Tag: Impérialisme

  • “Joyeux Noël” L’impérialisme et les guerres : accident ou nécessité capitaliste ?

    Vous cherchez un bon film de Noël ? Nous en avons un qui vous changera des traditionnels… “Joyeux Noël” raconte l’histoire véridique de la fraternisation de soldats des tranchées françaises, allemandes ou écossaises en décembre 1914. Ce film tord le cou à de nombreux mensonges qui entournent la Première guerre mondiale et donne un aperçu de ce qui aurait été possible si les dirigeants sociaux-démocrates de l’époque n’avaient pas trahi les idéaux de l’internationalisme ouvrier.

    Quand Lénine, l’un des dirigeants du parti bolchevique et co-dirigeant de la révolution russe d’Octobre 1917, a entendu parler de cette Trêve de Noël, il a déclaré que s’il y avait des organisations prêtes à se battre pour une telle politique parmi les soldats de toutes les nations belligérantes, il pourrait y avoir une fin rapide de la guerre en faveur de la classe ouvrière et des pauvres .

    Il avait écrit: «Essayez d’imaginer Hyndman, Guesde, Vandervelde, Plékhanov, Kautsky et le reste [les dirigeants des partis sociaux-démocrates et ouvriers qui ont soutenu la guerre] qui, au lieu d’aider la bourgeoisie (ce dans quoi ils sont maintenant engagés), formeraient un comité international d’agitation pour la fraternisation et pour l’établissement de relations amicales entre socialistes de tous les pays belligérants, à la fois dans les tranchées et parmi les troupes en général. Que seraient les résultats dans quelques mois?”

    L’impérialisme, stade suprême du capitalisme

    Lorsque l’on parle d’impérialisme, Lénine n’est évidemment pas n’importe qui : il s’agit de l’auteur de “L’impérialisme, stade suprême du capitalisme” (1916), l’ouvrage fondamental du marxisme analysant le mode de production capitaliste à l’époque impérialiste, celle “des guerres et des révolutions”.

    La question de la nature de l’impérialisme n’a évidemment jamais perdu de son actualité depuis la Première guerre mondiale, les conflits impérialistes n’ayant jamais cessé d’étendre leurs ombres sanglantes tout au long du 20e siècle. Quant au 21e siècle, l’invasion de l’Irak, pour ne citer qu’elle, a très rapidement démontré que le 21e siècle n’allait pas constituer l’ère de paix et de prospérité que beaucoup attendaient.

    Mais l’impérialisme est-il un choix, une forme d’aménagement du capitalisme parmi d’autres, ou encore un accident ? L’impérialisme n’est ni un pur choix laissé librement à chaque Etat, ni une forme d’aménagement du capitalisme parmi d’autres, et encore moins un accident de l’histoire mais, comme Lénine l’expliquait, la forme concrète qu’a pris le développement du capitalisme international au tournant du 20e siècle.

    Lénine a expliqué que l’impérialisme est en fait inscrit dans les gènes même du mode de production capitaliste. Si au début de celui-ci (au 18e et 19e siècle) pouvait encore régner la libre concurrence, un déséquilibre s’est rapidement manifesté entre les entreprises (les plus fortes avalant les plus faibles, surtout lors des crises économiques). La concentration combinée de la production et des capitaux a fait apparaître, dès la fin du 19e siècle, des monopoles, c’est-à-dire des sociétés contrôlant quasiment seules un marché. Là non plus, pas d’accident, la libre concurrence permet qu’il y ait vainqueurs et vaincus et les vainqueurs ressortent toujours du combat renforcés, avec plus de moyens.

    Dés cet instant, la libre concurrence a été reléguée à ce qu’elle est encore de nos jours : une corde à l’arc de l’idéologie bourgeoise pour justifier son existence, autant en prise avec le réel que la théorie de la terre plate en son temps. Les crises économiques suivantes, loin d’atténuer cette tendance à la concentration, ont renforcé le poids de ces monopoles, qui sont devenus internationaux, les ancêtres de nos multinationales.

    Parallèlement à l’émergence de monopoles, les banques ont pris de plus en plus d’importance. Elles sont sorties de leur rôle d’intermédiaires qui mettaient l’argent à disposition des capitalistes pour intervenir de plus en plus dans la gestion de celui-ci par les capitalistes. Il y eut une “ fusion “ entre les banques et les industries, et bien vite les exportations de capitaux dépassèrent celles des marchandises, caractéristiques des premiers temps du capitalisme. Envoyés à l’étranger, ces investissements permettaient aussi de favoriser la vente de marchandises : j’investis dans ton pays si tu n’achètes ton matériel qu’à mes usines… Quant au surprofit (ainsi appelé car obtenu en plus du profit effectué par les capitalistes sur les ouvriers de leur pays), il a permis de lâcher plus de lest à la classe ouvrière des métropoles et à corrompre certaines couches du prolétariat.

    Mais le monde a des limites, et quand les débouchés n’existent plus, il faut une redistribution des cartes au moyen de guerres terriblement destructrices en biens mais surtout en vies humaines, comme ce fut le cas en 14-18, mais aussi en 40-45,…

    Le capitalisme contemporain EST impérialiste. S’en tenir à combattre ses manifestations extérieures (les annexions territoriales, les pratiques douteuses des multinationales,…) sans vouloir s’attaquer aux bases économiques de ce système, c’est-à-dire au capitalisme lui même, c’est avoir l’illusion qu’on peut combattre les conséquences d’un système en laissant intactes les causes et les mécanismes qui les produisent. Ce qui est le meilleur moyen de courir à l’échec et à la déception.

  • Les priorités du capitalisme : 1917 milliards de dollars en dépenses militaires l’an dernier

    Le capitalisme investit bien plus dans la guerre que dans le bien-être de la population. De nombreux progrès technologiques réalisés ces dernières années proviennent de recherches militaires. Imaginez ce qui serait possible si tous les moyens utilisées à des fins militaires l’étaient dans l’intérêt de la collectivité ! Si un partisan du néolibéralisme affirme une fois de plus que l’argent manque pour répondre aux nécessités sociales, il suffit de se référer à ce chiffre : en 2019, les dépenses militaires mondiales se sont élevées à 1917 milliards de dollars.
    Ces données proviennent de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI). L’institut note également que tous les pays ensemble dépensent en moyenne 2,2 % de leur PIB, soit 249 dollars par personne, pour les dépenses militaires. Les États-Unis sont au premier rang avec 732 milliards de dollars. Notre pays a dépensé 4,8 milliards de dollars, ce qui fait que notre pays est à la traîne par rapport à des voisins comme les Pays-Bas (12,1 milliards), la France (50,1 milliards) et l’Allemagne (49,3 milliards). Mais 4,8 milliards de dollars de dépenses militaires en un an, c’est plus que, par exemple, la subvention gouvernementale pour la SNCB et De Lijn ensemble. C’est à peu près autant que l’ensemble des allocations familiales versées dans ce pays.

    Ces chiffres sont hallucinants et illustrent où se situent les priorités du capitalisme. Après la chute du mur de Berlin et des dictatures staliniennes du bloc de l’Est, les dépenses militaires ont diminué pour atteindre plus de 1000 milliards de dollars par an. C’est presque le double aujourd’hui. Selon les ONG, c’est beaucoup plus que ce qui est nécessaire pour mettre fin à la pauvreté dans le monde. Combien d’hôpitaux peuvent être construits avec cette somme d’argent ? Quel degré de protection sociale peut être développé ?

