Tag: Die Linke

  • Kazakhstan : Protestations internationales en solidarité avec les grévistes

    Hier, à l’occasion des commémorations consacrées aux 20 ans d’indépendance du Kazakhstan, différentes actions de protestations ont eu lieu à diverses ambassades à travers le monde. Au même moment, le régime réagissait des plus brutalement aux protestations des grévistes du pétrole à l’Ouest du pays. Au moins 70 personnes ont été assassinées par le régime, et plus de 500 personnes ont été blessées.

    Des actions de solidarité ont eu lieu dans plusieurs villes du monde, essentiellement en Europe : à Vienne, à Berlin, à Londres, à Dublin, à Stockholm, à Göteborg, à Boston (USA),… à l’initiative des différentes sections du Comité pour une Internationale Ouvrière. Nous avons publié hier le rapport et le reportage-photos de l’action tenue devant l’ambassade du Kazakhstan en Belgique ainsi que notre communiqué de presse.

    Protestations à Londres

    Des partisans des grévistes kazakhs, dont des membres de la section du Comité pour une Internationale Ouvrière en Angleterre et Pays de Galles, le Socialist Party, se sont rendus à l’ambassade du Kazakhstan à Londres. D’autres actions sont encore à venir pour renforcer le soutien international à la cause des travailleurs et des pauvres du Kazakhstan.

    Berlin

    Le SAV (section du CIO en Allemagne) ont tenu un piquet devant l’ambassade du Kazakhstan et ont remis une lettre de protestation, notamment signée par trois parlementaires de Die Linke (parti de gauche large dans lequel sont impliqués nos camarades). Deux autres lettres ont été remises, de la part du SAV en tant que tel et de notre conseillère communale à Rostock, Christine Lehnert. L’ambassadeur a reçu les lettres, mais a appelé la police… D’autres actions de protestation sont prévues dans le centre de Berlin.

    Autriche

    Deux actions de protestation ont eu lieu hier, devant le Consulat du Kazakhstan à Graz et au Consulat honoraire de Viennes.

    Pour en savoir plus


    Actions de solidarité

    Belgique : la dictature kazakhe également à l’œuvre à Bruxelles ?

    De pacifiques supporters qui voulaient soutenir les travailleurs du pétrole au Kazakhstan et dénoncer la répression à l’œuvre dans ce pays au régime dictatorial ont implacablement été arrêtés lors du match de ce vendredi 7 octobre entre les Diables Rouges et l’équipe du Kazakhstan. Le pouvoir dictatorial du Président Nazarbayev s’étend apparemment jusqu’à Bruxelles…


  • Allemagne : Protestations en solidarité avec les travailleurs du pétrole en grève au Kazakhstan

    Des membres du SAV ont organisé une protestation devant une station service ESSO à Berlin, en soutien aux travailleurs de KazMunaiGas, au Kazakhstan, qui sont maintenant en grève depuis des mois et font face à une répression féroce. Cette campagne doit être suivie par les syndicats et Die Linke !

    René Kiesel, SAV (CIO-Allemagne), Berlin

    La solidarité internationale est urgente face à l’oppression brutale et sanglante du régime kazakh, dont le meurtre d’un syndicaliste sur son lieu de travail. Leur lutte concerne leurs salaires et conditions de travail, véritablement misérables actuellement.

    La multinationale Exxon Mobil Corporation (‘Esso’) collabore avec le régime dictatorial de Nazarbayev au Kazakhstan, avec la compagnie d’Etat KazMunaiGas (pétrole et gaz) et avec ses filiales. La multinationale retire de juteux bénéfices des très piètres conditions de travail des ouvriers du pétrole et de leurs bas salaires.

    Ce premier septembre, une action de solidarité a donc pris place à Berlin, notamment pour demander la libération immédiate de l’avocat des grévistes, Natalia Sokolova, et du syndicaliste Akhzanat Aminov.

    Nous avons distribué des tracts aux passants ainsi qu’aux travailleurs du site, recevant au passage de nombreuses marques de solidarité. Les membres du SAV en Allemagne essayent aussi d’obtenir le soutien officiel des syndicats et du parti DIE LINKE (le parti de gauche) en faveur des grévistes, et d’avoir de leurs parts des déclarations de solidarité et du soutien financier pour les grévistes et leurs familles. Une réunion de DIE LINKE à Aix-La-Chapelle a notamment accepté d’envoyer un message de solidarité aux grévistes, ainsi que de collecter de l’argent pour eux.

    A Hamburg, des militants du SAV ont aussi tenu un stand lors d’un festival et ont collecté de l’argent pour les grévistes.


    Actions de solidarité

  • In Memoriam : Gaétan Kayitare

    Militant de la classe ouvrière, internationaliste, révolutionnaire

    Sozialistische Alternative (SAV), la section du Comité pour une Internationale Ouvrière en Allemagne, a très récemment souffert d’une lourde perte, avec le décès d’un membre et dirigeant de longue date du SAV, Gaétan Kayitare.

    Sascha Stanicic, SAV

    Gaétan a joué un rôle clé dans la construction du CIO en Allemagne depuis 1982 et a toujours fait de grandes contributions aux analyses politiques et aux perspectives de l’organisation.

    Gaétan, qui est décédé le 27 février, avait atteint la soixantaine. Né au Rwanda, il ne connaissait pas la date exacte de sa naissance. Il était membre du Comité National du SAV, a été permanent du parti durant de nombreuses années et a été délégué à de nombreux Congrès Mondiaux du CIO. C’était une personnalité de premier plan, et un grand militant, qui a toujours profondément marqué ceux qu’il rencontrait.

