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  • 2008 – Une année historique

    De nouvelles opportunités s’ouvrent pour la lutte socialiste et la construction du Comité pour une Internationale Ouvrière

    Le Comité pour une Internationale Ouvrière désire exprimer ses meilleurs vœux de Nouvel An aux membres de ses sections et groupes dans le monde entier, ainsi qu’à ses sympathisants et à ses lecteurs. L’année 2008 fut une année extraordinaire, aussi mémorable – bien que d’une manière différente – que 1968, ‘l’année des révolutions’, dont nous avons commémoré le quarantième anniversaire au cours des douze derniers mois, de même que le quatre-vingt-dixième anniversaire de la révolution allemande.

    socialistworld.net

    On se souviendra de cette année comme étant celle qui a marqué pour les marxistes de la plupart des pays la fin du marasme politique. Avec l’effondrement des économies planifiées, abruties par une bureaucratie étouffante, en URSS et en Europe de l’Est il y a deux décennies et le triomphe apparent du capitalisme, les travailleurs du monde entier se virent dire qu’il n’y avait aucune alternative à ce système. La plupart des dirigeants des syndicats et des partis colportèrent le mensonge que la coopération avec les patrons était la seule voie à suivre, plutôt que la lutte contre eux.

    Malgré les avertissements des marxistes, dont les idées étaient perçues comme ‘dépassées’, le capitalisme semblait promettre une croissance sans fin. Cette croissance était basée sur des niveaux jamais vus de dettes personnelles et publiques, accompagnées d’un côté par la guerre, la guerre civile et une pauvreté de masse, de l’autre par une richesse obscène et la corruption. Le fossé entre riches et pauvres, à la fois au niveau national et international, doit avoir largement surpassé le fossé déjà effarant qui avait été décrit par Marx et Engels, il y a 150 ans. La dégradation et la destruction du système écologique planétaire, perpétrée par les deux mastodontes du capitalisme et du stalinisme, approche d’un point de non-retour.

    Maintenant, avec la cohue suscitée par l’effondrement tragique des principales institutions financières et des marchés immobiliers, suivie d’un repli de l’économie réelle, on entend de plus en plus l’acceptation de la part des analystes capitalistes que Marx avait raison, et on remarque un regain d’intérêt pour ses idées. Les ouvrages socialistes regagnent en popularité, au fur et à mesure que les banquiers et les politiciens capitalistes s’attirent le courroux des travailleurs et des jeunes.

    Des socialistes authentiques

    Si les nationalisations et le keynésianisme reviennent à la mode, en tant que seule manière de ‘sauver’ le capitalisme, alors la tâche des socialistes et des communistes tels que ceux qui sont membres du CIO est d’élaborer des revendications en faveur de mesures socialistes authentiques. Les groupes et sections du CIO ont milité énergétiquement en faveur de nationalisation qui soient effectuées entièrement dans l’intérêt des travailleurs : non aux secrets d’affaires, non aux licenciements, non aux coupes salariales, pour le partage du travail et la mise en place d’un système de comités élus de représentants ouvriers aux niveaux locaux et nationaux, afin de contrôler de gérer l’économie et la société.

    Alors que des centaines de milliers de travailleurs de l’automobile sont licenciés et que des millions de gens doivent faire face aux deux fléaux que sont le chômage et la perte de son foyer, c’est le combat contre le système lui-même qui doit être mis à l’ordre du jour. Les membres du CIO partout dans le monde sont impliqués dans des campagnes afin de construire de véritables partis ouvriers massifs de lutte. Le CIO lui-même a fait la preuve qu’il était un outil précieux afin de tirer les expériences des nouveaux partis que nous avons vu se développer en Europe et en Amérique latine, ce qui a été illustré par des discussions animées, rapportées sur notre site socialistworld.net, lors de la réunion du Comité Exécutif International du CIO en novembre 2008.

    Jusqu’à la fin de cette année, les membres du CIO se sont investis dans les événements tumultueux en Grèce et en France, où les jeunes des écoles et des universités représentent les prémices de la lutte de masse à venir. En Italie aussi, la colère des travailleurs face aux perspectives pour 2009 approche de l’ébullition. Des explosions de lutte des classes sont inévitables. Leur timing, étendue et devenir ne sont pas prévisibles, mais ceux parmi nous qui visent à donner le maximum de leur temps et de leur effort au développement de ces luttes doivent s’y préparer !

    Une courte période de repos est bienvenue pendant les congés du Nouvel An, là où c’est possible. Mais comme l’ont démontré de récents articles parus sur notre site international, dans certains pays – tels que le Pakistan, le Kazakhstan, l’Inde, le Sri Lanka ou encore le Nigeria – il n’y a aucune trêve dans les batailles politiques et économiques quotidiennes.

    Au fur et à mesure que s’intensifie la lutte des classes, de plus en plus d’énergie et de dévouement sera requis et de plus en plus de forces seront recrutées à la cause de la révolution socialiste. Les journaux et sites du CIO, qui commencent déjà à gagner en popularité au fur et à mesure que la récession se fait amère, exigent des ressources humaines et financières qui doivent être trouvées (des dons de Nouvel An peuvent être envoyés au CIO via notre site web international).

    Espoirs et attentes

    Les événements dramatiques qui se sont passés lors des élections américaines ont aussi marqué un point tournant. La victoire d’Obama a suscité des espoirs et des attentes chez des millions d’Américains ainsi que chez de nombreuses personnes parmi les laissés-pour-compte et les exploités du monde entier. Les travailleurs espèrent que la nouvelle administration apportera un changement – vis-à-vis de l’Iraq, de Cuba ou même du Moyen-Orient. Mais il est clair que le nouveau cabinet Obama ne représente pas une rupture par rapport au règne du big business. La guerre en Afghanistan va se poursuivre et malheureusement, sous le capitalisme, toutes les réformes et les mesures de « protection » qu’Obama pourra mettre en œuvre ne garantiront pas un avenir sûr pour la classe salariée américaine, qui reste potentiellement la plus puissante du monde, et encore moins pour les masses du monde entier en général. La population laborieuse de Chine découvre aussi, à prix fort, que le capitalisme n’est pas la solution, au vu du ralentissement de leur économie que rien pourtant ne semblait pouvoir entraver.

    Des explosions immenses sont imminentes dans le monde entier ; des vagues révolutionnaires peuvent se développer rapidement dans toute une série de pays. La tâche de membres du CIO est de comprendre, expliquer, organiser et agir en conjonction avec les désirs et besoins de la classe salariée et des pauvres. Rien n’est automatique. Mais, après les vingt dernières rudes années, l’heure est venue pour les idées du socialisme de prendre chair, et pour construire de nouveaux mouvements et partis de lutte de masse.

