Tag: Fonds Monétaire International

  • Intervention au Mali : Impérialisme ou "guerre humanitaire" ?

    Face aux terribles méthodes réactionnaires des djihadistes qui ont pris le pouvoir au Nord du Mali, aux côtés du MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad), l’intervention militaire française (qui reçoit entre autres l’appui logistique de l’armée belge) s’est présentée comme une aide extérieure – à la demande des Maliens "eux-mêmes" – pour défendre la ‘’démocratie’’ et les ‘’droits de l’homme’’. Il est certains que les terribles méthodes des groupes djihadistes réactionnaires révulsent à juste titre. Doit-on pour autant soutenir cette intervention ? Quelles solutions sont réellement capables de pacifier la région ?

    Par Nicolas Croes, article tiré de l’édition de février de Lutte Socialiste

    • Sahel : Non à la guerre au Mali ! L’intervention impérialiste va approfondir la crise et l’instabilité

    Une situation sociale désastreuse

    Malgré ses grandes ressources naturelles (le Mali est le troisième producteur d’or d’Afrique), ce pays est aujourd’hui l’un des plus pauvres au monde. En 2011, il s’est classé 175e sur les 187 pays pris en compte par l’Indice de développement humain du Programme des Nations Unies. Le taux de mortalité infantile est faramineux, de même que la malnutrition, l’analphabétisme… ce à quoi s’ajoute aussi la pratique largement répandue de l’excision.

    Toute la région au Nord du ‘’Mali vert’’ connait une situation plus dramatique encore. Cette région a toujours été défavorisée en termes d’investissements et d’infrastructures, tant durant la période de la colonisation française qu’après l’indépendance (en 1960), et plus particulièrement encore sous la dictature du général Moussa Traoré (à partir de 1968). De plus, les pluies se tarissent en raison du réchauffement climatique, une catastrophe pour tous les peuples de la région qui dépendent quasi uniquement de l’élevage et de fermes. Cette situation globale liée à la chute du tourisme (en conséquence de la crise et de l’augmentation des violences) a laissé des villes comme Tombouctou totalement sans ressources à l’exception de l’aide humanitaire limitée – et souvent intéressée – venue de l’occident et d’ailleurs (notamment, précédemment, de la Libye de Kadhafi).

    Il n’est pas exagéré de dire que les zones désertiques du Nord constituent un véritable océan de misère, de colère et de désespoir. Voilà le terreau pourri sur lequel ont pu proliférer mafias de trafiquants de drogue, milices armées, combattants de type Al-Qaïda, kidnappeurs, etc.

    La responsabilité du régime de Bamako

    Les problèmes dans le Nord du Mali sont connus de longue date. Les révoltes y ont été nombreuses, particulièrement en 1990. Ce fut d’ailleurs l’un des facteurs (mais ni le seul, ni le plus important) qui a conduit à la chute de la dictature de Traoré en 1991. Il a fallu attendre 1996 pour que les différents groupes touaregs brûlent symboliquement leurs armes en échange de promesses d’investissements destinés à améliorer les terribles conditions de vie en vigueur dans cette région. Mais ils ont largement été trahis, et ne furent pas seuls dans ce cas.

    La dictature de Traoré s’est effondrée à la suite d’une véritable révolte des masses, avec une mobilisation extraordinaire de la jeunesse (qui a connu de régulières explosions de colère depuis 1977), des femmes et de la base de l’Union Nationale des Travailleurs du Mali (UNTM). Grèves générales et manifestations de masse ont déferlé sur le pays pour réclamer la fin de la dictature, mais aussi plus de justice sociale.

    Faute de prolongement politique résolu à s’en prendre aux racines du système, un vide a été laissé pour qu’une aile de la hiérarchie militaire opère un coup d’État afin d’assurer une ‘’transition démocratique’’ avant tout destinée à préserver la structure de l’État et le système d’exploitation tout en sacrifiant le dictateur (gracié en 2002). Malgré tout, le régime présidentiel autoritaire a eu du mal à être installé, et les protestations de masse se sont poursuivies (notamment en 1993).

    Le régime a continué à se plier en quatre pour servir les intérêts de l’impérialisme, essentiellement français, et s’est soumis de bonne grâce aux diktats du Fonds Monétaire International et de la Banque Mondiale en appliquant un politique néolibéral sauvage qui a détruit les services publics existants. Ce fut plus particulièrement le cas dans les années 2000, sous le règne d’Amadou Toumani Touré, le putschiste de 1991 élu à la présidence en 2002.

    Socialisme ou barbarie

    Ni en Afghanistan, ni en Irak, ni ailleurs, la guerre n’a été la solution pour instaurer la démocratie, mais, par contre, la ‘’lutte pour la démocratie’’ a systématiquement servi à masquer la défense des intérêts impérialistes. Dans le cas du Mali, il s’agit de s’assurer le contrôle des ressources de la région, au Mali, mais aussi au Niger voisin. La France puise plus d’un tiers de l’uranium nécessaire à ses centrales nucléaires au Niger. Elle vient d’ailleurs de décider d’envoyer ses troupes spéciales pour protéger l’uranium du géant français du nucléaire, Areva (c’est la première fois que les forces spéciales servent de milice pour une entreprise privée). La ‘’Françafrique’’ existe toujours bel et bien, comme l’avait encore illustré l’Opération Licorne en Côté d’Ivoire, pays lui aussi voisin du Mali. Si une grande partie de la population peut aujourd’hui favorablement accueillir les troupes étrangères face au danger du djihadisme réactionnaire, la réalité du ‘’Malifrance’’ ne va pas être bien longtemps masquée. Aujourd’hui, de nombreux rapports font déjà état de crimes de guerre des deux côtés du conflit, tandis que les troubles se sont étendus jusqu’en Algérie, où les braises du sanglant conflit interne des années 90’ n’ont jamais été éteintes.

    Seul un mouvement organisé sur une base de classe et résolu à livrer aux masses le contrôle des ressources du pays est apte à résoudre les divers problèmes entre ethnies (Touaregs, Bambaras, Dogons, Bozos…), en éliminant la division fratricide que peut entraîner la lutte pour la survie en désespoir de perspectives communes.

    Les travailleurs et les pauvres du Mali jouissent d’une longue tradition de lutte, un tel mot d’ordre n’a rien d’un fantasme.

  • Grèce : La menace d’Aube Dorée

    La Grèce a une fière histoire antifasciste et pourtant, en 2012, un parti néo-fasciste, Aube Dorée, a remporté 7% des voix (400.000 votes) et su obtenir 18 parlementaires. Même dans des villages tels que Distomo et Kalavryta, villages anéantis par les Nazis durant la seconde guerre mondiale, Aube Dorée a récolté 6% en moyenne. Comment cela a-t-il pu être possible ? Comment stopper cette progression ?

    Par Amalia Loizidou, article initialement publié dans "Socialism Today", magazine du Socialist Party (CIO-Angleterre et Pays de Galles)

    Aube dorée est un parti néonazi, un gang de voyous et de criminels. Leur dirigeant, Nikolaos Michaloliakos, a un casier judiciaire chargé, principalement pour avoir posé des bombes dans des cinémas qui projetaient des films de gauche. Récemment encore, il a été révélé qu’il est copropriétaire d’un hôtel qui est en réalité d’un hôtel de passe. D’autres membres dirigeants d’Aube Dorée ont également été reconnus coupables d’actes criminels. Actuellement, des actions en justices sont en cours contre 4 de ses députés.

    Beaucoup d’analystes s’attendaient à ce qu’Aube dorée modère sa violence publique suite à son entrée au parlement. Dans les faits, son comportement de hooligan a augmenté. Quelque 63 attaques ont été dénombrées en 2 mois à peine. Le succès électoral de la formation d’extrême-droite a été suivi par l’incendie criminel de l’usine abandonnée de Patras, qui servait de refuge à des immigrés. Il s’en est fallu de peu qu’il y ait des victimes. Des rapports quotidiens font état d’attaques contre les immigrés et les militants antifascistes. Lors de prises de paroles au parlement, des députés d’Aube Dorée ont menacé les occupations des écoles tandis que ses membres ont inondé les bars gays de tracts portant la sinistre menace  ”vous êtes les suivants”.

    Même les médias internationaux ont été forcés de faire état de cette situation, notamment suite à l’attaque d’une troupe de théâtre et son public lors de la représentation d’une pièce jugée blasphématoire par Aube Dorée. Faisant écho aux années 1930, les membres d’Aube Dorée ont blessé des militants de divers partis et organisations de gauche lors d’actions de sensibilisation pour préparer la grève générale de 48heures des 6 et 7 novembre derniers. Cela fait suite à l’évènement tristement célèbre de cette émission de télévision où le porte parole d’Aube dorée, Elias Kasidiaris, s’en ait physiquement pris à Rena Dourou (candidate de la coalition de la gauche radicale Syriza) ainsi qu’à Liana Kanelli (députée du KKE, le parti communiste), en plein direct.

    Un tournant décisif

    Cependant, le tournant décisif pour Aube dorée, ce ne fut pas pas les dernières élections législatives de mai et juin, mais bien les élections communales d’Athènes en 2010. A celles-ci, son leader, Michaloliakos, fût élu en tant que conseiller avec 5,27% des suffrages – à comparer au 0,51% obtenu lors des élections nationales de 2009. Ce score a pu donner au parti une certaine légitimité aux yeux de quelques grecs, en modifiant l’image qu’ils rendaient auparavant : celle d’un simple groupe de voyous marginalisés.

    Indubitablement, la situation économique et sociale désespérée de la Grèce a alimenté la montée d’Aube dorée. Mais la crise à elle seule seule n’explique pas entièrement cette soudaine croissance. Il est aussi nécessaire de comprendre la tactique qu’a utilisé Aube Dorée ainsi que l’échec tant des partis traditionnels que des partis de gauche à offrir une voie de sortie de la crise. Tant qu’il y aura des régions complètement dépossédées connaissant une pauvreté généralisée et un taux de chaumage élevé, des problèmes liés à la criminalité et à détresse sociale apparaitront inévitablement. Dans ces conditions, Aube Dorée et les partis néofascistes en général ont une occasion en or pour se développer.

    Le succès électoral d’Aube Dorée en 2010 est le résultat de campagnes locales constantes lancées dans les quartiers défavorisés. A qui la faute si ces régions sont délaissées, ont-ils demandé sans cesse ? A qui la faute s’il y a une extrême pauvreté, un taux de chômage et une criminalité si élevés, sans espoir d’avenir ? La réponse d’Aube Dorée, bien entendu, s’est limitée à blâmer les immigrés et les étrangers, et non pas les grands patrons et les capitalistes. Sur base de cette propagande, Aube Dorée a fait des interventions dans des écoles, a lancé des pétitions, a fait du porte à porte et a organisé des manifestations. C’est ainsi qu’ils ont construit leur base électorale et qu’ils ont pu recruter de nouveaux adhérents.

    Une rhétorique anti-austérité

    Aube dorée a aussi été aidé dans son ascension par l’usage d’une rhétorique anti-austérité. En Grèce, le soutien populaire de l’extrême droite s’était dirigé ces dernières années vers un parti appelé LAOS (rassemblement populaire orthodoxe). Mais le LAOS a voté en faveur des premières coupes budgétaires (le premier Mémorandum) dictées par la Troïka (Commission Européenne, Banque Centrale Européenne et Fonds Monétaire International). Il a aussi participé à la coalition gouvernementale du premier ministre technocrate Lucas Papademos (en exercice de novembre 2011 à mai 2012). Après ça, le LAOS a été considéré comme un allié de la Troïka et comme étant favorable aux coupes budgétaires prévues dans le Mémorandum, en conséquence de quoi il a sombré dans la crise et a perdu son crédit au profit d’Aube Dorée. Les courants d’extrême droite plus traditionnels se sont tournés vers Aube Dorée en considérant ce parti comme la version la ”plus authentique” du nationalisme grec.

    Aube Dorée a clairement compris que laisser la gauche monopoliser le mouvement anti-austérité donnerait à cette dernière un énorme avantage dans la bataille destinée à gagner le coeur et l’âme des Grecs. Se positionner contre les coupes budgétaires signifiait être du côté du massif courant anti-austérité qui se développe au sein de la société grecque. C’est comme ça qu’Aube Dorée a eu la chance d’acquérir, selon son propre website, sa ”section la plus militante agissant, jusque la, dans les ‘zones rouges’”.

    La plupart de ses sympathisants sont des jeunes qui n’ont plus rien à espérer, et plus rien à perdre. Actuellement, plus de la moitié des jeunes sont au chômage en Grèce. Et ceux qui travaillent, pour la plupart, le font dans d’horribles conditions, dans des emplois précaires et aux salaires extrêmement bas. Aube Dorée a réalisé ses meilleurs résultats parmi les étudiants et les jeunes (9,5%), les fermiers (9,3%) et les chômeurs (9,1%). Il est vu comme apportant des réponses simples à leurs problèmes – en rendant les immigrés seuls responsables – et comme un parti opposé aux politiciens corrompus.

    Pourtant, malgré sa vantardise, Aube Dorée n’a pas touché à un cheveu d’un politicien du gouvernement, d’un banquier, etc. Les seuls que ses membres menacent et attaquent physiquement sont des politiciens de partis de gauches. Un agent de police sur deux a voté pour Aube Dorée, ce qui est très alarmant. La police grecque est notoirement connue, particulièrement la police anti-émeute (MAT), pour entretenir des relations étroites avec Aube Dorée, ce qu’ont encore récemment prouvé divers documents. Cela s’illustre par le fait que lorsque les membres d’Aube Dorée sont dans la rue, ils ne sont pas attaqués par la police, comme les autres manifestants. Ils sont au contraire protégés par la MAT.

    Les slogans principaux d’Aube Dorée sont ”étrangers dehors” et ”la Grèce aux grec”. Le parti proclame aussi ”Aube dorée contre tous.” Ce slogan devrait en réalité être ”Aube dorée contre quiconque riposte”. Les autres – armateurs, propriétaires de grandes entreprises, et le capitalisme en général – n’ont rien à craindre. Au parlement, Aube Dorée a soutenu les nouvelles réductions d’impôts pour les armateurs alors qu’à Athènes, le parti a accepté que des parkings publics soient légués à l’usage d’entreprises privées. D’autres exemples similaires peuvent encore être cités.

    Le printemps dernier, des membres d’Aube Dorée ont provoqué des travailleurs du secteur des médias en encerclant leur manifestation sur leurs scooters, en insultant les travailleurs et faisant des saluts nazis et autres gestes obscènes. Le 7 novembre, à Volos, ils ont attendu des participants à la manifestation dans le cadre de la grève générale à l’extérieur de leurs bureaux, clubs de golf à la main. Cette fois, la manifestation était trop imposante pour qu’ils soient en mesure d’attaquer. Ils ont aussi menacé des dirigeant syndicaux à cause de leur soutien aux mouvements antifascistes.

