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Egypte : Protestations massives pour la chute de Morsi
Non à l’intervention des généraux, pour un gouvernement des travailleurs!
Le premier anniversaire du règne du président égyptien Mohammed Morsi a été marqué par des manifestations dont l’ampleur a dépassé celles qui avaient conduit à la chute du dictateur Hosni Moubarak en janvier 2011. Selon des sources des ministères de la Défense et de l’Intérieur, entre 14 et 17 millions de personnes ont manifesté dans tout le pays ce dimanche 30 juin!
David Johnson, Socialist Party (CIO-Angleterre et Pays de Galles)
22 millions de signatures ont été collectées pour une pétition (avec vérification ID) exigeant le départ de Morsi. Il s’agit de plus d’un quart de la population égyptienne, un nombre également supérieur aux 13,2 votes qu’il avait reçu au second tour des élections présidentielles qu’il avait remportées en 2012 ! De grandes foules de manifestants sont restées sur les places du Caire, d’Alexandrie et d’ailleurs toute la nuit durant tandis qu’une nouvelle journée de mobilisation a été convoquée pour le 3 juillet. Les locaux des Frères Musulmans ont aussi été attaqués et des manifestants ont été tués par des tirs à l’intérieur des bâtiments. Ces manifestations gigantesques représentent une nouvelle étape dans la révolution mais, tout comme nous avons pu le constater ces dernières années, l’absence d’un mouvement socialiste conséquent ouvre la voie à la récupération de cette situation par d’autres forces que celles défendant les intérêts des travailleurs et des pauvres.
Les raisons de la colère ressentie contre le régime du gouvernement Morsi dominé par les Frères Musulmans sont nombreuses. Les conducteurs doivent faire des files de jusqu’à 7 heures pour enfin avoir de l’essence, de nombreuses régions connaissent des coupures de courant de plus de dix heures et la valeur de la Livre égyptienne a chuté de 20%, ce qui a fait augmenter les prix bien plus vite que le taux d’inflation officiel qui est maintenant de 8,2% sur base annuelle. Le chômage reste très grand alors que la croissance économique s’est ralentie avec la baisse du tourisme et des investissements étrangers. Le taux d’occupation des Hôtels est de 15% seulement au Caire et est même sous les 5% à Louxor. Seules les installations autour de la Mer Rouge sont réellement en activité.
la politique de Moubarak se poursuit, mais la contestation ne fait que croître
Toute la politique du dictateur déchu a été endossée par le gouvernement Morsi. Des hommes d’affaire accusés de corruption sous le régime de Moubarak ont été relaxés. La Business Development Association, fondée par un dirigeant des Frères Musulmans, Hassan Malek, réunit de proéminents capitalistes afin d’influencer la politique du gouvernement de la même manière que l’avait fait en son temps le fils de Moubarak, Gamal. De nombreuses personnes craignent de voir apparaître un nouvel Etat clientéliste sous la poigne des Frères Musulmans et sont profondément en colère contre les salaires des membres des Frères Musulmans occupant des postes publics (gouverneurs,…) ou aux postes dirigeants de la Fédération syndicale égyptienne. Des journalistes ont été physiquement attaqués pour avoir couvert des manifestations de protestation et certains d’entre eux – connus pour leurs critiques à l’encontre des Frères Musulmans – ont perdu leur emploi dans les médias publics. Des comédiens ont aussi été arrêtés pour avoir ‘‘insulté le président’’. Même les chanteurs et musiciens de l’Opéra du Caire sont entrés en grève en solidarité avec leur directeur après qu’il ait été renvoyé par le Ministre de la Culture en mai.
Selon les données de L’International Development Centre (IDC), les protestations avaient atteint ces derniers temps un niveau continuellement élevé. Au cours de la dernière année du règne de Moubarak, la moyenne était de 176 actions de protestation par mois alors que la moyenne actuelle pour 2013 est de… 1.140 par mois ! Au total, il y a eu 9.427 actions de protestation Durant la première année du mandat présidentiel de Morsi. La moitié de ces actions étaient des protestations ouvrières, avec notamment 1013 grèves et 811 sit-in. Il y a eu 500 manifestations et 150 blocages routiers.
