Tag: Libye

  • [VIDEO] Dix ans depuis les révolutions en Afrique du Nord et au Moyen Orient

    Aujourd’hui, c’est le dixième anniversaire du déclenchement de la révolution tunisienne, le 17 décembre 2010, qui a conduit à l’éviction de Ben Ali le 14 janvier 2011. Cette vidéo reprend l’introduction de Cédric Gérôme qui a servi de base à un meeting intitulé ” 10 ans après les révolutions en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, la force du mouvement de masse hier et aujourd’hui”.

    Cédric est permanent pour Alternative Socialiste Internationale (ASI, dont le PSL/LSP est la section belge). Il a tout particulièrement suivi les développements en Tunisie et est actuellement en train d’écrire un livre sur cette expérience révolutionnaire.

  • L’esclavage existe toujours au 21e siècle

    Image: fers d’esclaves, Wikipedia.

    Un reportage tourné fin octobre 2017 et diffusé sur CNN à la mi-novembre mettait au-devant de la scène l’existence de marchés aux esclaves en Libye. Le trafic d’êtres humains ne se limite pas à ce pays plongé dans le chaos, en raison notamment de l’intervention militaire de forces armées occidentales en 2011. On parle d’une industrie planétaire qui fait des millions de victimes sur la planète, essentiellement des femmes. Selon l’ONU, 71% des victimes identifiées sont des femmes.

    La traite des êtres humains représente le troisième trafic le plus lucratif au monde, derrière la drogue et la contrefaçon. L’Organisation des Nations unies estime ces profits à plus de 27 milliards d’euros par an. Les réseaux de trafiquants alimentent le travail forcé, l’exploitation sexuelle, le trafic d’organes… Des victimes venues de 137 pays ont été identifiées dans au moins 69 Etats différents. Les régions les plus touchées par ces trafics sont l’Asie du Sud-Est, l’Afrique subsaharienne, l’Amérique latine, l’Europe de l’Est, l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient.

    La responsabilité de l’Union européenne dans le cas Libyen

    Les premières négociations entre l’Italie et la Libye de Kadhafi concernant la manière de bloquer les réfugiés en Libye remontent à 2000. Accords et aides financières pour des camps de réfugiés et pour des opérations de garde-côtes se sont succédé depuis lors. Mais depuis l’éclatement de la guerre civile, le blocage est devenu un immense piège.

    La Libye est progressivement devenue un enfer pour les migrants, un enfer alimenté par les financements de l’Union européenne qui a accordé plusieurs millions d’euros aux garde-côtes libyens et aux ‘‘autorités’’ du pays, dont les exactions sont pourtant dénoncées par les grandes organisations des droits humains. La politique migratoire européenne participe sciemment à la torture, au viol et désormais à la mise en esclavage d’individus.

  • Pourquoi il faut s’opposer au sommet du G8

    Cette année, le sommet du G8 se tiendra dans le comté de Fermanagh, en Irlande du Nord, les 17 et 18 juin. Cette rencontre réunit les chefs de gouvernement de huit grandes économies capitalistes mondiales afin de discuter de la manière de continuer à favoriser au mieux les intérêts de ceux qu’ils représentent : les super-riches, les grandes entreprises et les banquiers.

    Socialist Party (CIO-Irlande du Nord)

    Les dirigeants du G8 représentent des gouvernements qui attaquent frontalement le niveau de vie de la population. Ils sont déterminés à faire payer aux simples travailleurs, aux jeunes et à la classe moyenne le coût d’une crise dont nous ne sommes pas responsables pour financer le renflouement des banquiers et des spéculateurs. Leur programme d’austérité tue l’économie et a créé un chômage de masse à travers le monde, en particulier chez les jeunes. Alors que les super-riches continuent de s’enrichir, des milliards de personnes sur notre planète vivent avec moins de 2 dollars par jour.

    Ensemble, les gouvernements du G8 sont coupables d’inaction concernant le changement climatique qui menace notre environnement et l’avenir de l’humanité. Pour eux, les profits des compagnies pétrolières sont plus importants que notre planète. En 2001, le G8 a publié un communiqué de promotion pour la fracturation hydraulique (« fracking »), une méthode dangereuse d’extraction de gaz susceptible de contaminer les réserves d’eau. Les multinationales et de nombreux politiciens locaux salivent à l’idée d’appliquer ce processus à Fermanagh, contre la volonté des collectivités locales.

    Le G8 et le système capitaliste qu’il représente sont étroitement liés à la guerre et à la souffrance que celle-ci cause chez les peuples à travers le monde. Les gouvernements membres se sont directement engagés dans les campagnes impérialistes en Irak, en Afghanistan, en Libye et au Mali pour ne citer que quelques exemples. Certains soutiennent l’oppression de l’État d’Israël sur le peuple palestinien. En attendant, ils financent et arment les régimes dictatoriaux dans le monde entier.

    Où qu’ils aillent, les pays du G8 ont été confrontés, à juste titre, aux protestations des syndicats, des militants de gauche radicale, des militants pacifistes et des défenseurs de l’environnement. Nous ne pouvons pas leur permettre d’utiliser l’Irlande du Nord comme tribune vers laquelle se tournent les caméras pour y faire des discours vides de sens sur la paix et la prospérité sans opposition. Rejoignons la protestation contre le G8 et aidons à faire passer un message clair au monde : nous nous opposons à l’agenda du G8 et ces criminels ne sont pas les bienvenus ici !

    Qui compose le G8 ?

    Obama – belliciste en chef

    Des milliers de civils ont trouvé la mort dans ses frappes de drones au Pakistan et dans d’autres pays. Obama a poursuivi l’occupation de l’Afghanistan. Il a brisé sa promesse de fermer le camp de torture de Guantanamo et a emprisonné Bradley Manning qui avait exposé au grand jour les crimes de guerre américains.

    Cameron – l’héritier de Thatcher

    Le gouvernement conservateur dirigé par Cameron dirige un programme de coupes brutales qui dévaste les communautés de la classe ouvrière en Grande-Bretagne et en Irlande du Nord. Parallèlement, il défend systématiquement ses amis banquiers. Les réductions de Cameron sur les allocations – y compris sa taxe impopulaire sur « les chambres à coucher » – et les attaques contre les soins de santé nationaux (NHS) visent à démanteler l’État-Providence.

