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  • 70 manifestants anti-fascistes battent le pavé pour « accueillir » Jean-Marie Le Pen

    Bruxelles :

    Ce mercredi 30 janvier (75 ans jour pour jour après la nomination d’Adolf Hitler comme chancelier du Reich…une « heureuse » coïncidence ?), Jean-Marie Le Pen, président du Front National français, était invité par le FN belge pour un « dîner-rencontre » dans les salles du Parlement européen. Résistance Internationale avait mobilisé contre cette rencontre.

    Cédric Gérôme

    Le FN belge entendait avec cette soirée marquer d’une pierre blanche la consécration de sa nouvelle direction autour de Michel Delacroix, après l’éviction de l’ex-président à vie du parti, Daniel Féret, emmêlé dans de multiples scandales politico-judiciaires et magouilles en tout genre. L’exclusion de Féret et l’appui de Le Pen doivent servir de prétextes au parti néo-fasciste pour se donner une nouvelle image « respectable », débarrassée de son étiquette de « poignée d’escrocs » qui lui colle à la peau.

    Ce même mercredi soir, près de 70 personnes avaient répondu présents à notre appel à manifester pour protester contre la venue de Le Pen à Bruxelles. Le petit cortège dynamique et combatif a déambulé dans les rues avoisinant le quartier européen, aux cris de « Résistance Internationale, contre le fascisme et le capital ! », ou encore « F comme fasciste, et N comme nazi : à bas ! à bas ! le Front National ! ».

    Il est à regretter que les journalistes -pourtant au courant de notre action via le communiqué de presse que nous avions envoyé aux différents médias- brillaient par leur absence ; le journal Le Soir a ainsi consacré une page entière au banquet de l’extrême-droite francophone sans toucher une seule ligne sur notre manifestation…

    Quoiqu’il en soit, une quinzaine de jeunes, mobilisés grâce aux nombreux tractages de mobilisation que nous avions réalisé durant les deux semaines précédentes dans leurs lycées, nous ont laissé leurs coordonnées pour en savoir plus et participer à notre campagne Résistance Internationale. Une réunion-meeting aura lieu demain (le 06/02) à 15h au café « L’Horloge du Sud » à Ixelles sur le thème « Comment combattre l’extrême-droite ? »

    Depuis lors, les mobilisations antifascistes continuent vers la manifestation anti-NSV du 6 mars, à Gand.

    Toi aussi, rejoins Résistance Internationale et participe à nos actions !


    En savoir plus :

  • Qui est Jean-Marie Le Pen ?

    Le Pen devint actif en tant qu’étudiant de droite à Paris à la fin des années ‘40. Il faisait partie du groupe "Corpo de Droit" (une fraction de droite à l’intérieur de l’UNEF – Union Nationale des Etudiants Français, le syndicat étudiant).

    Geert Cool

    Il devint graduellement de plus en plus actif politiquement. Comme il l’a lui-même expliqué : « L’invasion de l’Armée Rouge à Berlin m’avait convaincu de la nécessité de lutter contre le communisme – une force de répression et de tyrannie ». Au sein du mouvement anti-communiste, le gouvernement De Gaulle ne pouvait compter que sur très peu de soutien de la part des anciens partisans du régime collaborateur de Vichy mené par le maréchal Pétain (qui n’était rien de plus qu’une marionnette au service de Hitler en France). De plus, en France, la gauche était sortie extrêmement renforcée de la guerre et il y avait le danger d’un mouvement massif qui pourrait porter les communistes au pouvoir. C’est pourquoi De Gaulle n’a jamais réellement condamné le collaborationnisme, mais fit au contraire appel à plusieurs figures connues issues de cette tradition nazie.

    Le Pen fut assez rapidement promu à la tête du service d’ordre de Jacques Isorni, un avocat fort discuté, membre du groupe UNIR (Union Nationale Indépendante des Républicains), un groupe défendu par les vichystes. C’est ainsi qu’Isorni apparut en tant qu’avocat de Pétain dans son procès après la guerre.

    Parce qu’il prenait au pied de la lettre son désir de lutter contre le communisme, en 1953, Le Pen s’embarqua pour l’Indochine (qui devint plus tard le Vietnam, le Laos et le Cambodge) avec l’armée. Les Français y subirent une grave défaite, comme les Etats-Unis à leur suite, et après qu’un accord de paix ait été conclu en 1954 (avec la scission du Vietnam), Le Pen revint en France pour y devenir actif politiquement.

    Le Pen se fit membre du mouvement poujadiste, fondé par Pierre Poujade en guise de protestation contre une taxe imposée aux petits commerçants et indépendants. Poujade tenait un discours populiste pour recevoir un soutien des indépendants. Il pouvait aussi compter sur le soutien de néo-nazis tels que Maurice Bardèche, un auteur connu pour son livre « Nuremberg ou la terre promise » dans lequel il nie l’holocauste (l’édition en néerlandais fut traduite par une certain Karel Dillen (1)…). Bardèche y formulait tout de même quelques critiques concernant Hitler : il trouvait que le fascisme allemand n’était pas assez pur !

    Le mouvement poujadiste pouvait compter sur énormément de sympathie de la part de la droite, et obtint une victoire électorale en 1956, grâce à laquelle Le Pen fut élu au Parlement. A la base de cette victoire, se trouvait essentiellement une rhétorique anti-establishment et le rejet des politiciens traditionnels ; nombre des poujadistes provenaient du mouvement du président De Gaulle (Poujade lui-même avait d’abord été parlementaire pour les gaullistes). Les poujadistes tiraient leur image anti-establishment dans une sphère raciste et antisémite. Le gouvernement de France-Mendès fut décrit comme un gouvernement juif qui n’avait rien à voir avec la France.

    Le succès des poujadistes fut de très courte durée. On trouvait de nombreuses différences d’opinion parmi ce mouvement. Ainsi, Le Pen était opposé à l’approche relâchée de Poujade, qui refusait d’organiser le mouvement. Poujade disait que ses partisans devaient être « parmi les gens » au lieu de s’organiser en sections locales. Au contraire, Le Pen était partisan de l’édification d’un parti avec un cadre fort. Un autre point de discussion était les positions concernant l’Algérie et la lutte pour l’indépendance qui s’y déroulait. Le Pen et la plupart des poujadistes étaient complètement opposés à la possibilité d’une indépendance. Le Pen déclarait que l’Algérie devait rester une colonie parce que cela donnait la garantie que la race blanche soit protégée par une meilleure répression des Algériens.

    Après la scission du mouvement poujadiste, Le Pen se rendit en Algérie pour y servir en tant qu’officier de l’armée. Lors des mois précédents, il était devenu évident que les Français n’étaient pas des tendres et ne reculaient pas devant la torture la plus brutale, les exécutions de masse, etc. Le Pen fit personnellement partie de ces interventions violentes de l’armée française. Il déclara même plus tard : « J’ai torturé parce que cela était nécessaire » (Le Combat, 9/11/1962). Le Pen trouvait cela nécessaire parce que ce serait un signal pour les « barbares ». La répression des Algériens était, selon lui, en partie « biologiquement déterminée ».

    De retour en France, Le Pen prit part aux négociations autour d’un éventuel coup d’Etat de la part du groupe terroriste OAS (Organisation de l’Armée Secrète, un groupe qui s’opposait à l’indépendance de l’Algérie), mais il trouva finalement cette participation trop risquée et retira son soutien.

    Dans les années 60, la droite fut poussée sur la défensive. L’Algérie, après l’Indochine, s’était avérée être une nouvelle défaite, et l’extrême-droite française était fragmentée, de sorte qu’elle n’avait quasi plus aucun impact. Le Pen se retira dans sa librairie et sa maison d’édition, dans laquelle il publiait de la propagande de droite. Ceci le conduisit à être condamné à deux reprises (en 1965 et 68) pour sa production de disques reproduisant les discours d’Hitler !

    Au début des années ‘70, des négociations furent entamées entre les différentes organisations d’extrême-droite en vue d’une alliance, un « front nationaliste ». La plus importante de ces forces était le groupe « Ordre Nouveau », une organisation connue pour la violence de ses membres, lesquels n’hésitaient pas à malmener physiquement leurs adversaires politiques. Cet Ordre Nouveau fut même interdit à un certain moment après une véritable bataille contre des militants de gauche. Lorsque l’alliance du Front National fut lancée en 1972, l’Ordre Nouveau comptait pour un tiers des membres du FN. Le Pen devint assez vite le dirigeant du FN, et entreprit des tentatives d’organiser cette alliance en un parti fortement organisé. Ce fut sa principale préoccupation pendant les années ‘70, ce qui le poussa à écarter l’opposition de l’Ordre Nouveau.

