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Tag: Guy Verhofstadt
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Le changement, c’est maintenant ?
Les représentants les plus prévoyants de la bourgeoisie veulent une politique d’austérité moins sévère pour éviter la révolte – mais, eux aussi, envoient la facture aux 99%
L’élection de Hollande, avec le succès électoral du Front de Gauche en France et de Syriza en Grèce, ont donné un nouvel élan aux discussions sur le rythme de la politique d’austérité. Ce phénomène est d’ailleurs bien plus général : aux Pays-Bas, des sondages montrent que le SP – un parti à gauche du parti social-démocrate traditionnel, le PvdA – pourrait devenir le plus grand parti du pays et, en Allemagne, dans l’Etat régional de Rhénanie du Nord Westphalie, les sociaux-démocrates du SPD ont remporté les dernières élections sur base d’une campagne défendant un rythme d’austérité moins élevé.
Par Anja Deschoemacker, tête de liste à Saint Gilles (Bruxelles), pour ”Gauches Communes”
Di Rupo et les couches dominantes de la bourgeoisie belge poussent un soupir de soulagement: la pression diminue pour se jeter dans l’aventure d’une confrontation directe avec le mouvement ouvrier. La satisfaction ne touche pas que le PS et le CD&V (car leurs amis des directions syndicales ont sans cesse plus de difficultés à convaincre leurs bases de l’intérêt des ces liens amicaux), elle est bien plus répandue, comme l’a exprimé Guy Verhofstadt en déclarant préférer François Hollande. Les médias s’efforcent partout de convaincre qu’une orientation fondamentalement “différente” est actuellement à l’œuvre. De quelle manière ? La bourgeoisie ne présentera-t-elle plus la facture de la crise à la grande majorité des travailleurs et des pauvres ? Les gouvernements sociaux-démocrates vont-ils stopper la crise et nous sortir de la récession/dépression ? Vont-ils faire baisser la pauvreté et offrir à la société les moyens nécessaires pour progresser à nouveau ? Vont-ils offrir un avenir aux jeunes (en Espagne la moitié d’entre eux est sans emploi) ?
Regardées de plus près, leurs propositions n’expriment pas une orientation politique fondamentalement différente. Elles ne partent pas de l’idée que l’économie doit satisfaire les besoins de la majorité de la population (de bons emplois avec de bons salaires, des logements abordables et confortables, des services publics de qualité, des soins de santé et l’aide aux plus faibles renforcés, un enseignement accessible,…) mais du constat que l’austérité dure risque de miner la base du système capitaliste en provoquant des révoltes de masse. En bref, il s’agit d’une autre austérité, pas d’une autre politique !
Que représentent donc les propositions de lutte contre la fraude, d’impôts sur la spéculation et sur les riches? Qu’en est-il de cette répartition plus “équilibrée” des efforts ? En Belgique, cette histoire a tellement été racontée que sa crédibilité est nulle. Ces dernières années, chaque mesure de ce type a été utilisée comme justification de la modération salariale et des attaques contre les allocations (sous le seuil de pauvreté) ainsi que des services publics (de plus en plus chers pour l’utilisateur individuel). Et ces règlementations ont à chaque fois compris de petits stratagèmes permettant aux plus riches d’échapper à leurs devoirs. On va chercher des cacahuètes chez les plus riches afin de faire supporter le gros de l’austérité à la majorité de la population.
Ce “tournant” dans la politique européenne ne provient pas d’une inquiétude concernant le sort des masses, mais bien de l’énorme pression qui commence à croître contre la politique d’austérité. Les partis traditionnels sont sur la sellette, et des initiatives comme Syriza, le Front de Gauche et le SP risquent de les pousser dehors. Si cette pression disparaît, il n’y aura même plus de concessions minimales.
Les médias veulent répandre des illusions, mais l’expérience des masses (qui ont déjà vu à l’œuvre la trahison des sociaux-démocrates embourgeoisés des décennies durant) aidera à rapidement les dissiper. Sans renverser le capitalisme, les moyens financiers continueront de disparaître dans les poches des supers-riches et notre société deviendra une arène désespérée où les gens se bâteront pour les quelques miettes qui tomberont du banquet des riches.
