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1885 – Naissance du Parti Ouvrier Belge
Aujourd’hui, lorsqu’on regarde les partis sociaux-démocrates, le PS et le SP.a, il est bien difficile de croire que ces partis-là soient les successeurs du Parti Ouvrier Belge, un parti puissant qui a conquis le suffrage universel pour les hommes et la journée de travail de 8 heures. Le POB a joué un rôle central dans l’obtention de grandes avancées pour le mouvement ouvrier, bien que cela se soit toujours produit malgré sa direction plutôt que grâce à celle-ci. Contrairement au POB de jadis, les partis sociaux-démocrates actuels jouent un rôle central dans le démantèlement de ces acquis.
Anja Deschoemacker
PS et SP.a : des partis ouvriers?
Il est très important d’étudier la dégénérescence de ces partis et d’en tirer les leçons correctes. Les défaites les plus importantes du mouvement ouvrier peuvent être mises sur le compte de leurs directions. Nulle part ces dernières n’ont été capables d’arriver même aux chevilles de beaucoup de leurs membres en termes de combativité, de détermination et d’esprit de sacrifice. Ce n’est pas sans raison que Lénine décrivait ces partis comme « des partis ouvriers avec une direction bourgeoise ». Aujourd’hui, ces partis sont néanmoins devenus des partis proprement bourgeois. Leur très longue participation à la politique néolibérale – en combinaison avec leurs méthodes de travail, la suppression des revendications socialistes de leur programme et leur recherche d’un nouveau public petit-bourgeois – ont chassé les travailleurs de leur base.
Ce processus, qui a débuté lors de la période de croissance économique exceptionnellement longue qui a suivi la Deuxième Guerre Mondiale, est arrivé à son terme lorsque la social-démocratie a été placée devant le choix d’accepter la logique néolibérale ou d’adopter un programme anticapitaliste et socialiste. La Chute du Mur a accéléré ce processus en éliminant une alternative au capitalisme. Rien ne bloquait plus l’assimilation totale de ces partis au sein de l’élite capitaliste. Willy Claes est alors devenu dirigeant de l’Otan, Karel Van Miert s’est offert du bon temps à l’Union Européenne et de plus en plus d’ex-« socialistes » ont fait leur entrée dans les conseils d’administration des entreprises capitalistes.
La disparition de ces partis en tant que partis ouvriers a signifié un énorme pas en arrière pour le mouvement ouvrier. Les travailleurs ont besoin de leur propre parti; son absence empêche les revendications syndicales ou celles issues des mouvements sociaux d’être traduites sur le terrain politique. De plus en plus de syndicalistes aboutissent à ce constat.
Le MAS/LSP mène une propagande pour un nouveau parti des travailleurs depuis 1995 déjà. Le manque objectif d’un tel parti est devenu clair au cours de la lutte contre le programme d’austérité de Dehaene en 1993, le Plan Global. Cette lutte a pu être stoppée par la direction syndicale, à l’aide de l’argument selon lequel faire tomber le gouvernement (chrétien-démocrate et social-démocrate) n’avait aucun sens puisqu’il était le « gouvernement le plus à gauche possible ». Bien que la colère des travailleurs contre le PS et, à ce moment encore, le SP (présents depuis 1988 au gouvernement) ait régulièrement explosé dans les années ’90 – entre autres contre le Plan Global, les privatisations de la Sabena et de Belgacom ainsi que les coupes budgétaires drastiques dans l’enseignement francophone – l’absence d’alternative a eu pour résultat que beaucoup de syndicalistes conscients et combatifs ont tout de même voté pour « le moindre mal » ( la social-démocratie), bien souvent avec une pince à linge sur le nez.
En 2005, la lutte contre la réforme des pensions du Pacte des Générations, et surtout le rôle proéminent qu’y ont joué des politiciens du SP.a comme Freya Van den Bossche ont entraîné un débat passionné à la FGTB. La direction du syndicat a réussi à canaliser la discussion sur son lien avec le SP.a dans une voie inoffensive, mais une cassure importante a pris place dans les esprits de beaucoup de syndicalistes et de socialistes. De plus, les victoires électorales importantes remportées par des formations comme le SP aux Pays-Bas et Die Linke en Allemagne ont frappé les imaginations, y compris en Belgique. Une première initiative hésitante s’est formée sous le nom de Comité pour une Autre Politique, mis sur pied par Jef Sleeckx. Si cette initiative a échoué l’an dernier, elle a toutefois eu le mérite de rassembler pour la première fois quelques centaines de syndicalistes, d’activistes, de jeunes, de socialistes plus âgés,… pour discuter de la nécessité d’un nouveau parti pour la classe ouvrière.
Avec cet article, nous voulons utiliser la fondation du POB pour mettre en lumière le processus par lequel ce parti ouvrier est né. Malgré les énormes différences qui existent entre la situation de cette époque et la nôtre, de riches leçons sont à tirer pour aujourd’hui.
Les antécédents: Le développement de la lutte des travailleurs en Belgique
L’histoire est un processus continuel et compliqué, ou plutôt une série de processus liés entre eux et qui s’influencent continuellement. On ne peut l’expliquer en aucune façon comme un processus qui va unilatéralement vers l’avant. Des reculs apparaissent souvent nécessaires afin de créer les conditions pour poser de nouveaux pas en avant. La fondation du POB en 1885 n’est donc qu’un point dans ce processus. D’importants événements de grande ampleur se sont déroulés avant, mais également après, lesquels ont assuré que la fondation formelle d’un parti ouvrier puisse réellement conduire au développement d’un tel parti sans subir le sort de ses précurseurs. Les données utilisées pour cet article proviennent presque exclusivement du brillant ouvrage « Wat zoudt gij zonder ‘t werkvolk zijn ? » de Jaak Brepoels (« Que seriez-vous sans les travailleurs ? », ouvrage qui n’a malheureusement pas encore trouvé de traduction en français).
Dès 1800, le capitalisme a fait son entrée dans ce qui deviendra plus tard la Belgique, à l’époque intégrée dans l’empire français. L’industrie traditionnelle (exploitation du charbon, usinage du fer, tissage du coton, manufacture de drap et industrie textile) connaissait alors un énorme développement grâce, entre autres, à la protection française contre la concurrence britannique. Ce processus ne s’est pas arrêté après la défaite de Napoléon lorsque nos régions ont été ajoutées au Royaume des Pays-Bas, qui servait les intérêts de la bourgeoisie commerciale et coloniale. Les frontières étaient ouvertes aux produits britanniques et la concurrence croissante pressurisait énormément les conditions de travail : des journées de travail de 14 heures n’étaient pas exceptionnelles et les enfants travaillaient dès l’âge de 6 ou 7 ans. Les salaires se situaient loin en-dessous du minimum vital, les patrons pouvant compter sur une réserve de travail rurale presque inépuisable poussée vers la ville par les famines et les prix bas pratiqués pour les produits agricoles.
A côté de la bourgeoisie industrielle en essor, l’aristocratie et l’église avaient toujours voix au chapitre en tant que grands propriétaires fonciers. Au cours de la révolte populaire de 1830, la bourgeoisie a saisi l’opportunité pour dévier ce mouvement vers un mouvement « contre l’occupant hollandais ». Sous le contrôle étroit des grandes puissances du moment, la Belgique indépendante a été mise sur pied, en tant qu’Etat-tampon contre la France.
La législation de cet Etat est restée la même que celle introduite par les Français : la liberté brutale du patronat et du propriétaire foncier était garantie pour exploiter le peuple jusqu’à l’os. Ainsi toute collusion entre travailleurs était légalement interdite et, selon l’article 1781 du code civil, le patron avait automatiquement raison en cas de contestation sur la somme ou le paiement du salaire. Le jeune royaume de Belgique avait aussi réintroduit le « livret du travailleur », tombé en désuétude durant l’époque néerlandaise. Le patron pouvait y écrire son appréciation du travailleur ou garder ce livret quand il le licenciait, afin qu’un travailleur ne puisse pas chercher d’autre emploi. Chaque mouvement des travailleurs devait de plus faire automatiquement face à une répression brutale de la part des forces armées.
Karl Marx n’a donc pas exagéré en décrivant ainsi la Belgique de 1869, dans un texte du Conseil Général de la Première Internationale:
“Il n’y a qu’un pays dans le monde civilisé où on considère avec désir et plaisir chaque grève comme une excuse pour tuer des travailleurs. Ce pays unique est la Belgique, le pays modèle du constitutionalisme, le paradis douillet du propriétaire foncier, du capitaliste et du prêtre…
“Le capitaliste belge est généralement connu pour son amour fou de la liberté du travail. Il est tellement attaché à la liberté de ses travailleurs de travailler pour lui pendant toute leur vie, sans exception d’âge ou de sexe, qu’il refuse chaque loi du travail avec indignation. (…)
“Donnez maintenant aux mains de ce capitaliste tremblant, cruel par lâcheté, la maintenance indivisible et incontrôlée de la dictature absolue, ce qui est le cas en Belgique, et vous n’allez plus vous étonner que dans ce pays le sabre, la baïonnette et le fusil fonctionnent régulièrement et légalement comme un instrument pour pousser vers le bas les salaires et garder hauts les profits. » (4 mai 1869, The Belgian Massacres).
On ne peut décrire la vie des travailleurs à cette époque autrement qu’en disant qu’elle était synonyme de misère pure et dure. Les crises économiques périodiques, la concurrence internationale et l’importation accélérée de machines permettaient de payer des salaires qui ne suffisaient même pas pour vivre, y compris quand toute la famille travaillait. De ces maigres salaires, à peu près 70% étaient consacrés à la nourriture. De l’Etat, il ne fallait rien attendre. Bien qu’il intervenait constamment dans l’économie afin de soutenir la bourgeoisie industrielle qui se développait, chaque intervention sur le plan social était vue comme diabolique. A la fin du 19e siècle, la Belgique se situait loin derrière les autres pays capitalistes sur le plan des droits sociaux et de la législation du travail. Les premières organisations ouvrières prenaient alors la forme de mutuelles, d’assurances et de coopératives qui – avec la charité sur laquelle seuls les travailleurs « obéissants » pouvaient compter – devaient occuper la place d’une politique sociale totalement absente de la part de l’Etat.
Mais la résistance ne tarda pas à arriver. En 1830 déjà, des explosions de rage ouvrière spontanées se déroulèrent dans le Borinage, à Lokeren, à Bruges, à Gand, à Namur, à Liège, à Tournai et ailleurs, souvent contre les machines mêmes, et résultant le plus souvent dans des affrontements avec les forces de l’ordre. L’apogée fut atteinte lors de la « Révolte du Coton » de Gand, du 30 septembre au 2 octobre 1839, situation sanglante où une personne a rencontré la mort et où de nombreux travailleurs ont été gravement blessés. En fait, les mutuelles et toutes les formes de caisses de solidarité, les seules organisations ouvrières permises par l’Etat, étaient de plus en plus utilisées comme des organisations de lutte déguisées.
