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Tag: Distribution
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Intervention de solidarité devant le Delhaize d’Ixelles
Jeudi, nous sommes allés au piquet tenu par les travailleurs de Delhaize à Ixelles pour montrer notre soutien et faire une interview de l’un d’entre eux . Après discussion avec les employés présents, nous avons décidé d’organiser notre stand mensuel devant le magasin et de récolter, ce samedi, via la pétition du syndicat, des signatures de soutien aux travailleurs menacés par les plans de restructuration.
Par Laure (Bruxelles)
L’accueil a été extrêmement positif. D’une part, nous avons récoltés, en trois heures, plus de 300 signatures de clients solidaires (distribués 200 tracts et vendu plusieurs exemplaires de notre journal ainsi que des badges). D’autres part, nous avons été remerciés à de nombreuses reprises par des travailleurs qui venaient travailler ou avaient la chance de pouvoir prendre une pause.
En effet, un hasard malheureux pour la direction a fait qu’au même moment, une réunion en présence de la Haute Direction se tenait dans le magasin. Le directeur adjoint du magasin (suivi par le directeur), nous a gentiment demandé si nous ne pouvions pas récolter nos signatures sur la place Flagey pour ne pas contrarier ces grands dirigeants. Nous avons évidemment milité de plus belle aux portes du magasin.
Pour les travailleurs à l’intérieur, la pression était optimale de la part de la direction. De nombreux travailleurs n’ont pas pu prendre leur pause de toute la journée, et se faisait rabrouer au moindre ralentissement. La direction était sur les dents, et notre intervention lui a carrément foutu les nerfs.
Les discussions tant avec les clients qu’avec les travailleurs étaient très riches et très stimulantes. La question de la nécessité d’une grève générale contre l’austérité a été soulevée à plusieurs reprises. Beaucoup ont le sentiment que ce qui arrive aujourd’hui aux travailleurs de Delhaize peut arriver à chacun d’entre nous demain, mais surtout que ce n’est qu’une annonce supplémentaire qui vient s’ajouter à la longue liste de licenciements opérés pour maximaliser la soif des actionnaires. Les politiques pro-austérité des partis traditionnels sont sérieusement interrogées dans les discussions : défendre les intérêts capitalistes est-il un système viable, alors qu’à ce bain de sang social s’ajoute des mesures d’exclusion et de dégressivité des allocations de chômage touchant durement la population ?
Ce fut donc une intervention très positive. Nous invitons chacun à réitérer près de chez lui une action de solidarité avec la pétition et le tract du PSL. Les travailleurs, encore sous le choc de l’annonce, ont été très heureux de l’initiative, cela ne peut que leur donner confiance pour les actions futures à mener. La direction, quant à elle, était forcément contrariée de voir cet élan de solidarité, plus préoccupée par son image que par le sort de ses employés.
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Delhaize. Visite de solidarité au piquet de Herstal
Par Cathy et Olivier V. (Liège)
Une trentaine de personnes, travailleurs et délégués syndicaux de la CNE et du SETCA sont présents ce vendredi 13 juin devant les grilles fermées du Delhaize d’Herstal.
Le ressenti général est d’avoir été bafoués par la Direction de Delhaize : « On l’a appris par les medias, comme vous, et on nous a interdit toute communication à la presse ». Les travailleurs dénoncent que la Direction lance son attaque à la veille des vacances, période de mobilisation difficile pour le personnel et les délégations syndicales ont refusé un agenda de négociations durant les vacances d’été qui ne permettent pas d’informer correctement leur base. « Ils comptent sur l’essoufflement du mouvement avant même que les négociations commencent », explique la représentante de la CNE.
Suite à une initiative spontanée des travailleurs, 13 des 14 magasins susceptibles d’être fermés sont en grève, et ce jusqu’à samedi au moins. Il est possible qu’un nouveau conseil d’entreprise ait lieu mercredi prochain mais aucune information claire n’a encore été donnée par la Direction. « Nous sommes et resterons derrière le personnel, quoi qu’il décide, et transmettrons leur colère lors des négociations. Ca fait 10 travailleurs en moyenne par magasin qui perdront leur emploi et, en tant que déléguée syndicale, je peux aussi perdre le mien ! Nous resterons solidaires ».