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+ de pouvoir d’achat par + de salaire !
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[/box]Le mythe du marché libre
“Le meilleur remède contre la pauvreté n’est pas moins, mais plus de marché libre”, selon Guy Verhofstadt (G8 2001). Cette citation aurait pu être de Reynders ou d’autres encore. Le raisonnement? Le libre marché rend tout le monde riche, même si l’un doit patienter plus que l’autre. Ce mythe a volé en fumée. Ceux qui ont investi leur épargne en actions de hautes technologies (comme chez Lernhout et Hauspie), sont maintenant les dindons de la farce. Aux USA, des centaines de milliers de propriétaires de maisons, séduits par des prêts hypothécaires bon marché, vivent à présent dans des tentes. On n’en est pas encore là en Europe, mais il ne faut pas s’attendre à de la compassion de la part d’entreprises comme Nestlé, qui se font des milliards d’euros de profits sur la montée des prix de l’alimentation pendant que des millions de personnes souffrent de la faim.
Après la forte montée des années précédentes, les loyers ont de nouveau augmenté de 5% l’an dernier, les prix des maisons de 15% et ceux des appartements de 8%. Le prix du pain, principalement à cause de la crise financière, a augmenté en un an de 13%, celui des oeufs de 25%, des pâtes de 25%, du mazout de 26%,… Tandis que 15% de la population vit sous le seuil officiel de pauvreté en Belgique, le phénomène des travailleurs pauvres fait son apparition. Bien sûr, un patron comme celui de Delhaize, qui a reçu une augmentation de 25% l’an dernier (pour atteindre 2,6 millions d’euros) ne ressent pas de tels coups portés au portefeuille.
"Les actions d’une minorité sont absurdes"
Après les fables sur la baisse du pouvoir d’achat qui ne serait qu’un “sentiment” et sur la “spirale salaires-prix”, le patronat ressort sa vieille rengaine sur la compétitivité de “nos” entreprises. Comme si les profits record, les dividendes accordés aux actionnaires et les salaires des managers n’avaient pas existé. Et le gouvernement? Caroline Ven, ancienne directrice d’un bureau d’étude de la fédération patronale la plus à droite, a déclarée que “les actions d’une minorité pour plus de salaire sont absurdes ”. Elle essaie de diviser les salariés et les allocataires. Cette même Caroline est maintenant économiste en chef du cabinet Leterme (soi-disant proche du MOC-flamand!).
Enfin un plan d’action ; c’est à la base de juger et de décider
Ce début d’année, des dizaines d’entreprises, surtout dans les secteurs où on nous avait fait avaler des accords all-in, sont spontanément parties en grève. A chaque fois, ces grèves ont obtenu le succès, bien que les patrons ont souvent réussi à éviter des augmentations salariales structurelles en ayant recours à des primes uniques, les boni salariaux. Ces grèves ont été suivies par l’administration flamande, par la SNCB, et dans le non-marchand, des voix se lèvent pour casser l’accord salarial 2005-2010.
Le MAS a déjà plaidé pour ne pas laisser les travailleurs lutter entreprise par entreprise. Il faut organiser ce mouvement. Avec la semaine d’action du 9 au 13 juin, on avance enfin. La participation était massive et dépasse les attentes des directions syndicales. Ceci malgré le fait que les actions sont décidées par le sommet au lieu de réunions interprofessionnelles régionales, malgré que certains aient plaidé pour travailler avec des quotas de mobilisation, et alors que certaines centrales n’ont pas mobilisé avec le même effort que d’autres.
La lutte a commencé ! Ce dont nous avons besoin pour la gagner sont : des réunions interprofessionnelles régionales pour évaluer les actions avec la base ; y décider d’une journée nationale d’action en automne, afin que le gouvernement et le patronat comprennent bien que nous sommes sérieux et nous ne lâchons pas simplement un peu de vapeur. Peut-être même commencer avec des comités d’action sur les lieux de travail pour préparer cette mobilisation.
Mais sans instrument politique, nous n’irons pas très loin. Et ça, nous l’avons appris lors du vote au Parlement du Pacte des Générations. Nous ne pouvons rien attendre de plus du gouvernement Leterme, bien au contraire. Pourquoi attendre pour que les syndicats prennent l’initiative de commencer à construire un « parti syndical », un parti qui est prêt et capable d’unifier les travailleurs et de défendre les revendications syndicales sur le plan politique ?
