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Tag: Grande-Bretagne
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Des primes de départ jusqu’à 144.000 euro. VW: la direction achète la lutte, mais la pilule reste amère
Plus de 1.200 travailleurs de VW ont décidé de quitter “volontairement” l’entreprise en échange d’une prime de départ exceptionnelle. Ainsi, le chant du cygne de VW à Forest, une des rares icônes restante du syndicalisme de combat, semble avoir commencé. Apparemment, les 1.500 primes de départ que VW veut bien accepter seront facilement dépassés les jours prochains. La hauteur des primes est due aux traditions de lutte au sein de l’entreprise.
Mais il est regrettable d’avoir misé si tôt sur des primes de départ avant qu’il n’y ait de clarté sur l’avenir de l’entreprise et sans que le sort des nombreux emplois perdus chez les sous-traitants ne soit réglé. Voici une analyse critique et quelques suggestions pour l’avenir.
Une réaction compréhensible
La réaction de beaucoup de travailleurs n’est pas une surprise. Ces dernières années, les conditions de travail à VW sont devenues intenables et, de plus, l’avenir de l’entreprise reste incertain. Les larmes de crocodiles des dirigeants nationaux des syndicats n’ont pas été de nature à convaincre les travailleurs qu’ils allaient se battre de façon conséquente pour chaque emplois. Ne parlons même pas d’une mobilisation de l’ensemble de la classe ouvrière Belge…
Le fait que l’assemblée du personnel du 22 novembre s’est terminée en renvoyant tout le monde chez eux avec le message qu’ils seraient informés par les médias était déjà un mauvais signe. L’absence totale de mots d’ordre à la fin de la manifestation de solidarité internationale du 2 décembre a confirmé le soupçon que la lutte pour chaque emplois était exclue avec de tels dirigeants. Qui peut reprocher dans ces conditions aux travailleurs de choisir la moindre douleur? Quelques dizaines de travailleurs nous ont expliqué pourquoi ils ont finalement signé.
Bruno: “Cela fait 18 ans que je travaille à VW, la prime s’elève dans mon cas à environ 100.000 € brut. Même si après les taxes il n’en restera que 50.000 €, je devrais encore épargner pendant 20 ans 250 € chaque mois pour y arriver. Je considère comme exclu que VW puisse tenir encore 20 ans ici.” Son collègue, qui à 26 années de travail à VW déclare: “Je suis au maximum, je plains ceux qui vont rester, car ils vont souffrir.” Au café Le Cox, en face de l’usine, ceux qui n’ont pas (encore) signé font figure d’exception. Les travailleurs ont fait la part des choses, et ils savent compter, “ici vous voyez beaucoup d’argent”, nous raconte l’un d’entre-eux en souriant pendant qu’il regarde autour de lui “6 millions de franc belges, 4 millions, 3 millions, encore une fois 3 millions, 2 millions, et moi 4 millions”. L’ironie ne nous a pas échappé.
Fermeture où scénario bien élaboré ?
Ceci confirme ce que Jacques Guilmot nous avait raconté dans le bus de solidarité du Comité pour une Autre Politique (CAP) garé au picket. Jacques est un de ces délégués exemplaires qui jadis ont essayé de construire le caractère combatif de VW à Forest. Il avait abandonné son mandat syndical et retravaillait de nouveau à la chaîne ces dernières années, “afin de renforcer le contact avec la base”. Il le faisait parce qu’il “savait que des choses allaient se passer et que les délégués puisent leurs forces des travailleurs mêmes”. A VW, il y a environs 60 permanents syndicaux, le résultat d’accords dans l’industrie automobile, avec comme effet néfaste qu’un fossé s’est creusé entre beaucoup de délégués et la base.
Jacques nous a raconté que selon lui VW n’avait pas du tout l’intention de fermer le site, mais de transformer l’usine à Forest “en modèle en termes d’assainissements sur les salaires et les conditions de travail”. C’est justement ce qui est sur table: allongement du temps de travail et au moins 20% d’économies sur les coûts salariaux. En attendant la possibilité d’attribuer la production de l’Audi A1 qui n’est encore qu’au stade de la table à desssin, trois scénarios sont mis en avant: plus de Polos, une partie des Golfs ou encore des Audi A3. La décision qui concernera les 3.000 travailleurs restants ne serait que pour plus tard dans la semaine. Selon nous, il aurait été mieux de faire dépendre l’accord sur les primes de départs de garanties sur les salaires et les conditions de travail des 3.000 qui restent, entre autres.
Des temps difficiles
Ce ne seront d’ailleurs pas que les 3.000 travailleurs qui resteront qui auront à souffrir. On estime que d’une prime de départ de 144.000 €, il n’en reste après taxation que 57.600 € (*). Agoria et les organisations patronales belges sont furieux. Ils n’osent pas imaginer que d’autres délégations syndicales et travailleurs puisse prendre ces montants comme référence. A Renault Vilvorde, en 1997, la prime pour un travailleur ayant 20 années d’ancienneté n’était que de 25.000 € brut (**), autant que VW est prêt à payer pour des intérimaires qui partent volontairement! A Imbev, plus tôt cette année, la prime, de nouveau pour un travailleur avec 20 années d’ancienneté, était de 42.100 € brut. Certains travailleurs de VW espèrent que le gouvernement va partiellement décharger les primes. Ce n’est pas totalement exclus, mais maintenant que la délégation a ouvert les portes et que beaucoup de travailleurs en ont profité pour partir, les relations de forces nécessaires pour arracher cela sont minées.
Le gouvernement aurait déjà fait des concessions sur le Pacte des Générations pour les plus de cinquante ans : ils pourraient partir en prépension à condition d’avoir tout fait durant 6 mois pour retrouver un boulot. Nous sommes curieux de savoir comment on pourra juger cela d’ici 6 mois. De toute façon, beaucoup de ceux qui partent doivent s’attendre à des temps difficiles. Qui retrouve un boulot devra accepter une réduction de salaire, probablement beaucoup plus que 250 € par mois. A VW, on est habitué à une force syndicale importante, ce qui sera généralement inexistant chez le nouvel employeur. Au cas où ils ne trouvent pas d’autre emploi, la prime sera vite dilapidée et quand ils seront interrogés par le service de chômage et devront subir les humiliations qui y sont fréquentes, beaucoup d’entre eux regretteront qu’aucune lutte pour la préservation de chaque emploi n’ait été menée.
Les travailleurs des sous-traitants au placard
Chez les travailleurs des sous-traitants, la frustration n’a fait que monter après le départ de beaucoup de travailleurs de VW. Certains d’entre eux travaillent depuis 20 ans au site de Forest. Leurs patrons ne seront jamais prêts à payer de telles primes de départ. Il parait que VW aurait prévu une enveloppe pour eux, mais il faut encore en négocier le contenu et les relations de forces pour cela sont minées. Durant tout le conflit, nous avons été frappés par l’habitude de la délégation de se réunir généralement à huis clos au lieu d’impliquer au maximum les travailleurs, comme lors de la lutte à Clabecq ou dans d’autres conflits. Encore pire, les délégations des travailleurs des sous-traitants n’ont pas pu participer à ces réunions et démeuraient donc en général dans l’incertitude sur les derniers développements. Maintenant que les travailleurs de VW sont partis, ils perdent leur plus puissant allié. En ce sens, il aurait été préférable que les délégations de VW attendent qu’une solution pour toutes les catégories de travailleurs, y compris ceux des sous-traitants, soit trouvée avant de lâcher les primes de départ.
