Tag: Die Linke

  • Allemagne : Merkel réelue… mais l’avenir reste instable

    Malgré le succès électoral de la coalition CDU/CSU (Union Démocratique Allemande et Union Chrétienne de Bavière) d’Angela Merkel, les élections législatives allemandes du week-end dernier ont été le reflet de l’aliénation de vastes couches de la population vis-à-vis des partis de l’establishment et des institutions de la démocratie capitaliste. Vu l’intensification attendue de la crise de la zone euro et le ralentissement de l’économie mondiale, le nouveau gouvernement sera confronté à une instabilité croissante, et des attaques contre le niveau de vie de la population seront de nouveau à l’agenda.

    Sascha Stanicic, porte-parole de Sozialistische Alternative (CIO-Allemagne)

    La croissance de l’électorat du CDU/CSU ne peut nous faire oublier que la coalition ‘‘noire et jaune’’ CDU/CSU et Parti libéral démocrate (FDP) a été démise de ses fonctions et a perdu 735.000 voix. Le triomphe de Merkel et sa majorité quasi absolue au Bundestag (parlement national) ont occulté ce fait, mais cela aura des conséquences sur les développements à venir en Allemagne.

    Depuis plus de 60 ans, le FDP est vu comme un groupe de pression de capitalistes organisés en parti. Ce parti a toujours été le premier à exiger des attaques contre le niveau de vie et les droits de la classe des travailleurs. Son échec aux élections de 2013 représente un sérieux problème pour la classe capitaliste. C’est la conséquence de l’échec de la propagande des libéraux concernant les pseudos droits civils, une propagande qui a sans cesse eu plus de peine à cacher leur caractère néolibéral. Nombreux sont ceux à avoir accusé le FDP d’être responsable de la polarisation sociale de la société allemande. Lorsqu’il s’est avéré que ce ‘‘petit parti du grand capital’’ n’avait pas réintégré le Bundestag pour la première fois de l’histoire de la République Fédérale Allemande, de nombreuses personnes ont laissé exploser leur joie. Son avenir est incertain. Le parti n’a plus que de faibles représentations dans les parlements et les gouvernements fédéraux. Mais il n’est pas exclu que le FDP s’oriente vers une direction plus nationale-libérale, en comptant subsister en reposant sur le populisme de droite.

    L’augmentation des suffrages accordés à Merkel reflète la relative stabilité économique d’un pays entouré d’Etats qui s’embourbent de plus en plus profondément dans la crise de l’euro. Merkel a également consenti à quelques concessions mineures, comme l’annulation de certains frais lors des consultations médicales. Un commentateur a expliqué à la télévision que ‘‘les Allemands ont voté pour la sécurité.’’ Il est vrai que, dans une certaine mesure, l’augmentation de l’électorat du CDU/CSU reflète le sentiment, partagé par de nombreuses personnes, selon lequel Merkel a empêché le pire dans un contexte de crise économique internationale. Mais elle ne peut pas pour autant compter sur un soutien actif, et encore moins sur de l’euphorie. Quand on parle de questions concrètes, l’orientation politique de la population est différente, ce qui a encore récemment été illustré à Hambourg, où se tenait un référendum le même jour que les élections ; et une petite majorité des habitants a voté ‘‘oui’’ à la renationalisation du réseau électrique local.

    La victoire de Merkel ne constitue jamais qu’un des aspects de ces élections. L’autre, c’est que jamais auparavant une si grosse partie de l’électorat ne sera pas du tout représentée au parlement. Le taux de participation aux élections n’a que marginalement augmenté (70,8% lors des dernières élections fédérales pour 71,5% cette année), ce qui en fait la seconde participation la plus basse depuis 1945. Plus de 15% des votes sont allés à des partis qui n’ont pas atteint les 5% requis pour entrer au parlement. Jamais auparavant si peu de votes (43%) ont suffi pour former un gouvernement : cela ne représente que 30% de l’électorat. Même une ‘‘grande coalition’’ gouvernementale (où le CDU/CSU se retrouverait aux côtés des sociaux-démocrates du SPD) ne représentera qu’une minorité de la population. Plus de 40% des électeurs se sont soit abstenus, soit ont voté pour de petits partis, et ne sont donc pas du tout représentés au Bundestag.

    Ces dernières années, les élections ont suivi un mouvement de balancier, reflet de la volatilité de l’électorat des partis politiques. Les gros succès électoraux, comme ceux du FDP et des Verts dans la passé, sont rapidement oubliés, et la scène électorale reste très changeante.

    ‘Alternative pour l’Allemagne’

    Merkel a réussi à faire l’impasse sur la crise de l’euro pendant sa campagne. Mais le succès du parti ‘‘Alternative pour l’Allemagne’’ (AfD), un parti de droite appelant à l’abolition de l’euro, démontre, avec les potentiels votes de protestation, qu’il s’agit d’un problème important pour une partie de la population. Un problème qui va empirer. Vu la situation, ce fut une erreur de la part de Die Linke (‘‘La Gauche’’) de na pas centrer davantage sa campagne sur le rejet des fonds de sauvetage accordés aux banques.

    Le fait que Die Linke ait perdu des voix au profit de l’AfD doit être considéré comme un avertissement. Même si le futur de l’AfD reste encore à écrire, il se peut que le parti n’en reste pas au stade du phénomène éphémère. L’AfD a occupé une partie de la scène politique, portion qui s’agrandira à mesure que la crise de l’euro se creusera. Le parti a réussi à se construire dans tout le pays, et dispose de moyens financiers conséquents. L’AfD a été suffisamment maligne pour éviter d’endosser une image raciste ou trop radicalement nationaliste tout en parvenant à mobiliser l’électorat d’extrême droite. Le parti a de bonnes chances d’accéder au Parlement européen après les élections de l’année prochaine. Il pourrait aussi se baser sur l’euroscepticisme croissant, qui ne fera que croître, surtout si Die Linke ne formule pas une critique claire, de gauche et internationaliste de la crise de l’euro.

    Les salaires, les conditions de travail et les pensions ont été les sujets les plus importants aux yeux des électeurs. Cela semble paradoxal vu que le CDU/CSU est un parti aux mains des grandes entreprises, qui s’oppose au salaire minimum et qui veut maintenir l’âge de la retraite à 67 ans. Au vu des leaders des principaux partis à la carte, de nombreuses personnes ont conclu que Merkel était la plus capable de prévenir une crise sociale en Allemagne causée par une ‘‘urgence européenne’’. Le manque d’alternative issue du SPD et des Verts y a contribué. Leur tentative de se présenter comme plus à gauche, plus intéressés par les sujets sociaux et la justice, n’a leurré personne. Ce sont ces partis qui sont à la base de l’introduction de ‘‘l’Agenda 2010’’ néolibéral en 2003 et ses nombreuses attaques antisociales, et peu de gens leur ont pardonné. Les résultats des Verts montrent qu’ils sont devenus un parti bourgeois de la classe moyenne. Mais l’importance de sujets comme les salaires, les conditions de travail et les pensions dans la conscience populaire de la classe des travailleurs reflète aussi le potentiel des syndicats et des luttes sociales. C’est pourquoi les fondations du CDU/CSU sont fragiles. Le nouveau gouvernement prévoit de faire des coupes budgétaires et de procéder à des privatisations et, tôt ou tard, l’opinion générale se retournera contre lui.

    Un projet de coalition gouvernementale ?

    Merkel a perdu son partenaire de coalition, le FDP. Ses résultats rendront les négociations avec le SPD ou les Verts plus difficiles. Ces deux partis trembleront à l’idée de finir en tant qu’acteurs minoritaires dans un gouvernement CDU/CSU. L’expérience du SPD dans la ‘‘grande coalition’’ de 2005/2009 a rouvert des blessures qui n’ont pas encore fini de cicatriser. Les leaders du SPD se montrent donc très réticents à cette idée. Mais l’affaiblissement des Verts a rendu moins probable une coalition ‘‘noire et verte’’. Une grande coalition est l’issue la plus probable. Bien sûr, le SPD tentera de faire des concessions, qu’il vendra comme des victoires. Ce pourrait même être l’instauration d’un salaire minimum ou d’autres mesures semblables. Il est peu probable que les négociations échouent et que de nouvelles élections soient organisées car elles pourraient mener à une majorité CDU/CSU.

    Die Linke

    La direction de Die Linke se satisfait des résultats obtenus et met en avant que le parti représente maintenant la troisième plus grande force du pays. Le parti s’est stabilisé et a regagné du soutien depuis l’année dernière et les désastreux sondages d’opinion à son encontre. Les batailles internes se sont momentanément arrêtées mais, surtout, l’arrivée de Bernd Riexinger et de Katja Kipping à la direction du parti ont représenté une orientation plus décidée vers les mouvements sociaux et les luttes syndicales. Cela a motivé une couche de ses militants à s’impliquer davantage. Les slogans clairs sur leurs tracts ont rendu leur campagne très active et ont permis de recruter 500 nouveaux membres durant cette période. Cela prouve que, malgré la situation objective actuelle, il y a toujours un potentiel pour renforcer le parti.

    Mais la perte de 1,4 million d’électeurs par rapport à 2009 (moins encore qu’en 2005), l’échec de Die Linke à s’attirer les votes des abstentionnistes ou des électeurs de l’AfD prouvent que les racines du parti ne sont pas assez ancrées dans les communautés ouvrières. De plus, la crédibilité de Die Linke pâtit de son implication régionale dans des coalitions et de des appels permanents à rejoindre une coalition nationale.

