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  • Les révoltes mondiales contre ce système sans perspective suscitent la recherche d’une alternative (2)

    Révolution et contre-révolution

    46. Cela exige une habile dose de dialectique afin de commencer à comprendre cette crise. Les vieilles certitudes sont dépassées par les contradictions que se sont accumulées sous la surface depuis des années. Des contradictions apparentes ne sont, d’un autre côté, que leurs propres compléments dialectiques. Ce qui hier fonctionnait encore bien, est aujourd’hui totalement bloqué. Les impasses et les changements de rythme vertigineux des processus graduels, leur revirement soudain et brusques transformations, caractérisent la situation. Nous nous trouvons dans une période de révolution et de contre-révolution, dans laquelle l’être humain se débarrasse de sa vieille enveloppe qui ne suffit plus aux besoins, dans ce cas le capitalisme. Des siècles auparavant, les révolutions prenaient la forme de déménagements massifs de population et par la suite, de guerres religieuses. Malgré les passions religieuses avec lesquelles elles étaient couplées, à ce moment-là aussi les conditions matérielles étaient la force motrice derrière ces processus. Que ce soit maintenant au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, ou bien en Chine, aux États-Unis, au Chili ou en Europe méridionale, les mouvements qui se sont déroulés cette année et sont toujours en cours, sont un dérivé direct de la Grande Récession.

    47. De puissants groupes médiatiques, une oppression dictatoriale brutale et la mesquinerie religieuse ne pouvaient pas empêcher le fait que les conditions matérielles ont finalement poussé les masses à surgir sur la scène politique. Cela s’est produit contre toute attente de la part des dirigeants locaux et de leur large appareil policier, de l’impérialisme et aussi des militants locaux. Mohammad Bouazizi n’était certainement pas le premier jeune chômeur en Tunisie à s’être immolé en guise de protestation contre le manque de perspectives. Sa mort a été la goutte qui a fait déborder le vase. En fait, quelque chose couvait déjà sous la surface depuis le grand mouvement de grève dans les mines de Gafsa en 2008. À ce moment là, Ben Ali était encore parvenu à isoler et étouffer le mouvement. Cela avait aussi à voir avec les bonnes relations que les dirigeants de la fédération syndicale UGTT entretenaient depuis des années avec la dictature. Le RCD (Rassemblement constitutionnel démocratique, le parti de Ben Ali) n’a été que le 17 janvier expulsé de l’“Internationale socialiste”, trois jours après la démission de Ben Ali.

    48. Les 500 000 syndicalistes ne sont cependant pas restés insensibles avant l’explosion sociale qui s’est répandue à partir du 17 décembre à vitesse grand V de Sidi Bouzid à tout le reste du pays. Malgré le fait que la direction nationale ait menacé de poursuite judiciaire, les sections locales et régionales ont pris part aux protestations et ont souvent offert un cadre organisateur. En une semaine, les dissidents avaient gagné toutes les sections. Les protestations se faisaient de plus en plus bruyantes. Le régime a réagi avec une répression brutale, mais le mouvement avait surmonté sa peur. Cela a causé la division au sein de la clique dirigeante. Au final, même l’armée a dû être retirée de Tunis de sorte qu’elle ne soit pas contaminée. Les troupes de sécurité ont tenté de créer le chaos afin de discréditer le mouvement et de le diviser. Dans les quartiers, des comités de sécurité ont été établis en réponse à cela, et ensuite des comités pour le démantèlement du RCD, des comités pour le ravitaillement, etc. Les dirigeants d’entreprise se voyaient refuser l’accès à leur entreprise en raison de leurs liens avec le régime de Ben Ali.

    La révolution enfle

    49. Les marxistes décrivent une telle situation comme une situation de “double pouvoir”. Pour la bourgeoisie et l’impérialisme, il fallait supprimer le pouvoir de la rue et à nouveau canaliser le pouvoir vers ses institutions fiables. Pour le mouvement en Tunisie et pour le mouvement ouvrier international, il s’agit de ne plus laisser ce pouvoir s’échapper. De cela découle notre appel à élargir les comités, à les structurer de manière démocratique, et à les réunir sur les plans local, régional et national afin de poser la base pour une nouvelle société, avec une nouvelle constitution révolutionnaire. Un petit parti révolutionnaire de quelques dizaines de militants aurait pu changer le cours de l’Histoire avec un tel programme. Cela n’était hélas pas le cas. Les partis et groupes de gauche qui y étaient bien présents, ont choisi soit un soutien critique au gouvernement temporaire, soit d’orienter le mouvement vers les urnes et d’attribuer la question de la constitution à un comité pluraliste de “spécialistes”.

    50. Leur argument a été le classique « D’abord la démocratie, et puis on verra après pour le socialisme ». Il y a toujours bien une raison : pour ne pas défier l’impérialisme, pour conserver l’unité des démocrates, ou parce que les masses n’étaient pas prêtes. Cela reflète un manque de confiance dans le mouvement ouvrier et dans la capacité des masses. Ils ont laissé passer le moment. Les comités ont néanmoins été rapidement imités en Égypte et d’ailleurs aussi en Libye. En Égypte, est arrivée la construction de camps de tentes permanents qui fonctionnaient comme quartier général de la révolution. Cela a été un exercice en autogestion avec leurs propres équipes média, équipes communication, service d’ordre et même à un moment donné une prison improvisée. Ici il n’y avait aucune trace de la bestialité de la clique dirigeante. Ici il semblait clair que les soi-disant groupes de lynchage étaient l’oeuvre d’agents provocateurs du régime. Les coptes et musulmans égyptiens y travaillaient de manière fraternelle les uns avec les autres et se protégeaient les uns les autres pendant les services religieux. Ce n’est que par après que le vieux régime, via l’armée, a pu reprendre un peu plus de contrôle, que les tensions religieuses se sont à nouveau enflammées.

    51. C’était une caractéristique frappante du mouvement qu’il ait pu transcender les contradictions nationales, religieuses, tribales et ethniques avec un énorme sentiment de respect et de liberté. Ce sentiment pour le respect s’est également exprimé dans le rôle proéminent des femmes. Il y avait évidemment divers degrés, mais ce phénomène s’est produit dans toutes les révolutions, que ce soit en Tunisie, en Égypte mais aussi au Bahreïn, au Yémen, en Syrie et dans d’autres pays de la région. Dans chaque révolution, il y a des moments où les masses partent en confrontation directe avec l’élite dirigeante. La plupart prennent la forme d’une marche sur le parlement, le palais présidentiel, le ministère de la Défense, et autres institutions qui symbolisent le pouvoir dirigeant. Cela s’est passé à Tunis, au Caire, à Sana’a (Yémen), et à Manamah (Bahreïn). C’était ici que le manque d’un programme c’est exprimé de la manière la plus criante. Une fois arrivés sur place, les manifestants ne savaient en effet plus par quoi d’autre commencer. Ils restaient à trépigner sur place, puis finissaient par rentrer chez eux.

    52. Trépigner sur place, ce terme a parfois été pris de manière très littérale. L’occupation de la place Tahrir, de la place Parel (à Manamah), et de tant d’autres places symbolise ceci. On sentait par intuition qu’on ne pouvait pas simplement rester là. Les travailleurs occupaient leurs entreprises, les communautés avaient pris le contrôle de leur quartier, mais le moment de la prise du pouvoir, ils l’ont laissé filer. On a estimé la contribution des travailleurs sans doute importante, tout comme celle des mosquées ou des bloggers, mais la révolution, celle-ci appartenait au “peuple”. Le caractère de classe de la société n’avait pas assez pénétré. On s’est battu contre le chômage et la pauvreté, pour de meilleures conditions sociales, pour la liberté et pour la démocratie, mais on n’a pas encore compris que c’est contre l’organisation capitaliste de la société qu’il faut lutter si on veut tout cela. On a vu les travailleurs comme une partie de la population, pas encore comme avant-garde d’une nouvelle organisation de la société sur base de la propriété collective. Les travailleurs eux-mêmes ne se voyaient pas comme ça, parce qu’il n’y avait aucune organisation ouvrière, aucun syndicat et encore moins de partis qui puissent ou qui veuillent donner une expression à cela en termes de programme et d’organisation.

    53. Dans une telle situation, le vieux pouvoir, après avoir fourni les quelques sacrifices symboliques exigés, rétablit petit à petit son emprise. Les masses ont cependant développé une énorme énergie, ont surmonté leur peur, et sont devenues conscientes de leur propre force. En outre, les conditions matérielles vont continuer à les encourager à chaque fois à rentrer en action de nouveau. Une chance énorme a été perdue, mais la lutte n’est pas terminée. La prise du pouvoir n’est plus en ce moment en tête de liste à l’ordre du jour, mais la construction de syndicats, de partis ouvriers et surtout aussi de noyaux révolutionnaires, n’est pas seulement nécessaire, mais sera beaucoup mieux compris par la couche la plus consciente. De plus, une couche de militants va observer de manière beaucoup plus attentive les nuances qu’elle avait encore considérées comme peu importantes pour le mouvement.

    L’impérialisme reprend pied dans le pays

    54. L’impérialisme était encore en train de mener une guerre d’arrière-garde avec les partisans d’Al-Qaeda, lorsque les masses ont jeté par-dessus bord ses pantins dans la région et ont ainsi réalisé en quelques semaines ce qu’al-Qaeda n’a jamais pu faire. Il a perdu tout contrôle. Les masses dans la région étaient d’ailleurs très conscientes du fait que Moubarak, Ben Ali et autres dictateurs étaient maintenus en place par l’impérialisme. Il a fallu la brutalité du régime de Kadhafi en Libye pour que l’impérialisme puisse à nouveau prétendre jouer un rôle dans la région. Au début, les jeunes de Benghazi, qui avaient commencé la révolution, avaient laissé savoir à la presse internationale qu’ils ne souhaitaient aucune ingérence de la part de l’impérialisme. Bientôt apparaissaient cependant les drapeaux royalistes et des chefs rebelles autoproclamés, ex-laquais de Kadhafi, partaient rendre visite à l’Élysée.

