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Tag: France
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Racisme: Tout ce qui nous divise, nous affaiblit
MALCOLM X affirmait: "Il ne peut y avoir de capitalisme sans racisme". Il voulait ainsi dire que le capitalisme utilise le racisme pour maintenir sa domination. Le racisme n’a pas été inventé par le Vlaams Blok; il existe depuis la naissance du colonialisme et du capitalisme. Pour le capitalisme, seuls comptent les profits accumulés par une infime minorité. La bourgeoisie se sert de tous les moyens d’oppression pour affermir sa position et de continuer à exploiter les travailleurs. Le racisme est un de ces outils d’oppression.
Nikei De Pooter
Avant la Seconde Guerre Mondiale les manuels scolaires expliquaient que les noirs d’Afrique étaient moins intelligents que les Européens. Les classes dominantes avaient alors besoin de thèses pour justifier leur domination militaire directe du continent africain. Les premiers camps de concentration n’ont pas été construits par Hitler en Allemagne, mais en Afrique du Sud par l’Angleterre coloniale.
Aujourd’hui le discours de la bourgeoisie a changé. Ses parlementaires n’ont plus recours au langage ouvertement raciste, mais ils utiliseront le racisme de façon plus subtile pour diviser tous ceux qui tentent de résister à la politique antisociale.
Le capitalisme est un système fondé sur l’exploitation. Tant sur l’exploitation des travailleurs d’Europe et d’Amérique du Nord que sur celle des travailleurs du monde néo-colonial. Dans les pays néo-coloniaux nombreux sont ceux qui fuient la misère, les dictatures et les guerres. En Europe occidentale, la peur envers les candidats réfugiés s’amplifie d’autant plus que les travailleurs ayant perdu leur emploi et les allocataires sociaux ont de plus en plus de peine à joindre les deux bouts. C’est en partie dû au chômage, mais aussi aux lois restreignant le droit d’asile qui contraignent les candidats réfugiés à vivre sans papiers et à devoir accepter, par exemple, de payer un loyer exorbitant pour une chambre insalubre.
Etre sans papiers c’est aussi devoir accepter, pour survivre, un travail clandestin sous-payé, sans avoir la moindre possibilité de faire valoir ses droits face au patron. Une telle situa-tionexerce une pression sur l’ensemble des salaires. Les couches les plus vulnérables de la population belge, les moins qualifiés, les exclus considè-rent les réfugiés comme des concurrents. Les slogans démagogiques sur «Les Immigrés qui prennent le pain des Belges» incitent les victimes de la crise à se battre contre ceux et celles qui sont encore plus bas et vivent dans des conditions pires.
Les entreprises qui licencient massivement ici font aussi des profits exorbitants Afrique ou en Asie. C’est pourquoi nous avançons la revendication: Il faut s’en prendre aux multinationales et non à leurs victimes !
Le racisme est un des piliers de la tactique «diviser pour régner». La bourgeoisie fera de même pour opposer les travailleurs ayant un emploi à ceux qui ont perdu le leur ("Les chômeurs sont des profiteurs"). Pour opposer les employés aux ouvriers, les hétérosexuels aux homosexuels, les hommes aux femmes, les Wallons aux Flamands, etc.
La bourgeoisie utilise un parti comme le Vlaams Blok pour répandredes préjugés racistes. La seule réponse possible à cette stratégie de division et de haine est de lutter tous ensemble pour améliorer les conditions de vie et de travail de chacun.
On convaincra peu de monde avec des arguments moralisateurs. On ne convaincra la masse des travailleurs de la nuisance des préjugés racistes qu’à partir d’une lutte concrète avec des intérêts communs à tous travailleurs, quelle que soit leur origine. L’opposition fondamentale de notre société n’est pas celle entre Flamands, Wallons, Belges ou Immigrés, mais bien celle entre le monde du travail et le monde patronal.
Le Vlaams Blok et d’autres organisations néo-fascistes en Europe se basent sur la résis-tance passive de la part de la population. Dans chaque lutte qui se développe, à chaque piquet de grève, la nécessité de l’unité des travailleurs devient concrète. Une fois que la résistance se transforme en action, l’impact des idées d’extrême-droite recule.
On a constaté cela en France après une lutte de masse contre le plan Juppé en 1995: le Front national a perdu du terrain et a fini par éclater en deux (Le Pen d’un côté, Megret de l’autre). Le gouvernement de la Gauche plurielle (PS + PC + Verts) porté au pouvoir, après la déroute électorale de la droite, a cependant mené une politique de droite, privatisant trois fois plus que le gouvernement Juppé. Cette politique antisociale du gouvernement de Gauche plurielle a de nouveau renforcé l’extrême-droite. Tout cela a permis au FN de regrouper ses forces et de faire un score électoral supérieur à celui de Jospin aux élections présidentielles de 2002.
On voit donc que pour combattre l’extrême-droite et le racisme, il ne suffit pas seu-lement de lutter contre la politique antisociale. Il faut aussi construire une alternative politique de gauche crédible qui soit capable de faire barrage à la politique néo-libérale et au capitalisme. Si la classe ouvrière ne réussit pas à prendre en mains la direction d’un tel mouvement, et si elle ne pose pas d’alternative conséquente de gauche, toutes sortes de réflexes nationalistes et racistes écloront inévitablement.
Dernier exemple: en Irak où les divisions selon les ethnies et les religions font rage. Les Kurdes contre les Turkmènes, les Chiites contre les Sunnites et ainsi de suite. Cette division conduira à une régression future du pays et une détérioration des conditions de vie de la majorité de la population irakienne. Si aucune alternative socialiste ne se présente, une alternative capable de combattre la pauvreté et l’exploitation, les divisions feront des ravages dans la population qui se bousculera pour ramasser les miettes laissées par la bourgeoisie.
