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Tag: Gouvernement De Croo
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10 ans de Vivaldi ? La résistance s’impose, même contre des coupes budgétaires sans provocations
Le président du PS Magnette a déclaré que le gouvernement Vivaldi est censé durer 10 ans. Selon lui, il s’agit d’un gouvernement équilibré qui, d’une part, s’en prend aux bénéfices du secteur de l’énergie pour donner un chèque énergie à la population et, d’autre part, soutient les patrons dans les moments difficiles. Il décrit comme suit la différence avec le gouvernement précédent dirigé par Charles Michel : « Ce gouvernement gère les crises au lieu de les alimenter ».
Par Geert Cool, article tiré de l’édition de décembre-janvier de Lutte Socialiste
L’équilibre apparent
Le gouvernement Michel s’est livré à une attaque brutale contre la classe travailleuse en 2014 avec entre autres un saut d’index et une augmentation de l’âge de la pension à 67 ans. Une pluie de cadeaux a déferlé sur les employeurs et les travailleurs en ont payé le prix. Ces politiques néolibérales portaient la marque de la N-VA de Bart De Wever. Lorsque la Vivaldi est arrivée au pouvoir, il a été expressément décidé de ne toucher à aucune des attaques antisociales du gouvernement Michel.
Il existe maintenant une politique qui n’a que l’apparence de l’équilibre. Le dernier contrôle budgétaire pré-voyait un cadeau d’un milliard d’euros aux employeurs sous la forme d’une baisse des cotisations de sécurité sociale. Cela portera le total des cadeaux aux employeurs à 16,7 milliards d’euros par an d’ici 2027. On a im-posé plus de flexibilité aux travailleurs et réduit les fonds destinés aux soins de santé et aux fonctionnaires. Le rail n’a pas reçu suffisamment d’argent pour développer l’offre.
Le petit coup de pouce pour l’énergie des ménages (largement inférieure à la hausse des factures) ne fait pas du tout un tout « équilibré ». Le maintien du mécanisme d’indexation est utilisé comme une monnaie d’échange pour bloquer les négociations salariales libres et toute réelle augmentation des salaires. Le résultat net est que les travailleurs sont perdants tandis que les grandes entreprises font des profits records.
Quid de la N-VA ?
Magnette et le PS espèrent que le gouvernement actuel tienne au-delà de 2024 malgré les tensions internes au gouvernement. Encore faut-il gagner les élections. Et si la Vivaldi a besoin de renfort, ce sera à la N-VA d’entrer en scène.
Le Premier ministre De Croo souhaite mener une politique d’austérité sévère, comme le défendent la N-VA et le MR, mais reconnaît que cela n’est pas possible pour le moment. « Lorsque le ciel sera dégagé et que la tempête sera calmée, il faudra remettre de l’ordre dans la maison », a déclaré le Premier ministre. Où peuvent-ils encore économiser ? Dans les soins de santé, la garde d’enfants, l’enseignement, les transports publics, les infrastructures, les pensions ? Le manque de moyens et les listes d’attente interminables ont tout infecté après 30 ans de politiques néolibérales. Malgré ça, De Wever dit qu’on peut travailler encore plus longtemps et qu’on peut économiser dans la sécurité sociale.
Quand la N-VA, rejointe en cela par le Vlaams Belang, appelle à des économies supplémentaires, elle ne vise pas les milliards d’euros de bénéfices des entreprises de l’énergie, elle cible les demandeurs d’asile qui dor-ment dans les rues de Bruxelles. Elle aide ainsi le gouvernement Vivaldi à se présenter comme « équilibré ». L’alternative qui revient le plus souvent du côté néerlandophone est en effet celle de politiques néolibérales sévères.
Sur le plan économique, la N-VA a un problème : l’exemple britannique de la très éphémère première ministre Liz Truss n’a pas vraiment été un succès. Le patronat se rend bien compte qu’un tel néolibéralisme thatchérien débridé est trop risqué face aux troubles économiques et sociaux potentiels actuels. La politique économique de la N-VA est dépassée par la crise et De Wever ne semble faire aucun effort pour s’y adapter. Il est possible que la N-VA compense en mettant davantage l’accent sur le communautaire. Cependant, une réforme de l’État après 2024 n’est pas non plus évidente : cela nécessiterait une majorité des deux tiers, ce qui est quasiment impossible dans le paysage politique actuel.
Un mouvement ouvrier à l’offensive
Le mouvement des travailleuses et des travailleurs ne doit pas se laisser prendre au piège de la prétention à l’équilibre de la Vivaldi. Ce gouvernement ne défend pas les intérêts des travailleurs et de leurs familles, mais ceux des grandes entreprises.
La classe travailleuse n’a pas le choix de rester passive pendant la crise en espérant que la récession ne soit pas trop profonde ou ne dure pas trop longtemps. Cela ne fera que renforcer l’extrême-droite. Nous avons besoin d’un programme et d’actions qui partent des nombreux besoins de la classe ouvrière. Cela peut susciter l’enthousiasme et faire passer les doutes au second plan. Ce n’est que de cette manière que nous pourrons construire un rapport de force permettant de remporter des victoires.
La récession est une conséquence des contradictions du capitalisme, et non de nos efforts pour tout gérer. Toute tentative de nous faire payer la crise, qu’elle soit provocatrice ou sournoise, doit être accompagnée de réponses. Si le capitalisme ne peut pas nous offrir un meilleur avenir, nous ne pouvons pas nous permettre ce système.
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Pour vaincre : de l’audace, de l’audace, encore et toujours de l’audace… et un programme
Le 9 novembre dernier, plus de 800 piquets de grève recouvraient un pays à l’arrêt. Une belle réussite, en dépit des réticences de certains, dans les hautes sphères syndicales, qui « nous mobilisent avec le frein à main », comme nous l’écrivions dans notre tract. Le constat était partagé sur les dizaines de piquets visités par nos équipes militantes.
Quel aurait été l’effet d’entraînement si les 80.000 personnes qui avaient répondu à l’appel du front commun syndical pour manifester à Bruxelles le 20 juin étaient retournées auprès de leurs collègues et de leurs proches avec la date d’une grève générale et du matériel de mobilisation ? Malgré tout, le 21 septembre, un rassemblement syndical qui se voulait symbolique est devenu sous la pression des affiliés une manifestation de 20.000 personnes. A la tribune, c’est la mention de la grève générale qui a suscité l’enthousiasme. Mais même alors, les hésitations ne manquaient pas chez les dirigeants syndicaux. Finalement, la grève générale était passée de 15 jours lorsque la manifestation nationale de décembre a été annoncée par la FGTB, tandis que les secteurs partaient déjà à la bataille en ordre dispersé. La mobilisation hoquette, et cette irrégularité sans perspectives claires nourrit l’exaspération.
Canaliser la colère ?
Au sein des équipes gouvernementales et dans les milieux patronaux, on espère avant tout que les syndicats soient en mesure de canaliser la colère et de jouer un rôle de digue contre les « dérapages sociaux ». L’intention est partagée dans les sommets syndicaux, comme l’exprime ouvertement Marie-Hélène Ska (Secrétaire Générale de la CSC): « Notre rôle est de ne pas hurler à tort et à travers. Nous sommes les premiers à dire que les réponses à apporter à la crise actuelle ne sont pas simples. Et nous savons qu’il est faux de dire que rien n’a été fait. »
Tant dans l’appareil dirigeant de la CSC que dans celui de la FGTB, la tendance est à la répétition du scénario de la pandémie : se montrer « responsable » vis-à-vis des autorités en attendant le « retour à la normale ». Sans ouvertement empêcher la prise d’initiative par des délégations ou des secteurs, les structures évitent soigneusement de les coordonner et de les stimuler pour construire un véritable rapport de force offensif. La peur panique du retour d’un gouvernement de droite dure conduit les dirigeants syndicaux à l’acceptation résignée des limites étroites de la logique du marché et à un soutien officieux au gouvernement fédéral.
Un programme à hauteur des enjeux
« Pour vaincre, il nous faut de l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace », disait Danton à l’époque de la Révolution française. L’audace d’agir, mais aussi d’exiger. La meilleure manière de prendre le pouls de la situation, d’impliquer le plus de monde possible dans l’action et dans les décisions et de consolider la dynamique de lutte à chaque étape, c’est de généraliser les assemblées du personnel et de défendre une démocratie de combat. De cette manière, les spécificités et besoins de chaque secteur pourraient également être pris en compte et intégrés dans le programme plus large du mouvement.