Le MAS propose à la base de considérer les revendications suivantes :
- Plus de pouvoir d’achat par plus de salaire et des allocations liées au bien-être, pour que nous ne payons pas nous-mêmes nos augmentations comme avec des réductions de taxes : 1€ de plus par heure
- Un index qui reflète réellement le coût de la vie, pas d’accords all-in
- Abolition de la norme salariale, des accords interprofessionnels comme dans le passé, avec un seuil salarial et non un plafond (un minimum qui revient à tous, pour que les secteurs faibles puissent en bénéficier également)
- Pour les collègues qui tombent hors de l’AIP: casser tout les accords salariaux de plus de 2 ans, tel que l’accord 2005-2010 dans le non-marchand
- Une suppression de la TVA sur les produits de première nécessité
- Un plan massif de construction de logements sociaux publics
Pour financer cela :
- Une forte répression de la grande fraude fiscale
- Un impôt sur les grandes fortunes
Ces dernières mois, nous avons pu constater à quel point il est désastreux de laisser des secteurs-clés tels que l’énergie et les banques à l’avidité du secteur privé. Quand des grandes banques se trouvent en difficulté, l’Etat peut alors soudainement intervenir. Pour nous, le contrôle de tels secteurs revient à la collectivité. Nous plaidons donc pour leur nationalisation sous le contrôle démocratique du mouvement ouvrier et de toute la collectivité.
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+ de pouvoir d’achat par + de salaire !
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[/box]Le mythe du marché libre
“Le meilleure remède contre la pauvreté n’est pas moins, mais plus de marché libre”, selon Guy Verhofstadt (au sommet du G8 à Gênes en 2001). Cette citation aurait pu être de Reynders ou d’autres encore. Le raisonnement? Le libre marché rend tout le monde riche, même si l’un doit patienter plus que l’autre.
De ce mythe, plus rien ne tient debout. Parmi ceux qui ont investi leur épargne en actions de hautes technologies (comme chez Lernhout et Hauspie), il y en a aujourd’hui qui sont toujours en train d’amortir leur perte. Aux Etats-Unis, des centaines de milliers de propriétaires de maisons précédemment séduits par des prêts hypothécaires bon marché vivent maintenant dans des tentes. On n’en est pas encore là en Europe, mais il ne faut pas s’attendre à de la compassion de la part d’entreprises comme Nestlé, qui se font des milliards d’euros de profits sur la montée des prix de l’alimentation pendant que des millions de personnes souffrent de la faim. Ne parlons même pas des requins du secteur immobilier.
Après la forte montée des années précédentes, les loyers ont de nouveau augmenté de 5% l’année dernière, les prix des maisons de 15% et ceux des appartements de 8%. Le prix du pain, principalement à cause de la crise financière, a augmenté en une année de 13%, celui des oeufs de 25%, des pâtes de 25%, du mazout de 26%,… Tandis que déjà 15% de la population est sous le seuil officiel de pauvreté en Belgique, le phénomène des travailleurs pauvres fait son apparition. Celui qui, comme le patron de Delhaize, a reçu une augmentation de 25% l’année passée (pour atteindre 2,6 millions d’euros) ne ressent évidemment pas de tels coups portés au portefeuille.
"Les actions d’une minorité sont absurdes"
Après les fables sur la baisse du pouvoir d’achat qui ne serait qu’un “sentiment” et sur la “spirale salaires-prix”, le patronat ressort sa vieille rengaine sur la compétitivité de “nos” entreprises. Comme si les profits record, les dividendes accordés aux actionnaires et les salaires des managers n’avaient pas existé. Et le gouvernement? Caroline Ven, jusqu’il y a peu directrice d’un bureau d’étude de la fédération patronale la plus à droite, a déclarée que “les actions d’une minorité pour plus de salaire sont absurdes”. Elle essaie de diviser les salariés et les allocataires. Cette même Caroline est maintenant économiste en chef du cabinet Leterme (soi-disant proche du MOC-flamand!).
