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Tag: Grève du 10 octobre 2017
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Grève du 10/10 – La FGTB démontre sa force dans le secteur public, mais il en faut plus !

Dans l’ensemble, la grève de la CGSP (Centrale générale des services publics, FGTB) du 10 octobre fut un succès. La campagne menée de concert par le gouvernement, les patrons et les grands groupes de presse n’a pas eu l’effet escompté. Pour eux, les syndicats seraient ‘‘déconnectés de la réalité’’. L’artillerie lourde était sortie et en cas de fiasco, nous aurions subi un déluge de feu. On n’en est pas arrivé là. Après la grève, Charles Michel a de nouveau menacé de limiter le droit de grève et s’est de nouveau plaint du fait que les grévistes aient pris en otage les étudiants et les travailleurs. Mais, par la suite, la presse s’est particulièrement faite silencieuse. C’est que la grève a été bien mieux suivie que ce qu’espérait l’establishment. Évitons toutefois de nous reposer sur nos lauriers. Certaines faiblesses ont été révélées et nous devons rapidement y faire face. Quelques suggestions.
Par Eric Byl
La situation pénible sur les lieux de travail a assuré le succès de la grève
La grève a démontré que c’est l’establishment qui est ‘‘déconnecté des réalités’’. Ils finissent par croire leurs propres mensonges et leurs tournures de phrases. Le gouvernement Michel créerait des emplois et augmenterait notre pouvoir d’achat. Travailler plus longtemps se justifierait par l’augmentation de l’espérance de vie. Les grandes fortunes contribueraient enfin à l’effort grâce à la taxe sur les comptes-titres (nous n’entendons plus parler de la ‘‘taxe Caïman’’). Les syndicats seraient conservateurs et ne voudraient rien moderniser. Pensent-ils vraiment que nous ne nous rendons pas compte de la charge de travail ? De la perte de notre pouvoir d’achat ? Du fossé gigantesque et toujours grandissant entre riches et pauvres ? Que nous croyons que nous avons à travailler plus longtemps pour payer nos pensions ? Tout le monde sait que tout cela disparaît dans les poches abyssales des CEO et des actionnaires.
L’aveuglement de l’establishment est si grand qu’il ne peut admettre les accablantes conditions de vie et de travail que la plupart d’entre connaissons que si les ‘‘enfants’’ de l’élite en font état. Prenez l’émission de ‘‘Pano’’ (magazine hebdomadaire consacré aux thèmes actuels sur la chaine Flamande ‘één’) au sujet des exécrables conditions rencontrées dans les maisons de repos privées. Ce n’est qu’après qu’une journaliste se soit infiltrée durant des mois dans le secteur que l’establishment a simulé l’indignation. Les syndicats, des milliers d’employés et des dizaines de milliers de résidents et leurs familles s’en sont pourtant plaints pendant des années. L’establishment avait la tête ailleurs. Par coïncidence, ce reportage est tombé au même moment que le témoignage d’un médecin anversois qui a travaillé durant un an comme conducteur de bus. Son récit, là non plus, n’apporte rien de neuf. Cela nous surprendrait qu’il soit encore engagé ailleurs, nous aurions pourtant bien aimé qu’il distribue le courrier un an de la même manière.
Ce sont les conditions objectives qui expliquent le succès de cette grève. Il est affolant que nous ayons à apprendre des médias – ceux-là mêmes qui nous attaquent habituellement – les conditions de travail similaires rencontrées par nos collègues d’autres secteurs. C’est vrai, les médias balayent systématiquement les positions syndicales. Mais les syndicats ne l’accentuent pas suffisamment non plus. Prenez les magazines de la FGTB ‘‘Syndicats’’ ou ‘‘Tribune’’ ou encore les feuilles d’informations de la CSC. Ils sont souvent illisibles et consistent en une version résumée des déclarations des différentes centrales qui feraient mieux d’être sur le site de la centrale en question ou dans une rubrique réservée aux délégués et militants. Pourquoi ne pas plus souvent interviewer des travailleurs sur leurs conditions de travail ? Pourquoi les dirigeants syndicaux n’expliquent-ils pas plus souvent quelles sont nos conditions de travail concrètes lorsqu’ils sont en débat avec les politiciens ou les patrons? Cela trouverait l’oreille de beaucoup de téléspectateurs ou d’auditeurs et serait plus efficace que de constamment protéger les ‘‘partenaires politiques amis’’ discrédités du SP.a, du PS ou du CD&V et du CDH.
Discuter de nos réponses et les diffuser de manière organisée
Les syndicats ont d’excellents services d’étude. Ils éditent parfois du matériel magnifique, comme le baromètre socio-économique, mais on l’utilise trop peu. Pourquoi tout ce travail n’est-il pas popularisé et résumé en quelques arguments cruciaux pour être utilisés par les militants sur leur lieu de travail? Même les médias sociaux ne sont pas assez investis par les syndicats. C’est la droite qui y domine les débats puisque, contrairement aux syndicats, elle réagit systématiquement et de façon coordonnée, souvent de manière brutale et malhabile, mais elle donne le ton. Les syndicats disposent d’innombrables militants à la retraite, de travailleurs sans-emplois, de migrants, de spécialistes dans tous les domaines possibles. Mais ils ne sont malheureusement guère utilisés. Pourquoi donc garder les formations syndicales le plus technique possible, principalement axées sur les structures de concertation, alors que nous avons à notre disposition un excellent travail de recherche que nous pourrions sérieusement idéologiquement renforcer à l’aide de nos aînés ?