    Pour de nombreux camarades, il a été un enseignant du marxisme, au sens premier du terme. De très nombreux camarades se souviennent de leurs rencontres avec lui pour parler de théorie marxiste et de l’histoire du mouvement ouvrier. Ils sont devenus marxistes grâce à lui, mais se souviennent aussi de son sens de l’humour particulier et de son grand cœur. Gaétan détestait la société de classe de même que toutes les tendances dans le mouvement des travailleurs qui s’adaptent au capitalisme et veulent obtenir des compromis pourris. Il était un révolutionnaire de principe, ce qui pouvait parfois passer pour de l’obstination était dans la plupart des cas de la clarté politique.

    Gaétan était aussi un véritable internationaliste, qui participait régulièrement aux rencontre internationales du CIO et a visité de nombreuses sections du CIO au cours de ces trois dernières décennies. Sans surprise, la nouvelle de sa mort a très vite fait le tour du CIO et des condoléances sont arrivées des camarades français et d’autres sections. En 1998, Gaétan avait fait partie d’une délégation internationale du CIO en Ecosse, à l’époque où une lutte de faction s’était développée dans les rangs de la section écossaise du CIO.

    Gaétan n’était pas connu pour être quelqu’un de très diplomate! Il disait toujours ouvertement ce qu’il pensait. Il avait averti ces membres du CIO en Ecosse qui ont plus tard quitté nos rangs qu’ils finiraient dans le camp du réformisme. Malheureusement, la suite a démontré la justesse de son avertissement. Mais malgré son verbe tranchant, plusieurs de ceux qui avaient débattus contre Gaétan ont exprimé leur respect envers lui.

    Il souffrait depuis de nombreuses années de plusieurs maladies, et sa santé s’est constamment détériorée sur ces dernières années. Hélas, il n’a pas pris soin de lui comme il aurait dû le faire et comme de nombreux camarades le lui avaient recommandé.

    Gaétan était actif dans tous les mouvements et dans toutes les luttes à Aix-la-Chapelle, la ville où il résidait depuis les années ’70. Sans surprise, des condoléances sont arrivées le jour suivant l’annonce de son décès de syndicalistes, de membres de Die Linke et de plusieurs sociaux-démocrates.

    Gaétan était quelqu’un d’unique, un militant de la classe ouvrière, un révolutionnaire dans le meilleur sens du terme et un véritable ami.

    La section d’Aix-la-Chapelle du SAV tiendra un meeting de commémoration ce 13 mars. Les camarades qui voudraient envoyer des messages peuvent le faire à aachen@sav-online.de

    Un appel financier spécial a aussi été lance pour financer les coûts de cette commémoration et pour aider les camarades de la section à poursuivre leur travail politique après cette lourde perte.

  • Nous avons besoin d’une réponse politique à la logique d’austérité

    «Encore heureux que vous êtes encore là.» Cela, nos militants ont pu l’entendre plus d’une fois ces dernières semaines lors de nos campagnes pour activement mobiliser pour la manifestation syndicale du 29 septembre, pour les marches locales de jeunes pour l’emploi ou encore pour la proposition du PSL/LSP de lancer une campagne anti-guerre à l’occasion du sommet européen des ministres de la Défense à Gand. Mais marquer son soutien était parfois une manière d’exprimer un désespoir face à la menace de la crise et à la faiblesse de la gauche non traditionnelle.

    Par Bart Vandersteene

    Le Parlement reflète-t-il nos angoisses?

    Qui va soutenir les revendications des travailleurs du non-marchand pour plus de personnel, de meilleurs salaires et des conditions de travail plus humaines ? Qui va représenter au Parlement la revendication de la suppression de la Déduction des Intérêts Notionnels ? Qui va soutenir les travailleurs du secteur privé qui seront aux prises avec les extrémistes du patronat fin de cette année (lors des négociations sur l’AIP) et qui ne veulent pas payer pour la crise ? Les nuancent actuellement présentes au Parlement portent sur ceux qui veulent une austérité sévère et ceux qui veulent une austérité un peu moins dure. Mais aucune loi de la nature ne précise que c’est seulement à ça que doit ressembler le paysage politique.

    Malheureusement, les dirigeants syndicaux actuels défendent le statu quo politique. Dans l’hebdomadaire flamand de la FGTB, De Nieuwe Werker, le président national de la FGTB Rudy De Leeuw a répondu concernant l’avenir: «Je fais confiance à tout égard au président du SP.a et aux gens de Groen! Et d’autre part, j’admire la patience d’ange du préformateur [Elio Di Rupo].»

    Il est naïf, très certainement de la bouche d’un dirigeant syndical national, de croire que le PS, le SP.a ou les verts vont rompre avec la logique d’austérité qui veut nous faire payer la crise pour épargner les profits qui sont “intouchables”. Plus de vingt ans de participation gouvernementale des sociaux-démocrates ont rendu ce point plus que clair. Mais cette déclaration n’est peut-être pas si naïve. Les directions syndicales sont pieds et poings liés aux partis traditionnels et c’est pour cela qu’ils adoptent une position aussi peu combative quand “leur” partenaire fait partie du gouvernement, même si ce gouvernement mène une politique directement à l’opposé des revendications syndicales.

    Pour un nouveau parti des travailleurs!

    Beaucoup de militants de base sont fatigués de cette attitude. Partout en Europe, dans les années ’90 et 2000, l’absence d’une voix politique pour les travailleurs a ouvert la voie à l’extrême-droite et à différentes variantes du populisme de droite. C’est également ce à quoi nous avons assisté en Flandre. Mais dans différents pays européens, de nouvelles forces de gauche ont émergé. Dans ce processus, l’implication de parties combatives des syndicats est cruciale pour lancer une nouvelle initiative politique de gauche, comme avec le lancement en Allemagne du WASG qui a conduit à la fondation de Die Linke.