    Cela s’exprime aussi de façon théorique. Dans un certain nombres d’articles, Aube Dorée affirme clairement être opposé aux grèves avec le prétexte qu’elles entraînent ”la haine entre compatriotes grecs”. Le parti a clairement déclaré s’opposer à toute grève, quelque soit le lieux de travail, l’usine,… Sa thématique dominante est que tous les Grecs sont issus d’une même nation, c’est le sang et la race qui prime, et non pas le fait qu’il existe des pauvres et des riches, des travailleurs et des patrons, des oppresseurs et des opprimés. Selon Aube Dorée, les Grecs doivent subir la situation actuelle tranquillement parce que lorsqu’ils font grève ou manifestent ”ils participent aux divisions que cherche à instaurer le système”. Cette position n’est pas différente de celle du gouvernement, des patrons, de l’establishment et du système lui-même. Ces dernières deux années et demi, Aube Dorée a systématiquement été absent des mobilisations de travailleurs et de jeunes, des manifestations de masse, des grèves générales, des occupations de places, etc.

    Réfugiés, immigrés et ultranationalisme

    L’ultranationalisme d’Aube Dorée trouve son expression dans une campagne virulente et xénophobe contre les réfugiés et les immigrés, en exigeant leur retrait total de Grèce. Le parti soutient que c’est la seule façon de mettre fin au chômage, à la pauvreté et à la criminalité.

    Aube Dorée tente de se présenter comme la solution à ces problèmes de façon complètement raciste. Ses membres accompagnent les vieilles dames aux automates et aux banques retirer leurs pensions en leur offrant ainsi une ”protection” contre les soi-disant ”malfrats étrangers”. Pourtant, ces deux dernières années, le chômage a triplé sans augmentation proportionnelle du nombre d’immigrés et de réfugiés. Au contraire, nombreux sont qui sont partis chercher une vie meilleure dans un autre pays.

    Aube Dorée affirme : ”A gros problèmes, solutions extrêmes. Une avant garde révolutionnaire est nécessaire pour détruire l’establishment politique pourri. Cette avant garde, après la disparition de la soi-disante ‘gauche révolutionnaire’, ne pourra qu’être nationaliste”. Sa démagogie est pleine de nationalisme, avec des scénarios dénonçant les ”traitres” et ”conspirations contre la nation”. L’ironie est que le capitalisme grec s’est déjà compromis avec le néocolonialisme de la troïka et des bailleurs de fonds. Cela n’est pas propre au capitalisme grec, mais est une caractéristique centrale de la façon générale dont fonctionne le capitalisme. Les classes bourgeoises plus faibles ont historiquement survécus en choisissant la protection de classes bourgeoises plus puissantes.

    La révolution d’Aube Dorée, et sa vision de la ”destruction” de l’establishment, ne voit aucun rôle pour les millions de travailleurs, d’opprimés et de jeunes. Le parti pense avoir le rôle de jouer ”l’avant garde nationaliste” qui va imposer le modèle de Mussolini, de Hitler et de la dictature des colonels (qui a dirigé la Grèce de 1967 à 1974). En réalité, le rôle d’Aube Dorée dans le cas d’une contre révolution serait celui d’un auxiliaire meurtrier de l’armée et des autres forces réactionnaires de l’Etat.

    En relation à la question centrale de la crise grecque et de l’austérité, la position réelle d’Aube Dorée est pour une renégociation des Mémorandums et des coupes budgétaires. Le parti n’appelle pas au refus de payer la dette parce qu’il ne veut pas affronter le capital grec, qu’il considère comme le moteur de l’économie. Le capital grec, pour sa part, ne veut pas et ne peut pas affronter ses patrons allemands, européens, américains, etc.

    L’échec de la gauche

    L’ascension d’Aube Dorée – et, dans l’ensemble, du racisme, du nationalisme, de l’extrême droite et du néo-nazisme à travers l’Europe et ailleurs – est aussi le résultat de l’échec de la gauche pour répondre aux besoins urgents de la classe des travailleurs dans cette crise du capitalisme ainsi que des défaites consécutives du mouvement ouvrier.

    En Grèce, Aube Dorée et ses dangers ont été sous-estimés. La gauche a souvent simplement dénoncé les attaques violentes, a parlé de l’histoire et du développement du nazisme, ou s’est limitée à un ”humanitarisme” étroit, sans analyse internationale de l’immigration et de ses différentes catégories.

    De plus, l’absence politique de la gauche dans les quartiers démunis a laissé un vide rempli par Aube Dorée, qui a eu une présence consistante et une activité quotidienne dans ces endroits. Il y a aussi eu la croyance, naïve, qu’une manifestation à travers ces quartiers suffirait à faire partir Aube Dorée.

    Par dessus tout, il y a eu le refus des principales factions grecques de la gauche à s’unir et à créer des comités locaux comprenant aussi bien des Grecs que des immigrés, pour développer des plans d’action destinés à faire face à leurs problèmes communs. La force combinée des différents partis et organisations de gauche n’a jamais été utilisée pour développer des initiatives et des actions capables d’unir les travailleurs et les jeunes, réfugiés et immigrés inclus.

    Comment stopper Aube Dorée ?

    Depuis plusieurs années, Xekinima (la section du Comité pour une Internationale Ouvrière en Grèce) a été actif dans le mouvement antifasciste et antiraciste en appelant à un front unique de la gauche et des syndicats contre Aube Dorée, bien avant que ce parti ait pu s’installer au parlement. La situation actuelle est encore plus sérieuse. Ce qu’il faut, c’est un nouvel effort antifasciste, bien plus conséquent, dans lequel la participation unie et l’action commune de la gauche sera un élément crucial. Xekinima a, à plusieurs reprises, défendu une telle stratégie avec des propositions concrètes, comme avant ces dernières élections et l’énorme croissance électorale d’Aube Dorée.

    Après les élections, Xekinima a mis en avant les étapes à effectuer pour faire de ces propositions une réalité : la création de comités antifascistes dans chaque quartier, lieu de travail, école et université ; la création de groupes d’auto-défense dans les lieux devenus dangereux pour la gauche et les activistes antifascistes ; une campagne systématique contre la propagande néonazie quotidienne qui sévit dans les quartiers ; et la nécessité de l’unité entre Grecs et immigrés dans un combat commun afin de riposter face à leurs problèmes communs.

    Xekinima défend aussi l’adoption par les syndicats d’une motion dénonçant les membres d’organisations néonazies, particulièrement ceux Aube Dorée, et qu’ils en soient exclus. C’était devenu une tradition après la chute de la dictature des colonels dans les années 1970, aussi bien dans les lieux de travail que dans les syndicats. Il est important que de telles décisions soient prises dans les sections syndicales afin de protéger le mouvement ouvrier, en plein développement.

    Certains comités antifascistes se sont installés dans différentes zones d’Athènes et d’autres villes. Xekinima a pris l’initiative de la création de certains d’entre eux. Il faut noter que les activistes locales de différentes autres organisations soutiennent cet effort. De plus, le rôle qu’a joué le syndicat enseignant dans nombres de régions est significatif, avec notamment la prise de décision, officiellement, de prendre à bras le corps le problème de l’antifascisme dans les écoles, versles élèves.

    Malheureusement, les principaux partis de gauche (Syriza et le KKE) n’ont pas répondu à ce danger suffisamment promptement. Le KKE aborde ce problème avec son approche sectaire habituelle. Syriza a mentionné le besoin d’une action antifasciste mais sans initiative organisée, excepté celles prises par certains de ses composantes, séparément. Néanmoins, le secrétariat central de Syriza a récemment changé sa position et est maintenant en faveur de la construction de comités antifascistes.

    De surcroit, d’autres organisations de gauche plus petites soit ne comprennent pas l’importance d’un combat antifasciste ou, lorsqu’ils y participent, tentent de s’en accaparer ou font en sorte de bloquer le mouvement au lieu de l’aider (comme le fait le SWP grec par exemple)

    Historiquement, le nazisme a trouvé un sol fertile dans des temps d’austérité, de pauvreté de masse et de chômage. C’est pourquoi il est crucial de combiner notre programme et nos tactiques autour des coupes budgétaires et de l’austérité, contre le cœur du problème. Ce problème, en d’autres termes, c’est le capitalisme. Le capitalisme, en dernier recourt, pourra encore une fois se transformer en régime dictatorial pour se préserver. Les capitalistes ne vont pas passer le pouvoir aux fascistes tels qu’Aube Dorée, mais ils vont les utiliser comme auxiliaires militaires, comme police anti-émeute, etc., comme une arme mortelle orientée contre les organisations des travailleurs. La classe ouvrière en Grèce est loin d’être vaincue, mais des erreurs politiques peuvent conduire à des défaites, comme en Allemagne par le passé.

    Premièrement, la gauche doit patiemment expliquer le phénomène de l’immigration. A qui est-ce la faute s’il y a des quartiers défavorisés soumis à la pauvreté et avec également une population d’immigrés sans domicile ? La gauche doit expliquer pourquoi cette tendance ne s’arrêtera pas tant qu’il y aura pauvreté, famine et guerre. Si ce travail est correctement effectué, de telles explications peuvent même rallier des parties de la société qui avaient été touchés par la propagande d’Aube Dorée. De plus, la Grèce est un pays dont la population a migré par vagues dans le passé, et dont la jeunesse est encore en train de fuir (ou d’essayer de la faire) à cause de la crise.

    Cependant, il est aussi crucial de disposer d’un programme anticapitaliste socialiste. Il est nécessaire d’expliquer continuellement et patiemment qui est responsable de la crise et de l’austérité. Les véritables positions d’Aube Dorée doivent être systématiquement dénoncées : que ce parti n’est pas opposé aux Mémorandums, comme il tente de le faire croire, mais bien aux mobilisations ouvrières et aux mouvements de résistance contre l’austérité.

    Il est aussi nécessaire de s’opposer à toutes les coupes budgétaires et à l’austérité, de revendiquer des moyens pour satisfaire les besoins de la société et non la soif de profits des banquiers. Un Etat doit être organisé de telle façon que les réseaux de trafiquants de drogues et d’êtres humains soient punis plutôt que les victimes, avec un système judiciaire qui s’en prendra à tous les agents de police qui collaborent aux actes racistes ainsi qu’aux néonazis. Toutes ces prérogatives doivent être liées au besoin de développer une économie démocratiquement planifiée et géré, orientée vers la satisfaction des besoins de la grande majorité de la population et non d’une poignée de familles hyper-riches et de grandes multinationales.

    Les Grecs doivent refuser de payer la dette. Ensuite, ils doivent passer à la nationalisation du système bancaire et de tous les secteurs clés de l’économie, de toutes les grosses entreprises, sous contrôle et gestion démocratiques des travailleurs, avec une transparence absolue.

    Une telle solution agirait comme une source d’inspiration pour les autres travailleurs à travers l’Europe qui luttent contre l’austérité. Ce serait là le début de la construction d’une confédération socialiste d’Europe qui mettrait fin à l’existence cauchemardesque de l’Union Européenne capitaliste, unie uniquement par la pauvreté et le chômage.

  • Égypte : Protestations massives contre la tentative de prise de pouvoir de Morsi. Pour une révolution socialiste !

    De grands mouvements de protestation ont eu lieu pour empêcher le président égyptien Morsi de s’attribuer de nouveaux pouvoirs et d’imposer une constitution islamique. Les manifestants ont notamment scandé ‘‘Le peuple veut la chute du régime’’. De grandes manifestations ont aussi eu lieu en faveur du président. La violence brutale a rappelé les méthodes de l’ancien président Moubarak, des casseurs pro-Morsi s’en prenant à des manifestants pacifiques avec l’appui des forces de l’ordre.

    David Johnson, Socialist Party (CIO-Angleterre et Pays de Galles)

    L’ébauche de constitution a été hâtivement rédigée à l’Assemblée Constituante après une réunion de 15 heures. Morsi a appelé à la tenue d’un référendum le 15 décembre pour approuver cette nouvelle constitution. Sa hâte est une réaction face à l’opposition massive qu’a suscitée sa tentative de prise de pouvoir. Il a à présent renoncé à interdire toute opposition légale à son autorité, mais ce n’est que partie remise jusqu’à la promulgation de sa nouvelle constitution. Après une décision de l’assemblée des juges selon laquelle ces derniers ne superviseraient pas le référendum, le Haute Commission Electorale a déclaré que ce référendum se déroulerait en deux étapes, les 15 et 22 décembre.

    L’ébauche de constitution contient de nombreux articles qui menacent toute future opposition. Elle déclare ‘‘qu’aucun individu ne pourra être insulté’’. L’ancien dictateur Moubarak avait utilisé de telles méthodes pour faire taire ses opposants. Les persécutions criminelles pour ‘‘avoir insulté le président’’ ont d’ailleurs augmenté depuis l’arrivée au pouvoir de Morsi. Des journalistes ont notamment été emprisonnés.

    La nouvelle constitution autorise les citoyens à être jugés en cour martiale pour ‘‘crimes contre les forces armées’’. Les intérêts économiques de l’armée et ses pouvoirs restent d’actualité et hors de portée de tout contrôle démocratique, notamment concernant sa capacité d’établir son propre budget. Les travailleurs des entreprises appartenant à l’armée (qui contrôle directement une grande partie de l’économie égyptienne) pourraient être jugés en cour martiale pour faits de grève ou occupation d’entreprise. Cette loi était déjà en vigueur sous la dictature de Moubarak. Le 9 décembre, Morsi a donné à des officiers de l’armée le droit de procéder à des arrestations, limitant d’autant plus les droits acquis de haute lutte durant la révolte du 25 janvier 2011.

    Les droits accordés aux femmes sont vagues et laissés à la libre interprétation. Mais des femmes et des jeunes filles ont déjà été attaquées en public et se sont vu couper les cheveux de force pour avoir refusé de porter le voile en public !

    La police a acquis le droit de ‘‘conserver la morale publique’’, ce qui ouvre la voie à des restrictions des libertés civiles, dont le droit de rassemblement et la liberté d’expression, tout comme en Iran ou en Arabie Saoudite. Les 8 millions de chrétiens se sentent particulièrement menacés par de tels pouvoirs.

