Tag: France

  • MARX IS BACK : Le capitalisme ne fonctionne pas !

    Il y a quelques mois, une banque allemande a lancé une carte bancaire sur laquelle se trouvait l’image de… Karl Marx ! Le succès fut au rendez-vous. Des journalistes et analystes osent à nouveau se référer, sans gêne, à Marx et ses idées dans leurs articles publiés par les médias dominants ; des t-shirts et accessoires avec le célèbre visage bien barbu sont disponibles partout. Marx semble bien être un mec très populaire actuellement…

    Par Tim (Bruxelles)

    Mais l’intérêt pour les idées marxistes est bien plus qu’un phénomène de mode : de plus en plus de jeunes et de travailleurs qui entrent en lutte sont à la recherche d’une base théorique plus ferme pour analyser l’expérience qu’ils tirent des mouvements auxquels ils ont participé de près ou de loin. De plus en plus de questions sont ouvertement posées quant à la viabilité du système capitaliste, qui semble se noyer sans cesse plus profondément dans le tourbillon de ses propres contradictions. De plus en plus, on remet en cause ce système où les riches qui ont causé la crise ont à leur disposition d’innombrables moyens de s’enrichir plus encore alors que de larges couches de la population en payent le prix.

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    Meeting : Le marxisme aujourd’hui

    Grille d’analyse et méthode pour changer de société

    Avec Eric Byl, Membre du Bureau Exécutif du Parti Socialiste de Lutte (PSL)

    Ce mardi 30 octobre, à 19h00, à Liège (Université de Liège, Place du XX Août, Auditoire “Grand Physique’’)

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    Au sein de notre société, les contradictions sont énormes. Grâce aux cadeaux fiscaux et aux diminutions de charges patronales, les plus grandes entreprises se trouvent au sommet d’une montagne de cash estimée, prudemment, à quelque chose compris entre les 16.000 et les 27.000 milliards de dollars ! Avec cet argent, elles spéculent sauvagement, sur les prix de l’alimentation par exemple. Et quand ces spéculations tournent mal, les moyens de la collectivité servent de bouée de sauvetage pour les spéculateurs et les banques. L’économie réelle ne connaît presque plus d’investissements, les méga-profits des multinationales résultent de longues années d’assainissements dans les services publics et d’attaques contre les conditions de travail, les salaires et les allocations. Résultat : les nouveaux produits n’arrivent pas à être vendus puisque les travailleurs et leurs familles doivent se serrer la ceinture, et y percer de nouveaux trous.

    Mais parallèlement, nous constatons que cette crise provoque un développement fantastique des luttes. Des couches toujours plus larges de la population se rendent compte de la façon dont elles ont été abusées par les riches, les banquiers et leurs politiciens, et elles entrent en révolte. Puisque les jeunes et les travailleurs ne peuvent pas compter sur les politiciens établis – et souvent même pas non plus sur leur propre direction syndicale – ils sont à la recherche de nouvelles idées politiques. Le succès des partis d’opposition de gauche radicale (comme Syriza en Grèce ou le Front de Gauche en France) en est une expression. Là où une alternative de gauche crédible est absente, ce sont des formations réactionnaires qui profitent du mécontentement croissant dans la société, à l’instar de la N-VA en Flandre.

    Dans ce contexte, les idées marxistes peuvent jouer un rôle important : le marxisme offre une méthode d’analyse de la société et une idée précise de l’organisation à avoir pour mener la lutte contre l’austérité tout en proposant une alternative au système tout entier.

    Quelqu’un a un jour demandé à Marx de résumer ses idées en trois mots. Il a répondu : ‘‘Lutte, lutte et lutte’’. Et, c’est clair, pour parvenir à briser la politique d’austérité, il va falloir lutter. Mais remporter des victoires nécessite de disposer d’une méthode et d’un programme pour cette lutte, afin de renverser le capitalisme et de le remplacer par quelque chose de mieux : une société socialiste où les richesses produites seraient utilisées pour les besoins de la population, et non pour satisfaire la soif de profits des millionnaires ! Aidez-nous à la construire, rejoignez les marxistes !

  • La Belgique, eldorado fiscal

    Le 14 septembre dernier, une dizaine de milliers de militants de la FGTB ont défilé dans les beaux quartiers d’Ixelles, à Bruxelles, pour dénoncer le régime fiscal belge, extrêmement favorable aux plus riches. Comme pour justifier (s’il le fallait encore) la pertinence de cette mobilisation, une polémique a éclaté peu de temps avant quand le milliardaire français Bernard Arnault (4e fortune mondiale et première fortune européenne…) a demandé la nationalité belge. Et pas par amour des gaufres…

    Par Nicolas Croes, article tiré de l’édition d’octobre de Lutte Socialiste

    Bernard Arnault, c’est l’homme aux 41 milliards de dollars qui se trouve derrière les marques Dior, Givenchy, Louis Vuitton, etc. Il est aussi connu pour avoir une très sainte horreur de contribuer à la solidarité collective. En 1981, lors de l’accession de François Mitterrand à la présidence de la république, il s’était envolé vers les Etats-Unis et, cette fois-ci, il nous refait le coup, à destination d’un pays qui a su gagner son cœur grâce à la déduction des intérêts notionnels et d’autres mesures fiscales favorables aux plus nantis.

    La volonté du gouvernement français de s’en prendre, un peu, aux plus riches dans le contexte de crise économique se heurte à la résistance des riches. En juin dernier, une étude menée par CoreData Research auprès de 361 millionnaires français a révélé que 41% d’entre eux envisageaient un départ de France. Et en Belgique, contrairement à la France, il n’existe quasiment pas de taxation sur le capital, ni d’impôts de solidarité sur les fortunes (ISF).

    Arnault est d’ailleurs loin d’être le seul à avoir choisi notre pays ; la Belgique compterait environ 2.000 exilés fiscaux français. Ainsi, en septembre, Hugues Taittinger (propriétaire du champagne du même nom) a reçu la nationalité belge. Il s’était installé il y a quelques années dans notre pays après avoir piqué une grosse colère en devant payer ses impôts en France. Le pauvre avait même dû vendre des actions de son groupe à cet effet.

    Mais revenons-en à Arnault. En trois ans (de 2009 à 2011), sa société LVMH Finance Belgium et ses filiales ont réalisé 630 millions d’euros de bénéfices, pour ne payer que 24 millions d’euros d’impôts. Faites le compte : il s’agit d’un taux d’imposition de 3,84% ! Pas étonnant que la Belgique soit devenue son ‘‘centre financier opérationnel’’ ! Généralement, les partis traditionnels défendent cette gentillesse fiscale en disant que c’est nécessaire afin de soutenir la création d’emplois. Sauf que, dans ce cas précis, la douzaine d’entreprises dont il est question ont engagé… 7 équivalents temps-plein.

    Du côté des grands partis toujours, on ne manquera pas de s’étonner de la réaction de Théo Francken (N-VA), membre de la commission des naturalisations de la Chambre, qui a déclaré, et en français (comme quoi…) : ‘‘Laissez venir ces Français.’’ L’histoire ne dit pas s’il lui a été demandé s’il parlait bien néerlandais… Les riches ont clairement le soutien enthousiaste de leurs représentants politiques. Les travailleurs et leurs familles ont aussi besoin de relais politiques !

  • Algérie : à propos de la guerre d'indépendance 1954-1962

    Colonialisme, libération nationale et lutte révolutionnaire

    Il y a 50 ans, en 1962, la guerre d’Algérie, l’un des conflits anticolonialistes des plus longs et des plus sanglants, prit fin avec la victoire des combattants algériens contre l’impérialisme français. L’Algérie avait été gouvernée durant 132 ans par le règne colonial français et constituait la pierre angulaire de l’empire colonial français. Une politique de ségrégation raciale et une dépossession territoriale de masse avaient lieu au détriment des autochtones.

    Par Cédric Gérôme, Comité pour une Internationale Ouvrière

    La grande majorité des Algériens était conservée sous une écrasante pauvreté et souffrait systématiquement d’une discrimination salariale qui garantissait d’énormes profits pour les grandes industries françaises.

    Lors de l’éruption du conflit, un million de colons européens – 79 % d’entre eux étaient nés en Algérie – coexistaient avec neuf millions d’Algériens. Il y avait également une large communauté de Juifs.

    Au sommet de l’échelle des colons siégeaient les plus riches, une clique infime de gens qui exerçaient les pouvoirs politique et économique. L’écrasante majorité des colons, cependant, était pauvre. Jusque dans les années 50, leur niveau de vie moyen était de 20 % inférieur comparé au niveau de vie en France.