    Les premières expériences avec ces partis, comme le SP aux Pays-Bas, Syriza en Grèce ou encore le Bloc de Gauche au Portugal, illustrent qu’il est important de ne pas entrer dans la logique d’une politique d’assainissement. Dans le contexte actuel, une participation au pouvoir signifie accepter la logique capitaliste et ainsi galvauder des forces politiques soigneusement construites. D’autre part, les nouvelles formations doivent accorder une grande attention pour susciter l’implication politique de nombreuses personnes actuellement inorganisées, mais qui veulent lutter. En Belgique aussi, cet espace est présent. Les forces politiques existantes ont la tâche de pousser à la création d’un tel parti, mais la véritable clé se trouve parmi les militants syndicaux et d’autres activistes qui doivent constituer la force motrice de la nouvelle formation. C’est pour défendre cette nécessité que le PSL/LSP s’était engagé aux dernières élections dans le Front des Gauches, un cartel de six organisations de la gauche radicale (PC, PSL/LSP, LCR, CAP et Vélorution) qui poursuit aujourd’hui sa réflexion sur la création d’une nouvelle formation de gauche en Belgique.

    Dans la recherche d’une alternative politique face à la crise actuelle, les expériences staliniennes du passé ne constituent clairement plus de pôle d’attraction. C’est également pour cette raison que la liberté de débat démocratique et le droit d’avoir des idées propres et des courants distincts à l’intérieur de la nouvelle formation est une condition essentielle pour qu’un tel nouveau parti des travailleurs se développe.

    Suite à la manifestation européenne du 29 septembre à Bruxelles, nous répétons notre appel à la FGTB/ABVV et à la CSC/ACV de rompre leurs liens avec le PS/SP.a et avec le CDH/CD&V ou Ecolo. L’énergie nécessaire à la création d’un nouveau parti large des travailleurs sera alors dégagée dans ce pays.

  • Meeting antiguerre à Gand : Reportage-photos

    Ces dernières semaines, nous avons mené une campagne antiguerre intense à Gand, à l’occasion du sommet des ministres européens de la Défense qui se tenait dans cette ville pour y discuter de la militarisation de l’Europe et de l’idée d’une armée européenne. Pendant que les ministres de la guerre palâbraient entre eux, des centaines de jeunes et de militants antiguerre ont occupé les rues. Ce 18 septembre, une action antiguerre s’était déroulée à Aalter, en prévision d’une manifestation plus grande à Gand le 23 septembre. Le PSL était en première ligne de ces protestations. Ce mardi soir, un meeting antiguerre a été tenu à Gand, à l’inititiative du PSL et des Etudiants de Gauche Actifs, avec différents parlementaires européens (du Socialist Party irlandais, du Bloc de Gauche portugais et de Die Linke, d’Allemagne) mais aussi Ludo De Brabandere (vzw Vrede, une association antiguerre) et Bart Vandersteene (PSL). Voici quelques photos.


    • La stratégie occidentale en Afghanistan est un échec – La Belgique est complice
    • Action antiguerre à Aalter – Reportage-photo
    • Manifestation antiguerre à Gand : Reportage-photos (1)
    • Manifestation antiguerre à gand : Reportage-photos (2)

    Photos du meeting de Gand

    Jean-Marie Versyp

  • Manifestation antiguerre à Gand : Reportage photos (2)

    Hier soir, à Gand, environ 2.000 manifestants ont protesté à l’occasion du sommet européen des ministres de la Défense, dirigé par le ministre belge De Crem. Samedi dernier, les Etudiants de gauche Actifs – Secondaire avaient manifesté à Aalter, dans sa ville, dans la cadre de la manifestation de ce jeudi soir, où nous étions présents avec une forte délégation. Le PSL avait pris l’initiative de lancer la mobilisation pour cette manifestation, et la participation au cortège a clairement démontré que le sentiment antiguerre est encore bien présent. Nous allons poursuivre la discussion sur le mouvement antiguerre ce mardi, avec un meeting à Gand en présence de Sabine Lösing, eurodéputée de Die Linke (Allemagne), de Joe Higgins, eurodéputé de notre parti frère irlandais le Socialist Party, de Ludo De Brabander (de Vrede VZW, une organisation antiguerre) et de bart Vandersteene, porte-parole du PSL (plus d’infos).

    Par Soo-Ra

  • Manifestation antiguerre à Gand : Reportage photos (1)

    Hier soir, à Gand, environ 2.000 manifestants ont protesté à l’occasion du sommet européen des ministres de la Défense, dirigé par le ministre belge De Crem. Samedi dernier, les Etudiants de gauche Actifs – Secondaire avaient manifesté à Aalter, dans sa ville, dans la cadre de la manifestation de ce jeudi soir, où nous étions présents avec une forte délégation. Le PSL avait pris l’initiative de lancer la mobilisation pour cette manifestation, et la participation au cortège a clairement démontré que le sentiment antiguerre est encore bien présent. Nous allons poursuivre la discussion sur le mouvement antiguerre ce mardi, avec un meeting à Gand en présence de Sabine Lösing, eurodéputée de Die Linke (Allemagne), de Joe Higgins, eurodéputé de notre parti frère irlandais le Socialist Party, de Ludo De Brabander (de Vrede VZW, une organisation antiguerre) et de bart Vandersteene, porte-parole du PSL (plus d’infos).

    Par Jean-Marie

  • La construction de nouveaux partis des travailleurs et les tâches des marxistes

    Lors de l’école d’été européenne du CIO qui s’est déroulée en Belgique à la mi-juillet, une attention particulière a été accordée à la question de la construction de nouveaux partis des travailleurs de masse. Depuis maintenant près de 20 ans, l’appel à la formation de nouveaux partis des travailleurs est une partie cruciale du programme politique de bien des sections du Comité pour une Internationale Ouvrière. Cette école d’été était un moment idéal pour partager les expériences variées de nos sections concernant cette question, pour discuter des perspectives de développement des nouveaux partis et pour tirer les leçons principales au sujet de notre double tâche : construire les forces marxistes révolutionnaires tout en participant au développement de nouveaux partis des travailleurs de masse.

