ouvrière, CIO

      Rättvisepartiet Socialisterna est la section du CIO en Suède.

      Le capitalisme est un système mondial et il doit être combattu à la même échelle. C’est pourquoi le Parti Socialiste de Lutte fait partie d’une organisation marxiste internationale: le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), un parti mondial actif sur tous les continents. Notre lutte en Belgique s’inscrit dans le cadre d’une lutte des travailleurs du monde entier pour un société socialiste car si la révolution socialiste éclate sur le plan national, elle se termine sur l’arène internationale. La démocratie ouvrière et la planification socialiste de la production ne peuvent se limiter à un seul pays. C’est d’ailleurs l’isolement de la Russie soviétique qui a conduit à sa dégénérescence à partir de 1924.

  • Stop au massacre à Gaza

    La lutte de masse est la seule issue

    Le gouvernement Israélien est empêtré dans une succession de scandale et d’échec, et plus récemment dans les effets de la crise mondiale du capitalisme. Maintenant, il essaye d’éviter leur probable défaite aux prochaines élections de février en orchestrant un carnage préparé depuis longtemps.

    Abu Abas, Mubarak et les dirigeants de Ligue Arabe condamnent le massacre. Mais ils ont été les complice d’Israël dans le blocus mis en place depuis 16 mois qui a affamé le million et demi d’habitants de Gaza.

    Ces régimes accomplissent volontairement les exigences de l’impérialisme. Le régime autoritaire de Mubarak en Egypte a collaboré à l’emprisonnement des Palestiniens en empêchant la libre circulation des marchandises et des personnes à la frontière entre l’Egypte et Gaza. Mubarak a même rencontré la veille de l’attaque israélienne le ministre des affaires étrangères israéliennes, Livni. Bush (ainsi qu’Obama) a refusé de contraindre Israël à cesser immédiatement le carnage.

    Bush emploie une même brutalité dans l’occupation américaine de l’Irak et de l’Afghanistan. Tandis qu’en Europe on peut entendre de faibles appels au cessez-le-feu, la Maison Blanche ne critique nullement le massacre de masse israélien et condamne unanimement le Hamas. Bush condamne les tirs de roquettes du Hamas sur des villes israéliennes tout en soutenant le blocus israélien/égyptien de Gaza.

    Les tirs de roquettes du Hamas ne peuvent mettre fin à l’oppression des Palestiniens par l’Etat d’Israël. La classe dirigeante israélienne ne s’inquiète pas des travailleurs habitant les villes entourant Gaza, mais exploite leur situation difficile pour justifier la guerre. L’utilisation de roquettes par les dirigeants du Hamas sert à masquer l’absence d’une véritable stratégie pour libérer les masses palestinienne du siège israélien. Le gouvernement israélien ne défend pas les véritables intérêts des israéliens ordinaires mais au contraire, il exploite leurs peurs.

    Chaque acquis obtenu dans l’histoire de la lutte palestinienne a été le résultat de la mobilisation active des masses. Tragiquement pour les Palestiniens, ni le Hamas, ni le Fatah, ni les régimes arabes n’ont une stratégie pour défendre les masses et pour arrêter le massacre de l’Etat israélien.

    • Pour l’arrêt immédiat des attaques israéliennes et du siège de Gaza.
    • Pour des manifestations et des protestations de masse contre la guerre, dans le Moyen-Orient et partout dans le Monde.
    • Aucune solution ne peut venir des puissances impérialistes et de leurs institutions internationales. Les masses palestiniennes ne peuvent compter que sur leur propre lutte et faire appel au soutien des masses laborieuses partout dans le monde, plus particulièrement dans le Moyen-Orient et ce y compris en Israël.
    • Pour l’organisation et l’autodéfense des masses. Pour des actions de masse commune des Palestiniens et des Egyptiens pour briser le siège de Gaza.
    • Pour des luttes unies des travailleurs et des pauvres pour renverser les régimes capitalistes en Israël et dans les pays arabes. Pour des gouvernements des travailleurs et des masses pauvres au Moyen-Orient qui peuvent mettre fin au cycle de violence et résoudre les problèmes des gens.
    • Pour une Palestine socialiste et un Israël socialiste dans une fédération socialiste du Moyen-Orient.