L’absence de véritables propositions de gauche dans le débat public durant des années a laissé ses traces. Les opinions de droite, les préjugés populistes et la méfiance à l’égard de tout ce qui est à gauche ont pu s’infiltrer parmi une partie du mouvement des travailleurs. Chaque militant le constate. Nombreux sont ceux qui évitent la discussion, d’autres continuent de s’acharner envers et contre tout, mais sans réelle idée de la manière d’inverser la tendance. Armer ces militants d’une analyse, d’un programme, d’une stratégie et d’une approche qui leur permet de le faire est l’un des principaux défis qui se pose aux syndicats. Nous devons les aider à reconnaître les événements sociaux concrets qui peuvent leur permettre d’améliorer la compréhension et la perspicacité de leurs collègues.
Le piquet de grève de l’hôpital bruxellois Brugmann le 10 octobre peut servir de modèle : très politique, avec des arguments disponibles, des banderoles et des tracts. Il a fallu des années pour y parvenir. Même l’introduction de parcmètres par la commune a été saisie comme une occasion pour le syndicat de réunir le personnel et dénoncer le manque de parkings pour le personnel tout en exigeant une meilleure compensation pour les transports en commun. À Anvers, le piquet de grève du dépôt de De Lijn à Zurenborg et celui des cheminots à la gare d’Anvers-Berchem se sont transformés en écoles syndicales, en prenant même le temps de montrer leur solidarité avec les conducteurs de bus londoniens. À l’ULB, les délégations syndicales auraient dû dénoncer les économies réalisées dans les budgets de l’enseignement et des services sociaux en réponse à la récente publicité pour la prostitution étudiante ‘‘Rich Meet Beautiful’’. Ce n’est qu’ainsi que l’on peut rendre conscient l’inconscient et construire un rapport de force. La force d’un délégué syndical se mesure à celle de la base sur laquelle il repose, y compris pour peser sur l’orientation générale des syndicats.
Organiser la grève et la solidarité
Le fait que quelque chose n’allait pas dans cette orientation a malheureusement été confirmé le 10 octobre. De nombreux militants ont eu connaissance de la grève à travers une presse habituellement hostile. Aucune assemblée du personnel n’a été organisée pour informer, consulter et motiver au préalable. La CSC et l’essentiel du privé n’ont pas suivi. Apparemment, de nombreux militants de la CSC n’ont pas apprécié la déclaration de leur président, Marc Leemans, qui entend privilégier la négociation. Depuis des mois, la CSC se plaint pourtant que le gouvernement Michel ne veut pas vraiment négocier. Nous pouvons bien comprendre que la FGTB ne peut pas tout simplement mobiliser l’ensemble de ses secteurs d’un claquement de doigts. Nous savons que la CGSP a au moins tardé pour répondre aux questions des centrales du privé de la FGTB concernant la manière dont ils pouvaient soutenir la grève. Mais entre ça et rien du tout, il y a tout de même une différence.
Libre Parcours, un réseau de syndicalistes combatifs des transports publics, a produit un autocollant ‘‘Grève 10/10 Je suis solidaire’’, en espérant que d’autres allaient reprendre l’idée. Pourquoi la FGTB n’a-t-elle pas imprimé quelques centaines de milliers d’autocollants de ce type à distribuer à tous les militants pour qu’ils les diffusent sur leur lieu de travail et parmi leurs proches afin que d’innombrables personnes puissent ainsi exprimer leur solidarité avec les grévistes et pour assurer que l’opinion publique soit plus favorable ? L’establishment lâche tous ses démons sur nous alors que les dirigeants syndicaux ne font qu’ignorer les occasions. Que ce serait-il passé si la FGTB avait contacté la CSC pour dire que nous sommes tous du même côté, même s’il existe des différences tactiques ou stratégiques, et suggérer qu’une telle vignette soit produite et distribuée conjointement ? Cela aurait grandement renforcé la grève tout en bloquant les tentatives du gouvernement d’opposer les syndicats. Cela aurait donné aux militants de la CSC désireux d’agir un instrument avec lequel commencer.
Une grève ne commence pas le jour même et elle ne se termine pas non plus à ce moment-là. Le lendemain, sa pertinence fait l’objet de débats animés sur les lieux de travail. Soit nous abandonnons cela aux chefs de bureau, aux services du personnel et à ceux qui crient le plus fort, soit nous fournissons à nos militants un instrument pour déterminer le ton de la discussion. Après une grève, une courte évaluation s’impose, le plus vite possible. Pourquoi avons-nous fait grève ? Quel est notre objectif? Comment espérons-nous l’atteindre? À cela s’ajoute la nécessité de veiller à l’unité des travailleurs – grévistes et non-grévistes, syndicats ayant fait grève et les autres – afin de viser les directions et les autorités qui sont les véritables responsables des conditions de travail et salariales que nous subissons.
