Tag: Dublin

  • Laura Ashley: Protestation à Anvers

    Ce samedi, des militants du PSL ont mené une action de solidarité devant les magasins Laura Ashley à Anvers et Bruxelles. Nous savions déjà que la gérante du magasin d’Anvers apréciait très peu ce genre de solidarité, elle avait déjà appelé la police lors d’une première action il y a quelques semaines… Mais nous sommes revenus, et avons mené campagne quelques heures devant le magasin. Nous avons également pu bénéficier d’un petit article dans la presse.

    Anvers: Hannes Schaubroeck (photo) et trois camarades du Parti Socialiste de Lutte (PSL) ont mené action devant le magasin de Laura Ashley avenue de France. Ils appelaient le personnel et les clients à être solidaires de la filiale de Laura Ashley qui va fermer ses portes à Dublin. Depuis plusieurs mois s’y déroule un conflit, et la section du PSL à Anvers veut soutenir ceux qui vont perdre leur emploi. La gérante, qui avait également réagi de manière irritée lors d’une précédente action, s’est distanciée de l’action.

  • 10e Congrès Mondial du Comité pour une Internationale Ouvrière

    Relations mondiales : ‘‘Tout est changé, complètement changé’’

    Rapport de la discussion sur les relations mondiales au 10ème Congrès mondal du CIO

    Le 10e Congrès Mondial du Comité pour une International Ouvrière (CIO) a commencé la semaine dernière en Belgique. Ont participé à cet événement entre autres des délégués et des visiteurs en provenance d’Afrique du Sud, d’Allemagne, d’Angleterre et du pays de Galles, d’Argentine, d’Australie, d’Autriche, de Belgique, du Chili, de Chypre, d’Écosse, d’Espagne, des États-Unis, de France, de Grèce, de Hong Kong, d’Inde, d’Irlande, d’Israël, d’Italie, du Kazakhstan, de Malaisie, des Pays-Bas, du Nigéria, de Pologne, du Portugal, du Québec, de Russie, du Sri Lanka, de Suède, de Taïwan, de Tchéquie, et du Venezuela. Malheureusement, les délégués de Bolivie et du Pakistan n’ont pas pu venir, à cause du refus de leur visa.

    Sarah Sachs-Eldridge, délégation du Socialist Party (CIO – Angleterre et pays de Galles)

    Ce Congrès a duré une semaine et a discuté des principaux enjeux auxquels est confrontée la classe ouvrière internationalement dans cette période d’attaques d’austérité sauvages ainsi que des tâches du CIO.

    Les principales discussions lors du Congrès ont porté sur les relations mondiales, sur l’économie mondiale, sur l’Europe, l’Asie, l’Amérique latine, l’Afrique, et sur la construction du CIO.

    Le CIO est une organisation internationale socialiste et démocratique. Au cours du Congrès, les documents et les résolutions ont été discutés, amendés, puis soumis au vote. Un nouveau Comité Exécutif International a également été élu.

    Nous publierons les versions finales des principaux textes du Congrès. Notre site international (www.socialistworld.net) a déjà publié le projet initial de document de Congrès concernant les relations mondiales. Une version mise à jour de ce document sera publiée par la suite, avec les documents concernant l’Europe, le Moyen-Orient, l’Asie, la Russie et l’Europe de l’Est, de même qu’un document sur la situation en Afrique.

    Ci-dessous, nous publions un rapport de la première discussion du Congrès, celle sur les relations mondiales, rédigé par Sarah Sachs-Eldridge, de la délégation d’Angleterre et Pays de Galles (Socialist Party). D’autres rapports des principales discussions qui ont eu lieu tout au long du 10e Congrès suivront au cours des prochains jours.


    Des millions de personnes ont participé aux manifestations et aux grèves en France. Il y a eu des grèves générales en Grèce, au Portugal – la plus grande depuis la révolution de 1974 -, en Espagne et en Inde où une grève générale a impliqué 100 millions de travailleurs. Un immense mouvement partiellement victorieux s’est développé en Afrique du Sud et de nombreuses autres expressions de colère ont éclaté face à la crise la plus dévastatrice depuis les années ’30.

    Dans son introduction à la discussion, Peter Taaffe du Secrétariat international (SI) du CIO a cité William Butler Yeats, un célèbre poète nationaliste irlandais, qui avait dit : ‘‘Tout est changé, complètement changé’’ à propos des évènements d’Irlande. Pour décrire les événements de ces derniers mois, cette phrase reste d’actualité. Les contributions au débat portant sur les pays d’Afrique, d’Asie, d’Amérique latine, d’Amérique du Nord, du Moyen-Orient, d’Europe et d’Europe de l’Est ont bien démontré que pas un pays au monde n’a été épargné par la crise économique mondiale.

    Une crise prolongée

    Les gouvernements de plusieurs pays et régions peuvent bien clamer haut et fort que leurs économies sont à l’abri de tout danger et sur la voie de la reprise, il existe un potentiel pour une nouvelle chute de l’économie mondiale, ou en tous cas pour une stagnation prolongée avec une croissance faible. En fait, il n’y a aucun “remède” clair à appliquer pour la bourgeoisie, et des divisions existent entre et à l’intérieur des différentes classes dirigeantes quant à savoir quelles mesures devraient être prises.

    En cette époque de changements rapides, les gouvernements peuvent être enclins à des revirements soudains. La situation est lourde de troubles sociaux et politiques d’une ampleur tragique.

    Les relations mondiales sont dans un état d’instabilité croissante. Nous ne vivons plus dans un monde “unipolaire” où le pouvoir ultime des États-Unis, en tant que plus grande économie au monde, est accepté. Ceci peut mener à une hausse des frictions et des conflits.

    L’impression prédominante est que nous sommes dans une période de flux. Des luttes de la classe ouvrière ont lieu ou sont à l’ordre du jour dans chaque région du monde. Les socialistes doivent être prêts à ajuster leur tactique et leurs méthodes organisationnelles au fur et à mesure que la lutte de classe se développe et que les conditions objectives changent. De nouveaux mots d’ordre et revendications seront lancés lorsque cela sera requis.

    Des changements soudains

    Dans son introduction, Peter Taaffe a décrit comment, au cours d’un intervalle relativement court, l’économie irlandaise a été noyée, passant d’une des économies les plus prospères au monde à, non pas la récession, mais la dépression. Dans un sondage effectué il y a six ans auprès de 100 pays, on avait révélé que le peuple irlandais était le plus heureux au monde, sur base de la hausse des salaires et d’une phase de croissance apparemment sans fin. Mais ce 27 novembre, 100.000 manifestants sont descendus à Dublin malgré le froid polaire pour y exprimer leur rage, leur dégout et leur amertume face à la situation complètement différente, dans laquelle la majorité de la population est maintenant confrontée à des coupes sévères dans leur niveau de vie.

    La classe ouvrière irlandaise a montré qu’elle était capable de trouver par elle-même le chemin de la lutte, même lorsque les dirigeants syndicaux ont abandonné de la manière la plus poltronne qu’il soit leur responsabilité qui était de mener celle-ci. La survie du gouvernement, élu il y a moins de deux ans, ne tient plus qu’à un fil.

    La présence en Irlande du CIO et de Joe Higgins, l’eurodéputé socialiste de Dublin, signifie qu’il existe une voix qui est présente afin d’articuler l’opposition à la politique pro-marché, et qu’il existe le potentiel pour défier cette politique lors des élections générales de 2011, autour de l’Alliance de la Gauche Unie (United Left Alliance) récemment établie.

    L’ampleur de la crise économique mondiale, qui a commencé avec la crise des subprimes aux États-Unis en 2007, s’est largement fait ressentie lors de la crise bancaire de 2008. Le CIO a averti du fait que les patrons, dont la rapacité et le système du “tout pour le profit” sont responsables de la crise, ne seraient pas capables de trouver une issue facile pour sortir de cette crise, et qu’ils chercheraient à en faire payer le cout par les travailleurs.

    Cette crise a été si grave que, au départ, il n’était pas évident de voir comment une dépression de l’ampleur de celle des années ′30 pouvait être évitée. Toutefois, de nombreux gouvernements, après avoir jeté un œil par-dessus le gouffre et ayant aperçu le danger de la répétition d’une dépression qui durerait une décennie entière, ont pris peur et ont mis en place de grands plans d’urgence de relance de l’économie afin d’amortir les pires effets de la crise.

    Les travailleurs payent la facture

    De nombreuses contributions ont illustré à quel point les dirigeants ne sont pas parvenus à protéger les travailleurs et les pauvres. Par exemple, depuis le début de la crise, les plans de relance aux États-Unis ont empêché un million de pertes d’emplois, mais huit millions d’autres emplois ont été perdus depuis 2007. Dans les pays de l’OCDE, c’est 17 millions de travailleurs qui ont été virés des usines. On ne tient pas compte ici des travailleurs qui subissent le travail temporaire et/ou précaire, ce qu’on a commencé à appeler aux États-Unis des “jobs de survie”.

