Tag: Irlande

  • Manifestation de solidarité avec le peuple grec contre l'austérité de la bancocratie et de la Troika!

    Hier, environ 350 personnes ont défilé à Bruxelles à l’appel d’un grand nombre d’organisation (une trentaine, dont le PSL-LSP), en solidarité avec les luttes qui se développent en Grèce contre la sauvage politique d’austérité qui y frappe la population et, plus largement, pour dénoncer cette dictature des marchés qui s’exerce partout, y compris en Belgique. Ce dimanche, la population grecque se rendra à nouveau aux urnes pour des élections que la coalition de la gauche radicale Syriza a des chances d’emporter.

    Rapport et photos par Olivier V. (Liège)

    Le départ s’effectuait devant la Bourse, où plusieurs représentants des différentes organisations présentes ont pris la parole afin d’exprimer leur soutien aux travailleurs grecs et leurs revendications concernant également la politique que mène la Belgique, tant au parlement européen qu’au sein même du pays.

    Contre la politique d’austérité, les travailleurs et les jeunes grecs ont manifesté par milliers dans les rues de la capitale et des principales villes, et ont organisé de nombreuses grèves générales et revendiquant l’annulation des mesures d’austérités imposées par la Troïka. Après l’échec des négociations visant à former un gouvernement après les élections du 6 mai dernier, c’est ce 17 juin qu’ils revoteront à nouveau afin de faire passer leur mécontentement par les urnes. Syriza, premier ou second parti du pays en fonction des sondages, a de fortes chances de gagner encore de l’importance dans la bataille électorale. Néanmoins, la pression se fait sentir sur la gauche. Les partis libéraux n’ont d’autre choix que les menaces, le chantage et l’intimidation sur les électeurs et les partis à la gauche de la sociale démocratie, afin de continuer à asseoir leur pouvoir sur l’économie de marché et pouvoir appliquer leurs mesures d’austérité.

    La population irlandaise aussi a subi ce type de chantage à l’occasion du référendum du 31 mai dernier portant sur le Traité Fiscal européen, aussi connu sous le nom de Traité d’austérité. L’establishment capitaliste européen est encore bien obligé d’accepter la tenue d’élections et de référendums, mais en recourant aux pires menaces pour forcer le vote à rencontrer leurs intérêts.

    En même temps que se déroulait la manifestation, une délégation de 5 représentants des différentes organisations présentes devait avoir un entretien d’une dizaine de minutes au siège du Parti Socialiste afin d’exprimer leurs revendications. Ce n’est que lorsque le cortège de manifestants est arrivé face au siège du PS que nous avons appris que cette rencontre avait été refusée en dernière minutes !

    A croire qu’entendre des revendications allant à l’encontre des mesures d’austérités est devenu impossible pour le parti du Premier ministre Di Rupo 1er. Chose peu étonnante lorsque la figure de proue du PS cherche à supprimer les acquis sociaux durement gagnés lors de luttes passées que lui-même a soutenues en paroles au moins, il fut un temps… Aujourd’hui, nous avons droit aux attaques sur les pensions et le chômage, à des coupes budgétaires dans le social et l’enseignement, etc. !

    A la fin de la manifestation, c’est face à un barrage de la police que se sont exprimés un représentant de Syriza, un collaborateur de l’eurodéputé Paul Murphy (le seul député européen de la république irlandaise a s’être prononcé contre le traité d’austérité) et un représentant de l’initiative politique large flamande Rood !, qui tous ont appelé à continuer la lutte, le soir même lors d’assemblées populaires traitant de la crise économique, des plans d’austérité et de la situation Belge et Européenne, et par la suite en organisant les luttes et de futures actions pour défendre la Grèce, l’Italie, l’Espagne et l’Irlande, qui ne sont que les premiers à tomber sous le poids des politiques libérales. Si nous n’agissons pas de suite, bien d’autres suivront et les 27 ne se relèveront pas de si tôt.

    Une conférence aura lieu ce mercredi 20 juin au sujet de la nécessité de lutter contre la politique d’austérité européenne (plus d’infos)

    Organisons la résistance, et unifions là ! Front de Gauche, Syriza, Die Linke, etc. frappons ensemble pour mettre à bas l’austérité !

  • Assainir jusqu’à tous devenir grecs ?

    Ils défendent les intérêts des 1% les plus riches

    Les gouvernements de l’austérité ne défendent pas nos intérêts. Ils nous font payer la crise des banques qui a lieu depuis 2008. Ils ont sauvé les banques, fait passer les dettes sur le dos de la collectivité, injecté des milliards… et maintenant nous devrions payer la note? Nous ne sommes pas les responsables de la crise : pendant que les 1% les plus riches spéculaient sur tout ce qu’ils pouvaient, cela fait des décennies que les 99% de la population se serrent la ceinture !

    Tract des sections bruxelloises du PSL

    L’austérité, ça ne fonctionne pas

    L’Europe est retombée en récession cette année. La raison ? Grèce, Portugal, Espagne, Italie, Irlande : on ne compte plus le nombre de plans d’austérité qui ont été mis en place ces dernières années, pour satisfaire toujours un peu plus l’appétit des marchés. Baisse du salaire minimum, augmentation de l’âge de départ à la retraite, diminution des allocations, suppressions d’emplois dans les services publics, flexibilité accrue du marché du travail… Comment s’imaginer que cette austérité ne va pas pousser vers la pauvreté des millions de personnes déjà précaires ?

    Un scénario grec est-il possible en Belgique ?

    La Belgique n’est pas isolée de cette spirale financière infernale qui secoue toute la zone euro. Après la chute de Fortis, l’Etat Belge a dû encore voler au secours de Dexia alors au bord du précipice. Après avoir emprunté 4 milliards pour racheter la banque, la Belgique s’est également portée garante pour un montant de 54 milliards € ! Ces dernières semaines, il apparaît que Dexia aurait à nouveau besoin d’être renflouée de plusieurs milliards… Si une nouvelle crise bancaire devait avoir lieu et que l’Etat Belge devait payer toutes ses garanties, la dette publique deviendrait aussi ingérable que celle de la Grèce : ce sont les menaces que nous réservent Di Rupo et son gouvernement !

    Une représentation politique pour les travailleurs est nécessaire

    Le gouvernement Di Rupo (PS) nous a déjà présenté une première fois la note en faisant passer un plan d’austérité de 14 milliards € en 2012, avec une attaque sur nos pensions et sur les revenus des allocations de chômage.

    D’innombrables manifestations de masse et grèves générales ont déjà eu lieu à travers toute l’Europe pour protester contre l’austérité. Nous avons nous aussi besoin d’un relais politique pour pouvoir nous battre contre les politiciens capitalistes. En France avec le Front de Gauche de Mélenchon ou encore en Grèce avec Syriza, on a pu voir le large soutien que récolte une opposition de gauche unitaire à l’austérité.

    Rejoins notre appel pour des listes de gauche aux communales !

    En Belgique aussi, de plus en plus de voix s’élèvent pour réclamer une vraie représentation des travailleurs et de leur famille. Lors de la fête du 1e mai, la FGTB de Charleroi a appelé à la formation d’une force politique à la gauche du PS et d’Ecolo.

    Nous voulons défendre cette idée lors des élections communales. Nous devons refuser l’application de l’austérité à tous les niveaux de pouvoir ! Rejoins l’initiative «Gauches Communes» pour des listes de gauche unitaire soutenue par le PSL-LSP, le CAP et le PH. Venez mener campagne et élaborer ces listes avec nous!


    Meeting : Pour une alternative à l’Europe d’austérité !

    Une autre politique est-elle possible en Europe ? Nous le pensons. Fin juin, nous organisons d’ailleurs des meetings à ce sujet à Bruxelles, Anvers et Gand. Ces soirées seront d’importants échanges d’expériences, tant de Belgique que de l’étranger. Une semaine à peine après les élections grecques, nous accueillerons un orateur de Syriza qui abordera la possibilité d’une politique de gauche au pouvoir en Grèce. Nous accueillerons également Tony Mulhearn qui, dans les années ’80, a activement participé à la politique réellement socialiste menée dans cette ville. Dernièrement, il a remporté 5% aux élections locales élisant le bourgmestre de la ville.

    Bruxelles – Mercredi 20 juin, 19h30, au Garcia Lorca, 47/49, Rue des Foulons

    • Nikos Chountis, eurodéputé de Syriza, Grèce
    • Paul Murphy, député européen du Socialist Party, Irlande
    • Charlotte Balavoine, candidate du Front de Gauche aux législatives pour la circonscription du Bénélux
    • Tony Mulhearn, Trade Union and Socialist Coalition, Angleterre
    • Un représentant d’Izquierda Unida, Espagne
    • Stephen Bouquin, de Rood!
    • Anja Deschoemacker, ‘Gauches Communes’

    Paul Murphy (Socialist Party en Irlande) est le seul député européen d’Irlande du Sud a s’être opposé au Traité d’austérité lors du référendum du 31 mai :

    «Ce traité condamnera les divers gouvernements européens à une austérité permanente». « La pression actuelle de la Troïka (UE, BCE, FMI) sur le Portugal, l’Irlande et la Grèce sera généralisée à l’ensemble de la zone euro, c’est une nouvelle tentative visant à assurer la domination de la dictature des marchés».

    Anja Deschoemaecker, tête de liste pour les élections communales à Saint-Gilles sur la liste Gauches Communes:

    « De nouvelles coupes budgétaires nous attendent certainement après les élections communales. En plus de cela, ils utilisent tous les niveaux de pouvoir pour nous faire payer la crise :

    • A la région (gouvernement Picqué) : ils ne se cachent plus pour déclarer qu’ils augmentent les tarifs de la Stib ou pour «traire le plus possibles les clients»!
    • Dans les communes, ils augmentent les tarifs de distribution de l’électricité, du gaz et de l’eau (+12% en 2012) !»

    Tony Mulhearn fut président du Labour Party à Liverpool de ’80 à ’86 et un des 47 conseillers communaux de Liverpool qui se soulevèrent contre le gouvernement néolibéral de Tatcher (‘84-‘87). Les plans d’austérité et les privatisations furent rejetées, tandis que des programmes d’amélioration des services publics et des conditions de travail des fonctionnaires communaux furent réalisés. Avec la coalition des syndicalistes et des socialistes TUSC, il a obtenu 4.7´% lors des élections communales du 3 mai 2012.

  • Grèce : Révolution et contre-révolution sur fond de crise croissante de la zone euro

    C’est véritablement un séisme politique qui a pris place le 6 mai dernier en Grèce. Ces élections constituent un signe avant-coureur de bouleversements politiques et sociaux plus intenses encore. Partout à travers l’Europe, les travailleurs et leurs organisations doivent être solidaires de la population grecque et s’opposer résolument aux diktats de la troïka (Union Européenne, Fonds Monétaire International, Banque Centrale Européenne). Cette solidarité passe aussi par la lutte contre les attaques des divers gouvernements partout en Europe.

    Résumé d’un dossier de Tony Saunois (CIO) et d’Andros Payiatos, Xekinima (CIO-Grèce)

    Suite à l’impossibilité de former un gouvernement, de nouvelles élections doivent se tenir le 17 juin. Cette paralysie est une expression des chocs violents dont a été victime la société grecque dans le cadre d’un processus de révolution et de contre-révolution. Le prestigieux Financial Times a ainsi mis en garde: ‘‘Il peut y avoir des émeutes et des pillages. Un coup d’État ou une guerre civile sont possibles’’ (édition du 18 mai).

