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  • En Ouganda, on s’apprête à tuer des homosexuels – Des appels au meurtre lancés dans la presse

    «Pendez-les, ils en veulent à nos enfants!» titre un quotidien en publiant une liste de gays avec, dans certains cas, leur photo et adresse. Le quotidien justifie que lister les homosexuels est une «mission d’intérêt public». En effet, le gouvernement ougandais discute actuellement d’un projet de loi visant à exécuter le gays et les lesbiennes. Le texte propose également de punir toute manifestation et même discussion publique sur l’homosexualité. Il ferait de l’Ouganda l’un des pays les plus dangereux au monde pour les homosexuels se rangeant alors du coté de l’Iran qui exécute déjà de longue date les homosexuels en public.

    Que prévoit ce projet de loi ?

    Toute personne que l’on soupçonne d’être gay ou lesbienne risque la prison à vie ou la peine de mort. Leurs « complices » et ceux qui défendent les droits des LGBT seront également poursuivit. Ainsi, tout parent qui ne dénonce pas son enfant homosexuel sera condamné à une peine de 3 ans de prison. Un professeur qui se retrouve face à un élève gay sera condamné à la même peine s’il ne dénonce pas son élève à la police endéans 24 heures. Un propriétaire qui se permet de loger un couple de lesbiennes risque 7 ans de prison. Des pressions seront aussi exercée à l’encontre des médecins qui acceptent de soigner des malades homosexuels. Un journaliste commettrait aussi un délit s’il interviewait un couple gay. Les militants qui défendent les droits des LGBT seront également poursuivit.

    Le ministre à l’origine de cette loi, David Bahati, persiste et signe. «Nous avons une opportunité unique de barrer la route à l’homosexualité en Ouganda. Et si nous ne la saisissons pas maintenant, ce sera impossible à l’avenir.» Connu par sa volonté d’interdire les mini-jupes pour faire de la prévention routière (sic !), ce dernier annonce par ailleurs qu’il mettra en œuvre des moyens de « remettre sur le droit chemin » les lesbiennes, gai, bi et trans. Ne serait-ce pas le grand retour des camps de rééducation ?

    Qui se cache derrière cette loi ?

    La législation en vigueur en Ouganda, héritée de l’époque coloniale, condamne déjà aujourd’hui les gays et lesbiennes à des peines de prison (jusqu’à 14 ans selon l’article 140 du code pénal). Depuis quelques mois, on assiste à une surenchère de l’intolérance. Des razzias ultra-violentes sont organisées quotidiennement contre les bars gays. Le ministre des Affaires étrangères, Sam Kutesa, s’épanche en propos vomitifs dans un quotidien local The Monitor : « La majorité des Africains et des Ougandais exècrent l’homosexualité ». Pour le président de la Chambre, Edward Sekandi, le pays devrait tout mettre en œuvre pour « en finir avec les relations homosexuelles ». De son côté, le ministre de l’Ethique, Nsaba Buturo, qualifie l’homosexualité de « répugnante ». Par ailleurs, les communautés religieuses, catholique et musulmane, se sont unies cet été contre les homosexuels dans une grande campagne nationale intitulée « Kick sodomy out of Uganda ». Les trois figures les plus furieusement anti-gay, le ministre qui a déposé le texte de loi, le président ougandais et le pasteur Ssempa, sont d’ailleurs tous membre d’un groupe intégriste chrétien bien connu The Family. Cette organisation se félicite notamment de compter parmi ses membres toute une série de députés américains néoconservateurs, on y retrouve ainsi parmi les plus assidus le pasteur Rick Warren qui a intronisé Barack Obama lors de son serment à la nation. C’est dans ce contexte qu’en octobre dernier, le nouveau projet de loi homophobe était présenté devant le parlement ougandais. Il est toujours en discussion actuellement.

    L’inégalité sociale s’ajoute à la discrimination

    « Les homosexuels riches et proches des cercles de pouvoir ne sont nullement inquiétés, c’est avant tout aux homosexuels pauvres qu’on s’attaque.» Un militant homosexuel témoigne dans le magazine gay Têtu, « Selon moi, c’est une forme de distraction politique. Le régime veut rester au pouvoir, alors il jette les homosexuels en pâture. Comme ça, la population s’acharne sur eux, en disant qu’ils sont responsables de la misère ou de la pandémie sida, dont le taux ne cesse de croître en Ouganda. Pendant ce temps-là, le peuple ne réfléchit pas aux politiques qui pourraient améliorer ses conditions de vie… » Tandis que le discours réactionnaire se nourrit des inégalités sociales !

    « En investissant le champ social et humanitaire pour pallier les carences de l’Etat, les évangélistes multiplient les dons et le nombre de convertis. Les congrégations transforment hangars, garages, magasins, écoles, anciennes salles de cinéma et discothèques en lieux de prière, où accourent en masse les plus pauvres. C’est une façon de manipuler les consciences pour rendre les pauvres responsables de leur situation », réprouve le père Carlos Rodriguez dans le journal Le Monde Diplomatique. Il poursuit, « Dans ce pays d’Afrique où le capitalisme est le plus ancré, où les travailleurs n’ont aucun droit et où les investisseurs sont totalement libres, la religion est utilisée pour justifier pauvreté et injustice. »

    « C’est grâce à Dieu que je suis sorti de la pauvreté et possède désormais un avion privé », s’exclame l’évangéliste américain Creflo Dollar devant la foule massée au stade de Kampala. Une activiste ougandaise de la lutte contre le sida s’insurge : « Avec le nouveau programme financé par les Etats-Unis, finie l’éducation sexuelle des jeunes. A l’école, on ne leur parle que d’abstinence. » Furieux, le militant LGBT Louis-Georges Tin (président de l’IDAHO) affirme « Que la loi passe ou pas, le mal est déjà fait. Il est à craindre que des groupes extrémistes se sentent investis d’une mission spéciale pour transformer la vie sociale par la loi divine à laquelle ils se réfèrent. En somme, si la loi n’est pas votée par l’Etat, ils se feront «justice» eux-mêmes. » Et c’est précisément ce qui est en train d’arriver. Depuis la présentation du texte, les agressions et les arrestations sont en augmentation, selon Sexual Minorities Uganda.

    La violence homophobe ne s’arrête pas aux frontières de l’Ouganda

    Il faut savoir que l’homosexualité n’est légale que dans 13 pays en Afrique. D’abord, en février, on apprenait par un journal kényan que la police avait interrompu un mariage homosexuel clandestin et arrêté cinq personnes. « Nous ne pouvons laisser ces jeunes gens compromettre leur avenir par l’homosexualité », a commenté l’imam Ali Hussein. « Nous devons utiliser tous les moyens pour lutter contre ce vice. Ceci est immoral et nous ne devons pas le permettre ! », a surenchéri l’évêque kényan Lawrence Chai.

    On apprenait aussi, qu’en Egypte, les homosexuels sont jetés en prison pour «mépris de l’islam» et «pratiques sexuelles contraires à l’islam». Des «déviants sexuels», comme les appelle la presse égyptienne, ont été arrêtés dans une discothèque sur le Nil. Après publication de leurs photos, noms, métiers et même adresses dans le journal, 52 d’entre eux ont été traduits devant un tribunal d’exception dont le jugement est sans appel. La moitié d’entre eux ont écopé d’une peine de 5 ans et croupissent encore dans les cachots égyptiens.

    D’autre part, le quotidien britannique The Guardian consacrait récemment un article sur l’arrestation de 18 nigériens homosexuels avec comme titre : « Au Nigéria, la chasse aux homos est ouverte ». On y apprend qu’un homme a récemment été attaqué au Lagos et tué par une bande qui prétendait « nettoyer le Lagos des personnes homosexuelles », et le cas d’une bande de garçons qui ont violé cinq lesbiennes en disant qu’ils voulaient les « guérir de l’homosexualité ». Au Nigéria, les actes homosexuels sont passibles d’un emprisonnement de 14 ans. Dans les régions qui ont adopté la charia, les homosexuels peuvent même être condamnés à la peine capitale. Pour l’archevêque anglican, Peter Akinola, rien ne sert d’y aller par quatre chemins : « Nous voulons protéger le Nigéria contre l’anéantissement complet qui suivra la colère de Dieu si de telles pratiques sont reconnues comme normales dans notre pays ».

    L’Afrique du Sud se prépare quant à elle à dépêcher en Ouganda un ambassadeur ouvertement homophobe, Jon Qwelane. Ce diplomate affirmait sans sourciller que les politiciens sud-africains auraient «un jour les couilles de supprimer le mariage homosexuel de la Constitution. Sinon, bientôt certains imbéciles demanderont aussi que la Constitution les autorise à épouser un animal».

    Mais encore, deux jeunes de 16 et 18 ans soupçonné de s’aimer ont été pendus en Iran et cinq militants transexuels ont été arrêtés en Turquie le 17 mai dernier… à l’occasion de la journée mondiale de lutte contre l’homophobie et la transphobie. Et on pourrait continuer, la liste est longue…

    Tout ce qui nous divise nous affaiblit !

    Nous luttons contre l’homophobie parce que cela mine l’unité indispensable dans la résistance contre le capitalisme. 7,7 millions d’Ougandais vivent sous le seuil de pauvreté, soit 38% de la population. Ils sont 700.000 de plus qu’il y a dix ans. L’Ouganda compte aussi actuellement plus de 2 millions d’enfants orphelins, dans la majorité des cas à cause du sida. Une telle situation provoque inévitablement tensions et violence. En l’absence de réponse collective de la part du mouvement ouvrier, le racisme, sexisme et l’homophobie peuvent se développer sur base de la frustration présente.