Entre-temps, les idées socialistes commençaient aussi à faire leur entrée, surtout dans le cadre du radicalisme bourgeois : des libéraux qui se préoccupaient des besoins de la classe ouvrière. Davantage sous l’influence de Saint-Simon et de Fourier que de Marx, ces derniers développèrent un socialisme sentimental et romantique qui se perdait souvent dans des rêveries. Ils n’étaient dangereux qu’en contact avec la masse des travailleurs, ce qui n’était pas le cas de la majorité d’entre eux. Jakob Kats constitua une exception. Cet enseignant-tisseur, implanté parmi les travailleurs bruxellois, menait propagande pour l’obtention de droits égaux, du suffrage universel, des impôts progressifs et de l’enseignement généralisé.
En 1848, la domination capitaliste croissante en Belgique et la révolte qui se répandait de Paris (où Louis-Philippe avait été déposé) ont rendu la bourgeoisie belge réellement consciente de sa classe. Dès ce moment, la gauche et ses organisations ont dû faire face à des tentatives de se faire briser. Au fur et à mesure des mouvements, de nouvelles générations de dirigeants émergeaient, qui ne venaient plus des cercles bourgeois, mais plutôt de l’artisanat. Dès 1870, le prolétariat industriel commença à jouer lui-même le rôle dirigeant dans les mouvements. La conscience ouvrière grandissait, ce qui mena à la recherche de nouvelles formes d’organisation.
Les travailleurs du textile de Gand montrèrent la voie avec la fondation des Tisseurs Fraternels et la Société des Fileurs. Sous couvert de mutuelles, ils formèrent les premiers syndicats industriels du pays et organisèrent la résistance ouvrière, qui éclata entre 1857 et 1861 sur fond de crise du secteur textile, crise que les patrons voulaient faire payer aux travailleurs sous forme de diminutions salariales. La planification était devenue partie prenante du mouvement, et la solidarité n’était plus limitée à une seule entreprise. Malgré une répression très brutale et des condamnations sévères, malgré les provocations des forces de l’ordre et malgré encore la saisie continuelle des fonds pour la lutte, l’organisation des travailleurs gantois continua son existence, avec des hauts et des bas. En 1862, la Ligue des Travailleurs fut mise sur pied entre les tisseurs, les fileurs et les métallos.
La lutte se développa ensuite pour la première fois autour de revendications politiques, comme l’abolition de la loi sur la collusion. Les premiers contacts entre les centres ouvriers de Gand, d’Anvers (la Ligue Générale des travailleurs, mise sur pied en 1861) et de Bruxelles (l’Association Générale Ouvrière) aboutirent à une plate-forme politique minimale.
Dans la Flandre de 1860, le mouvement social s’était constitué une assise plus profonde, bien que les jeunes organisations ouvrières étaient fréquemment réduites à néant à cause de la répression et de la démotivation de devoir tout recommencer à zéro. Entre-temps, la lutte commençait aussi à prendre son essor en Wallonie, de façon moins organisée mais très explosive. Le Hainaut devint entre 1860 et 1870 la scène d’une lutte violente contre les patrons des mines, qui essayaient d’imposer un règlement de travail commun. Le mouvement put alors compter sur le soutien des travailleurs d’autres secteurs et la grève se répandit – malgré les morts au cours de la lutte – pour finalement aboutir à une victoire et à la suppression du règlement.
En 1864, la recherche de l’unité dans la lutte ouvrière trouva une plate-forme internationale : l’Association Internationale des Travailleurs, qui voulait rassembler toutes les organisations ouvrières pour discuter de l’action et des tactiques communes. En Belgique, l’Internationale obtint une influence par l’intermédiaire de l’organisation bruxelloise « Le Peuple », mise sur pied sous l’influence des idées proudhoniennes (1) et de son dirigeant César de Paepe. Dans les polémiques entre les différentes opinions présentes dans la Première Internationale, de Paepe développait une position de compromis entre Marx d’un côté et les anarchistes de l’autre.
L’influence du proudhonisme freinait l’action, mais les Internationalistes se réveillèrent après un mouvement de grèves particulièrement dur contre les licenciements dans les mines, contre les salaires de famine qui continuaient à baisser, et contre la hausse des prix de la nourriture. L’armée avait occupé la région et tué plusieurs travailleurs. Dès lors, le principe de la grève fut reconnu et les Internationalistes commencèrent à intervenir dans la lutte concrète en développant des noyaux à Gand, Anvers et Verviers.
Durant la période de croissance économique de 1871-72, la lutte des travailleurs obtint ses premiers succès: les métallos arrachèrent la journée de travail de 10 h à Verviers et Bruxelles et les charpentiers et travailleurs de l’industrie marbrière obtinrent une sérieuse augmentation de salaires après cinq mois de grève à Bruxelles. La conscience parmi les travailleurs et la solidarité faisaient des sauts de géant.
La défaite de la Commune de Paris (en 1871) entraîna néanmoins dans la Première Internationale d’énormes tensions entre marxistes et anarchistes. Dans la section belge, l’aile anarchiste était de loin la plus forte. Quand, en 1871, le dirigeant anarchiste Bakounine fut exclu de l’Internationale par un vote, la section belge le suivit. La crise économique de ’72-’73 fit le reste et, en 1874, l’Internationale était morte dans les faits.
Avancées et reculs: La fondation d’un parti ouvrier belge.
Après la chute de l’Internationale, l’expérience de l’époque précédente ne reposait que sur les épaules de certains petits groupes. En Flandre surtout, les ex-Internationalistes essayèrent de rassembler et de réorganiser les forces dispersées. Gand s’accrochait à la coopérative neutre des Boulangers Libres. A Bruxelles, l’organisation explicitement neutre de la Chambre du Travail fut mise sur pied en 1875, exemple suivi par la Fédération des Organisations des Travailleurs d’Anvers. La défaite de la Commune de Paris avait temporairement étouffé le socialisme, et le pragmatisme caractérisait la plupart des initiatives.
Néanmoins, sur le plan politique, les choses ne restaient pas statiques. A Gand, on regardait vers la social-démocratie allemande qui avait obtenu plusieurs sièges au parlement. A Bruxelles aussi, les premiers pas étaient faits sur le terrain politique de façon hésitante. En Wallonie, par contre, les tendances anarchistes qui avaient fait leur apparition de par le travail de la Première Internationale continuaient à dominer.
Les Flamands et les Bruxellois impatients n’avaient pas d’autre issue que de s’organiser dans le Vlaamse Socialistische Partij et dans le Parti Socialiste Brabançon. En 1879, ces deux partis rassemblaient aussi quelques noyaux wallons et, en avril, une fusion conduisit à la formation du Parti Socialiste Belge. Le programme était celui du VSP et du PSB, c’est-à-dire une copie du programme de Gotha de la social-démocratie allemande. La base du parti était néanmoins limitée à quelques clubs de propagande, à des cercles d’étude et à quelques organisations syndicales. En Wallonie, on restait très hésitant vis-à-vis de ce nouveau parti et les organisations ouvrières plus neutres étaient effrayées par l’étiquette socialiste. Dans leurs actions, ces dernières continuaient d’être plus proches de l’aile progressiste du Parti Libéral et de sa lutte pour l’élargissement du droit de vote. Le BSP ne décollait pas.
Dans les années 1880, différents courants se retrouvèrent sur base d’un programme pragmatique et radical-démocrate. En 1884, la défaite électorale de la libéral-progressiste Ligue de la Réforme Electorale, qui avait du soutien parmi les milieux d’artisans bruxellois, ouvrit la voie à la formation d’un parti ouvrier indépendant. En avril 1885, à Bruxelles, le Parti Ouvrier Belge (POB) devint un fait lors d’un rassemblement de 112 travailleurs, qui représentaient 59 groupes de base (des syndicats – neutres et socialistes – des coopératives et des mutuelles).
Le pragmatisme caractérise le programme et les actions du POB
Un esprit très pragmatique dominait à la direction du parti, et ce dès le début. Le dirigeant du BSP, Edouard Anseele, défendit pendant le rassemblement à Bruxelles le programme et le nom du BSP, mais il se résigna ensuite face à la crainte des organisations ouvrières neutres qu’un programme radical et le terme « socialiste » puissent effrayer les masses. Les discussions théoriques furent balayées de la table et, en terme de doctrine, le document de fondation affirmait juste que le POB allait essayer «d’améliorer le sort de la classe ouvrière par l’entente mutuelle ».
Le programme se limitait à un cahier de revendications radical-démocrate avec notamment des revendications telles que le suffrage universel, l’enseignement obligatoire, gratuit et neutre, l’autonomie communale, l’abolition du travail des enfants en-dessous de 12 ans en plus de propositions de lois sur les accidents de travail, la sécurité au travail, la transformation graduelle de la charité publique en un système de sécurité sociale, le retrait de toutes les privatisations de propriétés publiques (Banque Nationale, chemins de fer, mines, propriétés communales,…) et leur transfert vers la collectivité, représentée par les communes et par l’Etat.
Ce n’était pas vraiment une nouvelle organisation mais plutôt un rassemblement d’organisations existantes. La vie du parti se déroulait surtout autour de noyaux locaux agissant largement de façon indépendante. La première priorité était la construction locale de coopératives, de mutuelles et de syndicats et, à mesure que le mouvement grandissait, cela était suivi par des fanfares, des clubs de gym, des cafés, etc. Lentement, des fédérations furent créées à partir de groupes de base, fédérations qui envoyaient annuellement des délégués à un Congrès où un Conseil Général était élu pour prendre en main la direction du parti. Ce CG choisissait alors un bureau de neuf membres, dont le secrétaire et des délégués des syndicats, des mutuelles et des coopératives.
Avec le soutien des milieux des artisans à Bruxelles et à Anvers, le bastion du POB était sans aucun doute basé à Gand, où les militants étaient presque exclusivement des travailleurs industriels. En Wallonie, région industriellement plus développée, le parti n’était réellement représenté qu’à Verviers, et cela malgré les mouvements consécutifs de luttes spontanées et inorganisées des travailleurs wallons. Ce n’est qu’en 1886, lorsqu’un énorme mouvement de masse va se conclure par une défaite sanglante, que la nécessité d’une organisation permanente va s’installer profondément dans la conscience.
Cette grève générale de 1886 se déroula à Liège, et fut de suite confrontée à une occupation brutale de la ville par l’armée. Mais la lutte s’étendit rapidement à Charleroi, et peu après vers le Borinage et le Centre avant les carrière de Lessines, de Soignies, de Tournai et de Dinant. Les travailleurs s’armaient, des machines étaient détruites, des usines et des châteaux de patrons incendiés. La réaction du gouvernement fut sanglante. L’armée colora les rues de rouge avec le sang de dizaines de tués et de blessés. Les ténors du mouvement socialiste, dont Anseele, reçurent des peines de prison ou de grosses amendes (des travailleurs arbitrairement arrêtés furent condamnés jusqu’à la prison à vie). Pourtant, le mouvement n’était pas sous la direction du POB, qui n’avait aucune implantation dans la région concernée. La direction du POB fit même tout pour éviter un élargissement vers la Flandre. A Gand, elle ne put qu’à grand peine convaincre les travailleurs de garder le calme. Les grévistes reçurent certes du soutien du POB, mais sous forme de pains des coopératives, d’accueil des enfants de grévistes dans des familles flamandes et de défense des travailleurs arrêtés devant la justice.