    Plus d’infos sur www.socialisme.be et www.socialistworld.net

  • Obama sera-t-il le nouveau président des USA?

    Mener campagne à gauche pour gouverner à droite

    Le fait qu’Obama, en tant qu’homme noir, ait une chance de devenir président est l’expression des changements sociaux survenus aux USA.

    L’espoir du changement

    Obama a battu Hilary Clinton lors des primaires du parti démocrate. La participation de masse aux réunions électorales (notamment 75.000 participants à Portland) ou la plus grande participation de jeunes et de noirs aux primaires (35% contre 29% en 2004) ont illustré qu’il a pu susciter un mouvement.

    Le thème du changement a été central chez Obama: il a promis de mener une autre politique pour que le pays change. Mais Obama répondra-t-il aux attentes? Des millions de pauvres pensent en effet qu’il leur offrira un meilleur niveau de vie.

    Tout comme les précédents candidats démocrates à la présidence (y compris Bill Clinton), Obama fait campagne à gauche avant de mener une politique de droite. Il n’a aucune réponse pour la crise du logement (plus de deux millions de familles ont été expulsées).

    Sa seule promesse est une baisse d’impôt de 500 dollars pour tout propriétaire, mais rien contre les expulsions massives. Il s’est même opposé aux aides massives pour les propriétaires en détresse. Beaucoup d’américains souhaitent une couverture de santé universelle, mais Obama ne veut pas s’opposer aux intérêts colossaux des grands groupes d’assurance médicale.

    Lors du début de sa campagne, Obama a insisté sur son opposition à la guerre en Irak (un avantage face à Hillary Clinton qui avait voté pour). Il a toutefois clairement affirmé qu’il défendrait les intérêts de l’impérialisme américain, a promis une politique plus dure face à l’Iran et veut accorder 30 milliards de dollars supplémentaires au soutien pour Israël. Il veut aussi poursuivre le blocus dont est victime Cuba et soutien le système répressif de Colombie.

    La faillite de la politique étrangère de Bush induit nécessairement que les USA vont changer d’approche. Ce changement sera uniquement de nature tactique et ne provoquera pas de changement quant au rôle de ce pays sur la scène internationale.

    La Maison Blanche vendue aux enchères

    Obama a affirmé que son trésor de guerre était basé sur la générosité de petits donateurs, ceux qui donnent moins de 200$. C’est vrai, mais il a également reçu des millions de dollars de la part des pontes de Wall Street et des grandes entreprises. Les représentants de ces gros donateurs se réunissent chaque semaine avec l’équipe de campagne d’Obama, c’est bien l’élite qui déterminera sa politique.

    Ce sont deux candidats de partis quasiment identiques et favorables à l’élite qui se présentent. Fin avril, Obama avait dépensé 225 millions de dollars (192 pour Clinton et 78 pour Mc Cain). Plusieurs autres centaines de millions de dollars suivront. Après 8 ans de désastres avec Bush, il est impossible pour un républicain de remporter l’élection. Le plus gros avantage de Mc Cain est qu’il n’est pas Bush. Depuis qu’il a été désigné candidat, il opte pour une politique clairement conservatrice dans le but d’obtenir les voix de l’aile droite du parti. Il veut ainsi se battre en Irak « jusqu’à la victoire ».

    Le fait que Mc Cain ait aujourd’hui encore une chance montre bien que malgré l’enthousiasme que suscite Obama auprès de certains groupes d’électeurs (les jeunes, les noirs) d’autres groupes (hispanique, femmes, ouvriers ordinaires) restent sceptiques aussi bien au sujet des démocrates qu’au sujet d’Obama lui même. En prenant des positions socio-économiques claires, Obama pourrait obtenir un soutien massif de la part des travailleurs blancs.