Plus que jamais il faut construire un parti mondial, socialiste et combatif!
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UE: Le modèle néo-libéral imposé aux travailleurs et à la jeunesse
Union européenne:
LE 13 JUIN on votera aussi pour le Parlement européen. L’Union européenne est devenue ces dernières années synonyme de plan d’austérité et de privatisation. Combien de politiciens sociaux-démocrates ou verts se disent incapables d’empêcher les mesures asociales «à cause de l’Europe». Comme si c’était un ordre de venu du ciel. Et comme si leurs propres responsabilités devaient être mise de côté.
Pour entrer dans la zone de l’euro, le gouvernement belge a imposé aux travailleurs, dans les années 90, une austérité de cheval. Le traité de Maastricht imposait de limiter le déficit public (la différence entre les recettes et les dépenses de l’état) à 3% du Produit Intérieur Brut (PIB). De plus la dette publique devait être ramenée à 60% du PIB et les normes fixées en commun pour l’inflation (augmentation des prix) sont gérées par la Banque centrale européenne.
L’Europe est un projet fait par et pour les capitalistes. Pensez par exemple au rôle de la Table ronde des Industriels européens, le plus important groupement de multinationales européennes. Ce club de capitalistes qui se partagent les profits déclare presque ouvertement que les mesures asociales doivent devenir la règle en Europe. De cette manière ils veulent devenir plus fort contre les deux autres blocs capitalistes importants: les États-Unis et l’Asie regroupée derrière le Japon.
La phase de reprise économique de l’après-guerre et la menace du bloc de l’Est stalinien, a été le ciment qui a permis – même sur une base capitaliste – une certaine collaboration et une intégration européennes. Dès que le gâteau est devenu trop petit à partager, les intérêts nationaux ont refait surface. Même avec une régression générale depuis les années 70 en arrière-plan, la période temporaire de croissance des années 90 a permis le lancement d’une monnaie commune sous la forme de l’euro.
L’Union monétaire européenne (UME) était dans une large mesure, contrainte sous la pression «d’en haut», d’accélérer la liquidation des droits sociaux des travailleurs. Nous retrouvons au travers de cela l’importance de l’unité des capitalistes européens.
Aujourd’hui les chefs des états qui ont imposé le respect des critères de Maastricht sont beaucoup plus souples lorsqu’il s’agit de continuer à les faire respecter par leur propre pays. Le président de la Commission européenne, Romano Prodi, va traîner la France et l’Allemagne devant la Cour de Luxembourg car ces pays ne respectent plus scrupuleusement la norme du pacte de stabilité des 3%.
Les tensions entre états européens se sont aussi fait jour sur la question de la guerre en Irak. Plus récemment la procédure sur la répartition des postes de commissaires à la Commission, consécutive à l’élargissement de l’Union à dix autres pays, a mené à un conflit ouvert avec l’Espagne et la Pologne qui ne veulent pas que l’on touche à leurs intérêts nationaux.
Ce n’est pas la bonne âme des capitalistes qui a préservé l’Europe de la guerre pendant ces 50 dernières années, mais l’importance de la classe ouvrière qui ne va pas renoncer à ses acquis sans bataille. A terme, les divergences entre les différentes bourgeoisies fera capoter l’Union européenne. Seule une Fédération socialiste des pays européens, et du reste du monde, peut véritablement créer l’unité.
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Le scandale Parmalat menace Berlusconi
En janvier toute la direction de la multinationale italienne Parmalat a été arrêtée pour fraude. La direction semblait surtout s’être spécialisée en montages financiers obscurs qui ont permis d’escamoter 10 milliards de $. Une telle escroquerie n’a été rendue possible que par la mise en place de lois – par le gouvernement Berlusconi – rendant plus opaque le contrôle des comptes des sociétés,… et mettant par la même occasion Berlusconi à l’abri de poursuites éventuelles pour les malversations opérées par ses propres sociétés!
Clare Doyle
Dans le plus pur style des parrains de la maffia pris la main dans le sac, l’ex-directeur financier de Parmalat a déclaré aux journalistes qui l’attendaient devant le bureau de police de Parme: «Je vous souhaite, ainsi qu’à votre famille, une mort lente et pénible!»
Entre-temps l’emploi de plus de 36.000 travailleurs et de 139 entreprises sont menacés dans le monde. Parmalat était devenu un des navires amiral du capitalisme italien. L’entreprise est active dans 30 pays où on emballe et vend du lait, de l’eau, des jus de fruits, des biscuits et d’autres produits alimentaires.
Des consommateurs et les petits investisseurs ont organisé le 21 janvier une manifestation devant les bureaux du Premier ministre et de la Banque nationale. Mais il faudra faire plus. Les travailleurs et leurs organisations doivent mener campagne pour la nationalisation immédiate (et sans indemnités) de Parmalat et mettre en avant un programme de lutte syndicale tant à l’échelle internationale que locale.
En Italie certaines actions de grève sont toujours en cours et il est nécessaire de lancer une offensive générale contre le gouvernement. La situation économique est problématique, même sans la crise de Parmalat. Le gouvernement Berlusconi risque de tomber car ses partenaires de la coalition soutiennent mollement le gouvernement. La crise actuelle peut être la dernière goutte qui fait déborder le vase. Une partie de la bourgeoisie qui a émis des réserves sur la façon dont l’aventurier Berlusconi a pris le contrôle de la machine gouvernementale, vont peut-être mettre à profit la crise de Parmalat pour tenter de le débarquer.
