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Tag: Inde
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La jeunesse se lève, il lui faut s’organiser !
On la disait amorphe, abrutie par la téléréalité et les publicités, toute entière concentrée à contempler son nombril et pourtant… Et pourtant la jeunesse – quelle soit tunisienne, espagnole, grecque ou québécoise – a fait son grand retour sur la scène politique. Elle est telle la cime des arbres ; la première à bouger quand arrive l’orage. Ce n’est pas neuf, l’expérience des luttes a toujours vérifié cette observation, et c’est pourquoi le PSL accorde une place particulière à son travail orienté vers la jeunesse, notamment par les campagnes des Etudiants de Gauche Actifs (EGA).
Par Clément (Bruxelles)
Les jeunes (étudiants dans le secondaire ou le supérieur, travailleurs ou chômeurs) ont derrière eux une énorme tradition de lutte et de sacrifice. Leur lutte a inspiré la grève générale de Mai 68 en France, ils ont mis en marche le mouvement qui a jeté l’Apartheid en Afrique du Sud dans les poubelles de l’histoire, ils ont affronté les chars staliniens en Chine place Tienanmen,… Le développement des nouvelles technologies et la baisse globale des luttes consécutive à l’effondrement du stalinisme et à la victoire de la pensée unique néolibérale dans les années ’90 avait nourri la thèse erronée selon laquelle les nouvelles générations n’avaient en tête que jeux vidéos, MacDo, téléchargements et musiques commerciales.
Mais l’effroyable réalité du monde capitaliste est là, et ses conséquences sont plus fortes que tout. Au tournant du millénaire, le mouvement contre la mondialisation capitaliste avait déjà fortement marqué les esprits par cette inattendue combativité des jeunes et cette profonde implication politique dans un mouvement qui dénonçait le système lui-même et non plus l’un ou l’autre symptôme, comme c’était généralement le cas lors de la décennie précédente. Aujourd’hui, les jeunes sont parmi les premières victimes de la crise et de l’exploitation et n’ont d’autre solution que de se battre pour gagner un avenir qui ne soit pas basé sur la crainte du lendemain.
Cette colère face à ce système sans perspective s’est exprimée par les mouvements des Indignés ou Occupy, ou encore par la large implication de la jeunesse dans les récentes grèves générales qui ont secoué le monde (en Europe, mais aussi en Inde, au Nigéria,…). Même le monde virtuel n’est pas épargné ! L’étude annuelle Data Breach Investigations Report, consacrée aux attaques en ligne, a ainsi conclu son rapport consacré à l’année 2011 en disant que 58% de tous les cas de vol de données étaient des conséquences d’”hacktivisme”, un énorme contraste par rapport aux autres années où les attaques des ‘‘cybercriminels’’ (majoritairement des jeunes) avaient un but lucratif.
ORGANISONS LA COLERE !
La jeunesse a un rôle particulier dans la société, parce qu’elle est depuis moins longtemps sous l’influence de l’idéologie dominante (qui, dit-on, ‘‘assagit’’) et parce qu’elle subit moins fortement le poids des défaites passées. Elle est ainsi très souvent la première à se lever contre le système. Mais il lui faut absolument être rejointe par les travailleurs sous peine de voir son énergie et sa volonté de changement s’épuiser sans résultat durable. La jeunesse toute seule ne peut pas renverser le système capitaliste, elle a besoin de la classe des travailleurs, de ses méthodes et de son organisation. Le processus capitaliste de production, de distribution et de communication dépend totalement des travailleurs : sans eux, rien ne fonctionne. Cette position centrale dans l’économie ainsi que leur organisation collective – imposée par la production capitaliste mais également librement construite dans les luttes – leur donne à la fois les capacités de renverser le capitalisme et de construire une nouvelle société.
Il est absolument nécessaire de nourrir le mouvement des travailleurs par l’énergie, le dynamisme, la combativité et l’idéalisme de la jeunesse, de la même façon qu’il est crucial d’éduquer cette dernière grâce à l’expérience des luttes collectives passées et à la tradition de combat du mouvement des travailleurs. Cette collaboration doit être des plus étroites. L’une des principales critiques à porter au mouvement contre la mondialisation est justement d’être passé à côté de cette collaboration.
POURQUOI UN PARTI REVOLUTIONNAIRE ?
De plus en plus de gens – jeunes et moins jeunes – sont bien conscients de la nécessité de changer de système. Mais toute cette énergie cherche sa voie, et est bien souvent gaspillée. Le PSL et son organisation étudiante, EGA, veulent construire le meilleur outil capable de canaliser la colère pour éviter qu’elle ne devienne simplement frustration et constitue au contraire l’énergie créatrice d’une société débarrassée de l’exploitation, une société où l’économie sera aux mains de la collectivité pour fonctionner à son bénéfice. Selon nous, le meilleur outil qui soit est un parti révolutionnaire basé sur l’échange des expériences pratiques et théoriques présentes et passées des militants marxistes révolutionnaires.
Nos campagnes jeunes visent à nous orienter vers la partie la plus dynamique et la plus ouverte de la société, la jeunesse, pour organiser de nouvelles générations de jeunes marxistes. Les différents thèmes (environnement, antiracisme, antisexisme,…) sont pour nous autant d’occasions d’entrer en discussion sur le système qui permet l’émergence de tels problèmes ainsi que sur la meilleure manière de lutter pour le renverser.
Beaucoup de jeunes, pas uniquement eux d’ailleurs, pensent qu’un parti révolutionnaire n’est pas nécessaire et estiment que le caractère oppresseur du pouvoir est inhérent à tout parti. Mais le type de parti que nous construisons n’a rien à voir avec les appareils antidémocratiques bourgeois ou staliniens : c’est un parti organisé démocratiquement au niveau mondial et qui vise à rassembler une minorité la plus politiquement consciente afin de conduire la lutte pour les idées révolutionnaires au sein du mouvement dans son ensemble : dans les syndicats ou les différents mouvements de contestation. N’hésitez pas à entrer plus en profondeur en discussion avec nous à ce sujet !
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Révolution & socialisme. Un autre monde est possible – Lequel et comment y parvenir ?