    À la grand’ messe du G20 à Toronto, il y a eu un accord général pour cesser l’intervention politique et financière et les plans de relance, et pour passer à des plans d’austérité, destinés à satisfaire les marchés. Il n’y a pas une confiance totale dans cette politique, qui a eu pour conséquence des coupes énormes dans de nombreux pays, suscitant déjà la colère et l’action de la classe ouvrière.

    Mais la colère, la frustration et l’opposition n’ont pas encore trouvé une expression dans la formation de nouveaux partis de masse de la classe ouvrière. Ce facteur représente un grand obstacle dans la lutte. Comme le document sur les relations mondiales l’a fait remarquer : ‘‘S’il existait des partis de masse de la classe ouvrière – même à l’image des partis ouvrier-bourgeois du passé – alors, en toute probabilité, les idées réformistes de gauche, centristes et révolutionnaires seraient en ce moment en train d’être largement discutées dans la société, et en particulier dans les rangs du mouvement ouvrier organisé.’’

    La Chine

    Un aspect important de la discussion a été le rôle de l’énorme plan de relance en Chine. Celui-ci a été combiné à une expansion massive du crédit, principalement de la part des banques d’État. L’investissement dans la construction de routes, de bâtiments et d’autres projets d’infrastructure a été une tentative de focaliser les mesures d’incitation sur la hausse de la demande intérieure.

    Un impact très important de ce plan a été de donner aux travailleurs la confiance de lutter. L’année 2010 a vu une nouvelle vague de grèves balayer la Chine, d’une nature en grande partie offensive, dans le but d’obtenir de meilleurs salaires. Les travailleurs ont vu l’économie s’accroitre, et en ont réclamé leur part. La croissance de ce mouvement et son développement va être crucial dans le développement de la lutte des travailleurs partout dans le monde.

    Dans sa réponse lors de la discussion, Robert, du Secrétariat International du CIO, a souligné les questions importantes qui sont posées : quel est l’attitude de ces travailleurs par rapport à la lutte pour les droits démocratiques, et syndicaux, par rapport aux syndicats officiels, à l’État et au gouvernement ?

    Toutefois, la discussion a bien clarifié le fait que les conséquences du plan de relance en Chine se sont fait ressentir dans de nombreux domaines. La croissance économique dans toute une série de pays, tel qu’en Allemagne, est liée au plan de relance chinois.

    Anthony, d’Australie, a expliqué le fait qu’une des raisons pour lesquelles l’économie australienne est jusqu’à présent parvenue à éviter les pires effets de la crise qui a touché les autres pays est la force du secteur minier et l’exportation massive de matières premières vers la Chine. Tout ralentissement de la croissance de l’économie chinoise aurait des répercussions désastreuses.

    Après être sortis de 30 ans de guerre civile, la classe ouvrière et les pauvres du Sri Lanka sont confrontés aux conditions les plus difficiles. Siritunga, du Sri Lanka, qui a passé la moitié de sa vie dans cette guerre, a décrit comment les “retombées de la paix” tant promises ne se sont absolument pas concrétisées. Au lieu de cela, le budget de 2010 a vu une hausse des dépenses militaires, qui constituent maintenant près du quart des dépenses de l’État, ce qui illustre la montée de la répression employée par le régime Rajapakse.

    Les puissances régionales, telles que l’Inde et la Chine qui ont soutenu l’effort de guerre, continuent à intervenir au Sri Lanka dans leur propres intérêts économiques et stratégiques, sans que cela ne profite le moins du monde aux populations laborieuses de la région.

    Toute une série de personnes ont pris la parole au sujet de la lutte d’influence entre les États-Unis et la Chine, en particulier dans certaines régions comme l’Asie-Pacifique.

    Derrière les statistiques qui montrent une croissance économique, la Chine est en train d’exporter son modèle de production basé sur la surexploitation de la main d’œuvre, avec des bas salaires et sans aucun droit syndical ou autre pour le personnel.

    André du Brésil et Patricio du Chili ont tous les deux expliqué comment l’exportation de matières premières vers la Chine a eu un effet d’amortir la crise économique mondiale dans toute une série de pays d’Amérique latine. Au Brésil, un processus de “reprimairisation” de l’économie est en cours (un développement du rôle de la place de l’extraction de matières premières), avec une désindustrialisation de plus en plus grande. Si cette tendance venait à se confirmer, elle sera accompagnée d’attaques sur les droits des travailleurs, d’une dégradation de l’environnement, et de traitements horribles pour les peuples indigènes.

    Des mouvements de masse

    Lors des précédents Congrès du CIO, au début des années ′2000, c’était le processus révolutionnaire en cours en Amérique latine qui se trouvait à l’avant-plan de la lutte. Tandis que ce processus s’est pour le moment temporairement ralenti, c’est la classe ouvrière européenne qui est aujourd’hui entrée en action.

    Là, même en l’absence de leurs propres partis de masse ou même semi-de masse, les travailleurs ont entrepris une action extrêmement audacieuse, et développent d’instinct leurs propres revendications. Andros de Grèce a expliqué comment l’expérience du mouvement de masse en Grèce a mené à ce qu’aujourd’hui, un Grec sur deux est en faveur de la nationalisation des banques, et un sur trois est pour le non-payement de la dette de l’État, pour laquelle on demande à la classe ouvrière de payer la facture. De telles idées ont été capables de se développer même sans que la plupart des partis d’une certaine taille ne les aient mises en avant, à l’exception de la section grecque du CIO, Xekinima.

    Rob de Russie a décrit le massacre affligeant des services publics, des salaires et des pensions qui s’est produit à travers toute l’Europe de l’Est. Dans toute une série de pays, les mouvements de protestation ont été énormes, avec par exemple le mouvement de masse dans les rues de la Lettonie qui a fait tomber le gouvernement. Mais en l’absence de tout parti ouvrier capable de prendre le pouvoir, c’est tout simplement une autre version de l’ancien gouvernement qui a été mise en place.

    La présence du CIO au Kazakhstan signifie qu’il existe le potentiel pour construire un nouveau parti des travailleurs de masse. La campagne ‘Kazakhstan 2012’, dans laquelle sont actifs les membres du CIO, a lancé plusieurs campagnes visant à défendre la population contre les expulsions de domicile, et à construire des syndicats indépendants. Elle se déclare en faveur de la ‘‘renationalisation de tout ce qui a été privatisé, sous le contrôle des travailleurs.’’ 2012 sera la date des prochaines élections présidentielles, où l’on espère que le régime répressif au pouvoir en ce moment sera remplacé. Un nouveau centre syndical y a aussi été récemment fondé.

    Le Moyen-Orient

    Les dernières fuites organisées par Wikileaks ont brutalement mis au grand jour les frictions qui existent entre les différents régimes du Moyen-Orient, comme le CIO l’avait fait remarquer auparavant.

    Yasha d’Israël a expliqué que les derniers documents suggèrent le fait que le régime israélien est sérieusement en train de se préparer à une attaque contre l’Iran, même si ce scénario est improbable. Robert a décrit comment l’intervention américaine en Irak a mené au renforcement du rôle régional de l’Iran. Mais le régime iranien n’est pas stable, comme l’a bien montré le mouvement de 2009.

    La classe ouvrière égyptienne a trouvé sa force dans le nombre de luttes qui se sont déroulées au cours des dernières années. Le taux de participation de 15% à peine lors des dernières élections montre à quel point aucun des partis politiques ne parvient à susciter le moindre enthousiasme parmi les travailleurs et les jeunes. Mais comme l’a fait remarquer Igor de Russie, une fois qu’un mouvement va commencer à se développer contre le régime détesté de Moubarak, la classe ouvrière pourrait jouer un rôle très important.

    Avec la “contagion” de la crise économique qui s’étend à partir de la Grèce jusqu’en Irlande, et maintenant potentiellement à l’Espagne, au Portugal, à la Belgique et au Royaume-Uni, c’est la question de la survie même de l’euro qui est posée.

    Illustrant les tours de passe-passe financiers qui ont conduit à la crise économique, Robin d’Angleterre a décrit comment la valeur notionnelle de tous les “dérivatifs” est équivalente à onze fois la valeur de production annuelle mondiale ! Il a expliqué que la crise économique mondiale en cours en ce moment n’est pas juste une crise cyclique faisant partie du cycle normal de croissance et décroissance du système capitaliste, mais que c’est une crise basée sur l’absence de demande. Les plans d’austérité massifs ont réduit le pouvoir d’achat des travailleurs.

    Aron d’Allemagne a fait une contribution au sujet de la tendance vers des mesures protectionnistes, dans la lutte pour une plus grande part du marché mondial. C’est là la trame de fond derrière la “guerre des devises” qui se déroule en ce moment. Les États-Unis ont lancé un autre tour massif de “facilitation quantitative” (c’est à dire, la création d’argent à partir de rien) et tentent d’inonder le monde de dollars afin d’améliorer leurs opportunités d’exportation. Paraphrasant un politicien américain, Aron a résumé ainsi l’attitude de l’administration américaine : ‘‘C’est notre monnaie, mais c’est votre problème’’.