    55. Kadhafi a sauté sur l’occasion pour semer le doute quant aux objectifs des rebelles. Cela lui a donné la possibilité d’infléchir le conflit social et politique en un conflit militaire, avec sa propre armée armée jusqu’aux dents. À l’est du pays, cela a fait croitre l’appel à un soutien militaire d’Occident, et les ex-laquais de Kadhafi ont vu leur chance pour pouvoir arracher l’initiative hors des mains de la jeunesse révolutionnaire. Cela a duré plus longtemps et couté plus cher que l’impérialisme avait prévu au départ. Il est loin d’être sûr qu’ils parviendront à stabiliser la situation. La Libye pourrait bien devenir le seul pays de la région dans lequel le fondamentalisme islamiste parvienne à accéder au pouvoir. Il y aura bien des courants qui ainsi justifieront leur soutien à Kadhafi. Ils affirmeront que l’entrée triomphale du “libérateur” Sarkozy, est une mise en scène. C’est d’ailleurs bien possible. Ils s’apercevraient cependant mieux que Sarkozy et l’impérialisme n’auraient pas pu prendre l’initiative sans la brutalité de Kadhafi.

    56. Le président syrien, Assad, a suivi dans les traces de Kadhafi. L’impérialisme ne va pas y intervenir aussi rapidement, à cause du danger de déstabiliser la région. Il est cependant certainement à la recherche d’une alternative à Assad, sans doute en préparation du résultat d’une probable guerre civile. Ici aussi un soutien, même critique, au régime brutal d’Assad, en guise de ce qui voudrait passer pour une rhétorique anti-impérialiste, serait une faute capitale pour la gauche et ne ferait que pousser les masses dans les bras de l’impérialisme. La manière dont l’impérialisme en revanche est déjà ouvertement en train de se partager le butin en Libye, même avant que Kadhafi ne soit renversé, illustre à nouveau le fait que le mouvement ouvrier international ne peut jamais donner la moindre confiance en l’impérialisme, et donc pas non plus ni à l’OTAN, ni à l’ONU, pour défendre ses propres intérêts. Dans nos textes, nous faisions allusion aux troupes révolutionnaires de Durruti en 1936, pendant la Révolution espagnole, afin d’illustrer ce qui aurait pu être entrepris dans une telle situation.

    Révolution permanente

    57. On ne peut pas être socialiste, si on n’est pas en même temps internationaliste. Les mouvements sociaux ont toujours eu une tendance à passer outre les frontières nationales. Le processus de mondialisation et les nouveaux médias ajoutent une dimension supplémentaire à cela. En Chine, le régime a pris des mesures pour étouffer dans l’oeuf toute contagion par le mouvement au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Au Chili aussi, mais avec beaucoup moins de succès. Même les travailleurs et jeunes américains grèvent désormais “like an Egyptian”, entre autres au Wisconsin. Ils construisent des campements en plein dans l’antre du lion, à Wall street, et n’ont plus peur de la répression. Les syndicats sont de plus en plus impliqués. Même les travailleurs et jeunes israéliens ont donné une claque à tous ceux qui pensaient que dans ce pays vivait une grande masse réactionnaire sioniste. Cela confirme notre thèse selon laquelle le fossé entre la bourgeoise sioniste et les travailleurs et jeunes israéliens s’approfondit. Pour les masses palestiniennes, voilà leur allié le plus important.

    58. Le centre du mouvement est clairement passé de l’Amérique latine au Moyen-Orient, à l’Afrique du Nord et surtout à l’Europe. L’Amérique latine a déjà servi dans les années ’80 de laboratoire pour le néolibéralisme. Cela y a mené à des mouvements de masse. Dans toute une série de pays, comme au Venezuela, en Bolivie, et en Équateur, sont arrivés au pouvoir des régimes dont les agissements n’ont pas été du gout de l’impérialisme. Ils se sont en général basés sur un populisme de gauche, ont pris tout une série de mesures sociales importantes, et malgré le fait qu’aucun d’entre eux n’ait complètement rompu avec le capitalisme, ils ont été une source d’inspiration pour de nombreux travailleurs partout dans le monde.

    Révolte en Europe

    59. Les recettes que la Banque mondiale et le Fonds monétaire international gardaient pour le “tiers monde”, ont été après la crise de 2008 appliquées pour la première fois dans un État-membre de l’UE, d’abord dans les nouveaux, puis dans les plus anciens. Comme cela était encore requis, cela a été le test ultime de la loyauté de la social-démocratie envers la politique néolibérale. Elle a réussit avec la plus grande distinction. La réaction du mouvement ouvrier ne s’est pas fait attendre. Il y a eu des manifestations et des grèves massives en protestation contre l’austérité illimitée dans presque chaque pays de l’Union européenne. Ce n’est pas la combativité qui manque. La stratégie des dirigeants syndicaux a cependant en général été un plaidoyer en faveur d’une austérité moins dure, d’une répartition plus équitable des pertes et d’une austérité qui n’entrave pas la croissance. Toute action a été aussi freinée et sabotée que possible. Malgré le fait que l’austérité touche tous les secteurs, les mouvements spontanés ont été isolés autant que possible. Aucune perspective n’a été offerte quant à une possibilité de victoire. C’est comme si on fait grève et manifeste, seulement pour confirmer que l’on n’est pas d’accord avec la politique d’austérité mise en oeuvre, mais sans mot d’ordre clair, sans parler d’une alternative.

    60. Ici et là les directions syndicales ont été obligées d’appeler à des grèves générales. Mais ce surtout des grèves appelées en vitesse et d’en haut qui, malgré la participation massive, sont peu ou pas du tout préparées, et qui ne sont pas orientées vers la construction d’un véritable rapport de force. En général ils servent tout au plus à laisser échapper de la vapeur. Dans ces mobilisations, les travailleurs sentent leur force potentielle, mais réalisent qu’il n’y a aucune stratégie derrière elles afin d’assurer une victoire. En Grèce, nous sommes entretemps à la 12ème journée de grève générale, mais le gouvernement n’a pas été ébranlé d’un millimètre. Cela mène à la frustration envers les dirigeants, qui sont désormais déjà aussi fortement haïs par leur base que les politiciens qui appliquent l’austérité. Certaines centrales qui adoptent une attitude plus combative, telle que la FIOM (Federazione Impiegati Operai Metallurgici – Fédération des ouvriers salariés métallurgistes), la centrale des métallos en Italie, membre de la CGIL (Confederazione Generale Italiana del Lavoro), ou bien quelques syndicats britanniques dans les services publics comme le PCS et le RMT (le Public and Commercial Services union et le National Union of Rail, Maritime and Transport Workers), peuvent cependant compter sur une approbation enthousiaste. Aux Pays-Bas, il n’est pas exclu que l’on voie une scission entre la FNV (Federatie Nederlandse Vakbeweging – Confédération syndicale néerlandaise) et ses deux plus grandes centrales, la FNVbondgenoten (centrale de l’industrie) et la Abvakabo (Algemene Bond van Ambtenaren / Katholieke Bond van Overheidspersoneel – Centrale générale des fonctionnaires / Centrale chrétienne du personnel étatique) sur base de la question des pensions. Nous pouvons nous attendre à ce que la lutte de classe dans la période à venir se répande également au sein des structures syndicales, avec l’expulsion des militants combatifs, mais aussi le remplacement des vieux dirigeants usés par de nouveaux représentants plus combatifs.

    61. Les attaques sont cependant si dures et si généralisées que de nombreux jeunes et aussi de nombreux travailleurs ne peuvent ou ne veulent pas attendre que les choses soient réglées à l’intérieur des syndicats. Certains ne croient tout simplement plus en le fait que les syndicats puissent encore un jour devenir un instrument de lutte, encore moins pour pouvoir obtenir un véritable changement. Il faut dire que les dirigeants ne font pas le moindre effort pour réfuter cette impression. On dirait bien qu’ils sont heureux d’être libérés de ce fardeau. Toute une série de jeunes et de travailleurs se reconnaissent dans le mouvement de la place Tahrir. Ils croient que les syndicats et les partis sont des instruments du siècle passé, qui par définition mènent à la bureaucratie, aux abus et à la corruption, et que maintenant une nouvelle période est arrivée, celle des réseaux et des nouveaux médias. Il faut bien dire que ces réseaux peuvent être exceptionnellement utiles aux syndicalistes aussi, afin de pouvoir briser la structure verticale bureaucratique au sein de leurs syndicats.

    62. Les nouvelles formations de gauches sont encore moins parvenues à apporter une réponse. Elles devraient se profiler en tant que partis de lutte qui formulent des propositions afin d’unifier tous les foyers de résistance et de contribuer à l’élaboration d’une stratégie qui puisse mener à une victoire. Au lieu de cela, ces nouvelles formations, dans le meilleur des cas, se contentent de courir derrière le mouvement. Elles voient la lutte sociale non pas comme un moyen de mobiliser de larges couches pour une alternative à la politique d’austérité, mais espèrent uniquement obtenir de bons scores électoraux sur base du mécontentement. C’est une grave erreur de calcul. Elles se profilent en tant qu’aile gauche de l’establishment politique, comme le Bloco de Esquerda au Portugal, qui ne va pas plus loin que la revendication de la renégociation de la dette, ou comme le PCP (Parti communiste portugais), qui ne dénonce que la répartition injuste de l’austérité. La plupart de ces nouvelles formations de gauche, comme Syriza en Grèce, le SP hollandais, ou Die Linke en Allemagne, viennent maintenant d’effectuer un virage à droite. Tandis que le monde se retrouve sens dessus-dessous, le NPA est hypnotisé par les prochaines élections présidentielles.