    Angela Merkel – architecte de l’austérité

    Angela Merkel est idéologiquement engagée dans le programme d’austérité européen visant à faire baisser le niveau de vie de la classe ouvrière. Elle a exigé que les travailleurs et les jeunes de Grèce et d’autres pays soient jetés par terre plutôt que de faire payer les banquiers.

    Poutine – dictateur élu

    Poutine règne sur un régime institutionnellement corrompu dirigé par une oligarchie parasitaire. L’appareil d’État intimide et harcèle ceux qui osent parler. Récemment encore, les membres du groupe punk Pussy Riot ont été condamnées à une lourde peine pour avoir interprété une chanson qui critiquait Poutine.

    Qu’en est-il des « bénéfices » du G8 ?

    En Irlande du Nord, une campagne de propagande médiatique a tenté de nous faire croire que le G8 est une bonne chose. On nous a raconté que ce sommet allait booster notre économie, attirer les investissements étrangers et le tourisme tout en plaçant clairement l’Irlande du Nord sur la ‘‘scène mondiale’’. Combien de fois avons-nous entendu ces mêmes déclarations pleines de promesses ? Les communautés de la classe ouvrière d’Irlande du Nord attendent toujours les ‘‘dividendes de la paix’’ promises il y a 15 ans !

    La vérité est que le programme d’austérité du G8 consiste à un sabotage de l’économie, localement et globalement. L’assemblée exécutive ôte 4,3 milliards de livres sterling de notre économie à travers les coupes budgétaires. L’investissement a chuté parce que les entreprises ne sont pas convaincues de pouvoir faire suffisamment de gros bénéfices. Le tourisme a chuté parce que les gens ont tout simplement moins d’argent à dépenser. La station Lough Erne, dans laquelle va se tenir le sommet, est un bel exemple de cette situation. Elle a déposé le bilan et a été fermée. Elle est maintenant réouverte provisoirement et le personnel a été réembauché avec de plus petits salaires. Tout l’argent que rapportera le sommet du G8 sera perdu dans le dispositif massif de sécurité.

    Pas d’argent pour les soins de santé – 30 millions de livres pour protéger le G8 !

    Fermanagh sera transformé en zone militarisée à l’approche du sommet du G8, provoquant un énorme bouleversement dans la vie de la population. Des milliers de policiers ont été postés dans la zone, ainsi que l’armée. Des autopompes ont été préparées et le Conseil national de police a autorisé l’achat d’avions drones espions. Pendant que les politiciens ferment les écoles et réduisent les services de santé, aucune économie n’est faite sur les exigences de Cameron et de Poutine.

    Il y a eu une tentative délibérée de la police, des politiciens et des médias pour intimider les gens à exercer leur droit de protester contre le G8. Cela s’est accompagné d’une tentative de discréditer les opposants au G8 en les faisant passer pour des voyous violents et à les lier à des républicains dissidents. Il s’agit d’une considération inexacte. Nous cherchons à manifester pacifiquement. Les véritables coupables de violence se situent au sein même du sommet du G8 !

    Rejoins l’opposition socialiste !

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    Le G8 représente le système capitaliste qui voit notre monde dominé par une minuscule élite de super-riches. Ce système engendre la pauvreté, la guerre, la destruction environnementale et la division. Nous sommes pour un monde socialiste, dans lequel l’immense richesse qui existe deviendra une propriété publique et sera utilisée démocratiquement pour assurer une existence décente à tous.

    Le Socialist Party et son internationale le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) cherchent à construire une force politique capable d’unir les travailleurs et les jeunes, passant au-delà du fossé sectaire entre catholiques et protestants, pour défendre nos intérêts communs, nos intérêts de classe.

  • Zero Dark Thirty. Un film de propagande sur la traque de Ben Laden

    Le film raconte l’histoire de la ‘‘plus grande chasse à l’homme de l’Histoire’’, celle d’Oussama ben Laden. La réalisatrice Kathryn Bigelow affirme que la neutralité artistique est respectée, mais ce film n’est que de la pure propagande en faveur de la politique étrangère américaine qui a fait suite au 11 septembre 2001, particulièrement au niveau du recours à la torture.

    par Eddie McCabe

    L’histoire suit une jeune agente de la CIA, Maya (jouée par Jessica Chastain), dont la farouche détermination plus de dix ans durant fut la clé de la découverte de Ben Laden et de son exécution sans aucune forme de procès, de même que beaucoup d’autres femmes et hommes qui se trouvaient dans la même maison.

    Grâce à la collaboration du gouvernement américain, nous avons avec ce film un aperçu des opérations de la CIA et une idée précise des techniques de torture. Pour le reste, l’histoire est prévisible et, malgré les 2 heures et demi que dure le film, les personnages restent sans profondeur. Le personnage principal est une solitaire froide et impitoyable directement sortie de l’école de la CIA. Il s’agit plus d’un robot que d’un être humain.

    Le film commence par les images horribles des attentats du 11 septembre 2001, avec également des images d’attentats- suicides méprisables commis par des groupes affiliés à Al-Qaïda. La torture est présentée comme la réponse normale face à ces crimes horribles. L’information qui conduira finalement à trouver Ben Laden a été soutirée par la torture. Le plus frappant est toutefois ce qui est à peine soulevé dans le film, à savoir l’invasion et l’occupation de l’Afghanistan et de l’Irak et le massacre par l’impérialisme américain de centaines de milliers de personnes innocentes. L’effet de la politique étrangère américaine au Moyen-Orient après le 11 septembre est totalement ignoré.

    Alors que le régime d’Obama est loué par l’establishment pour l’élimination d’Oussama Ben Laden, rien n’est dit sur le fait que les États-Unis soutiennent aujourd’hui des groupes similaires à Al-Qaïda en Libye et en Syrie, tout comme Ben Laden l’avait été dans les années ‘80.

  • Intervention au Mali : Impérialisme ou "guerre humanitaire" ?