    Rapport de l’école d’été du CIO par Paul Murphy, Socialist Party (CIO-Irlande)

    En introduction à la discussion, Tony Saunois (Secrétariat International du CIO) a fait le tour des principaux développements qui se sont déroulés ces dernières années. Il a expliqué que le processus de bourgeoisification des anciens partis sociaux-démocrates et ‘communistes’ a constitué un élément clé qui nous a poussés à appeler à des nouveaux partis des travailleurs de masse. C’est ce processus qui a conduit à ce que des partis tels que le Labour Party en Grande-Bretagne ou encore le SPD en Allemagne, qui avaient une base ouvrière active et une direction pro-capitaliste, deviennent de plus en plus des partis capitalistes qui avaient perdus leurs racines.

    Dans sa réponse à la discussion, Andros (de Grèce) a mis en avant que cet appel pour de nouveaux partis des travailleurs est de bien des façons la continuation de l’orientation traditionnelle du CIO vers les formations de masse de la classe ouvrière. Dans les années ’60, ’70 et ’80, cette tactique a été facilement appliquée en s’orientant vers les partis traditionnels sociaux-démocrates, y compris en y participant, et parfois vers d’autres partis. Maintenant, nous avons à appliquer cette tactique de manière différente, en particulier avec cet appel à construire de nouveaux partis des travailleurs de masse.

    Depuis la droitisation décisive des partis sociaux-démocrates, de nouvelles formations de gauche ont été créées. Cependant, à l’exception de Rifondazione Communista en Italie, aucune d’entre elles n’a été rejointe par un large nombre de travailleurs et n’est devenue un véritable parti de masse. Deux questions cruciales sont à mettre en avant pour expliquer cela : l’absence d’un programme de gauche clair, anticapitaliste et socialiste capable d’attirer les travailleurs et les jeunes dans le contexte de la crise capitaliste et la faiblesse persistante concernant l’orientation vers les luttes et les actions des travailleurs, ce qui signifie que ces partis n’ont pas été revitalisés par les luttes qui ont émergé en Europe. En raison de cela, le processus de développement de ces partis ainsi que le travail en leur sein a été compliqué. Tony a expliqué que la question des nouveaux parties des travailleurs est enracinée dans la situation objective, tout comme il n’est pas possible pour la classe ouvrière de donner naissance à des formations révolutionnaires de masse d’un coup. Généralement, au vu du niveau actuel de conscience de classe, le développement de partis des travailleurs de masse est une étape nécessaire sur la route du développement de la conscience et de partis révolutionnaires de masse.

    Pourquoi participons nous aux nouveaux partis des travailleurs ?

    Les complications rencontrées dans les nouvelles formations ont été abordées par de nombreux camarades. La réalité est que la plupart des directions de ces formations ne considèrent pas devoir présenter une opposition claire contre les partis de l’establishment. Un des camarades allemands du CIO a par exemple expliqué qu’aucun dirigeant de Die Linke ne voit le socialisme comme une alternative réelle au capitalisme. Cela peut conduire à un travail très frustrant à l’intérieur de ces partis, avec nos initiatives constamment bloquées par la bureaucratie du parti.

    Sascha, d’Allemagne, a toutefois insisté sur l’importance pour le CIO de faire partie de ces partis en raison des perspectives de ces partis. Avec sa politique actuelle, il est improbable que Die Linke se développe pour devenir un véritable parti ouvrier de masse en Allemagne. Il est toutefois possible que ces formations jouent un rôle dans la formation de nouveaux partis de masse de la classe ouvrière.

    En réalité, il y a deux partis au sein de Die Linke – un parti ouvrier réformiste et un parti social-libéral pro-capitaliste. La possibilité est réelle qu’une scission arrive à un moment donné. Il est vital que les membres du SAV (CIO-Allemagne) soient présents dans de tels développements, afin de défendre des politiques claires, de gauche et socialistes ainsi que pour tenter d’organiser une gauche forte, apte à grandir pour devenir un parti de masse. L’autre possibilité à ne pas écarter, c’est que Die Linke soit poussé à gauche par la lutte de classe, ce qui déboucherait probablement sur le départ des éléments les plus à droite du parti.

    Comme cela a été montré par l’instabilité des nouvelles formations de gauche, il n’est pas possible de créer des partis des travailleurs stables suivant les lignes des partis sociaux-démocrates ou ‘communistes’ de la période d’après guerre. Cela s’explique par la nature de la période actuelle et de la crise économique, qui ne permet pas les mêmes bases matérielles pour des réformes telles que celles que la période d’après-guerre a connue. La question des coalitions avec des parties pro-capitalistes et celle de rejoindre un gouvernement qui attaque la classe ouvrière est posée. C’est pourquoi ces nouvelles formations sont instables, avec des tensions internes et parfois des scissions.

    La réaction de la gauche face à la crise économique

    Les nouvelles formations de gauche, dans différents pays, ont des origines et des caractéristiques différentes. Le Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) français, par exemple, a été lancé par une organisation se réclamant du trotskisme, la Ligue Communiste Révolutionnaire (LCR), qui a évolué vers la droite et s’est dissoute dans une formation plus large. Le processus de construction de Die Linke en Allemagne a été initié par des syndicalistes et des responsables syndicaux de base qui ont rompu en 2004 avec le SPD (l’équivalent allemand du PS, ndt) pour former le WASG, qui s’est joint plus tard au successeur de l’ancien parti dirigeant est-allemand, le PDS, pour former Die Linke. Le Bloc de Gauche au Portugal a été initié par un rassemblement d’organisations de gauche existantes, en particulier des maoïstes, des trotskistes de la tradition du SUQI (Secrétariat Unifié de la Quatrième Internationale, à laquelle était liée l’ancienne LCR française) et des eurocommunistes (des réformistes avec une rhétorique communiste). Syriza, en Grèce, est une alliance d’organisations de gauche, dont la plus grande est Synaspismos, qui a émergé en tant que scission eurocommuniste du Parti Communiste Grec (KKE).