    Demandez aux gens si ces ressources pourraient être mieux utilisées et la grande majorité répondra par l’affirmative et fera immédiatement des suggestions socialement utiles. Les dépenses militaires ont connu le plus fort pourcentage d’augmentation des dépenses l’année dernière depuis 2010, ce qui exprime que les tensions inter-impérialistes sont croissantes. Au lieu de collaborer ensemble et de consacrer toutes les ressources à la santé et au bien-être de la population, il y a une concurrence dans le domaine militaire. Résultat : il existe suffisamment d’armes pour tuer le monde des centaines de fois, mais lutter efficacement contre un virus est impossible.

    Un système qui ne peut pas protéger les êtres humains et la planète, mais qui investit dans des possibilités de les détruire doit être renversé ! Pour mettre fin à la folie actuelle, il faudra un autre “1917” : une révolution où la majorité de la population prendra elle-même le pouvoir, comme les conseils d’ouvriers et de soldats l’ont fait en octobre 1917 en Russie. En 2020, cela signifierait que l’énorme potentiel en termes de technologie, de richesse et de connaissances disponibles pourrait être utilisé pour mettre un terme définitif à la pauvreté, à la famine, aux catastrophes climatiques et à l’approche défaillante des crises sanitaires.

  • Y aura-t-il une troisième guerre mondiale ?

    Selon une étude réalisée entre juin et octobre 2019 par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), plus de la moitié des personnes âgées de 20 à 35 ans sont convaincues qu’un conflit mondial, probablement nucléaire, est à prévoir dans la prochaine décennie. Dans notre pays aussi, plus de la moitié des jeunes craignent une troisième guerre mondiale. Y parviendra-t-on ?

    Par Eugenio (Bruxelles)

    Ce sentiment a été renforcé par l’assassinat du général Qassem Soleimani, le plus haut responsable du service de sécurité iranien, et les menaces échangées entre les responsables américains et iraniens qui en ont résulté. Les jeunes, en particulier, craignent profondément un conflit nucléaire mondial et comprennent généralement son potentiel apocalyptique. Cependant, il est peu probable qu’il y ait une troisième guerre mondiale avec un conflit nucléaire. La perspective d’une destruction mutuelle assurée, ce qu’impliquerait un conflit nucléaire mondial, menace également l’élite économique et politique. Cette élite apprécie les armes nucléaires pour le prestige international et l’influence diplomatique qui en découlent, mais en faire usage est encore une toute autre affaire.

    La classe capitaliste n’est intéressée que par le profit, ce qu’elle obtient grâce à l’exploitation des ressources naturelles et du travail humain. C’est impossible dans un désert post-apocalyptique à la Mad Max. La manière dont l’économie capitaliste mondiale est étroitement imbriquée assure que même des frappes nucléaires à petite échelle sont indésirables pour l’establishment. Cela perturberaient trop profondément les chaînes d’approvisionnement et menaceraient ainsi l’économie dans son ensemble. Mais le capitalisme est en crise profonde et les tensions sont croissantes. La concurrence entre les États-Unis et la Chine aurait conduit à une guerre ouverte à peu près à n’importe quelle autre époque. Aujourd’hui encore, il existe des tensions et des conflits, des guerres commerciales aux confrontations entre régimes fantoches derrière lesquels se trouvent des puissances impérialistes mondiales et régionales. Les investissements dans l’armement et la défense sont inouïs : 1.822 milliards de dollars en 2018 !

    Enfin, la menace de guerre est utilisée par pas mal de régimes politiques pour faire taire ou marginaliser l’opposition interne, à l’image de ce que le mouvement ouvrier dû subir au début du XXe siècle et avec le maccarthysme dans les années 1950. Mais c’est là que le bât blesse pour les différents régimes. L’establishment politique américain panique à mesure qu’il perd le contrôle de son propre système et tandis que les idées socialistes connaissent un succès croissant dans le pays. Le régime iranien a lui aussi été confronté à une contestation de masse.

    La menace d’un mouvement anti-guerre capable de faire vaciller le système politique et économique est une autre raison importante pour laquelle une troisième guerre mondiale n’est actuellement pas à l’ordre du jour. Le mouvement anti-guerre a joué un rôle majeur pour mettre fin à la guerre du Vietnam dans les années 1970. Aujourd’hui, un mouvement anti-guerre aux États-Unis pourrait se développer bien plus rapidement et également recourir à l’arme de la grève au vu de l’actuel contexte de multiplication des luttes syndicales aux USA. Cela menacerait le règne de l’establishment et l’ensemble du système capitaliste. Un mouvement international de masse des travailleurs et des jeunes contre la guerre et l’impérialisme est la meilleure réponse aux menaces de guerre. En mettant toute l’industrie militaire aux mains de la collectivité, les énormes ressources et connaissances technologiques pourraient être utilisées dans l’intérêt de la paix et de la solidarité entre les travailleurs.

    Aidez-nous à construire ce mouvement !

    C’est tout un monde que nous avons à gagner !

  • Iran. Première action anti-guerre à Bruxelles

    La menace d’une nouvelle escalade et d’une nouvelle guerre au Moyen-Orient suscite craintes, mais aussi indignation et protestation. A Bruxelles, une première action a eu lieu devant l’ambassade américaine ce dimanche après-midi en presence de militants pacifistes, mais aussi d’organisations politiques comme le PSL ou le PTB. Parmi les participantes et participants se trouvaient également des personnes d’origine iranienne.

    Ces dernières années, les interventions impérialistes au Moyen-Orient ont fait des ravages, entrainant des situations désespérées pour de larges pans de la population. Les impressionnantes mobilisations sociales contre la pauvreté, le chômage, la corruption et la division communautaire au cours de ces derniers mois au Liban, en Irak, en Iran et ailleurs en sont l’expression. Une escalade du conflit entre les Etats-Unis et l’Iran, que ce soit ou non par le biais de marionnettes, représentera un obstacle à cette protestation sociale en augmentant le désespoir et en compliquant tous les éléments d’espoir reposant sur l’action collective.

    Lors de l’action, plusieurs intervenants ont principalement insisté sur la condamnation des interventions de l’impérialisme américain et sur l’appel à la paix. Le PSL était également présent avec un tract dénonçant les interventions impérialistes, soutenant les mouvements sociaux, appelant à un mouvement anti-guerre massif et plaidant pour l’unité des travailleurs et des jeunes dans la lutte contre le système capitaliste qui entraine pauvreté, division et guerre.

    Cette action était un premier pas important. Malheureusement, nous craignons que d’autres actions anti-guerre soient nécessaires. Commençons à les préparer dès maintenant !

  • Trotsky et la Première Guerre mondiale – Les mouvements de masse peuvent stopper l’horreur

    Le Moyen-Orient est aux prises avec une spirale désespérée de guerre et de violence dans laquelle sont impliquées toutes les puissances mondiales, alors que chaque puissance régionale défend ses intérêts. La guerre en Syrie a dégénéré en une série de conflits et de guerres aux multiples facettes, avec la possibilité d’une nouvelle guerre généralisée. Le Moyen-Orient d’aujourd’hui rappelle les Balkans des années qui ont précédé la Première Guerre mondiale. Une nouvelle guerre mondiale menace-t-elle ? Quelles leçons tirer de la Première Guerre mondiale ?

