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Ecosse : la perspective d’une lutte de masse pour l’indépendance à la lumière des élections de mai

Plusieurs dizaines de membres du PSL/LSP et de sympathisants sont actuellement en route vers Glasgow afin de participer aux mobilisations autour de la COP26. Le texte suivant, publié en mai dernier par des membres d’Alternative Socialiste Internationale en Écosse, leur a été distribué dans le cadre de leur préparation politique.
En apparence, les résultats des élections locales en Angleterre suggèrent que les Tories ont échappé à un règlement de comptes pour la catastrophe de leur gestion de la crise sanitaire : un bilan de plus de 150.000 décès, la plus grande contraction économique depuis trois siècles et la vie d’innombrables travailleurs bouleversée. Mais en Écosse, la victoire écrasante du SNP (Parti national écossais) et la majorité indépendantiste qui a été reconduite au parlement écossais reflètent la crise qui se prépare et qui sape les fondements mêmes du Royaume-Uni. Il existe un mandat incontestable pour l’indyref2 (le second référendum sur l’indépendance de l’Écosse), qui représente une réelle menace pour Boris Johnson, les Tories (conservateurs) et le capitalisme britannique.
Tout au long de l’année dernière, les sondages ont constamment montré qu’une majorité existait en Ecosse en faveur de la sortie du Royaume-Uni, le taux atteignant même plus de 70% parmi la jeunesse. La gestion criminelle de la pandémie par Boris Johnson et l’impact dévastateur que cela a eu sur la vie des travailleurs et des jeunes n’ont fait qu’accroître le mécontentement qui alimente le désir d’indépendance et de rupture avec le règne des Tories.
Le taux de participation sans précédent de 63 % – en hausse de 10 % par rapport à 2016 – illustre l’importance de ces élections. Pour de nombreux partisans de l’indépendance, la prochaine phase de la lutte était considérée comme dépendant du retour d’une majorité de membres du parlement écossais engagés, sur le papier tout du moins, à obtenir l’indépendance. Bien que le SNP soit passé à un siège de la majorité absolue, le fait que les Verts aient remporté 8 sièges signifie que 72 des 129 députés du parlement écossais sont favorables à l’indépendance. Le récit des commentateurs de l’establishment selon lequel les partis “unionistes” auraient obtenu une courte majorité du vote populaire est démenti par le fait que les sondages montrent régulièrement que 30 à 40 % des électeurs travaillistes (et même une minorité significative de membres du parti travailliste) soutiennent l’indépendance.
Bien que ces résultats constituent un tournant, qui ajoute encore à l’élan en faveur d’un second référendum, le chemin à parcourir est parsemé d’obstacles que seul un mouvement de masse de la classe ouvrière peut surmonter.
Les Tories écossais renforcent l’unionisme
Les Tories écossais resteront le deuxième plus grand parti de Holyrood (surnom du parlement écossais) après une campagne qui les a dépeints comme les combattants les plus capables opposés à l’indépendance. « Arrêtons ensemble le SNP et Indyref2 » était l’un des nombreux slogans qui reflétaient une polarisation renforcée concernant la question nationale. En dehors de leur base traditionnelle, ils ont également ciblé les électeurs travaillistes et libéraux démocrates favorables à l’Union. En dépit de la faible cote de popularité du nouveau leader conservateur écossais Douglas Ross, cette approche semble avoir porté ses fruits. Comme l’a révélé un sondage, la moitié des personnes qui prévoient de voter pour les conservateurs le font pour des raisons “tactiques”, c’est-à-dire pour que l’Écosse reste au sein de l’Union.
Si le Parti conservateur et unioniste a été contraint de prendre ses distances avec ses homologues anglais (Boris Johnson a même annulé une visite préélectorale en Écosse), il ne fait aucun doute qu’ils sont taillés dans la même étoffe réactionnaire. Lors d’un débat télévisé, Ross a été critiqué pour son attitude méprisable envers les gens du voyage. Le fait que cela ait provoqué une telle indignation montre le glissement vers la gauche de nombreux travailleurs et jeunes mais c’est aussi une démonstration de la meilleure compréhension du fait que les Tories représentent un groupe raciste et complètement pourri. Cela illustre encore que le soutien croissant à l’indépendance ne repose pas sur un nationalisme chauvin.
Les travaillistes
L’opposition des Tories à un second référendum a été imitée par le Labour écossais (les travaillistes) qui a poursuivi son virage à droite. Après la démission de Richard Leonard, sympathisant de la gauche molle de Corbyn, Anas Sarwar (un millionnaire dont l’entreprise familiale refuse de reconnaître les syndicats) a été élu dirigeant du parti en Ecosse, ce qui a remis les partisans de la ligne droitière de Tony Blair au poste de commandement du parti. Mais tout espoir que Sarwar puisse redonner vie au parti travailliste écossais a été anéanti. Apparemment en phase terminale, le parti a perdu deux autres députés et a enregistré le pire résultat électoral de son histoire depuis la création du parlement écossais (en 1999).
Dans les derniers jours de la campagne, l’ancien Premier ministre travailliste Gordon Brown s’en est pris au SNP avec des mots qui trahissent l’état d’esprit des travaillistes : « C’est là toute la différence : Nous voulons mettre fin à la pauvreté des enfants, le SNP veut mettre fin au Royaume-Uni. Ils se lèvent le matin en pensant à un référendum, nous nous levons le matin en voulant une reprise économique. Ils se couchent en rêvant de séparation, nous nous couchons en rêvant de justice sociale. »
Bien que le SNP doive effectivement être critiqué pour son bilan lamentable en matière de lutte contre les inégalités, Gordon Brown, qui a lui-même infligé une austérité brutale aux communautés de la classe ouvrière à travers la Grande-Bretagne, est la dernière personne en mesure de pointer ce parti du doigt !
Qui plus est, cette logique ne tient pas compte du fait que le soutien à l’indépendance a augmenté précisément parce que les travailleurs et les jeunes écossais considèrent qu’il est nécessaire de rompre avec la pauvreté et la précarité, ce que les travaillistes n’ont ni le programme ni la volonté de réaliser. Socialist Alternative (ASI en Angleterre, au Pays de Galles et en Ecosse) défend que pour que l’indépendance écossaise transforme réellement la vie des travailleurs et des pauvres, il est nécessaire d’adopter une approche socialiste qui dépasse de loin la direction pro-capitaliste du SNP.
Le SNP et Alba
Malgré la complicité du SNP dans la fabrication de la crise actuelle, ce parti a augmenté son soutien électoral par rapport à 2016 et a gagné un député supplémentaire au parlement écossais. Tout au long de la pandémie, la cheffe du SNP Nicola Sturgeon a bénéficié d’une hausse de son taux d’approbation car ses communiqués plus avisés en matière de relations publiques et son comportement “prudent” la faisaient fortement contraster avec un Boris Johnson pompeux, la personnification même de la poursuite inconsidérée de la recherche de profit à tout prix du capitalisme.
Le triomphe électoral du SNP ne reflète pas la force des illusions envers ce parti qui s’est déplacé encore plus vers la droite et dont la réponse face à la crise sanitaire a subordonné la santé et la vie des membres de la classe ouvrière aux intérêts du capital. En l’absence d’une alternative de masse à gauche, un vote pour le SNP était considéré comme la seule voie viable vers un second référendum.Sturgeon n’a survécu que de justesse à la crise politique qui a secoué le SNP dans les mois précédant les élections. Bien qu’elle se soit manifestée sous la forme d’un différend personnel entre elle et l’ancien Premier ministre Alex Salmond, la scission survenue au sein du SNP et la formation du parti Alba reflètent les contradictions de classe croissantes au sein du mouvement. Salmond a tenté d’exploiter le mécontentement à l’égard de la direction de Sturgeon, en particulier son approche conciliante pour obtenir un second référendum. Un certain nombre de personnalités du SNP et du mouvement indépendantiste au sens large ont rejoint Alba, notamment l’ancien député socialiste Tommy Sheridan.
Ne se présentant que sur des listes régionales et appelant à un second vote tactique, la campagne d’Alba reposait sur l’utilisation des particularités du système électoral écossais pour obtenir une “supermajorité” de députés écossais pro-indépendance. Ils n’ont néanmoins pas réussi à remporter un seul siège au parlement écossais.
Toute illusion selon laquelle Alba représentait une alternative de gauche au SNP devrait maintenant être complètement détruite. Il est apparu clairement au cours de l’élection que Salmond est entouré d’un ramassis de réactionnaires, y compris de racistes ouvertement déclarés. La candidate du centre de l’Écosse, Margaret Lynch, a prétendu à tort et à travers que les groupes de campagne LGBT préconisaient de réduire l’âge du consentement sexuel à 10 ans. Le comportement prédateur et misogyne de Salmond ne lui a pas non plus fait de cadeau auprès des femmes et des jeunes radicalisés qui rejettent plus que jamais le sexisme sous toutes ses formes.
Les Verts : Une alternative de gauche ?
Le Green Party Scotland a réussi à augmenter le nombre de ses suffrages et à obtenir deux sièges supplémentaires au parlement écossais. Répondant à la pression de la base, leur campagne s’est orientée vers la gauche avec des promesses électorales en faveur d’emplois verts, du financement du logement et des services sociaux ainsi que d’une taxe sur les millionnaires. Le Parti travailliste étant de nouveau sous l’emprise des « Blairistes » et désespérément déconnecté de la question nationale, certains considèrent les Verts comme une force de gauche pro-indépendance.
Pourtant, les Verts restent un parti incapable ou peu désireux de rompre avec le capitalisme. A Holyrood, cela signifie que, dans le meilleur des cas, leur “opposition” se limite à bricoler sur les bords de l’approche de Sturgeon, celle d’appliquer “à contrecœur” l’austérité de Westminster (où siège le parlement du Royaume-Uni). Plus important encore, ils n’ont pas réussi à organiser la moindre riposte sur les lieux de travail ou dans les communautés locales.
Il ne fait aucun doute que de nombreux électeurs verts, ainsi que des membres du parti vert, cherchent véritablement une issue à l’impasse du capitalisme. Beaucoup comprennent que la crise écologique à laquelle la planète est confrontée trouve son origine dans ce système reposant sur la course aux profits. Cela place nécessairement en tête de l’ordre du jour une lutte mondiale pour mettre fin au système capitaliste et planifier une économie verte dans le monde entier, un argument qui attirera une audience croissante en Écosse à l’approche du sommet sur le “réchauffement climatique”, la COP26 de Glasgow cet automne. Mais ce n’est pas ce que propose le parti vert. Ils sont loin de proposer un programme qui défie le système capitaliste et pointe vers une alternative socialiste. Qui plus est, c’est précisément dans le domaine de l’internationalisme que le manifeste des Verts a révélé l’insuffisance de confiner leur stratégie dans les limites du capitalisme.
A l’instar du SNP, ils ont affirmé que : « Les Verts écossais pensent que l’avenir de l’Écosse est mieux servi en tant que membre à part entière de l’Union européenne (…) Nous ferons donc campagne (…) pour réintégrer l’UE en tant que nation indépendante dès que possible. » L’adhésion à l’UE, cependant, enfermerait une Ecosse indépendante dans un bloc commercial capitaliste dédié à la défense des intérêts des monopoles qui détruisent la planète pour le profit. L’UE pourrait être utilisée par la classe capitaliste pour mettre des bâtons dans les roues d’un éventuel gouvernement de gauche en Écosse qui voudrait revenir sur des décennies d’austérité et adopter des mesures de type socialistes.
Sur la question de l’indépendance, ils ne sont pas plus avancés, reprenant la même stratégie légaliste que Sturgeon et consorts. Leur manifeste souligne que tout effort du gouvernement britannique pour bloquer un référendum serait « sujet à un défi juridique ». C’est ignorer le fait que les tribunaux des patrons ont toujours agi comme un barrage sur le chemin des luttes économiques, sociales et démocratiques de notre classe sociale.
La classe dirigeante s’oppose à l’indépendance
Pour toutes ces raisons, il est loin d’être évident que la majorité actuelle en faveur de l’indépendance sera suffisante pour garantir l’indyref2. Alors que les résultats n’étaient pas encore connus, Johnson a été clair dans son rejet d’un second référendum, le qualifiant d’”imprudent” et d’”irresponsable”. De même, le ministre conservateur Michael Gove a déclaré que l’échec du SNP à obtenir une majorité globale, sapait les arguments en faveur de l’Indyref2.
Bien que ces résultats mettent sans aucun doute les Tories sous une pression accrue, les commentaires de Johnson et Gove donnent un aperçu de l’opposition bien ancrée à laquelle le mouvement indépendantiste sera confronté. Tous deux comprennent que la situation est très différente de celle de 2014, lorsqu’une classe dirigeante arrogante a accordé un référendum sans se rendre compte de la révolte de la classe ouvrière qui était sur le point de prendre forme.
En réponse à la victoire du SNP, Johnson a maintenant convoqué un sommet de redressement Covid des nations dévolues du Royaume-Uni sur la façon dont elles peuvent travailler ensemble pour surmonter la crise. Bien que jusqu’à présent, il se soit montré particulièrement dur, voire maladroit, dans son opposition à l’indépendance, nous pourrions assister à un changement d’approche de la part de certaines sections de la classe dirigeante, qui viseraient plutôt un règlement ou une “réinitialisation” constitutionnelle pour sauver le Royaume-Uni de la ruine. Cependant, cela ne différerait que par le style plutôt que par la substance, car il est toujours vrai qu’un mouvement de masse pour l’indépendance de l’Ecosse serait un cauchemar pour la classe dirigeante britannique. Ils feront donc tout ce qu’ils peuvent pour l’empêcher.
Un mouvement de masse de la classe ouvrière est nécessaire
Bien que de tels efforts pour “réinitialiser” le Royaume-Uni soient presque certainement trop peu et trop tard et qu’ils n’arrêteront pas les processus clés qui poussent à l’indépendance, il n’est pas totalement exclu qu’ils puissent être utilisés par Sturgeon et d’autres comme couverture pour une retraite.