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Les services publics en action – des photos de tout le pays
Ce 10 octobre, à l’occasion de son discours à la Chambre, le premier ministre Charles Michel a condamné la grève de la CGSP dans le secteur public. Il a même d’ailleurs prévenu : “Nous n’acceptons plus que des étudiants ou des travailleurs soient pris en otage en cas de grève” en annonçant la mise en oeuvre prochaine du service minimum. Il a également expliqué que le gouvernement fédéral n’avait aucunement l’attention de ralentir sa politique d’austérité au cours des 18 mois qui lui restent d’ici la fin de la législature. Ce gouvernement de droite dure est déterminé à lancer un maximum d’attaques contre les travailleurs et leurs familles au grand bénéfices des plus nantis.
Compte tenu des circonstances de cette journée d’action et de son manque de préparation, on peut parler de succès. Nous publierons prochainement une analyse approfondie qui reviendra sur celle-ci, il vous est d’ailleurs possible de nous envoyer des rapports et des photos des actions syndicales. Vous pouvez également trouver ici le tract que nos militants ont distribué sur de nombreux paquets.
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Anvers
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Gand[divider]
Louvain[divider]
BruxellesBruxelles-midi (par Mario):
Quelques autres piquets, par Mario:

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Des provocateurs d’extrême droite à GandDries Van Langenhove et son club d’extrême droite “Schild en Vrienden” sont venus provoquer le piquet de la CGSP à la gare de Gand Saint Pierre.
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MonsPar Stefanie.
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Solidarité avec le personnel des bus de LondresA Anvers, aux piquets de la SNCB et de De Lijn, les grévistes ont tenu à montrer leur solidarité avec les travailleurs des bus londoniens actuellement en grève.
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Liège[divider]
Namur -
Services publics : la coupe est pleine !

La journée de grève dans les services publics du 10 octobre s’impose comme une évidence après toutes ces années où se sont empilées les conséquences du manque de moyens. Personnel insuffisant, matériel et infrastructures vétustes,… Pour les fonctionnaires et les usagers, la coupe est pleine ! Les déficiences sont nombreuses dans ce qui fut jadis un service public. Les canalisations d’eau sont si usées que les pertes sont énormes, et pas qu’à Bruxelles. En Flandre, pour chaque hectolitre d’eau potable, 17,8 litres d’eau sont gaspillés à cause des fuites ! Selon le directeur d’AquaFlanders (le groupe des entreprises actives dans le secteur de la distribution et de l’assainissement de l’eau en Flandre), réparer le réseau de canalisations est ‘‘économiquement irresponsable’’ !
Par Geert Cool, édito de l’édition d’octobre de Lutte Socialiste
Ce ne sont pas les raisons d’entrer en action qui manquent. Le gouvernement a réagi par une attitude agressive, le Premier ministre ne s’est pas contenté de laisser les médias dominants crier à la ‘‘prise d’otage des voyageurs’’, il a lui-même mené la chorale ! Cela combiné aux incessantes attaques du gouvernement contre les pensions, le statut, le niveau de vie,… pourrait faire en sorte que la journée d’action du 10 octobre soit un succès en dépit de la faible préparation. Le scepticisme est conséquent dans les rangs syndicaux. La journée d’action du 10 octobre a été soudainement rendue publique par la CGSP par voie de presse, celle-là qui critique systématiquement nos grèves. C’est par ces mêmes médias que nous apprenons les divergences qui existent entre syndicats. Pendant ce temps, beaucoup de syndicalistes se demandaient quel est l’objectif de cette journée d’action et quel moyen était le plus efficace pour y parvenir.Les voix exigeant d’organiser sérieusement la résistance se font de plus en plus fortes. Certains finissent par pense qu’il vaudrait mieux ne pas faire grève du tout le 10 octobre, et pas seulement à la CSC. Mais c’est dans l’action que nous pouvons rassembler les forces dont nous avons besoin pour la suite. Comment organiser sérieusement la lutte ?
Quelques traditions nécessitent d’être reconstruites, avec une implication large de la base, en traduisant nos inquiétudes en revendications et propositions spécifiques, en popularisant ces dernières, en construisant une alternative politique large et inclusive,… Organiser sérieusement la résistance, cela commence par des revendications et des propositions qui suscitent l’enthousiasme parmi les couches plus larges de collègues et dans la population en général. La colère contre les mesures d’austérité est une motivation importante, mais elle doit être canalisée dans la perspective d’une lutte de longue durée. Pourquoi ne pas lancer une campagne d’information autour de quelques propositions centrales comme la semaine des 30 heures, la pension à 65 ans, le salaire minimum de 15 euros de l’heure, la pension minimum de 1500 euros nets,… ? Par ‘campagne d’information’, nous ne voulons pas dire : distribuer une seule fois un tract qui manque de clarté, mais une campagne de longue haleine avec du matériel adapté pour intervenir auprès des collègues mais aussi dans les marchés, aux gares,… Transformer le soutien passif pour nos revendications en participation active est la meilleure manière d’aller de l’avant. En l’absence d’une campagne nationale, des étapes utiles peuvent aller dans ce sens localement. Dans des hôpitaux de Bruxelles, la date du 10 octobre est utilisée comme étape d’une campagne à long terme avec des revendications offensives.
Pendant le plan d’action crescendo de 2014, nous avons accentué l’importance des réunions du personnel où l’on vote les actions. Cela renforce l’implication et l’engagement des collègues, mais cela pose aussi la question de qui décide des actions. En plus, cela offre des possibilités pour affiner la plateforme de revendications générale avec des propositions spécifiques à son secteur et son lieu de travail. Des concentrations de militants régionales et nationales et des meetings combattifs peuvent réunir les diverses expériences et contribuer à une plus grande implication ainsi qu’au contrôle démocratique sur les décisions prises.