Ceux qui espéraient que la chute de Moubarak allait marquer l’ouverture d’une ère de droits démocratiques en ont été pour leurs frais. Le régime de Morsi a adopté des mesures très répressives. Les travailleurs ne reçoivent pas un traitement identique à celui des hommes d’affaires qui se sont enrichis sous Moubarak… Ainsi, le Ministre de l’Aviation a encore récemment renvoyé quinze travailleurs de l’aéroport du Caire après que ces derniers aient pris part à une grève. Cinq dockers de la société Alexandria Port Containers ont été condamnés à trois ans de prison pour avoir dirigé une grève en octobre 2011. Ils sont toutefois parvenus à faire annuler cette décision en appel. Le 26 juin, Morsi avait annoncé l’adoption de nouvelles mesures destinées à faire face à la ‘‘brutalité’’ et au ‘‘terrorisme’’, notamment contre les barrages routiers. Il s’agissait là d’une menace à peine voilée contre les travailleurs entrant en action pour défendre leur niveau de vie.
Les manifestations du 30 juin
Un nouveau groupe, Tamarod (Rebelle), a été lancé en avril derniers par d’anciens membres de Kefaya, le groupe qui avait organisé des manifestations pour les droits démocratiques sous Moubarak. L’objectif que s’était fixé le nouveau collectif était de parvenir à réunir 15 millions de signatures sur une pétition réclamant la démission de Morsi, un objectif dépassé. Cette pétition est principalement axée sur les questions brûlantes des droits démocratiques et de la situation sociale et économique. Le texte déclare notamment qu’il n’existe aucune justice pour les victimes des forces de sécurité décédées au cours du soulèvement anti-Moubarak, que les ‘‘pauvres n’ont pas de place dans la société’’, que l’économie s’est ‘‘effondrée’’ à tel point que le gouvernement est obligé d’aller ‘‘mendier’’ auprès du FMI et que le régime de Morsi est condamné pour avoir ‘‘suivi les traces des Etats-Unis’’. En quelques semaines, cette campagne de pétition a rassemblé 6.000 volontaires et plus de 100.000 fans sur Facebook. Beaucoup de mouvements politiques d’opposition ont soutenu cette campagne, dont le Mouvement de la Jeunesse du 6 Avril, le Parti de la Constitution libéral, le Parti de l’Alliance Populaire Socialiste et le Parti Egypte Forte, fondé par l’ancienne figure de proue des Frères Musulmans Abdel-Moneim Aboul-Fotouh, qui s’était opposé à Morsi à l’occasion des élections présidentielles.
Leur but est ‘‘d’éviter de reproduire les erreurs de la période écoulée et de poursuivre sur la voie de la révolution du 25 janvier’’, selon le co-fondateur de Tamarod, Mohamed Abdel Aziz. Les organisateurs avaient aussi déclaré avant le 30 juin qu’il ‘‘n’y aura pas de drapeaux ou de banderoles aux manifestations à l’exception de drapeaux égyptiens, de photos de martyrs, à commencer par les martyrs de la révolution du 25 janvier.’’
Il faut un parti de masse des travailleurs
Cette approche antiparti est à considérer comme une réflexion des déceptions éprouvées face aux dizaines de partis qui ont émergé après la chute de Moubarak. La plupart de ceux-ci se sont limités à plaider pour l’instauration d’une sorte de démocratie capitaliste tout en laissant les véritables maîtres de l’Égypte en place – les capitalistes et les généraux. L’enthousiasme des dirigeants de ces partis pour l’obtention de postes grassement rémunérés n’a pas inspiré de confiance aux travailleurs et aux pauvres.
D’autre part, certains à gauche (comme les Revolutionnary Socialists) ont semé la confusion en soutenant en juin 2012 la candidature de Morsi contre celle d’Ahmed Shafiq, qui représentant l’aile pro-Moubarak. L’élément le plus crucial dans la situation actuelle est le développement de l’action et de l’organisation indépendantes de la classe des travailleurs et des pauvres. Ces derniers ont besoin de disposer de leur propre parti de masse pour défendre leurs intérêts et leurs droits démocratiques.
Tamarod appelle Morsi à démissionner pour être remplacé par un Premier ministre indépendant pour une durée de six mois qui ‘‘dirigerait un gouvernement technocratique dont la mission principale serait de mettre sur pied un plan économique d’urgence afin de sauver l’économie égyptienne et de développer des politiques de justice sociale.’’ Mais ‘‘sauver l’économie (capitaliste) égyptienne’’ signifie très clairement de lancer plus d’attaques contre les travailleurs et les pauvres avec la suppression des subsides à l’alimentation et de nouvelles privatisations destinées à satisfaire le Fonds Monétaire International. Tout cela est à l’opposé des revendications qui avaient émergé en janvier 2011 et qui étaient basées sur le pain, la liberté et la justice sociale.