    Le moral des sections et groupes du CIO, de même qu’au centre du CIO à Londres, révèle une confiance et un enthousiasme accrus. Nos idées et nos méthodes sont correctes. Nos nombres vont se multiplier à la chaleur des événements. Nous remercions tous ceux qui nous ont apporté leur aide – petite ou grande – au cours des dernières années, et attendons avec impatience les défis de 2009. Nous appelons bien entendu tous nos lecteurs à nous rejoindre dans la lutte pour un monde socialiste.

    En raison des congés, l’activité sur nos sites va être quelque peu réduite. Elle reprendra dès début 2009, notamment avec une analyse de Peter Taaffe (Secrétaire Général du Socialist Party (CIO- Angleterre et Pays de Galles) quant aux événements de l’année passée et aux perspectives pour le mouvement ouvrier en 2009.

  • Défendons notre droit de grève!

    Ces derniers mois, le droit de grève a été fortement remis en cause dans notre pays. Plusieurs actions chez Carrefour ont eu à faire face aux menaces d’huissiers et même à la violence physique de policiers, le tout destiné à briser les piquets. Dans d’autres conflits aussi, le droit de grève a été attaqué. Et les libéraux flamands ont déposé une proposition de loi pour miner le droit de grève dans le secteur public (via un service minimal dans les aéroports, à la SNCB ou dans les prisons). Bientôt, on ne pourra plus faire grève que si personne ne le remarque…

    Par Geert Cool

    D’où vient le droit de grève?

    C’est par la lutte que le droit de grève a été arraché. Lors des débuts du capitalisme industriel, tout a été fait pour interdire l’organisation des travailleurs. La bourgeoisie arrivant au pouvoir considérait la liberté d’entreprise comme centrale et refusait aux travailleurs le droit de s’organiser.

    Ainsi, en France, la loi Le Chapelier de 1791 affirmait que tout regroupement de travailleurs était interdit parce que cela s’opposait « au libre exercice de l’industrie et du travail ». C’est exactement le raisonnement qui est repris aujourd’hui par la direction de Carrefour lorsqu’elle demande une interdiction pour « des actes qui empêchent l’employeur de se servir de l’entrée de l’entreprise (qui) sont des faits établis qui portent atteinte au droit de la liberté d’entreprise ».

    La loi Le Chapelier de 1791 est allée de pair avec le décret D’Allarde la même année (l’ensemble fut introduit chez nous par les Français en 1795) qui définissait la liberté d’entreprise. La direction de Carrefour s’est basée sur le décret D’Allarde pour imposer les astreintes contre les grévistes. En d’autres termes, nous ne remontons pas au 19e siècle, mais bien au 18e !

    Un siècle plus tard, la loi Le Chapelier a été reformulée pour devenir l’article 310 du code pénal, qui interdisait les attroupements devant une entreprise. Cet article a été supprimé en 1921 sous la pression du mouvement ouvrier qui luttait depuis des années des actions pour exiger le suffrage universel et le droit de s’organiser librement. Les mouvements à la fin de la Première Guerre mondiale ont connu leur apogée avec la Révolution russe de 1917 et avec la révolution manquée en Allemagne en 1918. La bourgeoisie a ressenti une grande frayeur devant la force du mouvement ouvrier organisé et a dû faire des concessions.

    Arraché par la lutte des travailleurs, le droit de grève a été reconnu plusieurs fois juridiquement, notamment dans la Charte sociale européenne. Les piquets de grève et les barrages routiers font partie de ce droit de grève et du droit de s’organiser, ce qui a été confirmé en Belgique par différents tribunaux (entre autres par la Cour de Cassation en 1997 et par la Cour d’Appel à Anvers en 2004).

    Le Comité européen des Droits sociaux a rendu il y a quelques années un jugement dans un rapport sur la Belgique dans lequel il est stipulé que les piquets de grève pacifiques font partie du droit garanti à l’action collective. Les astreintes contre les piquets de grève sont donc inacceptables. La Cour européenne de Justice, qui n’est pas connue pour ses sympathies socialistes, a déclaré que la liberté de manifester (ce qui comprend les barrages routiers) ne peut être limitée qu’exceptionnellement (Schmidberger, arrêté du 02.08.2003).

    Une réponse à l’argumentation juridique

    Lors de différentes actions du personnel de Carrefour et de leurs sympathisants, des requêtes unilatérales ont été signifiées aux militants. Une intervention judiciaire générale préventive a été réclamée (et obtenue), ce qui a été contesté notamment par le professeur Gilbert Demez de l’UCL, qui parle d’un dépassement du cadre du pouvoir judiciaire.

    Nous avons examiné la base de telles requêtes unilatérales et avons trouvé trois arguments défendant son contenu : le droit de propriété, la liberté d’entreprendre et le droit au travail.

    Le droit des travailleurs à s’organiser sur le lieu de travail est attaqué car il irait à l’encontre du « droit de propriété » du patron. Pourtant, les piquets de grève ne revendiquent pas encore la propriété de l’entreprise ! Non, les piquets de grève doivent partir pour laisser entrer les non-grévistes – qui sont souvent des intérimaires qui ne sont pas certains de pouvoir continuer à travailler ensuite dans l’entreprise, surtout s’ils ont fait grève. Apparemment, le patronat considère que la main d’œuvre intérimaire est également sa propriété.

    Le deuxième argument de Carrefour est le droit au travail et au salaire des employés qui ne font pas grève. La direction se base pour cela sur l’article 23 de la Constitution dans lequel on peut lire que chacun a le droit de mener « une vie décente » et a pour cela le droit « au travail et au libre choix du travail professionnel dans le cadre d’une politique générale d’emploi qui vise, entre autres, à garantir un niveau d’emploi aussi haut et stable possible, le droit à des conditions de travail et de salaire raisonnables, aussi bien que le droit d’information, de concertation et de négociations collectives ».

    Les négociations collectives ainsi que le droit à des emplois décents avec de bonnes conditions de salaire se trouvent donc bien dans la Constitution. Ce n’est pas un hasard si les libéraux veulent changer cet article de la Constitution en faveur du principe de la « liberté d’entreprendre. Mais différents juges n’ont pas eu besoin d’une modification de la Constitution pour suivre la direction de Carrefour dans son application de la « liberté d’entreprendre ».

    En résumé, la base juridique est donc formée par un principe général datant de 1791 et une interprétation fortement unilatérale de l’article 23 de la Constitution.

    Les avocats de Carrefour ont demandé (et obtenu) une décision judiciaire dans laquelle « la mission du pouvoir public » est précisée. Celle-ci explique qu’ « il est donc utile de préciser sa mission (celle du pouvoir public) et de lui ordonner de donner suite aux ordres que l’huissier de Justice lui donne, si nécessaire en utilisant la contrainte physique pour assurer l’entrée pacifique des bâtiments ». C’est donc en fin de compte le patronat qui décide des missions de la police.

    Comment défendre le droit de grève ?