Alors que Sturgeon a déclaré avec confiance que le second référendum serait « une question de quand et non de si », le mouvement de la classe ouvrière ne doit pas reculer et laisser la lutte pour les droits démocratiques aux mains de partis pro-capitalistes. Ni le SNP, ni Alba, ni les Verts ne peuvent mener la bataille nécessaire pour vaincre les Tories. Se concentrer sur les manœuvres parlementaires et légalistes ne sert qu’à éloigner le mouvement de la rue et à détourner l’envie de changement vers des canaux plus sûrs.
Nous devons construire une campagne organisée de la classe ouvrière, des jeunes et de tous les opprimés pour les droits démocratiques. Cette campagne doit reposer sur des méthodes militantes de lutte de classe, telles que les grèves, les occupations et les manifestations. Une mobilisation coordonnée sur nos lieux de travail, dans nos écoles et nos communautés est la seule garantie de gagner un second référendum. Les syndicats doivent adopter une position ferme à ce sujet. Bien que le congrès du STUC (le Congrès des syndicats écossais) ait adopté une résolution soutenant l’Indyref2, cela reste largement une politique sur le papier. Peu de syndicats ont pris des mesures décisives pour s’opposer à la trêve du Labour conclue avec les Tories concernant la question nationale.
Socialist Alternative soutient la construction d’une telle campagne, une campagne qui lie la lutte pour l’indépendance à la lutte pour le socialisme en Ecosse et au niveau international.
Une Ecosse capitaliste indépendante ne résoudra aucun des innombrables problèmes sociaux auxquels sont confrontés les travailleurs et les jeunes. Bien que le désir d’échapper à un Brexit conservateur en forme d’accident de voiture ait donné de l’élan aux arguments en faveur de l’indépendance, les travailleurs et les jeunes ne devraient pas se faire d’illusions sur l’UE pro-capitaliste et raciste que le SNP et les Verts sont si impatients de rejoindre.
Seule une transformation socialiste de la société, dans laquelle les sommets de l’économie passent dans le giron de la propriété publique démocratique et où la production est planifiée en fonction des besoins et non du profit, peut poser les bases d’un avenir exempt de pauvreté, de pandémies, de catastrophes climatiques et de toutes les autres horreurs du capitalisme. En fin de compte, un tel mouvement pour une transformation socialiste de la société ne pourrait jamais réussir s’il était confiné à une seule nation. Il est donc essentiel, pour construire une Écosse socialiste, de développer la solidarité au-delà des frontières. Cela signifie d’établir des liens avec les travailleurs et les jeunes qui luttent contre le capitalisme et l’austérité à travers l’Angleterre, le Pays de Galles, l’Ecosse et l’Irlande, en construisant la lutte pour une fédération socialiste libre et volontaire de ces pays, dans le cadre d’une confédération socialiste d’Europe et d’un monde socialiste.
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[DOSSIER] A propos du référendum écossais sur l’indépendance
Même si le “Non” a gagné, le référendum sur l’indépendance a complètement bouleversé la vie politique au Royaume-Uni. La campagne pour le “Oui” s’est changée en une mobilisation de masse dans les quartiers ouvriers : contre l’austérité et contre la politique bourgeoise corrompue, et pour un avenir positif. Il s’agit d’un point tournant, ce qui soulève d’importantes questions pour les socialistes.Analyse par Peter Taaffe, secrétaire général du Socialist Party (CIO–Angleterre et Pays de Galles)
Le référendum pour l’indépendance en Écosse a été remarquable à de nombreux égards : l’énorme politisation et l’intense polarisation de classe, plus le fait que les masses commencent à intervenir de manière active dans la vie politique, surtout du côté des couches les plus opprimées de la classe des travailleurs, qui cherchent maintenant à reprendre son avenir en main, là où la politique était jusqu’ici au Royaume-Uni considérée comme la chasse gardée de l’élite auto-proclamée qui domine ce qu’elle appelle le “débat politique”.
Vu le déclenchement des passions qu’il a suscité, ce référendum a complètement chamboulé le paysage politique du Royaume-Uni : « Plus rien ne sera comme avant », ont même concédé plusieurs analystes bourgeois. Plus remarquable encore, ce référendum aura également d’importantes conséquences sur la vie politique dans d’autres pays. L’Écosse, ce petit pays (5 millions d’habitants, 80 000 km²) doté d’une importante histoire de résistance ouvrière, fait à présent vaciller l’Europe et le monde dans leurs fondements.
Les dirigeants mondiaux, de Barack Obama à Xi Jinping en passant par le pape François, se sont réunis pour appeler de tous leurs vœux au rejet de l’indépendance pour l’Écosse. La classe dirigeante britannique qui régnait naguère sur un quart de la population mondiale, a été si terrifiée de cette potentielle atteinte à son prestige et à sa réputation mondiale, qu’elle a déversé des seaux entiers de calomnies et d’injures contre le mouvement indépendantiste. « Le monde entier dit “Non” à l’indépendance de l’Écosse », s’écriait Phillip Stephens dans le Financial Times. Quelques jours avant la date du référendum, le même magazine décrivait bien l’effroi qui régnait parmi les capitalistes : « L’élite dirigeante tremble d’effroi tandis que l’Union vacille […] Offensive majeure des patrons contre le “Oui” […] 90 % des patrons sont contre le “Oui” »
Surprise, surprise, le Fonds Monétaire International (FMI) a lui aussi été recruté dans ce front anti-indépendance, prophétisant des « risques de récession sur les marchés ». Alan Greenspan, ex-président de la banque centrale américaine – aux affaires au moment de la plus grande catastrophe économique et financière de l’histoire après la crise des années ’30 et que l’on n’avait plus vu depuis un bon moment – est tout à coup réapparu pour dire que « Voter “Oui” serait une grave erreur économique pour l’Écosse et une catastrophe géopolitique pour l’Occident ». Et si l’Écosse avait réellement voté pour l’indépendance, elle aurait été punie : « Les Écossais découvriront le véritable gout de l’austérité », grondait déjà le Financial Times.
Pourquoi toute cette hystérie de la part des poncifs du capitalisme, toute cette exagération, au vu du peu d’importance que représente somme toute l’Écosse ? L’explication se trouve non pas en Écosse, mais à l’étranger, lorsqu’on voit l’écho formidable qu’ont suscité les évènements écossais parmi les masses d’Europe et du monde entier, lorsque tant de pays sont eux-mêmes confrontés à leurs propres crises nationales. Vu le bouillonnement parmi les masses catalanes échaudées, Mariano Rajoy, Premier ministre espagnol, a tout naturellement perçu l’indépendance de l’Écosse comme un « désastre » qui ne ferait « qu’aggraver la crise économique en Europe et qui mènerait sans doute à la désintégration de l’Union européenne ».
En réalité, ce que craignent les dirigeants espagnols, c’est la « balkanisation » de l’Espagne (pour reprendre leurs termes), c’est-à-dire l’auto-détermination et l’indépendance du peuple catalan, puis du peuple basque. Le mouvement catalan a été grandement revigoré par le simple fait qu’un référendum se passe en Écosse. « Comment Cameron a-t-il pu se faire piéger comme ça ? », grommèlent les dirigeants bourgeois dans toute l’Europe. En Espagne, les Catalans et autres nationalités réclament à présent leur propre référendum – ce que les gouvernements refusent catégoriquement. Pendant ce temps, en Italie, c’est l’effervescence dans le Haut Adige / Sud-Tyrol, dont la population de langue majoritairement allemande réclame elle aussi le droit à l’auto-détermination, tandis que la Ligue du Nord (parti de droite nationaliste) redouble aussi d’activité en vue d’obtenir l’indépendance pour l’Italie du Nord.
Les marxistes et la question nationale
Ces exemples qui illustrent l’impact international de l’intense débat écossais autour de l’indépendance montrent qu’il n’y a en fait pratiquement aucun pays aujourd’hui dont la question nationale ne risque à présent d’exploser à tout moment. Depuis le début de la crise économique mondiale, la question nationale est revenue en force dans des régions ou des pays où cette question semblait avoir pourtant été résolue depuis longtemps.
Cela signifie que le mouvement syndical, et en particulier pour les militants qui se disent socialistes ou marxistes, ne peut simplement ignorer cette question comme si de rien n’était. Il nous faut nous positionner, mais ce faisant, il est nécessaire d’éviter de tomber dans le piège de l’opportunisme (en se laissant entrainer par le nationalisme capitaliste ou bourgeois), tout en évitant également une approche propagandiste abstraite et vide qui ne nous permettra jamais d’entrer en lien avec le mouvement réel de la classe des travailleurs, et certainement pas avec ses couches les plus opprimées.
Tout au long des quarante dernières années, les forces du marxisme rassemblées dans le groupe Militant qui est ensuite devenu le Socialist Party (sections du Comité pour une Internationale Ouvrière au Royaume-Uni) ont systématiquement soutenu les aspirations légitimes du peuple écossais dans le cadre de la question nationale. Alors que les dirigeants syndicaux (pas seulement l’aile droite mais aussi la “gauche” du style Neil Kinnock) s’opposaient même au transfert de compétences très limité donné à l’Écosse dans les années ’70, nous avons soutenu cette avancée. Nous n’avons cependant jamais entretenu la moindre illusion dans le fait que l’indépendance serait la “solution finale” à tous les problèmes de la population écossaise.
En même temps que nous défendons le droit à l’auto-détermination du peuple écossais, nous n’avons jamais appelé à la balkanisation de pays composés de différents groupes ethniques. Il est absurde d’imaginer qu’un pays seul, surtout s’il s’agit d’un petit pays, puisse dans le monde actuel prospérer et résoudre tous ses problèmes en se coupant du reste du monde. Dans ce monde mondialisé, il est impossible de faire cela seul. Les efforts consentis par les capitalistes européens en vue de l’“unité”, consacrés par l’Union européenne, expriment justement cette nécessité pour les forces productives – la science, la technique, l’organisation du travail – d’une organisation à échelle continentale, voire mondiale.
Mais les capitalistes ne pourront jamais totalement dépasser les limites posées par la propriété privée des moyens de production et par l’existence des États-nations. La seule force capable de réaliser cette unité est la classe des travailleurs, dans le cadre d’une lutte unie pour des États-Unis socialistes d’Europe.
Par conséquent, tout en luttant pour une Écosse indépendante et socialiste, nos camarades de la section écossaise du CIO appellent à la création d’une confédération socialiste d’Écosse, d’Angleterre, du pays de Galles et de l’Irlande unie, en même temps qu’à une Europe socialiste. Il est arrivé dans le passé que nous nous soyons déclarés contre l’indépendance de l’Écosse en tant que revendication immédiate, surtout en tant que slogan. C’est parce qu’à ce moment, l’indépendance n’avait pas le soutien d’une part assez importante de la population. Dans ce cas, le fait par exemple pour notre section anglaise d’appeler à l’“auto-détermination”, voire à l’indépendance de l’Écosse, c’est-à-dire, à la séparation, aurait pu être interprété par de nombreux travailleurs écossais comme signifiant que nous, travailleurs anglais, qui constituons la majorité, ne désirons plus vivre avec eux, travailleurs écossais, dans le cadre d’un État uni. Cependant, une fois que l’idée d’indépendance s’est emparée des cœurs des masses, gagnant le soutien de la majorité ou du moins, d’une importante minorité, nous étions face à une situation complètement différente.
La direction du mouvement en Écosse est claire depuis longtemps. L’élection du Parti national écossais (SNP) en tant que parti majoritaire du parlement écossais a été perçu comme une étape importante sur la route vers l’“indépendance”, surtout pour les couches les plus dynamiques des travailleurs qui sont montés au créneau dans le cadre de la campagne pour le référendum. Une part importante de la jeunesse (entre 40 et 50 %) était déjà conquise à l’idée de l’indépendance depuis avant même qu’on ne commence à parler de référendum. La tâche des marxistes est d’apporter un soutien à ce mouvement de manière générale, tout en cherchant à lui donner un contenu socialiste. Nous avons fait cela en soulignant à chaque fois les contradictions (c’est un euphémisme) du SNP qui veut rester dans le cadre du capitalisme, ce qui signifie que la plupart des revendications sociales qui ont poussé les gens à voter “Oui” n’auraient jamais pu être réalisées. Au contraire, le futur de l’Écosse n’aurait été rien d’autre qu’une austérité sauvage, à moins que les travailleurs écossais n’utilisent les pouvoirs conférés par l’indépendance pour rompre avec le capitalisme.
Les erreurs commises par la gauche
“Expulsons les conservateurs”La campagne pour le “Oui” a été l’occasion rêvée pour contre-carrer les plans du capitalisme britannique faits d’attaques systématiques contre la classe des travailleurs. C’est pourquoi les pancartes pour le “Oui” déclaraient « Chassons les Tories [les conservateurs] du pouvoir, à jamais ». Hélas, l’indépendance n’aurait pas eu en soi ce résultat de manière automatique, vu que l’Écosse aurait alors hérité d’un gouvernement SNP qui se dit contre l’austérité mais qui la mène en pratique, avec des coupes budgétaires et un soutien aux grandes entreprises. Mais le slogan anti-Tory montre bien quels sentiments de classe se trouvaient derrière le vote en faveur de l’indépendance.
Considérant ceci, nous trouvons incroyable que des militants se réclamant de la gauche, tels que George Galloway, se soient si farouchement opposés à l’indépendance, partageant la même plateforme que les Tories, les libéraux-démocrates, et qu’un Ed Miliband [dirigeant du parti travailliste] en perte rapide de crédibilité. Malgré le rôle héroïque joué par George Galloway dans le passé en opposition à la guerre d’Irak et malgré sa défense continue des idées du socialisme, celui-ci s’est vu hué par une grande partie des lycéens qui étaient venus participer à un débat pour des étudiants de 16 ans. Mais il n’était pas le seul dans ce cas, surtout lorsqu’il s’est mis à déclarer que « Ce serait la fin de l’austérité » et qu’on aurait un « Gouvernement travailliste qui reviendrait aux valeurs de 1945 » d’ici 2015.