L’objectif de notre action doit être clair : la fin de ce gouvernement et de cette politique. Pour y parvenir, nous aurons besoin de notre propre alternative politique. Les bons résultats des sondages pour le PTB, surtout en Wallonie, donnent un aperçu du potentiel existant. Nous avons besoin d’une initiative inclusive, basée sur l’action, pour politiquement préparer tout le monde via des discussions démocratiques, mais aussi pour défendre et populariser le programme qui peut rendre une victoire possible. Des initiatives audacieuses et mobilisatrices peuvent renforcer cela, à l’image de l’extraordinaire manifestation de la France Insoumise du 23 septembre qui a renforcé la riposte syndicale contre Macron (voir en page 12). Les discussions politiques et la participation concrète sont des éléments cruciaux pour faire barrage aux inévitables tentatives de l’establishment de tuer dans l’oeuf chaque pas en avant des travailleurs et de leurs familles. Le socialisme démocratique, c’est la seule réponse face à l’absence de marge pour une autre politique au sein du capitalisme.
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Résistons tous ensemble !

Nouvelle offensive contre nos conditions de vie
L’accord d’été du gouvernement représente une nouvelle série d’attaques contre nos conditions de travail et de vie. A l’exception de certains cadeaux aux patrons – comme la diminution de l’impôt des sociétés – les plus importantes mesures sont l’abolition de la nomination dans un grand nombre de services publics et l’extension des possibilités de recours aux emplois flexibles et à l’intérim.
Tract distribué par le PSL à l’occasion de la journée de grève du 10 octobre // Tract en version PSF
Le gouvernement veut évoluer vers une situation où la reconnaissance du statut des fonctionnaires sera l’exception au lieu de la règle. Il s’agit d’un assaut frontal contre la sécurité d’emploi et d’autres éléments, dont les pensions. L’idée sous-jacente est de s’en prendre aux secteurs les plus combattifs : un intérimaire réfléchira deux fois avant d’entrer en grève. L’accord d’été comporte également une nouvelle atteinte au droit de grève.
A la fin des années ’70, la Belgique comptait 20.000 intérimaires. Il en existe actuellement pas moins de 417.000. Aujourd’hui, la règle, c’est que les entreprises engagent de nouveaux travailleurs via l’intérim. On créée ainsi un groupe de travailleurs plongé dans une insécurité permanente et dans des salaires de misère. Ceux-ci sont ensuite utilisés comme pied de biche pour faire sauter les salaires et emplois relativement meilleurs. Une vie stable pour les jeunes et les travailleurs plus âgés? Le concept sera totalement miné.
Entretemps, les pénuries sont énormes dans les services publics. Des lignes de trams deviennent des lignes de bus par manque de personnel. Les classes sont surpeuplées d’étudiants. Les trains sont vétustes. Le service est réduit à Bpost. Etc. Aucun service public n’échappe aux conséquences de l’austérité. Ce dont nous avons besoin, c’est d’investissements massifs dans les services publics. Mais c’est très éloigné des projets des autorités.
Thierry Bodson (FGTB) appelle à la constitution d’un front progressiste contre les gouvernements de droite. C’est un développement positif tant que cela n’est pas utilisé pour repousser aux élections les tentatives de stopper les plans du gouvernement. Cet appel peut être utilisé comme socle pour construire un front de résistance sociale inclusif capable d’également entrainer des membres de la CSC. Au travers de la mobilisation de la rue, il peut être utilisé pour construire une alternative politique contre l’austérité.
Malheureusement, pour la grève d’aujourd’hui, la préparation a fait défaut dans la majorité des lieux de travail. Les membres n’ont pas été consultés. La grève a été appelée d’en haut, et il a même fallu l’apprendre des médias ! Ces mêmes médias qui sont pourtant les premiers à s’en prendre à nos actions… Nous savons pourtant très bien pourquoi nous faisons grève et quand il faut le faire. Nous sommes parfaitement capables – par le biais d’assemblées du personnel et de moments d’information – de discuter du type de plan d’action dont nous avons besoin pour défendre nos acquis.
Organiser la grève du 10 n’aura pas été facile. Les directions syndicales sont divisées. La CSC et une grande partie du privé ne participent pas. La base est sceptique quant au fait que les directions syndicales soient réellement prêtes à aller jusqu’au bout, vers la victoire. Faire un succès de ce 10 octobre était pourtant d’une grande importance. Le PSL a tout fait pour y contribuer et assurer que cette date puisse constituer le début d’un nouveau mouvement généralisé contre le gouvernement. Les mobilisations de l’automne 2014 ont illustré quel peut être l’impact d’un plan d’action à grande échelle. Mais il est crucial que le débat portant sur les actions à organiser soit également mené par nous tous. Ce n’est que de cette manière que nous serons capables de faire tomber le gouvernement et de balayer ses mesures antisociales.