    Alexis Tsipras (Syriza): “Une guerre entre le peuple et le capitalisme”

    Syriza (‘Coalition de la Gauche Radicale’) est sortie grand vainqueur du scrutin en passant de 4,6% à 16,78%, de quoi donner espoir à de nombreux travailleurs et militants de gauche en Grèce et ailleurs. La classe dirigeante est terrifiée face à cette large contestation de la Troïka et de l’austérité.

    Les conservateurs de la Nouvelle Démocratie (ND) et les sociaux-démocrates du PASOK se sont systématiquement agenouillés devant les diktats de la Troïka, assurant ainsi que le pays soit littéralement occupé par les grandes banques, la Banque Centrale Européenne, le Fonds Monétaire International et l’Union Européenne. Le 6 mai, le peuple grec a riposté par une claque monumentale envoyée à ces deux pantins de l’Europe du capital. Alors qu’ils obtenaient généralement 75% à 85% ensemble, ils n’ont maintenant recueilli que 32,02% (18,85 pour la ND et 13,18% pour le PASOK).

    D’ici aux élections du 17 juin, Syriza peut encore renforcer son soutien électoral. La coalition de gauche radicale sera-t-elle à la hauteur des espoirs placés en elle? Selon nous, ce n’est possible qu’avec un programme socialiste révolutionnaire, un programme de rupture avec le capitalisme. Toute recherche de solutions au sein du système actuel est vaine.

    Si la gauche est mise en échec, l’extrême droite pourrait se saisir du vide politique. Nous avons d’ailleurs assisté le 6 mai à l’émergence du parti néo-fasciste ‘‘Aube Dorée’’ qui a obtenu 6,97% et 21 élus. Depuis lors, ces néonazis ont chuté dans les sondages, mais l’avertissement est sérieux.

    Un niveau de vie attaqué à la tronçonneuse

    Le Produit Intérieur Brut grec a chuté de 20% depuis 2008, cet effondrement économique réduisant à néant la vie de millions de personnes. Dans les services publics, les salaires ont chuté de 40%. L’église estime que 250.000 personnes font quotidiennement appel aux soupes populaires. Dans les hôpitaux (où le nombre de lits a diminué de moitié), les patients doivent dorénavant payer à l’avance pour bénéficier d’un traitement. Un hôpital a même gardé un nouveau-né jusqu’à ce que sa mère puisse payer la facture de l’accouchement. Des milliers d’écoles ont aussi été fermées.

    La classe moyenne est détruite. Le nombre de sans abri a explosé et ils font la file aux côté de leurs frères d’infortunes immigrés pour recevoir un peu de nourriture et pouvoir intégrer un abri dans ces sortes de camps de réfugiés qui constituent la version européenne des bidonvilles. Le chômage frappe 21% de la population active et 51% de la jeunesse tandis que les centaines de milliers d’immigrés sont agressés sans relâche par l’extrême droite. La gauche doit riposter avec un programme de mesures d’urgence.

    Les travailleurs contre-attaquent

    Sous la pression de la base, au moins 17 grèves générales ont été organisées en deux ans, dont trois de 48 heures, sans que les attaques antisociales ne cessent. Mais un certain désespoir se développe puisque la lutte n’a pas remporté d’avancées. Le désespoir a poussé des dizaines de milliers de personnes à fuir à l’étranger. Environ 30.000 immigrés clandestins grecs sont en Australie, certains sont même partis au Nigeria ou au Kazakhstan. D’autres ont choisi une fuite plus tragique : le taux de suicide grec est aujourd’hui le plus élevé d’Europe.

    Cette situation n’est pas sans rappeler la dépression américaine des années ‘30. La haine et la colère sont telles à l’encontre de l’élite grecque et de ses politiciens qu’ils ne sont plus en sécurité en rue ou au restaurant. Les riches cachent leur argent en Suisse ou dans d’autres pays européens, tandis que la majorité de la population bascule à gauche du fait des conséquences de la crise.

    Syriza refuse une coalition avec le PASOK et la ND

    Syriza a déclaré que le PASOK et la ND voulaient qu’elle se rende complice d’un crime en participant au gouvernement avec eux. Alexis Tsipras a proposé de constituer un bloc de gauche avec le Parti communiste grec (KKE) et la Gauche démocratique (une scission de SYRIZA) pour mener une politique de gauche.

    Le dirigeant de Syriza, Alexis Tsipras, appelle à l’abolition des mesures d’austérité et des lois qui ont mis fin aux conventions collectives de travail et ont plafonné le salaire minimum à 490 euros par mois. Il a exigé une enquête publique concernant la dette de l’Etat et, dans l’intervalle, un moratoire sur le remboursement des dettes.

    Ce programme est insuffisant face à la profondeur de la crise, mais il représente un bon point de départ afin de renforcer la lutte contre l’austérité et le débat sur un véritable programme de rupture avec le capitalisme.

    De son côté, la direction du KKE a refusé de rencontrer Tsipras. Le parti communiste s’enfonce dans son approche sectaire, à l’opposé du mouvement ouvrier, et il le paye dans les sondages. Xekinima, la section grecque du Comité pour une Internationale Ouvrière, plaide pour la création d’un front de gauche depuis longtemps. Si cet appel reçu un accueil plutôt hostile dans un premier temps, il a ensuite progressivement bénéficié de plus de soutien pour finalement être repris par Alexis Tsipras et Syriza.

    Une liste unitaire serait sortie première des élections du 6 mai, et aurait de ce fait reçu le bonus de 50 sièges supplémentaires accordés au plus grand parti selon la législation électorale grecque. Même si cela n’avait pas été suffisant pour obtenir une majorité parlementaire, cela aurait offert une place encore plus centrale à la gauche pour la deuxième élection de juin et pour la campagne concernant cette perspective très réaliste d’un véritable gouvernement de gauche.

    Mais le KKE a refusé et reste sur le banc de touche. Pourtant, en 1989, ce parti n’a eu aucune réticence à entrer en coalition avec… les conservateurs de la Nouvelle Démocratie ! La secrétaire générale du KKE, Aleka Papriga, se réfère maintenant à cette expérience pour justifier son refus d’un front de gauche, comme si un front unitaire basé sur la lutte contre l’austérité pouvait être mis sur le même pied qu’un gouvernement pro-capitaliste avec les conservateurs ! Malheureusement, d’autres formations de gauche ont également adopté une attitude négative sur cette question, particulièrement Antarsya (une alliance anticapitaliste).

    Tant le KKE qu’Antarsya sont maintenant sous la pression de leurs bases. Une partie de la base d’Antarsya appelle publiquement à la constitution d’un front avec Syriza, mais la majorité de la direction reste obstinément sur sa position, au mépris du prix à payer. En 2010, cette alliance avait encore réalisé 2% aux élections communales, contre 1,2% en mai, et cela pourrait encore diminuer. De son côté, le KKE a à peine progressé aux élections en mai et les sondages parlent d’une chute de 8,5% à 4,4% pour le 17 juin.

    Tsipras a menacé de ne pas rembourser entièrement les dettes du gouvernement, d’économiser sur les dépenses militaires et de lutter contre le gaspillage, la corruption et l’évasion fiscale des riches. Il exige un contrôle public du système bancaire, et appelle même parfois à la nationalisation. Il s’est encore prononcé pour un New Deal, à l’instar de celui que Roosevelt avait mis en avant pour les États-Unis dans les années ‘30. Syriza a donc pour programme un ensemble de réformes qui ne rompent pas avec le capitalisme, mais c’est tout de même un début. Pour nous, un programme d’urgence de travaux publics doit être lancé, lié à la nationalisation des banques et des secteurs clés de l’économie, sur base d’une planification démocratique et socialiste de la société.

    Le programme de Syriza a ses limites, mais il a le mérite d’être clairement opposé à l’austérité. Syriza refuse d’ailleurs de participer à toute coalition gouvernementale destinée à appliquer des mesures antisociales. Cette approche peut pousser la formation au-delà des 20% dans les sondages, jusqu’à 28%. Cette rapide croissance de soutien illustre le potentiel électoral pour les formations de gauche lorsque les conditions objectives sont réunies et qu’elles adoptent un profil clair.

    Le refus de Syriza de collaborer à une coalition bourgeoise change radicalement de la position d’autres forces de gauche par le passé. En Italie, la position du Parti de la Refondation Communiste (PRC) a été très sérieusement affaiblie par sa participation à des coalitions locales. En Espagne, récemment, Izquierda Unida (Gauche Unie) est entré en coalition avec les sociaux-démocrates du PSOE en Andalousie, ce qui peut menacer son soutien parmi la population.

    L’Union Européenne et l’euro

    Les partis capitalistes et la Troïka tentent désespérément de renverser cette situation, et font campagne en disant que ces élections sont en fait un référendum sur l’adhésion à la zone euro. Tous leurs efforts visent à présenter la résistance à l’austérité comme la porte de sortie hors de l’eurozone et de l’Union européenne.

    Sur ce point, la position de Syriza est trop faible, bien qu’il s’agisse de l’expression d’un sentiment largement répandu dans la population. Selon un sondage, cette dernière est à 79% opposée à quitter l’euro. Les craintes de ce qui se passerait ensuite sont compréhensibles; un isolement de l’économie grecque, relativement petite, pourrait ramener les conditions sociales au niveau des années 1950 et 1960 et l’inflation au niveau élevé des années 1970 et 1980. Syriza et la gauche doivent faire face à ces craintes et expliquer quelle est leur alternative.

    Tsipras parie sur le fait que la Grèce ne sera pas éjectée de l’eurozone en raison des conséquences que cela entraînerait pour le reste de l’Europe. Cela n’est toutefois pas certain, même s’il est vrai qu’une partie des classes dirigeantes européennes a peur de ce cas de figure et des perspectives pour l’euro si l’Espagne et d’autres pays sont aussi poussés vers la sortie.

    De l’autre côté, les classes dirigeantes d’Allemagne et d’autres pays craignent que de trop grandes concessions pour préserver la Grèce dans l’eurozone ne soient un précédent dont se pourraient ensuite se servir l’Espagne, l’Italie, le Portugal, l’Irlande,… Le ‘Centre for Economic and Business Research’ a déjà indiqué que la fin de l’euro sous sa forme actuelle est une certitude.

    Syriza se trompe en pensant que le rejet de l’austérité peut être combiné à l’eurozone. La zone euro est une camisole de force économique que les grandes puissances capitalistes et les grandes entreprises utilisent afin d’imposer leur politique. Syriza se doit de formuler une réponse claire face à la probabilité qu’un gouvernement de gauche soit expulsé de la zone. D’ailleurs, on ne peut pas non plus exclure qu’un gouvernement décidé à accepter l’austérité soit tout de même confronté à ce scénario de sortie.

    Si de nombreux Grecs craignent cette perspective, cela ne signifie pas qu’ils sont prêts à accepter n’importe quoi. Si une Grèce dirigée par un gouvernement de gauche est poussée hors de l’eurozone, elle devra immédiatement institué un contrôle public sur le capital et le crédit afin d’éviter toute fuite des capitaux. Les institutions financières et les autres grandes entreprises devront immédiatement être nationalisées et le remboursement de la dette publique aux banques et aux institutions financières suspendu. Le gouvernement devra rendre public les livres de compte des banques et inspecter minutieusement les accords conclus avec les institutions internationales. Le gouvernement devra aussi exproprier les riches et protéger les petits investisseurs et épargnants. De cette manière, un véritable plan de relance serait de l’ordre du possible, un plan démocratiquement élaboré dans le cadre d’une planification socialiste basée sur le contrôle public des principaux secteurs de l’économie.