Ce dont les travailleurs et les pauvres ont besoin, c’est d’un salaire minimum décent, d’une semaine de travail plus courte (sans perte de salaire et avec embauches compensatoires), d’un logement abordable et de qualité, d’un enseignement gratuit et de qualité, d’un programme de construction d’hôpitaux et d’autres infrastructures, de transports en commun gratuits,… Tout cela créerait une masse d’emplois. Ces revendications socialistes combinées à un programme de défense des droits démocratiques pourraient obtenir un soutien massif pour autant qu’elles soient défendues par un parti des travailleurs construits avec et autour des syndicalistes combatifs.
Sans un tel programme, les dirigeants des Frères Musulmans pourront continuer à s’appuyer sur la couche conservatrice qui existe au sein des masses pauvres, surtout dans les campagnes. Tout comme Erdogan en Turquie a réussi à mobiliser un nombre important de partisans, de grandes manifestations ont eu lieu en soutien à Morsi, avec environ 100.000 personnes au Caire le 21 juin. Peu de rapports font par contre état de mobilisations en sa faveur le dimanche 30 juin. Seul un programme clairement socialiste défendant unilatéralement les intérêts des travailleurs et des pauvres tout en exposant au grand jour les intérêts capitalistes de certains dirigeants de premier plan des Frères Musulmans pourrait diviser la base de soutien du Président Morsi.
Un coup d’Etat militaire ?
Le général Abdul Fattah Al-Sisi, commandant en chef des forces armées et ministre de la Défense a déclaré le 23 juin que l’armée pourrait intervenir afin de prévenir le pays de sombrer dans le ‘‘sombre tunnel de la criminalité, de la trahison, des luttes sectaires et de l’effondrement des institutions d’Etat.”
Ce que les généraux et toute la classe dirigeante craignent le plus, c’est l’action de masse indépendante de la classe ouvrière et de la jeunesse, ce qui pourrait menacer leurs intérêts. En outre, des éléments liés à l’ancien régime de Moubarak cherchent à défendre leurs intérêts propres, de même que l’impérialisme américain. Les généraux ne semblent toutefois pas encore confiants de suivre la voie d’une répression militaire directe. Pour le moment, ils tentent encore de se présenter comme des ‘‘arbitres’’ qui veulent forger un gouvernement ‘‘d’unité nationale’’.
Certains dirigeants de Tamarod suggèrent qu’ils soutiendraient l’armée si elle voulait reprendre le pouvoir en main. Il s’agit d’une position très dangereuse, illustrée notamment par les propos tenus par Mahmoud Badr, un porte-parole de Tamarod, qui a salué la déclaration des chefs militaires en ce sens. De même, la foule réunie place Tahrir aurait applaudi en entendant ces nouvelles, en scandant ‘‘L’armée et le peuple sont main dans la main.’’
Il semble possible que, dans les coulisses, le gouvernement américain ait changé son fusil d’épaule et décidé de plutôt considérer l’armée comme le meilleur moyen de stabiliser le pays et son économie capitaliste. Dix ministres du gouvernement ont démissionné le 1er juillet, suggérant que Morsi pourrait rester plus longtemps. Ce dernier tente d’éloigner les critiques des Frères Musulmans et accuse ses ‘‘anciens collaborateurs’’ du régime déchu de Moubarak. Le 2 juillet, il a rejeté les conditions de l’armée.
A ce stade, la plupart des officiers supérieurs ne veulent pas prendre la responsabilité directe du gouvernement. Cependant, sans aucun doute, certains militaires et membres des forces de sécurité aspirent à reprendre le pouvoir qu’ils ont exercé pendant si longtemps sous le règne de Moubarak. Les forces armées contrôlent des pans entiers de l’économie, des officiers supérieurs ont réussi à faire fortune grâce à ce contrôle. Ils désirent disposer de la stabilité économique et politique tout autant que d’autres hommes d’affaires capitalistes afin de poursuivre à amasser de l’argent.
Il y a dix-huit mois encore, le gouvernement militaire tirait sur les manifestants au Caire. Tout gouvernement – islamique ou laïc, civil ou militaire – basé sur la défense du système capitaliste va s’en prendre aux intérêts de la majorité des Egyptiens.
La menace sectaire
L’absence d’un programme capable de répondre aux besoins quotidiens des masses de la part de Tamarod ou de tout autre parti majeur laisse un vide dangereux dans lequel le poison du sectarisme pourrait exploser.
Les chrétiens coptes se sont sentis menacés par le programme d’islamisation des Frères Musulmans et par les attaques contre des églises. Morsi et les Frères Musulmans se sont alignés sur l’Arabie saoudite réactionnaire et sur les cheikhs du Golfe et soutiennent l’opposition sunnite au régime d’Assad en Syrie. Mais il y a trois millions de musulmans chiites en Egypte. Des extrémistes religieux salafistes s’en sont pris aux chiites, un parlementaire déclarant qu’ils étaient ‘‘plus dangereux que des femmes nues’’ et constituaient une menace pour la sécurité nationale. Dans cette atmosphère sectaire, une foule de 3000 personnes a attaqué des maisons de chiites dans le village de Zawyat Abu Musulam le 23 juin. Quatre hommes avaient été traînés hors de leurs maisons pour être tués.