En Wallonie, la grève avait profondément fait sentir la nécessité d’une organisation solide. En 1887, beaucoup de travailleurs wallons marchaient déjà aux côtés de leurs camarades flamands, dans une manifestation pour le suffrage universel. De plus en plus de travailleurs wallons rejoignaient le POB où, très vite, se déroulèrent des affrontements entre les tendances révolutionnaires et anarchisantes wallonnes – sous la direction d’Alfred Defuisseaux – et des coopératives modérées et orientées vers le parlement (et donc vers la lutte pour le suffrage universel). La direction du POB exclut les frères Defuisseaux au congrès de 1887, avec pour résultat que toute la classe ouvrière du Hainaut les suivirent vers la porte de sortie. Leur attitude révolutionnaire, mais aventuriste, poussa la classe ouvrière du Hainaut à entamer la « grève noire » massive (de nouveau, des machines et des usines furent détruites et des attentats à la dynamite prirent place). Elle ne connut cependant pas d’élargissement faute de soutien actif de la part du POB. Totalement isolé, le mouvement s’affaiblit.
Plus tard, il fut mis au clair que la direction de la grève avait été infiltrée par la sécurité d’Etat et que celle-ci était responsable des attentats à la dynamite. Le mouvement ouvrier, frappé d’épouvante, fraternisa. La tactique modérée de la direction du POB l’emporta. Toutefois, avec les travailleurs du Hainaut, un courant oppositionnel avait pris naissance dans le parti. Ce courant fera plus tard parler de lui, à nouveau au sujet de la défense de la grève générale comme moyen de lutte, mais aussi en faisant de la propagande pour la combativité et contre la direction modérée et sa volonté de faire des compromis avec les patrons et de coopérer avec la bourgeoisie « modérée ». Plus tard encore, les travailleurs du Hainaut prendront position contre les participations gouvernementales du POB (pour la première fois dans le gouvernement – non élu – mis sur pied pendant la Première Guerre Mondiale).
Pas un instrument idéal, mais un énorme pas en avant
Une certaine bureaucratisation des syndicats à mesure que la concertation sociale se développait, la dégénérescence d’un certain nombre de coopératives les plus importantes qui se transformaient en entreprises capitalistes, la pression pour une politique modérée de la part des mutuelles et de la part des premiers représentants parlementaires du parti,… Ce sont des éléments qui étaient en germe dans le POB dès ses débuts. A tous les moments décisifs de la lutte de classes, les masses de travailleurs étaient beaucoup plus radicaux que la direction du POB, qui courait la plupart du temps derrière les explosions plus ou moins spontanées de rage ouvrière pour, à chaque fois, canaliser la lutte dans des voies inoffensives.
Le POB était très clairement ce que Lénine appelait un parti ouvrier avec une direction bourgeoise. Mais ce parti offrait au mouvement ouvrier un instrument pour mener la lutte nationalement et pour rassembler les forces ; des victoires importantes sur le patronat étaient ainsi acquises. Cela aussi bien sur le plan des droits démocratiques (le droit de vote, mais aussi le droit d’association et de grève) que sur le plan du standard de vie et des conditions de travail (diminution du temps de travail, négociations salariales collectives, salaire minimum, sécurité sociale,…).
Cette réalité, en combinaison avec les fautes du Parti Communiste, qui fut mis sur pied après la Première Guerre Mondiale, mena à une très grande fidélité parmi les travailleurs socialistes, qui étaient préparés à de grands sacrifices pour leur parti. Leurs dirigeants, à l’inverse, allaient résolument pour leur propre carrière dans le parlement -et plus tard dans le gouvernement- et luttaient contre chaque expression d’idées radicales et socialistes. Même avec la trahison répétée de la direction à des moments décisifs, cette situation a perduré jusqu’à il y a très peu de temps, avant que le parti, entre-temps scissionné régionalement en PS et SP, ne soit plus vu par la masse des travailleurs comme « leur » parti (pour le PS, dans une certaine mesure, ce sentiment reste encore présent parmi certaines couches de la classe ouvrière). Ils y revenaient en masse à chaque fois jusqu’à la fin des années 1980, et faisaient constamment des tentatives de pousser le parti vers la gauche.
Un parti des travailleurs offre à l’énorme masse de travailleurs la possibilité de discuter ensemble sur les idées, d’élaborer une stratégie et des tactiques communes, de défendre collectivement un cahier de revendications pour aujourd’hui et un programme à plus long terme. Un tel parti organise la solidarité; et la longue existence du POB sur le plan national a été certainement un élément dans la prévention d’explosions plus violentes de la question nationale. C’est au travers d’un parti ouvrier – même avec une direction bourgeoise – que le mouvement ouvrier belge a été capable d’obtenir un système large de sécurité sociale, de services publics et une concertation salariale centrale.
Les dernières décennies d’érosion néolibérale de “l’Etat-Providence” -ce dernier étant une conséquence de la lutte du mouvement ouvrier, la bourgeoisie n’ayant jamais donné de cadeaux – ont été combinée avec la bourgeoisification des partis sociaux-démocrates.
Des leçons pour la construction d’un nouveau parti des travailleurs
Dans les années à venir, la Belgique va rejoindre la série de pays où des nouvelles formations de gauche et/ou ouvrières sont déjà nées. Comme dans le temps avec la fondation du POB, ce processus sera fait d’avancées comme de reculs, de tentatives avortées aussi bien que de pas en avant. Il faut tirer collectivement les leçons des victoires et des défaites des mouvements de masse de la classe ouvrière. Il existe aujourd’hui dans une série de pays des exemples dont nous devons discuter et nous inspirer quant à la manière avec laquelle de telles formations peuvent se développer. Il y a le P-Sol au Brésil, mais il y a déjà depuis des années des développements dans le même sens dans plusieurs pays européens également. Le SP aux Pays-Bas, Die Linke en Allemagne (qui montre tous les jours au travers de hauts scores électoraux dans les sondages qu’une rhétorique socialiste et de « vieilles » revendications de gauche comme la nationalisation des secteurs-clé de l’économie sont tous sauf un frein pour l’attraction et la sympathie de couches larges de travailleurs) , le PRC en Italie, Syriza en Grèce,…
Aucun de ces développements n’aboutit à une situation “idéale”, et beaucoup de ces nouvelles formations sont extrêmement vacillantes. Les obstacles généraux sont devenus clairs : dans toutes les nouvelles formations, la discussion sur la participation gouvernementale se joue d’une manière ou d’une autre. Choisir cette voie a presque été fatale pour la PRC en Italie, et en Allemagne le développement de Die Linke est freiné dans un certain nombre de régions de l’ex-Allemagne de l’Est, comme à Berlin, par la présence du parti dans le gouvernement régional et par sa participation à la politique néolibérale.
Dans ces partis, une orientation étroite vers les élections, l’électoralisme, va le plus souvent de pair avec une intervention extrêmement limitée dans la lutte réelle, avec une surestimation des figures dirigeantes et avec une sous-estimation de la construction d’une base active, qui ne peut se faire que par l’intervention dans la lutte réelle. Manier correctement la pression pour une politique plus sociale, qui peut s’exprimer dans une tendance dans ces nouvelles formations de gauche à faire des coalitions politiques, le plus souvent avec les vieux partis ouvriers bourgeoisifiés, est une question fondamentale. Un refus principiel de fonctionner dans un gouvernement néolibéral, va être un élément décisif dans le développement d’un nouveau parti ouvrier et dans sa capacité à s’enraciner de façon permanente dans la classe ouvrière. Une vraie participation de ses membres au travers de structures démocratiques est d’une importance primordiale afin de mettre une nouvelle formation sur le bon chemin, c’est-à-dire vers le développement d’un véritable parti des travailleurs.
Après la chute du CAP, le Comité pour une Autre Politique, la question d’un nouveau parti en Belgique apparaît provisoirement absente de l’agenda (cliquez ici pour une évaluation du développement du CAP ). Mais les conséquences de la crise vont résulter dans le fait que cette question va revenir à l’agenda avec une force plus grande encore. Pour disposer d’une chance de réussite, chaque initiative va devoir montrer aux travailleurs et aux jeunes qu’ils ont une « plus-value » à offrir.
En l’absence de partisans dans au moins certaines franges des syndicats, surtout dans les secteurs les plus combatifs, une telle initiative en Belgique n’aura pas beaucoup de chances d’aboutir. Une telle formation va devoir défendre les revendications du mouvement syndical sur le terrain politique; mais pas seulement les revendications syndicales. Un parti des travailleurs doit prendre en main la lutte pour la défense de toutes les couches opprimées et exploitées de la population, afin de se renforcer fondamentalement dans la lutte contre le patronat et le gouvernement. Un gouvernement qui, par manque d’un parti des travailleurs, est de toute façon un gouvernement au service du patronat, quelle qu’en soit sa composition. En d’autres termes, un tel parti des travailleurs va donc devoir défendre explicitement, ou au moins implicitement, des idées et des valeurs socialistes, comme la solidarité et la lutte contre chaque forme de discrimination.
De nouvelles initiatives vont voir le jour, et le MAS/LSP, comme par le passé, donnera son soutien et sa coopération active à chaque initiative qui présente le potentiel et la volonté de devenir une nouvelle formation de la classe ouvrière. Mais nous allons – comme nous l’avons fait au sein du CAP – s’appuyer sur les leçons de l’histoire. Démontrer la nécessité d’intervenir dans la lutte réelle et d’impliquer autant de travailleurs possible dans la construction. L’époque du POB, en particulier celle de ses débuts, fournit des tas d’exemples de comment, dans tout le pays, des milliers et des milliers de travailleurs s’engageaient activement sur le plan politique, exerçaient constamment une pression sur les directions pour passer à l’action et pour adopter des points de vue plus radicaux. En outre, la nécessité d’une démocratie interne, dont l’absence a généré tellement de dégâts au sein du POB, est une condition essentielle – surtout après les expériences négatives du bureaucratisme stalinien – pour un nouveau parti des travailleurs sain. Chaque membre et chaque groupe de membres doit y avoir la liberté de défendre son programme : une véritable discussion et confrontation d’idées doit pouvoir y trouver sa place.
Au travers de la lutte contre les attaques néolibérales des prochaines années, un tel parti peut émerger. La classe ouvrière belge, fortement organisée sur le plan syndical, disposera alors d’un instrument puissant en plus pour mener sa lutte, non plus seulement sur le plan syndical, mais aussi sur le plan politique.
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Tous ensemble pour plus de pouvoir d’achat et pour l’emploi!
Augmentations continuelles des prix de l’énergie, du logement, de la nourriture,… Avec nos salaires, on peut aujourd’hui bien moins faire qu’avant. La société regorge pourtant de richesses, mais elles sont constamment plus concentrées dans quelques mains seulement.
Tract du MAS/LSP
En automne, les patrons et le gouvernement vont dénoncer la fameuse “spirale salaire-prix”. Si on demande plus de salaires, cela va conduire à de plus hauts prix, vont-ils affirmer. Et nous qui pensions que c’était les patrons qui déterminaient à quels prix ils vendaient leurs produits et leurs services! Ils ont engrangé des profits record ces dernières années, ils pourraient laisser tomber un peu de ces profits en augmentant les salaires sans augmenter les prix, maintenant que le coût de la vie grimpe. Mais ça, c’est un tabou. Sur la rapacité des patrons, on n’a encore rien entendu dire au parlement. Les syndicats sont les seules organisations qui prennent encore en main la défense des pauvres et des travailleurs ainsi que leurs familles. Leur combativité est hélas trop limitée parce que les dirigeants des syndicats continuent à mettre leurs espoirs dans le PS et – dans une moindre mesure – dans le CDH. Tous les partis au parlement défendent cependant une politique de bas salaires et allocations et de cadeaux au patronat. Ainsi le gouvernement peut-il – comme au temps du Plan Global et, plus tard, du Pacte des Générations – attendre que la lutte soit finie : il n’y a quand même pas d’alternative politique. Les revendications de la majorité de la population n’entrent même pas en ligne de compte au parlement.