    Par Geert Cool

    Une lutte pour les marchés et l’influence

    Derrière la Grande Guerre prenait place une bataille féroce pour les marchés et l’influence. Dans ‘‘La Guerre et l’Internationale’’, Léon Trotsky notait : ‘‘Le développement futur de la propriété mondiale mettra en lumière la lutte incessante que se livrent les grandes puissances pour le partage de la surface terrestre. La rivalité économique, sous le signe du militarisme, s’accompagne de pillages et de destructions, désorganisant ainsi les bases de la propriété humaine.’’ L’intégration mondiale de l’économie n’a pas mis fin aux divergences d’intérêts historiques, économiques, politiques et stratégiques des classes dirigeantes nationales. Et la guerre en a été l’expression tragique. Comme l’a dit le socialiste français Jean Jaurès, assassiné dès le début de la guerre : ‘‘Le capitalisme porte en lui la guerre, comme la nuée porte l’orage.’’

    Au Moyen-Orient, comme dans les Balkans avant la Première Guerre mondiale, les puissances impérialistes se battent pour l’influence et le contrôle de territoire. Les droits nationaux sont piétinés ou utilisés comme monnaie d’échange au service des ambitions impérialistes des principaux acteurs de la région. Le risque existe d’une nouvelle escalade de la guerre syrienne vers un conflit régional avec d’une part Israël, soutenu par Trump et les États-Unis, et d’autre part l’Iran, soutenu par le bloc chiite et, en arrière-plan, par la Russie. La résiliation unilatérale de l’accord nucléaire avec l’Iran par Trump a déjà été suivie d’attaques de missiles israéliens contre des cibles iraniennes en Syrie. Même si lancer une guerre généralisée n’est pas à la base de ces actions, le conflit peut développer sa propre dynamique dans cette direction.

    La perspective de conflits et de guerres régionales continue de menacer. À court terme, une guerre mondiale n’est pas à l’ordre du jour. Les conséquences d’un tel conflit, avec l’existence d’armes nucléaires, seraient la destruction totale de la planète. De plus, les classes dirigeantes redoutent les troubles sociaux et les révolutions que cela entrainerait et qui pourraient renverser des figures de premier plan de l’impérialisme et du capitalisme.

    De l’horreur à la révolution

    L’horreur de la guerre peut reléguer au second plan la perspective de la lutte de classe pour une société socialiste. La vague nationaliste qui a déferlé au début de la Première Guerre mondiale a même inondé les partis ouvriers les plus puissants de l’époque. Le programme socialiste, y compris l’internationalisme, a été abandonné. Karl Kautsky avait peut-être la plus grande autorité au sein du mouvement socialiste de l’époque ; il a déclaré que l’instrument de l’internationalisme n’était ‘‘pas un outil efficace en temps de guerre’’. Alors qu’il était précédemment généralement reconnu que le capitalisme conduisait à la guerre, au début de cette guerre, la réponse du socialisme a été ignorée.

    Cependant, plusieurs guerres ont pris fin par la lutte des classes, y compris par la (menace de) révolution. Avec la Révolution russe de 1917, il était devenu intenable de poursuivre la Première Guerre mondiale. La Révolution allemande de novembre 1918 lui a donné le coup de grâce. En 1973, le président américain Richard Nixon n’avait plus d’autre alternative à sa disposition que le retrait des troupes du Vietnam, car la poursuite de cette guerre menaçait de conduire à une révolte sociale incontrôlable aux Etats-Unis.

    Beaucoup de forces limitent leurs efforts à des appels désespérés en faveur de négociations de paix entre les dirigeants du monde, alors que se sont ces mêmes dirigeants capitalistes qui s’engagent dans les diverses guerres tout en employant une rhétorique favorable aux solutions politiques plutôt que militaires. Mais la guerre n’est que la continuation de la politique par d’autres moyens. Pour combattre un incendie, on fait appel aux pompiers, pas aux pyromanes.

    Construire un mouvement anti-guerre

    L’histoire récente illustre elle aussi le potentiel d’un fort mouvement anti-guerre. Fin 2002 et début 2003, les mobilisations ont été massives contre l’invasion imminente de l’Irak. Des millions de personnes sont descendues dans les rues lors de la plus grande journée internationale d’action jamais vue. Ce mouvement de masse a pourtant eu lieu à la suite du triomphalisme néolibéral des années 1990.

    Depuis la récession économique de 2008, nous sommes dans une autre situation : l’autorité de l’ensemble des institutions établies ainsi que des politiciens a encore été sapée. Des premières expériences de mouvements de masse ont renversé des dictateurs en Tunisie et en Egypte ; des couches plus larges cherchent des alternatives à la situation actuelle et, dans certains pays, ils s’orientent explicitement vers le socialisme. Un puissant mouvement anti-guerre irait peut-être aujourd’hui un cran plus loin avec un élément insuffisamment présent en 2003 : le blocage des ports et de l’industrie de l’armement ou, si nécessaire, de l’ensemble de l’économie afin d’arrêter (chaque pas vers) la guerre.

    La situation désespérée en Syrie et ailleurs n’entraîne pas encore de mouvements de masse. Beaucoup sont paralysés par le désespoir. L’escalade de la guerre, la fatigue concernant cette dernière et la résistance croissante aux dépenses militaires insensées peuvent conduire à de nouveaux mouvements anti-guerre. Cependant, nous ne devons pas simplement attendre que cela se produise ; il nous faut dès à présent poser les bases d’une résistance anti-guerre active. Nous ne créons pas la scène historique sur laquelle nous sommes actifs, nous devons agir sur le terrain que l’Histoire a créé.

    Que peut nous apprendre Trotsky ?

    L’année dernière, nous avons accordé beaucoup d’attention au 100e anniversaire de la Révolution russe et nous ferons de même avec celui de la Révolution allemande de 1918. Ces deux mouvements révolutionnaires résultent de la Première Guerre mondiale et ne peuvent être compris sans une meilleure compréhension de cette guerre elle-même. Léon Trotsky a écrit beaucoup de matériel durant la guerre, y compris son texte ‘‘La Guerre et l’Internationale’’ dans lequel une vue d’ensemble de la situation et un programme anti-guerre ont été présentés. Dans sa correspondance de guerre, il discute des principaux développements ainsi que de la vie quotidienne sur la ligne de front. Il a par exemple décrit les tranchées ou le destin du 7e régiment lors, entre autres, de la terrible destruction de Louvain.

    Le message central de Trotsky était que, malgré et en dépit de l’horreur, il restait optimiste. ‘‘Nous, marxistes révolutionnaires, n’avons aucune raison de perdre espoir. L’époque dans laquelle nous entrons sera notre époque. Le Marxisme n’est pas vaincu. Au contraire : si le grondement de l’artillerie sur tous les champs de bataille européens signifie la faillite des organisations historiques du prolétariat, il proclame la victoire théorique du Marxisme. Que reste-t-il à présent du développement ‘‘pacifique’’, de l’effondrement des contradictions capitalistes, de l’accroissement mesuré et progressif du Socialisme ?’’ La guerre ne résout pas la question ; ‘‘au contraire, elle la rend plus aiguë. Et voici le monde capitaliste placé devant ces deux possibilités : Guerre permanente ou Révolution du prolétariat’’.

    L’horreur de la guerre – de la Première Guerre mondiale à la Syrie, l’Irak ou Gaza aujourd’hui – est une conséquence sanglante du capitalisme. Tant que le capitalisme existera, cette tendance à la barbarie se poursuivra.