Pour un gouvernement des travailleurs et une démocratie socialiste
Les véritables socialistes et les syndicalistes peuvent construire des mouvements qui permettraient de surmonter les divisions sectaires avec un programme de solidarité de classe contre l’ennemi commun capitaliste, qu’il soit impérialiste ou égyptien.
Les luttes de masse initiées par le début de la révolution en 2011 sont toujours en cours. De nombreux syndicats indépendants ont surgi dans tout le pays. Morsi a lui-même attiré l’attention sur les 4.900 grèves enregistrées au cours de ces 12 derniers mois. Une grève générale peut réunir tous les opprimés de la société et jouir d’un grand soutien de la part de la classe moyenne. Mais une grève générale ne doit pas servir à renverser un dictateur pour qu’il soit remplacé par un autre, qu’il soit général, homme d’affaires ou politicien capitaliste.
Des comités de grève élus démocratiquement et des comités d’action de masse doivent être construits dans chaque grande entreprise et chaque collectivité locale pour discuter de l’élaboration d’un programme et d’un plan d’action orienté vers le renversement révolutionnaire du régime. Ils pourraient être reliés aux niveaux local et national, posant ainsi les bases d’un gouvernement de représentants des travailleurs et des pauvres.
Un appel lancé aux travailleurs de la région pour prendre des mesures similaires contre la pauvreté, le sectarisme et la répression pourrait bénéficier d’un très large écho et aider à construire un mouvement pour le socialisme dans tout le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.
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Violence fasciste mortelle à Paris
Suite aux mobilisations organisées par les réactionnaires français contre le mariage homosexuel au cours de ces derniers mois, l’extrême-droite est passée à l’offensive, de façon violente. Un jeune antifasciste vient d’en être brutalement victime, jusqu’à en mourir. Ce 5 juin, Clement Meric, un militant étudiant antifasciste, a été assassiné en pleine rue par des skinheads néo-fascistes. Il faut riposter contre cette violence néofasciste de la manière la plus appropriée : par une mobilisation de masse qui instaure une pression sur chaque tentative de l’extrême-droite d’aller de l’avant.
Ces derniers mois ont été marqués par quelques grandes manifestations opposées au mariage homosexuel. La droite réactionnaire a pu à cette occasion clairement démontrer qu’elle demeure toujours une force mobilisatrice tandis que l’ampleur de ces événements a renforcé la confiance de l’extrême-droite. Par ailleurs, le Front national de Marine Le Pen a pu jouer sur le mécontentement croissant éprouvé dans la population face aux politiques antisociales désastreuses de François Hollande au cours de toute l’année dernière, sur fond de perspectives économiques peu réjouissantes.
Des groupes d’extrême-droite violents se sont sentis encouragés par ces développements, et certains militants néofascistes ont été plus audacieux. C’est ce qui a conduit à la mort du jeune antifasciste Clément Meric, battu à mort en pleine journée à Paris par un groupe de skinheads. Le principal accusé de ce crime est connu en tant que membre des Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires (JNR), une organisation dirigée par Serge Ayoub, individu qui est déjà venu à plusieurs reprises en Belgique dans le cadre des activités de groupuscules néonazis belges tels que Nation.
Serge Ayoub a d’abord tenté de nier que les meurtriers étaient militants des JNR, pour ensuite adopter une approche différente en disant que les jeunes militants de gauche avaient commencé. Sur le site belge rechtsactueel.com, qui est animé par un employé du Vlaams Belang, on tente aussi de cadrer les choses dans "un autre contexte" en affirmant que les militants d’extrême-droite n’avaient rien provoqué et qu’ils n’en pouvaient rien si le jeune Clément avait fait une "chute accidentelle". Chez Nation, on dit aussi qu’il s’agissait d’une provocation de la part de militants de gauche tout en rajoutant que l’incident est une affaire purement personnelle, une "bagarre générale qui a mal tournée et non pas d’une agression préméditée d’un groupe contre un individu". La version de Serge Ayoub est donc défendue en Belgique tant par Nation que par rechtsactueel.com. Une nouvelle recrute de Nation, Kris Roman, a par contre déclaré hier sur Facebook: "Les antifas détournent les choses. (…) Si les antifas continuent à harceler les gens, d’autres "momies de gauche" suivront." La déclaration officielle de Nation sur les "provocations" de gauche s’accompagne donc de l’approbation officieuse de cette violence par ses militants.