En effet, le Parti communiste britannique (CPB), lié au journal Morning Star, s’est lui aussi retrouvé du mauvais côté de la barrière. Sa position était : « Le vote pour le “Non” au référendum doit constituer un tremplin pour la mobilisation du mouvement des travailleurs dans tout le Royaume-Uni afin de réclamer un changement constitutionnel » (Déclaration sur l’indépendance de l’Écosse, 4 mars 2014). Comment réaliser cette mobilisation tout en s’opposant aux aspirations de la masse des travailleurs écossais, cela reste un mystère. Et quelles étaient les raisons du CPB pour s’opposer au “Oui” ? « Le fait qu’elle soit membre de la zone sterling subordonne l’Écosse à la politique néolibérale actuelle, sans aucun pouvoir pour la modifier, ce qui ôte en même temps toute possibilité d’une action ouvrière unie à travers les différentes nations du Royaume-Uni […] Pire, le fait que l’Écosse serait toujours membre de l’Union européenne forcerait l’Écosse à incorporer dans sa constitution les termes du Traité de stabilité, coordination et gouvernance (TSCG) de 2012 ».
Mais pourquoi cela découlerait-il de l’indépendance ? Puisque tout de même, dans le cadre d’une Écosse indépendante, les travailleurs auraient surement la possibilité de refuser l’entrée dans l’Union européenne ? Le CPB semble hypnotisé par le fait que l’Écosse fasse partie de la zone sterling, tout comme de l’UE. Mais même sans cela, le fait d’appartenir de l’un ou l’autre de ces blocs n’a tout de même jamais empêché les travailleurs ni du Royaume-Uni, ni de l’Europe, de résister aux patrons et de s’opposer aux lois anti-syndicales et anti-sociales ?
L’argument sous-entendu ici est que le fait de soutenir l’indépendance de l’Écosse diviserait automatiquement les travailleurs. Pourtant, il est possible de soutenir l’indépendance tout en se battant pour les travailleurs et pour leur unification. C’est ce qu’on fait Karl Marx et Vladimir Lénine il y a déjà plus d’un siècle de cela. D’ailleurs, le mouvement marxiste a toujours été impliqué dans des luttes nationales, depuis l’époque de Marx lui-même. Par exemple, Marx soutenait de manière générale l’idée d’un État uni. Pourtant, Engels et lui ont toujours obstinément appelé à l’indépendance de l’Irlande. Selon Marx, la question d’une fédération libre de la Grande-Bretagne et de l’Irlande ne pourrait se poser dans le cadre d’un débat libre qu’une fois l’indépendance obtenue pour l’Irlande.
Lénine a approfondi cette approche lorsqu’il enseignait aux travailleurs de Russie à défendre le droit à l’auto-détermination des nations opprimées par le tsarisme. Pour Lénine, ce n’est qu’en défendant le droit à la liberté de ces nations que les travailleurs russes pourraient gagner leur confiance. En leur offrant après indépendance la possibilité de s’unifier à la Russie dans le cadre de républiques socialistes et démocratiques, ses nations ne se retrouveraient donc pas dans l’isolement, mais dans le cadre d’une alliance fraternelle et librement choisie avec les masses de Russie. La validité de cette approche a été brillamment démontrée par le cours de la révolution russe. Les bolchéviks ont reconnu le droit à l’auto-détermination jusqu’à l’indépendance, et s’y sont tenus : c’est ainsi que la Finlande a acquis son indépendance en 1918.
Les arguments du CPB et d’autres petites organisations de gauche, y compris certains soi-disant “marxistes”, ne font que reprendre les arguments de Rosa Luxemburg, qui s’opposait à l’idée d’auto-détermination prônée par Lénine et les bolchéviks, de même qu’à leur idée de redistribuer la terre aux paysans après leur prise du pouvoir en 1917. Elle considérait ces revendications comme représentant un pas en arrière. Au contraire, les bolchéviks sont parvenus à unifier la classe des travailleurs parce qu’ils s’opposaient au nationalisme bourgeois – tout comme le Comité pour une Internationale ouvrière (CIO) le fait dans le cadre de la question écossaise.
Lénine expliquait que, parfois, il est possible de faire un pas en arrière afin de faire deux pas en avant. Lorsque la terre est redistribuée aux paysans, c’est pour pouvoir gagner la confiance des paysans, qui ne pourraient être convaincus de la nécessité d’organiser l’agriculture à grande échelle qu’au cours d’une longue période et seulement avec leur consentement. C’est la même chose en ce qui concerne la question nationale et l’auto-détermination : elle permet aux nations opprimées d’obtenir satisfaction de leurs propres revendications, de faire l’expérience dans la pratique du fait que l’union est nécessaire afin de rassembler les forces productives à une plus grande échelle, ce qui mène à une confédération volontaire.
Le CIO est la seule organisation qui maintient une position cohérente sur la question nationale, que ce soit au Royaume-Uni ou dans le reste du monde. Le Socialist Workers Party (SWP), par exemple, lorsqu’on parlait du transfert de compétences à l’Écosse dans les années ’70, disait que : « Si un référendum est un jour organisé en Écosse ou au pays de Galles, nous nous abstiendrons. Cela ne signifie pas que nous ne participerons pas au débat […] Notre abstention nous définira par rapport au reste de la gauche qui battra en retraite apeurée par ce nouveau réformisme, tout en nous permettant de ne pas être assimilés au camp nationaliste, britannique, unioniste » (La Question nationale, septembre 1977). Cette politique a pourtant été abandonnée depuis, sans aucune explication.
Le problème des référendums
Il est vrai que la forme qu’a revêtu la lutte pour l’indépendance dans ce cas n’a pas été une forme idéale. Les référendums ne sont pas l’arme préférée de la classe des travailleurs et de ses organisations. Les référendums sont par contre souvent utilisés par les dictatures et les régimes non démocratiques afin de renforcer leur position, en présentant à la population un choix simple : “Oui” ou “Non”. Le mouvement ouvrier et notamment les forces socialistes se voient parfois contraints de participer au référendum dans le même camp que des forces bourgeoises ou pro bourgeoisie, allant jusqu’à partager une même plateforme, entrainant le risque politique que ces organisations de gauche ne parviennent pas à faire passer leur message ou leur programme à travers celui des autres forces.
Les référendums peuvent aussi constituer un piège pour les forces véritablement socialistes si au cours de la campagne ces forces ne se différencient pas clairement du point de vue politique, en termes de perspectives et de programme, de leurs “alliés” nationalistes du jour. Cela ne veut pas dire que nous devons directement attaquer les autres forces qui partagent notre camp pour le référendum. Parfois, il suffit d’expliquer notre point de vue, ce qui est assez pour que les travailleurs comprennent la différence entre nous et les nationalistes. Avec assez d’habileté, notre public, surtout les travailleurs, tirera de lui-même les conclusions politiques qui conviennent. Cependant, dans d’autres occasions, il pourrait s’avérer nécessaire de nous différencier de manière nette en termes de programme et de perspectives par rapport, par exemple, aux nationalistes bourgeois ou petit-bourgeois – comme le SNP – ou au nationalisme de gauche.
Les forces du CIO, qui ont participé à la campagne du référendum écossais, ne sont pas tombées dans le piège qui consistait à renforcer le SNP. Tout en soutenant énergiquement la campagne pour le “Oui”, le Socialist Party Scotland (SPS, section écossaise du CIO) a pris part à une magnifique campagne indépendante, orientée vers la classe des travailleurs, qui est parvenue à attirer des milliers et des milliers de travailleurs écossais enthousiastes dans le cadre de débats et meetings avec Tommy Sheridan et des figures publiques membres du SPS. Même Rupert Murdoch, le grand patron de la presse et ennemi juré de Tommy, a reconnu cela lors d’une déclaration où il se plaignait que les “gauchos” étaient trop visibles dans la campagne pour le “Oui”.
De plus, notre position a été détaillée en détail dans notre programme pour une Écosse indépendante, ce qui contrastait avec les perspectives fausses des nationalistes qui se contentaient de dépeindre un avenir rose bonbon pour l’Écosse dans le cadre du système capitaliste. Le SNP dans le passé se basait sur l’exemple de nombreux pays capitalistes “nordiques” afin d’étayer sa position : l’Irlande, l’Islande, la Suède, la Norvège,… Pourtant tous ces pays aujourd’hui ne sont plus que le témoignage des conséquences dévastatrices de la crise économique mondiale. Le référendum a indiqué un rejet massif de l’austérité, qu’elle soit imposée par Westminster ou par Edinbourg (c’est-à-dire, qu’elle vienne de l’Angleterre ou de l’Écosse). L’analyse démographique du vote a bien montré que la classe des travailleurs, surtout dans les zones où vivent ses couches les plus miséreuses et les plus opprimées, dans les quartiers ouvriers de Glasgow, de Dundee, dans le West Dunbartonshire et le North Lanarkshire, a massivement voté pour le “Oui” à l’indépendance, de même qu’une immense majorité de 16-17 ans.Les manœuvres des Tories
S’il fallait un jour donner un exemple de ce genre de “nationalisme” qui, selon les mots de Trotsky, reflète « l’épiderme d’un bolchévisme qui n’a pas encore muri », alors ce vote considérable de la classe des travailleurs écossais constitue un cas d’école. Dans les esprits des masses, l’idée de l’“indépendance” était organiquement liée à l’idée d’une indépendance totale vis-à-vis de ceux qui ont imposé dans le passé la capitation (“poll tax”), la taxe du logement, la persécution des handicapés et des malades, etc.
Ce sentiment est toujours là. Deux semaines avant le référendum, David Cameron, certain de sa défaite à venir, se préparait déjà à la fin de sa carrière politique. Même les autres Tories réclamaient sa tête. Si l’Écosse avait voté pour le “Oui”, Cameron aurait vu son propre parti lui donner un “Non” retentissant ! Mais en cours de route, une campagne de terreur massive est parvenue à rallier la grande majorité de la classe moyenne et des “sans avis” et à les forcer à voter “Non” – grandement aidée en cela par l’intervention cruciale de la direction du Parti travailliste, notamment par Gordon Brown, qui a à cette fin fait usage de tout le capital politique dont il pouvait encore disposer.
La campagne féroce pour le “Non” a eu un effet au dernier moment. Le journaliste Matthew d’Ancona écrivait dans le Sunday Telegraph : « Le sondage réalisé après le référendum par Lord Ashcroft a révélé que 19 % de ceux qui ont voté pour le “Non” ont pris cette décision il y a moins d’un mois – ce qui montre bien le résultat de la campagne frénétique lancée par le camp unioniste au cours de cette période ».Cependant, ce résultat a créé presque autant de problèmes pour la classe dirigeante britannique que l’indépendance aurait pu en causer. Cameron, en vrai joueur comme à son habitude, a annoncé, quelques heures après l’annonce du résultat officiel, qu’il honorerait sa promesse de donner plus de pouvoirs au parlement écossais en termes de taxes et de budget social. Mais il a ajouté que « De nouveaux pouvoirs pour les Écossais doivent être contrebalancés par de nouveaux pouvoirs pour les Anglais ».
Cela constitue donc une menace pour dire que, si l’Écosse n’est pas d’accord là-dessus, alors elle n’obtiendra pas non plus les nouvelles compétences qu’on lui avait “promises”. Toutefois, ce serait vraiment “jouer avec le feu” en Écosse, comme l’a averti le désormais ex-dirigeant du SNP, Alex Salmond. Cameron n’a en réalité pas le choix que de faire des concessions, s’il ne veut pas se retrouver avec une révolte encore pire que celle qu’il vient de voir au cours du référendum. Sa proposition vise clairement à attiser le nationalisme anglais, au vu des élections nationales qui seront organisées dans quelques mois, avec en plus l’avantage, dans son esprit, de damer le pion au parti Ukip (Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni, droite nationaliste) et de déstabiliser Miliband et son Parti travailliste.
Cette proposition ne va sans doute pas se réaliser avant les prochaines élections. Cependant, il est épatant de voir à présent l’ensemble des Tories qui passent à la télévision – que ce soit Cameron, Heseltine, Hague, etc. – réclamer, au nom d’une “plus grande démocratie”, que les 59 députés écossais (dont 41 travaillistes) n’aient plus le droit de voter au parlement sur des affaires “spécifiquement anglaises”.
Leur raisonnement est que, si Miliband gagne les élections en mai l’an prochain, il ne sera pas capable de mettre en œuvre son programme parce que les députés écossais ne pourront pas voter concernant des enjeux cruciaux – ce débat ne date pas d’hier, il constitue au Royaume-Uni ce qu’on appelle la “question du West Lothian”. Malgré cela, Will Hutton faisait remarquer dans The Observer que : « La commission McKay sur la décentralisation des compétences a noté que depuis 1914, il n’y a eu que deux périodes pendant lesquelles le parti au pouvoir n’avait pas en même temps la majorité au parlement : 1964-1966, et mars-octobre 1974. De plus, selon les recherches du portail citoyen mySociety, sur 5000 votes au parlement depuis 1997, seuls 21 ont vu leur résultat final dépendre des voix des députés écossais ».
La proposition de décentralisation a été signée non seulement par les cadres tories, mais aussi par Nick Clegg des libéraux-démocrates. Cela inclut “plus de compétences” pour les grandes villes et régions. Le but est clairement de conférer plus de pouvoirs aux maires dictatoriaux et antidémocratiques tels que Boris Johnson, le maire de Londres, afin qu’ils puissent mener leur propre politique antisociale brutale, comme l’offensive contre les guichets de vente de tickets qui est en train de se dérouler en ce moment dans le métro de Londres.
En réalité, les conseillers communaux n’ont que très peu de pouvoir de contrôle sur les décisions des maires et des échevins. Cette proposition de centralisation a pour objectif évident de permettre à ces seconds couteaux d’organiser leurs propres coupes budgétaires à l’échelle locale. Tout cela fait partie d’un programme général d’attaque sur le niveau de vie de la classe des travailleurs. Nous devons nous y opposer de manière intransigeante avec nos propres contre-propositions émanant du mouvement syndical. Il faut abolir le règne des maires et des collèges échevinaux au niveau local, pour revenir à une véritable démocratie et à des conseillers communaux soumis au contrôle de leurs électeurs.
