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Tag: France
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19 mars: manifestation de masse réussie à Bruxelles
Ce 19 mars, Bruxelles a accueilli une masse de manifestants. Trois manifestations se sont rassemblées en une énorme manif avec 80.000 participants provenant de toute l’Europe. La manifestation montrait la force de la mobilisation européenne, la radicalisation et la volonté d’action croissantes à la base, mais aussi le manque d’un instrument politique, ce qui permit aux partis traditionnels d’être présents.
Nikei De Pooter
La Marche des Jeunes était à la tête de la manifestation. Là se trouvaient à peu près 2000 jeunes. Notre délégation comprenait à peu près 300 travailleurs et jeunes, avec également la présence de camarades des Pays-Bas, de France, d’Allemagne et de Grande-Bretagne. Ce n’était pas une coïncidence si les plus grandes délégations à la Marche des Jeunes étaient les délégations politiques radicales. Les Jeunes FGTB et CSC étaient présents avec des camions de carnaval et avec une musique assourdissante, mais ils n’ont pas réussi à faire marcher plus de quelques dizaines de jeunes dans leurs délégations.
Nous avions discuté avec eux dans le courant de la campagne sur le type de Marche qu’il fallait. Selon eux, les jeunes ne s’intéres-sent pas à une marche combative, mais plutôt à une sorte de love-parade. Cela s’exprimait aussi dans le logo infantile des Power rangers sur l’affiche de mobilisation. Ils ont tenté d’éviter que la Marche des Jeunes ne se profile comme radicale. Leur argument était qu’une marche « trop radicale » ferait peur aux jeunes et qu’un programme vague et large permettait à une grande variété d’organisation de participer.
Cette stratégie allait tellement loin que les différents partis gouvernementaux n’étaient pas seulement sur l’affiche, mais participaient réellement à la Marche. Le CD&V en donnant un tonneau de bière gratuit sur un bar mobile, le N-VA en buvant le tonneau. Animo, les jeunes du SP.A, ont réussi à faire porter leur banderole par le « ministre de la chasse aux chômeurs » Frank Vandenbroucke. Notre délégation disait bienvenue à tous ces types avec le slogan « néoliberalen = dikke asocialen ! » (néo-libéraux = gros asociaux)
Le MAS a mis la Marche des Jeunes sur l’agenda. Nous avons mené une campagne pendant des mois. Pour nous, l’important n’était pas seulement la manif elle-même, mais aussi la construction d’une relation de force à la base. Ces derniers mois, nous avons augmenté notre présence aux bureaux de pointage et y avons obtenu un soutien grandissant, bien que souvent passif. Nous avons utilisé l’occasion de construire une présence plus large dans les entreprises. Dans ce travail il était important de présenter un programme d’unification des mouvements de lutte et de proposer une initiative concrète. Ce fut chose faite avec la Marche des Jeunes.
Pour nous, la campagne était réussie. Nous avons formé une délégation combative, vendu plus de 500 exemplaires de notre journal et 100 exemplaires des journaux d’autres sections du CIO (notre internationale) et nous avons récolté 400 euros de fonds de lutte. La Marche des Jeunes est peut-être venue trop tôt ; la volonté de transformer le mécontentement large mais passif contre le chômage croissant, la flexibilité, le travail interim,… en une opposition active est toujours limitée. Mais après la manifestation contre l’accord interprofessionnel en décembre et les actions dans divers secteurs (le non-marchand, Splintex, le secteur d’alimentation,…) la Marche des Jeunes et la manifestation de la CES (Confédération Européenne des Syndicats) venait à un excellent moment. Puisque pour nous cette Marche n’a jamais été vue comme une fin en soi, mais comme une occasion de mettre à l’agenda la nécessité de construire une opposition de gauche dans les syndicats et la nécessité d’un instrument politique. Leen Pontezeele des Jeunes CSC a déclaré dans les médias que pour elle cette Marche des Jeunes n’était qu’un premier. Nous sommes ravis de ce point de vue et faisons appel à tous pour faire une évaluation ensemble, pour ensuite retourner sur le terrain et commencer à construire une nouvelle Marche des Jeunes !
CGT et FNV: délégations combatives
La CES manifestait contre la directive-Bolkestein (sur la libéralisation des services) et il y avait aussi la manif du FSE (Forum Social Européen). Dans la manif de la CES, les délégations de la CGT (France) et du FNV (Pays-Bas) se sont fait remarquer. La CGT avait à peu près 30.000 membres présents dans sa délégation, et celle du FNV comprenait aussi des milliers de travailleurs. La CGT se profilait contre la constitution européenne, sur laquelle un referendum est organisé en France. La mobilisation contre la constitution européenne montre une rage et une combativité crois-sante contre la politique néo-libérale de l’Europe. Ce n’est pas une coïncidence si les délégations de la CGT et du FNV étaient les plus grandes. Dans les deux pays, il y a un processus de radicalisation qui se développe contre les attaques antisociales du gouvernement et du patronat.
La délégation du FSE était plus limitée. Quelques milliers de membres des différents “mouvements sociaux” manifestaient. Il est pour eux d’une importance cruciale de se retrouver dans la classe ouvrière.
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Le Liban en ébullition
L‘assassinat de l’ex-Premier ministre Raffic Hariri le 14 février a plongé le Liban dans une crise de régime qui couvait déjà depuis quelques mois. La classe dirigeante a étalé ses divisions tandis que des centaines de milliers de Libanais manifestaient tour à tour pour ou contre le gouvernement et la puissance tutélaire syrienne. La polarisation est telle dans ce pays de 3,5 millions d’habitants qu’une nouvelle guerre civile n’est pas à exclure.
Thierry Pierret
L’origine de la crise remonte à septembre 2004. Raffic Hariri, alors Premier ministre, démissionnait avec fracas pour protester contre la prolongation anti-constitutionnelle du mandat du président pro-syrien Emile Lahoud. Avant d’entrer en politique, Hariri avait amassé une fortune colossale en investissant dans la reconstruction d’un pays ravagé par 15 ans de guerre civile. L’énorme chantier de la reconstruction a fait affluer les capitaux de la diaspora libanaise et la main d’œuvre syrienne.
Mais la reconstruction n’en a pas moins creusé les inégalités sociales. Si les grandes infrastructures et le centre commercial de Beyrouth ont connu une véritable résurrection, les quartiers populaires et les camps de réfugiés palestiniens n’ont pas fini de panser leurs plaies béantes. Le marché de la reconstruction a généré des fortunes colossales et une corruption galopante qui a arrosé les politiciens de tous les partis. Le Liban est également devenu la plaque tournante de toutes sortes de trafics illégaux avec la complicité des militaires et des services de renseignement libanais et syriens qui se sucrent au passage. Cette situation a nourri l’exaspération des nombreux laissés-pour-compte du " miracle libanais " envers le régime et l’occupant syrien. L’assassinat de Hariri est l’étincelle qui a mis le feu aux poudres.
Quelle issue à la crise?
Nombre de Libanais accusent la Syrie. A l’appel de l’opposition, des centaines de milliers de Libanais de toutes confessions sont descendus dans la rue à plusieurs reprises, provoquant la démission du Premier ministre pro-syrien. L’opposition se sent pousser des ailes dans le dos depuis le vote l’année passée de la résolution 1559 de l’ONU qui exige le retrait des troupes syriennes. La France espère bien reprendre pied au Liban tandis que les Etats-Unis y voient un levier pour renverser le régime ba’thiste syrien. En effet, un Liban libéré de la tutelle syrienne priverait Damas de tout moyen de pression sur Israël en mettant le Hezbollah au pas et expulserait sans doute tout ou partie du million d’immigrés syriens qui contribuent à maintenir l’économie syrienne à flot en envoyant une partie de leur salaire au pays.