Les Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires (JNR) de Serge Ayoub ne constituent pas un club innocent. Serge Ayoub a pour surnom "Batskin" parce qu’il apprécie utiliser une batte de baseball dans des affrontements avec ses opposants politiques. Ce groupe tente de combiner une violence d’extrême-droite avec une rhétorique "sociale". Tout comme pour les autres groupes qui se réclament du "solidarisme", cet aspect social reste toutefois limité à la rhétorique, contrairement aux actes de violence et au racisme. Le parti grec Aube Dorée ne dirige par exemple pas son activité contre les responsables de la crise – les grands armateurs et les autres capitalistes grecs – mais contre les victimes de la crise qui ont une autre couleur de peau ou une autre opinion politique.
Cette année, les JNR ont été à l’initiative d’une manifestation "contre l’impérialisme", selon leurs propres termes, qui a rassemblé environ 800 participants. Cette mobilisation était soutenue dans notre pays par Nation et les Autonome Nationalisten (Nationalistes Autonomes, un groupuscule néerlandophone). Les manifestants y avaient notamment déclaré leur soutien au dictateur syrien Bachar al-Assad. A la fin de l’événement, outre Serge Ayoub, Hervé Van Laethem, de Nation, était orateur. Le 1er mai de cette année, Serge Ayoub est encore venu à Bruxelles pour participer à la manifestation de Nation.
La mort du jeune antifasciste a conduit à la tenue d’actions de protestations et de manifestations. Ce jeudi, il y avait notamment une grande manifestation de deuil et de colère. Des politiciens ont fait valoir qu’ils sont en faveur de l’interdiction des groupes néo-nazis. Nous ne sommes évidemment pas en faveur de laisser aux néo-nazis les possibilités de se construire, mais une interdiction sera insuffisante pour les arrêter. Nous avons besoin d’une riposte active de la part du mouvement des travailleurs.
Seule la mobilisation et la résistance antifasciste est de nature à briser la confiance des groupes néo-fascistes violents. Leur violence n’est pas soutenue par les couches larges de la population. En répondant à leurs mobilisations et à leurs réunions par des mobilisations plus grandes encore, on peut leur rendre particulièrement difficile de s’organiser, ce qui est nécessaire pour les empêcher de franchir des étapes suivantes dans leur offensive violente.
Face aux mobilisations qui renforcent les divisions – comme les actions homophobes – et contre l’extrême droite qui instrumentalise la colère ressentie contre la politique d’austérité, nous avons également besoin d’une réponse politique qui prenne à cœur la défense des intérêts des travailleurs et de leurs familles. Les partis établis et leur politique de casse sociale assurent que le terrain soit fertile pour le racisme et la division, ce sur quoi se basent les groupes violents. Aucune véritable réponse à l’extrême droite n’est à attendre de leur part. Nous avons à construire nous-mêmes ce relais politique. Le potentiel de lutte contre les politiques d’austérité sur le plan syndical et le plan politique est bien présent, le saisir pleinement est tout l’enjeu actuel des antifascistes et du mouvement des travailleurs en général.
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Extrême-droite : l’approche violente fait son chemin
Du côté néerlandophone, le Vlaams Belang s’est pris quelques claques à l’occasion des communales. Mais le danger que représente l’extrême droite n’est pas derrière nous, ce qu’illustre le repositionnement des jeunes du VB. Le succès remporté par les néonazis d’Aube Dorée en Grèce fait des envieux. Parmi les étudiants et l’organisation de jeunesse du Vlaams Belang on trouve notamment des militants du groupe N-SA (Nouvelle alternative solidariste), des néonazis lié au groupuscule Nation du côté francophone.
Par Geert Cool
La N-SA essaie de gagner du terrain alors que la direction du Vlaams Belang est encore dans les cordes suite à sa lourde défaite électorale. Le NSV (l’organisation étudiante officieuse du VB) a élu à sa direction un membre de la N-SA, mais ça n’a pas duré longtemps. Il avait osé remettre en question la manifestation annuelle du NSV et même l’IJzerwake, le meeting de l’extrême-droite qui se déroule chaque année à l’Yser pendant l’été. Mais divers militants de la N-SA sont actifs dans le NSV et les Vlaams Belang Jongeren. Cela a exemple été illustré lors du ‘débat’ du NSV organisé à Anvers le 22 novembre consacré à la situation en Israël – Palestine. Un orateur du Vlaams Belang et un orateur de la N-SA s’opposaient, l’un avec la haine de l’islam, l’autre avec une haine encore plus grande pour les juifs. Pour la N-SA, l’antisémitisme est plus fort que l’islamophobie.