Des occasions à saisir
Cameron est sorti vivant du référendum, mais il s’est quand même pris une belle raclée. Il est temps à présent d’en finir avec l’ensemble de cette bande de Tories et avec tous les politiciens capitalistes qui menacent d’entrainer les travailleurs toujours plus loin dans le gouffre. L’Écosse a démontré que la classe des travailleurs est plus que mure pour une alternative politique conséquente. Les évènements qui ont entouré le référendum, surtout parmi la classe des travailleurs, révèlent le potentiel pour un mouvement du type du “Podemos” espagnol. En Espagne, ce nouveau mouvement radical (dont le nom signifie “On peut”) a surgi de nulle part, et en à peine six semaines, a engrangé 1,2 millions de voix pour les élections européennes. Le même potentiel existe à présent en Écosse si Tommy Sheridan, en alliance avec les marxistes et d’autres forces de gauche ou ouvrières comme les syndicats, surtout les plus radicaux tels que le RMT (syndicat du rail, de la marine et des transports), décide de se lancer et de créer une alternative socialiste radicale capable d’attirer tous les travailleurs et les jeunes qui ont été si inspirés par la campagne pour l’indépendance.
Malheureusement, au lieu de prendre des mesures énergiques pour la fondation d’un nouveau parti des travailleurs, Tommy dit maintenant : « Je suggère que le mouvement pour “Oui” promeuve à présent l’unité en soutenant le candidat pro-indépendance qui a le plus de chances de remporter les élections générales de mai de l’an prochain. Cela veut dire appeler à voter pour le SNP afin de tenter de déloger autant de partisans du “Non” que possible ».
Cette déclaration a été faite sans aucune consultation – pour autant que nous en sachions – avec ceux qui ont été ses plus proches collaborateurs et partisans au cours de la campagne retentissante “Espoir contre peur”. C’est notre message socialiste, combiné à un soutien inflexible pour l’indépendance, qui a attiré des milliers de travailleurs qui restent profondément opposés et prudents par rapport au SNP. Tommy nous suggère maintenant d’abandonner les leçons qui ont été tirées de cette campagne. Selon lui, la classe des travailleurs devrait à présent s’aligner derrière le SNP, malgré le fait que ce parti ait appliqué la politique d’austérité et est prêt à poursuivre sur cette ligne, même avant les élections de 2015.
Si nous acceptions la suggestion de Tommy, cela voudrait dire que des milliers de socialistes se retrouveraient à soutenir un programme d’austérité, en reléguant à nouveau notre programme socialiste à “plus tard”, au nom de l‘“intérêt national”. Qu’est-ce donc que cela, si ce n’est une répétition lamentable de 1918 en Irlande lorsque, après l’indépendance, les nationalistes irlandais ont déclaré que “le socialisme attendra”, et que les dirigeants syndicaux lâches comme Thomas Johnson ont accepté cela ? Les travaillistes irlandais ont alors laissé le champ libre aux nationalistes et au Sinn Fein, avec des conséquences désastreuses pour la classe des travailleurs.
Tommy dit aussi : « Nous devons insister sur le fait que tous les candidats pro-indépendance aux élections écossaises de 2016 exigent un nouveau référendum en mars 2020 ». Vraiment ! Pourquoi attendre quatre ans avant d’organiser un référendum ? D’ailleurs, au cas où le camp pro-indépendance constituerait la majorité au parlement écossais, pourquoi passer par l’étape du référendum ? Mais dans ce cas, le référendum pourrait être organisé immédiatement et avec un score écrasant pour le “Oui”.
Mais il nous faut rejeter ces propositions pour d’autres raisons encore. Tommy dit que : « L’union, c’est la force. Il ne faut pas que nos différences puissent affaiblir notre combat ». Mais cela ne peut s’appliquer entre des partis pro-travailleurs et des partis pro-capitalistes comme le SNP, qui vont inévitablement trahir les aspirations de ceux qu’ils auront pu duper en les convaincant de voter pour eux. Si cette alliance était mise en œuvre, elle aurait pour effet de saboter l’indépendance de la classe des travailleurs écossais et leur capacité à résister à l’offensive qui sera lancée sur eux par les capitalistes du monde entier.
La lutte autour du référendum a démontré ce que peut obtenir une campagne socialiste indépendante. Il nous faut poursuivre sur cette lancée. C’est là la véritable leçon du référendum écossais. L’idée que l’indépendance de l’Écosse est « enterrée jusqu’à la prochaine génération », comme le dit Salmond, est fausse. Le génie est sorti de sa bouteille, la revendication d’une Écosse indépendante et socialiste ne va à présent que gagner en intensité, au fur et à mesure que la crise du capitalisme va s’aggraver, provoquant une révolte de masse.
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Pourquoi soutenir l’indépendance de l’Ecosse et s’opposer à la N-VA ?
Référendum & révolte contre la politique d’austérité
“Expulsons les conservateurs”Malgré l’énorme campagne d’intimidation menée par tout l’establishment britannique, que ce soit par les grandes entreprises et leurs marionnettes politiques ou par les médias dominants, 1,6 million d’Ecossais ont voté ce 18 septembre pour l’indépendance. Chez nous aussi, nombreux sont ceux qui ressentent une grande sympathie pour la révolte écossaise contre la politique d’austérité. Beaucoup de questions restent toutefois en suspens. Cet appel à l’indépendance de l’Ecosse n’est-il pas similaire à la surenchère communautaire connue en Belgique ? Nous avons demandé d’y répondre à Anja Deschoemacker, notre spécialiste de la question nationale.
Article tiré de l’édition d’octobre de Lutte Socialiste
Pouvons-nous comparer le large sentiment indépendantiste en Ecosse au nationalisme de la N-VA & Co ?
Anja: “Non. Même la N-VA reconnaît qu’en ce moment il n’existe aucun soutien à l’indépendance en Flandre. Tout sondage sérieux montrent que seule une minorité soutient cette idée (de l’ordre de 15 à 20%), alors que 45% des électeurs ont voté pour l’indépendance au référendum écossais.
“Mais au-delà de ces chiffres, la différence qualitative du soutien est remarquable. En Ecosse, des mobilisations de centaines de milliers de personnes ont été organisées en faveur de l’indépendance. Les meetings organisés sur cette question attirent systématiquement un grand public. Trouver une personne indifférente à cette question n’est pas évident. En Flandre, la masse de la population soupire d’exaspération quand les gesticulations communautaires recommencent. Les sondages montrent un soutien pour plus de compétences régionales, certes, mais le nombre de personnes réellement mobilisées autour de ce thème reste fortement limité.
“En Ecosse, lorsqu’on demande aux gens pourquoi ils soutiennent l’indépendance, on entend presque toujours le nom de Margaret Thatcher. Lorsqu’elle fut Premier ministre britannique, l’Ecosse connaissait une majorité travailliste, c’est-à-dire favorable à une politique plus ancrée à gauche. En ce sens, le cas écossais est plus comparable à la Wallonie qu’à la Flandre, à la différence qu’après la désindustrialisation, l’Ecosse est aujourd’hui économiquement en meilleure forme grâce au développement des secteurs énergétiques et financiers.
“Le soutien à la N-VA est un soutien à une politique économique plus à droite que la politique belge traditionnelle. En Ecosse, la volonté d’indépendance va dans le sens contraire. Le ‘‘Oui’’ à l’indépendance était d’ailleurs beaucoup plus fort dans les quartiers ouvriers, là où la volonté de se séparer de la Grande-Bretagne est plus fortement liée à la résistance contre l’austérité.
“Comme le Socialist Party Scotland (parti-frère écossais du PSL) le disait début septembre : ‘‘De plus en plus de gens mènent activement la campagne pour le ‘‘Oui’’ et les meetings publics sont particulièrement grands. Cela contraste fortement avec les élections précédentes, où la participation et l’enthousiasme étaient faibles. Aujourd’hui, la victoire du ‘‘Oui’’ est une possibilité réaliste qui représente pour beaucoup de gens l’opportunité de changer leurs conditions de vie, et ce pour la première fois de leur vie. (…) La principale raison qui explique pourquoi la campagne pour le “Non” a encore une avance doit être cherchée dans le doute légitime quant à ce qu’une Ecosse indépendante et capitaliste signifierait pour la population. Les promesses du SNP [Scottish National Party, parti nationaliste pro-capitaliste, NDLR] se limitent à des baisses d’impôts pour les grandes entreprises sans remettre en cause l’austérité. C’est un grand obstacle pour le ‘‘Oui’’. (…) La très large participation aux meetings défendant une indépendance anticapitaliste et socialiste illustre que le soutien va grandissant pour ceux qui considèrent que l’opportunité de l’indépendance doit être saisie pour stopper l’austérité en plaçant les secteurs clés de l’économie (comme l’énergie et la finance) dans les mains de la collectivité.”

Anja Deschoemacker “En Flandre les choses sont différentes. C’est essentiellement parmi les petits patrons que l’on trouve des appels à ‘‘plus de Flandre’’. Dans la classe des
travailleurs l’option d’une unité nationale autour de la défense de la sécurité sociale est bien plus forte. De nombreux affiliés des syndicats ont cependant voté pour la N-VA pour exprimer leur mécontentement envers les partis traditionnels, par sentiment anti-establishment. Même si certains travailleurs entretiennent des illusions sur les possibilités d’amélioration de leurs conditions de vie dans le cas où la Flandre ‘‘n’aurait plus à payer pour la Wallonie’’, ils sont loin de sortir dans la rue pour le crier. Par contre, la classe des travailleurs occupera les rues massivement – et nationalement – si le gouvernement fédéral impose le programme violemment antisocial tel que décrit dans la note des formateurs.’’N’est-il pas contradictoire que les militants du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO, dont le PSL est la section belge) s’opposent au nationalisme en Belgique (tant le nationalisme flamand que le régionalisme wallon) alors qu’ils ont activement soutenu la campagne pour le ‘‘Oui’’ en Ecosse ?
“Non. Les socialistes révolutionnaires – de Marx à Lénine en passant par Trotsky et par le CIO aujourd’hui – n’ont jamais élaboré de formule unique concernant la question nationale : chaque question nationale est différente.
“Le point central de notre analyse est la question de l’unité des travailleurs contre la politique d’austérité et le capitalisme. Quand un sentiment d’oppression nationale est présent et que l’opposition se développe au sein de la classe des travailleurs, comme cela s’est produit en Ecosse, cette unité ne peut être assurée que s’il y a dans le mouvement des travailleurs un respect des aspirations nationales. De véritables socialistes n’imposent jamais l’unité nationale, c’est une question de démocratie. Mais nous sommes favorables à des structures bien plus grandes, créées sur base volontaire, plutôt que pour de nombreuses petites nations et groupes régionaux.
“Un autre élément central – évidemment lié au premier – est la question du soutien aux organisations et partis qui défendent un nationalisme bourgeois, comme la N-VA flamande, le SNP écossais, le CIU catalan ou encore l’OLP palestinienne. Les défenseurs des idées du socialisme n’offrent jamais de soutien au nationalisme bourgeois. A la suite, entre autres, du dirigeant marxiste irlandais James Connoly, nous expliquons qu’un Etat indépendant sous la direction de la bourgeoisie nationale ne signifie pour la grande majorité de la population que le remplacement du patron étranger par un patron autochtone alors que l’économie reste soumise à l’économie capitaliste mondiale. Une liberté nationale authentique n’est possible que sur base socialiste, ce qui vaut également pour la réconciliation nationale. Le capitalisme agitera toujours les différences et les contradictions présentes parmi la grande majorité de la population afin de la diviser et d’assurer que le pouvoir reste aux mains de la classe capitaliste.
“En Ecosse, nos camarades du Socialist Party Scotland défendent une Ecosse indépendante et socialiste. Les compétences nationales doivent être utilisées pour répondre aux besoins de la majorité, ce qui implique d’exiger la nationalisation sous contrôle démocratique des secteurs clés de l’économie. Cela constituerait un exemple pour la classe des travailleurs ailleurs en Grande-Bretagne. Cette lutte doit d’ailleurs y être menée – à partir d’une résistance commune contre la politique d’austérité – dans le but de parvenir à une confédération volontaire de l’Ecosse, de l’Angleterre, du Pays de Galles et de l’Irlande du Nord et du Sud sur une base socialiste, en tant que pas vers une confédération volontaire et socialiste européenne aux antipodes de l’Europe capitaliste actuelle.
“En Ecosse de larges couches de la population trouvent cette approche attractive. Cela a été illustré par le grand intérêt suscité par la campagne de notre parti-frère écossais et de Tommy Sheridan ‘‘Hope over Fear’’. Les divers meetings tenus dans les villes et villages ont attiré plus de 20.000 personnes!”
Et la question nationale en Belgique ?
“En Flandre la situation est entièrement différente. Le discours nationaliste flamand est quasi unilatéralement de droite et bourgeois, sans aucun sentiment que l’indépendance flamande offrirait aux travailleurs l’opportunité de radicalement changer de politique pour mettre fin à l’austérité. Au contraire, la N-VA, totalement dominante, veut même approfondir l’application de la logique antisociale des partis traditionnels.“La question peut être différente si le sentiment d’une oppression par la Flandre grandit en Wallonie, particulièrement avec un gouvernement fédéral ‘‘kamikaze’’ qui n’a le soutien que de 23% des francophones. Dans le cas où surviennent de grandes défaites pour la lutte et que la démoralisation des travailleurs est forte, un sentiment national similaire à celui actuellement présent en Ecosse pourrait se développer sur base de l’idée qu’une autre politique ne pourrait être menée qu’en rejetant le joug de l’Etat national existant. Dans ce cas, le PSL mènerait une discussion sérieuse et approfondie pour savoir dans quelle mesure soutenir cette logique. Ce n’est de toute manière en aucune façon le cas du discours nationaliste flamand dominant, basé sur l’égoïsme économique et l’illusion que la Flandre pourrait mieux s’en sortir sans la Wallonie.
“En ce moment, ce dont nous avons besoin, c’est d’une lutte nationale contre l’austérité. L’unité de la classe des travailleurs est cruciale pour obtenir des victoires et nous pensons que la grande majorité du mouvement des travailleurs en est consciente. Nous devons assurer que les conflits communautaires entre partis bourgeois flamands et N-VA d’un côté et le PS et le CDH de l’autre ne créent pas d’obstacles pour l’unité des travailleurs. Loin de nier la question nationale – comme beaucoup d’autres le font à la gauche – nous devons y consacrer une grande attention. Nous devons aussi comprendre que le programme à défendre face à la question nationale change en fonction de la situation: ils sont toujours concrets, non pas abstraits ni figés pour l’éternité.”