    Les arguments juridiques en défense du droit de grève ont été arrachés par les luttes des travailleurs. Pourtant, la base juridique pour les patrons briseurs de grève a beau être limitée, ce sont ceux-ci qui obtiennent le plus souvent raison auprès des juges. Il y a heureusement des exceptions, comme ce juge malinois qui a expliqué que le droit de grève est un droit fondamental. Mais la plupart des juges appuient le patronat et lui donnent les moyens de pouvoir recourir aux huissiers et à la police, un peu à la manière d’une milice privée.

    L’utilisation des astreintes lors des grèves déjà conduit à des protestations à plusieurs reprises. En 2002, une pétition syndicale a obtenu 80.000 signatures et patrons et syndicats ont fini par conclure un « gentlemen’s agreement », c’est-à-dire une convention non contraignante. Le patronat y promettait d’éviter de recourir aux interventions judiciaires lors de grèves. De cet accord, il ne reste plus rien.

    Pour la défense du droit de grève, nous ne pouvons pas compter sur la justice, le patronat ou les politiciens traditionnels. Chaque pas légal fait en défense du droit de grève doit être évidemment soutenu mais nous allons surtout devoir construire un rapport de forces au moyen pour empêcher, dans la pratique, les patrons de recourir à des requêtes unilatérales. C’est de cette manière que le droit de grève a été obtenu et c’est comme cela qu’il va devoir être défendu.

    Il est évidemment important de convaincre tous les travailleurs de l’entreprise de participer à la grève : s’il n’y a plus de non-grévistes, les huissiers devront se mettre eux-mêmes aux caisses de Carrefour ! Mais, à côté de cela, la force du nombre est importante : notifier une contrainte à 50 ou 100 personnes est encore faisable pour un huissier. Mais que faire s’il y a 1.000 militants ou plus au piquet ? Après les précédents des dernières semaines, d’autres attaques viendront. Pour conserver notre droit de mener des actions collectives, nous devons réagir sans faiblir.

  • Aidez-nous à mettre le MAS à l’ordre du jour !

    Du 12 au 14 décembre, le Mouvement pour une Alternative Socialiste va vivre son 11e Congrès national depuis février 1992. Ce Congrès s’inscrit dans une période de crise profonde pour le capitalisme. La bourgeoisie essaie par tous les moyens possibles de sauver son système, en recourant largement aux moyens de l’Etat, rompant ainsi avec ses propres règles néolibérales.

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    > Version pdf de cet appel
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    Les travailleurs et leur famille sont clairement les grandes victimes de cette crise, et tous les moyens invoqués par la classe dominante pour soi-disant sauver l’économie ne font que pousser un peu plus loin dans la misère l’immense majorité de la population mondiale. Aux Etats-Unis, des centaines de milliards de dollars ont été injectés par l’Etat pour renflouer les banques, pour collectiviser les pertes. Les travailleurs américains n’ont à nouveau pas eu droit à leur part du gâteau et des centaines de milliers d’entre eux ont été forcés de quitter leurs maisons, qu’ils ne pouvaient plus payer. La crise financière a peu à peu fait place à la crise économique avec des centaines de milliers de pertes d’emplois perdus dans les secteurs de la finance, de l’automobile, de l’aéronautique, de la construction, du transport, des soins de santé,…

    En Belgique aussi, le gouvernement, habituellement si frileux pour dépenser le moindre euro, n’a pas hésité cinq minutes avant d’offrir plus de 20 milliards d’euros au total pour sauver Fortis, Dexia, Ethias et KBC de la faillite. Et pour sauver l’emploi et en créer de nouveaux ? Pour assurer des allocations décentes ? Pour assurer des soins de santé, des logements, des transports publics de qualité et à prix abordable ? Pas un euro, bien évidemment.

    Depuis le début de cette année, les travailleurs luttent pour des salaires et des allocations plus élevées. Nous avons vécu une énorme vague de grèves et d’actions spontanées dans les secteurs métallurgique, pharmaceutique, pétrochimique, alimentaire, de la fonction publique, du non-marchand,… et ceci malgré le frein sur ces actions joué par les directions syndicales. La combativité est donc certainement présente. Une combativité à laquelle le patronat répond d’ailleurs de plus en plus avec des attaques sur le droit de grève, notamment par l’envoi d’huissiers et de policiers pour casser les piquets.

    Ces 20 dernières années, le socialisme a été poussé dans la défensive. Pendant toute cette période, nous avons mené une lutte pour sauvegarder nos idées, notre programme. Mais les idées socialistes sont aujourd’hui en train de ressurgir. En Allemagne, les ventes du « Capital » de Karl Marx ont déjà triplé cette année par rapport à 2005. Actuellement, selon les sondages, Die Linke pourrait devenir la troisième force politique du pays. De temps en temps, la gauche a droit à plus d’attention médiatique, comme le montre la couverture actuelle et l’engouement pour Olivier Besancenot en France, crédité de 13% dans certains sondages. Mais cela ne remplace pas la nécessité d’un parti capable de réellement changer la société. En Amérique latine, nous avons toujours dit que la position de Chavez n’était pas tenable à long terme sur base capitaliste. Avec la crise actuelle, le choix à faire entre capitalisme et socialisme va devenir sans cesse plus insistant.

    Le CIO et le MAS/LSP doivent donc plus que jamais mettre leurs idées et leur programme en avant. Cette nouvelle période nécessite un caractère plus affirmé de notre parti, un profil plus clair. C’est la raison pour laquelle, lors du Congrès national, nous voulons aussi donner un nom de parti à notre organisation du côté francophone. Et c’est aussi pourquoi, à partir d’aujourd’hui, nous devons plus investir dans la propagande.

    Nous devons aujourd’hui construire nos forces pour être capable d’accueillir ces jeunes et ces travailleurs qui se radicaliseront demain. Mais pour ce faire, nous avons évidemment besoin de temps, d’énergie, mais aussi d’argent. Nos membres ont déjà fait d’énormes efforts sur ces trois terrains et nous avons toujours pu compter sur le soutien régulier de beaucoup de sympathisants. Mais de nouveaux besoins s’imposent et nous espérons donc, à l’occasion de notre Congrès National, que nous pourrons à nouveau compter sur votre soutien.

    En 2006 et 2007, nous avons pu récolter plus de 15.000€ de dons lors de nos Conférences. A chaque fois, nous avons pu compter sur beaucoup de dons petits et moyens, mais aussi sur certains plus élevés. Cette année, notre objectif est de récolter au minimum le même montant.

    Une partie de cette somme sera directement utilisée à la construction de notre Internationale, le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO). Par exemple, 500€ seront immédiatement versés pour la construction de nos sections en Amérique Latine et 3.000€ seront donnés à l’appel financier général du CIO.