Enfin un plan d’action ; c’est à la base de juger et de décider
Ce début d’année, des dizaines d’entreprises, surtout dans les secteurs où on nous avait fait avaler des accords all-in, sont spontanément parties en grève. A chaque fois, ces grèves ont obtenu le succès, bien que les patrons ont souvent réussi à éviter des augmentations salariales structurelles en ayant recours à des primes uniques, les boni salariaux. Ces grèves ont été suivies par l’administration flamande et par la SNCB, où là aussi une large majorité de travailleurs a rejeté des propositions salariales honteuses. Dans le non-marchand, des voix se lèvent pour casser l’accord salarial 2005-2010.
Le MAS a déjà plaidé pour ne pas laisser les travailleurs lutter entreprise par entreprise. Il faut organiser ce mouvement. Avec la semaine d’action du 9 au 13 juin, on avance enfin. Cela aurait été encore mieux si ces actions avaient été décidées lors de réunions interprofessionnelles régionales, surtout maintenant qu’il existe une méfiance profonde de tout qui se décide en haut.
Les directions syndicales ont encore une occasion: au lieu d’évaluer les actions lors de la conférence de presse annoncée pour le 13, ils peuvent ce jour-là organiser des réunions interprofessionnelles par région avec la base.
Les journalistes pourraient alors apprendre directement dans quel mesure nous en avons assez. Nous pouvons d’ailleurs immédiatement prendre une décision pour une journée nationale d’action après les vacances d’été afin que le gouvernement comprenne bien que nous sommes sérieux et ne lâche pas un peu de vapeur tout simplement.
Le MAS propose à la base de considérer les revendications suivantes :
- Plus de pouvoir d’achat par plus de salaire et des allocations liées au bien-être, pour que nous ne payons pas nous-mêmes nos augmentations comme avec des réductions de taxes : 1€ de plus par heure
- Un index qui reflète réellement le coût de la vie, pas d’accords all-in
- Abolition de la norme salariale, des accords interprofessionnels comme dans le passé, avec un seuil salarial et non un plafond (un minimum qui revient à tous, pour que les secteurs faibles puissent en bénéficier également)
- Pour les collègues qui tombent hors de l’AIP: casser tout les accords salariaux de plus de 2 ans, tel que l’accord 2005-2010 dans le non-marchand
- Une suppression de la TVA sur les produits de première nécessité
- Un plan massif de construction de logements sociaux publics
Pour financer cela :
- Une forte répression de la grande fraude fiscale
- Un impôt sur les grandes fortunes
Ces dernières mois, nous avons pu constater à quel point il est désastreux de laisser des secteurs-clés tels que l’énergie et les banques à l’avidité du secteur privé. Quand des grandes banques se trouvent en difficulté, l’Etat peut alors soudainement intervenir. Pour nous, le contrôle de tels secteurs revient à la collectivité. Nous plaidons donc pour leur nationalisation sous le contrôle démocratique du mouvement ouvrier et de toute la collectivité.
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Oxfam : un modèle à démonter
Suite à la parution du derniers numéro de l’autre quotidien (périodique édité par Oxfam), quelques réflexions me viennent.
Alain
Tout d’abord, par rapport au compte rendu de la campagne « IKEA, un modèle à démonter » : mettre à jour les pratiques anti-sociales et anti-environnementales des entreprises multinationales est très bien. Soit, les pratiques d’IKEA sont condamnables mais sont avant tout révélatrices du système capitaliste qui a pour but la maximalisation du profit. Face aux critiques d’Oxfam, la multinationale ne peut que modifier sa pratique communicationnelle et son marketing (code de bonne conduite,…) pour faire face aux attentes des consommateurs avides de justice sociale. Modifier fondamentalement ses pratiques dans un contexte de compétition mondiale est suicidaire pour une entreprise capitaliste. La critique à adresser à IKEA est donc d’ordre plus général. Comment peut on cautionner une superstructure qui permette de produire au mépris de la condition sociale et environnementale ?
Tant qu’on en est à parler de pratique, je voudrais ici envisager quelques aspects de la pratique d’Oxfam. Dans une campagne visant à la promotion de ces produits fair-trade, Oxfam a mit en œuvre une politique publicitaire assez étonnante au vu des valeurs de cette organisation.