    A partir des années ‘80, le FN commença à obtenir un plus grand impact lors des élections. En 1981, le gouvernement de gauche de Mitterand arriva au pouvoir sur base d’un programme qui promettait de rompre avec le capitalisme. Les sociaux-démocrates et communistes au gouvernement refusèrent de rompre réellement avec la logique du système actuel, et se virent contraints, dans une période de crise économique, de mener une politique libérale. Ceci fut à la base d’un mécontentement contre les sociaux-démocrates et les communistes. Un mécontentement que le FN employa habilement afin de se profiler comme étant les seuls à réellement se soucier des intérêts des Français.

    Ceci devint clair lors des élections communales de Dreux (près de Paris), lors desquelles le FN obtint ses quatre premiers élus, au début des années ‘80. Le FN y avait mené une importante campagne anti-immigrés. Les journaux de l’époque relataient les histoires de faux colporteurs de produits de luxe qui sonnaient aux portes, et comment Mohammed avait ainsi pu s’acheter deux télés ou un lecteur vidéo. La campagne raciste trouva un accès faute d’une alternative après le désastre du gouvernement Mitterand. En outre, le FN fut aidé par un accord électoral avec le RPR de Jacques Chirac, lequel disait qu’il préférait avoir 4 membres du FN au conseil communal, plutôt que 4 communistes.

    Le FN reçut un énorme soutien venant d’un côté inattendu. Mitterand voulait renforcer sa position en modifiant le système électoral (passer à un système proportionnel plutôt que le système majoritaire), de sorte que chaque fraction de la droite puisse gagner des représentants, renforçant ainsi la division de la droite. Mitterand voyait dans le FN un outil idéal pour affaiblir la droite traditionnelle (le RPR de Chirac). Mitterand fut donc le premier à laisser participer le FN à un débat télévisé sur une chaîne d’Etat. La conséquence ne se fit pas attendre : en 1986, le FN récoltait 10% des voix et, par conséquent, 10% des sièges. Mitterand avait commis une erreur cruciale en pensant en termes de calculs électoraux. Le FN avait enfin de compte pris énormément de voix à la social-démocratie, et était porté par les électeurs de gauche dégoûtés.

    La percée du FN dans les années ‘80 mena par conséquent la droite à adopter une partie de la rhétorique du FN. Ainsi le Ministre Pasqua (RPR) reprocha-t-il à son propre Premier Ministre d’avoir été trop laxiste avec les immigrés. Le RPR essaya aussi d’arriver à une alliance électorale avec le FN, mais sans succès. Ces éléments rendirent le FN encore plus fréquentable, ce qui rendit également les militants fascistes de plus en plus confiants en eux-mêmes. A partir de la fin des années ‘80, plusieurs cas de violences avaient déjà été rapportés. Par exemple, un cimetière juif fut complètement dévasté en 1988. En 1993, un journaliste fut battu lors d’un meeting du FN.

    Le Pen continua à suivre sa ligne dure. Il a laissé échapper que l’holocauste était un « détail de l’histoire », puis fut condamné après qu’il ait frappé un candidat d’un autre parti lors de la campagne électorale,…


    (1) Karel Dillen est un des membres fondateurs du Vlaams Belang, parti néonazi flamand

    Liens

  • Un plan d’action pour défendre le pouvoir d’achat. Un parti des travailleurs pour l’appliquer !

    Leterme a remis ça. Il avait déjà dit que les francophones étaient “intellectuellement incapables d’apprendre le néerlandais”. Maintenant il compare la télé de la RTBF avec la Radio Mille Collines, la radio rwandaise qui avait appelé au génocide des Tutsis et des Hutus modérés. Il faut oser !

    Tract du MAS

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    Bêtises ou provocations ?

    Mais Leterme n’est pas le seul à jouer ce petit jeu. Depuis six mois, nous assistons à une surenchère de déclarations et de « petites phrases » assassines. Ce n’est pas seulement dû au stress des négociations. Pour nous, ces déclarations et ces provocations sont destinées à diviser les travailleurs flamands, wallons et bruxellois ainsi qu’à créer un climat qui rende possible l’attaque frontale que le patronat voudrait lancer sur nos acquis.

    Nous connaissons les lignes directrices de cette attaque :

    • une forte diminution du nombre de fonctionnaires
    • la libéralisation et la privatisation de La Poste et la SNCB
    • la liquidation des logements sociaux par les partenariats public-privé
    • encore plus de flexibilité et de travail précaire
    • un enseignement moins accessible, au service des entreprises et aux dépens de l’enseignement général
    • la limitation ou la dégressivité dans le temps des allocations de chômage
    • un « pacte de solidarité entre les générations » bis, etc.

    Mais comme la politique du « diviser pour régner » de Leterme et autres risque de ne pas suffire, le patronat se méfie : un nouveau renforcement de l’arsenal antigrève (astreintes, requêtes unilatérales,…) et l’instauration d’un service minimum en cas de grève seraient les bienvenus. Le patronat rêve par exemple d’une victoire dans le procès qui l’oppose aux grévistes de SN Brussels.

    Un plan d’action pour le pouvoir d’achat

    Le MAS/LSP (Mouvement pour une Alternative Socialiste / Linkse Socialistische Partij) soutient le Front commun syndical pour exiger une sécurité sociale forte et fédérale, plus de pouvoir d’achat et une fiscalité plus équitable. Les travailleurs et leurs familles n’ont pas pu profiter de la croissance économique de ces dernières années. Après 19 années de participation gouvernementale des partis « socialistes », le nombre de pauvres « officiels » a plus que doublé tandis que les entreprises, leurs actionnaires et leurs managers ont empoché le butin.

    Les premiers symptômes d’une crise économique sont déjà visibles. Les prix s’enflamment. Les patrons vont de nouveau appeler les travailleurs à « modérer » leurs salaires et remettre en question un index-santé pourtant déjà bien malade. Dans les entreprises, ils vont aussi essayer d’imposer des « économies » notamment sous la menace de fermetures.

    Seule une offensive syndicale pour rétablir complètement l’index et pour lier les allocations au bien-être peut éviter une extension accélérée de la pauvreté, y compris parmi des travailleurs actifs. Une telle offensive demande une bonne préparation dans les entreprises, les régions et les secteurs, y compris avec des réunions interprofessionnelles régionales, pour établir un plan d’action. Il faudra en plus mobiliser la population pour soutenir l’offensive syndicale. Les militants et délégués doivent construire un réseau ferme de militants combatifs afin de conduire cette offensive en paroles et surtout en actes.

    Il faut un parti de masse pour les travailleurs

    Nous pouvons et devons mener la lutte syndicale sur le plan de l’entreprise et du secteur. Mais les syndicats ne peuvent pas se limiter à cela. La politique économique et la réglementation du travail sont fixés par des lois et des règlements établis au niveau politique. Nous ne pouvons pas compter sur le PS et les Ecolos pour nous défendre. C’est pourquoi le MAS/LSP appelle depuis des années à la création d’un nouveau parti des travailleurs, large et de masse.

    Celui-ci permettrait d’unifier les travailleurs et tous les opprimés en menant la lutte contre chaque forme d’exploitation et d’oppression. Il pourrait organiser le débat sur une alternative politique partant des besoins de la population face à la politique néolibérale qui ne cherche qu’à favoriser la course au profit d’une poignés de riches. Il pourrait représenter dans les institutions politiques les actions menées dans les entreprises, les quartiers et les écoles et mettre les politiciens néolibéraux au pied du mur. Les syndicats ont les meilleurs atouts afin de créer un tel parti.

    Mais celui qui attend, les bras croisés, que les dirigeants syndicaux prennent l’initiative ne verra jamais la naissance de ce parti. Pour faire avancer les choses, le MAS/LSP s’est uni avec d’autres (syndicalistes, militants,…) au sein du CAP (Comité pour une Autre Politique) pour populariser l’idée d’un nouveau parti des travailleurs. A ce titre, le CAP distribue aujourd’hui 20.000 tracts dans cette manifestation. Un nouveau parti des travailleurs pourrait nous permettre de sortir de la défensive et nous offrir la possibilité de passer à l’offensive. Un tel parti pourrait aussi lutter contre le poison du racisme et du nationalisme et faire fondre le soutien populaire que reçoivent malheureusement aujourd’hui le Front National, le Vlaams Belang et la Liste Dedecker.