    63. En intervenant avec tact dans le mouvement des indignados et autres mouvements qui prennent place en-dehors des mouvements sociaux traditionnels, ces nouvelles formations de gauche pourraient convaincre ces jeunes du fait qu’il ne faut pas faire l’amalgame entre la légitime aversion envers les politiciens et les dirigeants syndicaux et la base syndicale, et de la manière dont fonctionnerait un parti démocratique de la classe ouvrière. Au lieu de cela, elles restent absentes, ou participent à titre individuel. Il y a pourtant besoin d’une coordination entre les différents mouvements de protestation et d’une orientation vers la seule classe qui puisse réaliser le changement de société, la classe ouvrière. Il n’y a pas de meilleur moment pour discuter et mobiliser autour de la seule revendication capable de mettre un terme à la casse sociale : la fin du remboursement de la dette aux banques. Ce n’est que par la nationalisation des secteurs-clés de l’économie, et en particulier du secteur de la finance, sous le contrôle démocratique du personnel, que la collectivité pourra mobiliser l’ensemble des forces productives dans la société et accorder un emploi et un salaire décent pour chacun.

    64. Les mouvements en-dehors des structures officielles sont très explosifs, mais ils ont aussi la tendance à rapidement s’éteindre. Les énormes contradictions et les attaques continues de la part de la bourgeoisie engendrent cependant toujours plus de nouveaux foyers. Il y a des similitudes avec le mouvement antimondialisation du début de ce millénaire. C’était surtout un mouvement contre la répartition inéquitable, mais de manière abstraite, la partie officielle du mouvement oeuvrait surtout à des issues afin de tempérer le “capitalisme sauvage”. Les dirigeants syndicaux ont soutenu, tout comme les ONG, tandis que les travailleurs étaient plutôt observateurs que participants actifs. La crise économique est maintenant présente de manière bien plus proéminente. Le mouvement exprime des questions qui portent sur le système lui-même. Ce n’est plus seulement une protestation, mais aussi un appel au changement. Les travailleurs ne sont plus observateurs, mais participants actifs. Les dirigeants syndicaux, les ONG et les universitaires ne jouent clairement plus le même rôle central. Cela concerne maintenant nos emplois, nos salaires, nos vies. La volonté de changement et la composition sociale du mouvement mène également à la recherche d’une alternative. C’est la caractéristique la plus importante.

    65. Il est clair que les jeunes et les travailleurs adoptent de manière intuitive une position internationaliste. La crise frappe partout. Il n’y a aucune solution possible dans le cadre d’un seul pays. Même si le CIO n’a pas partout les quantités numériques que nous avions au milieu des années ’80, notre poids relatif à l’intérieur du mouvement ouvrier organisé est aujourd’hui plus fort qu’à ce moment-là. Nous avons des militants dans la plupart, si pas dans tous les pays où les travailleurs et les jeunes sont en mouvement, certainement en Europe. Dans un certain nombre de pays, nous jouons un rôle important, quelquefois décisif au sein des syndicats ou dans les mouvements étudiants. Nous avons la chance de disposer d’une série de figures publiques saillantes, aussi de parlementaires, y compris dans le Parlement européen. Nous devons saisir cela afin de recadrer notre lutte à l’intérieur de celle pour une fédération socialiste des États d’Europe.

    66. La faiblesse de la gauche peut mener à des actes de désespoir tels que les émeutes au Royaume-Uni, que la droite ne se prive pas d’utiliser pour susciter un soutien social en faveur de plus de répression. Le populisme de droite va utiliser la défaillance de la gauche et le plaidoyer pour une austérité plus douce pour se projeter en tant que soi-disant barrage contre la casse du bien-être de la population autochtone travailleuse. La période à venir va cependant faire pencher le pendule plus à gauche. Le mouvement que nous avons vu jusqu’à présent n’est qu’un signe avant-coureur de nouvelles explosions de masses, dans lesquelles le mouvement ouvrier va se réarmer politiquement et organisationnellement. Même une poignée de socialistes de lutte tenaces et bien préparés peut jouer un rôle déterminant dans cela. La faillite de l’Argentine en 2001 a mené à des mouvements de masse. En 18 mois, il y a eu 8 grèves générales. Puis on suivi des occupations d’entreprise. Les jeunes chômeurs, les piqueteros, construisaient chaque jour des barricades dans les rues. Les classes moyennes qui voyaient leurs économies s’évaporer sont descendues en masse dans les rues avec des pots et des casseroles, les carcerolazos, comme on les a appelés. Le 19 décembre 2001, des masses de chômeurs et de travailleurs précaires ont attaqué les supermarchés pour satisfaire leur faim. Le gouvernement a appelé à l’état d’urgence. Un jour plus tard, a eu lieu une confrontation de dizaines de milliers de manifestants avec la police. Il y a eu des dizaines de morts, et des centaines de blessés. En deux semaines, se sont succédé cinq présidents.

    67. Hélas, il manquait un parti révolutionnaire avec une alternative socialiste. Lorsque le mouvement social s’est terminé dans une impasse, beaucoup de gens se sont concentrés sur le terrain électoral. Luis Zamora, un ex-trotskiste avec un soutien de masse, n’aurait pas gagné les élections, mais a pu avoir utilisé son influence dans les élections pour mobiliser des milliers de travailleurs et de jeunes et avoir fait un début avec la construction d’un parti ouvrier socialiste. Zamora a hélas décidé de ne pas participer et s’est mis de côté dans cette lutte. Le contexte international dans lequel ce mouvement a pris place était cependant du point de vue de la bourgeoisie bien plus stable qu’aujourd’hui. De la même manière, nous pouvons nous attendre dans les années à venir à des mouvements explosifs qui peuvent prendre toute une série de formes possibles et de plus, auront un bien plus grand effet international. De temps à autre, ce mouvement se traduira plutôt sur le plan électoral, comme avec l’élection des cinq parlementaires de l’Alliance de gauche unie en Irlande. Pour nous, la lutte ne s’arrête pas là, mais il s’agit d’employer ce terrain aussi au maximum et d’utiliser les positions conquises en tant que tribune pour renforcer la lutte sociale.

  • Reprise de la lutte des classes en Europe tandis que la crise de la zone euro s’approfondit

    Le Comité Exécutif International (CEI) du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) s’est réuni du 17 au 22 janvier 2011, en Belgique, avec 33 pays d’Europe, d’Asie, d’Amérique Latine et d’Afrique représentés. Après le premier rapport du meeting du CEI sur la situation mondiale, voici un rapport de Finghin Kelly sur les développements cruciaux en développement en Europe.

    Finghín Kelly, Socialist Party (CIO en Irlande)

    L’année dernière, l’Europe a connu une forte remontée des luttes, avec des mobilisations et des mouvements considérables. L’Europe a aussi été balayée par les mouvements Occupy et des Indignés. C’est dans ce contexte et celui de la crise économique, politique et sociale que le CEI a discuté des perspectives européennes, discussion introduite par Tony Saunois et conclue par Clare Doyle, tous deux membres du Secrétariat International du CIO.

    La classe dominante européenne a implanté des programmes d’austérité vicieux pour tenter de faire payer la crise du capitalisme à la classe ouvrière. Les réformes qui ont été obtenues après des années de lutte, comme les droits à la pension, à la sécurité sociale, les conditions de travail et les dépenses sociales, sont maintenant violemment attaquées. Ce processus élimine tous les acquis et conquêtes de la classe ouvrière depuis la seconde guerre mondiale. C’est une réponse aux idées réformistes de l’après-guerre, dans une période de croissance économique, qui a laissé place à un retour sur les conditions de vie et l’Etat-providence. Cela ne veut toutefois pas encore dire que les idées réformistes ne vont pas resurgir.

    L’approfondissement de la crise de la zone euro, à laquelle le capitalisme est complètement incapable de répondre, est une bonne illustration de l’instabilité et de la fragilité de la position des capitalistes.

    En réponse à cela et à la montée de la riposte des travailleurs contre les plans des banques et du marché, les Etats utilisent de plus en plus des méthodes autoritaires, anti-démocratiques ou celles du ”Bonapartisme parlementaire”, avec une augmentation de la répression et le minage des institutions ”démocratiques”.

    Les attaques de l’austérité sont visibles partout en Europe. Les contributeurs à la discussion ont illustré la nature de l’austérité dans chaque pays ainsi que la révolte et les résistances qu’elles ont provoquées. L’austérité et la réaction à celle-ci ont particulièrement été aigües en Grèce. Les contributions des participants Grecs au CEI ont montré quelle situation explosive existe dans ce pays.

    La Grèce a connu 14 grèves générales, dont deux de 48 heures, au cours des deux dernières années uniquement. Plusieurs intervenants ont vivement montré ce que l’austérité signifie pour les travailleurs grecs. Les conditions de vie se sont effondrées, avec des parts entières de la société ruinées ou appauvries, dont une partie de la classe moyenne. Le chômage est massif : celui des jeunes est maintenant proche de 50%. Des enquêtes montrent que 91% des foyers ont subi une forte baisse de leur revenu – en moyenne une diminution de 30%. Maintenant, 78% des foyers ont des difficultés à subvenir à leurs besoins. Ceci a conduit à des exemples tragiques de familles proposant leurs enfants à l’adoption.

    L’émigration est un problème énorme dans beaucoup de pays ; l’Irlande, l’Espagne, le Portugal et la Grèce en particulier connaissent une émigration massive des jeunes. Non seulement cela a des conséquences sociales dévastatrices, mais cela complique les luttes de masse et peut agir comme une soupape temporaire pour le capitalisme, car les couches les plus énergiques sont alors éloignées des luttes.