Les révolutions qui ont fait chuter les dictateurs Ben Ali et Moubarak ont été un véritable tremblement de terre idéologique. Ainsi donc, révolutions et irruptions des masses sur le devant de la scène politique n’avaient pas sombré avec le vingtième siècle ! Ces admirables mobilisations ont suscité un extraordinaire enthousiasme aux quatre coins du globe, non seulement parmi les militants révolutionnaires, mais plus largement aussi, parmi ces millions d’opprimés et d’exploités aux prises avec les terribles conséquences de la crise du système capitaliste et qui, jusque là, n’avaient pas encore rejoint le camp de la lutte.
Dossier par Nicolas Croes
A partir du Moyen Orient et de l’Afrique du Nord, le souffle de la révolte des masses a déferlé sur le monde avec le mouvement des Indignés, le mouvement Occupy Wall Street, l’explosion de grèves générales historiques dans des pays aussi divers que le Nigeria ou l’Inde, le ‘‘printemps érable’’ québecquois,… Tous ces gens ont découvert l’incommensurable force qui est la leur une fois leur colère collectivement exprimée. La question essentielle est toutefois celle-ci: comment, à partir de là, transformer la contestation de masse en une énergie capable de renverser ce système haï ?
Pendant toute une période, cette question a été étouffée par l’offensive idéologique de la classe dominante. L’effondrement du stalinisme avait été saisi pour dire qu’aucune alternative au capitalisme n’était viable. C’était la ‘‘fin de l’Histoire’’, pour reprendre l’expression du philosophe américain Francis Fukuyama. Mais la réalité est plus forte que la propagande et, aujourd’hui, même les partisans les plus acharnés du capitalisme ne parviennent pas à cacher qu’ils n’ont aucune réelle solution capable de restaurer la stabilité du système. Face à cette faillite systémique, tout tourne pour eux autour de l’austérité (teintée ou non d’un soupçon de rhétorique de croissance), un peu à la manière de ces médecins des temps jadis qui avaient pour remède universel de saigner leurs patients, parfois jusqu’à la mort. De la même manière, combien d’économies ne succombent-elles pas actuellement sous les coups des ‘‘remèdes’’ imposés par la dictature des marchés ? Nulle part la cure d’austérité, à plus ou moins forte dose, n’a conduit à une sérieuse convalescence économique.
Fort heureusement pour le bien de l’humanité, la médecine a progressé et a tourné le dos à la pratique destructrice de la saignée. Le reste de la société doit suivre cette voie, et baser sa gestion des ressources sur une méthode rationnelle, diamétralement opposée au dogme de la ‘‘main invisible automatiquement régulatrice’’ des marchés, dont les extrêmes limites ont dramatiquement été dévoilées par la crise économique.
Reprendre le contrôle de l’économie
Fondamentalement, la solution réside dans la collectivisation démocratique des moyens de production. Impossible d’obtenir une démocratie réelle en Afrique du Nord et au Moyen Orient sans retirer les leviers économiques des mains de ceux à qui bénéficiaient les dictatures de Ben Ali et de Moubarak. Impossible aussi d’éviter le naufrage des conditions de vie de la population tant que les pertes des banques, des spéculateurs et des grands actionnaires sont épongées par les ressources de la collectivité. Impossible toujours, dans un registre tout récemment remis à la une de l’actualité avec le sommet RIO+20 (20 ans après le sommet de la Terre de Rio), de sortir de la destruction systémique de l’environnement tant que la soif de profit constitue l’alpha et l’oméga de l’extraction des ressources naturelles et de leur utilisation.
Si les secteurs-clés de l’économie étaient placés sous contrôle démocratique de la collectivité, il serait possible de démocratiquement planifier l’activité économique. Ainsi, une véritable guerre pourrait être menée contre la pauvreté et pour l’élévation de l’humanité au niveau que permettrait la technique actuelle libérée de la camisole de force de l’économie de marché et de concurrence. C’est cela que nous appelons le socialisme. Actuellement, l’énergie créatrice de millions de personnes est gâchée par le chômage et la misère alors que les nécessités sociales sont gigantesques. Hôpitaux, écoles, logements sociaux, transport en commun et autres besoins de base manquent ou sont même détruits par les réductions budgétaires, tandis que des sommes faramineuses dorment sur des comptes, les capitalistes craignant comme la peste de ne pas pouvoir faire suffisamment de profit en les investissant. Une force sociale est capable de s’approprier ces moyens : la classe des travailleurs.
La classe ouvrière n’a pas disparu
Le terme suscite de grandes controverses. Pour certains, la population des pays capitalistes avancés est essentiellement composée de consommateurs, la vieille classe ouvrière aurait été annihilée et avec elle ses possibilités. C’est faux. La classe ouvrière, une catégorie sociale forcée de vendre sa force de travail puisqu’elle ne dispose pas de la propriété des moyens de production, constitue aujourd’hui une force sociale de centaines de millions de personnes. En ce 21e siècle, elle est plus puissante qu’elle ne l’a jamais été, et plus dans les pays dits développés seulement. C’est ce qu’ont illustré la grève générale de janvier au Nigeria et les deux grèves générales quasiment continentales qu’a connu l’Inde en cette première moitié de 2012.
En fait, le potentiel de la classe ouvrière n’a cessé d’être révélé ces derniers mois. Le rôle joué par l’OTAN et l’impérialisme dans la chute de Kadhafi ne peut pas occulter le soulèvement de Benghazi. Mais l’impérialisme occidental craignait surtout la contagion dans la région des exemples tunisiens et égyptiens, où la classe ouvrière avait joué un dangereux rôle indépendant en bloquant l’économie entière. Ce n’est aucunement un hasard si Ben Ali et Moubarak ont quitté le pouvoir qu’ils occupaient depuis plusieurs décennies le jour de grèves générales. Pas de hasard non plus dans le silence des médias traditionnels, eux aussi sous l’étroit contrôle du capital, à ce sujet. D’autre part, en Belgique et ailleurs, les travailleurs ont pu se rendre compte que la hargne des médias dominants ne s’étale jamais si fortement que lorsque les ‘‘syndicats dépassés’’ composés de ‘‘grévistes preneurs d’otages’’ partent en action ‘’irresponsable’’ contre ‘’l’intérêt économique du pays’’. C’est en soi également une très bonne indication de là où se trouve la grande peur de la classe dominante.