Un programme n’est pas figé, il vit et se développe au fur et à mesure de la lutte. Il déclenche celle-ci, mais s’y adapte aussi pour ne laisser aucun chantage patronal sans riposte. Quand nous parlons d’augmentation de salaire – 2 euros de plus de l’heure pour tout le monde et un salaire minimum de 15 euros, ce n’est quand même pas trop demander – les patrons crient qu’ils ont la corde au cou. Des (petites) entreprises et des indépendants étouffent, essentiellement parce que l’énergie coûte trop cher. Mais leur désarroi est cyniquement instrumentalisé par les fédérations patronales pour attaquer nos salaires et dévier l’attention des bénéfices record ailleurs.
Quand des entreprises alertent de leurs difficultés, exigeons l’ouverture de leur comptabilité pour vérifier si leurs comptes sont bien à sec et si les actionnaires n’ont pas été dorlotés au lieu de constituer des réserves. Et si des entreprises menacent de licencier, il faut les nationaliser sans rachat ni indemnité (sauf sur base d’un besoin avéré) et les placer sous contrôle et gestion démocratiques des travailleurs et de la collectivité. Nous devons d’ailleurs directement le faire pour des secteurs clés de l’économie tels que l’énergie et la finance.
La crise du capitalisme réduit le réformisme à l’impuissance
Une des raisons des hésitations dans les sommets syndicaux est d’ordre politique. On y craint qu’un mouvement social fasse tomber le gouvernement fédéral déjà faible et divisé, car il serait remplacé par un gouvernement appliquant les mêmes politiques si ce n’est encore pire. Gardons en tête que tout gouvernement arrivé au pouvoir une fois son prédécesseur dégagé par le mouvement ouvrier aurait une ardeur antisociale sérieusement refroidie. Et quelle confiance cela donnerait à la base militante !
Une autre raison est d’ordre économique. Selon la Commission européenne, la Belgique devrait entrer officiellement en récession (deux trimestres de croissance négative consécutifs) à la fin de l’année, à l’instar de la zone euro. Cela aura un impact sur les finances des autorités publiques ou encore sur le taux de chômage. Pour combien de temps ? « L’incertitude reste exceptionnellement élevée », dit la Commission. Incertitude partagée dans les sommets syndicaux.
En substance, ces doutes proviennent du manque d’alternative et de l’impasse du réformisme. Si l’on ne réfléchit qu’en fonction de ce que permet la camisole de force d’un système capitaliste qui plonge d’une crise à l’autre sans sortir de la précédente (récession, climat, guerre, inégalités…), on ne peut pas aller bien loin. D’où l’écho syndical en faveur de la proposition de primes pour certaines catégories de travailleurs, ou la vieille prière pour « plus de justice fiscale ».
De plus en plus de gens comprennent bien qu’il n’y a plus d’autre choix que d’envoyer ce système à la poubelle, sans savoir par où le prendre ni dans quelle direction aller. De là un découragement qui explique que certains cherchent un réconfort dans de petites mesures progressistes, ou considérées comme telles, qui existent à l’étranger et expliquant que l’on peut avancer centimètre par centimètre alors que la catastrophe nous fonce dessus. Nous devons explicitement et audacieusement lier les inquiétudes du quotidien au type de société socialiste démocratique dont nous avons besoin en alternative à la barbarie capitaliste. En faire l’économie peut sembler plus facile, mais cette pente conduit à une dangereuse impasse.
Défendre une telle alternative, cela donne de plus un objectif ambitieux de nature à renforcer l’enthousiasme pour construire un puissant rapport de force. N’oublions pas non plus que nous ne sommes pas seuls. Notre combat s’inscrit dans un contexte de renaissance des luttes ouvrières à travers l’Europe. Au lieu de laisser les patrons nous monter les uns contre les autres au nom de la « compétitivité », nous avons besoin d’une coordination de lutte internationale. Le capitalisme est un système international, notre organisation doit l’être également. C’est pourquoi le PSL/LSP fait partie d’une organisation socialiste révolutionnaire mondiale, Alternative Socialiste Internationale. Votre place vous attend à nos côtés.
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Toutes et tous dans la rue le 16/12! Nous pouvons gagner avec un plan d’action crescendo
Augmentons TOUS les salaires de 2€/h (330€/mois)!
Nationalisons TOUT le secteur de l’énergie!
Des marges bénéficiaires inédites pour les entreprises, des dividendes somptueux pour les actionnaires. Et nous devrions nous contenter d’une aumône avec d’un chèque unique de consommation de 500 ou 750 euros à négocier ? C’est une insulte, et encore plus après avoir tout fait fonctionner pendant la pandémie ! Les primes uniques ne stoppent pas l’appauvrissement. Elles ne contribuent pas au financement des pensions ou de la sécurité sociale et n’ont aucune proportion avec les importantes marges bénéficiaires.
Aucune confiance dans ce gouvernement ! Augmentons tous les salaires !
Les Métallos Wallonie-Bruxelles de la FGTB ont calculé qu’une prime de 750€ représente à peine 1,95% des 6 milliards d’euros de dividendes versés ces deux dernières années aux actionnaires du secteur de fabrications métalliques ! A eux le gâteau, à nous les miettes. Mais les patrons n’en ont jamais assez : ils préparent le terrain pour un nouveau saut d’index.
Les patrons cherchent par tous les moyens à nous opposer aux travailleuses et travailleurs des pays voisins et à organiser ainsi une spirale infernale qui tire les salaires vers le bas. Mais en France, la restauration de l’indexation automatique (supprimée en 1983 sous Mitterrand) est revenue au coeur des revendications syndicales. Arracher des augmentations de salaire au-delà de l’indexation en Belgique, cela nous aidera à inverser la tendance dans les pays voisins et dans toute l’Europe. Cela pourrait ouvrir la voie à une véritable grève générale européenne.
Toute cette histoire d’une spirale prix-salaire n’est qu’une blague. Une augmentation générale des salaires peut signifier une baisse du taux de profit, sans affecter les prix des marchandises. En bref, des hausses de salaire sont susceptibles de réduire la part des revenus dédiée aux bénéfices pour la transférer vers le pouvoir d’achat des ménages. Il suffit de regarder à son caddie après avoir payé ou encore les factures d’énergie (que les aides ne rendent qu’à peine moins absurdes) pour se rendre à l’évidence : riposter est indispensable.
Les secteurs syndicalement les plus forts doivent embarquer avec eux les plus faibles. Repoussons les tentatives de nous diviser en exigeant une augmentation de TOUS les salaires de 2 euros de l’heure (330 euros par mois) et l’instauration d’un salaire minimum de 15€/h. Si des entreprises se disent incapables de se le permettre et/ou menacent de licencier, que leur comptabilité soit ouverte pour que les travailleurs puissent vérifier si c’est vrai. Aux patrons d’expliquer pourquoi aucune réserve n’a été constituée pour des temps plus difficiles ! Si nécessaire, ces entreprises doivent être nationalisées sans rachat ni indemnité et sous contrôle et gestion des travailleurs pour sauver l’emploi.
Bloquer les prix = Nationaliser
Bloquer les prix, nos voisins l’ont fait ? Ce sont essentiellement des subsides d’Etat qui payent au privé la différence entre les prix du marché et ceux destinés aux entreprises et aux ménages, sans toucher aux profits. Tôt ou tard, ce sera à la collectivité d’en payer le prix alors que le manque de moyens publics est déjà insoutenable partout. Les grèves dans les chemins de fer, l’enseignement, les soins de santé et chez les fonctionnaires fédéraux ou locaux illustrent toute la colère face à la charge de travail intenable et à la profonde dégradation des services due au sous-investissement chronique.

Bloquer les prix exige de nationaliser. Concrètement, cela signifie la prise en charge de l’ensemble du secteur de l’énergie (production, distribution, recherche) par la collectivité. Cela ouvrirait la voie à des prix abordables et une transition verte rapide. Une nationalisation sous contrôle et gestion des travailleurs et travailleuses, c’est totalement différent du rachat à des actionnaires privés, comme l’a fait le gouvernement français concernant EDF. Les capitalistes se sont déjà suffisamment amusés, il ne saurait être question ni de rachat ni d’indemnité pour les actionnaires. Des exceptions peuvent être considérées pour de petits actionnaires sur base de besoins prouvés, nous ne voulons mettre personne sur la paille.
Pour éliminer la spéculation et mobiliser les moyens pour refinancer la santé, l’enseignement, les transports publics,… il faut de suite y combiner la nationalisation de l’ensemble du secteur financier. Pour éviter de fonctionner comme dans le privé et répondre aux besoins sociaux, une entreprise ou un secteur nationalisé doit être géré à la fois par le personnel, les syndicats et la collectivité. Cela exige l’implication active de la classe travailleuse à chaque étape dans le cadre d’une planification rationnelle et écologique de l’économie.
Un plan d’action clair pour le 16 décembre afin d’impliquer tout le monde !