    Des attaques contre les travailleurs et les pauvres

    Cette constitution ouvre la voie à d’autres attaques contre les travailleurs et les pauvres. Le gouvernement a également négocié un prêt de 4,8 milliards de dollars avec le Fonds Monétaire International (FMI). En conséquence de l’accord et du budget d’austérité, les subsides sur le butane et l’électricité ont été réduits. Morsi a aussi annoncé des augmentations des taxes sur de nombreux services publics et divers biens de consommation. Quelques heures après cette annonce, il a toutefois décidé de reporter son plan pour avoir un ‘‘dialogue social’’. Une telle indécision suggère de grands clivages et divisions au sein même du gouvernement et du parti des Frères Musulmans. Les Frères Musulmans ont attaqué l’augmentation des taxes et exigé sa suspension. Ils craignent qu’une riposte de la population leur coûte la victoire lors du référendum. Signe d’un approfondissement de la crise politique, le ministre des finances, Mumtaz al-Said, a déclaré le 11 décembre que le prêt du FMI sera postposé à janvier 2013.

    La premier ministre Hisham Qandeel a déclaré que le gouvernement se devait d’améliorer ‘‘l’environnement des affaires (…) faire de l’Égypte une destination idéale pour les investissements directs venant de l’étranger.’’ L’élite riche qui se trouve à la tête des Frères Musulmans vise à profiter de la privatisation de larges pans des industries publiques.

    Tentative d’étranglement des syndicats indépendants

    Le décret n°97 vise à étrangler les syndicats indépendants qui émergent. Un seul syndicat sera toléré dans une entreprise, ce qui empêche de nouveaux syndicats indépendants de défier la Fédération Syndicale Égyptienne (FSE).

    Les membres exécutifs de la FSE de plus de 60 ans (la majorité) vont être remplacés par de nouveaux membres impsés par le ministre du travail (qui est membre des Frères Musulmans). Avant le 25 janvier 2011, 22 des 24 membres de la FSE étaient membres du Parti National Démocratique de Moubarak. Les Frères Musulmans comptent simplement remplacer les bras droits de Moubarak par les leurs.

    De nombreux partis d’opposition ont constitué le Front du Salut National, emmené par l’ancien dirigeant de la Commission de l’Énergie Atomique des Nations Unies Mohamed El-Baradei, l’ancien candidat aux présidentielles Amr Moussa (également ex-ministre de Moubarak), et Hamdeen Sabbahi, un nassériste de droite.

    Tout en protestant aux côtés du FSN et des autres opposants contre la tentative de prise de pouvoir de Morsi et contre sa constitution antidémocratique, les véritables socialistes doivent garder leur identité propre. Les programme et les précédentes actions d’El-Baradei, Moussa et des autres politiciens capitalistes ne peuvent ne sont en aucun cas une source d’inspiration pour ceux qui luttent contre les partis islamistes. Seule une opposition de classe est de nature à provoquer une rupture entre les masses et l’Islam politique.

    Les véritables socialistes doivent clairement se différencier des libéraux et des nationalistes bourgeois. Morsi manipule les craintes des adeptes des Frères Musulmans en leur faisant croire que l’opposition complote son accession au pouvoir à l’aide des forces pro-Moubarak. La gauche doit répondre aux accusations du régime de Morsi, selon qui les groupes de jeunes révolutionnaires sont des reliques du régime de Moubarak et manifestent aux côtés de hautes figures militaire, judiciaires et de la sécurité, du personnel de Parti National Démocratique et des membres du monde des affaires devenus riches sous Moubarak.

    Les travailleurs ont besoin de leur propre parti, basé sur des syndicats indépendants. Un programme socialiste de changement révolutionnaire de la société peut rassembler les travailleurs, les pauvres et les jeunes. Une constitution socialiste inclurait de véritables droits démocratiques pour tous, ainsi que la disparition de la pauvreté, de l’analphabétisme et du manque de logements, un enseignement et des soins de santé gratuits et de qualité, des pensions pour les personnes âgées et les handicapés, un salaire minimum décent,… Ce sont là des droits fondamentaux qui ne seront pas accordés par des politiciens capitalistes, qu’ils soient islamistes de droite ou membre d’antiques partis libéraux.

  • 14 novembre : journée européenne d’action contre l’austérité

    14 novembre : journée européenne d’action contre l’austérité

    Organisons la lutte contre la crise, la politique d’austérité et pour une alternative socialiste !

    Lorsqu’ils ont appris que le prix Nobel de la paix avait été décerné à l’Union Européenne, nombreux sont les travailleurs qui ont dû s’exclamer, en Grèce et ailleurs ; "Mais l’Europe nous fait la guerre !". La riposte s’organise d’ailleurs. Le 14 novembre prochain constitue une date importante, avec une journée internationale d’action contre l’austérité. En Espagne et au Portugal, au moins, il s’agira d’une journée de grève générale. Cette voie est la bonne, celle de l’organisation de la résistance contre l’austérité par-delà les frontières nationales.

    Les dirigeants européens, aux côtés de ceux du Fonds Monétaire International, font partie de la très détestée "Troïka" des institutions capitalistes qui soutien et impose les mesures d’austérité qui frappent actuellement la population grecque. Dans ce pays, 68 % de la population vit actuellement au niveau du seuil officiel de pauvreté ou en-dessous. Un quart des travailleurs sont au chômage. En Espagne également, un quart des travailleurs sont au chômage. Dans ces deux pays toujours, le taux de chômage parmi la jeunesse a dorénavant dépassé les 50%.

    L’augmentation de l’émigration issue de pays embourbés dans la récession comme la Grèce, l’Irlande et l’Espagne – parmi tant d’autres – est une illustration du désespoir et de la lutte quotidienne d’innombrables personnes qui peinent à joindre les deux bouts. Le taux de suicide a également considérablement augmenté. Et maintenant, les économies européennes réputées plus fortes sont en position de faiblesse, y compris la France et l’Allemagne. Plus rien n’arrêtera le présent déclin et la faillite de l’Union Européenne et de la zone euro.

    Le FMI a récemment admis que l’impact de la ligne de conduit de l’austérité sur la croissance économique pourrait être pire que prévu. Suite à de nombreux plans dictés par la troïka, la Grèce ne présente aucun signe permettant d’éviter la perspective d’une fuite, tôt ou tard, hors de la zone euro. Malgré toutes les tentatives de sauvetage et les coupes d’austérité brutales, sa dette publique est plus importante aujourd’hui qu’au tout début de la crise. Une sortie de la Grèce hors de la zone euro entraînera de profonds troubles dans et autour de l’eurozone et augmentera les pressions sur les autres économies.

    Commentateurs et analystes spéculent pour savoir qui est à blâmer dans cette désastreuse situation. Pourquoi donc le projet européen a-t-il abouti à la désunion actuelle, aux affrontements ouverts et à cette crise proprement inimaginable ?

    Le bourbier européen

    Le Comité pour une internationale ouvrière (CIO) et ses sections à travers le monde, dont le Parti Socialiste de Lutte (PSL) en Belgique, a avertit depuis le début que la zone euro ne serait pas épargnée par la crise. Au sein de la zone euro, les diverses économies ont leur propre caractère – leurs propres forces, faiblesses, intérêts et classe dominante – mais sont confinées à la camisole de force d’une monnaie unique et à d’un unique taux d’intérêt. Cela était encore surmontable en période de croissance économique mais était condamné à subir une pression insurmontable en période de récession.

    Le fait que les classes dirigeantes européennes et leurs gouvernements n’ont aucune solution à présenter et sont fortement divisés entre eux sur ce qu’il convient de faire est une réflexion de la profondeur de la crise européenne. Certains défendent en vain l’instauration d’une nouvelle constitution européenne avec plus de pouvoirs centraux et la fin des vetos nationaux sur les traités. D’autres veulent au contraire relâcher les liens à l’intérieur de l’Union Européenne ou carrément considérer d’en sortir. Mais tous ne font que mettre au grand jour qu’ils sont incapables d’apporter stabilité et croissance.

    Leurs bavardages n’ont cependant pas lieu dans l’isolement. Des millions de membres de la classe des travailleurs ou de la classe moyenne ont participé aux diverses grèves et manifestations de masse dirigées contre les attaques antisociales qui les frappent et qui sont lancées par les dirigeants de l’Union Européenne. Ces dernières semaines, grèves générales et mobilisations de masse ont eu lieu en Grèce, au Portugal ou en Espagne tandis que des dizaines de milliers de personnes ont manifesté en France, en Allemagne, en Grande-Bretagne et ailleurs.

    Les institutions européennes sont de plus en plus considérées comme autant de clubs patronaux (ce qu’elles sont d’ailleurs en réalité) d’où sont issues les lois et les attaques qui découlent de la dictature des marchés.

    Le rôle des syndicats

    Dans cette situation, les dirigeants des syndicats – le mouvement organisé des travailleurs – ont une responsabilité écrasante afin de défier les gouvernements d’austérité et de les battre en retraite. Nous avons besoin de bien plus que des grèves et des appels à manifester qui ont pour vocation essentielle de laisser la vapeur s’échapper (même si certaines mobilisations sont impressionnantes), comme cela s’est déjà produit à de nombreuses reprises.

    Le Comité pour une Internationale Ouvrière appelle les syndicat à adopter une opposition déterminée et résolue contre toutes les attaques lancées contre notre niveau de vie à travers l’Europe, en intensifiant les actions si nécessaire. La stratégie syndicale doit viser à faire chuter chaque gouvernement ayant l’intention de rester fidèle à l’abominable logique selon laquelle ce serait aux travailleurs et à leurs familles de payer la crise des grands actionnaires et grands patrons.

    La résistance des masses doit être coordonnée pour avoir l’impact le plus grand possible, avec des grèves générales et des manifestations dans plusieurs pays au même moment. Dans ce cadre, la journée du 14 novembre constituera un pas dans la bonne direction avec des grèves générales actuellement prévues en Espagne et au Portugal, et peut-être également en Grèce, à Malte, à Chypre et au Portugal. Ce vendredi 26 octobre, cinq syndicats français (CGT, CFDT, FSU, UNSA et Solidaires) ont publié un communiqué de presse commun appelant à manifester partout en France le 14 novembre contre l’austérité et pour "l’emploi et la solidarité en Europe". En Belgique, la FGTB Liège-Huy-Waremme appelle également à une grève de 24 heures, tout comme la CGSP-ALR de Bruxelles. Rien ne peut justifier que le reste du mouvement syndical reste à la traîne. La voie est toute tracée vers une prochaine étape, celle d’une grève générale de 24 heures organisée à l’échelle de l’Europe toute entière.

    L’Arène politique

    Une telle action de masse coordonnée à l’échelle européenne, mais le combat doit aussi être développé sur le terrain politique. Le monde du travail a un besoin crucial de parti ouvriers capables d’offrir une alternative politique contre celle des partis capitalistes : une alternative orientée vers la construction du socialisme démocratique.

    La croissance de l’influence d’Aube Dorée en Grèce constitue un sérieux avertissement : des idées dangereuses et basée sur la division peuvent se développer sur le désespoir si aucune voie progressiste est clairement visible. Cependant, la Grèce a aussi montré quelle rapide croissance peut exister pour la gauche. Le soutien grandissant à la coalition de la gauche radicale Syriza est une illustration de l’échelle et de la rapidité avec laquelle un parti s’opposant à l’austérité peut gagner de l’audience. Dans la période à venir, d’autres nouvelles formations des travailleurs pourraient faire écho à ce processus.

    Ces partis pourront être attractifs aux yeux des masses pour autant qu’ils mettent en avant des idées clairement socialistes qui mettent à nu les failles du capitalisme et offrent un programme qui défend courageusement une réelle alternative dans les intérêts des travailleurs. Ce type de programme doit inclure une sérieuse augmentation des taxes pour les riches, les grandes entreprises, mais aussi la nationalisation des secteurs clés de l’économie (finance, sidérurgie, énergie,…) sous le contrôle et la gestion démocratique des travailleurs, dans le cadre d’une planification démocratiquement élaborée de leurs activités. De telles mesures permettraient de massivement investir dans les emplois et les services à la population. En Grèce, là où la crise et la plus aigüe, le soutien pour un tel programme est grandissant.

    Qu’en est-il de l’Union Européenne ? L’opposition qui se développe contre les institutions au service du capitalisme à la base de la construction de l’Union Européenne n’implique très certainement pas le rejet de la coopération entre les travailleurs et les pauvres par-delà les frontières nationales.

    Les questions-clés sont les suivantes : quelles sont les caractéristiques des institutions, qui les contrôle à l’heure actuelle et dans quel but agissent-elles ? L’UE est contrôlée par 27 gouvernements capitalistes européens dont toute la politique est orientée vers la satisfaction des intérêts des grandes entreprises et des riches.

    Si le socialisme démocratique se répandait à travers l’Europe, il serait alors possible de démocratiquement élire les représentants pour des institutions totalement différentes, au service des travailleurs et de leurs familles. Ce serait là la base d’une confédération socialiste européenne – une alliance volontaire d’Etats socialistes – qui pourrait démocratiquement permettre une coopération économique, environnementale, sociale et culturelle dans l’intérêt de l’écrasante majorité à travers le continent.

  • La zone euro à nouveau sauvée ? Jusqu’à la prochaine opération de sauvetage !

    La marche de la zone euro : un pas en avant, cinq pas en arrière

    Sur une échelle de 0 à 10, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso donne actuellement un 5 à la zone euro. ‘‘Nous nous trouvons à un point critique’’, explique-t-il. ‘‘A partir de là, tout peut devenir bien pire ou bien mieux.’’ Pendant ce temps, de nouvelles actions de masse prennent place en Espagne et au Portugal. Là-bas, pour la majorité de la population, la situation est déjà ‘‘bien pire’’.

    Dossier de Tanja Niemeier, collaboratrice de la fraction de la Gauche Unitaire Européenne (GUE-NGL) au Parlement Européen

    Un bazooka pour sauver l’euro

    Fin septembre 2012, la crise financière et économique mondiale était tel un amoncellement de nuages d’orage au-dessus de l’Europe et plus particulièrement de la zone euro. Cette crise dure maintenant depuis 4 ans déjà. L’Irlande, le Portugal, Chypre et la Grèce sont littéralement pris dans les tenailles de la troïka (Fonds Monétaire International, Commission Européenne et Banque Centrale Européenne). Les gouvernements font toujours plus de projets d’assainissement avec en résultat un chômage continuellement croissant – surtout parmi les jeunes, malgré l’émigration – le retour de la faim à une échelle de masse, un nombre de suicides en plein développement,… La fuite de capitaux hors des pays en crise assure qu’une croissance économique est hors de question. Même le moteur de l’économie allemande commence à avoir des ratés.

    Mais du point de vue de l’élite européenne, Barroso a raison : un scénario encore pire est de l’ordre du possible. Les élections aux Pays-Bas n’ont pas conduit à la victoire du parti de gauche SP, la Cour Constitutionnelle allemande ne s’est pas opposée au fonds d’urgence MSE (Mécanisme de Stabilité Européen) et la Grèce va probablement avoir un peu plus de temps pour appliquer ses mesures d’austérité, et peut donc temporairement rester au sein de la zone euro.