    Die Linke a maintenant face à lui une deuxième chance, mais pourra-t-il saisir les opportunités qui s’ouvrent à lui ? En cas de grande coalition, le SPD sera également directement responsable des coupes budgétaires. Die Linke sera donc en bonne position pour améliorer son image d’opposant au capitalisme. Mais pour se renforcer ainsi, le parti doit devenir un parti combatif et abandonner tout projet de coalition avec les Verts et le SPD. Des conflits internes vont sans doute se développer autour de cette question. L’année prochaine, de nouvelles élections fédérales se tiendront en Allemagne de l’Est, où se trouve la plus grande base de Die Linke. La question d’une alliance avec le SPD se posera à nouveau, et c’est déjà le cas à Brandebourg.

    Certains membres de l’aile droite de Die Linke (y compris le leader du groupe parlementaire, Gregor Gysi) ont récemment publié un livre qui explique la position du parti sur le rejet du déploiement de troupes allemandes à l’étranger, car sans laisser tomber cette position, il était impossible d’entrer au gouvernement national. Cette approche est un sujet de discorde potentiel au sein de Die Linke. Gysi est sorti renforcé de la campagne électorale, et il utilisera surement sa performance contre les éléments les plus anticapitalistes du parti, principalement basés en Allemagne de l’Ouest.

    Hessen

    Dans ce contexte, les élections fédérales à Hessen, qui ont eu lieu en même temps que celles du Bundestag, sont importantes. La nouvelle entrée de Die Linke au parlement est très importante pour l’aile gauche du parti. Die Linke est connu pour ses liens étroits avec les mouvements sociaux et syndicaux à Hessen.

    Mais la dirigeante régionale du parti, Janine Wissler (membre du courant Marx21, qui a quitté l’organisation allemande du SWP britannique), dit être prête à certaines conditions à former une coalition gouvernementale avec le SPD et les Verts. Bien qu’elle dise que cette attitude serait destinée à révéler la vraie nature de ces partis, elle donne l’impression que Die Linke est prêt à tout pour entrer au gouvernement. Au lieu de parler de coalitions, la direction de Die Linke à Hessen devrait dire que son succès électoral est surtout celui de mouvements sociaux de résistance, qui doivent être construits et renforcés.

    Die Linke à Hessen, en reconnaissant qu’ils ont une chance de chasser le premier ministre CDU Bouffuer, devrait dire que le parti est prêt à combattre le CDU en rejoignant une minorité gouvernementale SPD-Verts. Mais puisque le SPD et les Verts travaillent dans le cadre du capitalisme et sont prêts pour lancer des attaques contre la classe des travailleurs, Die Linke devrait clairement refuser de signer un contrat de coalition, et à la place voter cas par cas au parlement. Die Linke devrait clairement déclarer qu’il soutiendra toute loi progressiste et se dressera contre toute autre.

    Quelles perspectives ?

    Un jour seulement après les élections, les médias ont sonné l’alerte d’une intensification de la crise de l’euro et d’un effondrement du système financier.

    Les 4 prochaines années en Allemagne ne seront pas semblables aux 3 dernières derrière nous, qui ont connu un redressement économique après une crise majeure. Au lieu de cela, elles seront marquées par une déstabilisation économique croissante et de nouvelles crises.

    Chaque nouveau gouvernement européen sera sous pression pour faire payer à la classe ouvrière le prix de la crise du capitalisme. Die Linke peut se renforcer grâce à un développement des luttes et des mouvements de masses, si le parti les soutient fermement.

  • Allemagne : Merkel sur la route de sa réélection

    Il faut renforcer Die Linke !

    L’Allemagne connaîtra de nouvelles élections législatives le 22 septembre prochain. La chancelière conservatrice Angela Merkel (CDU, chrétiens-démocrates) est bien partie pour être réélue, mais son partenaire de coalition libéral risque de perdre pas mal de plumes. Le parti social-démocrate SPD ne parvient pas à menacer la position électorale de Merkel. A gauche, Die Linke (La Gauche) fait campagne pour limiter la casse électorale depuis les dernières élections. En 2009, ce parti représentait encore 12%, mais il risque de tomber à 7 ou 8%. Le texte ci-dessous est un résumé de la déclaration de notre organisation-sœur allemande, le SAV, qui milite au sein de Die Linke.

    Les loyers et les prix de l’énergie s’envolent et, une fois leur salaire dépensé, beaucoup de gens doivent encore tenir le coup une bonne partie du mois. Alors que les travailleurs, les retraités et les chômeurs payent de plus en plus, les banques ont été sauvées avec l’argent des contribuables et des milliards d’euros ont été consacrés à des projets de prestige comme ‘‘Stuttgart 21’’ (une nouvelle gare et un nouveau réseau ferroviaire) ou l’aéroport de Berlin.

    Beaucoup d’électeurs trouvent que tous les partis se ressemblent et ne comptent donc pas participer au scrutin. Il est vrai que quelque soit la coalition qui sortira des urnes – noire-jaune (chrétiens-démocrates et libéraux) ou rouge-verte (SPD et Verts) – rien ne changera, la politique restera unilatéralement favorable aux riches et aux grandes entreprises. Après tout, il y a dix ans, c’était une coalition socio-démocrates / Verts qui avait appliqué la batterie d’attaques contre nos conditions de travail et nos salaires que constituaient ‘‘l’Agenda 2010’’ et le plan Hartz IV. Ces mêmes partis, prétendument de gauche, ont conduit l’Allemagne à participer à diverses opérations militaires et ont œuvré à la libéralisation accélérée du secteur financier.

    Aujourd’hui, le dirigeant du SPD Peer Steinbrück tente de faire croire qu’il s’est découvert une conscience sociale en parlant de la nécessité de redistribuer les richesses. Si le SPD et les Verts réclament maintenant l’instauration d’un salaire minimum, c’est principalement parce que Die Linke défend cette revendication avec un certain succès, ils ont dû lui emboîter le pas. Mais le SPD, les Verts, les chrétiens-démocrates du CDU/CSU et les libéraux du FDP savent pertinemment que de nouvelles mesures d’économies suivront directement le 22 septembre et s’ajouteront à l’austérité aux niveaux local et régional.

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    Une députée de Die Linke nous rejoint

    “Renforcer le SAV, c’est renforcer la gauche au sein de DIE LINKE”

    La députée de Die Linke pour la Basse-Saxe, Heidrun Dittrich, vient de rejoindre Sozialistische Alternative (SAV), notre organisation-sœur en Allemagne. Cela fait suite à toute une période d’intense collaboration au sein de Die Linke et de son courant de gauche, la “Gauche Anticapitaliste’’. En tant qu’élue de notre organisation, elle ne touche que l’équivalent du salaire moyen d’un ouvrier qualifié, le reste étant reversé pour soutenir diverses luttes sociales. Elle ne sera hélas pas réélue en septembre puisqu’elle n’est plus candidate, mais elle restera très impliquée dans la construction de Die Linke et du SAV. Voici ci-dessous une version abrégée de sa déclaration d’adhésion.

    Au vu des mouvements de masse qui prennent place sur tous les continents, de l’actuelle absence d’alternative dans l’esprit de nombreuses personnes et de la désillusion face aux partis néolibéraux, la construction de forces socialistes conséquentes est décisive pour montrer une voie de sortie hors de la crise du capitalisme.

    Sans cela, des groupes pro-capitalistes ou mêmes fascistes peuvent instrumentaliser la désillusion existante, des mouvements progressistes peuvent tourner à la guerre civile comme en Syrie ou des militaires peuvent prendre le pouvoir comme en Egypte. De tels développements ne peuvent être prévenus que si la classe ouvrière dispose de forces indépendantes qui luttent pour une alternative à une échelle internationale.

    J’ai été élue au Parlement allemand sur une liste présentée dans l’Etat fédéral de Basse Saxe en 2009. Je suis d’opinion que notre travail parlementaire doit être premièrement et principalement utilisé, comme Rosa Luxemburg l’avait écrit il y a plus de cent ans, afin d’exposer l’hypocrisie des partis bourgeois, de propager notre alternative politique, de diffuser les revendications des mouvements extra-parlementaires et de renforcer la résistance locale. J’ai toujours été opposée à la conception des positions parlementaires considérées comme un but en soi.

    Tout comme les camarades du SAV, je ne pense pas que la crise actuelle est juste une crise des marchés financiers, mais une crise systémique du capitalisme. Cette crise ne pourra pas être résolue par une redistribution des richesses, parce que la force principale au sein du capitalisme est celle de la maximisation du profit. Une solution ne peut être trouvée que dans la socialisation des moyens de production et dans la planification écologique et sociale de l’économie au sein d’une société socialiste. Notre tâche est, à partir des problèmes quotidiens de la population, de montrer une issue socialiste et de construire un pont vers une alternative socialiste.

    Afin de fondamentalement changer les relations sociales, nous devons gagner la majorité de la société. Cela ne saurait être possible qu’en stimulant l’entrée en activité militante pour que de plus en plus de gens rentrent en conflit avec le système. Cela ne se fera pas avec des coalitions parlementaires avec des partis bourgeois comme le SPD et les Verts.

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    Parvenir à un changement nécessite de construire un rapport de force à partir de la base de la société – dans les entreprises, les universités, les écoles et les quartiers. Dans ce cadre, ces élections de septembre revêtent tout de même une certaine importance car elles offrent l’occasion à Die Linke d’être à nouveau – le plus fortement possible – présent au parlement.

    Die Linke : Un parti différent ?

    Contrairement à l’ensemble des partis de l’establishment, Die Linke défend l’homme de la rue, le chômeur et le retraité, et utilise pour ce faire tant sa position au parlement que des actions en dehors des institutions. Ainsi, Die Linke mène une campagne active pour soutenir le personnel du secteur de la distribution qui revendique des salaires plus élevés et une convention collective de travail décente. Dans le secteur des soins de santé, Die Linke défend la revendication de l’augmentation du personnel et appuie les actions menées par le personnel hospitalier (y compris les grèves, comme à l’hôpital de la Charité à Berlin). Les actions de Blockupy contre la dictature des banques (tenues à Francfort le 1er juin dernier aux abords de la Banque Centrale Européenne) ont pu compter sur la présence active de députés de Die Linke, qui eux aussi ont été arrêtés. Le parti s’est opposé à tout plan de sauvetage des banques, a voté contre la participation des troupes allemandes aux interventions impérialistes – les prétendus ‘‘militants de la paix’’ des Verts ne peuvent pas en dire autant. Lors du débat sur l’utilisation de drones (des bombardiers téléguidés) en Afghanistan, Die Linke a défendu le slogan : ‘‘Investir dans l’aide à l’enfance au lieu de la tuer avec des drones.’’