    Dans le contexte actuel, nos sections-sœurs à travers le monde ont un énorme potentiel de croissance et des tâches immenses à accomplir. En Amérique Latine, évidemment, mais aussi aux Etats-Unis, où l’énorme enthousiasme autour de la campagne de Barack Obama témoigne d’un regain d’intérêt pour le débat politique, pour une politique qui défende les travailleurs. Sans aucune illusion de leur part dans le nouveau président démocrate, nos camarades ont devant eux, là-bas aussi, une ouverture pour les idées socialistes. En Asie et en Afrique aussi, là où, entre autres, la famine et la malnutrition, aggravée par la crise alimentaire, a causé et cause toujours la mort de millions de personnes, et où la crise économique actuelle fait des ravages, parallèlement à l’augmentation des conflits interethniques.

    Mais les tâches en Europe et dans notre pays ne sont pas moins grandes. L’argent récolté grâce à cet appel financier servira donc aussi à la construction du MAS/LSP. Par exemple, les élections approchant, lors de notre campagne préélectorale qui consiste en la récolte de milliers de signatures de parrainage nécessaires, nous voulons être capable de distribuer un tract du même type que celui de notre campagne autour du pouvoir d’achat et de l’emploi.

    Nous appelons donc tous nos membres à faire un don (ou une promesse de don) le plus grande possible et/ou, pour ceux qui le peuvent, à augmenter leur cotisation mensuelle de membre. Nous faisons également cet appel à nos sympathisants. Si vous le voulez et le pouvez, faites un don ou une contribution mensuelle de sympathisant via un ordre permanent bancaire mensuel de soutien au MAS/LSP. Avec cet appel, nous ne te demandons ni plus ni moins que de t’investir dans la construction d’un parti avec l’objectif de réaliser ensemble une société socialiste.

  • Paris: reportage photo de la manifestation du personnel enseignant et des jeunes

    Ce jeudi se sont déroulées de grandes manifestations en France contre les économies faites sur le dos de l’enseignement. De Belgique, des membres et sympathisants des Etudiants de Gauche Actifs, le cercle étudiant du Mouvement pour une Alternative Socialiste, sont partis participer à ces mobilisations à Paris et à Lille. A Paris, quelques dizaines de milliers de manifestants ont défilé, peut-être 10.000 à Lille. La colère est grande contre les attaques du gouvernement Sarkozy. Cette année, 13.500 emplois vont disparaître à cause de diverses mesures d’assainissement. Cela conduit de plus en plus à un enseignement d’élite pour les riches et un accès restreint à un enseignement valable pour le reste. Nous publions ici quelques photos de la manifestation qui a pris place à Paris.

    Mirre (Gand)


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  • Paris: reportage photo de la manifestation du personnel enseignant et des jeunes (2)

    Ce jeudi se sont déroulées de grandes manifestations en France contre les économies faites sur le dos de l’enseignement. De Belgique, des membres et sympathisants des Etudiants de Gauche Actifs, le cercle étudiant du Mouvement pour une Alternative Socialiste, sont partis participer à ces mobilisations à Paris et à Lille. A Paris, quelques dizaines de milliers de manifestants ont défilé, peut-être 10.000 à Lille. La colère est grande contre les attaques du gouvernement Sarkozy. Cette année, 13.500 emplois vont disparaître à cause de diverses mesures d’assainissement. Cela conduit de plus en plus à un enseignement d’élite pour les riches et un accès restreint à un enseignement valable pour le reste. Nous publions ici quelques photos de la manifestation qui a pris place à Paris.

    Kjel (Courtrai)


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  • Paris: Manifestations du personnel enseignant et des jeunes

    Une quinzaine de membres d’EGA (l’organisation étudiante du MAS) ont participé au côté des camarades de la Gauche Révolutionnaire (notre section-sœur en France) aux manifestations à Paris, Valencienne et Lille lors de la journée de grève du 20 novembre dans l’enseignement en France.

    La grève a été fortement suivie avec plus de 50% de gréviste dans le secondaire et près de 70% dans le primaire. Plus de 220.000 instituteurs, enseignants, membres du personnel, élèves et étudiants ont pris part aux 130 cortèges organisés par les syndicats dans toutes la France. La manifestation à Paris à rassemblé 40.000 participants. 42 exemplaires du journal de la Gauche Révolutionnaire ont été vendus ainsi que des dizaines de journaux lycéens à Paris.

    Le gouvernement Sarkozy et son ministre Xavier Darcos a supprimé 11200 postes dans l’Education cette année et ils veulent en supprimer 13500 de plus en 2009. Pour les élèves, la réforme « Darcos » diminue le nombre d’heures de cours de 32h à 27h et permet un nombre illimité d’élèves par classe alors que celle-ci sont déjà surpeuplées. Sarkozy et Darcos veulent faire payer la crise aux travailleurs et aux jeunes. Le gouvernement Sarkozy coupe dans le budget de l’éducation nationale alors qu’il a déjà offert 360 milliards d’euros aux actionnaires pour sauver leur système financier.

    Des grèves et des manifestations ont eu lieux cette semaine dans de nombreux secteurs (dans le privé et dans les services publics). Samedi, les postiers manifesteront en masse contre la privatisation de la Poste. Une lutte d’ensemble contre la politique du gouvernement Sarkozy est nécessaire. C’est pourquoi la Gauche Révolutionnaire met en avant l’idée d’une grève interprofessionnelle à partir du 25 novembre.


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  • Des huissiers employés pour casser les piquets de grève

    Le porte-parole de Carrefour était on ne peut plus clair le weekend passé: avec une requête unilatérale et des astreintes juridiques, l’entreprise peut briser un piquet de grève. Ce n’étaient là que des mots mais samedi, à la filiale de Carrefour de Sint-Pieters-Leeuw, les ordonnances du juge ont effectivement été notifiées de façon arbitraire à des personnes présentes. Parler à un client devant le magasin suffisait pour se voir notifier une contrainte.

    Par Geert Cool

    Des dizaines de militants syndicaux et de sympathisants ont reçu de telles ordonnances des huissiers qui avaient reçu du juge la compétence de recourir à la force publique pour interdire chaque empêchement ou chaque obstacle à l’entrée des locaux, du parking,… Tomber en panne sur le parking tombait donc également sous la compétence des huissiers qui peuvent dès lors imposer une astreinte.

    Tiré par les cheveux? Et bien non, car cela faisait partie de la décision juridique remise aux militants syndicaux. La direction de Carrefour a fait appel à quelques avocats du cabinet Claeys & Engels pour casser la grève. Une requête a été dressée dans laquelle trois arguments sont utilisés:

    • violation de la liberté de commerce, d’industrie et du droit de propriété,
    • violation du droit de travail et de salaire des travailleurs non-grévistes et
    • violation du droit au travail des tiers entreprises et clients.

