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Tag: Inde
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Inde. Un mouvement héroïque d’agriculteurs impose des concessions au gouvernement

Photo : Wikimedia Commons Le Premier ministre indien Modi, du parti de droite conservateur BJP, a annoncé de manière inattendue l’abrogation de trois lois contestées réorganisant l’agriculture. Les trois lois étaient en suspens suite à une décision de la Cour suprême. À l’approche des élections dans l’Uttar Pradesh, l’État le plus peuplé de l’Inde actuellement dirigé par le BJP, et face à une contestation sociale croissante, le gouvernement a choisi d’abroger les trois lois. Cela montre le potentiel d’une protestation déterminée des agriculteurs, soutenue par une large solidarité de la classe ouvrière. Voici une réaction de Nawaz, notre correspondant en Inde.
Après près d’un an de protestation des agriculteurs – leur plus grande mobilisation en Inde depuis plus d’un demi-siècle ! – le gouvernement autoritaire de droite de Narendra Modi a finalement cédé aux exigences des agriculteurs…
Cette réalisation capitale illustre quel est le pouvoir de la lutte et l’effet que peut avoir un mouvement à grande échelle. Masi il faut toutefois reconnaitre que ces réalisations ont leurs limites.
Cette victoire a été obtenue de haute lutte. Plus de 750 agriculteurs ont perdu la vie durant ce combat. Leurs familles attendent toujours une justice qu’elles espèrent peu. À l’approche de l’une des élections législatives d’Etat les plus polarisées et les plus importantes, le gouvernement a tenté de séduire les électeurs, mais les agriculteurs sont restés inflexibles. L’érosion de leur niveau de vie depuis des décennies nécessite non seulement l’arrêt des attaques contre ce secteur, mais aussi une réorganisation complète de l’agriculture et de l’approvisionnement alimentaire.
Les médias de droite mis à mal
Pendant des mois, les médias indiens, totalement partiaux et orientés à droite, ont bombardé le public d’allégations sans fin et sans fondement par le biais de leur propagande diffusée 24 heures sur 24. Ils tentaient de détourner la responsabilité du gouvernement mais leurs manœuvres se sont retournées contre eux.
Après les événements du Jour de la République à Delhi, ces médias ont qualifié les agriculteurs de “Khalistani” (séparatistes sikhs) ou d’extrémistes religieux. Ils ont essayé d’affaiblir la solidarité de classe qui se développait et le soutien d’autres couches de la société à la cause des agriculteurs. À leur grande déception, tout cela a été vain. Dans une démonstration totale d’hypocrisie et en désespoir de cause, ces mêmes chaînes de droite retirent de Youtube leurs vidéos précédemment postées. Cela démontre toute la mollesse des médias en Inde et la mesure dans laquelle ils ont vendu l’âme du journalisme indien à la classe dirigeante.
Respect de la volonté du peuple ou opportunisme pour des gains politiques ?
Cette hypocrisie flagrante ne concerne pas seulement les médias, mais aussi le gouvernement. De nombreux partisans de Modi ont présenté ce dernier comme le “tribun du peuple” après qu’il ait abrogé les lois contestées. Pourtant, Modi reste sourd aux cris des familles des agriculteurs qui ont perdu la vie à cause de la violence policière soutenue par l’État.
Il ne faut pas non plus oublier que cette victoire n’a pas été donnée aux agriculteurs par sympathie, elle a été gagnée par leurs sacrifices. Le fait que le BJP (le parti de droite nationaliste hindou de Modi) tente de cacher ce fait est une preuve de sa vulnérabilité. La principale raison pour laquelle Modi a décidé de retirer les lois agricoles est que les élections de l’assemblée législative de l’Uttar Pradesh auront lieu dans trois mois et que le BJP au pouvoir est à la traîne dans les sondages. L’Uttar Pradesh est l’État indien le plus peuplé et, avec plus de 80 sièges au Parlement, le plus important sur le plan politique. Des élections sont également prévues au Pendjab, où le BJP est traditionnellement très faible. Le mouvement des agriculteurs a joué un rôle majeur dans ces deux États.
Les agriculteurs restent fermes
Le gouvernement a sous-estimé les agriculteurs il y a un an et il continue à le faire aujourd’hui. Il s’attend à ce que les agriculteurs ne soient pas conscients de ses intentions politiques cachées. Les agriculteurs ont décidé d’aller de l’avant avec leur grève générale nationale prévue pour la semaine prochaine (cet article a initialement été publié le 26 novembre sur internationalsocialist.net, NdT). Au grand désespoir du gouvernement, on s’attend à ce que des foules immenses viennent soutenir les agriculteurs, inspirées par le fait que le gouvernement commence à plier sous la pression politique.
Les syndicats prévoient des manifestations dans tout le pays le 26 novembre et une grève générale de deux jours en 2022 lors de l’examen du budget fédéral. Les agriculteurs participeront à ces actions. On s’attend à ce qu’ils fassent pression sur le gouvernement pour qu’il accepte leurs demandes restantes, comme déclarer le MSP (Minimum Support Price) comme une monnaie légale et rendre justice aux 750 agriculteurs morts lors des manifestations. Cette action devrait avoir un impact profond sur les prochaines élections d’État qui doivent avoir lieu dans les États dominés par l’agriculture.
L’avenir du mouvement
L’une des forces de ce mouvement, dont beaucoup d’autres peuvent s’inspirer, est la détermination avec laquelle la manifestation a été menée pendant des mois. Même dans les moments difficiles (chaleur extrême, Covid19, violence de la droite…), la protestation a continué. Même après l’annonce par Modi de l’abrogation des trois lois, les organisations d’agriculteurs ont continué à appeler à manifester. Une telle persévérance dans la lutte est importante : elle montre aux masses que la lutte est prise au sérieux. Et elle donne des résultats.
Associée à un plan d’action allant crescendo et visant explicitement à mobiliser des sections plus larges de la population, en particulier le soutien de la classe ouvrière, et doté d’un programme politique de changement de système, cela conduirait à davantage de victoires. L’abrogation des trois lois peut renforcer la grève générale annoncée des syndicats. Elle établit l’idée que la lutte est payante, même contre un gouvernement particulièrement réactionnaire. Cela montre toute l’importance d’un mouvement déterminé.
Alors que le mouvement des agriculteurs a tendance à être centré sur ses propres revendications, la large solidarité de la classe ouvrière a renforcé la protestation. Inversement, la protestation des agriculteurs a inspiré la grève générale de décembre 2020. Avec l’agitation sociale à nouveau en hausse, résultat des politiques ratées de Modi sur tous les fronts (approche mortifère de la pandémie, crise énergétique, problèmes sociaux croissants), la clé sera de renforcer cette solidarité avec un programme de transformation socialiste de la société. Tant que le capitalisme survivra et que la classe dirigeante restera au pouvoir, elle continuera à nous opprimer.