    Pour éviter la guerre, nous devons combattre le capitalisme. Des partis ouvriers massifs et indépendants qui défendent une alternative socialiste internationaliste au capitalisme restent la meilleure garantie contre la guerre. Ils peuvent poser les bases d’un monde socialiste basé sur la planification démocratique de l’économie, ce qui signifie qu’il n’y aura plus de lutte pour les marchés et les intérêts économiques, lutte inévitable au sein du capitalisme et qui continue de conduire à des conflits.

  • Croissance de l’instabilité et des tensions. La troisième guerre mondiale menace-t-elle?

    La Syrie. Photo : Wikimedia

    La guerre en Syrie se poursuit avec l’implication directe ou indirecte de diverses grandes puissances. Les USA et l’Europe occidentale s’y trouvent couteaux tirés face à la Russie. Le président américain Trump a lancé la ‘‘mère de toutes les bombes’’ – la plus puissante bombe non nucléaire – sur l’Afghanistan. Les États-Unis menacent d’envoyer une flotte en Corée du Nord, dans l’arrière-cour de la Chine. Pendant ce temps, les tensions en Ukraine et ailleurs ne s’atténuent pas. À cela s’ajoutent encore les conflits commerciaux entre les grandes puissances. Tout cela peut-il dégénérer en une troisième guerre mondiale ?

    Par Geert Cool

    La mondialisation en crise

    Les années 1990 ont été caractérisées par la croissance économique et le triomphalisme idéologique du néo-libéralisme. L’effondrement de la caricature stalinienne totalitaire de socialisme en Europe de l’Est et en Europe centrale a chassé l’idée d’une alternative au capitalisme vers un arrière-plan lointain. Les anciens partis ouvriers et même une partie des dirigeants syndicaux ont étés entrainés dans la logique néolibérale du marché libre tout-puissant.

    L’ouverture de nouveaux marchés (les anciennes économies bureaucratiquement planifiées) et la croissance économique ont rendu possible une plus grande unification des pays et blocs capitalistes. Ainsi, l’Union européenne s’est développée à côté de nombreux autres accords commerciaux internationaux. La ‘‘mondialisation’’ – une phase du capitalisme marquée par une coopération internationale renforcée pour maintenir les profits – a immédiatement été présentée comme l’ultime garantie de la paix et du progrès.

    Au début de ce siècle déjà, il était évident que cette mondialisation ne profitait qu’aux plus riches et que les inégalités ne faisaient que se creuser. Depuis le déclenchement de la crise économique en 2008, les tensions tant au sein de l’Union européenne qu’entre les différentes grandes puissances ont à nouveau augmenté. Le capitalisme n’a pas pu transcender les frontières nationales et éradiquer les contradictions entre les diverses bourgeoisies nationales. La méfiance croissante envers le système et ses institutions attise l’instabilité politique, d’où l’élection de l’incontrôlable Donald Trump.

    Guerre & conquête des marchés

    Le révolutionnaire Léon Trotsky décrivait la Première Guerre mondiale comme la faillite d’un système pourrissant sur base de ses propres contradictions. Il a écrit en 1914: ‘‘La guerre de 1914 est la plus grande convulsion économique d’un système qui meurt de ses propres contradictions. Toutes les forces historiques qui furent appelées à dominer la société bourgeoise, à parler en son nom et à l’exploiter (…) sont balayées par la banqueroute historique de 1914.’’

    La guerre était essentiellement une lutte pour de nouveaux marchés. L’intégration globale de l’économie n’avait pas mis fin aux différents intérêts historiques, économiques, politiques et stratégiques des classes dirigeantes nationales. La guerre en était l’expression tragique. Comme le socialiste français Jean Jaurès assassiné tout au début de la guerre le faisait remarquer: ‘‘Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage’’.

    La fin de la Première Guerre mondiale a été précipitée par les révolutions en Russie (1917) et en Allemagne (1918). Cependant, l’absence d’une expansion internationale de la révolution victorieuse en Russie a permis à la classe capitaliste de conserver son pouvoir. Les causes sous-jacentes de la guerre n’ont pas pour autant disparu et la période de crise économique des années 1930 les a de nouveau fait émerger de manière plus nette. L’écrasement du mouvement ouvrier allemand sous la poigne de fer du fascisme a ouvert la voie à une nouvelle guerre mondiale. Comme le théoricien militaire Clausewitz le soulevait, la guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens.

    La Seconde Guerre mondiale a été particulièrement dévastatrice avec des millions de morts et l’utilisation d’armes de destruction massive les plus modernes. Les nazis ont affronté le peuple de l’Union soviétique sur le front de l’Est qui, en dépit de l’extrême manque de préparation de la part du régime stalinien, a refusé de se rendre pour ne pas retourner à la période antérieure à la révolution. Ailleurs, la résistance de la population était également forte. Ainsi, à l’été 1940 en Pologne, la résistance armée regroupait déjà 100.000 combattants. L’avancée de l’armée rouge en Europe de l’Est et le renforcement des forces de combattantes de la résistance ont forcé les États-Unis à intervenir dans la guerre. Ces derniers voulaient à tout prix éviter que la Seconde Guerre mondiale finisse de la même manière que la première: par une révolution ouvrière victorieuse qui mette fin au capitalisme et aurait par ailleurs aussi conduit à une révolution politique mettant de côté la bureaucratie stalinienne totalitaire en Union soviétique.

    Les contradictions existent toujours

    Les contradictions qui ont conduit à la Deuxième Guerre mondiale existent toujours. Les États-nations se battent entre eux pour le bénéfice économique et pour la conquête de nouvelles positions stratégiques. D’énormes ressources sont allouées à l’achat d’armes de guerre et à la recherche militaire. Imaginez si ces moyens étaient utilisés pour les investissements massifs dans les soins de santé, l’enseignement et le logement! Plusieurs pays capitalistes sont capables de se détruire les uns les autres et même de détruire le monde, mais ils échouent à éradiquer la faim.

    Une nouvelle guerre mondiale semble toutefois exclue en ce moment pour plusieurs raisons. Une telle guerre conduirait à la destruction complète de la planète, ou tout au moins à un risque élevé que cela ne se produise. Les capitalistes sont prêts à aller très loin dans la défense de leurs intérêts, y compris le changement climatique qui met la planète en danger, mais une destruction complète va trop loin, pour eux aussi.

    Et puis, il existe un autre facteur décisif qui est souvent ignoré par les historiens et les médias établis: le rôle de la classe ouvrière. Une opposition massive à la guerre peut conduire au questionnement du système capitaliste lui-même. En 2003, le mouvement anti-guerre n’est pas parvenu à empêcher l’invasion de l’Irak, mais il a tout de même démontré le potentiel d’un mouvement mondial. Des millions de personnes sont descendues dans les rues au même moment et si ce mouvement s’était davantage développé à travers des grèves, cela aurait rendu la guerre en Irak très difficile. Avant ça, les manifestations de masse ont joué un grand rôle pour mettre un terme à de la guerre du Vietnam.

    Avec la protestation américaine contre Trump qui a déjà mis des millions de personnes dans la rue et avec une quête croissante d’alternatives en Europe (pensez au soutien à Mélenchon, à Podemos et, avant sa transformation en une extension politique de la Troïka austéritère, aussi à SYRIZA en Grèce), nous sommes dans une phase de croissance des luttes. Cela pourrait conduire à un mouvement de masse sans précédent qui empêchera de nouveaux pas vers une guerre mondiale et contestera parallèlement le capitalisme lui-même.