    Mouvements sociaux

    Le CEI a entendu beaucoup de rapports des mouvements sociaux en Grèce, dont le mouvement de non-paiement d’une nouvelle taxe par foyer, et d’autres campagnes contre les péages routiers et le prix du métro et du bus après des hausses massives. Le CEI a aussi entendu des rapports du mouvement qui rejette l’implantation d’une décharge dans une ville grecque, une révolte ouverte contre les autorités.

    Ces mouvements considérables ne sont pas confinés à la Grèce; le Portugal a connu sa plus grande grève générale depuis 1974. En Grande Bretagne et en Irlande du Nord, le secteur public a mené une grève historique contre les attaques du gouvernement de coalition contre les retraites. Entre 1 et 2 millions de travailleurs sont entrés en action : c’est la plus grande grève depuis la Grève Générale de 1926. La Belgique a aussi connu de grandes mobilisations et une grève générale du secteur public en décembre. Le 30 janvier, il y aura une grève générale contre l’austérité du nouveau gouvernement (ce rapport a été publié en anglais avant que celle-ci ne se déroule, NDLR).

    L’Espagne a été secouée par les mouvements de masses, qui ont impliqué des millions de travailleurs et de jeunes, un mouvement qui a joué un rôle-clé dans le renversement du gouvernement Zapatero. De plus, l’Espagne a été le terrain du développement du mouvement des Indignados, qui s’inspirait des révolutions en Afrique du Nord et au Moyen-Orient et s’est à son tour exporté à travers le monde et a nourri le mouvement Occupy. Le CEI a entendu beaucoup de rapports de ces mouvements.

    Ces mouvements ont été une manifestation importante de la jeunesse radicalisée qui souffre d’un chômage élevé et est touchée par l’austérité. En Espagne, le chômage est de 21%, celui des jeunes est maintenant de 50%.

    Le mouvement Occupy est arrivé comme une première réponse des travailleurs et des jeunes à cette crise historique. C’est un mouvement extrêmement important et significatif qui s’est approfondi et qui a eu plus d’effet que les mouvements anticapitalistes de la dernière décennie. Ce mouvement contient des éléments des « mouvements sociaux », qui ont émergé en Amérique Latine dans les dernières décennies par des luttes construites par la base pour combattre dans l’intérêt des principaux secteurs de la société. Tout comme dans ces mouvements, la question de lier le mouvement Occupy aux luttes de la classe ouvrière organisée est décisive. Il est nécessaire de lier les mouvements sociaux aux mouvements de la classe ouvrière. Les camarades du CIO au Brésil ont connu une situation similaire et se sont battus pour la formation d’une nouvelle centrale syndicale, Conlutas, qui inclut les mouvements sociaux tout en étant basée sur la classe ouvrière.

    Tendance anti-capitaliste

    Ces mouvements représentent le développement d’une tendance antisystème et anticapitaliste. Dans de nombreux cas, il lui a manqué une alternative claire par laquelle remplacer le capitalisme. Une autre caractéristique significative de ces mouvements, c’est que, bien qu’ils n’aient la participation active que d’une minorité, le soutien pour ces mouvements est très large parmi la classe ouvrière.

    Il y a eu une discussion sur l’atmosphère « anti-parti » de ces mouvements. Cette tendance reflète le scepticisme et même l’hostilité envers les partis politiques traditionnels. Les marxistes doivent dialoguer avec ces mouvements sur l’alternative au capitalisme, présenter le socialisme et lier les mouvements à la classe ouvrière et des communautés organisées, défendant l’idée du besoin d’un instrument politique pour la classe ouvrière pour permettre la lutte pour le socialisme.

    Le développement de la conscience de différentes parties de la société, et de la classe ouvrière en particulier, a été discuté au CEI. Beaucoup de travailleurs espèrent encore que les politiques réformistes ou Keynésianistes peuvent vaincre la crise, alors que d’autres en arrivent à la conclusion que le capitalisme est dans une impasse.

    La politique du “moindre mal” vue dans les élections, ou les succès des partis sociaux-démocrates dans les sondages, ont aussi été discutés. Cela ne reflète pas de grandes illusions dans ces partis mais un espoir qu’ils pourront amoindrir les effets des mesures d’austérité. Le soutien pour ces partis peut très vite s’éroder. Cela s’est vu en Irlande, où une coalition Fine Gael / Labour a été élue en février à une large majorité, dans l’espoir qu’ils « brûleraient les porteurs d’obligations ». Mais ces espoirs ont été balayés par les politiques de coupes du nouveau gouvernement de coalition.

    La question du moindre mal est posée dans plusieurs pays dont la France, où le parti « socialiste » peut mettre en échec Sarkozy cette année (surtout après la perte du triple A par la France). Cette question est fortement liée au manque d’alternatives de masse à gauche des partis traditionnels. L’échec du NPA en France à se développer comme une référence massive dans un contexte de radicalisation montante est aussi décisif. En Espagne, ce même facteur a conduit à la venue au pouvoir du parti de droite PP : bien que son soutien n’ait pas beaucoup augmenté. Beaucoup se sont tournés vers lui pour porter un coup au gouvernement PSOE, qui a été massacré aux élections de novembre.

    Les intervenants ont montré comment une conscience socialiste relativement faible parmi les masses de la classe ouvrière peut être un facteur-clé dans la limitation des mouvements de masse d’opposition.

    C’est en train de changer et on peut s’attendre à des bonds en avant dans la conscience de classe à mesure que la lutte se développe, ce qui va augmenter de beaucoup l’attrait pour le socialisme. L’idée et le mot « socialisme » ont été entachés, non seulement par le stalinisme, mais aussi par les gouvernements « socialistes » qui en Europe du Sud ont appliqué des programmes d’austérité. Cela renforce le rôle des marxistes et socialistes authentiques d’expliquer et de populariser une alternative socialiste basée sur la propriété publique et le contrôle démocratique des principales ressources et industries de la société à travers un gouvernement des travailleurs.

    Rôle des syndicats

    Le rôle joué par les directions syndicales et les partis de gauche a été indentifié comme un facteur qui bride le développement de la conscience de la classe ouvrière. Là où les dirigeants syndicaux ont appelé à une grève, ils l’ont généralement fait les dents serrées et seulement après une forte pression venue d’en bas.

    Dans certains cas, les syndicats ont été désertés par leurs activistes et ne sont plus des pôles d’attraction pour les jeunes et les chômeurs radicalisés. Certains des appareils syndicaux sont devenus des organisations « jaunes » ou « d’entreprise » qui agissent comme le bras droit du patronat. C’est une complication pour la lutte. C’est une tâche essentielle pour les militants de se battre pour construire des groupes d’opposition dans les syndicats et essayer de se réapproprier les syndicats. Les véritables socialistes n’adoptent pas une approche sectaire ou gauchiste des syndicats mais doivent aussi se préparer à des scissions et la formation de nouvelles organisations syndicales.

    Le CEI a discuté de l’échec des nouveaux partis et formations de gauche à exploiter la situation.

    Beaucoup n’ont pas réussi à attirer les secteurs radicalisés de la jeunesse et n’ont pas été actifs dans les luttes. Ils ont échoués à augmenter en nombre, bien que dans quelques cas ils aient eu quelques succès électoraux et de bons résultats dans les sondages.

    Il est clair que la crise économique s’intensifie mondialement ; l’Europe et l’Euro sont au cœur de la crise. La question de l’éclatement de l’euro et d’une reconfiguration de l’UE est posée. Le CEI a discuté en profondeur et en détail de comment la crise peut se développer et des conséquences de cela.

    Les dégradations de notes par les agences de notation montrent qu’elles n’ont pas confiance en les programmes d’austérité pour sortir de la crise. La question du défaut de paiement est beaucoup posée, les « marchés » et beaucoup de commentateurs capitalistes indiquent que le défaut de paiement de la Grèce et du Portugal est une possibilité immédiate. Cela serait le premier cas d’un pays occidental depuis 70 ans.

    Quel futur pour l’euro?

    L’éclatement de l’euro aurait de lourdes conséquences pour l’économie européenne et mondiale. Les estimations montrent qu’un million d’emplois disparaitraient rien qu’en Allemagne et que le PIB de l’Allemagne diminuerait de 25%. Les classes dirigeantes capitalistes d’Allemagne et des autres pays feront donc tout ce qu’elles peuvent pour garder l’euro. Les euros-obligations ou un plus grand rôle de la BCE sont mis en avant comme moyen de sortir de la crise par beaucoup de commentateurs capitalistes et une partie de la gauche soutient ces mesures. Beaucoup d’intervenants en ont parlé au CEI. Les différents pouvoirs capitalistes agiront pour protéger leurs intérêts nationaux. Le capitalisme allemand ne veut pas voir l’utilité des euros obligations à ce stade. Cependant, il pourrait y être amené par la pression des évènements, dans une tentative désespérée de sauver l’économie européenne du désastre. Mais même cela ne sera pas une solution à la crise, ni à long ni même à moyen terme.

    Plusieurs intervenants ont aussi souligné et discuté de la tendance accrue à court-circuiter les procédés démocratiques parlementaires « normaux » et le rognage des droits démocratiques. L’année dernière, des gouvernements « technocratiques » ont été imposés en Italie et en Grèce, quand les marchés et l’UE ont perdu la foi dans la capacité des gouvernements de ces pays à mener à bien les énormes coupes d’austérité.

    Le gouvernement italien qui a été intronisé était, en réalité, un gouvernement des banquiers, puisque chaque membre du cabinet a un passé dans les grandes banques ou les institutions financières ou de forts liens avec elles.

    La commission européenne a aussi accru son intervention dans de nombreux pays ; ce qui se voit clairement dans les pays « programme », où des programmes d’austérité détaillés ont été planifiés par la « troïka », en conjonction avec les gouvernements nationaux. Même dans les autres pays, cette intervention a augmenté. En Belgique, la Commission a exigé que le gouvernement se réunisse un weekend pour trouver d’autres idées de coupes, parce que selon elle, les coupes n’allaient pas assez loin.

