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  • Crise politique : Le théâtre de guignols continue…

    Le mouvement ouvrier doit se préparer pour sa propre lutte

    Lors d’une conférence de presse, Jo Vandeurzen (président du CD&V) et Bart De Wever (président de la NVA) ont donné un message clair : il faut une réforme d’Etat et les partis francophones doivent faire un « geste » en ce sens (alors que ces derniers demandent justement aux partis flamands de rétablir la confiance après le vote de la scission de BHV…)

    Anja Deschoemacker (09/11/07)

    Les libéraux francophones ne doivent pas compter sur une reconnaissance ouverte qu’il ne peut être question d’une grande réforme d’Etat dans ces circonstances. La logique du « compromis à la belge » est justement que tout le monde doit baisser sa culotte au même moment, pour qu’après l’on puisse se lancer des fleurs grâce à ce que chacun a pu obtenir. C’est là la preuve ultime du sérieux politique et du fait d’être un homme d’Etat.

    Les déclarations de Frank Vandenbroucke, le flamingant de service du SP.a, selon lesquelles le cartel CD&V/NVA se donne en spectacle pour éviter de devoir montrer qu’il se met à plat ventre sur la question de la réforme d’Etat, contiennent certainement des éléments de vérité. La nouvelle présidente du SP.a, Caroline Genez, fait aussi allusion au manque de crédibilité du CD&V et de la NVA sur le plan communautaire. Nous ne pouvons qu’espérer – dans l’intérêt même du SP.a – que cela ne devienne pas le message central de leur « opposition », si du moins leur but est de regagner quelques voix chez les travailleurs.

    Tout cet épisode clarifie à nouveau l’évidence que le mouvement ouvrier n’a plus rien à attendre de ce parti. Peut-être prononcera t’il encore quelques mots contre l’introduction du service minimum durant les grèves des services publics (bien qu’un un tel accord a déjà été signé sous leur règne à De Lijn – les TEC flamands). Selon l’ancien chef de cabinet de Vande Lanotte (SP.a lui aussi), Jannie Haeck, actuellement grand patron de la SNCB, il serait préférable de réfléchir à un temps minimum d’annonce pour les grèves. En d’autres mots : les syndicats ne seraient alors plus en état de reconnaître des grèves spontanées ! Même en dehors du gouvernement fédéral, et sans perspective d’en faire partie, le sommet du SP.a ne peut pas s’empêcher de corriger les devoirs de la bourgeoisie !

    De son côté, si le PS va certainement faire plus de bruit (également par rapport aux thèmes sociaux), il aura grande peine à se détacher totalement de la politique néolibérale qu’il a lui-même mené 19 ans durant sur le plan fédéral et qu’il continue d’ailleurs encore à mener sur le plan régional avec, entre autres, le Plan Marshall. Le terrain communautaire va certainement devenir le point central de son opposition. Mais au moins sera-t-il vu comme une équipe de défense alors que son pendant du nord a, dans les faits, rejoint les revanchistes flamands.

    Et quoi maintenant pour la formation ?

    Le vote dans la Commission de la Chambre sur la scission de BHV où la majorité flamande a imposé sa volonté de manière unilatérale avec une seule abstention (du parlementaire bruxellois de Groen ! Tinne Van der Straeten) est un fait sérieux. C’est un véritable problème pour les équilibres qui ont été constitués en Belgique : la protection de la minorité francophone en Belgique en compensation de la protection de la minorité flamande à Bruxelles.

    Les francophones ont maintenant pris en main les mécanismes de protection introduits pour les diverses minorités, en commençant par celui de conflit d’intérêt introduit par le Parlement de la Communauté Française le lendemain du vote sur BHV. Cette procédure signifie que la question de BHV est de nouveau arrêtée au niveau parlementaire et passe à des négociations entre communautés (avec PS, donc). Ce report peut, dans le meilleur des cas, permettre aux différents négociateurs pour la formation du gouvernement, et à Leterme en premier, d’avoir un peu de temps pour mettre enfin sur pied un gouvernement. Dans le passé, un « sentiment de crise » a déjà été nécessaire pour arriver à des accords communautaires.

    Mais tout ne devient pas facile pour autant. Les deux partis les plus forts dans les négociations, le CD&V et le MR, sont liés à des partenaires embêtants qu’ils peuvent à peine contrôler : la NVA et le FDF. Leurs déclarations et provocations sans fin n’ont pour effet que de casser sans cesse l’illusion de « confiance » méticuleusement créée. Qu’importe le nombre de fois où Reynders et Leterme vont aller assister à un match de foot ensemble, ils sont tous deux aussi dépendants de ces partenaires afin de maintenir leur position de parti dominant dans leur communauté.

    Directement après le vote, Reynders est retombé sur ses pieds en répétant à nouveau son plaidoyer pour un gouvernement surtout socio-économique: la cas « BHV » est reparti vers des négociations entre les communautés tandis que la réforme d’Etat avec une majorité des deux tiers peut être le problème d’une « commission de sages ». Cela semblait confirmé par la communication du roi et du formateur, la tantième crisette dans les rangs du CD&V et de la NVA a cependant conduit à la conférence de presse citée au début de cet article. Reynders ne doit pas penser qu’il peut pousser le CD&V dans une position où il sera le seul à baisser sa culotte.

    Au plus dure est ce théâtre de guignols, au plus monte la pression pour obtenir un gouvernement. Le déficit budgétaire commence à faire peur, de mauvaises prévisions économiques sont publiées,… Finalement, une solution va être trouvée, qui peut aller d’un « gouvernement normal » (ce que veut le CD&V) à un « gouvernement socio-économique » (ce que désire le MR, mais qui ferait perdre la face au CD&V) qui sera de courte durée, c’est-à-dire avec un accord gouvernemental jusqu’en 2009. Des variantes plus « exotiques » existent aussi : un gouvernement (partiellement) technocratique (du type « socio-économique »), une coalition fédérale totalement asymétrique, ou encore un gouvernement d’unité nationale : la tripartite classique, qui est presque toujours un gouvernement de crise.

    Une solution arrivera, pour la simple raison que l’alternative voulue par la NVA et le Vlaams Belang, l’indépendance de la Flandre, n’est voulue que par une petite minorité, tant parmi les travailleurs et leurs familles que parmi la bourgeoisie. Cette dernière aime bien utiliser la question nationale pour diviser le mouvement ouvrier au moment de l’attaque, mais elle n’aime pas du tout que la question nationale bloque l’application de son programme – même si ce n’est que pour la raison que, sans gouvernement, elle ne peut pas introduire une attaque sur les restes de l’Etat – providence. Leur opinion, « la voix de la raison », va finalement être reprise par le CD&V comme par le MR, à moins que ces derniers ne veulent perdre la confiance de la classe qu’ils veulent défendre. Ceux qui ne sont pas préparés au compromis vont en payer le prix: Reynders peut encore voir que le PS, qu’il déteste tant, rejoindre le gouvernement alors que le CD&V peut en cas de chaos total payer un prix électoral élevé si il est vu comme responsable du désordre.

    Les deux partis vont devoir apprendre la leçon que le PS et le SP ont appris lors de la précédente grande crise de formation (’87-’88, le précédent record de 148 jours) : pour arriver au gouvernement, il ne faut pas seulement gagner les élections, il faut aussi être préparé à mener la politique de ses maîtres et donc… de temps en temps être préparé à baisser sa culotte en ce qui concerne les promesses électorales. Il faut cependant savoir faire cela tout en le masquant, ce en quoi le CD&V était l’exemple ultime quand il s’appelait encore le CVP. De leur côté, le PS et le SP.a ont chacun prouvé au cours des dernières 19 années que des fesses nues et le rouge de la honte ne sont en rien un problème pour eux.

    Quant à messieurs De Wever et Maingain, leur avenir sera-t-il fait d’un poste de ministre ou de l’isolation politique? Tout comme le CD&V et le MR ont besoin de la NVA et du FDF, ces derniers ont aussi besoin des premiers. La NVA a aujourd’hui 5 sièges au Sénat et la dernière fois qu’elle a participé aux élections indépendamment du CD&V, elle n’a à peine obtenu que 5% ! Le FDF n’est pas non plus au sein du MR par grand amour et par grande unité programmatique, mais bien parce que le MR offre des carrières confortables. Dans cette question, les personnes clefs ne sont évidemment pas De Wever et Maingain (la politique belge n’a jamais eu un manque de fous du roi) : ce sont Leterme et Reynders. Tous deux peuvent dire adieu à leur carrière s’ils perdent aujourd’hui dans le poker politique qui occupe le pays depuis déjà 5 mois.

    Les syndicats ont raison de mettre en garde

    Les directions de la FGTB et de la CSC ont, à juste titre, dévoilé lors d’une conférence de presse commune ce qui se déroule derrière les rideaux – la « colle » entre Leterme et Reynders est clairement leur volonté de lancer un nombre d’attaques structurelles au service des supers profits du patronat. Leur réussite dépendra plus de la lutte du mouvement ouvrier contre une nouvelle attaque sur les restes de « l’Etat – Providence » (Etat – Providence que nous avons acquis par la lutte) que de la division communautaire et du cirque auquel nous sommes forcés d’assister depuis des mois.

    Le climat à venir est déjà visible : des données sont publiées sur un déficit budgétaire de 1,5 milliard d’euros, chiffre qui pourrait augmenter jusqu’à 3 ou 4 milliards pour 2008 « avec une politique qui n’est pas changée ». De plus, les perspectives de croissance économique ont été révisées par le bas pour 2008 et l’on parle dans les médias des « 50 mensonges gris » du gouvernement précédent autour du dossier des pensions. Et il faut encore compter le coût des 2 milliards d’euros nécessaires pour augmenter les allocations les plus basses (une douceur que le CD&V veut offrir) et de nouveau quelques milliards pour les diminutions d’impôts et de charges salariales (entre autres, de nouveau, sur les heures supplémentaires). Par contre, l’intérêt notionnel – qui a, notamment, permis à Electrabel de voir ses impôts diminuer de pas moins de 30 millions d’euros – n’est remis en question par aucun des négociateurs pour le futur gouvernement.