TOUS ÉGAUX ?
Jusqu’ici, le gouvernement n’a rien fait, sauf se bagarrer autour d’une réforme d’Etat. Entre-temps approche une grave crise économique. Des fermetures d’entreprises, des restructurations conséquentes, un chômage galopant, des assainissements douloureux, un démantèlement renforcé des services publics, des soins de santé et de la sécurité sociale nous attendent en l’absence d’une alternative à la politique actuelle.
Les patrons et les actionnaires n’ont pu que se réjouir de la croissance économique de la période passée. Pour nous, elle n’a signifié que des augmentations salariales « modérées » ou des allocations bien loin derrière le coût de la vie pour les malades, les pensionnés et ceux qui ont malheureusement perdu leur emploi.
L’année passée, les 30.000 plus grosses entreprises de Belgique ont réalisé un profit de 77 milliards d’euros, c’est a dire largement 30.000 euros par famille en Belgique. Voilà où sont passés nos sous. Ceux qui ont vu leur fortune augmenter de façon spectaculaire ces dernières années sont précisément ceux qui maintenant crient le plus que les augmentations salariales pour les travailleurs ne sont pas réalisables!
UNITE DANS LA LUTTE
Avant l’été, plus de 100.000 travailleurs ont manifesté et fait grève pour plus de pouvoir d’achat. L’unité entre travailleurs flamands, bruxellois, wallons et germanophones est d’une importance cruciale. Sinon, ils vont nous voler, l’un après l’autre, tout ce que nos parents et grands-parents ont acquis par leurs luttes après-guerre.
Tous les partis au parlement craignent cette unité et essayent de semer la division. Les plus pauvres sont systématiquement utilisés comme boucs émissaires. Ce ne sont néanmoins pas eux les profiteurs, mais la petite élite de super-riches : une minorité infime qui cependant reçoit plus de la moitié de la richesse produite pas les travailleurs. La majorité de la population peut se battre pour ce qui reste.
FGTB ET CSC: CASSEZ LES LIENS AVEC LE PS ET LE CDH!
Les travailleurs devraient pouvoir utiliser leurs syndicats pour sortir de cette impasse. Nous avons en effet besoin d’un parti qui reprenne en main la lutte contre la politique néolibérale, d’un parti qui organise les travailleurs, les jeunes, les pensionnés, les pauvres, les femmes, les immigrés,… afin de lutter pour des allocations plus élevées, pour une augmentation du salaire brut en plus de l’indexation, pour l’abolition des TVA socialement injustes sur les produits de première nécessité, pour des services publics accessibles et de bonne qualité, pour le rétablissement complet de l’index, pour la construction de logements sociaux, etc.
Les directions syndicales comptent malheureusement toujours sur le PS, le SP.a, le CD&V et dans une moindre mesure sur le CDH et Ecolo. Ces 25 dernières années, ces partis ont utilisé leur « lien » avec le mouvement ouvrier uniquement pour faire avaler aux travailleurs les coupes budgétaires. En automne, nous devons sortir de nouveau massivement dans la rue pour éviter que la facture totale de la crise économique ne nous retombe dessus. Le 28 juillet, la Centrale Générale de la FGTB avait publié un appel derrière lequel le MAS ne peut que se ranger: "il y a dans ce pays encore une gauche politique, elle devrait utiliser toute son énergie et sa créativité pour élaborer une autre politique fiscale et de salaire. Il faut complètement casser avec la politique libérale."
Au parlement, il n’y a plus de parti de qui une telle chose peut être attendue. Après 20 années de participation gouvernementale du PS et du SP.a, c’est limpide. Les deux partis extra-parlementaires les plus grands, le PTB et le MAS, ne sont malheureusement pas capables, même ensemble, de faire sortir une telle "gauche politique" hors d’un chapeau. Un rassemblement des forces dans un cartel pour les élections européennes de juin 2009 (pour lequelles le MAS a lancé un appel) serait toutefois déjà un pas en avant.
AVEC ET AUTOUR DE LA BASE SYNDICALE, IL NOUS FAUT UN PARTI SYNDICAL!
Le MAS appelle déjà depuis quelques années à la création d’un nouveau parti large des travailleurs. Un parti apte à réunir tous les courants préparés à se battre contre la politique néolibérale. Une première réelle tentative d’y parvenir – le Comité pour une Autre Politique (CAP), né de la lutte contre le Pacte des Générations – a malheureusement échoué.
Un tel parti des travailleurs devrait pouvoir se baser sur les expériences de la base syndicale, aussi bien pour son programme que pour ces principes de fonctionnement. Les 115.000 candidats aux élections sociales représentent leurs collègues et ne reçoivent pour cela aucun euro cent en plus. Un parlementaire d’un tel parti utiliserait sa dotation parlementaire pour construire le mouvement et pour soutenir la lutte. Dans un tel parti, les travailleurs pourraient discuter ensemble d’un programme et d’une stratégie. C’est de cela qu’on parle quand on appelle à la création d’un parti syndical.
Un tel parti devrait – sur base des expériences des syndicalistes dans la lutte – également prendre en main la défense des plus faibles dans la société – immigrés, femmes, personnes handicapées, mais aussi, et toujours plus, les travailleurs jeunes et plus âgés. Tant que des groupes de travailleurs recevront des salaires et des contrats pires que « la normale » et disposeront de moins de droits que la normale, une pression pèsera lourdement sur les salaires et les droits de tous. Pour cette raison, des droits égaux pour tous est une revendication importante pour le mouvement ouvrier. A l’avidité des patrons, nous opposons la solidarité.
LE NEOLIBERALISME = LE VOL DU SIECLE
Les néolibéraux nous ont promis qu’une politique au bénéfice des riches entraînerait une croissance économique et donc des avantages pour tout le monde. La crise financière et économique prouve qu’il s’agissait d’un mensonge. Avec la politique néolibérale, les riches sont devenus supers riches. Nos services publics, fonds de pension et sécurité sociale ont été vendus pour une bouchée de pain. Tout s’est transformé en cadeaux pour les riches. Aujourd’hui, la facture arrive sur table et ils veulent nous faire payer pour la ripaille des capitalistes. Si les profits étaient privés, les pertes vont devoir être portées par la collectivité.
Un programme socialiste pour le pouvoir d’achat !
- Pas touche à l’index ! Pour un index qui représente le coût réel de la vie !
- Pour un salaire minimum net de 1.500 euros !
- Abolition de la TVA sur les produits de première nécessité !
- Pour de vrais revenus de remplacement, liaison des allocations au bien-être !
- Pour un programme massif publiquement financé de construction de logements sociaux de qualité !
- Abolition des Intérêts notionnels et des autres cadeaux néolibéraux aux patrons !
- Pour un impôt sur les grandes fortunes !
- Pour une répression sévère de la fraude fiscale !
- Pour la semaine des 32 heures, avec embauches compensatoires et sans perte de salaire !
- Pour la nationalisation des secteurs clés de l’économie comme les secteurs bancaire, énergétique, alimentaire,… Ceux-ci doivent être orientés en fonction des besoins, pas des profits.
- Pour une société socialiste sous le contrôle démocratique des organes des travailleurs et de leurs familles !
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Le MAS est un parti actif qui ne parle pas seulement du socialisme comme d’un idéal lointain, mais qui ambitionne de réaliser une société basée sur le socialisme démocratique. Ce n’est pour nous aucunement un slogan vide de sens ou de la nostalgie, mais bien un objectif concret auquel nous travaillons chaque jour. Tous les problèmes fondamentaux dans notre société puisent leur source au sein du système capitaliste, dans lequel uniquement les profits d’une petite poignée de capitalistes sont centraux.
Le socialisme n’est viable que construit par en bas, quand l’économie est sous le contrôle de structures démocratiques, directement élues par les travailleurs. Et comme les victoires des travailleurs ne savent être acquises et maintenues que sur le plan international, le MAS fait partie d’un parti mondial, le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO).
Là où nous le pouvons, nous prenons nous-mêmes des initiatives et nous jouons un rôle dans le soutien des travailleurs, des jeunes, des femmes et des immigrés. Nos jeunes jouent souvent un rôle décisif dans des mobilisations importantes contre le racisme, contre la guerre et pour la défence de l’environnement. Nous avons posé nos premiers pas au niveau électoral avec des participations modestes aux élections parlementaires et communales.
Avec l’appel pour un parti syndical, nous voulons mener, au sein du mouvement pour plus de pouvoir d’achat, un débat sur la manière de poser à nouveau des revendications politiques offensives. Le MAS va soutenir au mieux de ses possibilités chaque initiative capable de signifier un pas en avant crédible sur ce plan.
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Pour un parti syndical !
Avec et autour de la base syndicale, un nouveau parti des travailleurs est nécessaire :
Voilà déjà plus d’un an que la crise économique se précise peu à peu mais, pour la première fois, il semble probable que la Belgique entre actuellement dans une vraie récession. En bref, le pire est encore devant nous : restructurations et fermetures d’entreprises, chômage en forte croissance et sacrifices douloureux.
De nombreuses familles de travailleurs devront faire face à cette situation, sans réserves ou en puisant dans une épargne déjà fortement entamée par l’inflation galopante de ces derniers mois. Les patrons ont déjà prévenu que la compétitivité des entreprises devrait être garantie avant toute autre chose. Dès lors, si les travailleurs ne bougent pas, eux et leurs familles seront, une fois de plus, les victimes.
La politique aujourd’hui : à sens unique.
Les propositions patronales fusent de tous côtés : continuer à détricoter le lien entre les salaires et les prix assuré par l’index, diminuer fortement les prestations des services publics et donc le nombre des fonctionnaires, et surtout réduire linéairement les charges des entreprises. Les patrons disent – comme le FMI, la Commission Européenne et la Banque Nationale – qu’il faut absolument éviter la « spirale infernale salaires-prix ». Dès lors, pour éviter que les prix augmentent – et puisqu’il est impensable pour eux de réduire leurs profits record – il faut donc bloquer ou réduire les salaires.
Chaque débat politique est une attaque à sens unique contre les acquis des travailleurs et leurs familles. Lorsque nous descendons à plusieurs dizaines de milliers dans la rue, comme lors de la semaine d’actions en juin, aucun politicien ne se montre. Mais lorsque quelques centaines de demi-portions viennent brandir le drapeau au Lion flamand, le pays s’en trouve retourné pendant une année entière. Les sondages montrent pourtant qu’en Flandre, seule une petite minorité de la population adhère à la surenchère nationaliste. Comment cela se fait-il ? Une petit minorité est politiquement sur-sur-sur-représentée.