    Après la 2ème Guerre Mondiale, le militantisme nationaliste et les luttes ont pris de l’ampleur partout dans le pays, dans le contexte de luttes indépendantistes émergeant à l’échelle internationale. Cela a coïncidé avec des vagues sans précédent de grèves de travailleurs et un désir accablant de changement social. Dans beaucoup de cas, ces conflits impliquaient des travailleurs algériens et français.

    Le 1er novembre 1954, le FLN lança une série d’attaques de guérilla dans divers endroits du territoire, en visant les bases du pouvoir colonial. Le Front de Libération National était une organisation nationaliste composée d’activistes radicaux qui était excédés par le conservatisme et le réformisme grandissant des forces nationalistes traditionnelles, avait décidé d’allumer le foyer d’une révolte générale contre le règne français.

    L’armée française y répondit avec une terreur systématique, en brûlant des villages, en créant des camps de concentrations, en procédant à des exécutions sommaires et en appliquant la torture à une échelle de masse. Cette violence a exposé la face brutale du capitalisme français – la prétendue "France des droits de l’homme".

    L’Onde de choc

    Au début de la révolte coloniale, des conflits sur les lieux de travail et des vagues de mutinerie parmi les soldats conscrits, qui refusaient d’aller se battre pour l’Algérie française, ont affecté des douzaines de villes et cités françaises. Et ce, alors que le soutien à la guerre et au régime colonial déclinait à une vitesse vertigineuse.

    Les conséquences de cette guerre commencèrent à créer un déficit budgétaire qui devenait hors de contrôle. D’autre part, la sauvagerie inégalée déployée sur le sol algérien par le régime autoritaire de Charles de Gaulle – qui avait pris le pouvoir en France par un coup d’Etat parlementaire en 1958 – ne pouvait pas en finir avec la guerre.

    L’offensive lancée par les troupes françaises en 1959 avait terriblement mis à mal l’ALN, l’aile armée du FLN, en tant que force combative. Mais le prix à payer, tant politiquement que socialement, affectait directement la confiance de la classe dominante française sur sa capacité à continuer la guerre.

    Les manifestations massives pro-FLN de décembre 1960, les masses urbaines algériennes remplissant spontanément les rues en faveur de l’indépendance à une échelle excédant ce que le FLN avait prédit, marquèrent un tournant décisif.

    De plus, en avril 1961, la masse de soldats français se rebella contre une tentative de coup d’Etat des généraux. De Gaule devait lutter désespérément pour regagner le contrôle de l’armée. A Blida (au Nord), les conscrits ont même saisi la base militaire principale, arrêté leurs officiers et arboré le drapeau rouge de la révolution!

    De Gaulle savait qu’il devait agir ou risquer de totalement perdre le contrôle des évènements. A ce moment-là, la question était devenue: comment gérer une retraite ordonnée pour l’impérialisme français. C’est ce qui se passa avec la signature des Accords d’Evian entre le FLN et le gouvernement français en mars 1962, ouvrant la voie à une Algérie indépendante.

    La gauche française

    Le point de vue dominant sur la question algérienne dans la SFIO (section française de la 2ème internationale) peut être résumé à travers les mots d’un député du SFIO qui déclara: "nous voulons que les hommes d’Algérie soient plus libres, plus fraternels, plus égaux, c’est-à-dire plus français."

    L’un des points fondamentaux sur lequel la 3ème internationale communiste s’était différenciée de la 2ème était son soutien inconditionnel aux luttes de libération nationale contre le colonialisme. Mais la dégénérescence stalinienne de la Russie soviétique avait sérieusement entamé ces principes.

    Alors que dans les années ’20 le Parti Communiste français (PCF) avait pris un rôle de dirigeant en organisant l’opposition à la Guerre du Rif au Maroc, en 1959 ce parti était devenu un simple appendice à la diplomatie soviétique stalinienne, soutenant ‘ la défense nationale ‘ et les alliances avec les forces pro-capitalistes et tentant de restreindre les luttes anticoloniales des travailleurs.

    Malgré l’activisme de beaucoup de ses membres et sympathisants en faveur de l’indépendance, le PCF a voté, en 1956, les pouvoirs spéciaux au gouvernement du ”socialiste” Guy Mollet, qui ont permis d’intensifier la répression en Algérie et d’envoyer des centaines de milliers de conscrits sur le champ de bataille.

    Le FLN

    Le manque d’un parti préconisant un programme pour l’unité de la classe des travailleurs, en France mais aussi, de façon cruciale, en Algérie est un facteur-clé. Cela aurait permis que la lutte anticoloniale ne reste pas dans une voie purement nationaliste. Le parti communiste algérien perdit de plus en plus de soutien public tandis que sa direction persévérait à défendre la politique du PCF.

    Le FLN cherchait quant à lui à prendre le pouvoir par la force militaire, avec une armée essentiellement basée sur la paysannerie et la population urbaine marginalisée. Significativement, les six fondateurs du FLN venaient tous d’une élite rurale appauvrie par le colonialisme; leur monde était l’Algérie rurale et aucun n’avait eu d’interaction de longue durée avec le mouvement de la classe des travailleurs.

    Au lieu d’orienter leurs efforts pour construire une lutte commune de tous les travailleurs et des pauvres, et d’essayer ainsi de diviser les colons européen sur une base de classe – avec des garanties pour les minorités européennes que leurs droits seraient respectées – la plupart des dirigeants du FLN avait une perspective purement nationaliste, et n’avait aucun programme pour développer le pays une fois l’indépendance acquise.

    Leurs méthodes incluaient le bombardement des places publiques fréquentées par les travailleurs et la classe moyenne européenne. Ce type d’actions contribuait à diviser les travailleurs Algériens et non Algériens et à pousser massivement les colons dans les bras de la réaction pro-coloniale. A l’automne 1962, 99 % des colons européens avaient quitté le pays par peur de représailles, une des plus grandes migrations de population du 20ème siècle.

    Aucune solution

    Malgré le courage et l’héroïsme de beaucoup de combattants et sympathisants pro-FLN, leurs efforts ne conduisirent pas aux changements qu’ils avaient espéré et pour lesquels ils s’étaient battus.

    Suivant l’indépendance, le régime qui prit le pouvoir en Algérie était un parti unique sous la coupe d’une machine militaire puissante. C’était un produit direct des structures militaires et des méthodes adoptées par les leaders du FLN.

    En effet, l’implication démocratique de la classe des travailleurs – la seule force collective capable de renverser le capitalisme et de construire le socialisme – était considérée par la bureaucratie militaire émergente du FLN avec suspicion et comme une menace pour son propre pouvoir.

    En équilibre entre le capitalisme et le stalinisme, le régime algérien a été capable, pendant un certain temps, d’opérer des nationalisations partielles qui ont aider au développement de l’infrastructure, des soins de santé et de l’éducation. Mais, suite à la chute du bloc stalinien, tout s’est déplacé vers la droite et les privatisations de masse ainsi que les contre-réformes néolibérales conduisirent à un profond désastre pour la majorité de la population.

    L’Algérie aujourd’hui

    Aujourd’hui, malgré leurs riches réserves de pétrole, les Algériens n’ont pas de conditions de vie décentes. Pour la majorité des algériens, avec un pays marqué par la pauvreté, la corruption et la violence, il y a à peine quoi que ce soit à célébrer pour le 50ème anniversaire de l’indépendance.

    La capitale, Alger, a été classée parmi les villes les moins viables du monde. Le code de la famille, notoirement rétrograde consacre le statut des femmes comme mineur, à vie. Les élections sont falsifiées, les conditions de logement sont épouvantables et les abus de la police très répandus.

    La génération post-indépendance constitue dès lors la grande majorité de la population, et ne ressent rien d’autre que de la colère envers l’élite corrompue qui est au pouvoir. En lumière des récentes luttes de masse qui ont englouti la région nord africaine, le temps est venu pour cette nouvelle génération de réapprendre les leçons de la lutte pour laquelle à peu près un million de leur ancêtres ont sacrifié leurs vies.

  • Interview : Finghin Kelly, candidat de Gauches Communes et membre du Socialist Party

    Partout en Europe, on observe la mise en place de politiques d’austérité ‘‘pour faire face à la crise’’ et, partout en Europe, ce sont les travailleurs et leur famille qui en payent le prix. Pendant ce temps, la Troïka (UE, BCE et FMI) cherche à faire croire que les travailleurs grecs, espagnols et irlandais ne récoltent que ce qu’ils ont semés. Nous nous sommes entretenus à ce sujet avec Finghin Kelly, collaborateur de Paul Murphy, eurodéputé irlandais du Socialist Party (un parti-frère du PSL) et 10e candidat sur la liste de ‘‘Gauches Communes’’ à Saint-Gilles.