    S’ils arrivent à former un gouvernement – et d’une façon ou d’une autre, ils vont y parvenir- les attaques sur le mouvement ouvrier ne vont être longues à attendre. C’est aussi la raison qui explique toutes ces propositions sur une limitation du droit de grève. Le cirque communautaire va durer avec une commission, avec des séances bruyantes dans la Chambre et le Sénat, avec des déclarations musclées et tout cela au moins jusqu’aux élections de 2009. Si le mouvement ouvrier se laisse dévier ne serait-ce qu’un petit peu par cette division communautaire, nous courrons droit aux défaites.

    Pour cette raison, c’est une bonne chose que la FGTB ait appelé à une concentration des militants ce vendredi 16 novembre. Mais une concentration de 1000 syndicalistes ne va pas faire une grosse impression et n’a de sens que comme point de départ pour une campagne d’information large parmi les membres des syndicats pour les préparer à la lutte qui va devoir être menée. Cela doit à son tour être le point de départ d’un plan d’action et de mobilisation pour réagir collectivement à chaque attaque d’un gouvernement qui sera sans aucune doute un gouvernement instable.

  • CAP : tirer les leçons des résultats

    Avec 21.215 voix au Sénat (0,32%) – 8.277 voix (0,33%) pour le collège francophone et 12.938 (0,32%) pour le collège néerlandophone – et 20.083 pour la Chambre (0,30%), le CAP récolte un peu plus que les 19.841 voix du MAS/LSP aux élections européennes de 2004. Mais si le CAP fait mieux que le MAS dans la partie francophone (8.277 voix / 0,33% au lieu de 5.675 / 0,23%), il fait moins que le LSP dans la partie néerlandophone (12.938 voix / 0,32% au lieu de 14.166 / 0,35%) !

    C’est moins que ce que nous espérions, en nous basant sur une bonne campagne électorale et sur les bonnes réponses que nous avons reçues là où nous avons été capables d’expliquer notre projet. En Flandre, le PVDA+ a obtenu pour le Sénat presque 3 fois le chiffre du CAP (34.768). En Wallonie, tant le PTB+ avec 20.039 voix que le PC avec 19.632 voix ont obtenu plus du double du CAP. Que le CAP ait réussi à obtenir à Peer 5,32% avec l’ancien bourgmestre SP.a Jules Doutremont illustre le potentiel mais nous n’avons pas été capables de transférer cet effet ailleurs. Comment pensons-nous pouvoir expliquer ces résultats et comment continuer ?

    Evidemment, tant le PC que le PTB existent depuis des décennies là où le CAP vient à peine de se créer et reste encore inconnu chez une grande partie des électeurs. Nous connaissons la signification de cela : lors de notre première participation électorale au Sénat en Flandre en 2003, nous avons dû affronter le même phénomène et nous avions obtenu 8.337 voix. Une année plus tard, ce chiffre était grimpé, aux élections européennes, à 14.166. De plus, le CAP – pour le PC et le PTB, cela n’a pas été beaucoup mieux – a été complètement exclu des médias. Dans une époque où les élections se jouent surtout à travers les médias et où les tracts classiques et les affiches n’influencent les résultats que marginalement, c’est un énorme handicap. Le budget du CAP – 20.000 EUR (nationalement !) – était probablement le plus petit de tous les partis.

    De plus, beaucoup de temps a été perdu dans des discussions qui ont duré trop longtemps et qui ont miné nos possibilités d’implanter, de construire et de profiler le CAP. Dès le début, le CAP avait choisi d’être une formation nationale dans laquelle tous ceux qui désiraient lutter contre le néo-libéralisme étaient les bienvenus tout en gardant leur propre identité. C’était la base sur laquelle le MAS/LSP s’était engagé dans le CAP. Mais, du côté francophone, s’est créé, sur base d’un appel dans La Libre Belgique, « Une Autre Gauche ». UAG avait une vision totalement différente : un modèle confédéral avec deux directions différentes et une série de règles qui limitaient le droit de garder sa propre identité. Il a malheureusement fallu attendre jusqu’en février 2007 pour obtenir de la clarté à ce sujet. En décembre encore, certains prétendaient que le CAP avait échoué. Les difficultés internes ont été instrumentalisées par des concurrents pour présenter le CAP comme une bande en perpétuel conflit avec elle-même, le CAP francophone comme un « MAS+ »,… Comme nous le savons, des partis qui sont divisés par des querelles internes font des mauvais scores, surtout s’ils se présentent pour la première fois aux élections.

    Les trois initiateurs – Georges Debunne, Lode Van Outrive et surtout Jef Sleeckx – ont joué un rôle-clé dans la mise sur pied du CAP et nous leur en sommes reconnaissants. Malheureusement, aucun des trois n’a été prêt à participer aux élections pour le CAP – et en particulier Jef, pour des raisons familiales compréhensibles, alors que beaucoup de membres, dont le MAS/LSP, l’attendaient. Si Jef avait participé, nous aurions probablement été invités, comme le PTB l’a été, à l’émission « Doe de Stemtest » et les médias auraient accordé plus d’attentions au CAP. Cela aurait été une aide appréciable pour populariser le CAP. C’est d’ailleurs pour cette raison – le refus de Jef d’être candidat aux élections – qu’à la fin de l’année passée, le PTB a refusé la proposition d’un cartel PVDA+/CAP à Anvers. Comme si cela ne suffisait pas, une petite minorité du CAP a plaidé en faveur de la proposition de Groen ! de former une « bande rouge » de candidats CAP sur les listes de Groen !, proposition rejetée par une large majorité du CAP (90%), mais qui a contribué à une confusion durable, entre autres parce que quelques-uns ont passé outre à cette décision et se sont tout de même présentés comme candidats sur les listes de Groen !, occasion utilisée pour que la presse parle enfin du CAP, mais de quelle manière !

    Certains ont plaidé qu’il ne fallait pas participer aux élections fédérales pour attendre jusqu’aux élections régionales et européennes de 2009. Tout comme la majorité du CAP, le MAS/LSP n’a pas trouvé qu’il s’agissait là d’une bonne idée. Le Pacte des Générations est déjà derrière nous depuis plus d’une année, la situation est plus que mûre pour une nouvelle formation large des travailleurs. Le mécontentement contre la politique néo-libérale est énorme, nous l’avons constaté dans de nombreuses grèves spontanées et cela est confirmé élection après élection par les grands glissements de votes, bien qu’hélas – à cause de notre absence dans les médias et nos moyens financiers limités – pas encore dans la direction que nous souhaitons. Le nouveau gouvernement va d’ailleurs encore renforcer la politique néo-libérale, s’attaquer fortement aux services publics et probablement limiter encore plus le droit de grève entre autres par l’introduction d’un service minimum dans certaines entreprises et secteurs. Il sera crucial d’assurer que le nom et le projet du CAP soit connu à ce moment-là. Si nous n’avions participé aux élections pour la première fois qu’en 2009, nous aurions alors été désespérément en retard sur les faits.

    Chaque syndicaliste peut nous décrire en couleur et en odeur comment l’unité se forge à travers l’action et n’est obtenue que très rarement par la discussion abstraite. La majorité du CAP était convaincue que nous n’allions pas casser la baraque avec notre participation bien que la majorité d’entre nous, y compris le MAS/LSP, avait espéré un résultat un peu meilleur. Mais cela ne pèse pas en comparaison avec la camaraderie et la bonne collaboration qui a été forgée lors de la campagne entre des gens provenant pourtant d’horizons très divers : des ex-sociaux-démocrates, des ex-verts, des membres du MAS/LSP, des indépendants, des syndicalistes de la CSC et de la FGTB,… Nous n’avons pas obtenu un score terrible et pas non plus ce que nous avions espéré mais, durant la campagne, nous avons forgé une unité plus consolidée et nous avons placé le CAP, bien que de façon modeste, sur la carte politique.

    Finalement, nous voulons citer quelques défaillances de la campagne :

    • nous pensons qu’il est temps de laisser derrière nous les discussions sans fin. Cela ne signifie pas que nous ne voulons plus discuter avec des groupes qui défendent un autre projet mais ces discussions ne peuvent plus paralyser durant des mois la construction du CAP.
    • nous pensons aussi que notre affiche électorale « Une autre politique est possible » était trop vague, que beaucoup d’électeurs ne savaient pas vraiment où situer le Comité pour une Autre Politique. En ce sens, les affiches du PC et celles du PTB étaient beaucoup plus claires. Il nous manquait aussi un thème clair : « On en a marre des assainissements » ou « Contre l’inégalité » ou quelque chose de ce genre nous aurait mieux positionné à gauche.
    • enfin, nous avons systématiquement mis l’accent sur la nécessité d’un programme en dix points courts et clairs dont l’essentiel serait vu en un coup d’oeil. Hélas, nous en sommes restés à un programme très correct, mais aussi trop étendu pour les élections, sur le site internet.

    Le Mouvement pour une Alternative Socialiste n’est pas satisfait des résultats du CAP mais il l’est par le déroulement de la campagne et par la consolidation du groupe qui a été forgé durant cette campagne. La nécessité d’un nouveau parti large des travailleurs se posera systématiquement à l’avenir. Pour répondre à cela, le CAP a posé les premières fondations, il faut maintenant construire sur celles-ci. Nous espérons qu’à l’avenir, plus de groupes et d’individus trouveront le chemin du CAP et que le CAP continuera à intervenir avec autant d’acharnement dans les conflits sociaux, comme il l’a fait à La Poste, Volkswagen et Opel. Peut-être le CAP ne deviendra-t-il jamais ce « nouveau parti des travailleurs » mais on ne court un marathon qu’après s’y être préparé petit à petit. Le CAP est le premier lancement et pendant que le CAP se construit, nous serons toujours ouverts à collaborer, à fusionner, ou même à adhérer à des groupes qui voudront construire avec nous ce nouveau parti.

  • La recherche “d’autre chose” prépare la voie à un gouvernement de droite

    Si les élections fédérales de 2007 ont démontré quelque chose, c’est sans doute la frustration profonde face à la politique menée ces dernières années. En Flandre, le CD&V-NVA, la Liste Dedecker et dans une nettement moindre mesure Groen ! et le Vlaams Belang en sortent vainqueurs. En Wallonie, c’est surtout ECOLO qui profite des coups que le PS doit encaisser, le MR devient bien la plus grande formation mais avec un résultat à peine meilleur qu’en 2003. Le temps des glissements derrière la virgule est maintenant du passé, on calcule désormais avec des pourcents entiers.