    Y a-t-il une issue à la guerre en Syrie?

    C’est très bien tout ça, penseront certains lecteurs, mais pendant ce temps, le massacre barbare se poursuit en Syrie. Comment peut-il être stoppé ? Déterminer quel est le problème est une condition sine qua non pour apporter des éléments de réponses. Cette guerre a été causée par des années d’ingérence des puissances impérialistes dans la région et par les régimes locaux et régionaux qui ont pu construire et maintenir leur position dominante sur une base sectaire. Nous n’avons rien à espérer de ces forces. Celui qui a des illusions sur le rôle que pourrait jouer la Russie ou même dans les interventions militaires américaines pour une sortie de crise se trompe.

    Les années d’oppression et de guerre destructrice n’ont pas permis au mouvement populaire de 2011 en Syrie de poursuivre son développement. Des forces sectaires tiennent maintenant le haut du pavé. Malgré ce contexte très sombre, des tentatives de solutions existent, comme dans la région kurde du Rojava. Cela illustre qu’il pourrait en être autrement. Les causes de la vague de soulèvements et les mouvements révolutionnaires au Moyen-Orient et en Afrique du Nord en 2011 existent toujours. L’évincement des dictateurs comme Moubarak (Égypte) et Ben Ali (Tunisie) n’ont toutefois pas suffi: l’ensemble du système doit être balayé. De nouveaux mouvements de masse écloront et auront un impact sur la population en Syrie.

    Nous pouvons préparer cela au mieux en insistant sur l’importance d’une position de classe indépendante: les opprimés doivent s’unir indépendamment de leur ethnie et de leur religion dans une lutte contre la classe dirigeante. Il est absurde de lutter pour la paix en soutenant un camp capitaliste contre l’autre. Elle ne sera pas non plus atteinte en mettant tout espoir dans des forces bourgeoises. Nous devons être indomptables et insoumis dans notre combat pour une société socialiste.

    L’horreur de la guerre est une conséquence sanglante du capitalisme. Tant que le capitalisme existe, cette tendance à la barbarie continuera à réapparaître. Pour éviter la guerre, nous devons lutter contre le capitalisme. Des partis des travailleurs et de la jeunesse indépendants et massifs qui défendent une alternative socialiste internationaliste demeurent la meilleure garantie contre la guerre. Ils peuvent jeter les bases d’un monde socialiste basé sur la planification démocratique de l’économie, ce qui éliminerait la concurrence pour les marchés et la défense d’intérêts économiques particuliers, des luttes inévitables sous le capitalisme et qui continuent à provoquer des conflits.

  • Non à la participation belge à la guerre en Syrie!

    SocialistWorld

    Les six F-16 belges, qui reprendront leurs frappes en Irak à partir du 1er juillet prochain verront leur mandat élargi à la Syrie selon l’accord conclu entre les partenaires de la majorité ce jeudi 12 mai en soirée. Vous trouverez ci-dessous un article publié dans l’édition de mai de Lutte Socialiste consacré à la participation belge à la guerre en Syrie.

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    Début mars, le gouvernement américain a officiellement demandé à la Belgique de renouveler sa participation à l’opération de l’OTAN “Inherent Resolve” au Moyen-Orient. Partenaire loyal de l’OTAN, le gouvernement belge acceptera selon toute vraisemblance. Après une participation de neuf mois aux bombardements en Irak en 2014-2015, les F-16 belges serviront à nouveau, y compris en Syrie et peut-être même en Libye.

    La ‘‘guerre contre le terrorisme’’ dure depuis déjà 15 ans, depuis les attentats du 11 septembre 2001. Le nombre de guerres a augmenté, pareil pour les attaques terroristes. Les groupes fondamentalistes religieux tels qu’Al-Qaïda et Daesh (l’Etat Islamique) sont aujourd’hui plus puissants que jamais. En Afghanistan, les Talibans n’ont pas disparu de la scène. En Libye, la destruction est générale et la guerre civile est maintenant invoquée pour promouvoir une nouvelle intervention internationale. En Irak, les autorités occidentales espéraient parvenir à une certaine stabilité en jouant sur les divisions sectaires. Mais ce fut la guerre et cette dernière a ouvert la voie au rapide essor de l’État islamique parmi les sunnites. Les opérations militaires n’entrainent que plus de chaos.

    Malgré l’échec des interventions en Afghanistan, en Irak et en Libye, les mêmes tactiques sont utilisées en Syrie. La coalition américaine a, en un an, effectué 8.000 frappes aériennes sur Daesh en ne gagnant qu’à peine du terrain. Les bombardements causent d’inévitables victimes civiles qui alimentent la colère des sunnites au Moyen-Orient contre les États-Unis et aident le recrutement des groupes fondamentalistes religieux.

    Toute l’argumentation selon laquelle les interventions occidentales serviraient à instaurer la démocratie, la paix et les ‘‘valeurs occidentales’’ est d’une hypocrisie sans nom. La Turquie, alliée des occidentaux, peut ainsi sans problème livrer une guerre unilatérale contre le peuple kurde tandis que le président-dictateur Erdogan place les médias sous son contrôle. L’Arabie saoudite, autre allié des puissances occidentales, peut exécuter des prisonniers politiques par pendaison ou interdire aux femmes de conduire. Pourtant, la vision profondément conservatrice de l’élite saoudienne a servi de modèle à la fois aux Talibans, à Al-Qaïda et à Daesh. L’establishment occidental a déroulé le tapis rouge aux fondamentalistes. En Belgique, la Grande Mosquée de Bruxelles a été confiée par bail à l’Arabie saoudite : le soutien au fondamentalisme religieux faisait partie du prix à payer pour le pétrole saoudien.

    La destruction de la Syrie par des raids aériens ne mettra pas fin au terrorisme. Bien au contraire. Cela augmentera les risques de propagation du conflit, notamment avec la guerre du régime turc d’Erdogan contre les Kurdes. Cela menace d’encore approfondir la misère et la barbarie pour la majorité de la population de la région. La crise des réfugiés pourrait devenir encore plus dramatique qu’aujourd’hui.

    La participation belge à la guerre en Syrie rend notre pays en partie responsable de la croissance des violences et des destructions mais aussi de leurs conséquences, comme le terrorisme et les flux de réfugiés. Stimuler les investissements dans l’armement et la Défense au cours des années à venir (notamment par l’achat d’avions de combat F35) est un choix politique. Pas d’argent pour la guerre mais pour combattre la misère !

    L’un des rares où les groupes fondamentalistes comme Al-Qaïda & Co. ont été poussés dans la défensive fut au cours de la vague de révolutions et de soulèvements de masse qui a déferlé sur le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord en 2011. Ces mouvements sociaux ont clairement illustré que l’action des masses pouvait arracher un changement réel. Ces manifestations de masse ont un grand caractère unificateur qui balaie les frontières sectaires. En Irak, des manifestations conjointes de sunnites et de chiites ont eu lieu. En Afghanistan, en 2015, des manifestations de masse ont eu lieu pour dénoncer les violences dont sont victimes les Hazaras, une minorité chiite. Comme nous l’avons vu en Libye, les interventions impérialistes dans la région visent également à stopper le développement des mouvements de masse. Mais il s’agit de la seule façon de lutter efficacement contre Daesh.