    Die Linke a joué un rôle actif dans la résistance contre les politiques antisociales et a permis de laisser moins d’espace aux forces populistes de droite. Mais tout cela n’est qu’une face du parti de gauche. Certaines forces en son sein veulent rendre le parti plus ‘‘acceptable’’ en vue de collaborer avec le SPD et les Verts. Mais là où Die Linke participe à des coalitions locales, comme dans le Brandebourg, le parti applique la politique d’austérité. A Berlin, dix ans de coalition ‘‘rouge-rouge’’ (SPD/Die Linke) n’ont apporté qu’une succession de mesures antisociales. Certains veulent faire de même au niveau national.

    Die Linke n’est pas un parti homogène, mais c’est le seul parti qui s’oppose à la pensée unique néolibérale. Voter pour Die Linke entraîne le renforcement de la résistance contre les prochaines mesures d’austérité du nouveau gouvernement. Die Linke fourmille de partisans d’une opposition combative, avec une participation active de la base du parti.

    Pourquoi s’engager ?

    La différence ne sera pas faite au Parlement. Il faut frapper les grandes banques et les grosses entreprises là où ça leur fait le plus mal. Le Parlement et le gouvernement ne sont composés que de pantins à leurs ordres, Die Linke doit jouer un rôle actif dans l’organisation de la résistance contre les marionnettistes !

    Il nous faut un puissant mouvement de travailleurs, de chômeurs, de jeunes et de retraités, accompagné d’un parti de masse ayant une orientation socialiste pour que la colère puisse forcer l’arrivée de réels changements et faire plier les super-riches. Un tel parti doit s’élever contre le capitalisme et pour une société socialiste démocratique. Des positions parlementaires peuvent être utilisées à cette fin, mais uniquement comme moyen de renforcer les revendications et les luttes concrètes du mouvement social.

    Sans une réponse anticapitaliste globale, l’infime élite qui est aujourd’hui la seule à avoir son mot à dire continuera sa politique antisociale faite de destruction sociale et environnementale, le tout saupoudré des mensonges nécessaire pour nous la faire avaler.

  • Allemagne : la députée de Die Linke Heidrun Dittrich rejoint le CIO

    “Renforcer le SAV, c’est renforcer la gauche au sein de DIE LINKE”

    La députée de Die Linke (La Gauche, formation large à la gauche de la social-démocratie (SPD) et des Verts en Allemagne) pour la Basse-Saxe, Heidrun Dittrich, vient de rejoindre Sozialistische Alternative (SAV), la section allemande de notre internationale, le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO). Cela fait suite à toute une période d’intense collaboration au sein de Die Linke et de son courant de gauche, la “Gauche Anticapitaliste’’. Voici ci-dessous sa déclaration.

    Déclaration de Heidrun Dittrich

    Au vu des mouvements de masse qui prennent place sur tous les continents, de l’actuelle absence d’alternative dans l’esprit de nombreuses personnes et de la désillusion face aux partis néolibéraux, la construction de forces socialistes conséquentes est décisive pour montrer une voie de sortie hors de la crise du capitalisme. Sans cela, des groupes pro-capitalistes ou mêmes fascistes peuvent instrumentaliser la désillusion existante, des mouvements progressistes peuvent tourner à la guerre civile comme en Syrie ou des militaires peuvent prendre le pouvoir comme en Egypte. De tels développements ne peuvent être prévenus que si la classe ouvrière dispose de forces indépendantes qui luttent pour une alternative à une échelle internationale.

    J’ai décidé de rejoindre Sozialistische Alternative (SAV) parce que je pense qu’une organisation marxiste internationale qui défend une telle perspective est nécessaire.

    Je me suis moi-même considérée comme une marxiste la moitié de ma vie durant et j’ai lutté au côté de collègues, de syndicalistes et de chômeurs pour une alternative contre la guerre, la pauvreté et l’esclavage salarial. C’est pourquoi j’ai rejoint le syndicat à l’âge de 16 ans et que je suis devenue active syndicalement sur mon lieu de travail. Il y a de cela 5 ans, j’ai rejoint Die Linke parce qu’un parti socialiste puissant défendant une alternative au capitalisme est nécessaire. En 2009, j’ai été élue pour le parti au Parlement allemand (le Bundestag) sur une liste présentée dans l’Etat fédéral de Basse Saxe. Je suis d’opinion que notre travail parlementaire doit être premièrement et principalement utilisé, comme Rosa Luxemburg l’avait écrit il y a plus de cent ans, afin d’exposer l’hypocrisie des partis bourgeois, de propager notre alternative politique, de diffuser les revendications des mouvements extra-parlementaires et de renforcer la résistance locale. J’ai toujours été opposée à la conception des positions parlementaires considérées comme un but en soi.

    Je suis également active au sein de la Gauche Anticapitaliste (AKL) afin d’aider à construire une aile gauche de la base du parti capable de remporter des majorités pour une politique anticapitaliste et socialiste. C’est au sein du parti et de l’AKL que j’ai pu rencontrer les camarades du SAV, qui sont également membres de Die Linke. Après une période de travail en commun qui a duré plusieurs mois, j’ai pu constater que mes idées et celles du SAV au sujet d’une gauche combative, démocratique et socialiste étaient similaires.

    Tout comme les camarades du SAV, je ne pense pas que la crise actuelle est juste une crise des marchés financiers, mais une crise systémique du capitalisme. Cette crise ne pourra pas être résolue par une redistribution des richesses, parce que la force principale au sein du capitalisme est celle de la maximisation du profit. Une solution ne peut être trouvée que dans la socialisation des moyens de production et dans la planification écologique et sociale de l’économie au sein d’une société socialiste. Notre tâche est, à partir des problèmes quotidiens de la population, de montrer une issue socialiste et de construire un pont vers une alternative socialiste.

    Les dirigeants du système disent toujours qu’il n’existe pas d’alternative au capitalisme. Mais la destruction de l’environnement partout sur la planète, les guerres et la dramatique dégradation des conditions de vie de millions de personnes me font dire qu’aucune autre conclusion ne peut être tirée que celle de lutter pour une société socialiste – sans quoi le capitalisme détruira les conditions de vie civilisées. Nous avons à formuler nos propositions de manière très concrète et non pas de façon abstraite. A partir de la lutte contre les bas salaires, les licenciements, les coupes dans les budgets sociaux, et pour une semaine de travail plus courte avec embauches compensatoires et sans perte de salaire, pour des programmes d’investissements publics massifs dans l’enseignement, les soins de santé, les services sociaux, etc. il est nécessaire de faire le lien avec les idées anticapitalistes et de clarifier que la moindre amélioration ne sera possible que sur la base du renversement de l’économie de profit capitaliste.

    Afin de fondamentalement changer les relations sociales, nous devons gagner la majorité de la société. Cela ne saurait être possible qu’en stimulant l’entrée en activité militante pour que de plus en plus de gens rentrent en conflit avec le système. Cela ne se fera pas avec des coalitions parlementaires avec des partis bourgeois comme le SPD et les Verts.

    Les membres du SAV militant au sein de Die Linke contre toute accommodation avec le SPD et le Verts. Renforcer le SAV, c’est renforcer la gauche au sein de Die Linke et cela aide à prévenir un virage à droite dans la lignée du “Forum Socialiste Démocratique” (FDS, un courant de droite au sein du parti). Les camarades du SAV combinent des activités quotidiennes afin de développer la résistance et de contester le pouvoir tout en construisant Die Linke, l’aile jeune du parti et les syndicats avec l’objectif d’une transformation socialiste de la société. Lors des élections générales qui arrivent, au côté de membres du SAV et de tout le parti, je vais lutter pour la présence la plus forte de Die Linke au Bundestag. Renforcer le SAV et construire Die Linke n’est pas contradictoire.

    J’ai particulièrement été impressionnée par l’activité des membres du SAV à l’Hôpital Charité et dans la construction de groupes de syndicalistes, des campagnes syndicales exemplaires y ont été menées. J’ai eu l’opportunité de rencontrer des membres du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) lors d’une rencontre internationale et de voir à l’œuvre une véritable association socialiste internationaliste. Plus particulièrement, le rôle des camarades du Democratic Socialist Movement (DSM) dans les grèves de mineurs et dans la construction d’un nouveau parti large des travailleurs en Afrique du Sud et la bataille de Xekinima pour l’unité de la gauche grecque sur une base clairement socialistes, sont des exemples de la manière dont la gauche socialiste doit approcher ces tâches.

    En tant que députée, j’ai toujours beaucoup donné aux mouvements extra-parlementaires. Le SAV défend que chaque élu reçoive comme rémunération le salaire moyen d’un ouvrier qualifié afin d’assurer que personne ne devienne élu pour satisfaire des intérêts personnels et parce qu’il est important de ne pas être privilégié en comparaison des gens que l’on représente. J’ai donc décidé de garder 2.400 euros de mon salaire mensuel de députée pour subvenir à mes besoins, en fonction du salaire que je recevais avant d’être élue, et de donner tout le reste aux mouvements sociaux et aux projets politiques.