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[10/10 – La parole aux grévistes] Un délégué du CPAS de Liège

Lors d’une grève du CPAS à Liège en juin 2016, un piquet de grève d’information avait été organisé, avec les tracts des différents syndicats et organisations politiques qui avaient visité le piquet. On y trouvait aussi des panneaux d’information expliquant la situation du moment et l’impact de l’austérité budgétaire. Le personnel avait fait des banderoles et de petites affiches pour aborder différents thèmes. Un délégué nous avait expliqué: ‘‘Nous voulons fournir autant d’informations que possible, rendre les tracts disponibles,… afin de pouvoir non seulement atteindre les syndicalistes mais aussi ceux qui ne participent pas régulièrement à des activités syndicales ou à des manifestations. Si quelqu’un n’est pas informé, nous devons nous assurer que l’information arrive à cette personne.’’ La colère gronde dans l’ensemble des services publics. Des années de fonctionnement avec des moyens insuffisants ont alimenté une grande frustration, tant parmi le personnel qu’auprès des usagers. Les raisons de participer à la journée d’action du secteur public du 10 octobre sont nombreuses. Et qui pourrait expliquer cela mieux que les grévistes eux-mêmes ?
On nous demande de plus en plus de contrôler plutôt que d’aider les personnes
‘‘Au CPAS de Liège, ce n’est pas un secret que ça craque de partout et depuis pas mal de temps. L’augmentation de la charge de travail a augmenté drastiquement depuis l’arrivée des exclus du chômage vers nos services. L’histoire est la même que partout ailleurs dans les services publics : il faut faire beaucoup plus avec beaucoup moins : suivre plus de dossiers, plus complexes, avec plus de procédures,… avec moins de moyens humains, notamment par le non-remplacement de départs, et des moyens inadéquats, avec parfois même pas un bureau pour des collègues de l’accueil.
‘‘Tout ça dans un climat général de réorientation de nos missions : on nous demande de plus en plus de contrôler plutôt que d’aider les personnes alors que nous sommes dans un contexte de paupérisation croissante de la population. Le besoin en aide sociale augmente mais nos moyens sont constamment réduits.
‘‘Tout ça entraîne beaucoup de fatigue et de lassitude chez les collègues. On ne compte plus les burnout. Alors, les propos méprisants du gouvernement sur les services publics passent plutôt mal. Sans compter les attaques directes sur nos pensions, nos statuts et nos conditions de travail qui elles aussi témoignent d’un mépris prononcé.’’
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[10/10 – La parole aux grévistes] Un conducteur de bus

La colère gronde dans l’ensemble des services publics. Des années de fonctionnement avec des moyens insuffisants ont alimenté une grande frustration, tant parmi le personnel qu’auprès des usagers. Les raisons de participer à la journée d’action du secteur public du 10 octobre sont nombreuses. Et qui pourrait expliquer cela mieux que les grévistes eux-mêmes ?
Les années de réduction de budget commencent vraiment à peser
“Les années de réduction de budget commencent vraiment à peser. Tout ce qui compte, c’est le coût et la prétendue efficacité. Le personnel se trouve à la dernière place, avec les voyageurs. Toute la structure de De Lijn [la société flamande de transport en commun, NDT] est orientée vers la libéralisation du secteur et la privatisation de différentes parties. C’est pourquoi on nous dit que nous devons être concurrentiels.
‘‘La grève de quatre jours que nous avons menée début juillet, notamment pour le respect de l’augmentation de salaire prévue dans le dernier accord interprofessionnel, est encore fraîche dans les esprits. Ses causes restent sur la table. La charge de travail, la mauvaise organisation des rotations, le mauvais matériel,… tout ça n’a pas changé. Une grande partie du personnel va certainement participer à la grève, sans beaucoup d’enthousiasme toutefois. Nous n’avons jusqu’ici aucune perspective quant à la manière dont la lutte sera menée et dont nous pouvons la gagner. Et en plus, il n’y a pas de front commun syndical. Il est permis de douter que cette grève fasse une différence.
‘‘Après la précédente grève de quatre jours, on a l’impression que l’on décide à notre place et non avec nous si nous devons partir en grève et/ou conclure un accord. Nous avons besoin d’un plan d’action vigoureux, bien élaboré et allant crescendo, avec une large campagne à destination des collègues et des usagers. Un élément crucial, c’est d’organiser autant que possible des réunions du personnel et des assemblées syndicales intersectorielles. Et pas seulement pour y aller écouter, mais aussi pour nous-mêmes décider, entre collègues et militants, de si et comment mener des actions.
‘‘Il nous faudra aussi un programme de revendications qui comporte également des exigences spécifiques par secteur.’’
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[10/10 – La parole aux grévistes] Un cheminot

La colère gronde dans l’ensemble des services publics. Des années de fonctionnement avec des moyens insuffisants ont alimenté une grande frustration, tant parmi le personnel qu’auprès des usagers. Les raisons de participer à la journée d’action du secteur public du 10 octobre sont nombreuses. Et qui pourrait expliquer cela mieux que les grévistes eux-mêmes ?
“Le rail pourrait contribuer à résoudre les problèmes de mobilité et écologiques, mais cette possibilité est balayée”
“Avec la réforme des pensions que le gouvernement prépare, la plupart des cheminots devraient travailler 4 années supplémentaires, et pour le personnel dit ‘‘roulant’’ dont je fais partie, il nous faudrait travailler 9 années supplémentaires si les projets du ministre Bacquelaine sont mis en place !