Aucun choix
Beaucoup de travailleurs nous disent qu’ils ne pouvaient tirer qu’une conclusion après l’assemblée du personnel: “game over”. Le MAS est pourtant convaincu que ce n’était pas le seul scénartio possible. Avant l’été déjà, nous avions distribué un tract à VW sur la possibilité d’une restructuration et la nécessité de se préparer puisque “la faiblesse mène à l’agression patronale”. La délégation de VW, par contre, confirmait sa confiance dans la parole donnée par la direction. Nous pensons qu’une campagne de sensibilisation aurait été préférable. Lorsque la direction de l’entreprise chimique anversoise Lanxess, une scission de Bayer comprenant un bon millier de travailleurs, a annoncé le 17 octobre la scisson de l’entreprise en 3 unités, les délégations syndicales ont commencé une campagne d’information. Des calicots ont été placés dans l’entreprise, les délégations ont distribués à 5 reprises des tracts, ils ont pris la parole et organisés des grèves éclairs. Resultat: un bon mois plus tard, le 4 décembre, la direction à annulé son projet. Cela ne signifie pas qu’une telle stratégie aurait aussi à VW et mené à des résultats spectaculaires, mais du moins les travailleurs auraient été mieux préparés.
Il est évidemment difficile de faire revenir en arrière une multinationale comme VW sur son plan industriel. Il est même exclu de réaliser cela sur base de la force seule des travailleurs de VW. Mais les travailleurs de VW ont une tradition de solidarité avec d’autres entreprises. Ce sont eux qui, en ’96, ont contribué au mouvement autour de l’affaire Dutroux en marchant vers le palais de justice. Cela n’est pas encore oublié et le sentiment de solidarité avec les travailleurs de VW était fort étendu. Une grève de solidarité de 24 heures dans tous les secteurs ou au moins des interruptions de travail aurait été acceuillie avec enthousiasme dans toute grande entreprise en Belgique. Il y avait un potentiel pour moboiliser toute la classe ouvrière et toute l’opinion publique et faire de VW-Forest un pôle d’attraction international qui aurait pu changer le rapport de force plus largement qu’à l’entreprise seule. VW-Forest avait le potentiel de signifier pour le mouvement ouvrier ce que la grève des mineurs en Grande-Bretagne en ’85 signifiait pour le patronat européen: le début d’une offensive contre l’agression du patronat européen.
Il faut rompre les liens avec la social-démocratie et les sociaux-chrétiens
Nous n’y sommes pas arrivé et ne pouvons le reprocher aux délégations syndicales de Forest. Nous ne savons pas ce qui a été discuté entre les délégations de Forest et les instances nationales. Ces dernières sont pieds et poings liés à la social-démocratie et aux sociaux-chrétiens qui sont, avec les libéraux, les principaux exécuteurs du néo-libéralisme. Pour forcer une multinationale comme VW à faire des concessions, il faut lui mettre l’épée dans les reins, non pas en exigeant la réstitution des subsides donnés, car la direction le compenserait au dépends des travailleurs VW à l’étranger et les monterait en même temps contre les travailleurs belges – ce qui reduirait la force de tous les travailleurs- mais si nécessaire par la nationalisation de l’usine et la reconversion de la production vers une production écologiquement justifiée.
Nous ne voyons pas comment un Vande Lanotte, un Vandenbroucke ou un Di Rupo et une Onckelinkx pourraient y être poussés. Cela nécessite un nouveau parti, véritablement du côté des travailleurs. Le MAS y travaille, en collaboration avec Jef Sleeckx entre autres, au sein du Comité pour une Autre Politique.
Préparer le match retour
La direction de VW a réussi son coup. 2.800 des 5.800 emplois sont supprimés et les travailleurs restants perdront beaucoup de leurs salaires et de leurs conditions de travail. Les travailleurs ont marqués un but avec des primes de départ sans précédent, probablement calculées à l’avance par la direction. Le match est à 2 contre 1. Mais il faudra encore jouer beaucoup de parties et nous ne pouvons pas nous démoraliser. Il faut tirer les leçons de la lutte précédente et préparer celles à venir. Les travailleurs de VW ont une tradition de lutte, gardons-la pour ceux qui travailleront encore demain à VW et introduisons surtout avec quelques milliers des anciens travailleurs de VW cette tradition chez les futurs employeurs. Construisons ensemble dans le Comité pour une Autre Politique une force politique tout à fait indépendante du patronat et renforçons le MAS pour que, pas à pas, entreprise après entreprise, nous puissions construire une force qui dévoile la stratégie des patrons et qui soit capable d’y répondre.
(*) selon le cotidien “Het Volk” du 10/12/2006 “Voir d’abord ce qui en reste”
(**) un ancien de Renault qui travaille aujourd’hui à la STIB nous raconte qu’après taxes, il lui restait 300.000 frb de cette prime.
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Une guerre lourde de conséquences. L’impérialisme mène à la guerre et la population en paie le prix
Les armes se sont provisoirement tues après 33 jours de bombardements intensifs sur le Liban et de tirs nourris de roquettes sur le nord d’Israël. Tant Israël que le Hezbollah se sont empressés de crier victoire. Mais cette guerre va laisser des traces profondes dans les sociétés libanaise et israélienne et, au-delà, dans tout le Proche-Orient.
Thierry Pierret
Le bilan humain et matériel de cette guerre est désastreux pour le Liban. Les bombardements israéliens y ont tué plus de 1.800 personnes et en ont blessé des milliers d’autres, dont une écrasante majorité de non-combattants. Ils ont provoqué l’exode d’un million de personnes, soit un quart de la population.
Les dégâts causés aux infrastructures libanaises sont évalués à plus de 2,5 milliards de dollars. De plus, il faut prendre en compte l’interruption durable d’activités commerciales et industrielles due au blocus naval, aérien et terrestre, ainsi que la perte de la saison touristique.
Rivalités inter-impérialistes
Dès le déclenchement des hostilités, le Conseil de Sécurité de l’ONU s’est divisé entre d’une part les Etats-Unis et la Grande-Bretagne qui voulaient laisser à Israël le plus de temps possible pour accomplir son œuvre destructrice – ce que la chef de la diplomatie américaine appelait cyniquement " les contractions du nouveau Moyen-Orient " – et les autres membres du Conseil emmenés par la France qui voulaient imposer un cessez-le-feu immédiat.
Le massacre de Cana et la réprobation unanime qu’il a suscité ont finalement obligé les Etats-Unis et la Grande-Bretagne à assouplir leurs positions. La résolution 1701 est un texte de compromis qui impose un cessez-le-feu dès le 14 août sans exiger le retrait immédiat de l’armée israélienne et la levée du blocus naval et aérien.
L’armée israélienne restera au Liban jusqu’à l’arrivée de 15.000 soldats libanais, qui ont commencé à se déployer le 17 août au sud-Liban, et de 15.000 membres de la FINUL. Mais la France qui était pressentie pour en être l’épine dorsale, semble faire marche arrière. Du coup, les autres pays reconsidèrent leur engagement….
Le fiasco de Tsahal
L’armée israélienne (Tsahal) a été incapable de repousser le Hezbollah au nord du fleuve Litani, encore moins de le briser. L’état-major israélien s’était vanté d’en finir avec le Hezbollah par la seule force de son aviation. Après trois semaines de bombardements intensifs qui ont à peine entamé le potentiel militaire du Hezbollah, ils ont dû improviser des opérations terrestres qui ont été extrêmement meurtrières pour Tsahal qui a perdu 101 soldats sur le sol libanais. Ils n’ont pas davantage récupéré les deux soldats enlevés le 12 juillet.