La grève générale du 9 novembre a illustré notre force, mais bien plus était possible. La préparation n’était pas optimale pour impliquer tous les collègues. Les actions sont plus puissantes lorsqu’elles s’inscrivent dans un plan d’action ambitieux avec de futures étapes connues à l’avance et sur base desquelles construire un élan. Si on y ajoute une grande « Opération vérité » qui fait connaître la réalité des bénéfices des patrons et répond à leurs mensonges, cela peut dissiper les doutes à la base (tant à la CSC qu’à la FGTB, tant à Bruxelles, qu’en Flandre et en Wallonie) et assurer une généralisation de notre lutte. Avec un tel élan, il est possible de rallier tout le monde à notre cause : les jeunes, les pensionnés, les chômeurs, voire les indépendants et les petites entreprises.
Nous voulons inclure tout le monde. Une évaluation collective avec des réunions du personnel (éventuellement liées à des arrêts de travail) et des réunions interprofessionnelles démocratiques sont cruciales pour discuter efficacement des forces et des faiblesses du mouvement, intégrer les demandes spécifiques à chaque secteur dans le paquet de revendications et voter démocratiquement ensemble sur la manière de poursuivre la lutte.
Pour gagner, nous avons besoin d’un plan d’action clair avant le 16 décembre, et non pas une semaine après, pour poursuivre et intensifier la lutte dès janvier vers une grève générale en février préparée et précédée par des grèves provinciales tournantes. Nous pouvons nous inspirer des grèves des raffineries en France, qui était reconductibles en assemblées jours après jours par les grévistes eux-mêmes. Il est essentiel de montrer qui fait tourner l’économie, et de permettre aux travailleuses et travailleurs de faire l’expérience de ce que cela peut représenter la prise de contrôle de l’économie et les rênes de la société. Les délégués et militant syndicaux pourraient ainsi se saisir de la manifestation pour construire une véritable relation de force sur leur lieu de travail et dans la société.
ORGANISEZ-VOUS ! REJOIGNEZ LE PSL/LSP
Le PSL/LSP est un parti national qui organise des travailleuses et travailleurs, des jeunes, des féministes… pour renverser le capitalisme et changer de société. Le capitalisme ne nous réserve que plus de guerres, de misère et d’exploitation, c’est pourquoi nous luttons pour une société socialiste démocratique où la barbarie de l’économie de marché est remplacée par une économie rationnelle démocratiquement planifiée pour répondre aux besoins de la collectivité dans le respect de la planète. Ce combat est par nature un combat international, c’est la raison pour laquelle nous sommes organisés sur tous les continents grâce à un parti mondial : Alternative Socialiste Internationale (ASI).
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Poursuivre le combat avec un plan d’action décidé et voté à la base
Dans notre tract distribué dans tout le pays à l’occasion de la grève générale du 9 novembre nous écrivions : « Il faut un plan d’action crescendo, en escalade. Si nous voulons convaincre et tirer toute la société derrière le mouvement ouvrier, il faut une véritable démonstration de force. La manifestation du 6 novembre 2014 (150.000 personnes) était la plus grande manifestation syndicale depuis 1986. Personne ne doutait plus ensuite du véritable dirigeant de la nation. Une nouvelle manifestation de masse doit nous permettre de regrouper jeunes, pensionnés, chômeurs et même indépendants et petits commerces (des appels à la solidarité avec la grève du 9/11 ont été lancés par des commerçants de Liège et de Bruxelles) autour de la classe ouvrière et d’aider à construire l’élan vers de nouvelles journées de grève nationales, précédées de grèves provinciales. »
Finalement, à la veille de la manifestation contre les violences faites aux femmes, la FGTB a annoncé une manifestation nationale couverte par un préavis de grève à la mi-décembre, en essayant d’y impliquer la CSC, tandis qu’un plan d’action devait être annoncé début décembre pour de nouvelles actions début 2023.
La nécessité s’imposait. Dans le sillage de la grève générale du 9 novembre, de nombreux secteurs n’avaient pas attendu. En novembre les travailleurs sociaux des CPAS bruxellois, les fonctionnaires locaux à Anvers, les cheminots et les fonctionnaires fédéraux ont fait grève. Une action en front commun syndical a été menée contre la réforme des pensions du gouvernement fédéral et pour l’égalité des genres. En décembre, d’autres actions étaient déjà prévues de certains de ces secteurs tandis que le non marchand, les pompiers bruxellois et encore d’autres devaient s’y ajouter. A côté de ça, il y avait encore la mobilisation de « Trop is te veel » le 4 décembre (lire ci-contre) pour plus de pouvoir d’achat et une énergie publique.
Le grand point faible du lendemain de la grève générale, c’est l’absence de dynamique d’évaluation avec réunions du personnel sur le lieu de travail, arrêts de travail et assemblées interprofessionnelles démocratiques. Quelle autre façon d’efficacement discuter des points forts et des points faibles de la grève, d’intégrer au cahier de revendication global des revendications spécifiques aux différents secteurs et de voter démocratiquement ensemble la manière de poursuivre le combat ?
C’est d’ailleurs une leçon à tirer du combat dans les raffineries en France et de la pratique de la grève reconductible, où les grévistes évaluent ensemble la situation après chaque journée afin de procéder à un vote démocratique concernant la marche à suivre pour la suite. De cette manière, même la fin d’une grève permet d’envisager directement ensemble ce qui est à renforcer pour le combat syndical. De même, la grève des travailleurs sociaux des CPAS de la région bruxelloise du 16 novembre s’est terminée par une assemblée générale où les 200 grévistes réunis ont décidé démocratiquement de continuer la mobilisation avec une prochaine date : le 15 décembre, en cherchant également à élargir la participation aux travailleurs sociaux des CPAS de Flandre et de Wallonie.
Cette pratique de démocratie syndicale est essentielle pour informer et mobiliser les collègues, mais aussi pour former des militantes et militants syndicaux, qu’ils soient chevronnés ou non. Ce sont aussi des premiers pas à poser dans la perspective de la prise du contrôle de l’économie par les travailleuses et travailleurs eux-mêmes et du renversement du capitalisme.
La manifestation de mi-décembre et les prochaines dates de mobilisations seront idéales pour que les délégations syndicales combatives puissent se rencontrer et tisser des liens à la base. De même, lors des multiples actions à venir, mettre sur pied des délégations de solidarité pour se rendre aux piquets et rassemblements d’autres secteurs, ou simplement soumettre au vote des motions de solidarité, sera fondamental pour renforcer la dynamique de lutte à la base et peut-être à terme assurer la naissance d’un réseau de syndicalistes de combat.
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Evaluation de la grève générale… en prévision des prochaines !
La grève générale du 9 novembre faisait figure de test: quelle serait la force du mouvement ? Une chose est claire : ni le patronat, ni le gouvernement, ni mêmes les dirigeants syndicaux ne s’attendaient à ce que la grève soit aussi solide.
Par Wouter (Gand), article tiré de l’édition de décembre-janvier de Lutte Socialiste
Il était d’ailleurs déjà possible d’aller plus loin. Pas mal de gens n’ont compris qu’il y aurait une grève que quelques jours avant sa tenue. Et même là où l’appel à la grève était connu, le manque de préparation était flagrant. A Liège, une de nos équipes militantes a rencontré un petit groupe d’enseignantes motivées par la lutte dans l’enseignement francophone (13.000 personnes encore à Namur en octobre !) qui cherchaient où se rendre pour renforcer les piquets faute d’en avoir devant leur école. Après avoir tenté de contacter le siège de la FGTB durant une semaine, elles se sont rendues au matin sur un zoning industriel en espérant y trouver des piquets. Leur enthousiasme était contagieux ! Mais combien d’autres, très certainement là où la délégation syndicale est plus jeune ou moins implantée, sont-ils restés chez eux alors qu’ils auraient volontiers rejoint un piquet ?
Ce manque de coordination et le temps perdu dans la mobilisation s’est surtout remarqué aux piquets, moins nombreux (plus de 800 tout de même) et moins étoffés qu’en d’autres moments. Malgré tout, la grève a été bien suivie. Dans les ports de Gand et d’Anvers, dans les zonings industriels de Liège, de Charleroi et du Brabant wallon, dans les zonings commerciaux du pays, dans les transports en commun, dans les plus grandes entreprises du pays, tout était à l’arrêt, ou presque. A Bruxelles et en Wallonie, 2 hôpitaux sur 3 sont passés en service minimum. Moins d’un train sur quatre circulait et moins de la moitié des bus et des trams étaient encore en circulation. Une fois de plus, l’action collective des travailleuses et des travailleurs a montré que celles et ceux qui font tourner l’économie, ce ne sont ni les actionnaires ni les PDG. Et que quand ils et elles s’arrêtent, tout s’arrête.
