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  • Fermeture de l’usine Opel à Bochum – pas de riposte ?

    Pour la première fois depuis la seconde guerre mondiale, une usine automobile (celle d’Opel à Bochum, qui appartient à General Motors) est sur le point de fermer en Allemagne. Afin de sauver l’emploi, nous défendons la nationalisation des entreprises qui procèdent à des licenciements collectifs, sous le contrôle des travailleurs, avec par exemple l’instauration d’une semaine de travail de 30 heures sans perte de salaire.

    Stephan Kimmerle, Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO)

    Au cours de la nuit du 9 au 10 septembre dernier, 150 travailleurs d’Opel, écœurés par les plans de restructuration, sont entrés en grève spontanée après un meeting de 17 heures organisé par leur comité d’entreprise. Durant le meeting, la colère bouillonnante de ces travailleurs qui réclament la garantie de l’avenir de leurs postes, de leurs familles et de leur région était très visible. Cette grève a toutefois subi d’énormes pressions patronales, sans recevoir le soutien du syndicat. C’est ce qui a permis à la direction de parvenir à mettre fin à la grève et d’empêcher son extension aux travailleurs qui arrivaient le matin.

    La région de la Ruhr, déjà appauvrie, souffrira des énormes conséquences de la fermeture d’Opel. Mais la résistance est des plus limitées, en net contraste avec les traditions militantes de cette usine qui a connu nombre de grèves. Parmi elles, une grève spontanée et non-reconnue par le sommet syndical avait éclaté en 2004 et avait duré 6 jours pour protester contre le licenciement de milliers de travailleurs. Une autre, en 2000, avait résisté à la délocalisation et la division des travailleurs.

    Mais cette fois, aucune résistance n’aura été opposée au coup de grâce contre ces 5000 travailleurs (3200 dans l’usine et environ 2000 chez les fournisseurs directs et les sous-traitants sur le site), malgré des traditions combatives.

    En mars 2013, plus de trois quarts des travailleurs de Bochum avaient rejeté un accord proposé par la direction au syndicat IG Metall et au comité d’entreprise. En échange de vagues promesses, les travailleurs devaient accepter de mettre un terme à la production de voitures en 2016, d’être moins bien payés, et d’abandonner les conventions collectives et toute possibilité de promotion. Alors que toutes les usines d’Opel en Allemagne ont été contraintes par le syndicat et le comité d’entreprise à accepter ce plan, les travailleurs de Bochum ont refusé de financer leurs propres funérailles avec des réductions salariales.

    En riposte, la direction de General Motors a annoncé en avril 2013 la fermeture définitive de l’usine pour fin 2014. 5 mois plus tard, rien n’a changé, et aucune piste n’a été avancée pour contre-attaquer.

    Une attaque de la direction en accord avec les syndicats

    Il y a en Europe un surplus de 7 millions de voitures (Financial Times, 1er août 2013). Sur un marché en déclin généralisé, Opel se porte particulièrement mal. Ses parts de marché en Europe de l’Ouest sont passées de 11% en 2011 à 6,8% au premier semestre 2013. Le syndicat allemand IG Metall a déclaré que les usines Opel en Europe fonctionnent à 50% de leurs capacités.

    General Motors a mis fin à la production à Anvers en décembre 2010. Les travailleurs des autres usines ont été menacés et forcés à accepter des conditions de travail et des salaires inférieurs.

    Au centre du problème, la soumission des syndicats et des comités d’entreprise à la ‘‘course vers le fond’’ : un plan de chantage visant à diviser les travailleurs pour assurer la logique de compétitivité et de profits des patrons.

    En mai 2012, le syndicat britannique Unite a accepté des horaires plus lourds, une perte de salaire, plus de flexibilité, et même un relais des équipes le week-end pour faire gagner à la direction le conflit interne sur les futurs modèles et la production. Pour ‘‘sauvegarder’’ les postes à Ellesmere Port près de Liverpool, Unite a même insisté pour qu’en échange de réductions de salaires, la direction promette de ne plus produire le modèle Astra dans plus d’une usine, alors que la production était encore en cours dans deux autres.

    Certains délégués syndicaux d’Ellesmere Port étaient véritablement convaincus qu’il n’existait pas d’alternative à ces concessions. Mais le rôle des représentants syndicaux devrait être d’expliquer clairement la situation et de préparer les travailleurs à de futures batailles. Mais à la place, ils ont causé un effet démoralisateur et démobilisant en faisant de ces concessions une stratégie pour ‘‘sauver’’ l’emploi. En pratique, une couche de dirigeants d’Unite a accepté cette prétendue ‘‘perte inévitable’’ d’emplois et d’usines dans le cadre de la crise capitaliste de la production automobile en Europe.

    En juin 2012, le syndicat IG Metall a accepté de ne pas accorder l’augmentation de 4,3% à laquelle les travailleurs d’Opel avaient droit selon leur contrat. Cela faisait partie du “Deutschland-Plan” (plan pour l’Allemagne) visant à augmenter la compétitivité de l’entreprise face à d’autres entreprises appartenant à General Motors. Ce plan comprenait déjà la fermeture de l’usine de Bochum en 2016. La production de l’Astra, le modèle le plus important pour Opel, sera délocalisé hors d’Allemagne.

    Cependant, la stratégie des concessions ne paie pas. Le ‘‘vainqueur’’ principal (à long terme, il s’agit de toute façon des patrons) semble ne pas être Ellesmere Port, mais bien l’usine polonaise de General Motors à Gliwice. L’année dernière, Ellesmere Port a vu sa production baisser. Les travailleurs ont été contraints à une semaine de 4 jours et la production a cessé durant une semaine.

    Le soutien des dirigeants des comités d’entreprise de Rüsselsheim près de Francfort contre l’usine de Bochum a entraîné l’arrêt de la production de l’Astra et n’a été compensé que par le transfert de la production du modèle Zafira de Bochum à Rüsselsheim. Leur propre avenir est incertain.

    Dans ce jeu du patronat, tous les travailleurs sont perdants, seul leur degré de souffrance change. Les décisions de la direction ont déjà été approuvées de facto par les comités d’entreprise et les syndicats européens.

    Une stratégie pour sauver l’emploi

    Le directeur des comités d’entreprise d’Opel en Allemagne, Wolfgang Schäfer-Klug, a défendu le “Deutschland-Plan’’ et toutes ses concessions pour ‘‘défendre’’ les emplois en Allemagne, tout en critiquant de manière hypocrite le syndicat britannique pour ses concessions.

    Le dirigeant d’IG Metall a même indiqué que les traditions combatives de Bochum ont mené à la fermeture de l’usine. Dans une interview, il a déclaré que ‘‘le radicalisme excessif peut au final remettre le futur d’un site en question.’’ Les patrons de General Motors ont peut-être bien choisi de punir Bochum à cause de son passé rebelle. L’entreprise pense d’ailleurs cesser sa production en Corée du Sud à cause de la force des syndicats et de l’effet des récentes grèves là-bas. Cependant, sans la résistance combative des travailleurs de Bochum, l’usine aurait déjà fermé il y a longtemps ! Il est du devoir des syndicats et des dirigeants comme Wolfgang Schäfer-Klug de défendre ses traditions, pas de les jeter à la poubelle.

    Malgré son argumentaire contre le “Deutschland-Plan’’ et ses encouragements aux travailleurs de Bochum pour qu’ils votent contre, le dirigeant du comité d’entreprise de Bochum, Rainer Einenkel, n’a proposé aucune alternative de lutte. Au contraire, il a appelé à la ‘‘prudence’’, sans faire quoi que ce soit d’autre. Sa stratégie semble être d’espérer renégocier les termes du contrat avec General Motors. Il les appelle à ne pas endommager davantage l’image d’Opel en fermant l’usine de la Ruhr. Il a aussi symboliquement attaqué Opel en justice pour que l’usine ne soit pas fermée.

    Pour une semaine de 30 heures chez General Motors sans perte de salaire!

    Nous avons besoin d’une réelle stratégie pour mettre fin aux plans de la direction et défendre tous les emplois et toutes les usines. Le premier pas, c’est de mobiliser et de contre-attaquer immédiatement. Il faut décréter la grève.

    IG Metall en Allemagne, Unite en Grande-Bretagne, et d’autres syndicats ont le pouvoir d’organiser la résistance. Il faut pousser leur direction vers l’avant. Cependant, les travailleurs de Bochum ne peuvent pas attendre le réveil ou le remplacement de la direction. Il faut un mouvement de la base, qui démarrerait avec une grève et l’envoi de délégués dans d’autres usines pour ouvrir le débat sur la manière de défendre les emplois et les usines. Cela pourrait trouver un écho favorable dans la région de la Ruhr.

    Un tel mouvement a besoin d’une solution pour gagner. A Bochum, les travailleurs peuvent lier leur lutte pour la défense de tous les emplois à la demande du gouvernement fédéral et de l’Etat régional de Rhénanie-Du-Nord-Westphalie de nationaliser l’usine et d’en arrêter le déclin. Sous le contrôle des travailleurs, une stratégie peut être développée afin d’utiliser l’usine et sa main d’œuvre qualifiée pour produire des bien socialement nécessaires, et pas seulement des voitures.

    Comme General Motors ne désire pas continuer à faire tourner ses usines sans licenciements ou attaques sur les droits des travailleurs, elles devraient être nationalisées sous le contrôle des travailleurs. Un plan d’urgence de production pourrait être décidé pour utiliser les ressources de ces travailleurs talentueux et celles des usines. Là où c’est nécessaire, on pourrait remplacer la production de voitures par la production d’autres biens socialement nécessaires. Ces usines ne seraient alors plus sources de chômage, mais d’apprentissage et d’emplois pour les jeunes.

    General Motors a annoncé de nouveaux profits tout en attaquant les emplois et les conditions de travail des travailleurs. Que General Motors rendent ses comptes publics, et pas que eux d’Opel et Vauxhall ! Que les travailleurs sachent où sont allés les gigantesques profits, les baisses d’impôts et les subsides !

    Pour répandre la lutte, il faut aussi une stratégie pour mettre fin à la politique de division. L’argument principal de la direction, et aussi malheureusement celui des syndicats de droite, c’est la crise de surproduction qui touche l’industrie automobile. C’est la base de la stratégie visant à diviser les travailleurs des différentes usines. En ce moment, les travailleurs de Rüsselsheim, Ellesmere Port ou Gliwice espèrent bénéficier d’une certaine manière de la fermeture de Bochum.

    Un premier pas pour mettre fin à cet argument serait une campagne immédiate pour la réduction des heures de travail : pour une semaine de 30 heures sans perte de salaire dans les usines de General Motors (Opel, Vauxhell) en Europe et ailleurs. Cela donnerait un exemple aux travailleurs de l’automobile d’autres entreprises, qui les pousserait à ne pas accepter la surproduction comme un problème, mais à partager la charge de travail et à faire payer les patrons.

    Encore une fois, cela serait bien plus efficace si les directions syndicales faisaient leur travail… Mais sans avoir à les attendre, des visites de délégations de la base dans d’autres usines pourraient élargir le mouvement de protestation. Les militants syndicaux devraient faire campagne pour exiger la fin de la division des travailleurs au sein des syndicats, et défendre les emplois, les conditions de travail et les salaires.