Ces actions spontanées des employés ne sont qu’un début, il faut maintenant organiser la résistance du personnel de la distribution, tous magasins confondus. Les attaques qui sont menées aujourd’hui contre les employés de Delhaize sont celles que subiront demain les travailleurs d’autres secteurs. Il nous faut un plan audacieux pour stopper les provocations de la Direction.
Pour un plan d’action avec une manifestation nationale massive qui mobilise personnel et clients conscientisés des conditions de travail imposées, en tant qu’étape vers une grève de 24h de la totalité du secteur de distribution !
« C’est de la base que ça doit partir, des travailleurs, tous secteurs confondus. N’oublions pas que nos acquis sont partis des luttes dans la rue », conclut la représentante des délégués syndicaux.
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Delhaize. Visite de solidarité au piquet de Flagey
Ce jeudi 12 juin, nous sommes allés à la rencontre des travailleurs du Delhaize Flagey, à Ixelles, en nous rendant à leur piquet de grève. Il n’y avait d’ailleurs pas que des membres du personnel sur place. Il y avait aussi un ancien collègue venu les soutenir, la permanente syndicale qui faisait le tour des magasins, des forces de l’ordre (sans que personne ne sache vraiment la raison de leur présence) et le directeur du magasin qui s’empressait de partir.
Les travailleurs étaient pour beaucoup sous le choc. Le directeur du magasin venait de leur faire un petit discours moralisateur selon lequel il fallait penser à l’entreprise et que la grève faisait perdre à tout le monde beaucoup d’argent. Quel culot !
La colère, le désarroi, l’envie de se battre, la peur de ce qui va se passer demain, étaient autant de ressentis différents qui traversaient le groupe présent.
L’accueil a été en tout cas très chaleureux à notre égard. Et la proposition que nous avons faite d’aller faire signer leur pétition de soutien dans le quartier a été très bien accueillie.
Nous avons recueilli les propos d’Alex, employé depuis 14 ans à Delhaize.Par Laure (Bruxelles), photos de Karim (Bruxelles)
Comment avez-vous appris la nouvelle ?
L’annonce a été prise comme une trahison. Un mois auparavant, ils nous avaient réunis dans notre magasin en nous montrant une belle petite vidéo, pour nous dire qu’il fallait alléger les coûts d’une trentaine de magasins mais qu’en même temps tout allait bien. Pour nous rassurer, il nous même parlé d’engagement !
Et puis, un mois après, on se retrouve avec l’annonce que 14 magasins vont fermer, 2.500 licenciements plausibles, une baisse de salaire annoncée pour tout le monde et on nous dit qu’un gros paquebot qui n’avance pas trop, faut pouvoir le soulager.Qu’est-ce qu’ils entendent par « n’avance pas trop », l’entreprise n’est-elle pas en bénéfice ?
Pas assez pour eux. Depuis la crise de 2008, l’entreprise fait des bénéfices donc on n’est pas soumis à un plan de restructuration ou autre, ils nous parlent dans le vent, c’est des choses qui ne sont pas concrètes.
Les gens étaient contents de travailler chez Delhaize, on a une prime qui est pas énorme, mais c’est déjà quelque chose, on a des chèques repas, on a un treizième mois,… C’est peut-être pas grand-chose, mais pour nous, tous ces petits acquis, ça nous soulage à la fin de l’année.
Et maintenant, on ressent l’insécurité, l’angoisse surtout avec tout ce qui s’est passé ces derniers temps, avec Carrefour, avec ArcelorMittal,… Face à tous ces plans de restructuration, ces licenciements,… les gens se sentent impuissants et ne savent pas comment réagir. L’histoire du bateau, ils l’ont sorti des milliers de fois. Mais je suis désolé, l’entreprise fait des bénéfices.