Mise sous pression, la Syrie a commencé le retrait de ses troupes. Mais elle n’hésitera pas à déstabiliser le Liban si l’opposition devait gagner les élections prévues en mai. Des attentats ont déjà eu lieu dans des quartiers chrétiens et ils vont sans doute se multiplier à l’approche des élections. La Syrie a commencé à allumer des contre-feux en mobilisant ses partisans libanais. A l’appel du Hezbollah, 500.000 Chiites manifestaient le 8 mars à Beyrouth en soutien à la Syrie. Si la capacité de mobilisation du Hezbollah repose davantage sur le clientélisme que sur l’adhésion, le risque de confrontation intercommunautaire n’en est pas moins réel. D’autant plus que certaines composantes de l’opposition attisent délibérément la haine contre les immigrés syriens et les 400.000 réfugiés palestiniens du Liban. Cette attitude ne peut que pousser ces communautés à faire bloc avec Damas. D’autres états, avec ou sans le soutien de l’impérialisme, chercheront alors des relais au sein de l’une ou l’autre communauté libanaise pour contrer la Syrie. Le Liban risque de redevenir ce champ de bataille où tous les protagonistes du Proche-Orient règlaient leurs comptes par Libanais interposés.
L’absence d’une opposition ouvrière et socialiste crédible se fait cruellement sentir. Une opposition qui lie la lutte contre l’occupation syrienne à la lutte contre les capitalistes libanais et la classe politique corrompue. Une opposition qui défende l’égalité politique et sociale des travailleurs libanais, syriens et palestiniens pour forger l’unité de toute la classe ouvrière du pays.
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Chirac face à la défaite?
Les mobilisations contre le gouvernement de Raffarin fusionnent avec l’opposition à la constitution européenne. Ce 10 mars dernier, plus d’un million de personnes sont descendus dans les rues de France pour demander de meilleurs salaires et pour lutter contre l’allongement du temps de travail. Les travailleurs du secteur privé se sont joints à leurs collègues du secteur public, les “vétérans” d’un grand nombre de manifestations ont manifesté côte à côte avec de jeunes travailleurs et des lycéens qui participaient à leur première manifestation.
Karl Debbaut
C’était le cinquième jour de mobilisation nationale depuis le début de 2005 et le plus important depuis le printemps 2003, période ou avaient eu lieu de grandes luttes contre la réforme des pensions du gouvernement de droite dirigé par Raffarin. Selon les syndicats, la participation aux 150 manifestations à travers la France a doublé en comparaison au dernier jour d’actions nationales du 5 fevrier. Cette démonstration impressionante de la force des travailleurs a poussé le gouvernement et les patrons francais sur la défensive.
Le gouvernement Raffarin, guidé par les stratèges de l’ organisation patronale, le MEDEF, et le président de la république, Jacques Chirac, pensaient avoir brisé la resistance des travailleurs au printemps 2003. A ce moment là, la faillite des directions syndicales à organiser une grêve générale a permi l’ application de la réforme des pensions. Le gouvernement a continué à appliquer l’ offensive patronale : semi privatisation du gaz et de l’ électricité, attaques sur les services sociaux et l’ éducation,… La Poste et la SNCF, la compagnie nationale des chemins de fer, ont été réorganisées afin de les préparer à la privatisation. Le 8 février dernier, le gouvernement en a finit avec la semaine des 35 heures, autorisant ainsi les patrons à faire travailler les travailleurs plus longtemps sans payer les heures prestées en plus des 35 heures.
Il y a une énorme colère par rapport aux tentatives des patrons d’ allonger le temps de travail. Mais beaucoup de travailleurs n’ ont pas oublié l’expérience de l’ introduction de la semaine de 35 h par le dernier gouvernement de la gauche plurielle – une coalition compose par les sociaux démocrates, les “communistes”, les verts et des indépendants- quand cela a été utilisé pour introduire une “flexibilité” sauvage dans le secteur privé. Dans l’enterprise automobile Citroën, à Saint-Denis, la production a augmentée jusqu’à 6000 voitures sur une période de 4 jours, alors qu’ avant la même quantité était produite en 5 jours.
Les tentatives des patrons pour allonger la longueur de la semaine de travail a mené en réalité à une coupe supplémentaire dans les salaires réels des travailleurs du privé. Les 5.2 millions de travailleurs du secteur public ont déjà souffert de la même érosion de leurs salaires. Selon la CGT, le deuxième plus grand syndicat, les revenus ont chuté en termes réels de 5-6% ces trois dernières années. Le gouvernement a offert aux travailleurs du secteur public une maigre augmentation de salaire de 0.5% à partir du 1er février 2005 et une autre de 0.5% au 1er novembre.
Raffarin a attendu trois jours avant de répondre à la mobilisation syndicale du 10 mars. Après avoir invité les dirigeants syndicaux à reprendre les négociations sur les salaires du secteur public, il a déclaré dans son style inimitable : "Le courage aujourd’hui, c’est la réforme…La lucidité politique conduit à l’équilibre entre l’écoute et la détermination. Je montrerai dans les jours prochains, concrétement, que je sais mettre en pratique l’une (l’écoute) et l’autre (la détermination)."
Il a aussi appellé les patrons à regarder à des initiatives concrètes pour commencer les négociations sur les salaires des travailleurs du secteur privé.
Antoine Seillière, le patron des patrons, à la tête du Medef, a déclaré que ni le gouvernement ni la fédération patronale n’ a l’ autorité de déterminer les salaires dans le secteur privé. Il a aussi déploré que le gouvernement réagisse si rapidement à la pression de la rue.
Raffarin et Chirac ont décidé de changer de stratégie. Ils sont inquiets par rapport au nombre croissant de travailleurs du public et du prive qui prennent part aux manifestations, et spécialement au sujet de la résistance qui se développe contre l’ Union Européenne et la Constitution Européenne. Les travailleurs francais regardent les politiques de l’ UE et celles du gouvernement francais et tirent la conclusion qu’ elles sont des “jumelles diaboliques”. Les politiques néo-libérales de privatisation, de dérégulation et d’ attaques sur les conditions de vie et de travail de millions de travailleurs sont les mêmes que ce soit en France ou en UE.
La CGT appelle à voter NON lors du référendum sur la Constitution Européenne prévu le 29 mai prochain. En faisant cela, cela a élevé le référendum au niveau d’ une question centrale dans la mobilisation des travailleurs contre Raffarin, et cela a rajouté une pression énorme sur les partis pro-constitution dans le gouvernement et dans l’ opposition. Vu que les prochaines élections nationales prendront place dans deux ans, le référendum sera la première opportunité de frapper de plein fouet le gouvernement.
Le soutien public à la Constitution Européenne a chuté solidement en France. On est maintenant à seulement 10 semaines du vote et le soutien est tombé à 56%, 10% de moins qu’ il y a trois mois. Un sondage publié dans le Parisien le 18 mars montre que le soutien à la Constitution Européenne ne serait que de 49%, avec 51% contre. Un autre sondage publié par Le Figaro montre que 52% sont certains de voter contre. C’ est la première fois que les opposants à la constitution sont en tête dans les sondages et cela va certainement secouer pas mal de dirigeants européens.
La droite est divisée sur cette question, par exemple l’ ex-ministre de l’ interieur Charles Pasqua a déclaré : "La Constitution européenne n’est pas, comme on aimerait leur faire croire, l’aimable jubilé de la paix et de l’amitié entre les peuples européens. C’est au contraire l’acte fondateur de la «Nouvelle Europe» chère à Donald Rumsfeld, inféodée aux marchés financiers, coulée dans le moule atlantiste avec lequel l’adhésion de la Turquie va la faire coïncider exactement, intégrée de facto dans le «nouvel ordre mondial».