Outre la critique générale qu’on peut adresser à la publicité (lire à cet effet l’excellent livre de Marie Bénilde, « On achète bien les cerveaux »). Il y a des éléments visuels aberrants ; je pensais qu’Oxfam était une organisation de type alter mondialiste apolitique. Quelle ne fut pas ma surprise de voir Baby-Tatcher (Guy Verhofstadt), qui n’est pas un chantre de l’anti-mondialisation… On peut aussi noter au passage des affiches assez dégradantes pour l’image de la femme (Oxfam-fatale »)…
On a beau se justifier par après comme on veut, les méthodes d’actions révèlent la philosophie qui sous tend toute organisation.
Les justifications du CA dans l’Autre Quotidien du 17 avril 2007, sont des exemples de cynismes et d’abandon total d’une quelconque ligne de conduite. On utilise les mêmes armes que ceux que l’on prétend combattre, puis on se dit différents… Il y a un commentaire qui me reste en travers de la gorge : « le surréalisme à la Belge. » (L’Autre quotidien du 17 avril 2007). C’est une insulte à l’histoire. Je rappelle que André Breton disait « le surréalisme c’est la révolution… ».
Dernière réflexion, à l’approche des élections Oxfam a invité des politiciens afin que les citoyens puissent se forger une opinion. Les questions portaient sur des thèmes dont s’occupe prioritairement l’organisation de solidarité. A nouveau ici, question de pratique, étaient invités les partis « traditionnels » que sont PS, CDH, ECOLO, MR. L’argument utilisé généralement pour n’inviter que ceux là est leur vertu prétendument démocratique…il n’y a donc en Belgique francophone que 4 partis démocratiques… quel manque d’ouverture d’esprit, il y a d’autre partis réellement décidés à faire bouger les choses qui proposent une alternative démocratique au système néo-libéral. Et bien malin au CA d’Oxfam qui pourra m’expliquer pourquoi ce genre de parti n’a pas été invité.
Cet article a été rédigé par un sympathisant. Vous aussi, n’hésitez pas à envoyer à notre rédaction des artciles, rapports d’actions, réflexions,…
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Solidarité avec les victimes de VW
Jamais VW n’a vendu autant de voitures qu’aujourd’hui. De nouveaux profits records sont atteints d’année en année. Mais pour les actionnaires et les managers, cela n’est pas assez. Ils veulent encore plus: un profit de 5,1 milliards d’euros en 2008 au lieu de 1,12 milliard aujourd’hui. Des milliers de familles seront privées de leur revenu ou laissées dans l’incertitude. Mais, de cela, la direction de VW s’en moque.
Eric Byl
4.000 familles de travailleurs de VW et au moins 8.000 familles de travailleurs chez les sous-traitants seront privées de leur revenu si la direction peut réaliser ses plans. La commune de Forest va perdre plus de 10% de ses revenus de taxes. C’est à peu près la même valeur que le budget communal pour l’enseignement, alors que des investissements urgents dans les bâtiments et le personnel de l’enseignement communal se font attendre depuis des années. Ce ne seront donc pas seulement les travailleurs de Forest et les sous-traitants qui seront les victimes des mesures de VW mais aussi tous les parents, les petits commerçants,… Bref, tout un tissu social.
Dès l’annonce des licenciements, beaucoup d’offres d’emploi ont été présentées via la presse pour les travailleurs de VW qui disposent d’une certaine expérience. Le gouvernement et le patronat essaient ainsi de montrer qu’il ne faut pas lutter mais que chacun doit chercher une solution individuelle. On verra bien les résultats de cette opération. Un paquet de boulots précaires probablement – contrats temporaires, intérimaires, à temps partiel, mal payés,… – qui iront aux travailleurs de VW à la place de chômeurs sans expérience qui devront attendre encore plus longtemps pour avoir un revenu.
La collectivité n’a pourtant pas rechigné à se serrer la ceinture pour maintenir l’emploi. La flexibilité, les assainissements, le travail de week-end,… ont fait que Forest est le deuxième site de VW en termes de productivité et de qualité. En plus, le gouvernement a investi des millions d’euros de la caisse collective dans l’espoir de garder VW en Belgique. Des terrains de la STIB et de la SNCB ont presque été offerts gratuitement pour la création de l’Automotive Park. Le prix de ces cadeaux avec notre argent: 35 millions d’euros! L’ouverture officielle de l’Automotive Park a eu lieu en 2005, en présence de Guy Verhofstadt.