La Commission de la Sécurité et des Echanges (SEC), à New York, a déclaré que cette affaire est «un des plus grands exemples de fraude d’entreprise de toute l’histoire». Elle a d’ailleurs entamé sa propre enquête sur la façon dont l’entreprise avait fabriqué un faux (une lettre à entête de la Bank of America) pour faire croire qu’un prêt de 4 milliards $ avait été accordé à Parmalat. Une enquête est aussi en cours à propos de la vente fictive de poudre de lait à Cuba pour une somme de 620 milliards de $, vente fictive dans laquelle un nombre de banques «respectables» sont impliquées.
Il y a déjà eu d’autres scandales en Europe (Vivendi en France, Scania en Suède, Ahold aux Pays-Bas). La plus grande entreprise italienne, Fiat, lutte pour sa survie après qu’une partie de son patrimoine ait été soustrait par la famille Agnelli. Chez Parmalat la fraude porte sur des montants plus limités que dans le scandale américain d’Enron il y a quelques mois, mais l’affaire Parmalat risque de frapper le coeur de la finance internationale.
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Austérité pour le monde du travail
Maximum à facturer pour les gros utilisateurs industriels d’énergie
Les gros utilisateurs industriels font la bonne affaire
Après le durcissement du contrôle des chômeurs, l’introduction d’un maximum à facturer pour la consommation d’électricité est de loin la mesure la plus importante du conclave. Les 25 plus grosses entreprises paient ensemble 40% de la facture totale de l’énergie en Belgique. Puisque l’industrie achète l’électricité à des tarifs inférieurs à ceux des particuliers, cela signifie que ces 25 entreprises consomment largement plus de 40% de la consommation totale d’électricité en Belgique. Le gouvernement veut rémunérer cela en «plafonnant» les taxes sur la consommation d’énergie. 145.000 entreprises vont en profiter, parmi lesquelles la SNCB. Etant un service public, la SNCB payait annuellement 2 millions d’euros en taxes sur l’électricité. Maintenant que l’entreprise va être scindée en vue de la libéralisation et de la privatisation, ce qui était impossible à discuter auparavant devient possible: la SNCB ne paiera plus que 250.000 euros au maximum en taxes sur l’électricité.
C’était prévisible! La coalition violette ne tient pas debout. On cherche à grand peine une politique commune. En revanche, les annonces ministérielles pleuvent, les unes plus irréalistes que les autres (les Jeux Olympiques en Belgique, les trains gratuits,….). Il était donc temps pour le Premier ministre Verhofstadt d’impulser une dynamique de groupe. Le gouvernement a donc fait une retraite, le temps d’un week-end, dans une ferme château à Gembloux. Après ce week-end, les organisations patronales n’ont pas ménagé leurs éloges tandis que les syndicats affichaient leur déception. Et pour cause !
Eric Byl
Victoire libérale
Tous les observateurs sont d’accord: les libéraux sont sortis vainqueurs du conclave. C’était nécessaire du point de vue du gouvernement. Le fait que la Belgique avait été critiquée internationalement pour la croissance des impôts sous la coalition violette doit surtout avoir été dur à avaler pour les partis «anti-impôts», le VLD et le MR. De plus, l’image de marque du bon père de famille, que le gouvernement aime à se donner, a été mise à mal par le Fonds Monétaire International. Le FMI a donné un avertissement au gouvernement pour la façon dont il a équilibré son budget. Le FMI aimerait voir remplacer la reprise des pensions de Belgacom et la vente de bâtiments par des mesures plus structurelles.
Ensuite, il y eut les bricolages successifs de la déclaration libératoire unique (DLU), autrement dit de l’amnistie fiscale. A l’origine, celle-ci devait s’appliquer à partir du 1er janvier 2004. L’ordonnance d’application a été coulée par le Conseil d’Etat. Le cabinet du ministre des Finances Reynders a tenté d’arranger la chose, mais la nouvelle ordonnance est tellement ambiguë que les banques conseillent à leurs clients d’attendre encore un peu. Bref: l’ordonnance ne vaut rien.
Tant de bévues devaient inévitablement mener à des grognements et à de la nervosité sur les bancs libéraux. Le VLD voit s’exprimer, depuis quelques semaines, sinon quelques mois, des voix dissidentes fortes sur son aile droite. Cela a commencé avec l’ancien ministre Daems, qui a déclaré à l’hebdomadaire populaire Dag Allemaal que la fraude sociale était pire que la fraude fiscale, tout en trônant sur le perron de sa luxueuse villa. Cela a continué avec la flibuste menée par Coveliers sur le droit de vote des immigrés, sa démission comme dirigeant de la fraction VLD au Sénat et sa menace de démissionner du parti. Puis ce fut à nouveau Dewael, qui a lancé à mauvais escient le débat sur le foulard. Enfin le VLD a été obligé d’exclure Claudine De Schepper, parlementaire anversoise, pour son adhésion au Comité contre le droit de vote des immigrés, lancé et contrôlé par le Vlaams Blok. Aller aux élections d’une manière aussi divisée et peu crédible n’était pas possible pour Verhofstadt et le VLD et, dans une moindre mesure, le MR. Ils avaient besoin de concessions pour apaiser leur aile droite et pour augmenter leur crédibilité. C’était là le véritable objectif de Gembloux.
Un maigre résultat?