    Cela aidera aussi les travailleurs de Bochum, qui se sentent abandonnés par les collègues des autres usines à cause de la politique des syndicats. Cela mettrait fin à l’isolement et créerait un mouvement de lutte généralisé capable de mobiliser l’énergie nécessaire pour une riposte efficace.

    Il faut une direction combative pour organiser cette lutte unifiée. Cela créerait la base pour mobiliser les travailleurs pour sauvegarder toutes les usines. Les syndicats doivent être transformés en outils combatifs, basés sur la démocratie interne. Ils doivent nouer des liens étroits entre les travailleurs partout en Europe et dans le monde. Un mouvement militant des travailleurs et des syndicats est essentiel afin de lutter pour ces changements, développer de nouveaux liens entre les représentants des travailleurs de différentes usines et de différents pays pour faire tomber les barrières et unir la résistance.

  • General Motors / Opel annonce la fin de la production de voitures à Bochum d'ici 2016

    Les fermetures de sites de construction de voitures se poursuivent en Europe. Organisons la lutte pour la défense de Bochum, de Genk, d’Aulnay-sous-Bois, de Southampton et de Dagenham ! Unifions le combat pour la protection de l’emploi et des usines !

    Par Stephan Kimmerle, Comité pour une Internationale Ouvrière

    Les dirigeants d’Opel ont joué la carte de la sécurité en postant 50 gardes supplémentaires pour la protection d’un meeting du conseil d’entreprise, tant pour se protéger que pour intimider. Ils se sont aussi assurés que la police soit aux abords de l’usine le 10 décembre 2012, au moment de l’annonce de la fin de l’usine d’automobiles de Bochum, en Allemagne, d’ici 2016.

    En moins d’une minute, le patron d’Opel, Thomas Sedran, a exprimé son intention de faire payer aux 3000 travailleurs et à leurs familles la crise d’Opel et de l’industrie automobile en général (voir notre dossier : Industrie automobile européenne : Une autre crise est en cours…)

    Les vagues promesses d’une future production de composants n’ont pas réussi à dissiper la colère des 2300 travailleurs qui se sont rassemblés dans la centrale de la Ruhr. Des sifflets et des insultes ont interrompu le discours de Sedran, alors qu’il tentait de justifier l’attaque contre les travailleurs en mettant en avant la surproduction de voiture et la baisse de la demande sur le marché européen. Il a ensuite immédiatement quitté l’usine par la porte de derrière. Un délégué syndical d’IG-Metall a été jeté à terre et quasi étranglé par les gardes de sécurité alors qu’il tentait de lui poser des questions.

    La centrale de Bochum a une tradition militante. Une précédente grève avait permis de minimiser les tentatives de la direction pour diviser la main d’œuvre et sous-traiter certaines parties de l’usine en 2000. En 2004, une grève sauvage de 6 jours a été lancée pour protester contre le licenciement de milliers de travailleurs. Pourtant, à présent, Rainer Einenkel, le président du comité d’entreprise d’IG Metall, a appelé à la prudence et a déclaré que les travailleurs ne devaient pas céder à la provocation.

    Malgré cela, le lendemain matin, 200 travailleurs ont cessé de travailler et on manifesté devant les portes de l’usine pour exiger plus d’informations au comité d’entreprise, comme nous l’a communiqué le SAV (section du CIO en Allemagne). Dans l’urgence manifeste de montrer qu’ils ‘‘font quelque chose’’, les membres du comité ont enfin arrêté la ligne de production le vendredi 14 décembre pendant quelques heures afin d’informer les travailleurs.

    Cela fait un moment que l’équipe de management s’est préparée à cette situation, en réduisant notamment la dépendance d’autres sites de General Motors vis-à-vis de celui de Bochum. A cause de la pause de Noël dans la production et de la réduction forcée des heures de travail en janvier, les travailleurs ne se sentent plus aussi forts que durant leurs précédentes batailles. Des années de réductions d’effectifs ont épuisé les travailleurs restants et réduit leur pouvoir économique. De plus, l’échec de la stratégie des dirigeants syndicaux et du comité d’entreprise, qui consistait à accepter sans cesse des concessions, a intensifié le sentiment de démoralisation.

    Cependant, il reste une grande colère qui pourrait provoquer une riposte. Les travailleurs sont conscients que si cette décision est acceptée sans protestation massive, les perspectives de sauvegarde de leurs emplois et de l’usine seront en grand danger. Une stratégie de combat est nécessaire pour organiser et construire le mouvement de grève de Bochum et envoyer des délégations dans d’autres usines pour augmenter la pression sur le syndicat IG Metall afin d’accroitre la lutte.

    Une grève à Bochum, ralliée par des délégations de toutes les autres usines menacées de fermeture en Europe ainsi que par des délégations d’autres usines de General Motos et d’Opel, aurait le potentiel de commencer à mobiliser l’une des plus puissantes sections de la classe ouvrière européenne. Les travailleurs du secteur automobile de tout le continent savent très bien que leur avenir est aussi en péril. Les chaînes de production de Ford à Dagenham et Southampton (Grande-Bretagne) et à Genk (en Belgique) sont menacées de fermeture (voir: Ford Genk. Pas de funérailles mais un plan d’action ! Nationalisation et reconversion du site !). En Italie, les patrons de Fiat parlent sans cesse de la nécessité de faire des coupes dans le budget. Ce qu’il faut, c’est une stratégie de lutte pour sauver l’emploi.

    Chute libre

    Les ‘‘experts’’ allemands de l’automobile critiquent la direction de General Motors, qui aurait dû selon eux fermer l’usine d’Ellesmere Port en Grande-Bretagne à la place de celle de Bochum. Cette stratégie a également été utilisée par des ‘‘experts’’ français suite à la fermeture de l’usine de Ford d’Aulnay-sous-Bois près de Paris. Ils avaient déclaré qu’il aurait mieux valu fermer les usines espagnoles.

    Les différents États-Nations en Europe se concentrent sur la défense de l’économie de leur propre pays en se fichant royalement de ce qui se passe ailleurs. Le seul point sur lequel ils se rejoignent, c’est sur le fait que les travailleurs doivent payer et que l’environnement doit être sacrifié pour assurer les profits des entreprises automobiles. Le Commissaire en charge de l’énergie Guenther Oettinger a déjà confirmé dans une lettre à Volkswagen que les limites d’émission de carbone pour les entreprises automobiles en Europe ne changeront quasiment pas. D’autres conflits entre les divers États-nations n’excluront pas une tendance commune qui intensifierait les dangers du réchauffement climatique pour augmenter les profits.

    Défendons tous les emplois et toutes les usines !

    Malheureusement, ce point de vue nationaliste a aussi été adopté par les dirigeants syndicaux de General Motors, d’Opel et de Vauxhall. Ces entreprises ont fait chanter les travailleurs. Les dirigeants syndicaux de la centrale de General Motors – Vauxhall à Ellesmere Port ont accepté de travailler plus d’heures, pour des salaires moindres et plus de flexibilité, en mai dernier. Cela a été perçu comme le coup de grâce porté aux sites de Bochum et de Rüsselsheim.

    Les travailleurs d’Ellesmere Port se sont peut-être sentis soulagés lorsque les dirigeants syndicaux leur ont annoncé qu’ils avaient fait ça pour sauvegarder les emplois. Mais 5 mois plus tard, General Motors a annoncé qu’il ferait travailler 2000 d’entre-eux 4 jours par semaine seulement. En septembre, les centrales de Vauxhall à Ellesmere Port et Luton ont toutes deux cessé le travail pendant une semaine.

    La stratégie de concession des syndicats pour ‘‘sécuriser’’ l’emploi a totalement échoué. Les travailleurs de Bochum ont donné des millions d’euros pour obtenir des garanties de production jusqu’en 2016, et à présent ils sont de nouveau la cible d’autres attaques, en plus de faire face à la fermeture de leur usine à cette date.

    Il nous faut une stratégie de lutte pour protéger chaque emploi. Avec une réduction de temps de travail sans perte de salaire, des emplois seraient immédiatement sauvés, et payés par les patrons et les propriétaires d’entreprise.

    Chaque usine frappée de licenciement doit être nationalisée sous le contrôle des travailleurs. Vu les relations entre les usines et la crise de l’industrie automobile dans le monde et particulièrement en Europe, l’industrie tout entière doit être nationalisée, et la production réorganisée de telle manière que s’il y a trop de voitures, d’autres marchandises nécessaires pourront être produites.

    Ces forces de travail talentueuses très éduquées doivent être utilisées pour créer de la richesse qui bénéficiera aux 99% et non pas rejoindre les files de millions de chômeurs européens pour maintenir la richesse des 1%.

    C’est dans cette direction que les syndicats doivent mobiliser. Un mouvement de grève issu de la base pourrait faire écho aux exigences de défense des travailleurs et de leurs familles tout en défiant les dirigeants syndicaux en se battant pour des syndicats combatifs et démocratiques.

  • Industrie automobile européenne : Une autre crise est en cours…

    Il faut une stratégie syndicale européenne et internationale pour défendre les usines, les emplois et les conditions de travail

    ‘‘C’est un bain de sang’’, a déclaré Sergio Marchione, le patron de Fiat (une entreprise aujourd’hui en difficulté) et également président du comité des constructeurs européens d’automobiles, en se lamentant de l’état du marché européen. De son côté, le New York Times a titré: ”L’industrie automobile européenne a atteint le jour du jugement dernier”.

    Stephan Kimmerle, Comité pour une Internationale Ouvrière

    Avec le ralentissement de la croissance en Chine, l’industrie automobile internationale est confrontée à des temps difficiles. Mais en Europe, c’est un véritable désastre. Les ventes en Europe ont baissé d’un nombre total de plus de 15 millions en 2007 à environ 12,4 millions en 2012. Un nouvelle diminution des exportations vers les marchés chinois va noyer les usines européennes dans la surcapacité.

    Étant donné le fait que d’énormes surcapacités existaient déjà avant même le déclenchement de la crise, le coût constant de maintenir les usines instaure une énorme pression pour la fermeture d’environ 8 à 10 sites, aux dires des commentateurs capitalistes. Cela implique de se débarrasser de la capacité à produire au moins 3 millions de véhicules en Europe – l’équivalent de près de 250.000 emplois. Selon les analystes, les usines doivent fonctionner à 75% de leurs capacités de production au moins pour rester rentables.

    La destruction de cette capacité de production – et pas automatiquement une production automobile – et la mise à la porte d’une main-d’œuvre très qualifiée venant ainsi grossir les rangs des chômeurs, voilà la ”solution” capitaliste pour ce problème. Cependant, jusqu’à présent, au cours de cette crise, seuls quelques très rares sites ont été fermés en Europe (Opel à Anvers et Fiat en Sicile par exemple) et, en même temps, de nouvelles entreprises ont été installées en Europe de l’Est et à l’étranger.