    Par Stéphanie (Bruxelles)

    Tout comme Panayota Maniou, militante grecque de SYRIZA et 11e candidate pour ‘‘Gauches Communes’’ à Saint-Gilles également, il tient à mettre en avant la nécessité de construire un mouvement large des travailleurs qui entre en confrontation directe avec le pouvoir en place.

    Socialisme.be : Pourquoi as-tu décidé de te présenter sur les listes de Gauches Communes?

    Finghin Kelly : À travers l’Europe, on voit que la classe des travailleurs fait face aux politiques d’austérité et à des attaques sur son niveau de vie. Tout cela pour payer le sauvetage des banques, pour leur faire payer une crise dont ils ne sont pas responsables ! Des milliards d’euros de coupes budgétaires sont réalisées dans les services sociaux, la fonction publique et notamment dans les communes. Pour les élections communales d’octobre, c’est important d’avoir des candidats qui une fois élus, n’hésiteront pas à se dresser contre ces programmes d’austérité et utiliseront leur position pour construire une alternative à cette austérité au nom des travailleurs.

    Une des principales raisons de ma candidature repose également sur le fait que les institutions européennes font en sorte de mettre en œuvre les politiques d’austérité à travers l’Europe en tentant de diviser au maximum les travailleurs européens en leur disant que les travailleurs des “PIIGS” (Portugal, Italie, Irlande, Grèce et Espagne) ont mérité ce qui leur arrive. Dans les faits, les travailleurs grecs, irlandais ou espagnols ne sont pas nos ennemis. Et je peux vous affirmer que les Irlandais du Socialist Party soutiennent à 100% les travailleurs belges qui se battent actuellement, eux aussi, contre l’austérité.

    Socialisme.be : Quelles sont les conséquences de la crise pour la population irlandaise ?

    F.K. : Les conséquences sont désastreuses. Le gouvernement a vidé les caisses de l’Etat à hauteur de 64 milliards d’euros pour sauver les banques. En suivant les instructions de la Troïka, il a ensuite instauré un programme d’austérité sans précédent qui a fortement fait baisser le niveau de vie de la population. Le gouvernement a essayé de faire croire que si nous coupions dans les budgets, nous pourrions sortir de la crise. C’est ce qui a justifié des coupes majeures dans les services publics, les soins de santé, l’éducation. Le gouvernement planifie actuellement 3,5 milliards de coupes pour décembre de cette année. Bien évidemment, ces programmes ne fonctionnent pas. On observe que l’économie irlandaise tombe en récession et, en réalité, il n’y a que très peu de perspectives de croissance économique pour l’avenir.

    Le taux de chômage a explosé et atteint aujourd’hui 14,8%. Et ce chiffre, bien qu’effrayant, n’est pas représentatif du nombre réel de pertes d’emploi dans la mesure où le pays connait une émigration massive. On comptabilise 1000 départs de jeunes par semaine, preuve d’un réel manque de perspectives parmi les jeunes qui ont par exemple vu être réintroduit le minerval obligatoire pour l’accès à l’enseignement supérieur. Ce qui signifie que 10.000 étudiants ne pourront pas se permettre de poursuivre leurs études. Mais, la classe dominante ne s’est évidemment pas contentée de cela. On a observé une pénurie de professeurs, les classes deviennent surpeuplées ce qui en vient à réduire la qualité de l’enseignement qui n’était déjà pas bien haute en Irlande.

    Les autres personnes principalement affectées par la crise sont bien sûr aussi les chercheurs d’emploi. Mais il y a également les gens qui disposaient à la base de peu de revenus, ceux qui dépendaient de la sécurité sociale, les mères célibataires, etc.

    Par exemple, il y a deux semaines, le gouvernement a annoncé qu’ils allaient couper dans le budget consacré à l’aide aux personnes handicapées, ce qui va totalement détruire leur droit à mener une vie de manière relativement indépendante et les amener à vivre en institution.

    Par ailleurs, le gouvernement a également coupé dans les budgets consacrés aux parents célibataires qui voient leur capacité à s’occuper décemment de leurs enfants diminuer de jour en jour.

    Mais l’exemple le plus flagrant de la volonté du gouvernement à faire payer la crise capitaliste par les travailleurs et leurs familles est très certainement l’introduction d’une taxe sur les ménages. Cette taxe d’abord fixée à 100 euros par habitation est destinée à être payée par chaque ménage ou personne étant propriétaire de leur habitat. Il faut savoir qu’en Irlande, 1.600.000 personnes, c’est-à-dire plus d’un tiers de la population, ont emprunté dans le but d’acquérir un logement. Cette taxe qui s’élève a priori à 100 euros par an est destinée à augmenter à 1000 euros d’ici quelques années et à couvrir les charges comme l’eau chaude par exemple.

    Socialisme.be : Comment avez-vous, le Socialist Party et plus largement les travailleurs irlandais, réagi face à ces attaques ?

    F.K. : Les gens sont extrêmement en colère. Ça a pu être observé lors de l’introduction de la taxe sur les ménages. Ils se sont donc organisés en petit comités. Et avec le Socialist Party nous avons mené une campagne massive afin de mobiliser les travailleurs à travers toute l’Irlande, en les invitant à ne pas payer cette taxe et à combattre les politiques d’austérité en solidarité avec les jeunes et les chercheurs d’emploi. Nous avons organisé de nombreuses manifestations, de nombreux meetings. Le résultat a été un boycott massif de cette taxe et à ce jour, 50% des personnes concernées ne l’ont toujours pas payée. Le gouvernement a perdu une énorme bataille. Cependant, la prochaine étape de cette campagne sera de résister face à la menace du gouvernement de réprimer les personnes ayant refusé de payer.

    Socialisme.be : Et, en Belgique, comment résister à l’austérité ?

    F.K. : Le propre des différents gouvernements nationaux et des médias en Europe est de faire croire que le problème se situe ailleurs. En Grèce, en Espagne, en Irlande. Mais absolument pas en Allemagne, en France ou en Belgique. Dans les mois qui vont suivre, je pense qu’on va observer à quel point la crise s’étend à toute l’Europe. C’est déjà observable avec quelques coupes budgétaires telles que les 25% de diminution des allocations de chômage. Mais après les élections, les travailleurs belges doivent s’attendre à voir débarquer chez eux la situation irlandaise voire même grecque. Cette classe dominante va mettre en place une politique d’austérité si tôt les votes comptés. C’est pour cela qu’il est important que nous ayons une réponse active de la part des mouvements syndicaux et de la classe ouvrière en général. Dans cette mesure, ”Gauches Communes” se révèle être une alternative plus qu’attractive.

    Cette alliance rassemble beaucoup de militants syndicaux, de travailleurs ou demandeurs d’emploi représentant réellement la classe des travailleurs. Je pense également que c’est important que les gens s’engagent dans les différentes campagnes menées par Gauches Communes contre l’austérité afin non seulement de combattre ces politiques mais également faire connaître le programme de l’alliance qui présente une vraie alternative. Si nous avons un élu, il utilisera sa position dans le Conseil communal non pas pour être une autre de ces personnes fuyant leur responsabilité de représentation et dépensant l’argent des travailleurs à des choses ne les concernant même pas. Mais ce sera quelqu’un qui utilisera sa position pour mobiliser les gens afin d’organiser la résistance au niveau local, comme national. Nous avons besoin de personnes élues dans le Conseil pour aller à l’encontre des coupes budgétaires mises en place pas les partis établis, comme le PS et Ecolo qui prétendent ne pas être en accord avec l’austérité mais qui les mettent en œuvre quand même.

    Plus largement, nous devons construire un relais politique large qui permette aux travailleurs d’être réellement représentés. ‘‘Gauches Communes’’ est un premier pas vers ce relais.

  • Allons chercher l'argent là où il est !

    Un travailleur se lève un matin, embrasse sa compagne et quitte la maison pour le travail. Arrivé à son poste, on lui annonce son licenciement. Une mère au chômage confie ses enfants à la voisine et file à son rendez-vous avec l’Onem. On lui apprend son exclusion du chômage prétextant son manque de motivation à trouver un boulot. Un travailleur sans papiers ouvre une lettre de l’Office des Etrangers dans laquelle on lui somme de quitter le pays dans les plus brefs délais.

    Par Karim Brikci, tête de liste de ‘‘Gauches Communes’’ à Ixelles

    Messieurs les riches, ceci est la société que vous et vos amis politiciens avez comme mission de nous faire accepter, de nous faire avaler. Il est indéniable que, jusqu’ici, vous avez été capables de construire une ambiance idéologique justifiant tous vos crimes et excès.