    Vive l’internationalisme socialiste !

    Un véritable gouvernement de gauche devra simultanément tout faire pour appeler à la solidarité du mouvement syndical du reste de l’Europe, et en particulier en Espagne, en Irlande, au Portugal et en Italie. Ensemble, ces pays ont le potentiel de construire une alternative à l’Europe du capital vers une confédération socialiste basée sur une adhésion volontaire, première étape vers une Europe socialiste.

    Pour y parvenir, nous devons renforcer les liens entre toutes les organisations de gauche et le mouvement syndical de ces divers pays. Sans une telle approche, la résistance contre l’austérité sera partiellement désarmée, et un flanc laissé au développement du nationalisme.

    Une nouvelle phase de la lutte

    Si Syriza se retrouve le plus grand parti du pays, ou s’il prend la tête d’un gouvernement de gauche, la crise ne serait toutefois pas immédiatement battue. Au contraire, cela ne marquerait que l’ouverture d’une nouvelle phase à laquelle les travailleurs et leurs familles doivent être préparés.

    Syriza doit se renforcer en organisant tous ceux, et ils sont nombreux, qui veulent combattre l’austérité. L’appel de Tsipras pour constituer un front de gauche doit se concrétiser avec l’organisation de réunions locales et nationales des partis de gauche, des syndicats, d’habitants de quartiers, d’étudiants,…

    Des comités locaux démocratiquement constitués sont la meilleure base pour se préparer à la prochaine période de lutte et assurer que suffisamment de pression existe pour qu’un gouvernement de gauche applique une politique réellement centrée sur les intérêts des travailleurs et de leurs familles.

    La classe dirigeante se sent menacé par Syriza et par la gauche. Nous devons nous saisir de cette énorme opportunité. Rester spectateur n’est pas une option.


    Leçons passées et présentes d’Amérique latine

    Nous sommes évidemment dans une autre époque, mais des similitudes existent entre la Grèce actuelle et le Chili des années 1970-73 ou encore avec le développement des régimes de gauche au Venezuela, en Bolivie ou en Argentine.

    Au début des années ’70, le Chili a connu une forte polarisation politique mais la droite et la classe dirigeante s’étaient préparées pour sortir de l’impasse. L’organisation fasciste ‘Patria y Libertad’ (une organisation paramilitaire) occupait les rues et attaquait les militants de gauche. Finalement, l’armée a organisé le coup d’Etat du 11 septembre 1973 qui a porté Pinochet au pouvoir.

    En Grèce, le potentiel du développement d’une organisation paramilitaire existe, avec ‘‘Aube Dorée’’. Cette organisation fait l’éloge de la dictature militaire grecque dite ‘‘des colonels’’ (1967-1973) et même d’Hitler. Une partie de la classe dirigeante peut tirer la conclusion qu’il n’existe pas d’alternative face à la menace de la gauche et peut être tentée de ‘rétablir l’ordre’. Cela ne sera pas le premier choix de la classe dirigeante, mais ce danger n’en est pas moins réel. La baisse du soutien d’Aube Dorée dans les sondages n’est pas synonyme de sa disparition.

    Même sans soutien massif un groupe comme Aube Dorée ou Patria y Libertad peut être une menace physique pour les minorités et le mouvement ouvrier. Aube Dorée envoie ses ‘chemises noires’ attaquer les immigrés et menace ouvertement les homosexuels (leur prochaine cible). La création de comités d’auto-défense est urgente.

    Si Syriza peut former un gouvernement avec un front de gauche, ce gouvernement peut rapidement être poussé plus encore à gauche. Ce fut le cas d’Allende au Chili en 1970 ou de Chavez (Venezuela), de Morales (Bolivie) et de Kirchner (Argentine). Un tel gouvernement peut prendre des mesures contre les capitalistes, y compris par des nationalisations. D’autre part, un gouvernement grec de gauche pourrait bientôt servir d’exemple pour l’Espagne et le Portugal, entre autres.

    Syriza et Tsipras ne parlent pas encore de socialisme, mais cela pourrait changer. Dans une interview accordée au quotidien britannique ‘‘The Guardian’’ Tsipras parle d’une guerre entre la population et le capitalisme. Chavez lui non plus ne parlait pas de socialisme à son arrivée au pouvoir. Il a été poussé à gauche par la pression populaire.

    Sous l’impact de la crise et de la lutte des classes, le soutien pour des demandes comme la nationalisation, le contrôle et la gestion ouvrière peut rapidement grandir. Des gouvernements de gauche peuvent être mis sous pression pour prendre de telles mesures, au moins partiellement. Ce fut d’ailleurs également le cas du premier gouvernement du PASOK grec en 1981. Si les partis capitalistes obtiennent une majorité pour former un gouvernement dirigé par la Nouvelle Démocratie, ce sera un gouvernement sans crédibilité, ni autorité, ni stabilité. Un tel gouvernement entrera vite en confrontation avec l’intense colère du mouvement ouvrier grec. Syriza pourra s’y renforcer. Dans une telle situation Xekinima proposera une campagne active pour la chute du gouvernement par des grèves, des occupations et des manifestations de masse.

    La croissance rapide de Syriza est un élément positif. La crise sociale et politique constitue un test, tant pour Syriza que pour toutes les autres forces politiques. Avec un programme approprié, des méthodes correctes et une bonne approche, il est possible d’avancer. Sinon, la gauche peut disparaître aussi rapidement qu’elle a avancé. Xekinima joue un rôle actif dans les discussions au sein et autour de Syriza afin de parvenir aux conclusions politiques nécessaires pour développer les luttes.

  • Discipline budgétaire et dictature des marchés

    Face à l’échec de la politique d’austérité, encore plus d’austérité

    Partout, l’échec des politiques d’austérité est retentissant. Partout, il produit les mêmes catastrophes : chômage de masse, restrictions salariales, explosion de la misère… A cela s’ajoute le déclin de l’investissement des entreprises (qui ne manquent pourtant pas d’argent). Ces politiques ont conduit au déclin des économies de la zone euro à la fin de l’année 2011. De nombreux pays européens ont alors sombré dans la récession. Pourtant, cette logique est à la base du Traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance (TSCG), un traité d’austérité qui est une véritable arme de destruction massive dirigée contre nos droits sociaux.

    Par Nicolas Croes

    En gros, ce traité signifie plus de coupes budgétaires, plus de taxations injustes et un transfert de pouvoir vers la Commission européenne et le Conseil européen – des organes non-élus – afin de mieux imposer l’agenda d’austérité. Ce traité vise tout bonnement à rendre illégal tout gouvernement opposé au néolibéralisme et à l’austérité. Après l’imposition de gouvernements non-élus en Italie et en Grèce, il s’agit d’une nouvelle étape visant à s’affranchir de l’opposition à la politique d’austérité dans les divers pays européens, qui s’exprime dans les rues mais aussi de plus en plus dans les urnes.

    Equilibre budgétaire et réduction de la dette

    L’article 3 du Traité concerne l’imposition d’un déficit structurel maximal de 0,5% pour le budget d’un gouvernement, sauf dans le cas où la dette publique est inférieure à 60% du PIB, auquel cas ce déficit peut atteindre 1%. Le respect de cette règle exigera que chaque pays fasse des coupes profondes dans ses dépenses publiques, au point de mettre en danger l’économie toute entière. L’argument des capitalistes européens est qu’à l’instar d’un ménage, un gouvernement ne peut pas dépenser plus qu’il ne gagne. Mais les choses sont plus compliquées. Cette règle interdit par exemple que l’Etat investisse massivement dans l’économie afin de créer des emplois, ce qui est précisément une des nécessités actuelles.

    Autre problème : cette notion de ‘déficit budgétaire’ est totalement floue. Vous pouvez demander à 10 économistes différents de le calculer, et vous obtiendrez 10 valeurs différentes. Ainsi, en 2006, le Fonds Monétaire International avait estimé le déficit budgétaire irlandais à 5,4% du PIB, tandis que la Commission européenne l’avait estimé à 2,2%. En 2007, le FMI parlait par contre d’un déficit structurel de 2% en 2006… Qui donc décidera au final du chiffre à retenir ? La Commission européenne ! Selon cette institution ultra-libérale, en 2013, 18 pays (sur 25) devraient réduire leurs dépenses de 166 milliards d’euros. De plus, c’est à cette même Commission de définir les moyens nécessaires pour atteindre l’équilibre. Nous pouvons donc être certains que ce ne sera pas en s’en prenant aux riches, mais en attaquant les conditions de vie de la population et les services publics.

    L’article 4 du Traité concerne la réduction de la dette publique. Pour les pays dont la dette dépasse les 60% du PIB (en sachant que la moyenne de l’eurozone est de 85%), il faudra réduire l’excédent d’un vingtième par an. Pour la zone euro, en se basant sur une croissance économique nulle, cela équivaudrait à une réduction totale de la dette de 2.300 milliards d’euros, soit 115 milliards chaque année.

    Ces deux articles suffisent clairement à démontrer que ce traité est entièrement favorable aux actionnaires, aux spéculateurs et aux créanciers et donnera un caractère permanent à l’austérité. C’est non seulement anti-démocratique, car cela interdit de mener une autre politique économique, mais c’est aussi une très mauvaise recette du point de vue des travailleurs, et pas seulement. Ce traité suinte la vision à court terme de l’économie capitaliste, basée sur la recherche du profit maximal le plus vite possible, sans considération pour l’avenir proche. Il semble bien que les partis de l’establishment soient tellement idéologiquement liés au néolibéralisme qu’ils ne voient pas l’impact dévastateur que ce traité aura, y compris pour les capitalistes eux-mêmes.

    Une attaque contre la démocratie

    Ce traité est à considérer dans le cadre plus large des attaques contre les droits démocratiques de base auxquelles nous avons assisté avec le développement de la crise économique. L’Union européenne est déjà en soi une institution antidémocratique, ce n’est même pas une démocratie parlementaire. Le pouvoir y est dans les faits concentré dans la Commission européenne et le Conseil européen. Cependant, même le peu de ‘‘démocratie’’ qui existe au sein de l’Union a été miné à mesure du développement de la crise économique. Ainsi, fin 2011, 6 mesures ont été adoptées (connues sous le terme de six-pack) qui ont transféré d’importants pouvoirs de décision des gouvernements élus vers la Commission européenne non-élue, tandis que la prise de décision a été modifiée au sein du Conseil européen afin de rendre les sanctions punitives quasiment automatiques en cas de non-respect des dictats néolibéraux.

    Un des droits démocratiques de base est que la population ait la possibilité de choisir l’une ou l’autre orientation économique. L’Union Européenne s’avance maintenant vers une situation où l’on pourra élire n’importe quel type de gouvernement, pourvu qu’il soit néolibéral, un peu à la manière de la phrase de Ford disant ‘‘vous pouvez avoir n’importe quelle couleur de voiture, pour autant que cela soit le noir’’. Le néolibéralisme n’est plus posé comme un choix d’orientation économique, il s’agit d’une obligation. C’est cette logique qui est derrière le renvoi de gouvernements élus en Grèce et en Italie et leur remplacement par des gouvernements de banquiers.

    L’article 5 du Traité prévoit ainsi un mécanisme permettant de placer un pays directement sous administration, c’est-à-dire que son gouvernement ne serait plus en mesure de déterminer lui-même son budget ou sa politique économique (pour l’instant, pas moins de 23 pays hors des 27 que comprend l’Union Européenne sont exposés à cette tutelle selon les termes du traité). L’article 7 prévoit encore de créer une sorte de club de l’austérité constitué de quelques pays qui appuieront les propositions de la Commission européenne en termes de sanctions (amendes,…), ce qui garantit la dictature de cette commission.