Eviter le piège de la division
Dans le secteur chimique, le bilan de la grève est par exemple plus mitigé. Dans certaines entreprises, on caressait l’espoir d’un accord avec la direction pour une augmentation de salaire en dépit de la « loi-cadenas » sur les salaires de 1996. Évitons le piège de la division et regardons comment les secteurs à la pointe de la lutte peuvent soutenir les autres avec leur force de frappe. C’est tout l’intérêt de revendications générales telles qu’une augmentation immédiate de 2 euros de l’heure pour tout le monde (ou 330 euros par mois) et qu’un salaire minimum de 15 euros de l’heure. Cela permet de consolider le mouvement autour d’un objectif clair et de ne pas laisser seuls les secteurs où l’implantation syndicale est pour l’instant moins forte ou moins militante.
À Gand, les grévistes d’entreprises comme Volvo Cars, Volvo Trucks, Arcelor et du port se sont réunis pour organiser un piquet commun et bloquer le port. De telles grèves sont l’occasion de réunir les forces pour compenser les faiblesses. Lors de la grève générale contre le Plan global en 1993, l’innovation de l’époque était le blocage des zones industrielles. Durant les grèves contre le Pacte dit « des Générations » en 2005, des piquets de grève communs aux grands axes routiers donnant accès aux villes ont été expérimentés.
Ce sentiment de solidarité et la volonté de consolider la lutte générale grâce aux secteurs les plus forts, nos équipes militantes les ont rencontrés aux quatre coins du pays. Un délégué FGTB de chez Volvo Trucks à Gand nous expliquait ainsi que « Celui qui prépare mon sandwich chez Panos a autant besoin de cette augmentation de salaire, voire plus ». La nécessité de l’unité dans la lutte est largement comprise.
La peur et la colère ne sont pas fondamentalement différentes en Flandre, en Wallonie et à Bruxelles. S’il existe une différence de dynamique, c’est en partie dû au paysage politique et au débat public qui l’accompagne. Le plan d’action de 2014 (avec coup sur coup une manifestation nationale, une tournée de grèves régionales et une puissante grève générale nationale) avait démontré comment le mouvement ouvrier peut retourner l’opinion publique à son avantage. Ce n’est que l’absence de deuxième plan d’action à cette hauteur qui avait sauvé le gouvernement Michel. La situation n’est pas moins sérieuse aujourd’hui.
La force d’une grève se mesure aussi par son contenu
L’exaspération contre les profits des grandes entreprises et les bas salaires était palpable partout. L’idée d’une prime unique dans les entreprises où les caisses se portent bien était le plus souvent considérée comme une insulte et vivement rejetée parmi les grévistes.
Notre revendication d’une augmentation de 2 euros de l’heure pour tous les salaires bénéficiait d’un bon écho, de même que la question de la nationalisation de la totalité du secteur de l’énergie. Le marché ne fonctionne pas à notre avantage, cela ne fait aucun doute, et cela ne fait que donner encore plus de poids à la demande d’investissements publics massifs dans nos services publics, qui craquent de partout.
Il faut aller encore plus loin : dans pas mal de petites entreprises, la grève a été peu suivie, souvent par manque d’information, mais aussi en raison de la crainte de mettre son lieu de travail à mal. Nous ne devons pas laisser ces inquiétudes sans réponse et défendre l’ouverture des livres de compte des entreprises pour révéler le montant des bénéfices et la manière dont ils peuvent être affectés aux salaires. Et en cas de menace de licenciement collectif, de fermeture ou de délocalisation, nous devons défendre l’expropriation sans rachat ni indemnité (sauf sur base de besoins avérés) et la nationalisation sous contrôle et gestion démocratiques.
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La Vivaldi sous tension. Une lutte des classes intense dominera l’agenda politique de l’automne

Le Premier ministre Alexander De Croo (Open VLD) vient de mettre en garde contre l’impact que les prix de l’énergie auront à très long terme sur l’économie. Son message annonçant « 5 à 10 hivers difficiles » relayait le discours d’une figure de proue de l’organisation patronale flamande Voka qui prévoit des « nuages orageux pour l’économie » et de «la neige noire » pour de nombreuses entreprises.
Par Els Deschoemacker, édito de l’édition de septembre de Lutte Socialiste
C’était tout autant un avertissement aux syndicats et au mouvement ouvrier dans son ensemble. Les années à venir seront difficiles, il faut le supposer, tel est le discours. Selon lui, il faudra y faire face « avec les efforts nécessaires ».
Il ne s’agit pas que d’une histoire belge. En France Macron a marché dans les pas de De Croo en annonçant qu’il fallait être prêt à payer le « prix de la liberté ». Un écho similaire s’est fait entendre ailleurs en Europe : des Pays-Bas à l’Espagne en passant par l’Allemagne.
Décideurs politiques et chefs d’entreprise ne sont pas avares de ce type d’avertissements alors que le mouvement ouvrier se prépare à l’action en exigeant des mesures radicales pour protéger le pouvoir d’achat et assurer la protection sociale de la classe ouvrière dans une période d’aggravation de la crise capitaliste.
On parle aujourd’hui de la guerre en Ukraine comme s’il s’agissait d’une sorte de phénomène naturel. Mais une guerre ne tombe jamais du ciel, elle est le résultat de tensions croissantes et de la concurrence entre les grandes puissances et d’un capitalisme en crise. La lutte économique pour plus de profit adopte alors une dimension militaire. La guerre n’est jamais menée dans l’intérêt de la classe ouvrière des pays concernés, mais toujours dans l’intérêt des classes dirigeantes, pour plus d’influence économique et politique.
La classe ouvrière du monde entier risque d’en payer le prix fort sous la forme d’une destruction de son pouvoir d’achat résultant de l’envolée des prix. À moins qu’elle ne soit capable de résister et de stopper cette folie capitaliste. Cela exige de se battre à l’aide d’un programme anticapitaliste d’urgence.
La Vivaldi entre deux feux
Les patrons aiment prétendre que « seules les entreprises paient pour la crise ». Le message s’adresse au gouvernement avant qu’il ne commence à préparer le budget 2023-24. Les patrons veulent obtenir une aide publique encore plus importante que celle reçue au cours des dernières décennies. Ce transfert de richesses de la collectivité vers les bénéfices des entreprises exerce une pression croissante sur les caisses de l’État. Outre l’augmentation des aides d’État, les patrons veulent également imposer un saut d’index et, si on les laisse faire, l’abolition complète du mécanisme d’indexation des salaires et des allocations sociales.
Le groupe de réflexion Minerva remet au moins en question le discours des patrons selon lequel les salaires font partie du problème au même titre que les prix de l’énergie. Au premier semestre de cette année, alors que la guerre en Ukraine était déjà en cours, que l’inflation était une réalité et que les prix de l’énergie explosaient, des bénéfices record ont été enregistrés. Les entreprises belges s’en sont mieux tirées que celles des pays voisins. En se basant sur les chiffres des dernières décennies, le groupe de réflexion a déclaré que « la marge bénéficiaire brute des entreprises belges n’a jamais été aussi élevée qu’au premier trimestre 2022 ». La tendance structurelle indique un renforcement systématique de la marge bénéficiaire brute : alors qu’au début du siècle, la marge bénéficiaire brute des sociétés non financières en Belgique tournait encore autour de 36%, nous observons aujourd’hui une marge bénéficiaire globale de plus de 46%.
Une conséquence automatique est qu’une part toujours plus réduite de la richesse produite par la classe ouvrière dans les entreprises profite aux salariés sous forme de salaires et de cotisations à la sécurité sociale.
L’angoisse des employeurs aujourd’hui est en partie motivée par la crainte qu’une lutte déterminée du mouvement ouvrier mette fin à ces profits faramineux. Les menaces et le chantage vont se multiplier dans les jours, semaines et mois à venir, n’ayons aucun doute à ce sujet. Les patrons ont un argument qui semble en béton : si les prix de production deviennent trop élevés, ils arrêteront la production.
Nous avons annoncé précédemment qu’après la pandémie, la lutte des classes serait volcanique. Nous verrons dans les mois à venir à quel point elle le sera. Le fait est que le mouvement ouvrier n’a pas le choix. La classe ouvrière doit s’armer contre les attaques brutales des patrons. La pandémie a dramatiquement souligné que les salarié-es créent la richesse. Cette richesse doit leur revenir. C’est cela qui doit constituer le socle de toute action. C’est cela qui doit alimenter la mobilisation vers la grève générale.
Le gouvernement Vivaldi sera pris entre deux feux. Le mouvement ouvrier a un pouvoir potentiel incroyablement plus fort que celui de la bourgeoisie. S’il se met en mouvement, organise et déploie effectivement toute sa force, le gouvernement sera impuissant à réaliser le programme de la bourgeoisie.