    Cinq ans après le début des soulèvements de masse au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, il faut retrouver le chemin de ces mobilisations et, parallèlement, en tirer les enseignements. Faire tomber les dictateurs ne suffit pas, c’est tout le système qui doit être renversé. Cela exige de construire des partis révolutionnaires armés d’un programme socialiste de rupture avec le capitalisme.
    D’ici à ce que de tels mouvements émergent au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, nous pouvons jouer un rôle en construisant un puissant mouvement anti-guerre. Juste avant le début de la guerre en Irak, en 2003, nous avons connu un large mouvement anti-guerre avec des millions de manifestants. La manifestation contre l’achat d’avions de chasse F35 le 24 avril dernier à Bruxelles était un excellent début pour renouer avec cette tradition.

    ‘‘Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage’’ déclarait le socialiste français Jean Jaurès avant le déclenchement de la Première Guerre mondiale. Pour parvenir à un monde sans guerre, nous devons lutter pour une autre société.

  • Manifestation nationale "Pas d’avions de chasse"

    Le 24 avril, il y aura une manifestation nationale du mouvement pour la paix. La manifestation est dirigée contre l'achat d'avions de chasse par le gouvernement belge. Alors qu'il faudrait économiser sur les budgets publics, on voit que l'Etat ne manque pas de moyens pour investir des milliards dans l'armement. Des milliards pour la guerre, ça, il y en a, mais les victimes des interventions occidentales bénéficient de moins d'aide et les budgets sociaux sont eux aussi rabotés. Investir dans la guerre ne conduira pas à la paix, la majorité de la population ne pourra pas en bénéficier. Ci-dessous, voici l'appel de la plateforme "Pas d’avions de chasse", qui se retrouve également sur facebook.

    gevechts
    La plateforme Pas d’avions de chasse continue sa mobilisation contre l’achat de 40 nouveaux avions de chasse (6 milliards d’euros) et vous invite à montrer votre désaccord à le 24 avril !

    La plateforme Pas d’avions de chasse invite tous les citoyens belges à venir manifester contre cette dépense inconsidérée que notre gouvernement s’apprête à faire le 24 avril à 14h.

    Pourquoi venir manifester ?

    Les missions militaires n’amènent ni la paix ni la stabilité

    Les interventions militaires dans les différentes parties du monde n’ont pas entraîné davantage de paix ou de stabilisation. Au contraire. Les situations en Afghanistan ou en Libye en sont des exemples alarmants. Constatant que la recette militaire ne marche pas, il est urgent d’apporter un autre regard sur les politiques de gestion des conflits et de maintien de la paix. Si l’objectif de cet achat est réellement de contribuer à la paix et à la stabilité, de nouveaux avions de chasse seraient le plus mauvais investissement possible, particulièrement quand on sait que ces avions prolongeront la capacité nucléaire des F16.

    Les Belges ne veulent pas de nouveaux avions de chasse

    avionsdechasseIl n’y a aucun soutien de la société belge pour l’investissement de milliards d’euros dans l’achat de chasseurs-bombardiers. D’après une enquête de l’Université d’Anvers, seulement 25% des Belges y sont favorables. C’est un message clair en direction du futur gouvernement. Le mouvement de la paix vous propose de renforcer ce message en apportant votre soutien.

    L’État belge n’a pas 6 milliards d’euros à dépenser

    L’achat de nouveaux chasseurs-bombardiers coûtera facilement 6 milliards d’euros. Un montant non disponible ! La crise économique et financière oblige chacun d’entre nous à modérer ses dépenses. L’État belge également, qui a déjà annoncé de nouvelles politiques d’austérité (la Banque nationale demande 14 milliards d’économie d’ici à 2017). Notre gouvernement se doit de travailler à une politique durable en matière économique, climatique, environnementale, de soins de santé et de sécurité sociale.

    Un débat public et démocratique

    La question de l’achat de nouveaux avions de combat commande l’organisation d’un débat ouvert et démocratique portant tant sur le rôle et l’avenir de l’armée belge que sur l’identification des investissements prioritaires en vue d’assurer un monde durablement en paix et plus sûr. L’avis de la population et d’experts de tous les horizons doit incontestablement être demandé et écouté !

  • Moyen-Orient : L’échec de la politique des frappes aériennes américaines sur l’État islamique

    Tandis que la bataille pour Kobanê fait rage, les forces de l’EI gagnent de plus en plus de terrain en Irak

    Tony Saunois, secrétaire général du Comité pour une Internationale Ouvrière

    article_MO_USObama et ses alliés occidentaux voulaient faire croire qu’une politique d’intervention se limitant à des frappes aériennes suffirait à empêcher l’avancée des forces du groupe ‘‘État islamique’’ en Irak et en Syrie.

    Mais à présent, tandis que se la perspective d’une défaite des forces kurdes qui combattent EI pour le contrôle de la ville de Kobanê se rapproche, cette politique a prouvé son inefficacité. Les forces de l’EI avancent dans la ville et, au moment où nous rédigeons cet article, semblent sur le point d’engranger une nouvelle victoire. Alors qu’on fait état de scènes de massacres horribles dans la ville par les forces enragées du groupe réactionnaire qu’est l’EI, les frappes aériennes américaines sur les forces de l’EI n’ont eu que très peu d’effet et se sont avérées impuissantes à contrer leur progression. La population kurde de Kobanê mène une lutte courageuse tout autant que désespérée : elle sait que si elle ne vainc pas l’EI, c’est le massacre qui l’attend.

    Ce n’est pas qu’en Syrie que la politique de frappes aériennes prônée par Obama est vouée à l’échec. L’évolution de la situation en Irak, surtout dans la province d’al-Anbâr, dans l’Ouest du pays (à la frontière avec la Syrie, la Jordanie et l’Arabie), voit les forces de l’EI effectuer de grandes percées. La province d’al-Anbâr, qui compte pour près de 25 % du territoire irakien, ainsi que toutes les plus grandes villes de la province, à l’exception de Haditha et de deux bases militaires près de Hit et de Falloujah, sont tombées entre les mains de l’EI. Une fois de plus, l’armée irakienne a été mise en déroute sans avoir offert la moindre résistance. Le bilan de l’incessante catastrophe humanitaire en Irak s’alourdit en conséquence avec le départ de la province de 750.000 nouveaux réfugiés.

    Al-Anbâr

    Il est maintenant probable que les forces de l’EI se préparent à lancer une nouvelle offensive dont l’objectif sera de s’emparer des quartiers ouest de Bagdad, à majorité sunnite. La province d’al-Anbâr avait constitué le cœur de l’insurrection sunnite contre l’occupation américaine en 2003. Le facteur principal qui explique les victoires actuelles de l’EI en Syrie et en Irak n’est pas seulement la quantité d’armes lourdes qu’il est parvenu à capturer à la suite de ses victoires sur l’armée irakienne, mais aussi au fait que cette avancée a acquis le caractère d’une nouvelle insurrection sunnite généralisée.