    Il existe toutefois des éléments communs à tous. Le plus marquant a été la tendance à virer non pas vers la gauche sur base de la crise économique, mais vers la droite. Marco, d’Italie, s’est référé à l’expérience de Rifondazione Communista (le PRC), qui exprime les dangers d’une telle approche et d’une participation aux gouvernements capitalistes. Le PRC, qui avait plus de 100.000 membres à son apogée, a été détruit par sa direction de droite, et les membres du CIO en Italie font campagne pour la construction d’une “gauche des travailleurs” incluant des anciens mais aussi des nouveaux militants.

    Dimitrios, de Grèce, a expliqué que l’alliance Syriza avait à un certain moment quelques 17.5% dans les sondages d’opinion, mais a chuté à 4%, largement en raison de la politique de ses dirigeants, faite de zigzags. Même quand une position réellement socialiste est prise par ses organes dirigeants, aucun des porte-paroles ou des représentants publics de Syriza ne met publiquement en avant cette position. Dimitrios a aussi critique le nouveau programme de Syriza, propose par ses dirigeants, qui est un méli-mélo de revendications qui ne met pas en évidence une claire alternative de gauche pour les travailleurs et leurs familles dans ce contexte de crise profonde.

    En conséquence, Syriza traverse maintenant une crise sérieuse. L’aile droite de Synaspismos (le plus grand groupe de Syrisa) a joué un rôle de frein pour chaque orientation à gauche. Il y a un mois, cette aile droite a scissionné et Xekinima (CIO-Grèce) a accueilli cette scission comme une opportunité pour Synaspismos et Syriza d’effectuer un virage décisif vers la gauche. Notre position a cependant été attaquée par d’autres et a généré beaucoup de débats, mais aussi d’attention pour nos arguments.

    Cédric, du CIO, a parlé des forces de gauche au Portugal. Malheureusement, le Bloc de Gauche possède beaucoup des faiblesses de ces nouvelles formations de gauche à travers l’Europe. Il n’a pas eu de réponse face à la crise et n’a lancé aucune proposition concrète capable de mobiliser les travailleurs et les jeunes. Son slogan principal se limite à dire “plus de justice dans l’économie”, ce qui ne signifie rien pour ceux qui veulent lutter. En fait, une bonne part de sa direction veut créer une prétendue “gauche moderne”, ce qui en réalité signifie une gauche qui voit la lutte de classe comme quelque chose de dépassé.

    Lise, une membre de la Gauche Révolutionnaire (CIO-France), a décrit de quelle façon le NPA a été lent à réagir et à s’orienter vers les grandes luttes des travailleurs et des pensionnés. Par exemple, la figure la plus connue du NPA, le facteur Olivier Besancenot, n’a pas été utilisée durant la grève des postiers pour effectivement intervenir afin de correctement orienter la lutte. Cela reflète aussi le fait que, à l’instar de beaucoup de nouvelles formations de gauche à travers l’Europe, le NPA est principalement concentré sur les élections, bien plus que sur la lutte de classe dans les entreprises et dans la rue.

    Le CIO et les nouvelles formations de gauche

    Actuellement, une des tâches au sein de beaucoup de ces nouveaux partis est de construire des groupes d’opposition avec d’autres pour s’opposer au virage à droite des directions. En agissant de la sorte, au Brésil, la section du CIO (Liberdade Socialismo e Revolucao) a joué un rôle important pour qu’un nouveau candidat, Plinio, plus à gauche, soit sélectionné comme candidat pour les élections présidentielles du Parti du Socialisme et de la Liberté (PSOL).

    Dans le NPA en France, les camarades du CIO ont joué un rôle vital dans le rassemblement d’un groupe d’opposition de gauche. Ils ont réussi à obtenir 30% des voix lors d’un vote de membres du parti pour leur position de gauche clairement socialiste. Au Québec, à l’intérieur de Québec Solidaire, un regroupement de gauche qui a maintenant 9% dans les sondages d’opinion, nos membres travaillent avec d’autres pour tenter de tirer le parti vers la gauche. En Grèce, nous avons également été impliqués dans de similaires initiatives et il est à espérer que nous puissions assister à un développement similaire dans Die Linke à un certain moment.

    Dans les pays où il n’y a pas encore de nouveau parti de gauche, nos membres sont impliqués dans des campagnes pour la construction de telles formations et là où nous avons des forces substantielles, nous avons un rôle crucial à jouer. C’est le cas en Grande-Bretagne, où nous avons aide à lancer la Trade Unionist and Socialist Coalition (TUSC, coalition de syndicalistes et de socialistes), qui a participé aux dernières élections.

    Dave, du Socialist Party en Angleterre et Pays de Galles, a abordé les difficultés des conditions objectives auxquelles ont fait face nos camarades du Socialist Party lors des dernières élections, caractérisées par une peur profonde du retour des Conservateurs, les Tories, ce qui a repoussé beaucoup de gens vers le Labour Party, avec en résultat de grandes pertes pour les petits partis. Il est important de maintenir la TUSC comme une arène de travail et comme étape vers la construction d’un nouveau parti des travailleurs.

    Michael, d’Irlande, a fait état de notre travail concernant la construction d’un nouveau parti des travailleurs de masse. La nature de droite de presque toute la direction syndicale irlandaise entraîne qu’il est fortement improbable qu’une initiative soit prise par un “Bob Crow irlandais” (du nom du dirigeant du syndicat des cheminots et des conducteurs en Angleterre, qui fait campagne avec nous depuis plusieurs années pour la construction d’un nouveau parti des travailleurs). Toutefois, la position clé acquise par nos camarades irlandais du Socialist Party (CIO-Irlande) parmi la gauche signifie que nous avons un rôle tout particulier à jouer dans le développement d’une nouvelle formation et que nous pouvons avoir un rôle central en son sein. La forte probabilité pour que l’Irish Labour Party, le parti travailliste irlandais, entre dans un gouvernement après les prochaines élections peut créer les circonstances favorables au lancement d’un nouveau parti. Le Socialist Party est actuellement impliqué dans des négociations pour construire une alliance de gauche pour les prochaines élections.