Un monde différent est possible, et une alternative existe. Dans une économie socialiste planifiée démocratiquement, les agriculteurs et les autres travailleurs auront la liberté de gérer le système pour le bien commun grâce à un système reposant sur les besoins du peuple. Cette victoire des agriculteurs est une petite, mais importante bataille remportée dans la longue guerre contre le capitalisme. Nous, les travailleurs, devons nous unir dans la lutte, en utilisant des mouvements comme celui-ci comme exemple pour renverser la tyrannie du capitalisme et libérer les masses.
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Inde : Suspension de lois antisociales suite aux mobilisations paysannes, mais la lutte continue

Camp de protestation sur une route menant à Delhi. Photo : Wikimedia Commons La Cour suprême indienne a décidé de suspendre les lois agricoles contestées du gouvernement BJP suite à l’énorme pression sociale exercée pour faire reculer la libéralisation de l’agriculture. Les masses paysannes ne sont cependant pas dupes : la suspension ne suffit pas, ces lois doivent complètement disparaître.
Par Geert Cool
Les mobilisations ont débuté en septembre dernier après que le gouvernement ait adopté diverses lois visant à libéraliser le secteur agricole. Ce mouvement s’est bien organisé et dure déjà depuis des mois, avec notamment des occupations, dont celle des routes qui permettent habituellement d’enter à Delhi après que l’entrée de la capitale elle-même ait été occupée avant de faire face à la répression. Les mobilisations paysannes ont sans nul doute renforcé l’élan vers la grève générale du 26 novembre dernier à laquelle 250 millions de travailleurs ont participé malgré les restrictions liées à la crise sanitaire. Le soutien aux mobilisations paysannes n’a cessé de croître ces dernières semaines. Même l’aile paysanne du RSS, les milices nationalistes hindoues qui exercent un grand contrôle sur le BJP, a été obligée de soutenir la protestation anti-gouvernementale. Dans l’Etat du Madhya Pradesh, le Bharatiya Kisan Sangh (BKS), qui est affilié au RSS, a organisé sa propre manifestation avec 10.000 personnes présentes.
La décision de la Cour suprême est intervenue à la suite du dépôt de plusieurs pétitions. Cette décision accroit la pression sur le BJP au pouvoir. Il ne s’agit que d’une suspension temporaire jusqu’à ce qu’un groupe de quatre experts trouve une « solution » au conflit en cours par la médiation. Cela souligne le manque de consultation lors de l’adoption des lois. Le BJP affirme qu’il a suffisamment négocié avec les organisations paysannes et que les lois résultent de deux décennies de préparation. Les organisations paysannes rejettent l’argumentation. Un grand défilé de tracteurs est prévu ce 26 janvier, jour de la fête nationale. La poursuite des mobilisations est importante, ce serait une erreur de s’en remettre à des experts nommés par un tribunal politiquement désigné. Les organisations paysannes ont fait remarquer à juste titre que ces quatre experts s’étaient déjà favorablement prononcés en faveur de ces lois agricoles !
Les armes les plus puissantes des agriculteurs sont leur propre détermination et le soutien plus large dont ils bénéficient au sein de la population. Leur détermination se reflète dans les manifestations qui se déroulent depuis des semaines, notamment à Delhi où le froid hivernal et la pluie ont déjà causé des dizaines de morts. L’extension des mobilisations paysannes dans tout le pays et la sympathie des travailleurs à leur égard témoignent de ce soutien. Les enjeux de la lutte sont largement compris : même en dehors du secteur agricole lui-même, les conséquences de la libéralisation et de l’ouverture des marchés sont clairement perçues. Des entreprises comme Amazon sont en plein essor et maintenant Tesla veut elle aussi s’implanter en Inde. Le gouvernement BJP mène une politique de privatisation et de déréglementation du marché du travail, ce qui rend l’Inde encore plus intéressante pour les patrons des entreprises locales et internationales. Une petite élite en récolte les fruits : fin 2020, le club des milliardaires a augmenté de dix à 90 personnes, avec une richesse combinée de 483 milliards de dollars, soit 33 % de plus qu’un an plus tôt.
Pour mettre fin aux mobilisations paysannes, le gouvernement a cédé face à quelques demandes de moindre importance. Mais les éléments centraux demeurent : l’abolition des ventes réglementées et des seuils de prix minimums. Le gouvernement nie que les seuils de prix minimums seraient impactés par les nouvelles mesures, mais les agriculteurs affirment à juste titre que la libéralisation du marché entraînera également la fin de cette protection. Le problème n’est pas tant le manque de consultation, mais plutôt la question de savoir dans quelle direction les négociations sont possibles. Pour le BJP, les négociations doivent aboutir à l’acceptation de la politique de libéralisation préparée et mise en œuvre depuis 20 ans. Pour les agriculteurs, cela n’est pas possible : cela va à l’encontre de leur revendication élémentaire d’un revenu décent et du respect correspondant pour leur travail.
Tant que la mobilisation poursuit son essor, les tentatives du gouvernement de créer des divisions, y compris sur base de la question nationale, sont vouées à l’échec. Pour obtenir la victoire, un front des paysans et des travailleurs est nécessaire. Qu’attendent donc les syndicats indiens pour soutenir leurs frères et sœurs des campagnes par des actions de grève ? Si l’abrogation pure et simple des lois agricoles était à l’ordre du jour, cela placerait directement le mouvement ouvrier lui-même dans une position beaucoup plus favorable pour résister aux attaques contre les conditions et les conditions de vie des travailleurs.
Les quatre experts de la Cour suprême ont annoncé qu’ils soumettront un rapport dans les deux mois. D’ici là, la question risque de rester bloquée. Dans le même temps, les masses paysannes doivent démontrer qu’elles sont capables de maintenir leur mouvement sur une plus longue période. La journée d’action du 26 janvier ne doit pas être un point final. Un appel à des actions de masse le 26 janvier, associé à un appel à de nouvelles grèves autour des revendications des travailleurs et des agriculteurs, peut renforcer le mouvement. Des comités d’action conjoints composés de travailleurs et d’agriculteurs peuvent coordonner la lutte. Une telle coordination est également nécessaire pour élaborer une plate-forme de revendications et une approche qui permette de mettre fin non seulement aux attaques actuelles contre les agriculteurs et les travailleurs, mais aussi à l’ensemble de la politique des dernières décennies.
Sur fond de terrible crise sanitaire et d’une économie chancelante aux sombres perspectives, le gouvernement BJP jouera encore plus la carte du chauvinisme hindou et de la division. Ses politiques antisociales et son nationalisme vont de pair. Comme l’auteur Arundhati Roy l’a noté dans son dernier livre “Azadi”, “les évangélistes économiques néolibéraux et les nationalistes hindous sont arrivés en ville sur le même cheval – un cheval safran flamboyant dont l’emblème est le signe du dollar”. Le meilleur moyen de surmonter les divisions propagées par les nationalistes hindous est l’action unifiée des ouvriers et des paysans dans les différents États de l’Inde.