‘‘En septembre, un ouvrier d’un sous-traitant privé d’Infrabel est décédé d’un accident en gare d’Ostende. Ce genre d’accident est la conséquence d’une logique de privatisation des tâches, qui ne met l’accent que sur la réduction des coûts, au détriment de la qualité du travail et surtout de la sécurité des gens. Comme beaucoup d’autres, cet accident aurait pu être évité.
‘‘Le mécontentement est général. Quand un train roule avec du matériel datant des années 1970, quand des techniciens voient que leurs tâches sont progressivement déléguées au secteur privé, quand un guichetier se retrouve seul face à une file de 30 personnes… La colère ne vient pas seulement de la problématique du niveau de vie, mais aussi de la frustration de ne pas avoir le sentiment du ‘‘travail bien fait’’.
‘‘En 2016, beaucoup d’entre nous ont participé à une grève qui a duré 10 jours. L’élément déclencheur était l’adoption d’une mesure qui réduisait notre nombre de jours de congés, mais le champ des revendications était en fait bien plus vaste. La grève a été très difficile, et l’accord qui a ensuite été signé par les directions syndicales a été ressenti comme une défaite. Il aurait fallu, à ce moment-là, proposer à tous ceux qui avaient été impliqués dans la grève un plan d’action pour renforcer le syndicat et se mettre d’accord démocratiquement sur une stratégie de combat. Ça n’a pas été fait, et les méthodes routinières ont de nouveau été d’application. Les ressentiments envers les syndicats, la rancune et le défaitisme ont été alimentés par ce manque de perspectives. Il est pourtant nécessaire de rappeler que malgré les revers, si nous ne nous étions pas battus, nous aurions perdu encore bien plus.
‘‘Il est difficile d’estimer le succès qu’aura la grève du 10 octobre. Malgré les difficultés, il n’y a aucune raison d’être pessimiste. Depuis l’annonce du préavis de grève par le secteur cheminots, beaucoup d’autres centrales nous ont rejoints. Lorsque nous avons appris que des entreprises comme De Lijn, la VRT, ou les administrations flamandes allaient rejoindre le mouvement, cela a eu un effet fort positif, car en 2016 le patronat a énormément joué sur la division communautaire pour décrédibiliser les cheminots grévistes.”
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[10/10 – La parole aux grévistes] Un fonctionnaire du SPF Finances
La colère gronde dans l’ensemble des services publics. Des années de fonctionnement avec des moyens insuffisants ont alimenté une grande frustration, tant parmi le personnel qu’auprès des usagers. Les raisons de participer à la journée d’action du secteur public du 10 octobre sont nombreuses. Et qui pourrait expliquer cela mieux que les grévistes eux-mêmes ?

Photo: Wikicommons. Par Varech “Ce ne sont pas seulement les fonctionnaires qui sont concernés par ces attaques, mais l’ensemble de la population qui assiste à une dégradation des services publics qui lui sont fournis”
“Ça fait déjà longtemps que ça va mal et que la situation se détériore dans les SPF. Au SPF Finances, on est passé d’à peu près 32.000 membres du personnel à 22.500 aujourd’hui. En 11 ans, c’est presque 30% de personnel en moins. La conséquence, c’est une pression qui augmente sur les agents et une diminution de la qualité du service rendu. Mais avec ce gouvernement, la situation empire et pas qu’aux finances. Si on prend l’ensemble des services fédéraux, depuis l’arrivée de ce gouvernement, les effectifs ont diminué de presque 10%.
‘‘Le gouvernement a clairement annoncé que ‘‘l’idée est que le régime contractuel devienne la norme et remplace les statutaires lors des futurs engagements’’. Pour le moment, 80% des fonctionnaires dans les SPF sont statutaires et 20% contractuels. La volonté du gouvernement est de passer progressivement vers un 50-50 comme l’a expliqué le député fédéral MR Gautier Calomne dans ‘La Libre’ du 19 septembre. Il a même déclaré vouloir aller plus loin en permettant de faire appel à des intérimaires.
‘‘Il ne faut pas se laisser tromper, vu le nombre important de travailleurs concernés, il préfère y aller progressivement mais il est clair que le gouvernement veut tout simplement supprimer le statut et faire passer l’ensemble des travailleurs des services public sous contrats privé. En faisant cela, ils veulent augmenter la pression sur les travailleurs, pouvoir les licencier plus facilement et désorganiser les services publics pour mieux justifier certaines privatisations. Ce ne sont donc pas seulement les fonctionnaires qui sont concernés par ces attaques, mais l’ensemble de la population qui assiste à une dégradation des services publics qui lui sont fournis.
‘‘Certains collègues pensent peut-être qu’ils ne sont pas concernés parce qu’ils sont déjà nommés, pourtant lorsqu’on regarde dans d’autres pays, certains ont décidé du jour au lendemain de purement et simplement supprimer le statut de fonctionnaire. Comme par exemple la Suisse, qui a supprimé le statut en 2002. Et lorsque l’on sait qu’aux Etats-Unis le recouvrement des dettes d’impôt est fait par des sociétés privées, il est clair qu’il est possible que le gouvernement aille de plus en plus loin si on ne l’arrête pas. En Belgique, la privatisation de certains services a d’ailleurs déjà commencé, le dernier exemple en date étant la fermeture de la Monnaie Royale fin de cette année.’’