    Les développements dans les partis ‘communistes’

    Un des fils de la discussion était l’attention à porter vers les développement à l’œuvre dans les partis communistes, qui peuvent aussi être affectés par la crise. L’exemple d’Izquierda Unida (Gauche Unie, en Espagne, une coalition politique dont la composante la plus forte est le parti communiste) a été utilisé pour illustrer ce processus. Son nouveau dirigeant parle de guerre de classe et vire à gauche, ce qui devient plus attractif pour de nombreux jeunes et travailleurs en Espagne.

    Le Parti Communiste Portugais garde une forte base dans la classe ouvrière, possède 57.000 membres et attire toujours à lui des couches de jeunes. Il détient des positions syndicales clés, dont la direction du syndicat CGTP (le plus grand syndicat du pays, qui compte 750.000 membres). Malheureusement, son approche est très sectaire, en refusant de travailler avec d’autres et en n’ayant aucune compréhension d’une méthode transitoire, il ne fait aucun pont entre la résistance contre les coupes budgétaires actuelles et le socialisme, qu’il dit défendre. Cependant, au sein de ces parties, de grandes discussions se développent à ces sujets.

    Même le KKE (la Parti Communiste Grec), qui est formellement un parti stalinien et est extrêmement sectaire, est affecté par la crise. Nos camarades grecs ont expliqué comment cela s’est produit. Après chaque lutte de classe sérieuse, des travailleurs honnêtes de la base du parti quittent le KKE à cause de son approche extrêmement sectaire. Par exemple, le KKE organise toujours ses propres manifestations, séparées des autres, et il en va de même pour son front syndical, PAME, à la place de s’engager dans la lutte avec les travailleurs des plus grands syndicats, mais si leur direction est acquise au PASOK (les sociaux-démocrates grecs, actuellement au pouvoir).

    Notre réponse est d’appeler à un front unique d’action entre les vieux partis communistes avec de sérieuses racines dans la classe ouvrière et les nouvelles formations, ainsi qu’au développement de discussions entre ces partis. L’approche de Syriza, en Grèce, est largement correcte à cet égard, elle fait des appels répétés au KKE pour faire des actions en commun et pour avoir des discussions ensemble, même si le programme politique de Syriza est limité. Si cette alliance s’était maintenue à 17.5% des sondages tout en continuant avec cette approche, cela aurait eu un réel impact sur le KKE.

    De petits groupes vers des parties de masse

    Dans sa conclusion, Andros a expliqué que l’organisation de parties politiques de masse ne va pas nécessairement se produire d’un coup. La création du Parti Travailliste britannique a constitué un processus s’étant étalé sur plusieurs décennies. Cependant, une fois qu’un sérieux parti large basé sur la lutte de classe sera construit, il sera bien plus facile et plus rapide d’en reproduire la formation ailleurs. Les exemples de l’Europe du sud dans les années ’60 et ’70 illustrent à quelle rapidité ce processus peut également aller dans un contexte de crise tel que celui que nous connaissons. Dans plusieurs pays, de très petits groupes ont pu devenir des partis de masse dans un très court laps de temps, comme le Parti Socialiste au Portugal au cours de la Révolution des Œillets en 1974.

    La crise économique est maintenant un facteur crucial dans le développement de nouveaux partis des travailleurs, décisif pour en déterminé la nature et la rapidité. Il est encore tout à fait possible que Syriza et d’autres formations puissent prendre un grand virage à gauche sous l’impact de la crise économique. Cependant, il est également possible que le scenario du PRC italien touche ces partis à cause de la tendance à droite de leurs directions.

    Même s’il ne s’agit pas de développements linéaires, il est clair que, dans beaucoup de pays, des développements se dirigeant vers de nouveaux partis des travailleurs de masse sont en train de prendre place. Il ressort très clairement de l’expérience du CIO jusqu’à présent qu’il sera capable, avec ses sections, de jouer un rôle important dans ces développements, tout en construisant ses propres forces pour lutter en faveur d’un programme réellement socialiste.

  • Un tsunami d’austérité déferle sur l’Europe

    Malgré l’opération de sauvetage financier de la Grèce, ses obligations d’Etat sont toujours considérées comme de la pure camelote par les agences de notation. Maintenant, il semble bien que ce soit au tour de l’Espagne et du Portugal et, ailleurs encore en Europe, la machine d’austérité est mise en marche. Ainsi, en Grande-Bretagne, le nouveau gouvernement conservateurs / libéraux-démocrates veut assainir 7 milliards d’euros en un an. En Allemagne, Angela Merkel veut assainir 80 milliards d’euros d’ici 2014. Ce tsunami d’austérité touche presque tous les pays européens, son arrivée chez nous n’est qu’une question de temps.

    Article basé sur une analyse de Robert Bechert, du CIO

    LA CRISE N’EST PAS FINIE

    L’Union Européenne et l’euro ont reçu de bonnes claques et les réunions de crise sont devenues la norme. Les contradictions internes à l’Union Européenne se sont également exprimées avec des tensions personnelles entre différents dirigeants européens, Sarkozy menaçant même un moment de quitter la zone euro. Beaucoup a été tenté pour éviter la faillite de la Grèce et relever l’euro mais, pour la première fois depuis son instauration en 1999, une discussion s’est ouvertement développée concernant la possibilité d’expulser des pays de la zone euro.