Y a parfois des gens qui travaillent en couple dans le même magasin. Ils vont se retrouver tous les deux au chômage ! Et ceux qui ont un crédit hypothécaire sur le dos, et ceux qui ont des enfants. Il y a des gens qui sont à la fin de leur carrière, qui sont là depuis plus de 20 ans… C’est inhumain de faire ça. Alors ils nous disent qu’ils ont des plans, qu’ils vont faire ceci ou cela. Mais on y croit plus. On a vu tellement de choses que maintenant on ne croit plus en la direction, on n’a plus confiance.
Donc face à ça, le moyen qu’on a, c’est de faire grève. Si c’est le seul moyen ? Je ne pense pas mais c’est en tout cas le seul que je vois pour qu’on se fasse entendre. Y a personne qui peut aller tout seul devant la haute direction de Delhaize, s’exprimer, montrer son mécontentement,…
Comment vois-tu les mois à venir ?
Delhaize a montré qu’il était visionnaire, et qu’il avait des bonnes idées. Aujourd’hui, avec tout ce qu’ils font, je ne pense pas que les gens reviendront avec le même état d’esprit au boulot. Ça leur a fait un choc. On ne viendra plus avec plaisir mais juste par besoin, parce qu’on a besoin de stabilité, et que si on n’a plus à la fin du mois de quoi se nourrir…
Donc on est là pour l’avenir, pour soutenir les magasins qui ferment, pour les autres aussi, parce qu’on est tous touché par ces 2500 licenciements, tous on va le subir, comme les baisses de salaire.
On est là pour représenter les clients aussi. Parce que l’entreprise a toujours mis beaucoup d’importance aux bons services rendus au client. Mais aujourd’hui, ils nous demandent de donner le meilleur service possible au client avec un minimum de personnel. Et ça n’est plus possible.
Dans le magasin, on est passé de 120 personnes à 85 au total. Si on compte les maladies, les congés, etc. on est plus ou moins 75 au complet. On ressent déjà que la qualité des services n’est pas la même, et ils veulent encore nous retirer du personnel ?! C’est pour ça qu’on se bat aussi.Ça fait 14 ans que je travaille à Delhaize, j’ai vu clairement une dégradation des conditions de travail, et forcément une augmentation de la pression aussi. Par exemple, on nous demande d’être polyvalents. La polyvalence, dans une certaine mesure, c’est très bien. Ça nous permet d’apprendre plein de choses sur le magasin, de ne pas faire toujours la même chose, etc. Mais aujourd’hui, on nous demande d’être surpolyvalent et de passer d’une tache à l’autre sans avoir le temps de le faire correctement. On ne retrouve plus de satisfaction au travail, et ça devient très frustrant quand on aime le travail bien fait.
Donc on va voir. On reste en contact avec ce qui se passe dans les autres magasins mais on attend. On a peu d’informations. Donc, il y a rien de plus pour le moment, mais c’est aussi pour ça qu’on est là aujourd’hui. Pour montrer qu’on est là, qu’on n’est pas d’accord avec le plan, qu’on est solidaire avec nos collègues et avec les autres magasins. Parce que si on n’agit pas, si on ne fait rien, alors c’est porte ouverte. Et si c’est porte ouverte, alors ils se sentent intouchables et ils font ce qu’ils veulent.
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Delhaize veut asseoir ses profits sur un bain de sang social!
Contre les attaques sur l’emploi et les conditions de travail : RÉSISTANCE !
Le carnage social chez Delhaize a d’abord été annoncé dans les pages du journal économique De Tijd et confirmé ce mercredi 11 juin lors d’un conseil extraordinaire de l’entreprise. Le plan de la direction vise à aller un sérieux cran plus loin que l’opération menée chez Carrefour en 2010. Un vaste plan de restructuration avait été lancé pour fermer 21 magasins, supprimer 1.672 emplois et ensuite ré-ouvrir les sites sous une autre commission paritaire, avec de moins bonnes conditions de travail et de salaire pour le personnel réembauché.