"Quand les libéraux obtiennent un succès, alors c’est bien aussi pour les socialistes"
(Steve Stevaert, président du SP.a)Selon la presse, en fin de compte peu a été décidé: de vieilles décisions ont été confirmées, d’autres reportées. Se-lon l’hebdomadaire Knack: «Il faut encore attendre le grand projet de société dont Guy Verhofstadt parlait dans ses Manifestes du Citoyen. Quel projet? «Le gouvernement sait pourtant que la même tâche l’attend que celle qui a déjà commencé dans les pays voisins, l’Allemagne, la France et les Pays-Bas. Il s’agit de la réorganisation complète de notre sécurité sociale et du marché de travail.» Voilà qui est très clair, mais les journalistes pensaient-ils vraiment que le gouvernement annoncerait cela publiquement moins de six mois avant les élections?
Qu’est-ce qui est alors sorti de Gembloux? Toutes sortes de cadeaux aux patrons sous la forme d’une réduction des charges sur le travail de nuit et le travail en équipes, de la possibilité de faire travailler le personnel des magasins le dimanche et de l’assouplissement de la loi sur l’implantation des centres commerciaux, d’une plus grande réductibilité des déjeuners et des dîners d’affaires. Le plus grand cadeau est le maximum à facturer sur l’utilisation d’électricité par les grands entreprises (voir cadre).
Comme les petits indépendants s’opposent à la révision de la loi sur l’implantation des surfaces commerciales en faveur des grandes surfaces et à l’élargissement du travail de dimanche, le gouvernement leur offre en compensation un statut social meilleur… qu’ils payeront eux-mêmes au travers de cotisations plus élevées. Le gouvernement veut aussi réduire la TVA de 21% à 6% dans le secteur Horeca (mais ceci doit encore être approuvé par l’Europe). Bref: les libéraux ont obtenu les succès qu’ils voulaient.
Il se peut que les succès des libéraux soient bien aussi pour certains «socialistes», surtout ceux qui – comme Stevaert – sont patrons d’une chaîne de cafés. La majorité des socialistes – et les travail-leurs qui ont été il y a long-temps «représentés» par eux – devront malheureusement constater que le gouvernement n’a pas seulement été géné-reux avec la santé des travailleurs – en impulsant le travail en équipe, le travail de nuit et le travail du dimanche – mais qu’il sera aussi de plus en plus difficile d’être malade ou vieux. En effet, pour favoriser l’engagement de travailleurs à bas salaires, le gouvernement à décidé de «donner» un «bonus crédit d’emploi». Ce-lui qui gagne moins de 1.956 euros brut par mois paiera moins de cotisations sociales, celui qui gagne moins de 1.095 euros brut n’en paiera même plus. Ainsi nous gagnerons plus en net, mais que se passera-t-il quand nous serons malades, licenciés où retraités? Nous devrons payer de notre propre poche parce que la baisse des cotisations sociales aura ruiné la sécurité sociale. Ainsi le gouvernement reprendra (largement) d’une main ce qu’il a donné de l’autre.
Les chômeurs dupés
Selon Alfons Verplaetse, l’ancien gouverneur de la Banque Nationale, la tâche de ce gouver-nement et de ses successeurs est comparable à celle de Wilfried Martens pendant les années 80. Les gouvernements de cette époque ont appliqué de lourdes mesures d’austérité. Durant cette période, les salaires ont baissé en moyenne de 15% et les allocations de 20% en moyenne. Simultanément la productivité des travailleurs est devenue une des plus élevées au monde. Les profits ont battu tous les records, la dette publique a triplé. En bref, ce fut un transfert massif de moyens financiers des pauvres vers les riches.
C’est ce que le FMI, la Banque Nationale, la FEB et com-pagnie attendent aujourd’hui du gouvernement: un carnage social en limitant dans le temps le droit à une allocation de chômage et en allongeant la durée moyenne d’une carrière professionnelle. Les décisions concernant ce dernier point ont été reportées jusqu’après les élections. Nous pouvons deviner pourquoi. Le droit à une allocation de chômage n’a pas été officiellement limité dans le temps. Mais, en pratique, cela reviendra au même par la centralisation accrue du contrôle des chômeurs par l’ONEm fédéral au détriment des services d’emplois régionaux, l’ORBEm, le FOREm et la VDAB.
Contrairement aux services d’emplois régionaux, qui accompagnent les demandeurs d’emplois dans leur recherche d’un emploi et essaient d’éviter une suspension, l’ONEm est purement un mécanisme de contrôle. Après 18 mois en moyenne de chômage, tous les demandeurs d’emploi seront obligés de prouver à l’ONEm qu’ils ont activement recherché du travail. Celui qui ne pourra prouver «suffisamment d’efforts» sera définitivement suspendu après trois convocations. Il faudra démontrer au moins 312 journées de travail dans une période de 18 mois pour avoir de nouveau droit à une allocation. Knack appelle cela «une percée de principe pour limiter le chômage dans le temps». Cette mesure asociale sera aussi appliquée aux chômeurs âgés (50 ans et plus). On comprend après tout cela pourquoi petits et grands patrons crient victoire… et pourquoi, à gauche, il vaut mieux être patron de café(*) que chômeur!
(*) Steve Stevaert, président du SP.a, est patron de café.
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France. Vers un nouveau parti pour les travailleurs en 2004?
En ce début d’année 2004, l’alternative politique pour le monde du travail doit s’exprimer par la mise en avant de la nécessité d’un tel parti. Les listes Lcr-Lo sont créditées de plus de 10% dans les récents sondages.
Cet article a été repris du site de la Gauche révolutionnaire, la section française du CIO.
Les travailleurs vont utiliser le bulletin de vote pour rejeter la politique du gouvernement et contester ceux qui, de la Gauche plurielle aux directions syndicales, les empêchent de lutter. Ce vote ne doit pas offrir aux travailleurs, aux jeunes et aux chômeurs un simple moyen de contestation politique mais aussi un débouché après les élections, une perspective de combat au quotidien.