    Heidrun Dittrich

  • Manifestations Blockupy en Allemagne : Répression policière dans l'antre de la bête

    ”Nous voulons montrer qu’il y a aussi une résistance contre Merkel et la Troïka dans l’antre de la bête” commentait l’un des manifestants qui avait pris part aux ”Journées d’action Blockupy” du 1er juin à Francfort, en Allemagne. 15.000 personnes étaient présentes lors de cette marche. Le jour précédent, plus de 3.000 personnes avaient participé au blocage du siège de la Banque Centrale Européenne et d’autres institutions. Ces institutions sont considérées comme un symbole de la dictature des marchés, de la politique raciste d’immigration en Europe et de l’industrie textile basée sur la course aux profits, qui a été responsable de la mort de milliers de travailleurs encore récemment au Bangladesh.

    Par Sascha Stanicic, SAV (CIO-Allemagne)

    Répression d’État

    ”Blockupy” est une alliance de différentes organisations de gauche, le Parti de Gauche (DIE LINKE), certaines structures syndicales, Attac et d’autres groupes du mouvement social qui ont été créés l’année dernière pour construire la résistance contre les politiques d’austérité en Europe et en Allemagne.

    En 2012, la ville de Francfort avait légalement interdit toutes les protestations, les manifestations et les rassemblements lors des deux jours durant lesquels les occupations et les blocages étaient censés se tenir. Même les manifestations qui n’avaient rien à voir avec Blockupy avaient été interdites. Cela a conduit à une vague de solidarité et des milliers de personnes se sont spontanément rendues à Francfort pour participer au seul évènement qui avait été autorisé : la manifestation de masse du dernier jour de la période d’actions.

    Cette année, la situation a été renversée par la police. Le camp de protestation a été autorisé et les manifestations et les blocages du 31 mai ont également pu se tenir avec relativement peu de répression policière. Le gouvernement fédéral d’État, dirigé par les conservateurs, et les dirigeants policiers avaient cependant bien retenu la leçon de l’année précédente et avaient planifié la répression pour la journée de la manifestation de masse.

    20 minutes à peine après le début de la manifestation, elle fut réprimée par la police et le contingent anticapitaliste de groupes d’extrême gauche à la tête de la manifestation a été encerclé. La police a pris pour excuse l’utilisation de pétards et le fait que des manifestations se cachaient le visages pour justifier ses actions répressives. En réalité, il est devenu clair – et cela a même été confirmé par un officier de police anonymement dans la presse – que cette répression avait été planifiée bien à l’avance. Un officier de police a d’ailleurs déclaré à un membre du SAV (section du Comité pour une Internationale Ouvrière en Allemagne et organisation-soeur du PSL) : ”Pensiez-vous vraiment que nous allions vous laisser simplement marcher, après la défaite que vous nous avez infligez l’année dernière ?”

    1.000 manifestants ont été encerclés pendant plusieurs heures durant lesquelles ils n’avaient pas accès aux toilettes. Les avocats ne pouvaient avoir de contact avec leurs clients et les premiers secours n’ont pas pu entrer dans la zone d’encerclement pour rejoindre les personnes blessées, au nombre de plus de 200. Le reste de la manifestation n’a pas pu avancer et est resté aux côtés de ceux qui étaient encerclés par la police, en solidarité. Ce n’est que que tard dans la soirée, quand beaucoup de manifestants étaient déjà partis prendre leur bus ou leur train pour rentrer, que la police a libéré les manifestants encerclés.

    Malgré cela, ces journées d’action ont été un réel succès. L’Allemagne ne partage pas les mêmes problèmes économiques et sociaux que la Grèce, l’Espagne, le Portugal ou d’autres pays pour le moment. Cela signifie aussi que la conscience est différente et qu’il y a moins de mobilisations et de luttes qui se mettent en place. Étant donné ce contexte, les journées d’action Blockupy ont principalement mobilisé des militants de gauche. Cependant, ces actions ont permis de montrer qu’il y avait aussi une résistance sociale en Allemagne. Le plus impressionnant de tout fut la participation de 500 militants de Stuttgart qui viennent du Mouvement contre Stuttgart 21 (la nouvelle gare prévue qui soulève des manifestations de masse depuis plusieurs années).

    En même temps, la relative stabilité économique allemande est payée par des millions de travailleurs sous-payés et par la détérioration des conditions sociales. Les travailleurs du secteur de la distribution ont commencé des actions de grève pour de meilleurs salaires et contre les attaques des patrons.

    Les membres du SAV ont participé à ces journées d’action. C’est aussi le cas du Parti de Gauche (DIE LINKE) et de ses organisations de jeunes qui avaient leur propre contingent qui ont été rejoint par les membres du SAV. 350 personnes ont assisté à un meeting public de DIE LINKE dans la nuit du premier jour d’action ou sont intervenus des orateurs de Grèce, du Portugal et d’Allemagne.

    Pour beaucoup de manifestants, la répression policière arbitraire est une preuve supplémentaire de la véritable nature du capitaliste : la démocratie est accordée tant que rien ne menace les profits des banques et des grandes industries.

  • ArcelorMittal : Déclaration de solidarité de 18 députés européens de la Gauche Unitaire Européenne

    Aujourd’hui, une manifestation internationale des travailleurs d’ArcelorMittal prend place à Strasbourg au Parlement européen. Divers euro-députés du groupe parlementaire de la Gauche Unitaire Européenne se sont déclarés solidaires de ce combat et défendent la nationalisation de l’outil sans indemnisation et sous le contrôle des travailleurs.

    Strasbourg, 6 Février 2013

    Chers/chères Camarades,

    L’annonce de la fermeture de 7 lignes de production sur les 12 que compte le site de la phase à froid du bassin sidérurgique liégeois démontre s’il en était encore besoin la soif de profit inextinguible du géant ArcelorMittal. Avec l’arrêt de la phase à chaud annoncée précédemment, ce sont plus de 2000 emplois directs et des milliers d’autres emplois indirects qui vont disparaître afin de satisfaire l’avidité de quelques actionnaires et spéculateurs.

    Partout en Europe les travailleurs sont confrontés à cette logique perverse. La fermeture de l’usine Ford à Genk ou du site d’ArcelorMittal à Florange en France montrent que la voracité du capitalisme ne s’arrête à aucune frontière ni aux portes d’aucun secteur économique. C’est pour ça que nous disons avec vous: "Non au diktat de ArcelorMittal! Non aux licenciements et fermetures partout en Europe!"

    Partout les travailleurs qui lui font face ne peuvent compter que sur leurs propres forces, constamment trahis par des politiciens traditionnels qui prennent toujours le parti du plus fort. Même si l’ensemble du monde politique semble s’émouvoir et que des politiciens traditionnels ont dû se prononcer favorablement à la ‘nationalisation’ du site, il est clair que la classe politique contaminée par le dogme néolibéral qui veut d’une nationalisation capitaliste. Le but sera de rendre l’usine ‘attractive’ aux investisseurs. Que-ce-que ça veut dire, alors? Qu’elle sera achetée par des parasites qui veulent la détruire aujourd’hui, gérée par les anciens managers et orientée vers les marchés. Mais pouvait-on attendre autre chose de ceux qui continuent, année après année, à arroser d’argent public un grand patron pour qu’il consente à continuer à faire des bénéfices ici plutôt qu’ailleurs ?

    Pour les travailleurs la seule option envisageable si l’on veut épargner la misère à des milliers de familles est une vraie nationalisation, sans indemnisation pour ArcelorMittal, nous avons déjà payé notamment avec les milliards d’euros des réductions d’impôts qu’ils ont reçus, et sous le contrôle démocratique des travailleurs.

    Nous voulons exprimer notre solidarité fraternelle avec votre lutte et vous souhaiter bon courage, a vous ainsi qu’a tous les autres travailleurs d’ArcelorMittal et de ses sous-traitants partout en Europe.

    Cordialement,

    Les députés européens:

    • Paul Murphy Socialist Party (Irlande)
    • Lothar Bisky Die Linke (Allemagne)
    • Nikolaos Chountis SYRIZA, Coalition de la Gauche Radicale (Grèce)
    • João Ferreira Partido Comunista Português (Portugal)
    • Thomas Händel Die Linke (Allemagne)
    • Takis Hadjigeorgiou AKEL Parti progressiste des travailleurs (Chypre)
    • Jacky Hénin Parti Communiste Français / Front de Gauche (France)
    • Patrick Le Hyaric Parti Communiste Français / Front de Gauche (France)
    • Kartika Tamara Liotard Indépendante (Pays-Bas)
    • Marisa Matias Bloco de Esquerda (Portugal)
    • Willy Meyer Izquierda Unida (Espagne)
    • Younous Omarjee Alliances des Outre-Mers (France)
    • Søren Bo Søndergaard Folkebevægelsen mod EU (Danemark)
    • Alda Sousa Bloco de Esquerda (Portugal)
    • Kyriacos Triantaphyllides AKEL Parti progressiste des travailleurs (Chypre)
    • Sabine Wils Die Linke (Allemagne)
    • Gabi Zimmer Die Linke (Allemagne)
    • Inês Zuber Partido Comunista Português (Portugal)
  • Lancement tonitruant de ‘‘Gauches Communes’’, avec le soutien de la gauche européenne

    ‘‘Gauches Communes’’ – un collectif de progressistes, de syndicalistes et de militants qui déposera des listes aux élections communales à Bruxelles – n’a pas raté le lancement de sa campagne. La Garcia Lorca, en plein centre de Bruxelles, n’avait plus vu autant de monde depuis un bon moment : plus de 150 personnes. Même le meeting international du Front des Gauches lors de la campagne électorale de 2010 n’avait pas fait mieux, alors qu’il s’agissait pourtant du meeting principal d’une campagne nationale. Comme le lecteur peut le voir sur les photos, ce n’était pas seulement la salle qui était pleine à craquer, mais également le hall d’entrée, converti en annexe de salle de conférence.