    Déclaration du Bureau Exécutif du MAS/LSP

    Vande Lanotte, le président du SP.a, et Somers, son collègue du VLD, ont eu de la peine à le croire. Où cela a-t-il foiré ? La défaite majeure du SP.a n’avait été annoncée par aucun sondage. Il y a dix mois à peine, le SP.a s’en était encore bien tiré lors des élections communales (+ 1,8% en moyenne) avec certaines percées plus importantes dans les grandes villes. On disait alors qu’il s’agissait de l’effet « Vande Lanotte ». Tant les bons résultats de l’ancien parti de Dedecker, le VLD, que le score personnel de Dedecker lui-même semblaient alors annoncer l’enterrement politique de ce personnage. Aujourd’hui, le même Vande Lanotte doit encaisser à Ostende une perte qui approche des 20% (48% lors des élections communales de 2006 et seulement 25,6% en 2007) tandis que Dedecker renaît de ses cendres. Et cela ne s’arrête pas là. A Gand, SP.a-Spirit descend de 31,7 à seulement 21,3%, à Louvain de 38,1 à 20,5%, à Saint-Nicolas de 35,4 à 19,9% et à Hasselt de 45,7 à 25,6%. On accepterait pour moins « que le parti n’a pas bien compris l’électeur ». Au VLD, on est soulagé puisque la perte n’est que de 5% contre 9% son partenaire à la coalition violette, mais, quoi qu’il en soit, tous sont bleus de coups. Le VLD peut cependant se consoler avec l’idée que la famille libérale devient la plus grande famille politique avec un siège de plus que la famille chrétienne.

    Le quotidien flamand de la Violette, De Morgen, qui, en octobre dernier, mettait encore en lumière les figures de proue libérales et socialistes, explique cette fois-ci les mauvais résultats de SP.a-SPIRIT par l’image écaillée de Vande Lanotte. « Le programme était à 100% du travail de professeur d’université, chiffré à la virgule près, plus précis que jamais. Mais avec un effet secondaire : chiant, peu excitant et surtout pas stimulant » écrit son journaliste Walter Pauli. Groen ! n’a pas vraiment pu profiter de la défaite du SP.a puisque, toujours selon De Morgen, ce parti ressemblait trop au SP.a, trop exemplaire et trop orienté vers le pouvoir. Et le journaliste continue : « Celui qui en a marre d’être sage ne pouvait regarder que d’un côté, en direction de Dedecker. Peut-être a-t-il eu un peu de force d’attraction sur les électeurs de gauche. » Image écaillée de Vande Lanotte ? Et Leterme alors ? Vande Lanotte était-il tellement dans le coup avant son apparition en pirate dans l’émission de variété des Drag Queens Stacy et Nancy ? Nous ne le croyons pas. Nous ne croyons pas non plus à la suggestion de Vera Dua (Groen !) selon laquelle l’électeur flamand serait de droite. Il est vrai que les électeurs flamands votent bien à droite mais c’est surtout parce que la gauche « visible », le SP.a-SPIRIT et Groen !, les délaissent systématiquement pour leur faire avaler de force une politique de droite.

    Où peut-on aller en tant que travailleur ? Le SP.a prétend défendre nos intérêts mais fait exactement l’inverse : démanteler des services publics et les rendre plus chers, obliger les chômeurs à accepter n’importe quel emploi à n’importe quelle condition, dévaliser notre sécurité sociale pour distribuer les cadeaux aux patrons,… Beaucoup de travailleurs pensent que si c’est cela qu’ils veulent, autant alors voter pour les vrais partis du patronat. Les Verts flamands ne semblent se servir de leur image de gauche que lorsqu’ils sont dans opposition ; dès que des postes s’approchent, même de loin, seule la soif de pouvoir l’emporte. Les seules alternatives possibles, le PTB et le CAP, par manque de moyens et puisque les médias les ignorent complètement, n’apparaissent même pas dans l’écran de vision de la majorité des travailleurs et de leurs familles. Du PTB, il a encore été un peu question, mais pour combien de personnes le CAP est-il encore inconnu ? Dans cette situation, beaucoup font le tour de ce qu’ils connaissent : hier Rossem, puis Vlaams Belang, alors Groen !, puis une dernière fois SP.a-Spirit et cette fois-ci Dedecker qui a pu profiter de sa présence quotidienne sur les petits écrans avec ses conneries. L’électeur est à la recherche de changements mais quelle soit sa manière de voter, à chaque fois le marteau de la casse sociale tombe sur sa tête.

    Reynders dans une position moins confortable que Leterme

    Il y a évidemment d’énormes différences entre la situation politique en Wallonie et à Bruxelles et celle en Flandre. Le PS paie par une perte de 7% les innombrables scandales dans lesquels le parti est impliqué. Dans la province du Hainaut, la perte monte jusqu’à 10% avec un pic de 15 % à Charleroi. A Bruxelles-Hal-Vilvorde, le PS tient mieux le coup (-1,6%) bien qu’avec un pic de -5,6% à Saint-Gilles, la commune du ministre-président Picqué. Mais, malgré tout, le PS reste un poids lourd considérable avec 26,8%, en partie parce que, contrairement au SP.a, le PS réussit encore à se présenter comme celui qui défend le tissu social contre les attaque de l’ultra-libéral Reynders. Le MR devient bien, pour la première fois depuis 1946, la formation ayant le plus grande score, mais cela est plutôt dû au recul du PS qu’à ses propres prestations. Les chrétiens-démocrates de Milquet avancent légèrement mais c’est surtout ECOLO qui profite de la perte du PS et ressort du scrutin comme le grand vainqueur. Reynders affirme que ce résultat est en soi une réforme d’Etat. Il admet ainsi implicitement ce que De Tijd (le pendant flamand de L’Echo de la Bourse) avait déjà dit sur la réforme d’Etat, à savoir que l’objectif principal de cette réforme est la cassure du tissu social.

    Là où Leterme dispose d’une majorité confortable pour s’attaquer aux acquis sociaux, Reynders se trouve dans une situation plus difficile. D’abord, il doit tenir compte de l’avancée d’ECOLO qui se dit bien prêt à rentrer dans un gouvernement mais pas à n’importe quel prix. Ensuite, Milquet crie qu’elle n’est pas prête à accepter une réforme d’Etat qui nuise aux francophones. Finalement, Reynders plus encore que Leterme, devra tenir compte de la rue. Vande Lanotte a déjà déclaré que le SP.a est préparé à une cure d’opposition, que le parti est éventuellement préparé à soutenir une réforme d’Etat à tout en étant dans l’opposition et donc à fournir la majorité nécessaire. Si le SP.a atterrit dans l’opposition, nous nous attendons plutôt à une opposition douce, à ce qu’ils appellent une « opposition constructive », selon le modèle des Démocrates américains. Le sommet de l’ABVV sera peut-être un peu bousculé, mais ce n’est pas dans sa nature de prendre l’initiative d’organiser la résistance. Par ailleurs, avec le CD&V dans le gouvernement, l’ACV ne sortira pas vite ses troupes.

    Ce sera différent en Wallonie. Jusqu’ici, le PS a été capable de vendre la politique de casse sociale en exerçant une pression sur ses amis de la direction de la FGTB et d’ailleurs également sur la CSC. Dans l’opposition, le PS ne sera pas prêt à sortir les marrons du feu pour Reynders. Au contraire. Une opposition du PS ne sera ni douce, ni constructive mais dure. Ceci évidemment dans le cas où les socialistes atterrissent dans l’opposition.

    Dans les syndicats, ce résultat électoral provoquera pas mal de discussions. Au sommet, on mettra en avant la « droitisation » et on voudra encore plus évoluer vers des syndicats de service. A la base, et peut-être même parmi les cadres intermédiaires, on voudra tirer le bilan de la manière dont les syndicats ont avalé la politique de la Violette. L’appel ouvert de la part de l’ABVV dans le Nieuwe Werker (journal de la FGTB flamande) à voter pour certains délégués syndicaux qui étaient présents sur les listes du SP.a n’aura pas été digéré par beaucoup. Le mauvais résultat de SP.a-Spirit et les maigres scores des quatre candidats issus de l’ABVV sera considéré comme une punition.

    Former un gouvernement devient extrêmement difficile

    Leterme est confronté à une tâche extrêmement difficile : il doit à lui-même et à son partenaire de cartel le fait de devoir obtenir une réforme d’Etat. Mais il doit faire attention aux extrémistes qui lui poussent dans le dos et sont déjà prêt à crier « trahison ! ». Il ne peut se permettre de laisser son partenaire de cartel les mains vides. Du côté flamand, le SP.a aurait été un partenaire souhaitable mais il est temporairement dans les cordes. Les Verts et surtout leur position confuse sur le plan communautaire ne conviennent pas tellement au CD&V-NVA. Reste le VLD, mais c’est justement le parti qui, sur le plan communautaire, se dit en faveur d’un renforcement du niveau fédéral, un discours qu’on aime pas entendre dans les cercles de la NVA. Par contre, la liste Dedecker, favorable à une réforme de l’Etat dans le sens confédéral, sera probablement tenue hors des discussions par le VLD.

    Du côté francophone, Leterme peut faire des affaires avec les libéraux du MR mais il sera confronté à la résistance du partenaire de sa propre famille, le CDH. Dans le scénario de l’ « Orange bleue », il peut de plus s’attendre à un PS dans l’opposition qui punira sans merci chaque concession francophone sur le plan communautaire. Dans ce sens, il ne semble pas que la formation du prochain gouvernement se fera facilement ; elle pourrait bien se tirer en longueur. Peut-être même au point où Leterme sera forcé de faire le choix déchirant d’en arriver à une cassure avec la NVA si une coalition Orange bleue, avec éventuellement un troisième partenaire, se casse le nez sur une réforme d’Etat. Dans ce cas, une tripartite classique, éventuellement avec le SP.a encore sur les bancs de l’opposition, n’est pas à exclure. Un tel gouvernement sera inévitablement un cabinet de crise qui jettera l’éponge aux alentours des élections régionales de 2009.