    Base juridique: un décret de… 1791

    Le principal argument est celui du droit d’industrie et de commerce. Les avocats se basent pour cela sur le décret D’Allarde de 1791 (introduit chez nous après l’annexion à la France en 1795). La raison pour laquelle les ordonnances de ce décret ont aujourd’hui force de loi chez nous nous échappe. A partir du décret D’Allarde, il n’y a qu’un petit pas vers une autre loi datant de 1791, la loi Le Chapelier qui déterminait que chaque attroupement de travailleurs était interdit parce que cela allait à l’encontre du «libre exercice de l’industrie et du commerce». C’est exactement le raisonnement que Carrefour suit et qui, curieusement, a été soutenu par les juges bruxellois.

    Nous ne sommes donc pas les seuls pour qui ces attaques contre le droit de grève datent du 18e siècle… Le premier et principal argument des avocats de Claeys & Engels commence par une référence au décret D’Allarde. Mais alors que, en 1791, cette loi était liée à une interdiction des travailleurs de s’organiser, elle est aujourd’hui liée aux «faits établis» qui vont de pair avec cette organisation. «Des actes qui empêchent l’employeur de se servir de l’entrée de l’entreprise sont des faits établis qui portent atteinte au droit de la liberté d’entreprise», selon un juriste auquel se réfère la requête.

    La base juridique reste donc à ce jour limitée à un principe général datant de 1791 ainsi qu’à l’interprétation de ce principe par un juriste et au fait que cette interprétation a été suivie par un juge liégeois. C’est un peu faible comme réponse sur le droit de grève et comme base juridique, mais cela a laissé le juge en question de marbre. Ce dernier a ainsi approuvé sans rechigner la requête de Carrefour.

    Comme autre argument, on peut lire le droit de propriété garanti par la Constitution. Est-ce que ce droit a été remis en cause par les piquets de grève? Pour autant qu’on le sache, les militants syndicaux présents n’ont procédé à aucune collectivisation (sans parler de nationalisation). L’argument que la pleine jouissance de la propriété est entravée par des travailleurs qui bloquent une entreprise est en fait utilisé pour faire rentrer des non-grévistes. Apparemment, le patronat voit la force de travail des non-grévistes comme faisant également partie de sa propriété…

    On en vient au deuxième argument: la violation du droit de travail et de salaire des non-grévistes. Pour cela, Carrefour se base sur l’article 23 de la Constitution, dans lequel on trouve par ailleurs également le droit de chacun à «mener une vie digne de l’être humain». Tout le monde «a droit au travail et au libre choix de travail professionnel dans le cadre d’une politique générale d’emploi qui vise, entre autres, à garantir un niveau d’emploi aussi haut et stable possible, le droit à des conditions de travail et de salaire raisonnables, aussi bien que le droit d’information, de concertation et de négociations collectives».

    Pourquoi Carrefour ne reconnait-elle pas le droit à un salaire raisonnable aux travailleurs de la filiale de la Tour Bleue à Bruges? Pourquoi Carrefour ne reconnaît-elle pas le droit de concertation et de négociations collectives en présentant l’action comme un droit individuel et non pas collectif? C’est évidemment un peu faible d’attaquer sur base d’une disposition qu’on ne suit pas soi-même…

    Enfin arrive le dernier argument: «les faits établis violent le droit de travail des tiers entreprises et clients». Pour cet argument, aucune disposition légale n’est citée. Pour résumer, la base juridique est donc un principe général datant de 1791 et une interprétation très unilatérale de l’article 23 de la Constitution. Le droit de grève et le droit de mener des actions collectives doivent s’effacer devant cela.

    Ampleur de la disposition

    Les avocats de Carrefour demandent au juge de préciser la mission de la police pour que celle-ci ne se limite pas à la protection de l’huissier. «Il est donc utile de préciser sa mission (celle du pouvoir public) et de lui ordonner de donner suite aux ordres que l’huissier de Justice lui donne, si nécessaire en utilisant la contrainte physique pour assurer l’entrée pacifique des bâtiments.» Qui décide donc des missions de la police? Le patronat!

    L’ampleur et la durée de la disposition constitue un autre point particulièrement grossier: la durée de validité est d’un mois, dès le 17 octobre, et peut être rallongée si la crainte existe que d’autres «faits établis» puissent être «commis». Jusqu’au 16 novembre, il est interdit aux militants de mener une action à une filiale de Carrefour sur le territoire de l’arrondissement juridique de Bruxelles. A Sint-Pieters-Leeuw, l’huissier a déclaré à un militant arrêté que «mener une action» peut être interprété largement : faire ses courses suffit. C’est littéralement qu’a déclaré ce huissier! Que cette menace puisse de cette façon violer «le droit du client» et «d’accès à l’entreprise» n’est sans doute qu’une coïncidence toute ironique.

    Le fait qu’une intervention juridique est préventivement demandée est tout aussi contestable. Le professeur Gilbert Demez de l’UCL (université de Louvain-la-Neuve) déclarait encore début 2006 dans une interview au quotidien Le Soir que de telles interventions préventives de la justice constituent un dépassement du pouvoir juridique. Il ajoutait encore qu’une intervention juridique n’est utilisée que comme moyen de pression patronal, où ce n’est pas tant la protection des droits qui est en jeu que la limitation du droit de grève. Le professeur Demez était d’opinion que limiter les moyens d’action du «contrepouvoir social» mène à une forme de «dictature»

    La base du droit de grève

    Ce n’est qu’après la Première Guerre Mondiale que le droit de faire grève et de se syndiquer ont été reconnus en Belgique, bien évidemment dans le contexte des mouvements qui ont suivi la guerre, dont la Révolution russe était un des points culminants. Partout en Europe se développaient des mouvements et les travailleurs se sont révoltés dans différents pays. La bourgeoisie avait peur de la force du mouvement ouvrier organisé et elle a donc dû faire des concessions.

    Ainsi a entre autres été instauré le suffrage universel (masculin uniquement), mais la liberté syndicale a aussi été reconnue. En 1921 une loi a garanti «la liberté d’organisation». En même temps, une loi antigrève a été abolie (le fameux article 310 de la loi pénale qui interdisait tout attroupement à une entreprise) et la journée des 8 heures (ainsi que la semaine de travail de 48 heures) a été introduite.

    Le droit de grève est le fruit de la lutte des travailleurs et a plusieurs fois été reconnu juridiquement (entre autres dans la Charte Sociale de l’Europe). Les piquets de grève et les barrages routiers font partie du droit de grève et du droit de s’organiser. Cela a été confirmé par plusieurs Cours de justices en Belgique (notamment la Cour de Cassation en 1997 ou la Cour d’Appel à Anvers en 2004).

    Le droit de mener des actions collectives ne peut tout simplement pas être limité. Le Comité Européen des Droits Sociaux a jugé il y a quelques années dans un rapport sur la Belgique que les piquets de grève pacifiques font partie du droit garanti de mener des actions collectives, des astreintes contre un tel piquet de grève ne sont donc pas acceptables.