    Rapport par Eric, photos par Els

    José Menendez, coordinateur d’Izquierda Unida (Gauche Unie, Espagne) en Belgique, a fait allusion au fait que les "Mardis politiques" passeraient dorénavant au mercredi après ce meeting. Chaque semaine, un collectif international de sections de partis de gauche (Izquierda Unida (Espagne), Rifondazione Comunista (Italie), Die Linke (Allemagne) et le Parti Socialiste Unifié (Maroc)) organisent des débats politiques au centre culturel Garcia Lorca sous le nom de ‘‘Alternative à Bruxelles’’. Avec quel objectif ? Promouvoir la collaboration entre les diverses organisations progressistes, dans une atmosphère d’ouverture et de respect. C’est exactement ce à quoi vise ‘‘Gauches Communes’’, initiative soutenue par le Parti Humaniste, le Comité pour une Autre Politique et le Parti Socialiste de Lutte.

    Au vu des réactions des participants au meeting, cette approche rencontrait leurs attentes. Parmi la salle se trouvaient des habitants de Saint-Gilles dont la curiosité avait été piquée par la personnalité d’Anja Deschoemacker (tête de liste de ‘‘Gauches Communes’’ à Saint Gilles pour les communales). Les diverses organisations participantes avaient aussi bien entendu battu le rappel de leurs partisans, et l’affiche impressionnante a grandement contribué à elle seule à la réussite de la mobilisation. Mais si Charlotte Balavoine, qui fut candidate du Front de Gauche pour la circonscription du Benelux aux dernières élections législatives françaises, était présente à cette réunion, c’était en raison de la nature ouverte et collective de l’approche de Gauches Communes. C’est pour la même raison que Panayota Maniou, assistante du député européen de Syriza Nikos Chountis, était présente. Panayota a immédiatement annoncé qu’elle voterait pour Anja au mois d’octobre.

    Un rapport complet de cette réunion et de deux autres réunions similaires organisées par Rood à Anvers et Gand suivra cette semaine. Ce rapport abordera les contributions des divers intervenants mentionnés ci-dessus aiinsi que celles des autres orateurs ; l’eurodéputé irlandais Paul Murphy, l’ancien candidat pour la mairie de Liverpool Tony Mulhearn, Stephen Bouquin de Rood ! et Bernard Westphael du Mouvement de Gauche.

  • Manifestation de solidarité avec le peuple grec contre l'austérité de la bancocratie et de la Troika!

    Hier, environ 350 personnes ont défilé à Bruxelles à l’appel d’un grand nombre d’organisation (une trentaine, dont le PSL-LSP), en solidarité avec les luttes qui se développent en Grèce contre la sauvage politique d’austérité qui y frappe la population et, plus largement, pour dénoncer cette dictature des marchés qui s’exerce partout, y compris en Belgique. Ce dimanche, la population grecque se rendra à nouveau aux urnes pour des élections que la coalition de la gauche radicale Syriza a des chances d’emporter.

    Rapport et photos par Olivier V. (Liège)

    Le départ s’effectuait devant la Bourse, où plusieurs représentants des différentes organisations présentes ont pris la parole afin d’exprimer leur soutien aux travailleurs grecs et leurs revendications concernant également la politique que mène la Belgique, tant au parlement européen qu’au sein même du pays.

    Contre la politique d’austérité, les travailleurs et les jeunes grecs ont manifesté par milliers dans les rues de la capitale et des principales villes, et ont organisé de nombreuses grèves générales et revendiquant l’annulation des mesures d’austérités imposées par la Troïka. Après l’échec des négociations visant à former un gouvernement après les élections du 6 mai dernier, c’est ce 17 juin qu’ils revoteront à nouveau afin de faire passer leur mécontentement par les urnes. Syriza, premier ou second parti du pays en fonction des sondages, a de fortes chances de gagner encore de l’importance dans la bataille électorale. Néanmoins, la pression se fait sentir sur la gauche. Les partis libéraux n’ont d’autre choix que les menaces, le chantage et l’intimidation sur les électeurs et les partis à la gauche de la sociale démocratie, afin de continuer à asseoir leur pouvoir sur l’économie de marché et pouvoir appliquer leurs mesures d’austérité.

    La population irlandaise aussi a subi ce type de chantage à l’occasion du référendum du 31 mai dernier portant sur le Traité Fiscal européen, aussi connu sous le nom de Traité d’austérité. L’establishment capitaliste européen est encore bien obligé d’accepter la tenue d’élections et de référendums, mais en recourant aux pires menaces pour forcer le vote à rencontrer leurs intérêts.

    En même temps que se déroulait la manifestation, une délégation de 5 représentants des différentes organisations présentes devait avoir un entretien d’une dizaine de minutes au siège du Parti Socialiste afin d’exprimer leurs revendications. Ce n’est que lorsque le cortège de manifestants est arrivé face au siège du PS que nous avons appris que cette rencontre avait été refusée en dernière minutes !

    A croire qu’entendre des revendications allant à l’encontre des mesures d’austérités est devenu impossible pour le parti du Premier ministre Di Rupo 1er. Chose peu étonnante lorsque la figure de proue du PS cherche à supprimer les acquis sociaux durement gagnés lors de luttes passées que lui-même a soutenues en paroles au moins, il fut un temps… Aujourd’hui, nous avons droit aux attaques sur les pensions et le chômage, à des coupes budgétaires dans le social et l’enseignement, etc. !

    A la fin de la manifestation, c’est face à un barrage de la police que se sont exprimés un représentant de Syriza, un collaborateur de l’eurodéputé Paul Murphy (le seul député européen de la république irlandaise a s’être prononcé contre le traité d’austérité) et un représentant de l’initiative politique large flamande Rood !, qui tous ont appelé à continuer la lutte, le soir même lors d’assemblées populaires traitant de la crise économique, des plans d’austérité et de la situation Belge et Européenne, et par la suite en organisant les luttes et de futures actions pour défendre la Grèce, l’Italie, l’Espagne et l’Irlande, qui ne sont que les premiers à tomber sous le poids des politiques libérales. Si nous n’agissons pas de suite, bien d’autres suivront et les 27 ne se relèveront pas de si tôt.

    Une conférence aura lieu ce mercredi 20 juin au sujet de la nécessité de lutter contre la politique d’austérité européenne (plus d’infos)

    Organisons la résistance, et unifions là ! Front de Gauche, Syriza, Die Linke, etc. frappons ensemble pour mettre à bas l’austérité !

  • Solidarité avec les travailleurs grecs !

    «Nous sommes confiants par rapport aux élections grecques du 17 juin. Le 6 mai, les Grecs ont voté contre le système. Maintenant, ils ont peur.» C’est ce qu’un dirigeant européen a déclaré, sous le couvert d’anonymat, dans les pages du Soir du 25 mai dernier. Propager l’angoisse, c’est tout ce qu’il reste aux classes dirigeantes européennes pour s’assurer de disposer encore d’une certaine base sociale. Pour maintenir leur poigne de fer sur l’économie et imposer l’austérité, elles sont prêtes à tout, du chantage à l’imposition de gouvernements non-élus directement aux ordres de la dictature des marchés.

    En Belgique comme dans chaque pays d’Europe, des millions de travailleurs, de chômeurs, de pensionnés et de pauvres suivent avec attention les développements qui prennent place en Grèce. Une part de cet intérêt s’explique par la crainte des conséquences qu’un approfondissement de la crise de l’eurozone pourrait avoir sur notre pays, mais un autre élément, de grande importance, est constitué par le véritable défi lancé par la population grecque à la troïka (Fonds Monétaire International, Banque Centrale Européenne, Union Européenne).

    Pas moins de 17 grèves générales ont ébranlé la Grèce ces deux dernières années, en riposte au gigantesque appauvrissement collectif qui était imposé au peuple. Cette colère de la classe ouvrière et de la classe moyenne grecque s’est également exprimée dans les urnes, sous forme de séisme politique pour les partis traditionnels (le Pasok et la Nouvelle Démocratie). La coalition de gauche radicale Syriza a été le plus grand bénéficiaire de cette atmosphère anti-austérité, et est passée de 4,6% à 16.78%.

    Depuis lors, Syriza a refusé avec raison de rejoindre une coalition gouvernementale destinée à appliquer la politique d’austérité contre une population innocente, réclamant au contraire la constitution d’un gouvernement de gauche pour faire payer les vrais responsables de la crise : banquiers, grands patrons et spéculateurs. Certains sondages l’ont depuis crédité de 28%. Cela, ainsi que le succès du Front de Gauche en France, exprime le potentiel dont peut disposer une politique de gauche clairement opposée aux coupes budgétaires et déterminée à s’en prendre à l’élite capitaliste parasitaire.

    Les classes capitalistes européennes tentent de faire pression sur la classe ouvrière grecque pour qu’elle vote ‘‘comme il faut’’ le 17 juin prochain. Toute alternative à la politique dominante serait ainsi une erreur lourde de conséquences. C’est un refrain que nous connaissons bien en Belgique également, à un moindre niveau, avec le bouclier du ‘‘moindre mal’’ auquel recourt le PS à chaque fois qu’il est placé devant ses responsabilités et les conséquences de sa politique antisociale, ou encore avec l’instrumentalisation des discussions communautaires.

    Nous devons être solidaires des luttes des travailleurs de Grèce et d’ailleurs, mais aussi nous inspirer de leur combat pour en tirer les leçons en Belgique. Notre pays n’est pas une île, l’austérité a déjà frappé, et elle frappera encore, comme l’illustrent ces 27.000 personnes qui seront exclues des allocations de chômages d’ici 2015.

    Dans ce cadre, nous avons besoin d’un plan de lutte syndical destiné à repousser chaque attaque et à partir à l’offensive pour réclamer toutes ces richesses que nous produisons par notre travail et qui nous sont volées. Il nous faut aussi nous diriger dès à présent vers la construction de notre propre prolongement politique.