    Le MAS/LSP, un outil pour lutter pour le socialisme démocratique

    Le MAS/LSP veut pleinement collaborer à la formation d’un parti des travailleurs. Nous ne voulons pas lui imposer notre programme mais l’offrir en contribution à la discussion à côté d’autres. Nous pensons que la lutte contre la pauvreté, l’exploitation et l’oppression ne peut arracher que des améliorations temporaires que le patronat remettra inévitablement en question. A terme, cela ne peut mener qu’à la démoralisation. Des améliorations durables ne sont possibles que dans un autre système, basé non pas sur la course au profit mais sur la solidarité. Et la solidarité ne s’impose pas, elle s’obtient par la participation et le respect mutuel. Nous pensons que cela ne peut se faire que dans le cadre d’une société socialiste démocratique.

    La défense des intérêts des travailleurs et des opprimés exige un parti des travailleurs, sinon des populistes de droite instrumentaliseront la frustration afin d’injecter leur poison raciste et communautaire. Parallèlement, la lutte pour un changement de société demande une organisation socialiste et révolutionnaire, construite avec patience et détermination. Celle-ci doit être capable de défendre et de diffuser ses opinions à travers le débat avec d’autres opinions. Elle ne peut le faire simplement en “commentant de l’extérieur” mais en illustrant quotidiennement par la pratique la nécessité d’un changement de société, même quand cette idée n’est pas (encore) populaire. Le MAS/LSP veut être cet instrument ou en faire partie s’il s’avère à l’avenir que d’autres seront arrivés à la même conclusion. Rejoignez-nous.

  • Scission au FN : on prend les mêmes et on recommence ?

    Traîné en justice pour racisme et pour détournements de fonds, Daniel Féret ne semble plus non plus contrôler le FN : celui-ci se retrouve scindé en deux parties. Le Front National et l’extrême-droite wallonne appartiennent-ils pour autant au passé ?

    Baptiste Libois

    Le Front National a beau adopter une phraséologie virulente à l’égard de la corruption des politiciens traditionnels et déclarer vouloir balayer les pourris du monde politique, les faits démontrent que le grand maître du FN a détourné des fonds de son parti (financé à hauteur de 90% par l’Etat ) pour s’attribuer, par exemple, une villa dans le Sud de la France. Et en grand despote qui se respecte, Daniel Féret a dirigé d’une main de fer le FN ; quiconque n’en était pas heureux était écarté.

    Néanmoins, certains membres du FN ne se sont pas résignés à cette mainmise et, en 20 ans, il y aurait eu pas moins de 35 courants anti-féretistes dans le FN. Ainsi, si le Front National se retrouve aujourd’hui coupé en deux, il s’entredéchire déjà depuis des années. Mais le FN ayant à présent éclaté, est-ce la fin de l’extrême-droite en Wallonie ? Rien n’est moins sûr.

    Si le FN n’atteint pas les scores électoraux du Vlaams Belang, ce n’est certainement pas parce que les Flamands sont plus nationalistes et racistes que les Wallons. La raison est que le FN n’a que très peu de militants actifs et ne possède pas un véritable dynamisme de construction. Toutefois, sur base du mécontentement face aux politiques antisociales des derniers gouvernements et du racisme face auquel aucun parti traditionnel n’a de réponse, le potentiel pour une organisation d’extrême-droite reste présent. Les suffrages que récolte le FN malgré son absence d’activité illustrent ce processus.

    A présent, alors que l’Orange Bleue promet d’autant plus d’attaques contre les acquis sociaux, les anti-Féret du FN ne comptent pas en rester là. Ils envisagent de “refonder le Front National de manière structurelle, sur le modèle du Vlaams Belang, et idéologique, sur la base d’un corpus nationaliste et populiste”.

    Le FN, s’il devient plus actif, sera d’autant plus dangereux sur le plan politique, et sera d’autant plus capable de recueillir les voix de protestation contre le néolibéralisme, sans cependant pouvoir bénéficier du temps sur lequel le VB a pu compter pour se construire.

    Comme nous pouvons le voir, si les néo-fascistes ne représentent en rien une alternative, il ne faut pas non plus s’attendre à ce que leur fin découle de leurs bagarres internes.

    Le seul moyen d’anéantir l’extrême droite, c’est de proposer une réelle alternative de gauche à la politique de casse sociale des partis capitalistes traditionnels et de l’extrême droite pour les travailleurs, les chômeurs, les jeunes et les retraités, flamands, wallons, bruxellois ou immigrés.

    Toi aussi, rejoins-nous dans le combat anti-fasciste, défends avec nous l’idée qu’un nouveau parti des travailleurs est nécessaire. Le CAP est aujourd’hui un bon moyen pour cela !

  • Non au racisme. Tout qui nous divise, nous affaiblit

    Aux élections du 10 juin, le Vlaams Belang n’a pas réussi à continuer sa progression. À Bruxelles, Anvers, Gand et Malines, il a même reculé. Du côté francophone, le Front National, lui aussi, stagne et chute même par rapport aux régionales de 2004. Au même moment, le Front National de Jean-Marie Le Pen a fortement chuté lors des élections législatives françaises pour se retrouver avec à peine 4% des suffrages. La lutte contre l’extrême-droite et le racisme est-elle finie ? La campagne antifasciste Blokbuster n’est pas de cet avis.

    Aux élections communales d’octobre 2006, le Vlaams Belang ne s’est développé que de façon limitée à Anvers (33,5% tout de même… !). Nombreux sont ceux à avoir espéré alors qu’il s’agissait là du début de l’effritement du VB. Cette fois, Dewinter & C° n’ont que peu progressé: 19% en Flandre contre 18% en 2003 et 24% en 2004, en perdant même un siège à la Chambre à Anvers. Du côté francophone, le FN est resté stable à un petit 6%, sans aucune croissance.

    Ces résultats électoraux ne sont hélas pas révélateurs d’une moindre ouverture dans la société aux idées et aux arguments racistes. Cela ne signifie pas non plus que le VB s’est heurté à son “plafond”. Durant ces élections, les arguments du VB ont été repris par d’autres alors que sa propre campagne était « douce ». Dans les faits, c’est la moindre démarcation du VB vis-à-vis des autres partis qui a limité sa croissance.

    Une menace persistante

    Début juin, un jeune Marocain s’est fait tirer dessus à Lokeren. Un peu tard, les médias ont accordé beaucoup d’attention au chien d’un employeur qui grognait systématiquement sur les gens de couleurs, sans que ce patron en soit choqué. Un Noir avait d’ailleurs été refusé dans l’entreprise sur cette base. Autre affaire qui a rempli les colonnes des journaux, cette entreprise de sécurité qui refusait d’embaucher des immigrés et qui avait conclu un accord avec un sollicitant rejeté pour éviter plus de publicité négative.

    En d’autres mots, le racisme est toujours présent et la politique de division menée par la bourgeoisie et ses politiciens n’améliore rien. D’un côté, les patrons disent qu’il y a pénurie de travailleurs, ce qui leur permet de réclamer un accès plus facile à des travailleurs étrangers – évidemment meilleur marché. De l’autre côté, la répression contre les étrangers continue, de même que l’exploitation par les marchands de sommeil, l’obligation de se tourner vers le travail en noir,… Quand la presse a annoncé que dans les filiales anversoises de Quick des sans-papiers travaillaient pour 3,3 EUR de l’heure, était-ce vraiment une surprise ?

    A côté de la présence de préjugés racistes qui n’existent pas qu’au Vlaams Belang, l’extrême-droite profite du rejet du système et de la recherche d’alternative parmi de larges couches d’électeurs. L’aversion envers les partis traditionnels reste grande, ce qui offre toujours à l’extrême-droite la possibilité de revenir et de casser ses prétendus “plafonds” électoraux.

    Où est l’alternative ?

    Le Vlaams Belang et le Front National peuvent-il être bloqués définitivement ? Le racisme peut-il être brisé ? OUI. Mais tant que la recherche d’alternative aux problèmes que rencontre la population reste limitée à des solutions individuelles, l’espace existe pour les arguments racistes. Il est toujours plus simple et plus « évident » de frapper vers le bas un grand nombre de victimes que de lutter vers le haut contre les responsables de la politique de casse sociale tant rejetée.