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Ecosse : 1.6 million de votes pour le ‘‘Oui’’ sur fond de révolte anti-austérité
Dans le contexte d’une féroce campagne menée par l’establishment capitaliste britannique, la campagne pour l’indépendance de l’Ecosse a reçu le soutien de plus de 1,6 million de personnes – avec une écrasante majorité de la classe ouvrière – soit 45% des votes exprimés. Le ‘‘Non’’ l’a finalement emporté avec 55%. Selon l’institut de sondage YouGov, le soutien à l’indépendance s’élevait à 24% en janvier 2014, ce qui signifie qu’il a augmenté de 21% en neuf mois à peine, à mesure que des centaines de milliers de travailleurs rejoignaient le camp du ‘‘Oui’’ à la recherche d’un changement fondamental anti-austérité.
Par Philip Stott, Socialist Party Scotland (CIO-Ecosse)
Les 10 jours précédant la tenue de ce référendum, la menace d’une victoire du ‘‘Oui’’ était bien réelle, et l’establishment capitaliste a tremblé jusque dans ses fondements. Malgré tout, la combinaison de promesses paniquées pour une plus grande décentralisation des pouvoirs et le déchaînement de la campagne pro-”Non” soutenue par les grandes entreprises, les médias capitalistes et les partis conservateur, travailliste et libéral-démocrate pour sauvegarder leurs intérêts de classe a permis au camp du ”Non” d’obtenir une majorité.
Mais le fait que tellement de jeunes et de travailleurs aient refusé de se laisser intimider et ont voté ‘‘Oui’’ reflète le désir qui existait parmi les victimes de l’austérité d’utiliser ce référendum comme une arme pour riposter contre l’establishment politique capitaliste.
La charge d’intimidation destinée aux partisans du ‘‘Oui’’ et orchestrée par le parti travailliste et la presse patronal fut grotesque. Le ‘‘Projet de la Peur’’ (Project Fear, surnom de la campagne pour le ‘‘Non’’) était une réelle campagne d’intimidation qui a accompagné l’austérité sauvage qui, tous les jours, détruit plus encore le quotidien de la classe des travailleurs et des collectivités locales. L’héritage immédiat de cette intervention brutale de la part de la classe capitaliste est une radicalisation de la classe ouvrière écossaise. Cette dernière a pu voir jusqu’où l’élite capitaliste est prête à aller pour défendre ses intérêts.
Le sentiment présent de façon écrasante parmi les partisans du ‘‘Oui’’ est naturellement la déception, mais aussi la compréhension que la lutte contre l’austérité et pour un nouvel avenir politique pour l’Ecosse doit poursuivre sa voie. L’élan qui a été donné par ce référendum doit maintenant être maintenu et intensifié. Nombreux sont ceux parmi les travailleurs en colère énergisés par cette campagne qui peuvent être gagnés aux idées du socialisme et à celle de la nécessité de la construction d’un nouveau parti de masse de la classe ouvrière en Écosse. Il est crucial que les défenseurs des idées du socialisme et les syndicalistes tournent leur attention vers la création d’une nouvelle force politique de la classe ouvrière.
Un texte envoyé par un jeune de 22 ans d’East Kilbride au Socialist Party Scotland juste après le résultat du référendum expliquait notamment : ‘‘Je suis déçu du résultat, mais cela m’a aidé à avoir les idées plus claires. Je vous écrit pour demander à rejoindre votre parti. Je suis à 100% derrière le Socialist Party.’’
Une grande participation
3,6 millions de personnes ont participé au référendum, soit un taux de participation de 85%, qui a battu tous les records. Le taux de participation dans les quartiers ouvriers est sans précédent. Dans les logements sociaux d’Ecosse, il atteint les 70% et même plus. Il faut comparer à cela le taux de participation aux élections municipales qui est de 25 ou 30%. Des centaines de milliers de travailleurs ont voté ‘‘Oui’’, en considérant ce vote comme une échappatoire à l’austérité brutale et comme une expression de leur opposition à l’élite politique capitaliste. Les bastions ouvriers, dont les plus grandes villes d’Ecosse (Glasgow, Dundee, North Lanarkshire et West Dunbartonshire), ont voté ‘‘Oui’’. Les communautés ouvrières dans les villes et villages à travers le pays ont aussi connu une majorité de ‘‘Oui’’. Mais certains travailleurs ont également voté ‘‘Non’’, beaucoup à contrecœur, face au tsunami de menaces et de chantage lancé par les grandes entreprises et les médias, qui affirmaient que les entreprises iraient s’installer en Angleterre et que les travailleurs seraient perdants avec l’indépendance.
Les médias ont été massivement hostiles à l’indépendance. Un seul journal écossais, l’édition dominicale du Herald, a soutenu le ‘‘Oui’’. La BBC a provoqué l’indignation et a clairement été considérée comme une arme aux mains des grandes entreprises. L’échec des dirigeants du SNP (Scottish National Party) pour répondre aux attaques, leur manière de souligner leur volonté de réduire les taxes pour les grandes entreprises et leurs déclarations quant à la recherche d’une union monétaire qui aurait piégé l’Ecosse indépendante dans l’austérité ont laissé toute la propagande du ‘‘Projet de la Peur’’ largement sans réponse.
Le manque de confiance de la direction SNP pour une Ecosse indépendante a constitué un autre facteur clé dans le résultat. Toutes ses propositions reposaient sur la continuation du capitalisme et pas sur la fin de l’austérité. Le manque de confiance d’Alex Salmond et du SNP a continuellement été mis en lumière au cours de la campagne. Un sondage a dévoilé que la plupart des gens estimaient que leur situation économique serait pire sous une Ecosse indépendante dirigée par le SNP.
Construire un nouveau parti
Si un parti de masse des travailleurs avait existé, il aurait pu mobiliser beaucoup plus de soutien pour un ‘‘Oui’’ basé sur une claire politique anti-austérité, pour la propriété publique des grands moyens de production, pour l’instauration d’un salaire décent pour tous, etc. Cela aurait signifié de défendre une Ecosse socialiste au service de la population et pas des millionnaires.
La participation et l’enthousiasme qui ont accompagné la tournée de Tommy Sheridan et la campagne ”L’Espoir contre la peur’’, dans laquelle le Socialist Party Scotland a joué un rôle de premier plan, a souligné ce potentiel. Il est urgent d’œuvrer dès à présent à la construction d’un nouveau parti de masse des travailleurs afin d’offrir une expression politique à la classe ouvrière. Tout retard fait craindre le danger que des occasions soient perdues au bénéfice du SNP, un parti pro-capitaliste. Même le parti travailliste, en dépit de ses nombreuses trahisons, pourrait gagner un certain soutien électoral à court terme aux prochaines élections pour le parlement de Westminster, à Londres, l’an prochain, alors que sera posée la question de la fin du gouvernement conservateur.
L’exemple de l’Espagne et de la percée de Podemos aux dernières élections européennes, une initiative sortie de nulle part et ayant réussi à gagner des millions de votes, illustre ce qui est possible à réaliser. L’autorité construite à travers la tournée ‘‘L’Espoir contre la peur’’ signifie que Tommy Sheridan – aux côtés de militants véritablement socialistes, de syndicalistes du RMT (syndicat des transports) et d’autres – pourrait aider à lancer un nouveau parti qui pourrait rapidement se construire.
Tout comme le Socialist Party Scotland l’avait prévu, ce référendum a été utilisé comme une arme par un très grand nombre de travailleurs afin de protester contre l’élite politique et contre l’austérité. Le caractère de classe de ce vote était très marqué.
Les zones les plus riches de la classe moyenne et les zones rurales ont clairement voté pour le ‘‘Non’’, tout comme une majorité des plus de 55 ans. Le taux de participation a été élevé à travers l’Ecosse, mais ses plus hauts résultats ont été vus dans la classe moyenne et dans les zones rurales, fortement mobilisées pour tenter d’assurer la défaite du ‘‘Oui’’. Ce fut même le cas dans des zones où le SNP a ses bases traditionnelles de soutien.
Une victoire médiocre
Le résultat du référendum est finalement une victoire bien fade pour la classe capitaliste et l’élite politique. Il marque le début d’une situation nouvelle et instable pour le capitalisme britannique. Concéder plus de pouvoirs à l’Écosse est désormais chose incontournable. Des exigences similaires vont se développer pour le Pays de Galles et l’Irlande du Nord, tout comme la volonté des formes de décentralisation en Angleterre.
Le Premier ministre conservateur David Cameron a déclaré quelques heures après le résultat qu’un nouvel accord constitutionnel devait arriver avec ‘‘des députés anglais se prononçant sur des lois anglaises.’’ Comme on a pu l’entendre à la BBC : ‘‘Ce qui a commencé comme un vote sur une Écosse indépendante ou non s’est terminé par une extraordinaire révolution constitutionnelle annoncée aux portes de Downing Street par le Premier ministre.’’
Mais la question de l’indépendance de l’Ecosse n’est pas ‘‘réglée pour une génération’’ comme l’a pourtant déclaré David Cameron. Un autre référendum sera réclamé. Particulièrement après les élections de 2015, tous les principaux partis, y compris le parti travailliste, poursuivrons l’application de l’austérité.
Le parti travailliste a perdu la classe ouvrière
Plus important encore, ce référendum a exposé l’érosion du soutien pour les principaux partis pro-capitalistes, et en particulier le parti travailliste écossais. Les conservateurs et les libéraux-démocrates sont presque une espèce disparue en Ecosse. La base électorale travailliste parmi la classe ouvrière a été ébranlée par l’activité du parti en tant que principal soutien pour le ‘‘Projet de la Peur’’ et de par sa collaboration avec les conservateurs. Comme un travailleur des soins de santé nous l’a dit ; ‘‘Les travaillistes ont sauvé l’Union, mais ils ont perdu la classe ouvrière.’’ Le dirigeant du Parti travailliste en Ecosse, Johann Lamont, a décrit ce vote comme une ‘‘victoire’’. Mais l’ancienne base ouvrière des travaillistes a été décimée et elle ne leur pardonnera pas le rôle qu’ils ont joué.
Les étroites limites de la direction du SNP ont été exposées au grand jour. Le potentiel pour un nouveau parti de masse des travailleurs en Ecosse a énormément grandit au cours de cette campagne. Des mesures urgentes et concrètes doivent être prises pour capitaliser sur ce point dans les semaines à venir. Il y aura à la fois déception et colère parmi la classe ouvrière à l’issue de ce résultat. Des manifestations sont susceptibles d’avoir lieu dans les prochains jours.
Le sentiment qu’il faut s’en prendre aux médias, aux grandes entreprises et à l’establishment politique augmentera ne fera que croître. Il n’existe aucune chance que l’énorme radicalisation qui a pris place au cours de ce référendum soit dissipée. Il faut construire sur cette base.
Le Socialist Party Scotland déclare :• Pas un penny de plus pour que l’austérité de Westminster soit instaurée en Écosse par un gouvernement SNP ou travailliste ou encore dans les conseils municipaux SNP. Nous voulons des budgets qui défendent l’emploi et les services publics.
• Construisons un mouvement de masse de grèves, de manifestations et d’actions de protestation de masse contre l’austérité. Les syndicats doivent lancer une grève coordonnée à travers l’Écosse et la Grande-Bretagne.
• Pour un nouveau parti de masse des travailleurs pour offrir une alternative combative au 1.6 million de personnes qui ont défié le Projet Peur.
• Rejoignez le Socialist Party Scotland et luttez pour le socialisme ! -
Écosse : Un référendum qui pourrait ébranler le capitalisme britannique
« Au cours des quatre dernières semaines, le soutien à l’Union a perdu du terrain à un rythme stupéfiant. La campagne pour le “Oui” à l’indépendance n’a pas seulement entamé le territoire du “Non” : il s’agit en fait d’une véritable invasion. » – Peter Kellner, de l’agence YouGov
Par Philip Stott, Socialist party Scotland (CIO-Ecosse)
L’Écosse votera pour ou contre son indépendance du Royaume-Uni au cours d’un référendum historique le 18 septembre prochain. C’est la première fois depuis le début de la campagne pour le référendum qu’un sondage d’opinion fait ressortir une majorité en faveur du “Oui” – à présent de 51 % contre 49 % de “Non” (c’est-à-dire, pour maintenir l’Écosse en tant que partie prenante du Royaume-Uni). La publication le 6 septembre des résultats de ce sondage, réalisé par l’agence YouGov pour le compte du journal The Sunday Times, a plongé la caste politique capitaliste britannique dans la panique la plus totale.
Quelques heures à peine après cette révélation, George Osborne (ministre des Finances, membre du parti LibDem) a annoncé que les trois partis Tories, Labour et LibDem s’étaient mis d’accord sur un “plan d’action” afin de donner « plus de pouvoirs à l’Écosse, en termes de taxation, de budget, et de sécurité sociale ». La peur est telle parmi les partisans du “Non” qu’ils ont décidé de réaliser cette ultime concession même après que 500 000 personnes aient déjà envoyé leurs votes par la poste.
Une erreur monumentale
Tout cela est encore plus amusant si l’on se rappelle que la direction du Parti national écossais (SNP, démocrates bourgeois pro-indépendance) avait en 2012 proposé un référendum à choix multiple, qui aurait inclus la possibilité de demander plus de pouvoirs pour l’Écosse – en organisant un grand transfert de compétences. Cette proposition a été refusée par le Labour et par les partis conservateur et libéraux-démocrate qui, dans leur arrogance, s’imaginaient pouvoir infliger une défaite décisive au SNP et par là-même étouffer toute velléité future d’indépendance, en organisant à la place un simple référendum « Pour ou contre l’indépendance » – tant ils étaient convaincus que personne ne choisirait la séparation d’avec le Royaume-Uni. Il s’agit bien entendu d’une erreur monumentale de leur part : les voilà à présent pris à leur propre piège.