    Face aux terribles méthodes réactionnaires des djihadistes qui ont pris le pouvoir au Nord du Mali, aux côtés du MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad), l’intervention militaire française (qui reçoit entre autres l’appui logistique de l’armée belge) s’est présentée comme une aide extérieure – à la demande des Maliens "eux-mêmes" – pour défendre la ‘’démocratie’’ et les ‘’droits de l’homme’’. Il est certains que les terribles méthodes des groupes djihadistes réactionnaires révulsent à juste titre. Doit-on pour autant soutenir cette intervention ? Quelles solutions sont réellement capables de pacifier la région ?

    Par Nicolas Croes, article tiré de l’édition de février de Lutte Socialiste

    • Sahel : Non à la guerre au Mali ! L’intervention impérialiste va approfondir la crise et l’instabilité

    Une situation sociale désastreuse

    Malgré ses grandes ressources naturelles (le Mali est le troisième producteur d’or d’Afrique), ce pays est aujourd’hui l’un des plus pauvres au monde. En 2011, il s’est classé 175e sur les 187 pays pris en compte par l’Indice de développement humain du Programme des Nations Unies. Le taux de mortalité infantile est faramineux, de même que la malnutrition, l’analphabétisme… ce à quoi s’ajoute aussi la pratique largement répandue de l’excision.

    Toute la région au Nord du ‘’Mali vert’’ connait une situation plus dramatique encore. Cette région a toujours été défavorisée en termes d’investissements et d’infrastructures, tant durant la période de la colonisation française qu’après l’indépendance (en 1960), et plus particulièrement encore sous la dictature du général Moussa Traoré (à partir de 1968). De plus, les pluies se tarissent en raison du réchauffement climatique, une catastrophe pour tous les peuples de la région qui dépendent quasi uniquement de l’élevage et de fermes. Cette situation globale liée à la chute du tourisme (en conséquence de la crise et de l’augmentation des violences) a laissé des villes comme Tombouctou totalement sans ressources à l’exception de l’aide humanitaire limitée – et souvent intéressée – venue de l’occident et d’ailleurs (notamment, précédemment, de la Libye de Kadhafi).

    Il n’est pas exagéré de dire que les zones désertiques du Nord constituent un véritable océan de misère, de colère et de désespoir. Voilà le terreau pourri sur lequel ont pu proliférer mafias de trafiquants de drogue, milices armées, combattants de type Al-Qaïda, kidnappeurs, etc.

    La responsabilité du régime de Bamako

    Les problèmes dans le Nord du Mali sont connus de longue date. Les révoltes y ont été nombreuses, particulièrement en 1990. Ce fut d’ailleurs l’un des facteurs (mais ni le seul, ni le plus important) qui a conduit à la chute de la dictature de Traoré en 1991. Il a fallu attendre 1996 pour que les différents groupes touaregs brûlent symboliquement leurs armes en échange de promesses d’investissements destinés à améliorer les terribles conditions de vie en vigueur dans cette région. Mais ils ont largement été trahis, et ne furent pas seuls dans ce cas.

    La dictature de Traoré s’est effondrée à la suite d’une véritable révolte des masses, avec une mobilisation extraordinaire de la jeunesse (qui a connu de régulières explosions de colère depuis 1977), des femmes et de la base de l’Union Nationale des Travailleurs du Mali (UNTM). Grèves générales et manifestations de masse ont déferlé sur le pays pour réclamer la fin de la dictature, mais aussi plus de justice sociale.

    Faute de prolongement politique résolu à s’en prendre aux racines du système, un vide a été laissé pour qu’une aile de la hiérarchie militaire opère un coup d’État afin d’assurer une ‘’transition démocratique’’ avant tout destinée à préserver la structure de l’État et le système d’exploitation tout en sacrifiant le dictateur (gracié en 2002). Malgré tout, le régime présidentiel autoritaire a eu du mal à être installé, et les protestations de masse se sont poursuivies (notamment en 1993).

    Le régime a continué à se plier en quatre pour servir les intérêts de l’impérialisme, essentiellement français, et s’est soumis de bonne grâce aux diktats du Fonds Monétaire International et de la Banque Mondiale en appliquant un politique néolibéral sauvage qui a détruit les services publics existants. Ce fut plus particulièrement le cas dans les années 2000, sous le règne d’Amadou Toumani Touré, le putschiste de 1991 élu à la présidence en 2002.

    Socialisme ou barbarie

    Ni en Afghanistan, ni en Irak, ni ailleurs, la guerre n’a été la solution pour instaurer la démocratie, mais, par contre, la ‘’lutte pour la démocratie’’ a systématiquement servi à masquer la défense des intérêts impérialistes. Dans le cas du Mali, il s’agit de s’assurer le contrôle des ressources de la région, au Mali, mais aussi au Niger voisin. La France puise plus d’un tiers de l’uranium nécessaire à ses centrales nucléaires au Niger. Elle vient d’ailleurs de décider d’envoyer ses troupes spéciales pour protéger l’uranium du géant français du nucléaire, Areva (c’est la première fois que les forces spéciales servent de milice pour une entreprise privée). La ‘’Françafrique’’ existe toujours bel et bien, comme l’avait encore illustré l’Opération Licorne en Côté d’Ivoire, pays lui aussi voisin du Mali. Si une grande partie de la population peut aujourd’hui favorablement accueillir les troupes étrangères face au danger du djihadisme réactionnaire, la réalité du ‘’Malifrance’’ ne va pas être bien longtemps masquée. Aujourd’hui, de nombreux rapports font déjà état de crimes de guerre des deux côtés du conflit, tandis que les troubles se sont étendus jusqu’en Algérie, où les braises du sanglant conflit interne des années 90’ n’ont jamais été éteintes.

    Seul un mouvement organisé sur une base de classe et résolu à livrer aux masses le contrôle des ressources du pays est apte à résoudre les divers problèmes entre ethnies (Touaregs, Bambaras, Dogons, Bozos…), en éliminant la division fratricide que peut entraîner la lutte pour la survie en désespoir de perspectives communes.

    Les travailleurs et les pauvres du Mali jouissent d’une longue tradition de lutte, un tel mot d’ordre n’a rien d’un fantasme.