    Mesures autoritaires

    L’érosion de la démocratie ne s’est pas faite seulement aux niveaux des parlements et des gouvernements ; une tendance générale à l’usage de mesures étatiques autoritaires, la répression et la criminalisation des protestations, ont été discutés. Cela s’est vu dans les tentatives de mettre fin au mouvement Occupy, en Espagne et partout ailleurs.

    L’érosion des droits démocratiques est évidente en Hongrie, le premier pays européen à être renfloué par le FMI pendant la crise économique. Les délégués ont rapporté les attaques au droit de grève, le nouveau code du travail et les camps de travail pour les chômeurs-longue durée. Comme dans les autres pays, les droits aux pensions et aux retraites anticipées ont été attaqués. La répression contre les Roms a empiré. Un nouvel impôt à taux unique augmente les difficultés économiques des pauvres. La liberté des médias a été rognée par de nouvelles lois. Une nouvelle constitution introduite par le gouvernement ronge beaucoup de droits démocratiques de base.

    En même temps qu’une crise économique, les classes capitalistes européennes font face à une crise politique. Les réserves politiques de la bourgeoisie leur échappent parce que les partis politiques traditionnels sont discrédités par leurs politiques de coupes. Nous avons vu une série de crises gouvernementales en Europe. Tous les pays au premier plan de la crise de l’euro ont subi des changements politiques : l’Italie, l’Espagne, la Grèce, l’Irlande et le Portugal ont changé de gouvernement en 2011.

    Même en Allemagne, où il y a eu quelque croissance économique, cela n’a pas donné un coup de pouce aux partis dirigeants. Par exemple, le FDP est en crise et est menacé de perdre ses représentants parlementaires.

    Des évènements tumultueux dans les mois à venir

    Les anciens partis des travailleurs se sont encore droitisés pendant la crise et se sont discrédités aux yeux des travailleurs. Le Labour en Grande Bretagne a dit qu’il ne reviendrait pas sur les coupes du gouvernement Con-Dem quand il reviendrait au gouvernement. En Italie, le PD (Parti Démocrate) a voté pour les coupes de Monti !

    Dans un certain nombre de pays, le vide politique est partiellement rempli par les forces de droite. Le Front National en France utilise cyniquement une rhétorique populiste anti-banque pour essayer d’augmenter son soutien. L’émergence du parti néo-fasciste Jobbik en Hongrie a aussi été discutée en exemple de la façon dont l’extrême-droite peut occuper cet espace. Le danger de l’extrême-droite et la menace raciste peuvent être combattus par le mouvement ouvrier avec un clair programme de classe qui unifie les travailleurs contre les attaques néolibérales et lutte pour les emplois, le logement et des aides sociales pour tous, et pour un vrai changement de système.

    Dans cette situation, la question nationale va réapparaitre. Les développements en Écosse et en Espagne ont été discutés par les intervenants de ces pays, où la crise a fait monter la question nationale et posé la question du séparatisme. Les forces du CIO, tout en défendant le droit à l’auto-détermination, opposent une alternative de lutte unifiée et socialiste pour atténuer le nationalisme bourgeois.

    De cette excellente et très riche discussion, il ressort très clairement que l’Europe va connaitre des évènements tumultueux dans les mois et années qui viennent, au fur et à mesure que la crise économique et politique s’approfondit. Cela va donner au CIO d’énormes opportunités pour construire le soutien aux idées socialistes.

  • A propos du parti – Nouvelles du PSL

    Cette rubrique de socialisme.be vous propose des nouvelles de notre parti, de ses activités et initiatives,… Cette rubrique comprendra donc divers courts rapports d’actions, des brèves de campagne, des appels pour des conférences, des rapports de réunion, ou encore de petits textes de nouveaux membres qui expliquent pourquoi ils ont rejoint notre parti.


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    A noter dans votre agenda

    • Lu. 30 jan. National. Grève générale contre la politique d’austérité
    • Lu. 6 fév. Louvain. Café syndical: évaluation de la grève générale : comment aller plus loin ? 20h, café Sport (à la gare de Louvain).
    • Me. 8 fév. Bruxelles. Rencontre avec des syndicalistes combatifs. Mercredi 8 février 19h – Café « Dillens » – Place Julien Dillens, 1060 Saint-Gilles (à 5 min. du parvis)
    • Sa. 10 mars. Anvers. Le PSL et la campagne ‘Tamil Solidarity’ présentent la Journée Tamouel du Socialisme
    • Di. 11 mars. Bruxelles. 14h30 Bruxelles-Nord. Manifestation nationale : "Plus jamais Fukushima"
    • Je. 15 mars. Manifestation antifasciste contre le NSV à Louvain
    • Di. 25 mars. Protestations contre le rassemblement anti-avortement à Bruxelles
    • Sa-Di 28 en 29 avril: ‘‘Socialisme 2012’’
    • 7-9 décembre: Congrès National du PSL

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    Meeting sur la lutte contre l’austérité

    Ce mardi 24 janvier, les camarades du PSL de Mons ont organisé un meeting sur le thème de la lutte contre l’austérité. Une vingtaine de personnes étaient présentes. Avant la discussion, Aurore y a expliqué les différentes mesures d’austérité que le gouvernement Di Rupo inflige aux travailleurs. Ensuite, elle a très bien mis en avant la nécessité de se préparer non seulement à la grève du 30 et d’en faire un succès, mais également de se préparer aux luttes qui vont venir dans la prochaine période.


    Débat avec le Parti Communiste à Charleroi

    Ce jeudi 26 janvier, un meeting commun entre le Parti Communiste et la section du PSL de Charleroi a eu lieu sur le thème de l’austérité. François Dagostino, du Parti Communiste, y a présenté les mesures d’austérité du gouvernement Di Rupo, en soulignant la dimension européenne des attaques sur les travailleurs. Benjamin Dusaussois, pour le Parti Socialiste de Lutte, a souligné que l’on rentrait dans une nouvelle période de lutte au sein de laquelle la nécessité d’une alternative politique aux parti traditionnels se fera de plus en plus sentir. Les travailleurs et les jeunes n’auront en effet d’autre choix que la lutte car si rien n’est fait, les perspectives d’avenir seront celles que Merkel annonçait récemment: 10 ans d’austérité minimum en Europe. Dans la discussion, Gustave Dache a expliqué qu’un changement était en cours dans les syndicats, la base augmente la pression pour des actions et plus de combativité.


    Une nouvelle édition de ”Lutte Socialiste”

    Demain, nous commencerons la diffusion de notre nouvelle édition de notre mensuel Lutte Socialiste, le journal anti-austérité. Cette édition accorde une large place aux arguments contre la logique d’austérité du gouvernement Di Rupo 1er. Nous abordons le contexte politique de ces attaques antisociales, et avertissons des attaques qui ne manquerons pas de suivre. C’est une avalanche d’austérité qui se profile ! Sur cette base, nous présentons les principaux arguments de la lutte contre toutes ces tentatives de nous faire payer à nous – jeunes, chômeurs, travailleurs, pensionnés – le coût de cette crise du système capitaliste.

    Pas de prétendu ”conflit des générations” dans ce journal! Pour nous, les plus âgés n’ont pas vécu au-dessus de leur moyens. Pour nous, les jeunes ne doivent pas voir leur avenir sacrifié. C’est ensemble que nous devons lutter contre les véritables responsables : les rapaces capitalistes et leurs serviles laquais aux gouvernements. Différents articles développent ainsi le sens des attaques contre les jeunes et les pensions.

    Le dossier central se concentre sur les réponses à donner aux divers arguments anti-grève que l’on entend dans les médias.

    N’hésitez pas! Soutenez la presse alternative, la presse qui se place clairement du côté des travailleurs ! Prenez donc un abonnement, et recevez chez vous votre ration d’analyses socialistes, d’informations sur les luttes en Belgique et au niveau international, ou encore de propositions concrètes pour construire le meilleur rapport de forces contre les attaques antisociales et pour une autre société, une société socialiste démocratique. Effectuez un versement (informations pratiques) et envoyez un mail à redaction@socialisme.be avec vos coordonnées.

    Contenu de notre édition de février :

    • 1. Une austérité qui nous appauvrit tous? Il existe une alternative !
    • 2. Assainissements : le gouvernement veut toujours aller plus loin || ‘‘Il nous faut un nouveau mouvement pour donner une voix politique à la lutte’’ || Les salaires et pensions des politiciens
    • 3. Brisons tous les liens avec les partis de l’austérité ! || Qui voit encore une différence entre les différents partis établis ?
    • 4. Les Dolomies – Marche Les Dames Norme salariale de 0,3 % explosée ! || Le personnel de Petroplus : On veut de la clarté !
    • 5. Van Quickenborne à l’offensive contre les cheminots ! || Action des cheminots pour la sécurité des gares || La politique européenne de libéralisation menace 5.000 emplois à bpost
    • 6. Tensions à Matonge || STIB, TEC, De Lijn : Personnel et usagers, défendons nos transports en commun ! || Question du mois : Comment stopper la N-VA?
    • 7. Dossier: Devrons-nous bientôt travailler jusqu’au cercueil?
    • 8-9. Dossier: Pourquoi il faut lutter et faire grève
    • 10. Interview avec un des dirigeants de l’opposition au Kazakhstan, Ainur Kurmanov. “De réelles possibilités d’insurrection au Kazakhstan” || Irlande. Campagne massive pour le non-paiement d’une taxe immobilière
    • 11. Interview avec Segun Sango au sujet de la grève générale du Nigéria || Corée du Nord. Kim Jong-Il est mort, mais le cauchemar stalinien se poursuit || La Chine augmente la pression contre les opposants
    • 12. ”Trotski”, une (mauvaise) biographie de Robert Service
    • 13. Nouvelles du parti
    • 14. 15 mars: Manifestation antifasciste à Louvain : Rejoignez la résistance antifasciste ! || La fin du FN en Belgique ?
    • 15. Di Rupo contre les jeunes. Opération : ”Génération sans avenir”
    • 16. L’énergie aux mains du public! Fukushima: plus jamais !
  • En bref…

    Chaque samedi, nous publions dans cette rubrique quelques faits marquants, des citations, de petites vidéos,… Aujourd’hui, notamment, quelques critiques d’économistes de haut niveau contre les mesures d’austérité et quelques données sur le chômage en Europe et particulièrement en Grande Bretagne.