    Leterme sera d’ailleurs confronté à des défis socio-économiques qui ne seront pas minces. Surtout dans le cas où une majorité Orange bleue serait formée, le patronat saisira l’occasion pour annoncer son cahier de revendications : la limitation des allocations de chômage dans le temps, une forte baisse des charges patronales, le report de la fermeture des centrales nucléaires, un assainissement fort des services publics,… Tout cela approche. Vers la fin de cette année encore, il faudrait déjà trouver 3 à 4 milliards d’euros mais il faudra encore voir si tout cela sera possible sans que les syndicats sortent de leurs pantoufles. De plus, quelle qu’en soit la manière, lors du scrutin régional et européen de 2009, Leterme risque de voir sa politique punie.

    CAP : tirer les leçons des résultats

    Avec 21.215 voix au Sénat (0,32%) – 8.277 voix (0,33%) pour le collège francophone et 12.938 (0,32%) pour le collège néerlandophone – et 20.083 pour la Chambre (0,30%), le CAP récolte un peu plus que les 19.841 voix du MAS/LSP aux élections européennes de 2004. Mais si le CAP fait mieux que le MAS dans la partie francophone (8.277 voix / 0,33% au lieu de 5.675 / 0,23%), il fait moins que le LSP dans la partie néerlandophone (12.938 voix / 0,32% au lieu de 14.166 / 0,35%) !

    C’est moins que ce que nous espérions, en nous basant sur une bonne campagne électorale et sur les bonnes réponses que nous avons reçues là où nous avons été capables d’expliquer notre projet. En Flandre, le PVDA+ a obtenu pour le Sénat presque 3 fois le chiffre du CAP (34.768). En Wallonie, tant le PTB+ avec 20.039 voix que le PC avec 19.632 voix ont obtenu plus du double du CAP. Que le CAP ait réussi à obtenir à Peer 5,32% avec l’ancien bourgmestre SP.a Jules Doutremont illustre le potentiel mais nous n’avons pas été capables de transférer cet effet ailleurs. Comment pensons-nous pouvoir expliquer ces résultats et comment continuer ?

    Evidemment, tant le PC que le PTB existent depuis des décennies là où le CAP vient à peine de se créer et reste encore inconnu chez une grande partie des électeurs. Nous connaissons la signification de cela : lors de notre première participation électorale au Sénat en Flandre en 2003, nous avons dû affronter le même phénomène et nous avions obtenu 8.337 voix. Une année plus tard, ce chiffre était grimpé, aux élections européennes, à 14.166. De plus, le CAP – pour le PC et le PTB, cela n’a pas été beaucoup mieux – a été complètement exclu des médias. Dans une époque où les élections se jouent surtout à travers les médias et où les tracts classiques et les affiches n’influencent les résultats que marginalement, c’est un énorme handicap. Le budget du CAP – 20.000 EUR (nationalement !) – était probablement le plus petit de tous les partis.

    De plus, beaucoup de temps a été perdu dans des discussions qui ont duré trop longtemps et qui ont miné nos possibilités d’implanter, de construire et de profiler le CAP. Dès le début, le CAP avait choisi d’être une formation nationale dans laquelle tous ceux qui désiraient lutter contre le néo-libéralisme étaient les bienvenus tout en gardant leur propre identité. C’était la base sur laquelle le MAS/LSP s’était engagé dans le CAP. Mais, du côté francophone, s’est créé, sur base d’un appel dans La Libre Belgique, « Une Autre Gauche ». UAG avait une vision totalement différente : un modèle confédéral avec deux directions différentes et une série de règles qui limitaient le droit de garder sa propre identité. Il a malheureusement fallu attendre jusqu’en février 2007 pour obtenir de la clarté à ce sujet. En décembre encore, certains prétendaient que le CAP avait échoué. Les difficultés internes ont été instrumentalisées par des concurrents pour présenter le CAP comme une bande en perpétuel conflit avec elle-même, le CAP francophone comme un « MAS+ »,… Comme nous le savons, des partis qui sont divisés par des querelles internes font des mauvais scores, surtout s’ils se présentent pour la première fois aux élections.

    Les trois initiateurs – Georges Debunne, Lode Van Outrive et surtout Jef Sleeckx – ont joué un rôle-clé dans la mise sur pied du CAP et nous leur en sommes reconnaissants. Malheureusement, aucun des trois n’a été prêt à participer aux élections pour le CAP – et en particulier Jef, pour des raisons familiales compréhensibles, alors que beaucoup de membres, dont le MAS/LSP, l’attendaient. Si Jef avait participé, nous aurions probablement été invités, comme le PTB l’a été, à l’émission « Doe de Stemtest » et les médias auraient accordé plus d’attentions au CAP. Cela aurait été une aide appréciable pour populariser le CAP. C’est d’ailleurs pour cette raison – le refus de Jef d’être candidat aux élections – qu’à la fin de l’année passée, le PTB a refusé la proposition d’un cartel PVDA+/CAP à Anvers. Comme si cela ne suffisait pas, une petite minorité du CAP a plaidé en faveur de la proposition de Groen ! de former une « bande rouge » de candidats CAP sur les listes de Groen !, proposition rejetée par une large majorité du CAP (90%), mais qui a contribué à une confusion durable, entre autres parce que quelques-uns ont passé outre à cette décision et se sont tout de même présentés comme candidats sur les listes de Groen !, occasion utilisée pour que la presse parle enfin du CAP, mais de quelle manière !

    Certains ont plaidé qu’il ne fallait pas participer aux élections fédérales pour attendre jusqu’aux élections régionales et européennes de 2009. Tout comme la majorité du CAP, le MAS/LSP n’a pas trouvé qu’il s’agissait là d’une bonne idée. Le Pacte des Générations est déjà derrière nous depuis plus d’une année, la situation est plus que mûre pour une nouvelle formation large des travailleurs. Le mécontentement contre la politique néo-libérale est énorme, nous l’avons constaté dans de nombreuses grèves spontanées et cela est confirmé élection après élection par les grands glissements de votes, bien qu’hélas – à cause de notre absence dans les médias et nos moyens financiers limités – pas encore dans la direction que nous souhaitons. Le nouveau gouvernement va d’ailleurs encore renforcer la politique néo-libérale, s’attaquer fortement aux services publics et probablement limiter encore plus le droit de grève entre autres par l’introduction d’un service minimum dans certaines entreprises et secteurs. Il sera crucial d’assurer que le nom et le projet du CAP soit connu à ce moment-là. Si nous n’avions participé aux élections pour la première fois qu’en 2009, nous aurions alors été désespérément en retard sur les faits.

    Chaque syndicaliste peut nous décrire en couleur et en odeur comment l’unité se forge à travers l’action et n’est obtenue que très rarement par la discussion abstraite. La majorité du CAP était convaincue que nous n’allions pas casser la baraque avec notre participation bien que la majorité d’entre nous, y compris le MAS/LSP, avait espéré un résultat un peu meilleur. Mais cela ne pèse pas en comparaison avec la camaraderie et la bonne collaboration qui a été forgée lors de la campagne entre des gens provenant pourtant d’horizons très divers : des ex-sociaux-démocrates, des ex-verts, des membres du MAS/LSP, des indépendants, des syndicalistes de la CSC et de la FGTB,… Nous n’avons pas obtenu un score terrible et pas non plus ce que nous avions espéré mais, durant la campagne, nous avons forgé une unité plus consolidée et nous avons placé le CAP, bien que de façon modeste, sur la carte politique.

    Finalement, nous voulons citer quelques défaillances de la campagne :

    • nous pensons qu’il est temps de laisser derrière nous les discussions sans fin. Cela ne signifie pas que nous ne voulons plus discuter avec des groupes qui défendent un autre projet mais ces discussions ne peuvent plus paralyser durant des mois la construction du CAP.
    • nous pensons aussi que notre affiche électorale « Une autre politique est possible » était trop vague, que beaucoup d’électeurs ne savaient pas vraiment où situer le Comité pour une Autre Politique. En ce sens, les affiches du PC et celles du PTB étaient beaucoup plus claires. Il nous manquait aussi un thème clair : « On en a marre des assainissements » ou « Contre l’inégalité » ou quelque chose de ce genre nous aurait mieux positionné à gauche.
    • enfin, nous avons systématiquement mis l’accent sur la nécessité d’un programme en dix points courts et clairs dont l’essentiel serait vu en un coup d’oeil. Hélas, nous en sommes restés à un programme très correct, mais aussi trop étendu pour les élections, sur le site internet.

    Le Mouvement pour une Alternative Socialiste n’est pas satisfait des résultats du CAP mais il l’est par le déroulement de la campagne et par la consolidation du groupe qui a été forgé durant cette campagne. La nécessité d’un nouveau parti large des travailleurs se posera systématiquement à l’avenir. Pour répondre à cela, le CAP a posé les premières fondations, il faut maintenant construire sur celles-ci. Nous espérons qu’à l’avenir, plus de groupes et d’individus trouveront le chemin du CAP et que le CAP continuera à intervenir avec autant d’acharnement dans les conflits sociaux, comme il l’a fait à La Poste, Volkswagen et Opel. Peut-être le CAP ne deviendra-t-il jamais ce « nouveau parti des travailleurs » mais on ne court un marathon qu’après s’y être préparé petit à petit. Le CAP est le premier lancement et pendant que le CAP se construit, nous serons toujours ouverts à collaborer, à fusionner, ou même à adhérer à des groupes qui voudront construire avec nous ce nouveau parti.

  • Présentation du CAP sur Wikipédia

    Nous avons trouvé cet article sur l’encyclopédie libre wikipédia (http://fr.wikipedia.org). Si cela pose un problème à l’auteur, ou aux auteurs, que nous publions l’article sur notre site qu’il n’hésite pas à nous contacter. Dans le cas contraire, nous serions tout de même heureux de rentrer en contact avec lui, car nous avons été agréablement surpris par sa façon précise et honnête de présenter les choses.

    Wikipedia


    Le Comité pour une Autre Politique (CAP), en néerlandais Comité voor een Andere Politiek, est un mouvement politique belge, orienté à gauche, et fondé fin 2005 (bien qu’officiellement lancé le 28 octobre 2006). ·

    Création

    Les initiateurs sont Jef Sleeckx, ancien député SP.a, Lode Van Outrive, ancien eurodéputé SP.a, et Georges Debunne, ancien président de la FGTB et de Confédération européenne des syndicats. Tous trois ont été actifs pendant des décennies au sein du mouvement socialiste belge.