    C’est contre cette casse sociale, contre le démantèlement de nos acquis sociaux, qu’il est nécessaire de s’organiser, ensemble, au-delà des origines ethniques ou religieuses de chacun, et de construire une véritable alternative. C’est dans ce sens que la campagne Blokbuster soutient le Comité pour une Autre Politique (CAP) qui peut être un pas en avant vers la création d’un nouveau parti des travailleurs, qui aurait une importance cruciale pour les luttes de la population. C’est en renforçant la résistance active, en renforçant chaque mouvement de lutte, que la meilleure réponse peut être donnée au mécontentement passif qui conduit souvent à un vote d’extrême-droite. La véritable menace pour le VB, le FN et les autres forces populistes réside dans la construction d’un tel instrument aux mains des travailleurs.

  • FRANCE : Défenseur du patronat contre défenseur du patronat.

    La participation au premier tour aura été impressionnante : 84,5% des électeurs se sont rendus aux urnes – le plus haut taux de participation depuis la naissance de la Ve République en 1958 – contre 71,60% en 2002. Au duel final : Sarkozy contre Royal.

    Nicolas Croes

    Cette participation massive se devinait déjà dans le taux d’audience d’émissions comme « J’ai une question à vous poser », où près de 9 millions de personnes avaient suivis le passage de Ségolène Royal (qui s’est particulièrement distinguée d’ailleurs en répondant invariablement sur chaque sujet qu’il s’agissait de sa priorité…).

    L’identité nationale au coeur du débat

    Nombreux sont ceux qui voulaient éviter de revivre le séisme des dernières présidentielles qui avaient vu le leader du Front National arriver au second tour. C’est notamment cela qui permet de comprendre la « chute » du FN. Finalement, malgré son score tombé à 11,5%, son nombre d’électeurs est assez stable par rapport à 2002.

    Un peu tôt pour crier victoire, donc. Surtout avec un Sarkozy qui affirme que la pédophilie et les suicides des adolescents sont d’origine génétique, qui veut un « ministère de l’intégration et de l’identité nationale » (même Jörg Haider a dénoncé les « nauséeux relents » de ces propos), qui a fait de la stigmatisation des communautés immigrées l’un de ses credos favoris,… Sans même parler de ce qu’il prévoit pour le monde du travail en général…. En définitive, il très proche de la droite dure de Bush, Berlusconi et Aznar.

    Ségolène Royal l’a suivi sur ce terrain, en allant toutefois bien moins loin, en proposant par exemple l’encadrement militaire des jeunes délinquants « pour leur donner une chance dès le premier délit » ou en se référant à tout bout de champ à l’idée de nation française. On peut comprendre que l’enthousiasme ne soit pas gigantesque au PS malgré un résultat meilleur que celui de Jospin en 2002. De plus, si Sarkozy est soutenu par les plus grands patrons français – dont ceux qui contrôlent des médias ( il intimide ainsi souvent les journalistes en disant « C’est marrant, je connais tous vos patrons, je sais ce qui se passe dans votre rédaction. ») – Royal a derrière elle, entre autres, le patron de l’Organisation Mondiale du Commerce.

    Bayrou profite de l’absence d’alternative

    Bénéficiant de la droite effrayée par Nicolas « Bulldozer » Sarkozy et d’une partie de la gauche qui le voyait mieux parti pour battre le président de l’UMP au second tour, Bayrou, candidat du centre, aura été une des surprises de cette campagne et termine la course avec le score de 18,3%. Pour beaucoup, il aura aussi été le candidat à la fois anti PS et UMP. Il faut dire que les médias l’ont bien aidé à ce positionner de la sorte. Lorsqu’il s’est plaint des manipulations des médias, le Nouvel Observateur l’a soupçonné d’avoir « une prétention extravagante à l’égalitarisme ». Au regard de son passé et de son programme, on ne peut pourtant pas vraiment avoir de doutes sur ce qu’il pense de l’égalité… Mais 58% des Français ont effectivement trouvé (à juste titre) que les médias ont accordé une place trop importante à Nicolas Sarkozy et 63% pensent que les journalistes ne sont pas indépendants face aux pressions des partis politiques.

    Pour tenter de gagner le scrutin ultime, Ségolène Royal devra tout faire pour séduire les centristes, au risque d’augmenter les tensions à l’intérieur du PS. Il est encore trop tôt pour dire ce qu’il adviendra en cas d’échec, mais la droite du PS pourrait être amenée à se rapprocher du centre et la gauche des débris du PCF et des Verts qui n’obtiennent respectivement que 2% et 1,5%, faute d’apparaître comme des alternatives crédibles.

    Préparons les luttes à venir !

    Plus à gauche, la division a eu un prix et, malgré les 56% de Français qui avaient voté NON à la Constitution Européenne majoritairement sur une base de gauche ainsi que le très fort sentiment antisystème, c’est l’échec. L’exception est Olivier Besancenot (LCR) qui réussit même à engranger 600.000 voix supplémentaires et arrive presque aux 5% (4,5%). Espérons que, contrairement aux fois précédentes, il sortira de ce résultat un véritable appel pour mobiliser l’électorat de l’extrême-gauche dans le cadre de la création d’une formation large anti-néolibérale où chaque tendance pourra s’exprimer.

    La tâche est aujourd’hui à la préparation des interventions sur le terrain contre la casse sociale qui viendra de la droite ou de la « gauche ». Nous comprenons bien que des travailleurs et des jeunes, surtout des banlieues, voudront arrêter Sarkozy lors du second tour. Malheureusement, nous ne pensons pas que la politique de Ségolène Royal et du PS sera fondamentalement différente. Par contre, nous pensons que leur politique va plus encore mener à un je-m’en-foutisme et renforcer la droite et l’extrême droite tant que n’existe pas d’alternative crédible.

  • Cameroun: Non à la dictature ! Non au RDPC !

    Récemment, le RDPC, le parti du président du Cameroun, a convoqué une réunion à Liège. Mis au courant grâce à l’un de nos camarades camerounais, plusieurs membres du Mouvement pour une Alternative Socialiste se sont rendus à cette réunion pour protester contre la dictature et contre l’implantation d’une cellule locale du RDPC en région liégeoise.

    Dictature et corruption sur le dos du peuple

    La situation au Cameroun, comme d’ailleurs partout en Afrique, est particulièrement préoccupante. Depuis la fin des années ’60, le pouvoir est exercé par un seul parti, l’Union Nationale Camerounaise, devenue en 1985 le Rassemblement « Démocratique » du Peuple Camerounais. Il aura fallu attendre 1991 et de nombreuses révoltes et émeutes contre la dictature pour qu’un multipartisme de façade soit instauré.

    Cependant, lors des élections de 1992, le président Paul Biya, au pouvoir depuis 1982, a réussi à se maintenir à la tête du pays en truquant les élections, comme il le fait toujours d’ailleurs. Son pouvoir est exorbitant. Entre autres :

    • il est le président du parti majoritaire absolu au parlement, et chef du gouvernement,
    • il nomme, récompense ou punit les magistrats,
    • en tant que chef suprême des forces armées, il gère directement la police et la gendarmerie,
    • il nomme les emplois civils et militaires,
    • il nomme le conseil constitutionnel, la cour des comptes, ceux qui vérifient le bon déroulement des élections,…

    Il faut ajouter à cela le contrôle des journaux, des radios, de la télévision…

    Les études de l’ONG Transparency International font ressortir que cette dictature a deux fois été le N°1 mondial en terme de corruption (en 1999 et 2000). En 2006, le Cameroun n’était « plus » que 25e sur 163 pays… Le journal “The African Independent” a par exemple dénoncé le fait que l’ancien directeur des impôts aurait acheté son poste de ministre des finances pour 2 milliards de francs CFA (un peu plus de 3 millions d’euros). En 2004, plus de 50% des ménages camerounais ont reconnu avoir versé au moins un pot-de-vin.

    Toujours d’après Transparency International, en 2005, chaque ménage camerounais aurait dépensé environ 102.500 francs CFA (156 euros) en moyenne en pot-de-vin. Cela représenterait de un tiers à un cinquième des revenus des ménages les moins aisés. Selon Christol Georges Manon, président de l’Observatoire de lutte contre la corruption au Cameroun, 40% des recettes enregistrées chaque année ne servent pas le développement pour cause de corruption. La dictature a bien tenter de donner le change, mais comme le dit un avocat camerounais: « les poissons ne peuvent pas voter un budget pour l’achat des hameçons »…

    Les multinationales et entreprises occidentales ne sont pas étrangères à ce processus. Le parquet de Paris a par exemple ouvert un enquête contre Total pour soupçons de corruption dans l’exploitation et la commercialisation de pétrole au Cameroun.