    Près d’un quart des jeunes au chômage en Europe

    En ce moment, 22,7% des jeunes européens (sous les 25 ans) sont sans emploi. Il s’agit du double du taux de chômage total de l’Union Européenne (qui est de 9,8%). Une fondation européenne a examiné le coût de cet énorme gaspillage de jeunes travailleurs. La conclusion du rapport suggère que le chômage des jeunes dans les 21 pays de l’UE coûte jusqu’à 2 milliards d’euros par semaine, soit plus de 100 milliards d’euros par an. Les jeunes chômeurs de notre pays coûtent 4,1 milliards d’euros à la société.


    C’est pas la crise pour tout le monde…

    Sur le site Express.be, on a pu lire ce jeudi: ‘‘Varsano, courtier en jets privés, explique que depuis la crise financière, il y a bien eu un ralentissement de l’activité, notamment pour les avions les moins chers, ceux d’un million de dollars, mais rien de comparable avec ce qui se passe ailleurs. En particulier, les candidats à l’achat des avions les plus chers – 30 millions de dollars – ne sont pas plus rares. « Il y a toujours quelqu’un qui fait de l’argent », explique-t-il. « je ne fais que suivre l’argent ».’’


    L’austérité conduit l’Europe au désastre

    ‘‘Les responsables européens doivent en finir avec leur obsession d’éliminer les déficits’’ a écrit Jeff Madrick dans un article du New York Review of Books intitulé « How Austerity is Killing Europe ». Ce journaliste et consultant économique américain déclare que la situation européenne rappelle celle qui a précédé la crise de 1929 et les coupes budgétaires ne feraient que ‘‘creuser et non pas régler la crise financière et des millions de personnes vont souffrir inutilement.’’ Il poursuit en expliquant que l’austérité qui frappe l’Europe n’est pas sans rappeler les politiques d’ajustement structurel qu’imposaient le FMI et la Banque mondiale en Afrique et en Amérique latine durant les années ‘80 et ‘90. Avec les résultats que l’on connait….


    Zone euro: Joseph Stiglitz, austérité et médecine médiévale

    Le prix Nobel d’économie américain Joseph Stiglitz dénonce les mesures d’austérité présentées comme des solutions pour la crise des dettes souveraines de la zone euro. A ses dires, les remèdes vont tuer le patient, un peu comme les saignées de la médecine du Moyen Age. C’est ce qu’illustrent des pays comme la Grèce, le Portugal ou l’Irlande, où l’austérité n’a fait qu’augmenter le poids des dettes publiques, en détruisant les conditions de vie de la population.


    L’eau, bientôt un produit de luxe ?

    Le prix de l’eau augmentera cette année, et tant en Wallonie qu’à Bruxelles. En Wallonie, les ménages qui sont raccordés au réseau de la SWDE (65% du territoire) paieront 413 euros (TVA comprise) pour avoir consommé 100 m3 en 2012, contre 399 euros l’an dernier (+ 3%). A Bruxelles, la hausse des tarifs s’affichera à 2%. Quant à la hausse de la taxe wallonne sur les captages d’eau, les distributeurs affirment qu’ils n’ont ‘‘pas encore pu la répercuter dans leurs nouveaux prix.’’ L’augmentation devrait donc se poursuivre… Les prix du gaz et de l’électricité sont par contre gelés, avec la très forte probabilité d’une augmentation drastique en 2015. Charmante perspective.


    Grande Bretagne : record de chômage depuis 17 ans

    Il n’y a jamais eu autant de personnes à la recherche d’un emploi depuis 17 ans en Grande Bretagne, selon les données officielles publiés cette semaine, soit 2,68 millions de personnes, un niveau inconnu depuis 1994. Le chômage touche plus particulièrement les jeunes de 16 à 24 ans, qui sont plus d’un million à rechercher un emploi.


    Le Kazakhstan accepte des observateurs électoraux internationaux, mais seulement s’ils se taisent…

    Le président-dictateur du Kazakhstan, Noursoultan Nazarbayev, a déclaré ce mercredi que les observateurs électoraux critiquant les élections ne seront plus invités au Kazakhstan, en réponse aux observateurs de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) qui avaient estimé que les élections de dimanche dernier n’avaient ‘‘pas respecté les principes fondamentaux d’une élection démocratique.’’ Nazarbayev n’a par contre pas de soucis à se faire, ses très bonnes relations avec les Etats-Unis, la Chine et l’Union Européenne, sur fonds de vente des ressources naturelles du pays, le protègent de lourdes condamnations internationales. Mais la population gronde.

  • Parlement Européen : La grande coalition de l’austérité élit son président

    Voici ci-dessous un communiqué de presse de Paul Murphy, député européen de notre parti-frère en République irlandaise le Socialist Party, dans lequel ce dernier réagit à l’élection de Martin Schulz, précédemment dirigeant du groupe social-démocrate au Parlement européen, en tant que président de ce Parlement.

    • La grande coalition de l’austérité élit Martin Schulz
    • Il nous faut des partis de gauche de masse à travers l’Europe

    “L’élection de Martin Schulz était courue d’avance, étant donné l’accord qui existe entre les soi-disant ‘socialistes et démocrates’ et le groupe de centre-droit du Parti Populaire Européen. Une grande coalition est à l’œuvre dans l’enceinte du Parlement européen avec ces deux groupes. Il s’agit d’une coalition d’austérité, comme l’illustre le traité d’austérité actuellement en discussion.

    “L’Alliance progressiste des socialistes & démocrates au Parlement européen critique de temps à autre un aspect des politiques néolibérales de la Commission, mais elle accepte fondamentalement la dictature des marchés et la ‘nécessité’ de l’austérité à travers l’Europe. Cette politique est celle de la grande coalition qui domine l’Europe et qui a conduit au désastre économique, avec l’économie européenne dans son ensemble replongeant le plus probablement dans la récession en 2012, sous le poids des conséquences des coupes sauvages dans les budgets publics et du chômage grandissant.

    “Malheureusement, le groupe de la Gauche Unitaire Européenne, dont je suis membre, n’a pas décidé de présenter son candidat. J’ai donc voté blanc afin que mon opposition à Martin Schulz et aux deux autres candidats soit enregistrée.

    “Cette élection est un autre exemple du virage fondamental vers la droite adopté par les soi-disant sociaux-démocrates à travers l’Europe. Ils ont notamment appliqué les politiques d’austérité dans les intérêts des banquiers et des spéculateurs au Portugal, en Grèce, en Espagne et maintenant en Irlande. A travers l’Europe, le défi qui nous fait actuellement face est de construire de nouveaux partis de masse véritablement à gauche. Le lancement de la United Left Alliance en Irlande fait partie de ce processus.”

  • Irlande : Des travailleurs occupent leur entreprise

    Deux lieux de travail sont actuellement occupés en Irlande, contre les abus pratiqués par la multinationale La Senza à Dublin et par Vita Cortex à Cork (pour plus d’informations, n’hésitez pas à aller sur le site du Socialist Party). Nous publions ici deux vidéos, en anglais l’une des travailleurs de La Senza de l’intérieur même de l’occupation, et une autre de Joe Higgins, député du Socialist Party au Parlement irlandais, prenant la parole au parlement en faveur des occupants. En Belgique, l’occupation est une méthode que nous défendons notamment dans le cas des travailleurs d’ArcelorMittal, en tant que premier pas vers la nationalisation de la sidérurgie sous le contrôle des travailleurs.

  • Une année 2011 turbulente

    Cette année 2011 a été marquée par une crise intense et de plus en plus profonde des structures économiques et sociales du capitalisme européen. En Irlande, les manifestations de cette situation sont extrêmement dramatiques. Dans cet article, Joe Higgins, élu de notre parti-frère le Socialist Party au Parlement irlandais, commente l’année écoulée et les perspectives pour celle à venir.

    Par Joe Higgins, parlementaire du Socialist Party (CIO-Irlande)

    Nous avons vu durant cette année une scène internationale secouée dans son ensemble par la mobilisation héroïque et répétées de millions de travailleurs, de paysans et de pauvres visant à renverser les dictatures brutales du Moyen Orient et d’Afrique du Nord. C’est un processus compliqué, bien sûr, avec les masses aspirant à une vie meilleure par l’obtention de droits démocratiques et le respect des droits de l’homme, de leur dignité et de leur droit à avoir un emploi, tandis que les anciennes élites et le sommet des forces armées tentent de se construire une nouvelle image de ‘‘démocrates’’ pour mieux s’accrocher à leurs richesses et leurs privilèges, au détriment des intérêts de la majorité.

    Les masses, de façon on ne peut plus compréhensible, entrent dans l’action révolutionnaire avec une haine extrêmement palpable de l’ordre ancien qui les a froidement brutalisé, et sans nécessairement avoir une vue exacte du système qui constituerait une véritable alternative démocratique garantissant le partage des richesses jusqu’ici accaparées par les élites. C’est un débat qui va cependant s’intensifier à mesure que des alternatives radicales seront considérées comme nécessaires.

    Par une ironie des plus amères, alors que le peuple d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient lutte pour l’obtention de ses droits démocratiques contre des systèmes dictatoriaux, l’élite politique de la ‘‘démocratique’’ Union Européenne s’assure que le peuple européen devienne sujet d’une nouvelle dictature de plus en plus affirmée, celle de l’oligarchie bancaire et des spéculateurs des marchés financiers.