Le premier novembre 2003, la Ligue Communiste Révolutionnaire, lors de son congrès, a lancé un appel à “Rassembler la gauche anticapitaliste”. Cet appel propose la tenue de rencontres locales de débat et d’action ouvertes à toux ceux qui cherchent une alternative politique pour le monde du travail puis des Assises nationales fin 2004.
Si cette volonté inscrite dans l’appel ne veut pas rester lettre morte, alors il ne faut pas attendre les résultats électoraux en juin 2004 pour la populariser et mettre en pratique. Découper les élections de la situation quotidienne des travailleurs serait faux et démobilisateur. Le débat serait abstrait et la participation sûrement limitée à un cartel d’extrême gauche, si pendant les mois de campagne électorale personne ne parlait de la nécessité d’un nouveau parti à une audience de masse.
Un peu moins d’un an pour rendre vivante l’idée d’un nouveau parti des travailleurs?
La LCR se démarque de plus en plus du programme socialiste. “Construire une grande force 100 % à gauche”, “ construire le parti des grèves ”, “ une grande force radicale ”, autant d’appellations floues traduisant une volonté de drainer tout ce qui erre à gauche de la gauche plurielle (réformistes, gauchistes, verts, etc.) dans un machin, une réunion de groupes politiques sans réelles structures ni principes. Ce qui est laissé à la porte, ce sont les fondamentaux du programme socialiste, c’est la masse des travailleurs.
Arlette Laguiller par trois fois, en 95, en 2002 et en 2003 n’a pas réellement lancé le mot d’ordre de création d’un nouveau parti alors que les conditions objectives et subjectives de la classe ouvrière l’exigeaient. LO préfère s’enferrer dans une logique à la fois ultimatiste et électoraliste. LO reste arqueboutée sur son programme, refusant de concevoir le futur parti des travailleurs autrement que comme un “ parti communiste révolutionnaire ”. Bien sûr si un tel parti était formé nous lutterions pour que le programme de ce parti soit révolutionnaire. Mais nous n’en ferions pas une condition nécessaire à notre participation à un parti des travailleurs si l’on peut s’accorder sur une plate forme fondée notamment sur une orientation anticapitaliste et défendant les revendications des travailleurs.
C’est pour cela que nous nous inscrirons dans toute initiative qui soit réellement en direction d’un nouveau parti des travailleurs, en y défendant non seulement des bases anticapitalistes mais également une perspective authentiquement socialiste. C’est ce combat que nous vous invitons à mener avec nous en nous rejoignant.
Dès à présent, dans un climat de luttes très faibles, l’alternative politique doit se décliner dans la lutte contre tous les licenciements, contre les privatisations notamment d’EDF et de La Poste, pour la prise en mains des décisions par les travailleurs.
C’est donc le moment de faire émerger un outil qui prolonge cette lutte sur le terrain politique. Les travailleurs ont besoin d’un parti ouvert à tous ceux qui s’opposent à la casse de nos conditions de vie et de travail, un parti qui s’oppose à tout ce qui dresse les travailleurs les uns contre les autres (racisme, sexisme, intolérance religieuse). L’extrême gauche en France est positionnée favorablement dans le renouveau du mouvement ouvrier organisé. Nous pouvons donc développer non seulement cette nécessité d’un parti mais aussi offrir la perspective du combat pour une société débarrassée réellement de l’exploitation capitaliste et de la misère, la perspective du socialisme. Mais pour cela, il faut saisir la situation politique sans plus attendre !
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Foulard. Quelques arguments contre une loi excluant les jeunes musulmanes de l’école publique
Cet article a été repris du site de la Gauche révolutionnaire, la section française du CIO.
Ne faut-il pas défendre l’école publique et laïque ?
On nous présente souvent la laïcité comme la neutralité à l’école où il ne faudrait aucun insigne religieux, politique, philosophique, etc. Autrement dit ce serait un sanctuaire qui préserverait les enfants des bagarres que se livrent les adultes. Raisonnons cinq minutes. Est-ce que ce gouvernement défend vraiment la laïcité en général ? Non. Dans sa campagne il ne s’élève à aucun moment contre le fait qu’en Alsace on trouve des croix sur les murs des écoles, que des aumôniers payés par l’Etat y enseignent… Ensuite l’année scolaire est organisée autour de la religion même pas chrétienne mais catholique : fêtes religieuses, congés scolaires organisés selon cette religion. Ajoutons que l’état subventionne les écoles privées.
En vérité il s’agit bien d’une attaque contre les musulmans et ça fait partie du contexte actuel où on montre les musulmans du doigt comme une secte à part, qui aurait la "mauvaise religion", la plus "intolérante". De telles exclusions justifient la multiplication d’écoles coraniques privées et entame l’idée d’école laïque encore plus. Ces propositions racistes et les mesures adoptées par tous les gouvernements viennent du contexte de ségrégation depuis le 11 septembre. Celui-ci a ouvert la voie à ce genre de mesures, depuis la prétendue lutte contre le terrorisme, le "danger intégriste"…sous la pression de l’aile la plus réactionnaire de la droite.
Ce gouvernement fait ça pour la défense des femmes…
D’abord la liberté ne s’impose pas mais se conquiert. Depuis quand ce gouvernement lutte t-il contre l’oppression des femmes ? Il facilite des plans de licenciement mettant à la rue beaucoup de salariés, dont une bonne partie sont des femmes (contraintes alors ensuite à la dépendance du foyer). En finançant les établissements catholiques, il contribue à créer le contexte anti-femmes puisque ce genre d’écoles refuse les distributeurs de préservatifs, combat toute information sur la contraception…ou l’avortement. Même dans certaines écoles publiques, cela est remis en cause. Ce gouvernement veut tellement défendre les femmes qu’il expulse un bon nombre de sans-papières, les renvoyant dans leurs pays où elles risquent parfois, la prison familiale ou le mariage forcé…
Le voile n’est-il pas un signe d’oppression ?