    Le président de la BCE, Mario Draghi, a annoncé que, malgré le vote allemand qui s’y oppose, la BCE va passer à l’achat illimité d’obligations d’Etats européennes sur les marchés secondaires afin de contrôler le taux d’intérêt et de rassurer les marchés. D’après ‘super Mario’ ce ‘bazooka’ peut sauver l’euro et ne laisse planer aucun doute : ‘‘L’euro est irréversible’’. On voit même apparaître un optimisme prudent dans les médias dominants.

    Entre plus d’intégration et moins d’Europe

    Barroso n’était pas moins grandiloquent dans son ‘State of the Union’ (‘Etat de l’union’). Ce discours prononcé dans l’enceinte du Parlement Européen le 12 septembre dernier affirmait qu’après le ‘pacte fiscal’ et le ‘pacte de croissance’, l’Europe a besoin d’un ‘pacte décisif’ qui, selon lui, ne peut laisser ‘‘aucun doute sur l’intégrité de l’Union et l’irréversibilité de l’euro.’’ Le temps des demi-mesures est fini, a-t-il dit. Barroso a de suite appelé à une union politique : ‘‘Aujourd’hui, j’en appelle à une fédération des nations.’’ Il a encore déclaré qu’il y a des pas à poser en direction d’une union bancaire.

    Ces déclarations sont-elles de nature à résoudre les contradictions européennes et l’absence d’une union fiscale et politique ? Le combat entre les tenants de plus d’intégration et leurs opposants défendant la primauté des intérêts nationaux est-il fini ? Barroso ne vit-il pas plutôt au Pays des Merveilles ?

    Les propositions de la Commission Européenne expriment une tendance à l’œuvre en Europe. La Commission veut se présenter comme le représentant idéal de tous les capitalistes européens et veut renforcer la position de concurrence de l’Europe avec un marché unique plus fort et un euro capable de rivaliser avec le dollar ou le renminbi Chinois.

    Mais, parallèlement, continuent d’exister les forces historiques centrifuges composées des 27 élites nationales et des 27 gouvernements. Malgré toutes les attaques lancées contre les principes démocratiques, ces gouvernements doivent tout de même être réélus et doivent donc tenir un petit peu compte de leur population. Ces élites et les divers intérêts nationaux sont en concurrence les uns avec les autres, tant dans l’Union Européenne qu’à l’extérieur de l’Union.

    Ces forces centrifuges ont trouvé une réponse avec les nombreuses critiques du groupe de réflexion ‘Future for Europe Group’ (Groupe pour l’avenir de l’Europe). Ce groupe est dirigé par le ministre des Affaires étrangères allemand, le libéral Guido Westerwelle, qui plaide pour plus d’intégration européenne, mais même des ministres ayant contribué à ce projet n’étaient pas d’accord avec tous les éléments. En France, par exemple, on trouve peu d’enthousiasme pour une modification des traités. Quant au ministre des Affaires étrangères britannique, il a de suite déclaré : ‘‘Nous ne sommes pas prêts à donner plus de pouvoir à l’Europe.’’

    Laquelle de ces deux tendances rivales va-t-elle l’emporter ? Cela dépend partiellement de la volonté politique. Mais cette volonté politique n’existe pas dans le vide ou dans la tour d’ivoire des institutions européennes. Plusieurs facteurs jouent un rôle, et le développement économique n’est pas le moindre de ces facteurs. La position des dirigeants politiques en Europe est largement déterminée par les acteurs économiques nationaux. Leur position est largement décidée par une analyse des coûts et des avantages.

    Efficace, le bazooka ?

    L’annonce de la BCE a déjà conduit à une baisse des taux d’intérêt sur les emprunts d’Etat espagnols et italiens. Le gouvernement espagnol, sous une pression croissante dans son propre pays, pourrait ainsi gagner du temps et retarder la demande d’aide auprès des fonds européens ESM ou FESF. Les faibles taux d’intérêt permettront aux pays d’émettre de nouvelles obligations et d’utiliser cet argent pour rembourser les créanciers.

    Les propositions allant dans la direction d’une union bancaire où la BCE exercerait une surveillance sur l’ensemble du système bancaire européen sont principalement destinées à permettre aux banques d’être directement refinancées par l’ESM de sorte que la dette nationale n’exagère pas trop. Mais il s’agit là avant tout d’une construction théorique qui doit encore être concrétisée.

    Une question reste en suspend : qui se passera-t-il si les marchés financiers commencent à s’en prendre à la BCE ? Et plus fondamentalement : qui va prendre en charge de garantir les fonds nécessaires à cette ‘‘solution’’ ? La Cour constitutionnelle allemande a approuvé l’ESM, mais il n’est pas certain que le Parlement accepte de céder les fonds nécessaires (190 milliards d’euros). Avec des élections fédérales à l’horizon, c’est vraiment loin d’être assuré.

    Autre question cruciale : jusqu’où le taux de croissance doit-il arriver pour assurer une fin durable de la crise. Les pays qui revendiquent qu’il soit possible à la BCE de directement acheter des obligations d’Etat doivent demander le ‘‘soutien’’ de l’ESM, ce qui implique des conditions drastiques en termes de ‘‘discipline budgétaire’’. Concrètement, cela signifie encore plus de casse sociale : des attaques contre tous les acquis sociaux, une croissance de la pauvreté et du chômage ainsi qu’une sévère dégradation des conditions de vie de la population.

    Dans l’actuel contexte de crise économique mondiale, cela ne signifie qu’une nouvelle explosion de la dette publique. Dans le magasine ‘‘New Europe’’, la journaliste Cate Long a comparé ces mesures à ‘‘un réarrangement des chaises sur le Titanic’’. L’option d’un Grexit (une sortie de la Grèce de la zone euro) ou même de la désintégration pure et simple de la zone euro reste un scénario probable.

    Résistance contre la politique de casse sociale !

    Un autre facteur attire bien moins l’attention des médias dominant tout en constituant toutefois un élément décisif pour l’avenir de l’Europe : la réaction des victimes de la crise. Que vont faire les travailleurs, les chômeurs, les retraités et les jeunes en Europe ? Pour l’establishment, ce n’est là qu’un ‘‘électorat’’ qui doit être protégé des ‘‘populistes’’ et des ‘‘eurosceptiques’’.

    Cette approche purement parlementaire ignore volontairement la puissance potentielle de la classe ouvrière. Ces dernières années, les exemples de résistance active contre l’austérité n’ont pas manqué avec plusieurs grèves générales et des manifestations massives. Il est important de structurer la force potentielle du mouvement ouvrier et de la rendre plus efficace à travers l’organisation d’une lutte coordonnée – comme avec une grève générale européenne – et la construction de relais politiques.


    Pour une fédération socialiste et volontaire des Etats Européens !

    Trouver une véritable solution nécessite de lutter contre les véritables causes de la crise. C’est là que le bât blesse. Pour le président de la Commission européenne José Manuel Barroso, les causes de la crise résident ‘‘dans les pratiques irresponsables du secteur financier, dans la dette publique insoutenable des pays et dans le manque de compétitivité de tout un nombre de pays.’’ C’est bien faible comme explication. Par exemple, d’où proviennent ces ‘‘pratiques irresponsables’’ ? >p> Pour nous, il s’agit du résultat logique du fonctionnement du capitalisme. Notre système économique est basé sur la concurrence et la maximalisation du profit. Le capital est investi sur base d’une perspective de profit à court terme et non sur base de la satisfaction des besoins. La propriété privée des moyens de production et l’existence des Etats nationaux assurent que les intérêts du capital d’un pays sont opposés aux intérêts du capital des autres pays. La croissance du secteur financier et ses ‘‘pratiques irresponsables’’ proviennent du fait que les investissements dans l’économie réelle produisent des profits insuffisants pour les détenteurs de capitaux. Le capital se concentre ainsi dans le secteur financier, où il peut réaliser de monumentaux profits à court terme, entre autres par la spéculation.

    Toutes les mesures prises ou proposées par le Conseil européen et la Commission européenne n’ont jusqu’ici réussi qu’à limiter la souveraineté nationale des Etats-membres en introduisent plus d’intégration européenne, de manière anti-démocratique. Mais nous opposer à cette politique n’implique pas automatiquement que nous sommes en faveur de plus de ‘‘souveraineté nationale’’.

    Nous voulons nous en prendre aux fondements capitalistes de l’Union Européenne et construire à la place une fédération socialiste et volontaire des Etats Européens. Une politique socialiste utiliserait les 2.000 milliards d’euros des grandes entreprises européennes qui dorment sur des comptes en banque pour investir dans la création d’emplois utiles et décents, dans des services publics comme les soins de santé, l’enseignement, la recherche et dans la protection de l’environnement. Une politique socialiste mettrait fin à l’évasion fiscale légale et illégale qui existe aujourd’hui dans les milieux des grandes entreprises et des super-riches.

    M. Barroso a déclaré que les citoyens européens doivent participer au ‘‘débat sur l’avenir de l’Europe’’. Notre contribution à ce débat sera probablement peu appréciée par Barroso. Mais il est vrai que le mouvement ouvrier et les syndicats doivent discuter de leurs propres solutions et de nos alternatives afin de renforcer notre lutte pour une autre Europe, une Europe qui fonctionnerait dans l’intérêt de la majorité de la population.

  • Le problème c’est les banquiers, pas les immigrés !

    Stop au racisme !

    Suite à la crise et à la politique d’austérité, beaucoup de jeunes se retrouveront dans la galère. Niveau études, ce sont des classes surpeuplées dans un enseignement de moindre qualité qui nous attendent dans le secondaire, tandis qu’il faudra payer plus cher les droits d’inscription dans le supérieur. Niveau ‘‘marché de l’emploi’’, le stage d’attente est dorénavant allongé : décrocher un job relève désormais du parcours du combattant. Et lorsque l’on parle d’emplois, on parle surtout de jobs précaires et flexibles qui rendent presque impossible de se consruire un avenir. La politique antisociale des partis traditionnels, c’est plus de chômage, de précarité, d’exclusion et de pauvreté parmi la jeunesse.

    Tract d’été des Etudiants de Gauche Actifs

    En France et en Grèce, le Front National et les néonazis d’Aube Dorée pénètrent dans les parlements. En Flandre, les néofascistes du Vlaams Belang ont forcé des enfants d’une école primaire à manger des saucisses ‘‘pur porc’’. A Bruxelles, les petits réactionnaires populistes de droite du Parti Populaire ont fait une marche raciste et xénophobe en compagnie des néonazis de Nation. Etc. L’extrême droite instrumentalise l’absence de perspective et la frustration engendrée par la crise pour répandre leurs messages de haine. Ils pointent du doigt les immigrés, les musulmans, les ‘‘Wallons’’, les ‘‘Flamands’’, ou encore les syndicalistes combatifs afin de dévier l’attention des véritables responsables du déclin social: les banquiers et les 1% les plus riches qui spéculent et détruisent notre avenir.

    Les De Wever, Renders & Co suivent les traces de Sarkozy et de la ‘‘droite décomplexée’’ avec un discours raciste et populiste: diviser pour mieux régner. A l’image de leur modèle, Margaret ‘‘la Dame de Fer’’ Thatcher, ils rêvent de briser la résistance des jeunes et des travailleurs afin d’imposer des décennies d’austérité à la grecque. Les sociaux-démocrates et les verts sont également contaminés par le dogme néolibéral, tout juste s’arrangent-ils pour que l’emballage soit un peu plus social. Jeunes et travailleurs, belges et immigrés, Wallons et Flamands, ne comptons que sur notre force collective pour résister à l’offensive de l’austérité !


    Résistance contre le chômage et la précarité

    Après une manif régionale à Bruxelles des syndicats ayant rassemblé 1500 personnes en juin, une manifestation nationale aura lieu en septembre contre les attaques du gouvernement Di Rupo contre le système de chômage et pour une flexibilisation accrue du marché du travail. Les jeunes, déjà les plus fortement touchés par le chômage, en seront les principales victimes. L’allocation de cohabitant diminuera jusqu’à 483 euros et l’allongement à 12 mois du stage d’attente plongera des dizaines de milliers de personnes sous le seuil de pauvreté. EGA mobilise les jeunes aux côtés des syndicalistes pour s’en prendre au chômage, pas aux chômeurs, et mettre un terme à l’avalanche d’austérité.

    Résistance contre les catastrophes nucléaires et climatiques !

    Le désastre nucléaire de Fukushima illustre les conséquences qu’a la logique de course au profit du privé sur nos vies et notre environnement. Pour EGA, il faut retirer le secteur de l’énergie des mains du privé et le placer sous contrôle public. EGA mène chaque année campagne à la rentrée en vue de la manifestation de début décembre organisée par la coalition climat des ONG en défense de l’environnement.

    Résistance contre le racisme et l’extrême-droite !

    Chaque année, nous organisons avec la campagne Blokbuster une manifestation nationale d’un bon millier de jeunes contre la marche de la haine du NSV (organisation étudiante du Vlaams Belang). La prochaine contre-manifestation se déroulera en mars prochain, à Louvain. Soyons beaucoup plus nombreux qu’eux ! Nous menons aussi campagne contre l’extrême droite francophone et en faveur de la régularisation des sans-papiers, notamment avec la manifestation contre le centre fermé de Vottem (à Liège), qui se tiendra début avril.

    Résistance contre le sexisme et l’homophobie !

    Sexisme en rue, à l’école, sur les festivals,… le combat est loin d’être terminé. Idem pour le mouvement LGBT avec l’augmentation de la violence homophobe. Pour la première fois en trois ans, la marche réactionnaire contre le droit à l’avortement, les droits des femmes et des LGBT a été moins nombreuse que celle des pro-choix. Nous ne devons pas nous arrêter là, mais construire la résistance pour stopper leurs intimidations contre les femmes devant les centres d’avortement ainsi que leurs propos et actes homophobes avec une manifestation massive le 23 mars prochain !

    Résistance contre l’europe des banques et des multinationales !

    L’Union Européenne, la Banque Centrale Européenne et le Fonds Monétaire International (la troïka) essayent de forcer les jeunes et les travailleurs à accepter une diminution très forte de leur niveau de vie au lieu de s’en prendre aux véritables responsables de la crise. Partout en Europe, les gouvernements ont sauvé les énormes profits des banques et des multinationales et mènent maintenant une politique d’austérité qui approfondit la récession et augmente la pauvreté. Contre l’Europe du Capital, participe avec EGA au mouvement de solidarité avec le peuple grec, au mouvement Occupy/Indignés,…


    Rejoins EGA !