    Répondre à ce phénomène ne doit pas s’effectuer sur une base moralisatrice, mais en expliquant la nécessité de l’unité de tous les opprimés, indifféremment de leur genre, de leur origine ou de leur préférence sexuelle. Il est d’ailleurs assez remarquable de constater que les minorités qui entrent en résistance se rejoignent facilement. Fin des années ’60, aux Etats-Unis, le mouvement des droits civiques contre le racisme et les débuts du mouvement gay ont ainsi connu un rapprochement. Il est temps de mener la lutte, en Ouganda comme ailleurs.

  • La crise est-elle presque finie ?

    Les nouvelles à la radio et la télévision peuvent en donner l’impression, même si les nouvelles sont souvent contradictoires. Le chômage augmente moins fortement dans notre pays (des mesures comme le chômage temporaire ont permis de limiter la casse) et les banques font à nouveau des profits – subventionnés ou spéculatifs.

    Par Peter Delsing

    En 2008, le capitalisme mondial a été menacé par l’effondrement du secteur financier, ce qui a mis en péril une grande partie du reste de l’économie : les banques prêtent de l’argent aux entreprises et l’épargne des travailleurs devait soudainement être ‘‘couverte’’ par le gouvernement.

    Les banques avaient construit des dettes telles que la méfiance s’est installée concernant leur capacité à les rembourser. Résultat : le gouvernement a dû intervenir pour renflouer les poches des banques et sauver leurs comptes. Cette opération de sauvetage des banques pour stimuler l’économie fut la plus grande de l’histoire du capitalisme. Le montant total du soutien fut plus élevé que le Produit Intérieur Brut des Etats-Unis, ou même qu’un tiers du PIB mondial.

    De cette manière a été évité un effondrement comme celui des années 30, même les économistes bourgeois doivent le reconnaître. Mais ça ne veut pas dire que la fin de la crise est en vue, bien au contraire. Les gouvernements ont stabilisé la chute d’une façon temporaire, sans baisse du chômage et sans augmentation de nos salaires. En outre, la question nous est aujourd’hui posée de payer les coûts des plans de sauvetage des banques par des coupes dans les pensions, la sécurité sociale,… Cette transition du ‘‘surtout des mesures de stimulus’’ à ‘‘surtout des assainissements’’ sur le revenu des travailleurs peut conduire à une nouvelle récession. Qui devra encore acheter tout ce qui est produit ?

    Les problèmes fondamentaux du capitalisme ne sont pas résolus. La crise bancaire n’est pas finie. La montagne historique des dettes a eu pour but de rattraper temporairement le manque de pouvoir d’achat des travailleurs. Depuis les années 70, le capitalisme a été confronté à un ralentissement de la croissance et à des éléments de dépression. La cause est la diminution du taux de profit dans l’industrie depuis la fin des années 60 : la part du « travail non rémunéré » dans chaque produit a diminué par une forte augmentation des investissements dans la technologie. Le montant des bénéfices par unité de capital a chuté. En outre, la concentration des richesses entre les mains d’une petite élite de capitalistes à cause de l’augmentation de l’exploitation a miné le marché.

    Le taux de profit a été partiellement et temporairement rétabli avec des coupes néolibérales dans les salaires, dans la sécurité sociale,… Mais cela s’est réalisé en sapant encore plus le pouvoir d’achat, ce qui a conduit à une spirale vers le bas. Si le contrôle privé des capitalistes sur les sociétés, les matières premières, les machines,… n’est pas supprimé et remplacé par une économie démocratiquement planifiée, une nouvelle phase de crise nous menace, une dépression avec un taux de chômage de 20 à 30% et la réduction de l’assistance de la sécurité sociale à un minimum.

  • Au Kazakhstan, la résistance contre le régime dictatorial grandit

    Début septembre, Tanja Niemeier s’est rendue au Kazakhstan avec l’eurodéputé Joe Higgins, en tant qu’attachée parlementaire de la fraction européenne de GUE/NGL (Gauche Unitaire Européenne). Ce pays est pour le moment président de l’Organisation pour la Sécurité et la Collaboration en Europe (OSCE), mais est lui-même caractérisé par la répression et le pillage des matières premières. Nous en avons discuté avec Tanja.


    Peux-tu brièvement nous expliquer la situation politique et économique du Kazakhstan?

    Tanja: “Le Kazakhstan est une ancienne république soviétique devenue indépendante à la chute du stalinisme. Potentiellement, c’est un pays riche avec de grandes réserves de richesses naturelles (le pays dispose de la onzième réserve de pétrole et de gaz au monde).

    “Cette énorme richesse ne profite pas à la population. Un travailleur dans le secteur du pétrole gagne en général moins de 200 dollars par mois. Toute l’industrie a été vendue aux grandes multinationales qui pillent le pays. Les seuls à grignoter quelques parts du gâteau sont les oligarques et les bureaucrates qui ont vendu l’industrie.

    “Le président Nazarbayev est issu de la bureaucratie stalinienne de la période Gorbatchev. A la chute de l’Union Soviétique, il est devenu président de l’Etat indépendant de Kazakhstan au lieu de président du Soviet Suprême. En 1991, il a remporté les élections présidentielles avec 91,5% des votes, sans adversaire. Il a depuis ‘‘gagné’’ chaque élection et est au pouvoir depuis plus de 20 ans.

    “Ces dernières années, l’influence de la Chine voisine et de la Turquie ont augmenté, mais cela n’a entraîné aucune amélioration du niveau de vie de la population. Les entreprises chinoises appellent de plus en plus leurs propres travailleurs, ce qui favorise l’exacerbation des tensions ethniques. Le chômage et le sous-emploi augmentent rapidement en conséquence de la crise économique mondiale.”

    En tant que président de l’OSCE, le Kazakhstan doit surveiller l’observation de la démocratie dans le reste de l’Europe. Mais il semble quand même bien que le régime a des côtés dictatoriaux….

    Tanja: “Toute opposition est activement réprimée. Ainsi, lors de notre visite, un militant des droits de l’homme a été arrêté pour nous avoir parlé. Le régime ne voulait pas qu’il puisse témoigner des violations des droits de l’homme dans les prisons du Kazakhstan.

    “Dans ces prisons, tout le monde est soumis à un régime brutal de violence et de torture dans des prisons surpeuplées, le vol d’un GSM pouvant envoyer quelqu’un en prison pour trois ans. Un ancien prisonnier nous a raconté qu’il avait été frappé pour avoir refusé de lécher le crachat d’un gardien. En août, des protestations ont eu lieu dans les prisons de la région de Karaganda, certains prisonniers ont été jusqu’à s’ouvrir les veines ou le ventre en signe de protestation.

    “Officiellement, le Kazakhstan est une démocratie, mais la pratique est toute autre. Le droit de protester existe, mais une autorisation n’est en général accordée que pour protester à des dizaines de kilomètres, en rase campagne. Il peut officiellement exister un parti d’opposition contre le parti présidentiel, mais il faut réunir 40.000 signatures (avec numéros de cartes d’identité) et il y a un seuil électoral de 7%, que les plus grands partis d’opposition n’obtiennent pas ‘‘par coïncidence’’.

    “Le Parlement a proposé en juin d’interdire toute forme de critique contre le président et sa famille, à vie et même après la mort de Nazarbayev. Sa famille a aussi reçu une immunité totale et ne peut donc pas être poursuivie en justice.

    “La réaction de l’Occident peut se résumer ainsi : ‘entendre, voir et se taire’. Le Kazakhstan est devenu président de l’OSCE sans aucune critique de la part des 56 Etats membres. L’accès aux réserves pétrolières et gazières ainsi que le rôle du pays comme poste d’approvisionnement des troupes d’occupation en Afghanistan sont les choses les plus importantes pour l’Europe et les Etats-Unis.’’

    Comment réagit le mouvement ouvrier?

    Tanja: “Malgré la répression et le manque d’une tradition de syndicats indépendants, la résistance grandit. Nous avons récemment vu éclater une vingtaine de mouvements de grèves plus larges. Pendant une grève des ouvriers pétroliers à Zhanaozen, au début de l’année, les travailleurs ont revendiqué la renationalisation de leur entreprise sous contrôle ouvrier. On assiste donc à une radicalisation malgré la répression.

    “Ce n’est pas seulement sur le lieu de travail qu’on est passé à l’action, la résistance bouillonne dans les quartiers aussi. Beaucoup de simples travailleurs sont au bord de la faillite. Ils ont été stimulés pour faire des prêts ou prendre des hypothèques, qu’ils ne savent plus rembourser aujourd’hui. Quand les banques ont des problèmes, le gouvernement offre des garanties mais quand ce sont de simples travailleurs, ils ne reçoivent qu’une féroce répression contre leurs protestations.

    “De cette croissance de la résistance est né le mouvement ‘‘Kazakhstan 2012’’, dans lequel les membres de “Résistance Socialiste”, l’organisation-sœur du PSL, jouent un rôle important. ‘‘Kazakhstan 2012’’ essaye de lier les différentes résistances et de promouvoir l’idée de syndicats indépendants. Ils sont à l’avant plan de l’organisation des travailleurs et des pauvres contre le régime, ce qui leur attire pas mal de violence et de répression. La solidarité internationale sera une part importante de la lutte pour le socialisme au Kazakhstan. »

  • INTERVIEW : Cindy Sheehan à propos du capitalisme, d’Obama et de la nécessité d’un nouveau parti.