Il est peu probable que la Vivaldi s’engage dans une offensive de grande envergure contre la classe ouvrière avant les élections de 2024. L’inaction n’est cependant pas une option pour le mouvement ouvrier. Avec l’accord de la coalition actuel qui maintient la loi salariale de 1996, sans action audacieuse pour freiner les entreprises énergétiques qui battent des records en les nationalisant si nécessaire, dans une période de récession qui se développe rapidement et de stagflation possible, ne rien faire équivaut à une opération de grande envergure pour appauvrir la majorité de la population active, y compris les classes moyennes.
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« Retour au travail » des malades de longue durée. La Vivaldi part à la chasse…

Alors que des milliers de travailleuses et travailleurs passaient à l’action ce 13 mai au cours de la journée de mobilisation du front commun syndical pour le pouvoir d’achat, le gouvernement fédéral présentait sa réforme du « Parcours de remise au travail des malades longue durée». Frank Vandenbroucke (Vooruit), le ministre de la Santé, prétend que le but n’est pas de punir, mais que la possibilité de sanction devrait suffire. Mais rien n’est prévu pour résoudre le problème à sa source.
Par Julien (Bruxelles)
Étant donné qu’il est politiquement difficile d’envisager une migration supplémentaire comme réponse à l’étroitesse du marché du travail, l’accent est mis aujourd’hui sur l’augmentation du taux d’emploi. Avec un demi-million de travailleurs en congé de maladie depuis au moins un an, il y a plus de malades de longue durée que de chômeurs totalement indemnisés. Pour atteindre son objectif de 80 % de taux d’emploi d’ici 2030, le gouvernement compte s’en prendre à ces malades, par ailleurs aujourd’hui plus nombreux que les chômeurs. En octobre dernier, le Bureau du Plan estimait que ramener 1 % des personnes en invalidité (c’est-à-dire en maladie depuis plus d’un an) permettrait d’économiser 25 millions d’euros. Selon Vandenbroucke, 25.000 travailleurs en invalidité seraient aptes à reprendre le travail, à temps partiel au moins. L’idée n’est clairement pas d’ « accompagner », mais de faire des économies.
La réforme comprend 2 piliers. D’une part, pousser les travailleurs à suivre un parcours de réintégration, selon l’idée que les travailleurs abusent de la sécurité sociale et qu’il suffit de faire un petit effort. De l’autre côté, les entreprises seront sanctionnées en absence de mesures de suivi du nombre de travailleurs en invalidité. Sur le terrain, aucune raison d’espérer que les patrons diminuent les cadences infernales ou embauchent suffisamment de personnel pour diminuer la pression. Ils pourront encore plus presser les travailleurs en expliquant que c’est le gouvernement qui les force à agir de la sorte.
En Belgique, selon les statistiques du Bureau fédéral du Plan,« les personnes avec les revenus les plus élevés souffrent moins d’une maladie ou d’un problème de santé de longue durée que celles avec de faibles revenus. » (1) En 2020, 36,9 % des personnes en invalidité le sont pour des troubles mentaux, et ce en augmentation depuis 2016. Les femmes sont majoritairement touchées par ces troubles (2).
10 % de la population active est en maladie de longue durée. La réponse doit être à hauteur de l’ampleur du problème. Le 2 juin, le non marchand manifeste pour un réinvestissement massif dans le non marchand, pour des embauches supplémentaires et une revalorisation du secteur. Tout le long de l’épidémie, le groupe d’action militant La Santé en Lutte s’est mobilisé contre le sous-financement structurel du secteur des soins et contre sa marchandisation et sa privatisation.
Le mouvement ouvrier a les solutions !
Dix pour cent de la population active est malade de longue durée. Ce ne sont pas les malades eux-mêmes qui sont la cause du problème, mais le rythme de travail et un système intenable pour de plus en plus de gens. Le 2 juin, une action sera menée par le personnel du secteur non marchand. Une fois encore, les gens descendront dans la rue pour réclamer des investissements, du personnel supplémentaire et une revalorisation du secteur. Pendant toute la durée de la pandémie, le groupe d’action militant La Santé en Lutte a mené des actions contre le manque structurel de moyens dans le secteur des soins et contre sa commercialisation et sa privatisation. Répondre aux demandes du personnel qui crie dans les rues qu’il n’en peut plus, voilà la réponse qui s’impose.
Ces dernières années, le débat sur la réduction collective du temps de travail s’est poursuivi. Dans le secteur des soins, entre autres, il s’agit d’une revendication essentielle pour rendre le travail tenable. Les opposants diront que l’étroitesse du marché du travail rend impossible une réduction du temps de travail, car il n’y a pas assez de personnel pour des embauches supplémentaires. Cependant, un travail réalisable, c’est-à-dire avec une charge de travail moindre, c’est le seul moyen d’éviter qu’un nombre encore plus grand de personnes ne soient pas en mesure de suivre le rythme. Nous sommes favorables à une semaine de 30 heures sans perte de salaire, avec embauches compensatoires et sans augmentation de la charge de travail. Cela permettrait aux travailleurs de se reposer, de moins solliciter leur corps et de rester en bonne santé mentale.
Des investissements massifs et une refonte radicale du système de santé, d’une part, et une réduction du temps de travail, d’autre part, permettraient de s’attaquer à la racine de nombreux problèmes de santé. C’est la seule alternative à la tentative de Vivaldi de faire reprendre le travail aux malades de longue durée à tout prix, indépendamment de leur santé mentale et physique.
(1) https://indicators.be/fr/i/G03_LSI/Maladie_ou_probl%C3%A8me_de_sant%C3%A9_de_longue_dur%C3%A9e
(2) https://www.inami.fgov.be/fr/statistiques/indemnites/Pages/incapacite-travail-longue-duree-combien-burn-outs-depressions.aspx -
Le mouvement ouvrier doit défendre son alternative à la hausse des prix et à la guerre

manifestation pour le pouvoir d’chat, Namur, 22 avril. Photo: Dominique Botte Incertitude économique, instabilité politique
La pandémie n’était pas encore terminée que les prix ont commencé à s’envoler. Puis est venue la guerre en Ukraine. Les économistes s’accordent de plus en plus pour dire que les hausses de prix ne seront pas temporaires. Le mouvement ouvrier doit lutter pour sa propre alternative contre la hausse des prix et à la misère inhérente au capitalisme.
Dossier de Boris (Bruxelles), issu de l’édition de mars de Lutte Socialiste
L’inflation n’est pas temporaire et ne se limite pas à l’énergie
La Belgique est particulièrement vulnérable aux évolutions de l’économie mondiale en raison de son économie ouverte tournée vers les marchés internationaux, mais aussi de sa dette publique élevée, de sa dépendance énergétique et d’une couche d’entreprises plus énergivores. L’Europe est une des parties du monde les plus touchées par les conséquences économiques de la guerre en Ukraine, qui a accéléré la flambée des prix de l’énergie et de l’alimentation. Les pays limitrophes à l’Ukraine et à la Russie sont les plus touchés en premier lieu, mais même l’Allemagne devrait entrer en récession. L’économie est menacée par la stagflation, c’est-à-dire la combinaison de la stagnation économique et de l’inflation.
L’inflation en Belgique se situait à 8,31% en mars dernier, soit le niveau le plus élevé depuis mars 1983. Elle devrait s’établir à 7,4% sur l’ensemble de l’année, pour un indice-santé de 6,9%. Selon les premières estimations de la Banque Nationale (BNB), la guerre en Ukraine et les sanctions contre la Russie coûteraient 1% à la croissance de l’économie belge cette année et entraîneraient un recul de la consommation des ménages, confrontés à la perte de leur pouvoir d’achat de 1,8%. La BNB avertit toutefois : ce scénario est bien plus incertain que ses prévisions habituelles, car il a été élaboré sur base de données collectées début mars. À l’époque, l’idée d’une guerre de courte durée était encore de mise…
En mars, son enquête mensuelle consacrée à la confiance des consommateurs indiquait le plus fort recul jamais enregistré, comparable à la situation du début de la crise sanitaire. Jamais les ménages n’ont autant anticipé une telle détérioration de leurs finances. La capacité d’épargne est en net repli. Quant à l’investissement privé, il préfère les investissements spéculatifs aux investissements productifs. Seul l’investissement public permet de freiner le ralentissement de la croissance. Il devrait croître de près de 6% cette année à la suite des différents plans de relance des autorités publiques.