    Cependant, les États-Unis ne peuvent pas simplement claquer des doigts et s’attendre à ce que le reste du monde accoure se mettre en rang. Peter a expliqué que l’État chinois est loin de se porter volontaire pour prendre les coups, et a exprimé la menace comme quoi si la Chine devait réévaluer sa monnaie, le monde assisterait à la fermeture de 40 millions d’usines chinoises, ce qui pourrait entrainer un mouvement de masse de la classe ouvrière chinoise, une perspective qui suscite des sueurs froides chez les gouvernements de tous les pays.

    Les conflits

    Mais la guerre des monnaies n’est pas le seul conflit qui menace le monde. La friction entre les Corées du Nord et du Sud pourrait se développer. L’Irak est une plaie béante et Judy d’Angleterre a montré que la guerre d’Afghanistan, qui est maintenant perçu comme la guerre d’Obama, est impossible à remporter pour l’impérialisme.

    Ceci sape le soutien en faveur d’Obama mais, comme Philip des États-Unis l’a dit, ce n’est pas le seul facteur de mécontentement : il y a aussi la colère croissante de la classe ouvrière et de la classe moyenne face au chômage, aux expulsions de domicile, et à d’autres effets de la crise sur leur vie de tous les jours.

    Sur base de cette expérience, c’est un sentiment anti-establishment qui a dominé les élections de novembre aux États-Unis. Le Tea Party, qui cherche à se faire passer comme l’alternative au statut quo tout en étant en réalité lié à des personnes telles que les dirigeants de la chaine Fox News, chaine droitière et pro-capitaliste, pourrait bien tirer profit de ce sentiment et de l’absence d’une alternative ouvrière de gauche. Toutefois, un sondage a révélé la nécessité urgente et le potentiel pour un tel parti, puisque plus de la moitié des personnes qui y ont répondu déclaraient avoir une mauvaise image du Parti démocrate tout comme du Parti républicain. En fait, le Tea Party a lui-même provoqué deux contre-manifestations à Washington.

    La riposte de la jeunesse

    Ty, des États-Unis, a décrit les batailles héroïques qui se sont déroulées dans le secteur de l’éducation. Des étudiants, des enseignants et des parents se sont organisés contre les coupes budgétaires et contre les attaques brutales contenues dans le programme scolaire Charter.

    Même alors qu’ils sont en train de mettre en place des plans de relance pour les grandes boites, les gouvernements vont tenter de forcer leur agenda néolibéral qui consiste à reprendre l’ensemble des précédents acquis de la classe ouvrière, tels que l’éducation, la santé et les pensions.

    Mais l’action estudiantine aux États-Unis n’est qu’un exemple parmi une nouvelle vague de mouvements de la jeunesse qui est en train de se développer. Vincent de Hong Kong a raconté comment 2.000 étudiants chinois ont démoli la cafétéria privatisée de leur campus lors d’une bataille autour de l’augmentation du prix des bouteilles d’eau. Au Royaume-Uni, les étudiants et les lycéens sont en marche en ce moment-même. En Grèce, en Malaisie, en Italie et en Irlande, les étudiants se battent pour leur avenir.

    Au Nigéria, où l’âge moyen est de 19 ans, la lutte pour l’avenir fait partie de la vie de tous les jours. Segun du Nigéria a dépeint l’horreur de la vie des travailleurs sous le capitalisme dans le monde néocolonial. Toutes les promesses rompues en terme de route, d’écoles, etc. a mené certains vieux travailleurs à commencer à penser que la vie était peut-être meilleure du temps de la colonie. Il a décrit à quel point la privatisation et la soif de profit peuvent devenir extrêmes, avec l’exemple d’une route privatisée de 6 km mais qui compte trois péages !

    Cependant, la classe ouvrière a montré sa force potentielle dans les huit fantastiques grèves générales de la dernière décennie. Le défi est maintenant de mobiliser ce potentiel dans une lutte pour changer la société.

    La crise environnementale

    La crise du changement climatique et la destruction de l’environnement ne sont qu’une des nombreuses preuves qui toutes démontrent à quel point l’idée du capitalisme en tant que système progressiste a été discréditée. Bart de Belgique a proposé des mots d’ordre qui puissent trancher à travers le scepticisme qui peut se développer face à des mesures soi-disant “vertes” telles que les taxes environnementales. Les socialistes doivent lier ce problème à celui de la crise générale, en remettant en question le droit à la propriété privée de la recherche scientifique, et avec des revendications telles que des emplois écologiques et la reconversion des usines.

    La discussion a bien confirmé que le sentiment et la compréhension de la classe ouvrière, de la jeunesse et de certaines couches de la classe moyenne est en train de changer et d’évoluer à travers l’expérience de la crise économique, politique et sociale, et surtout l’expérience des luttes émergentes.

    Le sentiment parmi les travailleurs et la jeunesse

    Les sentiments anti-banquiers, anti-establishment et anti-politiciens sont très vivaces. Sascha d’Allemagne a expliqué qu’il y a un potentiel pour un développement très rapide de ce sentiment, et que parmi certaines couches, il a acquis un caractère anticapitaliste plus prononcé. Au fur et à mesure que s’accentue l’expérience de la pire crise depuis les années ′30 et que pleuvent les coupes budgétaires qui s’abattent sur la classe ouvrière, il va y avoir une mise en question de plus en plus grande de la manière dont ces coupes peuvent être combattues et de quelle est l’alternative.

    Mais cela ne veut pas dire que les attaques violentes sur le niveau de vie vont automatiquement conduire à une plus grande volonté de se battre et une plus grande ouverture aux idées socialistes. Il peut y avoir un effet d’hébétement sous le choc de la crise, comme on l’a vu en Grèce au début de la crise. La question de la direction de la classe ouvrière va également jouer un rôle dans l’évolution d’une conscience combative et socialiste.

    Ce qui est propre à cette situation, c’est le potentiel qu’a la classe ouvrière d’infliger des défaites aux gouvernements, divisés et hésitants. Des revirements soudains de tactique de la part de la bourgeoisie peuvent se produire. Tout en essayant de forcer la mise en œuvre de leur agenda néolibéral, ils peuvent passer en un tour de main de la hache de l’austérité à la planche à billets virtuelle afin de se lancer dans de nouveaux plans de relance. Lynn a souligné le fait que toute une série d’économistes qui naguère prêchaient le monétarisme sont maintenant en train d’appeler à de nouvelles mesures de relance.

    Kevin d’Irlande a décrit la situation du sud de l’Irlande comme étant “en gestation d’une révolte”, et la discussion a amené à la conclusion que, en ce qui concerne l’Irlande comme en ce qui concerne les relations mondiales, nous sommes véritablement entrés dans une période différente.

  • Nous ne voulons pas payer leur crise: Pour un plan d’action vers une grève générale

    Partout en Europe, les gouvernements lancent un assaut frontal contre le niveau de vie des travailleurs et de leurs familles. En Belgique, nous sommes encore en retrait de ce processus, surtout parce que notre pays a pu profiter d’une croissance limitée dans le sillage de l’Allemagne. Mais cela aura une fin, la crise frappera à nouveau impitoyablement, et le prochain gouvernement procèdera à l’élaboration d’un programme d’austérité.

    Par Geert Cool

    Pour les capitalistes et les grands banquiers, la crise est déjà passée, ils renouent à nouveau avec les profits en faisant supporter le poids de la crise par la collectivité. Cette logique est faite d’attaques contre les acquis du mouvement ouvrier. En bref, nos conditions de vie, de travail, nos salaires, nos services publics,… sont sous pression alors que les riches n’ont jamais été aussi riches !

    Dans les différents pays européens, il est nécessaire de résister aux plans d’austérité et de renforcer la lutte. Ces derniers mois, plusieurs grandes mobilisations se sont déroulées (voir cadres). Mais ces protestations ne suffisent pas encore à faire émerger une autre politique que celle des patrons. Il est important que le mouvement ouvrier prenne sa lutte en mains, tant sur le plan syndical que politique. Nous avons besoin de syndicats combatifs et démocratiques, de même que de notre propre instrument politique afin de briser l’omniprésence de partis qui sont tous favorables aux plans d’austérité.

    L’establishment tout entier s’accorde à vouloir nous faire payer la crise. Cela, nous ne l’acceptons pas et nous voulons construire un rapport de forces pour non seulement contester la logique actuelle des partis traditionnels, mais aussi la stopper. La journée d’action européenne du 29 septembre dernier était un bon premier pas en ce sens, mais hélas sans une suite de la même ampleur. La mobilisation pour la nouvelle journée d’action de la Confédération Européenne des Syndicats du 15 décembre était considérablement plus limitée.

    Manifester de temps à autre ne suffira pas. Nous avons besoin d’un plan d’action démocratiquement élaboré pour aller en direction d’une grève générale de 24 heures organisée à l’échelle européenne. Cela toucherait les capitalistes là où cela leur fait mal: au portefeuille ! Faire grève partout en Europe renforcerait la résistance au niveau national et pourrait compter sur une grande solidarité. Qu’attendent encore les syndicats pour lancer un tel mot d’ordre lors de la journée d’action du 15 décembre ?