    Ce traité est-il une réponse à la crise ?

    Non. Toutes les données indiquent ce traité n’aurait en aucun cas empêché l’Irlande, la Grèce ou le Portugal d’entrer en profonde récession. En 2007 par exemple, l’Irlande avait une dette publique inférieure à 60% de son PIB et le budget du gouvernement était en excédent. C’était très largement le cas de l’Espagne et du Portugal également. En fait, l’argument selon lequel ce traité serait une solution face à la crise fait partie d’une tentative plus générale de réécrire l’histoire.

    A la chute de la banque Lehman Brothers en 2008, même les politiciens les plus à droite ont bien été forcés de critiquer le ‘‘capitalisme-casino’’. On parlait alors de la nécessité d’instaurer une stricte régulation du secteur bancaire. Aujourd’hui, l’establishment politique et économique tente de faire croire que la crise provient de dépenses publiques irresponsables. Mais la dette publique faramineuse que l’on rencontre dans la plupart des Etat est directement issue du sauvetage des banques et de la nationalisation de dettes privées monumentales ! Le taux élevé des dettes publiques est donc une conséquence de la crise et non sa cause. En bref, la ‘‘solution’’ proposée par ce traité est un remède qui répond à un très mauvais diagnostic.

    Il suffit de l’accord de 12 gouvernements pour que cette offensive coordonnée contre nos acquis sociaux et démocratiques devienne réalité. Nous n’avons rien à attendre des politiciens capitalistes, comme leurs discussions au sujet d’une politique de croissance le clarifient : de grandes phrases pour de faibles mesures, sans fondamentalement remettre en question la poursuite de l’austérité. Il nous faudra riposter dans la rue et sur les lieux de travail. Le mieux serait d’ailleurs d’organiser une journée de grève générale à l’échelle européenne, ce qui serait une excellente arme, mais aussi une très bonne réponse contre le développement du nationalisme face au rejet qu’inspire l’Union Européenne. Au travers de cette lutte, les travailleurs européens comprendront de plus en plus clairement que le capitalisme ne peut plus rien leur offrir d’autre que l’austérité à perpétuité. Et ils ressentiront de plus en plus la nécessité d’une politique alternative et socialiste à travers l’Europe.

  • Irlande : le Traité fiscal européen est passé

    Une victoire à la Pyrrhus pour l’establishment, qui dévoile leur vrai visage

    Le référendum irlandais portant sur le Traité Fiscal européen a constitué un enjeu international de grande importance. Ce pacte budgétaire européen, officiellement appelé traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG), comprend une série de règles budgétaires parmi lesquelles le fait que les divers pays doivent réduire leurs déficits structurels à 0,5 % de leur PIB et la dette globale à 60 % de leur PIB. Ce traité institutionnalise l’austérité et représente une attaque très sérieuse contre les droits démocratiques en renforçant de façon importante les pouvoirs de la Commission européenne.

    Par des correspondants du Socialist Party (CIO-Irlande)

    Lors de ce référendum, le monde des affaires et les ‘‘dirigeants’’ de l’Union Européenne appuyaient le ‘‘Oui’’. A leur opposé, la classe ouvrière, en Grèce tout comme dans bien d’autres pays, espérait voir la victoire du ‘‘Non’’ en comprenant bien que la lutte contre l’austérité et le capitalisme à travers toute l’Europe se doit d’êtrer unifiée. Un ‘‘Non’’ aurait permis de donner un nouvel élan à cette lutte.

    En fin de compte, le Traité Fiscal (surnommé par nous et d’autres comme étant le Traité d’Austérité) a été adopté ce jeudi 31 mai à 60% contre 40, avec un taux de participation de 50,6 %. Ce résultat ne peut toutefois pas être interprété par le gouvernement comme étant une grande victoire ou une approbation de la politique d’austérité. Aucun enthousiasme ne se trouve derrière ce vote pour le ‘‘Oui’’. Comme un ministre l’a admis, ceux qui ont voté en faveur du traité l’ont fait avec une ‘‘réticence extrême’’. Un éditorial du Sunday Independent a d’ailleurs commenté que ‘‘loin d’être un vote de confiance envers l’Europe, ou le gouvernement, le Oui maussade que ce référendum a obtenu de la part d’une population réticente était un acte de désespoir.’’

    [box type=”shadow” align=”alignright” width=”100″]

    A lire également

    MEETINGS : Pour une alternative à l’Europe d’austérité !

    Une autre politique est-elle possible en Europe ? Nous le pensons. Fin juin, nous organisons d’ailleurs des meetings à ce sujet à Bruxelles, Anvers et Gand. Ces soirées seront d’importants échanges d’expériences, tant de Belgique que de l’étranger. Une semaine à peine après les élections grecques, nous accueillerons un orateur de Syriza qui abordera la possibilité d’une politique de gauche au pouvoir en Grèce. Nous accueillerons également Tony Mulhearn qui, dans les années ’80, a activement participé à la politique réellement socialiste menée dans cette ville. Dernièrement, il a remporté 5% aux élections locales élisant le bourgmestre de la ville.

    Bruxelles – Mercredi 20 juin, 19h30

    Meeting organisé par Alternatives à Bruxelles & ‘‘Gauches Communes’’ avec :

    • Nikos Chountis, eurodéputé de Syriza, Grèce
    • Paul Murphy, député européen du Socialist Party, Irlande
    • Charlotte Balavoine, candidate du Front de Gauche aux législatives pour la circonscription du Bénélux
    • Tony Mulhearn, Trade Union and Socialist Coalition, Angleterre
    • Un représentant d’Izquierda Unida, Espagne
    • Stephen Bouquin, de Rood!
    • Anja Deschoemacker, ‘Gauches Communes’

    [/box]

    Le Socialist Party (section du CIO en République Irlandaise) et ses représentants les plus proéminents, les députés Clare Daly et Joe Higgins ainsi que le député européen Paul Murphy, se sont battus dans une campagne très soutenue commentée par de nombreuses personnes.

    Un chantage et une intimidation sans précédent

    La campagne du ‘‘Oui’’ a entièrement reposé sur le chantage et la menace. Le texte du Traité Fiscal a été décidé l’été dernier mais, en février, un préambule a été ajouté selon lequel seuls les pays ayant accepté le Traité Fiscal seraient en mesure d’accéder aux fonds du mécanisme européen de stabilité qui doit bientôt voir le jour (MES, qui doit remplacer en juillet 2012 le Fonds européen de stabilité financière et le Mécanisme européen de stabilité financière qui avaient été mis en place suite à la crise de la zone euro). Ce MES est un nouveau de 700 milliards d’euros destiné à renflouer les spéculateurs et les banquiers et à restaurer la stabilité de l’euro au détriment de la classe ouvrière européenne.

    Cette clause de chantage soutenue par le gouvernement irlandais a été spécialement conçue pour faire de la question de l’accès à une aide financière en cas de future insolvabilité ou de faillite le thème dominant de cette campagne. Cette clause a véritablement représenté une arme pointée sur la tête des électeurs afin de les forcer à voter ‘‘Oui’’, sous la menace de sinon devoir faire face à un effondrement financier. Voilà qui en dit beaucoup sur les aspirations démocratiques de l’Union européenne ou du gouvernement irlandais.

    Avec cette menace, l’establishment a affiché son impitoyable détermination de voir le traité passer de force. Cette intimidation a eu un impact majeur en se basant sur les craintes bien réelles d’un approfondissement majeur de la crise économique. Les partisans du ‘‘Oui’’ recevront une récompense amère pour ces intimidations brutale au cours des mois et années à venir.

    Durant la campagne, la population a été menacée par l’idée que, sans source de financement et de crédit, l’année 2014 serait immédiatement marquée par une austérité catastrophique pire encore que celle que les travailleurs irlandais et leurs familles ont dû subir jusqu’à présent ; que le Budget de décembre serait également pire en cas de défaite du ‘‘Oui’’ ; que le ‘‘Oui’’ signifiait stabilité, investissements et emplois au contraire du ‘‘Non’’, etc. L’establishment a également reçu l’aide de la Commission référendaire, soi-disant indépendante.

    Une loi datant de 1994 force les médias (TV et radio) à respecté une parité à) l’occasion des campagnes référendaires. Les médias sont donc formellement tenus d’accorder une couverture identique aux deux camps dans le cadre d’une campagne pour un référendum. En dépit de cette obligation juridique, la partialité des médias a atteint des sommets qui n’avaient jusqu’alors jamais été vus.

    De nombreux présentateurs ont publiquement soutenu l’establishment et ont aidé à concentrer le débat sur la question du financement afin d’éviter toute véritable discussion sur le contenu réel du Traité Fiscal et de son impact en termes d’austérité.

    La clause de chantage sur le financement et le rôle des médias sont des facteurs centraux pour permettre de comprendre le résultat final du référendum. Ce résultat est révélateur de l’atmosphère actuelle et de l’état de conscience général des masses. La compréhension que l’austérité est mauvaise pour l’économie est générale, et le sentiment anti-austérité est général à son encontre, comme l’a d’ailleurs exprimé l’opposition à la récente taxe sur les ménages (voir notre article : Un Irlandais sur deux a refusé de payer la nouvelle taxe d’habitation). C’est parmi la classe ouvrière et parmi ceux qui sont les plus touchés par diverses réductions budgétaires, nouveaux impôts et mesures d’austérité que ce sentiment est le plus fort.

    Une réelle crainte d’un effondrement financier

    Cependant, pour des couches importantes de la population, dont la classe moyenne et certaines sections de la classe ouvrière qui s’en sortent mieux, la peur de l’austérité est surpassée par la crainte d’un potentiel effondrement financier à l’arrivée du terme de l’actuel programme de l’Union Européenne et du Fonds Monétaire International (l’Irlande, avec la Grèce et le Portugal, es passée sous la tutelle directe de ses créanciers par les plans d’ « aide » conclu avec la Troïka – la Commission européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international). Même si de très nombreuses personnes ne croient pas sérieusement en la menace que l’Union Européenne pourrait bloquer ses fonds en cas de victoire du ‘‘Non’’, ils ont malgré tout voté pour ce qu’ils considéraient comme étant l’option la moins risquée.

    La réalité, qui est que la politique d’austérité détruit l’économie irlandaise et européenne, a été quelque peu étouffée par l’intense propagande qui a défendu que ce Traité faisait partie d’un plan de relance. Le gouvernement irlandais a même essayé d’incorporer la victoire de François Hollande en France dans leur campagne afin de diffuser l’idée que l’austérité peut aller de pair avec la croissance, prétendant même que des plans de croissance importants sont en vue, une fois le traité adopté bien entendu.

    L’establishment a encore tenté de présenter l’effondrement de l’économie grecque et l’instabilité du pays comme des conséquences directes de la lutte contre l’austérité et du non respect des conditions de la troïka. Pour l’essentiel, le vote ‘‘Oui’’ est donc basé sur la combinaison d’une intense campagne d’intimidation avec des promesses de relance de l’économie.

    Mais il faut aussi mentionner l’absence de la compréhension qu’une alternative existe face à la dictature du capitalisme et des marchés et qu’il est possible d’instaurer des politiques de type socialiste. Cela a clairement freiné la confiance de la population à voter ‘‘Non’’.

    Une opposition sans cesse plus dure contre l’austérité et l’Union Européenne

    Compte tenu de l’ensemble de ces facteurs, le fait que 40 % des électeurs aient tout de même voté contre le traité est un très important et très significatif. Il s’agit d’un élément très positif quant à la détermination de larges sections de la classe ouvrière, plus particulièrement. Cela indique clairement que la campagne du ‘‘Non’’, dominée par la gauche, a eu un impact.