    Voler des milliards à la collectivité, sous le couvert des intérêts notionnels, devient avec vous plus acceptable que le jeune “fainéant” qui touche 600 euros au chômage. Le don de milliards pour sauver vos banques devient ainsi un geste humain et d’utilité publique, tandis que réquisitionner des logements vides reste une idée atroce.

    Vous avez fourni énormément d’efforts pour nous convaincre de tout cela depuis longtemps. Mais non, notre ennemi n’est pas le jeune au chômage, le sans-papiers ou le cheminot en grève. Vous vous permettez de culpabiliser les victimes de votre politique qui, elle, a pour seul objectif la défense des intérêts égoïstes de votre insignifiante minorité, contre la majorité de la population.

    Un grand actionnaire touche des dividendes historiques alors que son groupe supprime 40.000 emplois à travers le monde. Un politicien dénonce à la TV la fraude sociale, après quoi, il monte dans sa voiture et se rend, comme tous les jours, dans un grand restaurant. Une des plus grandes fortunes de France demande la nationalité belge afin de profiter en toute légalité d’un système fiscal plus avantageux.

    Définitivement, cette réalité n’est pas la nôtre et nous sommes de plus en plus nombreux à ne plus supporter ces inégalités. L’argent existe et vous savez pertinemment bien où il se trouve : dans vos poches ! Vous vous engraissez sur notre dos et osez encore nous imposer l’austérité ! Les mineurs sud-africains, les travailleurs kazakhs, les fonctionnaires portugais et tous les autres démontrent au camp des travailleurs qu’il est possible de vous tenir tête. Après les élections communales, les riches et leurs amis au Parlement comptent très clairement nous faire payer la crise. Face à toute mesure antisociale, nous devons, nous aussi, nous préparer à lutter le plus massivement possible.

    En tant que socialistes, notre réalité est celle que vivent des millions de travailleurs. C’est dans cette réalité que nous vivons et c’est pour la changer que nous nous battons. Nous rejetons la logique capitaliste et les problèmes sociaux qu’il engendre. Nous ne voulons pas nous contenter des miettes qui tombent du banquet des puissants, nous luttons pour la propriété collective des secteurs-clés de l’économie, sous contrôle et gestion démocratique. Ensuite, nous serons à même de juger démocratiquement où devrons aller les richesses et comment les utiliser pour satisfaire les besoins de la majorité. C’est ce que nous appelons une société socialiste.

    Nous lançons un appel à tous ceux qui veulent s’opposer à la logique néolibérale : lisez ce journal, soutenez notre parti et réfléchissez à nous rejoindre. Notre tâche est, plus que jamais, de défendre et renforcer au quotidien, autour de nous, les idées véritablement socialistes.

  • Du métal, pas de Mittal !

    A quand un véritable plan d’action pour nationaliser la sidérurgie sous le contrôle des travailleurs ?

    Cela fera bientôt un an que Mittal a annoncé la fermeture de la phase à chaud liégeoise. Parmi les travailleurs, l’exaspération est à son comble suite à la lenteur de l’évolution du dossier et au chantage récemment pratiqué concernant les 138 millions d’euros d’investissements dans la phase à froid (et les 2.000 emplois que cela concerne).

    Par Nicolas Croes

    Nombreux sont ceux qui, à l’instar de Bruno Bauraind, chercheur au Groupe de recherche pour une stratégie économique alternative (Gresea), affirment que la sidérurgie liégeoise est tout à fait viable : ‘‘La direction du géant de l’acier applique une vieille recette en prenant à la gorge les organisations syndicales, piégées par l’équation : sacrifier à moyen terme un secteur d’activité en échange de la préservation à court terme d’une partie de l’emploi. Bon nombre d’observateurs le pensent : privée de ses hauts-fourneaux, la phase à froid liégeoise est de toute façon condamnée. (…) J’ose affirmer qu’il y a place pour une petite sidérurgie indépendante intégrée. Le tout est de s’en donner les moyens.’’ (La Libre, 21/09/12)

    Quelle stratégie ?

    Effectivement, le tout est de se donner les moyens. Très vite après la dramatique annonce de l’an dernier, la FGTB avait élaboré un plan basé sur le rachat par les autorités publiques revenant à 1,1 milliard d’euros en 5 ans. Le syndicat a tout à fait raison de dénoncer les pouvoirs publics qui rechignent à mettre la main à la poche pour sauver des emplois alors qu’ils sont toujours prêts à distribuer des milliards pour ‘‘sauver’’ les banques. Mais, au-delà de cet aspect, cette voie nous semble extrêmement limitée.

    Tout d’abord, c’est loin d’être la solution privilégiée par la Région wallonne. Le ministre wallon de l’économie Jean-Claude Marcourt s’est déjà réfugié derrière divers prétextes pour refuser d’aborder cette solution, notamment sous prétexte que les nationalisations sont interdites par la législation européenne (qui devient caduque quand il s’agit des banques bien entendu, comme dans le cas de Fortis avant la revente à BNP-Paribas). Ensuite, ArcelorMittal refuse jusqu’ici de vendre ses hautsfourneaux liégeois aux pouvoirs publics ou à un concurrent privé.

    Construire un rapport de force !

    Pour Michel Capron, économiste, ancien chercheur à la Fopes (UCL) : ‘‘Les politiques sont dramatiquement absents et, ce faisant, laissent la bride sur le cou de financiers arrogants car sans contre-pouvoir. Il n’y a aucune politique industrielle en Europe. J’ai entendu Jean-Claude Marcourt (ministre wallon de l’Economie, NDLR) et Arnaud Montebourg (ministre français du Redressement productif, NDLR), tous deux critiques au sujet d’Arcelor- Mittal. Mais quels actes ont-ils posés?’’ (Le Soir, 18/09/12) Il exprime ici une réalité ressentie par de nombreux travailleurs : on ne peut pas s’en remettre aux les pouvoirs publics lorsqu’ils sont contrôlés par des élus qui se disent ‘‘de gauche’’ mais qui appliquent docilement la politique patronale.

    Le PSL a toujours défendu l’expropriation et la nationalisation du secteur sidérurgique, sous le contrôle des travailleurs et pas sous la gestion de managers capitalistes mandatés par le gouvernement. Un bon premier pas en cette direction serait de lancer l’occupation du site, qui deviendrait ainsi un excellent centre de discussion démocratique pour élaborer collectivement la stratégie syndicale et pour discuter de la relance de l’activité au bénéfice des travailleurs et de la population.

    Illégal ? Au regard des lois taillées sur mesure pour protéger les intérêts des patrons, très certainement. Par contre, lorsqu’un rapport de force plus favorable aux travailleurs forge d’autres règles, ces mêmes patrons ne se gênent pas pour la fouler aux pieds à la première occasion. ArcelorMittal avait signé en 2009 l’accord-cadre européen ‘‘Maîtriser et anticiper le changement’’ avec la fédération européenne des métallurgistes (FEM) où, en échange de concessions syndicales, ArcelorMittal s’engageait à garantir l’activité des outils européens du groupe et éviter les licenciements secs. Aujourd’hui, la phase à chaud liégeoise est menacée (et l’avenir du froid est sans cesse plus incertain) tandis que des sites de production du géant sidérurgique sont à l’arrêt en France, au Luxembourg et en Espagne, sans la moindre perspective de relance. La loi, c’est toujours les travailleurs qui se la prennent dans la figure, les grands patrons n’ont pas à s’inquiéter.

    A moins que les travailleurs ne relèvent la tête et s’approprient les outils de production par leur mobilisation et leur force collective. L’avenir de l’acier est assuré dès lors qu’il s’agit de produire en fonction des besoins (construire de nouveaux logements, des transports publics, des écoles, des crèches,… nécessite de l’acier) et non plus pour satisfaire la soif de profits de charognards capitalistes.

  • La jeunesse se lève, il lui faut s’organiser !

    On la disait amorphe, abrutie par la téléréalité et les publicités, toute entière concentrée à contempler son nombril et pourtant… Et pourtant la jeunesse – quelle soit tunisienne, espagnole, grecque ou québécoise – a fait son grand retour sur la scène politique. Elle est telle la cime des arbres ; la première à bouger quand arrive l’orage. Ce n’est pas neuf, l’expérience des luttes a toujours vérifié cette observation, et c’est pourquoi le PSL accorde une place particulière à son travail orienté vers la jeunesse, notamment par les campagnes des Etudiants de Gauche Actifs (EGA).

    Par Clément (Bruxelles)

    Les jeunes (étudiants dans le secondaire ou le supérieur, travailleurs ou chômeurs) ont derrière eux une énorme tradition de lutte et de sacrifice. Leur lutte a inspiré la grève générale de Mai 68 en France, ils ont mis en marche le mouvement qui a jeté l’Apartheid en Afrique du Sud dans les poubelles de l’histoire, ils ont affronté les chars staliniens en Chine place Tienanmen,… Le développement des nouvelles technologies et la baisse globale des luttes consécutive à l’effondrement du stalinisme et à la victoire de la pensée unique néolibérale dans les années ’90 avait nourri la thèse erronée selon laquelle les nouvelles générations n’avaient en tête que jeux vidéos, MacDo, téléchargements et musiques commerciales.