Ses membres ont même participé à une action organisée contre le massacre commis par l’armée israélienne à Gaza. Cette action était à l’initiative d’Intal. Le mouvement anti-impérialiste doit fermement s’opposer à chaque tentative de ces néo-nazis d’être présent.
La N-SA n’a pas de problème avec la violence. Son dirigeant avait ainsi commenté la violence dont ont été victimes les militantes françaises du mouvement Femen qui s’opposaient à une marche de l’extrême droite contre le mariage des homosexuels. Ces militantes se sont faites tabassées et Kris Roman a déclaré sur Facebook : ‘‘A Paris, les gonzesses moches ont reçu quelques claques sur leurs gueules. C’est ce qu’il faut faire avec toutes les chiennes occidentales de gauche.’’ Voilà le ton qui règne dans ces milieux…
Aube Dorée a donc déjà quelques disciples chez nous. La seule façon de bloquer leur progression est d’organiser la résistance. En mars 2013, nous organiserons une nouvelle manifestation antifasciste contre le NSV, à Anvers cette fois-ci. C’est l’occasion de manifester contre les sympathisants belges d’Aube Dorée. Rejoignez notre campagne !
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Appel des Syndicalistes CONTRE le Fascisme pour la manifestation anti-NSV du 15 mars 2012 à Louvain
Une période importante s’annonce pour tous les travailleurs, et pour les syndicalistes plus particulièrement. La lutte déterminera qui payera la crise économique : ceux qui en sont responsables ou ceux qui l’ont déjà payée. La voie suivie par le gouvernement ne laisse aucun doute : il offre bien volontiers 4 milliards d’euros à Dexia afin de sauver les spéculateurs, mais une nationalisation d’ArcelorMittal pour 1 milliard d’euros destinée à sauver des centaines d’emplois (600 chez ArcelorMittal et plusieurs fois ce nombre chez les sous-traitants) est un sujet tabou.
Stopper les assainissements annoncés ne sera pas simple. Tous les partis représentés au Parlement sont favorables à ce que ce soit à la population ordinaire de payer la crise. Le taux moyen d’imposition que les 1000 entreprises les plus grandes paient en Belgique n’est plus que de 5,8%, alors que le taux officiel d’imposition sur le revenu des sociétés est de 34%. La déduction des intérêts notionnels nous coûte 5 milliards d’euros chaque année. Mais durant les négociations gouvernementales, même les plus timides tentatives de faire contribuer les entreprises ont été retirées. Les partis de l’opposition parlementaire peuvent bien critiquer, c’est la même logique de casse sociale qu’ils appliquent ou ont appliqué aux gouvernements régionaux et ailleurs.
Nous avons besoin d’un parti à nos côtés pour nous protéger de la soif de profit des entreprises et des actionnaires, d’un parti défendant les intérêts des travailleurs et de leurs familles, avec un personnel politique qui travaille au salaire d’un collègue, pas à celui d’un manager. Bref, nous avons besoin d’un nouveau parti de gauche des travailleurs, capable d’unir les diverses tendances du mouvement ouvrier et de se construire de la base par la pratique du débat démocratique. Mais tant que cela n’existe pas, nous sommes obligés de nous appuyer sur la force que nous connaissons: notre action syndicale. Nous connaissons l’importance d’une délégation syndicale qui fonctionne correctement et d’un noyau militant, surtout dans une période de lutte et encore plus lorsque cette lutte peut durer des semaines, des mois voire des années. Nous savons aussi combien il est important de systématiquement développer nos noyaux militants et de les renouveler avec de jeunes travailleurs.
Cela peut être il y a longtemps pour certains, mais de nombreux militants syndicaux ont connu pour première activité les manifestations du Front antifasciste, le FAF, dans les années ’70 et ’80. Pour les plus jeunes, ce fut à partir des années ‘90, entre autres avec les actions de la campagne antifasciste flamande Blokbuster. Cette dernière décennie, Blokbuster a sauvegardé – à contre-courant de l’acceptation répandue de l’extrême droite – la bonne tradition de la manifestation annuelle contre les fascistes du NSV, l’association des étudiants nationalistes. Nous ne pouvons laisser cette lutte à des écoliers, des étudiants et des jeunes travailleurs aux contrats précaires. Ils sont nos futurs militants, ceux dont nous aurons encore fortement besoin. Nous devons dès maintenant gagner leur confiance en leur montrant que les délégations syndicales sont à leurs côtés.