    Alors qu’un nombre important de personnes issues de la classe ouvrière ont voté oui, il est également exact d’affirmer que ce vote reflète une grande polarisation de classe. Seules cinq des quarante trois circonscriptions a connu une majorité contre le traité, mais il est clair que, globalement, la majorité de la classe ouvrière a voté contre. Le ‘‘Oui’’ a bénéficié de fortes majorités dans les zones qui concentrent la classe moyenne, et dans les zones rurales et agricoles. En revanche, les résultats indiquent que de nombreuses villes et districts où est concentrée la classe ouvrière, le vote ‘‘Non’’ a pu atteindre les 70 %, 80 % ou même 85 %.

    Après les élections générales de février 2011, nous avions très correctement prédis que la coalition au pouvoir, le Fine Gael et le parti travailliste, connaîtraient une importante baisse de soutien. De la même manière, le résultat de ce référendum sera ébranlé par les événements à venir. L’establishment a obtenu son ‘‘oui’’ en se basant sur l’intimidation, le chantage et de fausses promesses. Le fait même que le gouvernement ait fondé sa campagne sur la nécessité d’être en mesure d’accéder aux fonds européens dans le cas de la nécessité d’un nouveau plan de sauvetage est en soi la preuve de l’échec total de la politique d’austérité. Durant la campagne, le premier ministre Enda Kenny et d’autres ont une fois de plus promis l’arrivée d’une reprise économique, mais l’approfondissement de la crise économique et de la crise de la dette au sein de la zone euro exposeront la nature mensongère de ces promesses de la part du gouvernement.

    Kenny a également déclaré qu’un accord sera conclu avec l’Union Européenne pour réduire l’insoutenable dette du pays. A mesure qu’il deviendra clair qu’il n’y aura ni reprise économique ni réduction du chômage et que toute modification de la dette sera conditionnée à de nouvelles mesures d’austérité, l’Irlande sera ravagée par le genre d’instabilité que l’establishment essaye désespérément d’éviter.

    L’intimidation n’est pas une politique durable, elle ne pourra pas être un barrage éternel pour protéger l’establishment capitaliste. Comme l’a dit Napoléon : ‘‘on peut faire beaucoup de choses avec les baïonnettes, sauf s’assoir dessus.’’ L’aggravation de la crise économique combinée à de plus importantes mesures d’austérité et à plus d’attaques contre les droits démocratiques préparera le terrain pour une explosion de la colère, des lutte et de la radicalisation politique.

    La question du financement

    Certains commentateurs ont affirmé que puisque le résultat final du référendum correspond aux premiers sondages parus avant le début de la campagne, cette dernière n’aurait pas eu d’effet. C’est faux. L’establishment irlandais, l’Union Européenne et les médias étaient très bien préparés et ont agi de façon extrêmement coordonnée dans le cadre d’une offensive massive contre la campagne du ‘‘Non’’ avec la menace du financement du pays comme arme principale.

    Fondamentalement, ils ont utilisé leur contrôle capitaliste sur le système financier comme un levier destiner à forcer la population à accepter plus encore d’austérité capitaliste. De la même manière que le contrôle de l’eau et l’approvisionnement en eau doit être domaine du public, il n’y a aucune raison que le crédit et la fiance ne soient pas considérées comme une fonction publique essentielle plutôt que d’être laissée soumise à la soif de profits des investisseurs privés. Ce contrôle privé est utilisé pour forcer les gens à payer une forte rançon, à l’instar des usuriers. Toute contestation de ce fait conduit à des exigences pires encore. Cette course vers le bas ne peut être efficacement défiée que par le biais de la lutte pour mettre fin au contrôle du système financier.

    Les médias, en jouant sur la peur, ont utilisé leur influence pour faire passer l’idée que tous les financiers étaient prêts à immédiatement retirer leurs fonds d’Irlande. Ensuite, ils ont massivement appuyé la thèse selon laquelle il n’existait aucune crédibilité sans une solution immédiate qui soit acceptable pour les marchés financiers. Dans la première semaine et demi de la campagne, le camp du ‘‘Oui’’ et les médias ont restreint le débat sous cet angle et frappé à grands coups contre le camp du ‘‘Non’’. Ils ont alors considérablement augmenté le soutien pour voter Oui.

    Il s’agit d’une version émoussée du vieil argument antisocialiste ‘‘c’est très bien, mais d’où proviendra l’argent?’’ Cette attaque a eu plus d’effet maintenant qu’elle n’en a eu dans les années ‘70 et ‘80 en raison des problèmes économiques qui semblent plus aigus qu’à l’époque, et aussi en raison du fait que l’idée de prendre collectivement possession des richesses et des leviers du pouvoir est plus éloignée de l’esprit des gens qu’il y a quelques décennies.

    Cependant, il est évident que plus d’austérité conduira à une crise plus profonde, et il pourra y avoir un changement radical dans la manière qu’ont les gens de voir les choses, et notamment ce qui est possible et nécessaire pour riposter face à la crise. La population deviendra moins sensible aux diktats, à l’intimidation et aux manipulations, et bien plus de personnes seront ouvertes à entendre des solutions réelles et radicales. Nous avons d’ailleurs déjà pu quelque peu le constater durant la campagne, à mesure que nous répondions aux attaques de la campagne du ‘‘Oui’’ concernant l’austérité. Nous avons pu réussir à briser l’élan initial du camp du ‘‘Oui’’.

    Alors que la campagne du ‘‘Non’’ a été en mesure de saper les arguments de l’establishment, elle n’a pas été capable de réellement développer une forte impulsion derrière elle. En fin de compte, nous avons obtenu un résultat avec lequel peu de gens soutiennent, une majorité acquise pour ce qu’ils considéraient comme le moindre mal, sans enthousiasme.

    Retombées politiques

    Ce résultat n’a pas renforcé le gouvernement, qui a l’accueilli avec soulagement. Mais s’ils avaient perdu le référendum, ils auraient fortement été affaiblis. Pour faire passer le traité, ils ont fait des promesses qu’ils ne seront pas capables de tenir ; l’ébranlement du soutien au gouvernement va donc s’accélérer à mesure que la crise va persister et s’empirer.

    Le soutien pour le parti travailliste est particulièrement en déclin. Après une année au pouvoir, ils ont déjà perdu 50% de leurs votes, selon un sondage effectué il y a maintenant un peu plus d’une semaine. D’autre part, de nombreux rapports font état de l’accueil hostile qu’ils ont reçu dans les quartiers ouvriers durant la campagne. Cette pression sur et à l’intérieur du parti travailliste va certainement empirer.

    <h>Le Sinn Fein et l’United Left Alliance sortent gagnants

    Même s’ils figurent dans le camp des perdants, ceux à qui cette campagne a principalement bénéficié sont le Sinn Fein et l’United Left Alliance (une alliance large de gauche qui dispose de 5 élus au parlement, dont deux du Socialist Party), les principales forces du camp du Non. Le Sinn Fein et le Socialist Party ont tous deux bénéficié du soutien financier du groupe parlementaire européen de la Gauche Unitaire Européenne (GUE/NGL). Avec ses ressources financières massives, ses 14 députés et ses 54 conseillers locaux, le Sinn Fein avait déjà d’énormes réserves et ressources avec lesquelles faire campagne.

    Le Sinn Fein a bénéficié d’une large couverture médiatique pour le camp du ‘‘Non’’ et leur campagne a eu un impact. Ils se sont positionnés en opposition à l’austérité et ont choisi d’accentuer cela plutôt que d’attaquer sous l’angle les droits démocratiques dans une optique de souveraineté nationale ou de droits nationaux. Mais ont limité leurs critiques contre l’Union Européenne et le capitalisme, impliquant ainsi qu’un meilleur accord pouvait être tiré des négociations avec l’Union Européenne.

    De façon très ironique, le parti travailliste a riposté en expliquant que le Sinn Fein s’oppose à l’austérité en République irlandaise alors qu’ils l’imposent en Irlande du Nord. Cette belle hypocrisie a été vaine car le parti travailliste, plus que personne d’autre, ne dispose dorénavant d’aucune crédibilité pour mener ce genre d’attaque. Cela a eu peu d’effet.

    Il nous faut un nouveau parti des travailleurs !

    Le soutien au Sinn Fein a régulièrement augmenté depuis les élections législatives de l’an dernier où ils avaient obtenu 10%. Le dernier sondage leur donne maintenant 24%, soit 3% de plus que lors du précédent sondage et plus de deux fois le score du parti travailliste.

    Mais certaines parmi la classe ouvrière ne voteront jamais pour le Sinn Fein quelles que soient les circonstances. Cependant, il semble bien que le Sinn Fein sera le principal bénéficiaire de la crise politique qui concerne tous les partis traditionnels, à moins qu’une réelle alternative issue de la classe ouvrière et authentiquement à gauche puisse se développer. Au vu de la tendance actuelle, le Sinn Fein pourrait devenir le plus grand parti dans les prochains sondages.

    Les conditions peuvent-elles se développer pour le lancement d’une force de gauche réellement socialiste avant même l’explosion politique et sociale inhérente à la situation actuelle ? Pour répondre à cela, la manière dont se développera la lutte contre la ‘‘Household Tax’’ (la taxe sur les ménages) sera d’une importance cruciale.

    La campagne du Socialist Party

    Le Socialist Party est arrivé dans cette campagne en plus forte position que lors des précédents référendums européens. En 2008, pour la campagne du premier référendum sur le Traité de Lisbonne, notre camarade Joe Higgins avait joué un rôle crucial alors qu’il n’était pas encore élu député. Il a eu un impact réel sur le résultat du vote. Cette fois nous n’avions pas seulement Joe, qui a fait beaucoup d’apparitions publiques énergiques, nous avions aussi la députée Clare Daly et le parlementaire européen Paul Murphy (qui remplace Joe Higgins au parlement Européen où il a été élu en 2009 avant d’être élu au Parlement Irlandais).

    C’était la première campagne référendaire de Clare en tant que députée et il est unanimement admis qu’elle a fait une très bonne performance dans toute une série d’apparitions et de débats, dont des débats contre d’importants porte-paroles du gouvernement. Elle a eu un réel impact sur cette campagne, à l’image de son impact dans les diverses campagnes depuis son entrée au Parlement l’an dernier, aux côtés de Joe Higgins.

    Ce referendum était particulièrement important pour notre député européen Paul Murphy. Contrairement à Joe et Clare, Paul n’a jamais été candidat lors d’une élection et ne disposait pas du même parcours ni du même profil que nos autres camarades. Mais de nombreux commentateurs l’ont décrit comme l’un des plus capables représentants du camp du Non, un porte-parole parmi les plus clairs. Ils ont ainsi affirmé que sur base de sa performance et de son nouveau profil, il a grandement augmenté ses chances d’être réélu au parlement Européen en 2014.

    En mars, et à nouveau durant la campagne en mai, le Socialist Party a distribué des milliers de tracts dans chaque foyer de Dublin, au-delà des 400.000. De plus, nous avons organisé la distribution massive de plus de 50.000 tracts, dont une diffusion massive dans des communautés de la classe ouvrière cruciales à Cork. Nos membres ont été actifs dans les comtés de Meath, Kildare, Wicklow, Wexford, Waterford, Kerry, Tipperary, Clare, Laois, Offaly et dans les villes de Galway, Limerick Kilkenny et Carlow et Drogheda.