    Cindy Sheehan a commencé à faire parler d’elle en 2005, en organisant un camp de protestation aux abords du ranch de Georges Bush. Elle voulait tout simplement lui demander pourquoi il avait envoyé son fils mourir en Irak. Elle s’est présentée aux élections du Congrès en tant que candidate indépendante face à Nancy Pelosy (une des figures de proue du parti démocrate) en 2008, a tout de même obtenu 16% des voix et a devancé le candidat républicain.

    Soacialist Alternative (CIO-USA)

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    Des fuites confirment que les Etats-Unis s’enfoncent de plus en plus dans le bourbier

    Le site web WikiLeaks a publié plus de 90.000 documents concernant la guerre en Afghanistan. Ils révèlent que les talibans sont plus que jamais depuis le début de la guerre en 2001. Les Etats-Unis ont cherché à cacher les preuves de cette puissance croissante.

    Les USA cachent aussi leurs propres horreurs. Des centaines de personnes ont perdu la vie dans des ‘‘incidents’’, c’est-à-dire qu’on leur a tiré dessus sans raison. Les documents parlent d’au moins 195 morts parmi les civils, mais le nombre réel est sans doute bien plus grand. Les documents parlent notamment d’une fusillade de soldats polonais contre un village en 2007, lors d’un mariage. Parmi les morts se trouvait une femme enceinte.

    Au moins 180 documents abordent les problèmes rencontrés avec les services secrets pakistanais (ISI). L’ISI a été impliqué dans l’entrainement des terroristes kamikazes, dans l’introduction d’argent en contrebande, dans l’organisation d’attentats,… Ce soutien est utilisé par le régime pakistanais pour renforcer sa position parmi la population pathane.

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    Pour Cindy Sheehan, le capitalisme est à la source de la plupart des problèmes actuels et la seule alternative à ce système se nomme ‘socialisme’. Un nombre sans cesse croissant d’Américains remettent en cause le capitalisme, et cette tendance est encore renforcée par le fait que nous subissons actuellement la pire crise économique depuis 1929. Il n’est dès lors pas étonnant d’apprendre que 37% des américains pensent que le socialisme est le meilleur système économique possible.

    Au cours de cette interview, Cindy parle, entre autres, de l’urgent besoin de rompre avec le parti démocrate et de construire un nouveau parti qui représenterait des millions de travailleurs et qui pourrait s’opposer aux banques, aux institutions financières et aux assurances, mais aussi de l’absolue nécessité pour les forces de gauche de présenter des candidats indépendants aux élections de 2010 et de poser la question de l’alternative la plus forte et la plus sérieuse possible pour les présidentielles de 2012.

    Quelles sont vos opinions sur les politiques intérieures et étrangères d’ Obama? A-t-il tenu sa promesse de mettre fin à la politique du ‘Grand Capital’ de l’ère Bush?

    «L’Irak n’avait plus ni cohésion ni logique quand Obama est entré en fonction en 2009. Les alentours avaient été ‘nettoyés ethniquement’ avec 1 million de morts et à peu près 5 millions de personnes contraintes quitter leurs villages, pour se rendre dans une autre région d’Irak ou même dans un pays voisin. Pendant la campagne électorale, Obama avait promis à maintes reprises que la première chose qu’il ferait en tant que président serait de programmer le retrait des troupes d’Irak, sur base d’un calendrier avec des dates concrètes. Il est au pouvoir depuis 16 mois et on n’a toujours rien vu venir. De plus, il avait également promis le retrait total des troupes de combat endéans les 16 mois.

    Concernant l’Afghanistan, 2009 a été la pire année en termes de morts, tant civils qu’américains. Obama a triplé le nombre de soldats par rapport à l’époque de Bush et a demandé deux rallonges budgétaires d’urgence (l’une d’entre elles doit encore être approuvée), ça aussi, il avait promis de ne pas le faire. Et là, on ne parle même pas du fait qu’il a triplé le nombre de drones d’attaque dans le nord du Pakistan.

    Ce sombre constat vaut aussi pour sa politique intérieure. Dans son équipe économique figurent de nombreux membres de l’élite néolibérale tels que Timothy Geithner (ancien vice-président du Comité fédéral pour le marché libre et ancien directeur de la politique du développement du Fond Monétaire International, NDT), Robert Rubin (ancien secrétaire au Trésor de Bill Clinton, NDT) ou encore l’effrayant Larry Summers (ancien secrétaire au Trésor de Bill Clinton, notamment connu pour avoir déclaré «Je pense que la logique économique qui veut que des masses de déchets toxiques soient déversées là où les salaires sont les plus faibles est imparable.», NDT). Les institutions financières continuent à être renflouées et le chômage est toujours de 9,9% (chiffre officiel, la réalité est plus importante). Et la ‘réforme des soins de santé’ n’est rien d’autre qu’un cadeau aux compagnies privées.

    Un des principaux arguments de ceux qui font l’apologie du parti démocrate est qu’il faut élire les démocrates pour ne pas que la Cour Suprême penche trop à droite. Mais les deux premières personnes qu’Obama a nommées sont connues pour leurs positions de droite.

    Quelle a été votre expérience personnelle avec les dirigeants du parti démocrate quand vous êtes devenue une des figures du mouvement anti-guerre en 2005 ? Comment ont-ils répondu à votre demande de stopper la guerre après qu’ils aient pris le contrôle du Congrès en 2006 ?

    J’ai rencontré des dizaines de sénateurs démocrates (Clinton, Kerry, Reid, Levin,..) et des députés (Pelosi,…), ils m’ont tous dis: "Cindy si tu nous aide à avoir la majorité au Congrès, on t’aidera à mettre fin à la guerre."

    Après le mois d’août 2005, alors que le sentiment anti-guerre et anti-Bush n’avait jamais été aussi haut, les démocrates ont utilisé cette atmosphère pour récupérer de courtes majorités dans les 2 Chambres. Qu’ont-ils fait avec ces majorités? Ils ont financé les guerres, fait en sorte que le syndicat du crime de Bush n’ait pas à se justifier, voté l’acte de modernisation de la FISA et le renflouements des "banksters" et bien d’autres choses.

    Après que la première rallonge budgétaire destinée à la guerre ait été votée en 2007 (avec des associations comme Moveon.org – une organisation citoyenne liée au parti démocrate – militant en faveur) j’ai quitté le parti démocrate pour de bon. La guerre continue et, maintenant, les démocrates sont au pouvoir tant à l’exécutif qu’au législatif.

    Au cours de ces dernières années, l’opposition à la guerre en Afghanistan s’est intensifiée et une majorité d’Américains sont toujours opposés à la guerre en Irak. Pourtant, le mouvement anti-guerre est en crise et les protestations (meetings, manifestations ou autres) sont de tailles très réduites. D’après vous, que se passe-t-il?

    En 2008, pour le 5e anniversaire de la guerre en Afghanistan, des organisations anti-guerre ont déclaré qu’une large manifestation à Washington "embarrasserait" les démocrates qui se battaient alors pour la présidence et pour une plus large majorité au congrès. En fait, le mouvement institutionnel anti-guerre, que j’appelle le mouvement pacifiste industriel, est aussi lié au parti démocrate que les syndicats traditionnels.

    Presque tout les dirigeants du mouvement anti-guerre (mais pas moi) ont soutenu Obama et ont fait campagne pour lui. Maintenant, ces organisations commencent à comprendre qu’il n’est finalement peut-être pas meilleur que Bush. Mais je vous garantis qu’en 2012, ils le soutiendront à nouveau.

    Vous avez participé à une élection contre l’actuelle présidente de la Chambre, la démocrate Nancy Pelosi et vous avez battu le candidat républicain et obtenu le score de 16% des suffrages. Pouvez-vous nous parler de votre expérience en tant que candidate anti-guerre indépendante ?

    La réponse à cette question pourrait constituer un livre, mais on peut tirer quelques leçons principales: le système fédéral est conçu de telle façon qu’il ne peut pas être battu à son propre jeu. Les lois en vigueur rendent pratiquement impossible pour un troisième parti (ou un candidat indépendant) de se que se présenter au scrutin.

    Un candidat ne peut être payé par la campagne et, à moins qu’il ne soit un candidat "officiel", celui-ci ne peut avoir d’autre travail. Je me suis donc présentée et ai mené campagne 10 mois avec un très petit revenu. Mon unique carte de crédit a surchauffé…

    Je pensais que me présenter contre Nacy Pelosi serait un bon moyen de faire connaitre les limites et la corruption qui règne dans le système du "bipartisme", mais les médias m’ont totalement passée sous silence.

    Pensez vous qu’il est temps de construire un parti indépendant des républicains et des démocrates ? Comptez-vous vous présenter en 2012 et ainsi proposer une alternative de gauche en faveur des travailleurs ?

    Je pensais déjà qu’il en était grand temps il y a un moment. Actuellement, il y a une réelle atmosphère anti-establishment, malheureusement récupérée par la droite.

    Oui, j’ai monté une équipe de professionnels pour la campagne et nous allons commencer très bientôt.

    Que pensez-vous du Parti Vert?

    J’aime le programme du parti mais il semble (et beaucoup de membre de ce parti sont d’accord avec moi) que ce parti ait été infiltré par des démocrates qui veulent le discréditer ou le faire virer à droite.