  • USA : Les électeurs rejettent le programme de la droite

    Il faut se préparer à lutter contre la politique des deux partis de Wall Street

    Des dizaines de millions de personnes ont soupiré de soulagement en entendant que Mitt Romney et Paul Ryan n’entreraient pas à la Maison Blanche. Les syndicalistes, les femmes, les afro-américains, les latinos et les LGBT ont considéré avec raison le programme des Républicains comme une véritable menace.

    Bryan Koulouris et Ty Moore, Socialist Alternative (Partisans du CIO aux USA)

    La droite a essayé de voler ces élections en intimidant les électeurs, en prenant une posture économique faussement populiste dans les dernières semaines, en injectant environ un milliard de dollars dans la campagne,… afin de tenter de convaincre les pauvres, les jeunes et les personnes de couleur de renoncer à leurs droits. Mais le soutien électoral d’Obama n’était en rien semblable à celui qui avait couronné la campagne énergique et enthousiaste de 2008. Cette année, la participation a baissé de 12 millions d’électeurs comparé à 2008. La plupart des gens ont voté Obama en le voyant comme le ”moindre mal” plutôt que comme le sauveur qui apporterait ”l’espoir et le changement” d’il y a 4 ans.

    Le mouvement Occupy Wall Street a eu un impact sur l’élection en mettant en avant une discussion sur les inégalités économiques entre ”les 99% et les 1%”. Des millions de gens ont été indignés de voir que 6 milliards de dollars ont été dépensés dans les élections fédérales. Le message d’Occupy contre la domination des grandes entreprises a aussi alimenté une saine haine contre Mitt ”Milliards” Romney.

    Obama a remporté cette élection malgré son bilan politique favorable aux grandes entreprises. Les banques ont reçu des milliers de milliards de subventions alors que les services sociaux ont subi des coupes budgétaires et que des millions de familles ont perdu leurs maisons. Beaucoup d’électeurs anti-guerre ont soutenu Obama, malgré les bombardements continuels de civils dans plusieurs pays, malgré la continuité du modèle de Bush d’une présidence impérialiste qui n’a de comptes à rendre à personne, malgré la guerre en Libye, malgré le fait que les attaques de drones, partout dans le monde, ne fassent l’objet d’aucune discussion au Congrès.

    Beaucoup d’électeurs d’Obama ont été profondément déçus de sa performance pendant ces quatre dernières années, le voyant – très justement – comme une marionnette de Wall Street et des 1% de super-riches. L’administration Obama a commencé son deuxième terme sans réel mandat. La ”base” du Parti Démocrate parmi les syndicalistes, les personnes de couleur, les femmes et les LGBT a ravalé sa colère contre Obama pendant l’élection et a voté pour le ”moindre mal”. Maintenant, après les élections, toute la colère refoulée est prête à bouillir.

    La demande d’emplois, d’investissements dans l’énergie, de fonds pour l’éducation, du droit au logement, et de solutions à une liste sans fin d’injustices va revenir à la surface. Et Obama va recommencer à faire passer les intérêts de Wall Street et du grand capital en premier, provocant à nouveau l’indignation et l’opposition. Le temps est mûr pour construire de nouveaux mouvements des travailleurs et des opprimés, politiquement indépendants des deux partis des grandes entreprises.

    Une situation en changement

    Pour la première fois au niveau national, les électeurs de Washington, du Minnesota, du Maine et du Maryland ont voté en faveur du droit au mariage entre personnes de même sexe, un tournant historique dans la lutte pour l’égalité pour les LGBT. Beaucoup d’autres questions progressistes ont gagné dans le pays, depuis des augmentations du salaire minimum à la défense des droits syndicaux et des mesures contre la très raciste ”guerre contre la drogue”. Les électeurs du Minnesota ont rejeté une tentative d’inscrire dans leur constitution des restrictions électorales parmi les plus dures du pays. Cela montre un changement dans la démographie et un changement dans les attitudes parmi les travailleurs et les jeunes. Si on ajoute à cela la colère massive de la classe ouvrière, tout cela constitue une base pour des mouvements explosifs dans les prochaines années.

    Romney a largement basé sa stratégie sur le vote des hommes blancs (surtout dans le Sud) et l’espoir qu’il y aurait une forte abstention (quitte à truquer le scrutin pour que ce soit le cas). Depuis les années 1960, la tactique des Républicains a toujours été de gagner les élections en attisant la peur et la haine chez les électeurs blancs. Cette stratégie va être de plus en plus difficile à appliquer dans les élections nationales, ce qui va devenir encore plus clair dans les prochaines élections avec la nouvelle génération qui atteint l’âge de voter. Cette défaite électorale va approfondir cette crise qui fermente dans le Parti Républicain, qui va être forcé de redéfinir son identité ou risquer d’être réduit à un parti minoritaire permanent.

    Même s’il n’y a pas eu de grand changement dans la composition du Congrès selon les lignes des partis, les changements de législateurs Républicains valent le coup d’être remarqués. Les Républicains ”modérés” du Maine et le ”centriste” Dick Lugar ont perdu leurs sièges, tout comme plusieurs des plus fous du Tea Party. Malgré plusieurs défaites du Tea Party, l’équilibre des forces dans la délégation Républicaine au Congrès s’est déplacé encore plus vers la droite, préparant le terrain pour une nouvelle impasse du bipartisme.

    Mais dans le discours de victoire d’Obama, il a répété son engagement de ”franchir l’allée” vers les Républicains. En fait, le bipartisme d’Obama est élaboré cyniquement pour donner une couverture à ses politiques ouvertement en faveur des grandes entreprises, qui vont bientôt être exhibées. Les deux partis préparent des coupes historiques dans la Sécurité Sociale, Medicare et dans d’autres programmes vitaux, avant la fin de l’année 2012. Cela pourrait provoquer une radicalisation, des manifestations et davantage de luttes. Dans ce contexte, il y a des opportunités de construire une résistance unifiée de la classe ouvrière, des campagnes électorales contre le monde des affaires, et un parti politique des 99%.

    Construire le mouvement socialiste dans un nouvel environnement

    Le résultat historique obtenu par la candidate de Socialist Alternative (les partisans du CIO aux USA), Kshama Sawant, dans l’état de Washington, illustre le potentiel présent pour construire un mouvement contre le capitalisme. Se présentant ouvertement comme socialiste, Sawant a obtenu plus de voix que n’importe quel Républicain n’en a jamais obtenu contre Frank Chopp durant les 18 ans de carrière de ce puissant politicien Démocrate.