Le danger de l’électoralisme
Récemment, en Grèce ainsi qu’en France (bien que dans une moindre mesure), nous avons pu voir cette résistance s’exprimer également par le biais des urnes, ce qui est une source d’encouragement. Cela rend d’autant plus crucial d’accorder une attention particulière à la relation entre les luttes concrètes, surtout syndicales, et les élections. Au début du vingtième siècle, le militant socialiste allemand Karl Kautsky soutenait que la clé de la stratégie à adopter pour renverser le capitalisme était une “accumulation passive” de forces basée sur une non-participation gouvernementale jusqu’à atteindre la majorité électorale et pouvoir ainsi gouverner seul. Les élections sont un moyen à utiliser pour faire entendre la voix d’une alternative politique, mais cette optique unilatéralement électorale – qui a déchaîné les critiques des révolutionnaires socialistes (notamment de Lénine) mais a été à la base de l’action de la social-démocratie – fut un échec tout au long du vingtième siècle. Des éléments de cette analyse persistent toutefois parmi ceux qui considèrent comme essentiel de se concentrer uniquement sur la construction d’une force électorale.
En Égypte et en Tunisie, nombreux ont été les militants, y compris parmi la gauche dite révolutionnaire, qui ont désigné la voie électorale comme la manière de poursuivre le combat entamé avec les débuts des révolutions. Le temps laissé à leur organisation a offert un espace à la contre-révolution pour se réorganiser et a permis à une couche de la population d’être gagnée par la lassitude face au désordre social, politique et économique. Cela, les réactionnaires ont bien compris qu’ils pouvaient l’instrumentaliser. Pourtant, au moment de la chute des dictateurs, des éléments de double pouvoir étaient présents dans la situation. En Égypte, de grandes divisions étaient également apparues parmi les Frères Musulmans, sur base de contradictions sociales entre une direction définitivement pro-capitaliste et une base touchée par les revendications sociales hardies portées par le mouvement révolutionnaire.
Des comités de quartiers et de défense s’étaient organisés dans le cadre de la lutte, tout comme des comités de grève et des comités d’entreprise qui ont même été placés devant le contrôle de sites désertés par les patrons liés aux dictateurs. Sur base de ces assemblées de travailleurs et de jeunes et de la méthode de la grève générale, il était possible de commencer à poser la question d’une autre société, avec une activité politique et une production démocratiquement gérée par des comités de base coordonnés entre eux, avec l’élection de représentants révocables à tout moment et ne disposant pas de privilèges. Un tel système est à l’opposé de la sanglante caricature de socialisme que fut le stalinisme.
C’est en ce sens que la gauche aurait dû orienter ses efforts, avec audace et confiance envers les capacités révolutionnaires des masses. Trotsky, un révolutionnaire marxiste qui fut l’un des dirigeants de la révolution russe, a souligné dans son ouvrage consacré à cette révolution que ‘‘plus le prolétariat agit résolument et avec assurance, et plus il a la possibilité d’entraîner les couches intermédiaires, plus la couche dominante est isolée, plus sa démoralisation s’accentue ; et en revanche, la désagrégation des couches dirigeantes apporte de l’eau au moulin de la classe révolutionnaire.’’ Hélas, c’est une certaine timidité qui l’a provisoirement emporté, héritée des années de dictature et du poids de la pensée unique néolibérale consécutive à la chute du Mur de Berlin.
Des partis de lutte
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Le programme de transition
Aujourd’hui, la compréhension des tâches exigées par la situation de crise économique (la “conscience politique” de la classe des travailleurs) est en retard sur cette situation objective. Cela s’est déjà présenté et c’est à cet effet que Trotsky avait élaboré le Programme de transition, en tant qu’aide pour que les révolutionnaires touchent d’abord les couches de la classe ouvrière les plus politiquement avancées, puis les masses de travailleurs par la suite.
Dans ce texte écrit en 1938 en prévision de la Seconde Guerre Mondiale, on peut notamment lire que ‘‘Le chômage croissant à son tour approfondit la crise financière de l’État et affaiblit davantage le système monétaire instable’’. N’est-ce pas là une description presque parfaite de la crise qui se développe actuellement autour de la soi-disant “dette souveraine” ? Cela illustre l’extraordinaire actualité de ce texte.
Le fossé entre la situation objective qui ne fait qu’empirer et la conscience de la classe ouvrière va se refermer au cours de la prochaine période. Les événements vont dans ce sens. Au bord du gouffre, la masse des travailleurs va se retourner contre le système capitaliste, parfois sans une idée claire de ce qui pourrait être mis à la place. La route vers une conscience socialiste et révolutionnaire peut cependant être considérablement raccourcie si la classe ouvrière devait s’approprier la méthode transitoire et un programme transitoire qui lie les luttes quotidiennes à l’idée du socialisme.
Ainsi, concernant la lutte contre le chômage, le programme de transition développe la revendication de la répartition du temps de travail nécessaire en fonction des forces disponibles, avec embauches compensatoires et sans perte de salaire. Cette approche somme toute des plus logiques remet en fait puissamment en question le contrôle de l’embauche et, in fine, de la production par les capitalistes. Liée aux autres revendications du Programme de transition, notamment la nationalisation des monopoles, elle pose directement la question du contrôle et de la gestion des principaux leviers économiques par les travailleurs eux-mêmes.
Les adversaires du marxisme dépeignent les revendications transitoires comme étant “impossibles”, “utopiques”, “irréalistes”, etc. Trotsky a précisé à ce titre : “La “possibilité” ou l’ “impossibilité” de réaliser les revendications est, dans le cas présent, une question de rapport des forces, qui ne peut être résolue que par la lutte.’’ Allant un peu plus loin, il a ajouté que : “Les révolutionnaires considèrent toujours que les réformes et acquisitions ne sont qu’un sous-produit de la lutte révolutionnaire. Si nous disons que nous n’allons demander que ce qu’ils peuvent donner […] alors la classe dirigeante ne donnera qu’un dixième ou rien de ce que nous demandons. Le plus étendu et le plus militant sera l’esprit des travailleurs, le plus sera revendiqué et remporté.’’