Les politiciens, déjà bien payés durant leur carrière, obtiennent encore un salaire supplémentaire à la fin de celle-ci, grâce à des postes bien rémunérés dans les organes de direction des entreprises du pays. Les libéraux, les démocrates-chrétiens, les nationalistes flamands et, hélas aussi, les « socialistes », représentent tous des secteurs – parfois différents, d’autres fois identiques – de l’establishment du pays. Si un parti ne satisfait plus, alors, à partir de rien, on en recrée un dont l’image est sans cesse imposée dans les médias et qui, grâce à une campagne publicitaire qui coûte des millions d’euros, franchit rapidement le seuil électoral. Les patrons utilisent leur pognon et leur influence pour s’attacher des représentants politiques loyaux.
Les travailleurs devraient utiliser leurs syndicats afin de veiller à avoir leurs propres représentants politiques. Ceux-ci sont, hélas, aujourd’hui toujours rivés à la social-démocratie pour les Rouges, et à la démocratie-chrétienne pour les Verts. La dernière fois qu’ils ont pu réaliser une revendication défendue par les syndicats remonte à un demi-siècle avec la création du statut des VIPO. Depuis lors, ils hurlent avec les loups néolibéraux. Quand la base syndicale FGTB et ses représentants se permettent de rappeler le PS à l’ordre, on leur reproche de « faire le jeu de la droite ». Les supposés représentants de la CSC dans le PSC puis le CDH sont noyés parmi les notables et les représentants des classes moyennes et du patronat.
Le manque de représentants sérieux des travailleurs explique pourquoi les gouvernements respectifs ont pu traverser les grèves de 1993 contre le Plan Global et de 2005 contre le Pacte des Générations et, ensuite, faire passer leurs plans de façon quasi-unanime au parlement.
La Centrale Générale FGTB : « Il faut en finir complètement avec la politique libérale »
En automne, les travailleurs devront à nouveau descendre massivement dans la rue. Le 28 juillet, la Centrale Générale de la FGTB a déjà lancé un appel dans ce sens. Le MAS soutient cet appel. On peut lire dans celui-ci : « S’il existe encore une gauche politique dans ce pays, elle doit réunir toute son énergie et sa créativité afin d’élaborer une autre politique fiscale et salariale. Il faut en finir complètement avec la politique libérale ».
Nous supposons que c’est une manière de parler et que la Centrale Générale sait pertinemment que la « gauche politique » qui devrait réaliser cela n’existe, hélas, pas de nos jours au parlement. Et, malgré tout le respect pour les deux plus grands partis non-parlementaires, le PTB et le MAS – et bien qu’un cartel de ces deux partis lors des élections européennes serait un signal épatant – aucun des deux, ni même les deux ensemble, ne dispose des moyens nécessaires pour former cette « gauche politique » à partir de rien.
C’est en partant de la même inquiétude que celle de la Centrale Générale que le MAS appelle déjà depuis quelques années à la création d’un nouveau parti large des travailleurs qui réunirait tous les courants prêts à lutter contre la politique néolibérale. A la suite de la lutte contre le Pacte des Générations, le CAP semblait être un bon début dans cette voie. Hélas, ses responsables, les anciens députés SP.a Sleeckx et Van Outrive et l’ancien secrétaire général de la FGTB Debunne, ont laissé passer les chances aux moments décisifs.
Le MAS continue de penser que la FGTB doit rompre avec le PS et le SP.a et la CSC avec le CDH et le CD&V. Nous sommes partisans d’un nouveau parti large des travailleurs, construit avec et autour de la base syndicale. Un parti syndical donc, pas dans le sens d’un parti qui traduise politiquement les intérêts de l’appareil syndical, mais bien d’un parti qui donne la parole à ceux qui vivent à la base.
Un tel parti devrait prendre appui sur la riche expérience de la base syndicale, tant en ce qui concerne son programme que ses principes d’action. Il pourrait sélectionner ses représentants parlementaires suivant les mêmes principes que la FGTB et la CSC quand elles présentent 115.000 candidats lors des élections sociales : des candidats qui représentent leurs collègues à leurs propres risques et sans percevoir le moindre cent ! En gardant pour eux le salaire moyen d’un travailleur, ces représentants élus pourraient consacrer fort utilement le reste de leur salaire de parlementaire à soutenir les travailleurs dans leurs luttes et pour construire le mouvement.
La présence d’un parti syndical avec de tels principes ferait disparaître les châteaux gonflables que sont la Liste Dedecker et même le Vlaams Belang. Sur le lieu de travail, chaque délégation syndicale est confrontée à des opinions de toutes sortes. Pour être forte face au management et au patron, elle a pourtant besoin d’unité. La seule façon d’atteindre cette unité n’est pas d’imposer le silence sur le lieu de travail mais bien de mener un débat démocratique et, aux moments cruciaux, de prendre les décisions à l’aide de votes démocratiques, ce qui n’empêche pas de rediscuter l’affaire par après, si les conditions se mettent à changer. Pour un parti des travailleurs qui utiliserait ces méthodes démocratiques, la diversité ne constituerait pas une menace mais bien une force.
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Les socialistes de gauche se préparent pour un automne chaud
Cet été, nous avons surtout mené des campagnes parmi les jeunes, avec des interventions très réussies notamment à Dour et au Pukkelpop. A partir de septembre, notre travail lycéen et étudiant recommence avec des campagnes autour de l’antifascisme, de l’anti-sexisme, de l’écologie. Mais la rentrée sera bien sûr surtout marquée par la question du pouvoir d’achat.
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Agenda
- 6-7 septembre : présence active à la fête Retrouvailles à Liège
- 13 septembre : barbecue et meeting national
- 19 septembre : festival des sans-papiers à Bruxelles, à partir de 18h. place Flagey
- 20 septembre : manifestation antiraciste à Cologne
- 4 octobre : action contre un meeting FN à Molenbeek
- 25 octobre : festival d’environnement de Résistance Internationale à Anvers
- 6 décembre : Action nationale pour le climat
- 5 mars 09 : manif anti-NSV à Leuven
- 8 mars 09 : action dans le cadre de la journée internationale des femmes
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En juin, le MAS/LSP a été présent à toutes les manifestations provinciales de la semaine d’action pour le pouvoir d’achat (à l’exception d’Arlon) et a rencontré un bon écho pour son exigence de « + de pouvoir d’achat par + de salaire ». Pendant l’automne, il y aura certainement des nouvelles actions. Le MAS y interviendra avec le slogan « Tous ensemble pour le pouvoir d’achat et l’emploi » et plaidera aussi pour un parti syndical avec et autour de tous ceux qui sont entrés en action pour le pouvoir d’achat.
Un tel parti n’existera pas sans doute pas encore pour les élections de 2009. Le MAS a proposé un cartel avec le PTB pour une unité des forces anti-néolibérales. Si cela n’est pas réalisable, le MAS se présentera seul aux élections.
Nous voulons relancer l’année politique avec un meeting et un barbecue à notre secrétariat national le 13 septembre. Un des orateurs à ce meeting sera Claus Ludwig, membre du SAV, notre organisation-sœur en Allemagne, et conseiller communal pour Die Linke à Cologne. L’autre orateur sera Els Deschoemacker du MAS/LSP. Ce meeting et ce barbecue marqueront le lancement d’un automne chargé d’activités et de campagnes.
Face à la crise de la politique traditionnelle et du système économique, il nous faut une alternative. Cet automne, il y aura beaucoup de discussions au sein du MAS pour analyser la crise du capitalisme, la situation et les perspectives politiques en Belgique et pour évaluer notre fonctionnement des deux dernières années. Ces discussions, à tous les niveaux de l’organisation, du Comité National aux sections locales, aboutiront à notre congrès biennal les 12, 13 et 14 décembre.
L’urgence d’une alternative socialiste devient chaque plus claire. Nous serons particulièrement actifs au cours des prochains mois pour engager un maximum de discussions et pour construire une force socialiste de gauche forte. Nous ne pouvons pas compter sur d’autres pour cela, nous devrons le faire nous-mêmes, chacun avec nos capacités et nos possibilités propres. Et toi aussi, tu peux y jouer un rôle important en rejoignant nos rangs !
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Regarder l’expérience de 60-61 pour les luttes d’aujourd’hui…
Plus de pouvoir d’achat par plus de salaire
En route ce lundi 30 juin vers Bruxelles pour une nouvelle action pour le pouvoir d’achat, nous avons pu discuter avec une partie de la délégation de l’entreprise S.A. Prayon, spécialisée dans la production d’engrais à usage agricole et dans les produits chimiques. A plus d’un titre, ils ont reflété dans leurs propos ce que nous avons pu entendre par la suite de la bouche de travailleurs au cours de cette action qui a rassemblé environ 1.500 personnes. Quelques extraits…
Peu de délégations avaient autant mobilisé les travailleurs de leur société. Et au cours de la manifestation, nous avons aussi pu retrouver les travailleurs de Prayon au cœur des groupes les plus actifs pour scander les slogans ou encore parmi ceux qui réclamaient plus d’actions, à côté des rencontres avec les représentants de la Fédération Belge du Pétrole par exemple. Cela n’a finalement fait qu’illustrer les propos entendus dans le train Liège-Bruxelles.
Une délégation combative
Comme ils l’avaient alors répété, ils ont la chance d’avoir dans leur entreprise un bon noyau de militants, motivés, avec des jeunes dont certains sont, depuis les dernières élections sociales, impliqués au premier chef dans le travail de la délégation syndicale. Cela ne s’est pas fait au hasard. Un jeune suppléant explique que ce qui a permis de lancer ce noyau, c’est de l’avoir "construit sur base de l’héritage des anciens", en discutant des luttes du passé, des acquis sociaux obtenus et de la manière dont il a fallu se battre pour les arracher.
Pour cela, ils disposent d’un local syndical ouvert à tous, FGTB ou CSC, syndiqués ou pas, ainsi que d’un comité d’usine pour les militants FGTB qui se réunit une fois le mois. De nombreux problèmes spécifiques à l’entreprise ou plus globaux (le pouvoir d’achat par exemple) peuvent ainsi être abordés et cela participe à la politisation des travailleurs. Au cours de notre trop brève discussion d’ailleurs, les avis ont fusé à toute vitesse, de la part de chacun, et tous dans une même direction: celle de la volonté de continuer à se battre en élargissant le mouvement au maximum.
La semaine d’action de juin a lancé une dynamique
"Si on est là aujourd’hui, explique le délégué, c’est pour marquer le coup avant les vacances. La mobilisation n’est pas grande, mais c’est quand même une manière de maintenir la pression après la semaine d’action sur le pouvoir d’achat du 9 juin et les autres manifestations."
"La participation le 9 juin était bonne (il y a eu 25.000 manifestants à Liège, NDLR) et on sent maintenant l’envie d’aller plus loin, de faire un vrai mouvement et de ne pas se contenter d’une promenade organisée. Cela a suscité beaucoup de discussions chez nous, c’est dommage que certains endroits en aient moins fait."
La discussion s’est à ce moment engagée sur les actions de Gand (le concert de "foodstock") et de Courtrai (la ballade à vélo). "Ce que les travailleurs attendent, a continué un travailleur, c’est un mot d’ordre de grève générale, et pas de 24 heures, d’au moins 3 jours."