Plus grave, Tsahal n’a pas été capable de protéger le territoire israélien. Le Hezbollah a tiré des roquettes sur le nord d’Israël jusqu’au dernier jour de la guerre, soit 4.000 au total, qui ont tué 53 civils et militaires et jeté sur les routes quelque 330.000 Israéliens, soit 4,5% de la population. Ces roquettes ont totalement détruit 4.000 bâtiments. 16.000 familles ont perdu leur logement. Mais, par-dessus tout, c’est le mythe de l’invincibilité de Tsahal qui a été brisé au Liban. Alors qu’Israël avait lancé son offensive pour restaurer le prestige de son armée au moment où elle est engagée dans une guerre d’agression ouverte depuis fin juin contre l’Autorité palestinienne, il a abouti au résultat inverse. La résistance palestinienne est galvanisée par l’échec de Tsahal au Liban.
Le consensus national vole partout en éclats
La population israélienne, après avoir fait bloc autour de ses dirigeants politiques et militaires, demande maintenant des comptes sur la façon dont la guerre a été menée. D’après un sondage, seuls 20% des Israéliens pensent qu’Israël a atteint ses objectifs. La façon dont la protection civile a été organisée est aussi contestée. Les pompiers qui ont lutté pied à pied contre les incendies provoqués par les roquettes tardent à être payés par des municipalités gangrenées par la corruption. Dans le nord d’Israël, les habitants pauvres des localités juives et les habitants des localités arabes ont été laissés à leur sort. Certaines municipalités ont obligé le personnel municipal à continuer de travailler sous les tirs de roquettes sous peine de licenciement.
On a également appris que le chef d’état-major, Dan Halutz, déjà contesté pour ses choix tactiques, avait vendu pour 21.000$ d’actions le 12 juillet, juste après l’incursion du Hezbollah et juste avant la riposte israélienne. Il avait anticipé la chute de la Bourse de Tel-Aviv. Ainsi, au moment de lancer le pays dans une guerre périlleuse, le chef de l’armée ne pensait qu’à son portefeuille d’actions… Les Israéliens découvrent que les chefs de l’armée sont aussi corrompus que les politiciens. Olmert et Peretz sont en chute libre dans les sondages au profit de Benjamin Netanyahou, le dirigeant de la droite dure, qui a vu sa cote de popularité grimper à 58% au lendemain de la guerre.
Dans les pays arabes, la population a pris fait et cause pour le Liban. Les régimes arabes ont été conspués pour la mollesse de leur réaction face à l’agression israélienne. Les gouvernements arabes ont eu toutes les peines du monde à contenir la colère de leur population. La peur est en train de changer de camp. La population ose de plus en plus défier les régimes autoritaires. En Irak, des centaines de milliers de chiites ont défié les troupes d’occupation américaines en manifestant leur solidarité avec le Hezbollah.
Au Liban, l’unité nationale autour du Hezbollah ne tardera pas non plus à voler en éclats. Les critiques de sa stratégie, qui étaient inaudibles pendant la guerre, vont désormais se faire entendre. De plus, la pression pour désarmer le Hezbollah en application de la Résolution 1559 va s’accentuer avec le déploiement de l’armée libanaise et de la FINUL dans le sud. Le Hezbollah va sans doute essayer de négocier l’intégration de sa milice au sein de l’armée libanaise. C’est non seulement inacceptable pour Israël, mais cela renforcerait le poids des chiites au sein de l’armée. D’où la résurgence prévisible des tensions internes et externes.
On peut déjà prévoir que l’énorme chantier de la reconstruction va aggraver les inégalités sociales comme ce fut le cas après la guerre civile (qui a déchiré le Liban entre 1975 et 1990). Une minorité d’entrepreneurs et de promoteurs arabes et libanais vont s’enrichir en un temps record grâce au marché de la reconstruction qui mobilisera d’énormes quantités de capitaux. Mais si les infrastructures vitales seront vite reconstruites, les quartiers populaires resteront livrés à leur sort. Certes, le Hezbollah a promis de reconstruire, mais il ne se souciera sans doute que de la communauté chiite, ce qui attisera aussi les tensions intercommunautaires.
Pour une opposition socialiste à la guerre et à l’exploitation
Nous ne joindrons pas notre voix à celles qui s’élèvent de partout pour imputer au Hezbollah la responsabilité de la guerre. Si son action du 12 juillet en a été la cause immédiate, sa cause profonde réside dans la lutte de la bourgeoisie israélienne pour sauvegarder son rôle dirigeant qui est de plus en plus contesté par les travailleurs et les jeunes israéliens. Les Libanais, les Israéliens et les Palestiniens tués dans ce conflit en sont les victimes collatérales.
Pour autant, nous n’accordons pas un soutien aveugle au Hezbollah. Il est incapable de surmonter durablement les divisions communautaires, car il s’enracine dans une seule communauté. Son projet social se base sur le clientélisme et ne remet pas en cause les fondements de l’exploitation capitaliste. La République islamique d’Iran, qui est son modèle, est un échec total tant sur le plan de la justice sociale que des droits démocratiques. De plus, il a une attitude sectaire envers la population juive israélienne dont il nie le droit à l’autodétermination. Par cette attitude et ses bombardements aveugles sur le nord d’Israël, il pousse les travailleurs et les jeunes israéliens à faire bloc avec leur classe dirigeante malgré la haine croissante qu’elle leur inspire.
Voilà pourquoi nous avons défendu le mot d’ordre, dès le début du conflit, de la mise sur pied de comités d’autodéfense par delà les divisions communautaires. Ces comités élus et révocables n’auraient pas seulement pris en charge la défense armée de la population, mais auraient aussi discuté de la façon dont le pays est géré. Ils auraient, par exemple, exigé que la reconstruction se fasse sous le contrôle de la population et soit payée par ceux qui se sont enrichis lors de la reconstruction d’après la guerre civile. Pour cela, il faudrait nationaliser les secteurs-clés de l’économie sous le contrôle démocratique des travailleurs et de leurs familles afin de veiller à ce que l’utilisation des richesses se fasse au service de la population. Seule une confédération socialiste du Proche-Orient, incluant le Liban, Israël, la Palestine et d’autres pays sur une base volontaire, permettra d’en finir avec la guerre, la misère et l’oppression.
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50e anniversaire de la catastrophe minière de Marcinelle
50e anniversaire de la catastrophe minière de Marcinelle
Le 8 août 1956, la plus grande catastrophe minière que la Belgique ait connue se produit dans la mine du Bois du Cazier, à Marcinelle (près de Charleroi). Elle fait 262 victimes, de douze nationalités différentes, dont plus de la moitié sont des italiens. Cinquante ans plus tard, les causes du drame – les mauvaises conditions de travail et le manque de sécurité – sont toujours d’actualité… même si la grande presse n’en parle guère.
Marie Francart
Rappel des faits
Le 8 août, à 8h10 du matin, 274 mineurs viennent de se mettre au travail, lorsqu’un ouvrier-encageur qui travaille dans la mine, commande la remontée de wagonnets de charbon vers la surface. Un des chariots, mal engagé, dépasse de la cage métallique qui le hisse et accroche, lors de sa remontée, une poutrelle. Celle-ci sectionne deux câbles électriques à haute tension, une conduite d’huile sous pression et un tuyau d’air comprimé. Les boiseries s’enflamment aussitôt. Attisé par l’action d’un ventilateur, l’incendie se propage, répandant des gaz carboniques mortels dans les galeries où travaillent les mineurs, à une profondeur de plus de 900 mètres. C’est ainsi que ce qui aurait pu être un simple incident technique s’est transformé en véritable catastrophe.