    Mais l’effroyable réalité du monde capitaliste est là, et ses conséquences sont plus fortes que tout. Au tournant du millénaire, le mouvement contre la mondialisation capitaliste avait déjà fortement marqué les esprits par cette inattendue combativité des jeunes et cette profonde implication politique dans un mouvement qui dénonçait le système lui-même et non plus l’un ou l’autre symptôme, comme c’était généralement le cas lors de la décennie précédente. Aujourd’hui, les jeunes sont parmi les premières victimes de la crise et de l’exploitation et n’ont d’autre solution que de se battre pour gagner un avenir qui ne soit pas basé sur la crainte du lendemain.

    Cette colère face à ce système sans perspective s’est exprimée par les mouvements des Indignés ou Occupy, ou encore par la large implication de la jeunesse dans les récentes grèves générales qui ont secoué le monde (en Europe, mais aussi en Inde, au Nigéria,…). Même le monde virtuel n’est pas épargné ! L’étude annuelle Data Breach Investigations Report, consacrée aux attaques en ligne, a ainsi conclu son rapport consacré à l’année 2011 en disant que 58% de tous les cas de vol de données étaient des conséquences d’”hacktivisme”, un énorme contraste par rapport aux autres années où les attaques des ‘‘cybercriminels’’ (majoritairement des jeunes) avaient un but lucratif.

    ORGANISONS LA COLERE !

    La jeunesse a un rôle particulier dans la société, parce qu’elle est depuis moins longtemps sous l’influence de l’idéologie dominante (qui, dit-on, ‘‘assagit’’) et parce qu’elle subit moins fortement le poids des défaites passées. Elle est ainsi très souvent la première à se lever contre le système. Mais il lui faut absolument être rejointe par les travailleurs sous peine de voir son énergie et sa volonté de changement s’épuiser sans résultat durable. La jeunesse toute seule ne peut pas renverser le système capitaliste, elle a besoin de la classe des travailleurs, de ses méthodes et de son organisation. Le processus capitaliste de production, de distribution et de communication dépend totalement des travailleurs : sans eux, rien ne fonctionne. Cette position centrale dans l’économie ainsi que leur organisation collective – imposée par la production capitaliste mais également librement construite dans les luttes – leur donne à la fois les capacités de renverser le capitalisme et de construire une nouvelle société.

    Il est absolument nécessaire de nourrir le mouvement des travailleurs par l’énergie, le dynamisme, la combativité et l’idéalisme de la jeunesse, de la même façon qu’il est crucial d’éduquer cette dernière grâce à l’expérience des luttes collectives passées et à la tradition de combat du mouvement des travailleurs. Cette collaboration doit être des plus étroites. L’une des principales critiques à porter au mouvement contre la mondialisation est justement d’être passé à côté de cette collaboration.

    POURQUOI UN PARTI REVOLUTIONNAIRE ?

    De plus en plus de gens – jeunes et moins jeunes – sont bien conscients de la nécessité de changer de système. Mais toute cette énergie cherche sa voie, et est bien souvent gaspillée. Le PSL et son organisation étudiante, EGA, veulent construire le meilleur outil capable de canaliser la colère pour éviter qu’elle ne devienne simplement frustration et constitue au contraire l’énergie créatrice d’une société débarrassée de l’exploitation, une société où l’économie sera aux mains de la collectivité pour fonctionner à son bénéfice. Selon nous, le meilleur outil qui soit est un parti révolutionnaire basé sur l’échange des expériences pratiques et théoriques présentes et passées des militants marxistes révolutionnaires.

    Nos campagnes jeunes visent à nous orienter vers la partie la plus dynamique et la plus ouverte de la société, la jeunesse, pour organiser de nouvelles générations de jeunes marxistes. Les différents thèmes (environnement, antiracisme, antisexisme,…) sont pour nous autant d’occasions d’entrer en discussion sur le système qui permet l’émergence de tels problèmes ainsi que sur la meilleure manière de lutter pour le renverser.

    Beaucoup de jeunes, pas uniquement eux d’ailleurs, pensent qu’un parti révolutionnaire n’est pas nécessaire et estiment que le caractère oppresseur du pouvoir est inhérent à tout parti. Mais le type de parti que nous construisons n’a rien à voir avec les appareils antidémocratiques bourgeois ou staliniens : c’est un parti organisé démocratiquement au niveau mondial et qui vise à rassembler une minorité la plus politiquement consciente afin de conduire la lutte pour les idées révolutionnaires au sein du mouvement dans son ensemble : dans les syndicats ou les différents mouvements de contestation. N’hésitez pas à entrer plus en profondeur en discussion avec nous à ce sujet !

  • A propos du parti – Nouvelles du PSL

    Cette rubrique de socialisme.be vous propose des nouvelles de notre parti, de ses activités et initiatives,… Cette rubrique comprend donc divers courts rapports d’actions, des brèves de campagne, des appels pour des conférences, des rapports de réunion, ou encore de petits textes de nouveaux membres qui expliquent pourquoi ils ont rejoint notre parti.

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    A noter dans votre agenda

    • Ma. 25 sep. Liège. 19h. Meeting des Etudiants de Gauche Actifs : Quelle stratégie de lutte contre l’austérité? Salle Wittert, université de Liège, place du XX août.
    • Sa. 29 sep. Anvers. 14h Place Astrid. Manifestation Antiraciste organisée par Hand-in-Hand
    • Sa. 29 sep. Gand. Fête de Rood!
    • Sa. 29 sep. Anvers. Fête de Rood!
    • Di. 30 sep. Bruxelles. Manifestation contre la pauvreté.- Jeu. 4 oct. Anvers. Meeting de lancement des Etudiants de Gauche Actifs
    • Sa. 6 oct. Charleroi : Meeting du Front de Gauche – Charleroi, 17h, Maison des 8 heures, place Charles II, Charleroi
    • Sa. 6 oct. Anvers. Meeting électoral de Rood!
    • Je. 11 oct. Bruxelles : Rassemblement contre le ‘‘Banquet des riches’’, 18h, au Petit Sablon, rue de la Régence (arrêt tram 92).
    • Je. 11 oct. La Louvière : Meeting du Front de Gauche – La Louvière, 20h, salle du café ‘‘Le succès’’, rue Sylvain Guyaux n° 5
    • 1-2 décembre: Congrès National du PSL

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    Pourquoi j’ai rejoint le PSL

    Les jeunes ont besoin de temps pour trouver leur place dans la société et quelle idéologie y défendre. Cette société, hélas, ne fait pas assez pour promouvoir des valeurs comme le respect, la tolérance et le partage équitable des richesses. Je fais partie de ces jeunes que cela révolte, et je suis devenu membre du PSL car cet engagement est le prolongement concret de ces valeurs. Kévin, 21 ans, Gand


    Fonds électoral : 77% de notre objectif atteint

    A trois semaines de la tenue des élections, nous en sommes à 77% de notre objectif consistant à récolter 25.000 euros durant la période d’été et la campagne électorale. Cela comprend notre fonds de lutte habituel à récolter parmi nos sympathisants et en rue ainsi que l’effort spécial à effectuer pour notre caisse électorale. Les 11.000 euros de notre objectif trimestriel de fonds de lutte ont donc été portés à un total de 25.000 euros. 19.143,06 euros ont pour l’instant été récoltés. Voici ci-dessous les résultats par région.

    • Brabant flamand / Limbourg: 89% – 1.783 euros
    • Anvers: 81% – 3.828 euros
    • Liège / Luxemburg: 80% – 1.404 euros
    • Bruxelles / Brab. Wall.: 76% – 4.343 euros
    • Hainaut / Namur : 72% – 1.442 euros
    • Flandre Occ. et Or.: 67% – 4.962 euros
    • National: 92% – 1.381 euros
    • Total : 77% – 19.143,06 euros

    Campagne du Front de Gauche à Charleroi

    Les camarades qui composent la liste du Front de Gauche à Charleroi mènent une campagne intense dans ce bastion ouvrier belge. Voici ci-dessous une photo qui reprend une partie de l’équipe active hier au centre-ville. Ils ont notamment battu le rappel pour un rendez-vous à ne pas manquer : le samedi 6 octobre, date où le Front de Gauche tiendra un meeting électoral à 17h à Maison des 8 heures, place Charles II (page de l’évènement facebook).