    Les violations des droits de l’homme sont monnaie courante dans ce pays où la peine de mort est toujours d’actualité. En 2005, un exemple a particulièrement ému l’opinion internationale, celui d’une dizaine de gays camerounais emprisonnés à cause de leur orientation sexuelle différente. L’homosexualité est en effet considérée comme une infraction… Des idées que l’ont pourrait retrouver sans aucune difficulté au Front National par exemple. Il est vrai que Chantal Biya, la femme du président, est en excellents termes avec Jany Le Pen, et a d’ailleurs souhaité bonne chance à Jean-Marie Le Pen pour les élections…

    Une réunion fort révélatrice…

    Alors que la réunion à Liège devait commencer à 17h00, la délégation officielle n’est arrivée que sur le coup de 21h00…

    Nous avons mis à profit ce long temps d’attente pour discuter avec la cinquantaine de Camerounais qui s’était déplacée. La majorité des présents étaient là pour demander des comptes aux représentants du pouvoir en place, chose qu’ils ne peuvent pas faire au pays sous peine d’emprisonnement dans des conditions extrêmements pénibles. Nous avons été très bien reçu avec nos pancartes « Non à la dictature, non au RDPC » et « Non à la Répression Dictatoriale du Peuple Camerounais », comme en témoigne la diffusion de notre mensuel, l’Alternative Socialiste, parmi la communauté camerounaise présente. Les messages de solidarité ont fusé des deux côtés, sous quelques regards un peu plus sombres…

    Quand enfin la délégation officielle est arrivée, nous sommes également rentrés, silencieux, mais en brandissant toujours fièrement nos pancartes. Une discussion vive et animée s’est engagée et la police a été appelée, sous les protestations d’une partie des participants. Le temps que nous soyons jetés dehors, nous avons toutefois pu voir comment était orientée la discussion de la tribune.

    L’orateur a pris la parole sans un mot d’excuse pour les 4 heures de retard, avant qu’un Camerounais indigné ne lui fasse la remarque. Pour beaucoup, c’était assez révélateur de la manière dont les choses se passent au Cameroun : on traite la population comme autant de chiens galeux, aucune raison de s’excuser de quoi que ce soit… Ensuite, les personnes présentes ont pu voter pour la seule et unique liste de responsables de la section locale qui était constituée, selon les remarques ironiques de notre camarade, majoritairement d’étudiants qui voient dans ces fonctions une manne d’argent pour faire face au coût des études qu’ils ont entrepris en Belgique.

    C’est à ce moment que la police est arrivée, avec le responsable du local, bien désolé de se rendre compte un peu tard qu’il avait loué la salle à un parti dictatorial.

    Quel droit avons-nous de critiquer ?

    Comme nous l’ont fait remarqué certains, la Belgique est mal placée pour donner des leçons sur beaucoup de points (Charleroi, entre autres exemples, a désormais une renommée internationale…). Cependant, nous ne nous définissons pas comme des moralisateurs attachés à la Belgique, mais comme des activistes politiques attachés au sort des travailleurs, quelles que soient leurs nationalités. C’est-à-dire contre les Etats, belges ou camerounais, qui ne servent qu’à préserver l’ordre établi et l’exploitation.

    S’il est vrai que la situation est bien différente en Belgique, il faut aussi voir d’où cela vient. Et là, il faut constater que la richesse d’un pays ne veut pas dire nécessairement la richesse d’une population et qu’elle se construit souvent sur le dos d’autres pays. Que dire de la colonisation du Congo par exemple ? On parle peu en Belgique de l’exploitation gigantesque qui a assassiné plusieurs millions de Congolais uniquement sous Léopold II.

    Vis-à-vis du Cameroun, l’activité de certaines entreprises belges, sous le silence complice de nos dirigeants, révèle un cynisme extraordinaire. Une étude réalisée au Cameroun précise par exemple que la Belgique est le deuxième pays exportateur de poulets congelés vers le Cameroun. Ces exportations sont un véritable drame pour toute l’Afrique de l’Ouest qui voit ces arrivages de Belgique ou d’ailleurs inonder les marchés locaux à des prix 2 ou 3 fois moins chers. Conséquence : la pauvreté augmente de façon gigantesque en parallèle avec les problèmes de santé de la population.

    Autre exemple, chez nous cette fois : une jetée a été construite à Nieuport – avec l’aval des autorités flamandes – en azobé, un bois en provenance du Cameroun. Problème : il ne s’agit pas de bois certifié, c’est-à-dire que la coupe a été faite de manière illégale et dans une région à la biodiversité exceptionnelle où vivent des populations subsistant directement de la forêt. Ces abattages illégaux auraient déjà fait perdre 75 millions d’euros de taxe au Cameroun. Il faut dire que la population n’aurait de toute façon pas trop vu la couleur de ces taxes et que la corruption du pays encourage ce genre de pratiques… Le relatif bien-être que nous avons dans les pays dits développés se fait en partie sur le dos de l’exploitation des populations du Tiers-Monde. Cela rend-t-il nos gouvernements moins odieux ?

    Contre cette logique de profit qui mène la planète à la catastrophe, nous opposons la lutte et la solidarité des travailleurs pour une autre société, une société socialiste.

  • Québec. Une élection aux enjeux très importants

    Déclaration du Comité exécutif du Parti Communiste du Québec à la veille des élections du 26 mars.

    Nous publions cet article de la part du Parti Communiste du Québec. Il s’agit d’une déclaration de son Comité Exécutif à l’occasion des élections du 26 mars. Le PCQ collabore à la construction d’un parti de gauche plus large qui s’appelle « Québec Solidaire » et qui se présentera lors de ce scrutin.

    Introduction du MAS/LSP

    Le PCQ a entammé des discussions avec plusieurs organisations de gauche sur le plan international. L’une d’entre elles est le Comité pour une Internationale Ouvrière (Committee for a Workers’ International) dont le MAS/LSP est la section belge. Nous trouvons que la déclaration du PCQ est une contribution intéressante, tout en reconnaissant que le MAS/LSP n’a pas pu suffisamment étudié les spécificités locales et ne peut donc pas s’engager sur l’ensemble des positions prises dans ce texte.

    Nous pouvons nous imaginer que certains lecteurs feront le parallèle avec la situation en Belgique et se poseront donc la question de savoir pourquoi offrir une tribune à un parti qui se dit indépendantiste, voir même en faveur du séparatisme du Québec, même si ce parti affirme, avec justesse, que la libération nationale, pleine et entière, est indissociable d’une prise du pouvoir politique par les travailleurs.

    Notre position sur la question nationale est toujours concrète et dépend de la situation sur le terrain. Si, en ce moment, le MAS/LSP ne défend pas le séparatisme, ni même la poursuite de transferts de pouvoirs vers les régions en Belgique, ce n’est nullement à cause d’un attachement à l’Etat bourgeois belge. Bien au contraire, c’est la raison pour laquelle le MAS/LSP n’est pas signataire, contrairement à certains dirigeants syndicaux, des pétitions qui plaident en faveur de l’unité de la Belgique sur base de l’Etat actuel.

    Si nous nous opposons aujourd’hui à un transfert de compétences vers les régions, c’est justement parce que ceux qui le proposent veulent s’en servir pour créer des conditions de travail, des systèmes de sécurité sociale, des marchés de travail, des concertations sociales et des salaires concurrentiels afin de mieux diviser les travailleurs. Le fait que même en Flandre 74% de la population s’oppose actuellement à un nouveau transfert de compétences aux régions alors que tout les partis traditionnels flamands le défendent sous une forme ou l’autre, indique la justesse de notre position.

    Mais cela ne veut évidemment pas dire que le MAS/LSP s’opposerait dans toutes les conditions à la régionalisation, voir même au séparatisme, là où il y a réellement un sentiment d’oppression nationale. L’unité des travailleurs ne s’impose pas. Au contraire, l’unité n’est possible que sur une base volontaire, ce qui sous-entend la reconnaisance du droit à l’autodétermination, même jusqu’au séparatisme.