    En faisant campagne contre les coupes budgétaires et les évasions fiscales et en appelant à la propriété publique de Boeing, Microsoft et Amazon, le défi électoral de Socialist Alternative a permis de populariser les idées du socialisme démocratique, de gagner plus de 11 906 voix de la classe ouvrière qui pourraient atteindre les 20 000 une fois le décompte terminé. Ce résultat est le plus élevé au niveau local pour les candidats indépendants de gauche sur cette année 2012, dans tout le pays, et quelque chose doit être construit à parti de là.

    Pour tirer profit de cette situation, nous avons besoin d’appeler audacieusement à une résistance organisée contre les coupes budgétaires en impliquant les centaines de milliers de membres des syndicats, les militants du mouvement Occupy, les militants des collectivités locales et les jeunes. Ces coalitions auront besoin de préparer des grèves et des actions directes massives pour défendre le niveau de vie contre les attaques du capital. A partir de ces luttes, nous pouvons créer la base pour ce dont nous avons besoin – un parti massif de la classe ouvrière avec un programme socialiste démocratique.

    Parmi d’autres nouvelles, il y a la menace du populisme de droite. Gary Johnson, le candidat du Parti Libertaire à la Présidentielle, a reçu plus d’un million de voix, trois fois plus que la plus importante candidate de gauche, Jill Stein du Parti Vert. Comme les victoires du Tea Party en 2010, cela donne un aperçu du potentiel de croissance pour les idées populistes de droite si la gauche et le mouvement ouvrier échouent à construire une alternative politique massive à l’establishment capitaliste détesté.

    Ces élections, qui ont lieu lors de la cinquième année de la crise économique, ont montré l’approfondissement de la polarisation de la société américaine. Cette polarisation politique et sociale découle de l’affûtage des divisions de classe et de la montée du désespoir de dizaines de millions de travailleurs. Le manque d’une voie politique clairement pour la classe ouvrière dans les élections et la concurrence entre les politiciens capitalistes donnent une expression déformée à la colère de classe. Dans cette situation, les idées de droite pourraient récolter du soutien, et ces quatre dernières années nous avons vu une montée rapide des groupes haineux.

    D’un autre côté, là où une initiative audacieuse de la gauche est menée, la polarisation de classe peut aussi conduire les gens à considérer des solutions plus radicales. Il y a de plus en plus de recherche d’idées qui ouvrent une porte de sortie de la misère capitaliste supervisée par les deux partis du grand capital. Comme le montre la campagne de Socialist Alternative pour Kshama Sawant, la société américaine devient de plus en plus fertile pour les idées socialistes.

  • Elections aux USA – And the winner is … Wall Street !

    Durant tout le mois d’octobre, l’écart s’est resserré dans la course électorale américaine entre Mitt Romney et Barack Obama. Le cadidat républicain a gagné en soutien en exploitant la profonde déception éprouvée envers Barack Obama ainsi que l’état encore déplorable de l’économie des Etats-Unis. La polarisation s’est accrue et, simultanément, le soutien pour Obama s’est développé, beaucoup le considérant comme le ‘‘moindre mal’’ et étant prêts à voter pour lui à contrecœur pour ne pas laisser passer la droite Républicaine.

    Brandon Madsen de Socialist Alternative (partisans du CIO aux USA)

    Aucun doute n’existe quant au vainqueur de ces élections présidentielles : ce sera Wall Street et le grand capital ! Les élections de 2012 ont encore plus été inondées d’argent par les entreprises que n’importe quelle élection précédente, avec une estimation de 5,8 milliards de dollars injectés dans la course électorale !

    En 2008, Barack Obama a été élu à la présidence à la suite d’un tourbillon d’enthousiasme pour ‘‘l’espoir’’ (Hope) et le ‘‘changement’’ (Change) qu’il promettait à l’Amérique. Mais ce sentiment est retombé depuis longtemps.

    Sous sa présidence, des dizaines de millions d’Américains ont souffert du chômage, des fermetures d’entreprises et des expulsions. Le haut niveau de chômage structurel a à peine changé depuis 2009. Selon le Bureau of Labor Statistics, en février 2012, 42,6% des 23,5 millions de chômeurs étaient sans travail depuis plus de 6 mois.

    Selon le Bureau de Recensement des USA, 49,1 millions d’Américain vivent sous le seuil de pauvreté, et 97,3 autres millions sont classés dans les ‘‘revenus faibles’’ – c’est-à-dire juste au dessus du seuil de pauvreté. Cela représente au total 146,4 millions d’habitants des USA, soit près de la moitié de la population du pays. Ce nombre a augmenté de 4 millions pendant le mandat d’Obama, et cela touche dans une plus grande proportion les Noirs, les Latinos et les femmes. Pendant ce temps, sous Obama, les riches ont continué à s’enrichir énormément. Une analyse des déclarations de revenus montre que 93% des augmentations de revenus ont été empochées par les 1% les plus riches et 37% par les 0,1% les plus riches à eux seuls.

    Des promesses rompues

    Bien qu’il ait promis le contraire, Obama a dirigé les USA sur la même voie de corporatisme de droite, d’impérialisme et de destruction de l’environnement que ses prédécesseurs. Il a soutenu le sauvetage de Wall Street en laissant tomber les travailleurs et les plus pauvres. Son budget 2011 a représenté la plus grande chute des dépenses publiques de l’histoire américaine et a eu un sérieux impact sur l’enseignement, la santé et le travail.

    La grande promesse d’Obama envers les syndicats était de faire voter l’Employee Free Choice Act, qui aurait rendu plus facile l’organisation syndicale. Cette promesse a été abandonnée et oubliée presque immédiatement après l’investiture d’Obama.

    Obama avait promis la fin des politiques impérialistes au Moyen-Orient de l’ère de Bush. En réalité, il a augmenté les dépenses militaires, intensifié la guerre en Afghanistan, bombardé et envahi la Libye, et mené plus d’attaques de drones (le plus grand nombre jamais connu) au Yémen, au Pakistan et en Somalie (des pays contre lesquels les USA ne sont même pas en guerre). Il avait aussi promis la fermeture du camp de Guantanamo, toujours ouvert actuellement.