    La politique d’austérité va à l’encontre des intérêts de la majorité de la population. Cette majorité doit commencer à prendre les choses en main. Lorsqu’une telle chose se produit, les possibilités d’obtenir de véritables changements deviennent réelles. En organisant notre lutte et en l’orientant vers le renversement de ce système capitalisme en faillite totale, nous pourrons construire cette alternative socialiste qui nous est tellement nécessaire !


    Grande-Bretagne. Plus de 50.000 étudiants dans les rues le 9 novembre dernier contre le triplement des frais d’inscription à 9.000 £ (10.500 euros).

    Irlande. Début novembre, plus de 30.000 étudiants ont manifesté à Dublin contre le doublement des frais d’inscription (dorénavant jusqu’à 3.000 euros par an).

    France. Deuxième partie de 2010, 8 journées d’actions se sont déjà déroulées, avec de très grandes manifestations contre la réforme des pensions du gouvernement de Sarkozy. 70% des Français se sont dit solidaires du mouvement. A suivre…

    Portugal. 50.000 manifestants à Lisbonne et 20.000 à Porto le 29 septembre. Grève générale le 24 novembre.

    Allemagne. Quatre mobilisations en 10 jours à Stuttgart, en réaction à un projet de prestige local. La manifestation du 9 octobre comptait 150.000 participants, dans une ville de 600.000 habitants.

    Belgique. 100.000 manifestants lors de la journée d’action européenne du 29 septembre, avec de grandes délégations issues de France et d’Allemagne.

    Grèce. Six grèves générales en moins d’un an, suivies de mobilisations dans presque tous les secteurs. Une nouvelle grève générale se prépare pour le 15 décembre.

    Italie. Plus de 500.000 manifestants le 16 octobre à Rome, suite à un appel de la FIOM, le syndicat combatif des métallos.

    Espagne. Dix millions de grévistes et 1,4 millions de manifestants le 29 septembre.

  • Conférence Nationale des Etudiants de Gauche Actifs: se préparer pour les luttes à venir

    Le jour même où se tenait cette conférence, Le Soir publiait un article expliquant que le chômage avait augmenté de 10,6% durant le premier semestre 2010. Pour les jeunes, il s’agit de 12,8% d’augmentation ! A Bruxelles, le taux de chômage pour les moins de 25 ans a atteint les 44,2% pour le second trimestre 2010… Cette Conférence Nationale tombait donc à point nommé pour faire l’évaluation de nos campagnes, et notamment de notre implication dans les Jeunes en lutte pour l’emploi.

    Dans la capitale, le chômage des jeunes est au niveau le plus haut depuis 12 ans. Et encore, ces chiffres issus du ministère de l’Economie ne mentionnent qu’un nombre de 406.000 chômeurs. Selon l’économiste Philippe Defeyt, en intégrant d’autres couches comme les chômeurs âgés, on arriverait au-delà des 750.000 chômeurs en 2010, et le Bureau du Plan a prévu que le cap des 800.000 chômeurs serait atteint en 2011 (soit un taux de chômage de plus de 15%).

    La crise du capitalisme frappe donc véritablement les jeunes de plein fouet. A côté du chômage de masse, il reste la multiplication des emplois précaires, des contrats temporaires, des intérims,… L’avenir réservé à la jeune génération actuelle est des plus sombre.

    Au-delà de l’emploi, il est clair que le futur plan d’austérité qui ne manquera pas de toucher la Belgique s’en prendra notamment à l’enseignement. Nous avons vu en Grande-Bretagne le gouvernement mettre sur table des frais d’inscription triplé, à hauteur de 9.000 livres, soit 10500 euros! Ecoles, hautes écoles, universités, soins de santé, services sociaux,… A coups de restrictions budgétaires, on va tenter de nous faire payer la crise une seconde fois!

    Nous devons nous organiser et lutter contre ces plans et contre ce système basé sur la course aux profits. Partout en Europe, la résistance se développe, et nous avons vu ces derniers jours la plus grande grève générale de l’histoire du Portugal, plus de 100.000 personnes dans les rues de Dublin samedi dernier,… Cette vague de résistance arrivera aussi chez nous en réaction des projets d’austérité.

    De tout cela, il en a été question lors de cette journée, avec des ateliers consacrés à l’enseignement, à la lutte antiraciste et aux jeunes face à l’emploi. Une discussion en plénière à abordé le thème de la nécessité de s’organiser et une dernière discussion a concerné l’environnement et la manière de lutter contre le contre le capitalisme, en amenant clairement la perspective d’une société socialiste. Il ne suffit pas simplement de se dire anticapitaliste, la direction vers laquelle nous voulons aller doit clairement être établie, de même que les moyens pour y parvenir: la mobilisation de la classe ouvrière avec ses méthodes de grève générale, d’occupation d’entreprises,…

    Nous avons lancé EGA dans les écoles secondaires depuis un an. Dans l’enseignement supérieur, EGA a déjà construit de nombreuses campagnes: pour le droit de vivre dans un environnement sain; avec les Jeunes en lutte pour l’emploi; contre le racisme et les néofascistes avec la campagne Blokbuster pour les mobilisations anti-NSV (l’organisation étudiante du Vlaams Belang) et avec les JAF (Jeunes Antifascistes) du côté francophone; contre les assainissent dans l’enseignement,… Nous avons aussi participé aux élections étudiantes à Gand et à Bruxelles cette année. En tout, une cinquantaine de jeunes ont participé à cette journée et ont pu échanger leurs expériences.

  • Une semaine de ‘Protestation et de solidarité’ tenue à travers l’Europe

    Faisons de la manifestation de la Confédération Européenne des Syndicats du 29 Septembre une "journée d’action" décisive pour la mobilisation des travailleurs

    A la suite de l’appel lancé par 16 députés européens de la Gauche Unitaire Européenne / Gauche Verte Nordique (GUE/NGL), et initié par Joe Higgins et le Socialist Party (CIO-Irlande), des protestations et des activités ont pris place dans plusieurs pays européens la semaine dernière. Même si ces actions étaient de taille restreinte, elles ont activement pointé la direction dont nous avons besoin : des actions de protestation de masse au niveau européen pour résister aux attaques des gouvernements et des patrons du continent.

    Par Paul Murphy, CIO

    A l’initiative du Socialist Party, 500 personnes ont défilé dans les rues de Dublin ce samedi 26 juin, mobilisées autour des slogans "Stop au renflouage des banques – Opposons-nous aux coupes d’austérité du Fonds Monétaire International et de l’Union Européenne – Pour la fin de la dictature des marchés." Plutôt cette semaine, une protestation à Belfast, devant les locaux de la Commission Européenne, avait reçu le soutien officiel du syndicat des pompiers, d’un syndicat des enseignants (INTO – région du nord), du syndicat de la fonction publique (PCS) et de l’association des enseignants et lecteurs (ATL). Environ 150 personnes étaient présentes à cette action.

    En Grèce, des protestations ont été organisées par Syriza, avec également un meeting qui a réuni des centaines de personnes le vendredi soir à Athènes. En Angleterre, le réseau national des délégués syndicaux (National Shop Stewards Network) a organisé un meeting le samedi 26 juin au soir, sur le thème de la solidarité internationale. En Suède, des militants de 4 organisations socialistes et syndicats (de l’Alliance de Septembre), se sont réunis devant les bureaux de la Commission Européenne à Stockholm. Ils avaient une bannière déclarant "Non à l’Europe du grand capital" et ont donné une lettre de protestation à la Commission Européenne.

    A Lisbonne, l’après-midi du 26 juin, des militants du Bloc de Gauche ont distribué 200.000 tracts concernant la crise économique. Un peu plus de 80 personnes ont protesté à Bruxelles lors d’une manifestation organisée par le Front des Gauches, avec le soutien de Synaspismos (Grèce) et de la Federazione Comunista del Belgio (Italie). Cette protestation s’est déroulée dans un quartier habité par plusieurs communautés du Sud de l’Europe et a reçu les applaudissements et le soutien de plusieurs habitants. Les membres du CIO en Autriche (Sozialistische Linkspartei) ont organise une protestation devant la Chambre de Commerce de Salzburg le mercredi 23 juin et avaient une banderole longue de 35 mètre clamant "Protestation et solidarité internationales" utilisée lors d’une manifestation le vendredi.

    Au Danemark, le meeting annuel de l’Alliance Rouge-Verte s’est déroulé à Copenhague le mercredi 23 juin, avec la participation de centaines de personnes. Finn Sørensen, le vice-président d’un syndicat de Copenhague, a attaqué les déclarations selon lesquelles la crise grecque est conséquente au fait que les travailleurs grecs vivent au-dessus de leurs moyens. Il a insisté sur la responsabilité de l’Union Européenne, du gouvernement grec et des spéculateurs. Un puissant message de solidarité a été envoyé aux travailleurs grecs du Danemark. En Italie, la semaine de protestation a été relayée par les camarades de Controcorrente, qui sont intervenus dans la grève générale du 25 juin.