    Y a-t-il une alternative?

    Comme en 2000 et en 2004, Ralph Nader se présente. C’est un populiste radical ayant des positions anti-guerre, contre les grandes entreprises et en faveur des travailleurs. Il s’oppose au bipartisme et refuse de voter pour le moindre mal. Sur cette base, il attire une faible frange de la population composée principalement de jeunes radicalisés et de travailleurs (2,8 millions de votes en 2000 – 2,7%). Socialist Alternative, notre organisation soeur aux USA appelle à voter Nader. Mais il n’est pas prêt à utiliser ses campagnes pour construire un nouveau parti. Cette année, son score devrait être très faible en raison de l’enthousiasme que suscite Obama.

    Le 44ème président des USA va connaître des temps houleux, la crise du capitalisme américain et international entraînera des mouvements sociaux de la part des travailleurs et de leurs familles. Nous avons pu en observer les prémices ces dernières années, entre autres la grève des travailleurs immigrés (mai 2006), les actions antiracistes massives à Jena en Louisiane (septembre 2007), la grève des dockers de la Côte-Ouest le 1er mai 2008 contre la guerre en Irak (grève menée en collaboration avec les dockers en Irak même),…


    Liens:

  • Etats-Unis. Qui succédera à Bush? Obama/Clinton changeront-ils de politique ?

    Depuis un an, les Démocrates détiennent la majorité au Congrès. Ils sont parvenus à rendre le Congrès plus impopulaire que le Président lui-même. Selon des sondages, 22% se disent satisfaits du travail du Congrès contre 31% pour celui de Bush. Le mécontentement envers les politiciens traditionnels est très grand. Le changement promis n’est pas venu, il n’y a même pas eu d’agenda pour le retrait des troupes et les Démocrates continuent de voter les crédits ‘provisoires’ à la guerre en Irak.

    Bart Vandersteene

    Dans les élections primaires, chacun parle de ‘changement’. Les candidats démocrates favoris, Obama et Clinton, prétendent tous les deux incarner ce changement. Clinton y ajoute son expérience d’ex-‘First Lady’.

    Les élections primaires sont un cirque ambulant où l’on discute surtout de l’aspect des candidats et de leurs déclarations vides de contenu. C’est une opération publicitaire qui vise à influencer l’opinion publique et à faire élire le candidat qui a le soutien de la majorité de l’establishment (et qui a donc le plus de moyens). Ils appellent ça “démocratie”.

    Les défis n’en sont pas moins grands. Après la crise hypothécaire de l’été passé, il semble que les USA soient entrés en récession économique (lire ci-contre). Les salariés et leurs familles le ressentent directement, entre autres à cause des prix qui s’envolent dans une période de hausse du chômage et d’atteintes aux salaires, à la sécurité sociale, etc. Tous les candidats traditionnels à la présidence ont la même recette pour s’attaquer à la crise: les baisses d’impôts pour les riches.

    Nous pensons qu’il faut rompre avec le système bipartisan aux USA. Les Démocrates ne sont pas ‘un moindre mal’. Comme Michael Moore l’avait affirmé lors des élections présidentielles précédentes : « Y a-t-il une différence entre les Démocrates et les Républicains? Oui certes. Les Démocrates disent une chose et en font une autre – en coulisse ils s’entendent comme cochons avec les salauds qui rendent ce monde plus vil et plus abject. Les Républicains le font ouvertement et accordent aux salauds une officine dans l’aile ouest de la Maison Blanche. C’est ça la différence. » (Stupid, White Men, p239 traduction libre)

    La seule façon de faire entendre une autre voix dans le débat, c’est d’engager la lutte pour la mise sur pied d’une force politique indépendante du big business. Même si celle-ci ne devait pas faire de scores spectaculaires lors de ces élections, elle pourrait jeter les bases pour interpeller un public plus large dans le futur. On suivra de près des figures telles que Ralph Nader (qui en 2000 et en 2004 a mené une campagne anti-néolibérale), Cindy Sheehan (une militante antiguerre qui se présentera contre la présidente démocrate de la Chambre, Nancy Pelosi) ou Cynthia McKinney (une ancienne parlementaire démocrate qui s’est aussi fortement exprimée contre la guerre).