    Un congrès de fondation national a été organisé le 28 octobre 2006 devant un auditoire de l’Université libre de Bruxelles. Divers groupes politiques de gauche tels que le MAS, le PCB, et le POS y étaient présents afin de soutenir l’idée d’une formation de gauche large. Cette tradition d’assemblées nationales se perpétue depuis lors.

    Histoire

    L’histoire de la collaboration des trois initiateurs a débuté en 2005, après que le gouvernement belge ait annoncé que le projet de Constitution européenne ne serait pas soumis à un référendum, comme dans la plupart des pays d’Europe. Jef Sleeckx et Georges Debunne se rendirent au Parlement flamand le 8 novembre 2005 avec une pétition signée par 15000 citoyens belges, afin de demander qu’un référendum soit organisé en Flandre. Cette action ne porta pas de fruit, apparemment parce que la décision du référendum était d’ordre national, et non pas régional.

    Fin 2005, les trois compères se retrouvèrent à nouveau dans le cadre de la lutte contre le Pacte des Générations – un plan de réformes des pensions qui avait été massivement critiqué par la population : les manifestations et grèves organisées en opposition à ce plan étaient les plus grandes qu’ait connues la Belgique depuis la lutte contre le Plan Global du gouvernement Dehaene, en 1992. Les sondages du moment montraient que près de 75% des Belges étaient opposés à ce plan, tandis que seuls 3% des parlementaires votèrent contre ce plan. C’est également dans le cadre de ces événements politiques, que des désaccords frappants furent marqués entre la FGTB et le SP.a – partenaire politique traditionnel de la FGTB en Flandre.

    La conclusion tirée par les initiateurs du CAP, était que ces chiffres révélaient un gouffre énorme entre l’avis de la population, et les décisions prises par les personnes censées représentées cette même population.

    Tirant l’analyse que ces désaccords provenaient d’un virage à droite du SP.a, qui se coupait ainsi de sa base militante traditionnelle, Jef Sleeckx et ses comparses décidèrent qu’il était temps de créer un nouveau mouvement politique à gauche du SP.a. Ils argumentaient aussi que la montée du parti d’extrême-droite Vlaams Belang était due à la recherche d’une alternative "populaire" de la part de l’électorat, et que seule la création d’un parti de gauche qui exprimerait réellement l’avis populaire pourrait enrayer la montée du VB (et non pas des mesures légales telles que l’établissement de cordons sanitaires et autres procès pour incitation au racisme), et ainsi résoudre la crise de la démocratie.

    En cela, ils étaient également inspirés dans cette démarche par les positions et résultats obtenus par le WASG allemand et le SP néerlandais.

    Cet avis fut exprimé dans un journal flamand, et attira l’attention de nombreuses personnes – notamment des délégués syndicaux anversois – qui partageaient l’avis des trois initiateurs. Voyant ce soutien, Jef Sleeckx prit la décision de concrétiser cette opinion, sous la forme du "Comité voor Een Andere Politiek", qui s’abrégea tout d’abord sous la forme EAP – Een Andere Politiek, puis sous la forme CAP actuelle. Jeff entreprit donc un tour de Flandre, puis de Belgique, en donnant des conférences prônant la mise en place de cellules CAP locales, qui auraient pour tâche de regrouper les partisans du projet de nouveau parti de gauche, et de commencer à préparer le congrès fondateur du 28 octobre 2006.

    La date du samedi 28 octobre 2006 fut choisie pour commémorer la grande manifestation contre le pacte des Générations, qui avait eu lieu un an pile poil auparavant, le vendredi 28 octobre 2005 . La date initialement prévue était celle du 21/10, mais cela tombait, entre autres, en portaufaux avec les concerts contre la violence initiés par le groupe Deus. Ce congrès a donc confirmé le souci des 600 personnes présentes de construire une nouvelle formation politique qui réunirait l’ensemble des gens qui ne se retrouvaient plus ni dans la social-démocratie (PS, SP.a), ni dans l’écologisme politique (Ecolo, Groen!). Toute la "petite gauche" radicale était également présente, avec le MAS, le POS, le PC en tant que participants, et le Vonk et le CCI, qui étaient venus "pour voir". Le Bloc-ML était bien entendu absent, de même que le PTB, qui préféra garder cette date pour son festival cubain annuel.

    Participation aux élections de 2007

    Lors du deuxième congrès national CAP du 3 février 2007, une large majorité des participants décida de se présenter aux élections fédérales du 10 juin 2007.

    Une proposition de Groen!, qui désirait intégrer des candidats CAP sur ses listes électorales, fut massivement rejetée. La raison principale de ce rejet était que le CAP refuse de collaborer avec des partis qui participent ou désirent participer à un gouvernement avec des partis qui appliqueront une politique jugée néolibérale par les membres du CAP ; une autre raison était que les membres du CAP craignaient d’être utilisés par Groen!. Il fut également discuté de la position du PTB vis-à-vis du CAP. Le PTB a en effet refusé de se joindre au CAP pour les élections. Selon certains, ce refus trouve son origine dans le fait que l’absence de Jeff Sleeckx sur les listes ne lui ferait gagner aucune voix. Selon d’autres, la raison de ce refus est que le PTB tente d’éviter les alliances électorales depuis "l’affaire Abou Jajah". Le PTB, quant à lui, a motivé ce choix par le refus du CAP de faire figurer les lettres "PTB" dans le nom de la liste (voir article où est mentionnée "la main tendue par le PTB+").

    La troisième assemblée nationale du 14 avril 2007 a confirmé le programme électoral avec ses amendements. Outre les deux listes pour le Sénat (la liste francophone et la liste néerlandophone), le CAP présentera des listes pour la Chambre des Représentants dans toutes les provinces flamandes, ainsi que dans les provinces wallonnes du Hainaut et de Liège, et à Bruxelles. Ces listes, ainsi que l’ébauche de programme, sont accessibles sur le site du CAP.

    La polémique autour du CAP en Belgique francophone

    Une polémique s’est levée concernant les comités CAP en Wallonie et à Bruxelles. En effet, une autre tentative de rassemblement de la gauche, nommée "Une Autre Gauche" (UAG), s’était créée en Belgique francophone.

    Il s’est cependant vite avéré que les objectifs et les méthodes d’UAG divergeaient trop de ceux du CAP que pour pouvoir poursuivre leur collaboration. D’autre part, la direction d’UAG était farouchement opposée à une fusion des deux mouvements pour n’en former qu’un seul sur le plan national. La polémique débuta lors des mobilisations pour la conférence du 28 octobre 2006. Dans le courant du mois de mai, le MAS décida de quitter UAG. Le jour-même du 28 octobre, aucune polémique ne fut ouvertement engagée au sujet des rapports entre UAG et le CAP.

    Cependant, après la conférence du 28 octobre, des membres CAP résidant en Belgique francophone (pour la plus grande partie, membres du MAS) prirent l’initiative de lancer des comités CAP en Wallonie et à Bruxelles. La lettre de rupture justifiant cette décision peut être trouvée.

    UAG demanda immédiatement à la direction du CAP de rappeler leurs militants à l’ordre, mais cette dernière hésita, et préféra ne pas prendre position, laissant les CAP francophones voler de leurs propres ailes. Il apparaît que la direction du CAP aurait préféré continuer à avancer en invitant à la fois les dirigeants d’UAG et ceux des CAP francophones aux réunions de direction. Mais cela était contesté par les CAPistes francophones qui contestaient la représentativité des délégués UAG. UAG boycotta alors l’assemblée du 3 février. C’est pourtant lors de cette conférence que fut ouvertement posée la question de la collaboration UAG-CAP par les membres du SAP (l’équivalent du POS en Flandre), à laquelle la direction CAP ne fournit à nouveau aucune réponse, tandis que d’autres orateurs décidèrent de s’exprimer à ce sujet, tantôt pour, tantôt contre UAG.

    Les CAP wallons et bruxellois connurent ensuite une forte croissance, surtout dans le Hainaut et à Liège, se construisant rapidement autour de la dynamique de la préparation aux élections. Lors de la conférence du 14 avril, plus personne au sein du CAP ne parlait d’UAG.

    A ce jour, il semble que la situation soit celle-ci :</b<

    1) même s’il a été dit par plusieurs groupements (POS, PTB, PCB, etc.) que le CAP en Wallonie n’était rien d’autre qu’un "MAS+", il s’avère qu’à l’heure actuelle, après seulement trois mois de "vie séparée", la majorité des membres et des dirigeants du CAP wallon ne sont pas membres du MAS (voir, notamment, la composition des listes).

    2) plusieurs membres importants d’UAG ont maintenant rejoint le CAP.

    3) la majorité des membres du CAP, au niveau national, sont maintenant favorables aux CAP francophones, même si la crainte de les voir dégénérer en "comités MAS+" était forte au début.

    4) UAG est maintenant considéré par la majorité des membres CAP comme un simple groupuscule d’activistes de gauche, qui est toujours invité à participer au CAP en tant qu’organisation fédérée, mais certainement plus en tant qu’équivalent CAP francophone, puisque les CAP francophones sont insérés dans les mêmes structures que les autres comités flamands (sans compter le plus grand nombre de membres, etc.).

    5) la plupart des dirigeants du CAP (Raf Verbeke, Mon Steyaert, Jeff Sleeckx, Georges Debunne…) soutiennent les CAP francophones, bien que tacitement pour certains.

    6) cependant, d’autres membres influents au sein du CAP, bien qu’en minorité, sont toujours opposés à ces comités, et parlent en leur nom en laissant croire qu’ils le font au nom de la majorité du mouvement, donannt de ce fait un poids aux arguments "anti-CAP francophone". C’est le cas notamment de Lode Van Outrive – qui, de ce fait, et pour d’autres raisons, s’isole par rapport au mouvement. Lode Van Outrive était d’ailleurs absent de l’assemblée du 14 avril.

    7) au cours de cette polémique, le PCB s’est profondément divisé. En Wallonie, le PCB de La Louvière a déposé ses propres listes pour le Sénat et le Hainaut ; il semble que la section de Liège continue à collaborer avec UAG ; les sections flamandes ont, quant à elles, apparemment rejoint le CAP dans leur majorité.

    8) la LCR (ex-POS) a également un rapport ambigu vis-à-vis de sa participation dans le CAP. Ses membres wallons participent toujours à UAG, avec une liste "Gauche" déposée dans le Hainaut. En Flandre, ses membres participent toujours officiellement au CAP, mais semblent être moins présents depuis le 3 février.