    Le ‘‘moindre mal’’

    Malgré l’atroce bilan d’Obama, la perspective de la victoire du candidat républicain Mitt Romney est assez terrifiante pour que des millions d’Américains votent tout de même pour le candidat démocrate, pour ne pas laisser passer Romney.

    Cependant, la seule raison pour laquelle Romney (un vautour capitaliste de la pire espèce, tellement à droite que même certains républicains ne sont pas enthousiaste sur sa candidature) a une chance de gagner est qu’Obama a totalement échoué à répondre aux problèmes auxquels font face les USA. Cela a aussi permis la montée du populisme de droite, incarné par des tendances comme le Tea Party ou encore comme les libértariens de et Ron Paul.

    L’échec des Démocrates à résoudre la crise économique permet à la logique tordue des fanatiques et à l’utopisme capitaliste de se frayer un chemin. Loin d’être capables d’empêcher les pires de la droite de se renforcer, les Démocrates leur ont grand ouvert la porte.

    Dans les médias, les différences relativement superficielles entre les candidats sont exagérées et utilisées pour maintenir l’illusion qu’il y a un réel choix dans ces élections. La réalité qui se cache derrière cette illusion est que les deux candidats sont fondamentalement d’accord sur les problèmes les plus fondamentaux qui touchent les travailleurs. En plein dans la pire crise de l’emploi rencontrée depuis la Grande Dépression des années ‘30, les deux partis sont rejettent tout programme d’emplois financé au niveau fédéral. Avec leur idéologie pro-capitaliste, ils s’opposent de façon quasiment moraliste à la création d’emplois par l’Etat, en disant aux travailleurs qu’ils doivent attendre que les aléas des marchés et du secteur privé penchent en leur faveur.

    La politique d’Obama pour l’enseignement atteint des sommets d’anti-syndicalisme et de privatisations. Les Démocrates ont tellement attaqué les professeurs que le colistier de Romney, le membre du congrès et partisan du Tea Party Paul Ryan, a félicité le maire démocrate de Chicago, Rahm Emmanuel, pour sa manière de traiter la grève du syndicat des professeurs de Chicago !

    Les deux partis sont d’accord sur la nécessité d’une ‘‘réforme’’ (c’est-à-dire, de commencer à démanteler et à privatiser) les programmes de ‘‘prestations’’ tels que Medicare, Medicaid et Social Security, afin de diminuer le déficit budgétaire. L’exemple le plus frappant d’accord entre les deux partis est peut-être celui sur la nature du renflouement des banques et le fait d’en faire supporter la facture par les travailleurs et les pauvres.

    Sur la question fondamentale de la protection du système capitaliste, il n’y a aucune différence concrète entre ces deux partis.

    Obama n’a pas seulement renouvelé sans le changer le Partiot Act de Bush, qui légalise différentes formes d’espionnage des citoyens par l’Etat, mais il a aussi donné pour la première fois des justifications juridiques pour, entre autres, la détention pour une durée indéterminée de n’importe qui à travers le monde, y compris des citoyens américain, sans charges ni procès.

    En fait, la plus grande différence entre Obama et Bush est qu’Obama a été capable d’appliquer des politiques bien plus à droite que Bush, sans s’attirer la colère massive des organisations du mouvement social, des syndicats et des libéraux de gauche en général.

    C’est en ce sens qu’Obama ne peut même pas être qualifié de ‘‘moindre mal’’ mais, selon le mot de Glen Ford du Black Agenda Report, ‘‘du mal le plus efficace’’.

    Une alternative de gauche

    C’est pourquoi il est urgent de construire une alternative pour et par la classe ouvrière et de rompre avec le système bipartiste, afin de donner à la classe ouvrière une voix politique dans ce système où ils n’en ont pas à ce jour.

    Non seulement il y a chez les travailleurs une aspiration à un choix viable d’un troisième parti, comme le montrent différents sondages nationaux, mais le potentiel est bien présent pour le construire au sein du mouvement ouvrier.

    En 2008, les syndicats américains ont donné 400 millions de dollars à Obama et aux Démocrates, un chiffre qu’ils veulent dépasser cette année. De plus, l’AFL-CIO (la plus grande confédération syndicale Américaine) a levé 400.000 volontaires destinés à militer pour les candidats démocrates. Cela est suffisant pour construire un troisième parti crédible qui représente les intérêts des travailleurs et ne prend pas l’argent des grandes entreprises.

    Rompre avec la mainmise des deux partis sur la politique américaine n’est donc pas une question de faisabilité mais de volonté politique.

    Malheureusement, jusqu’ici les dirigeants des syndicats et des autres organisations du mouvement social ont échoué à rassembler leur volonté et sont restés attachés au Parti Démocrate avec toutes ses conséquences désastreuses.

    Tout en luttant pour essayer de changer cela, Socialist Alternative (les partisans du Comité pour une Internationale Ouvrière) appelle à voter pour le candidat à la présidence des Verts, Jill Stein, aux élections à venir. Stein défend un ‘‘New Deal Vert’’ pour l’emploi, la fin des guerres, l’annulation de la dette des étudiants, et appelle à un réel système de santé, entre beaucoup réformes progressistes.

    Il n’est pas question ici d’une approbation générale du Parti Vert, qui n’arrive pas à voir le capitalisme comme le problème central ou à se baser décisivement sur la classe ouvrière. Cependant, la campagne de Jill Stein avait le plus de potentiel d’être une campagne de gauche forte dans le pays et, de cette façon, de montrer la voie à suivre le plus clairement pour que la gauche rompe avec les Démocrates.

    L’étau des deux partis capitalistes dans lequel la classe ouvrière américaine et les mouvements sociaux sont coincés a bloqué le progrès et permis à tout le spectre politique de basculer à droite au cours des décennies précédentes. Il est temps de rompre avec la logique du capitalisme, de l’impérialisme et de l’austérité – et des partis qui les mettent en œuvre. Il n’y a pas de meilleur moment qu’actuellement.