    Vous avez publié deux éditions de votre livre "Les 20 plus gros mythes de la classe des voleurs et les arguments pour la révolution". Pourquoi dites-vous que nous avons besoin d’une révolution?

    Parce que je pense que le système ne peut être réformé. La classe des capitalistes (que j’appelle la classe des voleurs) a acquis un contrôle très profond sur chaque aspect de notre société, et les USA ont le plus grand écart de revenu entre riches et pauvres de tout les pays capitalistes industrialisés. Ma révolution est une révolution des travailleurs (la classe volée) qui démarre de la base pour reprendre le pouvoir et redistribuer équitablement les richesses et ressources.

    Vous avez popularisé l’idée de la nationalisation des banques pendant votre campagne de 2008. Quelles réactions avez vous eues concrètement, dans la rue, quand vous propagiez cette idées ? Etes-vous pour la nationalisation d’autres secteurs de l’économie ?

    Je pense que les richesses d’une région ou d’une nation appartiennent à la population. Je pense que l’industrie devrait être sous le contrôle démocratique des travailleurs.

    Je pense aussi que les gens "ordinaires" ont le instinctivement le sentiment que c’est la seule façon de faire. Enormément de personnes ont perdu leur boulot, leur maison et toute la sécurité qu’ils avaient et ils observent les riches devenirs toujours plus riches, alors que les pauvres deviennent sans cesse plus pauvres. Je pense que le plus gros avantage d’une campagne présidentielle clairement socialiste est qu’on peut vraiment expliquer aux gens que ce n’est pas eux le problème. Le problème, c’est le capitalisme, pas le capitalisme de "copinage" ou l’"avarice" capitaliste. Le copinage et l’avarice sont inhérents au capitalisme. Le seul et unique objectif de ce système est le profit.

    Donc vous pensez que le capitalisme est la source des problèmes de la société. Mais Quelle est l’alternative ? Le socialisme démocratique ?

    Oui c’est l’alternative.

    Vous avez commencé à lire "Ma vie" de Léon Trotsky, un des dirigeants de la Révolution russe de 1917 et adversaire acharné de la dictature stalinienne qui a usurpé le pouvoir. Que pensez-vous de lui ?

    J’ai seulement lu la première partie du livre. Selon moi, Trotsky est un auteur engageant et motivant, bénéficiant à l’évidence d’un intellect hors du commun. J’ai hâte d’arriver à la partie où il aborde les luttes politiques.

  • Lecture: ‘‘Un autre monde’’ de Barbara Kingsolver

    Paru en anglais sous le titre “The Lacuna”, ce livre a remporté l’Orange Fiction Prize, l’un des plus prestigieux prix littéraires du Royaume-Uni. Depuis fin août, il est aussi disponible en français aux éditions Rivages. Ces pages, écrites sous forme de journal, se lisent au pas de charges. L’auteur fictif, Harrison Shepherd, devient dans les années ’30 cuisinier de l’artiste mexicain Diego Rivera et du révolutionnaire russe en exil Léon Trotsky.

    Shepherd observe et participe aux évènements, mais du second rang seulement. Elevé aux Etats-Unis au temps de la Grande Dépression, il est notamment témoin de la répression de la Bonus Army et du bain de sang qui a suivi (la marche de la Bonus Army de 1932 était composée d’anciens soldats de la Première Guerre mondiale, chômeurs pour l plupart, qui revendiquaient le paiement des compensations promises par le gouvernement). Par la suite, Shepherd arrive indirectement en contact avec la Commission sur les Activités Anti-américaines, prédécesseur de la commission qui sera présidée après-guerre par McCarthy.

    “Un autre monde” parle de personnages et d’évènements historiques, mais reste un ouvrage de fiction. Il n’aborde pas les idées de Trotsky, mais peut donner une meilleure image de ce grandiose révolutionnaire et de qui il était, probablement même mieux que certains travaux ‘scientifiques’. Ce livre critique aussi certains mensonges des medias traditionnels, comme par exemple la théorie selon laquelle les agents staliniens qui voulaient assassiner Trotsky étaient engagés par Trotsky lui-même pour attirer l’attention.

    Shepherd, devenu célèbre écrivain, retourne aux Etats-Unis où il est attaqué par les medias en raison de ses prétendues sympathies communistes. Il pense alors à ce que Trotsky lui avait dit concernant l’existence de deux types de journaux : “ceux qui mentent tous les jours, et ceux qui gardent les mensonges pour des campagnes particulières afin d’en augmenter l’impact.” Chose peu commune dans un roman historique, Barbara Kingsolver critique la façon dont l’art et la culture sont utilisées aux Etats-Unis. A un certain moment, une amie et collaboratrice de Shepherd, Violet Brown, remarque que les historiens mexicains peuvent parler de thèmes tels que l’injustice, c’est accepté parce qu’il s’agit d’un passé lointain, dans un autre pays. Elle décide donc de cacher les journaux de Shepherd pour ne les éditer que 50 ans plus tard, à un moment où la critique contenue dans ces livres abordera une période suffisamment lointaine pour être acceptable.

    Sans aucun doute, Barbara Kingsolver espère que le lecteur fera des parallèles avec l’actualité, la propagande sur “la guerre contre le terrorisme”, ou le clivage entre riche et pauvre aux USA, des éléments qui font penser aux contradictions des années 1930.

  • Résistons ensemble : nous ne voulons pas payer leur crise !

    29 septembre: Manifestation Européenne

    Les banques ont été sauvées grâce aux moyens publics, et les travailleurs et les jeunes en devraient maintenant payer le prix. Voilà l’objectif des mesures drastiques d’austérité appliquées en Europe. Rien n’est plus à l’abri: salaires, emplois, âge d’accès à la retraite, allocations, services publics,… Pour protester contre cela, les syndicats européens organisent une manifestation à Bruxelles ce 29 septembre. Faites un succès de cette manifestation en y participant, et amenez vos collègues et vos amis!

    Tract du PSL

    Tract en version PDF

    Pourquoi cette manifestation est-elle importante?

    Les plans d’’austérité en Europe ne se limitent pas à de petites mesures. En Grèce, tous les services publics et acquis sociaux sont attaqués. Dans les pays d’Europe de l’Est, mais également aux Etats-Unis et de plus en plus en Europe occidentale, des hôpitaux, des écoles, des bibliothèques, etc. sont fermés. Les salaires et les allocations sociales reculent, la protection sociale disparaît. Le patronat et les politiciens instrumentalisent cette crise pour nous faire avaler un véritable massacre social. Ils veulent que ce soient aux travailleurs et à leurs familles de payer leurs crises.

    Et en Belgique, nous allons y passer nous aussi? Un point important dans les discussions concernant la formation du nouveau gouvernement est le rythme des mesures d’austérité, mais tous les partis acceptent l’idée que l’on devra faire des économies et que ça fera mal. Le bureau fédéral du Plan parle d’un montant de 22 milliards d’euros étalé sur quatre années. Cela ne pourra pas se faire par la manière douce et si nous voulons bloquer l’attaque, il faudra résister. La manifestation du 29 septembre peut constituer un bon début!

    Les mesures d’austérité sont-elles nécessaires?

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    Jeunes en lutte pour l’emploi

    Le PSL participe à des comités locaux de jeunes en lutte pour l’emploi. Nous plaidons pour des marches locales de jeunes pour l’emploi afin de construire la lutte pour l’emploi à partir de la base. Les premières actions sont prévues à Bruxelles (le 14 octobre), à Charleroi (le 28 octobre) et dans le Brabant-Wallon (le 15 octobre), en collaboration avec, entre autres, les jeunes FGTB et la Jeunesse Ouvrière Chrétienne. En Flandre, à Anvers, nous organisons nous-mêmes une action des jeunes pour l’emploi à la Millionaire Fair, un rassemblement luxueux pour les super-riches. Cette manif est prévue pour le 25 septembre. Aidez-nous à construire ces campagnes!

    Parti Socialiste de Lutte

    Le PSL est un parti de lutte qui veut réaliser une société socialiste démocratique. Tous les problèmes fondamentaux de cette société ont leur racine dans la société capitaliste dans laquelle seul le profit de quelques capitalistes est la priorité. Là où nous en avons les moyens, nous prenons des initiatives et jouons un rôle dans le soutien dans la lutte des travailleurs, des jeunes, des femmes ou des immigrés. Souvent, nos jeunes jouent un rôle décisif dans des mobilisations importantes contre le racisme, contre la guerre et contre la destruction de l’environnement.

    Vous voulez une vue claire sur nos idées et nos activités ? Prenez un abonnement à notre mensuel Lutte Socialiste.

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    On nous dit qu’il n’existe pas d’alternative à ces mesures. Pourtant, lorsque les banques risquaient la banqueroute, tout d’un coup, beaucoup de moyens ont été trouvés pour les opérations de sauvetage. Depuis, les banques font à nouveau de grands bénéfices, les top-managers continuent d’encaisser leurs bonus royaux,… Et on nous demande d’accepter des diminutions salariales et des coupes budgétaires dans nos services sociaux?

    Les plus grandes entreprises de notre pays ont réalisé 15 milliards d’euros de profit l’an dernier. Cette année, le patronat recevra des cadeaux fiscaux pour un montant de 8,9 milliards d’euros. En 2009, les 500 plus grandes entreprises des Etats- Unis ont réalisé 335% de bénéfices de plus qu’en 2008. La même année, ensemble, elles ont licencié 834.000 travailleurs. On fait des économies sur le dos de notre niveau de vie pour sauvegarder leurs profits. Pourquoi les moyens existants ne seraient-ils pas utilisés dans l’intérêt de la majorité de la population au lieu de ne servir qu’à garantir les superbénéfices d’une petite minorité?