    Les gouvernements de Papademos en Grèce et de Monti en Italie, loin d’être composés de technocrates désintéressés, sont en réalité rempli de banquiers et de représentants des grandes entreprises. Leur objectif est d’instaurer une politique visant à sauver les fortunes des grands acteurs des marchés financiers. Ils sont là pour s’assurer que les milliards avec lesquels ces rapaces ont joué soient repayés par la majorité de la population, ces 99% dont les conditions de vie et l’accès aux services publics sont détruits dans ce processus.

    ‘‘Les marchés sont endormis, mais pas pour longtemps…’’ a été le titre de bien mauvais augure d’un éditorial du Daily Mail, qui avertit que ‘‘dans les semaines à venir, ces marchés vont à nouveau bander leurs muscles’’. L’image évoquée est celle d’un peuple primitif terrorisé par un ogre vorace qui, s’étant gorgé du sang de victimes innocentes, se retire dans sa tanière et tombe dans un sommeil repu tandis que les survivants attendent dans la terreur son réveil et les conséquences de son inépuisable soif de sang.

    La question qui frappe l’esprit est la suivante : pourquoi donc la majeure partie des médias font fidèlement rapport de cette situation, sans condamner le moins du monde ce règne de la terreur. Loin de contester cette moralité, les médias spéculent sur ce qui doit être fait pour satisfaire la bête et pour accabler les victimes – les travailleurs et leurs organisations syndicales et sociales – qui osent se soulever et résister à ses incessantes exigences.

    La majeure partie des médias est bien entendu elle-même un instrument des marchés, une créature servile qui a encouragé en Irlande le développement de la bulle immobilière ainsi que l’avidité vorace des promoteurs et des banquiers, avec des conséquences très désastreuses pour la société. Voilà pourquoi, face à la colère de leur lectorat, les médias peuvent diaboliser certains excès parmi les plus évidents, mais sans jamais admettre leur propre culpabilité. Dans les temps à venir, les gens considèreront très clairement que cette frénésie de profits des marchés financiers européens est profondément destructrice pour la société, et qu’une partie importante des médias a collaboré à ce développement.

    Le gouvernement du Fine Gael et du Parti Travailliste, installé au pouvoir depuis le mois de mars dernier, s’est avéré aussi lâche devant les exigences des marchés que tous leurs homologues de l’Union Européenne. Avant les élections, ces partis s’étaient engagés à opérer un changement révolutionnaire face à la politique menée précédemment par la coalition du Fianna Fail et du parti écologiste. Il devait y avoir de nombreuses mesures énergiques destinées à lutter contre le chômage et visant à aider concrètement le plus grand nombre de personnes face au paiement d’hypothèques insoutenables.

    Au lieu de cela, nous assistons à une capitulation servile devant les diktats du Fonds Monétaire International, de l’Union Européenne et de la Banque Centrale Européenne. La population irlandaise devrait se retrouver à payer pour le sauvetage des grandes institutions financières européennes et pour les conséquences de leurs actions sauvages dans le cadre de la bulle immobilière irlandaise. Elle devrait faire le sacrifice de ses soins de santé et de son enseignement alors que de nombreux jeunes gens fuient le pays ou sont confrontés au chômage. C’est une politique qui trouvera face à elle une résistance acharnée pour l’année à venir.

  • Pour une grève générale européenne contre la dictature des marchés – Nous voulons décider ! A bas les régimes technocratiques !

    A quelques jours d’intervalle, des technocrates sont arrivés à la tête des gouvernements d’Italie et de Grèce, avec l’argument que ces éminents personnages seraient ‘‘au-dessus des considérations politiciennes’’ pour prendre des mesures destinées à préserver le ‘‘bien commun’’. Un mensonge ridicule et surtout bien incapable de masquer la réalité : ces financiers de haut vol ont été propulsés au pouvoir afin d’assurer que la population paie le coût de la crise au prix fort et que l’avidité des vautours capitalistes soit satisfaite.

    Par Nicolas Croes

    Quell e est cette caricature de démocratie ?

    ‘‘Wall Street a deux partis, nous avons besoin du nôtre’’ défendent nos camarades américains de Socialist Alternative aux USA, une question cruciale aux quatre coins du globe. Mais si les sommets syndicaux peinent à rompre fermement leurs liens avec des partis traditionnels du type du PS, nous ne pouvons qu’être frappés par la rapidité à laquelle les marchés règlent cette question. Pour eux, Silvio Berlusconi et George Papandréou n’étaient plus les hommes de la situation. Les marchés ont donc ‘‘voté’’ à leur manière, avec l’envolée des taux d’intérêt de la dette, et les parlementaires se sont très docilement pliés à ce choix : ils ont soutenu l’arrivée antidémocratique de gouvernements de banquiers.

    Mario Monti est l’ancien commissaire européen à la concurrence, également ancien président ou membre dirigeant de différents groupes de pression néolibéraux (dont le fameux Groupe de Bildeberg) et jusqu’à tout récemment il était encore conseiller pour le géant bancaire Golman Sachs. Son gouvernement comprend notamment le patron de la seconde banque du pays (Intesa Sanpaolo) au poste de ministre du Développement économique, des Infrastructures et des Transports.

    En Grèce, Lucas Papadémos est l’ancien vice-président de la Banque Centrale Européenne. Son gouvernement est une alliance qui regroupe le PASOK (équivalent local du PS), la Nouvelle démocratie (droite officielle) et enfin le parti d’extrême-droite l’Alerte populaire orthodoxe (LAOS). C’est la première fois depuis 1974 (c’est-àdire la fin de la dictature des colonels) que l’extrême-droite entre au gouvernement grec. Voilà donc les ‘‘hommes de la situation’’.

    Ce nouveau développement politique de la crise économique illustre la gravité de cette crise pour la classe capitaliste ainsi que sa panique. Avec l’aide de la troïka – Fonds Monétaire International (FMI), Union Européenne et Banque Centrale Européenne – les marchés ont balayé le suffrage universel pour placer directement leurs propres pions et assurer ainsi que l’austérité soit promptement appliquée. Cette menace pèse sur tous les pays.

    Pour une grève générale européenne !

    Face à la crise de l’euro, le danger du développement d’un repli nationaliste, même ‘‘de gauche’’, existe. Nous devons défendre nos droits sociaux durement acquis contre les prédateurs capitalistes internationaux, c’est vrai, mais aussi nationaux. Ainsi, nous nous sommes toujours opposés à l’Union Européenne du capital, mais sans pour cela tomber dans le piège du nationalisme. C’est en ce sens que nos sectionssoeurs en Irlande et en France avaient mené campagne contre la Constitution Européenne et le Traité de Lisbonne qui lui a succédé, mais sur base d’un programme de lutte pour défendre tous les acquis sociaux et propager l’idée d’une Fédération socialiste européenne.

    Divisés, nous sommes faibles. Opposons à la dictature des marchés une résistance internationale. C’est tout à fait possible. La volonté de lutter contre l’austérité ne manque pas. En France, les syndicats appellent à une journée de mobilisation pour le 13 décembre. En Grande Bretagne, une grève générale d’ampleur historique a frappé les services publics le 30 novembre. Le Portugal (le 24 novembre), l’Italie (le 6 septembre) et l’Espagne (le 6 décembre également) ont connu des grèves générales et la Grèce a déjà une bonne douzaine de grèves générales derrière elle. Qu’attend-on encore pour unifier la résistance ?

    Le 7 décembre, la Fédération Européenne des Métallos a appelé à une grève européenne sur tous les sites d’ArcelorMittal, sur base directe de l’annonce de la fermeture de la phase à chaud liégeoise, mais aussi pour répondre aux menaces diverses dans tous les sites de la multinationale. Cet exemple doit être suivi et développé. Il est grand temps de nous diriger vers une journée de grève générale européenne, première étape d’un plan d’action européen contre l’austérité capitaliste.

    L’une des revendications les plus cruciales de ce plan d’action devrait être d’assurer que les travailleurs et leurs familles puissent avoir le contrôle des décisions économiques prises dans leurs pays, par la nationalisation des secteurs clés de l’économie (énergie, sidérurgie, finance,…) sous le contrôle démocratique des travailleurs. La démocratie réelle passe par le contrôle de l’économie et le renversement du chaos capitaliste, par l’instauration d’une production démocratiquement planifiée.

  • De l’occupation de places à l’occupation d’entreprises !

    Quelles méthodes pour les 99%?

    Au cours de cette année 2011, nous avons vu croître la résistance contre l’austérité, et les mobilisations ont gagné en ampleur à travers le monde. Avec le rejet croissant du capitalisme, la question de l’alternative à défendre et de la façon d’y parvenir devient de plus en plus aigüe. En Tunisie, en Egypte, en Espagne, en Grèce, aux Etats-Unis et ailleurs s’est imposée la tactique de l’occupation des places. Elle a joué un rôle important, tant pour rendre le mécontentement visible que pour offrir un point de rassemblement afin de discuter largement de la poursuite du mouvement en Assemblée populaires. Comment aller de l’avant ?

    Par Nicolas Croes

    Partout où ils sont présents, les partisans du Comité pour une Internationale Ouvrière, dont le PSL est la section belge, préconisent de s’orienter vers le mouvement organisé des travailleurs, c’est-à-dire vers ceux qui produisent les richesses dans la société sans pour autant avoir le moindre mot à dire sur la manière dont cette production est gérée. Comme nous l’avons déjà dit à plusieurs reprises dans les pages de ce journal, ce n’est nullement un hasard si les grèves générales ont été décisives pour renverser Ben Ali en Tunisie et Moubarak en Egypte.