Evidemment, le voile est un signe de l’oppression de la femme car il suggère que la femme doive se soumettre de manière visible. Mais c’est leur droit et ça n’est pas moins oppressif que les discours qui disent que la femme doit être avant tout désirable. Comment lutter alors contre cette oppression ? Certainement pas en les excluant. La logique de la gauche (qui utilise le plus l’argument de défense des femmes) revient à dire que c’est pour leur bien qu’on les exclut et que les laisser venir à l’école ne les aiderait pas à fuir le poids réactionnaire de leur environnement. Et les virer, c’est quoi ? En les expulsant, on les renvoie dans le carcan du foyer et on les condamne à être enfermées dans le cadre familial où le poids de la religion est plus lourd, avec parfois les grands frères ou pères qui jouent les flics au sein de la famille. Laisser venir ces jeunes filles à l’école, même voilées, c’est au moins leur permettre d’évoluer et de s’instruire, grâce à ce qu’il reste de qualité à l’enseignement. Enfin, pour la libération de la femme, il ne suffit pas simplement qu’une jeune fille puisse se mettre en mini jupe pour être émancipée. Quant aux raisons de le porter, le défi face à la société de ségrégation est l’un d’elles, il est donc urgent de renforcer la lutte contre le racisme. Seul le combat contre le racisme montrera aux jeunes qu’il n’y a pas besoin de la religion en tant que refuge mais qu’il faut lutter.
Le mieux serait alors d’interdire tous les insignes politiques, philosophiques ou religieux car la loi concernerait tout le monde… C’est la position souvent annoncée par des partisans sincères de la laïcité. Mais une telle position reviendrait à expulser par dizaines de milliers des élèves de l’enseignement public. Car hormis la question du voile, on ne connaît pas tous les signes "ostensibles" dont parle ce gouvernement. On pourra éventuellement se faire expulser parce qu’on est communiste, parce qu’on portera un keffieh palestinien, un badge du Ché, un t-shirt Malcolm x ou encore parce qu’on aura une coupe de rasta ou des cheveux verts…La vraie position juste est de lutter pour la liberté totale d’expression et d’association pour tous les élèves, y compris vestimentaires, droits en partie arrachés par les luttes. L’école n’est pas un domaine particulier isolé de la société, la liberté d’expression et de conscience doit donc y être respectée.
Et la neutralité de l’école, qu’en faites-vous ?
On accuse souvent ces filles de mettre en cause la neutralité de l’école. Mais elle n’a jamais été neutre et ne peut pas l’être. Les manuels scolaires d’Histoire et d’instruction civique n’ont -ils pas toujours enseigné en concordance avec l’idéologie dominante ? En effet, l’Histoire de France dans les manuels scolaires n’a t-elle pas été enseignée en accentuant l’importance et la légitimité de l’empire français. Jules Ferry ne parlait-il pas alors de "devoir de civilisation des races supérieures" ? L’école n’est pas neutre. Cette prétendue neutralité sert à masquer l’idéologie dominante et à nous endoctriner pour que ce système tienne et soit adopté par tous.
Mais l’intégrisme islamiste est très réactionnaire…
La seule façon de combattre à la fois l’oppression et l’influence de l’intégrisme est de proposer une vraie alternative qui respecte chacun. Pourquoi l’Islam serait-t-il plus réactionnaire que les autres religions ? Il ne faut pas tomber dans ce piège car les arguments sur "l’Islam qui menace la civilisation de l’occident" de ce gouvernement sont racistes. Rien ne permet de dire que les filles expulsées sont intégristes ou de famille intégriste hormis quelques cas minoritaires. Leur exclusion est une attaque discriminatoire déguisée. Le plus juste est de défendre le droit de ces jeunes filles à l’école publique.
Ce genre de campagne contre l’intégrisme musulman ou le "danger intégriste" nous fait aussi oublier un autre intégrisme, l’intégrisme catholique bien présent de ces gens qui manifestent contre le PACS, les droits de la femme tels que l’avortement ou la contraception, parfois violemment. Aucune campagne n’a été menée contre eux.
La défense de la laïcité exige deux critères : la séparation complète des institutions religieuses et de l’état et une seule école publique et gratuite. Aucune condition n’est réalisée pleinement en France, pays pourtant considéré comme laïc. La laïcité ne concerne pas les élèves mais l’institution scolaire. Ça signifie au contraire la plus grande liberté d’expression et d’organisation pour tous les lycéens. Nous sommes pour que toutes les personnes, qu’elles soient athées, agnostiques, musulmanes, chrétiennes, juives, etc.…aient leur place en un seul système éducatif public et gratuit. Mais parce que cette idée se heurte aux institutions étatiques de ce système, la vraie laïcité passe par le renversement du capitalisme.
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Ayez confiance… le bout du tunnel n’est pas si loin
Prenant appui sur l’annonce du bon en avant du taux de croissance américain, les "experts" en économie, ces prophètes de la doctrine libérale, annoncent un retournement de conjoncture. Mais il est maintenant habituel d’entendre ces gourous du capitalisme entonner cette litanie "des lendemains qui doivent chanter" afin de nous faire patienter lorsque l’économie capitaliste a des ratés. Il faut donc y regarder d’un peu plus près.