L’épais nuage de fumée noire qui sort du puits alerte rapidement le personnel de surface ainsi que les proches des mineurs qui viennent s’accrocher aux grilles du puits afin d’obtenir des nouvelles de leur parent prisonnier du brasier. Malgré le travail acharné et de longue haleine (pendant 2 semaines) des équipes de secours, seuls 6 mineurs – remontés quelques minutes après le drame – sortiront vivants de la mine. Les 262 autres mineurs périront, asphyxiés par le monoxyde de carbone.
Mépris de la classe ouvrière
Tandis que les journalistes (cet événement est un des premiers à être retransmis en direct à la télé ) et les autorités (le roi Baudouin lui-même se déplace pour l’occasion !) peuvent accéder à l’entrée du puits par la grande porte, les familles des victimes sont repoussées derrière les grilles d’entrée. Elles y restent des journées entières, dans l’espoir de quelque nouvelle… en vain. Ce n’est que le soir ou le lendemain qu’elles ont accès aux informations, par le biais de la radio ou des journaux.
Pour les familles dont les proches ne sont pas retrouvés rapidement, c’est le drame : plus de salaire mais pas d’indemnité non plus tant que la victime n’est pas officiellement déclarée « décédée ». On peut imaginer la détresse de ces familles, loin de chez elles, qui non seulement ont perdu un être cher mais, en plus, ne perçoivent plus de revenu.
Solidarité de classe
Alors que l’administration tergiverse sur le montant des indemnités et les personnes qui y ont droit, les familles se retrouvent dans des situations de plus en plus précaires. Heureusement, la solidarité s’organise : d’abord celle des autres mineurs, et rapidement, celle de toute une population qui se mobilise, et pas seulement en Belgique. Ainsi, la radio française « Europe 1 » lance une vaste opération de soutien aux familles des victimes de la catastrophe : des conducteurs sont envoyés pour sillonner la France entière afin récolter de l’argent et dans certaines villes, ils trouvent le lieu de rendez-vous de l’action « noir de monde ». Cette opération à elle seule permet de récolter 25 millions de francs belges. Une somme rondelette, pour l’époque !
« Chronique d’une catastrophe annoncée »
Bien que la catastrophe du Bois du Cazier ait marqué les mémoires par son ampleur et sa médiatisation, elle est loin d’être le seul accident minier qu’ait connu la Belgique. D’après les ‘’Annales des Mines de Belgique’’, l’extraction de charbon (en Belgique) a causé la mort par accident de 20.895 ouvriers entre 1850 et 1973. Au Bois du Cazier, l’accident de 1956 n’était pas le premier non plus : Giuseppe Di Biase, un mineur qui a travaillé au Bois du Cazier pendant 7 ans, a déclaré lors du procès qu’en 1952 un accident avait déjà eu lieu, en beaucoup de points semblables à celui de la catastrophe. Selon Alain Forti et Christian Joosten, les auteurs de ‘’Cazier judiciaire, Marcinelle, chronique d’une catastrophe annoncée’’, « La vraie question ne consistait pas à savoir si une catastrophe pouvait se produire au Bois du Cazier, mais bien quand elle se produirait. » En effet, tous les présages du drame étaient réunis : wagonnets mal entretenus et sujets à de fréquentes pannes, manque de communication entre le fond et la surface, négligence des ingénieurs – qui toléraient la proximité immédiate d’électricité, d’huile et d’air comprimé – ainsi que manque de formation des travailleurs, en particulier de ceux qui travaillaient à des postes-clefs.
Justice de classe
En mai ’59 s’ouvre le procès de cinq protagonistes du drame devant le tribunal correctionnel de Charleroi. Les avocats des parties civiles, dont beaucoup sont communistes, espèrent obtenir la condamnation pénale des ingénieurs et arracher au gouvernement la nationalisation de l’industrie charbonnière. Mais la Justice ne penche pas de ce côté-là de la balance (ce qui ne nous surprend pas) : les ingénieurs sont acquittés et la nationalisation n’aura jamais lieu. Lorsque, suite au procès en appel en 1961, un seul ingénieur est condamné, on a l’impression qu’il est le bouc émissaire idéal. Car, si la faute avait été imputée à un ouvrier-mineur, les patrons auraient fini par devoir admettre que les ouvriers étaient trop peu formés ou envoyés au fond prématurément, ce qui aurait sans doute suscité un mécontentement social et peut-être des grèves. Par ailleurs, s’en prendre aux patrons risquait de nuire à l’appareil d’Etat qui avait encore besoin l’extraction de charbon pour faire tourner l’économie.
La terrible révélation des conditions de vie des mineurs
Une des conséquences de la catastrophe a été de mettre en lumière les conditions de travail et de vie inhumaines et dégradantes que connaissaient les mineurs, majoritairement italiens. Entre 1946 et 1949, 77.000 Italiens ont été recrutés pour venir travailler dans les charbonnages belges, alors que la mine faisait fuir la plupart des Belges. En plus des conditions de travail très pénibles – pour effectuer leur travail, les mineurs doivent ramper dans les veines de charbon -, ils connaissent des conditions de vie particulièrement précaires. Ils sont littéralement parqués dans des baraques qui avaient servi de camps pour prisonniers pendant la deuxième guerre mondiale et qui leur sont attribuées en échange d’un loyer !!! Ces baraques ne sont pourvues ni de toilettes, ni d’eau courante. Evidemment, elles ne sont pas isolées si bien qu’on y cuit en été et qu’on y gèle en hiver. Pour couronner le tout, les Italiens sont souvent victimes de mépris et d’attitudes racistes de la part de Belges, qui vivent dans des conditions à peine meilleures qu’eux. Quoiqu’il en soit, à l’époque, tous les mineurs, qu’ils soient belges ou immigrés, sont considérés comme des parias et se sentent honteux de leur métier.
L’après-Marcinelle
La tragédie de Marcinelle a provoqué une véritable prise de conscience dans la population belge. Dorénavant, les mineurs ne sont plus considérés comme des parias mais deviennent des héros du travail, respectés et même glorifiés.
L’ampleur de la catastrophe et surtout sa médiatisation ont contraint les patrons à revoir les conditions d’extraction et l’Etat à imposer une réglementation plus contraignante (règles de sécurité plus strictes, élévation de l’âge d’admission pour un travail de fond à 16 ans au lieu de 14). Cependant, les véritables travaux de modernisation qui étaient indispensables pour améliorer les conditions de travail et de sécurité des mineurs n’ont jamais été effectués, car, un an à peine après le drame, les premiers puits wallons commencent à fermer pour cause de non-rentabilité. Fin des années ’70, il ne reste plus une seule mine en activité en Belgique.
La mine est fermée, les accidents de travail continuent
Une page de l’histoire économique et sociale belge est tournée. Bien qu’aujourd’hui, la presse fasse ses choux gras avec le cinquantième anniversaire de l’Evénement, la plupart des documents ne font que relater les faits ou proposent des interviews « émotionnantes » de témoins du drame mais ne proposent pas d’analyse des causes de la catastrophe et refusent de désigner les véritables responsables : les patrons de l’industrie minière. Plus grave, ils présentent la catastrophe comme un fait inéluctable, une sorte de catastrophe naturelle, qui appartient désormais au passé et qui n’a plus aucun lien avec notre monde d’aujourd’hui.