    9) Enfin, le PTB reste très réservé par rapport à l’initiative du CAP. Voir, par exemple, l’article dans lequel il interviewe Lode Van Outrive sur la situation du CAP.

    Perspectives pour le mouvement

    Le CAP, jusqu’ici, tire un bilan extrêmement positif de la participation aux élections : le travail de longue haleine pour rassembler les fonds, discuter avec les gens, récolter les signatures, etc. a permis de créer des liens de collaboration au sein de la toute nouvelle équipe dirigeante du mouvement. Sans la construction autour du travail commun des élections, le CAP aurait dû affronter une période de stagnation, au cours de laquelle il n’aurait organisé qu’une réunion par-ci, par-là.

    Le CAP a également reçu l’appui de personnalités de la gauche belge telles que Roberto D’Orazio. En Flandre également, c’est l’ancien bourgmestre limbourgeois SP.a Jules D’Oultremont qui a rejoint le CAP pour les listes limbourgeoises.

    Des élections, le CAP espère retirer une certaine notoriété au sein de la gauche radicale belge. Les membres CAP attendent énormément des discussions qui pourraient se dérouler au sein de la gauche du PS, d’Ecolo et du PTB.

    Outre les élections, le CAP a déjà organisé plusieurs manifestations contre les fermetures des bureaux de poste. Son bus était également présent à de nombreux piquets (Volkswagen, Arjo-Wiggins…) et manifestations (Gay Pride, manif anti-guerre en Iraq…). Le CAP a également le soutien de nombreux délégués syndicaux et du mouvement étudiant du MAS, les Étudiants de gauche actifs (EGA).

    Le CAP s’attend maintenant à une nouvelle période favorable pour sa croissance. En effet, cela fait une année que la politique belge est dominée par les périodes électorales (communales en octobre 2006, législatives en juin 2007), et le "spectre" de la lutte contre le Pacte des Générations. Le CAP pense que la période post-électorale sera à nouveau dominée par ce qu’il appelle des "attaques néolibérales", et qu’il aura un important rôle à jouer dans le développement des luttes à venir.

    Le CAP devrait tenir son prochain congrès national peu après les élections. Aucune date n’a cependant encore été avancée.

  • Une autre politique est nécessaire: Signez pour la participation électorale du CAP!

    Lors de la conférence nationale du 3 février, le Comité pour une Autre Politique a décidé de se présenter de manière indépendante aux élections. Dès ce moment, le premier stade de la campagne électorale a été entamé: la récolte des signatures.

    Liesje Ulburghs

    Afin de pouvoir présenter une liste pour le Sénat, 5.000 signatures doivent être récoltées du côté francophone et 5.000 autres du côté flamand. Pour les listes pour la Chambre, présentées sur base provinciale, 200 à 500 signatures sont nécessaires selon la population de la province.

    Ce n’est pas rien. Chaque jour, des militants du CAP descendent dans la rue et engagent des discussions avec les gens, font du porte-à-porte, interviennent dans les manifestations, interpellent leur famille et leurs amis,…

    Choisir la facilité?

    D’autres partis qui ne sont pas présents au Parlement, comme Groen! (écolos flamands) ou la nouvelle liste Dedecker (droite flamingante), ont assuré leur participation électorale avec quelques signatures de sénateurs ou de députés de partis qui, eux, y sont représentés. Pourquoi alors le CAP n’a-t-il pas choisi cette option qui est bien plus reposante?

    Les raisons en sont simples. Face aux partis traditionnels qui depuis des années mènent une politique antisociale qui pousse des centaines de milliers de gens à voter pour le VB et le FN, le CAP avance l’objectif de construire une véritable alternative de gauche qui défende les intérêts de la majorité de la population et qui mène une opposition claire et combative. Pour faire connaître et soutenir cette autre politique, nous préférons engager la discussion avec les gens plutôt que d’aller chercher une caution auprès des politiciens traditionnels.

    Une autre campagne

    Nous voulons surtout utiliser cette période de février à avril pour mener une autre campagne que celle des grands partis. Construire notre programme à partir des besoins des gens signifie aller les rencontrer. Nous n’avons pas peur d’aller parler avec les gens dans la rue, dans les quartiers, dans les entreprises parce que nous n’avons rien à leur dissimuler. Face aux autres partis, nous ne faisons pas des promesses creuses ou des paroles en l’air avant de mener ensuite une politique antisociale en faveur des patrons et des banquiers.

    A ce jour, plusieurs milliers de signatures ont déjà été récoltées. Les dernières nouvelles peuvent être consultées quotidiennement sur notre site www.autrepolitique.be Ce ne sont pas que des chiffres, mais autant de gens qui ont été interpellés, avec lesquels nous avons discuté et à qui nous avons proposé de devenir actifs dans la construction du CAP. A l’université de Gand, 355 signatures ont été récoltées en une journée où nous avons présenté le projet du CAP dans plusieurs auditoires. Nous avons récolté plus de 150 signatures auprès des travailleurs de VW et 100 lors de la manifestation nationale des pompiers à Bruxelles. A Liège, près de 120 chômeurs ont signé pour le CAP en rentrant leur carte de pointage à la FGTB.

    Des délégués syndicaux s’occupent aussi de la récolte de signatures dans leur entreprise. Des gens qui ne se sont jamais engagés dans la politique discutent maintenant avec d’autres gens dans leur entourage. Chaque semaine, nous recevons plusieurs listes de parrainage venant d’ouvriers, de pensionnés, de jeunes, de chômeurs, d’enseignants, d’infirmiers, d’employés,… Ce mouvement doit continuer et s’amplifier pour que nous soyons prêts à nous engager dans la deuxième partie de la campagne dès le 1er Mai.

  • Agir de manière conséquente

    L’apparition d’un nouveau joueur sur le terrain politique est l’enjeu de la prochaine campagne électorale du CAP. La contradiction fondamentale dans cette société est celle qui oppose les salariés et les capitalistes. Dans une formule plus fréquemment utilisée mais plus vague, on parle aussi de la contradiction entre les riches et les pauvres.

    Bart Vandersteene

    Les capitalistes ont un éventail de partis politiques grâce auxquel ils peuvent utiliser différentes tactiques pour contrôler la société. Ces partis veulent tout faire pour éviter que de nouvelles alternatives se dressent. Soit les partis des travailleurs sont neutralisés en achetant et en intégrant la direction (comme cela a été fait jadis avec le Parti Ouvrier Belge, puis le PS) soit on les élimine.

    Via les sytèmes électoraux, les seuils électoraux et le financement des partis, tout est fait pour éviter que de nouveaux partis, et surtout des partis de travailleurs, puissent se développer.

    Ainsi, un seuil electoral de 5% a été introduit (avec l’accord des partis verts !), ce qui rend encore plus difficile de décrocher des élus.

    Par ailleurs, les partis représentés au parlement sont largement financés par des donations publiques et peuvent construire toute une structure de parti sans devoir récolter un euro dans la société. Nous ne pensons pas que les partis ont besoin des moyens financiers de l’Etat. Que ces partis recoltent leurs ressources au sein des couches de la population qu’ils souhaitent représenter, afin que chacun puisse constater que « chaque parti parle la langue de celui qui le nourrit ! » (comme disent nos amis flamands).

    Réactions des autres partis

    Plusieurs partis ont déjà réagi au lancement du CAP. Le SP.a a essayé de nettoyer un peu son image en annonçant que, grâce à lui, des travailleurs seraient de nouveau envoyés au parlement. Cela a été généralement perçu comme une démagogie électorale qui ne change rien à la politique du SP.A.

    Le PTB a répondu à une demande de syndicalistes pour collaborer avec le CAP. Le PTB reconnaît qu’il existe un vide énorme à gauche mais espère le remplir entièrement à lui tout seul en misant tout sur une logique électorale qui prend de plus en plus d’importance dans ce parti. Voilà pourquoi le PTB ne s’intéressait qu’à une participation de Jef Sleeckx sur les listes. L’idée d’un cartel à Anvers a été écartée lorsque Jef a expliqué que, vu son âge, il n’était guère enthousiaste à l’idée de se présenter sur une liste.

    Groen ! a aussi pris contact avec le CAP et lui a fait une proposition soi-disant généreuse, mais présentant peu de risques pour lui. Le CAP occuperait les 4e, 5e, 6e et 7e places sur toutes les listes de Groen ! en Flandre. L’écrasante majorité du CAP n’a pas manifesté d’enthousiasme car cela aurait signifié lier politiquement le CAP à un parti généralement perçu comme s’étant brûlé au pouvoir.

    Le défi du 10 juin

    Le CAP a surmonté ensemble ces obstacles politiques. Le développement d’un nouveau parti ne se fait pas du jour au lendemain mais sera le résultat d’un processus où toutes les organisations et tous les individus traverseront une période d’expérience commune et acquièreront la confiance nécessaire pour aller au-delà d’une simple participation électorale. Voilà l’enjeu de notre campagne électorale.

    Cette fois-ci, nous ne pouvons pas encore attendre une grande percée électorale. Mais nous pouvons fonder les bases nécessaires pour l’expression politique d’un développement irréversible dans la société, à savoir la montée des luttes contre le néolibéralisme.

  • 2e Conférence du CAP. Et maintenant, en avant !

    La conférence du 3 février a été un nouveau pas en avant pour le Comité pour une Autre Politique. Cette réunion a posé les premières bases du programme dont a besoin aujourd’hui une formation combative et a décidé de participer de manière indépendante aux élections.

    Karel Mortier

    Un programme combatif

    Le projet de programme électoral a été présenté par Danny Carleer, un militant syndical du Brabant Flamand. Suite aux discussions dans les groupes locaux, de très nombreux amendements ont été proposés. La discussion a permis de présenter une partie de ceux-ci et d’aborder de nouvelles questions qui n’étaient que peu abordées dans le projet de programme.

    Stefan Roumen est intervenu pour défendre la revendication “pas de limitation dans le temps des allocations de chômage.” Jo Coulier (CGSP-VUB) et Stefanie Lagae au nom d’Etudiants de Gauche Actifs/Actief Linkse Studenten ont développé des propositions concernant l’enseignement.