Cette lutte s’oppose à ce que le capitalisme a à offrir aux paysans et aux travailleurs indiens. Il nous faut une alternative à ce système, une société socialiste reposant sur les besoins de la majorité de la population et utilisant les ressources disponibles de manière démocratiquement planifiée. Pour obtenir cette alternative, nous devons nous battre et nous organiser dès maintenant !
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Anvers. Action de protestation contre la répression sanglante en Inde

Ce 31 mai, une vingtaine de personnes se sont mobilisées à Anvers contre la violence meurtrière à l’encontre des manifestants dans l’État de Tamil Nadu, dans le sud de l’Inde. Un mouvement de masse contre une usine polluante Sterlite a dû affronter une répression sanglante de la part des autorités. Treize personnes ont été tuées.
Le gouvernement indien de droite du parti nationaliste hindouiste BJP dénonce les manifestants, mais le gouvernement de l’État de Tamil Nadu n’est pas meilleur. Ce dernier essaie de faire semblant de soutenir les manifestants, mais c’est le gouvernement de l’État qui a appelé Sterlite. Il y a vingt ans, un autre Etat a refusé de permettre à cette fonderie de cuivre de fonctionner au motif qu’elle était trop polluante et qu’il y avait trop de protestations contre elle. L’entreprise a pu démarrer son activité à Tamil Nadu : les pots-de-vin ouvrent de nombreuses portes. La réglementation en matière de sécurité et d’environnement n’a pas été respectée. C’est contre cette énorme pollution que les protestations ont commencé à prendre de l’ampleur et sont finalement devenue un mouvement de masse.Avec l’action à Anvers, nous avons défendu le droit à l’action collective. Nous exigeons une enquête indépendante sur les décès, l’indemnisation des familles des victimes et des sanctions pour les responsables de ces décès. La droite réactionnaire a un problème international avec une protestation contre la politique poursuivie : de l’extrémiste hindouiste BJP au conservateur N-VA à Anvers. Lors de l’action sur De Coninckplein, la FGTB a été appelée à agir le 15 juin : deux membres du personnel de la FGTB doivent répondre en justice de leur participation à une action en grève, qui peut être punie d’une peine d’emprisonnement.
Le gouvernement de Tamil Nadu a temporairement fermé le site Sterlite, mais le tribunal national peut revenir sur cette mesure. Sterlite mis en avant les conséquences économiques de la fermeture et les pertes d’emplois. Si l’entreprise se réoccupait vraiment des employés, elle aurait adopté des mesures il y a des années pour garantir la sécurité sur le lieu de travail et pour protéger le cadre de vie autour de l’usine. Il est clair qu’il ne s’agit que de profit. Le gouvernement central du BJP n’a pas hésité à choisir son camp. Le fait que la société mère de Sterlite est un donateur financier important du BJP (mais aussi du Parti du Congrès dans l’opposition) joue sans aucun doute également un rôle.
Cette action qui s’est tenue à Anvers visait à défendre le droit de mener des actions collectives. Nous exigeons une enquête indépendante sur les décès, l’indemnisation des familles des victimes et des sanctions pour les responsables de ces décès. Mais, partout dans le monde, la droite réactionnaire a un problème avec les actions de protestation, que l’on parle des extrémistes hindouistes du BJP ou des conservateurs de la N-VA à Anvers. Ce 15 juin, deux membres de la FGTB doivent passer devant les tribunaux pour avoir participé à des piquets de grève et même être condamnés à une peine d’emprisonnement.
Cette action visait aussi à défendre l’environnement. Si cela se heurte à la soif de profits, les entreprises polluantes doivent être reprises en mains publiques afin que la production puisse être organisée de manière sûre et respectueuse de l’environnement. Le droit de vivre dans un environnement vivable est également une question internationale pour laquelle nous devons être actifs.
La solidarité internationale que nous avons exprimée avec cette action à Anvers était importante pour les militants de Tamil Nadu. Il était aussi utile de faire connaître la problématique aux passants. Nous avons distribué une centaine de tracts (trilingues : néerlandais, anglais et tamoul) et avons reçu des réactions positives.
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STOP à la répression contre les activistes étudiants à Delhi (Inde) – Action de solidarité à Anvers
Des étudiants de l’université JNU de Delhi ont organisé le 9 février une action de protestation à l’occasion de l’anniversaire de la mort de Afzal Guru et Maqbool Butt, surnommé le « Che du Cachemire »
Afzal Guru était un marchand de fruits, arrêté par les autorités indiennes et accusé d’être responsable d’un attentat contre le parlement indien en 2001. Cet attentat, perpétré par des guerriers djihadistes du Cachemire, fut utilisé par le gouvernement afin d’envoyer les forces armées dans la partie occupée par l’Inde du Cachemire et cela entraîna un risque de guerre ouverte entre les deux puissances nucléaires que sont l’Inde et le Pakistan. Les activistes cachemiri virent dans l’arrestation d’Afzal Guru une manoeuvre de la part du gouvernement indien pour s’en prendre à la population cachemiri et augmenter le nationalisme au sein de la population indienne, afin de détourner l’attention de celle-ci des échecs sociaux de leurs propre pays.Le gouvernement laisse sa propre population vivre dans la misère et la pauvreté, c’est pourquoi il lui a fallut un ennemi extérieur afin de prouver se propre « grandeur ». Il s’est passé la même chose au Pakistan. La population du Cachemire est toujours la victime.
Le 9 février, des étudiants de l’université JNU organisèrent une action. Les autorités accusèrent les organisateurs d’ « anti-nationaux » et d’ « anti-Inde ». On cherche des excuses pour persécuter tous ceux qui s’affirment contre l’occupation du Cachemire.
Il s’agit d’une tentative de la part des gouvernants nationalistes-hindous de droite du BJP et de ses alliés d’extrême droite du RSS de continuer à réprimer les dissidents. Plus tôt avait déjà eu lieu la mort du doctorant d’origine Dalit, Rohith Vemula, qui fut exclu de l’université de Hyderabad suite à de fausses accusations d’une organisation estudiantine de droite liée au BJP. Cela avait mené à des protestations de masse au sein des étudiants. Les étudiants et les professeurs réagissent aujourd’hui encore contre les tentatives de faire taire toutes les critiques adressées au gouvernement.

Action de protestation à Bruxelles en 2013 après l’exécution d’Afzal Guru Nous assistons à une augmentation de la violence et de la discrimination sur base des castes et de la religion en Inde, ceci est stimulé par le gouvernement nationaliste-hindou de Modi. Modi était premier ministre de la région de Gujarat lorsqu’un grand nombre de musulmans y furent assassinés en 2002.
S’est-il engagé en tant que premier ministre indien sur le même chemin de la violence sectaire ? Le mouvement des travailleurs, qui détient un grand potentiel, est capable de mettre fin à cela, l’année passée eu lieu la plus grande grève générale de l’histoire de l’Inde. La résistance contre la politique anti-sociale présente un pouvoir unificateur.