[/box]Même si la pression vers la tenue d’assemblées constituantes sur le modèle parlementaire bourgeois était trop forte, une agitation conséquente sur ce thème de la prise du pouvoir économique et politique aurait trouvé un écho et un soutien conséquents sur lesquels un puissant outil politique aurait pu être développé. Car il reste bel et bien nécessaire pour les luttes de disposer d’un prolongement politique. Nous ne parlons pas ici d’un ramassis de politiciens, mais bien d’un instrument de combat social visant à organiser le plus grand nombre vers un même objectif. Trotsky, toujours dans son Histoire de la révolution russe, disait que ‘‘Sans organisation dirigeante, l’énergie des masses se volatiliserait comme de la vapeur non enfermée dans un cylindre à piston. Cependant le mouvement ne vient ni du cylindre ni du piston, mais de la vapeur.’’
La tâche cruciale aujourd’hui pour ceux qui aspirent à un changement de société fondamental est de construire de tels partis révolutionnaires, avec un programme qui lie les attentes quotidiennes du plus grand nombre à la lutte pour une société réellement socialiste, basée sur la propriété collective des moyens de production. Cette approche ne saurait pas directement être saisie à une échelle de masse et des partis révolutionnaires comme les sections du Comité pour une Internationale Ouvrière à travers le monde auront encore à argumenter en défense de ce point de vue avec acharnement. Mais la nécessité de s’organiser s’impose d’elle-même, de nouvelles formations politiques de gauche se développent, et elles constituent autant de laboratoires idéologiques pour les militants politiques, des lieux où les révolutionnaires peuvent participer au débat et à l’analyse de l’expérience concrète du combat politique.
En Grèce, Syriza a démontré que de telles formations larges peuvent rapidement évoluer sous la pression des évènements. Même si le programme de cette coalition de la gauche radicale comporte encore selon nous de nombreuses faiblesses, son évolution vers la gauche a été réelle ces derniers mois. Cela peut se poursuivre pour autant que le débat démocratique soit plus favorisé en son sein, afin que l’expérience et les discussions des militants de la base puissent s’épanouir et être réellement reflétées dans la politique du parti. Il est également crucial que l’activité de celui-ci soit orientée vers les luttes et qu’elle ne considère pas l’activité électorale comme le moyen unique d’assurer l’arrivée d’une autre société.
Le début d’une nouvelle ère
Le développement de la situation actuelle n’est pas linéaire, la révolution y est à l’œuvre de même que la contre-révolution. Mais les bases matérielles qui poussent à la lutte pour un changement de société restent présentes. En Égypte, lors du premier tour des élections présidentielles, le candidat le plus identifié aux idéaux de la révolution du 25 janvier 2011 a obtenu 22%, à peine 2 et 3% derrière le candidat des Frères Musulmans et celui de l’armée et sans disposer de leurs solides réseaux. De plus, les Frères Musulmans avaient perdu près de 20% des voix qu’ils avaient obtenues aux élections législatives de janvier 2012. Cela illustre, en plus du développement de nouvelles structures syndicales et des grèves, le développement de la révolution vers le reversement du système économique qui soutenait la dictature. Mais l’armée est décidée à garder son pouvoir, raison pour laquelle elle avait sacrifié Moubarak en espérant ainsi freiner la colère des masses.
Lénine disait notamment qu’une situation révolutionnaire pouvait s’épanouir quand ‘’ceux d’en bas ne veulent plus être gouvernés comme avant, et quand ceux d’en haut ne peuvent plus gouverner comme avant’’. Il ajoutait : ‘’La révolution ne surgit pas de toute situation révolutionnaire, mais seulement dans le cas où, à tous les changements objectifs énumérés vient s’ajouter un changement subjectif, à savoir la capacité pour la classe révolutionnaire de mener des actions assez vigoureuses pour briser complètement l’ancien gouvernement qui ne tombera jamais, même à une époque de crise, si on ne le fait choir’’.
Aujourd’hui, si le poids des années ‘90 est certes encore très grand en termes de recul de la conscience des masses et de faiblesse au niveau des organisations de luttes politiques et syndicales des travailleurs (notamment en raison du rôle joué par des directions syndicales qui ne croient pas en un changement de système), l’évolution peut être rapide. La sévérité de la crise économique fait tomber les masques et les occasions de construire un outil révolutionnaire de masse seront nombreuses.
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Ouverture des Jeux Olympiques de Londres
Les Jeux Olympiques de Londres commencent avec la cérémonie d’ouverture de ce vendredi 27 juillet, dont l’audience attendue est estimée à 1 milliard de personnes à travers le monde. Il ne sera pas question que de sport, loin de là. L’évènement est également marqué par une commercialisation tout bonnement crasse ainsi que par une augmentation de la répression d’Etat.
Par Manny Thain, à partir d’un article de l’hebdomadaire Socialism Today (magazine du Socialist Party d’Angleterre et du Pays de Galles)
Tout a commence par un mensonge : les jeux devaient coûter £2,4 milliards de livres sterlings (un peu plus de 3 milliards d’euros). Ce chiffre n’a jamais été crédible. Il n’incluait par exemple pas la TVA (de 20%, soit 480.000 livres, 615.000 euros) ou les dépenses de sécurité (un milliard de livres, soit 1,3 milliard d’euros). En rajoutant cela, on parvenait à 3,9 milliards de livres (5 milliards d’euros). Le budget final a toutefois réussi à atteindre la somme astronomique de 9,3 milliards de livres (12 milliards d’euros).
Il s’agit d’une véritable arnaque, une escroquerie massive pour la classe ouvrière et la classe moyenne, sur les épaules desquelles reposera l’écrasante majorité de ce coût avec les taxes directes et indirectes. Le gouvernement (grâce aux contribuables) a directement pris en charge 6,2 milliards de livres (8 milliards d’euros), le reste étant pour la plus large part issu de la loterie (c’est-à-dire une taxe indirecte sur les plus pauvres). Malgré les différentes déclarations qui avaient assuré la participation du secteur privé aux divers projets de construction, seuls 2% (!) du budget des Jeux Olympiques sont en réalité issus de fonds privés.