    Eric Byl a défendu un amendement du MAS/LSP précisant que le CAP se prononce contre le néolibéralisme, ne participera donc pas à des coalitions qui mènent une telle politique mais qu’en définitive, il doit aussi défendre une idéologie qui vise à transformer le système de production afin de garantir les besoins des travailleurs et de leurs familles. Pour le MAS/LSP, cette idéologie est le socialisme démocratique. Eric a tout de suite ajouté qu’il s’agissait là d’une discussion à mener et qu’en cas d’absence d’unanimité, nous voulions y consacrer tout le temps nécessaire.

    Raf Verbeke a proposé d’utiliser comme sous-titre le slogan «un autre monde est possible» afin d’indiquer que le CAP offre un espace à divers courants.

    Parmi les nouveaux points abordés figuraient les soins de santé. John Kennes (BSV-Anvers) a soutenu l’idée du « modèle kiwi » tandis qu’un délégué SETCA a défendu l’idée qu’il était préférable d’avoir un service national de santé avec un contrôle démocratique sur l’industrie pharmaceutique.

    Anja Deschoemacker a clôturé la discussion en expliquant qu’un bon programme naît sur base d’une confrontation d’idées et que, de ce point de vue, le CAP est unique. Le contraste est frappant avec les programmes des partis traditionnels qui sont surtout déterminés par des technocrates et des publicitaires. Sur les points où subsistent encore des désaccords, la discussion continuera et s’approfondira sur base des interventions dans les luttes.

    Une autre campagne électorale

    Après une présentation rapide des contacts qui ont eu lieu avec le PTB et Groen!, nous avons discuté de la campagne électorale. Le point central mis en avant par Bart Vandersteene dans son introduction était qu’une autre politique ne peut être crédible que si l’on veut vraiment l’appliquer. Ce ne sont pas les postes et les jeux politiques qui importent pour nous mais au contraire la volonté de renforcer les luttes et la critique du gouvernement Verhofstadt telle qu’elle a émergé du débat sur la Constitution européenne ou encore lors des mouvements contre le Pacte de Solidarité.

    Les propositions de Groen! en vue d’une participation électorale commune n’ont séduit qu’une poignée de participants. Même d’anciens militants verts ont répondu par la négative. Par ailleurs, le SAP/LCR (ex-POS) a fait part de ses doutes sur l’opportunité d’une participation électorale, notamment parce qu’il n’y a pas de certitude d’obtenir un bon résultat. Gustave Dache, de Charleroi, a fait référence à de précédentes initiatives émanant de travailleurs, comme la liste Debout de d’Orazio en 1999, qui avaient eu un gros potentiel. Il a aussi dit qu’aller au piquet de VW sans vouloir offrir d’alternative aux travailleurs aux élections fédérales n’avait aucun sens.

    Plusieurs membres du MAS/LSP ont fait état des différences entre la situation politique d’aujourd’hui et celle qui existait lors de précédentes initiatives à gauche. Des occasions sont à saisir, comme l’ont démontré la lutte contre le Pacte de Solidarité – et la fissure qui s’est aggrandie suite à cela entre le PS et le SP.a et la FGTB, surtout en Flandre – tout autant que la lutte contre la fermeture de VW-Forest.

    En avant !

    La conférénce a été clôturée par Jef Sleeckx qui a insisté sur la nécessité de se présenter aux élections. “Pour certains, il sera toujours trop tôt pour se présenter. Mais nous avons parcouru le pays et nous avons vu qu’ il existe un espace pour nous. Cet espace est beaucoup plus grand que ce petit comité dont rient certains”.

    “Là où nous sommes allés, beaucoup ont dit que nous devions commencer quelque chose de nouveau. Nous l’avons fait. Cela requiert un engagement, nous devons travailler ensemble pour recolter les deux fois cinq mille signatures pour nos listes pour le Sénat. EN AVANT!!!”

  • Les partis traditionnels se mettent en ordre de bataille pour faire encore un peu plus de la même politique

    La campagne pour les élections fédérales de cette année est désormais lancée. Les préparatifs des partis traditionnels vont de pair avec une série de propositions antisociales, le tout nappé d’une sauce communautaire. Le Premier ministre Verhofstadt (VLD) a pondu un “nouveau” Manifeste du Citoyen. Son possible successeur Yves Leterme (CD&V) y est allé d’une petite phrase sur la nécessité d’une politique d’austérité pure et dure comme aux Pays-Bas.

    Geert Cool

    Le Manifeste du Citoyen de Verhofstadt est moins innovateur que son auteur voudrait nous le faire croire. Verhofstadt y propose de calculer davantage le temps de travail plutôt en termes d’heures de carrière. Des horaires individuels permettent d’augmenter la flexibilité, bien entendu parce que les travailleurs demanderaient « des horaires de travail souples », et aussi de remettre en cause l’âge de la pension.

    Sauce hollandaise…

    Pour les chômeurs, Verhofstadt a repris une idée de son collègue de parti Rik Daems. Il s’agit d’imposer aux chômeurs des “emplois de proximité” à temps partiel en échange de leur allocation de chômage. Les fossoyeurs néolibéraux du service public ne précisent évidemment pas que cela se fera au détriment d’emplois qui étaient auparavant prestés par du personnel statutaire.

    Le candidat le plus souvent cité à la succession de Verhofstadt, Yves Leterme (CD&V), est politiquement proche des propositions de Verhofstadt. Leterme se prononce aussi pour accentuer… la même politique. Au début du mois de décembre, lors d’un déjeuner-débat avec de petits entrepreneurs à Gand, il a dit qu’il voulait mener une politique similaire à celle de son homologue hollandais Balkenende: une politique néolibérale pure et dure avec de graves atteintes à la sécurité sociale et aux salaires. Balkenende et son parti chrétien-démocrate sont même allés aux élections avec la « promesse » d’allonger la durée du travail hebdomadaire de 38 heures à 40 heures sans augmentation de salaire.

    Leterme ne semble pas se soucier de la résistance que vont susciter de telles atteintes aux conditions de travail et de salaire ainsi qu’aux droits des chômeurs. « Mieux vaut une adaptation en profondeur que laisser les choses suivre leur cours » (…) Même si ça doit susciter quelques remous en septembre et octobre. »

    De son côté, Frank Vandenbroucke (SP.a), ministre de l’enseignement flamand et promoteur de la chasse aux chômeurs, trouve lui aussi qu’il faut régionaliser l’emploi. Cela aboutira immanquablement à des différences dans les conditions d’accès au chômage, les critères d’ “emploi convenable”,…

    Tout cela doit remplir d’aise Karel Van Eetvelt, porte-parole de l’Union des Classes Moyennes flamandes (UNIZO) qui s’indigne qu’ “actuellement seuls 10% des milliers de chômeurs qui n’ont pas suffisamment cherché d’emploi ont été sanctionnés. Il y a obstruction au niveau national.”

    Régionaliser l’emploi servira donc à exclure plus de chômeurs en Flandre d’abord, en Wallonie ensuite.

    … et goût de l’effort

    Un autre candidat Premier ministre, c’est Elio Di Rupo. Il a surtout insisté sur le fait qu’il était peut-être temps qu’un francophone devienne Premier ministre. Malgré toutes les chamailleries et les problèmes internes, il ne ménage pas ses efforts pour former un front de tous les partis francophones.

    Le profil très flamand du CD&V lui facilite la tâche à tel point que la présidente du CDH Joëlle Milquet a déclaré : « sur le plan institutionnel, le CD&V n’est absolument pas notre parti frère, (…) les partis francophones sont ma famille politique. » En même temps, elle propose un “contrat collectif” qui obligerait chaque chômeur inscrit à suivre une formation.

    Le ministre wallon de l’emploi et de l’économie, Jean-Claude Marcourt, lui emboîte le pas avec son nouveau contrat de gestion pour le FOREm. Il y prône une « culture de l’effort » et une individualisation accrue de l’accompagnement des chômeurs, un doux euphémisme qui dissimule une pression accrue à accepter n’importe quel emploi.

    L’une et l’autre présentent leurs propositions, qui augmentent la concurrence entre salariés sur le marché du travail sans créer d’emplois, comme des alternatives aux revendications flamandes de régionalisation accrue de la politique de l’emploi. Di Rupo était satisfait du Manifeste du Citoyen de Verhofstadt parce qu’il y évitait toute surenchère communautaire. Verhofstadt y parle d’emploi, d’économie et du climat. « Nous sommes donc sur la même longueur d’onde », a déclaré di Rupo.

    Que Verhofstadt se succède à lui-même ou qu’il soit remplacé par Leterme ou di Rupo, il est déjà certains que les prochaines années seront encore marquées du sceau de la politique néolibérale qui consiste à économiser sur le dos des travailleurs et de leurs familles pour augmenter les profits des entreprises.

    Tests de popularité

    Vu que les partis traditionnels convergent sur l’essentiel, ils vont de nouveau mettre l’accent sur la forme. Les publicistes dominaient déjà la campagne pour les élections communales. Patrick Janssens a donné l’exemple. Le publiciste Noël Slangen lui a emboîté le pas en rejoignant le bureau du VLD. Mais les autres partis n’accordent pas moins d’importance à la perception.

    Michel Daerden (PS) a accédé à la renommée mondiale avec sa fameuse interview où il n’était manifestement pas en possession de tous ses moyens. Il a suffit de cette prestation comique à la télévision pour faire grimper en flèche la cote de popularité de Daerden. D’après un sondage de La Libre Belgique, il est maintenant le sixième politicien le plus populaire du côté francophone. Daerden s’appuie maintenant là-dessus pour revendiquer la tête de liste à Liège.

    C’est ainsi qu’on fait de la politique actuellement. L’image prime tout sans qu’elle ait besoin de la politique pour être façonnée. La popularité ne repose pas sur une politique, mais sur une image.

    Besoin d’une autre politique

    Face aux partis traditionnels et à l’extrême droite, nous avons besoin d’une autre politique. D’une politique qui rompe avec le néoliberalisme et qui soit du côté des travailleurs et de leurs familles. Après le mouvement contre le Pacte des Générations, c’est la conclusion qu’a tirée un groupe de militants syndicaux et politiques, de travailleurs, … Le Comité pour une Autre Politique (CAP) a été créé sur cette base.