Yann Venier
Il est cependant indéniable que l’économie américaine connaît une éclaircie selon les critères libéraux. La Bourse américaine se porte mieux. Même le NASDAQ, l’ensemble des valeurs des nouvelles technologies, qui s’était effondré après l’éclatement de la bulle spéculative en 2000, connaît à nouveau une période d’embellie quelque peu déraisonnable, au point que certains évoquent déjà la formation d’une nouvelle bulle spéculative ; le moteur de recherche Google est surévalué de 50 fois par rapport à sa valeur réelle (rapport entre la cotation et les profits réalisés par l’entreprise). Le rapport entre la capitalisation boursière (l’ensemble des valeurs boursières) et le PIB est de 115%. C’est donc l’ensemble des valeurs boursières qui est surévalué. Avant la chute des Bourses américaines en 2000 ce rapport était de 160%, puis la bourse a perdu près de 50% de sa valeur.
Le taux de croissance est donc aussi en forte progression, 7,2% en rythme annuel pour le troisième trimestre 2003 (3,3% au second trimestre). Cette forte augmentation est due essentiellement à une augmentation de la productivité du travail (grâce entre autre à une meilleure intégration des nouvelles technologies au sein des entreprises depuis quelques mois, mais grâce aussi et surtout aux milliers de licenciements – les USA ont perdu plus de 3 millions d’emploi depuis que Bush est au pouvoir), à l’augmentation des dépenses militaires (+ 45% au second trimestre), aux baisses massives d’impôts et enfin à la faiblesse du dollar face à l’euro grâce à la baisse des taux d’intérêt effectuée par la Federal Bank.
Les USA, la locomotive de l’économie mondiale ?
Mais analyser ces éléments comme un signe d’amélioration durable de la situation est une vue à court terme ; l’économie américaine est toujours sur le fil du rasoir.
Premièrement les bulles spéculatives finissent toujours par éclater, entraînant l’effondrement de l’économie réelle à sa suite. Le chômage augmente toujours, le nombre de pauvres et de travailleurs pauvres est aussi en pleine croissance (c’est aussi vrai en Europe), alors que les aides d’Etat ne cessent de baisser, diminuant la solvabilité du marché, et que la dette des ménages est, semble-t-il, arrivée à son maximum (la dette des ménages américains atteint, en 2002, 8400 milliard de dollars, soit 29 000 dollars par américain alors que le revenu médian par an est de 42 000 dollars). La crise de surproduction continue donc de s’accroître poussant les patrons américains à chercher des débouchés à l’extérieur en libéralisant l’économie mondiale (et en accroissant les politiques protectionnistes) et poussant le gouvernement à mener une politique impérialiste agressive. Et ce n’est pas le taux de croissance attendu pour l’année prochaine, 3 ou 4%, qui permettra d’inverser la courbe du chômage.
Deuxièmement, l’économie américaine est toujours soutenue par les investisseurs étrangers alors que malgré un dollar faible les USA continuent d’importer plus qu’ils n’exportent ; ainsi la dette extérieure des USA auprès d’Etats ou d’investisseurs étrangers est aujourd’hui de 2500 milliards de dollars soit 25% du PIB et le déficit de la balance du commerce extérieur est de 500 milliards de dollars par an. Si pour une raison ou une autre, les investisseurs étrangers décidaient de rapatrier les capitaux, l’économie américaine s’effondrerait comme un château de cartes.
On le voit, les fondamentaux de l’économie américaine ne sont pas bons, contrairement à ce que les économistes nous disent. Lors de crises profondes, les économies peuvent voir des périodes d’amélioration temporaire. Aucun signe ne laisse présager que l’amélioration que vit actuellement les USA soit durable. L’Europe, et la France en particulier, ne risque donc pas d’en profiter.
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Constitution européenne : Un pas de plus pour l’Europe libérale
L’élaboration de la constitution européenne fonctionne comme un parfait miroir de focalisation des différentes tendances de la politique européenne des capitalistes et de leurs représentants.
Geneviève Favre
Tout d’abord l’opposition sur la structure des institutions de l’Union européenne entre les puissances dominantes comme La France et l’Allemagne et les petits pays comme la Pologne ou l’Espagne montre bien le fossé qu’il y a entre la volonté d’unifier les forces européennes et la réalité des divergences d’intérêts économiques et politiques. En effet alors que Chirac et Schröder souhaitent un axe franco-allemand dominant, les petits pays dont ceux qui vont rejoindre l’Union en mai 2004, refusent plusieurs aspects de la nouvelle constitution européenne (comme la restriction du nombre de commissaires à 15 à partir de 2009, ou l’obligation d’opter pour la politique commune de défense plutôt que pour l’Otan.)
Cependant si concurrences et rivalités existent entre les capitalistes, il y a un terrain d’accord immuable : le renforcement de la casse des services publics, le développement du travail précaire et la facilitation des licenciements. Ainsi la partie de la constitution reprenant notamment les traités de Maastricht et d’Amsterdam, armes européennes contre les acquis des travailleurs, a été adoptée sans débat ni aucune difficulté. De plus une constitution ne vise traditionnellement qu’à définir les structures des institutions et non pas les politiques menées. Cette inclusion dans la constitution elle-même de traités définissant les politiques libérales européennes montre bien que les instances dirigeantes veulent une Europe clairement antisociale. A ceci s’ajoute l’indépendance accentuée de la BCE (Banque centrale européenne) et son alignement sur le libéralisme. Et même si nous n’avons aucune illusion à l’égard du parlement européen, qui est comme les autres institutions de la démocratie bourgeoise au service des classes dirigeantes, on ne peut que remarquer son maintien à une fonction législative très limitée, au profit d’un pouvoir accru du Conseil européen, notamment sur les questions de politiques économiques et sociales.