Nous avions protesté en 2013 contre la peine de mort de Afzal Guru et contre la menace de guerre au Cachemire. Nous défendons le droit à l’auto-détermination du peuple du Cachemire. Qu’on leur permette de décider eux mêmes de l’avenir de leurs pays – une décision qui ne sera possible qu’à condition que l’Inde et le Pakistan cessent immédiatement leur occupation du Cachemire!
Nous nous sommes également exprimés antérieurement contre le professeur gantois Balu, proche de la politique du RSS, qui avait insulté des étudiants et collègues hors-castes et accusé des universitaires musulmans d’être des « terroristes ». L’université de Gand pourrait réparer l’affront de son lien avec le professeur Balu en condamnant les attaques contre le mouvement étudiant et la liberté d’expression à l’université JNU.
Nous organiserons une action avec des activistes de diverses origines – cachemiris, tamouls, et autres anversois – le 4 mars, à 15 heures, à la Sint Jansplein.
• Non aux poursuites contre les étudiants de la JNU en général, particulièrement les leaders universitaires Kanhaiya Kumar, Umar Khalid et d’autres ! Non à l’augmentation des crimes de haine de la droite contre les Indiens des castes opprimées ! Non à la violence contre les Indiens qui ne sont pas Hindous ! Non aux attaques contre les droits démocratiques en Inde !
• Pour le droit à l’autodétermination de la population du Cachemire et de toutes les minorités !
• Pour l’union des travailleurs et des opprimés, des hommes et des femmes, peu importe l’origine ou la religion, ensembles nous sommes plus forts contre toutes les formes d’oppression ! -
[VIDEO] Protestations contre les viols en Inde
Ces derniers mois, plusieurs cas de viols ont reçu une large attention en Inde et ont suscité une grande indignation. Diverses actions de protestation contre le viol et le sexisme ont eu lieu, des problématiques très préoccupantes dans ce pays. Nos camarades de “New Socialist Alternative”, section indienne du Comité pour une Internationale Ouvrière et parti-frère du PSL, ont mené campagne sous le slogan “Rage Now Against Rape”. Suite à un viol commis à Bangalore sous l’inaction complice des forces de police, diverses actions ont été organisées ces derniers jours, et c’est dans ce cadre que “New Socialist Alternative” a publié les vidéos ci-dessous.
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Inde : Re-criminalisation des droits durement acquis des LGBT
Ce que l’on appelle la ‘‘plus grande démocratie au monde’’, l’Inde, a décidé fin 2013 de revenir sur les droits des personnes LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres) en rendant un verdict positif concernant l’article 377 du Code pénal indien par l’intermédiaire de la Cour Suprême. Cette loi victorienne draconienne criminalise l’homosexualité. Le mouvement pour les droits des LGBT est repoussé vers le passé.
Par Rajesh Srinivas, New Socialist Alternative (CIO-Inde)
Il a été notamment défendu que la communauté LGBT ne représente qu’une ‘‘minuscule population’’ et ne nécessite pas de protection. L’article 377 va pourtant plus loin en criminalisant mes ‘‘les relations charnelles allant à l’encontre de l’ordre naturel des choses : des relations péno-vaginales.’’ Un grand nombre d’hétérosexuels vont eux aussi à l’encontre de ce soi-disant ‘‘ordre naturel’’. Cet article s’oppose même à la Constitution indienne qui affirme que chaque personne a droit à l’intégrité physique et au droit de vivre dans la dignité et l’égalité.
Les médias ont réagi sur ce sujet en le limitant à la communauté LGBT, mais c’est inexact. Il convient de souligner que les choses vont beaucoup plus loin que cela.
L’histoire de l’article 377
Les premières mentions de la sodomie en tant que crime dans la loi anglaise remontent au Traité de Fleta (1290) et plus tard au Traité de Britton (1300). Ces deux textes prescrivent que les sodomites doivent être brûlés vifs. Les infractions étaient traitées par des tribunaux ecclésiastiques.
En 1553 est arrivée la Loi sur la Sodomie (le ‘‘Buggery Act’’), la première loi formelle pour réprimer la sodomie, adoptée par le Parlement anglais sous le règne d’Henry VIII. Cette loi définissait la sodomie comme un acte sexuel contre-nature, contre la volonté de Dieu et contre celle de l’homme. La peine capitale était prévue en cas d’infraction.
L’article 377 du Code pénal indien a été adopté par le Conseil législatif et le gouverneur général de l’Inde britannique en 1860. Cet article précisait que ‘‘Celui qui a volontairement des relations charnelles contre-nature avec un homme, une femme ou un animal sera puni de peine d’emprisonnement à perpétuité, qui peut être réduite jusqu’à dix ans et sera également passible d’une amende.’’
La bataille juridique contre l’article 377 a commencé en 1994. En 2001, une pétition a été déposée devant la Haute Cour de Delhi, qui a rendu un arrêté historique dépénalisation l’homosexualité le 2 juillet 2009. Ce jugement historique a spécifié que les personnes LGBT font bien partie de la société indienne et que le pouvoir judiciaire doit être une institution dédiée à la protection de ceux qui pourraient être méprisés par une logique majoritaire.
Mais la Cour Suprême a décidé le 11 décembre 2013 d’annuler la décision de la Haute Cour de Delhi et de réaffirmer que l’homosexualité est une infraction pénale en Inde. C’est tout à fait comme de s’endormir en 2013 pour se réveiller en 1860.
La lutte pour les droits des LGBT
La lutte des personnes LGBT ne peut pas être considérée de façon isolée. La voie à suivre est d’organiser la lutte de la communauté LGBT en commun avec d’autres mouvements, comme ceux des paysans sans terre, contre l’injustice du système de caste, contre l’oppression des minorités nationales, pour le droit à l’auto-détermination des peuples du Cachemire et d’Inde du Nord et pour les droits des travailleurs – comme les héroïques travailleurs en lutte de Maruti Suzuki. Une lutte de longue haleine est nécessaire.
Il ne s’agit pas simplement de l’article 377. Quand bien même cet article serait abrogé, l’Inde ne changerait pas du jour au lendemain. Il y a ainsi de nombreuses lois qui existent contre les atrocités basées sur le système de caste ou contre la violence envers les femmes. En dépit de ces lois, les atrocités se poursuivent. Il ne faut pas seulement changer la loi, il faut changer le système qui en est à la base en luttant contre toutes les oppressions, c’est-à-dire en luttant contre le capitalisme.
Le mouvement doit puiser sa force et son inspiration dans les luttes des personnes LGBT et de la classe des travailleurs, qui continuent à faire face à une oppression quotidienne sur base de classe, de caste ou de sexe. Il est grand temps d’organiser la riposte contre la mentalité médiévale de l’establishment, qui veut servir les intérêts des fanatiques religieux.