    Les milices chiites qui ont quelque peu progressé dans les quartiers nord et nord-est de Bagdad, ont répondu aux attaques de l’EI d’une manière brutale et sans chercher à distinguer les combattants de l’EI des simples civils sunnites. Cela a contribué à pousser encore plus de sunnites à rejoindre les rangs de l’EI, puisque nombre d’entre eux ne voient pas d’autre force à même de les “défendre”. Les milices chiites dans Bagdad parlent ouvertement de chasser les sunnites des quartiers encore mixtes de la ville. Si les forces de l’EI ont pu trouver une base sociale, c’est à cause de l’oppression perpétrée à l’encontre de la population sunnite par le gouvernement irakien de Maliki, installé par les États Unis à la suite de l’invasion de 2003.

    Cette crise va certainement s’intensifier à la suite de ces évènements en Irak, avec la chute possible de Kobanê entre les mains des forces de l’EI. En Turquie, le régime du Premier ministre Erdogan a consciemment refusé toute intervention contre les forces de l’EI qui marchaient sur Kobanê, car il craint qu’une victoire des forces kurdes qui défendent Kobanê n’encourage la lutte de libération nationale des 15 millions de Kurdes dont le territoire appartient à la Turquie.

    La plupart des combattants à Kobanê sont regroupées dans les unités de protection populaire dirigées par le Parti de l’union démocratique (PYD, Partiya Yekîtiya Demokrat) de la branche syrienne du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK, Partiya Karkerên Kurdistan) dont la base se trouve en Turquie. Ce serait un grand soulagement pour le régime Erdogan de voir la ville tomber entre les mains de l’EI plutôt que de voir le PYD sortir victorieux de cette bataille. On voit d’ailleurs que des accords semblent avoir été conclus entre lui et l’EI à ce sujet, vu la récente libération d’otages turcs par l’EI.

    Aucune confiance dans les dirigeants régionaux et dans l’impérialisme

    Nous ne pouvons accorder la moindre confiance dans les dirigeants régionaux ni dans l’impérialisme occidental en ce qui concerne la résolution de cette crise.

    Aucune “solution” proposée par ces puissances ne permettra d’améliorer le sort de l’ensemble de la population de la sous-région. L’intervention impérialiste occidentale ne fait qu’aggraver le désastre. D’ailleurs, faut-il rappeler que la crise actuelle tire en grande partie ses origines de la série d’“interventions” impérialistes qui ont eu lieu dans toute la sous-région au cours des dernières années ? Nous ne pouvons pas non plus avoir la moindre confiance dans les élites et dirigeants sunnites ou chiites des différents pays de la sous-région, qui ne s’impliquent dans ce conflit que dans le but de satisfaire leurs propres intérêts. La Turquie cherche à renforcer son expansion en Syrie, désireuse de rétablir son empire sur cette région comme à l’époque ottomane.

    Obama parle maintenant de mettre en place une coalition avec des puissances sunnites telles que l’Arabie Saoudite, le Qatar et les Émirats arabes unis afin de contrer l’EI. Cependant, même si certaines des dynasties corrompues et répressives au pouvoir à la tête de ces pays ne soutiennent pas pleinement les actions de l’EI, d’autres l’ont activement soutenu ; et toutes ont leurs propres intérêts à défendre, qui ne sont pas ceux d’Obama. Pour elles, vaincre l’EI n’est pas une priorité. De plus, sur le court terme, ces régimes considèrent que l’EI cause et causera plus de problèmes à leurs rivaux chiites (au Liban, en Iran, etc.) qu’à eux-mêmes.

    Il faut un mouvement uni des masses

    Afin de contrer la terreur semée par l’EI et par les autres forces sectaires réactionnaires dans la sous-région, il faut construire un mouvement uni des masses arabes sunnites et chiites ensemble avec les Kurdes, les Turcs et les autres peuples de la sous-région. Pour combattre la menace réactionnaire et sanglante que fait peser l’EI sur Kobanê et ailleurs en Syrie et en Irak, il faut mettre sur pied des comités dont la ta?che sera de former des milices de masse. Il faut lutter pour contraindre la Turquie à lever l’embargo sur les armes, afin d’armer ces milices d’auto-défense. En Turquie, il faut former des comités de travailleurs turcs et kurdes pour mener une lutte unie. La construction de comités de masse mixtes regroupant sunnites et chiites en Irak, ensemble avec le peuple kurde, contre les forces sectaires, quelles qu’elles soient, nous permettra d’aller de l’avant.

    Ces comités pourraient former la base d’un nouveau gouvernement – un gouvernement des travailleurs, des paysans et de tous les exploités du capitalisme et de l’impérialisme. Une fédération socialiste des États de la sous-région, constituée sur une base volontaire et égalitaire, serait seule à même de garantir les droits démocratiques, nationaux, ethniques et religieux pour toute la population de la sous-région.

  • Etat islamique : Les bombardements n’apporteront aucune stabilité

    EtatislamiqueD’où provient l’État islamique et comment lutter contre ?

    La barbarie des exécutions arbitraires ne se limitent pas aux territoires d’Irak et de Syrie actuellement sous le contrôle de l’État islamique (EI). En Arabie Saoudite, pays qui abrite un grand nombre de bailleurs de fonds de l’EI, 19 décapitations publiques ont au moins eu lieu depuis début août. Mais comme il s’agit d’un allié de l’impérialisme américain, l’attention qui y est accordée est moindre… L’hypocrisie de l’impérialisme ne connaît pas de limites. Mais les pratiques barbares de l’État islamique engendrent des questions légitimes : d’où vient ce groupe et comment peut-il être stoppé ?

    Dossier de Geert Cool, tiré de l’édition d’octobre de Lutte Socialiste

    Le monstre de Frankenstein

    L’État islamique (EI) est soutenu par les cheikhs des pays du Golfe riches en pétrole. Tout comme Al-Qaïda, l’EI s’inscrit dans la version wahhabite de l’islam politique de l’élite dirigeante d’Arabie saoudite et du Qatar même si l’État islamique, tout comme Al-Qaïda, qualifie la famille royale saoudienne de ‘traîtres’.

    La doctrine conservatrice du wahhabisme date du 18ème siècle, lorsque la péninsule arabique avait largement perdu de son importance économique et stratégique. Par la suite, la Première Guerre mondiale a conduit à ce que la région soit redessinée (avec notamment la création d’une frontière artificielle entre l’Irak et la Syrie selon les accords Sykes-Picot de 1916 conclus entre la Grande-Bretagne et la France) mais a également entraîné le retour du wahhabisme en Arabie Saoudite, les Britanniques y voyant un allié.

    Après la Seconde Guerre mondiale, le régime conservateur saoudien fût un allié important de l’impérialisme américain. Ce régime était autorisé à commettre des ‘actes barbares’ qui ne posaient aucun problème tant que l’accès au pétrole était garanti.

    Les États-Unis disposaient aussi de cette façon d’un accès facile à des alliés tels que les moudjahidines, en lutte contre l’invasion soviétique de l’Afghanistan après 1979. La formation de combattants pakistanais qui, plus tard, sont allés combattre les Soviétiques en Afghanistan a ainsi notamment été soutenue. La barbarie et le désespoir croissants liés à l’extrême misère – encore renforcée par l’ampleur accrue des politiques néolibérales après la chute du stalinisme – a constitué la base sociale qui a favorisé l’ascension de seigneurs de guerre rivaux. Dans ce contexte chaotique, les talibans, issus des combattants moudjahidines, ont pu s’emparer du pouvoir en tant que facteur de stabilisation.