    L’Europe regarde en direction de la Grèce

    Les niveaux différents de protestations dans les divers pays reflètent les différents niveaux de lutte et les situations qui existent dans les divers pays européens. Cependant, avec les mesures budgétaires draconiennes du gouvernement Tory/Libéral en grande Bretagne et avec l’annonce des attaques vicieuses d’Angela Merkel en Allemagne, ainsi que les mesures d’austérité annoncées en France, il est maintenant très clair que c’est toute l’Europe qui se dirige vers la Grèce. Au cours de ces derniers jours seulement, il y a également eu des grèves générales ou des grèves générales partielles en France, en Italie et au Pays Basque en Espagne.

    Cette semaine d’action initiée par le Comité pour une Internationale Ouvrière a mis en avant le chemin à suivre pour les travailleurs partout à travers l’Europe: celui de la nécessité d’actions communes à l’échelle européenne pour vaincre les attaques antisociales qu’on cherche à nous imposer.

    Maintenant, les regards se tournent vers la "Journée d’action" annoncée par la Confédération Européenne des Syndicats pour ce 29 septembre. Les syndicats espagnols ont annoncés qu’ils partiraient en grève générale ce même jour. Le CIO plaide pour que cette journée d’action devienne une réelle journée de mobilisation des travailleurs à travers l’Europe. Là où cela est approprié, comme en Espagne, des grèves générales pourraient être organisées ce jour-là, avec des manifestations régionales et une manifestation majeure à Bruxelles.

    Dublin

    Joe Higgins, eurodéputé du Comité pour une Internationale Ouvrière (Socialist Party, CIO-Irlande)

    Clare Daily (Socialist Party, CIO-Irlande)

    Joe Higgins, eurodéputé du Comité pour une Internationale Ouvrière (Socialist Party, CIO-Irlande)

    Autriche

    Angleterre – Coventry

    Suède

    Danemark

    Belgique

  • Une “Semaine de Protestations et de Solidarité” du 21 au 26 juin

    Afin de soutenir la Semaine de Protestation et de Solidarité, la fraction de la Gauche Unitaire Européenne / Gauche Verte Nordique (GUE/NGL) au Parlement Européen va coopérer avec des partis politiques, des mouvements sociaux et des activistes pour protester partout en Europe contre les attaques sur les salaires, les pensions, le standard de vie et les services publics. En Belgique aussi, une manifestation se déroulera ce samedi 26 juin.

    Une réponse collective et une démonstration de solidarité face aux attaques qui défèrlent sur l’Europe est nécessaire afin de réagir contre les tentatives visant à diviser les travailleurs ainsi que pour donner aux travailleurs la confiance de riposter contre les politiques destinées à leur faire payer la crise.

    Ces protestations et actions sont organisées autour des revendications suivantes :

    • Les travailleurs, pensionnés, chômeurs, étudiants, jeunes et ceux qui sont socialement exclus ne doivent pas payer pour la crise – il faut la faire payer aux super riches et aux banquiers ;
    • Solidarité avec les travailleurs en Grèce, pour l’unité des travailleurs en Europe;
    • Pas d’assainissements, de baisses de salaires, de chômage ni d’augmentation de l’âge d’accès à la retraite;
    • Pas de privatisation des services publics;
    • Stop au sauvetage des banques – nationalisation des banques et des institutions financières dans les intérêts des travailleurs.

    Actions planifiés par les partis de la GUE/NGL pour la Semaine de Protestation et de Solidarité

    Irlande

    Ce samedi 26 juin, une manifestation aura lieu à Dublin, à 13h. Le cortège partira de la Central Bank pour aller vers les bureaux de l’Union Européenne et pour ensuite finir à l’Anglo-Irish Bank.

    Ce jeudi 24 juin, au soir, une manifestation se déroulera à Belfast au bureau de la Commission européenne.

    Grèce

    Ce mardi 22 juin, une journée d’action aura lieu partout en Grèce, pour la sécurité sociale et pour défendre le système de pension. Des protestations prendront place partout dans le pays, aux bureaux de la sécurité sociale de chaque ville et avec de grandes manifestations à Athènes et à Thessalonique.

    Ce vendredi 25 juin, un Festival international aura lieu, avec de la musique et des speechs d’orateurs internationaux et de syndicalistes.

    Ce dimanche 27 juin sera une journée de protestation partout en Grèce contre la privatisation des chemins de fer. De nouveau, des protestations prendront place dans toutes les villes, surtout à Athènes et à Thessalonique.

    Portugal

    Ce samedi 26 juin, dans l’après-midi, une action est prévue à Lisbonne, où 200.000 tracts sur la crise sont distribués avec une contribution de Francisco Louçã et des membres du parlement.

    Suède

    Le Parti de Gauche organise cette semaine un concert et un festival pour attirer l’attention sur la Semaine de Protestation.

    Danemark

    L’eurodéputé Søren Søndergaard organise un meeting public concernant l’appel à la solidarité européenne.

    Autres événements:

    Angleterre & Pays de Galles

    La réunion du Réseau National de Déléguées se déroulera dans le cadre de la solidarité internationale et en solidarité avec les autres actions européennes.

    Belgique

    Le Front des Gauches planifie une action à Bruxelles, ce samedi 26 juin à 13h30, Place Van Meenen, à Saint Gilles (Bruxelles) – Près de la Gare du midi, arrêt Horta

  • Attaque scandaleuse contre l’aide en direction de la Palestine

    Un convoi d’aide en route vers Gaza a été attaqué par l’armée israélienne. Selon les médias, il y aurait eu au moins 20 morts. L’armée prétend que ce sont les gens du convoi d’aide qui ont lancé l’attaque. Le régime israélien fait tout pour mettre sous pression la solidarité avec les Palestiniens et ceux qui veulent donner de l’aide aux habitants de la bande de Gaza sont également victimes de la répression et de la violence qui touche les Palestiniens.

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    Les navires étaient en route de Chypre vers la bande de Gaza, avec presque 700 militants sur différents bateaux et des dizaines de tonnes d’aide. C’était une horreur pour le régime israélien, qui avait d’ailleurs annoncé que les navires ne parviendraient jamais à Gaza.

    L’eurodéputé irlandais du Comité pour une Internationale Ouvrière, Joe Higgins, avait déclaré fin de la semaine dernière: «J’apprécie les efforts des militants d’innombrables pays pour fournir des médicaments et des stocks de nourriture de première nécessité à la population de Gaza. Cette population vit dans des conditions terribles, dans une prison à ciel ouvert imposée par le régime israélien.»

    «Les navires en route vers Gaza sont menacés par l’armée israélienne. J’appelle à intensifier la pressions pour assurer que les secours arrivent sur le champ. J’irai d’ailleurs trouver l’ambassadeur israélien à Dublin.

    «Mais bien plus que d’une pression diplomatique, nous avons besoin d’une campagne massive de résistance en Israël et en Palestine qui puisse unir dans l’action les travailleurs et les pauvres Palestiniens et juifs contre l’oppression systématique de la population palestinienne par l’Etat israélien. Notre organisation-sœur dans la région, le Mouvement de Lutte Socialiste, plaide pour un tel programme et pour une fédération volontaire de deux Etats démocratiques et socialistes, sur base d’un accord sur les frontières et du respect des droits des minorités.»

  • Irlande : retour sur la campagne du Socialist Party pour les élections européennes et communales

    Une victoire sensationnelle pour le Socialist Party (CIO-Irlande)

    Nous avons déjà à plusieurs reprises parlé sur ce site de l’élection de notre camarade Joe Higgins au Parlement européen. Ce moment est historique pour notre internationale, le Comité pour une Intenationale Ouvrière, qui obtient là son premier élu européen. En outre, aux élections communales qui se déroulaient au même moment, nos camarades irlandais ont décroché 6 élus. Cet article revient sur ces résultats.

    Socialist Party (CIO-Irlande)

    “Je viens de me lever. J’ai un peu plus de pêche quand je marche. C’est un beau jour pour être socialiste” (Pat, de Sligo)

    «Je viens d’entendre les infos, j’espérais que tu remporterais le siège, je suis absolument comblé, il y a une justice dans le monde. J’arrive tout simplement pas à le croire, les médias t’avaient totalement nié, quel belle matinée. Ma journée au travail va être bien plus facile après avoir entendu ta victoire éclatante. Terrible!» (Ger, de Cork)«C’est la première fois de ma vie que je vote pour un candidat socialiste, et regardez ce qu’il se passe ! Tu manquais à tout le monde au Dáil, et je suis tellement heureux que tu ailles à l’Europe. Pourris-leur la vie!» (PJ, de Dublin)

    «Bravo, M. Higgins, pas mal pour un «raté», comme t’appelait «Loo Lah Bertie». Je pense que nous savons maintenant qui est le «raté»!» (Conor)

    Ce n’est là qu’un échantillon des commentaires qui sont parvenus au bureau du Socialist Party ce matin. Le dernier commentaire fait référence à l’ancien Taoiseach Bertie Ahern, maintenant totalement discrédité, qui avait traité Joe Higgins, en plein Dáil (parlement), de «raté» à la solde d’une «idéologie ratée». Comme les choses ont changé!