Quand les partis officiels de ‘‘la gauche ou du centre’’ appliquent une politique d’assainissements drastique et de droite, la droite a la possibilité d’adopter un profil anti-establishment, certainement en l’absence d’un authentique parti ouvrier. A l’heure actuelle, en Flandre, il s’agit surtout de la N-VA, avec sa rhétorique populiste de droite, mais dès qu’elle sera démasquée avec une future participation au pouvoir, l’extrême-droite du Vlaams Belang sera prête à prendre la relève. Sa stratégie est celle de diviser pour régner. De nombreux politiciens, y compris des partis de l’establishment, reprennent cette rhétorique. Ne nous laissons pas entrainer dans ces tentatives de division et mettons au contraire en évidence les intérêts communs des travailleurs dans toutes les régions du pays. Les véritables ennemis ne sont pas les 99% de travailleurs immigrés, bruxellois, wallons ou flamands, mais le 1% de patrons qui nous divisent afin de pouvoir empocher des profits record.
En mars 2012, le NSV organise son annuelle marche de la haine, chaque année dans une ville universitaire flamande différente. Cette fois-ci, c’est au tour de Louvain.
Le NSV est un vivier de formation pour les futurs dirigeants du Vlaams Belang (et aussi de la NVA). Il ne rechigne pas à recourir à la violence afin d’imposer ses idées. Immigrés, demandeurs d’asile, LGBT et tous ceux qui ne partagent pas leurs idées en général courent un réel danger lorsque le NSV envoie ses troupes dans les rues. Les Syndicalistes CONTRE le Fascisme n’acceptent pas cette situation et appellent tous les jeunes et les travailleurs à descendre ce même soir dans les rues avec la campagne Blokbuster. Nous appelons à une mobilisation massive et non-violente afin de montrer que la grande majorité des étudiants, des habitants et des travailleurs refusent d’être intimidés par cette marche d’extrême-droite à Louvain.
Vous pouvez signer l’appel ci-dessus en votre nom propre, ou en celui de votre délégation syndicale, de votre structure syndicale ou de votre organisation d’inspiration syndicale. Veuillez mentionnez le nom de l’entreprise, de la centrale ou de la section syndicale ainsi que vos mandats syndicaux et envoyez cela à l’adresse suivante : syndicalistes@blokbuster.be. La liste des signataires sera publiée ultérieurement.
Site de Syndicalistes CONTRE le Fascisme : http://nopasaranbe.blogspot.com, avec également des liens vers Facebook.
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[PHOTOS] #Occupy Brussel
Quelques 300 personnes s’étaient rassemblées ce vendredi 11.11.11 à la Gare centrale à Bruxelles, pour répondre à l’appel ‘‘#Occupy Brussel’’. Cet appel, lancé sur les réseaux sociaux à l’instar des mouvements d’occupation de Wall Street, a rassemblé les jeunes et les moins jeunes contres la crise financière, contre ce système injuste, contre le capitalisme. Le PSL était évidemment présent avec un stand et un calicot : "Brisons la dictature des patrons et des banquiers, pour une démocratie réelle", très bien accueilli.
Par Navid (Bruxelles)
Lors de l’assemblée, nous sommes intervenus pour mettre en avant la nécessité de poser les bases de la construction d’un mouvement de masses afin d’être capables de stopper le futur gouvernement dans ses attaques antisociales, autour de 2 actions. Premièrement, le jour où le nouveau gouvernement sera formé, aller en manifestation clamer qu’ils ne nous représentent pas et qu’on ne va pas payer pour les banquiers. Ensuite, commencer dès maintenant à organiser une grande manifestation en février contre les plans d’austérités. Ces décisions doivent être prises dans de grandes assemblées, qui auraient alors toute légitimité.
Après l’assemblée, une partie du groupe est partie en manifestation non-autorisée. Nous nous sommes d’abord dirigés vers le Parlement Bruxellois (en zone neutre…), où la police a vite fait de nous bloquer la route. Ensuite, nous nous sommes dirigés vers la Grande Place, où la police a procédé à un filtrage très sélectif en bloquant l’accès pour toute personne portant barbe, casquette, foulard rouge, keffieh, badges,…
Certains ont toutefois réussi à passer entre les mailles du filet, et il y a eu une arrestation. La soirée s’est terminée devant le commissariat, en attendant que le militant arrêté soit relâché.
17/11 : Occupy ULB Tract de mobilisation
#Occupy ULB (évènement Facebook)
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En Bref…
Cette rubrique est destinée à mettre en avant différents faits, citations, vidéos ou petites nouvelles particulièrement frappantes.
Pas touche à mes profits !