L’inflation en Belgique est plus élevée par rapport aux pays voisins et le patronat met en garde contre le danger d’une spirale prix/salaires en raison de l’indexation automatique des salaires et des allocations sociales. Après une marge salariale ridicule de 0,4% en plus de l’indexation pour les années 2021 et 2022 dans le cadre du dernier Accord Interprofessionnel (AIP), le patronat prépare le terrain pour le prochain AIP et une application stricte la loi sur la modération salariale (la « loi-prison » sur les salaires de 1996) et une marge salariale nulle pour les deux prochaines années. Tout en soutenant cette approche, le directeur de la BNB contredit toutefois l’idée : « Les marges bénéficiaires des entreprises sont assez élevées et constituent des coussins dont elles peuvent se servir pour éviter des hausses de prix trop importantes et persistantes. » Une hausse des salaires n’entraîne pas forcément de hausse des prix, elle peut se produire au détriment des profits. Voilà tout l’enjeu de l’entrée en action des travailleuses et travailleurs en défense de leur pouvoir d’achat et pour briser la camisole de force de la loi de 1996.
Sur base de la reprise de l’économie en 2021, les capitalistes belges ont empoché des profits records. La BNB a avancé deux éléments qui y ont contribué : d’une part les subsides publics au paiement des salaires qui s’élèvent à 8 milliards d’euros par an et, d’autre part, le retard de la progression des salaires par rapport à l’augmentation des prix. Ceux-ci n’ont donc visiblement pas d’effet inflationniste, au contraire. Depuis un an, les entreprises ont déjà commencé à anticiper l’augmentation des coûts en les reportant sur les prix des biens et des services. Les capitalistes veulent sauvegarder leurs profits. Ainsi, la part du revenu national diminue pour les travailleuses et travailleurs au profit des capitalistes.
La Vivaldi, résultat d’un contexte spécifique
Il aura fallu non seulement le déclenchement de la pandémie et la crise sanitaire, mais aussi la crise économique de 2020 comme facteurs extérieurs pour imposer la formation d’un gouvernement, la coalition Vivaldi, et écarter la N-VA du gouvernement fédéral. L’ouverture – au moins temporaire – des robinets d’argent a facilité la conclusion d’accord entre PS et libéraux avec d’un côté l’obtention de la pension minimum à 1.500€ pour la fin de la législature et, de l’autre, le maintien de l’ensemble des contre-réformes du gouvernement Michel, dont le durcissement de la loi de 1996 sur les salaires et le report de l’âge de la pension à 67 ans.
Le gouvernement Vivaldi se concentre sur la recherche de solutions pragmatiques pour gérer le capitalisme belge en crise. De nouvelles réductions drastiques de la sécurité sociale ont été repoussées au vu du rôle de celle-ci en tant qu’élément stabilisateur pour amortir le choc de la crise. Un certain retour, limité, sur les coupes budgétaires dans les soins de santé menée par le gouvernement Michel a dû être concédé.Les divers plans de relance des différents niveaux de pouvoir devraient avoisiner les 13 milliards d’euros (soit environ 2,7 % du PIB) sur 6 ans. L’ambition et l’ampleur sont bien moindres que dans les principaux pays voisins. En raison de sa dette publique élevée, la bourgeoisie belge ne veut pas être le moteur de la relance, mais profiter des plans voisins grâce à son économie ouverte tout en soutenant la dynamique. Une des particularités belges est l’effort conséquent porté par les Régions, ce qui entraîne des dettes et des déficits publics élevés à tous les niveaux de pouvoir.
Lors de la confection du budget 2022, le débat fut un temps réouvert sur base de la reprise économique de 2021 : devait-on à nouveau recommencer à réduire les dépenses publiques, voire reporter certaines politiques de relance ou au contraire faire preuve de prudence au regard des facteurs d’instabilité qui accompagnaient la reprise ? L’effort budgétaire initialement prévu à 1 milliard d’euros a été augmenté à 2,4 milliards, dont 300 millions de coupes budgétaires dans la fonction publique fédérale et l’introduction d’une véritable chasse aux 500.000 malades de longue durée, nombre qui dépasse aujourd’hui celui des personnes au chômage.
Mais comme l’indique le contrôle budgétaire du printemps, un réel retour à l’austérité n’est pas encore de mise. En s’appuyant sur l’impact de la guerre en Ukraine, le ministre fédéral des Finances Vincent Van Petheghem (CD&V) propose même que la suspension des règles européennes sur les déficits publics soit à nouveau prolongée en 2023. Mais il n’y a eu que des mesurettes pour le pouvoir d’achat des travailleuses et travailleurs de la part du gouvernement. Celles-ci n’ont en rien diminué la colère croissante contre les factures impayables. Cela conduit à des actions conduisant à la manifestation nationale du 20 juin prochain.
Ce sont les investissements publics stratégiques à destination de la bourgeoisie qui ont à nouveau été favorisés. D’une part pour la course à l’armement avec un milliard d’euros supplémentaires pour accélérer la hausse des dépenses militaires de 1,12 % du PIB vers l’objectif de 1,54 % du PIB. D’autre part pour l’indépendance énergétique, avec 1,16 milliard d’euros supplémentaires (l’un des principaux aspects du plan de relance fédéral) avec la réduction de la TVA pour l’installation de panneaux solaires, de pompes à chaleur, de chauffe-eau solaires, le développement de l’éolien offshore et la dorsale hydrogène vers les bassins industriels. Comme le réclamait la FEB, le maintien de l’activité de deux réacteurs nucléaires destinés à être fermés a également été décidé. Qu’il s’agisse de la construction de l’éolien offshore ou des deux nouvelles centrales au gaz, le privé est arrosé de plantureux subsides publics. La politique de relance est taillée sur mesure pour les entreprises : les profits pour le privé, les coûts pour la collectivité.
Ce dont nous avons besoin, c’est d’un plan radical d’investissements publics qui repose sur les intérêts des travailleuses et travailleurs et de leur famille : dans les soins de santé, dans l’enseignement, dans les crèches, dans le secteur social, dans les transports publics, dans les logements sociaux… Les pénuries sévissent à tous niveaux et très peu est fait. Qu’il n’y ait eu que 32 millions d’euros pour l’accord sectoriel accordé au personnel de l’enseignement francophone après autant d’efforts en première ligne durant la crise sanitaire n’est rien d’autre qu’une insulte. Avec la guerre en Ukraine, la nouvelle crise des réfugiés exige des moyens non seulement pour assurer un accueil digne – pour tous les demandeurs d’asile, d’où qu’ils viennent – mais aussi dans l’ensemble des services publics qui sont déjà exsangues. Sans cela, un boulevard sera offert au Vlaams Belang et à la N-VA pour qu’ils propagent leur logique de division et désignent des boucs émissaires.
Dans un contexte de hausse de l’inflation et de hausse des taux d’intérêt, la pression sera croissante pour un retour à davantage d’austérité. Le gouvernement flamand accentue cette pression : après qu’un plan de réduction des coûts ait été proposé pour l’université de Gand (proposition renvoyée à la table des négociations sous la pression des protestations syndicales), une attaque contre le personnel de la VRT a suivi fin avril. L’austérité n’est pas propre à la politique de l’ère néolibérale qui a précédé la crise de 2020 et ne signifie pas un retour à celle-ci. Elle sera accompagnée d’une continuation de politiques d’investissements publics dans les secteurs stratégiques pour la bourgeoisie.
De nouvelles coupes budgétaires remettront aussi la question nationale à l’agenda sur fond de pénuries avec de nouvelles demandes de régionalisations de compétences sans transfert de l’ensemble des moyens. Jusqu’à la pandémie, le discours nationaliste flamand était dominant à cet égard. Depuis celle-ci, nous assistons à une campagne, surtout dans la presse flamande, pour tenter de freiner temporairement et partiellement cela en renforçant le niveau fédéral. Le sentiment que nous serions « tous dans le même bateau » dans la crise sanitaire pourrait-il être exploité à la faveur d’une règle de priorité du fédéral sur les entités fédérées ?
La campagne « We are one » du PTB embrasse certaines de ces illusions. Si la bourgeoisie belge qui a longtemps délaissé son État y parvenait, cela ne serait pas dans l’intérêt des travailleurs et créerait de nouvelles sources de conflits. Comment la bourgeoisie pourrait-elle au mieux faire payer la crise à la classe des travailleuses et travailleurs ? C’est ce qui sera au centre de ses réflexions. Nous devons nous opposer à toute réduction de budget, quel que soit le transfert de compétence. Le changement de tonalité nous donne une indication de ce que souhaite la bourgeoisie, mais pourrait-elle pour autant y parvenir ? C’est une tout autre histoire. Elle ne possède plus aucun instrument politique fort. Plus le Vlaams Belang et la N-VA s’approcheront d’une majorité dans les sondages en Flandre, plus le débat vers les élections de 2024 tournera autour de cela. Mais la question nationale et la lutte de classe fonctionnent comme un balancier.Le PTB et la lutte contre les profiteurs de guerre
Pour la première fois depuis les élections, dans le dernier sondage du « Grand Baromètre » fin mars, le Vlaams Belang est passé derrière la N-VA et n’est plus le premier parti en Flandre. Avec la crise du pouvoir d’achat, c’est la question sociale qui s’impose à l’avant-plan. Le PTB était le grand gagnant de ce sondage avec 19,7 % en Wallonie ; 16,4 % à Bruxelles et 8,9 % en Flandre. Il passerait ainsi de 12 sièges à 21 sièges à la Chambre. Un tel succès favorisera la remise en avant d’idées de gauche dans l’agenda politique. Cela ouvrira de grandes possibilités de discussion sur l’alternative au capitalisme.