Le Parti Socialiste a organisé un référendum interne pour décider de la position du parti. Le leader du PS, François Hollande, a mené campagne pour le oui et a gagné. Son principal concurrent était l’ ancien premier ministre, Laurent Fabius, vu généralement comme le numéro deux du parti. Le camp du non a quand même obtenu 42%. Cela ne veut pas dire que le débat interne est clôturé. De nouveaux sondages avancent l’ idée que si le scutin était réorganisé aujourd’ hui le camp du non obtiendrait 59%. Fabius et d’ autres leaders du PS continuent de mener campagne pour le non, cela en ayant comme ambition de diriger le PS dans les prochaines elections de 2007. Les tensions internes sont importantes et un futur regroupement interne ou une fracture ne sont pas à exclure. Henri Emmanuelli, leader du Nouveau Monde, une des minorités dans le PS qui s’oppose à la constitution, compare les membres du PS qui soutiennent la Constitution Européenne avec les socialistes qui ont voté pour un soutien complet aux collaborateurs du régime de Vichy du Maréchal Henri Pétain en 1940.
La question du référendum a atteint une telle envergure que Chirac se déclare aujourd’ hui publiquement contre la directive Bolkenstein sur les services. Il disait que c’ est inacceptable. Il a aussi demandé au président de la Commission Européenne, Jose Manuel Barosso de “garder contrôle sur ses membres de la commission”. Récemment, différents membres de la commission européenne ont vexé les médias francais à cause de leur franchise néolibérale. Danuta Hübner, membre de la commission pour la politique régionale, a déclaré que “au lieu de metre fin aux délocalisations, l’ UE devrait les encourager au sein de l’ UE”. Nelli Kroes, membre de la commission pour la concurrence, ajoutait : "Les subventions de l’ UE des pays riches pour les pays pauvres devraient être stoppées”. Vladimir Spidla, membre de la commission pour les affaires sociales, avancait encore plus clairement ceci : “L’ objectif est premièrement et avant tout la flexibilité”. Peter Mandelson, récompensé par Tony Blair en obtenant le poste à la commission européenne sur le commerce, a lui rappellé aux etats membres qu’ “ ils doivent continuer a réformer leur marché du travail et leur système de sécurité sociale”.
En France, le gouvernement et l’ élite se trouvent sur le tranchant d’un couteau. La stratégie de Raffarin est de proposer des négociations et d’ essayer de casser l’ unité croissante entre les travailleurs du public et du privé. En offrant un rien aux bureaucrates syndicaux, il va essayer de faire dérailler les mobilisations et, en même temps, essayer d’obtenir une victoire pour le camp du oui au référendum. Les travailleurs et la jeunesse en France ont montré clairement leur compréhension de la situation et l’ énergie qu’ ils ont pour combattre le capitalisme. Ces mouvements ont sauvegardé la France des plus mauvais excès du néo-libéralisme et du capitalisme, une situation décrite par le nouveau ministre des finances, Thierry Breton, comme “ le refus collectif de toute une génération…de réformer ce qu’ il faut et d’ éliminer les “déchets”.
Le mouvement actuel en France et la possibilité d’ un vote contre la Constitution Européenne le 29 mai peuvent avoir une influence profonde sur les dévelopements politiques.
Cela pourrait conduire à des scissions dans les partis de centre-gauche et de centre-droit, ainsi qu’ à un regroupement des forces politiques. Les travailleurs sont pour le moment retenus en arrière à cause de l’ absence de leur propre véritable force politique socialiste. Bien que beaucoup d’ occasions ont été ratées dans le passé pour construire un tel nouveau parti des travailleurs, les évènements actuels vont créer de nouvelles opportunités pour les travailleurs francais et européens pour avancer sur la route du socialisme.
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“A travail égal, salaire égal!” La grève des femmes de la FN de Herstal
1966 (16 février – 8 mai)
Le 16 février 1966 éclatait une grève qui allait devenir historique : celle de 3.000 ouvrières de la Fabrique Nationale d’Armes de Guerre (FN) de Herstal. Cette grève est devenue historique pour deux grandes raisons :
1. Les grèves de femmes sont rares : celle de la FN fut la plus importante, car elle a duré 12 semaines, elle fut massivement suivie du début à la fin, elle s’est concrétisée dans un slogan (“A travail égal, salaire égal !”) pouvant être repris par toutes les femmes travailleuses et elle s’est terminée par une victoire (même si celle-ci ne fut que partielle)
2. Elle a eu lieu à un moment charnière : 5 ans après la grande grève de l’hiver 60-61 contre la Loi unique (1 million de travailleurs au moment le plus fort de la grève) et 2 ans avant Mai ’68 qui a permis la relance d’un nouveau mouvement féministe dans la jeunesse. La grève de la FN a donc été marquée par la combativité issue de 60-61 et elle a servi de référence pour les toutes les femmes qui voulaient défendre et étendre leurs droits dans les années qui suivirent.Jean Peltier
Quarante ans après, certaines idées fausses se sont parfois développées quant à cette grève, notamment l’idée que ce fut la première grève des femmes en Belgique et que cette lutte s’était heurtée à l’opposition des ouvriers.
La revendication “A travail égal, salaire égal !” et le mouvement ouvrier
Pendant la première phase de développement du capitalisme industriel en Belgique (1800-1870), les femmes et les enfants sont massivement intégrés à la production dans des emplois non qualifiés, surexploités et sans droits. Vers 1860, les femmes représentent 35% de la main-d’oeuvre, non qualifiée et surexploitée: le salaire d’une ouvrière représente en moyenne la moitié du salaire d’un manoeuvre masculin adulte. En 1900, après que la bourgeoisie ait décidé de “reconstruire” la famille ouvrière, les femmes représentent encore 26% de la main-d’oeuvre.
Durant tout le 19e siècle, la grande majorité des hommes – les bourgeois mais aussi les prolétaires – ont une vision profondément sexiste, marquée par la religion : les femmes sont inférieures aux hommes, leur faiblesse est naturelle, leur place est à la maison pour s’occuper de l’entretien de la famille et des enfants.
La création en 1885 du Parti Ouvrier Belge (l’ancêtre du PS) représente un grand pas en avant : la Charte de Quaregnon affirme que “le parti ouvrier est le représentant non seulement de la classe ouvrière mais de tous les opprimés sans distinction de nationalité, de culte, de race ou de sexe”. Le POB lutte donc pour l’égalité civique et le suffrage universel pour tous. Néanmoins, la position dominante au sein du parti reste que la place naturelle de la femme est au foyer pour s’occuper du ménage et des enfants. Mais comme on est encore loin de cette situation idéale (!) et que les femmes doivent travailler, il est juste que, à travail égal, elles touchent un salaire égal. L’objectif central reste pourtant que le salaire de l’homme devienne suffisant pour pouvoir se passer du travail de la femme et lui permettre de retourner à la maison.
Après la 1ère guerre mondiale, le travail des femmes se développe en tant qu’employées dans les bureaux des usines et dans les administrations. L’agitation sociale grandit, les travailleurs obtiennent la journée des 8 heures et des hausses de salaires. Les femmes participent aux mouvements de grève et les premières grèves de femmes ont même lieu, notamment celles des ouvrières polisseuses sur métal de Liège et Herstal en 1920, des vendeuses de grands magasins en 1920 aussi et, en 1922, celles des ouvrières du textile à Verviers (qui dure 5 mois!).
Le mouvement syndical (qui reste totalement dominé par les hommes) revendique “A travail égal, salaire égal” mais ne fait que très peu d’efforts pour imposer cette revendication dans la réalité. La patronat finit par accepter – en théorie – cette idée mais il la contourne dans la pratique, en imposant des petites différences entre les postes et les opérations de travail entre hommes et femmes qui font qu’il n’y a presque jamais de travail égal… et donc pas de salaire égal !