"Si l’Etat belge devait revoir ses engagements, cela conduirait également GDF Suez à revoir globalement ses politiques d’investissements, d’emploi, de formation et de mécénat en Belgique." C’est ce qu’a déclaré Gérard Mestrallet, big boss de GDF Suez, dont Electrabel est la filiale, contre toute menace d’augmenter les prélèvements sur les profits d’Electrabel. Cette phrase arrive aussi au moment où sont dévoilés les pratiques tarifaires d’Electrabel pour la SNCB (10 millions d’euros de payé en trop !). Décidément, un secteur aussi important que celui de l’énergie ne devrait pas être laissé dans les mains du privés…
Des efforts qui vont dans le bon sens…
Cette semaine, le ‘‘capitaine d’industrie’’ (ne devrait-on pas dire pirate ?) français Arnaud Lagardère était à Bruxelles, et a livré une interview au Soir (édition du 18/10/11). Il y a été question d’amour (beaucoup) et de la crise (un peu). Mais c’est sur ce point que le requin de la presse a le plus ouvert son cœur… ‘‘Nous avons vécu plusieurs crises, et il y en aura d’autres. C’est malheureusement les cycles du capitalisme. Celle-ci est sév ère dans son intensité et sa durée. Et elle implique tous les acteurs de l’économie : les Etats, les banques, les consommateurs,… (…) On ne voit pas encore la fin de ce marasme. Mais il y a des solutions : la patience, le temps, les efforts réalisés par les gouvernements européens qui vont tous, je trouve, dans le bon sens.’’ Dans le bon sens ? Ce type est a reçu en 2009 un salaire de 2,3 millions d’euros (ce qui n’en fait que le 39e patron le mieux payé de France…) et dispose d’une fortune estimée à 343 millions d’euros (la 113e de France). Alors quand on s’attaque aux pensions, aux services publics, aux salaires des travailleurs, cela ne le touche pas trop et ‘‘cela va dans le bon sens’’.
Time for change
C’est l’ancien président français Valéry Giscard D’Estaing qui le dit : ‘‘Quand une montre ne donne plus l’heure exacte, il ne faut pas changer les aiguilles, mais le mécanise. C’est pareil pour les banques.’’ C’est surtout pareil pour le système…
Les riches cherchent à éviter de payer l’impôt
L’austérité se prépare à frapper la majorité de la population, et on essayera de la faire passer en disant que ‘‘tout le monde paye’’. Mais pour les super-riches, les mesures seront toutes symboliques. Alors que des super-riches du style d’Etienne Davignon font les gros titres de la presse en demander à payer plus d’impôts, les autres, en catimini, sont à la recherche de la moindre échappatoire pour échapper aux taxes. Le quotidient De Tijd a donné la parole à un avocat spécialisé qui explique : ‘‘Nombre de nos clients demandent quelles possibilités existent pour échapper aux impôts’’. Une des options est de déménager à l’étranger, en Suisse par exemple. Il semblerait que certains Belges l’envisageraient sérieusement.
28.000 Belges n’arrivent plus à rembourser leur hypothèque
28.000 personnes n’arrivent plus à rembourser leur crédit hypothécaire dans notre pays en conséquence de la crise financière (au moins trois mois de retard sur leur remboursement), selon les données sorties aujourd’hui dans la Gazet van Antwerpen. En 2008, il y avait 24.000 cas similaires, soit 16 % de moins.
Cartoon sur la crise économique
Le cartoon suivant circule pas mal sur Facebook, et peut assez bien illustrer les données ci-dessus. ‘‘C’est de votre faute. Vous avez acheté une maison que vous ne pouvez pas payer’’, dit le banquier au pauvre. Une petite illustration de la manière dont les élites trouvent les responsables de la crise.
Comment renflouer les banques?
Autre cartoon en circulation sur Facebook, qui clarifie ce qu’il y a réellement derrière le renflouement des banques…
L’armée portugaise soutient les manifestants
L’Assemblée nationale des sous-officiers (ANS) au Portugal a déclaré qu’ils choisissent le camp des manifestants. Ces militaires sont eux aussi en colère contre l’austérité gigantesque qui frappe le pays. Selon eux, le rôle de l’armée est de protéger la population, pas les intérêts financiers du secteur privé. Ils revendiquent le droit de protester eux aussi. Cette déclaration est de première importance, notamment au vu du rôle joué par les soldats lors de la révolution portugaise des œillets, en 1974.
Un ancien militaire proteste contre la répression policière
Dans la même ligne que la nouvelle précédente, voici une vidéo qui a circulé cette semaine, d’un ancien soldat américain qui participe aux actions d’#OccupyWallStreet. Ce vétéran de la guerre en Irak s’en prend de façon virulente à la répression policière qui frappe les manifestants de Wall Street.