    Les classes dirigeantes n’ont pas seulement eu peur qu’une faillite grecque conduise à une nouvelle chute économique, elles craignaient également que d’autres pays soient ‘‘infectés’’ par les protestations ouvrières en Grèce. Une révolte en Grèce ou dans un autre pays pourrait initier une vague de protestations, et cette peur est à la base de la campagne de propagande internationale destinée à faire passer les Grecs pour des ‘‘paresseux’’ ainsi que des tentatives de monter les travailleurs des différents pays les uns contre les autres.

    Cette crainte des classes dirigeantes est justifiée. La crise commencée en 2007 est loin d’être terminée. La situation économique reste incertaine, même si certains pays ont connu une faible croissance. Les capitalistes n’ont aucune confiance en une relance et, si relance il y a, elle sera de toute façon limitée et sans création d’emplois. Le fait que la croissance économique d’avant la crise ait été stimulée par le crédit a pour conséquence que les dettes restent un élément important. Les grandes dettes des Etats instaurent une pression sur les gouvernements pour assainir les dépenses mais ces opérations d’austérité peuvent conduire à une nouvelle récession.

    SONGES EUROPÉENS ET MENSONGES

    Le secteur financier reste instable, ce qui renforce la position de faiblesse de l’euro envers le dollar. Ceci dit, tous les pays européens ne sont pas mécontents avec un euro faible qui stimule les exportations. Le paquet de sauvetage pour la Grèce était destiné à sauver l’euro, mais le Financial Times a de suite fait remarquer: ‘‘La crise de la zone euro se développe tellement vite que l’opération de sauvetage pourrait vite être dépassée (par les évènements, ndlr).’’

    Le “rêve européen” est sapé par la crise ainsi que par les tensions entre les différentes bourgeoisies nationales et leurs représentants politiques. Lors de l’introduction de l’euro il y a dix ans, nous avions déjà dit qu’une complète unification européenne était impossible sur base capitaliste. L’intégration européenne à laquelle nous avons assisté était exceptionnelle mais, en même temps, le capitalisme est essentiellement resté basé sur les Etats nationaux, avec des bourgeoisies nationales défendant leurs intérêts propres. Dans un contexte où tout se passait bien sur le plan économique, les classes capitalistes nationales pouvaient coopérer. Toutefois, la crise survenue, seuls comptent les intérêts nationaux.

    Si la crise dévoile les faiblesses de l’euro, elle n’est pas destinée à n’avoir d’effets qu’au niveau des marchés financiers. Les travailleurs sont directement menacés. Il nous faut comprendre cette crise et lui apporter une réponse. Les sommets de l’Union Européenne ne sont bons qu’à conclure de grands accords et à annoncer de grandes mesures, mais ces gesticulations cachent fort mal les contradictions internes à l’Union. La succession rapide d’annonces et de mesures sans grands effets illustre justement que ces gens-là n’ont aucune véritable solution.

    QUELLE RÉPONSE ?

    Les finances publiques gémissent dans presque tous les pays européens sous l’impact des opérations de sauvetage massives à destination des banques, de la baisse des revenus de l’impôt et des mesures destinées à adoucir les conséquences de la crise. En conséquence, le niveau de vie des travailleurs et les services publics sont sous pression. En Roumanie, par exemple, il est proposé une baisse de 25% des salaires en plus d’une baisse de 15% des pensions, qui sont déjà pitoyables. Cette vague d’austérité entraîne l’instabilité ou l’impopularité de nombreux gouvernements européens.

    Les travailleurs doivent résister contre chaque tentative de nous faire payer la crise. Jusqu’à présent, la Grèce a montré la voie avec des protestations de masse contre les assainissements du gouvernement social-démocrate. Au Portugal et en Espagne également, de grandes manifestations et des actions de grève se développent, là encore contre des assainissements budgétaires portés par des gouvernements soi-disant socialistes. En Allemagne, 45.000 personnes ont récemment défilé à Stuttgart et Berlin.

    Fait remarquable, beaucoup de ces actions ont été le résultat d’une grande pression de la base, sans initiative des dirigeants syndicaux nationaux. Dans la plupart des cas, les directions syndicales semblent ne vouloir que des actions symboliques, au lieu de préparer une lutte sérieuse pour défendre nos intérêts. Des mobilisations et des manifestations peuvent illustrer la force du mouvement ouvrier, mais elles peuvent aussi être utilisées pour faire baisser la pression et ainsi freiner le développement d’un mouvement combatif.

    Ces hésitations existent parce que beaucoup de dirigeants syndicaux sont eux-mêmes rentrés dans la logique de ce système ou ne voient pas d’alternative à opposer au capitalisme. Pire, dans de nombreux cas, les dirigeants syndicaux essaient même de coopérer avec les gouvernements pour appliquer les assainissements, comme c’est le cas en Irlande mais aussi aux Pays-Bas, où la direction syndicale a accepté une augmentation de l’âge d’accès à la pension jusqu’à 67 ans.

    RÉPONDRE À LA CONFUSION PAR UNE CLARTÉ SOCIALISTE

    Ce manque de mots d’ordres clairs ou de plan d’action est une expression partielle de l’affaiblissement de la conscience socialiste et de la disparition de certaines traditions du mouvement ouvrier suite à la chute du stalinisme en 1989. Même là où se développent de nouvelles formations de gauche (Die Linke en Allemagne ou le NPA en France), l’anticapitalisme n’est pas traduit en une vision claire concernant la manière de lutter contre le capitalisme pour le remplacer par une alternative socialiste. Cette confusion est très claire à la FGTB wallonne qui mène campagne sous le slogan ‘‘Le capitalisme nuit gravement à la santé’’, sans se détacher clairement du PS.