Après la 2e guerre mondiale, les nouvelles institutions internationales comme l’O.N.U. et l’Organisation Internationale du Travail (O.I.T.) inscrivent dans leurs principes l’idée “A travail égal, salaire égal”. En 1957, le Traité de Rome, qui crée le Marché Commun (l’ancêtre de l’Union européenne) entre six pays dont la Belgique, reprend lui aussi le principe “A travail égal, salaire égal” dans son article 119. Bien entendu, ce principe n’est mis en oeuvre nulle part, mais l’application de l’article 119 deviendra la revendication centrale des ouvrières en grève de la FN.
Pour le patronat belge, la revendication de l’égalité salariale entre hommes et femmes est un “luxe impossible”. Les arguments pour justifier cela sont déjà les mêmes que ceux qu’on entend à tout moment aujourd’hui : la concurrence internationale est trop forte, la mise en oeuvre du Marché Commun empêche de faire des “folies”. Pour le patronat, le salaire féminin reste un appoint et les femmes au travail sont trop instables et trop souvent absentes (maladies, accouchements, soins des enfants) pour qu’on puisse les considérer de la même manière que les hommes.
Les femmes jouent un rôle actif dans tous les grands mouvements de grève en Belgique – en 1936, en 1950 lors de l’Affaire Royale et en 1960-61 – mais elles restent marginales dans le mouvement syndical (tant à la FGTB qu’à la CSC) tout comme dans le Parti Socialiste Belge.
La F.N. de Herstal
La F.N. est un fleuron de l’industrie liégeoise depuis 1886. Elle a une production variée : les armes surtout mais aussi les motos et même, pendant un temps, les autos. En 1966, elle emploie 13.000 travailleurs. C’est une entreprise florissante qui peut donc se permettre de payer des salaires élevés. Les femmes sont 3.900 à la F.N., soit 30% de l’ensemble des travailleurs. Il y a 350 employées pour 3.500 ouvrières.
A la F.N., les ouvrières occupent le bas de l’échelle à tous les points de vue :
– elles sont engagées comme manoeuvres spécialisées (le grade le plus bas) : elles font le gros oeuvre sur les pièces avant de les apporter aux ouvriers qualifiés (des hommes) qui font la finition.
– elles n’ont pas suivi d’études préparatoires et apprennent donc leur métier dans l’usine;
– leur travail se fait dans des conditions dégueulasses que montre très bien le documentaire TV (huile, bruit, manque d’hygiène, absence de vêtements de protection,…);
– elles sont appelées les “femmes-machines” (elles ne sont que le simple prolongement de la machine qui leur dicte le rythme du travail).
– L’encadrement est totalement masculin, du grand patron au régleur des machines en passant par les ingénieurs et les contremaîtres.
– Les femmes n’ont aucun espoir de promotion : la F.N. organise des formations qui sont officiellement ouvertes à tous, hommes et femmes, mais réservées à ceux qui ont ont suivi à l’école des cours techniques de mécanique (ce qu’aucune femme n’a fait !).
– Les inégalités salariales sont criantes : l’ouvrier le moins qualifié qui entre à la F.N. est payé directement en classe 4 et peut régulièrement progresser; par contre, les femmes se répartissent dans les classes 1 à 3 et ne peuvent espérer monter plus haut puisqu’elles ne suivent pas les formations internes à la F.N. !
– enfin, dans la vie syndicale de l’entreprise, les femmes restent sous-représentées : si elles représentent 30% de la main-d’oeuvre, il n’y a que 6,5% de déléguées à la FGTB et 9% à la CSC.Chronologie de la grève des femmes de la F.N.
8 nov. 65 : Début des discussions au niveau national pour l’établissement d’une nouvelle convention qui doit réduire les différences salariales entre hommes et femmes dans le secteur du métal. Le patronat fait traîner les négociations. A la FN, la direction refuse toute négociation dans l’entreprise tant qu’un accord national n’est pas signé.
Janvier 66 : Nombreuses réunions syndicales dans l’entreprise sur le thème “A travail égal, salaire égal”. Le mécontentement augmente.
9 février : Débrayage spontané des femmes. Après avoir tenu une assemblée où les délégations syndicales promettent de faire pression sur la direction de l’usine, elles acceptent de reprendre le travail.
16 février : Après une assemblée syndicale où les délégations annoncent que la direction ne veut pas bouger, les femmes partent spontanément en grève contre l’avis des délégués. Les hommes manoeuvres (les moins bien payés) touchant 32 francs l’heure et les femmes 25 francs, elles réclament 5 francs/heure d’augmentation. Les femmes présentes à l’assemblée font le tour de l’usine pour lancer le mouvement. 3.000 ouvrières partent en grève.
17 février : 1ère assemblée générale de la grève. 3.000 femmes partent en cortège de l’usine, jusqu’à la salle de réunion. Les permanents syndicaux demandent la suspension de la grève mais les femmes refusent. 1.000 ouvriers sont déjà en chômage.
18 février : Un accord national est signé : il ne garantit que 1 franc/heure d’augmentation.
19 février : La direction de la FN refuse d’aller plus loin que l’accord national.
21 février : 2e assemblée générale. Les directions syndicales commencent à reprendre le mouvement en main. Ils reconnaissent la grève et dénoncent la présence d’éléments indésirables qui n’ont rien à voir avec la F.N. en visant les militants extérieurs à l’usine du Parti Communiste de Belgique (le PC officiel, pro-soviétique), du Parti Communiste Wallon (une scission du PCB, pro-chinoise) et du Parti Wallon des Travailleurs (scission de gauche du PSB dans lequel militent les trotskistes). Des ouvrières des ACEC à Herstal et de Schreder à Ans partent en grève en solidarité. Après l’AG, les ouvrières les plus combatives et les plus méfiantes vis-à-vis de l’appareil syndical, appuyées par le PCW, constituent un Comité d’Action pour élargir la grève et appeler à la solidarité. 28 février :
3e assemblée générale : les directions syndicales affermissent leur contrôle sur la grève. Elles font voter la création d’un Comité de Grève de 24 femmes (18 FGTB et 6 CSC), moins pour diriger la grève (ce sont les permanents qui conservent l’essentiel des contacts avec la direction de la FN et les instances syndicales nationales) que pour éliminer les influences plus à gauche, comme le Comité d’Action. 3.000 ouvriers sont en chômage. Les premiers versements de solidarité avec la grève arrivent.
Début mars: Une pétition de solidarité des hommes avec les ouvrières en grève circulent. La majorité de travailleurs de l’entreprise – encore au travail ou en chômage – signe cette pétition. Les syndicats et les mouvements féminins (liés au PSB, au PC et au Mouvement Ouvrier Chrétien) popularisent la grève. Le conciliateur social fait une proposition d’augmentation de 3 francs/heure en plusieurs étapes.
3 mars : 4e assemblée générale : 2.500 ouvrières rejettent les propositions du conciliateur et votent la prolongation de la grève. Le Comité de grève est chargé de gérer la solidarité financière venant de l’extérieur et est tenu au courant de l’évolution des négociations par les syndicats. Son nombre de membres est porté à 29 et il intègre des membres du Comité d’Action dont l’influence va diminuer peu à peu.
9 mars : 5e assemblée générale : la direction ne bougeant pas, la grève est prolongée. A la tribune se suivent interventions de solidarité de mouvements féminins et de délégations d’entreprises et lecture des premiers messages de l’étranger.