La politique de cadeaux, fiscaux et autres, au patronat pour maintenir l’emploi n’a pas réussi. C’est un tunnel sans issue que le gouvernement tente de cacher en accusant le soi-disant nationalisme de l’employeur allemand et surtout du syndicat allemand IG-Metall. Mais sa propre politique de cadeaux pour maintenir les emplois en Belgique aux dépens des travailleurs étrangers, ce n’est pas du nationalisme, ça ?
Les syndicats doivent arrêter de suivre les politiciens dans leurs tentatives d’augmenter la compétitivité en détruisant les conditions de travail et les salaires. Cette politique ne peut que mener à des réflexes nationalistes et à la division des travailleurs. Et tant que cette division existera, le gouvernement pourra toujours rejeter la faute sur les syndicats pour cacher ses propres responsabilités…
Les travailleurs et leurs syndicats doivent rompre avec la surenchère patronale sur le plan de la destruction sociale. Ils doivent construire la solidarité entre secteurs et au-delà des frontières. La manifestation du 2 décembre ne doit pas être un cortège funèbre, mais doit être utilisée pour lancer un appel à une grève générale de 24 heures comme réponse à toutes les restructurations des multinationales.
Le patronat allemand a réussi à faire déclarer toutes les grèves de solidarité illégales. Le patronat belge serait content de faire appliquer une telle mesure ici. Des lois injustes doivent être brisées si nécessaire. Nous sommes convaincus qu’une réponse unifiée des travailleurs belges aura aussi un impact en Allemagne, et pas seulement chez les politiciens ou les patrons, mais aussi et surtout parmi les travailleurs. Et nous sommes prêts à parier que cette sympathie auprès des travailleurs ne se limitera pas à l’Allemagne mais rayonnera partout en Europe.
Mais cette stratégie ne sera pas possible si les travailleurs ne disposent pas d’un parti politique indépendant du patronat. La FGTB et la CSC doivent rompre les liens avec les politiciens néolibéraux des partis traditionnels. Comme dans des pays voisins, les travailleurs doivent construire une nouvelle formation qui défende leurs intérêts. C’est une telle formation que le MAS essaie de construire avec le Comité pour une Autre Politique.
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Le gouvernement veut mouiller les syndicats dans l'offensive sur les salaires
Rencontre entre syndicats et patronat
Le gouvernement a organisé ces derniers mois un premier tour de concertation avec les syndicats et le patronat pour arriver à un accord sur les salaires. En fait, il s’agit donc d’anticiper sur la concertation sur les salaires prévue pour la fin de cette année. Il faudra alors conclure un nouvel Accord Interprofessionnel (AIP).
Karel Mortier
Guy Verhofstadt a déclaré le 27 mars que "Les syndicats et les employeurs reconnaissent qu’il y a un problème avec la compétitivité de nos entreprises. Ils plaident aussi pour l’instauration de mécanismes de contrôle, et c’est important en cas d’inflation trop élevée. Les partenaires sociaux ne veulent pas non plus que les futures diminutions de charges soient détournées en augmentations de salaire."
Au lieu de préparer la lutte pour les prochains mois, les dirigeants syndicaux se laissent déjà embarquer dans le raffiot néo-libéral pourri. On pouvait s’y attendre dès lors qu’ils avaient déjà accepté qu’on touche à l’index, ce qui fait que l’indexation des salaires a été différée de quelques mois. Pour compenser cet énième coup de rabot sur les salaires, les syndicats reçoivent la "promesse" qu’on va créer plus d’emplois et que les entreprises vont investir dans l’innovation.
D’après Cortebeeck (CSC), il n’est pas question de toucher à l’index – c’est pourtant ce qu’on vient de faire – ni aux barèmes salariaux. Mais il laisse ouvertes toutes les autres pistes pour contenir les salaires. Le message qu’il envoie aux secteurs n’est pas de voir comment on peut augmenter le pouvoir d’achat des affiliés: il leur demande de s’attabler avec les patrons pour voir comment on peut contenir la hausse des salaires.