Du côté francophone, c’est le PS qui serait le grand perdant. En acceptant de ne pas toucher à la loi de ‘96, à la chasse aux malades de longue durée et à la flexibilisation du marché du travail (avec une attaque sur la journée des 8 heures et sur la revendication de la diminution collective du temps de travail), ses liens avec la FGTB en tant que relai politique traditionnel sont sous tension intense. Le projet de réforme des pensions représente un recul même s’il peut créer un certain soulagement, car le pire a été évité. La CSC la soutient, la FGTB n’est pas enthousiaste, mais met surtout le PS en garde contre de nouvelles concessions à la droite.
Les négociations salariales l’automne dernier n’ont absolument rien donné aux travailleurs. C’est tout le modèle de la concertation sociale qui est sous pression. Le PS ne suscite pas non plus d’enthousiasme en promettant de maintenir inchangé le mécanisme d’indexation en échange du maintien de la loi sur les salaires de 1996. Leurs homologues néerlandophones de Vooruit (ex-SP.a) ne semblent même pas prendre la peine de faire attention au mouvement syndical. Leur président Connor Rousseau compte sur sa popularité personnelle, principalement grâce à des apparitions dans le monde du divertissement.
Le PTB a pris une première initiative importante avec la manifestation « Basta » pour mettre le thème du pouvoir d’achat en avant. Se limiter à la revendication du passage de la TVA sur l’énergie de 21 % à 6 % et à taxer les surprofits du secteur de l’énergie est par contre bien trop timide. Cela se distingue peu des propositions de Tinne Van der Straeten (Groen) pour taxer ceux-ci ou de Paul Magnette (PS) pour augmenter la rente nucléaire (la taxe que paie chaque année Engie-Electrabel à l’État belge) à 500 millions d’euros pour capter les surprofits d’Engie-Electrabel. Certes, le PTB est favorable à la création d’entreprises énergétiques publiques au lieu d’accorder des subsides au privé, mais il évite soigneusement de défendre la nationalisation des entreprises privées existantes.
Pourtant à l’instar du secteur de l’armement, il est évident que le secteur de l’énergie est un des principaux profiteurs de guerre. Continuer à se limiter à une ou l’autre entreprise publique d’énergie au sein d’un marché dominé par le privé n’est pas à la hauteur des enjeux actuels. Avec le mouvement des jeunes pour le climat et le mouvement des travailleuses et travailleurs pour le pouvoir d’achat, la question de la nationalisation complète de ce secteur a rarement été aussi concrète qu’aujourd’hui ? C’est une nécessité pour endiguer la crise climatique et garantir des prix abordables.
À cela s’ajoute, avec la hausse des prix, la question de l’énorme spéculation qui accompagne celle-ci. Une banque publique dans un marché privé serait soumise à la pression des hauts rendements spéculatifs. La nationalisation de l’ensemble du secteur financier, des banques et des assurances permettrait de s’en prendre à cette spéculation, de garantir des prêts bon marché aux petits commerçants, de placer nos épargnes en sécurité et servirait de source de financement pour un plan radical d’investissements publics dans les besoins sociaux. Une incursion dans la propriété privée du capital est incontournable pour permettre une augmentation significative du niveau vie des travailleuses et travailleurs ainsi que de leur famille.
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Des salaires plus élevés sans se tuer à la tâche : pas d’accord pour moins !

Ce mardi, les sections bruxelloises des trois syndicats se sont mobilisées contre la loi salariale de 1996. L’accord du gouvernement fédéral sur le travail a été rejeté de toutes parts. Pour les patrons, cela ne va pas assez loin, les syndicats et l’opposition de gauche du PTB faisant remarquer – à juste titre – que l’augmentation de la flexibilité est inacceptable.
Des changements dans la politique du travail s’imposent, c’est évident. Le nombre de travailleurs qui n’en peuvent plus de travailler est en forte augmentation. De nombreux secteurs sont à bout de nerfs. Les « nouveaux » secteurs se caractérisent par une exploitation extrême. Mais s’en prendre à cette situation globale n’est aucunement le point de départ de la réforme du travail du gouvernement De Croo.
L’objectif des mesures proposées est d’accroître la flexibilité, présentée comme un choix personnel des travailleurs, alors qu’il s’agit bien entendu de faciliter la tâche au patronat. Tout ce qui a été obtenu en retour dans la lutte contre le faux statut d’indépendant dans les entreprises de plateforme va à peine au-delà de ce qui est proposé au niveau européen. Pour le PS, il s’agissait toutefois d’une question cruciale afin de maintenir l’apparence d’un « équilibre » de façade où l’on demande des efforts à la fois aux employés et aux employeurs. Les autres partis gouvernementaux de « gauche » ne font pratiquement aucun effort pour donner cette impression. Les Verts ont insisté sur le droit à la déconnexion, mais ce droit évident (si vous n’êtes pas au travail, vous n’êtes pas au travail !) ne s’applique qu’aux entreprises de plus de 20 employés. la La nécessité, dans les entreprises à horaire variable, de recevoir l’horaire de travail au minimum 7 jours à l’avance est positive. Peut-être le ministre ECOLO Gilkinet peut-il commencer à appliquer ce principe à la SNCB, où certains cheminots ne savent qu’un jour à l’avance quand ils doivent travailler !
La proposition de la semaine de quatre jours n’est pas la réduction du temps de travail que les travailleurs préconisent depuis des années. Alors que nous sommes beaucoup plus productifs aujourd’hui qu’il y a quelques décennies, le nombre d’heures de travail prestées est resté quasiment identiques. De là découle une pression plus élevée au travail avec tous les problèmes de santé que cela comporte. Pour rétablir l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée, une réduction du temps de travail serait logique. Nous défendons une semaine de quatre jours de travail, mais quatre journées de huit heures, tout au contraire de la proposition du gouvernement qui est de comprimer le travail de cinq jours en quatre. Bien entendu, certains travailleurs préfèrent travailler quatre jours au lieu de cinq – les médias nous bombardent d’exemples de ce genre – mais la réalité, c’est que ce ne sont généralement pas les travailleurs qui déterminent les modalités de leur travail.
Depuis leur tour d’ivoire de la rue de la Loi, les décideurs et décideuses politiques pensent protéger les travailleurs en suggérant qu’ils doivent demander par écrit de travailler volontairement dans le système des quatre jours et des dix heures, le patron devant justifier une réponse négative. Dans presque tous les lieux de travail, c’est le patron qui décide quand et combien de temps il faut travailler. Combien de travailleurs seront poussés vers des systèmes plus flexibles de journées de travail plus longues, éventuellement complétées par des semaines de travail plus longues et plus courtes ? En outre, la porte est ouverte pour rendre plus facilement accessible le travail de nuit jusqu’à 24 heures. Le projet pilote de commerce électronique peut être rapidement reproduit.
Les patrons et les commentateurs de droite ont largement dominé la réaction des médias. Ils sont venus nous dire que l’accord sur le travail est “loin d’être satisfaisant”, pour reprendre les mots de la fédération patronale VOKA. Des économistes tels que Stijn Baert et Ive Marx ont noté que rien n’a été décidé en matière de pensions, d’assurance maladie et « d’activation des malades de longue durée ». Traduit du langage de leurs patrons : travailler plus longtemps et pousser les malades vers la sortie. Pour être complet, il faut ajouter qu’Ive Marx a au moins ajouté la question des négociations salariales libres. Des salaires plus élevés et de meilleures conditions pour attirer le personnel sont toutefois des tabous pour les patrons. L’opposition de droite de la N-VA et du Vlaams Belang est en grande partie d’accord avec le VOKA : elle plaide pour des mesures plus sévères à l’encontre des chômeurs, entre autres. Le VB recourt bien évidemment au communautaire : « Pas une seule mesure n’est prise pour activer les nombreux chômeurs wallons ». Toutefois, la mesure proposée par l’extrême droite – la limitation des allocations de chômage dans le temps – frapperait également les chômeurs flamands. Non, l’extrême droite n’est absolument pas “sociale” !
Les propositions du gouvernement De Croo ne sont pas dans l’intérêt des travailleurs et de leurs familles. Il est temps que les dirigeants syndicaux, avec l’opposition de gauche, disent clairement qu’il n’y a pas d’accord et que les actions seront intensifiées afin d’obtenir non seulement des augmentations salariales réelles mais aussi de meilleures conditions de travail, ce qui est également nécessaire pour continuer à travailler.