L’objectif des capitalistes est clair : renforcer l’arsenal de lois anti-ouvrières dans toute l’Europe et arguer de l’Union européenne pour justifier dans chaque pays les mesures libérales de casse des acquis sociaux et des services publics. Aussi, les divergences actuelles au sein de la majorité en France ne tiennent qu’à une question de forme : comment va-t-on exploiter et museler la classe ouvrière, par des lois nationales ou par des lois européennes ?
Ce n’est pas un hasard non plus de voir la droite du PS s’accorder avec la position des pro-européens de droite, en voyant dans le projet des " avancées significatives ". Hubert Védrine perçoit en effet ce texte comme " raisonnable " et " le meilleur résultat possible ". Tout au plus des dirigeants du PS désirent amender le texte sans changer les fondamentaux de la politique libérale. Le vieil argument du " C’est mieux que rien " est évidemment mis en exergue, notamment par les Verts. Certaines tensions néanmoins se font sentir à l’intérieur de l’ex gauche plurielle, certains militants prônant, comme le PC, un refus.
Mais le " non "à cette constitution ne doit pas se faire sur des bases nationalistes (ouvriers et patrons ne partagent aucun intérêt commun , l’union sacrée pour la défense de la souveraineté n’a donc pas lieu d’être) mais sur la nécessité de construire une mouvement européen de défense des intérêts des travailleurs.
Plus que jamais le sort des travailleurs est lié non pas aux manœuvres et ressorts des capitalistes sur cette question de la constitution mais avant tout dans leurs capacités à construire une réaction générale et massive à l’exploitation capitaliste, dans leurs capacités à mettre en avant une alternative socialiste de renversement du système actuel.
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France: La liste commune de l’extrême gauche à 15%?
ALORS QUE le gouvernement multiplie ses attaques contre les acquis sociaux, la situation continue de se radicaliser. L’annonce par Lutte ouvrière (LO) et la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), qui avaient fait à elles deux près de 10 % aux élections présidentielles de 2002, a été accueillie positivement par de nombreux travailleurs.
Alex Rouillard
Selon les derniers sondages, 9% des électeurs vont certainement voter pour cette liste, et 22%, qui ne l’ont jamais fait, pourraient le faire. Jamais des organisations qui se revendiquent du trotskisme n’ont atteint un tel potentiel électoral. A l’opposé de la scène politique dans un autre sondage, 24% des personnes interrogées se disent en accord avec les idées du Front National, qui continue de faire évoluer son discours en direction des couches populaires.
Si autant de travailleurs et de jeunes se disent prêts à voter pour l’extrême gauche, c’est par rejet des partis pro-capitalistes, de gauche comme de droite. Les grandes attaques de Raffarin (contre les retraites, les conditions de travail, les services publics…) n’ont déclenché quasiment aucune opposition de la parts du PS, et très peu de la part des Verts ou du Parti communiste. Les dirigeants des syndicats, entièrement liés aux partis de gauche, ont complètement bloqué les luttes. Par exemple, alors qu’une large majorité des salariés d’Electricité de France (EDF) est contre la privatisation, les directions syndicales n’organisent aucune lutte et elles participent à la mise en place d’éléments permettant la privatisation. De nombreux travailleurs vont utiliser le bulletin de vote LO-LCR pour rejeter ces politiques et contester ceux qui les empêchent de lutter.
Le discours anticapitaliste des deux formations d’extrême gauche est largement partagé par les travailleurs. Une récente étude du Monde montre que pour 30% des gens, l’extrême gauche apporte des idées neuves. 60% des sympathisants du Parti communiste se sentent proches de celle-ci (23 % de l’ensemble de l’électorat, 37 % chez les 18-24 ans). L’extrême gauche est clairement perçue comme un opposant complet aux politiques actuelles.
Au delà du succès électoral qu’elle va probablement connaître, que va faire l’alliance LO-LCR? L’alliance sera ouverte aux groupes ou militants qui "acceptent le cadre fixé par l’accord, ainsi que l’intitulé des listes et le texte de la profession de foi commune sous réserve qu’ils n’exigent pas sa modification" et sera décidé nationalement par les deux organisations. A ce jour il n’est pas question d’une véritable campagne en commun avec comités de soutien qui permettraient de faire le lien entre la campagne et les luttes des travailleurs.
Les échanges de courrier entre LO et la LCR établissaient clairement qu’il ne s’agirait que d’une alliance électorale sans lendemain. Le bon score électoral probable de la liste sera un encouragement pour les travailleurs, mais elle ne propose aucun débouché politique aux millions de gens qui vont voter pour elle: un nouveau parti des travailleurs. Au fur et à mesure de ses succès, elle a atténué sa critique du capitalisme et fait disparaître toute référence à une alternative socialiste au capitalisme. "En votant pour notre liste, vous pouvez faire un geste politique, un encouragement pour les luttes comme pour tous ceux qui veulent agir pour les droits des travailleurs afin de mettre fin à la tyrannie des gros actionnaires et de la bourse". Et c’est tout.
La Gauche révolutionnaire, (section sœur du MAS/LSP) fera campagne pour que le vote pour la liste LO-LCR soit le plus élevé possible. Nous défendrons dans cette campagne la nécessité d’un nouveau parti des travailleurs qui organise les luttes d’aujourd’hui et popularise la nécessité d’une alternative socialiste au capitalisme. Et un bon score de la liste LCR-LO sera une preuve de plus que les conditions sont bonnes pour aller dans ce sens.