Mars : Les difficultés financières grandissent mais la solidarité s’organise de mieux en mieux. Les commerçants offrent des produits, les délégations et les centrales syndicales organisent des collectes un peu partout, les quotidiens de gauche lancent des souscriptions de soutien, des dons arrivent de syndicats d’autres pays européens. Le Comité de Grève se réunit tous les jours pour organiser la remise d’argent et de colis aux ouvrières en grève et aux chômeurs en difficulté. Les ouvrières des ACEC-Herstal partent elles aussi en grève. Dans une autre usine de la région où les ouvrières sont parties en grève, la direction accorde une augmentation salariale substantielle aux femmes.
21 mars : 6e assemblée générale : la direction de la FN refuse toujours de négocier des augmentations supérieures à l’accord national. La grève est prolongée. Le nombre d’ouvriers au chômage atteint 4.000 et des secteurs entiers de l’usine sont à l’arrêt. A l’assemblée, une représentante de la CGT française reçoit une ovation extraordinaire et 2.500 ouvrières chantent La Marseillaise. Le journal télévisé de la RTB évoque la grève pour la première fois (après cinq semaines de grève !).
24 mars : Une délégation des Comités d’Action des femmes de la FN et des ACEC-Herstal se rend aux ACEC-Charleroi pour appeler les ouvrières à partir en grève (des assemblées d’ouvrières des ACEC-Charleroi réclament une grève depuis des semaines mais elles sont bloquées par les permanents syndicaux); plusieurs centaines d’ouvrières des ACEC débraient et se rendent dans les sièges syndicaux pour engueuler les permanents.
28 mars : 7e assemblée générale : les dirigeants syndicaux liégeois dénoncent à la tribune les tentatives de la direction pour briser la grève par des informations mensongères dans la presse… et condamnent publiquement la descente du Comité d’Action à Charleroi. Pour faire baisser la tension, les syndicats annoncent une manifestation à Herstal le 7 avril. La grève continue aux ACEC-Herstal et chez Schreder à Ans. A Charleroi, les dirigeants syndicaux imposent un nouveau délai avant un départ en grève.
Fin mars : Intense activité dans les séances parlementaires et dans les couloirs du parlement autour de la grève de la FN et des revendications d’égalité salariale hommes-femmes. Mais rien n’avance.
7 avril : Après 51 jours de grève, une manifestation se déroule à Herstal en présence de responsables syndicaux liégeois et de quelques parlementaires de gauche. Les cas de misère se multiplient (il est fréquent que plusieurs personnes de la même famille travaillent à la FN) tandis que la solidarité continue à s’amplifier.
12 avril : Malgré l’opposition de l’appareil syndical, les ouvrières des ACEC-Charleroi partent en grève. Un Comité d’Action des ouvrières des ACEC-Charleroi se forme à l’initiative du PCW.
15 avril : 8e assemblée générale : des négociations reprennent avec la direction mais rien n’avance. La grève est donc une nouvelle fois prolongée.
19 et 23 avril : La grève se termine aux ACEC, d’abord à Charleroi puis à Herstal, sur des augmentations salariales de 2 francs pour les femmes et des engagements de révision des classifications.
25 avril : 5.000 personnes manifestent à Liège sur le slogan “A travail égal, salaire égal” : les femmes de la FN forment le gros de la manifestation mais il y aussi des délégations d’entreprises de tout le pays ainsi que des délégations des Pays-Bas et de France.
Fin avril : 9e assemblée générale : les propositions patronales, considérées comme insuffisantes, sont rejetées. Près de 5.000 ouvriers sont en chômage technique.
4 mai : Syndicats et direction tombent d’accord sur un accord : 2 francs/heure à la reprise du travail et 0,75 franc au 1er janvier 1967.
5 mai : 10e assemblée générale : la bureaucratie syndicale jette tout son poids dans la balance pour faire voter l’acceptation de l’accord devant une assemblée convoquée à la hâte et moins nombreuse que d’habitude. L’accord est finalement accepté au scrutin secret par 1.320 oui et 205 non. Beaucoup de femmes acceptent cet accord du bout des lèvres parce qu’elles sont épuisées financièrement mais elles trouvent son contenu insatisfaisant.
Après la grève : Même si la rentrée est douloureuse et que beaucoup d’ouvrières sont déçues, la combativité des femmes permettra par la suite d’obtenir de nouvelles augmentations salariales à la FN, plus importantes pour les femmes que pour les hommes. Une nouvelle grève de trois semaines en 1974 permettra l’ouverture aux femmes d’une soixantaine de fonctions qui leur étaient fermées jusque là et de nettes améliorations en matière d’hygiène et de conditions de travail.
Traits marquants et leçons de la grève des femmes de la F.N.
1. Dès le départ, le mouvement a été massif et uni; c’était tellement évident pour tout le monde qu’il n’y a jamais eu besoin de faire un piquet de grève pour faire respecter la grève pendant les douze semaines !
2. Dans sa première phase, le mouvement a aussi été spontané et radical. Les appareils syndicaux ont été débordés et placés devant le fait accompli de la grève. Des militant(e)s d’extrême-gauche (PCB, PCW, PWT) ont joué un rôle important dans le déclenchement de la grève et dans l’impulsion de la solidarité. Dès le premier jour, un Comité d’Action a regroupé les militantes les plus radicales pour ne pas laisser les appareils syndicaux enterrer un mouvement qu’ils ne souhaitent pas.
3. Débordée par le déclenchement de la grève, la bureaucratie syndicale a montré une grande intelligence tactique. Elle a reconnu la grève au bout de quelques jours (elle ne pouvait pas faire autrement!) et elle a entrepris de la récupérer en créant un Comité de Grève officiel pour réduire l’audience du Comité d’Action.
4. Les hommes ont été fortement aux côtés des femmes dès le début de la grève (la pétition de soutien aux femmes a été massivement signée et aucun homme n’a fait le jaune en acceptant de faire le travail des femmes !). Et ils sont restés solidaires même quand la moitié d’entre eux ont été réduits au chômage technique. Le sexisme n’a pas disparu mais il a reculé fortement devant le courage et la détermination des ouvrières grévistes.
5. La solidarité de classe a été énorme : collectes réalisées par les délégations syndicales d’entreprises, dons des centrales syndicales, collectes réalisées par les partis de gauche (des secteurs du PSB, le PCB, le PCW, le PWT) et par des mouvements féminins liés aux syndicats et aux partis de gauche,… La solidarité est même venue de commerçants et de professions libérales d’Herstal et de la région, preuve que la classe ouvrière peut polariser autour d’elle des couches populaires plus larges quand elle lutte de manière décidée. Enfin, il y a eu une solidarité importante à l’étranger (France, Pays-Bas, Allemagne, Italie) venant des mêmes mouvements (syndicaux, politiques et féminins) qu’en Belgique.
6. Sous la pression de la combativité des femmes et malgré leur faible représentation dans les syndicats (à la FN et ailleurs), la grève a été organisée d’une manière partiellement démocratique. Les points positifs principaux ont été : des assemblées hebdomadaires où la poursuite de la grève était chaque fois discutée et mise au vote, les interventions de solidarité de délégations d’entreprises, de centrales syndicats, de mouvements féminins, l’élection d’un comité de Grève,… Mais cette organisation a rencontré des limites dues au contrôle réel exercée par la bureaucratie syndicale : les A.G. ont été dirigées par les permanents (de l’entreprise et de la régionale), les négociations nationales et avec la direction sont restées le privilège des dirigeants syndicaux, le Comité de Grève n’a pas dirigé celle-ci mais a été essentiellement cantonné à la gestion de tous les problèmes sociaux (une tâche essentielle mais limitée),…
7. L’extension du mouvement n’a pas été facilitée par les appareils syndicaux. Le meilleur moyen de faire pression sur le gouvernement et le patronat était d’élargir le mouvement né à la FN et suivi par les ACEC et Schreder par un appel à la grève dans d’autres entreprises à forte proportion de femmes. Les bureaucraties syndicales de Liège n’ont pas suivi cette orientation. Pire encore, l’appareil des métallos FGTB de Charleroi (soumis au PSB) a tout fait pour empêcher la grève aux ACEC-Charleroi (et la casser une fois qu’elle a eu démarré). Les ouvrières de la FN se sont donc trouvées très seules dans un conflit qui n’aurait sans doute duré douze semaines si les syndicats avaient élargi rapidement le mouvement.