Pour les patrons, ce n’est jamais assez et nous devons travailler de manière de plus en plus flexible, et de préférence pour presque rien, car cela renforce leur « position concurrentielle » (lire : les gros profits). Le mouvement ouvrier doit taper du poing sur la table avec ses revendications: rupture de la norme salariale et de la loi sur les salaires, rétablissement de l’index réel, salaire minimum de 14 euros de l’heure, réduction du temps de travail avec maintien du salaire et embauche compensatoire, protection de la journée des 8 heures, etc. La manifestation « Basta » du PTB le 27 février offre une excellente occasion de donner force à ces revendications. Si quelque chose doit être activé maintenant, c’est la lutte sociale !
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Le baromètre social de la pandémie est sans appel : luttons pour une autre société !

Le personnel des soins en action le 7 décembre dernier. À la veille de l’année nouvelle, la crise sanitaire a une fois de plus exposé la faiblesse des différents gouvernements du pays. Le flamand, le wallon, le bruxellois et le fédéral s’emmêlent les pinceaux, trébuchent et ne trouvent pas de réelle stabilité.
Edito de Michael issu de l’édition de février de Lutte Socialiste
Un mauvais vaudeville ne fait pas une politique culturelle
L’impressionnante mobilisation du secteur culturel le 26 décembre et la menace de désobéissance civile ont forcé les décideurs politiques à reconsidérer leur décision d’introduire de nouvelles mesures restrictives uniquement pour ce secteur, qui était déjà sur les dents. La colère s’y accumule depuis longtemps. La culture a symbolisé par excellence la politique sanitaire déterminée par l’activité économique et ceux qui en profitent. Pour les autorités, la culture est un luxe qui pouvait bien être fermé simplement pour faire passer un message. Mais le retrait des mesures sous la pression de la mobilisation est insuffisant pour de nombreux petits acteurs du secteur. Une chaine de cinémas peut fermer et relancer son activité plus facilement qu’une troupe de théâtre.
La responsabilité des nouvelles mesures incombe à tous les gouvernements, y compris le gouvernement fédéral autour du tandem De Croo-Vandenbroucke. Contrairement à Paul Magnette qui, sous la pression des actions, a parlé d’une erreur collective (tout en pointant du doigt les ministres de la Culture), Jan Jambon, ministre de la Culture et Premier ministre flamand, n’a même pas essayé tenté de faire croire qu’il se soucie du secteur.
Il n’a pas caché son arrogance néolibérale en décrivant la dernière semaine d’école avant les vacances de Noël comme « une semaine avec peu d’impact pédagogique » parce qu’elle se limite à « une fête de Noël par-ci, un peu de lecture par-là et je ne sais quoi d’autre ». Face au tollé, il a persisté : « cette dernière semaine implique moins de transfert de connaissances ». Pour la N-VA, le développement et l’enseignement doivent être économiquement pertinents. Le parti ne manque jamais une occasion de dépeindre les enseignants comme des profiteurs.
Tous les gouvernements sont faibles et divisés
Le populisme de Georges-Louis Bouchez (MR) l’a poussé si loin dans la provocation qu’il a mis en danger le gouvernement wallon début décembre. Quant au PS, il sent sur sa nuque le souffle du PTB et souhaite marquer les esprits. C’était ce à quoi devait servir le projet de décret wallon pour « un impôt plus juste », rejeté par Bouchez. Désavoué par son propre parti, le ministre wallon du Budget Jean-Luc Crucke a jeté l’éponge, mais a fait son entrée à la Cour constitutionnelle (emploi extrêmement bien payé). Les tensions entre PS et MR au niveau wallon impactent également la coalition fédérale. Quant au gouvernement bruxellois, il n’est pas exempt de pression avec le débat sur la mobilité, entre autres.
La Vivaldi est née à un moment précis : la crise sanitaire avait relégué au second plan certaines vaches sacrées néolibérales et donné plus d’assises à l’aspiration en faveur d’un gouvernement stable. La situation rendait possible un gouvernement moins provocateur pour le mouvement des travailleur.euse.s. La stabilité politique a toutefois disparu. Le crédit de toutes les institutions politiques du capitalisme a durement souffert ces dernières années. La base de soutien des partis traditionnels est de plus en plus érodée. À droite, le Trumpisme progresse.
Le mouvement des travailleur.euse.s doit agir
Cependant, il ne devrait pas échapper au mouvement des travailleur.euse.s que l’instabilité des représentants politiques du système est finalement causée par la menace des mobilisations sociales, ce qu’a illustré la protestation du secteur culturel. La polarisation entre Bouchez et le PS est alimentée par la croissance du PTB du côté francophone. En Flandre, le gouvernement, et surtout la N-VA, est également vulnérable aux luttes sociales. Cela met les revendications de la classe travailleuse à l’ordre du jour, ce qui pousse le populisme de droite sur la défensive. C’est le meilleur vaccin contre le Trumpisme.
Tous les éléments du baromètre social de la classe ouvrière sont dans le rouge. La hausse rapide des prix, surtout des biens auxquels les travailleur.euse.s et les pauvres consacrent en moyenne une part plus importante de leur budget comme l’énergie et le logement, dégrade nos conditions de vie. Des années successives d’austérité ont saigné à blanc nos services publics. Mais pour le grand capital, de bonnes conditions de vie sont un luxe aussi superflu que la culture et les loisirs. Toutes les crises que subit le capitalisme se renforcent mutuellement. Chaque revendication, même la plus basique, se heurte aux limites du système dans son ensemble.
De ce baromètre social découle une évidence : nous devrons nous battre. Les syndicats ont recueilli 25.000 signatures en une semaine pour changer la loi qui impose une camisole de force à nos salaires et pour défendre le mécanisme d’indexation. Cette pétition peut servir d’impulsion pour nourrir de nouvelles mobilisations de masse. Une telle campagne serait d’autant plus efficace intégrée dans un plan d’action qui allie grèves, manifestations et campagnes d’information. L’action « Basta » du PTB le 27 février prochain peut renforcer cette idée. Une grande marche pour une énergie abordable, des salaires décents et des services publics forts (y compris les soins de santé) peut aider à mettre ces questions sur le devant de la scène et à lancer une discussion sur nos revendications et sur ce qui est nécessaire pour les faire respecter.
Pendant la pandémie, la classe travailleuse a retrouvé un visage : ce sont les travailleur.euse.s qui font tout tourner. C’est leur solidarité qui s’épanouit immédiatement à chaque catastrophe alors que les autorités sont absentes ou à côté de la plaque. Le personnel soignant et les autres personnels essentiels bénéficient d’un soutien considérable dans l’opinion publique. Le manque de moyen causé par des années de sous-investissement est désormais plus qu’évident. La pandémie a douloureusement illustré ce que nous savions depuis longtemps déjà : le secteur des soins est « plumé à mort », comme l’a fait remarquer un soignant dans l’hebdomadaire populaire Dag Allemaal.
Les travailleur.euse.s portent le monde sur leurs épaules, mais les patrons et leurs porte-parole cherchent à leur faire payer les conséquences des crises. Même l’index est à nouveau en ligne de mire, avec un saut d’index ou une nouvelle manœuvre pour qu’il reflète encore moins la hausse réelle des prix. En décembre, l’inflation s’est établie à 5,71 % sur une base annuelle, tandis que l’indice-santé s’est établi à 5,21 %. Si la classe ouvrière ne réagit pas, le patronat passera à l’attaque. La faiblesse incite à l’agression.
Un changement de système
Cependant, la classe travailleuse reste potentiellement très puissante. Ses besoins sont largement compris et, par l’action, la solidarité est toujours renforcée. Des revendications telles que la suppression de la loi sur les salaires, l’augmentation du salaire minimum à 14 euros de l’heure, le maintien et le renforcement de l’index et de la sécurité sociale, un plan d’investissement massif dans la santé et l’enseignement (ainsi que d’autres services publics), la propriété publique du secteur de l’énergie pour que la collectivité contrôle les prix et permettre une transition verte… peuvent motiver et mobiliser la classe des travailleur.euse.s.
Concrétiser ces revendications nous confronte directement à tout le système. Cette société capitaliste a permis aux dix plus riches au monde de doubler leur fortune durant la pandémie (15.000 dollars par seconde !), tandis que 160 millions de personnes supplémentaires sont devenues pauvres. Non, ce ne sont pas nos salaires qui posent problème. C’est l’accumulation de richesses au sein d’une petite élite qui exerce une pression sur nos revenus et nos conditions de vie. Imaginez ce qui serait possible si les ressources disponibles sur cette planète étaient utilisées démocratiquement pour assurer une vie saine et décente à toutes et tous. Cela exige de se battre : les capitalistes ne permettront pas une transformation socialiste de la société.