Un autre, qui a connu la "grève du siècle" a alors rajouté : "Si les directions syndicales veulent faire quelque chose, alors il faut interroger ceux de 60-61. C’est de ça qu’on a besoin aujourd’hui, si tout le monde s’y met en même temps, on est invincibles. Un gouvernement ne comprend que le rapport de force. Pourquoi les camionneurs ont-ils étés traités différemment que les 100.000 manifestants de la semaine pour le pouvoir d’achat ? Ils sont capables de bloquer tout le pays. Nous, pour l’instant, on est trop gentils, les manifestations ne suffisent pas. A l’époque de la Marche Blanche, on était 300.000 dans les rues. On nous avait beaucoup promis. Mais aujourd’hui, il reste quoi de ces promesses ? Avec les transports en commun en grève et le reste qui suit, là, on aurait quelque chose."
La discussion s’est ensuite poursuivie sur la nécessité d’aller vers les usagers pour leur expliquer le pourquoi du mouvement de grève et pour les impliquer eux-aussi au maximum dans les mobilisations. Chacun peut remarquer que les médias traditionnels ne sont pas objectifs ("et pas que "MR"TL-TVI") et que l’on ne peut pas compter sur eux. De nombreuses études qui voulaient nous convaincre que le problème de la baisse du pouvoir d’achat est une question d’ambiance et pas un fait ont largement pu bénéficier de l’attention des médias, mais leur impact est limité. "La plupart de ceux qui dirigent ces études, avec leurs salaires, ne doivent pas être concernés par la problématique. Mais, dans la réalité, quand on a fini de payer le minimum vital (nourriture, transports, électricité, gaz,…), on ne s’en sort plus. Pour les jeunes, démarrer dans la vie, c’est très dur. Et maintenant on fait de prêts pour 40 ans! Voir plus dans certains pays!"
Un bref regard sur le ticket de train suffisait d’ailleurs à illustrer la discussion : plus de 25 euros pour un aller-retour vers Bruxelles à partir de Liège…
La discussion s’est ensuite poursuivie sur l’index, non seulement à préserver, mais surtout à rétablir après les différentes attaques qu’il a subit (les sauts d’index, la manipulation du panier de référence, l’index-santé,…). "Il faut aussi voir comment on peut réaliser un contrôle des prix efficace. Même le pain augmente rapidement. Et ça, c’est un bon indicateur de la santé d’une société. En 1789, les gens ne se sont pas soulevés pour des idées, mais pour du pain, pour manger. Les gens recommencent à avoir faim et on se dirige maintenant vers un nouveau 1789…"
Quant aux réductions de taxes, les avis sont mitigés : "Des mesures comme de descendre la TVA de 21 à 6% comme on va le réclamer aujourd’hui, c’est déjà bien, mais il faut aller beaucoup plus loin pour le pouvoir d’achat. En termes de salaires notamment. Ce qui est certain, c’est que les diminutions fiscales ne sont absolument pas une solution. Quand Reynders dit qu’il veut diminuer les impôts, c’est encore une fois avec les intérêts des riches en tête. Mais malgré tout, faute d’opposition politique, Reynders touche les gens. Après les diminutions de taxes, comment il va faire pour boucher le trou ? Là, il ne dira rien, parce que ce sera pour notre pomme. Taxer les plus hauts revenus par contre, on ne l’entendra jamais en parler…"
L’arrivée du train en gare nous a finalement stoppé, mais nous nous reverrons encore pour de prochaines mobilisations, comme d’autres délégations combatives à travers le pays. Reste maintenant à ce qu’elles s’organisent ensemble en un réseau de syndicalistes combatifs pour renforcer l’impact de leurs positions afin de pousser le mouvement plus loin.
- Reportage photo de la manifestation du 30 juin
- Evaluation de la semaine d’action sur le pouvoir d’achat.
- Rubrique "Pouvoir d’achat".
- Tous les rapports et reportages photo de la semaine d’action pour le pouvoir d’achat du 9 au 12 juin.
Le MAS propose de considérer les revendications suivantes :
- Plus de pouvoir d’achat par plus de salaire et des allocations liées au bien-être, pour que nous ne payons pas nous-mêmes nos augmentations comme avec des réductions de taxes : 1€ de plus par heure
- Un index qui reflète réellement le coût de la vie, pas d’accords all-in
- Abolition de la norme salariale, des accords interprofessionnels comme dans le passé, avec un seuil salarial et non un plafond (un minimum qui revient à tous, pour que les secteurs faibles puissent en bénéficier également)
- Pour les collègues qui tombent hors de l’AIP: casser tout les accords salariaux de plus de 2 ans, tel que l’accord 2005-2010 dans le non-marchand
- Une suppression de la TVA sur les produits de première nécessité
- Un plan massif de construction de logements sociaux publics
Pour financer cela :
- Une forte répression de la grande fraude fiscale
- Un impôt sur les grandes fortunes
Ces dernières mois, nous avons pu constater à quel point il est désastreux de laisser des secteurs-clés tels que l’énergie et les banques à l’avidité du secteur privé. Quand des grandes banques se trouvent en difficulté, l’Etat peut alors soudainement intervenir. Pour nous, le contrôle de tels secteurs revient à la collectivité. Nous plaidons donc pour leur nationalisation sous le contrôle démocratique du mouvement ouvrier et de toute la collectivité.
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Pauvreté : la révolte gronde et fait peur à certains
Le secrétaire d’Etat à la pauvreté Jean-Marc Delizée (PS) prépare son plan d’action contre la pauvreté qui sera présenté le 4 juillet. Son principal souci ? Eviter "une révolte des pauvres". Quand on se dit socialiste, ne vaudrait-il pas mieux organiser celle-ci?
Jean-Marc Delizée a déclaré que "Quinze pour cent des Belges vivent sous le seuil de pauvreté et des dizaines de milliers de personnes avec un emploi s’ajouteront à eux si nous ne faisons rien. (…) Chaque pauvre est un pauvre de trop. (…) Si nous n’y prenons pas garde, d’autres viendront rapidement s’ajouter. (…) Si nous n’entreprenons rien pour augmenter les salaires bruts les plus bas, les gens pauvres de ce pays vont se révolter".
Tout d’abord, le chiffre de 15% est une grossière sous-estimation (voir ici 3 millions de pauvres en Belgique!). Pour le reste, nous sommes bien évidemment pour une hausse du salaire brut conséquente (nous revendiquons 1 euro de plus par heure en plus de l’indexation avec un index qui reflète le coût réel de la vie ainsi qu’une hausse des allocations sociales), pour tous, et pas seulement pour les salaires les plus bas. La crise du pouvoir d’achat ne crée pas seulement de problèmes à la population la plus précaire. Au regard du "camarade" de Jean-Marc Delizée Guy Quaden, gouverneur de la Banque Nationale et membre du PS, tous les salaires ne sont pas assez élevés (ce fameux Guy Quaden, qui par ailleurs veut s’en prendre à l’index, a gagné en 2007 quelques 474.792 euros brut, c’est-à-dire 4 fois plus que son collègue américain de la Federal Reserve…)
Mais il nous semble particulièrement intéressant de révéler la panique du secrétaire d’Etat quant il dit que "Si nous n’entreprenons rien pour augmenter les salaires bruts les plus bas, les gens pauvres de ce pays vont se révolter." Un parti qui se dit socialiste devrait justement organiser la révolte pour éviter que la frustration et la colère ne se dilapide inutilement. Mais on sent derrière cette phrase que la préoccupation du secrétaire d’Etat est avant tout de préserver l’ordre établi, de donner une obole aux pauvres pour éviter une remise en question du système.
S’il fallait encore le démontrer, cette citation illustre que la phraséologie sociale du PS est avant tout sa spécificité dans le panel des partis à la disposition du patronat. Sur le site du PS, dans la partie consacrée au nouveau secrétaire d’Etat à la pauvreté, on peut lire que "Lutter contre la pauvreté et réduire les inégalités, voici un combat qu’il entend mener avec toutes les forces du PS." On se demande ce que le PS va vraiment mettre en œuvre pour réduire les inégalités. Le PS va-t-il mettre à la disposition du mouvement pour le pouvoir d’achat ses moyens financiers gigantesques, ces relais avec les journalistes et ses militants ? Va-t-il oser s’en prendre aux intérêts du patronat qu’il soutien activement (en votant par exemple l’introduction des intérêts notionnels, le Pacte des Générations, la chasse aux chômeurs,…)?
Nous en doutons, même si le PS en connaît un bout en terme d’inégalités et de pauvreté. La pauvreté a au moins triplé sur ces 20 dernières années, et le PS était au pouvoir (pour un taux officiel – et sous-évalué – de 6% de pauvreté dans les années ’80, nous sommes passés à 15% aujourd’hui, toujours selon la sous-estimation officielle). Le PS va juste s’employer à tenter de faire baisser la vapeur. Les travailleurs et les allocataires n’ont aujourd’hui plus de relais de masse pour porter leurs revendications sur le terrain politique. Il est urgent que les syndicats brisent leurs liens privilégiés avec des partis traditionnels pour qui la moindre parcelle de contrôle qu’ils peuvent encore exercer sur les syndicats est un argument à faire valoir auprès de la classe dirigeante.
- Evaluation de la semaine d’action sur le pouvoir d’achat.
- Rubrique "Pouvoir d’achat".
- Tous les rapports et reportages photo de la semaine d’action pour le pouvoir d’achat du 9 au 12 juin.
Le MAS propose de considérer les revendications suivantes :
- Plus de pouvoir d’achat par plus de salaire et des allocations liées au bien-être, pour que nous ne payons pas nous-mêmes nos augmentations comme avec des réductions de taxes : 1€ de plus par heure
- Un index qui reflète réellement le coût de la vie, pas d’accords all-in
- Abolition de la norme salariale, des accords interprofessionnels comme dans le passé, avec un seuil salarial et non un plafond (un minimum qui revient à tous, pour que les secteurs faibles puissent en bénéficier également)
- Pour les collègues qui tombent hors de l’AIP: casser tout les accords salariaux de plus de 2 ans, tel que l’accord 2005-2010 dans le non-marchand
- Une suppression de la TVA sur les produits de première nécessité
- Un plan massif de construction de logements sociaux publics
Pour financer cela :
- Une forte répression de la grande fraude fiscale
- Un impôt sur les grandes fortunes
Ces dernières mois, nous avons pu constater à quel point il est désastreux de laisser des secteurs-clés tels que l’énergie et les banques à l’avidité du secteur privé. Quand des grandes banques se trouvent en difficulté, l’Etat peut alors soudainement intervenir. Pour nous, le contrôle de tels secteurs revient à la collectivité. Nous plaidons donc pour leur nationalisation sous le contrôle démocratique du mouvement ouvrier et de toute la collectivité.
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Anvers : Reportage photo de la manifestation du personnel communal
Ce 24 juin, environ 13.000 syndicalistes du personnel administratif local et régional flamand ont manifesté à Anvers en exigeant "un poisson gras pour le personnel" ("een vette vis voor het personeel"), c’est-à-dire plus de salaire et de meilleures conditions de travail. C’était une manifestation combative qui demandait d’autres actions. Le MAS/LSP était également présent avec une délégation qui a vendu 25 exemplaires de notre mensuel l’Alternative Socialiste à côté de la distribution d’un de nos tracts sur le pouvoir d’achat. Voici quelques photos de cette action.
Geert
- Evaluation de la semaine d’action sur le pouvoir d’achat.
- Rubrique "Pouvoir d’achat".
- Tous les rapports et reportages photo de la semaine d’action pour le pouvoir d’achat du 9 au 12 juin.