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Grève du 10/10: Je suis SOLIDAIRE
Une action unifiée peut stopper le gouvernement
Tant qu’il le peut, le gouvernement Michel, héritier de Thatcher, fera tomber l’un après l’autre chaque symbole du mouvement ouvrier. Il nous fait travailler jusqu’à 67 ans et limite de plus en plus l’accès à la prépension. Il y a eu le saut d’index. Les prix de l’électricité et de l’eau pèsent de plus en plus sur les ménages.Par Peter Delsing
Les réductions d’impôts concernent surtout les plus riches et les grandes entreprises : l’accord d’été du gouvernement prévoit une baisse de l’impôt sur les sociétés, qui passera de 33,99% officiellement à 25% pour les grandes entreprises d’ici 2020. Ainsi le gouvernement organise-t-il un déficit permanent sur son budget.
Tous ces cadeaux fiscaux néolibéraux et les coupes budgétaires contre les travailleurs menés au cours de ces 35 dernières années n’ont pas encore eu de résultat ! De décennie en décennie, la croissance économique diminue. Les grandes entreprises préfèrent planquer leurs profits dans des paradis fiscaux plutôt que de les investir dans la productivité. Seule la politique de ‘‘prêts bon marché’’ maintient le système debout depuis la crise de 2008 partout dans le monde. Et aux Etats-Unis, on veut y mettre un terme…
Le droit de grève aussi est sous attaque néolibérale. Le gouvernement veut introduire un ‘‘service minimum’’ dans le chemin de fer. En s’attaquant à ce secteur à forte tradition combattive, le gouvernement essaye de faire un exemple pour tous les travailleurs. S’ils réussissent à briser notre résistance, les attaques générales contre notre niveau de vie s’accélèreront.
Avec l’accord d’été, le gouvernement veut briser les services publics par l’introduction du travail intérim et, ce, alors que de nombreux contrats temporaires sont déjà en cours dans de nombreux services. Stop à l’insécurité de l’emploi et aux attaques sur contre le statut des fonctionnaires ! Stop à la casse du droit de grève par la généralisation des contrats précaires qui compromettent l’unité et la capacité de combat des travailleurs ! Il faut refinancer les services publics par une hausse des impôts sur les plus riches, avec un réel prélèvement des taxes sur les grandes entreprises et en allant chercher le capital qui dort dans les paradis fiscaux !
La FGTB Liège-Huy-Waremme appelle l’ensemble de ses secteurs professionnels à rejoindre la grève de la CGSP le 10 octobre. Cette unité nous montre la voie. Le privé a suffisamment de raison de partir en action lui aussi ! Avec les attaques contre les pensions. Avec la loi Peeters et ‘‘l’annualisation du temps de travail’’ qui augmente le temps de travail lors des pics de production au détriment de la vie privée.
Avec les tentatives visant à faire passer une sorte de ‘‘statut intérim permanent’’ dans les conventions collectives de travail. Cela menacerait les salaires et les conditions de travail de tous les travailleurs. Les directions syndicales doivent dire non à cela !
C’est malheureusement souvent là où le bât blesse. Marc Leemans (CSC) trouve que ‘‘faire grève’’ n’est pas la bonne manière de réagir aujourd’hui. Mais comment allons-nous pouvoir stopper ce gouvernement thatchérien autrement que par la grève ? Ils n’écoutent rien d’autre. De nombreux militants sont scandalisés par ces dirigeants qui ne prennent pas les mesures nécessaires pour élaborer un plan d’action de mobilisation et de grèves clair et unifié. Avec participation et droit de décision pour tous les membres actifs dans le mouvement. Début septembre, les syndicats auraient dû mobiliser leurs militants sur le plan régional ou par secteur pour discuter de la riposte à organiser contre l’accord d’été, avec éventuellement une concentration syndicale nationale. Une action de grève commune visant la chute du gouvernement devrait, selon nous, être un point de discussion central. A la suite de quoi nous devrions mobiliser nos collègues et l’opinion publique plus large avec un plan crescendo de manifestations et de grèves.
Le PTB devrait, selon nous, ensemble avec d’autres militants combattifs, prendre la tête d’une large coalition sociale incitant à la participation de chaque courant et individu et ainsi soutenir et étendre le mouvement de résistance. Avec une discussion libre sur le programme, les revendications et la stratégie d’une telle coalition sociale, comme préparation pour l’obtention d’un vrai gouvernement pour et par les travailleurs et la jeunesse.
Ce ne sont pas seulement les services publics, mais nos vies qui peuvent être transformées par la richesse que nous produisons, pour peu que nous les ayons en main. Le capitalisme doit faire place à une planification démocratique de l’économie. Dans les syndicats, dans les quartiers et parmi les jeunes, nous devons relier la lutte contre le gouvernement Michel à la lutte pour des instruments politiques et un programme de rupture. Le socialisme démocratique pourrait en finir avec l’incertitude, la pauvreté, le chômage et la dégradation sociale du capitalisme.
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Nouvelle attraction à Walibi : le spectre du communisme

Photo : Wikimedia Les ‘‘Estivales’’ du MR au parc d’attraction Walibi ont été de véritables réjouissances. Les dignitaires du parti ont pu s’y féliciter d’être arrivés au pouvoir dans un gouvernement régional, vanter la ‘‘gestion exceptionnelle du gouvernement fédéral’’ et promouvoir un accord d’été ‘‘équilibré’’ tout en se faisant prendre en photo avec une mascotte à laquelle ils n’auront pas manqué d’expliquer les vertus des flexijobs à 10 euros de l’heure… Cette atmosphère optimiste n’aura toutefois pas empêché Charles Michel de proférer une mise en garde : ‘‘Dans plusieurs pays, et en Belgique aussi, nous assistons au retour du communisme, qui écrase les libertés individuelles et a toujours entraîné plus de pauvreté et de régression sociale.’’ Cela n’a rien d’anodin.