    Les camarades du PCQ ont un site et nous invitons nos lecteurs à aller le visiter http://www.pcq.qc.ca

    Le site de Québec Solidaire: http://www.quebecsolidaire.net


    Déclaration du Comité exécutif du PCQ à la veille des élections du 26 mars

    Une élection aux enjeux très importants

    Par le Comité exécutif central du PCQ

    Les élections au Québec sont en branle. Jean Charest cherche à être réélu, André Boisclair essaie de prouver à ses propres troupes qu’il est capable de l’être, tant qu’à Mario Dumont il traîne encore dans le populisme le plus crasse. Une belle campagne électorale pour les humoristes et les caricaturistes se déploie devant nos yeux!

    Le Mike Harris du Québec

    La situation au Québec est complexe. Après les pires sauvageries anti-syndicales et le charcutage des acquis sociaux des quarante dernières années, Charest tente de réussir l’exploit de Mike Harris : se faire élire de nouveau en présentant une hystérie néolibérale comme étant la révolution du bon sens. Dans les publicités qui ont précédé les élections, Charest expliquait à la population que le Québec va bien et que le Québec va mieux.

    Pourtant le Québec va mieux uniquement pour les grandes entreprises. La sous-traitance fleurit partout au Québec depuis la modification à l’article 45 : donc les conditions de travail s’effondrent. Charest chantait lors des élections précédentes que sa priorité était la santé. Malheureusement la bactérie C difficile n’a jamais fait autant de ravage et les salles d’urgences ne sont pas moins engorgées.

    Charest avait promis des défusions municipales massives pour se rallier les populistes de la droite qui voyaient une tragédie dans les dites fusions municipales qui ne sont qu’un fait social accompli depuis plus de deux décennies. Pourtant les défusions se sont faites au compte goûte grâce a un système référendaire spécial, mais surtout spécialement douteux. Le mandat de Jean Charest n’a donc pas été le mandat de l’accomplissement de ses promesses à l’électorat mais celui de l’accomplissement de ses engagements pris en coulisse envers le patronat.

    Ce qui est pourtant surprenant c’est que Jean Charest et les libéraux risquent de gagner à nouveau! Malgré ses promesses de dégel des frais de scolarité qui déjà suscitent une résistance du mouvement étudiant. Charest ne semble avoir rien compris du message envoyé lors de la dernière grève étudiante; ce qui prouve que cette victoire ne sera pas vraiment dû à Jean Charest lui même mais plutôt à ses adversaires.

    Le PQ face à lui-même

    Le nouveau chef du Parti Québécois, André Boisclair, ne réussit toujours pas à satisfaire ses propres troupes. Le Parti québécois réussit encore tant bien que mal à convaincre les syndicats qu’il est un parti indépendantiste, mais la "famille" péquiste en est encore à s’arracher les cheveux.

    Premièrement, les déclarations ouvertement antisyndicales de Boisclair avant les élections n’ont en rien aidé. André Boisclair a entre autres déclaré que "c’était finie l’époque ou les négociations entre le PQ et les syndicats se finissaient par des soupers bien arrosés"! Les dirigeants syndicaux des grandes centrales l’ont "avalé de travers". Certains ont même déclaré que "les progressistes ne s’empresseraient pas d’aller voter pour le Parti Québécois aux prochaines élections."Sans compter que le PQ ne s’est jamais prononcé sur le dossier Olymel et que André Boisclair a clairement dit qu’un gouvernement péquiste ne reviendrait pas sur la modification à l’article 45. De quoi à créer des remous!

    Le mythe selon lequel le Parti Québécois est une coalition de classes qui lutte pour l’indépendance du Québec s’effrite. Le PQ montre plus que jamais son visage de parti bourgeois aux travailleurs. Sans compter que dans la plateforme du PQ le mot référendum a été changé par consultation populaire. Le PQ ne sait plus sur quel pied danser pour rallier les travailleurs à son projet de "souveraineté association". De toute façon, n’est-il pas normal que les indépendantistes soient sceptiques face à un projet à demi ou au tiers indépendantiste sans aucune garantie de gains sociaux?

    Les plus récents appels d’André Boisclair à tous les "progressistes", pour qu’ils retournent au PQ, sonnent faux. Jamais le chef du PQ n’utilisaient ce terme avant; le fait qu’il le fasse aujourd’hui tend à montrer que cela ne va probablement pas aussi bien pour son parti qu’il le prétend.

    L’ADQ : être plus à droite que la droite

    Si beaucoup d’indépendantistes n’iront pas voter aux prochaines élections, certains nationalistes se laisseront peut-être tenter par l’Action démocratique du Québec (ADQ). Ce parti né d’une scission du Parti libéral au début des années 90 sombre de plus en plus dans le populisme le plus crasse. Quelques mois avant les élections, Mario Dumont est parti en croisade contre les accommodements raisonnables. Cette exploitation des préjugés xénophobes a malheureusement été profitable à sa formation. Dumont, tout comme Charest d’ailleurs, a applaudi un arbitre qui a expulsé une joueuse musulmane d’un terrain de soccer parce ce qu’elle portait le foulard. Le fait que partout sur terre cette jeune fille aurait pu jouer au soccer en paix, comme tout le monde, n’a pas ébranlé les adéquistes qui ont, tout comme leur chef, applaudi ce geste intolérant à souhait.

    Nationaliste, mais pas indépendantistes, Dumont se fait le chevalier du "fédéralisme d’ouverture". C’est tout aussi logique que le cannibalisme végétarien, mais nous en sommes pas à la première absurdité de l’ADQ. Cette position de Mario Dumont, qui est proche du beau risque de René Lévesque et des pitreries chauvines de Maurice Duplessis, pousse Jean Charest à taxer Dumont de l’épithète de "séparatiste." Le Parti libéral du Québec n’ayant survécu jusqu’ici uniquement grâce à son anti-indépendantisme maladif, rien de surprenant que Jean Charest imagine des séparatistes partout. Qui sera le prochain ? Peut-être le Juge Gomery ou la reine d’Angleterre en personne. On a cessé depuis longtemps de se surprendre des déclarations des chefs fédéralistes.

    L’ADQ périclitait financièrement il a un an, mais les animateurs de radio d’extrême droite de la région de Québec ont permis à ce parti de survivre jusqu’à aujourd’hui; c’est sûrement parce qu’ils s’y reconnaissent. Ce parti n’hésite jamais à nager sur toutes les vagues de mécontentements quitte à utiliser l’ignorance et les préjugés les plus immondes pour gagner de la popularité. Un candidat libéral a même comparé Dumont à Jean-Marie Le Pen au début de la campagne. La comparaison est peut-être exagérée, mais l’ADQ occupe un rôle politique un peu semblable au Front National : être plus à droite que la droite pour rendre la droite plus socialement acceptable.

    À propos du Parti Vert

    L’élection 2007 voit par contre arriver du sang neuf au point de vue politique : le Parti Vert gagne beaucoup de popularité. L’opinion publique étant de plus en plus alarmée par le réchauffement climatique, ce parti ne pouvait que gagner l’attention de l’électorat. Cela dit, les Verts québécois sont très différents des Verts que l’on peut trouver en Europe. Ce parti n’amène pas de réelles solutions. Si un candidat du Parti Vert est élu, ne vous attendez pas a ce qu’ils soit surnommé le "khmer vert" comme cela s’est vu en France.

    Les Verts, qui en Europe font souvent alliance avec les communistes et les altermondialistes, refusent ici toute alliance avec Québec solidaire; ceux et celles qui dirigent cette formation représentent un courant très petit-bourgeois, ils intègrent dans leur programme le principe de pollueur payeur, mais seulement pour ce qui est des individus (qui rouleraient par exemple en SUV ou qui ne prendraient pas le transport en commun); les compagnies ne sont pas visées. Étrange, ne trouvez-vous pas ? Le Parti Vert ne se gène pas en même temps pour critiquer le programme de Québec solidaire comme trop radical et socialisant, notamment en ce qui concerne le projet de nationalisation de l’éolien.

    Les Verts au Québec, tout comme leur homonyme au fédéral, ne comprennent pas et ne veulent surtout pas comprendre que le dossier environnementale est indissociable de la lutte aux inégalités sociales.

    Le refus très clairement exprimé par le chef du Parti Vert, Scott MacKay, d’endosser même la possibilité d’une éventuelle alliance avec Québec solidaire, telle qu’envisagée dans un reportage du journal Le Devoir et publié le 17 mars, confirme l’attitude très sectaire de la direction actuelle du Parti vert ; d’un simple point de vue légal, une telle entente de dernière minute n’aurait pas été possible à cause du trop court délai d’ici aux élections; le Parti Vert, par la voie de son chef, aurait quand même pu démontrer un peu plus d’ouverture d’esprit, au moins sur le principe, face à une telle éventualité puisque Québec solidaire est lui-même écologique; mais c’est plutôt le contraire qu’il a fait. En agissant ainsi, le chef du Parti Vert oeuvre objectivement contre la cause écologique.