Comme le répétait d’ailleurs l’analyste et conseiller politique Andrew Rawnsley dans les pages de l’Observer la semaine passée : « Si les gens avaient pu faire ce choix, je suis sûr qu’ils auraient voté en masse pour la proposition d’un transfert massif de compétences. De ceci, je tire cette conclusion : si l’Écosse vote en faveur de l’indépendance et donc, de la fin du Royaume-Uni, nous allons bientôt voir toute une génération de politiciens londoniens rédiger leurs mémoires après leur démission, dans lesquelles ils s’efforceront d’expliquer comment ils ont pu à tel point fermer leurs yeux sur la catastrophes, puis être si lents à réagir à la crise. »
Quand bien même le “Non” l’emporterait jeudi prochain, il est clair que l’Écosse recevra forcément de nouveaux pouvoirs de la part de Londres afin d’éviter que la population ne réclame un nouveau référendum pour l’indépendance dans quelques années, comme ç’avait été le cas au Québec dans les années ’90.
Une révolte contre l’élite politique
Nous voyons donc à présent la possibilité d’obtenir une majorité de votes pour l’indépendance. Il ne fait aucun doute qu’il y a une très forte tendance au “Oui”, surtout dans les quartiers et villes ouvrières d’Écosse. Comme le Socialist Party Scotland (CIO – Écosse) l’a expliqué à de nombreuses reprises, des centaines de milliers de gens considèrent ce référendum comme une manière de se venger des riches politiciens qui mènent une politique d’austérité au bénéfice des grandes entreprises.
Le sondage YouGov a d’ailleurs bien mis cet élément en évidence. Au cours des quatre dernières semaines, le soutien au “Oui” est passé de 18 % à 35 % parmi les électeurs du Labour, la parti travailliste. Pour les jeunes de moins de 40 ans, ce soutien est passé de 39 % à 60 % ; pour les électeurs issus d’un milieu ouvrier, le soutien est passé de 41 % à 56 %. Parmi tous ces électeurs, on remarque que les femmes sont de plus en plus nombreuses à soutenir le “Oui” – leur soutien est passé de 33 % à 47 % au cours des quatre dernières semaines.
La possibilité d’une victoire du “Oui” est perçue par de nombreux travailleurs comme une arme pour frapper l’élite politique anglaise tant détestée – cette même élite qui est responsable des coupes dans les budgets sociaux, du gel des salaires et des coupes brutales dans les services publics. La campagne pré-référendum s’est donc changée en une révolte massive de la part des victimes de l’austérité contre leur ennemi de classe.
Car aujourd’hui, en l’absence de toute action de masse organisée par les syndicats contre les coupes budgétaires – malgré l’insistance du Socialist Party, qui réclame de telles actions en tant que stratégie pour battre l’austérité –, le référendum pour l’indépendance est devenu une sorte de substitut à la lutte de classe, reflétant l’immense colère et l’énorme désir de changement social et économique.Une participation massive
Au fur et à mesure que la date cruciale approche, des milliers de gens font la file devant les mairies partout en Écosse afin de s’assurer qu’ils seront bien inscrits pour le vote. On estime que 300 000 personnes se sont déjà inscrites rien que sur les deux derniers mois. On s’attend à avoir un taux de participation d’une ampleur jamais vue, à plus de 80 %.
L’héritage du thatchérisme, avec ses taxes iniques, la répression de la grève des mineurs, le chômage de masse et la destruction des services publics commis par le parti Tories dans les années ’80 et aujourd’hui – tout cela s’amalgame dans le vote pour le “Oui”. Partout où l’on va et où nos militants discutent avec la population, on entend les gens dire « C’est notre tour à présent ». Le capitalisme britannique est en train de payer le prix de ses crimes passés et présents.
Le rejet de l’élite politique
Les dirigeants du Labour, qui promettent s’ils sont élus de continuer la même politique d’austérité que celle qui est menée par les Tories à présent, sont tout autant détestés que le gouvernement. Lors de chaque assemblée ou meeting que nous organisons, on entend s’exprimer une vive colère et un profond dégout envers Ed Milliband, Alistair Darling et Tony Blair (dirigeants présents et passés du Labour). Cela se retrouve également dans les résultats des sondages : parmi la population, 61 % de gens ne font pas confiance à Alistair Darling (membre du Labour, l’ancien ministre des Finances de Gordon Brown, qui est aussi porte-parole de la campagne “Vivre mieux ensemble”, contre l’indépendance) ; 67 % ne font pas confiance à Ed Milliband (le président du Labour), qui ne s’en sort qu’un tout petit mieux que David Cameron (le Premier ministre actuel, du parti Tory, les conservateurs) qui est officiellement détesté par 73 % de la population.
Mais les dirigeants du SNP (Parti national écossais) n’inspirent guère plus de confiance au peuple. 58 % des Écossais disent se méfier d’Alex Salmond, le président du SNP. La plateforme politique du SNP promet en effet de réduire les impôts pour les grandes entreprises et les multinationales et cherche à trouver un accord monétaire avec la Banque d’Angleterre qui signifiera plus d’austérité, tout en appliquant en Écosse et sans la moindre protestation la politique d’austérité qui leur est aujourd’hui dictée par les Tories. C’est pourquoi les travailleurs ne doivent pas avoir le moindre espoir envers ces politiciens “nationaux”
C’est pour cette raison, comme le Socialist Party Scotland l’avait déjà prédit il y a deux ans, qu’un énorme espace s’est ouvert à la gauche du SNP et des dirigeants de la campagne officielle pour le “Oui”. Le débat autour du référendum a suscité un vif intérêt parmi la population, et aujourd’hui, tout le monde discute de politique : si nous obtenons notre indépendance, comment allons-nous nous y prendre pour construire une Écosse faite de “Bien-être et d’égalité” ? Est-ce que cela signifie que nous allons arrêter les coupes budgétaires, obtenir de meilleurs salaires et sauver les services publics ?
C’est pourquoi nous participons à la grande tournée de Tommy Sheridan, intitulée “L’espoir malgré la peur”. Partout où nous allons, nos divers orateurs sont acclamés, ce qui est en soi une expression concrète de ce désir d’une transformation définitive de la société.Les meetings organisés dans le cadre de cette tournée sont de véritables assemblées de la classe des travailleurs, vibrant de colère et d’énergie. Tommy Sheridan y prend la parole pour condamner l’élite capitaliste, et pour rappeler que sous l’indépendance, nous pouvons en finir avec l’austérité en nationalisant le pétrole et le secteur de l’énergie, en donnant un salaire décent à tout un chacun, et en interdisant les contrats de travail à “zéro heure”. À chaque fois, il reçoit l’ovation enthousiaste du public.
Tommy Sheridan est devenu un acteur majeur dans le cadre de cette campagne, et ce n’est pas pour rien : beaucoup de gens se souviennent évidemment de son rôle de dirigeant et de militant dans la lutte de masse contre Thatcher dans les années ’80 et ’90 ; mais c’est aussi le résultat du vide immense à gauche, l’illustration du potentiel qui s’offre à nous pour la construction d’un nouveau parti combatif de la classe des travailleurs.
Aucune solution sous le capitalisme
Le Socialist Party Scotland se bat lui aussi pour les réformes et améliorations du niveau de vie de la classe des travailleurs défendues par Tommy Sheridan. Cependant, nous expliquons en plus, de la manière la plus claire possible, que si l’Écosse indépendante demeure dans le cadre du système capitaliste, alors l’austérité se poursuivra. De fait, Alex Salmond et son parti SNP se sont déjà dits prêts à poursuivre les coupes budgétaires après le référendum, quelle qu’en soit l’issue. Seule une politique véritablement socialiste nous permettra de mettre un terme à l’austérité, tel que nous le disons dans notre programme pour une Écosse socialiste que nous avons largement diffusé et présenté tout au long de la campagne.
Le point central de ce programme est la nécessité de forger l’unité de la classe des travailleurs pour riposter contre l’austérité capitaliste, pas seulement en Écosse, mais aussi en Angleterre, au Pays de Galles et en Irlande du Nord. La solidarité de classe des syndicalistes doit s’exprimer en une campagne unifiée d’action de masse, par la grève générale dans tout le Royaume-Uni : ce n’est que comme ça qu’on pourra recommencer à reprendre du terrain contre la vague de politique antisociale et de privatisations. Un autre point crucial est la nécessité de construire un nouveau parti de masse des travailleurs, qui représentera les intérêts de la majorité de la population – la classe des travailleurs.
L’idée mise en avant par beaucoup de militants de gauche, y compris Tommy, est qu’il serait possible de parvenir à une transition vers une forme de capitalisme plus juste et plus équitable. C’est ce qu’on voit aussi dans la politique de la plateforme du Common Weal (le “Bien commun”), un groupe d’intellectuels de gauche libéral ou socio-démocrate qui propose de copier le “modèle nordique” en vigueur en Norvège, au Danemark et en Suède pour obtenir cette nouvelle Écosse de l’égalité.
Nous avons répondu au Common Weal en expliquant que, vu l’ampleur de la crise économique mondiale, il n’y a aujourd’hui pas la moindre possibilité d’obtenir une amélioration durable et sur le long terme pour la classe des travailleurs dans le cadre du capitalisme actuel. Il nous faut construire un mouvement de masse des syndicats et de la classe des travailleurs au sens large afin de vaincre la politique d’austérité, mais en même temps, il faut que cette lutte soit liée à l’objectif de sortir du capitalisme en mettant en place une politique socialiste conséquente et décisive.
Si le “modèle nordique” a pu être érigé dans les pays scandinaves, c’est uniquement parce qu’après la Seconde Guerre mondiale, ces pays ont connu une situation de croissance économique sans précédent qui a permis aux politiciens socio-démocrates de procéder à une redistribution des richesses dans le cadre du capitalisme. Mais aujourd’hui, le capitalisme est à l’offensive contre l’ensemble de ces acquis sociaux gagnés par la classe des travailleurs, y compris dans les pays scandinaves où le fameux “modèle nordique” est en passe d’être démantelé.
Quelles répercussions ?
Il reste moins de dix jours avant le vote. Le résultat est très difficile à prédire, et tout peut encore changer. Les conséquences d’un vote “Oui” à l’indépendance seront dévastatrices pour l’élite capitaliste britannique, et sans précédent. Cela aura de très nombreuses répercussions et pas seulement au Royaume-Uni. Cameron pourrait se voir contraint de démissionner, le parti Tory (conservateurs) plongé dans la crise, ce qui rendrait encore plus probable le départ de toute une fraction du parti vers la nouvelle formation Ukip (Parti de l’indépendance du Royaume-Uni, droite populiste nationaliste). Comme le disait Martin Kettle, commentateur politique, ce lundi 7 septembre dans le journal The Guardian : « Ce week-end, c’est l’impensable qui a pris les rênes de la politique britannique. Tous les autres sujets ont perdu tout intérêt. Sans doute ces dix jours ne seront pas les dix jours qui ébranlèrent le monde, comme le disait John Reed dans sa chronique de la révolution russe. Mais ce seront tout de même dix jours qui vont changer notre vie à tous, qui vont ébranler les fondations de l’État britannique et stupéfier sa population ».
Afin d’éviter cette catastrophe, l’élite capitaliste tente de trouver de nouvelles concessions. D’ici jeudi prochain, il faut aussi s’attendre à une nouvelle recrudescence de la part de la campagne d’intimidation anti-indépendance. La reine d’Angleterre s’est déjà déclarée « horrifiée » par le résultat des derniers sondages et « inquiète » pour sa position constitutionnelle en cas de victoire du “Oui”. L’intervention militaire britannique en Syrie ou en Irak qui devrait être lancée le même jour, le jeudi 18 septembre, pourrait également avoir un impact sur le vote. Nous allons également nous retrouver submergés par une nouvelle vague de propagande quant à l’effondrement certain de l’économie et des finances écossaises en cas d’indépendance.
Le Labour se retrouverait lui aussi plongé dans la crise en cas d’une victoire du “Oui”. Comme l’analyse Paul Mason : « Si, le matin du 19 septembre, nous nous réveillons pour apprendre que l’indépendance l’a emporté, le choc parmi l’élite sera terrible. Le Labour sera encore plus traumatisé. Il pourra certainement faire une croix sur l’idée d’un gouvernement à majorité Labour après les élections de 2016 ».
En réalité, si le Labour adoptait un programme socialiste combatif et proposait une alternative bien définie contre l’austérité sans fin, il pourrait facilement obtenir la majorité au parlement – même sans ses députés écossais. C’est l’adhésion sans faille de Miliband et de Ball à la politique capitaliste et aux plans des Tories qui sapent les possibilités pour un éventuel retour du Labour au pouvoir. C’est pourquoi les syndicats doivent prendre plus au sérieux pour aller vers la construction d’un nouveau parti de masse des travailleurs, et se dépêcher.
La “Team Scotland”
La direction du SNP tente à présent d’inclure des dirigeants Labour (comme Alister Darling et Johann Lamont) dans sa “Team Scotland” (“Équipe pour l’Écosse”), en plus de figures publiques issues des Tories ou des LibDem. La Team Scotland est le comité qui devra mener les discussions avec le gouvernement britannique en cas de victoire du camp de l’indépendance, pour obtenir les arrangements nécessaires. Cela fait partie des tentatives du SNP de calmer l’ardeur des travailleurs écossais, qui ont à présent d’énormes attentes et vont demander un changement réel et radical après le référendum.
Les socialistes et les syndicalistes doivent s’opposer à cette approche : il est hors de question de laisser à des politiciens pro-austérité le monopole du débat sur des questions aussi importantes, telles que quelle monnaie nous allons utiliser, ou de quels pouvoirs l’Écosse indépendante bénéficiera. Au lieu de ça, nous exigeons des élections démocratiques à un organe de négociations ouvert à tous, y compris aux candidats socialistes ou issus du milieu syndical, afin de porter la voix de la classe des travailleurs de manière indépendante de la bourgeoisie. Par exemple, nous devons réclamer du Royaume-Uni qu’il rende les 4 milliards volés au financement des services publics par le parti Tory du fait de la politique d’austérité menée depuis 2010.
Quel que soit le résultat du référendum, l’atmosphère est clairement à la combativité : nous ne donnerons plus un penny pour l’austérité ! Même en cas de défaite, environ deux millions de personnes auront voté en faveur du “Oui” à l’indépendance dans l’espoir d’en finir avec l’austérité et avec la baisse constante du niveau de vie. Malgré cela, la direction du SNP promet de poursuivre les coupes budgétaires à hauteur de 3 milliards de livres sterling (2000 milliards de francs CFA) au cours des deux prochaines années. Les syndicats doivent immédiatement appeler à arrêter cette politique en Écosse, en organisant en parallèle une campagne de masse d’action de grève généralisée et coordonnée contre l’austérité.