Or, d’après la FGTB, il y a eu, pour la seule année 2004, 198.861 victimes d’accidents de travail en Belgique et le nombre d’accidents mortels s’élevait à 195, dont 24 lors de la catastrophe à Ghislenghien. Ces chiffres prouvent bien que, malgré l’amélioration des conditions de vie et de sécurité sur les lieux de travail depuis cinquante ans, les accidents de travail restent un fléau qui menace un grand nombre de travailleurs. Et cette situation ne risque pas de s’améliorer avec l’accentuation de la flexibilité (des journées de 10 heures multiplient les risques liés à la fatigue et à l’inattention), la pression de la concurrence (qui amène bien des patrons à rogner sur les dépenses d’entretien et de sécurité) et la privatisation des services publics (comme le montrent les multiples accidents mortels de chemins de fer en Grande-Bretagne depuis leur privatisation). La lutte pour des conditions de travail décentes reste tout autant d’actualité au 21e siècle qu’elle l’était au 19e et au 20e.
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Manifestation massive au Forum Social Européen d’Athènes
Une politique socialiste et combative est nécessaire pour résister à la guerre, à la casse sociale et au capitalisme
Le samedi 6 mai, plus de 100.000 travailleurs et jeunes grecs se sont rassemblés pour une manifestation de 7 kilomètres contre la guerre et l’exploitation capitaliste. Cette marche était à l’initiative du Forum Social Européen (FSE) qui s’est déroulé à Athènes du 4 au 7 mai. La manifestation avait une taille impressionante, même pour les traditions du mouvement ouvrier grec. La police, une fois de plus, a tout fait pour se ridiculiser en déclarant initialement qu’il n’y avait que 15.000 participants, chiffre doublé ensuite pour se contenter enfin de mentionner la longueur de la manifestation.
Andros, Xekinima (organisation-soeur du MAS en Grèce)
La foule s’est dirigée vers l’ambassade américaine pour protester contre les politiques impérialistes des Etats Unis et de l’Union Européenne au Moyen-orient, en Irak et en Iran. Ensuite, la manifestation a pris le chemin du Parlement grec pour exprimer son opposition aux politiques menées contre la classe ouvrière par le gouvernement grec et l’Union Européenne. L’atmosphère présente à cette marche était jubilatoire. Sa taille a permis aux travailleurs de sentir leur force et de donner un puissant message pour toute la société grecque. Le fait qu’étaient présent environ 9.000 activistes du reste de l’europe – en particulier de France, d’Italie, de Turquie et des Balkans (plus ou moins 2.000) – a pu donner un véritable élément d’internationalisme.
Xekinima
Xekinima, la section grecque de notre internationale, le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), a mené une campagne enthousiaste pour le succès de cette manifestation du 6 mai et a pris également part aux discussions durant le FSE. Nous avons notamment produit 10.000 affiches et 20.000 tracts appelant les travailleurs et les jeunes à prendre part à cette marche. Il y avait aussi des versions turque, italienne et anglaise du tract de Xekinima/CIO que nous avons distribué au FSM.
En même temps, nous avons critiqué les politiques du FSE et, en général, des Forums Sociaux (Forum Social Mondial et les forums sociaux nationaux) ainsi que la direction suivie par ces forum sociaux. Les slogans du FSE – contre la guerre, le néo-libéralisme et le racisme – sont tellement généraux qu’ils permettent à n’importe qui de prendre part aux évènements organisés, comme les partis sociaux-démocrates qui supportent les politiques menées contre les travailleurs et les appliquent même lorsqu’ils sont au gouvernement !
Les forums sociaux sont maintenant dominés, bien plus que par le passé, par les partis de la Gauche Européenne, comme le Parti Communiste en France (PCF), la Refondation Communiste en Italie (PRC) ou le Parti du Socialisme Démocratique en Allemagne (PDS). Beaucoup de ces partis sont coupables de participer, avec les sociaux-démocrates, à des gouvernements qui mènent des politiques anti-travailleurs et anti-immigrés.
Ces caractéristiques du FSE minent ses perspectives futures et ses capacités à jouer un rôle unificateur pour les luttes de la classe ouvrière contre des politiques à caractère européen ou international. Seule une approche anti-capitaliste et des idées socialistes peuvent offrir le programme nécessaire aux activistes de toute l’Europe pour combattre la politique du capital. Xekinima et le CIO participent aux initiatives majeures des Forums Sociaux tout en critiquant ouvertement de mannière claire et constructive les orientations que nous jugeons mauvaises.
Le reste de la gauche
Le reste de la gauche grecque n’a pas une approche similaire. Les organisations qui prennent part au Forum Social Grec et au récent Forum Social Européen à Athènes n’évaluent pas de façon critique ces organisations, ou le font de manière trop partielle. Chaque organisation parlant au nom de Trotsky autre que la nôtre, comme l’International Socialist Tendency (le SWP britannique) ou l’USFI, le Secrétariat Unifié de la Quatrième Internationale (La LCR en France), tentent de créer un optimisme artificiel sur l’avenir et le rôle de ces forums sociaux.
Les organisations critiques envers le FSE et le Forum Social Grec, comme le Parti Communiste Grec (KKE) et les groupes maoïstes ainsi que leurs alliés, choisissent de rester en dehors et d’attaquer le FSE et tout ceux qui participent à ces évènements. Ils se coupent ainsi des centaines de milliers de travailleurs qui répondent ou sont attirés par l’appel anti-guerre et anti-néo-libéral des organisations autour du FSE. Le Parti Communiste Grec, en particulier, a panniqué durant la semaine précédent le FSE et a entammé une forte campagne pour couvrir les affiches annonçant le FSE. Cela s’est avéré vain. Les groupes maoïstes et leurs alliés ont quant à eux appelé à un « contre-forum » et à une « contre manifestation » qui a rassemblé à peu près 500 personnes.
Le journal du Parti Communiste du 7 mai avait une petite note sur la manifestation à l’appel du FSE où était déclaré qu’environ 7.000 personnes y avaient pris part.
Perspectives
Jusqu’au meeting du FSE à Athènes, les organisateurs étaient assez pessimistes sur l’avenir de l’initiative. Cela était essentiellement arrivé après le 3e meeting du FSE, tenu à Londres. Le Maire de londres, Ken Livingstone, et le SWP britannique étaient deux des principales forces dirigeantes de cet événement ce que beaucoup d’activistes avaient mal ressentis. Mais le meeting d’Athènes a revivé leurs espoirs.
Une résolution est passée à la conférence du FSE à Athènes appelant à une meilleure coordination des actions au niveau européen, spécialement sur les questions de la guerre et du racisme. La résolution appelle à une semaine d’actions contre la guerre (du 22 au 30 septembre), et à une journée d’actions le 7 octobre contre le racisme et en soutien des droits des immigrés.
Ce sont des initiatives positives, mais loin d’être suffisantes. Les organisateurs du FSE semblent éviter, de toutes les manières possibles, de voir la remontée de la lutte des classes en Europe et les actions de classe décisives que cela demande. Cela inclut entre autre les thématiques de la pauvreté qui s’accroît, de l’inégalité, de l’exploitation et des attaques sur les pensions. Bien plus encore, les organisateurs du FSE semblent éviter de proposer des moyens de lutte qui puisse stopper ces politiques. Des festivals, des journées de protestation et autres manifestations colorées peuvent être utiles, mais sans actions de lutte et sans protestations de masse de la part de centaines de millions de travailleurs et de jeunes à travers l’Europe, les capitalistes – en Europe et internationallement – vont continuer à appliquer les mêmes politiques.