    Nos camarades se sont aussi impliqués dans les activités de la campagne contre la household tax et de l’United Left Alliance. Cependant, ce sont les affiches et les panneaux du Socialist Party qui ont le plus d’impact dans la campagne et qui ont suscité le plus de commentaires. L’Irish Times, dans sa revue de campagne de dimanche, parlait ainsi de ‘‘l’ubiquité des affiches de référendum’’ du Socialit Party. Selon le dictionnaire, ‘‘ubiquité’’ signifie ‘‘omniprésence, fait d’être partout ou dans un nombre d’endroits indéfini en même temps.’’

    Nous avons produit des milliers d’affiches en 4 versions différentes pour lancer la campagne, suivis au milieu de la campagne par 4 versions de très grands panneaux d’affichages, surtout aux centres-villes. Nous avons fini la campagne d’affichage avec des milliers de nouvelles petites affiches.

    Nos affiches, combinant contenu et graphisme frappant, l’emportaient sur les autres, en particulier avec le manque de contenu des affiches du Oui. Elles figuraient dans de nombreux journaux, reportages télé et blogs, que ce soit en Irlande ou à l’étranger, ainsi que dans les réseaux sociaux. Les affiches sont un moyen très important de faire passer un message à une échelle de masse très rapidement, et ont un impact réel.

    Nos affiches liaient l’austérité à la household tax et à la water tax (une nouvelle taxe sur l’eau). Nos panneaux d’affichages de 8 pieds sur 4 avec une photo d’Angela Merkel et la citation ‘‘Les freins à la dette seront obligatoires et valables pour toujours. Jamais vous ne pourrez les changer par une majorité parlementaire’’ et avec la phrase ‘‘le traité détruit la démocratie’’ étaient frappantes. Nos panneaux qui utilisaient l’image connue du film Les Dents de la Mer (où le requin arrive des profondeurs) pour illustrer les coupes budgétaires que le Traité implique ont provoqué beaucoup de commentaires et ont été repris sur de nombreux blogs. Un magazine de musique et d’actualités irlandais, de même que le quotidien The Guardian, ont commenté l’impact que l’une de nos petites affiches avait eu sur les réseaux sociaux. L’affiche disait ‘‘les super riches de l’UE cachent 3 milliards d’euros en cash – alors qu’il y a 25 millions de chômeurs – opposons les besoins du publics à l’avidité capitaliste – Votez Non’’ et montrait une image de Montgomery Burns enlaçant des paquets de billets.

    Household tax – deuxième tour

    Cette campagne est une très bonne plate-forme à partir de laquelle le Socialist Party et l’United Left Alliance peuvent croître et avancer dans les mois à venir.

    Dans cette période, la lutte contre la household tax va aussi certainement se relancer puisqu’il est vraisemblable que le gouvernement tente de conduire devant les tribunaux ceux qui ont refusé de payer ce nouvel impôt. 50% des foyers ne se sont toujours pas enregistrées pour le payer. Nous aurons dès lors de grandes opportunités pour mettre ce vote de côté et construire un mouvement capable de battre ce gouvernement, l’Union européenne et leur politique d’austérité.

  • 1er juin – Lancement des listes "Gauches Communes" à Bruxelles: Nous avons besoin d'un relais politique pour les jeunes, les travailleurs, les allocataires sociaux, les pensionnés …

    Les membres du PSL-LSP, du PH et du CAP avaient donné rendez vous ce 1er juin pour le lancement de listes de gauche unitaire à Bruxelles dans le cadre des prochaines élections communales. Les discussions ont dans un premier temps traité du cadre politique dans lequel cette campagne prend place: la crise profonde du système capitaliste, l’austérité violente comme seule perspective mise en avant par les partis traditionnels en Belgique et à travers toute l’Europe, mais aussi le manque d’une alternative politique, d’un parti large pour les 99% de la population à qui ils tentent de faire payer la crise des banquiers et des 1% les plus riches.

    Par Nico M. (Bruxelles)

    En Belgique aussi nous avons besoin d’une initiative large telle que Siriza en Grèce ou le Front de Gauche en France. Nous appelons à la mise sur pied d’une initiative unitaire fédérant ceux qui refusent les politiques d’austérité et font le choix de la solidarité. En attendant un tel développement nous appelons les travailleurs, les jeunes, les pensionnés, les allocataires sociaux et les différentes composantes de gauche qui sont déjà prêts à se rassembler autour d’un projet d’actions et de listes de gauche unitaire locales pour ces élections communales à Bruxelles.

    Les premiers éléments pratiques de la campagne ont aussi été discutés: signatures de parrainage, élaboration du programme, constitution des listes… Les communes où nous voulons lancer nos listes sont Anderlecht, Jette, Bruxelles-ville, Saint-Gilles et Ixelles. Nous invitions pour cette réunion de lancement toute personne intéressée par la mise en place de liste de gauche unitaire pour octobre 2012.

    Nous invitons de nouveau chacun à nous rejoindre dès aujourd’hui. Plusieurs réunions pour continuer le travail sont déjà prévues: la prochaine se déroulera le 29 juin à 19h au centre culturel Randstad.

    D’ici là rejoignez nous lors de l’action de solidarité avec le peuple grec le 13 juin à 18h à la bourse mais aussi le 20 juin au Garcia Lorca à 19h30 lors du meeting international avec la présence d’eurodéputés de gauche: Paul Murphy d’Irlande du sud (élu du parti frère du PSL-LSP), Nikos Chountis de Siriza, mais aussi des représentants de Bloco de Esquerda (Portugal) de Izquierda Unida (Espagne), Charlotte Balavoine du Front de Gauche, Stephen Bouquin de Rood!, Tony Mulhearn (candidat aux communales de Liverpool en mai dernier pour la liste Trade Union and Socialist coalition et membre du parti frère du PSL-LSP en Angleterre. Anja Deschoemacker, tête de liste pour Gauches Communes à Saint Gilles prendra également la parole.

    Lors de cette réunion de lancement, les différentes têtes de liste pour les 5 communes ont aussi pris la parole. Les intervenants ont aussi expliqué que les compétences communales sont nombreuses et qu’à ce niveau là aussi il nous faut résister à l’austérité. En conclusion c’est  la motivation d’aller mener campagne dans nos communes pour une alternative de gauche unitaire qui a primé. Nous voulons saisir toutes les occasions pour mettre en avant qu’il nous manque, à gauche du PS et d’Ecolo, une formation politique large pour les jeunes et les travailleurs.

  • Référendum irlandais : La campagne du ‘OUI’ a utilisé toutes les menaces possibles

    Aujourd’hui, les Irlandais se prononcent par référendum concernant le Pacte budgétaire européen, également qualifié de traité d’austérité. Une victoire du ‘oui’ serait utilisée comme une justification pour de nouvelles attaques antisociales, comme des coupes budgétaires et des augmentations de taxes. Le texte ci-dessous a été écrit par Joe Higgins, député du Socialist Party (notre parti frère en République irlandiase).

    Joe Higgins, député du Socialist Party (CIO-Irlande)

    Si vous votez ‘Non’, vous serez exiles en Sibérie ! C’est très probablement la seule menace qui n’a pas été utilisée contre le people irlandais au cours de ces dernières semaines. Et il ne faut pas être surpris si elle sort encore dans cette dernière ligne droite de la campagne sur le référendum au sujet du Traité fiscal/d’austérité.

    Cette campagne a rapidement atteint le niveau ‘un autre jour, une nouvelle menace’. La semaine dernière, le ministre des finances a lu au Parlement un avis du National Treasury Management Agency [NTMA, l’agence de gestion de la dette publique] qui déclarait qu’il : ‘‘considère qu’un ‘Non’ au référendum signifierait, selon toute vraisemblance, qu’il ne serait pas possible pour l’Irlande d’entrer dans les marchés obligataires à des taux durables.’’ En laissant de côté le fait qu’un organisme d’État s’implique ainsi dans un débat politique très polarisé, nous constatons que cette agence n’a toutefois aucunement affirmé l’inverse, à savoir qu’une victoire du ‘oui’ garantirait l’accès à ces mêmes marchés.

    Juste histoire d’assurer que nous n’ayons pas manqué cette prétendue nouvelle menace pesant sur le financement de l’État, le porte-parole du Fianna Fail [le parti d’opposition capitaliste] a demandé au ministre de répété son point. ‘‘Le ministre peut-il clarifier le conseil que lui a donné le NTMA?’’ Et le ministre de répondre : ‘‘Je vais à nouveau relire ma note pour le député (…)’’ Réponse du député concerné : ‘‘Ces conseils sont-ils en accord avec l’opinion du ministre en tant que ministre des Finances ?’’ Le ministre conclut enfin : ‘‘Cela rencontre pleinement mon opinion’’.

    Quelle impressionnante solidarité entre le ministre des finances du Fine Gael [le principal parti capitaliste au sein du gouvernement] et le loyal parti d’opposition Fianna Fail ! Frères dans l’austérité et les menaces ! Nulle trace ici des attaques du dirigeant du Fianna Fail, Micheal Martin, lancées contre le Pacte fiscal lorsqu’il a été annoncé suite à un sommet européen en décembre dernier. Se référant aux objectifs du déficit budgétaire structurel et de la réduction automatique de la dette, il avait déclaré à ce moment-là que ‘‘les nouveaux objectifs sont très inquiétants. Il semblerait qu’ils mineraient significativement la croissance et constitueraient un frein sur l’emploi (…) en d’autres termes (…) une austérité efficace sur une base permanente.’’

    Il est heureux pour lui que les médias aient massivement fait campagne pour le ‘oui’. Dans le cas contraire, il aurait pu avoir à s’expliquer publiquement sur son engagement dans une campagne destinée à faire passer un traité qui représente un tel désastre et qui, selon lui, loin de ‘‘sauver le marché de la dette souveraine européenne, cela signifierait sa fin.’’

    Que masquent ces menaces ?

    Ce n’est pas par hasard que les menaces se multiplient du côté du gouvernement. Le genre d’austérité inflexible et institutionnalisée tel qu’inscrit dans ce traité a démontré l’étendue de ses conséquences catastrophiques en Grèce, tandis que l’économie irlandaise est elle aussi en crise profonde après des années de mesures d’austérité. Toutes les menaces du camp du ‘oui’ sont autant de tentatives désespérées visant à masquer ces faits et à éviter d’avoir à répondre à des questions au sujet du détail des futures coupes budgétaires et augmentations d’impôts qu’impliqueront la mise en œuvre de ce traité à partir de 2015.

    Les Irlandais sont quotidiennement menacés avec diverses menaces, et il s’agit d’une grave infraction au droit du peuple irlandais de voter librement et sans contrainte. Il convient de rappeler que la contrainte physique et la violence ne sont pas les seules armes d’un despote. Les menaces économiques et l’intimidation sont également souvent employées.

    Ce qui se passe actuellement en Allemagne explique l’empressement du gouvernement irlandais pour essayer de nous forcer à voter pour l’austérité. Le Parlement fédéral allemand devait récemment voter sur ce même traité. Mais les parlementaires sociaux-démocrates et verts ont refusé de donner la majorité des deux tiers nécessaire parce que les mesures à venir ne sont pas claires. Mais le gouvernement irlandais, composé du Fine Gael et du Parti Travailliste, sont tellement poltrons qu’ils ne veulent pas laisser le moindre espace au peuple irlandais.

    Le ‘oui’ est essentiellement une invitation pour que le peuple irlandais se rendre complice des mesures d’austérité qui s’appliqueront à lui-même. La victoire du ‘Oui’ serait utilisée par ce gouvernement et les prochains comme la justification de nouvelles attaques antisociales : "Vous avez voté pour ces objectifs, vous ne pouvez pas vous plaindre maintenant."