Le potentiel est là pour aller plus loin
Il est urgent d’agir afin d’utiliser à bon escient l’énorme potentiel que nous avons vu se développer durant la campagne pour le référendum parmi des centaines de milliers de travailleurs qui cherchent une issue à l’austérité. L’excellent accueil qui a été fait à la tournée “L’espoir contre la peur”, couplée à la réemergence de Tommy Sheridan en tant que figure publique majeure nous ouvrent à présent la porte pour renforcer le camp du socialisme après le référendum et de lui donner une expression politique.
Le Socialist Party Scotland participe à l’appel à une conférence de la Coalition des socialistes et syndicalistes écossais prévue le 1er novembre à Glasgow, dont le but sera de rassembler tous ceux qui désirent aider à bâtir une alternative électorale de la classe des travailleurs, anti-austérité et socialiste.
Si le “Oui” devait l’emporter, nous verrons certainement le début du lancement de nouvelles coalitions ou partis de gauche parmi les forces pro-indépendance, notamment de la part de certains éléments de la Campagne pour l’indépendance radicale et de certains intellectuels qui gravitent autour du Common Weal. Mais si ces initiatives se basent sur le programme du Common Weal – et comme lui, ne cherchent pas à s’adresser à la classe des travailleurs –, alors on ne pourra pas dire avec certitude que cela constituera un pas en avant pour résoudre le problème du manque de représentativité politique des travailleurs.
Quel que soit le résultat du vote de jeudi prochain, le terrain politique en Écosse en sortira complètement bouleversé. Notre tâche urgente est de capitaliser et canaliser l’immense colère qui s’est exprimée de manière si frappante lors de cette campagne, afin de lancer une lutte de masse pour vaincre les plans d’austérité et pour renforcer les idées du socialisme en Écosse. C’est à cela que nous devrons nous atteler et consacrer toutes nos forces dès le matin du 19 septembre.
Le Socialist Party Scotland appelle à voter “Oui” à l’indépendance de l’Écosse, et à ce que les pouvoirs conférés par cette indépendance soient utilisés afin de :
- Nationaliser, sous contrôle et gestion démocratique des travailleurs, les secteurs du gaz et du pétrole, le secteur de l’énergie renouvelable et les secteurs-clés de l’économie écossaise. Cela apporterait des milliards à l’État écossais, que nous pourrions utiliser pour lancer un plan massif d’investissement dans la création d’emplois et pour reconstruire nos services publics.
- Nationaliser les banques et le secteur de la finance, sous le contrôle démocratique de la classe des travailleurs
- Renationaliser le gaz, l’électricité, les transports et les secteurs de l’économie nationale qui ont été privatisés.
- Taxer les riches et les grandes entreprises.
- Augmenter le salaire minimum et annuler les attaques sur la sécurité sociale.
- Garantir un salaire décent pour tous, supprimer les contrats “zéro heures”.
- Sortir de l’Otan. Virer d’Écosse le projet Trident de sous-marins nucléaires britanniques, et virer toutes les armes de destruction massive qui sont entreposées sur notre territoire. Investir à la place dans des emplois socialement utiles.
- Abolir toutes les lois antisyndicales.
- Rompre les liens entre les syndicats et le Labour pour construire un nouveau parti de masse des travailleurs.
- Annuler les coupes budgétaires. Obtenir un gouvernement écossais qui représentera l’ensemble de la population travailleuse, les chômeurs et les pauvres, afin de défendre l’emploi, les salaires, les services publics et les pensions, et de refuser toute coupe d’austérité visant à payer pour la crise.
- Mettre en place un plan socialiste de production dans le cadre d’une Écosse indépendante et socialiste, partie prenante d’une confédération volontaire socialiste des iles britanniques (avec l’Angleterre, le Pays de Galles et l’Irlande réunifiée), en tant que première étape vers une Europe socialiste.
Une foule nombreuse se presse pour venir voir Tommy Sheridan et entendre l’appel à une indépendance socialiste
Les meetings avec Tommy Sheridan et nos camarades du Socialist Party Scotland “Socialist Case For Independence” ont pu compter sur une large audience, avec plus de 18.000 participants au total. Ci-dessus, le meeting de Dundee.La tournée “L’espoir contre la peur – Un appel socialiste à voter ‘Oui’” a organisé un meeting dans la ville de Dundee ce jeudi 4 septembre. Plus de 500 personnes se sont massées dans la salle pour y entendre nos orateurs. La presse locale a même compté plus de 800 personnes. Les spectateurs ont dû rester debout serrés les uns contre les autres, tandis que 100 personnes sont restées dehors après que nous ayons fermé les portes dix minutes avant le début officiel du meeting, tant la place manquait. Cependant, nous sommes parvenus à organiser à l’improviste une sonorisation pour que les personnes debout et assises dehors puissent entendre ce qu’il se disait à l’intérieur de la salle.
Le meeting a été ouvert par notre camarade du Socialiste Party Scotland (CIO-Écosse), Sinead Daly, qui a expliqué que ce meeting était le 96ème meeting de notre tournée “L’espoir contre la peur”, et que 20 000 personnes étaient déjà venues voir et entendre le socialiste Tommy Sheridan défendre devant elles le “Oui” à l’indépendance de l’Écosse. La participation massive dans toutes les villes, et même dans tous les villages où nous sommes passés en Écosse est le reflet de l’intérêt énorme qui vit parmi la population envers les idées de gauche et la possibilité d’une indépendance socialiste.
« Ce soir, nous allons devoir discuter ensemble, de la manière dont nous pourrions utiliser les pouvoirs conférés par l’indépendance de notre pays pour en finir à jamais avec la pauvreté et pour construire une société pour les millions – pas pour les millionnaires. Nous voulons voir une Écosse indépendante socialiste, bâtie dans les intérêts de la classe des travailleurs », a dit Sinead.
Pour Jim McFarlane, un dirigeant du syndicat Unison dans la ville de Dundee, également membre du Socialist Party Scotland : « À Dundee, 26 % des enfants vivent dans la pauvreté. Ce 18 septembre, des centaines de milliers de travailleurs peuvent enfin rendre leur verdict quant à toutes ces années de coupes budgétaires et de chute du niveau de vie. Je vais voter “Oui”, parce que je suis un syndicaliste et parce que je suis un socialiste.
J’ai travaillé pour le conseil communal avec le Labour au pouvoir, j’ai travaillé pour le conseil communal avec le SNP au pouvoir, et je peux vous dire que lorsqu’il s’agit de procéder à des coupes dans les budgets sociaux, ces deux partis les appliquent sans même la moindre protestation.Nous menons campagne pour la nationalisation des banques, du pétrole et du gaz, et de tous les secteurs-clés de l’économie. Les pouvoirs de l’indépendance doivent être utilisés afin de garantir un salaire décent pour tous, en finir avec les contrats “zéro heures”, et bâtir une sécurité sociale solide et disposant d’importants moyens financiers.
Il nous faut un nouveau parti de masse des travailleurs, qui défende une politique socialiste, afin de réaliser cette politique dans le cadre de l’Écosse nouvellement indépendante. La seule solution pour échapper à l’austérité brutale, est de construire un mouvement de masse contre les coupes d’austérité et pour une Écosse indépendante socialiste, et de lier ce mouvement à la lutte pour le socialisme en Angleterre, au pays de Galles et en Irlande du Nord comme du Sud. »
Angela McCormick, membre du Socialit Workers party (SWP, section écossaise de la Tendance internationale socialiste, IST), a également pris la parole afin de rappeler le cout scandaleux du projet militaire Trident et tout ce qu’on pourrait faire avec cet argent à la place, en termes d’emploi, d’infrastructure et de services publics.
C’est sous un tonnerre d’applaudissements que Tommy Sheridan s’est levé pour prendre la parole. Tommy a vertement critiqué les politiciens pro-austérité, de Thatcher à sa “progéniture” en la personne, pour en finir avec Ed Milliband : « Je ne lui ferais même pas confiance pour gérer un lavoir, je ne vois pas comment il pourrait gérer un pays ! »
Plus loin dans son discours, il a dit : « Personne en Écosse n’avait voté pour Thatcher, personne en Écosse n’a voté pour Cameron, mais on s’est quand même retrouvés dirigés par ces gens-là. Allez dire à tous vos collègues, à tous vos camarades qui n’ont pas encore décidé quoi voter jeudi prochain, qu’ils n’ont qu’à aller voter “Oui”. Parce qu’après, ils pourront rentrer à la maison, s’asseoir avec leurs enfants, et leur dire : « Mes enfants, grâce à mon vote aujourd’hui, je vous ai sauvé à tout jamais du gouvernement Tory. Ils ne reviendront jamais en Écosse ».
Selon Tommy toujours, « Après l’indépendance, nous allons investir dans toutes ces choses qui sont véritablement importantes pour la population, pas dans des armes de destruction massive illégales et amorales ». Tommy a aussi appelé à la nationalisation de l’économie, à un salaire décent pour tous, à en finir une bonne fois pour toutes avec la pauvreté dans la nouvelle Écosse indépendante. Il a terminé son discours à nouveau dans un tonnerre d’acclamations enthousiastes qui s’est prolongée plusieurs minutes.
Lors du meeting, nous avons vendu 100 exemplaires de notre journal “Le Socialiste” et distribué plus de 300 exemplaires de notre brochure spéciale de 4 pages sur le référendum. Des centaines de livres sterling ont aussi été données par les participants dans les seaux de collecte que nous avons tenus à la sortie du meeting.
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Ecosse : Un référendum sur le fil du rasoir
“Expulsons les conservateurs”Au cours des quinze derniers jours de la campagne pour le référendum sur l’indépendance de l’Écosse, qui se tiendra le 18 septembre prochain, les sondages se resserrent et le soutien à l’indépendance a obtenu son plus haut niveau. Un sondage YouGov datant du 1er septembre illustre qu’à l’exclusion des électeurs indécis, le soutien à l’indépendance a gagné 8 points en mois, pour atteindre les 47%. Les partisans du ‘‘Non’’ n’ont dorénavant plus que 6 points d’avance et se trouvent à 53% alors qu’ils disposaient encore d’une avance confortable de 14 points à la mi-août.
Par Matt Dobson, Socialist Party Scotland (CIO-Écosse)
Le soutien au ‘‘Oui’’ est maintenant synonyme de crise majeure pour la majorité de l’élite capitaliste britannique. Le Premier ministre britannique David Cameron parle ainsi ouvertement de ses ‘‘préoccupations’’ et de sa ‘‘nervosité’’ face à l’idée de l’indépendance de l’Écosse. La campagne ‘‘Better Together’’ pour le ‘‘Non’’, qui réunit les conservateurs du parti Tory, les travaillistes et les Libéraux-Démocrates est en plein surmenage. Tout un spectre de personnalités allant de responsables des milieux patronaux aux célébrités en passant par les élites universitaires d’Écosse constitue un chœur de plus en plus strident ne cessant de prévenir des conséquences désastreuses de l’indépendance.
Le dirigeant travailliste Ed Miliband a annoncé qu’il sera en déplacement en Écosse jusqu’à la fin du référendum. Il ne veut pas à l’avenir devenir Premier ministre d’un Royaume-Uni amputé de l’Écosse, a-t-il affirmé. Le soutien des travaillistes à la campagne pour le ‘‘non’’ à l’indépendance et pour le Project Fear (Projet Peur, surnom de la campagne ‘‘Better Together’’) est en train de faire de sérieux dégâts à ce qui restait encore de la réputation de ce parti au sein de la classe des travailleurs. Le niveau auquel a été élevé le chantage au cours de cette campagne est véritablement sans précédent, mais le Project Fear ne parvient malgré tout pas à enrayer la marée croissante de soutien pour le ‘‘Oui’’.
Les craintes de Cameron et Miliband sont justifiées. Le soutien pour l’indépendance est extrêmement visible à travers les villes et villages du pays à l’aide d’autocollants, de stands de rue, d’affiches et de banderoles officielles ou faites-main. C’est ainsi que s’exprime la volonté d’un changement social et économique fondamental pour des millions de travailleurs et de jeunes.
Le récent sondage YouGov a mis en lumière que la croissance du soutien au ‘‘oui’’ a été plus forte parmi la classe ouvrière. Diverses régions populaires d’Écosse, dont Dundee et Glasgow, pourraient disposer d’une majorité de ‘‘Oui’’. Ce vote représente une opposition à l’austérité sans fin de la période écoulée, une occasion de développer la contestation face aux inégalités et aux coupes budgétaires que les principaux partis politiques ne sont pas prêts à remettre en cause.
Le journaliste Paul Mason a récemment expliqué dans un article du Guardian que ‘‘Quelque chose d’incroyable se passe en Écosse. Lorsque l’enthousiasme politique atteint le monde relativement apolitique des HLM, des pubs et des discothèques et que cela énergise les gens, la participation peut faire des choses étranges sur les sondages d’opinion (…) Ils ont entendu tous les avertissements macro-économiques désastreux – sur la livre sterling, sur les banques, sur la dette, sur la non-fiabilité de l’argent du pétrole. Mais face à l’opportunité de rompre clairement avec la politique de Londres et l’économie néolibérale, beaucoup d’entre eux sont prêts à assumer ces risques (…) Si cela prend passe, c’est que beaucoup de choses sont à pointer du doigt, mais il est d’ores et déjà très clair de constater où réside le plus grand problème : il est devenu impossible d’exprimer son opposition à l’économie de marché via les principaux partis du parlement de Westminster à Londres’’.
Paul Mason a toutefois tort lorsqu’il décrit les quartiers à HLM comme étant ‘‘relativement apolitique’’. La majorité de la population est complètement détachée de l’establishment politique capitaliste, mais la colère est intense contre les coupes budgétaires et la chute du niveau de vie.