    Qui est responsable de cette crise?

    La crise financière est la conséquence de l’avidité des banquiers. Nous n’avons pas causé la crise économique, elle est la suite logique d’un système basé sur la recherche de profit. Les conditions de travail, les salaires, l’environnement, etc. tout doit être adapté à ce système. En conséquence, nous avons la capacité de produire bien plus que ce que nous pouvons nous payer, et il en résulte une crise de surproduction. Les banquiers avaient trouvé une solution à ce problème : faire dépenser aux familles de travailleurs non seulement leurs revenus actuels, mais également ce qu’ils allaient gagner à l’avenir. En plus, avec les crédits créés de cette manière, les ‘banksters’ ont spéculé. Quand, par la suite, les ‘marchés financiers’ ont finalement commencé à vaciller, on nous a demandé un ‘effort’ pour qu’ils puissent se remettre. Mais le transfert de moyens publics (payés avec nos impôts) vers les banques et les entreprises n’a pas stoppé leur crise.

    Existe-t-il une alternative à ces mesures d’austérité?

    Pendant une période de chômage massif, il faut répartir le travail disponible avec une réduction du temps de travail sans perte de salaire et avec des embauches compensatoires. Pourquoi faire travailler plus longtemps nos aînés si les jeunes ne trouvent pas de travail? Qu’on ne touche pas aux pensions ou à la prépension! Et au lieu de boulots précaires, il nous faut de vrais emplois avec de vrais contrats de travail.

    L’anarchie du marché met sous pression tous les acquis sociaux et a un grand impact sur nos vies. Il est temps de retirer les banques et les grandes entreprises des mains des capitalistes avides de profits!

    Comment défendre ces revendications?

    Une mobilisation syndicale est importante, mais nous avons également besoin d’un instrument politique. Les partis traditionnels continuent à arroser le patronat de cadeaux et à nous en faire payer le prix. Le PS, le SP.a et les verts rentrent tout à fait dans cette logique.

    Il est grand temps que nous, syndicalistes, commencions à construire un prolongement politique indépendant. Nous ne pouvons pas continuer à attendre que le sommet syndical veuille bien le comprendre.

    Que faire?

    Participer à la manifestation du 29 septembre et de préférence en n’y allant pas seul bien entendu. En discutez avec des collègues et des amis pour y aller ensemble, les informer pendant les discussions ou pendant des réunions de mobilisation au travail. Beaucoup parmi nous sont fatigués d’être utilisés comme des épouvantails sortis des armoires de temps à autre par les dirigeants syndicaux pour y être ensuite remis sans explication. Nous voulons une vraie participation démocratique et un mot d’ordre à la fin de la manifestation pour un prochain rendez-vous. Disposer d’un plan d’action pour construire une grève générale européenne, ça, ça ferait une différence.

  • STOP à la terreur d’Etat israélienne

    L’acte de piraterie internationale de l’armée israélienne dans les eaux internationales contre les convois d’aide humanitaire en route vers Gaza est connu. Dans cette petite région, un million et demi de Palestiniens vivent enfermés dans une prison à ciel ouvert verrouillée par le régime israélien.

    Article tiré de l’édition d’été de Lutte Socialiste

    Protestations après une répression sanglante

    Le meurtre de neuf militants humanitaires par l’armée israélienne a entraîné de grandes manifestations, en Turquie et ailleurs dans le monde. Une fois de plus, le Conseil de Sécurité de l’ONU a suivi la ligne américaine et a refusé d’approuver une résolution condamnant les actes du gouvernement israélien. En lieu et place de cela, il n’y a eu qu’un appel à une ‘‘enquête impartiale’’ sur ces meurtres…

    Au Parlement Européen, l’eurodéputé marxiste Joe Higgins a déjà très clairement répondu à cela: “Ce qui s’est passé est parfaitement clair: il s’agissait d’un acte de piraterie dans les eaux internationales.’’ Joe a ainsi réagi dans une polémique qui l’a opposé à l’ambassadeur américain auprès de l’Union Européenne qui refusait de condamner l’armée israélienne. Les 700 participants à ce convoi humanitaire n’avaient pour seul objectif que d’aider la population gazaoui, une population assiégée depuis maintenant quatre ans. Le convoi humanitaire ne représentait aucune menace pour Israël et les militants n’étaient pas armés. Ils ne voulaient qu’apporter des matériaux de construction et de l’aide à la population, une nécessité flagrante puisque depuis la destruction de nombreuses maisons par l’armée israélienne en 2009, aucune reconstruction n’a pu être possible. Environ 15.000 maisons avaient alors été détruites, en plus des centaines de morts et des milliers de blessés. Le blocus de Gaza a poussé le taux de chômage au-delà des 50%. Selon la Banque Mondiale, 90% de l’eau disponible à Gaza n’est pas potable et 70% de la population dépend de la charité pour survivre. Ce nouveau bain de sang montre jusqu’où l’Etat israélien est capable d’aller afin d’assurer le maintien du blocus de Gaza.

    Les puissances capitalistes les plus importantes ont refusé de condamner cette nouvelle violence. Les puissances impérialistes et les élites locales corrompues sur lesquelles se basent les impérialistes au Moyen-Orient ne sont guidées que par leurs seuls intérêts : l’accès aux matières premières, les positions stratégiques et le prestige. Pour cela, les droits de la population doivent s’effacer, de façon extrêmement brutale dans le cas de la population palestinienne.

    Stop à l’oppression

    Les membres du Comité pour une Internationale Ouvrière ont participé aux actions de protestations partout où ils sont présents, y compris aux Etats-Unis, au Liban et même en Israël, où quelques centaines de manifestants ont protesté contres les actes violents de leur gouvernement, contre le siège de Gaza ainsi que contre l’occupation des territoires palestiniens en Cisjordanie.

    Tnua’t Maavak Sozialisti (Mouvement de Lutte Socialiste, notre organisation-sœur en Israël) a notamment affirmé dans sa déclaration :

    ‘‘Le gouvernement israélien refuse cyniquement de reconnaître la moindre responsabilité. Nous n’avons pas besoin d’une ‘commission d’enquête’ pour comprendre que les dirigeants de l’armée et du gouvernement sont responsables du meurtre de plusieurs activistes.

    ‘‘Plusieurs médias (israéliens) tentent de nous faire croire que les soldats ont été attaqués après que des ‘‘objets’’ aient été jetés des bateaux en leur direction. Les soldats de l’IDF n’avaient toutefois aucune raison d’être dans les environs. En réalité, l’armée a été utilisée pour réprimer le droit de protester.

    ‘‘Les ministres, les généraux et leurs amis parmi les journalistes essaient de dévier l’attention de la politique d’agression israélienne. Le gouvernement de Bibi-Barak-Lieberman mène une politique de destruction et d’oppression avec le siège et l’occupation de Gaza ainsi qu’en stimulant des sentiments racistes contre la population arabo-palestinienne en Israël. Ce gouvernement est belliqueux et l’oppression des Palestiniens nuit également aux intérêts des simples Israéliens.

    ‘‘Nous affirmons que la seule réponse à l’horrible catastrophe du conflit israélo-palestinien repose sur la construction d’un large mouvement social d’Israéliens et de Palestiniens qui unisse juifs et arabes dans des actions communes contre les instigateurs de la politique de diviser-pour-mieux-régner, contre l’occupation et le siège ainsi que contre chaque forme d’oppression et de discrimination. Un tel mouvement doit défendre un programme de droits nationaux et démocratiques, l’égalité de chacun et le renversement des élites capitalistes régionales corrompues.’’

    Construire un mouvement de masse

    Chaque pas en avant important dans l’histoire de la lutte palestinienne était le résultat d’une mobilisation active des masses palestiniennes, comme lors de la première Intifada mais aussi, plus récemment et à plus petite échelle, avec l’action de masse qui a temporairement brisé le blocus à la frontière de Rafah.

    Pour les masses palestiniennes, un mouvement des travailleurs et des pauvres à Gaza et en dehors est la seule façon d’aboutir à un réel changement. Un tel mouvement est non seulement la seule force capable de briser le blocus, mais cela aurait également un impact régional tout en constituant une base pour lutter ensemble pour la libération et contre le capitalisme et la barbarie.

    • Stop au blocus israélien de Gaza. Pour le retrait immédiat de l’armée israélienne des territoires palestiniens
    • Pour une lutte massive des Palestiniens sous leur propre contrôle démocratique et pour une véritable libération nationale
    • Pour des organisations ouvrières indépendantes en Palestine et en Israël
    • Aucune confiance envers les gouvernements capitalistes ou l’ONU
    • Pour la solidarité des travailleurs du Moyen-Orient et internationalement avec la lutte palestinienne
    • Pour une lutte pour le socialisme démocratique en Palestine, en Israël et dans le reste du Moyen-Orient, avec garantie des droits démocratiques de toutes les minorités nationales.
  • Venezuela / Colombie : Chavez rompt les relations diplomatiques avec la Colombie

    Pour la solidarité internationale et la lutte pour le socialisme!