    Gagnants et Perdants

    La crise automobile actuelle est en train de frapper les divers producteurs de masse de manières très différentes. Alors que Volkswagen semble avoir augmenté sa part de marché (en dépit de quelques problèmes avec sa filiale Seat), les groupes Peugeot (PSA) et General Motors en Europe (Opel, Vauxhall) semblent avoir le plus souffert. Opel accuse des pertes de l’ordre de 938€ par voiture vendue, Peugeot-Citroën, de 789€. Opel parle de fermer des usines, soit à Eisenach (Est de l’Allemagne) ou à Bochum (Ouest de l’Allemagne). Ford envisage la fermeture de son usine de Genk, en Belgique. Peugeot a annoncé une réduction de 8.000 travailleurs de sa main-d’œuvre en France (100.000 au total), la fermeture de son usine d’Aulnay-sous-Bois près de Paris comprise (au total, 14.000 emplois seront perdus sur 210.000 de la main-d’œuvre mondiale selon ce plan).

    Alors que les travailleurs d’Aulnay sont descendus dans les rues pour protester et exiger que leurs emplois soient protégés, un soi-disant expert, au nom du gouvernement français, a proposé de fermer l’usine de Peugeot de Madrid à la place et de licencier les travailleurs là-bas.

    L’annonce de licencier les travailleurs dans les usines Peugeot de France en Juin a immédiatement déclenché de vives actions de protestation dans tout le pays. Le 9 octobre, la CGT a appelé à une manifestation des travailleurs de l’automobile à Paris, en affrontant les patrons présentant les nouveaux modèles le même jour. La réunion de délégués originaires de différentes usines de Peugeot, les dirigeants syndicaux a forcé d’organiser cette action ainsi que d’autres, plus décisives, mais aucune stratégie n’existe pour utiliser pleinement la puissance de l’effectif total à Aulnay et dans les autres sites. Alors que les ouvriers d’Aulnay se sont mis en grève, d’autres n’ont pas été appelés à les rejoindre.

    Les différences entre sociétés reflètent également les effets inégaux de la crise économique en Europe et les effets dévastateurs des mesures d’austérité imposées à l’Europe du Sud. Alors que les ventes de voitures allemandes stagnent, la France a connu une baisse de 14%, l’Italie de 20%, tandis que le nombre d’achats a baissé de plus de 40% en Grèce et au Portugal. La baisse des ventes en Europe du Sud a eu un effet beaucoup plus important sur ​​les achats de Peugeot et Ford compte tenu de leur parc automobile et de leurs marchés traditionnels. Ford a réduit le temps de travail, par exemple, dans son usine de Cologne, en Allemagne, qui produit pour ces marchés.

    Dans le même temps, les travailleurs sont soumis à un chantage qui les force à accepter la dégradation des conditions de travail. Les problèmes actuels de Bochum reflètent la décision de GM en mai en faveur de leur usine Vauxhall d’Ellesmere Port, en Grande-Bretagne. Ils ont forcé les travailleurs à accepter de plus longues heures, des pertes de salaire net et une plus grande flexibilité, avec des temps de travail même le week-end afin que la production ne discontinue pas. Avec cela, la concurrence interne entre les usines Opel en Allemagne (Rüsselsheim, Bochum) et Vauxhall à Ellesmere Port a été à nouveau utilisée avec succès par les patrons contre les travailleurs.

    Toute une série d’accords impliquant des travailleurs donnant des concessions pour sauver leurs emplois ont été mises en œuvre dans le passé. Or, malgré les ”garanties” accordées aux travailleurs concernant la sauvegarde de leurs emplois jusqu’en 2016, l’usine de Bochum fait face au danger d’une fermeture, et Rüsselsheim verra une énorme surcapacité dès que les prochains changements de modèles seront entièrement mis en place.

    Malheureusement, au lieu de développer une riposte commune, les dirigeants syndicaux en Grande-Bretagne et en Allemagne ont toujours justifié les concessions, partageant une vision très étroite de la défense de l’emploi, dans le seul cadre de leur État-nation ou même en cherchant à sauver un site et pas l’autre.

    Une stratégie patronale calquée sur l’exemple américain?

    Les tentatives patronales visant à faire payer la crise aux travailleurs sont évidentes. Mais quel est leur plan pour organiser une sortie ? Des milliards d’euros ont été dépensés après la crise de 2009 pour renflouer l’industrie automobile en Europe. A partir d’un point de vue très américain, le New York Times a commenté : >"Mais au lieu d’avoir utiliser cet argent pour faciliter la douloureuse réduction des effectifs des sites et des fiches de paie, les gouvernements ont fourni des subsides pour que les gens échangent leur ancien modèle pour un nouveau, ont subsidié les salaires des travailleurs afin de dissuader les entreprises d’effectuer des coupes dans les emplois." (New York Times, 26 Juillet)

    C’est aussi ce qui s’est passé aux États-Unis. L’administration Obama a pris le contrôle effectif de GM et Chrysler, deux des trois grandes entreprises automobiles américaines, et a organisé une restructuration massive dans le but de restaurer la rentabilité pour les actionnaires. Cette restructuration a impliqué la fermeture de dizaines d’usines à travers tout le Midwest, la perte de milliers d’emplois et la disparition de gains historiques pour les travailleurs en termes de salaires, de pensions et de soins de santé. Les salaires des nouvelles recrues représentent désormais la moitié de ceux des plus anciens! Cette ”restructuration”, faite au détriment des travailleurs du secteur automobile, n’a été possible qu’avec la coopération active de la direction de l’United Auto Workers (UAW), le syndicat autrefois puissant des travailleurs automobiles américains.

    Une partie de la bureaucratie syndicale participe à la gestion des entreprises par l’intermédiaire des actions contrôlées par l’UAW à GM et Chrysler. Elle doit aussi gérer leur ”fonds de grève” d’1 milliard de dollars placé à Wall Street et le plan de santé pour les retraités contrôlé par l’UAW.

    Dans le cadre du processus de réorganisation des modalités d’exploitation, une forte baisse des salaires des travailleurs de l’automobile aux États-Unis a été mise en œuvre. Les bases industrielles traditionnelles au nord des États-Unis, où existe un niveau élevé d’organisation et de traditions syndicales, ont été défavorisées et la production a été déplacée au sud des États-Unis, là où les syndicats sont peu présents dans l’industrie automobile.  Plusieurs sociétés japonaises et allemandes ont maintenant des usines de fabrication automobile à bas salaires aux États-Unis, un pays constamment plus considéré comme un centre de fabrication à bas salaires.

    Voilà le plan de restructuration sous l’administration Obama : un coup dévastateur pour le niveau de vie et les conditions de travail des travailleurs américains de l’automobile sous prétexte de ”sauver des emplois”. Mais l’objectif principal est en réalité de réduire les coûts afin de restaurer les profits des actionnaires.

    Compte tenu de l’énorme surcapacité du secteur en Europe, Sergio Marchione, patron de Fiat et actuel président de l’association des constructeurs automobiles européens, a appelé à l’application de cette méthode à l’américaine à l’échelle de l’Union Européenne. ”[L’Europe] doit fournir un système unifié, une feuille de route concertée pour y parvenir", a-t-il dit . ”Regardez ce qui s’est passé avec les aciéries dans les années ’90, il faut copier cet exemple.” Cela signifie fermetures d’usines, licenciements et détérioration des conditions de travail pour ceux qui conservent leur emploi, tout cela organisé par les gouvernements européens.

    Les capitalistes européens vont-ils mettre en œuvre un plan à l’américaine ?

    Incapables de résoudre la crise fondamentale de l’industrie automobile, les patrons européens seront-ils en mesure de suivre la voie américaine ? Les différents États-nations vont essayer d’agir comme en 2009. Mais il est plus qu’improbable que les capitalistes européens parviennent à trouver une approche commune. En 2009, les différents États-nations ont avancé des mesures comme les ”prime à la casse” pour pousser à acheter de nouvelles voitures. Formellement, ils ont traité avec les différents producteurs de manière neutre, mais la conception des différentes mesures est basée sur des intérêts nationaux concurrents.

    Si Fiat et Peugeot sont les grands perdants de cette crise, l’Etat allemand, d’un point de vue capitaliste, ne doit pas s’inquiéter de trop. De nouvelles opportunités pourraient même apparaître pour Volkswagen. Dans la logique du capitalisme, les tensions et les différences entre les Etats-nations et les entreprises basées sur ces Etats-nations augmentent. Cela n’exclut toutefois pas que des actions communes puissent voir le jour sous la pression de l’intérêt commun de stabiliser l’économie ou pour empêcher une remontée des luttes et des protestations. Mais, comme le montre la crise de la zone euro, les Etats-nations européens sont les instruments des différentes classes capitalistes. Les diverses bourgeoisies nationales sont capables de coopérer tant que cela sert leurs intérêts, mais les contradictions se multiplient aujourd’hui.

    L’utilisation de leur État-nation est une voie à sens unique pour les capitalistes, qui ne les oblige pas à faire quoi que ce soit. Deux ans et demi plus tôt, le patron de Fiat, Marchione, a plaidé en faveur de ce qu’il appelle un ”plan d’investissements” dans les usines italiennes de Fiat sous le nom de ”Fabbrica Italia” (Usine Italie). (A l’origine, ”Fiat” signifie Fabbrica Italiana Automobili – Torino). En jouant la carte italienne, il a plaidé pour une aide de l’État et des concessions massives de la part des travailleurs au niveau de leurs conditions de travail et de leurs salaires. Les travailleurs des usines italiennes ont déjà été forcés d’adopter une diminution de leur temps de travail avec perte de salaire. Il s’agit parfois même de moins de 4 jours de travail par mois.

    Perspectives

    Cependant, il est loin d’être certain que les gagnants actuels, les constructeurs automobiles allemands par exemple, puissent tout simplement continuer à l’emporter. Après la crise de 2009, ce sont surtout les marchés chinois qui ont aidé les constructeurs automobiles européens à surmonter leurs problèmes. Compte tenu de ces ventes opérées en Asie, les voitures de gamme supérieure – les allemands Daimler, BMW et Audi – n’ont toujours pas été blessées par une nouvelle crise, mais un ralentissement est bel et bien présent.

    Même en plein essor, Volkswagen a annoncé à ses fournisseurs en Allemagne la possibilité d’une baisse de 10% de la production. Daimler a annoncé de nouveaux programmes pour réduire les coûts. Les tentatives de renforcement de la coopération entre les entreprises ont augmenté (par exemple Opel avec PSA, Daimler avec Nissan). L’échec de la fusion Daimler-Chrysler constitue toujours un bon avertissement. Mais la pression sur les entreprises est immense, des fusions supplémentaires ainsi que l’effondrement de sociétés entières sont envisageables.

    L’option espérée par les diverses entreprises est que le déclin de l’Europe puisse être amorti par le reste du marché mondial. Il est difficile de savoir dans quelle mesure ce scénario se concrétisera. Même dans ce cas, cela ne pourrait se faire qu’avec de nouvelles réductions de sites et du nombre d’emplois. Une situation bien plus sévère encore ne peut pas être exclue du fait d’un ralentissement brutal de l’économie chinoise (un taux de croissance tombant à 5%) et d’autres marchés émergents touchés par le ralentissement économique mondial.

    Quelle stratégie syndicale?

    Durant les premières journées d’horreur qui ont accueilli la crise automobile en 2009, la crainte de perdre des emplois et des usines a renforcé le débat sur une reconversion de l’ensemble de l’industrie vers des voitures électriques et la ”mobilité verte”. Cela a très vite été oublié dès lors que les ventes en Chine ont augmenté, et c’est le schéma des primes à la casse qui a été favorisé.