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[LIVRE] Ça n'a pas à être comme ça ! Les femmes et la lutte pour le socialisme
Les femmes sont les plus durement touchées par la crise économique et les mesures d’austérité qui l’accompagnent. Coupes budgétaires dans les services publics et les soins de santé, destruction de l’emploi,… de nombreuses femmes sont touchées par la précarité. Dans ce livre, notre camarade Christine Thomas revient sur les origines de l’oppression de la femme et le développement des luttes pour le droit des femmes à travers une analyse fouillée. Riche d’enseignements, ce livre doit se retrouver dans les mains de toutes celles et ceux qui pensent que les inégalités et l’oppression n’ont rien à faire dans nos vies et que la lutte est le seul moyen d’y échapper.
Dans les luttes qui ont marqué ces dernières années, les femmes ont été nombreuses à se mobiliser, en tant que travailleuses et contre l’oppression spécifique qu’elles subissent, que ce soit au Moyen- Orient et en Afrique du Nord, dans les protestations contre la faim, ou encore pour dénoncer la dictature ou la collusion des pouvoirs avec les ‘‘Pussy Riot’’. Nous avons aussi plus entendu des voix s’élever contre les violences faites aux femmes, comme en Inde où hommes et femmes ont manifesté contre les viols.
C’est pourquoi il nous a semblé important de traduire le livre de Christine Thomas, membre de la section italienne du CIO (le Comité pour une Internationale Ouvrière).
Son travail de synthèse et d’analyse concernant les origines de l’oppression spécifique des femmes, leurs luttes historiques et les mouvements féministes nous donne des éléments de discussion et d’orientation pour lutter aujourd’hui contre l’austérité et pour l’émancipation des femmes.
N’hésitez pas et passez commande à redaction@socialisme.be ou par téléphone au 02/345.61.81 // 10 euros (+ 2 euros de frais de port), 104 pages.
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Protestations de la communauté cachemiri de gauche au Parlement Européen
Alors que la droite a tenu au Parlement européen sa ”Semaine du Cachemire”, des militants cachemiris de gauche ont protesté de l’extérieur contre l’occupation de cette région tant par l’Inde que par le Pakistan. Au cours de cette dernière période, la population des deux parties du Cachemire a à nouveau été victime d’une répression sanglante. A Bruxelles, les manifestants ont été rejoints par le député européen du Socialist Party irlandais Paul Murphy.
Photos par Liesbeth et Geert
A l’initiative d’un député de droite de Grande-Bretagne, Nikki Sinclaire (initialement élu sur la liste de l’UKIP mais devenu indépendant depuis lors), toute une série de représentants politiques de la partie du Cachemire occupée par l’Inde se sont rendus au Parlement européen cette semaine. Cette initiative a pu compter sur le soutien de plusieurs députés européens de droite. Des éditions précédentes de cette semaine avaient été organisées par les Tories, les conservateurs britanniques. L’événement vise à soutenir les forces conservatrices dans la partie du Cachemire occupée par l’Inde en leur offrant une visite prestigieuse du Parlement européen. Ce n’est visiblement pas non plus une mauvaise chose pour le gouvernement pakistanais, les rumeurs selon lesquelles le Pakistan soutiendrait même l’initiative sont nombreuses.
Le Cachemire est une région contestée depuis des décennies. Dans la partition du sous-continent indien qui a eu lieu après la Seconde Guerre mondiale, le dirigeant local du Cachemire avait refusé d’adhérer au Pakistan à majorité musulmane et préféré l’Inde à prédominance hindoue. Depuis lors, cette zone est divisée et contestée. L’Inde et le Pakistan utilisent la région et la question nationale afin de détourner l’attention de la population des problèmes sociaux internes en stimulant le nationalisme. La première victime de cette politique est le peuple du Cachemire qui vit sous un régime militaire et subit une répression féroce dans les régions occupées, tant de la part de l’Inde que du Pakistan.
L’action de protestation tenue face au Parlement européen hier visait à faire entendre une autre voix. Pas celle des dirigeants conservateurs européens qui recourent eux aussi à la politique du diviser pour régner, mais une voix qui part au contraire de la base de la société. L’initiative de cette action avait été prise par diverses organisations progressistes luttant pour le droit à l’autodétermination de la population du Cachemire. "Le peuple du Cachemire doit être capable de décider de son sort", a notamment déclaré l’eurodéputé Paul Murphy en rejoignant les manifestants. Selon nous, la question nationale ne peut pas être résolue sans regarder comment résoudre à la fois les problèmes sociaux. Tout comme les manifestants réunis devant le Parlement européen, nous nous battons pour une alternative socialiste à la société capitaliste, et le droit à l’autodétermination du peuple du Cachemire fait partie intégrante de ce combat.
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Manifestation contre Monsanto : C'est tout un modèle qu'il faut démonter !
Ce samedi, ce déroulera à Bruxelles une manifestation contre la multinationale de l’agro-industrie Monsanto. Cette entreprise c’est fait connaître pour ces pratiques notamment via le documentaire ‘‘Le monde selon Monsanto’’. Mais au delà de ce cas d’espèce – qui est en fait un parangon du système capitaliste – c’est tout un modèle de production qu’il faut transformer car il est incapable de répondre aux besoins, même primaires, de la majorité de la population.
Par Alain (Namur)
Samedi 25 mai, 16h, à la Bourse à Bruxelles
Le système de production capitaliste est rempli de contradictions, à tous ses étages. Alors que les connaissances scientifiques, la productivité et la technologie nous permettrait de répondre aux besoins fondamentaux de l’humanité, plus de 3 milliards de personnes ‘‘se privent plus ou moins de nourriture’’, 2 milliards de personnes souffrent de malnutrition et 1,2 milliard de personnes souffrent de la faim quotidiennement. Parmi ceux qui sont touchés, la majorité a comme principale activité l’agriculture. Alors que dans les pays capitalistes avancés, les petites et moyennes exploitations agricoles ploient sous les crédits nécessaires (achat ou location de terre, de produits phytos, de machines agricoles,…) pour les exploitations modernes, seuls 2,18% des fermiers au monde sont équipés de tracteurs.
Ces contradictions sont le résultat d’un système qui n’est pas orienté vers les besoins sociaux, mais vers la chasse au profit d’une infime minorité. C’est cette même minorité qui dirige la politique des entreprises, y compris dans le secteur agricole. La tendance à la concentration du capital n’a épargné aucun secteur. C’est ainsi que sont apparue ces sociétés géantes tels que : Monsanto, Cargill, Sygenta, Bayer,… Toute ces entreprises actives dans l’agro-industrie recherchent à maximiser l’investissement de leur propriétaire quel qu’en soit le coût social et environnemental.