    Une autre vision

    Le parti, et de loin le plus intéressant, est le nouveau parti de gauche : Québec solidaire. Québec solidaire (QS) est né de la fusion du mouvement Option citoyenne qui était dirigé par Françoise David, ainsi que du parti Union des force progressistes (UFP) dont le principal porte parole était Amir Khadir. QS amène une toute nouvelle vision de la politique au Québec. Bien sûr la plateforme à tendance écologiste, féministe et social progressiste est audacieuse. On y trouve entre autres le projet de Pharma Québec, une société d’État qui aurait pour tâche de produire des médicaments pour le système de santé publique. Une économie pour le système de santé qui s’évaluerait à 1 milliard de dollars, somme qui bien sûr serait investi pour des dépenses autres dans le dit système de santé.

    Mais Québec solidaire ne fait pas qu’innover du point de vue social et environnemental. Plus Vert que les verts, Québec solidaire est aussi réellement indépendantiste contrairement au Parti Québécois (PQ). La stratégie dit "de la constituante" montre que Québec solidaire est bel et bien déterminé à en finir avec la prison que représente pour les Québécois la structure politique fédérale. Québec solidaire fera bien sûr un référendum, mais ce référendum aura pour fonction de sanctionner une constitution d’un Québec indépendant qui aura été écrite suite à une vaste consultation populaire établie sur 12 à 18 mois pour que les travailleurs québécois soient les bâtisseurs de leur nouveau pays. Une constitution écrite par et pour les masses populaires ne peut pas perdre un référendum; les travailleurs n’iront certes pas sacrifier "leur propre enfant" après avoir mis autant d’effort pour le mettre au monde. C’est une stratégie que bien sûr le Parti Québécois ne peut se permettre.

    À cause de son caractère de classe le PQ ne peut donner le mandat aux travailleurs de mettre directement leur nez dans l’écriture de la loi fondamentale de l’État; ce serait du suicide! Mais Québec solidaire, n’étant pas un parti bourgeois, peut se le permettre et se fera un plaisir de le faire. Sans être nationaliste, Québec solidaire est le seul parti politique de masse réellement indépendantiste actuellement au Québec.

    Un État construit sur l’oppression nationale

    Il ne faut pas oublier que l’État fédéral canadien est construit sur l’oppression nationale. Comme le disait Stanley Ryerson dans son livre "Capitalisme et confédération", c’est pour assimiler les francophones et se débarrasser des autochtones que la couronne britannique mit sur pied la "confédération" canadienne. La destruction de cet État impérialiste passe donc par la question nationale. L’indépendance du Québec ne peut que mener qu’à une remise en cause de l’état bourgeois canadien; un tel mouvement pourrait être la bougie d’allumage d’un vaste mouvement de libération des nations d’Amérique du Nord. Ce n’est pas pour rien que l’ensemble de la bourgeoisie au Canada s’y oppose catégoriquement et que la bourgeoisie nationale québécoise a toujours d’autre chose de plus urgent à faire que l’indépendance du Québec. On ne peut pas arracher un morceau de cette envergure au beau milieu du Canada sans que l’État fédéral en soit ébranlé. Et c’est justement parce que la bourgeoisie ne veut rien savoir de l’indépendance du Québec que seul un parti des travailleurs pourra mener ce mouvement jusqu’au bout. Une libération nationale, pleine et entière, est indissociable d’une prise du pouvoir politique par les travailleurs, et une prise du pouvoir politique par les travailleurs est indissociable de la lutte de libération nationale québécoise.

    Québec solidaire n’est pas un parti homogène. Plusieurs tendances y cohabitent. Plusieurs courants socialistes y sont d’ailleurs représentés : Gauche socialiste de la quatrième internationale, Socialisme International, le Collectif pour une masse critique ainsi que le Parti communiste du Québec y font un travail résolu. Bien que la question des collectifs ne soit toujours pas réglée, le Parti communiste est fier de mettre tous ses efforts pour que Québec solidaire puisse s’implanter le plus possible sur le terrain et même faire élire des candidats. André Parizeau et Francis Gagnon Bergman, membres du comité exécutif et du comité central du Parti communiste du Québec, se présentent d’ailleurs aux élections sous la bannière de Québec solidaire. Pour les marxistes, Québec solidaire joue un rôle de premier plan historiquement parlant puisqu’au Québec la culture de parti de classe n’existe pas.

    La plupart des dirigeants au sein du mouvement syndical ont été pendant des années en appui au Parti québécois; sauf que même les plus fervents défenseurs du PQ d’hier doivent aujourd’hui reconnaître qu’il devient de plus en plus difficile de justifier le maintien d’un tel appui; on parle de plus en plus d’un appui circonstanciel et critique, en prétextant le fait qu’il n’y aurait pas vraiment d’autre alternative capable de prendre le pouvoir à court terme; avec le temps, cela est devenu un appui beaucoup plus tiède; d’autres se cantonnent désormais dans un neutralisme, qui n’a pas vraiment sa place, mais qui démontre néanmoins un malaise très clair face au PQ.

    Un vide à gauche

    Une telle situation pourrait, en définitive, devenir très profitable pour Québec solidaire. Il existe de plus en plus un vide à gauche que Québec solidaire peut combler. Les défis sont grands. Pour la première fois au Québec, un parti qui veut devenir un parti de masse, n’est pas dirigé par la bourgeoisie. Les travailleurs apprennent enfin à s’organiser sur leur propre base dans toutes les régions du Québec, sans trembler devant les impératifs des transnationales. Et, au sein même des syndicats, on commence également à discerner un mouvement pour se rapprocher de Québec solidaire; ce mouvement est encore faible, mais il existe.

    Québec solidaire n’a pas pour autant un programme socialiste. Mais il n’est pas impossible que, dans le futur, le projet socialiste devienne partie prenante du programme de Québec solidaire. Actuellement les débats vont bon train au coeur de l’organisation et au jour le jour, les militants du parti s’enrichissent politiquement. C’est là que le rôle des marxistes dans QS est d’une importance déterminante. Beaucoup de membres de Québec solidaire sont des gens qui, ne s’étant jamais reconnus dans le discours des politiciens bourgeois, sentent qu’ils ont leur place en politique grâce à ce parti. Donc beaucoup d’entre eux sont en plein apprentissage face à la politique. C’est là que les marxistes ont un rôle important jouer.

    Montréal 18 mars 2007

  • Aujourd’hui comme hier : L’extrême-droite contre les travailleurs

    Nous avons assisté ces derniers temps à une montée des violences racistes en Europe. Quels enseignements peut-on retenir de la lutte contre le fascisme classique dans les années ‘20 et ’30 ?

    Emiel Nachtegael

    Le fascisme englobe bien plus que la violence ou des opinions racistes. Le racisme n’est d’ailleurs pas le monopole de forces néofascistes comme le Vlaams Blok/Belang, le Front National ou Nation. Un important dirigeant local du PS français, Georges Frêche, vient d’être exclu de son parti pour avoir déclaré que les Harkis algériens étaient des « sous-hommes » et que l’équipe de France comptait trop de Noirs…

    Le fascisme dans les années 1920 – 1940

    Les organisations fascistes sont arrivées au pouvoir dans des périodes de crise politique et économique extrême.

    En Italie, le Parti Socialiste Italien n’a pas saisi les occasions créées par une situation révolutionnaire unique en 1919 et 1920 lorsque des milliers d’occupations d’usine ont eu lieu et Mussolini a pu arriver au pouvoir en 1922 après l ‘échec de ce mouvement et la retombée de l’espoir parmi les travailleurs.

    L’Allemagne a connu elle aussi une période révolutionnaire (de 1918 à 1923) durant laquelle les travailleurs ont tenté d’édifier une démocratie ouvrière selon le modèle des travailleurs russes. Mais le jeune Parti Communiste a commis quelques erreurs aventuristes et, surtout, la direction de la social-démocratie allemande a préféré sauver le capitalisme en participant au gouvernement et en couvrant même l’exécution de dirigeants ouvriers.

    Par la suite, l’économie s’est complètement effondrée : au début des années ’30, 97% de la population ne disposait plus d’épargne et 25% de la population active se retrouvait sans emploi et sans allocations.