    Mettre sur pied des piquets de grève et même des barrages routiers fait partie de la liberté d’expression. D’ailleurs, dans le cas des barrages routiers, nous ne sommes pas les seuls à les considérer comme partie intégrante de la liberté d’expression. La Cour Européenne de Justice, qui n’est pas connue pour ses sympathies avec les idées du socialisme, a déclaré que la liberté de manifester (y compris les barrages routiers) ne peut être limitée que de façon exceptionnelle (arrêt de Schmidberger du 02/08/2003). La liberté d’expression lors d’un barrage routier a priorité sur le libre trafic de marchandises et de personnes, a déclaré la Cour.

    Juridiquement, il y a donc une base pour défendre le droit de grève, alors que celle sur laquelle se reposent les casseurs de grève est très, très, limitée. Néanmoins, ces derniers semblent toujours obtenir gain de cause chez les juges. Seuls quelques juges échappent à l’attrait de l’illusion que c’est eux qui décident dans des conflits collectifs. Qu’il s’agit bien d’une illusion est évident : ce sont les patrons qui décident, qui utilisent la justice pour pouvoir recourir à des huissiers ou qui encore peuvent considérer la police comme leur propre milice privée.

    Il faut une campagne

    L’utilisation des astreintes pendant les grèves a déjà plusieurs fois mené à des protestations. En 2002, une pétition syndicale a rassemblé 80.000 signatures et syndicats et patronat ont négocié pour conclure un «gentlemen’s agreement», un accord qui n’est pas imposable. Dans cet accord, le patronat a promis d’éviter de recourir à des interventions juridiques. Il ne reste rien de cet accord.

    Pour la défense du droit de grève, nous ne pouvons pas compter sur la justice, le patronat ou les politiciens traditionnels. Nous soutenons évidemment chaque pas pour la défense du droit de grève, mais il va falloir construire un rapport de force avec lequel on peut en pratique imposer que les patrons n’osent plus utiliser de requêtes unilatérales. Voilà comment le droit de grève a été obtenu et voilà comment il va devoir être défendu.

    Evidemment, il est important de convaincre tous les travailleurs de participer à la grève: s’il n’y a plus de non-grévistes, les huissiers peuvent se mettre eux-mêmes aux caisses de Carrefour. A coté de cela, la force du nombre est importante : notifier une contrainte à 50 ou 100 personnes est encore faisable pour un huissier. Mais que faire s’il y a 1.000 militants ou plus au piquet? Ce n’est pas une option théorique, un appel des syndicats avec une mobilisation générale à une filiale de Carrefour dans la région bruxelloise aurait très certainement un grand effet.


    Comment réagir face à un huissier?

    A côté du droit de mener des actions collectives, il y a aussi des possibilités de résister à un huissier qui veut imposer une astreinte. Un huissier présent à un piquet ne peut pas simplement demander la carte d’identité d’un participant pour effectivement notifier la contrainte. La police n’a droit à faire un contrôle d’identité que pour une infraction ou un crime (par exemple perturber l’ordre public). L’huissier doit pouvoir s’identifier et prouver qu’il est compétent pour l’arrondissement juridique en question. S’il ne peut pas le prouver, il ne peut rien notifier.

  • Le droit de choisir… pour le patron

    Immigration économique choisie

    Le gouvernement fédéral vient de décider de créer un « service pour la migration économique » au sein de l’Office des Étrangers. Ce « nouveau service » a vu le jour cet été, alors que la ministre de l’Immigration n’a toujours pas présenté une « circulaire de régularisation » malgré les mobilisations répétées des sans-papiers. Cette évolution de la politique d’immigration dans notre pays ne laisse rien présager de bon ni pour les sans-papiers ni pour les travailleurs belges.

    Par Jean Peltier (MAS-Liège) et Pablo (MAS-BXL)

    Pourquoi donc le gouvernement souhaite-t-il tellement stimuler une « immigration économique » alors qu’il passe son temps à organiser depuis des années un tri impitoyable entre « vrais » réfugiés politiques – qu’il accepte d’accueillir au compte-goutte – et « mauvais « réfugiés économiques » qu’il fait réexpédier vers leur pays toutes affaires cessantes ? Sont-ils devenus fous au 16, rue de la Loi ? Pas du tout. C’est juste que, pour les patrons et les politiciens, les immigrés qui arrivent chez nous ne sont pas les bons !

    Les « choisis » et les autres

    Les patrons ne sont pas xénophobes : ils aiment bien certains étrangers. Ce n’est pas une question de couleur ou de religion. Ceux qu’ils aiment, ce sont ceux qui peuvent venir boucher les trous dans l’économie. Et ceux-là sont de deux types.

    Il y a d’abord les travailleurs qualifiés qui peuvent venir combler des manques dans des secteurs en manque de main d’œuvre qualifiée (comme la santé) et très qualifiée (comme l’informatique de pointe). A ceux-là, gouvernement et patronat sont prêts à donner des papiers – provisoires – et un salaire décent. Il s’agit en effet de faire la chasse à des « cerveaux » qui, sans cela, pourraient être tentés plus facilement par des grands pays comme la France, la Grande-Bretagne ou les Etats-Unis qui appliquent cette politique depuis plus longtemps.

    Si cette immigration est « choisie », c’est surtout par le pays d’ « accueil » qui ne doit pas assurer la formation de base du travailleur (c’est un pays du monde néocolonial qui en a payé le haut coût), qui en retire le bénéfice immédiat et qui renvoie le colis au pays d’origine quand la pénurie est comblée. L’ « immigration choisie », c’est le contraire de la bien connue délocalisation d’entreprise – dans ce cas-ci, on délocalise la main d’œuvre pour permettre aux entreprises belges de rester dans le pays – mais le but est le même : faire un max de profit en payant le moins possible.

    Il y a aussi une autre catégorie d’étrangers que les patrons aiment bien : ceux qu’ils peuvent faire travailler en noir, à bas salaires et sans sécurité sociale et d’emploi dans les jobs peu ou pas qualifiés de certains secteurs (bâtiment, horeca). Mais qu’est-ce qui peut bien forcer un étranger de travailler dans de telles conditions ? Mais simplement le fait de ne pas avoir de papiers et de vivre dans la peur d’un contrôle de police, prélude à l’expulsion du pays. C’est pourquoi le patronat et les libéraux sont tellement opposés à une régularisation générale des sans-papiers : parce qu’elle les priverait rapidement d’une main d’œuvre qu’ils peuvent exploiter si facilement dans les conditions actuelles.

    Et pour les autres, ceux qui ne sont ni des « cerveaux » ni des « petites mains » ? Et bien, comme personne ne les a appelés ici, il n’y a aucune raison de se gêner pour les renvoyer chez eux… ce qui est en plus un excellent moyen de rappeler aux « privilégiés » qu’ils ont intérêt à se tenir à carreau.

    Echec assuré

    Cette politique d’immigration sélective pose – au moins – deux questions. Est-elle tenable (pour les patrons et leurs politiciens) ? Est-elle acceptable (pour tous les autres) ? La réponse est deux fois non.