Grâce à leur capital, ces sociétés parviennent à orienter la production et les décisions politiques. Cela a donné lieu à des politiques terribles pour les agriculteurs et des populations comme la ‘‘révolution verte’’. Cela a donné lieu aussi à des catastrophes environnementales et humaines comme celle de Bhopal en Inde. Cela a donné lieu aussi à des méthodes de culture extrêmement néfastes et peu durable, comme cet épuisement des sols déjà mis en avant par Marx à son époque.
L’ensemble de la chaîne alimentaire est vicié par la course aux profits. Mettre du cheval au lieu du bœuf, donner des hormones aux bœufs afin de raccourcir la période où le profit se réalise,… la gestion de nos denrées agroalimentaires est totalement inféodée à l’obtention d’un taux de retour suffisant pour l’investisseur, quitte même à jeter de la nourriture.
Les défis qui attendent l’humanité sont énormes. Il faut produire afin de permettre à tout le monde de manger à sa faim, en respectant des modes de cultures qui soient soutenables. Le système de production actuel est incapable d’y parvenir.
Il faut donc prendre le contrôle de l’ensemble de la chaîne de production alimentaire en commençant par la nationalisation sous contrôle et gestion démocratiques des sociétés multinationales permettant d’assurer une planification démocratique de la politique agricole. La socialisation des moyens énormes dont disposent les multinationales permettrait de largement lancer des cultures agroécologiques. Nous pourrions aussi nous servir du réseau déjà constitué par ces multinationales pour effectuer les transferts de connaissances et de technique à l’ensemble des pays néocoloniaux.
Résoudre la question agraire passe par la collectivisation et la mise sous contrôle et gestion démocratiques des grandes propriétés agricoles dans le cadre d’un programme de production agricole, avec redistribution des terres ou gestion collective de celles-ci et en assurant la disponibilité des instruments de production pour tous les agriculteurs.
Et ce qui vaut pour l’agriculture vaut également pour les autres secteurs-clés de l’économie (énergie, sidérurgie, finance,…) : il est crucial de les retirer des mains des parasites capitalistes afin d’assurer une production de biens respectueuse des travailleurs et de leur environnement et orientée vers la satisfaction des besoins sociaux et écologiques des masses.
Organisons la lutte contre l’ensemble du système, pas seulement contre ses symboles !
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Environnement. Pénurie énergétique et changement climatique : Il faut une planification socialiste pour les énergies alternatives
Un spectre hante le monde – le spectre du changement climatique irréversible. Mais en même temps, le monde est saisi d’une soif désespérée d’énergie. Chaque année, nous générons et utilisons de plus en plus, produisons de nouveaux produits, tandis que les habitants des pays riches sont persuadés de jeter leurs vieux produits. Au Royaume-Uni, la consommation d’énergie est restée à peu près constante pendant les 30 dernières années, parce que presque tous nos biens de consommation sont importés. L’énergie qui est nécessaire à la fabrication de ces produits, par exemple, en Chine, est une des raisons pour lesquelles la demande en énergie s’est tellement accrue. Mais la demande en énergie n’est pas simplement un besoin de l’“Occident avide”.
Par Geoff Jones, Socialist Party of England and Wales (CIO-Angleterre et Pays de Galles)
Au fur et à mesure que les travailleurs des pays en voie de développement s’organise et obtiennent le droit à la parole, ils demandent eux aussi le droit de pouvoir posséder tous ces biens que nous tenons pour indispensables à la vie : des frigos, des lampes électriques, des radiateurs ou climatiseurs.
La construction de routes, de chemins de fer, de logements décents, tout cela demande de l’énergie, même si de nouvelles technologies permettent aujourd’hui de ralentir la croissance de cette demande – par exemple, l’utilisation de téléphones portables nous épargne la nécessité de mettre en place un réseau de câbles téléphoniques ; les ampoules LED consomment beaucoup moins que les ampoules incandescentes traditionnelles.
La concentration de dioxyde de carbone et autres gaz à “effet de serre” dans l’atmosphère terrestre augmente de plus en plus. Cette augmentation de leur concentration va mener à une hausse de la température mondiale, dont les conséquences pourraient être catastrophiques pour l’humanité. 87 % de notre énergie dans le monde est produite en brulant des carburants fossiles non-renouvelables – essentiellement le pétrole, le gaz et le charbon –, ce qui génère du dioxyde de carbone.
Au Royaume-Uni, la proportion est presque la même, bien que le gouvernement Con-Dem se soit engagé à ce que 15 % (à peine) de notre énergie provienne de sources d’énergie renouvelables d’ici 2020. Une telle politique qui finalement ne mène à aucun changement, ne peut que nous conduire à la catastrophe.
Les sources d’énergie aujourd’hui
Aujourd’hui, la plupart de notre énergie est produite par de grosses multinationales dont le seul but est une offre sur le court terme et de super profits.
Pour extraire le pétrole, ils passent des contrats avec les seigneurs féodaux du Moyen-Orient, et ils transforment des terres agricoles en déserts pollués. Ce n’est que lorsque la pollution causée par l’extraction du pétrole apparait plus proche de chez eux, comme on l’a vu avec la catastrophe du golfe du Mexique, que les multinationales pétrolières (essentiellement américaines) affichent un tant soit peu de repentir – mais ça ne dure jamais qu’un bref moment.
Cela fait une génération que l’offre mondiale de pétrole est dominée par les dictatures du golfe Persique. L’Arabie saoudite produit ainsi à elle seul le dixième des exportations de pétrole. Cherchant désespérément d’autres sources, les compagnies pétrolières bâtissent des plate-formes pétrolières en haute mer qui forent de plus en plus profond et dans des zones de plus en plus dangereuses.
L’ironie suprême est que le réchauffement climatique lui-même cause la fonte des glaces polaires, ce qui ouvre tout d’un coup l’accès aux immenses gisements de pétrole et de gaz de l’Arctique, ce qui ne peut avoir pour conséquence qu’une hausse encore plus catastrophique de la température mondiale.
L’exploitation à ciel ouvert des sables bitumineux du nord du Canada, qui est un procédé extrêmement polluant et inefficace, fournit malgré tout 20 % des importations de pétrole américaines. À présent, il y a un projet de démarrer une exploitation qui créera dans le nord du Canada un désert toxique de la taille de l’Arabie saoudite, qui amènera ensuite le pétrole sur la côte Pacifique à l’ouest afin qu’il puisse y être acheminé vers la Chine. Ce projet a déjà provoqué de nombreuses manifestations.
Certains “biocarburants” sont une source alternative d’énergie, mais leur culture implique la destruction d’immenses superficies de forêt tropicale en Amérique latine et la reconversion de terrains aux États-Unis et ailleurs uniquement pour la production de maïs, à fins de biocarburant. Toutes ces terres pourraient à la place être employées pour cultiver des vivriers.