    La possibilité d’une alternative à l’Europe d’austérité est maintenant en train d’apparaître. Les révoltes électorales en France et en Grèce, le mécontentement grandissant en Espagne, l’anxiété aux Pays-Bas et l’opposition de certaines sections de la classe ouvrière allemande sont autant d’éléments caractéristiques de l’aspiration croissante pour une alternative. Avec un ‘non’, les Irlandais peuvent renforcer cette voix qui exige, à une échelle continentale, de mettre fin aux effets destructeurs des mesures d’austérité imposées par les requins de la finance et de construire une alternative au capitalisme-casino qui enrichit une infime minorité au détriment des intérêts de la grande majorité.

  • Appel : Solidarité avec la résistance du peuple grec !

    La percée politique de Syriza et la perspective de nouvelles élections fait peur aux marchés financiers et aux dirigeants de l’Union Européenne. Mais pour nous c’est le début d’une alternative à la crise sans fin, en Grèce comme ailleurs en Europe!

    La gauche européenne se doit de soutenir Syriza et le peuple grec. La Troïka veut réduire le modèle social européen à néant et instaurer la dictature des marchés financiers au nom de « l’équilibre budgétaire », du « sauvetage de l’euro » ou de la « réduction de la dette ». C’est pourquoi nous disons: tous derrière le peuple grec et la campagne de Syriza afin d’imposer une première défaite à la Troïka! L’enjeu est important: soit la politique d’austérité permanente est rejetée par une majorité de la population grecque, soit la pauvreté et le chômage augmenteront encore davantage en Grèce comme ailleurs – non seulement au Portugal, en Espagne en Irlande mais aussi en Belgique. Et en même temps nous verrons nos droits sociaux attaqués les uns après les autres. Le phénomène des travailleurs pauvres qui s’étend en Allemagne va également se développer partout ailleurs.

    Pourtant, des alternatives existent comme l’illustre clairement la plateforme de Syriza: arrêt des mesures d’austérité incessantes qui asphyxient l’économie, annulation de la dette “illégitime” qui enrichit les spéculateurs tout en appauvrissant la société; réforme de la BCE et du secteur financier avec interdiction de spéculer sur les obligations d’état.

    Nous appelons à des actions de solidarité avec la résistance du peuple grec dans la semaine qui précède les nouvelles élections (17 juin) en nous invitons toutes les forces de gauche, du monde syndical et de la société civile à former ensemble un front européen de la solidarité et de la résistance. Nos destins et nos luttes sont liés. L’Europe démocratique, sociale et solidaire ne verra le jour que par notre mobilisation commune par-delà les frontières.

    Actions planifiées

    • Samedi 9 juin (Anvers, rassemblement Groenplaats à 14h),
    • Mercredi 13 juin (Bruxelles, manifestation à la Bourse à 18h),
    • Samedi 16 juin (Gand).

    Envoyez vos signatures à appelsyriza@gmail.com

    Signataires (5 juin 2012):

    • Ludo Abicht (philosophe),
    • Francis Bismans (économiste, Mouvement de Gauche),
    • Stephen Bouquin (sociologue, université d’Evry, Rood!),
    • Yannick Bovy (réalisateur, militant syndical et associatif),
    • Didier Brissa (formateur syndical, militant écosocialiste),
    • Erik Debruyn (porte-parole Rood!-de socialisten),
    • Filip De Bodt (Climaxi, cons. communal Leef! Herzele),
    • Jean-Claude Deroubaix (enseignant à l’Université de Mons, fonctionnaire parlementaire),
    • Anja Deschoemacker (Parti Socialiste de Lutte),
    • Bernard Diez (LCR),
    • Paul-Emile Dupret (juriste, Parlement européen, groupe GUE/NGL),
    • Pascal Durand (professeur à l’Université de Liège),
    • Jean-Claude Englebert (président Ecolo Foyer Forestois),
    • Pierre Eyben (VEGA),
    • Guy Fays (secr. régional FGTB Namur),
    • Vincenzo Franco (délégué Galzelco Tihange)
    • Cristina Gay (Une Autre Gauche),
    • Michèle Gilkinet (objectrice de Croissance, présidente du Grappe),
    • Corinne Gobin (politologue, Graid, ULB),
    • Eric Goeman (Attac Vlaanderen),
    • Amir Haberkorn (UPJB, stuurgroep Rood !),
    • Nancy Hardy (coordinatrice de l’Université populaire de la Province de Liège),
    • André Hoffman (prof. em., ancien député Dei Linke Luxembourg),
    • Michel Huysseune (politologue, VUB),
    • Voula Karamanidis,
    • Giorgos Karatsioubanis (représentant Syriza à Bruxelles, membre direction nationale Syriza),
    • Dimokritos Kavadias (politologue, VUB),
    • Michaël Lebrun (chercheur METICES, ULB),
    • Johan Leman (prof. KUL),
    • Fabienne Lentz (porte-parole Dei Linke, Luxembourg),
    • Herman Luyckx (ancien secr. BBTK-SETCA),
    • Isabelle Marchal (citoyenne à plein temps),
    • Francine Mestrum (Global Social Justice),
    • Jean-Pierre Michiels (porte-parole du Parti Communiste de Wallonie-Bruxelles),
    • Céline Moreau (coordinatrice FGTB jeunes),
    • Sven Naessens (délégué principal FGTB Total-Fina),
    • Dominique Nuydt (délégué SETCA, co-fondateur Mouvement de gauche),
    • Latifa Rafie (CPAS Forest),
    • Daniel Richard (secr. régional FGTB Verviers),
    • François Schreuer (VEGA, ULB),
    • Jean-Louis Siroux (sociologue UCL),
    • Guy Smedts (Parti Humaniste),
    • Jean-François Tamellini (chef de Cabinet des Métallos Wallonie-Bruxelles),
    • Robert Tangre (cons. communal FdG Courcelles),
    • Marie-Eve Tries (membre Mvt. Politique Objecteurs de Croissance),
    • Frie Van Camp (CGSP, Rood ! Brussel),
    • Fernand Vandenabeele (CGSP, enseignant retraité),
    • Jef Van der Aa (chercheur univ. Tilburg, Pays-Bas, SETCa transfrontaliers),
    • Bart Vandersteene (Links Socialistische Partij),
    • Alain Van Praet (délégué principal CSC-Transcom),
    • Jonas Van Vossole (doct. sciences politiques, Univ. Gand),
    • Freddy Visconti (délégué FGTB Aperam Chatelet),
    • Gerbrand Visser (Socialistsich Alternatief, pays-Bas),
    • Jean-Christophe Yu (réalisateur),
    • Bernard Wesphael (député régional Wallon, fondateur du Mouvement de Gauche).
  • Grèce : La zone euro économiquement et politiquement ébranlée

    Depuis 2008, dix gouvernements ont été renversés par rejet des politiques d’austérité. La Grèce a vécu une série continue de grèves dans le secteur public, de grèves générales, de protestations et d’émeutes. Aujourd’hui, beaucoup de dirigeants européens craignent la possible victoire, le 17 juin, d’un gouvernement grec anti-austérité emmené par Syriza, ce qui pourrait conduire la Grèce à sortir de la zone euro, avec des répercutions incalculables.

    Par Lynn Walsh, Socialist Party (CIO-Angleterre et Pays de Galles)

    Avant les élections déjà, nous avions assisté à une course folle vers les banques grecques pour y retirer tous le cash ou le transférer vers d’autres pays plus stables de la zone euro. Actuellement, le système bancaire grec est renforcé de 96 milliards d’euros "d’aide de liquidité de secours" de la Banque Centrale grecque, soutenue par la BCE (Banque Centrale Européenne). Mais plus de 75 milliards d’euros ont été retirés des banques grecques depuis décembre 2009. De plus, les dirigeants de l’eurozone craignent le danger d’une "contagion", c’est-à-dire un scénario similaire de fuite de capitaux des banques espagnoles, italiennes, portugaises,…

    [box type=”shadow” align=”alignright” width=”100″]

    MEETINGS : Pour une alternative à l’austérité en Europe socialiste !

    Une autre politique est-elle possible en Europe ? Nous le pensons. Fin juin, nous organisons d’ailleurs des meetings à ce sujet à Bruxelles, Anvers et Gand. Ces soirées seront d’importants échanges d’expériences, tant de Belgique que de l’étranger. Une semaine à peine après les élections grecques, nous accueillerons un orateur de Syriza qui abordera la possibilité d’une politique de gauche au pouvoir en Grèce. Nous accueillerons également Tony Mulhearn qui, dans les années ’80, a activement participé à la politique réellement socialiste menée dans cette ville. Dernièrement, il a remporté 5% aux élections locales élisant le bourgmestre de la ville.

    Bruxelles Mercredi 20 juin, 19h30: Meeting organisé par Alternatives à Bruxelles & ‘‘Reprenons nos Communes’’ avec Paul Murphy (député européen membre du Socialist Party irlandais), Tony Mulhearn (TUSC, Angleterre), Charlotte Balavoine (Front de Gauche, France), Anja Deschoemacker (‘Reprenons nos communes’), Stephen Bouquin (Rood!) et un représentant de Syriza (Grèce). Au Garcia Lorca, 47/49, Rue des Foulons 1000 Bruxelles

    Anvers Jeudi 21 juin, 20h : Meeting avec Erik De Bruyn (Rood!), Tony Mulhearn et un orateur de Syriza. Salle Elcker-Ik (Breughelstraat 31- 33, 2018 Anvers).

    Gand Samedi 23 juin, 18h : Fête de Rood! Dans le bâtiment de la FGTB Ons Huis (Meersenierstraat, Vrijdagmarkt) avec Tony Mulhearn, un orateur de Syriza, Erik De Bruyn et Bart Vandersteene (tête de liste de Rood! à Gand).

    A lire également

    [/box]

    Il n’y a plus de tabous. Bien que des dirigeants de la zone euro, dont l’Allemande Angela Merkel, proclament qu’ils considèrent la Grèce comme un membre permanent de la zone, des préparatifs prennent place au cas d’un départ de la Grèce. Cela a même été récemment admis par le commissaire européen au commerce, Karel de Gucht : "aujourd’hui il y a, tant dans la Banque Centrale Européenne que dans la Commission Européenne, des services qui s’activent sur des scénarios de secours dans le cas où la Grèce ne s’en charge pas." (International Herald Tribune, 19 mai).

    Certains rapports affirment que des nouveaux billets de drachmes ont déjà commencé à être réimprimés. Les multinationales retirent leurs dépôts des banques grecques et, plus que probablement, il en ira de même avec l’Espagne et les autres systèmes bancaires chancelants. L’euro est aux prises avec une spirale mortelle qui pourrait avoir des effets dévastateurs sur l’économie capitaliste mondiale. Aucun des dirigeants capitalistes ne désire de désintégration chaotique de la zone euro, mais personne parmi eux ne dispose de politique capable de résoudre la crise.

    Selon des sondages d’opinion, Syriza pourrait émerger des élections du 17 juin comme le plus grand parti. Son leader, Alexis Tsipras, a très correctement décrit la Grèce comme "un enfer social" où les travailleurs et des grandes sections de la classe moyenne ont été soumis à des mesures de rigueur barbares. Tsipras a, correctement à nouveau, rejeté le paquet d’austérité de la Troïka – la Banque centrale européenne, la Commission européenne et le Fonds monétaire international – et a désavoué le paiement de dettes insupportables, énormément gonflées par des prêts de Troïka pour renflouer les banques.