8. Les deux manifestations sont venues très tard : celle de Herstal après 7 semaines et celle de Liège après 10 semaines ! Et encore, les syndicats n’ont organisé la manif de Herstal que parce que les femmes les plus combatives essayaient d’étendre le mouvement par elles-mêmes (en envoyant des délégations à Charleroi) et qu’il fallait détourner l’énergie des ouvrières vers quelque chose de moins dangereux pour la bureaucratie. De plus, les syndicats n’ont pas essayé de mobiliser massivement pour ces deux manifs (5.000 personnes à Liège pour une manifestation de solidarité avec une grève qui dure depuis dix semaines, c’est très peu).
9. Les mouvements féminins ont joué un rôle positif en élargissant la solidarité et en menant une campagne idéologique bienvenue contre les idées réactionnaires telles que “la place de la femme est au foyer et pas en usine” ou “le salaire de la femme n’est qu’un salaire d’appoint” encore bien vivantes chez les hommes (et même chez une partie des femmes !) à l’époque. Mais, étroitement liés au PSB et aux syndicats, ces mouvements féminins n’ont pas pu, ni voulu remettre en cause la direction exercée par les bureaucraties syndicales.
10. Les “petits” partis de la gauche radicale (quelques centaines de membres tant au PCW qu’au PWT, c’est plus de membres et surtout plus de travailleurs membres qu’au PTB et au MAS aujourd’hui !) ont joué un rôle actif et positif pour développer la solidarité mais aussi l’initiative autonome des femmes. Mais le sectarisme stalinien du PCW l’a souvent isolé dans l’action.
11. La combativité des femmes de la FN a été extraordinaire et la solidarité a montré qu’un large courant dans la classe ouvrière se reconnaissait en elles et était prêt à les soutenir. Ce qui a manqué pour que leur combat se termine par une victoire éclatante plutôt que par une demie-victoire, c’est, comme souvent, l’existence d’un courant syndical combatif solidement organisé et d’un parti révolutionnaire implanté dans les entreprises qui auraient pu les aider à contrer le réformisme et le contrôle pesant de la bureaucratie syndicale et du PS sur le mouvement ouvrier.
Pour en savoir plus :
– “La grève des femmes de la FN en 1966” un livre de Marie-Thérèse COENEN paru en 1991 aux éditions Pol-His du CRISP (il est toujours disponible en librairie)
– “La première grève féminine d’Europe. les leçons de la grève de la FN”, article paru dans le numéro d’octobre 1966 de “Lutte de Classe”, la revue de la section belge de la Quatrième Internationale (voir Francine pour plus de renseignements) -
France. 500.000 manifestants contre Raffarin
La resistance se fait de plus en plus dure à chaque tentative de la bourgeoisie et de ses laquais politiques d’imposer des contre-réformes aux travailleurs et aux jeunes. Les syndicats, sous la pression de leur base, avaient appelé à manifester ce 5 février. Déjà le 20 janvier, plus de 328.000 travailleurs du secteur public ont manifesté pour défendre les salaires et le niveau de vie.
Vincent Devaux
Ce 5 février, il était principalement question de protester contre la volonté du gouvernement Raffarin de liquider la loi sur les 35 heures afin d’imposer des heures supplémentaires. Il ne resterait de cette loi des 35 heures que l’augmentation de la flexibilité. Pour le reste cette mesure est un cadeau fait au Medef (le patronat) et justifié avec une hypocrisie écœurante par Raffarin: "En finalisant la réforme des 35 heures, je souhaite permettre aux salariés qui le souhaitent de travailler plus pour gagner plus et aux entreprises de trouver un dynamisme qui les incite à embaucher". Il est notamment question d’augmenter le nombre légal d’heures supplémentaires, de passer de 180 heures à 220 et donc d’en revenir aux… 40 heures par semaine, voire plus. En outre, le prétendu "choix" pour les salariés d’accepter ou pas des heures sup’ est un leurre; la baisse du pouvoir d’achat et les pressions patronales ne le permettent pas.
500.000 personnes, surtout du secteur public, ont donc répondu à l’appel dans 118 villes de l’Hexagone, pour défendre les 35 heures, l’emploi et les salaires. Cette journée cristallisait le mécontentement accumulé ces derniers mois contre toutes les attaques antisociales et privatisations. D’autre part, nombre de CGTistes arboraient l’autocollant "Non à la Constitution Européenne!". En queue de manif, les lycéens, très combatifs, qui ont depuis lors montré à plusieurs reprises leur détermination à lutter contre le "Projet de loi sur l’avenir pour l’école" de François Fillon. Le 8 février, ils étaient plus de 100.000 à exprimer leur rage dans la France, le 15 février rebelote.
Les protestations tant du côté des travailleurs que des lycéens vont s’amplifier dans l’Hexagone. La coordination nationale lycéenne à appelé à manifester tous les mardis et à participer à la manifestation des enseignants prévue au mois de mars. D’autre part, la CGT, FO et la CFTC appellent à manifester ce 10 mars pour défendre à nouveau les 35 heures, l’emploi et les salaires. Le printemps s’annonce chaud!
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Nouveau développement politique contre l’offensive patronale en France
Cette année, le gouvernement francais a tenté une offensive massive contre les travailleurs et la jeunesse. L’éducation nationale est sous attaque avec une nouvelle loi, "La Poste", SNCF, la société des chemins de fer nationale, ont été réorganisées pour préparer la privatisation sur un moyen terme. Le 8 février dernier, le gouvernement de Raffarin a cassé les 35 heures légales de temps de travail hebdomadaire. Ces nombreuses attaques provoquent la colère des travailleurs et de la jeunesse contre ce gouvernement et les patrons. Plus les attaques du gouvernement augmentent, plus la colère se développe.
Leïla Messaoudi
Une offensive massive du gouvernement
Ces deux dernières années, la réforme des pensions en 2003, la semi-privatisation de l’électricité et du gaz de France, la réforme des soins sociaux en 2004, ont été réalisés. À ces moments-là, aucun des syndicats principaux n’ont décidé de mobiliser contre ces attaques, ils ont organisé quelques manifestations et aucune vraie mobilisation sur les lieux de travail. Les luttes ont été très isolées et particulièrement celles contre les licenciements dans le secteur privé.
Les capitalistes français doivent assurer leurs propres profits en prenant de plus en plus aux travailleurs et à la jeunesse. C’était assez significatif de voir à quelle vitesse le gouvernement a changé la loi sur le temps de travail hebdomadaire. Décembre passé, une première discussion à l’assemblée nationale a organisé la fin de la semaine des 35h. Il y a deux semaines, le 8 février, la loi a été définitivement changée par l’assemblée nationale pour supprimer les 35h. Le 1er mars, le sénat devra voter également. Ils expliquent qu’il est question du droit "de travailler plus longtemps pour être payé plus". L’ancienne loi a introduit la flexibilité du temps de travail sur l’année, la nouvelle loi traite davantage de la question du paiement d’heures supplémentaires. Derrière ce changement de la loi, ils autorisent les patrons à faire travailler plus longtemps les travailleurs sans payer les heures prestées en plus des 35h par semaine. Les patrons doivent faire des bénéfices rapides sur les salaires. Les anciennes lois sur les 35h, appliquées par le gouvernement de la gauche plurielle leur ont donné l’occasion d’annuler beaucoup de pauses et de rythmes de travail sur les lieux de travail. Cette nouvelle loi ne les aident pas seulement à payer des salaires inférieurs pour le même temps de travail mais aussi à introduire beaucoup de différents salaires, statuts au sein des lieux de travail, divisant ainsi les travailleurs et cassant les droits collectifs de ceux-ci.