    Meeting du Front de Gauche à La Louvière

    Le Front de Gauche, c’est aussi le nom de la liste déposée à La Louvière par nos camarades du Parti Communiste, et sur laquelle figure également une membre du PSL : Nadège De Keyzer. Un meeting électoral aura lieu le vendredi 11 octobre, dans la toute dernière ligne droite de la campagne électorale, à la Salle du café "Le Succès" – Rue Sylvain Guyaux 5 à La Louvière. Venez nombreux !


    Conférence-débat des Etudiants de Gauche Actifs à Liège

    Quelle stratégie de rioposte contre l’austérité ?

    ArcelorMittal, budget fédéral 2012, négociations pour l’Accord Interprofessionnel, projets de privatisation de la SNCB,… L’austérité frappe à tous niveaux, partout l’on cherche à faire payer la crise aux travailleurs à leurs familles. Que pouvons-nous y faire, nous, étudiants, travailleurs, sans-emplois, pensionnés ? C’est de cela que nous voulons débattre ce mardi soir, sur base de la riche expérience à tirer des luttes de masse qui ce sont développées ces derniers mois à travers le monde. Que retirer de l’expérience du mouvement Occupy Wall Street qui vient tout juste de souffler sa première bougie ? Que retirer de la résistance qui s’est exprimée sur le plan électoral avec le Front de Gauche en France ou Syriza en Grèce ? Quelle force peuvent encore bien représenter les syndicats aujourd’hui ? Quelle alternative opposer à la crise du système ?

    Ce mardi 25 septembre, salle wittert à l’ULg, place du XX août.

  • Pour une année de lutte, rejoins les Etudiants de Gauche Actifs !

    En septembre, pour tous les étudiants, c’est la rentrée. Concrètement, cela veut dire des classes surpeuplées pour l’inférieur et des minervals élevés pour le supérieur. Du côté des jeunes travailleurs, la situation n’est pas plus rose. La flexibilité et les bas salaires constituent le quotidien de ceux qui ont trouvé un emploi. Tandis que l’allongement du stage d’attente pèse sur les plus malchanceux qui n’en ont pas. Partout à travers le monde, ce sont les jeunes et les travailleurs qui payent pour la crise. Dans un nombre croissant de pays (Québec, Grèce, Espagne, Israël…), les jeunes s’engagent de plus en plus sur le chemin de la lutte. C’est pour organiser les jeunes qui veulent participer à ces luttes dans leur université ou leur école que nous travaillons avec Etudiants de Gauche Actifs (EGA).

    Par Julien, EGA-Bruxelles

    Di Rupo prétendait que l’austérité était nécessaire afin d’assurer l’avenir des Belges. Mais de quels Belges parle-t-il exactement en attaquant notre sécurité sociale, nos pensions ? Face à cette situation, l’extrême-droite tente d’instrumentaliser la crise, les violences (notamment homophobes) se multiplient. Les problèmes sont nombreux, le système entier croule de partout. La planète connaît le même sort avec de plus en plus de catastrophes climatiques. Cela peut sembler tellement vaste que le fatalisme s’impose. Pas de ça avec EGA, nous voulons lutter contre tous ces maux en ciblant leur origine commune : le système de production capitaliste.

    Contre l’extrême droite

    Comme dans les années ‘30, l’extrême-droite s’empare du thème de la crise au service des plus riches et contre les immigrés. En Grèce, l’austérité imposée par tous les partis traditionnels et les banques a complètement détruit les services publics et les conditions de vie en général. Et c’est loin d’être fini… Le groupe néonazi Aube Dorée en rejette la faute sur les immigrés et l’establishment politique européen, en laissant les patrons et les actionnaires bien tranquilles. Faute d’une réponse suffisamment rapide, offensive et audacieuse de la part des véritables organisations de gauche, un tel discours a pu trouver écho parmi une partie de la population et conduire le parti néo-fasciste jusqu’au Parlement. Leur confiance ainsi renforcée a conduit ces organisations à des attaques très violentes contre les immigrés, les homosexuels et les militants politiques et syndicaux. En France, le Front National s’est vu ouvrir les portes de l’Assemblée Nationale.

    En Belgique également, l’extrême-droite fait parler d’elle avec, par exemple, des membres du Vlaams Belang investissant une école pour fourrer de force des saucisses de porc dans la bouche de tous les enfants pour stigmatiser les musulmans. Du côté francophone, une manifestation contre l’islam a été organisée par les populistes de droite du Parti Populaire, avec la participation du groupuscule néonazi Nation. Bien que Sharia4Belgium ne regroupe que quelques illuminés réactionnaires et soit une organisation rejetée par l’écrasante majorité de la communauté musulmane, les médias et les politiciens n’ont pas hésité à fustiger l’ensemble de celle-ci en ramenant sur la table tous les préjugés contre les immigrés. Plusieurs politiciens évitent de parler du social en surfant ouvertement sur le sécuritaire et les idées racistes. Ils espèrent que personne ne rappellra l’impact de leurs trente années de politique néolibérales et leur écrasante responsabilité envers ces centaines de milliers de jeunes dits ‘‘immigrés’’ qui n’ont bien souvent pour seule perspective que le chômage ou des emplois précaires. A Molenbeek, le taux de chômage flirte avec les 40% parmi les moins de 26 ans. L’approfondissement de la crise renforcera leur isolement et leur aliénation ainsi que les remarques racistes. Pour l’élite de la société, ce n’est pas un problème mais une solution : diviser pour mieux régner.

    Chaque année, le NSV (les jeunes du Vlaams Belang) organise une manifestation raciste et nationaliste dans une ville flamande. Depuis une vingtaine d’années, nous organisons systématiquement une contre manifestation non-violente avec l’objectif politique de donner une réponse sociale à la crise avec notre slogan ‘‘des emplois, pas de racisme’’ et l’objectif pratique de montrer que la rue appartient aux travailleurs et à leurs familles et non pas aux fachos.

    Apprendre de l’expérience internationale

    Les luttes internationales n’ont pas manqué l’an dernier ! Au Québec, la hausse du minerval a entraîné des centaines de milliers de jeunes dans la lutte contre le gouvernement Charest. Dans le sud de l’Europe, le mouvement des Indignés a popularisé l’idée que le pouvoir doit revenir dans les mains du peuple. Aux Etats-Unis, c’est le mouvement Occupy qui a connu un large succès parmi l’ensemble de la population. En France, la campagne de Mélenchon a montré qu’un programme de gauche radical pouvait rencontrer un soutien énorme. L’analyse de ces expériences et le développement de critiques constructives sur plusieurs aspects de ces différents processus sont au cœur de la réflexion politique d’EGA, afin de se préparer pour les combats à venir. Nous accueillons ainsi régulièrement des orateurs internationaux qui peuvent livrer un rapport issu du mouvement social lui-même, sans être contaminé par la propagande des médias dominants.

    Etudiant – Travailleurs : Solidarité !

    Le 30 janvier dernier, le pays était à l’arrêt, sous l’impact de la grève générale contre les premières attaques antisociales du gouvernement. Pour les médias dominants, c’était une grève de vieux, incapables de faire des sacrifices pour les générations à venir. Mais les jeunes aussi sont concernés par ces mesures ! Et pas qu’un peu ! Augmenter l’âge de la pension signifie plus de chômage pour les jeunes d’aujourd’hui, mais aussi un temps de carrière de plus en plus élevé. Ce jour-là, partout en Belgique, les Etudiants de Gauche Actifs ont fait la tournée des piquets dès avant la levée du jour pour exprimer leur solidarité et renforcer ces piquets. Ainsi, à Ixelles, à l’Athénée Charles Jansens, une trentaine de jeunes du secondaire s’étaient réunis sous la bannière d’EGA : ‘‘Nous voulons des écoles, du travail, un avenir!’’ Aucun autre piquet écolier n’a été vu en Belgique depuis les grèves de 1996 dans l’enseignement, et ils étaient déjà conséquents à l’époque. Cela montre le potentiel qui existe parmi la jeunesse quand elle est organisée !

    Nous avons aussi organisé différents meetings au sujet de cette grève. A Gand, un débat a réuni partisans et adversaires de la grève générale devant 150 personnes. Le lendemain, Marc De Vos, un des orateurs libéraux, concluait sur tweeter que ‘‘Karl Marx était dans l’auditoire.’’

    EGA a aussi été très présent dans les manifestations de solidarité avec les travailleurs d’ArcelorMittal et a mené une campagne de solidarité active à Liège, dans les rues et à l’université. A l’Université Libre de Bruxelles, l’entreprise sidérurgique voulait participer à une journée de l’emploi sur le campus. A l’initiative des Etudiants-FGTB, nous avons mené une action de protestation… et le géant du métal a refusé de venir !