    Le 22 juillet, le président Chavez a annoncé qu’il rompait tout lien diplomatique avec la Colombie. Cette décision a été prise après que le gouvernement colombien ait encore une fois dénoncé à l’OEA (l’organisation des Etats américains) la présence de la guérilla des FARC sur le territoire vénézuélien. Pour le gouvernement colombien, le gouvernement vénézuélien soutient et protège l’ELN et les FARC, qu’il qualifie de terroristes.

    Socialismo Revolucionario (CIO-Venezuela)

    Avant la période présente de tensions, le Venezuela et la Colombie ont partagé une longue histoire commune dans leur développement en tant que nations indépendantes. Jusqu’en 1830, les deux pays formaient une seule nation, “la Gran Colombia”, un projet d’unité continentale encouragé par Simon Bolivar. Mais après la mort du “Liberator” Bolivar, tant dans le territoire vénézuélien que dans le colombien, les classes dirigeantes ont développé des mouvements séparatistes ce qui a abouti à la fin de “la Gran Colombia” et à la formation des ces deux Etats qui existent toujours aujourd’hui. Le 20e siècle a vu des incidents variés apparaître entre les deux pays voisins, jusqu’à atteindre connaître des situations proches de la guerre, comme avec le conflit de “Caldas” en 1987, quand un bateau colombien a été coulé dans les eaux vénézuéliennes, ce qui avait aggravé la dispute concernant la frontière entre les deux pays au Golfe du Venezuela.

    Au cours de ces dernières 100 années, la grande majorité des conflits politiques entre Venezuela et Colombie ont été motivés par des questions territoriales, et largement “gagnées” par la Colombie. Mais c’est depuis l’arrivée de Chavez au pouvoir et la déclaration de la révolution bolivarienne en 1998 que nous avons vu se développer une période de tensions plus aigües.

    Depuis le début de la révolution bolivarienne il y a 11 ans, il y a eu divers incidents au scenario plus ou moins semblable: le gouvernement colombien accuse le Venezuela de soutenir les guérillas qu’il qualifie de terroristes, et le gouvernement vénézuélien répond en disant que l’administration colombienne est d’ultra droite et est un laquais de l’impérialisme.

    Au cours de ces dernières années, le gouvernement vénézuélien a aussi déclaré à la communauté internationale qu’il reconnaissait les guérillas colombiennes des FARC et de l’ELN comme des forces belligérantes et non comme des terroristes. Il argumente en disant que les guérillas colombiennes sont des combattants de la liberté armés, luttant contre une classe dirigeante qui attaque les intérêts du peuple. Cela a constitué l’une des déclarations de Chavez les plus sujettes à controverse et une des raisons principales qui explique pourquoi la classe dirigeante colombienne, dirigée par l’ancien président Alvaro Uribe et avec le soutien des USA, ont augmenté leurs attaques diplomatiques contre la révolution bolivarienne.

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    • Comment renforcer la lutte anticapitaliste en Amérique Latine?
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    Certains pourraient conclure que le conflit actuel entre la Colombie et le Venezuela est un conflit entre la gauche et la droite au niveau régional et international. Nous pouvons dire que cela est vrai en surface, mais des conclusions plus précises peuvent être tirées d’une analyse plus profonde.

    Colombie: nouveau président, même agenda

    La Colombie est en train d’opérer une transition “démocratique”, le gouvernement dirigé par le président Alvaro Uribe quittant le pouvoir après 8 ans. Mais Uribe avait tenté, en vain, de se représenter aux élections présidentielles avec un referendum constitutionnel permettant une réélection indéfinie, une belle hypocrisie quand on se souvient des critiques qu’avait reçues le gouvernement vénézuélien pour une même tentative! Juan Manuel Santos, le nouveau président colombien, partage les mêmes racines politiques qu’Uribe, et était son bras droit au Ministère de la Défense lors du précédent gouvernement, où il figurait parmi les plus intransigeants face au Venezuela.

    Uribe laisse derrière lui des scandales politiques, la crise sociale du para-militarisme et une région déstabilisée, conséquence de l’accord conclu avec les USA leur permettant d’installer 7 bases militaires dans le pays. Cela est vu par les Vénézuéliens comme une menace contre la révolution bolivarienne tout autant que comme une menace envers la stabilité du continent.

    La révolution bolivarienne en crise

    Au Venezuela, la situation est maintenant très fortement différente, tant sur le plan social que politique et économique. 11 ans après la révolution bolivarienne, le gouvernement n’a toujours pas développé d’économie alternative ni rompu avec le système capitaliste. L’économie du pays continue à être faible et dépendante du pétrole. Les 5 années de croissance économique du Venezuela étaient basées sur des hauts prix pétroliers ainsi que, par extension, sur la spéculation concernant les matières premières, ce qui a eu un rôle significatif dans le développement de la crise capitaliste actuelle. Une récession a suivi, qui a remis à l’agenda plusieurs problèmes qui semblaient être résolu au Venezuela grâce aux programmes sociaux financé par les revenus pétroliers.

    Selon les rapports économiques internationaux, dans la région, seules les économies du Venezuela et de Haïti, récemment touchée par un terrible tremblement de terre, restent en déclin. Cela a troublé les eaux du processus bolivarien et ouvert la voie pour une offensive de l’aile droite, dans le cadre des élections parlementaires du 26 septembre prochain où elle pourrait augmenter son nombre de sièges.

    Au même moment, même les politiques gouvernementales comme la création de structures similaires à des conseils communaux, le renforcement de l’intervention de l’Etat dans l’économie et d’autres politiques sociales qui avaient été abandonnées au cours de la précédente période de néolibéralisme, avant l’arrivée de la révolution bolivarienne, ont démontré leur insuffisance et les structures étatiques continuent à être de plus en plus touchées par l’inefficience bureaucratique et la corruption. Cela a été illustré dans le cas récent de la PDVAL, une entreprise alimentaire gouvernementale créée par la PDVSA (une compagnie pétrolière gouvernementale). En conséquence de corruption et d’incompétence, des tonnes de nourritures ont été perdues, ce après quoi énormément de gens ont commencé à considérer le gouvernement de Chavez comme étant opaque et manquant de transparence.

    Voilà le contexte du conflit actuel. Il s’agit bien du résultat d’une politique de menaces et d’intimidation contre la révolution bolivarienne mais, cependant, derrière la rhétorique diplomatique, le facteur le plus concret de cette situation est la construction de bases pour l’impérialisme américain en Colombie, qui n’a pas provoqué de réponse aussi forte du gouvernement vénézuélien. Les relations entre les deux pays se sont détériorées jusqu’à un point où le commerce entre les deux pays a chuté de 60%.

    Une intervention impérialiste ?

    Un des éléments clés de ce conflit est représenté par la tentative de l’élite politique dirigeante des deux pays de créer un conflit qui ne sert les intérêts d’aucune population de la région, mais qui a l’avantage de détourner leur attention de la situation qui se développe au Venezuela et en Colombie.

    Rien ne peut être certifié concernant une future action de l’impérialisme, mais pour l’instant, avec des Etats-Unis submergés par une crise économique et politique de grande ampleur, militairement embourbés dans les occupations de l’Irak et de l’Afghanistan, en crise ouverte avec le régime iranien, une intervention militaire directe des USA au Venezuela semble hautement improbable. Une telle intervention provoquerait une vague de solidarité internationale qui renforcerait les éléments anti-impérialistes et réveillerait le volcan de la révolution des Andes qui avait menacé d’explosé en 2002-2006, quand différents gouvernements de “gauche” avaient été élus dans la région. Cela referait apparaître la menace du début d’une véritable révolution socialiste, de la libération continentale et internationale et de la lutte pour une fédération socialiste d’Amérique Latine.

    Nous n’espérons pas voir se concrétiser la menace de l’impérialisme. Mais dans nos perspectives, actuellement, la plus grande menace pour le processus bolivarien est interne. Les tendances réformistes et “sociales-démocrates” conspirent ouvertement pour prévenir tout développement orienté vers la révolution socialiste. Leur rhétorique, qui se confine à la “libération nationale”, considère le socialisme comme une tâche lointaine alors qu’il s’agit d’une nécessité urgente. Ce type de contradictions a maintenant conduit à une situation où la droite et les contre-révolutionnaires, après des années de défaite, après avoir été proches de l’extinction, sont maintenant plus vivants que jamais, avec une réelle possibilité de revenir au pouvoir au Venezuela.

    Nos revendications :

    • Non à la guerre !
    • Les bases militaires US : hors de Colombie !
    • Non à l’intervention impérialiste !
    • La véritable guerre n’est pas entre les peuples, mais contre le système capitaliste !
    • Travailleurs, paysans, indigènes, étudiants et communautés populaires de Colombie et du Venezuela : unité and lutte pour le socialisme démocratique et révolutionnaire !
  • Construire le CIO : diffuser les idées socialistes à travers le monde

    La crise capitaliste conduit à un intérêt croissant pour les idées et les campagnes socialistes du CIO

    A la mi-juillet s’est déroulée, à Gand, l’école d’été du CIO. Cette semaine très réussie a réuni plus de 400 participants. La dernière session de discussion était consacrée à la construction du Comité pour une Internationale Ouvrière, dans cette période de crise mondiale économique et politique.

    Rapport de l’école d’été du CIO par Michael O’Brien, Socialist Party (CIO-Irlande)

    La session a débuté par un montage vidéo consacré aux récents mouvements de protestations qui ont pris place sur tous les continents, et auxquels le CIO a activement participé, et en a même initié certains. Niall Mulholland, du Secrétariat International du CIO, a introduit la discussion, en résumant les expériences de différentes sections au cours de l’année écoulée, en parlant de leurs percées mais également des défis auxquelles elles ont dû faire face.