    EGA, c’est quoi ?

    Les Etudiant de Gauche Actifs constituent une organisation de gauche par et pour les jeunes, active dans ton école, ta haute-école, ton université, ton quartier ou ta ville. Nous nous rassemblons, discutons des idées, organisons des actions et mobilisons.

    Crise, sous-financement de l’enseignement, précarité, austérité, racisme, sexisme, danger nucléaire, guerre,… Nous lions tous les problèmes auxquels nous sommes confrontés au capitalisme, un système qui est basé sur la course au profit à court terme pour une petite élite.

    EGA est présent en Flandre, en Wallonie et à Bruxelles car nous nous opposons à la logique de surenchère communautaire des politiciens traditionnels.

    EGA fait partie d’une organisation de jeunes, ISR (International Socialist Résistance), présente dans plus de 40 pays et sur tous les continents. Cela nous permet de tirer les leçons des révolutions en Afrique du Nord et au Moyen-Orient avec des jeunes tunisiens impliqués dans les événements ou encore d’apprendre de nos interventions dans les mouvements de masses en Grèce, en Espagne, au Québec,…

    Partout, nous lions les luttes des jeunes à celles des travailleurs et de leurs organisations syndicales, car ce sont ceux qui produisent les richesses et détiennent la position clé pour renverser la société capitaliste.

    EGA lutte quotidiennement parmi la jeunesse afin construire un monde où la production et toute la société sera démocratiquement gérée et contrôlée par les organes issus des luttes de masse des travailleurs et des jeunes eux-même. Cette démocratie réelle pourra alors satisfaire les besoins de tous et leur épanouissement dans une société socialiste démocratique. Rejoins-nous !

    Comment devenir membre ? Contacte nous :

    • Via mail : ega@gauche.be
    • Via SMS : "membre EGA – nom et ville au 0472 299 192

    Carte de membre à 3€ secondaire – 5€ supérieur

  • Grèce : Révolution et contre-révolution sur fond de crise croissante de la zone euro

    C’est véritablement un séisme politique qui a pris place le 6 mai dernier en Grèce. Ces élections constituent un signe avant-coureur de bouleversements politiques et sociaux plus intenses encore. Partout à travers l’Europe, les travailleurs et leurs organisations doivent être solidaires de la population grecque et s’opposer résolument aux diktats de la troïka (Union Européenne, Fonds Monétaire International, Banque Centrale Européenne). Cette solidarité passe aussi par la lutte contre les attaques des divers gouvernements partout en Europe.

    Résumé d’un dossier de Tony Saunois (CIO) et d’Andros Payiatos, Xekinima (CIO-Grèce)

    Suite à l’impossibilité de former un gouvernement, de nouvelles élections doivent se tenir le 17 juin. Cette paralysie est une expression des chocs violents dont a été victime la société grecque dans le cadre d’un processus de révolution et de contre-révolution. Le prestigieux Financial Times a ainsi mis en garde: ‘‘Il peut y avoir des émeutes et des pillages. Un coup d’État ou une guerre civile sont possibles’’ (édition du 18 mai).

    Alexis Tsipras (Syriza): “Une guerre entre le peuple et le capitalisme”

    Syriza (‘Coalition de la Gauche Radicale’) est sortie grand vainqueur du scrutin en passant de 4,6% à 16,78%, de quoi donner espoir à de nombreux travailleurs et militants de gauche en Grèce et ailleurs. La classe dirigeante est terrifiée face à cette large contestation de la Troïka et de l’austérité.

    Les conservateurs de la Nouvelle Démocratie (ND) et les sociaux-démocrates du PASOK se sont systématiquement agenouillés devant les diktats de la Troïka, assurant ainsi que le pays soit littéralement occupé par les grandes banques, la Banque Centrale Européenne, le Fonds Monétaire International et l’Union Européenne. Le 6 mai, le peuple grec a riposté par une claque monumentale envoyée à ces deux pantins de l’Europe du capital. Alors qu’ils obtenaient généralement 75% à 85% ensemble, ils n’ont maintenant recueilli que 32,02% (18,85 pour la ND et 13,18% pour le PASOK).

    D’ici aux élections du 17 juin, Syriza peut encore renforcer son soutien électoral. La coalition de gauche radicale sera-t-elle à la hauteur des espoirs placés en elle? Selon nous, ce n’est possible qu’avec un programme socialiste révolutionnaire, un programme de rupture avec le capitalisme. Toute recherche de solutions au sein du système actuel est vaine.

    Si la gauche est mise en échec, l’extrême droite pourrait se saisir du vide politique. Nous avons d’ailleurs assisté le 6 mai à l’émergence du parti néo-fasciste ‘‘Aube Dorée’’ qui a obtenu 6,97% et 21 élus. Depuis lors, ces néonazis ont chuté dans les sondages, mais l’avertissement est sérieux.

    Un niveau de vie attaqué à la tronçonneuse

    Le Produit Intérieur Brut grec a chuté de 20% depuis 2008, cet effondrement économique réduisant à néant la vie de millions de personnes. Dans les services publics, les salaires ont chuté de 40%. L’église estime que 250.000 personnes font quotidiennement appel aux soupes populaires. Dans les hôpitaux (où le nombre de lits a diminué de moitié), les patients doivent dorénavant payer à l’avance pour bénéficier d’un traitement. Un hôpital a même gardé un nouveau-né jusqu’à ce que sa mère puisse payer la facture de l’accouchement. Des milliers d’écoles ont aussi été fermées.

    La classe moyenne est détruite. Le nombre de sans abri a explosé et ils font la file aux côté de leurs frères d’infortunes immigrés pour recevoir un peu de nourriture et pouvoir intégrer un abri dans ces sortes de camps de réfugiés qui constituent la version européenne des bidonvilles. Le chômage frappe 21% de la population active et 51% de la jeunesse tandis que les centaines de milliers d’immigrés sont agressés sans relâche par l’extrême droite. La gauche doit riposter avec un programme de mesures d’urgence.

    Les travailleurs contre-attaquent

    Sous la pression de la base, au moins 17 grèves générales ont été organisées en deux ans, dont trois de 48 heures, sans que les attaques antisociales ne cessent. Mais un certain désespoir se développe puisque la lutte n’a pas remporté d’avancées. Le désespoir a poussé des dizaines de milliers de personnes à fuir à l’étranger. Environ 30.000 immigrés clandestins grecs sont en Australie, certains sont même partis au Nigeria ou au Kazakhstan. D’autres ont choisi une fuite plus tragique : le taux de suicide grec est aujourd’hui le plus élevé d’Europe.

    Cette situation n’est pas sans rappeler la dépression américaine des années ‘30. La haine et la colère sont telles à l’encontre de l’élite grecque et de ses politiciens qu’ils ne sont plus en sécurité en rue ou au restaurant. Les riches cachent leur argent en Suisse ou dans d’autres pays européens, tandis que la majorité de la population bascule à gauche du fait des conséquences de la crise.

    Syriza refuse une coalition avec le PASOK et la ND

    Syriza a déclaré que le PASOK et la ND voulaient qu’elle se rende complice d’un crime en participant au gouvernement avec eux. Alexis Tsipras a proposé de constituer un bloc de gauche avec le Parti communiste grec (KKE) et la Gauche démocratique (une scission de SYRIZA) pour mener une politique de gauche.

    Le dirigeant de Syriza, Alexis Tsipras, appelle à l’abolition des mesures d’austérité et des lois qui ont mis fin aux conventions collectives de travail et ont plafonné le salaire minimum à 490 euros par mois. Il a exigé une enquête publique concernant la dette de l’Etat et, dans l’intervalle, un moratoire sur le remboursement des dettes.

    Ce programme est insuffisant face à la profondeur de la crise, mais il représente un bon point de départ afin de renforcer la lutte contre l’austérité et le débat sur un véritable programme de rupture avec le capitalisme.

    De son côté, la direction du KKE a refusé de rencontrer Tsipras. Le parti communiste s’enfonce dans son approche sectaire, à l’opposé du mouvement ouvrier, et il le paye dans les sondages. Xekinima, la section grecque du Comité pour une Internationale Ouvrière, plaide pour la création d’un front de gauche depuis longtemps. Si cet appel reçu un accueil plutôt hostile dans un premier temps, il a ensuite progressivement bénéficié de plus de soutien pour finalement être repris par Alexis Tsipras et Syriza.

    Une liste unitaire serait sortie première des élections du 6 mai, et aurait de ce fait reçu le bonus de 50 sièges supplémentaires accordés au plus grand parti selon la législation électorale grecque. Même si cela n’avait pas été suffisant pour obtenir une majorité parlementaire, cela aurait offert une place encore plus centrale à la gauche pour la deuxième élection de juin et pour la campagne concernant cette perspective très réaliste d’un véritable gouvernement de gauche.

    Mais le KKE a refusé et reste sur le banc de touche. Pourtant, en 1989, ce parti n’a eu aucune réticence à entrer en coalition avec… les conservateurs de la Nouvelle Démocratie ! La secrétaire générale du KKE, Aleka Papriga, se réfère maintenant à cette expérience pour justifier son refus d’un front de gauche, comme si un front unitaire basé sur la lutte contre l’austérité pouvait être mis sur le même pied qu’un gouvernement pro-capitaliste avec les conservateurs ! Malheureusement, d’autres formations de gauche ont également adopté une attitude négative sur cette question, particulièrement Antarsya (une alliance anticapitaliste).

    Tant le KKE qu’Antarsya sont maintenant sous la pression de leurs bases. Une partie de la base d’Antarsya appelle publiquement à la constitution d’un front avec Syriza, mais la majorité de la direction reste obstinément sur sa position, au mépris du prix à payer. En 2010, cette alliance avait encore réalisé 2% aux élections communales, contre 1,2% en mai, et cela pourrait encore diminuer. De son côté, le KKE a à peine progressé aux élections en mai et les sondages parlent d’une chute de 8,5% à 4,4% pour le 17 juin.

    Tsipras a menacé de ne pas rembourser entièrement les dettes du gouvernement, d’économiser sur les dépenses militaires et de lutter contre le gaspillage, la corruption et l’évasion fiscale des riches. Il exige un contrôle public du système bancaire, et appelle même parfois à la nationalisation. Il s’est encore prononcé pour un New Deal, à l’instar de celui que Roosevelt avait mis en avant pour les États-Unis dans les années ‘30. Syriza a donc pour programme un ensemble de réformes qui ne rompent pas avec le capitalisme, mais c’est tout de même un début. Pour nous, un programme d’urgence de travaux publics doit être lancé, lié à la nationalisation des banques et des secteurs clés de l’économie, sur base d’une planification démocratique et socialiste de la société.

    Le programme de Syriza a ses limites, mais il a le mérite d’être clairement opposé à l’austérité. Syriza refuse d’ailleurs de participer à toute coalition gouvernementale destinée à appliquer des mesures antisociales. Cette approche peut pousser la formation au-delà des 20% dans les sondages, jusqu’à 28%. Cette rapide croissance de soutien illustre le potentiel électoral pour les formations de gauche lorsque les conditions objectives sont réunies et qu’elles adoptent un profil clair.

    Le refus de Syriza de collaborer à une coalition bourgeoise change radicalement de la position d’autres forces de gauche par le passé. En Italie, la position du Parti de la Refondation Communiste (PRC) a été très sérieusement affaiblie par sa participation à des coalitions locales. En Espagne, récemment, Izquierda Unida (Gauche Unie) est entré en coalition avec les sociaux-démocrates du PSOE en Andalousie, ce qui peut menacer son soutien parmi la population.

    L’Union Européenne et l’euro

    Les partis capitalistes et la Troïka tentent désespérément de renverser cette situation, et font campagne en disant que ces élections sont en fait un référendum sur l’adhésion à la zone euro. Tous leurs efforts visent à présenter la résistance à l’austérité comme la porte de sortie hors de l’eurozone et de l’Union européenne.

    Sur ce point, la position de Syriza est trop faible, bien qu’il s’agisse de l’expression d’un sentiment largement répandu dans la population. Selon un sondage, cette dernière est à 79% opposée à quitter l’euro. Les craintes de ce qui se passerait ensuite sont compréhensibles; un isolement de l’économie grecque, relativement petite, pourrait ramener les conditions sociales au niveau des années 1950 et 1960 et l’inflation au niveau élevé des années 1970 et 1980. Syriza et la gauche doivent faire face à ces craintes et expliquer quelle est leur alternative.

    Tsipras parie sur le fait que la Grèce ne sera pas éjectée de l’eurozone en raison des conséquences que cela entraînerait pour le reste de l’Europe. Cela n’est toutefois pas certain, même s’il est vrai qu’une partie des classes dirigeantes européennes a peur de ce cas de figure et des perspectives pour l’euro si l’Espagne et d’autres pays sont aussi poussés vers la sortie.

    De l’autre côté, les classes dirigeantes d’Allemagne et d’autres pays craignent que de trop grandes concessions pour préserver la Grèce dans l’eurozone ne soient un précédent dont se pourraient ensuite se servir l’Espagne, l’Italie, le Portugal, l’Irlande,… Le ‘Centre for Economic and Business Research’ a déjà indiqué que la fin de l’euro sous sa forme actuelle est une certitude.

    Syriza se trompe en pensant que le rejet de l’austérité peut être combiné à l’eurozone. La zone euro est une camisole de force économique que les grandes puissances capitalistes et les grandes entreprises utilisent afin d’imposer leur politique. Syriza se doit de formuler une réponse claire face à la probabilité qu’un gouvernement de gauche soit expulsé de la zone. D’ailleurs, on ne peut pas non plus exclure qu’un gouvernement décidé à accepter l’austérité soit tout de même confronté à ce scénario de sortie.

    Si de nombreux Grecs craignent cette perspective, cela ne signifie pas qu’ils sont prêts à accepter n’importe quoi. Si une Grèce dirigée par un gouvernement de gauche est poussée hors de l’eurozone, elle devra immédiatement institué un contrôle public sur le capital et le crédit afin d’éviter toute fuite des capitaux. Les institutions financières et les autres grandes entreprises devront immédiatement être nationalisées et le remboursement de la dette publique aux banques et aux institutions financières suspendu. Le gouvernement devra rendre public les livres de compte des banques et inspecter minutieusement les accords conclus avec les institutions internationales. Le gouvernement devra aussi exproprier les riches et protéger les petits investisseurs et épargnants. De cette manière, un véritable plan de relance serait de l’ordre du possible, un plan démocratiquement élaboré dans le cadre d’une planification socialiste basée sur le contrôle public des principaux secteurs de l’économie.

    Vive l’internationalisme socialiste !