    Rejoins EGA !

    Pour les Etudiants de Gauche Actifs, la crise économique, les divisions (racistes, sexistes, homophobes…), la destruction de l’environnement (catastrophe de Fukushima ou de BP dans le Golfe du Mexique…), etc. ont une même racine : le système économique à la base de la société, le capitalisme. Nous prenons le temps nécessaire pour analyser l’actualité et en discuter entre nous, car il est évident que sans comprendre le système, lutter contre lui ne pourrait être efficace. Mais nous ne sommes pas des intellectuels de gauche dans leur tour d’ivoire. Tout au long de l’année, nous sommes à l’initiative d’actions partout en Belgique (‘‘Occupy University’’ à Gand, Anvers, Louvain et Bruxelles en octobre dernier, actions antifascistes, rassemblement de solidarité avec les luttes à l’étranger, etc.) et participons à d’autres actions plus larges : mobilisations syndicales, manifestation antinucléaire suite à la catastrophe de Fukushima, pour défendre le droit à l’avortement, contre la répression policière…

    Ne nous regarde pas : rejoins-nous ! Une nouvelle page de l’Histoire est en train de s’écrire, participe toi aussi à la lutte pour une autre société ! Seul, tu ne peux rien contre ce système. Mais ensemble et organisés, nous représentons une force qui est destinée à croître à mesure que la colère se développera face aux conséquences de la crise de ce système pourri.

  • “Nous voulons des emplois, des logements sociaux et des services publics de qualité’’

    Interview de Bart Vandersteene et Anja Deschoemacker

    Ces dernières années, les déficits dans le secteur du logement, de l’enseignement, des soins de santé, de la garde des enfants,… se sont fortement accrus. Les conseils communaux, de différentes manières, ne mènent plus qu’une politique néolibérale qui a plus d’attention pour le city-marketing que pour les besoins de la population. Nous avons discuté avec Bart Vandersteene, tête de liste pour Rood ! à Gand, et avec Anja Deschoemacker, tête de liste de l’alliance Gauches Communes à Saint-Gilles.

    Toute une série de villes voient fleurir des projets de prestige, avec des budgets qui auraient sans doute pu trouver une meilleure affectation. Mais nos centres-villes sont tout de même plus jolis maintenant, non ?

    Bart : L’objectif du city-marketing est en effet de donner l’impression d’une amélioration et, plus particulièrement, de rendre le centre-ville plus attractif. Le centre-ville n’est plus cette zone grise dans laquelle rien ne se passe, toute une série d’événements et d’attractions créent une certaine dynamique. Mais l’objectif n’est pas tellement de nous rendre la vie plus agréable, il est avant tout d’attirer des capitaux privés, entre autres concernant l’immobilier et le tourisme.

    Les loyers et les prix deviennent dès lors complètement inaccessibles pour les simples travailleurs, souvent forcés de déménager en banlieue ou dans une commune proche. Et là, il ne se passe rien. Les prix de l’immobilier dans les centres-villes, à la location ou à l’achat, conduisent à une plus grande dualité entre cette élite pour laquelle la ville est encore accessible et le reste de la population. Ces prix élevés instaurent une pression sur l’ensemble du marché. Sans disposer de grands moyens, il faut actuellement s’endetter très fortement pour pouvoir acheter.

    Les événements organisés sont orientés vers un public fortuné, avec des entrées fort chères ou des tarifs pas croyables pour manger ou boire quelque chose. L’argument que tout cela bénéficie au moins aux classes moyennes ne tient pas la route non plus. Combien de magasins, de restaurants et de cafés reste-t-il aujourd’hui dans la plupart des grandes villes sans faire partie d’un grand groupe ?

    Anja : Les projets de rénovation urbains sont nécessaires. Il suffit de se balader un peu dans la plupart des quartiers de Bruxelles pour se rendre compte que beaucoup de rues et de maisons ont besoin d’une remise à neuf. Mais les projets de prestige ne profitent pas à la population. Au contraire, la rénovation du centre-ville telle qu’elle est appliquée aujourd’hui sert plutôt à chasser des quartiers une partie de la population – sa couche la plus pauvre – afin de faire de la place pour les projets des promoteurs immobiliers. Vu qu’il n’y a plus d’espace pour construire de nouveaux bâtiments, on ne peut attirer une “meilleure population” qu’en forçant la “moins bonne population” à déménager.

    Les problèmes des communes bruxelloises sont bien connus : taux de chômage élevé, grande pauvreté, prix immobiliers exorbitants y compris pour des logements de piètre qualité. La croissance de la population met constamment sous pression le marché et les prix de l’immobilier. Ça fait vingt ans que les communes de la Région bruxelloise font passer d’autres priorités. Le résultat est absurde. D’un côté, on manque de logements à prix accessibles, de l’autre, il y a un énorme vide : 1,2 million de mètres carrés d’espaces de bureaux vides, soit près de 10 % de l’espace total. On compte aussi 12.000 appartements vides de plus de 100 m². Mais le manque de logements décents nous assure des loyers de 800 euros dans un proche avenir. Qu’attendent donc la Région et les communes pour s’attaquer à tous ces espaces vides ?

    Les campagnes pour les communales se limitent généralement à des débats portant sur les pavés qui manquent ou sur le manque de places de parking. Quelle différence peut-on faire au niveau communal ?

    Anja : Le niveau communal n’est pas différent des autres niveaux. Tout dépend des choix politiques, des priorités du budget et de l’endroit où on va chercher l’argent. Les communes ont de très larges compétences, qui incluent d’ailleurs la récolte d’impôts, les investissements publics (en Belgique, les communes sont responsables de 50 % des investissements publics), la création de services à la population,…

    Certains disent que la politique communale n’a rien à voir avec l’idéologie. C’est faux. Les compétences communales sont bien évidemment limitées par les décisions politiques des niveaux supérieurs, mais nous retrouvons à ces niveaux les mêmes partis qu’aux communes. Une commune pourrait très bien prendre la tête de la lutte contre la politique d’austérité, il serait possible de mobiliser la population sur une telle base. Nous n’avons rien à attendre des partis établis ; nous devons construire une opposition active à l’austérité dans les communes comme ailleurs. Là aussi, l’austérité va frapper de plus en plus dans les années à venir.

    Bart : Pour nous, les élections portent sur les besoins les plus urgents et les plus importants de la majorité de la population. L’emploi, le logement, les services publics tels que l’enseignement, l’accueil des enfants… Un conseil communal peut faire une différence à tous ces niveaux.

    Prenez par exemple notre revendication d’un emploi stable et décent pour tous. Une ville ou une commune peut commencer à créer des emplois par ellemême, dans les services publics déjà existants ou de nouveaux services nouvellement créés. Une commune peut mener campagne pour une “ville sans intérim”, en supprimant les contrats précaires des services communaux et en menant campagne contre les emplois temporaires dans le secteur privé. Ce n’est tout de même pas normal qu’à Gand, des grosses entreprises telles que Volvo emploient plus d’intérimaires que de travailleurs sous contrat ! Et on ne parle même pas encore des soustraitants… Les contrats temporaires et intérims ne représentent aucune valeur ajoutée pour la société, ils n’en ont que pour les employeurs qui peuvent ainsi liguer un groupe de travailleurs contre un autre et licencier plus facilement leur personnel.

    Une ville peut aussi jouer un rôle pionnier avec de nouveaux services publics. Les besoins sont nombreux : rien qu’à Gand, il manque 1000 places dans les crèches. Mais on pourrait aussi construire des cafétérias à prix modiques dans les quartiers, afin de pouvoir s’asseoir à une terrasse dans notre propre voisinage sans courir au centre-ville pour boire une bière ou un café à plus de 2 euros. Restos sociaux, centres de réparation de vélos,… les possibilités sont infinies.

    Tout cela est-il réaliste ? Peut-on dépenser plus alors qu’il y aura encore moins de moyens pour les communes dans les années à venir ?

    Bart : Nous partons des besoins, de ce qui est nécessaire à la majorité de la population, et non pas des exigences des élites qui deviennent de plus en plus marginales au sein de ce système. Ceux qui nous disent qu’il n’y a pas de moyens ou qu’une autre politique n’est pas possible “à cause de l’Europe”, sont ces mêmes politiciens qui siègent eux-mêmes à la tête de leur parti ou du gouvernement fédéral ou régional, mais qui n’ont par contre aucun problème à maintenir la déduction des intérêts notionnels. Se réfugier derrière la phrase ‘‘c’est un autre niveau de pouvoir qui est responsable’’ est ridicule. Les mêmes partis siègent à tous les niveaux et appliquent la même politique d’austérité.