Dans les rangs des activistes, une conclusion va s’imposer avec le passage du temps : le capitalisme ne peut pas devenir « humain ». Les guerres, le racisme, la pauvreté et la famine ne seront jamais éliminés tant que le capitalisme ne sera pas tombé.
Xekinima (CIO) a eu une excellente délégation lors de la manifestation du 6 mai à Athènes, avec plus de 400 participants de Grande-Bretagne, d’Irlande, de belgique et d’ex-Union Soviétique. Cette délégation a été remarquée tant par nos amis que par nos ennemis pour son côté éminement militant et plein de vitalité.
La campagne de Xekinima pour renforcer le soutien au FSE et à la marche du 6 mai n’a duré que 8 jours, le FSE venait peu de temps après les vacances de Pâques grecques. Durant ces journées de mobilisations, plus de 1000 journaux de Xekinima ont été vendus, et à peu près 1.300 euros ont été récoltés pour notre fonds de lutte. Beaucoup de personnes intéressées par les idées défendues par Xekinima et le CIO ont laissé leurs coordonnées pour nous rejoindre ou nous aider dans notre travail.
Raph Parkinson, vice-président du bureau exécutif de UNISON – syndicat du secteur public en Grande-Bretagne – et membre du Parti Socialiste d’Angleterre et du Pays de Gales, membre du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), s’est également rendu au Forum Social Européen. Raph écrit à titre personnel:
« Des socialistes, syndicalistes, Organisations Non Gouvernementales (ONG), communautés et de jeunes activistes se sont rencontrés pour discuter d’un large pannel de problématiques au Forum Social Européen d’Athènes, entre autres des privatisations, du développement du commerce équitable, de l’Amérique Latine, de la guerre en Irak, et de la libération sociale. En comparaison au FSE tenu à Londres il y a deux ans, l’atmosphère à Athènes était plus sérieuse, mais il y avait moins de participants.
Le point culminant était pour moi la très large manifestation du 6 mai contre la pauvreté, le chômage, la guerre et le racisme. Les membres du Parti Socialiste d’Angleterre et du Pays de Gales ont marché sous la bannière de Xekinima, la section grecque du CIO.
Cette section était suivie par la délégation de Youth Against Racism in Europe (YRE, Jeunes contre le Racisme en Europe, campagne lancée à l’initiative du CIO) qui comprenait beaucoup d’immigrés vivant en Grèce.
Il était fort remarquable que les manifestants du CIO et de YRE étaient très dynamiques, en chantant notamment des chants de lutte variés, et étaient bien organisés.
Une « contre-manifestation » est sortie de la manifestation principale pour tenter d’attaquer l’ambassade américaine et a été confrontée à la police anti-émeute. D’innocents manifestants ont été gazés. Les stewards du CIO et de YRE ont maintenu à cette occasion une approche disciplinée pour défendre leurs délégations contre toutes attaques possibles.
Les télévisions ont montré les McDonalds attaqués, mais n’ont pas montré la majorité pacifique de la manif’. En Bref, le FSE cette année fut mieux organisé, avec moins de conférences, mais des discussions plus sérieuses.
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La France d’aujourd’hui est l’Europe de demain…
C’était la devise des patrons et des gouvernements. Mais elle devient aujourd’hui celle des travailleurs et des jeunes. la progression des emplois non statutaires dans les services publics.
Jean Peltier
Il n’y a pas qu’en France que patrons et gouvernements tentent de pousser au maximum la flexibilisation des travailleurs en essayant de démolir les contrats de travail et de généraliser la précarité. Ainsi, en Allemagne, le nouveau gouvernement chrétien-socialiste a en projet une version locale du CPE/CNE encore pire qu’en France, puisqu’elle prévoit de porter la période d’essai (sans protection pour le salarié) de 6 mois à 2 ans pour toute nouvelle embauche quelle que soit l’âge du travailleur ou la taille de l’entreprise !
Ailleurs, ce sont surtout les fins de carrière qui sont visées : attaques contre les prépensions, report de l’âge de la pension à 65 voire 67 ans,…
Mais la colère monte un peu partout. En Grèce, les travailleurs ont mené une grève générale le 15 mars pour protester contre la multiplication des emplois non statutaires dans les services publics, la généralisation des heures supplémentaires non payées et pour revendiquer des hausses de salaires. En Grande-Bretagne, un million et demi d’employés des administrations locales ont fait une journée de grève le 28 mars pour s’opposer au report de 5 ans de l’âge de la pension. Ce fut la grève la plus massive dans le pays depuis la grève générale de … 1926. En Allemagne, ce sont les fonctionnaires des Etats régionaux qui sont partis en grève contre le projet de faire passer l’horaire de travail de 38,5 à 40 heures/semaine.
La victoire contre le CPE sonne comme un avertissement pour les patrons et les gouvernements. A nous d’en faire un signe de ralliement des travailleurs et des jeunes partout en Europe… et en particulier en Belgique dans les prochains mois !
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Les congrès régionaux du MAS/LSP dressent le bilan de leur travail
Un an après la mise sur pied de nouvelles structures et directions régionales (destinées à servir d’intermédiaires entre nos structures nationales et les sections locales), cinq congrès régionaux du MAS/LSP se sont tenus le weekend des 1er et 2 avril. Nos membres y ont discuté des développements les plus importants qui se sont produits dans la société, de la manière dont nous sommes intervenus en tant que parti politique dans ceux-ci et des tâches qui nous attendent.
Els Deschoemacker
Tant les discussions politiques qu’organisationelles ont été très animées. Ce qui n’a rien d’étonnant vu la situation objective. Quatre jours seulement avant les congrès, trois millions de travailleurs et de jeunes ont manifesté et fait grève en France contre le CPE, la plus importante mobilisation depuis 40 ans. En Grande-Bretagne, 1,5 millions de travailleurs des services publics ont fait grève, la mobilisation la plus importante dans ce pays depuis 1926! Au même moment, les travailleurs communaux allemands cessaient le travail en guise de protestation contre l’allongement du temps de travail. Là aussi, forte mobilisation, la plus importante depuis 14 ans!
Lors de ces congrès, nous avons discuté des limites sur lesquelles butent le capitalisme et de ce que cela signifie pour la classe des travailleurs. Depuis des années, on nous répète que le capitalisme est indépassable et qu’il est le stade final de l’Histoire. Nous n’avons jamais été d’accord avec cette idée. Ainsi nous avions expliqué que la croissance de l’extrême-droite au début des années ’90 indiquait en fait un accroissement du mécontement, même si celui-ci s’exprimait de façon erronée. Le mouvement contre la mondialisation a fait descendre dans la rue des jeunes sur une orientation plus anticapitaliste.
Aujourd’hui, c’est la classe des travailleurs qui revient à l’avant-plan. C’est un changement essentiel parce que cette classe est la seule force sociale qui, grâce à sa puissance économique et numérique, peut arriver à transformer fondamentalement la société.
Ce qui manque encore, c’est une image claire de l’alternative à proposer. Le MAS/LSP propose la perspective d’une société socialiste. Mais, en même temps, nous prenons en compte le fait que le mouvement qui se développe parmi les travailleurs et les jeunes est encore à la recherche d’un chemin politique à suivre et qu’il ne pourra tirer des conclusions plus radicales que sur la base des expériences qu’il fera. Il faut donc aujourd’hui un nouveau parti des travailleurs qui permette d’engager la lutte sur le terrain politique tout en permettant de débattre en profondeur du programme à mettre en avant. Notre rôle dans la construction d’un tel parti a été le principal sujet des discussions.