Le Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques d’été de 2012 à Londres (Locog, London Organising Committee of the Olympic Games and Paralympic Games) – le comité chargé de l’organisation, de la planification, du financement et du déroulement des Jeux olympiques d’été de 2012 et des Jeux paralympiques d’été de 2012 – a levé 2,1 milliards de livres supplémentaires (2,7 milliards d’euros), dont deux tiers proviennent du sponsoring assuré par le monde des affaires et du Grand Capital. Le Locog a reçu une contribution du Comité Olympique International (CIO), le reste provient de la vente de tiquets et du merchandising, c’est-à-dire de nos poches, encore une fois. Le Locog a à sa tête Lord Sebastian Coe, ancien athlète de haut niveau, ancien député conservateur, ambassadeur pour la multinationale Nike et multimillionnaire.
Les Sponsors
Les principaux sponsors du Comité International Olympique ont chacun payé 60 millions de livres (77 millions d’euros) pour des contrats de 10 ans. Comme il en va de soi sous le système capitaliste, ils ont reçu en échange des pouvoirs proprement colossaux. Il est ainsi interdit à ceux qui ne sont pas sponsors officiels d’utiliser le mot ‘Olympique’, le symbole des 5 anneaux ou encore la devise des Jeux Olympiques. C’est assez ironique dans le cadre d’un évènement basé sur la compétition…
Afin de protéger les droits des compagnies de diffusion, les spectateurs ne sont pas autorisés de publier sur YouTube ou sur les médias sociaux des images des compétitions ou de l’intérieur du village olympique. Twitter bloquera tous les commentaries qui utilisent des termes comme ‘‘#London2012’’ et même les athlètes eux-mêmes n’ont pas le droit de publier des vidéos ou des commentaires audio de leurs propres performances ! Il faudra encore voir avec quelle rigueur seront appliqués ces lois, mais les indications reçues avant le commencement de ces Jeux donnent clairement l’impression que les autorités ne vont pas rigoler.
Le journal ‘‘The Guardian’’ a reporté que sur les 80.000 sièges disponibles pour la finale du 100m hommes, seuls 29.000 (36%) iront au public. Pour les finales du vélodrome, 2.500 places iront au public sur 6.000. Il est toutefois encore possible d’avoir un ticket en passant par les réseaux officieux des 54 pays qui seront représentés à ces jeux, source d’un gigantesque marché noir. Le Comité International Olympique a bien été forcé de dire qu’il y aurait des enquêtes à ce sujet. Cela illustre le caractère pourri de l’administration des Jeux, dirigée par une petite clique à son sommet, avec des méthodes de clique élitiste.
La ‘‘famille Olympique’’
Le traitement préférentiel des 70.000 membres de la ‘‘famille Olympique’’ – représentants officiels, athlètes, médias, etc. – ne s’arrête pas là.
C’est une chose d’assurer que les athlètes soient bien traités. Eux, au moins, ont vraiment un rôle à jouer dans ces Jeux. Mais c’en est une autre de dérouler le tapis rouge pour la horde des bureaucrates et dirigeants politiques, dont des représentants de régimes parmi les plus oppressifs au monde. Il y aura au moins une centaine de journées de grosses perturbations du trafic dans les rues de Londres, puisque de larges bandes sont exclusivement réservées à l’usage des Jeux.
On pourrait croire que l’organisation des Jeux aurait été une bonne base pour relancer l’activité sportive dans le pays, mais il n’en est rien. Le gouvernement avait pour objectif d’augmenter le nombre de personnes faisant régulièrement du sport de un million d’ici 2013, mais ce but a été abandonné. Le nombre de nageurs réguliers pour les années 2010-11 représente une chute de 435.000 par rapport à 2007-08 (les données sont similaires pour le tennis, le football et le rugby). Parmi les jeunes âgés de 16 à 19 ans, le nombre de sportifs a diminué de plus de 100.000 personnes sur ce même laps de temps (pour ne plus représenter que 825.900 jeunes à travers tout le Royaume-Uni).
La coalition au pouvoir (une alliance des conservateurs et des libéraux-démocrates) a repris le flambeau des mains du parti travailliste en ce qui concerne la destruction de la politique sportive dans les écoles. Depuis 2004, le budget pour les activités scolaires sportives a diminué de 216 millions de livres (277 millions d’euros) jusqu’à 35 millions (45 millions d’euros). Environ 3.400 entraîneurs ont été licenciés dans le pays, et les subventions de 1.300 terrains ont été supprimées.
Le gouvernement a également supprimé des facilités pour les personnes connaissant des limitations (handicap mental ou physique), contrairement aux promesses qui parlaient d’augmenter la facilité d’accès du sports pour ces couches spécifiques. Pour l’instant, 18% des adultes handicapés ont des activités physiques régulières de plus de 30 minutes par semaine, contre 38% de la population adulte globale.
Des jeux éthiques ?
Le ministère britannique du travail et des pensions a signé un contrat avec la société AtoS Healthcare, filiale d’AtoS Consulting, pour évaluer les capacités de travail de personnes handicapées bénéficiant d’allocations d’invalidité. Ces évaluations sont très controversées. Il est notamment reproché à cette entreprise d’avoir conclu à la capacité de travailler de malades en phase terminale ou de personnes lourdement handicapées. Des milliers de personnes se sont retrouvées sans moyen à cause de cette Enterprise qui est un sponsor majeur des Jeux Paralympiques. Ces Jeux de Londres étaient censés être les plus éthiques jamais organisés. Le journal ‘‘The Independent’’ (du 6 mai 2012) a toutefois rapporté d’autres faits qui entachent gravement ces Jeux.
Le journal cite notamment divers exemples de mauvais traitements dans des entreprises des Philippines et de Chine travaillant pour Adidas ou encore dans les usines de Next au sein de la zone de libre-échange du Sri Lanka. Aucune de ces entreprises n’autorise d’organisation syndicale. Dow Chemicals est un sponsor officiel des Jeux Olympiques de Londres (et a payé 63 millions de livres). Dow continue de refuser de reconnaître la moindre responsabilité dans la catastrophe de Bhopal (en Inde) en 1984. Cette catastrophe avait coûté la vie à 20.000 personnes et en avait blessé des centaines de milliers. Des procès intenté à la multinationale par des victimes sont toujours en cours aux USA et en Inde. Le Parc Olympique a également été l’objet de nombreuses protestations de la part de travailleurs du secteur de la construction, car les syndicats étaient dans les faits écartés du site.