    Les syndicats, tel le puissant syndicat allemand IG Metall, ont signé des accords stipulant que les travailleurs acceptent un travail de durée moindre ainsi que de graves pertes de salaire. Les travailleurs contractuels ont perdu leur emploi et l’effectif de base a payé un lourd tribut. Les dirigeants syndicaux ont accepté le ”système à deux vitesses” où les travailleurs les plus récents sont employés à des salaires beaucoup plus bas et des conditions de travail bien plus mauvaises. Les bureaucraties syndicales allemandes du secteur ont joué un rôle identique à celui de leurs homologues à l’époque du déclin de la sidérurgie et des charbonnages en Allemagne : organiser la fin de l’emploi et des entreprises avec quelques concessions mineures, en évitant ainsi de grands bouleversements sociaux.

    La crise est en train de mordre à nouveau les travailleurs des usines automobiles. Il est urgent d’éviter une répétition de ces événements sur une base économique encore pire qu’en 2009. Il nous faut une véritable stratégie syndicale capable de coordonner la résistance des travailleurs à travers toute l’Europe et ailleurs pour défendre l’emploi et les usines, et mettre fin au jeu qui consiste à monter les travailleurs d’une usine contre ceux d’une autre, ou ceux d’un pays donné contre ceux d’un autre.

    Une lutte unifiée est nécessaire pour lutter contre toutes les attaques antisociales, contre toutes les concessions, toutes les pertes d’emplois et toutes les fermetures. Toutes les usines où les travailleurs sont menacés de licenciements doivent être collectivisées par les autorités et fonctionner sous le contrôle et la gestion des travailleurs. Mais, étant donné les liens existants entre les diverses usines, les différentes interdépendances et la surcapacité de production dans l’industrie en général, la lutte pour la nationalisation ne peut se limiter aux usines dont les patrons n’ont plus besoin. L’ensemble de l’industrie a besoin d’être placée sous la propriété de l’Etat et sous la gestion démocratique des travailleurs, des syndicats et de l’Etat.

    Il nous faut un plan de réorganisation de l’industrie automobile afin d’utiliser cette main-d’œuvre instruite et qualifiée en fonction de la satisfaction des intérêts des travailleurs en Europe et dans le monde. Si nécessaire, cela pourrait nécessiter de convertir cette production en d’autres produits socialement nécessaires. Une telle gestion permettrait de diminuer le temps de travail sans perte de salaire dans le cadre d’un plan de relance socialiste destiner à vaincre la crise économique capitaliste, non avec le développement du chômage et de la pauvreté, mais en réorganisant la production en fonction des besoins des travailleurs.

    Marchione appelle à une ”feuille de route unifiée et concertée” en vue d’abattre l’emploi et les sites, la réponse des travailleurs et des syndicats doit elle aussi être unifiée et concertée. Pour ouvrir ce chemin, les syndicats doivent devenir de réelles organisations de combat, basées sur la démocratie interne, en construisant des liens étroits entre les travailleurs à l’échelle européenne et internationale. Il nous faut un mouvement militant sur les lieux de travail et dans les syndicats afin de lutter pour ces changements, en développant ainsi des liens directs entre les représentants des travailleurs de différentes usines et de différents pays, pour surmonter les obstacles qui se présentent sur la voie d’une lutte menée de concert.

  • Élections présidentielles américaines : Accorder une seconde chance à Obama ?

    Le vainqueur du duel qui oppose le républicain Mitt Romney au président démocrate sortant Barak Obama est déjà connu. Il s’agit du grand capital. Le monde de Wall Street possède les deux grands partis américains… ce fait est plus clairement que jamais exposé au grand jour. L’enthousiasme qui avait marqué l’élection d’Obama en 2008 a cédé la place à la frustration et à la colère, sur fond d’incertitudes quant aux perspectives économiques. Quant aux sommes gigantesques injectées dans cette campagne (plus de deux milliards de dollars !), elles sont insuffisantes pour masquer la perte de confiance de la population envers les partis de l’establishment.

    Article tiré de l’édition d’octobre de Lutte Socialiste

    Il est cependant certain qu’aux yeux de millions de travailleurs et de jeunes, la perspective d’une présidence républicaine sous les traits de Romney est un horrible cauchemar qui agit comme une pression pour voter en faveur d’Obama. Ce principe du ‘‘moindre mal’’ a très certainement été renforcé par la candidature de l’ultraréactionnaire Paul Ryan en tant que colistier de Mitt Romney. Mais la réélection d’Obama serait-elle de nature à représenter une véritable différence pour les millions de victimes de la crise économique ? Les démocrates veulent-ils réellement faire barrage à l’agenda républicain?

    Obama, cet autre candidat des riches Les faits parlent d’eux-mêmes. La seule raison qui explique pourquoi un politicien aussi faible que Mitt Romney, un arrogant gripsou capitaliste qui suscite l’aversion jusque dans son propre camp, a tout de même une chance de battre Obama, c’est que l’administration démocrate s’est bien peu efforcée d’améliorer les conditions de vie des travailleurs et des pauvres. Toutes les promesses de la campagne de 2008 ont été rompues.

    A l’époque, Obama avait pu capitaliser la colère consécutive aux années Bush en promettant un réel changement de politique. La réalité fut tout autre et, concernant chaque thème majeur, sa politique n’a été différente qu’avec de légères nuances. Bush avait lancé le plus grand hold-up des fonds publics par les grandes entreprises de toute l’histoire américaine (le sauvetage des banques), et Obama a poursuivi cette politique. La promesse d’une régulation sérieuse du monde financier a volé à la poubelle : ce secteur continue d’utiliser les mêmes recettes pourries pour amasser encore plus de profits sans subir la moindre entrave. On estime que plus de 2.000 milliards de dollars dormant sur les comptes en banque des grandes entreprises, qui ne veulent pas investir car cela ne leur serait pas suffisamment profitable. Plutôt que de mobiliser cet argent, Obama a continué d’accorder des diminutions de taxes pour les riches, poursuivant ainsi l’oeuvre de Bush. Obama avait promis de mettre fin à l’aventure impérialiste au Moyen- Orient, mais c’est l’escalade en Afghanistan, à grands coups de drones meurtriers qui massacrent également la population civile. Obama avait promis une couverture de soins de santé universelle, mais son plan a surtout assuré un bel avenir aux grandes entreprises pharmaceutiques et au secteur des assurances privées. Obama avait promis aux travailleurs de soutenir une loi facilitant le droit de se syndiquer et de lutter pour leurs conditions de travail, mais il fut l’architecte du sauvetage de General Motors sur base d’un plan exigeant des travailleurs une diminution de salaire et une augmentation de la charge de travail.

    Les Etats-Unis d’Obama sont un pays où une seule famille (la famille Walton, propriétaire de Walmart) possède à elle seule plus de richesses que les 40% des familles les plus pauvres ! Pour ces millions de familles, les expulsions de logement se poursuivent et les dettes rendent impossible toute perspective d’avenir. A titre d’exemple, 36 millions d’Américains croulent ensemble sous une dette de plus de 1.000 milliards de dollars, uniquement suite aux frais engendrés par les études supérieures ! Accédant au marché du travail, leurs diplômes ne leur ont pas nécessairement permis de trouver un emploi dans ce contexte de chômage croissant. Les travailleurs et leurs familles perdent pied, et les rares réalisations d’Obama n’ont été favorables qu’aux riches.

    Aujourd’hui, peut-on encore faire confiance à Obama ? Il existe bien des différences entre les républicains et les démocrates, mais elles ne portent que sur la meilleure manière d’assurer la poursuite du règne du grand capital. Romney représente simplement une version plus crue de la domination de la classe capitaliste tandis qu’Obama adopte une rhétorique plus populaire, mais uniquement pour servir des intérêts identiques. En 2008 déjà, Obama était le candidat qui avait reçu le plus de soutien financier de Wall Street et du secteur privé des soins de santé. Tous ces riches donateurs sont passés à la caisse cette fois-ci aussi, conscients que le remerciement pour services rendus leur rapportera bien plus.

    Wall Street a deux partis, nous avons besoin du nôtre!

    Le mouvement Occupy a brillamment exposé les bases du système en popularisant le combat des 99% de la population contre la domination du 1% de super- riches. Il faut poursuivre sur cette voie et donner une expression politique à cette colère de classe en construisant un instrument politique capable de se confronter aux partis capitalistes, un parti démocratiquement contrôlé par les travailleurs et les jeunes et orienté vers l’organisation de la résistance au monde de Wall Street, dans les rues, sur les lieux de travail et aux parlements.

    Afin de populariser le débat à ce sujet, Socialist Alternative (les partisans du Comité pour une Internationale Ouvrière aux USA, parti-frère du PSL) soutient une candidature indépendante des grandes entreprises, celle de Jill Stein du Green Party (le parti écologiste, beaucoup plus radical et orienté vers le monde du travail que les partis verts européens), qui se présentera dans une quarantaine d’Etats. Sa campagne est notamment basée sur son opposition aux guerres impérialistes, sur la suppression de la dette des étudiants, sur l’instauration d’une protection universelle de soins de santé, et d’autres réformes progressistes. Hélas, sa campagne n’identifie pas clairement le capitalisme comme le problème fondamental. Nos camarades soutiennent également d’autres candidates de gauche en d’autres endroits, dont Kshama Sawant, membre de Socialist Alternative et candidate dans l’Etat de Washington.

    La comédienne Roseanne Barr, mondialement connue pour son rôle de mère ouvrière dans la série Roseanne est également candidate en Californie, sous les couleurs du Peace and Freedom Party (Parti de la paix et de la liberté), aux côtés de la militante anti-guerre Cindy Sheehan. Toutes deux se sont ouvertement déclarées pour un changement socialiste de société. Si cette campagne se développe sérieusement contre l’establishment, cela pourra attirer l’attention de nombreux jeunes et travailleurs à la recherche d’une alternative, et ce bien au-delà des frontières de l’Etat. L’ancien maire de Salt Lake City, Rocky Anderson, est également candidat pour le nouveau Jus¬tice Party. Nous soutenons ces deux campagnes avec le même objectif de permettre le développement de l’audience la plus large possible pour la gauche et en tant qu’étape vers la construction d’une véritable alternative politique. La colère contre les deux partis de l’establishment n’a aucun précédent, comme l’a illustré un sondage Washington Post- ABC, selon lequel près de la moitié des Américains seraient en faveur d’un troisième parti.

    Renverser le système

    Si les travailleurs et les jeunes pouvaient disposer d’un parti politique dans lequel ils pourraient s’engager et débattre de la meilleure manière de contrer l’offensive antisociale, cela représenterait un gigantesque laboratoire d’expérience où serait aussi débattue la question de l’alternative à opposer au capitalisme. Selon nous, seul un système socialiste démocratique basé sur la nationalisation des secteurs vitaux de l’économie sous le contrôle démocratique des travailleurs au sein d’une planification générale de la production est une réelle alternative capable de se baser sur les besoins sociaux à satisfaire. Tant que les leviers de l’économie resteront aux mains des grands actionnaires et des spéculateurs, notre enseignement, notre santé, nos conditions de travail et notre avenir seront sacrifiés sur l’autel du profit.