  • Libye : La société post-Kadhafi toujours volatile et violente

    Pour réaliser les revendications des travailleurs, il leur faut s’auto-organiser avec des objectifs clairs

    Un peu plus d’un mois à peine après la mort de l’ambassadeur américain, les développements en Libye révèlent l’instabilité, et même le chaos, qui règne en de nombreux endroits du pays. En l’absence de véritable gouvernement, les combats continuent autour de Bani Walid (considéré comme une zone pro-Kadhafi) par les forces de Misrata, en colère contre l’emprisonnement et la mort d’Omran Shaban, le combattant rebelle qui a retrouvé Kadhafi après une attaque aérienne de l’OTAN contre son convoi il y a un an.

    Robert Bechert, CIO

    L’année dernière, nous expliquions qu’alors que Kadhafi, un ”dirigeant autocrate, entouré de sa famille et de ses amis privilégiés”, avait été renversé, la situation n’était pas similaire à celle qui a fait tomber Ben Ali et Moubarak en Tunisie et en Egypte. ”Cela aurait été largement applaudi si c’était le pur résultat de la lutte de la classe ouvrière libyenne, mais l’implication directe de l’impérialisme assombrit le futur de la révolution.” (CIO, www.socialistworld.net: ”Gaddafi Regime Crumbles”, 26 août 2011)

    L’un des plus grands changements au cours de cette année fut la reprise de la production de pétrole. En ce moment, le revenu du pétrole libyen est d’environ 1 milliard de dollars tous les 10 jours, ce qui n’est pas mal dans un pays de 6,5 millions d’habitants. Mais de nouveaux gangs de pillards se mettent déjà en place. En octobre, Le Monde Diplomatique a rapporté que les ministres perçoivent des salaires de 7800$ par mois et habitent dans des hôtels de luxes de Tripoli à 325$ la nuit. Même si les élections se sont déroulées pacifiquement en juillet, en réalité, le Congrès Général National est impuissant face aux milices concurrentes.

    Cette situation chaotique n’était pas inévitable. Quand les manifestations de masse ont commencé en février 2011, Kadhafi a lancé une contre-offensive brutale contre Benghazi et les autres centres de l’opposition. Benghazi, cependant, aurait pu être défendue par les masses populaires de la ville qui compte un million d’habitants, avec un appel aux travailleurs, aux jeunes et des pauvres du reste de la Libye. Cela aurait pu conduire plus rapidement à la victoire et ne laisser aucune excuse pour une intervention étrangère.

    A Benghazi, au début de la révolution, des affiches en anglais déclaraient : ”Non à l’intervention étrangère – Les Libyens peuvent se débrouiller tous seuls.” Mais la direction autoproclamée du Conseil National de Transition, dominée par des transfuges du régime de Kadhafi et des pro-impérialistes, a ignoré le sentiment populaire initial contre une intervention étrangère. Elle a recherché du soutien auprès des puissances impérialistes occidentales et des Etats Arabes semi-féodaux.

    Un grand nombre de Libyens se sont réjouis de la chute de Kadhafi en août 2011, mais pas tous, et ce n’étaient pas seulement l’élite privilégiée autour de Kadhafi et les groupes favorisés par son régime. Il existait également une part de réelle opposition contre le rôle des puissances occidentales et des régimes arabes autocratiques, ainsi que la peur des fondamentalistes religieux.

    Chacune des révolutions du printemps arabe avait ses propres caractéristiques. En Tunisie et en Egypte, les organisations ouvrières se développaient ou se transformaient. En Libye, le soulèvement initial spontané n’a pas mené à l’auto-organisation démocratique des travailleurs et des jeunes à une large échelle.

    Malgré l’implication d’un grand nombre de Libyens dans les combats et l’armement de la population, il n’y a pas le moindre signe pour l’instant que les travailleurs, les jeunes et les pauvres libyens qui lutteraient pour établir leur propre pouvoir collectif sur la société. Sans organisations démocratiques et indépendantes dans la plupart des communautés et des lieux de travail, les milices prennent les devants pour maintenir la sécurité. Mais la plupart de ces milices sont divisées sur des lignes territoriales, tribales, religieuses ou ethniques, et leurs dirigeants ont leurs objectifs propres.

    Les intégristes religieux

    A présent, les intégristes religieux s’impliquent de plus en plus et les éléments qui ont lutté au côté de Kadhafi contre ce qu’ils considéraient comme une intervention étrangère perdurent. Ainsi, en plus des rivalités entre les milices, il y a eu la démolition de sanctuaires Soufi par les Salafistes intégristes et quatre attaques de représentants occidentaux avant l’attaque du consulat américain à Benghazi le 11 septembre et d’une base semi-secrète de renseignements américaine.

    La manifestation du 20 septembre qui a expulsé de Benghazi la milice Ansar al-Sharia, initialement accusée de l’attaque du consulat américain, n’était pas une simple réaction populaire contre les milices. La manifestation était dirigée par la police militaire qui a alors procédé à l’attaque de la base de la milice Rafallah al-Sahati (fondée par des Qatari) qui travaille avec le ministère de la défense basé à Tripoli. Rien n’est encore clair concernant le cadre dans lequel cette seconde cible a été choisie en fonction du contexte des rivalités entre les dirigeants de Benghazi et de Tripoli. Ces tensions continuent. Le 21 septembre, le commandant militaire de Benghazi a été kidnappé pendant six heures. Trois jours plus tard, les milices pro-Tripoli à Benghazi ont commencé à arrêter les participants à la manifestation du 20 septembre, dont 30 officiers de l’armée.

    Alors que certains Libyens sont encore reconnaissants du soutien des USA dans le renversement de Kadhafi, l’opposition augmente – surtout à caractère religieux, en ce moment – face à l’implication prolongée des USA en Libye. Cela va probablement accroître les tentatives des puissances occidentales de renforcer leur présence. En septembre, l’administration Obama a accordé 8 millions de dollars pour l’entraînement d’une force ”anti-terroriste” d’élite de 500 hommes en Libye.

    Le sentiment de libération de beaucoup de Libyens est encore important. Cela pourrait être la base d’une opposition aux milices sectaires et réactionnaires, dont le potentiel a été vu dans les manifestations contre Ansar al-Sharia. Cependant, cette manifestation a aussi montré que sortir dans la rue est insuffisant. Pour que les revendications des travailleurs soient réalisées, il est nécessaire de s’auto-organiser avec des objectifs clairs, sinon d’autres forces peuvent tirer profit de tels mouvements.