Le gouvernement de Raffarin doit faire du bon boulot pour les patrons maintenant, même si ce pourrait être le dernier job pour lui avant le référendum sur la constitution européenne en juin. C’est pourquoi Raffarin ne bouge pas sur la question du changement de la semaine des 35h. Le capitalisme français ne pouvait pas reculer sur ces questions sans perdre plus d’influence sur le marché mondial.
Une vague de mobilisations
Toutes les attaques ont augmenté l’ inquiétude de la majorité de la population à propos des revenus, des licenciements, des salaires et des conditions de vie en général. Les mobilisations contre le gouvernement et les attaques des patrons en France se développent depuis le début de 2005. L’opposition entre les travailleurs et le gouvernement est plus forte que jamais depuis les élections de 2002. Précédemment, dans chaque secteur, les travailleurs ne voyaient pas comme maintenant le lien entre les attaques menées contre eux et les autres. La stratégie des capitalistes d’attaquer séparément le secteur public et privé n’arrive plus à diviser les travailleurs des deux secteurs. Les gens ressentent qu’ils sont "dans le même bateau".
Le 20 janvier, plus de 328 000 travailleurs du secteur public ont participé aux manifestations pour défendre les salaires et la norme de vie. Le samedi, 5 février, 517 000 travailleurs étaient dans les rues de 118 villes à travers la France contre la réforme de la semaine de 35h, pour leurs salaires et pour défendre les services publics. En même temps, depuis le 20 janvier, un mouvement d’écoliers se développe et ce malgrès les vacances dans plusieurs régions du pays. Le jeudi 10 février, 100 000 écoliers étaient en grève et ont manifesté contre le nouveau projet de loi sur l’éducation nationale. Ce mouvement énorme d’écoliers est bien percu par les travailleurs et pourrait renforcer leur détermination dans le combat qu’ils menent. La lutte combinée des travailleurs et de la jeunesse est la situation la plus effrayante avec laquelle un gouvernement pourrait être confronté.
Les syndicats dans un tournant
Les syndicats ont un rôle clef dans cette situation. Ces dernières années, les travailleurs qui ont voulu lutter contre les coupes budgetaires et les privatisations ont ressenti l’échec des syndicats. Les syndicats ont perdu de l’influence depuis plusieurs années parmi les travailleurs. Durant les deux derniers mois, face aux actions des patrons, dans les lieux de travail, la pression a grandi dans les rangs des travailleurs. Les directions syndicales ont été obligées d’ appeller à une grève d’un jour dans le secteur public en janvier. Il était également question pour eux de survivre comme un syndicat reconnu par les travailleurs et en tant qu’associé de l’état. Le samedi 5 février, avec des manifestations massives de travailleurs des secteurs public et privé était un bon point de départ. Les gens réalisent cela, chaque secteur a besoin d’une lutte commune pour contre attaquer. Ceci a concrètement soulevé la question d’une lutte unifiée des travailleurs de tous les secteurs pour stopper l’offensive des patrons et du gouvernement.
Depuis le début de février, rien de clair n’a été annoncé par les syndicats. Dans quelques secteurs, comme le secteur de l’éducation nationale, les syndicats ont appellé a plusieurs jours d’actions, manifestations et de grèves en mars. Mais, aucun d’eux n’ appellant vraiment pour le même jour de grève. En fait, le potentiel énorme actuel pour construire ce jour de grève commune de tous les secteurs contre la nouvelle loi des 35h, les licenciements, les bas revenus et les attaques sur les services publics les inquiètent. Les directions syndicales refusent de prendre la responsabilité d’ appeller à un nouveau jour de grève. Ils essayent d’éviter une prolongation d’une grève qu’ils ne pourraient pas contrôler.
Il est temps de contre-attaquer
Dans tous les secteurs, les travailleurs ont besoin d’une cible commune. Un "jour de grève commun de tous les travailleurs et de la jeunesse" au milieu de mars doit être établit comme un but principal et être préparé dans chaque secteur. Les travailleurs ne peuvent pas attendre que les syndicats organisent cette grève. Une lutte unifiée de tous les secteurs et de la jeunesse est la seule facon d’arrêter l’offensive des patrons et du gouvernement. Nous devons la préparer, tous ensemble, membres d’un syndicat ou pas, en construisant des assemblées générales, des comités de grève. Ces assemblées, démocratiquement controllées par les travailleurs, dans chaque secteur, peuvent être le point de départ d’un jour commun et réussi de grève contre la politique des patrons. Il est possible que les patrons et le gouvernement soient prêts à se confronter à un tel jour de grève mais la possibilité d’une prolongation de ce jour de grève commune en une grève generale les feront devenir nerveux. Une grève generale arrête l’économie et donc les profits. Les travailleurs se rendent compte pendant une grève generale de la vraie puissance qu’ils ont mais également du pouvoir qu’ils ont de contrôler la production et de décider quoi faire avec cette production.
Une lutte unifiée n’est pas une garantie pour réussir a arrêter les attaques pendant longtemps, les mêmes mesures pourraient revenir à l’ordre du jour. Plus les travailleurs sont organisés et impliqués dans la lutte, moins le gouvernement pourra mettre en avant de nouvelles attaques après la lutte. Une grève générale soulève également la question de remplacer le gouvernement. Etre organisé, discuter des revendications ensemble, décider et organiser la grève, nous donne la possibilité d’être plus au courant de la situation. Mais cela ne nous donne pas un programme pour remplacer le gouvernement et nous ne pouvons pas être en grêve toute l’année.
Il est temps de construire une alternative socialiste
La nouvelle situation politique en France a ouvert de manière cruciale la discussion sur la façon de combattre le gouvernement et les patrons. L’appel a une grève commune d’un jour des travailleurs du secteur public et du privé est le seul but concret à proposer dans la situation actuelle. La Gauche revolutionnaire, la section française du CIO, est la seule organisation qui a concrètement développé cet appel dans quelques syndicats et dans les manifestations et rassemblements. Aucuns des syndicats mais également aucunes des deux organisations d’extrême gauche (LCR et LO) n’ont proposé un but concret pour s’opposer au gouvernement et aux patrons. Ils parlent de la nécessite "d’une contre offensive des travailleurs" ou de la construction d’un "grand movement tous ensemble" sans plus de précisions.
Aujourd’hui, la question de la construction d’un nouveau parti qui organise les travailleurs, la jeunesse, les chômeurs…. tous ceux qui veulent lutter est une importante question. Un tel parti doit vraiment casser avec le capitalisme et tous les partis qui ont accepté de gérer la misère pour les pauvres et les profits pour les riches. Un tel parti doit répondre à la question de l’alternative au capitalisme et au combat pour construire une société qui peut vraiment satisfaire les besoins de tout le monde : une société socialiste. Nous devons combattre pour une alternative socialiste au capitalisme avec un programme concret pour lutter.
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La lutte contre les attaques du gouvernement Raffarin et du patronat continue
Fin janvier, la France a vécu au fil des grêves et manifestations qui ont prit place contre les plans de libéralisation du secteur public, les attaques sur les salaires et le temps de travail ainsi que sur les privatisations du gouvernement Raffarin. Le pic de ces journées de mobilisation fut le 20 janvier quand plus de 328.000 travailleurs du secteur public sont descendus dans les rues de France. Les grêves et manifestations, organisées sur une période de cinq jours, étaient les premières mobilisations de cette envergure depuis le mouvement contre la réforme des pensions du printemps 2003. Plus de 50% de tous les profs ont débrayé et dans le secteur public la participation moyenne atteignait les 25%.