Après le pétrole, le gaz naturel est la deuxième plus grande source d’énergie du Royaume-Uni ; dans le monde, ce combustible est troisième derrière le charbon et le pétrole. Dans les années ’80 et ’90, les Tories ont utilisé les champs de gaz de la mer du Nord pour restaurer leur économie capitaliste en faillite. À présent ces gisements sont presque épuisés. En 2011, les importations de gaz ont excédé la production nationale pour la première fois.
Dans le reste du monde, la production continue de s’accroitre, mais les réserves ne sont évidemment pas inépuisables. En outre, rien ne permet d’empêcher les exportateurs d’augmenter leurs prix sans prévenir (comme l’Opep, Organisation des pays exportateurs de pétrole, l’avait fait en 1973 en décidant subitement une hausse de +70 %), ou d’éviter de couper totalement leurs fournitures énergétiques, comme la Russie l’a fait subir à l’Ukraine en 2009 en coupant le “robinet à gaz”.
La nouvelle panacée serait à présent la “fracturation hydraulique” – un forage profond dans les couches de schiste géologiques pour en extraire du gaz. Au Royaume-Uni, les ministres Con-Dem ont sauté sur cette occasion pour permettre aux firmes privées de foncer sur ce nouveau créneau, même après qu’une première expérience ait déclenché des séismes mineurs et ait révélé un véritable risque de pollution des eaux souterraines.
Les Tories parlent de gaz “bon marché”, mais le gaz qui sera ainsi produit sera vendu sur le marché mondial ; donc son prix sera aligné sur le prix mondial. De toute manière, un récent rapport indique que le cout de l’extraction par fracturation hydraulique serait plus élevé que le prix mondial actuel du gaz.
Enfin, il y a le charbon. La Chine est le plus grand producteur de charbon mondial. Elle extrait trois fois plus de charbon que les États-Unis et six fois plus que l’Inde, qui sont les deux autres plus grands producteurs mondiaux. Depuis que les Tories ont détruit l’industrie charbonnière britannique dans les années ’80, le Royaume-Uni est contraint d’importer deux fois plus de charbon que ce qu’il en produit.
À l’échelle mondiale, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) prédit, sur base des tendances actuelles, que le charbon sera la plus grande source d’énergie mondiale d’ici 2020, et que si cette tendance continue, le climat mondial connaitrait une hausse de température de 6°C d’ici 2100.
L’énergie nucléaire, qui était généralement considérée il y a 50 ans comme une source d’énergie bon marché et non-polluante, a depuis longtemps perdu de son aura. Les réacteurs nucléaires, utilisant des systèmes conçus pour produire des armes nucléaires, laissent derrière eux des montagnes de déchets radioactifs hautement dangereux.
Au centre de traitement des déchets nucléaires de Sellafield, en Angleterre, le stock de déchets radioactifs est égal en volume à 27 piscines olympiques, et les autorités n’ont aucune idée de quoi faire avec ! (ce serait déjà bien s’ils savaient où se trouve l’ensemble des déchets). On pourrait construire des systèmes qui produisent moins de produits dangereux mais, à nouveau, les gouvernements et les entreprises privées ne sont pas désireux de financer les investissements sur le long terme que cela implique.
Pendant ce temps, la possibilité de systèmes efficaces et non-polluants tels que la fusion nucléaire (plutôt que la fission) semble n’avoir été qu’un mirage, qui s’éloigne au fur et à mesure qu’il parait plus proche.
La capture du carbone ?
Le charbon, le pétrole et le gaz requièrent des procédés de plus en plus chers, dangereux et polluants pour leur extraction, tout en continuant à relâcher de plus en plus de gaz à effet de serre. Les émissions mondiales de dioxyde de carbone sont passées de 20 gigatonnes par an en 1990 à près de 30 gigatonnes par an aujourd’hui. Neuf gigatonnes sont produits par les seules centrales électriques au charbon.
Le changement climatique ne peut plus être empêché, mais il pourrait être ralenti en capturant une partie du dioxyde de carbone émis et en le stockant quelque part. Mais cela voudrait dire un investissement considérable dans la recherche afin de développer des systèmes adéquats ; cela couterait de l’argent et nuirait aux bénéfices des compagnies énergétiques. Les gouvernements parlent de la nécessité de capturer et stocker le carbone, mais il faut beaucoup plus de recherches ; aussi, le nombre d’installations à capture du carbone actuellement opérationnelles est minuscule si on le compare à l’ampleur du problème.
Il y avait dans le monde en 2011 seize installations à grande échelle de capture du carbone, qui toutes ensemble ne capturaient qu’un millième du carbone généré à l’échelle mondiale. Il est prévu d’en construire plus (surtout en Chine), mais dans de nombreux cas, les investissements gouvernementaux se font longtemps attendre.
Au Royaume-Uni par exemple, l’installation de capture de carbone de Longannet, qui devait capturer environ 1,5 mégatonnes de carbone par an, n’a finalement jamais vu le jour, parce que les propriétaires espagnols de Scottish Power et le gouvernement Con-Dem ne sont pas parvenus à se mettre d’accord sur le financement du projet.
Bien que Ed Davey, secrétaire d’État à l’énergie Con-Dem, aime discourir à longueur de temps sur les “formidables opportunités” qui se présentent dans l’industrie de la capture de carbone, il n’y a en ce moment que très peu de recherches effectuées, et aucune installation de capture de carbone à grande échelle n’existe au Royaume-Uni.
Il existe une alternative
Il existe pourtant une alternative à l’accroissement indéfini de l’utilisation de carburants fossiles. En fait, en novembre 2009 déjà, dans un article paru dans la célèbre revue américaine Scientific American, on démontrait que simplement en utilisant la technologie dont nous disposons déjà à l’heure actuelle, il serait possible de satisfaire toute la demande mondiale en énergie, en utilisant des sources d’énergie renouvelables et non-polluantes. Quelles sont ces sources ? Essentiellement les énergies solaire, éolienne, et hydraulique.
L’énergie solaire, générée par des panneaux photovoltaïques, est déjà familière. On la voit un peu partout, sur les calculatrices de poche et sur les toits des maisons. La baisse de cout extrêmement rapide des matériaux nécessaires pour la fabrication des panneaux photovoltaïques rend aujourd’hui possible et compétitive la génération d’énergie solaire à une échelle industrielle.
En Californie par exemple, près de 2 gigawatts d’énergie solaire ont été installés. Cela est d’une part réalisé par des “fermes solaires”, champs de panneaux solaires à grande échelle, et d’autre part, par les nombreuses installations sur les toits des maisons et des entreprises, qui subviennent ainsi à leurs propres besoins.
Cette “génération d’énergie distribuée” a aussi le grand avantage de fortement diminuer le cout du transport de l’électricité. De tels plans ont été adoptés en Allemagne, et c’était également un des objectifs du dernier gouvernement britannique, qui voulait créer une “taxation adaptée” afin d’encourager les firmes solaires britanniques (mais ce plan est passé à la trappe sitôt les Con-Dem au pouvoir).