    Un véritable gouvernement de gauche devra simultanément tout faire pour appeler à la solidarité du mouvement syndical du reste de l’Europe, et en particulier en Espagne, en Irlande, au Portugal et en Italie. Ensemble, ces pays ont le potentiel de construire une alternative à l’Europe du capital vers une confédération socialiste basée sur une adhésion volontaire, première étape vers une Europe socialiste.

    Pour y parvenir, nous devons renforcer les liens entre toutes les organisations de gauche et le mouvement syndical de ces divers pays. Sans une telle approche, la résistance contre l’austérité sera partiellement désarmée, et un flanc laissé au développement du nationalisme.

    Une nouvelle phase de la lutte

    Si Syriza se retrouve le plus grand parti du pays, ou s’il prend la tête d’un gouvernement de gauche, la crise ne serait toutefois pas immédiatement battue. Au contraire, cela ne marquerait que l’ouverture d’une nouvelle phase à laquelle les travailleurs et leurs familles doivent être préparés.

    Syriza doit se renforcer en organisant tous ceux, et ils sont nombreux, qui veulent combattre l’austérité. L’appel de Tsipras pour constituer un front de gauche doit se concrétiser avec l’organisation de réunions locales et nationales des partis de gauche, des syndicats, d’habitants de quartiers, d’étudiants,…

    Des comités locaux démocratiquement constitués sont la meilleure base pour se préparer à la prochaine période de lutte et assurer que suffisamment de pression existe pour qu’un gouvernement de gauche applique une politique réellement centrée sur les intérêts des travailleurs et de leurs familles.

    La classe dirigeante se sent menacé par Syriza et par la gauche. Nous devons nous saisir de cette énorme opportunité. Rester spectateur n’est pas une option.


    Leçons passées et présentes d’Amérique latine

    Nous sommes évidemment dans une autre époque, mais des similitudes existent entre la Grèce actuelle et le Chili des années 1970-73 ou encore avec le développement des régimes de gauche au Venezuela, en Bolivie ou en Argentine.

    Au début des années ’70, le Chili a connu une forte polarisation politique mais la droite et la classe dirigeante s’étaient préparées pour sortir de l’impasse. L’organisation fasciste ‘Patria y Libertad’ (une organisation paramilitaire) occupait les rues et attaquait les militants de gauche. Finalement, l’armée a organisé le coup d’Etat du 11 septembre 1973 qui a porté Pinochet au pouvoir.

    En Grèce, le potentiel du développement d’une organisation paramilitaire existe, avec ‘‘Aube Dorée’’. Cette organisation fait l’éloge de la dictature militaire grecque dite ‘‘des colonels’’ (1967-1973) et même d’Hitler. Une partie de la classe dirigeante peut tirer la conclusion qu’il n’existe pas d’alternative face à la menace de la gauche et peut être tentée de ‘rétablir l’ordre’. Cela ne sera pas le premier choix de la classe dirigeante, mais ce danger n’en est pas moins réel. La baisse du soutien d’Aube Dorée dans les sondages n’est pas synonyme de sa disparition.

    Même sans soutien massif un groupe comme Aube Dorée ou Patria y Libertad peut être une menace physique pour les minorités et le mouvement ouvrier. Aube Dorée envoie ses ‘chemises noires’ attaquer les immigrés et menace ouvertement les homosexuels (leur prochaine cible). La création de comités d’auto-défense est urgente.

    Si Syriza peut former un gouvernement avec un front de gauche, ce gouvernement peut rapidement être poussé plus encore à gauche. Ce fut le cas d’Allende au Chili en 1970 ou de Chavez (Venezuela), de Morales (Bolivie) et de Kirchner (Argentine). Un tel gouvernement peut prendre des mesures contre les capitalistes, y compris par des nationalisations. D’autre part, un gouvernement grec de gauche pourrait bientôt servir d’exemple pour l’Espagne et le Portugal, entre autres.

    Syriza et Tsipras ne parlent pas encore de socialisme, mais cela pourrait changer. Dans une interview accordée au quotidien britannique ‘‘The Guardian’’ Tsipras parle d’une guerre entre la population et le capitalisme. Chavez lui non plus ne parlait pas de socialisme à son arrivée au pouvoir. Il a été poussé à gauche par la pression populaire.

    Sous l’impact de la crise et de la lutte des classes, le soutien pour des demandes comme la nationalisation, le contrôle et la gestion ouvrière peut rapidement grandir. Des gouvernements de gauche peuvent être mis sous pression pour prendre de telles mesures, au moins partiellement. Ce fut d’ailleurs également le cas du premier gouvernement du PASOK grec en 1981. Si les partis capitalistes obtiennent une majorité pour former un gouvernement dirigé par la Nouvelle Démocratie, ce sera un gouvernement sans crédibilité, ni autorité, ni stabilité. Un tel gouvernement entrera vite en confrontation avec l’intense colère du mouvement ouvrier grec. Syriza pourra s’y renforcer. Dans une telle situation Xekinima proposera une campagne active pour la chute du gouvernement par des grèves, des occupations et des manifestations de masse.

    La croissance rapide de Syriza est un élément positif. La crise sociale et politique constitue un test, tant pour Syriza que pour toutes les autres forces politiques. Avec un programme approprié, des méthodes correctes et une bonne approche, il est possible d’avancer. Sinon, la gauche peut disparaître aussi rapidement qu’elle a avancé. Xekinima joue un rôle actif dans les discussions au sein et autour de Syriza afin de parvenir aux conclusions politiques nécessaires pour développer les luttes.

  • Irlande : le Traité fiscal européen est passé

    Une victoire à la Pyrrhus pour l’establishment, qui dévoile leur vrai visage

    Le référendum irlandais portant sur le Traité Fiscal européen a constitué un enjeu international de grande importance. Ce pacte budgétaire européen, officiellement appelé traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG), comprend une série de règles budgétaires parmi lesquelles le fait que les divers pays doivent réduire leurs déficits structurels à 0,5 % de leur PIB et la dette globale à 60 % de leur PIB. Ce traité institutionnalise l’austérité et représente une attaque très sérieuse contre les droits démocratiques en renforçant de façon importante les pouvoirs de la Commission européenne.

    Par des correspondants du Socialist Party (CIO-Irlande)

    Lors de ce référendum, le monde des affaires et les ‘‘dirigeants’’ de l’Union Européenne appuyaient le ‘‘Oui’’. A leur opposé, la classe ouvrière, en Grèce tout comme dans bien d’autres pays, espérait voir la victoire du ‘‘Non’’ en comprenant bien que la lutte contre l’austérité et le capitalisme à travers toute l’Europe se doit d’êtrer unifiée. Un ‘‘Non’’ aurait permis de donner un nouvel élan à cette lutte.

    En fin de compte, le Traité Fiscal (surnommé par nous et d’autres comme étant le Traité d’Austérité) a été adopté ce jeudi 31 mai à 60% contre 40, avec un taux de participation de 50,6 %. Ce résultat ne peut toutefois pas être interprété par le gouvernement comme étant une grande victoire ou une approbation de la politique d’austérité. Aucun enthousiasme ne se trouve derrière ce vote pour le ‘‘Oui’’. Comme un ministre l’a admis, ceux qui ont voté en faveur du traité l’ont fait avec une ‘‘réticence extrême’’. Un éditorial du Sunday Independent a d’ailleurs commenté que ‘‘loin d’être un vote de confiance envers l’Europe, ou le gouvernement, le Oui maussade que ce référendum a obtenu de la part d’une population réticente était un acte de désespoir.’’

    [box type=”shadow” align=”alignright” width=”100″]

    A lire également

    MEETINGS : Pour une alternative à l’Europe d’austérité !

    Une autre politique est-elle possible en Europe ? Nous le pensons. Fin juin, nous organisons d’ailleurs des meetings à ce sujet à Bruxelles, Anvers et Gand. Ces soirées seront d’importants échanges d’expériences, tant de Belgique que de l’étranger. Une semaine à peine après les élections grecques, nous accueillerons un orateur de Syriza qui abordera la possibilité d’une politique de gauche au pouvoir en Grèce. Nous accueillerons également Tony Mulhearn qui, dans les années ’80, a activement participé à la politique réellement socialiste menée dans cette ville. Dernièrement, il a remporté 5% aux élections locales élisant le bourgmestre de la ville.

    Bruxelles – Mercredi 20 juin, 19h30

    Meeting organisé par Alternatives à Bruxelles & ‘‘Gauches Communes’’ avec :

    • Nikos Chountis, eurodéputé de Syriza, Grèce
    • Paul Murphy, député européen du Socialist Party, Irlande
    • Charlotte Balavoine, candidate du Front de Gauche aux législatives pour la circonscription du Bénélux
    • Tony Mulhearn, Trade Union and Socialist Coalition, Angleterre
    • Un représentant d’Izquierda Unida, Espagne
    • Stephen Bouquin, de Rood!
    • Anja Deschoemacker, ‘Gauches Communes’

    [/box]

    Le Socialist Party (section du CIO en République Irlandaise) et ses représentants les plus proéminents, les députés Clare Daly et Joe Higgins ainsi que le député européen Paul Murphy, se sont battus dans une campagne très soutenue commentée par de nombreuses personnes.

    Un chantage et une intimidation sans précédent

    La campagne du ‘‘Oui’’ a entièrement reposé sur le chantage et la menace. Le texte du Traité Fiscal a été décidé l’été dernier mais, en février, un préambule a été ajouté selon lequel seuls les pays ayant accepté le Traité Fiscal seraient en mesure d’accéder aux fonds du mécanisme européen de stabilité qui doit bientôt voir le jour (MES, qui doit remplacer en juillet 2012 le Fonds européen de stabilité financière et le Mécanisme européen de stabilité financière qui avaient été mis en place suite à la crise de la zone euro). Ce MES est un nouveau de 700 milliards d’euros destiné à renflouer les spéculateurs et les banquiers et à restaurer la stabilité de l’euro au détriment de la classe ouvrière européenne.

    Cette clause de chantage soutenue par le gouvernement irlandais a été spécialement conçue pour faire de la question de l’accès à une aide financière en cas de future insolvabilité ou de faillite le thème dominant de cette campagne. Cette clause a véritablement représenté une arme pointée sur la tête des électeurs afin de les forcer à voter ‘‘Oui’’, sous la menace de sinon devoir faire face à un effondrement financier. Voilà qui en dit beaucoup sur les aspirations démocratiques de l’Union européenne ou du gouvernement irlandais.

    Avec cette menace, l’establishment a affiché son impitoyable détermination de voir le traité passer de force. Cette intimidation a eu un impact majeur en se basant sur les craintes bien réelles d’un approfondissement majeur de la crise économique. Les partisans du ‘‘Oui’’ recevront une récompense amère pour ces intimidations brutale au cours des mois et années à venir.

    Durant la campagne, la population a été menacée par l’idée que, sans source de financement et de crédit, l’année 2014 serait immédiatement marquée par une austérité catastrophique pire encore que celle que les travailleurs irlandais et leurs familles ont dû subir jusqu’à présent ; que le Budget de décembre serait également pire en cas de défaite du ‘‘Oui’’ ; que le ‘‘Oui’’ signifiait stabilité, investissements et emplois au contraire du ‘‘Non’’, etc. L’establishment a également reçu l’aide de la Commission référendaire, soi-disant indépendante.

    Une loi datant de 1994 force les médias (TV et radio) à respecté une parité à) l’occasion des campagnes référendaires. Les médias sont donc formellement tenus d’accorder une couverture identique aux deux camps dans le cadre d’une campagne pour un référendum. En dépit de cette obligation juridique, la partialité des médias a atteint des sommets qui n’avaient jusqu’alors jamais été vus.

    De nombreux présentateurs ont publiquement soutenu l’establishment et ont aidé à concentrer le débat sur la question du financement afin d’éviter toute véritable discussion sur le contenu réel du Traité Fiscal et de son impact en termes d’austérité.

    La clause de chantage sur le financement et le rôle des médias sont des facteurs centraux pour permettre de comprendre le résultat final du référendum. Ce résultat est révélateur de l’atmosphère actuelle et de l’état de conscience général des masses. La compréhension que l’austérité est mauvaise pour l’économie est générale, et le sentiment anti-austérité est général à son encontre, comme l’a d’ailleurs exprimé l’opposition à la récente taxe sur les ménages (voir notre article : Un Irlandais sur deux a refusé de payer la nouvelle taxe d’habitation). C’est parmi la classe ouvrière et parmi ceux qui sont les plus touchés par diverses réductions budgétaires, nouveaux impôts et mesures d’austérité que ce sentiment est le plus fort.

    Une réelle crainte d’un effondrement financier

    Cependant, pour des couches importantes de la population, dont la classe moyenne et certaines sections de la classe ouvrière qui s’en sortent mieux, la peur de l’austérité est surpassée par la crainte d’un potentiel effondrement financier à l’arrivée du terme de l’actuel programme de l’Union Européenne et du Fonds Monétaire International (l’Irlande, avec la Grèce et le Portugal, es passée sous la tutelle directe de ses créanciers par les plans d’ « aide » conclu avec la Troïka – la Commission européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international). Même si de très nombreuses personnes ne croient pas sérieusement en la menace que l’Union Européenne pourrait bloquer ses fonds en cas de victoire du ‘‘Non’’, ils ont malgré tout voté pour ce qu’ils considéraient comme étant l’option la moins risquée.

    La réalité, qui est que la politique d’austérité détruit l’économie irlandaise et européenne, a été quelque peu étouffée par l’intense propagande qui a défendu que ce Traité faisait partie d’un plan de relance. Le gouvernement irlandais a même essayé d’incorporer la victoire de François Hollande en France dans leur campagne afin de diffuser l’idée que l’austérité peut aller de pair avec la croissance, prétendant même que des plans de croissance importants sont en vue, une fois le traité adopté bien entendu.

    L’establishment a encore tenté de présenter l’effondrement de l’économie grecque et l’instabilité du pays comme des conséquences directes de la lutte contre l’austérité et du non respect des conditions de la troïka. Pour l’essentiel, le vote ‘‘Oui’’ est donc basé sur la combinaison d’une intense campagne d’intimidation avec des promesses de relance de l’économie.

    Mais il faut aussi mentionner l’absence de la compréhension qu’une alternative existe face à la dictature du capitalisme et des marchés et qu’il est possible d’instaurer des politiques de type socialiste. Cela a clairement freiné la confiance de la population à voter ‘‘Non’’.

    Une opposition sans cesse plus dure contre l’austérité et l’Union Européenne

    Compte tenu de l’ensemble de ces facteurs, le fait que 40 % des électeurs aient tout de même voté contre le traité est un très important et très significatif. Il s’agit d’un élément très positif quant à la détermination de larges sections de la classe ouvrière, plus particulièrement. Cela indique clairement que la campagne du ‘‘Non’’, dominée par la gauche, a eu un impact.