    La victoire éclatante de Joe Higgins pour la circonscription éclectorale de Dublin, lui accordant 12,5% des voix de première préférence, dépassant le Sinn Fein et battant deux (ex-)parlementaires européens, était la dernière étape d’un week-end dramatique, rempli d’excellents résultats électoraux pour le Socialist Party d’Irlande.

    En plus de remporter le siège au Parlement européen, Clare Daly a été réélue au conseil de sa commune de Swords, avec 3192 voix, soit plus de 20% ; de même, Joe lui-même a remporté 3787 voix à Castleknock (28%). Le parti a reçu 2747 voix (près de 18%) à Mulhuddart ward, ce qui a permis de réélire Ruth Coppinger haut la main.

    Le parti a reçu un soutien électoral significatif dans toutes les circonscriptions, mais a obtenu des gains particulièrement importants avec l’élection de Terry Kelleher au Conseil communal de Balbriggan, et de Frank Gallagher au Conseil communal de Drogheda.

    Malheureusement, notre conseiller Mick Murphy a raté de très peu sa réélection à Tallaght Central, au sud de Dublin, à 200 voix près. Nous avons parlé dans un autre article (sur le site international : socialistworld.net) de la difficulté à se faire réélire dans cette circonscription. Les camarades ont mené une campagne extrêmement forte, et dans les quartiers où Mick et le parti sont basés, nous avons obtenu plus de 20% des voix, ce qui nous a permis d’obtenir 2159 voix de première préférence.

    En fait, Tallaght Central a été agrandi, à cause d’un redessinement des frontières communales l’été dernier. Cette expansion, conjointement à la remontée du Labour, ont rendu les élections difficiles, bien que nous soyons presque parvenus à une victoire. Ceci représente une défaite, mais c’est une défaite de laquelle nous pourrons et nous allons récupérer, en redéveloppant complètement notre position au cours des mois et des années qui viennent.

    Notre conseiller Mick Barry à Cork a été facilement réélu, remportant la majorité des suffrages avec 2096 voix (26,5%), dépassant le quota de moitié. Notre second candidat à Cork, Dave Kating, a remporté un résultat très crédible de 5,5%, et le profil du parti a été renforcé de manière importante dans la ville.

    En termes de Conseils de Comtés, nous en gagnons un à Castleknock mais en perdons un autre à Tallaght ; mais le plus important est que nous sommes parvenus à accomplir une percée dans d’importants Conseils communaux comme ceux de Balbriggan, de North Dublinet de Drogheda.

    Une lutte serrée

    Les résultats des élections européennes à Dublin ont été reportés à cause d’un recomptage. Tandis que les heures du petit matin s’égrénaient minute après minute, la tension commençait à monter. Il était clair que la bataille pour le dernier siège de Dublin tournait à l’ultime conflit entre le Socialist Party et le Fianna Fáil, le principal parti capitaliste en Irlande, au gouvernement depuis douze ans – entre Joe Higgins et Eoin Ryan, un ancien Ministre.

    Ryan disposait d’une avance de 11.000 voix. Mary Lou McDonald, parlementaire européenne du Sinn Fein, qui a été repoussée à la cinquième position par le vote populaire du Socialist Party, était éliminée d’office, et donc ses voix devaient être transférées à Ryan ou Higgins, ou pas, en fonction du vote de deuxième préférence exprimé par les électeurs.

    Des 55.429 électeurs de McDonald, Joe avait besoin d’une part bien plus importante que celle qui était attribuée à Ryan s’il devait le rattraper. Les pronostics étaient que beaucoup de ces votes ne seraient transférés ni à Joe, ni à Ryan, réduisant par conséquent le potentiel de voix grâce auxquelles Joe pourrait rattraper Ryan.

    Puis ce fut l’instant. Les voix de McDonald avaient été allouées, et le décompte était finalement terminé, nous n’avions plus qu’à attendre l’annonce. Certains membres et sympathisants du parti, de même que ceux du Fianna Fáil, se sont rassemblés autour des huissiers qui remontaient sur le podium. Ceci étant, l’équipe d’assesseurs, qui avait compté les résultats toute la journée, sortit de derrière les barrières pour rentrer chez eux, abandonnant ainsi à leur destin respectif les deux groupes de partisans avides de résultat.

    Si les transferts s’étaient déroulés comme prévus, tout les éléments auraient dû être en place pour une victoire de Joe, mais la possibilité qu’une grosse quantité de voix n’aient pas été transférés pouvait dynamiter ce scénario. Et puis, il y a toujours une possibilité d’un inattendu lors d’élections proportionnelles. L’huissier revint au podium.

    A travers les grésillements du micro, l’huissier annonça que Joe Higgins avait obtenu un transfert de 22.201 voix supplémentaires. Les gens retenaient leur souffle, étant donné que ces résultats étaient inférieurs à ceux prévus. Le transfert de McDonald à Ryan allaient-ils le propulser en avant et lui permettre de sortir gagnant? Lorsqu’il fut annoncé que Ryan n’avait obtenu que 5.426 voix de deuxième préférence, alors vint la réalisation que nous avions réussi, que Joe était élu, le tout premier membre du CIO à être élu au Parlement européen. Quand bien même 50% des voix n’étaient pas transférables, le taux de 4 contre 1 a fait en sorte que nous avons été élus avec un bon surplus de 5.410 voix.

    Les élections européennes et communales ont été un désastre pour les deux partis au pouvoir, le Fianna Fáil et les Greens, et l’administration est maintenant très bancale. Dans d’autres articles, nous nous préoccuperons de la situation politique et économique en Irlande, et de l’approche que doit avoir le Socialist Party vis-à-vis de cette situation, mais pour l’instant, nous allons fêter cette victoire historique.


    Le Comité pour une Internationale Ouvrière, CIO

    Le Socialist Party est la section du CIO en République irlandaise.

    Le capitalisme est un système mondial et il doit être combattu à la même échelle. C’est pourquoi le Parti Socialiste de Lutte fait partie d’une organisation marxiste internationale: le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), un parti mondial actif sur tous les continents. Notre lutte en Belgique s’inscrit dans le cadre d’une lutte des travailleurs du monde entier pour un société socialiste car si la révolution socialiste éclate sur le plan national, elle se termine sur l’arène internationale. La démocratie ouvrière et la planification socialiste de la production ne peuvent se limiter à un seul pays. C’est d’ailleurs l’isolement de la Russie soviétique qui a conduit à sa dégénérescence à partir de 1924.

  • Elections européennes de 2009 – Tour d’horizon

    Peu ou pas de confiance dans les gouvernements, mais pas de veritable alternative socialiste

    Ces élections européennes ont donné un instantané de l’atmosphère anxieuse et de la méfiance, ou même de l’hostilité, éprouvée face aux gouvernements. Dans certains pays, comme la Grande-Bretagne, la Grèce, l’Irlande et la Hongrie, les partis au pouvoir ont subi de dramatiques revers. Mais généralement, à quelques exceptions près, cette situation n’a pas bénéficié aux forces de gauche ou même aux verts. Le mécontentement est surtout illustré par une faible participation et un soutien accru pour les nationalistes de droite ou les formations d’extrême-droite.

    Par Robert Bechert, Comité pour une Intenationale Ouvrière

    L’Europe s’enlise dans une profonde récession, la pire depuis les années ‘30. Juste avant les élections, la Banque Centrale Européenne avait d’ailleurs encore revu à la baisse ses prévisions de croissance pour les 16 pays de la zone euro : une chute de 5.1% pour 2009.

    Voilà le contexte derrière la fonte du soutien de la plupart des partis au pouvoir et la recherche, parmi les électeurs, d’une alternative. Même le faible taux de participation illustre ce rejet des partis établis, au côté d’un rejet de l’Union Européenne et de la parfaite compréhension que le soi-disant Parlement européen est impuissant.

    Mais alors que les nationalistes de droite et l’extrême-droite ont pu capter une bonne partie des voix, la victoire de Joe Higgins, le candidat du Socialist Party (CIO-Irlande), qui a remporté un des sièges d’eurodéputé de Dublin, montre de quelle manière il est possible de construire un soutien conscient de la base profondément enraciné parmi la classe ouvrière, établissant ainsi une tradition de lutte revendiquant des politiques réellement socialistes. Malheureusement, cela ne constitue pas l’expérience générale de ces élections. Seul le Bloc de Gauche au Portugal et le Mouvement des peuples contre l’UE au Danemark, quoique sur base d’un programme politique plus faible, ont remporté des succès significatifs.

    Dès le début de cette crise, il a été absolument clair qu’elle était due au marché capitaliste lui-même. À aucune moment il n’a été possible pour la classe capitaliste de blâmer la classe ouvrière, les syndicats ou le ‘socialisme’. On se serait donc attendu à ce que cela débouche un soutien pour les partis qui se sont opposés au capitalisme, ou qui au moins ont offert une vision différente de la société.

    Nous avons déjà connu des protestations à une large échelle, avec des manifestations et des journées de grève générale ou nationale, dans une série de pays européens. En France, plus particulièrement, elles ont pris le caractère d’une marée croissante d’opposition à toute tentative des capitalistes et des gouvernements de faire payer la crise aux travailleurs et à la classe moyenne. Mais d’autres pays encore, comme la Belgique, la Grèce et le Portugal, ont également connu des actions significatives.