  • En Bref…

    Chaque samedi, nous publions dans cette rubrique quelques faits marquants, des citations, des cartoons, de petites vidéos,…


    23% de la population européenne menacée de pauvreté ou d’exclusion sociale en 2010

    Ce mercredi, Eurostat (l’office statistique de l’Union Européenne) a publié un communiqué de presse qui affirme qu’en 2010, 115 millions de personnes (23,4% de la population) étaient menacées de pauvreté ou d’exclusion sociale dans l’Union européenne, chiffre qui atteint même les 27% pour les moins de 18 ans.

    Ce n’est pas la crise pour tout le monde…

    Alors qu’on nous dit toujours plus de nous serrer la ceinture pour ”le bien commun”, différentes données expriment ce que signifie concrètement ce ”bien commun”… Ainsi, les premiers résultats pour l’année 2011 des sociétés belges cotées en Bourse illustrent que l’argent continue de se déverser dans les poches des patrons et des actionnaires (voir tableau ci-contre). Ls dividendes versés aux actionnaires augmentent de 25% chez Umicore, de 10% chez Barco et de 13,6% chez Arseus…

    L’aide alimentaire atteint des sommets en Belgique

    Les banques alimentaires ont reçu 13.385 tonnes de nourriture en 2011, tandis que 117.440 personnes ont fait appel à l’aide alimentaire, un record (environ 3.000 de plus qu’il y a un an, selon Het Belang Van Limburg et Gazet van Antwerpen). Toute personne disposant d’un revenu inférieur à 740 euros nets par mois peut demander de l’aide aux banques alimentaires. Selon l’administrateur délégué de la Fédération des banques alimentaires Alfons De Vadder, les bénéficiaires sont souvent des mères célibataires, des chômeurs suspendus et des nouveaux Belges.

    Les médias traditionnels contre les grévistes

    Nous avons déjà mentionné dans cette rubrique un article du site français ACRIMED (Action-Critique-Médias) concernant la couverture des dernières mobilisations syndicales par la presse francophone. Ce site en a remis une couche en ce basant sur un éditorial de La Libre datant du lendemain de la grève générale du 30 janvier : Nouveau tir à vue éditorial contre les grévistes en Belgique.


    La lutte contre la politique d’austérité concerne aussi les jeunes!

    Les politiciens, les patrons et leurs médias font tout leur possible pour monter la jeunesse contre les syndicats et leur résistance à la politique d’austérité. Cela fait partie d’une tentative consciente de diviser l’opposition sur base de contradictions qui ne sont pas fondamentales. Mais les jeunes sont aussi durement touchés par la politique actuelle que les travailleurs plus âgés. La politique d’assainissements menée par les partis établis menace notre avenir. Cela a d’ailleurs été expressément reconnu par une source irréprochable, le chef de la Sûreté d’Etat de Belgique. Il a déclaré la semaine passé dans le quotidien De Standaard : "Ce sont principalement les jeunes qui sont touchés par la crise. Il est normal qu’ils entrent en action." En Espagne, plus de la moitié des jeunes de moins de 25 ans sont actuellement sans emploi sur base de telles politiques. Si nous laissons faire les patrons et leurs politiciens, nous aurons une ”génération sans avenir”. La meilleure façon d’éviter cela est de passer à l’action, avec les travailleurs, les pensionnés, les chômeurs,…


    Action durant un match de foot

    Le 31 janvier dernier, Everton et Manchester City se sont opposés dans le cadre du championnat anglais de football. Peu de temps avant la mi-temps, un supporter a envahi le terrain et s’est enchaîné au goal de l’équipe visiteuse. Le jeu a été interrompu pendant cinq minutes pour arrêter cet homme, qui voulait par son action dénoncer la politique de Ryanair. Son T-shirt proclamait que Ryanair est le plus gros gangster d’Europe (la concurrence est acharnée pour ce titre…). La réputation de la politique antisociale de Ryanair vis-à-vis de son personnel n’est plus à faire. Le pire, c’est que cet homme pourrait se voir interdit de stade à vie, alors que Ryanair pourra tout simplement poursuivre sa politique antisociale.


    Tout va bien à General Motors (GM)

    Plus d’un an après la fin de General Motors à l’entreprise Opel-Anvers, des nouvelles positives arrivent, mais uniquement pour les actionnaires. De Tijd a écrit ce mardi: "Les résultats du constructeur automobile américain General Motors (GM) sont étonnamment bons, deux ans seulement après la faillite et l’aide que l’entreprise a reçue. Le journal The Wall Street Journal a écrit que GM avait publié le 16 février un bénéfice net de 8 milliards de dollars (6,01 milliards d’euros). C’est près du double de 2010 (4,7 milliards). C’est le plus haut bénéfice pour General Motors, principalement en raison d’une une forte croissance en Chine et des marges bénéficiaires plus élevées sur le marché nord-américain, où GM a réduit les coûts de milliards de dollars pour faire baisser les prix. En Europe, les filiales Opel et Vauxhall sont toujours trop chères. "


    Cartoon: Le libre marché

    ”Si vous ne pensez pas que la libre entreprise est une bonne idée, souvenez-vous de ceci: jusqu’à ce que le gouvernement s’en mêle, ces enfants avaient du travail.”

  • NOUVELLES DU CIO : Brésil – Naissance de LSR, Liberté, Socialisme et Révolution

    La lecture du poème «Vamos juntos» (Allons ensemble) de l’écrivain uruguayen Mario Benedetti, décédé récemment, a donné le ton de l’assemblée d’ouverture du Congrès d’Unification entre le Collectif Liberté Socialiste (CLS) et le groupe Socialisme Révolutionnaire (SR), qui s’est tenu au soir de vendredi 22 mai à São Paulo. L’exemple d’une unité de principe, au milieu d’un contexte de scissions et de fragmentation de la gauche, a été salué comme un important pas en avant par toutes les personnes présentes.

    André Ferrari, Comité National de LSR – Liberté, Socialisme et Révolution

    Outre les membres du SR et du CLS, de nombreux autres invités ont pris part à l’assemblée d’ouverture. Parmi les personnes représentées, se trouvait Conlutas (une organisation clé pour les mouvements sociaux et syndicaux), le PSOL («Parti pour le Socialisme et la Liberté», le nouveau parti de gauche large au Brésil), des intellectuels militants tels qu’Oswaldo Coggiola et Plínio de Arruda Sampaio Júnior (un catholique de gauche qui s’est radicalisé au cours des dernières années). D’autres courants et partis tels que le C-SOL (une scission du PSTU, qui participe au PSOL aux côtés de nos camarades), la Conspiration Socialiste et le PSTU (Parti Socialiste des Travailleurs Unifié – le parti moréniste) ont également envoyé des délégués.

    Le vieux militant Plínio l’Arruda Sampaio a fait une apparition remarquée, saluant l’unification des deux organisations. Bien que le Comité pour une Internationale Ouvrière n’ait pas pu être représenté, une vidéo de salutations de Tony Saunois, de la part du Secrétariat International, a été diffusée lors de cette assemblée. Des salutations ont également été reçue d’autres endroits dans le pays et du monde.

    Au cours des deux jours qui ont suivi l’assemblée, les membres de SR et du CLS se sont mis d’accord pour former un nouveau courant socialiste unifié, le LSR – Liberté, Socialisme et Révolution. Cette nouvelle organisation a, dès sa fondation, une présence dans huit Etats brésiliens, et intervient dans toute une série de syndicats et de mouvements sociaux, tels que ceux des sans-terre, des étudiants, des femmes et des LGBT.

    Après une large discussion, le Congrès a voté l’acceptation des documents de base, afin de constituer une nouvelle organisation : une déclaration de principes, un programme, des status et une résolution approuvant l’affiliation au Comité pour une Internationale Ouvrière, et l’établissement de la nouvelle organisation en tant que sa section brésilienne.

    Le Congrès a également réaffirmé son soutien à une participation active au sein de Conlutas, et l’effort de bâtir une nouvelle centrale syndicale unie pour les syndicats et les mouvements sociaux dans le pays. Elle a aussi adopté une politique de lutte en faveur de l’édification d’une aile de gauche révolutionnaire à l’intérieur du PSOL. Sur ces deux fronts, dans Conlutas et dans le PSOL, le LSR participera au sein du Bloc de Résistance Socialiste, qui associe divers groupes de gauche tels que l’Alternative Socialiste (AS), l’Alternative Socialiste Révolutionnaire (ARS) et la Réponse Socialiste.

    Le LSR a aussi déclaré son soutien politique à «Terre Libre», un mouvement populaire à la fois urbain et rural, et est en faveur du respect de son autonomie, tout en désirant oeuvrer pour l’aider à se renforcer.

    Les militants socialistes présents au congrès ont cherché à prendre des décisions qui reflétaient la nouvelle période historique qui a débuté, marquée par la crise capitaliste mondiale et la nécessité de réorganiser et de renforcer une nouvelle gauche socialiste cohérente, capable de répondre aux immenses défis qui se dressent devant la classe salariée et les pauvres.

    Le Congrès a été marqué par l’enthousiasme des membres par rapport à l’unification de SR et du CLS, et vis-à-vis des opportunités de croissance rapide et solide pour la nouvelle organisation.

    Une naissance au coeur des luttes

    La classe salariée brésilienne est gravement touchée par la pire crise du capitalisme international depuis 1945, en dépit des discours triomphalistes du Président Lula. La vague de licenciements de masse dans l’industrie et d’autres secteurs de l’économie qui s’est produite au cours des derniers mois est loin d’être terminée. Il suffit de voir les menaces qui pèsent sur les travailleurs du géant minier Vale pour se rendre compte de ce qui est encore à venir. Nous allons voir de nouveaux licenciements de masse, mais aussi des tentatives de réduire les salaires des travailleurs du secteur public.

    Le gouvernement et les patrons tentent à tout prix d’éviter les hausses salariales. Ils utilisent la crise comme moyen de justification. Les négociations salariales, combinées à de nouveaux licenciements et au désespoir des travailleurs qui ont été licenciésau début de l’année et qui maintenant perdent leurs allocations de chômage, peut provoquer de nouvelles mobilisations radicalisées au cours des mois qui viennent.

    Toutefois, le développement d’une conscience politique quant à la route à suivre pour sortir de la crise dépend largement du rôle et de l’intervention des socialistes conscients. Les luttes en cours, la perspective de mobilisations plus nombreuses lors du prochain semestre et les élections de 2010 seront des opportunités importantes pour renforcer une alternative ouvrière et socialiste face à la crise.

    Le LSR est directement impliqué dans ces luttes et ces processus. Le camarade de l’Etat de Goiás est arrivé au Congrès après avoir participé à la direction d’une mobilisation et d’une lutte victorieuse. Ici, des centaines de travailleurs sans-terre organisé par le mouvement «Terre Libre» ont occupé les bureaux de l’INCRA (Institut National de la Colonisation et de la Réforme Agraire) pendant cinq jours dans la capital d’Etat de Goiânia.