    Alors qu’un nombre important de personnes issues de la classe ouvrière ont voté oui, il est également exact d’affirmer que ce vote reflète une grande polarisation de classe. Seules cinq des quarante trois circonscriptions a connu une majorité contre le traité, mais il est clair que, globalement, la majorité de la classe ouvrière a voté contre. Le ‘‘Oui’’ a bénéficié de fortes majorités dans les zones qui concentrent la classe moyenne, et dans les zones rurales et agricoles. En revanche, les résultats indiquent que de nombreuses villes et districts où est concentrée la classe ouvrière, le vote ‘‘Non’’ a pu atteindre les 70 %, 80 % ou même 85 %.

    Après les élections générales de février 2011, nous avions très correctement prédis que la coalition au pouvoir, le Fine Gael et le parti travailliste, connaîtraient une importante baisse de soutien. De la même manière, le résultat de ce référendum sera ébranlé par les événements à venir. L’establishment a obtenu son ‘‘oui’’ en se basant sur l’intimidation, le chantage et de fausses promesses. Le fait même que le gouvernement ait fondé sa campagne sur la nécessité d’être en mesure d’accéder aux fonds européens dans le cas de la nécessité d’un nouveau plan de sauvetage est en soi la preuve de l’échec total de la politique d’austérité. Durant la campagne, le premier ministre Enda Kenny et d’autres ont une fois de plus promis l’arrivée d’une reprise économique, mais l’approfondissement de la crise économique et de la crise de la dette au sein de la zone euro exposeront la nature mensongère de ces promesses de la part du gouvernement.

    Kenny a également déclaré qu’un accord sera conclu avec l’Union Européenne pour réduire l’insoutenable dette du pays. A mesure qu’il deviendra clair qu’il n’y aura ni reprise économique ni réduction du chômage et que toute modification de la dette sera conditionnée à de nouvelles mesures d’austérité, l’Irlande sera ravagée par le genre d’instabilité que l’establishment essaye désespérément d’éviter.

    L’intimidation n’est pas une politique durable, elle ne pourra pas être un barrage éternel pour protéger l’establishment capitaliste. Comme l’a dit Napoléon : ‘‘on peut faire beaucoup de choses avec les baïonnettes, sauf s’assoir dessus.’’ L’aggravation de la crise économique combinée à de plus importantes mesures d’austérité et à plus d’attaques contre les droits démocratiques préparera le terrain pour une explosion de la colère, des lutte et de la radicalisation politique.

    La question du financement

    Certains commentateurs ont affirmé que puisque le résultat final du référendum correspond aux premiers sondages parus avant le début de la campagne, cette dernière n’aurait pas eu d’effet. C’est faux. L’establishment irlandais, l’Union Européenne et les médias étaient très bien préparés et ont agi de façon extrêmement coordonnée dans le cadre d’une offensive massive contre la campagne du ‘‘Non’’ avec la menace du financement du pays comme arme principale.

    Fondamentalement, ils ont utilisé leur contrôle capitaliste sur le système financier comme un levier destiner à forcer la population à accepter plus encore d’austérité capitaliste. De la même manière que le contrôle de l’eau et l’approvisionnement en eau doit être domaine du public, il n’y a aucune raison que le crédit et la fiance ne soient pas considérées comme une fonction publique essentielle plutôt que d’être laissée soumise à la soif de profits des investisseurs privés. Ce contrôle privé est utilisé pour forcer les gens à payer une forte rançon, à l’instar des usuriers. Toute contestation de ce fait conduit à des exigences pires encore. Cette course vers le bas ne peut être efficacement défiée que par le biais de la lutte pour mettre fin au contrôle du système financier.

    Les médias, en jouant sur la peur, ont utilisé leur influence pour faire passer l’idée que tous les financiers étaient prêts à immédiatement retirer leurs fonds d’Irlande. Ensuite, ils ont massivement appuyé la thèse selon laquelle il n’existait aucune crédibilité sans une solution immédiate qui soit acceptable pour les marchés financiers. Dans la première semaine et demi de la campagne, le camp du ‘‘Oui’’ et les médias ont restreint le débat sous cet angle et frappé à grands coups contre le camp du ‘‘Non’’. Ils ont alors considérablement augmenté le soutien pour voter Oui.

    Il s’agit d’une version émoussée du vieil argument antisocialiste ‘‘c’est très bien, mais d’où proviendra l’argent?’’ Cette attaque a eu plus d’effet maintenant qu’elle n’en a eu dans les années ‘70 et ‘80 en raison des problèmes économiques qui semblent plus aigus qu’à l’époque, et aussi en raison du fait que l’idée de prendre collectivement possession des richesses et des leviers du pouvoir est plus éloignée de l’esprit des gens qu’il y a quelques décennies.

    Cependant, il est évident que plus d’austérité conduira à une crise plus profonde, et il pourra y avoir un changement radical dans la manière qu’ont les gens de voir les choses, et notamment ce qui est possible et nécessaire pour riposter face à la crise. La population deviendra moins sensible aux diktats, à l’intimidation et aux manipulations, et bien plus de personnes seront ouvertes à entendre des solutions réelles et radicales. Nous avons d’ailleurs déjà pu quelque peu le constater durant la campagne, à mesure que nous répondions aux attaques de la campagne du ‘‘Oui’’ concernant l’austérité. Nous avons pu réussir à briser l’élan initial du camp du ‘‘Oui’’.

    Alors que la campagne du ‘‘Non’’ a été en mesure de saper les arguments de l’establishment, elle n’a pas été capable de réellement développer une forte impulsion derrière elle. En fin de compte, nous avons obtenu un résultat avec lequel peu de gens soutiennent, une majorité acquise pour ce qu’ils considéraient comme le moindre mal, sans enthousiasme.

    Retombées politiques

    Ce résultat n’a pas renforcé le gouvernement, qui a l’accueilli avec soulagement. Mais s’ils avaient perdu le référendum, ils auraient fortement été affaiblis. Pour faire passer le traité, ils ont fait des promesses qu’ils ne seront pas capables de tenir ; l’ébranlement du soutien au gouvernement va donc s’accélérer à mesure que la crise va persister et s’empirer.

    Le soutien pour le parti travailliste est particulièrement en déclin. Après une année au pouvoir, ils ont déjà perdu 50% de leurs votes, selon un sondage effectué il y a maintenant un peu plus d’une semaine. D’autre part, de nombreux rapports font état de l’accueil hostile qu’ils ont reçu dans les quartiers ouvriers durant la campagne. Cette pression sur et à l’intérieur du parti travailliste va certainement empirer.

    <h>Le Sinn Fein et l’United Left Alliance sortent gagnants

    Même s’ils figurent dans le camp des perdants, ceux à qui cette campagne a principalement bénéficié sont le Sinn Fein et l’United Left Alliance (une alliance large de gauche qui dispose de 5 élus au parlement, dont deux du Socialist Party), les principales forces du camp du Non. Le Sinn Fein et le Socialist Party ont tous deux bénéficié du soutien financier du groupe parlementaire européen de la Gauche Unitaire Européenne (GUE/NGL). Avec ses ressources financières massives, ses 14 députés et ses 54 conseillers locaux, le Sinn Fein avait déjà d’énormes réserves et ressources avec lesquelles faire campagne.

    Le Sinn Fein a bénéficié d’une large couverture médiatique pour le camp du ‘‘Non’’ et leur campagne a eu un impact. Ils se sont positionnés en opposition à l’austérité et ont choisi d’accentuer cela plutôt que d’attaquer sous l’angle les droits démocratiques dans une optique de souveraineté nationale ou de droits nationaux. Mais ont limité leurs critiques contre l’Union Européenne et le capitalisme, impliquant ainsi qu’un meilleur accord pouvait être tiré des négociations avec l’Union Européenne.

    De façon très ironique, le parti travailliste a riposté en expliquant que le Sinn Fein s’oppose à l’austérité en République irlandaise alors qu’ils l’imposent en Irlande du Nord. Cette belle hypocrisie a été vaine car le parti travailliste, plus que personne d’autre, ne dispose dorénavant d’aucune crédibilité pour mener ce genre d’attaque. Cela a eu peu d’effet.

    Il nous faut un nouveau parti des travailleurs !

    Le soutien au Sinn Fein a régulièrement augmenté depuis les élections législatives de l’an dernier où ils avaient obtenu 10%. Le dernier sondage leur donne maintenant 24%, soit 3% de plus que lors du précédent sondage et plus de deux fois le score du parti travailliste.

    Mais certaines parmi la classe ouvrière ne voteront jamais pour le Sinn Fein quelles que soient les circonstances. Cependant, il semble bien que le Sinn Fein sera le principal bénéficiaire de la crise politique qui concerne tous les partis traditionnels, à moins qu’une réelle alternative issue de la classe ouvrière et authentiquement à gauche puisse se développer. Au vu de la tendance actuelle, le Sinn Fein pourrait devenir le plus grand parti dans les prochains sondages.

    Les conditions peuvent-elles se développer pour le lancement d’une force de gauche réellement socialiste avant même l’explosion politique et sociale inhérente à la situation actuelle ? Pour répondre à cela, la manière dont se développera la lutte contre la ‘‘Household Tax’’ (la taxe sur les ménages) sera d’une importance cruciale.

    La campagne du Socialist Party

    Le Socialist Party est arrivé dans cette campagne en plus forte position que lors des précédents référendums européens. En 2008, pour la campagne du premier référendum sur le Traité de Lisbonne, notre camarade Joe Higgins avait joué un rôle crucial alors qu’il n’était pas encore élu député. Il a eu un impact réel sur le résultat du vote. Cette fois nous n’avions pas seulement Joe, qui a fait beaucoup d’apparitions publiques énergiques, nous avions aussi la députée Clare Daly et le parlementaire européen Paul Murphy (qui remplace Joe Higgins au parlement Européen où il a été élu en 2009 avant d’être élu au Parlement Irlandais).

    C’était la première campagne référendaire de Clare en tant que députée et il est unanimement admis qu’elle a fait une très bonne performance dans toute une série d’apparitions et de débats, dont des débats contre d’importants porte-paroles du gouvernement. Elle a eu un réel impact sur cette campagne, à l’image de son impact dans les diverses campagnes depuis son entrée au Parlement l’an dernier, aux côtés de Joe Higgins.

    Ce referendum était particulièrement important pour notre député européen Paul Murphy. Contrairement à Joe et Clare, Paul n’a jamais été candidat lors d’une élection et ne disposait pas du même parcours ni du même profil que nos autres camarades. Mais de nombreux commentateurs l’ont décrit comme l’un des plus capables représentants du camp du Non, un porte-parole parmi les plus clairs. Ils ont ainsi affirmé que sur base de sa performance et de son nouveau profil, il a grandement augmenté ses chances d’être réélu au parlement Européen en 2014.

    En mars, et à nouveau durant la campagne en mai, le Socialist Party a distribué des milliers de tracts dans chaque foyer de Dublin, au-delà des 400.000. De plus, nous avons organisé la distribution massive de plus de 50.000 tracts, dont une diffusion massive dans des communautés de la classe ouvrière cruciales à Cork. Nos membres ont été actifs dans les comtés de Meath, Kildare, Wicklow, Wexford, Waterford, Kerry, Tipperary, Clare, Laois, Offaly et dans les villes de Galway, Limerick Kilkenny et Carlow et Drogheda.

    Nos camarades se sont aussi impliqués dans les activités de la campagne contre la household tax et de l’United Left Alliance. Cependant, ce sont les affiches et les panneaux du Socialist Party qui ont le plus d’impact dans la campagne et qui ont suscité le plus de commentaires. L’Irish Times, dans sa revue de campagne de dimanche, parlait ainsi de ‘‘l’ubiquité des affiches de référendum’’ du Socialit Party. Selon le dictionnaire, ‘‘ubiquité’’ signifie ‘‘omniprésence, fait d’être partout ou dans un nombre d’endroits indéfini en même temps.’’

    Nous avons produit des milliers d’affiches en 4 versions différentes pour lancer la campagne, suivis au milieu de la campagne par 4 versions de très grands panneaux d’affichages, surtout aux centres-villes. Nous avons fini la campagne d’affichage avec des milliers de nouvelles petites affiches.

    Nos affiches, combinant contenu et graphisme frappant, l’emportaient sur les autres, en particulier avec le manque de contenu des affiches du Oui. Elles figuraient dans de nombreux journaux, reportages télé et blogs, que ce soit en Irlande ou à l’étranger, ainsi que dans les réseaux sociaux. Les affiches sont un moyen très important de faire passer un message à une échelle de masse très rapidement, et ont un impact réel.

    Nos affiches liaient l’austérité à la household tax et à la water tax (une nouvelle taxe sur l’eau). Nos panneaux d’affichages de 8 pieds sur 4 avec une photo d’Angela Merkel et la citation ‘‘Les freins à la dette seront obligatoires et valables pour toujours. Jamais vous ne pourrez les changer par une majorité parlementaire’’ et avec la phrase ‘‘le traité détruit la démocratie’’ étaient frappantes. Nos panneaux qui utilisaient l’image connue du film Les Dents de la Mer (où le requin arrive des profondeurs) pour illustrer les coupes budgétaires que le Traité implique ont provoqué beaucoup de commentaires et ont été repris sur de nombreux blogs. Un magazine de musique et d’actualités irlandais, de même que le quotidien The Guardian, ont commenté l’impact que l’une de nos petites affiches avait eu sur les réseaux sociaux. L’affiche disait ‘‘les super riches de l’UE cachent 3 milliards d’euros en cash – alors qu’il y a 25 millions de chômeurs – opposons les besoins du publics à l’avidité capitaliste – Votez Non’’ et montrait une image de Montgomery Burns enlaçant des paquets de billets.

    Household tax – deuxième tour

    Cette campagne est une très bonne plate-forme à partir de laquelle le Socialist Party et l’United Left Alliance peuvent croître et avancer dans les mois à venir.

    Dans cette période, la lutte contre la household tax va aussi certainement se relancer puisqu’il est vraisemblable que le gouvernement tente de conduire devant les tribunaux ceux qui ont refusé de payer ce nouvel impôt. 50% des foyers ne se sont toujours pas enregistrées pour le payer. Nous aurons dès lors de grandes opportunités pour mettre ce vote de côté et construire un mouvement capable de battre ce gouvernement, l’Union européenne et leur politique d’austérité.