    Cependant, presque tous les dirigeants syndicaux à travers l’Europe n’ont en rien cherché à construire un mouvement plus large sur base de ces premiers pas. Au lieu de cela, les protestations ont été réduites à des actions isolées, employées souvent tout simplement pour laisser sortir la colère, et la pression, ou encore, comme avec certaines manifestations de la Confédération Européenne des Syndicats de ce mois de mai, pour tenter de soutenir les partis sociaux-démocrates.

    L’absence d’alternative pour les travailleurs ouvre la voie à la droite

    Ce frein sur les luttes s’explique par le fait que dans la grande majorité des pays de l’Union Européenne, il n’y a actuellement aucun grand parti ou parti de masse essayant de construire une opposition sérieuse face aux effets de cette crise. Ce fait n’est pas fortuit. Le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO – CWI) a expliqué depuis le début des années ‘90 que la plupart des pays n’ont plus aucun parti de masse ou de parti significatif qui s’oppose au capitalisme. C’est là le résultat d’une combinaison faite de l’offensive idéologique des capitalistes qui a suivi l’effondrement de l’Union soviétique et de la transformation de la plupart des anciens partis ouvriers bourgeois (des partis avec une base de classe ouvrière et une direction pro-capitaliste) en partis complètement capitalistes.

    C’est ce qui a jusqu’ici sauvé les capitalistes et qui a fait qu’il n’y a pas encore eu de d’opposition active à une large échelle contre le capitalisme lui-même en conséquence de la crise. Dans beaucoup de pays européens, les travailleurs, la jeunesse et des sections de la classe moyenne ont clamé : "Nous ne payerons pas votre crise". Cet appel est un bon point de départ pour construire une résistance contre les pertes d’emploi, la baisse du niveau de vie et les coupes dans les budgets sociaux. Mais ce n’est seulement qu’un commencement.

    Cette crise du capitalisme pose clairement la question de l’opposition au système capitaliste lui-même et de la lutte pour une alternative socialiste. Actuellement toutefois, mis à part le CIO, il y a en Europe très peu de forces présentes dans le mouvement des travailleurs qui lient activement la lutte contre l’impact de la crise et la construction d’un soutien pour une société socialiste. Cette lacune a ouvert la voie aux succès électoraux de la droite.

    Dans un certain nombre de pays, mais pas en Belgique, les partis de centre-droit ont gagné, ou ont moins souffert que d’autres partis. Souvent, comme dans le cas de Sarkozy en France, c’était aussi le résultat d’un changement de tactique, avec des critiques contre les excès du capitalisme ou, dans le cas d’Angela Merkel en Allemagne, sous l’effet d’une extension massive des fonds du gouvernement pour le chômage partiel afin de limiter les pertes d’emploi.

    Gains pour l’extrême droite

    Mais à travers l’Union Européenne, des partis plus à droite ont progressé, en pourcentage si ce n’est en nombre de suffrage. L’immigration est devenue une question clé, des partis de droite exploitant les craintes des travailleurs envers les immigrés, qu’ils soient issus de l’intérieur ou de l’extérieur de l’UE, vis-à-vis de l’emploi ou des services publics. Le racisme, l’hostilité contre les musulmans, les gitans et, en Autriche, un antisémitisme semi-voilé, ont été des éléments significatifs dans ces élections. De plus, il n’y avait souvent que les partis d’extrême-droite pour exprimer la colère populaire ressentie contre l’UE elle-même, son essence antidémocratique et la domination des grandes puissances européennes.

    En surface, cette élection semble illustrer une droitisation de l’Europe, et même un déplacement vers l’extrême-droite dans quelques pays. L’exemple le plus saisissant est constitué par les 769.000 voix (17%) remportées par le PVV d’extrême-droite aux Pays Bas, pour sa toute première participation aux élections européennes. Il s’agit maintenant du second parti du Pays. Mais les nationalistes de droite et les partis d’extrême-droite ont également obtenu des gains significatifs en Grande-Bretagne, en Finlande, en Grèce, en Hongrie, en Italie, en Roumanie et dans d’autres pays encore.

    En Allemagne toutefois, où Die Linke, en dépit de ses faiblesses, est encore regardé comme l’adversaire principal des attaques contre le niveau de vie des travailleurs, les suffrages de l’extrême-droite ont à peine changé, malgré quelques augmentations dans certaines élections locales qui ont eu lieu simultanément.

    Les commentateurs capitalistes peuvent partiellement décrire les résultats électoraux comme un décalage vers la droite parce que les ‘socialistes officiels’, qui ont souvent enregistré des pertes, étaient les anciennes partis ouvriers. Ces formations ont appliqué les politiques néolibérales et sont de plus en plus vues comme asssez similaires au centre-droit. Là où ces partis sont au pouvoir, comme en Autriche, en Grande-Bretagne, en Allemagne et en Espagne, ils ont enregistré des pertes. Dans les trois premiers de ces pays, les resultats ont été des baisses record, malgré le fait qu’en Allemagne, le SPD a essayé d’adopter une image légèrement plus ‘amicale’ envers les travailleurs. Dans d’autres pays, où ces partis sont dans l’opposition, les sociaux-démocrates ont gagné, sous l’étiquette du ‘moindre mal’. Ainsi, en Suède, ils ont réussi à obtenir 24.6% et même 36.6% en Grèce. Toutefois, en France, le Parti Socialiste a souffert des souvenirs qu’il a laissé derrière lui après son passage au pouvoir. Avec 16.48%, il n’est plus que 0.20% avant les verts (Europe-Ecologie).

    Dans trois pays, les principaux partis de droite au gouvenrement sont arrivé en tête des votes. En France, Sarkozy parle d’un succès de 28% des voix, ignorant cependant que 72% des électeurs se sont opposés à lui et que l’abstention a atteint des records. En Allemagne, le CDU d’Angela Merkel a reçu 1.343.000 voix de moins qu’en 2004, mais reste n°1. Le gouvernement polonais a reçu le taux le plus élevé, 44%, mais comme seulement 24% des gens se sont déplacés pour voter, cela ne représente qu’un soutien actif de moins de 12% de l’électorat…

    Très peu de gouvernements ont maintenu leur soutien. Le gouvernement italien en fait partie, avec 45% des voix. Le nouveau PdL de Berlusconi a peu gagné comparé à il y a cinq ans, et a perdu quand on regarde les élections générales d’avril 2008, mais la ligue du Nord, d’extrême-droite, a doublé ses voix à plus de 10%. L’Italie illustre bien le thème de cette élection : la faiblesse ou l’absence d’une véritable alternative socialiste, malgré la crise économique capitaliste qui fait rage.

    La force de Berlusconi est fondamentalement basée sur la déception éprouvée avec les gouvernements de centre-gauche, comme récemment la coalition Olivier, et sur l’échec du PRC (Parti de la refondation communiste). Fondé en 1991, le PRC avait précédemment reçu un soutien important, pas simplement du point de vue électoral mais aussi dans les lieux de travail et dans la société, mais cela a été gaspillé quand les dirigeants du PRC ont rejoint les gouvernements capitalistes au lieu de combattre pour gagner du soutien en faveur de politiques socialistes. En conséquence, le PRC est proche de l’extinction. Comparé à 2004, le suffrage ‘communiste’ est tombé de 2.757.000 voix à 1.032.000 (soit de 8.47% à 3.37%), alors que le suffrage ‘gauche/vert’ (une opposition très douce…) est tombé de 1.467.000 voix à 955.000 (soit de 4.51% à 3.12%). Mais un bloc de gauche significatif existe toujours en Italie. Le RPC lui-même, en alliance avec les Communistes Italiens et la Gauche Européenne, a gagné 1.032.000 voix alors que les Travailleurs Communistes en ont remporté 166.000. Ce soutien constitue toujours une base puissante pour un parti basé sur les idées véritables du marxisme en Italie.

    Des gains pour la gauche dans quelques pays

    A contre-courant de ce contexte général, la victoire du Socialist Party (CIO-Irlande) de Joe Higgins en Irlande a été un contraste marqué face à ce qui s’est produit dans le reste de l’Europe. Le SP a gagné 50.510 voix de préférence à Dublin (12.4%), plus DU double de ses 23.218 voix de 2004. C’était un vote conscient pour le SP basé sur son programme. Le SP était en concurrence avec les parti travailliste irlandais? dans l’opposition, dont la première voix de préférence à Dublin a également monté de 54.344 à 83.741 et avec le Sinn Fein dont le soutien au député sortant est tombé de 60.395 à 47.928 voix.

    Le résultat de Joe est seulement comparable au Bloc de Gauche au Portugal, qui a plus que doublé ses voix pour en atteindre 381.000 (10.7%), rattrapant tout juste le CDU, l’alliance menée par le Parti Communiste et ses 379.500 voix. Le "Mouvement des peuples contre l’UE", au Danemark, a augmenté ses voix de 97.986 à 168.035 (7.18%).