    Certains membres de LSR qui font partie de l’Alternative de Lutte (un courant d’opposition au sein du syndicat de l’eau et des égouts de l’Etat de São Paulo) ont immédiatement quitté le Congrès pour se rendre à leur mobilisation en cours pour leur grève du 26 mai. Ces travailleurs luttent contre les licenciements et pour une hausse des salaires.

    A l’Université de São Paulo (USP), où le personnel universitaire entrent dans leur troisième semaine de grève, les membres de LSR contribuent à la mobilisation pour la grande manifestation des universités d’Etat du 25 mai.

    Vale do Paraíba, une ville de l’Etat de São Paulo, a été le théâtre d’une lutte contre les licenciements de masse chez General Motors et Embraer (un constructeur aéronautique). C’est aussi dans cette ville que des membres de LSR préparaient lors du Congrès une nouvelle lutte contre les attaques dans l’industrie agro-alimentaire de la région, dans des usines telles que celle d’InBev (maintenant Anheuseur-Busch InBev).

    Plusieurs camarades étaient absents du Congrès à cause des mobilisations qui se déroulent dans leur région. Ceci comprenait les camarades impliqués dans la construction d’une grève des fonctionnaires dans la ville de Hortolândia (Etat de São Paulo). Dans cette ville, une nouvelle couche de travailleurs entrent en lutte pour la première fois. Ceci est un exemple de ce qui pourrait se passer dans d’autres régions, comme cela s’est déjà vu à Campinas, Limeira et Taubaté.

    Les membres de LSR dans Apeoesp (un syndicat des enseignants de l’Etat de São Paulo), dans différentes sections de leur syndicat, sont directement impliqués dans la construction et la direction d’une grève qui commencera à partir du 29 mai.

    Les membres de LSR au sein du mouvement étudiant dans plusieurs universités participent à une campagne électorale pour l’élection en juin et juillet de délégués à deux congrès étudiants nationaux différents. Dans ces deux institutions, nous défendons une politique d’opposition au gouvernement et à ses partisans au sein du mouvement étudiant. Nous revendiquons l’unité de tous les secteurs indépendants du gouvernement et dans une lutte contre la politique étudiante néolibérale.

    Construire l’unité

    Le parcours qui a mené à la formation de LSR fait partie d’un processus de réorganisation plus large de la gauche socialiste après la perte du PT (Parti des Travailleurs, le parti de Lula) en tant que parti de lutte des salariés.

    La formation du PSOL a rassemblé la plupart des groupes de gauche qui n’ont pas capitulé et qui ne se sont pas adapté au capitalisme. Toutefois, le tournant du PSOL vers une politique plus modérée, qui menait à la répétition des erreurs du PT dans le passé, a mené à de nouvelles luttes et à de nouveaux débats au sein du PSOL. Pratiquement toutes les tendances et groupes nationaux du parti ont subi des scissions, et on a vu la formation de nouveaux courants, qui ont tiré les leçons de leurs propres expériences.

    De ces expériences, ensemble avec un travail commun dans le processus de réorganisation des mouvements social et syndical, a émergé la possibilité d’un accord politique entre SR et le CLS, et le processus qui a mené à l’édification du Bloc de Résistance Socialiste.

    Après trois ans de discussions, d’initatives communes et de construction de relations communes et de confiance politique, le Congrès d’Unification de SR et du CLS a résulté dans une synthèse politique et organisationnelle supérieure à celle des deux organisations précédentes. Le LSR a le potentiel de devenir un pôle d’attraction pour de larges couches de militants de gauche au sein des mouvements social et ouvrier et qui sont à la recherche d’une bannière de lutte socialiste, démocratique qui soit cohérente et propre.

    L’unification était donc la conclusion d’une importante phase de lutte visant à bâtir une nouvelle gauche socialiste capable de tirer les leçons des erreurs du passé.

    Une solide base politique

    Les résolutions votées au Congrès donnent une solide base politique pour la constitution d’un nouveau courant uni. Le groupe LSR se présente comme une alternative socialiste et révolutionnaire, basée sur la lutte indépendante des salariés, clairement internationaliste, et qui se voue à l’édification de formations larges, afin de rebâtir les forces de notre classe.

    Toutefois, au delà de cela, le processus d’unification a montré l’engagement à construire une nouvelle culture politique qui soit démocratique, franche, honnête, et tolérante en ce qui concerne le débat politique, contrairement aux méthodes bureaucratiques et sectaires qui vivent parmi la gauche brésilienne. Le nouveau courant cherche à combattre les résidus des pratiques staliniennes qui affectent même ceux qui se rangent dans le camp antibureaucratique.

    Les status adoptés définissent le caractère de l’organisation, qui est démocratique, basée sur la base des membres actifs, et sur la lutte de classe. Les statuts soulignent l’importance de la construction et du renouvellement de cadres politiques, et d’une atmosphère saine et honnête en ce qui concerne le débat interne.

    La décision unanime d’affilier la nouvelle organisation au Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) reflète l’engagement par rapport à la pratique internationaliste et le soutien du CIO à la fois politiquement et en tant qu’outil dans la lutte stratégique pour une Internationale révolutionnaire de masse. Les différentes trajectoires du passé n’empiètent pas sur la construction d’une internationale commune dans le présent et dans le futur, où un accord politique principiel puisse être atteint.

    Le nom de la nouvelle organisation a été décidé après avoir discuté de nombreuses possibilités qui liaient entre elles les trois éléments qui exprimaient une idée du socialisme distincte du réformisme et des affreuses pratiques du stalinisme. «Liberté, Socialisme, et Révolution – LSR» a été le nom retenu par la majorité des délégués, et a été accueilli avec enthousiasme par tous les délégués et observateurs présents.

    Des plans et des objectifs ont été décidés en vue de la production d’un journal mensuel appelé Offensive socialiste, que l’on espère pouvoir commencer à partir du début de l’année prochaine. Cependant, en plus de cela, on a également établi des plans en faveur d’une offensive ambitieuse dans la communication et d’autres publications, notamment via l’internet, afin d’atteindre des couches larges.

    Les objectifs de croissance incluent la construction d’une nouvelle base forte dans le sud, le nord-est et dans la capitale Brasilia, de même que le renforcement de notre travail à São Paulo, Rio de Janiero, et dans le Minas Gerais. Le Congrès a aussi tracé un plan d’études politiques pour ses membres, y compirs une école nationale de cadre en conjonction avec la nouvelle école d’Amérique latine du CIO au début de l’année prochaine.

    Les finances de la nouvelle organisation reflètent le caractère de classe et militant de LSR. Contrairement à ce qui est une pratique commune parmi la gauche brésilienne, nos ressources proviennent des contributions des membres et des campagnes menées parmi les travailleurs.

    Le nouveau courant participera également dans la lutte politique lors du second Congrès du PSOL, à travers un document commun Placer le socialisme à l’ordre du jour – pour un PSOL capable de remplir les tâches de ce moment historique. Nous allons lutter pour un programme socialiste pour le PSOL, pour un PSOL ancré dans les luttes sociales, pour une démocratie interne et pour une politique basée sur l’indépendance de classe. De la même manière, nous allons nous efforcer de renforcer et de développer le Bloc de Résistance Socialiste, stimulant un débat stratégique quantà l’avenir du Bloc.

    Notre intervention à l’intérieur de Conlutas est basée sur la construction d’une nouvelle Centrale unie avec d’autres secteurs, qui devrait prendre place dans la première moitié de 2010. Nous défendons l’idée que cette Centrale ne devrait pas être que pour les syndicats, mais également incorporer toutes les organisations de la lutte de la classe salariée, c’est-à-dire y compris les mouvements sociaux et estudiantins qui ont une orientation vers la classe salariée.

    Tandis que les camarades concluaient le Congrès en chantant l’Internationale, il était clair qu’un important pas en avant avait été accompli, non seulemnt pour les trajectoires individuelles des militants, mais également pour la construction d’une alternative socialiste cohérente au Brésil.


    Le Comité pour une Internationale Ouvrière, CIO

    Liberdade, Socialismo e Revolução – LSR est la nouvelle section brésilienne du CIO.

    Le capitalisme est un système mondial et il doit être combattu à la même échelle. C’est pourquoi le Parti Socialiste de Lutte fait partie d’une organisation marxiste internationale: le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), un parti mondial actif sur tous les continents. Notre lutte en Belgique s’inscrit dans le cadre d’une lutte des travailleurs du monde entier pour un société socialiste car si la révolution socialiste éclate sur le plan national, elle se termine sur l’arène internationale. La démocratie ouvrière et la planification socialiste de la production ne peuvent se limiter à un seul pays. C’est d’ailleurs l’isolement de la Russie soviétique qui a conduit à sa dégénérescence à partir de 1924.

  • Néolibéralisme en crise – la fin d’une époque

    Crise économique, politique et sociale

    Plus aucun économiste digne de ce nom ne se permet de nier l’existence d’une crise économique, même si, afin de ne pas effrayer la population, certains (comme le candidat républicain à la présidentielle US John McCain) osent encore affirmer que « les fondamentaux de notre économie sont forts ». Cette crise, qui est sans doute loin d’avoir atteint son pic et dont nous ne ressentons encore que partiellement les effets, aura inévitablement des répercussions sur la gestion du capitalisme et sur les conditions de vie de milliards de travailleurs.

    Dossier de Stéphane, MAS Liège

    Subprimes et pouvoir d’achat: la crise à tous les étages!

    Cette crise a débuté il y a un an comme une crise purement financière à partir de la crise des subprimes, ces prêts hypothécaires à grands risques réalisés par des sociétés de crédit US. Dans l’incapacité de rembourser leurs prêts, des centaines de milliers de familles américaines se sont retrouvées à la rue. Mais, plus grave pour les capitalistes, de nombreuses banques se sont ainsi retrouvées avec un sérieux manque à gagner.

    Cette crise financière n’est évidemment pas restée sans conséquence sur l’économie réelle et ce sont les travailleurs qui ont une fois de plus payé pour l’incapacité du capitalisme à gérer l’économie correctement. Ainsi, la crise financière s’est rapidement propagée à d’autres secteurs comme l’alimentation ou l’énergie (qui a attiré beaucoup de capitaux spéculatifs : 81% des contrats pétroliers au Nymex, la bourse des matières premières à New York, sont aux mains de spéculateurs) provoquant ainsi l’inflation que nous connaissons depuis maintenant plusieurs mois.

    Ensuite, la crise s’est étendue à la production en tant que telle; plongées dans la tourmente, une série d’entreprises publiques et privées ont dû « assainir » ou « restructurer » (cochez le mot le moins choquant) comme en Espagne où 300.000 postes ont été supprimés, surtout dans la construction, ou en Californie où 22.000 fonctionnaires ont été licenciés. Une entreprise comme General Motors (Opel, Saab, Daewoo, Cadillac, etc.) qui a connu une perte de 15 milliards de dollars ne va sans doute pas se tourner les pouces en voyant ses profits baisser mais elle va tenter de réduire ses coûts en attaquant les salaires et/ou en licenciant.

    Cette crise que nous ressentons déjà avec vigueur en Europe et dans le monde occidental est sûrement encore plus dure à vivre dans les pays néo-coloniaux comme l’Afrique par exemple où les émeutes de la faim de succèdent.