Un des héritages de ces Jeux sera l’accroissement des pouvoirs de répression de l’Etat. L’opération de sécurité derrière ces Jeux a atteint une ampleur jamais vue depuis la fin de la seconde guerre mondiale dans le Royaume-Uni. Au côté des 13.500 soldats et des milliers d’officiers de police se trouvent également 48.000 agents de sécurité privés. La société G4S en a entraîné 23.700 pour un contrat de 284 millions de livres (365 millions d’euros). Les Jeux vont servir à accroître la privatisation des services de sécurité, ce qui aura des conséquences désastreuses pour les collectivités locales.
Le soutien public était considéré comme important pour accordé les divers contrats de construction. Une commission de l’organisation des jeux présidée (l’Olympic Bidding Committee, OBC), preside par Lord Coe, a donc demandé l’implication du Telco (The East London Communities Organisation, l’Organisation des communautés de l’est de Londres, devenue depuis ‘‘London Citizens’’). Regroupant environ 80 groupes locaux et groupes religieux, Telco avait un certain poids. L’association a dressé un accord éthique qui impliquait la construction de logements abordables pour la population, d’infrastructures éducatives et de santé, ainsi que la création d’emplois au salaire en vigueur à Londres. L’accord a été signé en 2004 par Lord Coe, Ken Livingstone (qui était maire de Londres à l’époque) et par le travailliste John Biggs, à la tête de l’agence de développement londonienne.
Mais, en 2006, une nouvelle structure a été crée : l’Olympic Delivery Authority (ODA), qui a pour charge de s’occuper de se qui adviendra après les Jeux Olympiques. L’ODA a refusé de rencontré le Telco et de reconnaître l’accord conclu sous le prétexte que l’ODA n’existait pas à sa signature !
La collectivité, trahie par l’organisation des Jeux, a par contre dû passer à la caisse pour renflouer les projets immobiliers liés aux Jeux suite au déclenchement de la crise économique. Alors que le gouvernement travailliste de l’époque préparait 50 milliards de livres (64 milliards d’euros) pour partiellement nationaliser les banques, 5,9 milliards de livres (7,6 milliards d’euros) d’argent public ont été injectés dans le projet olympique afin de le renflouer. Encore une fois, l’argent des contribuables a été utilisé pour aider des compagnies de construction parmi les plus riches au monde.
Ce Parc Olympique n’est même pas destine à être un parc public après la tenue des Jeux. Une société a été créée, l’Olympic Park Legacy Company (OPLC), qui gèrera ce parc et a déjà prévu de revendre différentes parties à plusieurs consortium, dont un dirigé par la famille royale du Qatar.
Encore une fois au bénéfice du privé
Cet OPLC devra être remplacé par la London Legacy Development Corporation (LLDC), dont les pouvoirs seront bien plus nombreux et étendus. Cela signifie qu’une bonne partie de l’est de Londres sera gérée par le privé, hors de tout contrôle des autorités locales. Il est officiellement question de créer 11.000 logements sur le terrain du Parc Olympique, dont 35% sont supposés être ‘abordables’. Comment cela se matérialisera-t-il ? Rien n’est moins clair. Le gouvernement a par ailleurs décidé en avril d’autoriser que le loyer de ces ‘logements sociaux’ pourraient atteindre 80% du loyer moyen sur le marché privé. Cette augmentation du loyer est énorme.
Dans cette région de l’est de Londres se trouve le quartier de Newham, où près de la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté. 70% des enfants y sont membres de familles à faibles revenus. 32.000 personnes sont sur la liste d’attente pour obtenir un logement social. Ces gens n’auront d’autre choix que de se tourner vers le secteur privé. Mais les nouveaux logements qui seront construits par les entreprises privées sur les terrains actuellement occupés par les Jeux seront hors de portées de tous ces gens.
Les Jeux Olympiques et Paralympiques devraient être l’occasion de célébrer la vitesse, la force, l’agilité et la vitesse d’esprit. Cela devrait être une gigantesque expérience collective réunissant des athlètes et des (télé)spectateurs de partout à travers le monde. Mais le système capitaliste ne réfléchit qu’en termes de profit à court terme. Pour les multinationales, ces Jeux ne sont qu’une immense opportunité d’amasser encore plus d’argent, avec la complicité de cet establishment politique pourri.
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Economie mondiale : où est passée la fin du tunnel ?
Le Président français Nicolas Sarkozy disait ce début d’année ‘‘l’année 2012 ne sera pas une ballade dans le parc’’. Le FMI a prévenu lors de la parution de ses perspectives pour l’économie mondiale que ‘‘la reprise mondiale est menacée par les tensions grandissantes à l’oeuvre dans la zone euro et les fragilités qu’accusent les autres régions. Les conditions financières se détériorent, les perspectives de croissance s’assombrissent et les risques baissiers s’intensifient…’’ Ces dernières semaines, avec l’allègement de dette grecque, la bourgeoisie et ses commentateurs ont repris des couleurs, mais qu’en est il réellement ?
Par Alain (Namur)
Il est clair que la zone euro subira un ralentissement économique de l’ordre de -0,5%. Même si les politiciens européens présentent cela comme un faible ralentissement, cela vient s’ajouter à 2 années d’austérité qui ont déjà détruit des millions de vie en Europe. En Espagne, environ 46% des 16-24 ans sont au chômage. En Grèce, l’économie subira un ralentissement de 4,5% cette année, après avoir déjà subi 5 années de récession…
La Chine et l’ensemble des pays émergent ne sont pas non plus épargnés par le ralentissement de l’économie mondiale : après une croissance de 10,4% en 2010 et de 9,2% en 2011, l’économie chinoise ne progressera que de 8,2% en 2012. L’Inde qui affichait un taux de croissance de 9,9% en 2010 et de 7,4% en 2011, ne progressera que de 7,0% en 2012.
Dans le secteur manufacturier, toutes les grosses entreprises accusent le coup. ArcelorMittal, après avoir annoncé l’arrêt de la phase à chaud de Liège, a ensuite fait la même annonce à Florange (France) et à Belval (Luxembourg). Dans le secteur automobile, Sergio Marchionne, le directeur de Fiat, déclarait dans le figaro qu’il était nécessaire de réduire la production de voiture de 20% en Europe. Il ajoutait même ‘‘nous n’avons pas le choix […] ce sera douloureux pendant 12 mois, mais faisons le !’’