    Le CAP présentera ses propres listes aux élections. Des pourparlers avec le PTB sur la possibilité d’un cartel dans la province d’Anvers ont buté sur la condition du PTB que Jef Sleeckx y soit lui-même candidat malgré ses 70 ans. Le PTB n’était intéressé que par le nom de Sleeckx. Nous pensons pourtant qu’on a besoin d’une autre politique qui parte de la base.

    Quand Jef Sleeckx a dit dans une interview qu’il y avait eu des discussions avec des militants de Groen !, certains médias ont aussitôt annoncé que le CAP négociait avec Groen !. Il n’y a pas de discussions prévues avec Groen !. La motion qui a été votée le 28 octobre dit clairement que le CAP ne collaborera pas avec des forces politiques qui participent ou ont participé à la politique néolibérale ou qui ont approuvé la Constitution européenne. Dans un cas comme dans l’autre, Groen ! peut se sentir visé à juste titre selon nous. Cela n’empêche pas que beaucoup de membres de Groen ! montrent de l’intérêt pour le projet du CAP.

    Ce type de réaction médiatique fait partie intégrante de la politique actuelle : beaucoup d’attention aux personnalités et aux petits jeux politiciens à visée électoraliste. Il ne manque plus que les demandes de participation à toutes sortes de programmes de divertissement à la télévision.

    Le CAP rompt avec cette politique avec un programme et une campagne où la solidarité occupe la place centrale. Solidarité avec toutes les victimes du système néolibéral: les ouvriers de VW qui doivent travailler plus dur ou pour moins cher, les usagers des bureaux de poste qui vont disparaître, les chômeurs qui se font radier, les travailleurs déjà financièrement exsangues à cause des prix élevés du logement et qui doivent payer plus cher leur électricité suite à la libéralisation,…

    Le MAS/LSP apportera sa pierre à la campagne électorale. Nous voulons nous atteler avec le CAP à la construction d’un large réseau de solidarité qui puisse renforcer la résistance à la politique néolibérale. Nous livrons en pages 6 et 7 des interviews sur l’état des lieux de la campagne du CAP : le programme, la campagne électorale, la construction d’une organisation nationale, …

  • En Wallonie et à Bruxelles aussi… Le CAP passe au sud

    Né en Flandre il y a un an, le CAP s’est aussi développé ces dernières semaines à Bruxelles et dans plusieurs villes de Wallonie. Nous en avons parlé par Jean Peltier.

    Une liste du CAP aux élections en juin. Une grande première ?

    Oui et non. Oui parce que c’est évidemment la première fois que le CAP présentera des listes et que celles-ci seront présentes partout dans le pays. Non, parce que, ces dernières années, il y a eu, du côté francophone, au moins deux autres expériences de liste unitaire qui se voulaient une alternative au PS et à Ecolo. En 1993, les grèves menées par la FGTB contre le Plan Global (un programme d’austérité imposé par le gouvernement Dehaene-Di Rupo) avaient déjà provoqué une grosse tension entre la gauche de la FGTB wallonne et le PS. En réaction, un nouveau mouvement s’était formé à l’initiative du PC, du POS, de syndicalistes FGTB, de féministes,… sous le nom de Gauches Unies. Mais il n’a guère tenu qu’un an.

    En 1999, Roberto d’Orazio, dirigeant de la lutte des Forges de Clabecq, a présenté une liste Debout aux élections européennes, qui regroupait surtout des syndicalistes et des militants des divers partis de la gauche radicale (PTB, POS, MAS, PC). Cette liste a réussi une belle percée (2%) et avait une ouverture plus grande vers les milieux populaires mais n’a pas eu de suite non plus.

    Le CAP semble néanmoins moins avancé au sud du pays qu’en Flandre…

    Oui, pour des raisons qui tiennent tant à la société qu’à l’histoire propre du CAP. En Wallonie et à Bruxelles, l’attitude du PS pendant la lutte contre le Pacte des Générations a ouvert de nouvelles brèches dans les rapports entre ce parti et de larges couches de syndicalistes FGTB. Mais l’évolution du PS vers la droite a été moins rapide et moins profonde que celle du SP.a, le fossé entre le parti et le syndicat est moins ouvert chez nous qu’en Flandre, le PS garde des liens – et un contrôle ! – plus forts avec l’appareil de la FGTB que le SP.a. De plus, malgré ses revers, Ecolo a mieux tenu le coup électoralement que Groen !. Et l’échec des partis traditionnels à lutter contre l’extrême-droite est plus criant en Flandre qu’en Wallonie,… L’espace pour construire une alternative à gauche du PS et des Verts est donc moins dégagé du côté francophone que du côté flamand. Mais si les premiers pas seront plus difficiles à faire, il est clair que la base sociale et les traditions de lutte – au sein des syndicats et de la population – sont plus grands au sud et que cela jouera par la suite.

    Le CAP a aussi démarré plus tard du côté francophone..

    Au début de 2006, une autre initiative – intitulée Une Autre Gauche – a été lancée du côté francophone parallèlement au CAP. Dans un premier temps, le MAS a pris part à cette initiative. Mais il est rapidement devenu clair pour nous que cette initiative avait une autre orientation que celle du CAP. Dans les faits, UAG ne vise pas comme le CAP à se tourner vers des couches larges pour redonner une voix aux travailleurs et à leurs familles mais elle reste tournée vers les petits « milieux » de la gauche radicale et des associations et, de plus, uniquement au niveau francophone . Nous en avons déduit après quelques mois qu’UAG était une impasse. Le MAS a donc pris ses responsabilités et a commencé à construire le CAP également en Wallonie et à Bruxelles, ce qui correspondait d’ailleurs à l’objectif de départ de Sleeckx, Van Outrive et Debunne qui souhaitaient dès le départ que se développe un mouvement national. En trois mois, des dizaines de personnes, non membres du MAS, ont déjà adhéré au CAP et ce n’est qu’un début…

  • “Il faut aussi une autre campagne électorale”

    Le CAP se prépare pour les élections du 10 juin. Les médias flamands ont semé pas mal de confusion à propos de cette participation électorale. Raison suffisante pour faire le point avec Bart Vandersteene qui est actif au sein de l’équipe de campagne du CAP et qui est en même temps membre du Bureau exécutif du MAS/LSP.

    Les médias ont parlé d’une collaboration avec le PTB qui a tourné court et de discussions avec les écologistes flamands de Groen !. Qu’en est-il finalement ?

    Lors de la conférence du 28 octobre, il a été dit expressément que le CAP examinerait les possibilités de collaborer avec d’autres forces dans la résistance à la politique néolibérale.

    Du fait qu’à gauche, la conscience politique est en pleine croissance, certains milieux syndicaux ont fait part de leur intérêt d’avoir une discussion avec le CAP comme avec le PTB. Nous y avons évidemment donné suite mais il est vite apparu que le PTB n’était intéressé que par la figure de Jef Sleeckx et son potentiel électoral. Le CAP en soi n’intéressait pas le PTB qui a réduit à néant toute possibilité de cartel lorsqu’il est apparu que Jef Sleeckx ne serait pas candidat.

    Le PTB a diffusé un communiqué de presse à ce sujet qui a été à l’origine d’une série d’articles dans plusieurs journaux et magazines flamands. Plusieurs articles ont fait part de l’intention du CAP de parler avec Groen !. Or, il n’en était rien , même s’il y avait eu quelques discussions individuelles avec des militants verts qui se sentaient interpelés par le projet du CAP.

    Toujours est-il que la nouvelle a incité Vera Dua, présidente de Groen ! à prendre contact avec Jef Sleeckx et le CAP. Elle a proposé qu’il y ait une « bande rouge » de candidats du CAP qui occuperaient les mêmes places sur toutes les listes de Groen !

    Il se peut qu’au sein du CAP, les avis soient partagés sur cette proposition mais, pour le MAS/LSP, il est clair que ce ne serait pas un pas en avant. Collaborer avec un parti traditionnel qui n’a jamais renié sa participation à une politique néolibérale ou son soutien à la Constitution européenne reviendrait selon nous à enterrer le projet du CAP.

    Le CAP est justement né du constat de la nécessité d’une nouvelle formation politique qui opte pour une autre politique et qui, par exemple, refuse de convoiter des postes dans une optique purement électoraliste.

    Comment le CAP peut-il aller aux élections dans les meilleures conditions ?

    Lors des assemblées provinciales en décembre, il y avait partout un grand enthousiasme pour aller aux élections avec des listes CAP. La présence d’un maximum de listes provinciales à la Chambre à côté des listes pour le Sénat constituerait un signal fort. Le MAS/LSP plaidera dans ce sens lors des assemblées nationales et locales du CAP.

    Les élections constituent un moment privilégié où un public plus large s’intéresse à la politique, ce qui offre des possibilités de mieux populariser l’idée qu’on a besoin d’une autre politique.

    Qu’est-il possible d’obtenir avec cette participation électorale ?

    D’entrée de jeu, il convient de préciser que la campagne électorale ne peut pas être une campagne traditionnelle. Lorsque Jef Sleeckx dit qu’il faut une autre politique, on peut en dire autant de la campagne électorale.

    Le MAS/LSP est pour une campagne qui parte d’actions concrètes : des actions locales contre la fermeture de bureaux de poste, des campagnes sur le logement ou des actions autour du changement climatique. Il ne s’agit là que de quelques points d’action parmi d’autres mais le CAP peut, à travers ces actions, rendre plus clair que sa politique est effectivement différente de celle des partis traditionnels.

    Le CAP doit, selon nous, orienter sa campagne de façon à organiser dans des groupes locaux cette couche plus large qui s’insurge contre le néolibéralisme. A partir de ça, le projet d’un nouveau parti pourra démarrer après les élections.

    Le CAP n’espère pas avoir des élus le 10 juin ?

    Non, ça ne sera probablement pas encore le cas. Nous demanderons évidemment à un maximum de gens de voter pour le CAP. Mais nous devons être réalistes et constater que nous avons encore trop de carences en termes d’implantation, de moyens financiers et de renommée pour pouvoir franchir dès à présent le seuil – complètement anti-démocratique – des 5%.

    Ce n’est pas un problème en soi, ça nous donne plus de temps pour construire une alternative politique. Cela rend aussi d’autant plus clair que nous ne sommes pas en quête de postes ou de mandats grassement payés. Les actions que le CAP mènera pendant la campagne électorale donneront le ton des actions qui suivront dans les années à venir.

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