    Et alors que le tableau semble déjà plus que sombre, le FMI annonce que si, pour l’instant, les pertes sont estimées à 400 milliards de dollars, une seconde vague de crise est possible et que les pertes finales devraient se situer autour de 1.000 milliards de dollars. Bref, c’est la crise à tous les étages!

    Les vieilles tactiques ne fonctionnent plus…

    Au cours des « trente glorieuses » (de1945 à 1975), la croissance avait été très forte et les avantages sociaux acquis par les travailleurs avaient considérablement augmenté. Quand la crise a éclaté, au milieu des années ‘70, les capitalistes ont expliqué aux travailleurs qu’il fallait limiter ces acquis pour la survie de l’économie. Au cours des trente dernières années, à chaque fois qu’une crise a pointé le bout du nez à la porte de l’économie et que l’ombre de la diminution des profits s’est profilée, les capitalistes ont toujours mis en avant que les travailleurs devaient faire des sacrifices, qu’il fallait se serrer la ceinture tous ensemble, etc.

    Aujourd’hui ce n’est plus possible : la croissance bancale des années ‘90 et 2000 n’a aucunement profité aux travailleurs. Celle-ci s’est en effet réalisée non par un progrès général de la société mais par la surexploitation des travailleurs, assurée tant par la précarisation du travail que par l’arrivée d’une nouvelle main d’oeuvre bon marché désormais disponible dans les anciens pays à régime stalinien nouvellement entrés dans le jeu capitaliste.

    Les riches et leurs enfants d’abord !

    Depuis la fin des années ‘70 jusqu’à aujourd’hui, le dogme néo-libéral a régné en maître sur la planète et parmi les penseurs du capitalisme. Suivant ses théoriciens Milton Friedman et Friedrich Hayek, la non-intervention de l’État dans l’économie était la règle d’or. On a alors procédé à des privatisations à tour de bras.

    Aujourd’hui, l’immeuble est en feu et les capitalistes coincés à l’intérieur appellent l’État à la rescousse. Celui-ci, après maintes hésitations par peur que le mythe du néo-libéralisme ne s’effondre, a répondu favorablement et a clairement fait passé le message : ça sera les riches et leurs enfants d’abord !

    Ainsi par exemple, la banque britannique Northern Rock, qui avait joué avec le feu en investissant dans les subprimes et qui s’y étaient brûlée, a été nationalisée par le gouvernement travailliste afin d’éviter la faillite. Celui-ci a donc fait sienne la devise de « privatisation des bénéfices et collectivisation des pertes ». De leur côté, les pouvoirs publics US ont injecté des sommes faramineuses pour sauver les grandes sociétés de crédit Fanny Mae et Freddie Mac.

    Dans le même temps, ces mêmes gouvernements qui n’hésitent pas à dépenser des millions de dollars pour sauver des entreprises et le portefeuille de leurs actionnaires continuent d’affirmer que les caisses sont vides et que, malgré la baisse du pouvoir d’achat, des augmentations salariales sont impossibles. Pourtant, comme le dit le dicton « qui veut, peut ». En réalité, les gouvernements – qu’ils soient « sociaux-démocrates » comme c’est le cas en Grande-Bretagne ou « libéraux » comme aux Etats-Unis – ont bien montré qui ils souhaitaient sauver : l’État-pompier vient tirer des flammes les multinationales et leurs actionnaires et laisse les travailleurs sur le carreau.

    La Chine pour sauver la baraque ?

    Certains économistes capitalistes rêvent que la Chine vienne sauver le monde de la crise et/ou qu’elle prenne le relais des États-Unis comme leader économique mondial. Mais ne nous y trompons pas, la structure économique de la Chine est complètement différente de celle des États-Unis. Le marché US est depuis longtemps le marché d’écoulement en dernier ressort de la production mondiale. Depuis le début de la crise, la production trouve de moins en moins de débouchés. La Chine, elle, a une économie principalement dirigée vers l’exportation et, malgré les dires de tous les admirateurs de la « république populaire », le niveau de vie des Chinois n’augmente que très peu. De plus, la Chine n’a pas été non plus épargnée par la crise et les entreprises chinoises procèdent elles aussi à des licenciements.

    Certains estiment que les capitaux chinois et asiatiques pourraient sauver les entreprises occidentales et il est vrai qu’ils font actuellement tout pour ce qu’ils peuvent pour sauver le marché occidental sans lequel ils ne trouveraient plus de débouchés pour leurs produits.

    Ainsi les investissements des fonds souverains en Occident vont en augmentant. Ces « fonds souverains » sont des capitaux appartenant à un État ou dépendant fortement de celui-ci., comme par exemple l’Abu Dhabi Investment Authority qui investit à travers le monde les revenus pétroliers des Émirats Arabes Unis ou encore la China Investment Corporation qui gère des capitaux de l’État chinois.

    Ces capitaux ont, selon certains économistes, l’avantage d’être plus stables et, à l’inverse des capitaux purement privés, de moins chercher le profit à court terme en ayant une vision à plus long terme.

    La fin d’une époque

    Même si ces capitaux peuvent avoir un effet bénéfique pour l’économie, les investissements de ces fonds souverains ne sont pas nécessairement bien accueillis, les États voyant avec peu d’enthousiasme leurs entreprises passer sous le contrôle de fonds d’Etat étrangers. Il est en effet inévitable qu’entrent en contradiction les intérêts du pays dans lequel les capitaux sont investis et les intérêts du pays investisseur. Ainsi par exemple, l’acquisition de ports US par un fonds d’investissement de Dubaï, petite monarchie arabe du Golfe pourtant grand alliée des Etats-Unis, n’a pas plu au gouvernement de George Bush qui a immédiatement forcé celui-ci à les revendre.

    Nous voyons ici comment le néo-libéralisme, fondé sur le désinvestissement de l’État et le libre-échange absolu, peut être mis de côté en cas de crise et de menace pour « les intérêts stratégiques » du gouvernement US.

    Cette méfiance vis-à-vis de ces fonds avait été bien résumée par un journaliste financier américain qui déclarait il y a quelques mois « Voulons-nous que les communistes (la Chine) ou les terroristes (Abu Dhabi, Qatar) possèdent nos banques ? Je prendrai n’importe lequel, je pense, parce que nous sommes tellement désespérés » ou encore par le chef du fonds souverain d’investissement norvégien qui disait « Ils ne nous aiment pas mais ils veulent notre argent ».

    La crise augmentant, on voit de plus en plus clairement comment le libre-échangisme et la globalisation font place au « chacun pour sa pomme ».

    Quelles conséquences pour les travailleurs?

    La crise, en définitive, devrait donc créer des tensions fortes entre États, entre impérialismes mais aussi entre classes sociales.

    En s’approfondissant, la crise intensifiera aussi la lutte pour le contrôle des ressources essentielles car un retour du protectionnisme signifie que chaque État devra plus que jamais compter uniquement sur lui-même et devra donc contrôler de manière sûre des ressources comme le pétrole ou le gaz. On vient d’en voir un exemple avec la récente guerre entre la Russie et la Géorgie qui n’est pas sans rapport avec le fait que la Russie voit l’oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan passer à travers le territoire de la Géorgie (l’allié privilégié des États-Unis dans le Caucase).pour transporter le pétrole de la Mer Caspienne et de l’Asie centrale en contournant la Russie.

    Mais la crise économique et un retour en grâce de méthodes protectionnistes risquent aussi de stimuler la colère de millions de travailleurs. Si l’État est capable de nationaliser pour préserver les profits des actionnaires, pourquoi ne peut-il pas nationaliser pour préserver les emplois des travailleurs?

    Il est clair que les premières conclusions tirées par les travailleurs seront de demander à l’Etat des réponses concrètes à leurs problèmes concrets. Mais l’expérience et l’intervention des marxistes seront décisives pour démontrer aux travailleurs que l’État est par nature un État au service des capitalistes et qu’il défend les intérêts de ceux-ci et non ceux de la majorité de la population. Seule une société où la production serait orientée et gérée par les travailleurs peut permettre de répondre aux besoins profonds de ceux-ci. Seul le socialisme peut sortir l’humanité des crises, des guerres et de la misère.


    1. Jim Cramer, CNBC Finance News Network, NY Times, 20/01/2008

    Liens:

  • Les prix de l’énergie augmentent, le mécontentement aussi !

    Les camionneurs, les paysans et les marins-pêcheurs : voilà quelques groupes parmi d’autres qui ressentent durement les conséquences des prix élevés de l’énergie et qui se sont lancés dans des mouvements de protestation. Ces dernières semaines, différents pays européens ont connu des actions de routiers qui ont fortement paralysé le trafic.

    En Espagne, cela a entraîné une répression brutale de la police contre des routiers qui menaient des actions. Le blocus des chauffeurs a notamment eu pour conséquence que les livraisons de pièces pour l’usine Ford à Genk ou General Motors à Anvers ont été mises en difficulté.

    Les protestations ne se sont pas limitées au sud de l’Europe. La Corée du Sud a par exemple connu des actions : 13.000 routiers en grève ont été rejoints par 17.000 ouvriers du bâtiment. Presque toute l’Europe a connu des actions de protestation, y compris à Bruxelles où l’UPTR, une des organisations patronales du transport routier, avait appelé à manifester. Les camionneurs sont au bord du gouffre maintenant que les prix de l’essence ont augmenté de 20% déjà depuis janvier.

    Cette hausse du prix de l’essence ne s’explique pas simplement par le jeu de l’offre et de la demande. Celles-ci diffèrent à peine aujourd’hui de ce qu’elles étaient fin 2006 quand le prix du pétrole était à 60 dollars le baril de brut. Et pourtant le prix a plus que doublé durant cette période ! L’expert Fadel Gheit, d’Oppenheimer & Co, a affirmé devant une commission parlementaire aux Etats-Unis que si les prix sont tellement élevés, c’est à cause de la spéculation.

    Pendant que nous payons des prix record à la pompe, les spéculateurs et les multinationales du pétrole empochent des profits record. Depuis 2005, les cinq plus grandes entreprises pétrolières ont réparti 170 milliards de dollars de profit entre leurs grands actionnaires. En 2007, leurs profits cumulés ont atteint 93 milliards de dollars.

  • Opel-Anvers suit le scénario VW : 1.400 travailleurs victimes du nouveau carnage social

    La direction de General Motors a enfin clarifié les choses ! Oui, mais au détriment des salariés d’Opel à Anvers… Ce sont 1.400 emplois qui disparaîtront d’ici la fin de l’année. En outre, la nouvelle Astra ne sera pas construite à Anvers. Un modèle de Chevrolet, au succès incertain, sera construit là-bas. Les salariés ont arrêté le travail mais le mot ‘grève’ n’est pas prononcé.

    Geert Cool

    A Opel comme à VW

    General Motors a finalement décidé que la construction de la nouvelle Astra sera effectuée par quatre des cinq sites – Ellesmere Port en Grande-Bretagne, à Bochum en Allemagne, à Gliwice en Pologne et à Trollhättan en Suède – tandis que le site d’Anvers sera consacré à une partie de la production de la Chevrolet.

    Opel suit donc l’exemple de VW. Comme nous l’avons déjà écrit, les parallèles sont trop frappants. Dans les deux cas, la direction a essayé de dresser les différents sites les uns contre les autres afin de décrocher un maximum de concessions sur le plan de la flexibilité. Opel a longtemps laissé planer le scénario le plus sombre en espérant ainsi moins de réactions à l’annonce du plan d’assainissement.