Même si le spectre du défaut de paiement de la Grèce – et donc d’une crise financière généralisée – s’éloigne temporairement, les capitalistes n’ont pas encore réussit à assainir leurs institutions financières. Pour un pays comme la Belgique, l’ensemble des garanties et des prêts accordés au secteur s’élève à 137,85% du PIB soit 510,603 milliards d’euros. En cas de crise, si l’Etat doit activer l’une ou l’autre garantie, l’avalanche d’austérité que subi actuellement le pays ne fera qu’amplifier. Dans ces conditions, les capitalistes n’ont aucune chance de relancer l’économie de manière durable tout en diminuant le chômage et en garantissant un bon salaire et un bon niveau de protection sociale. Il faut dès à présent s’organiser pour proposer une alternative à ce système qui ne pourra se redresser qu’en nous écrasant.
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Le capitalisme a continué à aggraver la situation des femmes
Rejoignez la lutte pour une alternative socialiste
La journée internationale de la Femme est un événement annuel célébré le 8 mars partout dans le monde. Il offre l’occasion de mettre en avant la triste situation pour les femmes du monde et de réaffirmer la manière dont nous pourrons en sortir, tout en célébrant la contribution héroïque des femmes à la lutte des travailleurs contre les divers maux engendrés par le capitalisme. Bien que cette journée tire sa source des luttes des femmes américaines du 19ème siècle pour de meilleures conditions de travail et un salaire égal, elle est par la suite devenue une journée internationale de la Femme sur base d’une résolution des femmes socialistes de la Seconde Internationale lors d’une conférence en 1910. Les Nations-Unies célèbrent depuis 1975 cette journée chaque année en tant que journée des Nations-Unies pour les droits de la Femme et pour la paix dans le monde, dans un effort évident de détourner l’attention des véritables problèmes auxquels sont confrontées les femmes.
Par Seun Ogunniyi, Democratic Socialist Movement
Le thème de cette année, selon les Nations-Unies, est “L’autonomisation des femmes rurales : mettre un terme à la faim et à la pauvreté”. De la part d’un organe aussi procapitaliste que les Nations-Unies, il ne s’agit là de rien d’autre qu’un discours “langue de bois”.
Il est totalement utopique de vouloir mettre un terme à la faim et à la pauvreté sur base du système capitaliste soutenu par les Nations-Unies, pour qui seuls comptent le profit. De telles déclarations hypocrites ne manquent pas chez cette agence du capitalisme mondial. Par exemple, il y a la Déclaration universelle des droits de l’Homme, qui défend certains droits sociaux et économiques tels que le droit fondamental de chaque enfant à recevoir une éducation quel que soit son genre. Mais sur base de la politique capitaliste néolibérale de commercialisation et de privatisation de l’enseignement, qui conduit à un enseignement payant, l’enseignement est un droit souvent hors de portée des pauvres. Le problème de la faim et de la pauvreté ne provient pas du manque de ressources pour le résoudre. De fait, les progrès de la science et de la technologie ont fait en sorte qu’il est dès aujourd’hui possible de reléguer la pauvreté et la faim au rang de mauvais souvenirs. Mais cela est impossible à cause du capitalisme, qui défend les profits de quelques-uns aux frais de la survie de l’humanité.
Ceci explique également pourquoi au Nigéria, malgré les immenses ressources humaines et naturelles dont dispose ce pays, la misère est une expérience quotidienne pour la vaste majorité de la population. Même Sanusi Lamido, le gouverneur de la Banque centrale du Nigéria, estime la proportion de la population qui vit sous le seuil de pauvreté à 70%. Cependant, les maux du capitalisme affectent les femmes de manière disproportionnée comparée aux hommes. Les femmes portent un double fardeau du fait de limitations culturelles et économiques. Cela n’est pas le propre du Nigéria, mais est un phénomène global qui résulte du capitalisme et de la nature patriarcale de la société. La femme subit comme tout le monde la soif de profit du capitalisme, mais son fardeau est alourdi du fait du patriarcat qui attribue dans la société les rôles supérieurs aux hommes, et subordonne la femme aux caprices des hommes. Cette fracture se retrouve à tous les niveaux de la vie sociale.
Enseignement
Les statistiques des Nations-Unies et autres montrent constamment que le taux d’analphabétisme est plus élevé parmi les femmes que parmi les hommes. On estime à 65 millions le nombre de filles dans le monde qui ne vont pas à l’école, dont une bonne partie provient d’Afrique de l’Ouest. Au nord du Nigéria, le nombre d’enfants qui ne vont pas à l’école est très élevé, et la proportion de filles par rapport aux garçons à l’école est d’une fille pour deux garçons. Bien entendu, cela provient de pratiques culturelles et de croyances qui considèrent le genre féminin comme inférieur au masculin. De plus, confrontés aux choix de devoir envoyer soit leur fils, soit leur fille à l’école en raison de contraintes financières ou d’un accès difficile, il est plus probable que les parents sacrifient leur fille. Cela n’aurait pas été le cas s’il y avait un système d’enseignement public correctement financé qui garantisse un enseignement gratuit et de qualité à chaque enfant quel que soit son genre.
Trafic d’enfants pour le travail et la prostitution
La demande en petites filles capables de servir à la maison est très élevée dans diverses régions du pays, surtout à cause de la mentalité, issue des rôles sociétalement attribués à chaque genre, selon laquelle elles seront plus aptes à accomplir les tâches domestiques que les garçons. De plus, à cause de la pauvreté dans le pays, certains parents considèrent comme un moyen de se délivrer du “fardeau de l’éducation des enfants” le fait de donner leurs enfants à des membres de leur famille, voire à des inconnus. Dans de telles situations, c’est même souvent de bon cœur qu’ils abandonnent leur fille. Dans la plupart des cas, l’argent issu de ce trafic est utilisé pour permettre l’accès à l’école à leurs autres enfants (souvent des garçons). Parfois, de tels enfants se voient contraints de se prostituer.
Santé
La condition de la femme ne s’améliore pas lorsqu’elle devient adulte. La femme au Nigéria souffre énormément de la piètre situation des soins de santé. Cela est pire encore dans les zones rurales, où les centres de santé sont inadéquats et fonctionnent avec peu de personnel. Par exemple, les femmes au Nigéria souffrent de toute une série de complications lors de la gestation et de l’accouchement. Selon le Centre de recherche et d’action pour la santé féminine (Women Health and Action Research), le taux de mortalité des mères au Nigéria est de 608 pour 100 000, ce qui est le deuxième pire taux au monde après l’Inde.