    Cette orientation vers les travailleurs et la base syndicale, qui n’était pas claire au début du mouvement en Espagne, par exemple, s’est par la suite développée peu à peu. Cela a notamment été illustré par cet appel à la grève générale lancé par les activistes d’Occupy Oakland aux Etats-Unis le 2 novembre dernier. Même s’il ne s’agissait pas d’une véritable grève générale, cet appel a trouvé écho auprès de la base syndicale, dont de nombreux militants ont participé à la mobilisation de 20.000 personnes qui a bloqué le port de la ville. La méthode d’action retenue à chaque étape d’un mouvement doit être celle qui mobilise les couches les plus larges de travailleurs et force est de constater que, sur base de l’expérience de ces derniers mois, ce qui a le mieux fonctionné, ce sont des revendications claires centrées sur le quotidien des masses, heurté de plein fouet par l’austérité, en combinaisons d’actions de masses radicales.

    En Espagne ou encore aux USA, nous défendons que les différentes Assemblées populaires soient reliées les unes aux autres par l’élection démocratique de représentants, afin de coordonner démocratiquement les actions aux niveaux local et national. Mais nous pensons également qu’il est crucial de développer ces assemblées générales sur les lieux de travail eux-mêmes, et d’amener très concrètement la question de la démocratie syndicale. Pourquoi d’ailleurs, là où la situation le permet, ne pas passer de l’occupation de places et de lieux symboliques à l’occupation d’entreprises ? Pourquoi ne pas envisager de préparer l’occupation du cœur même de la structure du capitalisme ?

    Les 99% contre les 1%

    Dans le cas de menace de fermetures ou de licenciements, cette question de l’occupation se pose très concrètement. C’est une méthode que nous défendons d’ailleurs dans la lutte des travailleurs d’ArcelorMittal contre la fermeture de la phase à chaud liégeoise, en tant que première étape vers l’expropriation de la sidérurgie et sa nationalisation sous le contrôle démocratique des travailleurs.

    Depuis que cette crise économique a éclaté, plusieurs usines ont été occupées pour lutter contre des restructurations (Republic Windows à Chicago en 2008, Visteon en Angleterre et en Irlande du Nord en 2009, Waterford Chrystal en Irlande en 2009, INNSE en Italie en 2009,…) A différents moments de l’histoire des luttes d’ailleurs, comme dans les années ’30 ou ‘70, de véritables vagues d’occupations d’usines ont déferlé, causant une peur panique au Capital. En France, l’occupation de l’usine de montres LIP, en 1973, a profondément marqué les esprits : les travailleurs en étaient venus à vendre eux-mêmes leur production.

    Une occupation instaure une double pression sur le patronat. Tout d’abord, il est privé de son profit, puisque la grève a stoppé la production. Ensuite, et c’est fondamental, cela pose la question de la propriété des moyens de production : qui dirige l’entreprise ? Les travailleurs sont responsables du fonctionnement quotidien de l’entreprise et de la création de richesses, mais ils n’ont rien à dire sur l’organisation de la production et son orientation. Voilà ce qui se situe au cœur de la lutte des ‘‘99% contre les 1%’’ : le patron a besoin de travailleurs, les travailleurs n’ont pas besoin de patrons.

    Pour la démocratie réelle dans l’entreprise

    Toute lutte a besoin de construire un rapport de forces qui lui est favorable, d’impliquer un maximum de travailleurs dans l’action ainsi que d’assurer une solidarité maximale dans les autres entreprises et au sein de la population. Tout comme cela a été le cas sur les différentes places occupées, une entreprise occupée permet de développer une discussion large entre tous les travailleurs avec des Assemblées générales capables d’éviter les tensions et divisions entre syndicats, entre ouvriers et employés,… tout en constituant un lieu d’information et de débat permanent pour accueillir chaque personne voulant aider la lutte. Une structure unifiée de direction pour la lutte est un élément crucial pour empêcher les patrons et les autorités de l’Etat de venir jouer sur les différences existantes (entre contrat de travail, syndicats,…) pour semer le trouble et la division.

    Il est crucial qu’un comité de grève soit élu démocratiquement par l’Assemblée générale des travailleurs et qu’il jouisse de tout son soutien, avec notamment l’assurance de pouvoir révoquer des représentants élus à tout moment. Ce comité, responsable devant l’assemblée générale souveraine, doit organiser la lutte et la diffusion maximale de l’information, avec pour principal objectif d’impliquer chaque travailleur dans le travail à effectuer et dans la prise de décision. Ce travail d’organisation est une tâche titanesque et, tout comme cela est le cas sur les places occupées, il faut développer des commissions spécifiques.

    Il n’en est pas allé autrement dans les différentes commissions des Assemblées Populaires des Indignés. Ainsi, en Espagne par exemple, on trouvait des commissions très pratiques (cuisines, santé, traduction, informations,…) mais aussi des commissions ‘‘grève générale’’ chargée d’organiser l’agitation autour de cette idée vers la base syndicale, ‘‘femmes’’ pour aborder la thématique de l’oppression des femmes, ‘‘immigrés’’,… Ces commissions ont réellement constitué des espaces de formation politique pour tous ceux qui s’y sont impliqués. Face à un comité de grève élu et révocable, cette formation permet de construire la confiance de la base des travailleurs et d’assurer qu’elle reste réellement aux commandes de sa lutte.

    Lors de différentes occupations, on a aussi vu d’autres mesures de contrôle sur les responsables élus se développer, comme de retransmettre par haut-parleur les négociations entre responsables du comité de grève et représentants patronaux afin d’éviter tout marchandage secret. Quand nous parlons de démocratie réelle, c’est de cela dont nous parlons : d’une structure où chaque représentant est constamment soumis à l’autorité de sa base.

    Enfin, en déplaçant le centre de la résistance contre l’austérité dans les entreprises, on rend beaucoup plus difficile le travail de la répression. Il est beaucoup plus malaisé d’encercler et de réprimer un mouvement retranché dans une usine qui lui est familière, où les outils peuvent aussi servir de moyen de défense. Dans le mouvement ouvrier belge, le souvenir de la lutte des métallos de Clabecq en 1996-97 est encore vivace, avec leurs assemblées générales régulières, mais aussi cette fois mémorable où les grévistes étaient sortis de leur usine avec des bulldozers. Un barrage policier avait – brièvement – tenter de bloquer le trajet de la manifestation qu’ils avaient pourtant négocié…

    Double pouvoir

    De telles méthodes ne servent pas seulement à travailler au renversement de la société capitaliste. Une nouvelle société est en germe dans ces luttes. Les comités de lutte démocratiques et les Assemblées générales sont les embryons de cette future société où les 99% de la population auront leur mot à dire sur ce qui est produit, comment il est produit et comment il est distribué, grâce à une économie démocratiquement planifiée, basée sur la collectivisation des secteurs-clés de l’économie.

    A mesure que la lutte gagnera de l’ampleur et se généralisera, les tâches de ces comités et assemblées se développeront au point de concurrencer le pouvoir de l’Etat capitaliste et de sa démocratie fantoche. Cette situation de double pouvoir sera un moment crucial, où le mouvement aura besoin d’une direction révolutionnaire hardie et reconnue par les masses, qui pourra lancer les mots d’ordres cruciaux pour éviter de sombrer dans le statu-quo et assurer que les travailleurs, les pauvres et les jeunes puissent arracher le contrôle de la société. Dans une telle période de crise révolutionnaire, un parti comme le PSL sera crucial.

  • Rassemblement de la FGTB contre l’austérité

    Quelques centaines de syndicalistes de la FGTB s’étaient rassemblés hier matin devant la tour des finances afin d’y dénoncer les mesures d’austérité du gouvernement Di Rupo. Il était aussi question de défendre leur proposition d’assainissement alternatif pour trouver 8 milliards d’euros : suppression des intérêts notionnels, taxation de revenus de plus de 8000€ par mois à 55% et lutte contre la fraude fiscale.

    L’attaque de Vincent Van Quickenborne (Open Vld) contre les pensions s’est évidement invitée au débat… Sa volonté de directement traduire en texte de loi l’accord gouvernemental sans la moindre réunion avec les partenaires sociaux pour les faire passer avant la fin du mois de décembre énerve au plus haut point, surtout quand il rajoute que ce n’est là qu’un début. Les exemples de Grèce, d’Irlande, du Portugal et d’Espagne ont pourtant largement illustré que les avalanches d’austérité plongent l’économie dans la récession et les travailleurs, les allocataires et les jeunes dans la pauvreté.

    Au PS, on est sur la même longueur d’onde que l’Open Vld: "Dans la situation économique que l’on vit, on ne saurait pas faire autrement. Il faut absolument avancer vite", a ainsi expliqué dans la presse Laurette Onkelinx à propos de cette réforme des pensions. La FGTB peut-elle encore maintenir ses liens avec le PS ? Nous pensons que non et qu’un nouveau parti large pour et par les travailleurs est nécessaire afin d’offrir une expression politique rassemblant ceux qui résistent contre l’austérité.

    Dans son speech, Thierry Bodson, le président de la FGTB wallonne, a annoncé qu’il y aurait des actions prochainement contre la réforme des pensions de Van Quickenborne et il a levé un voile du doute laissé jusqu’ici par les syndicats en disant qu’il y aurait bel et bien une grève générale à préparer pour le 30 janvier prochain. Le soir même, on apprenait également qu’une grève générale était prévue pour ce jeudi dans le secteur public.

    Le PSL était présent à l’action et a avancé l’idée de préparer une grève générale de 24h dès maintenant dans son tract: “avec une campagne d’information dans les entreprises afin de discuter des conséquences des mesures gouvernementales pendant des arrêts de travail et où on peut démocratiquement préparer les actions. Avec des journées d’actions, des grèves et des manifestations régionales et sectorielles, en préparation d’une série de grèves générales allant crescendo”n suivant le modèle proposé par les métalos Wallonie-Bruxelles de la FGTB.

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