    Beaucoup de Libyens, en particulier les jeunes, sentent que l’année dernière ils ont eu une chance, et le pouvoir, de décider de leur propre avenir. Maintenant, il est de plus en plus clair que cela demande de l’organisation, un programme et une lutte pour l’unité des travailleurs et des jeunes dans une bataille commune, sinon il y a le risque d’une spirale de dégradation.

    Les divisions entre les zones sont de plus en plus fortes, malgré le ciment du revenu du pétrole. Misrata, par exemple, est maintenant pratiquement autonome. Dans la région Cyrénaïque riche en pétrole autour de Benghazi, il y a des revendications répétées pour plus d’autonomie, ce qui fait peur aux autres régions. En l’absence d’organisations indépendantes et démocratiques des travailleurs, les autres forces prendront la tête.

    L’opposition à une présence étrangère, la peur du retour de l’ancienne élite ou de la montée d’une nouvelle peuvent constituer la base de différentes formes de populisme – religieux, régional, tribal, ethnique ou nationaliste. Alors que les richesses pétrolières de la Libye peuvent maintenir le pays ensemble, particulièrement du point de vue des zones non-productrices de pétrole, des luttes peuvent éclater entre les élites rivales sur le partage du pillage ou, à un certain stade, sur la question de l’éclatement du pays.

    Il est essentiel de créer des organisations indépendantes et démocratiques des travailleurs

    La création d’organisations indépendantes et démocratiques de travailleurs, et notamment la question cruciale d’un parti de la classe des travailleurs, est d’une importance vitale. C’est le seul moyen pour que les travailleurs, les opprimés et les jeunes soient capables de surmonter les divisions de plus en plus présentes et d’entamer une lutte pour une véritable transformation révolutionnaire du pays et ainsi contrecarrer les projets des impérialistes, en finir avec la dictature et transformer radicalement la vie des masses.

    Pour parvenir à ses fins, un mouvement des travailleurs aura besoin de défendre tous les droits démocratiques, d’impliquer les travailleurs immigrés en abordant la défendre de leurs droits, et de s’opposer à la privatisation des atouts de la Libye. Il faut revendiquer le retrait de toutes les forces armées étrangères, s’opposer à toute intervention militaire étrangère et par-dessus tout, rejeter la participation à tout gouvernement avec des forces capitalistes.

    Le mouvement des travailleurs doit lutter pour un gouvernement de représentants des travailleurs et des pauvres, basé sur des structures démocratiques dans les lieux de travail et les collectivités. Un tel gouvernement utiliserait les ressources de la Libye dans l’intérêt de la population. Cela serait la réelle victoire pour les travailleurs et les jeunes Libyens et permettrait de mettre en avant un exemple international de fin d’un régime dictatorial et des misères du capitalisme.

  • NATO GAME OVER

    Ce dimanche 1er avril, environ 800 pacifistes ont mené campagne contre l’OTAN, dont environ 500 qui ont essayé de franchir de façon non violente l’enceinte de la base de l’OTAN. Ce ”Nato game over” se tient à l’occasion du sommet de l’OTAN à Chicago. Au cours de ce sommet, l’OTAN veut redéfinir son rôle dans les interventions militaires. Cela implique des interventions en dehors du territoire des pays de l’OTAN. Une discussion sur le rôle des armes nucléaires a également lieu. Des armes nucléaires sont présente en Belgique dans la base militaire de Kleine Brogel.

    Par Emma (Dixmude)

    Avec EGA et le PSL nous avons pris part à cette action. L’OTAN défend les intérêts économiques et géopolitiques des grandes puissances capitalistes. En Libye, après la chute de la dicatature de Khadafi, les magnats du pétrole des pays de l’OTAN, tels que BP et Total, se sont appropriés les meilleurs contrats pétroliers. Les interventions de l’OTAN ne sont pas là pour apporter la paix et la démocratie, mais pour garantir les intérêts impérialistes du capitalisme occidental! Par conséquent, nous croyons que l’OTAN devrait être aboli!

    Photos de Boris

    Photos de pavel

  • 1er avril : NATO Game Over !

    Le 1er avril, une action se déroule au siège de l’OTAN (NATO en anglais) à Bruxelles, dans le cadre de la préparation du prochain sommet de l’OTAN (les 20 et 21 mai à Chicago). Lors de ce sommet, l’OTAN doit définir son rôle lors d’interventions militaires en dehors de son territoire (alors que l’Alliance est officiellement une organisation défensive) et redéfinir le rôle de ses armes nucléaires, entreposées notamment en Belgique.

    Dans un de ses rapports, l’OTAN s’est définie comme une ‘‘organisation qui donne du muscle et du nerf aux idéaux démocratiques.’’ Cette phrase prend un sens bien particulier au vu du résultat désastreux des interventions en Afghanistan et en Libye… Nous sommes évidemment en droit de demander au nom de quoi l’OTAN s’est érigée en sorte de ‘‘super- défenseur de la paix mondiale’’, mais au-delà de cela, le résultat est pitoyable.

    Après plus de 10 ans d’intervention en Afghanistan, le pays est tout simplement ruiné, et personne ne peut dire quand se terminera la guerre civile. Devant le manque de résultats, des pays membres de la coalition ont annoncé leur retrait du pays tandis que le conflit s’exporte maintenant au Pakistan voisin. En Libye, la gestion de l’ère post-Kadhafi est désastreuse et la paix est toute relative. Début mars, l’est du pays a déclaré son autonomie, et le conflit entre le nord (touareg) et le sud du Mali a été ravivé avec le retour au pays de milices armées par Kadhafi. Quant aux armes nucléaires, l’OTAN est toujours incapable de justifier leur présence plus de vingt ans après la fin de la guerre froide.

    L’OTAN sert en fait uniquement à offrir à l’impérialisme occidental la possibilité de disposer d’un masque moins hideux. Nous lui opposons la résistance des masses et leur solidarité internationale, dans le cadre d’une lutte contre la base-même de l’impérialisme : la société capitaliste.

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