    Solidarité européenne?

    Il règne dans les sites d’Opel une solidarité européenne entre les syndicats des différentes sites. Il a notamment été convenu de répartir les assainissements sur tous les sites. Un succès partiel. Si cette stratégie est importante pour stopper la politique de la direction de « diviser-pour-mieux-régner », cela n’a pas pu arrêter des coups durs.

    Lorsqu’en 2005, General Motors avait laissé courir le bruit que 12 usines et 30.000 salariés devaient disparaître aux USA, il était évident que l’Europe allait suivre. Une épuipe a déjà disparu à Ellesmere Port en Grande-Bretagne (900 salariés), 1000 salariés ont été licenciés en 2006 à Azambuja au Portugal et des milliers d’emplois ont aussi été perdus en Allemagne.

    Ces attaques ont mené à des actions de protestation au niveau européen. Dans onze sites européens de GM (60.000 salariés), le travail a été arrêté pour une courte durée. Au vu de la dureté des attaques, cette politique était trop défensive. La solidarité européenne tiendra-t-elle encore longtemps si Opel-Anvers est transformé en Chevrolet-Anvers avec une usine à capacité réduite ? Et si GM ne réusit pas à lancer les modèles Chevrolet « à prix démocratique » sur le marché européen ? L’arrivée de Chevrolet est en soi loin d’être certaine.

    Chevrolet

    Jusqu’ici, Chevrolet est surtout connue comme une marque de voitures de luxe américaines. Après avoir racheté Daewoo, GM désire avant tout produire d’anciens modèles de la marque coréenne sous le nom de Chevrolet pour le marché européen, Daewoo ayant une réputation trop négative. Ainsi, depuis 2005 déjà, GM commercialise des Daewoo sous l’appelation Chevrolet.

    Par rapport au succès quasi-assuré de l’Opel Astra, le nouveau modèle de Chevrolet court un risque élevé et la direction s’attend déjà à un succès mitigé. Mais le nombre de Chevrolet vendues a connu une croissance, surtout en Europe de l’Est où déjà 350.000 voitures ont trouvé acquéreur. Mais que fera-t-on si la direction de GM décide de construire ce modèle en Europe de l’Est ?

    Réactions syndicales

    Les travailleurs d’Opel ont stoppé le travail quand la suppression des 1.400 emplois a été annoncée. On a en revanche pris soin d’insister sur le fait qu’un arrêt de travail n’équivaut pas à une grève. Les travailleurs ont reçu la permission de rentrer à la maison. Le délégué FGTB Rudi Kennis – sixième candidat sur la liste SP.a pour la Chambre à Anvers… – a déclaré que plutôt que de licencier une des trois équipes, il préfèrait répartir les pertes sur l’ensemble du site. Les syndicats ont donc, semble-t-il, accepté les licenciements d’avance. Les syndicats pourraient tenter de se servir des négociations étalées dans le temps dans le cadre de la loi Renault pour créer un rapport de forces, comme ce fut le cas avec succès à Agfa-Gevaert. Mais il y a de sérieux doutes sur leur volonté de procéder de la sorte.

    Qu’une lutte semblable à celle de VW se développe est également loin d’être garanti. Pour le délégué CSC Luc Van Grinsven: « Opel-Anvers n’a pas une tradition de conflits. Faire la grève maintenant ne jouerait qu’à l’avantage de la direction. » En conséquence, il n’a été permis aux travailleurs que de rentrer à la maison avec la garantie que les salaires continueraient à être payés. C’est tout à l’avantage de la direction face à la colère qui vit parmi les travailleurs et qui, si elle s’exprimait à l’usine, ferait perdre la mainmise de la direction de l’entreprise (et d’une partie de la direction syndicale) sur les salariés.

    Les réactions d’une série de travailleurs étaient sans équivoque: « Nous ne voulons pas voir nos conditions de travail et de salaires descendre à un niveau plus bas encore, nous n’acceptons pas les pertes d’emploi dans l’usine, nous ne voulons pas de scénario « VW ». Les réactions des salariés d’Opel et de VW sont identiques et il est bien commode de tenter d’étouffer l’expression organisée de ce sentiment.

    Réactions politiques

    Les politiciens traditionnels se sont empressés de limiter les dégâts avant les élections. Peu importe à leurs yeux le sort des 1.400 salariés foutus à la porte tant que leur image peut être préservée. Le premier ministre Verhofstadt souhaite, en concertation avec le gouvernement flamand, aboutir à « un scénario de transition plus avantageux pour le modèle Chevrolet à Anvers ». On négociera donc sur plus de flexibilité et plus de baisses de charges patronales. Un air déjà entendu notamment… à VW.

    Jusqu’où peut-on encore pousser davantage la flexibilité et la productivité ? Avec le réglement « plus/minus », il est maintenant possible d’étaler le temps de travail sur… six ans avec la possibilité d’une semaine de travail de 48 heures et une journée de travail de 10 heures. Les charges patronales ont également été abaissées,… Combien de cadeaux supplémentaires le gouvernement accordera-t-il au patronat alors qu’ils sont loin d’avoir pu empêcher le démantèlement d’Opel-Anvers…

    Face à la logique néolibérale de démantèlement social et de pertes d’emploi pour maximaliser les profits, il faut une autre politique. Ces nouvelles pertes d’emplois si près des échéances électorales sont un problème pour des politiciens qui n’ont d’autres réponses à offrir que des recettes périmées comme la réduction des charges patronales et l’augmentation de la flexibilité pour les travailleurs. A cela, nous opposons la lutte internationale pour le maintien de tous les emplois dans le secteur de l’automobile.


    Nombre de travailleurs chez Opel-Anvers:

    • 1990: 10.000
    • 1992: 8.797
    • 1996: 6.814
    • 2001: 5.400
    • 2004: 5.100
    • 2008: 3.700?

    Nombre de travailleurs dans le secteur automobile : – 10.800 entre 2000 et 2010

    • Ford Genk: 11.400 (2000) -> 6.000 (2010)
    • VW-Forest: 7.100 (2000) -> 2.300 (2010)
    • Opel-Anvers: 5.600 (2000) -> 3.700 (2010)
    • Volvo-Gand: 3.700 (2000) -> 5.000 (2010)
  • Opel. De nouvelles attaques sur un scénario bien connu

    VW-Forest a créé un précédent. Avec le soutien du gouvernement et de la direction syndicale, VW a pu imposer une augmentation de la flexibilité et du temps de travail sans augmentation salariale. Les autres entreprises envient évidemment un tel résultat. Opel a décidé de partir à l’attaque.

    Geert Cool

    Concurrence entre filiales

    Opel dépend de General Motors et possède à Anvers une usine de 5.100 travailleurs. La production du nouveau modèle d’Opel Astra va bientôt commencer et la direction a annoncé des mesures « d’assainissement ».

    Cependant, rien n’est encore clair : General Motors veut d’abord regarder ce qu’elle est capable d’obtenir en jouant sur la concurrence entre les salaires et les conditions de travail des sites de Suède, d’Angleterre, de Pologne, d’Allemagne et de Belgique. Hans Demant, un membre de la direction, a ainsi déclaré que la décision sera prise sur base de critères comme « la flexibililté, la productivité, la qualité et les possibilités logistiques ». (Automobilwoche, 5 mars)

    De toute façon, la direction veut travailler avec moins de personnel, d’autant plus qu’elle estime qu’il y aurait actuellement une surcapacité de production de 250.000 voitures. La fermeture de l’usine est improbable, les syndicats ayant à Opel un accord européen pour étendre les assainissements autant que possible à toutes les filiales plutôt que de fermer un site. Une ou deux équipes devraient être virées (à peu près 1.000 emplois par équipe) : ce sont Bochum en Allemagne et Anvers qui courent le plus grand risque de voir chacune une de leurs équipes disparaître.

    GM fait à nouveau des profits…

    Après quelques années de perte, General Motors a dépassé ses prévisions et réalisé un profit net de 950 millions de dollars au quatrième trimestre 2006. Un an avant, la perte était de 6,6 milliards de dollars. Depuis lors, des « assainissements » brutaux ont été effectués en Amérique du Nord. L’entreprise veut, pour la fin 2008, avoir viré un total de 30.000 personnes et avoir fermé neuf filiales. Une bonne partie de ces « assainissements » a déjà été appliquée.

    Il est à craindre que ce soit maintenant au tour de l’Europe. En 2006, « un assainissement des coûts » de 6,8 milliards de dollars a déjà été fait, la direction veut poursuivre cette année dans cette voie pour 9 milliards de dollars. Le profit net réalisé l’an dernier était de 172 millions d’EUR mais la direction en veut visiblement plus.

    … mais ce n’est pas assez

    Pour cela, une partie de la production a été délocalisée vers des pays meilleur marché. En Russie, la production de GM est passée l’année dernière de 40.000 à 100.000 unités.

    Selon une étude allemande, la production d’une voiture en Europe de l’Est coûte 23% moins cher qu’en Allemagne. Les coûts salariaux pour une Golf seraient par exemple de 1.926 EUR en Allemagne contre 770 en Europe de l’Est. Cependant, les salaires ne forment que 15% du coût de production. Mais les matériaux seraient aussi meilleur marché.

    De tels chiffres sont suivis de près par les directions des entreprises. Ainsi, les « assainissements » imposés aux travailleurs de VW-Forest doivent mener à ce que les Audi sortent de la chaîne au coût de 32 EUR par heure et par voiture, 10 EUR de moins qu’en Allemagne.

    Anvers: plus de flexibilité

    A Anvers, les syndicats et la direction ont déjà signé une déclaration d’intention pour, entre autres, introduire plus de flexibilité et limiter les adaptations salariales. Ainsi, il est possible de travailler un samedi tous les mois et, jusqu’à la mi-2009, seules les augmentations prévues par l’indexation seraient accordées. De plus, un accord-cadre se prépare autour de l’outsourcing.

    Un accord a été conclu dans le secteur automobile flamand pour permettre une flexiblité élaborée autour d’un temps de travail variable (avec la possibilité d’une journée de 10 heures) calculé sur six ans, ce qui rend presque impossible d’encore toucher des heures supplémentaires.

    Quelle réponse?

    Où va s’arrêter la spirale infernale des salaires et des conditions de travail? S’en remettre aux directions des entreprises automobiles revient à accepter le niveau le plus bas possible. Contre la politique de division des directions de ce secteur, il FAUT une résistance unifiée.

    • Non aux pertes d’emplois, à l’augmentation de la flexibilité et à l’outsourcing
    • Pour une répartition du travail disponible et une diminution du temps de travail sans perte de salaire
    • Pas de transfert de production vers d’autres filiales sans l’accord des travailleurs
    • Ouverture des comptes des grandes entreprises automobiles pour une transparence de leur situation financière
    • Développement de voitures plus écologiques en utilisant les connaissances des travailleurs de des entreprises automobiles et avec des investissements publics dans la recherche scientifique
    • Pour une planification socialiste sous le contrôle des travailleurs, combinée à un plan de transport par pays et par région sous contrôle public
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