    La plupart des sections du CIO ont connu une croissance de leurs effectifs pendant l’année passée. Malgré l’ampleur de la crise et l’absence d’une alternative claire pour les travailleurs, Niall a souligné qu’il serait une erreur de faire un lien automatique entre le déclenchement d’une récession et le fait que des jeunes et travailleurs y répondent en tirant immédiatement des conclusions socialistes. En général, la conscience politique tend à être en retard sur les évènements. La précédente période de domination idéologique néolibérale, les obstacles pratiques que constituent les directions syndicales de droite et l’absence d’une alternative politique de gauche à une échelle de masse ont été autant d’éléments qui ont constitué un frein pour le développement d’une réponse militante plus active de la part des travailleurs et des jeunes. Cela étant dit, les évènements poussent clairement une grande partie de la jeunesse et des travailleurs à entrer en opposition face au système, et il existe une couche qui se radicalise de plus en plus et qui est attentive aux idées du socialisme et du Comité pour une Internationale Ouvrière.

    Toutes les sections du CIO ont fait l’expérience d’une accélération du rythme de leur activité ces derniers mois, car les sujets sur lesquels se battre et faire campagne ne manquent pas. L’année dernière a aussi vu un renouveau de l’activité du CIO dans des endroits comme l’Espagne, le Portugal et Taïwan. ControCorrente, en Italie, a rejoint le CIO, le Mouvement pour le Parti Socialiste fait campagne pour construire le CIO au Québec,…

    Niall s’est particulièrement concentré sur le développement du CIO en dehors de l’Europe. Le CIO est actif dans des pays tels que la Malaisie ou encore la Bolivie. Au Brésil, la section du CIO a obtenu un grand succès lors de sa fusion avec un autre groupe de gauche pour former Liberté, Socialisme et Révolution. Des discussions et une collaboration avec d’autres groupes de gauche voient le jour dans des pays variés, y compris en Turquie.

    Les socialistes rencontrent des situations difficiles

    Niall a aussi fait état que, dans certaines parties du monde comme au Sri Lanka et au Nigéria, la période à laquelle les socialistes sont confrontés est actuellement très difficile à cause des guerres, de l’oppression nationale, d’une généralisation extrême de la pauvreté et d’un recul des luttes de masse. Les sections du CIO au Sri Lanka (le Parti Socialiste Unifié) et au Nigéria (le Mouvement Socialiste et Démocratique) ont accompli le miracle de maintenir leurs forces, construites à travers des années en développant leur politique et leur programme, ce qui les place dans une bonne position pour une croissance substantielle lorsque la situation leur sera plus favorable.

    Un des développements les plus frappants cette année a été celui rencontré par le CIO au Pakistan avec le Mouvement Socialiste du Pakistan, qui a récemment pu tenir une école de cadres rassemblant plus de 100 personnes. Etant donné la pauvreté énorme au Pakistan et le manque d’infrastructures, la construction d’une organisation socialiste dans ces conditions relève de l’exploit. Cette section a aussi vu la fédération syndicale qu’elle a lancée, la Fédération Progressiste des Travailleurs du Pakistan, augmenter son nombre de membres pour atteindre les 500.000 membres.

    Niall a aussi évoqué les différentes activités dans lesquelles les sections européennes du CIO ont été impliquées, ce qui a été développé plus en détail dans la discussion. Le rôle pratique qu’une organisation internationale comme le CIO peut jouer a été démontré par la semaine de solidarité et d’action initiée par Joe Higgins, notre député européen, et soutenue par le groupe de la Gauche Européenne du Parlement Européen en juin, contre les attaques d’austérité qui pleuvent sur la classe ouvrière grecque. En conséquence, les sections du CIO ainsi que d’autres partis de gauche ont organisé des protestations, des piquets de grève et des meetings dans toute l’Europe.

    Avec la croissance numérique du CIO se présente le défi de développer politiquement et organisationnellement des camarades expérimentés pour qu’ils participent et mènent des luttes dans leur quartier, leur lieu de travail ou d’étude.

    Dans la discussion qui a suivi, le camarade Brett des Etats-Unis a fait état d’une série d’interventions que Socialist Alternative (CIO-USA) a fait dans les luttes récentes, notamment avec une grève des infirmières à Philadelphie, avec le mouvement anti-guerre contre l’envoi de troupes en Afghanistan par Obama et avec le « Grassroots Education Movement », qui a été mis en place en réponse à la privatisation à venir de l’éducation.

    Christel, de ControCorrente (CIO-Italie) a parlé du travail avec les postiers en lutte contre la privatisation. Suite à l’initiative d’un jeune camarade dans la petite ville d’Abruzzo, une manifestation contre l’extrême droite de Forza Novo a eu lieu.

    Gary a parlé du travail du Socialist Party en Irlande du Nord, où les problèmes du sectarisme compliquent pas mal l’activité de nos camarades. Néanmoins, les effets des coupes sociales se font ressentir et notre parti a récemment été à l’initiative d’une manifestation réussie à Belfast, avec le soutien de nombre de syndicats. Ce genre de travail a créé les bases pour le développement de nouvelles sections du Socialist Party.

    Kyriakos, de Xekinima (CIO-Grèce), a décrit le travail des camarades dans l’alliance de gauche Syriza, ainsi que notre travail dans d’autres secteurs, et particulièrement parmi la jeunesse. Xekinima a traversé une période de croissance rapide dans les années récentes et développe ses efforts pour former plus de cadres.

    Greg, du Socialist Party (CIO-Angleterre & Pays de Galles), a montré des chiffres prouvant la croissance dans le nombre de nouvelles adhésions ces derniers mois, particulièrement remarquable parmi les syndicalistes. Une nouvelle dynamique a permis au parti de refonder des sections dans plusieurs villes. Le week end ‘‘Socialisme 2010’’ en novembre, les campagnes contre les coupes budgétaires dans les quartiers et les syndicats seront les principaux axes de travail du parti.

    Ioshe du Mouvement de Lutte Socialiste (CIO-Israël) a parlé de la participation des membres du CIO dans les mouvements de protestation contre l’attaque contre la flotille d’aide humanitaire à Gaza, ainsi que contre les colonies en Cisjordanie. Les camarades ont aussi gagné de nouveaux membres suite à leur participation aux campagnes pour les droits des LGBT en Israël.

    La lutte pour le socialisme en Inde, en France et en Belgique

    Vishwa, de la Nouvelle Alternative Socialiste (CIO-Inde) est intervenu sur le travail des camarades contre les activités des compagnies minières, qui se sont vues offrir par le gouvernement les ressources naturelles indiennes et qui tire du profit de l’exploitation effrénée des travailleurs et de l’environnement. Le livre du CIO, Le Marxisme dans le monde d’aujourd’hui, a été traduit dans une quatrième langue en Inde, afin d’apporter aux idées socialistes un profil encore plus grand dans le sous-continent.

    Alex de la Gauche Révolutionnaire (CIO-France), a décrit comment la section française a participé au Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA), où les camarades font campagne pour que celui-ci adopte un programme socialiste. Le CIO en France mène également des campagnes antiracistes et pour les droits des écoliers.

    Bart du Linkse Socialistiche Partij / Parti Socialiste de Lutte (CIO-Belgique) a décrit comment le CIO développe la formation socialiste de ses membres après une croissance significative du parti. Alors qu’il n’y a pas eu de lutte généralisée en Belgique depuis une certaine période, il y a eu quelques mouvements importants de la jeunesse et des luttes industrielles isolées auxquelles les membres du CIO ont apporté leur soutien.

    Pour clore l’école d’été 2010, Tony Saunois du Secrétariat International a souligné qu’il s’agissait de la plus grande école d’été depuis plus de 20 ans, ce qui est une autre indication des progrès que le CIO a fait pendant l’année passée. Avec cette croissance arrive aussi le défi de former des cadres – ce qui peut être fortement accéléré dans le contexte de la crise économique et l’augmentation du tempo de la lutte des classes, ce qui permettra à de nouveaux membres du CIO d’acquérir rapidement, à plus ou moins court terme, une expérience vitale.

    Tony a aussi souligné l’importance de l’appel de la Confédération Européenne des Syndicats pour des actions à l’échelle européenne le 29 septembre prochain contre les coupes sociales et les plans d’austérité. A cette date, une grève générale aura également lieu en Espagne. Le CIO en Europe participera aux grèves et aux manifestations qui se tiendront ce jour ci, là où ce sera possible.

    L’école d’été se conclut sur les notes de l’Internationale, chantée dans plus de douze langues, alors que les participants se préparent pour les luttes futures. A cette date, il y aura également une grève générale en Espagne. Le CIO, à travers l’Europe, va participer aux grèves, manifestations et diverses initiatives qui auront lieu ce jour-là, partout où cela nous sera possible.

    Cette école d’été du CIO a été clôturée par l’Internationale, chantée dans une douzaine de langues différentes, avec un grand enthousiasme de la part des participants, qui sont prêts pour les luttes à venir.

  • Comment renforcer la lutte anticapitaliste en Amérique Latine ?