    L’Europe et les USA peuvent blinder leurs législations contre l’immigration clandestine, construire des murs et des camps de détention aux frontières et bourrer les charters de retour, ils n’arriveront jamais à contenir la pression de l’immigration. Parce que les problèmes du monde néocolonial (créés par le pillage colonial, puis par l’exploitation forcenée de ces pays au profit des multinationales et des Etats occidentaux) sont colossaux : sous-développement économique, surpopulation, pauvreté massive,… Parce que la croissance que connaissent une partie de ces pays est tellement inégalitaire qu’elle ne permet pas ni de rattraper le retard sur les puissances capitalistes développées ni de résoudre les problèmes sociaux dans ces pays. Parce qu’au cours de ces derniers mois, la crise économique et la spéculation sur les produits alimentaires ont aggravé la situation pour des centaines de millions de gens (1). Et parce que tout cela n’offre souvent comme perspective à des dizaines de millions de jeunes que de tenter de gagner le Nord afin d’y trouver un boulot et un salaire pour vivre et pour faire vivre leur famille restée au pays. Les lois et les murs pourront peut-être freiner ce processus mais certainement pas l’arrêter.

    D’autre part, cette politique est inacceptable à tous points de vue. L’application d’une immigration « choisie » – c’est-à-dire sélective en fonction des besoins du patronat – transforme les travailleurs « sélectionnés » en simples pions que les capitalistes déplacent à leur gré d’un pays à l’autre et elle contraint les « non choisis » à la clandestinité et au travail en noir. Elle crée chez nous une concurrence « légale » entre les travailleurs qualifiés du pays et ceux qui sont importés d’ailleurs et une concurrence « sauvage » parce que non réglementée (vu la clandestinité de certains) entre travailleurs non qualifiés. Et elle prive les pays du Tiers-Monde de travailleurs qualifiés qui pourraient être utiles à son développement… après avoir fait payer à ces pays le coût de la formation de leurs travailleurs.

    C’est pourquoi, à l’immense hypocrisie de cette « immigration choisie » nous défendons une politique complètement opposée. Le droit des travailleurs à chercher librement dans un autre pays un emploi et une vie décente pour eux et leur famille s’ils estiment ne pas pouvoir en trouver chez eux. La régularisation des sans-papiers parce que c’est une condition indispensable pour unir les travailleurs locaux et immigrés dans nos pays. La défense intransigeante des conditions de salaires et de travail conquises par le mouvement ouvrier dans nos pays pour éviter que l’arrivée de travailleurs étrangers ne permette aux patrons de casser le marché du travail et la protection sociale. L’aide aux syndicats et aux organisations populaires dans le monde néocolonial pour qu’ils puissent améliorer eux aussi les conditions de vie des populations locales. La solidarité entre travailleurs partout dans le monde. L’expropriation des multinationales afin de dégager les moyens pour mener une réelle politique de développement. Et une réorganisation de la production au niveau mondial sous le contrôle des travailleurs, de manière à pouvoir trouver des solutions économiques et écologiques durables au bénéfice de l’écrasante majorité des populations. En bref, une politique réellement socialiste.


    1. Voir le dossier sur la crise alimentaire dans l’AS n° 132 de juin 2008


    > Dossier "Sans-papiers" de ce site

  • Fuite en avant pour sauver la planète ?

    Relance du nucléaire

    De plus en plus confrontés à l’évidence du réchauffement de la planète, les politiciens traditionnels sont à la recherche de toutes sortes de mesure qui leur permettraient de produire de l’énergie plus proprement. Une des solutions avancées est une extension du parc nucléaire en Europe, afin de remplacer les vieilles centrales au gaz et pétrole. Or ceci constitue plus une fuite en avant qu’une véritable solution.

    Par Gilles, MAS Mons

    En Belgique, on trouve deux centrales nucléaires en activité : celle de Tihange (Huy, 3 réacteurs) et celle de Doel (Anvers, 4 réacteurs). Toutes deux ont été construites il y a environ 30 ans et l’âge de la retraite devrait approcher… si ce n’est que les gouvernements successifs n’ont cessé de repousser encore et encore la date de fermeture de ces réacteurs. Alors que la durée d’usage avait déjà été prolongée à quarante ans, le gouvernement Leterme a décidé d’octroyer vingt ans de plus aux centrales belges : il faudra donc attendre jusqu’à 2035 pour assister à la fermeture des centrales (au lieu de 2005 comme initialement prévu).

    Le gouvernement et leurs amis d’Electrabel se justifient en disant que la remise à neuf des centrales coûterait cher et que cette hausse des coûts serait d’office répercutée sur la facture (comme si Electrabel ne pouvait pas se permettre cet investissement !). D’autre part, ils prétendent que les centrales nucléaires sont sûres et non polluantes. Leurs arguments semblent avoir porté, puisque récemment 6 Belges sur 10 se disaient d’accord pour ce maintien. Mais le récent incident de Fleurus (près de Charleroi) a remis en question tous ces beaux discours sécurisants.

    Que s’est-il passé à Fleurus ? Une fuite s’est produite à l’Institut des Radio-Elements (IRE), un établissement public-privé chargé de produire des isotopes radioactifs à des fins médicales, et celle-ci a contaminé toute la région. Ceci représente le plus grave incident nucléaire en Belgique. Cependant la population locale n’a été prévenue qu’une semaine après les faits, avec des avertissements du type « Ne mangez pas les légumes de votre jardin ». L’exploitant a tenté d’étouffer l’affaire jusqu’au dernier moment par crainte des répercussions, tandis que l’Agence Fédérale de Contrôle Nucléaire (AFCN) s’est révélée totalement inefficace : incompétence des responsables (beaucoup ont obtenu leur poste uniquement via leurs relations politiques), matériel inopérant, etc.

    Les incidents nucléaires se sont multipliés au cours des dernières années : en 2006 en Suède, on est passé à deux doigts d’un nouveau Tchernobyl lorsque le système de secours de la centrale de Forsmark est tombé en panne. Les scientifiques chargés de la surveillance ont avoué que seul le hasard a permis d’éviter la catastrophe. Cet été en France, des fuites ont été révélées près d’une centrale de la Drome, contaminant le personnel et peut-être les récoltes. Des accidents graves et parfois mortels se sont également produits en Hongrie et au Japon au cours des cinq dernières années.

    Plutôt que de vouloir sérieusement investir dans des énergies inoffensives telles que la biomasse, l’éolien, le marémoteur, le solaire… les capitalistes et leurs politiciens préfèrent se tourner vers des solutions hautement rentables sur le court terme, mais pleines de risques pour le présent comme pour l’avenir. Car où stocker de manière sûre les déchets nucléaires provenant des centrales ? Même les agences de contrôle sont soumises à la loi du profit et des jeux politiques, ce qui les rend inaptes. Et évidemment, on cache tout cela à la population.