Finalement, nous avons dressé le bilan de notre travail au cours de l’année écoulée. Cette discussion est d’une importance capitale afin de former nos nouveaux membres et de les intégrer à fond dans la construction de l’organisation. Elle a aussi pour objectif de transformer nos structures régionales en organes dirigeants à part entière, une condition prioritaire pour continuer à construire notre parti.
Ces congrès ont aussi permet d’insister sur le fait que nous devons aussi veiller à ne pas être trop absorbés dans le fonctionnement de nos structures internes, ce qui nous empêcherait de nous engager à fond dans les discussions et les luttes politiques dans la rue et les lieux de travail.
Confiance et enthousiasme étaient présents dans ces congrès, chose prometteuse pour les mois à venir!
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INBEV: Tournées de licenciements après tournées de licenciements pour étancher la soif de profit du géant de la bière…
Plus de 500 licenciements ont été annoncés en Belgique, ainsi que la fermeture des brasseries de Hoegaarden et de Molenbeek. Inbev est déjà la plus grande brasserie au niveau mondial – un de ses slogans est d’ailleurs « going from bigger to best » – mais les concurrentes Anheuser-Busch et SABMiller font plus de bénéfices avec un volume plus petit. En d’autres termes, il faut faire plus de profit, de préférence sur le dos du personnel. Mais quand il s’agit des primes des managers, il y a deux poids deux mesures.
Luc Janssens
En chiffres
- 1,024 milliard de profits en 2005…
- 31 millions d’euros en prime de départ pour trois managers…
- Les familles Spoelberch, de Mevius en Vandamme, les plus importants actionnaires d’Inbev, ont une fortune de 7.357.577.790 euro, ce qui fait d’eux de loin les plus riches familles de Belgique…
- Et 500 licenciements…
La première restructuration a eu lieu en octobre dernier: 45 employés au bureau principal ont été licenciés. Alors que les négociations étaient encore en cours, les 45 travailleurs ont reçu, en décembre, leur lettre de licenciement. Fin novembre, une deuxième restructuration eut cours en Belgique. Il s’agissait de la fermeture des brasseries d’Hoegaarden et de Molenbeek et de licenciements dans presque tous les sièges. Cette restructuration était encore en cours lorsque Inbev en a annoncé une nouvelle le 24 février, lors d’une réunion extraordinaire du conseil d’entreprise : 360 licenciements à travers l’Europe, dont 201 en Belgique. Cette fois, c’est le siège de Jupille qui est visé, dont l’administration sera délocalisée vers la Tchequie et la Hongrie. Mais ça ne s’arrête pas là. Une semaine plus tard, plus de 200 licenciements étaient annoncés en Allemagne, en France, aux Pays-Bas et en Grande-Bretagne. Il apparaît clairement que d’autres restructurations auront lieu. Les sièges de Belgique ne seront pas touchés dans l’année à venir, à l’exception de cinq licenciements. Mais qu’arrivera-t-il ensuite? Une nouvelle tournée pour les sièges de Belgique? En appliquant la restructuration en différentes phases et en délocalisant, Inbev suit la stratégie de diviser pour mieux régner. Il s’agit de monter les travailleurs des différentes entreprises les uns contre les autres: méthode qu’Inbev continuera d’utiliser pour s’attaquer aux conditions de travail et de salaire du personnel (sauf évidemment pour les managers).
Les réactions ont fusé immédiatement. Après l’annonce de la fermeture de la brasserie de Hoegaarden, 3000 personnes ont manifesté dans le village. Après l’annonce des licenciements à Jupille, l’évêque de Liège et l’évêque auxiliaire de Namur ont déclaré dans une interview : « Si les lois économiques ne tiennent pas compte de l’être humain, ces lois doivent changer. Les pertes d’emploi s’empilent. Hier c’était à Arcelor, aujourd’hui à Inbev. Et demain? Est-ce cela le côté européen de la mondialisation de l’économie? Cela nous touche. Avec les victimes, leurs familles, leurs collègues et beaucoup de citoyens nous disons: si la logique financière provoque tant de souffrance, elle est inhumaine et elle doit changer. »
La logique du système actuel est en effet au service du profit. Pour augmenter ces profits, des travailleurs sont jetés à la rue. Ici et là, on entend proclammer l’impuissance quant à la volonté arbitraire des multinationales. Les politiciens crient au scandale, mais au moment décisif ils disparaissent. Ou peut-être ont-ils peur de perdre leur (futur) siège dans le conseil d’administration? Pourquoi n’entendons- nous rien de Jean-Luc Dehaene présent au conseil d’administration d’Inbev? Pas de commentaire? Quelques larmes de crocodile pour ensuite repasser à… de nouvelles attaques sur nos salaires et nos pensions. Bien que des multinationales comme Inbev sont influentes, cela ne signifie pas qu’elles peuvent faire n’importe quoi. Mais pour les arrêter, il faut établir un rapport de force. Il est donc nécessaire de répondre à la stratégie de division d’Inbev. Pour cela il faut un plan d’action commun, européen et combattif, discuté sur les lieux de travail, avec comme point central la lutte pour chaque emploi. Mais même si cela mène à une victoire, elle ne serait que temporaire. Tant que nous vivrons dans un système capitaliste, les profits seront toujours primordiaux, et l’attaque suivante n’est qu’une question d’échéance. Des victoires ponctuelles sur des multinationales comme Inbev sont possibles à condition de construire un rapport de force. Une longue phase de concessions systématiques occtroyées par les multinationales, comme, dans une certaine mesure, lors des « golden sixties », est par contre exclue dans cette phase du capitalisme. Pour de véritables résultats, il faut fondamentalement briser le système et construire une société socialiste.
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Les lois anti-terroristes nous touchent tous!
La classe dirigeante en Belgique comme ailleurs se dote de nouveaux moyens pour renforcer la lutte contre le terrorisme. Les dirigeants capitalistes instrumentalisent à outrance la remontée des attentats terroristes pour instaurer un climat de peur et renforcer leur appareil répressif. Au-delà de l’inefficacité de telles mesures et de leur coût exorbitant, c’est bien d’une vague d’attaques contre nos droits démocratiques dont il s’agit.
Stéphane Delcros et Cédric Gérôme
Suite au récent attentat kamikaze perpétré par une Belge en Irak, la Ministre de la Justice Onkelinx tente de faire passer un avant-projet de loi renforçant les moyens policiers et judiciaires face à une menace terroriste. Le gel de certains comptes bancaires sera facilité, des perquisitions à toute heure et des écoutes par téléphone ou micro caché seront autorisées. Toutes les données récoltées par la police seront en outre confinées dans un dossier secret auquel ni l’accusé, ni l’avocat n’auront accès.
La Belgique est loin d’être le seul pays à adopter des lois antiterroristes; le Parlement européen a adopté récemment une directive permettant la conservation des données téléphoniques et électroniques pour une durée de 6 à 24 mois et donnant plein droit à la police de les consulter.