De plus en plus de gens font activement campagne pour le ‘‘Oui’’ et se rendent en masse aux réunions publiques, ce qui contraste de façon éclatante avec les récentes élections qui ont connu un taux de participation très bas et peu d’enthousiasme face aux politiciens traditionnels. Cela exprime l’espoir de voir le ‘‘Oui’’ devenir une possibilité des plus réalistes et constituer la chance, pour la première fois dans la vie de très nombreuses personnes, de voir être positivement modifiées les conditions de vie des travailleurs et des jeunes. Cette excitation et ces attentes se sont développées en dépit des tentatives de la direction du Scottish National Party et de la direction de la campagne officielle pour le ‘‘Oui’’ visant à ne pas susciter d’espoirs trop élevés concernant ce que l’indépendance peut offrir sur une base capitaliste.
Le résultat du référendum est actuellement difficile à prédire. La tension s’est accrue dans les rues et les militants du ‘‘Non’’ prétendent être intimidés par ceux du ‘‘Oui’’. Le dirigeant de droite du parti travailliste Jim Murphy s’est ainsi vu attaquer dans sa tournée “Non Merci” dans divers centre-villes par des passants devenus perturbateurs. Ils s’est retrouvé à devoir essuyer des tirs d’œufs tandis que des gens dénonçaient en criant la participation des travaillistes aux politiques d’austérité.
Mais il existe des éléments de la campagne pour le ‘‘Non’’ qui visent à exacerber les divisions racistes et les tensions sectaires. Nigel Farage, par exemple, le dirigeant du parti populiste de droite Ukip, est arrivé en Écosse pour ‘‘sauver l’Union’’ tandis que l’Ordre d’Orange (des extrémistes nationalistes protestants) organise une manifestation nationale contre l’indépendance à Édimbourg lors de la dernière semaine de campagne.
Le facteur majeur qui explique pourquoi le ‘‘Non’’ a encore une avance, ce sont les doutes légitimes quant à savoir ce qu’une Écosse indépendante capitaliste aura à offrir à la majorité sociale. Les promesses du SNP se limitent à des réductions d’impôts pour les grandes entreprises et à la poursuite de la politique d’austérité. Ce sont autant d’obstacles majeurs pour le ‘‘Oui’’.
Les meetings avec Tommy Sheridan et nos camarades du Socialist Party Scotland “Socialist Case For Independence” ont pu compter sur une large audience. Ci-dessus, meeting de Dundee, en présence de 500 participants.En revanche, la tournée ‘‘Hope Over Fear – Socialist Campaign for Independence’’ (l’Espoir sur la peur – Campagne socialiste pour l’indépendance), avec le militant socialiste bien connu Tommy Sheridan et à laquelle participe le Socialist Party Scotland, bénéficie d’une audience de plus en plus grande. Cela illustre le potentiel que représente la défense des idées du socialisme et leur concrétisation politique comme que l’utilisation de l’indépendance pour en finir avec l’austérité et la mise sous propriété publique des richesses pétrolières et gazières de même que le système bancaire peut bénéficier d’une audience de masse et développer le soutien en faveur du ‘‘Oui’’.
Le Socialist Party Scotland, tout en soutenant énergiquement le ‘‘Oui’’ a clairement expliqué la nécessité d’utiliser les forces de l’indépendance pour mettre fin aux mesures d’austérité et pour placer sous propriété publique et sous contrôle démocratique les principaux secteurs de l’économie. Ce n’est qu’ainsi, par une politique socialiste, par la réalisation d’une Écosse socialiste indépendante dans le cadre de la construction d’une confédération socialiste volontaire plus large, que la classe ouvrière pourra voir ses conditions de vie fondamentalement améliorées. A cette fin et pour défendre leurs intérêts, les travailleurs et les jeunes ont besoin d’un nouveau parti de masse de leur classe.
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Huit questions à propos du référendum sur l’indépendance de l’Écosse
Les meetings avec Tommy Sheridan et nos camarades du Socialist Party Scotland “Socialist Case For Independence” ont pu compter sur une large audience, avec plus de 18.000 participants au total. Ci-dessus, meeting de Dundee, en présence de 500 participants.Le 18 septembre, un référendum sur l’indépendance aura lieu en Écosse. Partout dans le pays on parle du référendum, y compris de ce qu’une Écosse indépendante pourrait signifier pour l’emploi et le niveau de vie des travailleurs. Cela mettrait-il fin aux dures mesures d’austérités de ces dernières années? Le ‘Socialist Party Scotland’, parti-frère du PSL en Écosse, appelle à voter ‘oui’ et milite pour une Écosse indépendante et socialiste.
Point-de-vue du ‘Socialist Party Scotland’, section du Comité pour une Internationale Ouvrière en Ecosse
Pourquoi voter oui à ce référendum?
Un nombre croissant de travailleurs – surtout en comparaison des années ‘70 et ‘80 – considère l’indépendance comme un moyen de sortir de la pauvreté croissante et de l’austérité. Depuis 1999 et la création du Parlement écossais, nous avons exigé un Parlement qui ait son mot à dire en matière d’économie, d’impôts, de salaire minimum, de sécurité sociale, de pensions,…
Qu’en est-il des travailleurs et des jeunes qui ne sont pas convaincus que l’indépendance sous le règne du SNP (Scottish National Party) serait un pas en avant?
Nous sommes d’accord avec eux sur ce point. Si nous appelons à voter ‘oui’, il s’agit d’un soutien critique. Nous mettons en avant que le modèle du SNP pour l’indépendance n’apportera aucun changement véritable. À cette fin, une politique socialiste est nécessaire !
Tribune du meeting de DundeeUne Écosse indépendante administrée par le SNP apporterait plus de prospérité aux grandes entreprises, pas aux travailleurs. Les plans du premier ministre écossais visent à offrir des avantages fiscaux supplémentaires aux multinationales. La direction du SNP s’oppose à la propriété publique du secteur pétrolier. Elle ne soutient même pas la renationalisation des compagnies d’énergie. Ce parti pense que le capitalisme – un système économique qui connaît sa plus grave crise depuis les années 1930 – peut constituer la base d’une meilleure Écosse, alors que nous sommes convaincus que cela est exclu. Seules des mesures socialistes telles que la propriété publique et démocratique des banques, du secteur pétrolier et d’autres secteurs clés de l’économie permettront de construire les bases d’une économie qui soit dans l’intérêt de l’ensemble de la population.
Le modèle scandinave n’illustre-t-il pas qu’un capitalisme plus juste est possible ?
Le modèle scandinave se réfère à la situation en Norvège, en Suède, au Danemark et en Finlande depuis 1945, en période de croissance économique. Cette période est désormais révolue et avec elle ce ‘modèle’. La sécurité sociale très développée et le faible niveau de pauvreté – allant de pair avec des impôts élevés pour la population active – font de plus en plus partie du passé.
La fin de la croissance d’après-guerre de la fin des années 1970 a été aggravée par la crise économique mondiale depuis 2007-2008. Cela a érodé le modèle scandinave en engendrant des privatisations et de lourdes mesures austérités. Sur une base capitaliste, il n’est pas possible que l’indépendance de l’Écosse conduise à un niveau de vie décente et à l’arrêt de l’austérité.
Tout ne vaut-il pas mieux que les politiques conservatrices actuelles du gouvernement britannique, pour lesquelles l’Écosse n’a quasiment pas voté ?
Les compétences de l’Écosse indépendante pourraient être utilisées pour changer la vie de millions de personnes, mais dans ce cas, les intérêts de la majorité de la population doivent être centraux. Le SNP propose que l’Écosse fasse partie d’une union monétaire dans laquelle la ‘Bank of England‘ (Banque d’Angleterre) déterminerait ce que le gouvernement écossais peut dépenser pour l’emploi et les services publics. Le SNP veut également faire partie de l’Union européenne, laquelle est dominée par les grandes entreprises. L’UE est d’ailleurs déjà utilisée, à travers le continent, comme un bélier contre les droits syndicaux et pour imposer une austérité sauvage. Enfin, la monarchie britannique serait, après l’indépendance, toujours à la tête de l’Écosse. Les propositions du SNP apporteraient donc peu de changements.
Quelle indépendance souhaitez-vous alors?
Nous sommes pour une Écosse indépendante socialiste et nous plaidons pour une hausse des impôts pour sur les riches et les grandes entreprises, l’augmentation du salaire minimum à 10 livres par heure, l’abrogation de toutes les mesures d’austérité du gouvernement actuel et la suppression de toutes les lois anti-syndicales.
Pour utiliser efficacement les pouvoirs d’une Écosse indépendante, un programme complet de propriété publique et de contrôle démocratique des secteurs clés de l’économie est nécessaire. Cela constituerait la base d’une société socialiste gérée démocratiquement. Mais pour obtenir une telle politique dans une Écosse indépendante, nous devons construire un nouveau parti des travailleurs, de masse, dans lequel les syndicats jouent un rôle central.
Le socialisme dans un seul pays n’est-il pas de toute façon impossible?
En effet, c’est impossible. Le capitalisme est un système d’exploitation international. C’est la domination d’une élite qui possède et contrôle les moyens de production et exploite les travailleurs pour accroitre ses profits. Nous militons pour une Écosse indépendante et socialiste membre d’une confédération démocratique et socialiste avec l’Angleterre, le Pays de Galles et l’Irlande, étape vers une Europe socialiste et un monde socialiste.
La critique du SNP ne risque-t-elle pas d’affaiblir la campagne pour le ’Oui’?
Si le SNP continue de mettre en avant un agenda qui favorise principalement les grandes entreprises et refuse de mettre fin aux mesures d’austérité après l’indépendance, il sape de lui-même la victoire du ‘Oui’. Ceci est renforcé par l’expérience des syndicalistes et des travailleurs ordinaires qui font face aux mesures d’austérité imposées par le gouvernement écossais, sous la direction du SNP ou par les pouvoirs locaux là où le SNP est au pouvoir.
La seule réponse au “Project Fear” et à la campagne “Better Together” est un plaidoyer pour une rupture fondamentale avec les politiques d’austérité de tous les partis traditionnels. Si la direction du SNP soutenait une grève générale de 24 heures contre les mesures d’économie budgétaire du gouvernement britannique, pour la propriété publique de l’économie et pour un refus de l’austérité, le soutien à l’indépendance augmenterait considérablement.
L’appel à voter ‘oui’ ne va-t-il pas diviser les travailleurs ?
La meilleure façon d’éviter cela, c’est de mettre en place une campagne syndicale propre au référendum qui mette l’accent sur une politique allant à l’encontre de toutes les mesures d’austérité. Une campagne qui unisse les intérêts de la grande majorité de la population, indépendamment de ce qu’ils votent lors du référendum.
Nous sommes pour l’unité de tous les travailleurs d’Écosse et d’Angleterre. Nous soutenons que les syndicats doivent lancer conjointement une action de grève de masse, une grève générale de 24 heures, pour combattre les politiques d’austérité. Et les syndicats doivent porter l’initiative d’un nouveau parti de masse des travailleurs qui lutte pour le socialisme.
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Ecosse : Victoire contre la Bedroom Tax!
Une illustration de la manière dont paye la lutte
Par Jarmo (Anvers)
Le 5 février dernier, le parlement écossais a voté une nouvelle loi assurant qu’aucun locataire en Ecosse ne devra encore payer la Bedroom Tax après le 1er avril. Cet impôt détesté et antisocial a dû être rejeté sous la pression d’un mouvement de masse. Le gouvernement écossais a aussi dû promettre de libérer 15 millions de livres sterling pour assurer qu’aucune des 85.000 familles écossaises n’aient à payer l’impôt elles-mêmes.
La ‘Bedroom Tax’ a été introduite il y a un an environ et est basée sur le principe que les locataires d’une habitation sociale payent un impôt supplémentaire dans le cas où ils disposent d’une chambre “en surplus” (c’était le cas de deux chambres pour deux enfants par exemple). Bref, il s’agissait d’une mesure particulièrement antisociale frappant les plus fragiles dans la société.
Le Socialist Party Scotland (parti-frère écossais du PSL) a de suite organisé des meetings dans plusieurs villes écossaises et, très vite, il était clair que le potentiel était présent pour construire un mouvement large et généralisé. Différents groupes locaux de campagne se sont unis au sein d’une fédération vers laquelle des milliers de locataires sociaux ont pu se tourner. Cette fédération a été créée en avril dernier avec une assemblée de plus de 250 délégués issus de différentes parties du pays et de différents syndicats. Le 30 mars 2013, des premières manifestations avaient déjà eu lieu avec 5.000 participants à Edinbourg et plus de 8.000 manifestants à Glasgow. Parallèlement à ces manifestations, la fédération a aussi promis que toute expulsion pour cause de non-paiement de cet impôt aurait à faire face à un piquet destiné à physiquement empêcher l’expulsion de qui que ce soit. Tous les groupes de campagne se sont prononcés en faveur d’une telle campagne de désobéissance civile.
La fédération est partie de trois revendications centrales : que les autorités écossaises débloquent les fonds nécessaire à payer l’impôt, qu’une loi interdise les expulsions liées au refus de payer l’impôt et que les sociétés de logement social refusent par principe d’expulser des locataires de leur maison. Ces trois revendications forment, aujourd’hui, la base de la loi appliquée par le SNP (Scottish National Party), le parti au pouvoir.
Le SNP se fait volontiers passer pour le protecteur de la classe des travailleurs. Il ne faut, cependant, pas perdre de vue qu’ils ont, au départ, défendu que de telles mesures ne seraient possibles qu’après l’éventuelle indépendance de l’Ecosse. Comme le secrétaire de la fédération, Gail Morrow, l’a déclaré: ‘‘Sans participation gigantesque aux protestations et sans la naissance de la fédération, le SNP n’aurait jamais levé le petit doigt pour protéger les locataires. Ils se seraient contentés de rejeter la faute sur les Tories [les conservateurs au pouvoir au Royaume Uni, NDLR] sans entreprendre quoi que ce soit eux-mêmes pour supprimer cet impôt.’’
Les politiciens écossais n’ont bougé – un an après l’instauration de cet impôt – que grâce à l’inlassable travail de campagne de nombreuses associations et groupes d’action. Cette victoire écossaise peut avoir un impact énorme sur les luttes en Angleterre et au Pays de Galles pour là aussi obtenir des victoires. La fédération de lutte contre la Bedroom Tax restera vigilante afin d’efficacement riposter à toute tentative de la réintroduire.
Il ne faut pas se contenter de se bercer d’illusions quant aux partis traditionnels. Des victoires sont possibles même en temps de crise, mais uniquement sur base de la lutte des masses.