Karim Brikci
Mais la base des syndicats ne voulant pas s’arrêter à ces journées d’action, la bureaucratie syndicale, sous pression, avait appellé à une journée de mobilisations contre les attaques sur la semaine des 35h ce 5 février dernier.
De nouveau cette journée a montré la volonté énorme des travailleurs français de lutter pour leurs acquis et pour leurs conditions de travail. Il y a eu des manifestations dans plus de 118 villes à travers la France et ce sont plus de 500.000 personnes qui y ont prit part, les plus grosses manifestations ayant eu lieu à Paris (90.000 participants) et à Marseille (50.000 participants). Tous les syndicats avaient mobilisé fortement et la CGT y était très bien représentée, ses militants portant des autocollants contre la constitution européenne. Il y avait aussi d importantes délégations de grosses entreprises du secteur privé, mais aussi de plus petites entreprises qui sont victimes de licenciements ou fermetures.
Ces manifestations unitaires sont un grand pas en avant pour le mouvement, mais cela ne peut pas en finir là. Nos camarades de la Gauche révolutionaire sont intervenus dans ces manifestations en avancant l’idée d’une grève générale dans le secteur public et le secteur privé. Les camarades français étaient aussi renforcés par des équipes de camarades venus expressement de Belgique.
Si nous voulons développer une grêve unifiée des travailleurs des secteurs public et privé, il est nécessaire d’organiser des assemblées génerales et des comités de grêve, controlés démocratiquement par les travailleurs dans chaque secteur. Ces assemblées et comités pourraient organiser et discuter des actions à mener pour unifier les travailleurs du secteur public et du privé. Une telle lutte unifiée pourrait arriver à stopper les attaques du gouvernement. Mais nous ne pouvons avoir de garantie que de telles mesures ne reviennent pas sur l’agenda du gouvernement dans le futur. C’est dans la logique du système capitaliste lui-même que d’un côté les patrons empochent les profits et que de l’autre côté les masses laborieuses et sans emplois se retrouvent face à plus d’exploitation, pauvreté et chômage.
C’est pour cela que nous avons besoin d’un nouveau parti qui organisera les travailleurs, jeunes, chômeurs,…autour de revendications concrètes qui les uniront dans la lutte contre les attaques néolibérales des gouvernements de l’ Union Européenne et du patronat. Mais nous devons aussi construire une aile révolutionnaire dans un tel parti pour éviter que sa direction n’accepte de gérer le système capitaliste mais mener la bataille idéologique pour renforcer les idées révolutionnaires et avancer la nécessité de rompre avec ce système qui n’engendre que guerres, racisme et pauvreté. C’est dans ce sens qu’ oeuve le Comité pour une Internationale Ouvrière à travers le monde, et c’est ainsi que continueront à intervenir nos camarades de la Gauche révolutionnaire dans le mouvement qui se développe en France.
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Camp lycéen de Résistance Internationale
Résistance Internationale a organisé un camp de formation pour lycéens, début janvier, dans les Ardennes. Une vingtaine de lycéens y ont pris part pendant trois jours. Il y avait des lycéens de tout le pays, de Liège à Furnes.
Benjamin Vervondel
La première discussion a porté sur le chômage et le travail intéri-maire dans le cadre du capitalis-me. Elle était introduite par Amélie Roucloux, de Bruxelles. Cette discussion a permis d’approfondir le sujet de la flexibi-lité élevée dans le travail intéri-maire ainsi que la manière dont les patrons exploitent cette flexi-bilité. Il ne fut pas seulement question de critiquer le système actuel puisque la discussion a également porté sur une économie planifiée comme alternative.
La deuxième discussion trai-tait du racisme et du sexisme et fut introduite par Laura Gilles, de Gand. Il fut notamment question de la tactique de «diviser pour régner» qui n’est pas uniquement utilisée par l’extrême-droite. Au travail c’est parfois plus difficile d’obtenir une unité à cause du sexisme. Un nombre non négli-geable de camarades présents étaient des immigrés et pou-vaient donner des exemples concrets des problèmes de racis-me rencontrés dans leurs écoles. Cela suscita une discussion très animée. En soirée, un film était au programme: “Germinal”, qui raconte la lutte de mineurs en France au 19e siècle. Le film fut introduit par Benjamin Vervon-del qui mit en avant la nécessité d’une unité entre lycéens et tra-vailleurs et le besoin d’intervenir dans les luttes ouvrières.
Le deuxième jour, il y eut une discussion sur l’impérialisme, la guerre et l’exploitation. Cette dis-cussion fut introduite par Magda Badrakhan de Liège. Elle expli-qua les conséquences de l’im-périalisme pour de larges couches de la population. La situation économique mondiale fut égale-ment abordée lors de cette intro-duction. Dans l’après-midi, il y eu une discussion sur la manière de mettre en place des comités de lycéens pour la Marche des Jeunes pour l’emploi. Nikei De Pooter introduisit ce sujet et donna des exemples pour expliquer com-ment organiser et développer des comités de mobilisation. Concer-nant ces comités, nous ne voulons pas nous limiter à l’enseignement secondaire général mais aussi développer un travail dans les écoles techniques et profession-nelles. Une camarade bruxelloise a expliqué l’activité du comité de son école. Le deuxième jour se ter-mina également par un film: «La Haine».
Les formations tout au long du camp ont procuré beaucoup de ba-gage aux lycéens présents pour développer le travail de Résistan-ce Internationale parmi les jeunes mais également pour faire un succès de la Marche des Jeunes pour l’emploi du 19 mars.
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Forum social mondial 2005: Manifestation de plus de 100.000 personnes le premier jour.
Forum social mondial 2005:
Plus de 100.000 personnes sont descendues dans la rue pour un après-midi brûlant à Porto Allegre, au Brésil, pour participer à une manifestation qui a marqué l’ ouverture du cinquième Forum Social Mondial.
Michael O’Brien, Socialist Party, CWI Ireland
Les organisateurs, conscients de la colère qui se développe contre le gouvernement Lula ont essayé de tourner les revendications de la manifestation vers des sujets innocents qui ne sont pas controversiels comme “la paix dans le monde” et ont même fait appel aux contingents participants à la manif de s’ abstenir de critiquer sévèrement le gouvernement.
Malgrès cela, n’importe qui participant à la manif pouvait entendre les vigoureux slogans anti Lula. Il y avait une minorité de partisans de Lula, portant des T-shirts « 100% Lula », qui étaient dépassés par l’ humeur dominante de la marche.
Le cortège vibrant et jeune du PSOL (Parti pour le Socialisme et la Liberte), comprenant peut être 1000 personnes, menait les chants anti Lula. Le PSOL est la force politique qui grandit de la manière la plus importante au Brésil. Né d’ une scission de gauche du PT, voulant s’ éloigner du virage à droite de Lula, ce parti a rapidement gagné des milliers des meilleurs jeunes et activistes sous sa bannière. Et malgrès son jeune âge, le PSOL obtient déjà entre 3 et 5% dans les sondages.
La vie interne du parti est marquée par une liberté d’ expression politique et Socialismo Revolucionario, la section brésilienne du CIO est engagée pleinement dans les débats et les activités.
Le contigent du CIO dans la manifestation comptait environ 60 membres et sympathisants, majoritairement du Brésil mais aussi des camarades d’ Angleterre, Suède, Irelande, Belgique, Chili, Allemagne, Etats-Unis et France.
Dans une athmosphère où la majorité des journaux politiques sont distribués gratuitement, nous en avons vendu presque 800.