Après le 11 septembre 2001, les Etats-Unis avaient adopté le Patriot Act, loi antiterroriste d’exception qui décuple les pouvoirs de la justice et de la police. Adopté initialement pour une durée de quatre ans, le Patriot Act était en passe d’être reconduit indéfiniment, mais cette dernière proposition a été -temporairement, du moins- rejetée par le Sénat, suite aux nombreux scandales qui ont éclaboussé la Maison-Blanche et la mettes dorénavant sur une position défensive. On ne compte plus les abus policiers et judiciaires basés sur cette loi, notamment en matière de surveillance de la population. La mise sur écoutes de la population américaine et les pratiques d’espionnage du Pentagone ne sont cependant pas nouvelles: ce genre de mesures furent largement utilisées contre des groupes hostiles à la guerre du Vietnam et des organisations de défense des droits civiques dans les années ’70.
En Grande-Bretagne, les lois antiterroristes prennent une ampleur démesurée. Plusieurs millions de caméras filment désormais les faits et gestes de la population. Après les attentats de Londres en juillet dernier, le gouvernement de Blair a encore durci son programme avec une nouvelle loi qui prévoit notamment la prolongation de la garde à vue à 3 mois pour les personnes suspectées de terrorisme.
A la suite de l’explosion des banlieues, la classe dirigeante française a adopté puis prolongé pour 3 mois l’état d’urgence, se référant à une loi qui n’avait pas été invoquée depuis un demi siècle dans l’Hexagone. Le gouvernement peut ordonner à la police de procéder à des arrestations massives, interdire les manifestations et censurer les médias. La police est autorisée à perquisitionner et restreindre les mouvements des personnes sans devoir fournir de preuves ou de raisons justifiant de telles actions. Ainsi, 11 des 24 propositions du Front National en matière de justice et de police ont déjà été mises en application par le gouvernement français.
Brandissant le prétexte de la menace terroriste, partout les gouvernements capitalistes consolident leur appareil de répression et restreignent les libertés publiques. L’interprétation des lois anti-terroristes étant extrêmement large, ces mesures s’avèrent très utiles afin de museler les mouvements sociaux.
Dans les années 80 déjà, Margaret Thatcher s’était servi d’une loi antiterroriste pour réprimer une grève de mineurs. On se souvient également des déclarations de plusieurs dirigeants européens n’hésitant pas à assimiler les militants anti-mondialisation à des terroristes. Cette année, en France, les unités antiterroristes du GIGN sont intervenues deux fois contre des actions syndicales. En Belgique, l’actuel procureur fédéral en charge de la lutte contre le terrorisme est Daniel Bernard, qui avait mené l’accusation dans le procès contre les syndicalistes de Clabecq.
Tout comme les actes de terrorisme servent de justification à la politique répressive de la bourgeoisie, cette dernière alimente le terrorisme et ne résoud rien. Les énormes moyens développés par la Grande-Bretagne dans son arsenal anti-terroriste n’ont pas empêché les attentats de Londres. Quant aux centaines de milliards de dollars investis par Bush dans sa " lutte contre le terrorisme ", ils n’ont pas permis d’endiguer le terrorisme mais ont au contraire stimulé son développement à travers le monde. Il est temps de sortir de ce cercle vicieux en construisant une véritable opposition qui combat le terrorisme en s’en prenant à sa racine : le système capitaliste qui le génère.
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Changement climatique. Un point de vue socialiste
Les terribles conséquences du cyclone Katrina ont ouverts les yeux des américains sur la politique menée par Bush et Cie. Mais ces effets désastreux soulèvent également des questions sur l’impact du changement climatique. Les scientifiques se disputent aujourd’hui sur cette question: dans quelles mesures l’activité humaine peut-elle être une cause du changement climatique, lui-même à l’origine du nombre croissant de catastrophes naturelles?
Bart Vandersteene
En tant que socialistes révolutionnaires nous savons que cette planète est en perpétuel développement, donc que le climat, très lentement, se modifie constamment. Nous savons également que le capitalisme a d’énormes conséquences, pas seulement sur les personnes et leurs relations sociales, mais également sur l’environnement. Dans la discussion scientifique, il n’est pas toujours simple de distinguer les faits de la propagande. Sous le capitalisme monopolistique, la science est aussi un produit commercial. Ceux qui ont de l’argent peuvent diriger des recherches dans le sens des intérêts qu’ils veulent défendre. Mais malgré tout, il y a un consensus sur le fait que la terre se réchauffe, principalement à cause des gaz à effet de serre.
Les accords de Kyoto de ’97 avaient pour but de réduire les gaz à effet de serre d’environ 5% pour 2012 par rapport à 1990. Des experts pensent qu’une diminution de 60% est nécessaire. La date de référence 1990 n’est pas choisie innocemment. Elle correspond à l’effondrement des Etats staliniens d’Europe de l’Est. Les économies de ces pays étaient presque totalement ruinées et la forte diminution des émissions de gaz à effet de serre qui en découle permettait de rendre les objectifs de Kyoto réalisables.
Ce qui est étrange, c’est que les accords de Kyoto donnent la possibilité aux Etats de négocier et vendre leurs quotas d’émissions de CO2. Peut-il y avoir encore plus ironique que le ministre Ecolo Deleuze qui propose que la Belgique vende son air propre à la Russie ? Un autre problème avec Kyoto, c’est évidemment qu’il ne propose aucun projet pour après 2012. La problématique nécessite une planification de coordination sur le plan international pour des décennies. Or, le chaos anarchique du capitalisme nous empêche de tenir une planification sur le long terme.
“Les émissions de gaz à effet de serre (…) sont à l’origine d’un réchauffement de la planète qui revêt aujourd’hui un caractère alarmant et connaît un rythme insoutenable à terme. Quand je dis à terme, je ne veux pas dire à l’horizon de quelques siècles. Je veux dire dans les années que connaîtront mes enfants, et peut-être même durant ma propre existence. Et quand je dis insoutenable, je ne vise pas un phénomène qui nous obligera à certains ajustements. J’entends par là un bouleversement d’une telle ampleur et d’une telle irréversibilité dans ses effets destructeurs que la survie même de l’espèce humaine s’en trouve menacée.”
Ce discours date de septembre 2004 et a été prononcé par le Premier ministre britannique Tony Blair. Celui-ci donne un aperçu du problème et met en avant la nécessité de diminuer le dioxyde de carbone de 60% d’ici 2050. Mais toute initiative concernant du changement climatique est basée sur les intérêts des grosses entreprises. En fait, l’émission de CO2 en Grande-Bretagne n’a pas baissé, mais a augmenté même de de 2,2% en 2003 et de 1,5% en 2004.
La seule méthode réaliste pour diminuer l’émission de CO2 de manière drastique est de stopper la consommation de combustibles fossiles (charbon, pétrole, gaz) et de produire de l’énergie qui ne provoque pas de réchauffement climatique. Tentant de respecter les normes de Kyoto, les différents gouvernements ont étudié à nouveau la question d’investir dans l’énergie nucléaire, celle-ci ne provoquant pas d’effet de serre. Ce n’est pas de cette manière que les socialistes cherchent une solution.
Une solution durable reposant sur la situation actuelle des sciences et technologies peut seulement être envisagée par l’utilisation plus répandue d’énergies renouvelables comme les énergies éolienne, solaire ou marémotrice. Ces sources d’énergie ont certes des limites: elles sont beaucoup plus présentes certains jours, dans certains lieux, à certains moments de la journée,… et la quantité d’énergie produite reste encore relativement limitée. Il sera donc nécessaire de planifier le développement de ces sources d’énergie au niveau international et de mettre l’entièreté de l’industrie énergétique dans les mains de la communauté. Tout ceci ne peut se faire quer dans une société socialiste basée sur la coopération et non sur la rivalité impérialiste entre les nations comme nous le connaissons sous le capitalisme.