    Enfin, notre lutte ne peut être qu’internationale. Les rencontres entre le dirigeant de Syriza et ceux du Front de Gauche en France et de Die Linke en Allemagne étaient une bonne initiative pour commencer à contrer le repli nationaliste, mais il nous faut aller plus loin. Imaginons quelle inspiration donnerait une journée de grève générale européenne pour les formations de gauche et pour la base syndicale !

    Ils cherchent à nous faire peur, mais leurs menaces ne sont que des gesticulations pour tenter de dissimuler leur propre panique. Le fait que Mario Draghi parle pour la première fois d’une mutualisation de la dette prouve qu’une partie importante de la classe dirigeante est en train de reculer par peur des conséquences d’un embrasement social et d’un éclatement de la zone euro. Mais cette concession, si elle prend forme, arrivera un peu tard, et ne règlera pas tout. En fait, la classe dirigeante n’a aucune solution pour sortir leur système de la crise. A nous d’avoir l’audace de réclamer notre avenir avec la société que nous méritons, une société où l’économie fonctionnera pour le bien-être de tous et non plus seulement pour une infime minorité de requins capitalistes.


    MEETINGS : Pour une alternative à l’austérité en Europe socialiste !

    Une autre politique est-elle possible en Europe ? Nous le pensons. Fin juin, nous organisons d’ailleurs des meetings à ce sujet à Bruxelles, Anvers et Gand. Ces soirées seront d’importants échanges d’expériences, tant de Belgique que de l’étranger. Une semaine à peine après les élections grecques, nous accueillerons un orateur de Syriza qui abordera la possibilité d’une politique de gauche au pouvoir en Grèce. Nous accueillerons également Tony Mulhearn qui, dans les années ’80, a activement participé à la politique réellement socialiste menée dans cette ville. Dernièrement, il a remporté 5% aux élections locales élisant le bourgmestre de la ville.

    Bruxelles Mercredi 20 juin, 19h30: Meeting organisé par Alternatives à Bruxelles & ‘‘Reprenons nos Communes’’ avec Paul Murphy (député européen membre du Socialist Party irlandais), Tony Mulhearn (TUSC, Angleterre), Charlotte Balavoine (Front de Gauche, France), Marisa Matias (eurodéputée du Bloc de Gauche au Portugal), Anja Deschoemacker (‘Reprenons nos communes’), Stephen Bouquin (Rood!) et un représentant de Syriza (Grèce). Au Garcia Lorca, Rue Volders 47/49, 1000 Bruxelles (métro Anneessens)

    Anvers Jeudi 21 juin, 20h : Meeting avec Erik De Bruyn (Rood!), Tony Mulhearn et un orateur de Syriza. Salle Elcker-Ik (Breughelstraat 31- 33, 2018 Anvers).

    Gand Samedi 23 juin, 18h : Fête de Rood! Dans le bâtiment de la FGTB Ons Huis (Meersenierstraat, Vrijdagmarkt) avec Tony Mulhearn, un orateur de Syriza, Erik De Bruyn et Bart Vandersteene (tête de liste de Rood! à Gand).

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  • Kazakhstan : Libération de Natalia Sokolova, l'avocate des grévistes du pétrole !

    Le régime est sous la pression de la campagne internationale

    Le 8 mars, la Cour Suprême du Kazakhstan a pris la décision de ‘requalifier’ les charges criminelles pesant sur Natalia Sokolova, l’avocate des grévistes de l’entreprise pétrolière “KarazhanbasMunai”. En conséquence, la sentence de 6 ans de prison rendue en août 2011 a été annulée. A la place, Natalia Sokolova a été condamnée à 3 ans de conditionnelles, elle sera sous la surveillance de la police pour 2 années supplémentaires et est interdite de participer à des “activités sociales” (c’est-à-dire des activités politiques ou syndicales). Elle a donc été relâchée et a pu retourner chez elle, auprès de son mari.

    Déclaration du Mouvement Socialiste du Kazakhstan

    Le Mouvement Socialiste du Kazakhstan félicite Natalia Sokolova, les travailleurs du Kazakhstan et, plus particulièrement, les travailleurs du secteur pétrolier de Mangystau pour la libération de Natalia Sokolova. Il s’agit là d’une victoire pour la classe ouvrière du Kazakhstan toute entière. Les autorités considéraient la condamnation de Natalia Sokolova comme un avertissement lancé à la population du Kazakhstan, afin de défier quiconque de lutter. Mais au lieu de cela, le régime a dû faire face à une campagne croissante de solidarité internationale, jusqu’au point d’être forcé de la relâcher.

    La campagne internationale de solidarité a impliqué plusieurs syndicats, syndicalistes, organisations de défense des droits de l’Homme, partis de gauche, etc. Un rôle particulièrement important a été joué par le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) et ses différentes sections à travers le monde, qui ont organisé une série de piquet, de protestations et de conférences de presse exigeant, notamment, la libération de Natalia Sokolova. Depuis le Nouvel An, ce travail a été organisé par la Campaign Kazakhstan.

    Ce n’est pas une coïncidence si le Parlement Européen a discuté de la situation au Kazakhstan la semaine suivante. Grâce au travail de la Gauche Unitaire Européenne et, en particulier, de Paul Murphy (député européen du Socialist Party en Irlande et section irlandaise du CIO) ainsi que son équipe, même les factions de droite au Parlement ont soutenu la revendication de la libération de Natalia Sokolova dans leurs résolutions. Ces derniers ignorent généralement la condition des travailleurs et des syndicalistes, qui souffrent sous la poigne de régimes autoritaires, et préfèrent concentrer leur attention sur le cas des politiciens pro-capitalistes et des militants des droits de l’Homme. Mais grâce à la pression continue du bureau de Paul Murphy, cela ne s’est pas produit cette fois-ci. Il était quasiment certain que l’appel à la libération de Natalia Sokolova allait être repris par le Parlement Européen la semaine suivante.

    La visite d’Andrej Hunko au Kazakhstan (un membre du Bundestag allemand et du parti de gauche Die Linke) a également constitué un évènement important. Il soutient la Campaign Kazakhstan. Andrej Hunko a visité le Kazakhstan en tant qu’observateur durant les élections frauduleuses organisées par le régime dans le pays en janvier dernier. Il a utilisé cette opportunité pour visiter Natalia Sokolova en prison, pour lui exprimer sa solidarité et lui assurer qu’il participerait aux efforts visant à mettre le maximum de pression sur le régime.

    Piquets do solidarité

    Dans le monde russophone, la section russe du CIO a été impliquée dans l’organisation de piquets de solidarité dès le début du conflit social dans le pétrole. Plusieurs conférences de presse ont été tenues afin de briser le silence médiatique à propos de la grève et pour assurer que la libération de Natalia Sokolova soit soulevée à chaque fois que cela était possible. Par la suite, ce travail a été renforcé par des piquets tenus à Moscou, Saint Pétersbourg et Kiev avec l’aide d’autres groupes de gauche et d’organisations syndicales.

    En janvier, Natalia a été nominée par le syndicat Zhanartu (affilié au Mouvement Socialiste du Kazakhstan) pour recevoir le prix de l’International Trade Union Congress en tant que “syndicaliste de l’année”. Cette nomination est soutenue par Comité Norvégien Helsinki et par le Bureau International des Droit de l’Homme du Kazakhstan. Cette nomination à elle seule a causé un grand embarras au régime kazakh. Des pressions ont régulièrement été exercées par la sureté d’Etat (KNB) sur Natalia afin qu’elle rejette cette nomination.

    Le rôle joué par le Mouvement Socialiste du Kazakhstan dans le pays n’est pas non plus à négliger. Plusieurs actions et piquets ont été tenus au Kazakhstan, avec souvent à la clé l’arrestation des militants. Zhanna Baitelova, Dmitry Tikhonov et Arman Ozheubaev ont ainsi été détenus en prison durant deux périodes de 15 jours. Des dizaines d’autres activistes ont reçu des amendes pour avoir participé aux actions de protestation. Nos camarades du syndicat Odak ont assuré que l’information concernant ces arrestations et intimidations se répandent dans tout le pays.

    Maintenons la pression sur le régime

    Il est impossible de faire ici une liste complète de toutes les actions qui ont été organisées dans de nombreux pays, en Autriche, en Australie, en Belgique, à Hong Kong, en Allemagne, en Grande-Bretagne, en Irlande, aux USA, en Suède, en France, au Venezuela, au Pakistan et en Pologne. Des supporters en Irlande et en Belgique ont également déployé des banderoles lors de matchs où jouait l’équipe du Kazakhstan. Des piquets ont été tenus devant des grandes entreprises ayant des contrats au Kazakhstan à Londres et à Berlin. Des dizaines de délégations syndicales à travers le monde se sont aussi saisi du sujet.

    Même si Natalia est toujours considérée comme coupable, sa libération est une grande victoire pour le mouvement ouvrier et la campagne internationale de solidarité. Cela démontre que des victoires peuvent être obtenues malgré l’opposition du régime, des patrons et de leurs partisans sur la scène internationale, malgré aussi le silence des médias officiels et la résistance des bureaucrates syndicaux. La pression exercée sur l’Ak-ordy (la résidence présidentielle) a fonctionné. Nous devons maintenant poursuivre cette campagne et maintenir la pression pour la libération des 43 travailleurs du pétrole actuellement détenus pour “incitation au conflit social” et participation à des “réunions syndicales illégales”, pour la libération de Vadim Karamshin, pour le retrait des charges pesant contre les dirigeants de l’opposition Ainur Kurmanov et Esenbek Ukteshbayev, et pour la libération de tous les prisonniers politiques du pays.