Par Clément (Liège)
Un ‘‘printemps économique’’ très relatif
L’optimisme dont font preuve Charles Michel et Cie se fonde principalement sur le fait que les indicateurs économiques s’améliorent : preuve selon eux que trois ans d’attaques frontales portent leurs fruits. Cela doit cependant être fortement nuancé. La croissance de 1,7% annoncée pour 2017 et 2018 par le bureau du plan reste en-deçà de la moyenne pour la zone euro et l’union européenne (2% et 1,8%) (L’Echo, 07/09/2017) alors que jusqu’il y a peu, la Belgique avait plutôt tendance à se trouver au-dessus de cette moyenne.
A l’image de la politique du gouvernement, cette croissance conjoncturelle ne profite qu’au patronat et aux actionnaires, et n’inclut certainement pas les travailleurs. En 2016, les entreprises du Bel20 ont distribué 16,8 milliards de dividendes contre 14,2 milliards en 2015 : une augmentation de 18,3%(1). Dans le même temps, la part des salaires dans le PIB perdait 0,9%(2). Avec la baisse de l’impôt des sociétés d’une part ; l’extension de l’intérim et des flexijobs, et la casse du statut des travailleurs du service public d’autre part, l’accord d’été ne vise qu’à renforcer cette tendance.
Le libéralisme thatchérien de Michel garanti très certainement la liberté de quelques-uns de vampiriser la valeur créée par le travail, il en va autrement de celle de travailler pour vivre décemment. A partir des chiffres de l’INAMI, la FGTB souligne que le nombre d’emplois crées, loin des 135.000 annoncés par Charles Michel, serait plus proche de 90.000 parmi lesquels seulement 19.200 temps plein. Le taux de chômage devrait d’ailleurs connaitre une augmentation en 2018(3). Dans le cas d’une nouvelle crise ou d’une récession, ces emplois instables seront rapidement balayés, et la destruction des mécanismes de solidarité sociale ouvrira la porte pour une régression sociale sans commune mesure avec celle – pourtant brutale – que nous connaissons déjà.
Le gouvernement n’est pas si fort qu’il en a l’air
Le MR a beau s’affirmer comme une ‘‘force tranquille’’, cette force est relative et proportionnelle à la faiblesse de l’opposition. Une occasion de taille a été manquée lors du plan d’action de 2014 contre ce qu’on désignait alors la ‘‘coalition kamikaze’’. La dangereuse illusion selon laquelle après un gouvernement de droite dure suivrait mécaniquement un gouvernement de centre gauche s’est transformée en désillusion avec la manœuvre du CDH pour se rapprocher du MR et tenter de former de nouveaux gouvernements régionaux et communautaires.
Si le MR s’est trouvé un nouvel allié, ce dernier continue de baisser rapidement dans le sondage. Il n’est lui-même pas en si bonne forme puisqu’il s’y trouve en moyenne 4% en dessous de son résultat de 2014. La polarisation du paysage politique francophone doit d’ailleurs préoccuper Olivier Chastel lorsqu’il lance ses piques à ‘‘une gauche aux abois qui court vers les extrêmes en oubliant sa longue histoire sociale-démocrate’’.
La soif d’alternative qui s’exprime à travers les bons sondages en faveur du PTB doit constituer un véritable sujet d’inquiétude pour ce gouvernement. Il est conscient que les raisons objectives pour que le mécontentement passif qui s’exprime à travers les sondages se transforme en mobilisation active ne manquent pas. Un mouvement de lutte inclusif serait d’ailleurs la meilleure manière d’assurer que les revendications progressistes et la manière de les gagner soient largement discutées, tout en diminuant l’impact de la propagande de droite. La grève du 10 octobre constitue un premier pas pour rompre avec le fatalisme, et il est crucial d’en faire un succès.
Le PTB, première force de gauche en Wallonie, à un rôle important à jouer. La dynamique des nouvelles formations et figures de gauche à travers l’Europe a démontré l’importance des meetings de masse comme outil de discussion, d’échange et d’engagement. Une sorte ‘‘d’opération vérité’’ (qui riposterait aux mensonges du gouvernement en popularisant une alternative offensive) basée sur cette méthode aurait un impact énorme, non seulement pour dynamiser la lutte sociale, mais aussi pour clarifier le modèle de société dont nous avons besoin face au capitalisme et à ses crises. De la sorte, ‘‘le communisme’’ cesserait d’être un épouvantail agité par la droite, mais pourrait redevenir une idée mobilisatrice pour transformer la société.
1. https://www.revuepolitique.be/le-bel-20-distribue-plus-de-dividendes-quil-ne-realise-de-benefices/
2. http://ec.europa.eu/eurostat/tgm/refreshTableAction.do?tab=table&plugin=1&pcode=tec00013&language=fr
3. http://www.lecho.be/economie-politique/belgique-economie/Sept-raisons-de-se-rejouir-pour-Charles-Michel/9930013