    Les défis pour le mouvement ouvrier sont gigantesques. Les attaques antisociales se combinent aux dangers du nationalisme et de la politique de diviser- pour-mieux-régner, ce qui peut avoir un certain impact sur la conscience des masses. Cela a sans doute été le cas avec la campagne massive des médias allemands contre les Grecs qui avaient besoin de ‘‘notre argent’’ parce qu’ils étaient ‘‘trop paresseux’’ pour travailler eux-mêmes. La politique de diviser- pour-mieux-régner s’exprime aussi dans des campagnes destinées à monter les travailleurs du secteur privé contre ceux du public ou encore les travailleurs autochtones contre les travailleurs immigrés. Tout est fait pour éviter que ne se développe une compréhension générale de la crise comme conséquence du système capitaliste.

    Nous devons nous opposer à la dictature et au chaos du marché, mais en même temps plaider pour une transformation socialiste de la société. Le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) défend la nécessité d’un plan d’action européen et a été, avec d’autres, à la base d’un appel de députés européens de la Gauche Unitaire Européenne pour une semaine européenne d’action de protestation et de solidarité fin juin. Nous devons lutter ensemble et avancer des revendications telles que la nationalisation des secteurs clés de l’économie sous contrôle et gestion démocratique des travailleurs afin d’aboutir à une planification socialiste de la production dans une fédération européenne socialiste démocratique.

  • Allemagne : 45.000 manifestants contre le programme d’austérité

    5 jours seulement après l’annonce du plan d’austérité par la coalition conservateurs-libéraux en Allemagne, 45.000 travailleurs, chômeurs et jeunes ont occupé les rues de Berlin et de Stuttgart pour dire : nous n’allons pas payer pour votre crise !

    Sascha Stanicic, Sozialistische Alternative (SAV, CIO-Allemagne)

    Le plan du gouvernement d’Angela Merkel est de couper 80 milliards d’euros d’ici 2014 – principalement dans les dépenses sociales et la destruction d’emplois dans le secteur public. Selon un sondage d’opinion, 79 % de la population pensent que ce plan est inégal et injuste. Le Grand Capital et les supers riches ont obtenu des cadeaux fiscaux au début de cette année et ils n’ont même pas dû les reverser. C’est l’une des raisons qui explique l’impopularité croissante du gouvernement Merkel ainsi que les tensions au sein de sa coalition. Les sondages d’opinion démontrent que le soutien au gouvernement est largement descendu sous les 40%.

    Les manifestations, prévues depuis quelques mois déjà, avaient été appelées par une coalition large rassemblant Die Linke (un nouveau parti large à la gauche des sociaux-démocrates), le syndicat du secteur public ver.di ainsi que d’autres syndicats, les mouvements sociaux et les groupes de gauche. Sozialistische Alternative (SAV), la section allemande du CIO, est membre de cette coalition et a par exemple imprimé des milliers d’affiches, de tracts et d’autocollants pour aider à mobiliser. Cependant, les directions syndicales n’ont pas fait grand-chose, certains syndicats n’ont d’ailleurs même pas soutenu les manifestations. Voilà comment le potentiel pour une protestation de masse contre le programme d’austérité n’a pas été saisi. Mais 45.000 personnes, c’est tout de même un bon début, et cela pourrait constituer une ouverture pour un automne chaud dans la plus grande puissance capitaliste européenne.

    La manifestation de Berlin était dominée par des slogans anticapitalistes, ce qui illustre la radicalisation croissante parmi une couche de jeunes et de chômeurs. Die Linke avait une délégation relativement importante, avec environ 2.000 participants, et ce malgré une campagne de mobilisation limitée. Cela reflète le potentiel qui est présent pour Die Linke si la direction du parti met toute son énergie dans la construction d’un mouvement de protestation conséquent dans la rue. Mais l’orientation politique des dirigeants de Die Linke a été clarifiée par le discours de Gesine Lötzsch, nouvelle porte-parole du parti. Après avoir parlé des revendications du parti pour une plus grande taxation des riches et contre les coupes dans les budgets sociaux, elle a appelé les gens à continuer les protestations mais “par-dessus tout (!) à se souvenir de qui était à leur côté pour les prochaines élections” – ce que beaucoup de manifestants n’ont pas apprécié.

    Parmi les orateurs, il y avait également le syndicaliste socialiste Mustafa Efe, de l’usine berlinoise de Daimler. Il est l’organisateur d’un groupe de membres critiques du syndicat IG Metall appelé “Alternative” et est actuellement menacé d’expulsion de son syndicat parce que lui et son groupe se sont présentés indépendamment, contre la majorité de droite du syndicat lors des récentes élections sociales (en remportant tout de même 25 % des votes!). Mustafa a expliqué que les syndicats devaient redevenir des organisations de lutte, et il a appelé les syndicats à organiser une riposte européenne contre les assainissements budgétaires et à placer l’industrie sidérurgique sous contrôle public et démocratique, comme l’exigent les statuts syndicaux (“oubliés” par la direction).

    La manifestation de Stuttgart a vu une plus grande participation du secteur public, le syndicat ver.di y ayant concentré sa mobilisation. De façon honteuse, le SPD (l’équivalent allemand du PS, ndlt) et le Parti Vert ont essayé d’être présents et ont eu des orateurs sur l’estrade. Mais les travailleurs n’ont pas oublié que c’est un gouvernement réunissant les sociaux-démocrates et les verts qui a entamé la destruction de la sécurité sociale en 2003, avec l’introduction de l’‘Agenda 2010’. C’est pourquoi le parlementaire régional du SPD a été hué et a reçu des œufs.

    Les membres du SAV étaient présents aux deux manifestations dans les délégations jeunes, avec leur syndicat, proposant notre journal, criant des slogans, récoltant des signatures contre l’expulsion des travailleurs de Daimler hors de leur syndicat, récoltant de l’argent pour la coalition à la base de l’organisation des manifestations. Nous avons appelé les syndicats à commencer une champagne de masse contre le plan d’austérité avec une journée de grève générale en automne et, en même temps, en avançant une programme clairement contre la crise du capitalisme, un programme socialiste.

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