  • Les révoltes mondiales contre ce système sans perspective suscitent la recherche d’une alternative (2)

    Révolution et contre-révolution

    46. Cela exige une habile dose de dialectique afin de commencer à comprendre cette crise. Les vieilles certitudes sont dépassées par les contradictions que se sont accumulées sous la surface depuis des années. Des contradictions apparentes ne sont, d’un autre côté, que leurs propres compléments dialectiques. Ce qui hier fonctionnait encore bien, est aujourd’hui totalement bloqué. Les impasses et les changements de rythme vertigineux des processus graduels, leur revirement soudain et brusques transformations, caractérisent la situation. Nous nous trouvons dans une période de révolution et de contre-révolution, dans laquelle l’être humain se débarrasse de sa vieille enveloppe qui ne suffit plus aux besoins, dans ce cas le capitalisme. Des siècles auparavant, les révolutions prenaient la forme de déménagements massifs de population et par la suite, de guerres religieuses. Malgré les passions religieuses avec lesquelles elles étaient couplées, à ce moment-là aussi les conditions matérielles étaient la force motrice derrière ces processus. Que ce soit maintenant au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, ou bien en Chine, aux États-Unis, au Chili ou en Europe méridionale, les mouvements qui se sont déroulés cette année et sont toujours en cours, sont un dérivé direct de la Grande Récession.

    47. De puissants groupes médiatiques, une oppression dictatoriale brutale et la mesquinerie religieuse ne pouvaient pas empêcher le fait que les conditions matérielles ont finalement poussé les masses à surgir sur la scène politique. Cela s’est produit contre toute attente de la part des dirigeants locaux et de leur large appareil policier, de l’impérialisme et aussi des militants locaux. Mohammad Bouazizi n’était certainement pas le premier jeune chômeur en Tunisie à s’être immolé en guise de protestation contre le manque de perspectives. Sa mort a été la goutte qui a fait déborder le vase. En fait, quelque chose couvait déjà sous la surface depuis le grand mouvement de grève dans les mines de Gafsa en 2008. À ce moment là, Ben Ali était encore parvenu à isoler et étouffer le mouvement. Cela avait aussi à voir avec les bonnes relations que les dirigeants de la fédération syndicale UGTT entretenaient depuis des années avec la dictature. Le RCD (Rassemblement constitutionnel démocratique, le parti de Ben Ali) n’a été que le 17 janvier expulsé de l’“Internationale socialiste”, trois jours après la démission de Ben Ali.

    48. Les 500 000 syndicalistes ne sont cependant pas restés insensibles avant l’explosion sociale qui s’est répandue à partir du 17 décembre à vitesse grand V de Sidi Bouzid à tout le reste du pays. Malgré le fait que la direction nationale ait menacé de poursuite judiciaire, les sections locales et régionales ont pris part aux protestations et ont souvent offert un cadre organisateur. En une semaine, les dissidents avaient gagné toutes les sections. Les protestations se faisaient de plus en plus bruyantes. Le régime a réagi avec une répression brutale, mais le mouvement avait surmonté sa peur. Cela a causé la division au sein de la clique dirigeante. Au final, même l’armée a dû être retirée de Tunis de sorte qu’elle ne soit pas contaminée. Les troupes de sécurité ont tenté de créer le chaos afin de discréditer le mouvement et de le diviser. Dans les quartiers, des comités de sécurité ont été établis en réponse à cela, et ensuite des comités pour le démantèlement du RCD, des comités pour le ravitaillement, etc. Les dirigeants d’entreprise se voyaient refuser l’accès à leur entreprise en raison de leurs liens avec le régime de Ben Ali.

    La révolution enfle

    49. Les marxistes décrivent une telle situation comme une situation de “double pouvoir”. Pour la bourgeoisie et l’impérialisme, il fallait supprimer le pouvoir de la rue et à nouveau canaliser le pouvoir vers ses institutions fiables. Pour le mouvement en Tunisie et pour le mouvement ouvrier international, il s’agit de ne plus laisser ce pouvoir s’échapper. De cela découle notre appel à élargir les comités, à les structurer de manière démocratique, et à les réunir sur les plans local, régional et national afin de poser la base pour une nouvelle société, avec une nouvelle constitution révolutionnaire. Un petit parti révolutionnaire de quelques dizaines de militants aurait pu changer le cours de l’Histoire avec un tel programme. Cela n’était hélas pas le cas. Les partis et groupes de gauche qui y étaient bien présents, ont choisi soit un soutien critique au gouvernement temporaire, soit d’orienter le mouvement vers les urnes et d’attribuer la question de la constitution à un comité pluraliste de “spécialistes”.

    50. Leur argument a été le classique « D’abord la démocratie, et puis on verra après pour le socialisme ». Il y a toujours bien une raison : pour ne pas défier l’impérialisme, pour conserver l’unité des démocrates, ou parce que les masses n’étaient pas prêtes. Cela reflète un manque de confiance dans le mouvement ouvrier et dans la capacité des masses. Ils ont laissé passer le moment. Les comités ont néanmoins été rapidement imités en Égypte et d’ailleurs aussi en Libye. En Égypte, est arrivée la construction de camps de tentes permanents qui fonctionnaient comme quartier général de la révolution. Cela a été un exercice en autogestion avec leurs propres équipes média, équipes communication, service d’ordre et même à un moment donné une prison improvisée. Ici il n’y avait aucune trace de la bestialité de la clique dirigeante. Ici il semblait clair que les soi-disant groupes de lynchage étaient l’oeuvre d’agents provocateurs du régime. Les coptes et musulmans égyptiens y travaillaient de manière fraternelle les uns avec les autres et se protégeaient les uns les autres pendant les services religieux. Ce n’est que par après que le vieux régime, via l’armée, a pu reprendre un peu plus de contrôle, que les tensions religieuses se sont à nouveau enflammées.

    51. C’était une caractéristique frappante du mouvement qu’il ait pu transcender les contradictions nationales, religieuses, tribales et ethniques avec un énorme sentiment de respect et de liberté. Ce sentiment pour le respect s’est également exprimé dans le rôle proéminent des femmes. Il y avait évidemment divers degrés, mais ce phénomène s’est produit dans toutes les révolutions, que ce soit en Tunisie, en Égypte mais aussi au Bahreïn, au Yémen, en Syrie et dans d’autres pays de la région. Dans chaque révolution, il y a des moments où les masses partent en confrontation directe avec l’élite dirigeante. La plupart prennent la forme d’une marche sur le parlement, le palais présidentiel, le ministère de la Défense, et autres institutions qui symbolisent le pouvoir dirigeant. Cela s’est passé à Tunis, au Caire, à Sana’a (Yémen), et à Manamah (Bahreïn). C’était ici que le manque d’un programme c’est exprimé de la manière la plus criante. Une fois arrivés sur place, les manifestants ne savaient en effet plus par quoi d’autre commencer. Ils restaient à trépigner sur place, puis finissaient par rentrer chez eux.

    52. Trépigner sur place, ce terme a parfois été pris de manière très littérale. L’occupation de la place Tahrir, de la place Parel (à Manamah), et de tant d’autres places symbolise ceci. On sentait par intuition qu’on ne pouvait pas simplement rester là. Les travailleurs occupaient leurs entreprises, les communautés avaient pris le contrôle de leur quartier, mais le moment de la prise du pouvoir, ils l’ont laissé filer. On a estimé la contribution des travailleurs sans doute importante, tout comme celle des mosquées ou des bloggers, mais la révolution, celle-ci appartenait au “peuple”. Le caractère de classe de la société n’avait pas assez pénétré. On s’est battu contre le chômage et la pauvreté, pour de meilleures conditions sociales, pour la liberté et pour la démocratie, mais on n’a pas encore compris que c’est contre l’organisation capitaliste de la société qu’il faut lutter si on veut tout cela. On a vu les travailleurs comme une partie de la population, pas encore comme avant-garde d’une nouvelle organisation de la société sur base de la propriété collective. Les travailleurs eux-mêmes ne se voyaient pas comme ça, parce qu’il n’y avait aucune organisation ouvrière, aucun syndicat et encore moins de partis qui puissent ou qui veuillent donner une expression à cela en termes de programme et d’organisation.

    53. Dans une telle situation, le vieux pouvoir, après avoir fourni les quelques sacrifices symboliques exigés, rétablit petit à petit son emprise. Les masses ont cependant développé une énorme énergie, ont surmonté leur peur, et sont devenues conscientes de leur propre force. En outre, les conditions matérielles vont continuer à les encourager à chaque fois à rentrer en action de nouveau. Une chance énorme a été perdue, mais la lutte n’est pas terminée. La prise du pouvoir n’est plus en ce moment en tête de liste à l’ordre du jour, mais la construction de syndicats, de partis ouvriers et surtout aussi de noyaux révolutionnaires, n’est pas seulement nécessaire, mais sera beaucoup mieux compris par la couche la plus consciente. De plus, une couche de militants va observer de manière beaucoup plus attentive les nuances qu’elle avait encore considérées comme peu importantes pour le mouvement.

    L’impérialisme reprend pied dans le pays

    54. L’impérialisme était encore en train de mener une guerre d’arrière-garde avec les partisans d’Al-Qaeda, lorsque les masses ont jeté par-dessus bord ses pantins dans la région et ont ainsi réalisé en quelques semaines ce qu’al-Qaeda n’a jamais pu faire. Il a perdu tout contrôle. Les masses dans la région étaient d’ailleurs très conscientes du fait que Moubarak, Ben Ali et autres dictateurs étaient maintenus en place par l’impérialisme. Il a fallu la brutalité du régime de Kadhafi en Libye pour que l’impérialisme puisse à nouveau prétendre jouer un rôle dans la région. Au début, les jeunes de Benghazi, qui avaient commencé la révolution, avaient laissé savoir à la presse internationale qu’ils ne souhaitaient aucune ingérence de la part de l’impérialisme. Bientôt apparaissaient cependant les drapeaux royalistes et des chefs rebelles autoproclamés, ex-laquais de Kadhafi, partaient rendre visite à l’Élysée.