    Après les attentats du 11 septembre 2001, l’impérialisme américain s’est retourné contre son ancien allié. Alors qu’en _1988 encore le célèbre film d’action ‘‘Rambo III’’ était dédié aux ‘‘courageux combattants Moudjahidines’’, en 2001, ces mêmes combattants étaient décrits comme la cheville ouvrière de ‘‘l’Axe du mal’’ contre lequel Bush et Blair sont partis en guerre.

    Les guerres d’Afghanistan et d’Irak n’ont pas permis à l’impérialisme américain d’en finir avec des groupes comme Al-Qaïda. Le terrain leur est toujours fertile : la misère sociale persiste et laisse même encore plus d’espace pour le sectarisme religieux et la barbarie. Cette barbarie bénéficie d’un important soutien financier de la part des cheikhs conservateurs des pays du Golfe. Il en résulte une étrange combinaison de pratiques féodales et de pétrodollars défendue par une stratégie de propagande moderne qui accorde notamment une grande attention aux réseaux sociaux afin d’attirer des combattants occidentaux.

    Jusqu’il y a peu, l’impérialisme américain mais aussi son allié turc de l’OTAN soutenaient à tout le moins indirectement l’EIIL (Etat Islamique en Irak et au Levant) – le groupe qui a proclamé l’État islamique (EI). Dans le cadre de la lutte contre le régime d’Assad en Syrie, l’EIIL était après tout un facteur bien utile. Mais maintenant que l’EIIL, sur base du mécontentement des Sunnites dû à la domination chiite dans l’Irak d’après-guerre, a obtenu un soutien plus large et se développe au point de menacer les ressources pétrolières de la région kurde, l’EIIL est devenu un danger pour les intérêts impérialistes. En mai 2013 encore, le sénateur conservateur américain John McCain (une sorte de Rambo contemporain) s’était rendu en Syrie où il s’était fait photographier en compagnie de combattants qui ont ensuite contribué au développement de l’EIIL, à l’instar de l’ancien chef de la branche irakienne d’Al-Qaïda, al-Baghdadi, devenu par la suite le ‘calife’ auto-proclamé de l’État islamique…

    Les décennies d’ingérence impérialiste et de soutien à des régimes dictatoriaux sont un échec. Ces régimes ont donné naissance à une infime couche de super-riches d’un côté, et de l’autre à une misère croissante pour la majorité de la population (y compris la majorité de la population saoudienne, qui vit sous le seuil de pauvreté). La population est victime de divisions sectaires et de barbarie. Même du point de vue de l’impérialisme américain, cette stratégie a entraîné le développement de monstres de Frankenstein incontrôlables. Mais que ce soit bien clair : ces monstres sont l’œuvre des classes dominantes et de leurs marionnettes locales, pas de la population.

    Les bombardements vont-ils arrêter l’EI ?

    L’EI a connu une progression rapide au cours de laquelle il n’a pas hésité à piller des banques ou à prendre en main des ressources gazières et pétrolières (ce qui, incidemment, stimule aussi le commerce avec la Syrie). La cible principale de l’EI est constituée de tous ceux qui ne suivent pas la version sunnite ultra-conservatrice de l’islam, c’est-à-dire essentiellement les musulmans chiites. Les décapitations de journalistes et la persécution atroce de dizaines de milliers de Yézidis a attiré l’attention du monde entier sur l’ascension de l’EI. Mais la raison principale derrière l’intervention militaire est le fait que ce groupe ne s’est pas limité à la Syrie et prend maintenant pour cible l’ensemble du Moyen-Orient.

    Les divisions sectaires en Irak – dont les USA sont partiellement responsables avec leur soutien au régime chiite irakien – ne sont pas terminées. Ce régime n’a pas hésité à discriminer et à persécuter les Sunnites, lesquels occupaient une position privilégiée sous Saddam Hussein. L’EI est principalement composé de jeunes désespérés et radicalisés complètement marginalisés et qui, faute de perspectives, déversent leur colère causée par la persécution des sunnites au sein de l’EI, qui les entraîne dans une révolte réactionnaire.

    Sans perspective d’avenir, la porte reste ouverte aux expressions réactionnaires de désespoir financièrement soutenues dans le cadre d’un large conflit sectaire régional. Les bombes ne pourront rien y faire si ce n’est causer plus de ravages. Le soutien militaire direct au régime chiite irakien ne fera qu’accroître les divisions sectaires, cela peut même aider à bétonner la position de l’EI alors que ses prédécesseurs d’Al-Qaïda en Irak avaient perdu tout appui à cause de leur attitude violente à l’égard de la population locale.

    Même si les frappes aériennes parviennent à refouler l’EI, qu’arrivera-t-il ensuite pour remplir le vide ? Quelles seront les conséquences pour la région ? Un état kurde où la population aura écarté les dirigeants mafieux irakiens ? Un renforcement de l’Iran ? Comment s’organiseront ensuite les Sunnites irakiens ?

    Avec la présence de groupes fondamentalistes au nord du Nigeria et au Pakistan en passant par le Mali, la Libye, la Somalie et le Yémen, garder la situation sous contrôle commence à devenir très compliqué pour l’impérialisme américain et la Coalition of the Willing. Que se passera-t-il si l’EI ou une force similaire a demain accès aux armes nucléaires du Pakistan ? Les bombardements ne régleront rien, pas plus que les interventions en Afghanistan en 2001 et en Irak en 2003 n’ont apporté la stabilité.

    Que doit-il alors se passer?

    La vague révolutionnaire de 2011 au Moyen-Orient et en Afrique du Nord n’était pas seulement le début d’une nouvelle ère de protestation des travailleurs, elle a également prouvé la faillite de la stratégie d’Al-Qaïda & Cie. Ce n’est pas la terreur de masse mais la lutte collective de masse qui a conduit à la chute des dictateurs et aux discussions sur ce qui devait ensuite se produire pour sortir la population de la misère.

    Les événements de Tunisie et d’Egypte ont eu de grandes répercutions régionales ainsi qu’un effet unificateur. Ces soulèvements révolutionnaires n’ont pas abouti à leur conclusion logique, c’est-à-dire à une rupture anticapitaliste, et le processus révolutionnaire s’est enlisé pour laisser les coudées franches à d’autres forces telles que les salafistes ou les militaires. L’impasse a encore été accentuée par les interventions impérialistes directes et indirectes en Libye et en Syrie.

    La question essentielle est celle de la construction d’un mouvement unifié des travailleurs pour se battre contre l’élite locale et internationale. En Irak, les actions communes des Chiites et des Sunnites de 2004 contre l’occupation américaine (200.000 personnes avaient notamment manifesté ensemble) illustre que ce n’est pas de l’ordre du fantasme. Si les masses de travailleurs des différents groupes ethniques et religieux sont incapables de s’organiser et de mener la lutte en commun, alors la violence impérialiste et sectaire menace de se poursuivre.

    La construction, depuis la base, d’organisations démocratiques et non-sectaires est essentielle pour organiser la défense de toutes les communautés et pour mettre en avant un programme anticapitaliste afin de sortir de l’effusion de sang, de la répression et de la pauvreté. Un tel programme doit être orienté contre les intérêts et la cupidité des dirigeants politiques et militaires pro-capitalistes qui veulent accroître leur emprise en Irak. Ce programme anticapitaliste devrait plaider pour leur éviction du pouvoir et leur remplacement par des représentants du mouvement des travailleurs démocratiquement élus et défendant une solution socialiste pour servir les intérêts de tous les travailleurs et les pauvres.

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