    LA GAUCHE AU POUVOIR EN BOLIVIE

    Ces dernières années, nous avons assisté à une percée des régimes de gauche en Amérique Latine. Chavez, au Venezuela, a été suivi par Morales en Bolivie et, ailleurs aussi, la radicalisation s’est exprimée dans le renforcement des forces de gauche. Nous voulons analyser comment ces développements positifs peuvent être sauvegardés et étendus. Nous avons discuté avec HANNES, un membre du PSL qui a passé ces six derniers mois en Bolivie en tant qu’étudiant Erasmus.

    COMMENT ET POURQUOI UN RÉGIME DE GAUCHE EST-IL ARRIVÉ AU POUVOIR EN BOLIVIE ?

    ‘‘La Bolivie a une histoire faite d’exploitation, d’oppression, de guerres (civiles),… Le colonialisme espagnol a été suivi par le néocolonialisme, entre- autres, des Etats-Unis, avec le soutien de la politique néolibérale de la bourgeoisie bolivienne. Ces années de sang, de sueur et de larmes ont laissé des traces.

    ‘‘Entre 58 et 70% de la population vit sous le seuil de pauvreté (avec moins de 2 dollars par jour) et environ la moitié d’entre eux connait l’extrême pauvreté (moins de 1 dollar par jour). Le fossé entre riches et pauvres est véritablement devenu un gouffre. Selon le Ministre du Développement économique Xavier Nogales, un riche gagne en moyenne 90 fois plus qu’un pauvre.

    ‘‘La Bolivie a un potentiel énorme avec un sol fertile, des minerais de grande valeur, du pétrole, et la deuxième plus grande réserve de gaz naturel d’Amérique Latine. Mais jusqu’à présent, ce sont les multinationales et la bourgeoisie bolivienne qui ont profité de ce potentiel. Ce n’est guère surprenant que les travailleurs et les paysans de Bolivie s’opposent à cette injustice.

    ‘‘Cette résistance n’est d’ailleurs pas nouvelle, la Bolivie jouit d’une histoire de luttes ouvrières et paysannes particulièrement riche. Ainsi, le pays a connu en 1952 une véritable révolte de la classe ouvrière et des paysans, épisode connu sous le nom de ‘‘Révolution d’avril’’. La classe ouvrière, armée, est parvenue à accomplir de grandes réformes (notamment la nationalisation de toute une série de mines) et a mis un terme au régime féodal qui opprimait les paysans. Plus tard, le pays a connu une première grande réforme agraire ainsi que l’instauration d’un enseignement de base pour les enfants des ouvriers et des paysans dans les villages.

    ‘‘Plus récemment, il n’y a même pas 10 ans, les masses se sont soulevées contre la ‘‘guerre de l’eau’’ et ont obtenu l’expulsion immédiate des grandes multinationales qui s’étaient accaparées l’approvisionnement en eau. Trois ans plus tard, c’était le triomphe de la ‘‘guerre du gaz’’ et, en 2005, un mouvement de masse encore plus grand s’est dressé pour exiger la nationalisation complète de l’industrie gazière, mouvement qui a éjecté deux présidents néolibéraux.

    ‘‘En reprenant les revendications du peuple dans leur programme, Evo Morales et son MAS (Movimiento al Socialismo) sont parvenus à remplir le vide politique. Aux élections de 2005 et 2009, le MAS a remporté des scores électoraux record. Aujourd’hui, le MAS reste toujours extrêmement populaire, mais cela peut changer. La population exige des réformes plus radicales et ne tire aucun avantage des mesures actuellement très limitées du gouvernement de Morales. Si ce gouvernement ne va pas plus loin, les masses sont prêtes elles- mêmes à lutter pour obtenir plus.

    ‘‘Cette confiance s’est reflétée, entre autres, dans la grève des fonctionnaires du 9 mai dernier. Les grévistes revendiquaient une hausse salariale de 12,5% contre les 5% promis par le gouvernement (entre 2003 et 2005, les salaires n’avaient augmenté que de 3 à 4%).’’

    QUE SIGNIFIE LE RÉGIME DU MAS POUR LA POPULATION ?

    ‘‘Après son élection, Evo Morales a procédé à la nationalisation du secteur de l’énergie. Mais cela ne consiste qu’en des joint-ventures où 20% des entreprises se trouvent toujours aux mains des multinationales, les 80% restants étant sous contrôle de l’Etat. Il n’y a donc pas de nationalisation complète sous contrôle des travailleurs, mais les revenus de l’Etat issus du secteur énergétique ont été décuplés (de 200 millions de dollars en 2006 pour 2 milliards en 2008).

    ‘‘Ces revenus ont donné l’espace nécessaire à Morales pour mettre sur pieds ses célèbres Bonos (projets sociaux). Avec ces projets, Morales a pu assurer des subsides scolaires, des pensions, des allocations pour les dépenses de soin et la gratuité de certains produits de base. Si ces Bonos sont évidement les bienvenus pour la population pauvre, ils n’ont toutefois conduit à aucun changement fondamental.

    ‘‘Pour l’instant, la réforme agraire n’a qu’à peine été concrétisée. Morales a réparti 500.000 hectares de terres des grands propriétaires en faveur de la population paysanne. Cela semble être un pas important en avant, mais les terres touchées étaient inoccupées car économiquement inintéressantes. En fait, Morales ose s’en prendre relativement fortement aux intérêts des multinationales étrangères mais, face à la bourgeoisie nationale et aux grands propriétaires terriens, il est extrêmement prudent.

    ‘‘Enfin, une nouvelle constitution a été instaurée, assurant plus de droits et d’autonomie pour la population amérindienne. Après des décennies de racisme et de discrimination, cette avancée est très importante. Une nouvelle constitution ne met pas immédiatement fin au racisme, mais c’est une aide précieuse dans le cadre de la lutte contre le racisme et les discriminations. Il n’a d’ailleurs pas été seulement question de discrimination raciste, mais aussi sexuelle ou d’orientation sexuelle.’

    COMMENT PEUT-ON SAUVEGARDER ET ÉLARGIR CES RÉFORMES ?

    ‘‘Ces réformes représentent un pas important en avant pour les marxistes et pour les mouvements sociaux en général. Les victoires électorales successives du MAS ont temporairement affaibli la droite capitaliste. Mais pour garantir que la droite ne puisse retrouver son ancienne position, le MAS doit consolider son soutien parmi la population.

    ‘‘En général, les marxistes soutiennent de façon critique les candidats du MAS. Nous défendons les réformes de ces dernières années et luttons contre la droite. Mais afin d’éviter le retour de la droite, le régime doit rapidement opérer plus de changements fondamentaux.

    ‘‘Nous ne pouvons pas abandonner la lutte contre la droite et pour une rupture avec le capitalisme à la direction du MAS. Un changement socialiste de société n’est possible qu’en se basant sur la mobilisation active de la base de la société. A la place de cela, le gouvernement du MAS a instauré par en haut des réformes limitées et a tenté d’obtenir des compromis avec le système capitaliste. Cela n’est pas tenable à long terme.

    ‘‘La frustration est déjà bien présente parmi les travailleurs et les militants qui ont porté Morales au pouvoir parce que les choses ne vont pas plus loin et qu’il n’y a eu aucune rupture fondamentale avec le capitalisme et le latifundisme (structure agraire héritée du féodalisme). Cette frustration a régulièrement entraîné des actions, une lutte qui pourrait s’accroître au cas où le gouvernement ne serait plus en état de maintenir les actuelles concessions limitées dans ce contexte de crise économique. Vouloir temporiser la situation ne conduira qu’à un recul et c’est ce processus qui se développe pour l’instant. L’instauration d’une économie démocratiquement planifiée à la place du capitalisme est une nécessité.

    ‘‘Nous avons également assisté à un renforcement de la bureaucratie à l’intérieur du gouvernement et du MAS lui-même. Lors des élections locales du 4 avril, beaucoup de candidats du MAS ont ainsi été désignés par la direction nationale et non par des élections à la base. Parmi ces candidats, certains n’ont aucun lien avec les mouvements sociaux ou la lutte des travailleurs. Des protestations ont suivi, mais la direction n’en a pas tenu compte, ce qui a conduit à une certaine désillusion. Le régime tente aussi d’éviter les mobilisations et les actions indépendantes en incorporant la direction des mouvements sociaux à l’appareil d’Etat.

    ‘‘D’autre part, des capitalistes de droite ont également été acceptés dans le parti, selon l’argument que des compromis seraient ainsi possibles. Ce pragmatisme a connu de tristes sommets quand même quelques dirigeants d’une organisation d’extrême-droite ont été acceptés dans le MAS à Santa Cruz. La direction du MAS estime que les candidats de droite dans les provinces riches en minerais sont des gages de victoire. Elle sous-estime le danger de cette stratégie. Les opportunistes de droite serviront les intérêts du monde des affaires et des grands propriétaires terriens. Pour la droite, la position que lui offre le MAS est une opportunité de se renforcer et de lutter contre les réformes. Mais par-dessus tout, cela isole le parti de sa base véritable.

    ‘‘Afin de lutter contre ces développements, les ouvriers, les paysans et les jeunes qui ont porté ce régime de gauche au pouvoir doivent se battre pour assurer un contrôle démocratique sur le MAS, sur les campagnes et sur la direction du parti. La base du MAS est déjà très fortement organisée, elle doit utiliser cette force pour s’emparer elle-même du contrôle sur son parti. A ct effet, des comités locaux de membres du MAS peuvent être érigés tandis que des syndicats et des organisations paysannes peuvent s’organiser et lutter contre la bureaucratisation et pour le contrôle ouvrier sur le gouvernement et sur l’économie.

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