    Le rejet du paquet ‘d’aide’ de la Troïka, cependant, conduirait à l’expulsion de la Grèce de la zone euro. Sous pression du président américain, Barack Obama, et de François Hollande, récemment élu président de la République française, Angela Merkel a adouci son ton, concédant que l’Allemagne pourrait envisager quelques mesures destinées à stimuler la croissance, bien que rien de précis n’ait été dévoilé à ce sujet. Mais elle a tout de même tenu à clairement spécifier que l’acceptation du paquet d’austérité est la condition préalable à toute nouvelle aide. Pourtant en réalité, de telles mesures de rigueur sauvages excluent l’arrivée d’un rétablissement économique.

    Quelle sortie pour la Grèce?

    Les dirigeants capitalistes européens luttent avec un certain nombre de scénarios : de nouvelles élections en Grèce pourraient (espèrent-ils) amener un gouvernement pro-austérité basé sur les conservateurs de la Nouvelle Démocratie. Ceci pourrait arriver sous l’impact de la campagne conjointe des dirigeants de la Nouvelle Démocratie et du Mouvement Socialiste Panhellénique (Pasok), avec les dirigeants de la zone euro, qui vise à faire de ces élections législatives un référendum concernant la présence de la Grèce dans la zone euro. Angela Merkel a même proposé un référendum dans une conversation téléphonique avec le président grec, Karolos Papoulias. Alors que le rejet des mesures d’austérité est massif, une grande majorité (80%) de la population reste favorable à l’euro. Cela reflète la crainte de la Grèce, un petit pays, d’être isolé à l’extérieur de l’euro et revenant aux conditions économiques qui prévalaient auparavant.

    Cependant, même si un nouveau gouvernement grec accepte les mesures d’austérité, ce ne serait qu’un sursis provisoire car la dette de la Grèce est inviable et les mesures d’austérité provoqueront à nouveau des mouvements sociaux massifs. Il est en tout cas possible que la position de la Grèce dans l’eurozone puisse être sapée avant même ces élections cause d’une panique bancaire. La BCE ne pourra pas indéfiniment supporter l’actuel niveau de soutien. L’écroulement des principales banques grecques rendrait impossible à la Grèce de rester dans la zone Euro.

    La Grèce pourrait être sortie de force de la zone euro dans un proche avenir. Quelques stratèges de la zone euro préconisent une sortie contrôlée, tandis que d’autres craignent une séparation chaotique.

    Une sortie contrôlée exigerait une transition ordonnée de l’euro vers une nouvelle drachme, qui serait échangée à une valeur inférieure. Ceci exigerait toujours que le financement de la Troïka soutienne massivement les banques grecques pour empêcher tout effondrement. Malgré le nouveau rejet de ses dettes, les principales économies de la zone euro devraient prêter appui à la Grèce afin d’empêcher l’effondrement total de la société.

    Réaction en chaine dévastatrice

    Malgré le désarroi des dirigeants européens, cependant, il est plus probable qu’il y aura une sortie complètement chaotique de la Grèce, que ce soit suite à une chute des banque ou à l’élection d’un gouvernement de gauche anti-austérité. Ceci aggraverait la crise bancaire européenne. Beaucoup de banques ont déjà vendu leurs obligations d’État grecques, reprises par la BCE. Mais des banques françaises et allemandes seraient atteintes par un nouveau défaut de payement de la Grèce, qui frapperait ensuite des banques en Grande-Bretagne et dans d’autres pays qui ont des fonds dans ces banques de France, d’Espagne, etc. Il y aurait une réaction en chaîne.

    Une crise majeure de la zone euro, plus intense que quoi que ce soit jusqu’ici, aurait un effet dévastateur sur l’économie européenne et même globale. Des évaluations diverses indiquent que le PIB (le produit intérieur brut) de la zone euro pourrait chuter d’entre 5 % et 10 %. Cela aurait à son tour un impact dévastateur sur des pays comme la Grande-Bretagne et aussi les États-Unis, pour lesquels la zone euro est un marché d’exportation majeur.

    Cette crise l’euro, de plus, prend place dans un contexte de stagnation continue de l’économie mondiale. La récession frappe la zone euro elle-même, avec une croissance très faible uniquement en Allemagne, la plus grande économie. ‘Le rétablissement’ presque indétectable aux États-Unis est hésitant. Les énormes pertes rencontrées récemment par la banque d’investissement JP Morgan Chase, qui a perdu plus de 4 milliards de $ dans l’activité spéculative, illustre la vulnérabilité du secteur financier, indépendamment de la crise de la zone euro. Même l’introduction en bourse de Facebook, annoncé comme un grand succès pour le secteur de la haute technologie, s’est révélée être une déception énorme pour les investisseurs, puisque ses actions sont immédiatement tombées après leur publication. Facebook illustre la fragilité de l’économie.

    Le récent sommet du G8 aux États-Unis a, de plus, de nouveau exposé la faillite des dirigeants capitalistes. Obama, soutenu par Hollande, appelle aux politiques pour promouvoir ‘la croissance et les emplois’. Mais ceux-ci étaient des exhortations vagues, sans mesures concrètes. Merkel a fait quelques concessions verbales à l’idée de promouvoir la croissance, mais a précisé que sa préoccupation première est la mise en œuvre de mesures de rigueur – à l’extérieur de l’Allemagne – malgré le fait que la prolongation de récession partout dans la plupart de l’Europe est déjà assurée.

    Un piège pour la classe ouvrière

    La sortie de la zone Euro ne fournira pas de sortie de crise pour la société grecque. Le rejet de la dette conduira à de nouveaux problèmes. La dévaluation d’une nouvelle monnaie nationale stimulerait des exportations. Cependant, la Grèce n’est pas dans la même situation que l’Argentine en 2001 : l’Argentine pouvait compter sur les exportations de nourriture et d’autres matières premières, stimulées par un peso dévalué, sur fond de la situation mondiale pré-2008. La Grèce n’a pas de telles matières premières et a aussi des industries très faibles. En même temps, la Grèce a été fortement dépendante des importations de carburant, de la nourriture et des biens de consommation, qui deviendraient plus chers par la dévaluation de la monnaie grecque.

    De plus, la crise en Argentine est un avertissement pour la classe ouvrière grecque. La plupart du fardeau de la transition du peso lié au dollar américain vers un peso argentin dévalué a été jeté sur la classe ouvrière et la classe moyenne. Les comptes bancaires ont été gelés et la valeur des dépôts de pesos a été dévaluée. Un chômage massif s’est développé, de même qu’une hausse gigantesque de la pauvreté. C’est seulement après plusieurs années de crise que l’économie a commencé à se remettre, dans des conditions économiques globales plus favorables que celles qui prévalent actuellement.

    Il n’existe pas d’issue favorable à la classe ouvrière grecque au sein du système capitaliste, dans la zone euro ou à l’extérieur. Une économie isolée constituerait tout autant un piège pour les travailleurs que l’acceptation des diktats de la troïka. La situation exige l’adoption de mesures économiques de nature socialiste, sous le contrôle démocratique de la classe ouvrière.

    Si la Grèce quitte la zone euro, ou en est éjectée de force, il est plus que probable que d’autres États membres suivront par la suite. Des banques espagnoles, par exemple, sont au bord de l’insolvabilité. Le gouvernement espagnol a été récemment forcé de nationaliser 40 % de Bankia. D’autres banques en Italie, au Portugal, en Irlande, etc., sont tout aussi chancelantes. Les 700 milliards d’euros du fonds de stabilité européen ne représentent pas assez pour stabiliser le système bancaire de la zone euro.

    La Grèce n’est pas la cause de la crise de la zone euro, mais un de ses symptômes. Toutefois, elle peut aussi agir comme un détonateur, déclenchant une explosion ou peut-être une désintégration plus lente. Ce processus est une expression de la crise organique de la zone euro et de l’Union européenne elle-même.

    Dépasser les limites nationales

    Les dirigeants capitalistes qui ont insisté sur l’introduction d’une devise commune ont soutenu qu’ils consolideraient le marché unique de l’Union Européenne. L’UE a été conçue pour garantir la paix en Europe, la stabilité et la prospérité économique. Les europhiles capitalistes étaient sous l’emprise de l’illusion qu’ils pourraient surmonter les frontières nationales du capitalisme grâce au développement économique. Mais tout s’est métamorphosé en son opposé.

    L’Europe sombre dans la stagnation économique et la monnaie unique a accentué les différences entre les économies nationales plutôt que de provoquer une convergence. Le refus des politiques d’austérité a conduit au développement de forces nationalistes et de tendances d’extrême droite (un exemple étant la croissance du soutient pour Aube Dorée en Grèce). Ces développements confirment notre avis que la classe capitaliste ne peut pas surmonter ses limites nationales : c’est une tâche que seule la classe ouvrière peut remplir, et uniquement sur des bases indépendantes du capitalisme, des bases socialistes.

    Le journal britannique The Independant a récemment eu pour titre: ‘‘Le capitalisme est à un carrefour’’ (le 19 mai). Très correctement, le journal analyse la crise de la zone euro comme étant un des aspects d’une crise globale du système. Cette crise se reflète dans les mouvements massifs de la classe ouvrière qui ont continuellement lieu partout en Europe et ailleurs.

    Il n’y a aucun doute que des millions de travailleurs rejettent l’austérité capitaliste et mettent en doute la viabilité du système. Ce qui est exigé est une alternative claire, une économie socialiste où les secteurs clés de l’économie seraient nationalisés sous le contrôle démocratique des travailleurs, dans le cadre d’une planification démocratiquement élaborée de la production économique, afin que cette dernière soit clairement orientée vers la satisfaction des besoins de tous, dans la perspective internationale de construire une société socialiste mondiale.

  • L'austérité asphyxie l'économie

    Au Parlement européen, le député européen Paul Murphy (élu de notre parti-frère en République Irlandaise le Socialist Party) a questionné le Commissaire européen aux affaires économiques et monétaires, Ollie Rehn, concernant la faillite de la politique d’austérité et le rejet qu’elle suscite à travers l’Europe. Voici ci-dessous son intervention ainsi que sa traduction française :

    Par Paul Murphy

    “Mr le Président, à entendre les différents discours, il semble clair que la signification de ce qui s’est produit à travers l’Europe ces dernières semaines est passé au-dessus de la tête des dirigeants de l’Union Européenne ; ils essayent de dire qu’il s’agit d’une sorte d’appel de la population pour ajouter une pincée de rhétorique de croissance à la réalité des politiques d’austérité, alors que ce qui s’est en réalité produit en Europe est un rejet de la banqueroute de vos politiques d’austérité, ces politiques qui ont créé un chômage de masse et qui ont replongé les économies européennes dans la récession. C’est la demande d’un changement fondamental de politique.

    “La croissance ne va pas arriver simplement en ajoutant le terme sur un traité d’austérité, car l’austérité tue la croissance. Les 166 milliards d’euros de coupes budgétaires supplémentaires exigées par le traité d’austérité vont miner toute base pour une reprise économique durable.

    “En Irlande, le peuple aura l’occasion ce 31 mai de se joindre aux millions d’autres à travers l’Europe en disant ‘‘non’’ à l’austérité et au traité d’austérité. Si nous votons ‘‘non’’, la Commission acceptera-t-elle le verdict du peuple irlandais, acceptera-t-elle que l’austérité a de nouveau été rejetée, jettera-t-elle cette politique et ce traité à sa place, à la poubelle ?’’

0
    0
    Your Cart
    Your cart is emptyReturn to Shop