    Une production véritablement verte est incompatible avec le système capitaliste. Pour sauver la planète, préparons la révolution écologique ! Qui sera aussi une révolution socialiste.


    Le prestige et les profits avant l’environnement et le pouvoir d’achat

    Sous la pression des entreprises et des politiciens, sans participation ni consultation de la population, plus d’un milliard d’euros des impôts va être consacré au projet de prestige de la liaison Oosterweel!

    Cette liaison doit passer au dessus de certains quartiers et mettre en danger la santé des habitants avec la masse de particules fines diffusée par les voitures et les camions. Résistance Internationale lutte pour plus d’investissements pour des transports en commun gratuits et des solutions comme un tunnel qui pourrait récupérer et purger l’air des particules fines.

    Le 25 octobre il y aura un festival anticapitaliste pour l’environnement à Anvers, nous discuterons entre autres de la lutte contre le projet de la liaison Oosterweel, en plus de discussions sur l’énergie, la surpopulation, la crise alimentaire, les catastrophes naturelles, etc. Un meeting et des concerts suivront en soirée. Participe à nos campagnes sur l’environnement ! (Plus d’infos : 02/345.61.81)


    Liens:

  • Le meeting Front National annulé

    Le meeting Front National annulé

    Le Front National a annulé son meeting du 4 octobre à Molenbeek. Le FN déclare que son meeting a été annulé parce qu’il n’a pas trouvé de salle et en raison de l’action de protestation. C’est naturellement un peu exagéré, la raison déterminante est évidemment qu’il n’y a pas de soutien à Molenbeek pour la haine raciste du FN.

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    Suite à l’annulation du meeting du FN le 4 octobre, un premier article était paru sur notre site annonçant que la manifestation organisée par Résistance Internationale à Molenbeek n’aurait pas lieu. Il s’agit d’une erreur pour laquelle nous tenons à présenter nos excuses à l’ensemble de nos lecteurs. Ce malentendu fait suite à la discussion que nous avons dû mener en précipitation sur la réaction à adopter face à cette nouvelle.

    Nous voulons effectivement maintenir notre manifestation ce 4 octobre, même s’il est probable que l’annulation du meeting du FN aura pour effet que la mobilisation antifasciste sera moins importante que prévu. Car pour nous, le message anti-raciste et le combat contre l’extrême-droite en général ne se limite pas à ce meeting du FN à Molenbeek. Nous voulons non seulement démontrer dans la pratique que le FN ne sera jamais le bienvenu dans nos quartiers, mais aussi engager la discussion avec tous les antifascistes présents sur la nécessité de continuer la lutte et d’être actif au travers de nos campagnes.

    S’il est clair que l’annulation du meeting du FN est une victoire pour tous les antifascistes, et démontre que ce parti ne dispose d’aucun soutien actif dans les quartiers de Molenbeek, le combat contre l’extrême-droite ne s’arrête pas pour autant ! Pour le FN, ce n’est que partie remise. En témoigne la volonté de la direction du FN d’être quand même présente « quelque part à Molenbeek » (dixit Patrick Sessler) en présence de leurs médias le 4 octobre, ainsi que leur volonté d’entamer une tournée de meetings électoraux dont Molenbeek n’était que la première étape. Ce que les fascistes n’ont pas été capables de réaliser à Molenbeek, ils essaieront de le réitérer dans d’autres communes telles que Saint-Josse, Anderlecht, Schaerbeek, Saint-Gilles,… Ce qui illustre que la mobilisation contre ce parti reste plus que jamais nécessaire.

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    Il y a quelques temps, le Front National avait annoncé l’organisation d’un meeting pour lancer la campagne préélectorale du FN rénové. Le petit parti d’extrême-droite s’est récemment défait de son ancien président-à-vie, Daniel Féret, condamné pour utilisation des moyens du parti à des fins personnelles : il s’est ainsi bâti une villa dans le sud de la France.

    Le FN, sous la direction de Delacroix et de Sessler, a rompu avec Féret et a essayé de lancer une nouvelle dynamique. C’est dans ce cadre que devait se placer le meeting électoral du 4 octobre. Nous avions décidé d’appeler à une contremanifestation afin d’éviter que l’extrême-droite ne puisse s’organiser du côté francophone. Tenir un meeting raciste à Molenbeek était bien entendu une provocation. En outre, le FN considère les immigrés comme les responsables des nombreux problèmes rencontrés dans cette commune bruxelloise pauvre. Le thème du meeting était: « Molenbeek : paradis ou enfer multiculturel ? »

    L’endroit où devait originellement se tenir le meeting était connu depuis quelque temps et Le Soir l’avait publié dans ses pages. Il devait se dérouler dans un café de supporters du FC Brussels, à condition que le bourgmestre de Molenbeek, Philippe Moureaux, n’interdise pas le meeting. Le tenancier du café s’est ensuite retiré en affirmant que la salle avait déjà été louée pour une fête de mariage.

    Selon le FN, un autre facteur a joué un rôle : "les communistes du MAS (Mouvement pour une Alternative Socialiste) ont appelé à manifester contre le droit du FN à s’exprimer publiquement dans la commune symbolique de Molenbeek." Le FN a protesté auprès du bourgmestre à propos de cet appel de Résistance Internationale et du Mouvement pour une Alternative Socialiste. Du reste, l’appel avait été lancé par Résistance Internationale et Blokbuster.

    Il est naturellement exagéré d’affirmer que notre appel a été la seule cause de l’annulation du meeting du Front National. En janvier dernier, nous avions déjà mobilisé contre la venue de Jean-Marie Le Pen et nous avions manifesté avec une septantaine de personnes dans le quartier européen où se déroulait la rencontre entre Le Pen et le FN belge. Le 1er mai, nous avons participé à la mobilisation antifasciste à Charleroi contre le groupuscule « Nation » qui avait annoncé une activité le premier mai. A chaque fois, ces mobilisations ont été relativement restreintes. Le FN n’a pas pu tenir son meeting dans une autre salle à Molenbeek parce qu’il n’y a pas de soutien actif dans les quartiers pour une formation raciste et d’extrême-droite. C’est la véritable raison pour laquelle le FN a dû annuler son meeting.

    Nous sommes bien entendu contents que le meeting du FN ne se déroule pas, mais cela ne suffit pas pour crier victoire. La campagne contre le FN continue. Pour le FN, la publicité autour de son meeting du 4 octobre a été une étape importante pour essayer de se profiler comme un parti actif. Le FN essayera encore d’organiser des meetings et des réunions. La protestation reste nécessaire. Participe avec nous à nos campagnes antifascistes !

    Rendez-vous: 4 octobre, 13h Étangs Noir

    La manifestation sera suivie d’un meeting:

    "QUELLE ALTERNATIVE POLITIQUE FACE A L’EXTRÊME-DROITE?"

    15h00, salon de thé "Le Royal", parvis saint Jean-Baptiste, métro Comte de Flandre

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