Bien sûr, la Californie est un cas particulier, vu qu’elle jouit d’un climat idéal, et de centaines d’hectares de désert ; mais l’idée des fermes solaires est reprise sur d’autres continents. Au Ghana par example, un projet d’installation solaire devrait fournir 155 mégawatts – 6 % de la demande énergétique ghanéenne.
Aussi, un immense projet appelé “Desertec”, vise à satisfaire 15 % de la demande énergétique européenne à partir de fermes solaires en Afrique du Nord, acheminée par des câbles sous la Méditerranée. Mais ce projet rencontre beaucoup de critiques. Au premier rang, les Africains qui se demandent pourquoi ils devraient envoyer toute cette électricité en Europe, quand eux-mêmes en ont tellement besoin. Mais il reste tout de même que ce projet démontre que la génération d’énergie solaire à grande échelle est possible.
L’énergie éolienne est devenue la source d’énergie renouvelable la plus diabolisée. Mis à part les mythes selon lesquels les champs éoliens en haute mer terroriseraient les dauphins et tueraient les oiseaux migrateurs, l’énergie éolienne est souvent décrite comme inefficace et chère. En réalité, tout cela est faux.
Une récente étude effectuée par un groupe de recherche très respecté, Cambridge Econometrics, a démontré qu’il est possible d’installer des turbines éoliennes en haute mer qui satisferaient à un quart de la demande énergétique britannique à un cout modique, à peine plus que le cout équivalent d’utilisation de gaz équivalent, tout en créant des dizaines de milliers d’emplois dans le secteur de la construction.
Il faut, il est vrai, des systèmes de stockage de l’énergie pour s’assurer de la fourniture au cas où il n’y a ni vent, ni soleil, mais cela peut être fait.
On entend aussi l’argument comme quoi le régime des vents n’est pas fiable. Moins que les oligarques russes et les sultans arabes ?
L’énergie hydraulique, qui utilise des turbines actionnées par l’eau stockée dans de grands réservoirs (lacs de barrage), est la plus ancienne forme d’énergie renouvelable.
Aux États-Unis dans les années ’30, l’Autorité de la vallée du Tennessee a été instituée en tant qu’agence fédérale hydraulique – suscitant une vive critique de la part des compagnies énergétiques – afin de fournir des emplois et une électricité à bon marché grâce à un réseau d’immenses barrages. En Chine, le barrage des Trois Gorges, qui traverse le fleuve Yangtzi, devrait fournir 22,5 gigawatt. Mais ce barrage a déplacé 1,3 millions d’habitants, et causé de graves dégâts écologiques.
D’un autre côté, l’énergie océanique et marémotrice est une immense ressource mais qui est complètement négligée, surtout si on parle d’une nation insulaire telle que le Royaume-Uni.
En Europe, il n’existe qu’une seule installation marémotrice à grande échelle, celle de l’estuaire de la Rance, en France, qui fonctionne depuis 1966, et génère 240 mW. Mais des projets grandioses tels que celui du barrage maritime de l’estuaire du Severn, censé produire 5 % des besoins énergétiques britanniques, ne sont sans doute pas la meilleure option. Une majorité de l’industrie de la construction pourrait se voir engagée dans ce projet pendant des années, et il pourrait avoir des conséquences environnementales imprévisibles. D’un autre côté, un réseau de générateurs marémoteurs tel que proposé par l’ONG Friends of the Earth, produirait tout autant d’énergie pour beaucoup moins de dégâts écologiques.
Enfin, le développement de générateurs utilisant l’énergie des vagues (ou houlomotrice) est complètement ignorée par le gouvernement et par les entreprises énergétiques.
En fait, dans l’ensemble, très peu d’intérêt est affiché par les gouvernements et les multinationales de l’énergie partout dans le monde pour le développement de systèmes non-polluants.
Bien que la recherche dans de nouvelles technologies encore inconnues puisse offrir des solutions encore plus efficaces dans le futur, et devrait d’ailleurs être financée comme il le faut, il est urgent de s’occuper de ce problème aujourd’hui et maintenant. Au Royaume-Uni, la dépendance obsessive de la part du New Labour et des Tories sur l’industrie privée nous mène droit au pire.
D’un côté, il faut absolument fermer les centrales électriques au charbon qui vomissent des tonnes de dioxyde de carbone dans l’air, d’autant plus étant donné leur âge, vu que que les firmes énergétiques refusent d’investir dans de nouveaux générateurs qui seraient un peu plus propres.
D’un autre côté, nous voyons que les gouvernements ont toujours échoué à maintenir le moindre engagement envers la production d’énergie non-polluante et les économies d’énergie. Ils espèrent pouvoir se baser sur des centrales au gaz, en important du gaze ou en utilisant des procédés polluants et potentiellement très dangereux tels que la fracturation hydraulique.
Quoi qu’il en soit, le prix des combustibles va inévitablement s’accroitre, ce qui veut dire que de plus en plus de gens seront poussés dans la misère de ce fait. Et le chef de l’office de régulation de l’industrie, Ofgen, nous a déjà prédit que dans quelques années, le Royaume-Uni connaitra sans doute des délestages, ce que nous n’avons jamais vu dans le pays depuis la grève des mineurs de 1974.
Que doivent faire les marxistes?
Tout d’abord, nous ne devons pas accorder la moindre confiance au système capitaliste pour nous sortir de la catastrophe qui arrive à grands pas.
Au Royaume-Uni, nous devons réclamer :
- La fin immédiate des essais de fracturation hydraulique.
- La renationalisation du secteur de la production et de la distribution d’énergie, afin de permettre la mise en place d’un plan de capture de carbone, et de nous sortir de l’utilisation de combustibles fossiles aussi rapidement que possible.
- Une reconversion à très grande échelle de l’industrie de la “défense” vers la production de générateurs éoliens et solaires, en nationalisant les grandes compagnies énergétiques quand cela est nécessaire, sans compensation sauf sur base de besoins prouvés.
- Un programme national d’expansion de la “génération énergétique distribuée” sur chaque nouveau bâtiment construit : à chaque logement et chaque entreprise ses panneaux solaires.
- Une expansion massive du système de transport public, en particulier des chemins de fer, afin de réduire la pollution par les véhicules qui circulent sur les routes.
- Un plan massif et public de recherche et de développement dans les systèmes de génération d’énergie marémotrice et houlomotrice.
Dans le monde :
- Les organisations des travailleurs, des peuples indigènes et des militants écologistes doivent s’opposer à tous les plans de développements désastreux tels que l’extraction des sables bitumineux et les plantations de cultures à “biocarburants”.
- Il faut soutenir la lutte des peuples des pays à basse altitude, en particulier d’Asie du Sud-Est et du Pacifique, qui seront contraints à la migration et à l’appauvrissement national à cause de la hausse du niveau de la mer et du changement climatique.
- Il faut se battre pour un plan énergétique international afin de satisfaire aux besoins de l’humanité en utilisant uniquement les énergies renouvelables.