Delhaize vient donc d’annoncer la fermeture de 14 magasins (Aarschot, Berlaar, Termonde, Diest, Dinant, Eupen, Genk, Herstal, Ring de Courtrai, La Louvière, Lommel, Schaerbeek, Tubize, Turnhout) de même qu’un licenciement massif allant bien au-delà des sites menacés. 2.500 emplois sont ainsi en danger, à moins que des indépendants ne désirent reprendre en franchise les sites destinés à être fermés. Mais le personnel engagé de cette manière le serait à de moins bonnes conditions de travail et de salaire.
Delhaize veut parfaire l’attaque avec une offensive sur les salaires, sans jusqu’ici avoir avancé de chiffres concrets. Tout le monde ne sera pas logé à la même enseigne : nous savons bien que de telles mesures s’accompagnent généralement de l’augmentation des primes des top-managers et des dividendes aux actionnaires. En 2013 les dividendes des actions de Delhaize avaient ainsi été accrus de 11 %. Nous connaissons déjà le gel salarial, nous avons déjà expérimenté diverses manières de réduire notre salaire réel, Delhaize veut maintenant directement sabrer dans le tas. Le serpent se mord la queue : réduire les salaires, cela va affecter le secteur de la distribution, y compris Delhaize. Mais aucune considération n’est accordée à ce point. L’entreprise a du reste encore de beaux jours devant elles : comme le dénonce le PTB Delhaize Belgique a engrangé 190 millions d’euros de bénéfices en 2013 tout en connaissant un taux d’imposition réel de… 0,15%. Belle illustration de l’absurdité totale du système capitaliste de concurrence et de course au profit. Enfin, la direction veut se débarrasser de deux pauses rémunérées par jour.
Ce bain de sang social ne tombe pas du ciel, il a été planifié. L’ancien CEO, Pierre-Olivier Beckers, a quitté son poste (avec un parachute doré de… 7,6 millions d’euros !) pour faire place à un nouveau responsable qui, selon le journal De Tijd, n’est pas ‘‘aussi émotionnel’’ que son prédécesseur. D’autres cadres supérieurs ont également récemment cédé leur place à des partisans de la ligne dure. Il a été dit que la procédure de la loi-Renault – avec procédure d’information et de consultation – serait respectée. Mais le lancement de cette séance d’information a visiblement eu lieu avec la rédaction de De Tijd. Quant au personnel, c’est par les médias qu’il a appris que l’emploi était menacé…
Le Conseil d’Administration de Delhaize s’en prend directement à ses 16.227 travailleurs en Belgique. Mais au-delà de ça, il s’agit d’une nouvelle étape dans la spirale générale à la baisse des conditions de travail et de salaire dans le secteur de la distribution. D’autres entreprises du secteur n’hésiteront pas à poursuivre sur la même voie au nom de leur position concurrentielle, et l’exemple servira aussi dans d’autres secteurs.
Contre cette attaque sur l’emploi et les conditions de travail et de salaire du personnel, il faut résister, et unir l’ensemble du personnel de la distribution. Se battre magasin par magasin sera insuffisant : nous avons besoin d’un plan d’action audacieux pour stopper les provocations de la direction. Si cette attaque brutale n’a pas face à elle une réponse adéquate, les choses ne feront que continuer de s’aggraver, bien au-delà de Delhaize.
- Bloquons les projets de la direction : pour le maintien de chaque emploi et des salaires !
- Pour de meilleures conventions collectives de travail et l’implantation de délégations syndicales dans les magasins franchisés ! Harmonisation à la hausse des conditions de travail et de salaire !
- Pour un plan d’action avec une manifestation nationale massive qui mobilise personnel et clients (via une campagne de pétition par exemple), en tant qu’étape vers une grève de 24 heures de la totalité du secteur de la distribution.