    Anja : Il est toujours plus facile d’aller chercher l’argent parmi la majorité de la population avec toutes sortes de taxes communales et d’amendes que de faire contribuer l’élite. Un éboueur ne peut pas déménager dans un paradis fiscal. D’immenses profits sont réalisés dans notre pays, mais les patrons et les grands actionnaires ne vont pas nous livrer cette richesse sur un plateau. Nous devons collectivement prendre le contrôle des richesses existantes. Les secteurs-clés de l’économie (énergie, sidérurgie, finance,…) doivent passer aux mains du public.

    Quand, dans les années ′80, les camarades anglais du PSL sont parvenus au pouvoir à Liverpool, toute la ville a été transformée en un grand chantier. Une grande campagne médiatique a alors été lancée à contre ce conseil communal dominé par les marxistes. Mais un lecteur a alors écrit au journal local : ‘‘Je ne sais pas qui était Léon Trotsky, mais à en juger par le nombre de nouveaux logements qui sont en train d’être construits à Liverpool, il devait certainement être un fameux maçon.’’ Qu’en est il pour notre pays ?

    Bart: “C’est également nécessaire. Rien qu’à Gand, il y a 7.500 personnes sur la liste d’attente des logements sociaux. Cela correspond environ au nombre de logements sociaux promis par tous les partis ces 18 dernières années – partis qui sont parvenus, au cours de la même période, à construire en tout et pour tout 750 logements.

    Nous sommes pour une politique de construction et de rénovation urbaine axée sur les logements sociaux. Cela nécessite de reprendre le secteur du bâtiment entre nos propres mains, afin de rehausser la qualité des édifices, mais également d’assurer la qualité et la sécurité de l’emploi du secteur. Répondre à la demande de logements sociaux réduirait cette liste d’attente, certes, mais instaurerait également une grande pression à la baisse sur les prix de l’immobilier dans le privé.

    La tendance à laquelle nous assistons aujourd’hui est exactement inverse. Quant aux subsides au loyer pour ceux qui ne s’en sortent pas, cela revient à subsidier les loyers élevés qui, grâce à ces subsides, deviennent tout d’un coup accessibles pour les ménages à bas revenu. Un programme massif de construction de logements sociaux aurait l’effet inverse de faire baisser tous les prix. La ville de Vienne, en Autriche, est aujourd’hui le plus grand propriétaire de logements de toute l’Europe, suite à la mise sur pied d’une compagnie publique de construction par les socialistes au pouvoir dans les années ′20.

    Anja : À Liverpool, le conseil communal élu a tenu ses promesses. Ici, les campagnes se suivent avec les mêmes belles promesses, rarement suivies d’effets. L’accord de gouvernement de la Région bruxelloise prévoit de parvenir à 15 % de logements sociaux en ville d’ici 2020, contre 9 à 10 % à l’heure actuelle. Cela signifierait la construction de plus de 34.000 logements sociaux. À Saint-Gilles, avec ses 8,5 % de logements sociaux, il faudrait construire 1717 nouveaux logements d’ici 2020 ; à Ixelles ou Uccle, qui comptent 4 % de logements sociaux, il en faudrait 5000. Les communes sont en fin de mandat, et le conseil régional actuel n’a plus que deux ans jusqu’aux prochaines élections. Au rythme de construction actuel, ces 15 % resteront sur papier, alors que cela ne suffirait même pas. Cet objectif de 34.000 nouveaux logements (alors que la liste d’attente comprend 50.000 personnes) ne prend en compte ni les évolutions de ces huit prochaines années, ni toutes les familles qui ne se sont même pas inscrites sur liste d’attente, en sachant très bien que “ça ne sert à rien”.

    Vous envisagez donc les choses dans un contexte plus global. Mais que dire de tous ces petits problèmes tels que la propreté, les pavés manquants ou les rues défoncées ?

    Anja : Toutes ces rues mal entretenues dans des quartiers populaires dégueulasses ne sont jamais que le revers de la médaille des projets de prestige orientés uniquement vers le city-marketing, vers les attractions touristiques et toutes sortes de projets commerciaux (shopping-centers,…). À d’autres moments, le mauvais état de certains quartiers se voit tout à coup utilisé comme prétexte pour “rénover” ces mêmes quartiers, ce qui signifie bien souvent que les couches les plus pauvres devront céder la place à des ménages à plus hauts revenus. Le conseil communal de Liverpool des années ′80 avait construit des logements sociaux, mais a aussi amélioré les conditions de travail du personnel communal et en a engagé suffisamment que pour s’occuper de la propreté et de l’entretien de l’infrastructure publique.

    Bart : La propreté à Gand ne s’est pas améliorée depuis la privatisation d’Ivago à la fin des années ′90. Les sacs poubelles sont devenus de plus en plus chers et, pour être sûr que les gens n’abandonnent pas leurs déchets dans la rue, on a diminué le nombre de poubelles publiques. On nous a ainsi encouragés à ramener tous nos déchets à la maison, pour utiliser les sacs payants. L’entreprise de collecte de déchets Ivago tire chaque année un revenu de 3,5 millions d’euros rien que de la vente des sacs poubelles jaunes (sans compter tout le reste). Cet argent est en grande partie redistribué en dividendes pour la ville et pour des actionnaires privés, tels que le groupe Suez. Il est possible de revenir à une collecte de déchets gratuite, sans que cela ne coute quoi que ce soit à la collectivité ; seuls les actionnaires privés ont à y perdre. Mais les actionnaires ont-ils vraiment besoin de tirer profit des déchets qu’ils nous ont déjà vendus auparavant ?

    Une collecte gratuite des déchets, une poubelle à chaque coin de rue, un parc à containers dans chaque quartier: voilà comment lutter contre les ordures. Mais cela va à l’encontre de la politique communale libérale, où on ne se soucie que des profits des actionnaires privés tandis que la responsabilité pour les problèmes nés de cette politique est refourguée sur le dos des victimes de cette politique.

    Quelle est l’objectif de la participation électorale de Rood ! à Gand ?

    Bart : Rood ! a l’ambition de former une large force de gauche, nous voulons donc renforcer la gauche grâce à cette campagne. Cela aurait été plus facile si on avait obtenu une initiative unitaire également avec le PTB ; de véritables cartels de gauche pourraient nous donner plus d’élus. Une campagne enthousiaste avec laquelle nous pouvons positionner Rood ! en tant que véritable acteur peut renforcer la possibilité d’aller vers une campagne de gauche unie en 2014 (élections fédérales, régionales et européennes). Dans notre pays aussi, il y a une grande ouverture pour la gauche. Les frontières nationales ne me semblent pas être si étanches au point que nous ne pourrions pas connaitre la même situation qu’avec le SP aux Pays- Bas ou avec Mélenchon en France.

    À Gand, on nous dit qu’après les élections communales, il y aura la coalition la plus à gauche possible, avec le cartel SP.a-Groen. Leur politique ne sera néanmoins pas différente des précédentes. La crise économique va conduire à des plans d’austérité, la politique du city-marketing va continuer à fleurir, mais une couche de plus en plus grande de la population va remettre en question cet emballage certes fort joli, mais vide. Nous ne pouvons pas nous permettre de laisser la droite se présenter comme la seule opposition à cette politique ; il faut construire une forte opposition de gauche qui soit capable d’organiser la résistance. C’est le défi que Rood ! veut relever.

    Et quel est l’objectif de Gauches Communes à Saint-Gilles, Jette, Ixelles et Anderlecht ?

    Anja : Tout comme Rood ! en Flandre, les organisations et individus qui participent à l’alliance Gauches Communes ont surtout l’ambition de renforcer le camp de la gauche. La création d’une formation large, qui prenne réellement en compte les revendications du mouvement ouvrier et des mouvements sociaux, et qui soit prête à se lancer dans la lutte pour défendre ces intérêts, sera une étape absolument nécessaire afin de rompre l’impasse que représente le capitalisme en crise, de quitter le cercle vicieux qui signifie toujours plus de pauvreté, toujours plus de désespoir pour de plus en plus larges groupes de la société.

    Gauches Communes se présente dans quatre communes bruxelloises, dans l’idée de populariser une formation de gauche large, au fonctionnement démocratique, mais aussi de renforcer les forces de gauche existantes dans ces communes, afin de démarrer l’opposition à la politique d’austérité communale au cours de la période à venir. Une encore plus large collaboration aurait été encore mieux. Mais vu le manque d’enthousiasme et l’attitude attentiste de certains partenaires potentiels, nous n’avions pas la possibilité de patienter plus longtemps. Gauches Communes reste bien entendu ouvert à toute discussion en vue d’une encore plus large collaboration dans le cadre de campagnes contre la politique d’austérité ou d’autres formes de protestation.

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