    > www.socialistalternative.org

  • Le pape Benoît XVI condamne le capitalisme : « Nous devons choisir entre la logique du profit et la solidarité »

    Les patrons italiens ont dû avaler leur café de travers ce matin en lisant leur journal « Il Corriere della Sera » ce lundi 24 septembre : le quotidien relate un discours fait par le pape Benoît XVI ce week-end, qui porte ses accusations contre le capitalisme et la logique du profit.

    Cédric Gérôme

    Le pape souligne que le capitalisme produit « de graves injustices lorsque prévaut la logique du profit. ». « L’émergence de la faim et des problèmes écologiques, poursuit-il, l’illustrent avec une évidence croissante ». Le pape invite à « reconsidérer le capitalisme comme l’unique modèle valide d’organisation économique ». Il met en garde contre le risque d’une « exploitation débridée de la planète, et d’une augmentation de la disproportion entre les riches et les pauvres que la prédominance de la logique de profit contribue à générer ».

    Si pour Benoît XVI, « une décision fondamentale est devenue nécessaire : le choix entre la logique du profit comme critère ultime de notre action ou la logique du partage et de la solidarité », il nuance tout de même par la suite ses propos : « La logique du profit et celle de la distribution des richesses ne sont pas en contradiction l’une avec l’autre, pour autant que leurs rapports mutuels soient bien ordonnés » ; il ajoute que « le profit est naturellement légitime, et dans une juste mesure, nécessaire au développement économique. » On ne peut manquer de cerner là une certaine ambiguïté dans ses propos. De même, on peut difficilement être d’accord avec lui lorsqu’il déclare : « La doctrine catholique a toujours soutenu l’égale distribution des biens comme une de ses priorités. »

    Ne nous y trompons pas : les autorités ecclésiastiques supérieures tel le Vatican se sont toujours rangés du côté des riches et des puissants, usant de leur influence pour promouvoir les forces politiques les plus réactionnaires. L’appui du Vatican au régime fasciste de Mussolini n’en est qu’un illustre exemple. Ceux qui pourraient voir dans les positionnements du chef actuel de l’Eglise catholique un « souffle à gauche » de la part du Vatican doivent se remmémorer que Benoît XVI affiche –avec nettement moins d’ambiguïtés- des positions allant à l’encontre des pratiques homosexuelles et de l’avortement, défend le célibat des prêtres et le non-accès des femmes au sacerdoce. Le nouveau pape entretient en outre des liens étroits avec les factions ultra conservatrices au sein de l’Eglise catholique, telle l’Opus Dei. Lors de son entretien avec Georges Bush à la Maison-Blanche, le pape avait salué « la parfaite entente » que les deux hommes partageaient sur la politique américaine au Liban et en Afghanistan…

    Alors, le pape, « anti-capitaliste » ? Disons plutôt que la recherche croissante d’une alternative à l’impasse du système capitaliste actuel parmi des couches de plus en plus larges se répercutent sur le positionnement de certains éléments de la hiérarchie catholique. Certains membres éminents des classes dirigeantes veillent elles aussi à mieux « emballer socialement » leurs discours…On se souvient par exemple des références que le président français Sarkozy avait lui-même osé pendant sa campagne électorale à Jean Jaurès ou Antonio Gramsci (ancien membre dirigeant du Parti Communiste Italien). Le caractère anti-ouvrier de sa politique n’est pourtant plus à démontrer… Sans doute le plus à déplorer dans cette histoire est que les discours du Pape se positionnent aujourd’hui plus à gauche que ceux de la direction du Parti de la Rifondazione Comunista.

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