Le MAS propose de considérer les revendications suivantes :
- Plus de pouvoir d’achat par plus de salaire et des allocations liées au bien-être, pour que nous ne payons pas nous-mêmes nos augmentations comme avec des réductions de taxes : 1€ de plus par heure
- Un index qui reflète réellement le coût de la vie, pas d’accords all-in
- Abolition de la norme salariale, des accords interprofessionnels comme dans le passé, avec un seuil salarial et non un plafond (un minimum qui revient à tous, pour que les secteurs faibles puissent en bénéficier également)
- Pour les collègues qui tombent hors de l’AIP: casser tout les accords salariaux de plus de 2 ans, tel que l’accord 2005-2010 dans le non-marchand
- Une suppression de la TVA sur les produits de première nécessité
- Un plan massif de construction de logements sociaux publics
Pour financer cela :
- Une forte répression de la grande fraude fiscale
- Un impôt sur les grandes fortunes
Ces dernières mois, nous avons pu constater à quel point il est désastreux de laisser des secteurs-clés tels que l’énergie et les banques à l’avidité du secteur privé. Quand des grandes banques se trouvent en difficulté, l’Etat peut alors soudainement intervenir. Pour nous, le contrôle de tels secteurs revient à la collectivité. Nous plaidons donc pour leur nationalisation sous le contrôle démocratique du mouvement ouvrier et de toute la collectivité.
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Le personnel administratif local et régional flamand exige un « poisson gras » pour le personnel…
Le personnel administratif local et régional flamand exige un « poisson gras » pour le personnel…
Le mécontentement parmi le personnel des administrations locales et régionales (LRB) est grand. Hier, ils étaient presque 13.000 à Anvers. Les syndicats ont parlé au podium de 10.000 manifestants, mais il est clair qu’il y en avait plus. Cette bonne participation illustre un mécontentement profond et que quelque chose doit absolument être fait pour notre pouvoir d’achat. Les grandes délégations vertes ont parlé de la nécessité de donner un “ poisson gras” au personnel.
Un militant du MAS/LSP-Anvers
Le personnel, entre autres communal et des CPAS, est fatigué d’entendre qu’aucun moyen n’existe pour leur pouvoir d’achat. Les critiques contre le gouvernement étaient dures et les militants ACV-CSC (une bonne majorité de la manifestation) ne sont pas entraînés dans la logique du CD&V et du Cartel Flamand. L’utilisation du terme du «poisson gras pour le personnel» est en fait une réponse à l’utilisation de cette expression sur le plan communautaire. Ces manifestants n’étaient pas touchés par le communautaire, mais par leurs salaires et leurs conditions de travail.
Une des banderoles de l’ACV-CSC avait comme slogan: “If you pay us peanuts, we’ll work as monkeys ” (si vous nous payez des cacahouètes, nous travaillerons comme des singes). C’était une attaque frontale contre Etienne Schouppe, l’ancien patron de la SNCB et actuel secrétaire d’Etat pour le CD&V, qui avait déclaré au sujet des salaires scandaleux des topmanagers que, pour lui, ces patrons étaient bien rémunérés et que si l’on donne des cacahouète, on obtient des singes. Le personnel du LRB ne veut plus être considéré comme des singes.
L’action du personnel du LRB a été une grande réussite et, avec une journée de grève et une manifestation de presque 13.000 personnes, cela constitue un signal vigoureux. Cela a clairement été dit par les pompiers anversois qui réclament plus de moyens et se sont dirigés vers l’hôtel de ville pour pousser leurs revendications.
Ces derniers mois, différentes actions se sont déroulées pour plus de pouvoir d’achat par plus de salaire. Après les grèves spontanées du début de cette année, les fonctionnaires flamands ont, entres autres, suivis. Ces derniers ont obtenus une augmentation de salaire de minimum 2%.
Les employés du ramassage des déchets à Gand ont aussi enregistré une victoire importante la semaine dernière. Après quelques semaines de grèves et de grèves du zèle, ils ont arraché une augmentation de salaire de 2,5%, leur 13e mois complet en deux ans et aussi une augmentation des compensations d’équipe, avec encore la promesse que si le personnel communal obtient une augmentation de 3,5%, ils obtiendront encore une augmentation de 1%.
La conclusion est claire : gentiment, on peut toujours demander, mais militer est l’unique manière d’arracher quelque chose. Après la semaine d’action réussie pour le pouvoir d’achat du 9 au 12 juin, il est certain que la tendance est à passer à l’action. L’appel pour une journée d’action générale en septembre liée à une journée de grève a pu compter à Anvers sur un grand soutien et un bel enthousiasme. La campagne pour cette journée d’action est maintenant mise en marche et si cela se combine avec des moments de campagne publics vers la population large, alors cette journée d’action en septembre pourrait devenir historique. Historique en ce qui concerne la taille et la combativité.
Mais pour un véritable résultat, nous devons toutefois aussi discuter sur une réponse politique pour le mouvement. Sur qui pouvons nous compter ? Les sociaux-chrétien du CDH et du CD&V ou les sociaux-démocrates du PS et du Spa ne défendent pas les intérêts des travailleurs. Aucun parti ne défend les revendications du personnel. Nous pensons qu’il est nécessaire que la FTGB et la CSC brisent leurs liens avec leurs partenaires privilégiés et lancent un parti basé sur le mouvement ouvrier. La combativité et la participation à la manifestation d’hier sont une victoire et cela peut être une source d’inspiration pour d’autres secteurs.
- Evaluation de la semaine d’action sur le pouvoir d’achat.
- Rubrique "Pouvoir d’achat".
- Tous les rapports et reportages photo de la semaine d’action pour le pouvoir d’achat du 9 au 12 juin.
Le MAS propose de considérer les revendications suivantes :
- Plus de pouvoir d’achat par plus de salaire et des allocations liées au bien-être, pour que nous ne payons pas nous-mêmes nos augmentations comme avec des réductions de taxes : 1€ de plus par heure
- Un index qui reflète réellement le coût de la vie, pas d’accords all-in
- Abolition de la norme salariale, des accords interprofessionnels comme dans le passé, avec un seuil salarial et non un plafond (un minimum qui revient à tous, pour que les secteurs faibles puissent en bénéficier également)
- Pour les collègues qui tombent hors de l’AIP: casser tout les accords salariaux de plus de 2 ans, tel que l’accord 2005-2010 dans le non-marchand
- Une suppression de la TVA sur les produits de première nécessité
- Un plan massif de construction de logements sociaux publics
Pour financer cela :
- Une forte répression de la grande fraude fiscale
- Un impôt sur les grandes fortunes
Ces dernières mois, nous avons pu constater à quel point il est désastreux de laisser des secteurs-clés tels que l’énergie et les banques à l’avidité du secteur privé. Quand des grandes banques se trouvent en difficulté, l’Etat peut alors soudainement intervenir. Pour nous, le contrôle de tels secteurs revient à la collectivité. Nous plaidons donc pour leur nationalisation sous le contrôle démocratique du mouvement ouvrier et de toute la collectivité.
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Vers une journée nationale d’action avec un appel à la grève en septembre?
Après une semaine d’action pour plus de pouvoir d’achat réussie en juin, la FGTB Liège-Huy-Waremme a réclamé une nouvelle initiative avant l’été. A Liège, la manifestation du lundi 9 juin avait réuni 25.000 personnes, beaucoup plus que ce qui avait été initialement attendu par la direction syndicale. Maintenant, la centrale des employés, techniciens et cadres de la FGTB, le SETCA, lance un appel pour une journée nationale d’action en septembre.
Pour donner un certain poids à cette idée, le 30 juin, dernière journée avant les vacances d’été, une action aura lieu devant les bâtiments de la fédération belge du pétrole. Une telle action, même symbolique, illustre que le mouvement pour plus de pouvoir d’achat n’est pas terminé. Organiser une journée d’action avec un mot d’ordre de grève est trop difficile pour le 30 juin, mais le fait qu’il y ait une action indique que la pression à la base est grande.
Immédiatement après l’été suivra une action à plus grande échelle. Durant la semaine pour le pouvoir d’achat, certains responsables de la FGTB avaient mis en avant la possibilité d’une journée d’action pour la mi-octobre, à la reprise de l’année politique. Les responsables du SETCA parlent maintenant d’une journée d’action «dans la deuxième semaine de septembre». Le président du SETCA Erwin De Deyn et la vice-présidente Myriam Delmée ont affirmé : «Ce sera probablement une grève de 24h, soutenue par une manifestation nationale.»
Nous sommes partisans d’une journée d’action avec un appel à la grève. Lancé avant les vacances, un pareil appel peut être mis à profit durant le reste de l’été pour mener campagne au travail. Cela donnerait du temps pour préparer l’action à fond et aussi pour mobiliser en dehors des délegations syndicales. En menant également campagne à des supermarchés et des stations services, soutien plus large pour la journée de grève pourrait être construit.
- Evaluation de la semaine d’action sur le pouvoir d’achat.
- Rubrique "Pouvoir d’achat".
- Tous les rapports et reportages photo de la semaine d’action pour le pouvoir d’achat du 9 au 12 juin.
Le MAS propose de considérer les revendications suivantes :
- Plus de pouvoir d’achat par plus de salaire et des allocations liées au bien-être, pour que nous ne payons pas nous-mêmes nos augmentations comme avec des réductions de taxes : 1€ de plus par heure
- Un index qui reflète réellement le coût de la vie, pas d’accords all-in
- Abolition de la norme salariale, des accords interprofessionnels comme dans le passé, avec un seuil salarial et non un plafond (un minimum qui revient à tous, pour que les secteurs faibles puissent en bénéficier également)
- Pour les collègues qui tombent hors de l’AIP: casser tout les accords salariaux de plus de 2 ans, tel que l’accord 2005-2010 dans le non-marchand
- Une suppression de la TVA sur les produits de première nécessité
- Un plan massif de construction de logements sociaux publics
Pour financer cela :
- Une forte répression de la grande fraude fiscale
- Un impôt sur les grandes fortunes
Ces dernières mois, nous avons pu constater à quel point il est désastreux de laisser des secteurs-clés tels que l’énergie et les banques à l’avidité du secteur privé. Quand des grandes banques se trouvent en difficulté, l’Etat peut alors soudainement intervenir. Pour nous, le contrôle de tels secteurs revient à la collectivité. Nous plaidons donc pour leur nationalisation sous le contrôle démocratique du mouvement ouvrier et de toute la collectivité.
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3 millions de pauvres en Belgique!
La première page du Télémoustique de cette semaine (21-27 juin) est sans équivoque: "La Belgique est dans la rue – Déjà 3 millions de pauvres – MAIS OU VA-T-ON? – Témoignage d’un pays qui souffre." Un article de 7 pages qui vient admirablement compléter le dossier du même magazine de la semaine dernière sur la grande fraude fiscale. On aimerait que d’autres médias pourtant réputés plus sérieux aient autant les yeux en face des trous…
Le premier paragraphe donne le ton : "Alors que ses dirigeants sont englués dans la panade communautaire, la Belgique d’en bas n’en peut plus. L’escalade de la vie fait grimper la pauvreté en flèche. Y compris chez ceux qui travaillent…"
Ici, on est loin des études qui relayent la propagande patronale et selon lesquelles nous n’aurions pas à nous plaindre. Pensons à celle de Mr Philippe Defeyt – ancien secrétaire fédéral d’ECOLO et actuel président du CPAS de Namur (!) – qui argumente, sur base du fait que nous travaillons autant de minutes aujourd’hui qu’en 1983 pour acheter quelque chose, que rien n’a changé et que le mouvement pour plus de pouvoir d’achat est avant tout un mouvement d’humeur. Sans revenir sur toutes les critiques que nous avons déjà mises en avant dans différents articles, rappelons que la production a, elle, terriblement augmenté (dans quelles poches s’est engouffrée toute cette richesse que nous produisons en plus ?). Rappelons aussi que le nombre de pensionnés et de pauvres (officiels comme non-officiels) a lui aussi, terriblement augmenté.