Riposte
Mais les femmes du Nigéria ne se résignent pas à l’idée qu’elles ne peuvent pas améliorer leur situation. Au fil des années, les femmes ont toujours répondu au défi de la lutte pour une meilleure société, depuis les émeutes des femmes d’Aba en 1929, jusqu’à la récente grève générale qui a été la plus grande de l’histoire de notre pays.
La hausse du prix du pétrole, qui est passé le 1er janvier 2012 de 65 à 141 nairas le litre, déguisé sous la forme d’une suppression des subsides par le gouvernement Jonathan, a déclenché une grève générale de six jours de même que des manifestations de masse qui ont vu des millions de Nigérians descendre dans les rues. L’économie a été dans les faits complètement bloquée. Les magasins, les écoles, les banques et l’industrie ont été fermés, ce qui a selon Afrinvest West Africa Ltd. mené le gouvernement nigérian à perdre près de 1,94 trillions de nairas (3,1 milliards de dollars)
Le fait le plus saillant dans ce mouvement a été le rôle des femmes dans les manifestations qui ont éclaté dans quasi chaque partie du pays. Les femmes ont complètement démonté le mythe selon lequel les femmes africaines ne sont que des observatrices passives de leur propre histoire. Par exemple, à Kano, des femmes vêtues de hijab occupaient la “place de la Liberté” aux côtés des hommes. Dans d’autres parties du pays, des militantes ont rejoint les hommes dans l’organisation des manifestations, et on pouvait les voir à l’avant des colonnes avec leurs propres banderoles et pancartes, portant divers slogans visant à dénoncer les attaques néolibérales sur leurs conditions de vie.
Dans les usines des états de Lagos et d’Ogun, nous avons vu de jeunes femmes jouer un rôle actif partout où il y avait des luttes pour de meilleurs salaires et de meilleures conditions de travail. Dans le delta du fleuve Niger, des femmes ont joué des rôles actifs dans la lutte contre la dégradation environnementale provoquée par l’exploitation pétrolière de la région.
Une alternative socialiste
Tout comme cela a été le cas pour l’ensemble du mouvement des travailleurs, les luttes des femmes n’ont pu arracher que des concessions et des gains temporaires. Par conséquent, ce qu’il faut est une solution permanente, qui ne pourra jamais être garantie sous ce système capitaliste d’exploitation et de profit. Cela ne veut pas dire que nous devons cesser la lutte pour des progrès. Au contraire, nous devons poursuivre l’agitation en faveur de l’égalité des chances, d’un enseignement et de soins de santé gratuits et de qualité, d’emplois et de logements décents et pour tous, etc. Cependant, les gains temporaires qui peuvent être obtenus sous le capitalisme grâce aux luttes de masse des masses opprimées ne pourront devenir permanents que via une reconstruction socialiste de la société, qui permettrait de changer la base de la production afin de satisfaire les besoins de la société et non l’avidité et la soif de profits de quelques-uns, en plus de mettre un terme à toute forme d’oppression et d’exploitation.
Tout en célébrant la journée internationale de la Femme, nous, membres du Democratic Socialist Movement (DSM), nous dévouons à la construction d’une formidable alternative politique des travailleurs basée sur un programme socialiste, qui lutte pour émanciper les femmes travailleuses pauvres en même temps que toutes les autres sections exploitées de la société, et afin de placer les ressources de la société au bénéfice de tout un chacun. Nous appelons toutes les femmes, tous les jeunes et tous les travailleurs à rejoindre le DSM dès aujourd’hui.
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Sauvons le climat, pas leurs profits !
3 décembre, 14h, Bruxelles-Nord. Manifestation Climat
Il n’y a à nouveau guère de choses à attendre du prochain sommet de l’ONU sur le climat, qui se tient début décembre à Durban. Deux ans après le sommet de Copenhague, nous aurons l’occasion d’entendre les mêmes belles paroles, peut-être mêmes quelques nouvelles promesses. Mais aucun changement véritable ne sera discuté. Malgré tous les sommets climatiques et les traités du type du Protocole de Kyoto, il n’y a jamais eu autant de CO2 qu’en 2010
En 2010, 512 millions de tonnes de CO2 de plus ont été émises en comparaison de l’année 2009. Même les prévisions les plus négatives du Groupe Intergouvernemental d’Experts sur le Climat (GIEC) de 2007 ont été dépassées. Le GIEC parle d’une augmentation de la température moyenne mondiale de 2,4 à 6,4 degrés d’ici la fin du siècle, avec en conséquence une augmentation proprement vertigineuse des catastrophes naturelles.
Le changement climatique et le réchauffement global se reflètent dans l’accroissement de conditions météorologiques extrêmes. Le GIEC l’a encore confirme dans son nouveau rapport. Partout, on peut remarquer que quelque chose ne va pas avec le climat : hiver plus rude, inondations, sécheresses,… constituent de plus en plus la norme à laquelle il faut s’adapter.
Chez nous, cela va encore, mais les inondations se succèdent en Asie et ont provoqué des centaines de morts dans des pays extrêmement pauvres comme le Pakistan, l’Inde et la Thaïlande. En Afrique du Nord, la sécheresse croissante menace de famine des centaines de milliers de personnes. Ailleurs, les ouragans se font plus réguliers.
Le climat est bien trop important que pour laisser son avenir aux mains des dirigeants actuels du monde. Ces derniers ont largement démontré qu’ils n’ont aucune solution, et qu’ils sont bloqués par la défense de leur système économique. Si le capitalisme est incapable d’assurer l’avenir de notre planète, la conclusion logique est de mettre un terme à ce système. Le contrôle démocratique de l’organisation de la production par les travailleurs et la collectivité est la seule manière de garantir que les ressources disponibles soient utilisées de façon rationnelle et planifiée. Ce système, c’est ce que nous appelons le socialisme démocratique. De plus, le fait que les moyens de productions soient placés dans les mains de la collectivité permettrait de suffisamment investir dans le développement de réponses écologiques.