    Nouvelles formations de gauche

    Depuis le début des années ’90, le CIO a expliqué que la transformation des anciens partis sociaux-démocrates et ‘communistes’ faisait que, en même temps que la construction des forces en défense du socialisme véritable, il fallait argumenter que des étapes seraient nécessaires par la construction de partis indépendants de la classe ouvrière. De tels partis indépendants pour les travailleurs pourraient fournir à la fois un point de ralliement pour s’opposer à l’offensive capitaliste et un endroit où les idées socialistes pourraient être discutées.

    Ces dernières années, nous avons assisté à différentes tentatives de construire de nouveaux partis de gauche. Ces élections européennes ont d’ailleurs connu le passage d’une étape importante en Grande-Bretagne quand le principal syndicat des transports a lancé une initiative électorale, "No2EU, Yes to Democracy", à laquelle ont notamment participé le Socialist Party (CIO-Angleterre et Pays de Galles) et le Parti Communiste de Grande-Bretagne (PCGB). Cette liste a remporté 1% des suffrages.

    Mais plusieurs de ces nouvelles formations n’ont pas combiné une activité sérieuse et les revendications politiques claires nécessaires pour construire de vraies forces durables. C’est une véritable lutte que de construire de nouveaux partis, en particulier quand l’habitude de voter pour les anciens partis ouvriers existe toujours et quand joue l’effet du ‘moindre mal’ ou le fait que quelques petites concessions peuvent être gagnées. Toutefois, la combinaison de certains événements, d’expérience et de nouvelles activités pour ces partis peut élargir la base pour l’établissement d’une nouvelle force significative, ce que Dublin a illustré.

    Mais, de façon générale, les nouveaux partis de gauche n’ont pas connu de résultat dramatique. Les mauvais résultats peuvent s’expliquer en partie par le fait que beaucoup ont viré vers la droite, en refusant de faire campagne comme des socialistes et en ne présentant pas leur programme et leurs revendications de façon claire et déterminée.

    En Allemagne, Die Linke, en comparaison avec l’ancien PDS en 2004, a gagné 390.000 voix et a reçu un pourcentage de 7.5%, mais ce chiffre est autour de la moitié de ce qu’il avait dans les sondages d’opinion, et sous son objectif de "10 + X %". De même, en Grèce, l’alliance de gauche Syriza a obtenu 4.7%, comparé à 4.16% en 2004, mais des sondages d’opinion avaient parlé de 18% en 2008.

    Malheureusement, une situation semblable s’est développée avec le Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) en France, qui a reçu 4.8% des voix, chiffre qu’il faut comparer aux 9% des sondages lors du lancement de la formation en janvier 2009. Une force clé derrière le NPA est l’ancienne LCR, et les suffrages du NPA sont une augmentation par rapport aux 2.56% gagnés en 2004 en alliance avec LO (LO a remporté 1.2% dans ces élections). Mais ces 4.8% sont une déception comparés aux 4.25% que le porte-parole du NPA, Olivier Besancenot, avaient gagné pour la LCR aux élections présidentielles de 2002, élections auxquelles LO avait reçu 5.72%.

    Une partie des ‘anciennes’ nouvelles formations stagne, comme le Socialistische Partij aux Pays Bas, dans ce cas-ci partiellement en raison du mouvement vers la droite de la direction du parti, avec une opposition de type nationaliste face à l’UE et une participation aux coalitions gouvernementales locales avec des partis capitalistes. De tels développements peuvent handicaper l’avenir de ces nouvelles formations, soit en termes d’effondrement, comme cela semble se produire avec le PRC en Italie, soit en termes de transformation en petits partis avec peu de perspective de se développer en tant que forces de masse.

    Dans quelques pays, la faiblesse de ces nouveaux partis a donné un espace pour le développement de partis ‘verts’, particulièrement en France, où Europe-Ecologie a gagné 16.2%, mais également en Grande-Bretagne, aux Pays Bas et dans la région francophone de Belgique. Les 7.1% gagnés par le parti pirate en Suède, un parti contre la surveillance d’Etat et pour le téléchargment libre d’internet, est une indication de l’atmosphère anti-éstablishment, particulièrement parmi les jeunes.

    Des opportunité à venir pour les véritables socialistes

    De façon générale, ces élections donnent une indication de l’instabilité qui se développe en Europe. La victoire du Socialist Party à Dublin et le doublement des voix du Bloc de Gauche au Portugal, avec ailleurs des augmentations plus modestes de voix à gauche, donnent une idée du potentiel qui est actuellement présent. Le résultat du SP à Dublin prouve qu’il est possible de gagner du soutien pour des idées socialistes même lorsque beaucoup de travailleurs et de jeunes votent pour le ‘moindre mal’, tandis que le résultat du Bloc de Gauche montre ce qui est possible quand un ‘moindre mal’, le Parti Socialiste Portugais dans ce cas-ci, est au pouvoir et applique des politiques capitalistes.

    Beaucoup de travailleurs européens, de jeunes et de membres de la classe moyenne craignent pour leur avenir et espèrent que cette crise économique sera bientôt terminée. Malheureusement, ce ne sera pas le cas.

    Au fur et à mesure qu’il sera compris qu’un retour des hauts taux de croissance économique n’arrivera pas, que le chômage de masse demeurera et que les capitalistes exigeront d’autres coupes dans les budgets sociaux et le niveau de vie de la majorité, la nécessité de lutter commencera à être comprise. Cela donnera l’opportunité à l’établissement de forces significatives capables de lutter pour le socialisme. Mais ce ne sera pas automatique. Cela exigera un programme clair et une stratégie consciente. Les voix pour l’extrême-droite lors de ces élections sont un avertissement : les forces réactionnaires peuvent gagner du soutien sur base de l’agitation sociale faute d’alternative pour les travailleurs.


    Le Comité pour une Internationale Ouvrière, CIO

    Cette évaluation a été rédigée par le CIO.

    Le capitalisme est un système mondial et il doit être combattu à la même échelle. C’est pourquoi le Parti Socialiste de Lutte fait partie d’une organisation marxiste internationale: le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), un parti mondial actif sur tous les continents. Notre lutte en Belgique s’inscrit dans le cadre d’une lutte des travailleurs du monde entier pour un société socialiste car si la révolution socialiste éclate sur le plan national, elle se termine sur l’arène internationale. La démocratie ouvrière et la planification socialiste de la production ne peuvent se limiter à un seul pays. C’est d’ailleurs l’isolement de la Russie soviétique qui a conduit à sa dégénérescence à partir de 1924.

  • Les socialistes de lutte obtiennent une voix au parlement européen!

    En Irlande, le décompte des voix pour le parlement européen a été un véritable thriller. À Dublin, il a fallu compter et recompter pour définir qui était finalement le bénéficiaire du troisième siège pour l’Europe. C’est notre camarade Joe Higgins, de notre parti-frère le Socialist Party (CIO-Irlande), qui l’a emporter. Le PSL/LSP se réjouit bien entendu de cette élection, qui place au parlement européen une voix qui prendra la défense des travailleurs et des jeunes de l’Europe entière.

    Avec 50.000 voix à Dublin (soit 12,4%), Joe Higgins a obtenu un excellent score. Les libéraux au pouvoir ont reçu un coup avec cette élection, le troisième siège à Dublin n’est pas allé au libéral Fianna Fial, mais à un candidat marxiste.

    Dès le début du décompte, il était semblait bien que Joe Higgins allait l’emporter. Il a clairement obtenu plus de voix que le candidat du Sinn Fein. Les deux plus grands partis ont obtenu un siège : les chrétiens-démocrates du Fine Gael et les sociaux-démocrates du Labour.

    Ce n’est qu’à 5h15 ce matin que le résultat définitif a été connu après une attente exaspérante : Joe Higgins et le Socialist Party avaient remporter ce fameux siège. Joe Higgins a obtenu un peu plus de 22.000 voix tandis que le candidat du Fianna Fial n’a eu que 5.400 voix.

    Joe Higgins a directement déclaré qu’il défendra les intérêts des travailleurs et de leurs familles à travers l’Europe entière au sein du parlement européen. Il a affirmé que son élection constituait une mauvaise nouvelle pour les bureaucrates européens et pour les représentants des grandes entreprises.

    Avec cette élection, nous avons une voix claire et radicale au parlement européen, cela renforcera la position de la gauche en Europe.


    Le Comité pour une Internationale Ouvrière, CIO

    Le Socialist Party est la section irlandaise du CIO.

    Le capitalisme est un système mondial et il doit être combattu à la même échelle. C’est pourquoi le Parti Socialiste de Lutte fait partie d’une organisation marxiste internationale: le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), un parti mondial actif sur tous les continents. Notre lutte en Belgique s’inscrit dans le cadre d’une lutte des travailleurs du monde entier pour un société socialiste car si la révolution socialiste éclate sur le plan national, elle se termine sur l’arène internationale. La démocratie ouvrière et la planification socialiste de la production ne peuvent se limiter à un seul pays. C’est d’ailleurs l’isolement de la Russie soviétique qui a conduit à sa dégénérescence à partir de 1924.

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