Et c’est avec ce constat que commence le dossier du Télémoustique. Il y a en Belgique 1.470.000 pauvres selon les statistiques officielles, soit un septième de la population. "Mais ce chiffre, déjà insupportable, est calculé sur la base d’un seuil de pauvreté qu’on peut franchement qualifier de complètement ridicule : est considéré comme pauvre l’isolé qui dispose d’un revenu inférieur à 860 euros par mois ou le ménage avec deux enfants (!) qui gagne moins de 1.805 euros net par mois. Qui peut vivre avec de telles sommes aujourd’hui ? Les statistiques sont complètement dépassées par la réalité." Le journaliste, Vincent Peiffer, poursuit en faisant remarquer que les données disponibles sont, en plus, datées de 2006, soit avant la flambée actuelle des prix…
Selon la plupart des spécialistes interrogés pour l’article, tout isolé ou ménage qui n’a pas réussi à joindre les deux bouts, à fournir le strict nécessaire à ses enfants et à lui-même, est considéré comme pauvre. Sur cette base, la pauvreté a explosé en Belgique. Déjà confrontée à la hausse des coûts du logement, la population est depuis une année sous les coups des augmentations des prix de l’énergie et de l’alimentation. "Tous nos interlocuteurs sont d’accord : on peut estimer que la Belgique compte aujourd’hui… 3 millions de pauvres. Sans risquer de se tromper."
Une situation destinée à évoluer… dans le mauvais sens !
Il faut encore rajouter ceux qui s’en sortent à peine et pour qui la pauvreté n’est pas bien loin. "Ceux-là basculeront dans la pauvreté au moindre accroc (maladie, accident) et si le coût de la vie (logement, énergie, alimentation) continue de s’envoler. Et plus tard, puisque l’épargne leur est déjà impossible, beaucoup ne pourront compter que sur leur pension légale et rejoindront les rangs déjà bien serrés des «retraités pauvres»." Précisons juste qu’une récente étude de l’Université d’Anvers pointe une montée aigüe de la pauvreté parmi les pensionnés. D’ici 2016, 40% des plus de 75 ans seront sous le seuil officiel de pauvreté si la politique actuelle est maintenue… Pour l’instant, environ un quart des pensionnés sont officiellement pauvres.
Vincent Peiffer aborde après le cas des "working poors" (voir notre article à ce sujet). "Avoir un emploi n’immunise plus contre la précarité. Depuis quelques mois, de plus en plus de travailleurs pauvres font appel aux CPAS et aux maisons sociales." Histoire d’illustrer ce phénomène neuf, Télémoustique donne la parole à Fabienne Perot, coordinatrice du Centre liégeois de service social : "Récemment, une dame en procédure de divorce est venue nous trouver. Elle travaille à temps plein et gagne 1.250 euros net. Quand elle a payé son loyer, la nourriture, quelques vêtements, les dépenses médicales et un abonnement de transport pour aller travailler, il ne lui reste presque plus rien! Or, sa séparation implique des frais. Elle ne peut donc pas payer les provisions de chauffage et d’électricité. Son fournisseur va lui mettre un compteur à consommation minimale. Ce qui, vu l’état de santé de sa fille, est inenvisageable. Même si sa fille n’était pas malade, elle ne s’en sortirait pas. Elle n’a pas de vacances, pas de loisirs, aucune dépense de plaisir alors que cette dame travaille à temps plein! Et 1.250 euros, c’est un salaire très courant!" Que rajouter de plus ? Plus de pouvoir d’achat par plus de salaire et une hausse des allocations…
L’eau deux fois plus chère en 2008 par rapport à 2000…
Et un endettement endémique
Une étude du groupe Sud-Presse est ensuite relayée. Cette étude a comparé l’augmentation des prix de l’énergie et de l’eau pour deux familles types belges entre 2000 et 2008, à consommation égale. Les dépenses en eau ont ainsi doublé et le chauffage au mazout coûte trois fois plus cher. L’électricité coûte 70% plus cher qu’en 2000 et le gaz 110% plus cher…
Pour Fabienne Perot : "Ce qui est tout à fait nouveau depuis une petite année, c’est que le CPAS est sollicité par des personnes qui travaillent mais n’arrivent plus à assumer leurs factures de gaz et d’électricité. Avant, nous n’avions que des gens défavorisés. Et là, il y a une grosse affluence de travailleurs qui demandent une aide alimentaire pour pouvoir payer leur énergie. Ce sont des familles monoparentales avec un salaire régulier ou même des ménages à deux revenus, mais modestes. Ceux-là non plus ne s’en sortent plus. Nous accordons l’aide alimentaire quand la personne dispose de moins de 7 euros par jour pour s’alimenter. Quantité de personnes qui travaillent n’ont même plus 7 euros par jour pour s’alimenter…"
L’article révèle ensuite que près de 340.000 Belges étaient considérés comme endettés en 2007, uniquement pour les crédits à la consommation et les emprunts hypothécaires, sans compter les dettes de soins de santé, d’énergie et les arriérés de consommation. "Fin 2007, 491.000 contrats de crédits défaillants étaient répertoriés auprès de la Banque nationale de Belgique. Et c’était avant la grosse flambée des prix de la consommation… Les spécialistes craignent un surendettement qui toucherait 600.000 à 700.000 Belges fin 2008."
Cet article est encadré de différents autres, plus petits, qui abordent l’arrivée de l’aide sociale même dans des régions riches, la situation des parents isolés, les loisirs, le logement,… Impossible ici de tout reprendre sans continuer à recopier l’intégralité du dossier, ce que nous avons déjà largement fait ici.
La conclusion vaut cependant son pesant d’or : "La grogne se transforme petit à petit en sentiment d’écœurement. Sentiment attisé par l’apathie de décideurs embourbés dans la bisbille institutionnelle. Attisé aussi par les salaires indécents de certains patrons, les bénéfices pharaoniques de certaines banques ou entreprises, souvent les mêmes qui vendent leurs "services" et leurs produits beaucoup plus cher en Belgique qu’ailleurs en Europe. Quelque chose ne tourne plus rond. «Quand les gens qui travaillent commencent à ne plus pouvoir nourrir leurs enfants» prévient cette dame active depuis quinze ans dans un CPAS, «il faut craindre la révolte. On dit que le combat communautaire n’a jamais fait de morts, en Belgique. Il va en faire si ça continue. Indirectement.»"
Ne vous contentez pas d’être en colère, luttez !
Le constat tiré dans ce dossier est on ne peut plus correct. Il fait froid dans le dos. La question est de voir maintenant comme inverser la vapeur, comment récupérer la richesse produite à la sueur de notre front accaparée par les patrons, les banques et les actionnaires.
La semaine d’action syndicale pour le pouvoir d’achat s’est terminée il y a maintenant un peu plus d’une semaine. Plus de 80.000 personnes ont défilé dans les rues du pays, beaucoup plus qu’initialement attendu, avec une forte présence de jeunes militants syndicaux et de femmes. Cette semaine était à peine terminée que, ce lundi, le personnel communal er régionnal de Bruxelles défilait avec plus de 2.000 manifestants, toujours sur la question du pouvoir d’achat. Continuons sur cette lancée !
Yves Leterme a dit qu’il nous "comprend", mais qu’il a des problèmes plus urgents, comme Bruxelles-Hal-Vilvorde. Selon lui, il n’y a pas d’argent. Assez toutefois que pour accorder la déduction des intérêts notionnels : un cadeau de 3,5 milliards d’euros (selon les derniers chiffres cités) au patronat. S’il ne dépendait que des libéraux, cette somme serait encore augmentée. Si rien ne change, beaucoup de travailleurs sont sur la voie d’un hiver froid qu’ils subiront en ayant faim. La résistance de façade du PS à la logique de profit (PS qui a approuvé la chasse aux chômeurs, qui a voté le Pacte des Générations, qui a voté la déduction des intérêts notionnels, qui est directement responsable de la privatisation de Belgacom, des attaques dans l’enseignement,… et bien plus encore!) ne changera pas grand-chose.
Une journée d’action nationale avec un mot d’ordre de grève nous permettrait de lutter tous ensembles: jeunes et moins jeunes, travailleurs et étudiants, hommes et femmes, Belges et immigrés. Cela clarifierait une bonne fois pour toute que la majorité de la population veut d’urgence des mesures pour plus de pouvoir d’achat. Que les partis établis essayent de mettre 80.000 personnes dans la rue pour BHV!
Nous ne disposons malheureusement pas de notre propre prolongement politique. Comme aux temps du mouvement contre le Plan Global ou contre le Pacte des Génération, les revendications syndicales n’arrivent pas sur le terrain politique ce qui permet au gouvernement de simplement attendre que l’orage passe. Un parti de type "syndical" serait un outil important pour éviter que les partis traditionnels puissent continuer leurs jeux en occupant seuls la scène politique.
Le MAS défend l’idée d’une journée d’action nationale après l’été avec un mot d’ordre de grève pour défendre entre autres une augmentation salarial fondamentale (au moins 1 euro de plus par heure en plus de l’index rétabli). Nous voulons sur le même temps poursuivre la discussion sur la nécessité d’une formation politique propre aux travailleurs et aux allocataires.
- Evaluation de la semaine d’action sur le pouvoir d’achat.
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- Tous les rapports et reportages photo de la semaine d’action pour le pouvoir d’achat du 9 au 12 juin.
Le MAS propose de considérer les revendications suivantes :
- Plus de pouvoir d’achat par plus de salaire et des allocations liées au bien-être, pour que nous ne payons pas nous-mêmes nos augmentations comme avec des réductions de taxes : 1€ de plus par heure
- Un index qui reflète réellement le coût de la vie, pas d’accords all-in
- Abolition de la norme salariale, des accords interprofessionnels comme dans le passé, avec un seuil salarial et non un plafond (un minimum qui revient à tous, pour que les secteurs faibles puissent en bénéficier également)
- Pour les collègues qui tombent hors de l’AIP: casser tout les accords salariaux de plus de 2 ans, tel que l’accord 2005-2010 dans le non-marchand
- Une suppression de la TVA sur les produits de première nécessité
- Un plan massif de construction de logements sociaux publics
Pour financer cela :
- Une forte répression de la grande fraude fiscale
- Un impôt sur les grandes fortunes
Ces dernières mois, nous avons pu constater à quel point il est désastreux de laisser des secteurs-clés tels que l’énergie et les banques à l’avidité du secteur privé. Quand des grandes banques se trouvent en difficulté, l’Etat peut alors soudainement intervenir. Pour nous, le contrôle de tels secteurs revient à la collectivité. Nous plaidons donc pour leur nationalisation sous le contrôle démocratique du mouvement ouvrier et de toute la collectivité.