Les patrons ne manqueront pas d’imagination pour proposer les pistes adéquates. Il semble déplacé d’évoquer les profits et les salaires exorbitants des top managers. Quel contraste avec la baisse du pouvoir d’achat de la majorité de la population… malgré la hausse de la productivité !
Au moment même où Paul De Grauwe, économiste libéral de renom, déclare que la question des salaires trop élevés est une fable et fait sans doute partie d’un agenda caché de la FEB visant à augmenter les marges de profit des entreprises, le sommet syndical reprend à son compte une bonne part de l’agenda de la FEB et du gouvernement comme cadre des prochaines négociations intersectorielles.
La lutte contre le Pacte des Générations est-elle en train de se répéter ? A ce moment-là aussi, Cortebeeck avait été immédiatement acquis à la nécessité de ce pacte, mais sa base l’a rappelé à l’ordre plusieurs fois. Le livre "50 mensonges sur le vieillissement" du chef du service d’étude de la CSC, Gilbert De Swert, a été totalement ignoré alors qu’il contient tant de contre-arguments pour mener la discussion.
Aujourd’hui, même les déclarations d’un économiste libéral dont la rubrique fait autorité dans le Financial Times ne semblent pas suffire à détourner Cortebeeck du cadre de réflexion néo-libéral imposé par le gouvernement.
Cela fait déjà trois décennies qu’on dit aux travailleurs de se serrer la ceinture en échange de plus d’emplois et de plus d’innovation. Tout ce qu’on voit, c’est un chômage qui grimpe et des conditions de travail qui se dégradent pour ceux qui ont encore un boulot. Quant aux moyens supplémentaires pour l’innovation et la formation, on les attend toujours. La Belgique continue à se signaler par de très piètres performances sur ces terrains d’après toutes les études internationales. Le seul résultat tangible de cette politique, c’est que ceux qui possèdent le capital iront de nouveau puiser dans les poches de ceux qui produisent la richesse de ce pays.
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Sortie de route pour Verhofstadt 2?
Le gouvernement Verhofstadt II était sorti affaibli des élections régionales du 13 juin. Il est maintenant miné par les dissensions entre libéraux et socialistes et par les tensions communautaires. Il est de plus en plus douteux qu’il arrive au terme de la législature.
Thierry Pierret
La formation de coalitions différentes aux gouvernements fédéral, wallon, flamand et bruxellois au lendemain des élections régionales du 13 juin a rendu le pays ingouvernable. Cela contribue à pourrir l’ambiance entre libéraux et socialistes au gouvernement fédéral. L’ambiance est d’autant plus électrique que les deux familles politiques divergent sur la manière de faire payer la crise aux travailleurs et à leurs familles: les libéraux optent pour de nouvelles baisses de charges et d’impôts pour les entreprises, les socialistes pour une cotisation sociale généralisée (CSG) qui touchera tous les revenus – donc y compris ceux du travail! – pour compenser les baisses de charges sociales précédentes.
Guy Verhofstadt se faisait fort d’anticiper la rentrée politique en prononçant son discours de politique générale devant le Parlement 3 semaines à l’avance. Il devait y annoncer de nouvelles mesures d’austérité pour combler son retard sur les gouvernements voisins en terme de casse des acquis sociaux. Il a dû y renoncer piteusement. Son incapacité à trouver un compromis entre partis flamands et francophones sur la scission de l’arrondissement de Bruxelles-Hal-Vilvorde (BHV) y a certainement joué un rôle. Mais c’est surtout l’irruption de DHL sur la scène politique qui aura mis le feu aux poudres. Verhofstadt n’a pas pu donner une réponse en temps voulu à l’entreprise de courrier-express quant à ses projets d’extension à Bruxelles-National. Il s’est heurté à la mauvaise volonté des régions bruxelloise et flamande qui veulent toutes deux s’accaparer les emplois et se rejeter les nuisances l’une sur l’autre. Cela promet pour le Forum institutionnel qui devra discuter de questions autrement plus explosives comme la communautarisation des soins de santé ou la régionalisation partielle de la justice… Tout semble converger vers une crise du régime politique de la bourgeoisie belge.