    La crise économique et l’absence d’une réponse du mouvement ouvrier ont créé un vide politique, plus particulièrement parmi les couches sans lien avec le mouvement ouvrier organisé – classes moyennes (artisans, professions libérales, petits paysans,…) , vétérans de guerre, chômeurs,… – qui étaient les principales victimes de l’inflation galopante. Elles ont commencé à chercher une force qui serait capable de rétablir l’ordre et la stabilité. C’est parmi ces couches-là que les partis fascistes ont trouvé leur base sociale.

    Comme l’a dit Trotsky, dirigeant de la Révolution Russe avec Lénine, « la menace fasciste est l’expression du désespoir contre-révolutionnaire après l’échec de l’espoir révolutionnaire ». Ce qu’a bien compris aussi la communiste allemande Clara Zetkin qui a déclaré en 1923 que le fascisme serait à l’ordre du jour si la Révolution Russe ne connaissait pas de prolongement dans le reste de l’Europe.

    Avec l’appui d’une partie de la grande bourgeoisie (principalement celle issue de l’industrie lourde) et une structure militaire, les milices fascistes sont parties à l’attaque contre le mouvement ouvrier. Elles ont souvent utilisé une rhétorique anticapitaliste mais en la déviant vers le racisme et le nationalisme. Ce n’est que de cette cette façon-là qu’ils ont pu faire une distinction entre le banquier Rotschild, d’orgine juive, et le patron de l’acier Krupp, invité régulier des congrès nazis.

    Les nazis ont puisé dans les diverses couches ruinées par la crise leurs briseurs de grève. Lorsque les nazis sont arrivés au pouvoir en 1933, ils ont dissous le parlement et interdit toutes les organisations ouvrières (partis, syndicats, mutuelles,…). L’atomisation du mouvement ouvrier a ouvert une période dorée de bas salaires et de travail d’esclave pour le grand capital allemand. De grands travaux d’infrastructure et la préparation à la guerre devaient sauver l’économie. Les conséquences en sont connues…

    Le VB et le FN : entre rêve et passage à l’acte

    Le Vlaams Blok/Belang, le Front National ou Nation possèdent un programme similaire aux fascistes des années ‘20 et ‘30. Les musulmans ont juste pris la place des Juifs comme boucs émissaires principaux.

    Le VB dispose aussi de troupes qu’il peut engager si nécessaire dans des confrontations physiques. Quelqu’un est même payé pour diriger ces troupes de choc : Luc Vermeulen, à la tête du groupe d’action Voorpost. Ce sont ces troupes-là qui ont été envoyées contre les organisateurs du pèlerinage de l’Yser en ’96 et contre la manifestation anti-NSV en décembre 2004.

    Le danger émanant des groupes néo-fascistes ne peut donc pas être négligé. Dans les années ’20 et ‘30, nous avons vu à quoi une telle attitude peut mener. Le Parti Socialiste Italien a longtemps jugé que le danger de Mussolini était insignifiant tandis que, quelques années plus tard, le Parti Communiste Allemand (passé entièrement sous le contrôle de Staline) déclarait que le parti social-démocrate était un parti « social-fasciste » et qu’aucune alliance n’était donc possible avec lui contre les nazis !

    La situation aujourd’hui n’est évidemment pas la même que dans ces années-là. Des forces comme le Vlaams Belang ou le Front National en France (et encore plus en Belgique !) ne disposent pas d’une base active importante prête à utiliser la violence et le mouvement ouvrier est en outre aujourd’hui beaucoup plus fort que dans les années ‘30. Des petits groupes ouvertement nazis sont certainement prêts à tout mais ils ne jouissent pas du soutien des couches plus larges de la population (ni même de l’ensemble des électeurs d’extrême-droite). Cela ne signifie pas pour autant que nous pouvons rester tranquilles.

    La leçon principale que nous devons tirer des luttes antifascistes des années ‘20 ou ‘30 est la nécessité d’une réaction immédiate face au danger fasciste et le rôle primordial du mouvement ouvrier.

    En s’opposant systématiquement à chaque montée de groupes néofascistes, nous pouvons éviter qu’augmente la confiance qu’ils ont en eux pour passer à l’action et à la violence. C’est pourquoi nous mobilisons contre la marche du NSV (les étudiants du VB) à Anvers le 8 mars.

    Nous pensons également qu’une montée des luttes des travailleurs peut aboutir à une situation où l’extrême-droite se retrouve en position défensive. Cela a encore pu se vérifier récemment en France lors du mouvement contre le CPE et, chez nous, lors du mouvement contre le Pacte de Solidarité. Le VB avait alors déclaré que les mesures gouvernementales n’allaient pas assez loin et sa fraction au conseil communal à Gand avait réclamé une répression policière plus féroce contre les piquets de grève, tandis que la majorité des électeurs du VB soutenaient les actions syndicales.

    L’absence d’alternative politique pour le mouvement ouvrier permet à des partis comme le VB ou le FN de mettre en avant pendant un temps des opinions contradictoires afin de séduire différents publics.

    La meilleure manière d’infliger une défaite permanente aux partis néofascistes est de lutter pour un programme anticapitaliste et de construire une formation politique qui défende réellement les intérêts des travailleurs. No Pasaran!

  • La lutte contre l’extrême-droite est plus que jamais nécessaire

    Dans les villes d’Anvers et de Gand, on aurait enfin fait barrage au Vlaams Belang. Pour la première fois après tant d’élections, le 8 octobre n’aurait pas été un dimanche noir. Du moins, c’est ce que disent en chœur les médias à propos des dernières élections communales.

    Farid Rasoolzadeh

    Cette analyse est d’autant plus absurde que le Vlaams Belang progresse à Anvers par rapport à son score de 2000 qui avait déjà semé la panique : 33,51% contre 32,95% à l’époque. Dans les districts anversois de Hoboken, Deurne et Merksem, le Vlaams Belang a récolté respectivement 41%, 43,5% en 41,5%. Nous ne voyons pas pourquoi ce serait une bonne nouvelle.

    Du côté francophone, la montée de l’extrême-droite ne s’est pas réalisée entièrement. Le Front National a récolté des scores très élevés dans le Hainaut (11% à Quaregnon, 12,6% à Pont-à-Celles et presque 10% à Charleroi).

    L’achat d’une villa privée par le président du FN Daniel Féret dans le midi de la France, largement commenté dans les médias, n’a certainement pas eu d’effet salutaire pour le FN. L’absence totale de militants actifs a empêché le parti d’extrême-droite de changer la donne. Malgré cela, 27 conseillers communaux FN ont été élus dans le Hainaut.

    A Gand et dans les districts anversois de Borgerhout et d’Anvers-centre le VB a reculé. Cela est avant tout dû aux projets de prestige à grande échelle qui ont fait s’envoler les loyers. Une partie des couches les plus pauvres a été substituée par de jeunes ménages à deux revenus pouvant se permettre une bonne habitation près du centre-ville.

    Au lieu de fournir une réponse au taux de chômage et aux loyers impayables, la coalition anversoise lors des négociations après les élections s’est occupée de discussions sur l’augmentation de « projets de renouvellement de ville ». Les partis n’ont négocié sur les logements sociaux que 10 minutes durant.

    La politique antisociale des partis traditionnels a mené à une croissance de l’extrême-droite. Tant que ces partis s’accrocheront au pouvoir, et tant qu’une véritable opposition contre la politique néolibérale fera défaut, le VB pourra continuer à accumuler les victoires électorales. Une campagne de publicité bien élaborée n’est pas une barrière face à l’extrême-droite !

    Venez manifester le 8 mars à Anvers !

    Le 8 mars (ou le 1 mars), les étudiants du VB (NSV, Mouvement Nationaliste Etudiant) veulent manifester à Anvers. Blokbuster (la campagne anti-fasciste flamande du MAS) organisera une contre-manifestation qui vise l’extrême-droite, mais aussi la politique des partis traditionnels. Nous voulons mettre en avant la nécessité d’une alternative à la politique qui crée le terreau de l’extrême-droite.

    Le NSV est un groupuscule d’étudiants racistes et violents. En 1996, ils écrivaient encore que les « nègres n’égalent pas intellectuellement notre niveau car leur cerveau est plus petit ». Lors de l’ouverture de la nouvelle année académique à Anvers, le NSV est passé à la violence contre un militant d’Etudiant de Gauche Actif (organisation étudiante du MAS). Nous ne voulons pas que ce groupuscule occupe les rues d’Anvers sans opposition.

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