  • Discipline budgétaire et dictature des marchés

    Face à l’échec de la politique d’austérité, encore plus d’austérité

    Partout, l’échec des politiques d’austérité est retentissant. Partout, il produit les mêmes catastrophes : chômage de masse, restrictions salariales, explosion de la misère… A cela s’ajoute le déclin de l’investissement des entreprises (qui ne manquent pourtant pas d’argent). Ces politiques ont conduit au déclin des économies de la zone euro à la fin de l’année 2011. De nombreux pays européens ont alors sombré dans la récession. Pourtant, cette logique est à la base du Traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance (TSCG), un traité d’austérité qui est une véritable arme de destruction massive dirigée contre nos droits sociaux.

    Par Nicolas Croes

    En gros, ce traité signifie plus de coupes budgétaires, plus de taxations injustes et un transfert de pouvoir vers la Commission européenne et le Conseil européen – des organes non-élus – afin de mieux imposer l’agenda d’austérité. Ce traité vise tout bonnement à rendre illégal tout gouvernement opposé au néolibéralisme et à l’austérité. Après l’imposition de gouvernements non-élus en Italie et en Grèce, il s’agit d’une nouvelle étape visant à s’affranchir de l’opposition à la politique d’austérité dans les divers pays européens, qui s’exprime dans les rues mais aussi de plus en plus dans les urnes.

    Equilibre budgétaire et réduction de la dette

    L’article 3 du Traité concerne l’imposition d’un déficit structurel maximal de 0,5% pour le budget d’un gouvernement, sauf dans le cas où la dette publique est inférieure à 60% du PIB, auquel cas ce déficit peut atteindre 1%. Le respect de cette règle exigera que chaque pays fasse des coupes profondes dans ses dépenses publiques, au point de mettre en danger l’économie toute entière. L’argument des capitalistes européens est qu’à l’instar d’un ménage, un gouvernement ne peut pas dépenser plus qu’il ne gagne. Mais les choses sont plus compliquées. Cette règle interdit par exemple que l’Etat investisse massivement dans l’économie afin de créer des emplois, ce qui est précisément une des nécessités actuelles.

    Autre problème : cette notion de ‘déficit budgétaire’ est totalement floue. Vous pouvez demander à 10 économistes différents de le calculer, et vous obtiendrez 10 valeurs différentes. Ainsi, en 2006, le Fonds Monétaire International avait estimé le déficit budgétaire irlandais à 5,4% du PIB, tandis que la Commission européenne l’avait estimé à 2,2%. En 2007, le FMI parlait par contre d’un déficit structurel de 2% en 2006… Qui donc décidera au final du chiffre à retenir ? La Commission européenne ! Selon cette institution ultra-libérale, en 2013, 18 pays (sur 25) devraient réduire leurs dépenses de 166 milliards d’euros. De plus, c’est à cette même Commission de définir les moyens nécessaires pour atteindre l’équilibre. Nous pouvons donc être certains que ce ne sera pas en s’en prenant aux riches, mais en attaquant les conditions de vie de la population et les services publics.

    L’article 4 du Traité concerne la réduction de la dette publique. Pour les pays dont la dette dépasse les 60% du PIB (en sachant que la moyenne de l’eurozone est de 85%), il faudra réduire l’excédent d’un vingtième par an. Pour la zone euro, en se basant sur une croissance économique nulle, cela équivaudrait à une réduction totale de la dette de 2.300 milliards d’euros, soit 115 milliards chaque année.

    Ces deux articles suffisent clairement à démontrer que ce traité est entièrement favorable aux actionnaires, aux spéculateurs et aux créanciers et donnera un caractère permanent à l’austérité. C’est non seulement anti-démocratique, car cela interdit de mener une autre politique économique, mais c’est aussi une très mauvaise recette du point de vue des travailleurs, et pas seulement. Ce traité suinte la vision à court terme de l’économie capitaliste, basée sur la recherche du profit maximal le plus vite possible, sans considération pour l’avenir proche. Il semble bien que les partis de l’establishment soient tellement idéologiquement liés au néolibéralisme qu’ils ne voient pas l’impact dévastateur que ce traité aura, y compris pour les capitalistes eux-mêmes.

    Une attaque contre la démocratie

    Ce traité est à considérer dans le cadre plus large des attaques contre les droits démocratiques de base auxquelles nous avons assisté avec le développement de la crise économique. L’Union européenne est déjà en soi une institution antidémocratique, ce n’est même pas une démocratie parlementaire. Le pouvoir y est dans les faits concentré dans la Commission européenne et le Conseil européen. Cependant, même le peu de ‘‘démocratie’’ qui existe au sein de l’Union a été miné à mesure du développement de la crise économique. Ainsi, fin 2011, 6 mesures ont été adoptées (connues sous le terme de six-pack) qui ont transféré d’importants pouvoirs de décision des gouvernements élus vers la Commission européenne non-élue, tandis que la prise de décision a été modifiée au sein du Conseil européen afin de rendre les sanctions punitives quasiment automatiques en cas de non-respect des dictats néolibéraux.

    Un des droits démocratiques de base est que la population ait la possibilité de choisir l’une ou l’autre orientation économique. L’Union Européenne s’avance maintenant vers une situation où l’on pourra élire n’importe quel type de gouvernement, pourvu qu’il soit néolibéral, un peu à la manière de la phrase de Ford disant ‘‘vous pouvez avoir n’importe quelle couleur de voiture, pour autant que cela soit le noir’’. Le néolibéralisme n’est plus posé comme un choix d’orientation économique, il s’agit d’une obligation. C’est cette logique qui est derrière le renvoi de gouvernements élus en Grèce et en Italie et leur remplacement par des gouvernements de banquiers.

    L’article 5 du Traité prévoit ainsi un mécanisme permettant de placer un pays directement sous administration, c’est-à-dire que son gouvernement ne serait plus en mesure de déterminer lui-même son budget ou sa politique économique (pour l’instant, pas moins de 23 pays hors des 27 que comprend l’Union Européenne sont exposés à cette tutelle selon les termes du traité). L’article 7 prévoit encore de créer une sorte de club de l’austérité constitué de quelques pays qui appuieront les propositions de la Commission européenne en termes de sanctions (amendes,…), ce qui garantit la dictature de cette commission.

    Ce traité est-il une réponse à la crise ?

    Non. Toutes les données indiquent ce traité n’aurait en aucun cas empêché l’Irlande, la Grèce ou le Portugal d’entrer en profonde récession. En 2007 par exemple, l’Irlande avait une dette publique inférieure à 60% de son PIB et le budget du gouvernement était en excédent. C’était très largement le cas de l’Espagne et du Portugal également. En fait, l’argument selon lequel ce traité serait une solution face à la crise fait partie d’une tentative plus générale de réécrire l’histoire.

    A la chute de la banque Lehman Brothers en 2008, même les politiciens les plus à droite ont bien été forcés de critiquer le ‘‘capitalisme-casino’’. On parlait alors de la nécessité d’instaurer une stricte régulation du secteur bancaire. Aujourd’hui, l’establishment politique et économique tente de faire croire que la crise provient de dépenses publiques irresponsables. Mais la dette publique faramineuse que l’on rencontre dans la plupart des Etat est directement issue du sauvetage des banques et de la nationalisation de dettes privées monumentales ! Le taux élevé des dettes publiques est donc une conséquence de la crise et non sa cause. En bref, la ‘‘solution’’ proposée par ce traité est un remède qui répond à un très mauvais diagnostic.

    Il suffit de l’accord de 12 gouvernements pour que cette offensive coordonnée contre nos acquis sociaux et démocratiques devienne réalité. Nous n’avons rien à attendre des politiciens capitalistes, comme leurs discussions au sujet d’une politique de croissance le clarifient : de grandes phrases pour de faibles mesures, sans fondamentalement remettre en question la poursuite de l’austérité. Il nous faudra riposter dans la rue et sur les lieux de travail. Le mieux serait d’ailleurs d’organiser une journée de grève générale à l’échelle européenne, ce qui serait une excellente arme, mais aussi une très bonne réponse contre le développement du nationalisme face au rejet qu’inspire l’Union Européenne. Au travers de cette lutte, les travailleurs européens comprendront de plus en plus clairement que le capitalisme ne peut plus rien leur offrir d’autre que l’austérité à perpétuité. Et ils ressentiront de plus en plus la nécessité d’une politique alternative et socialiste à travers l’Europe.

  • Solidarité avec les travailleurs grecs !

    «Nous sommes confiants par rapport aux élections grecques du 17 juin. Le 6 mai, les Grecs ont voté contre le système. Maintenant, ils ont peur.» C’est ce qu’un dirigeant européen a déclaré, sous le couvert d’anonymat, dans les pages du Soir du 25 mai dernier. Propager l’angoisse, c’est tout ce qu’il reste aux classes dirigeantes européennes pour s’assurer de disposer encore d’une certaine base sociale. Pour maintenir leur poigne de fer sur l’économie et imposer l’austérité, elles sont prêtes à tout, du chantage à l’imposition de gouvernements non-élus directement aux ordres de la dictature des marchés.

    En Belgique comme dans chaque pays d’Europe, des millions de travailleurs, de chômeurs, de pensionnés et de pauvres suivent avec attention les développements qui prennent place en Grèce. Une part de cet intérêt s’explique par la crainte des conséquences qu’un approfondissement de la crise de l’eurozone pourrait avoir sur notre pays, mais un autre élément, de grande importance, est constitué par le véritable défi lancé par la population grecque à la troïka (Fonds Monétaire International, Banque Centrale Européenne, Union Européenne).

    Pas moins de 17 grèves générales ont ébranlé la Grèce ces deux dernières années, en riposte au gigantesque appauvrissement collectif qui était imposé au peuple. Cette colère de la classe ouvrière et de la classe moyenne grecque s’est également exprimée dans les urnes, sous forme de séisme politique pour les partis traditionnels (le Pasok et la Nouvelle Démocratie). La coalition de gauche radicale Syriza a été le plus grand bénéficiaire de cette atmosphère anti-austérité, et est passée de 4,6% à 16.78%.

    Depuis lors, Syriza a refusé avec raison de rejoindre une coalition gouvernementale destinée à appliquer la politique d’austérité contre une population innocente, réclamant au contraire la constitution d’un gouvernement de gauche pour faire payer les vrais responsables de la crise : banquiers, grands patrons et spéculateurs. Certains sondages l’ont depuis crédité de 28%. Cela, ainsi que le succès du Front de Gauche en France, exprime le potentiel dont peut disposer une politique de gauche clairement opposée aux coupes budgétaires et déterminée à s’en prendre à l’élite capitaliste parasitaire.

    Les classes capitalistes européennes tentent de faire pression sur la classe ouvrière grecque pour qu’elle vote ‘‘comme il faut’’ le 17 juin prochain. Toute alternative à la politique dominante serait ainsi une erreur lourde de conséquences. C’est un refrain que nous connaissons bien en Belgique également, à un moindre niveau, avec le bouclier du ‘‘moindre mal’’ auquel recourt le PS à chaque fois qu’il est placé devant ses responsabilités et les conséquences de sa politique antisociale, ou encore avec l’instrumentalisation des discussions communautaires.

    Nous devons être solidaires des luttes des travailleurs de Grèce et d’ailleurs, mais aussi nous inspirer de leur combat pour en tirer les leçons en Belgique. Notre pays n’est pas une île, l’austérité a déjà frappé, et elle frappera encore, comme l’illustrent ces 27.000 personnes qui seront exclues des allocations de chômages d’ici 2015.

    Dans ce cadre, nous avons besoin d’un plan de lutte syndical destiné à repousser chaque attaque et à partir à l’offensive pour réclamer toutes ces richesses que nous produisons par notre travail et qui nous sont volées. Il nous faut aussi nous diriger dès à présent vers la construction de notre propre prolongement politique.

    Enfin, notre lutte ne peut être qu’internationale. Les rencontres entre le dirigeant de Syriza et ceux du Front de Gauche en France et de Die Linke en Allemagne étaient une bonne initiative pour commencer à contrer le repli nationaliste, mais il nous faut aller plus loin. Imaginons quelle inspiration donnerait une journée de grève générale européenne pour les formations de gauche et pour la base syndicale !

    Ils cherchent à nous faire peur, mais leurs menaces ne sont que des gesticulations pour tenter de dissimuler leur propre panique. Le fait que Mario Draghi parle pour la première fois d’une mutualisation de la dette prouve qu’une partie importante de la classe dirigeante est en train de reculer par peur des conséquences d’un embrasement social et d’un éclatement de la zone euro. Mais cette concession, si elle prend forme, arrivera un peu tard, et ne règlera pas tout. En fait, la classe dirigeante n’a aucune solution pour sortir leur système de la crise. A nous d’avoir l’audace de réclamer notre avenir avec la société que nous méritons, une société où l’économie fonctionnera pour le bien-être de tous et non plus seulement pour une infime minorité de requins capitalistes.


    MEETINGS : Pour une alternative à l’austérité en Europe socialiste !

    Une autre politique est-elle possible en Europe ? Nous le pensons. Fin juin, nous organisons d’ailleurs des meetings à ce sujet à Bruxelles, Anvers et Gand. Ces soirées seront d’importants échanges d’expériences, tant de Belgique que de l’étranger. Une semaine à peine après les élections grecques, nous accueillerons un orateur de Syriza qui abordera la possibilité d’une politique de gauche au pouvoir en Grèce. Nous accueillerons également Tony Mulhearn qui, dans les années ’80, a activement participé à la politique réellement socialiste menée dans cette ville. Dernièrement, il a remporté 5% aux élections locales élisant le bourgmestre de la ville.

    Bruxelles Mercredi 20 juin, 19h30: Meeting organisé par Alternatives à Bruxelles & ‘‘Reprenons nos Communes’’ avec Paul Murphy (député européen membre du Socialist Party irlandais), Tony Mulhearn (TUSC, Angleterre), Charlotte Balavoine (Front de Gauche, France), Marisa Matias (eurodéputée du Bloc de Gauche au Portugal), Anja Deschoemacker (‘Reprenons nos communes’), Stephen Bouquin (Rood!) et un représentant de Syriza (Grèce). Au Garcia Lorca, Rue Volders 47/49, 1000 Bruxelles (métro Anneessens)

    Anvers Jeudi 21 juin, 20h : Meeting avec Erik De Bruyn (Rood!), Tony Mulhearn et un orateur de Syriza. Salle Elcker-Ik (Breughelstraat 31- 33, 2018 Anvers).

    Gand Samedi 23 juin, 18h : Fête de Rood! Dans le bâtiment de la FGTB Ons Huis (Meersenierstraat, Vrijdagmarkt) avec Tony Mulhearn, un orateur de Syriza, Erik De Bruyn et Bart Vandersteene (tête de liste de Rood! à Gand).

    A lire également

0
    0
    Your Cart
    Your cart is emptyReturn to Shop