    55. Kadhafi a sauté sur l’occasion pour semer le doute quant aux objectifs des rebelles. Cela lui a donné la possibilité d’infléchir le conflit social et politique en un conflit militaire, avec sa propre armée armée jusqu’aux dents. À l’est du pays, cela a fait croitre l’appel à un soutien militaire d’Occident, et les ex-laquais de Kadhafi ont vu leur chance pour pouvoir arracher l’initiative hors des mains de la jeunesse révolutionnaire. Cela a duré plus longtemps et couté plus cher que l’impérialisme avait prévu au départ. Il est loin d’être sûr qu’ils parviendront à stabiliser la situation. La Libye pourrait bien devenir le seul pays de la région dans lequel le fondamentalisme islamiste parvienne à accéder au pouvoir. Il y aura bien des courants qui ainsi justifieront leur soutien à Kadhafi. Ils affirmeront que l’entrée triomphale du “libérateur” Sarkozy, est une mise en scène. C’est d’ailleurs bien possible. Ils s’apercevraient cependant mieux que Sarkozy et l’impérialisme n’auraient pas pu prendre l’initiative sans la brutalité de Kadhafi.

    56. Le président syrien, Assad, a suivi dans les traces de Kadhafi. L’impérialisme ne va pas y intervenir aussi rapidement, à cause du danger de déstabiliser la région. Il est cependant certainement à la recherche d’une alternative à Assad, sans doute en préparation du résultat d’une probable guerre civile. Ici aussi un soutien, même critique, au régime brutal d’Assad, en guise de ce qui voudrait passer pour une rhétorique anti-impérialiste, serait une faute capitale pour la gauche et ne ferait que pousser les masses dans les bras de l’impérialisme. La manière dont l’impérialisme en revanche est déjà ouvertement en train de se partager le butin en Libye, même avant que Kadhafi ne soit renversé, illustre à nouveau le fait que le mouvement ouvrier international ne peut jamais donner la moindre confiance en l’impérialisme, et donc pas non plus ni à l’OTAN, ni à l’ONU, pour défendre ses propres intérêts. Dans nos textes, nous faisions allusion aux troupes révolutionnaires de Durruti en 1936, pendant la Révolution espagnole, afin d’illustrer ce qui aurait pu être entrepris dans une telle situation.

    Révolution permanente

    57. On ne peut pas être socialiste, si on n’est pas en même temps internationaliste. Les mouvements sociaux ont toujours eu une tendance à passer outre les frontières nationales. Le processus de mondialisation et les nouveaux médias ajoutent une dimension supplémentaire à cela. En Chine, le régime a pris des mesures pour étouffer dans l’oeuf toute contagion par le mouvement au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Au Chili aussi, mais avec beaucoup moins de succès. Même les travailleurs et jeunes américains grèvent désormais “like an Egyptian”, entre autres au Wisconsin. Ils construisent des campements en plein dans l’antre du lion, à Wall street, et n’ont plus peur de la répression. Les syndicats sont de plus en plus impliqués. Même les travailleurs et jeunes israéliens ont donné une claque à tous ceux qui pensaient que dans ce pays vivait une grande masse réactionnaire sioniste. Cela confirme notre thèse selon laquelle le fossé entre la bourgeoise sioniste et les travailleurs et jeunes israéliens s’approfondit. Pour les masses palestiniennes, voilà leur allié le plus important.

    58. Le centre du mouvement est clairement passé de l’Amérique latine au Moyen-Orient, à l’Afrique du Nord et surtout à l’Europe. L’Amérique latine a déjà servi dans les années ’80 de laboratoire pour le néolibéralisme. Cela y a mené à des mouvements de masse. Dans toute une série de pays, comme au Venezuela, en Bolivie, et en Équateur, sont arrivés au pouvoir des régimes dont les agissements n’ont pas été du gout de l’impérialisme. Ils se sont en général basés sur un populisme de gauche, ont pris tout une série de mesures sociales importantes, et malgré le fait qu’aucun d’entre eux n’ait complètement rompu avec le capitalisme, ils ont été une source d’inspiration pour de nombreux travailleurs partout dans le monde.

    Révolte en Europe

    59. Les recettes que la Banque mondiale et le Fonds monétaire international gardaient pour le “tiers monde”, ont été après la crise de 2008 appliquées pour la première fois dans un État-membre de l’UE, d’abord dans les nouveaux, puis dans les plus anciens. Comme cela était encore requis, cela a été le test ultime de la loyauté de la social-démocratie envers la politique néolibérale. Elle a réussit avec la plus grande distinction. La réaction du mouvement ouvrier ne s’est pas fait attendre. Il y a eu des manifestations et des grèves massives en protestation contre l’austérité illimitée dans presque chaque pays de l’Union européenne. Ce n’est pas la combativité qui manque. La stratégie des dirigeants syndicaux a cependant en général été un plaidoyer en faveur d’une austérité moins dure, d’une répartition plus équitable des pertes et d’une austérité qui n’entrave pas la croissance. Toute action a été aussi freinée et sabotée que possible. Malgré le fait que l’austérité touche tous les secteurs, les mouvements spontanés ont été isolés autant que possible. Aucune perspective n’a été offerte quant à une possibilité de victoire. C’est comme si on fait grève et manifeste, seulement pour confirmer que l’on n’est pas d’accord avec la politique d’austérité mise en oeuvre, mais sans mot d’ordre clair, sans parler d’une alternative.

    60. Ici et là les directions syndicales ont été obligées d’appeler à des grèves générales. Mais ce surtout des grèves appelées en vitesse et d’en haut qui, malgré la participation massive, sont peu ou pas du tout préparées, et qui ne sont pas orientées vers la construction d’un véritable rapport de force. En général ils servent tout au plus à laisser échapper de la vapeur. Dans ces mobilisations, les travailleurs sentent leur force potentielle, mais réalisent qu’il n’y a aucune stratégie derrière elles afin d’assurer une victoire. En Grèce, nous sommes entretemps à la 12ème journée de grève générale, mais le gouvernement n’a pas été ébranlé d’un millimètre. Cela mène à la frustration envers les dirigeants, qui sont désormais déjà aussi fortement haïs par leur base que les politiciens qui appliquent l’austérité. Certaines centrales qui adoptent une attitude plus combative, telle que la FIOM (Federazione Impiegati Operai Metallurgici – Fédération des ouvriers salariés métallurgistes), la centrale des métallos en Italie, membre de la CGIL (Confederazione Generale Italiana del Lavoro), ou bien quelques syndicats britanniques dans les services publics comme le PCS et le RMT (le Public and Commercial Services union et le National Union of Rail, Maritime and Transport Workers), peuvent cependant compter sur une approbation enthousiaste. Aux Pays-Bas, il n’est pas exclu que l’on voie une scission entre la FNV (Federatie Nederlandse Vakbeweging – Confédération syndicale néerlandaise) et ses deux plus grandes centrales, la FNVbondgenoten (centrale de l’industrie) et la Abvakabo (Algemene Bond van Ambtenaren / Katholieke Bond van Overheidspersoneel – Centrale générale des fonctionnaires / Centrale chrétienne du personnel étatique) sur base de la question des pensions. Nous pouvons nous attendre à ce que la lutte de classe dans la période à venir se répande également au sein des structures syndicales, avec l’expulsion des militants combatifs, mais aussi le remplacement des vieux dirigeants usés par de nouveaux représentants plus combatifs.

    61. Les attaques sont cependant si dures et si généralisées que de nombreux jeunes et aussi de nombreux travailleurs ne peuvent ou ne veulent pas attendre que les choses soient réglées à l’intérieur des syndicats. Certains ne croient tout simplement plus en le fait que les syndicats puissent encore un jour devenir un instrument de lutte, encore moins pour pouvoir obtenir un véritable changement. Il faut dire que les dirigeants ne font pas le moindre effort pour réfuter cette impression. On dirait bien qu’ils sont heureux d’être libérés de ce fardeau. Toute une série de jeunes et de travailleurs se reconnaissent dans le mouvement de la place Tahrir. Ils croient que les syndicats et les partis sont des instruments du siècle passé, qui par définition mènent à la bureaucratie, aux abus et à la corruption, et que maintenant une nouvelle période est arrivée, celle des réseaux et des nouveaux médias. Il faut bien dire que ces réseaux peuvent être exceptionnellement utiles aux syndicalistes aussi, afin de pouvoir briser la structure verticale bureaucratique au sein de leurs syndicats.

    62. Les nouvelles formations de gauches sont encore moins parvenues à apporter une réponse. Elles devraient se profiler en tant que partis de lutte qui formulent des propositions afin d’unifier tous les foyers de résistance et de contribuer à l’élaboration d’une stratégie qui puisse mener à une victoire. Au lieu de cela, ces nouvelles formations, dans le meilleur des cas, se contentent de courir derrière le mouvement. Elles voient la lutte sociale non pas comme un moyen de mobiliser de larges couches pour une alternative à la politique d’austérité, mais espèrent uniquement obtenir de bons scores électoraux sur base du mécontentement. C’est une grave erreur de calcul. Elles se profilent en tant qu’aile gauche de l’establishment politique, comme le Bloco de Esquerda au Portugal, qui ne va pas plus loin que la revendication de la renégociation de la dette, ou comme le PCP (Parti communiste portugais), qui ne dénonce que la répartition injuste de l’austérité. La plupart de ces nouvelles formations de gauche, comme Syriza en Grèce, le SP hollandais, ou Die Linke en Allemagne, viennent maintenant d’effectuer un virage à droite. Tandis que le monde se retrouve sens dessus-dessous, le NPA est hypnotisé par les prochaines élections présidentielles.

    63. En intervenant avec tact dans le mouvement des indignados et autres mouvements qui prennent place en-dehors des mouvements sociaux traditionnels, ces nouvelles formations de gauche pourraient convaincre ces jeunes du fait qu’il ne faut pas faire l’amalgame entre la légitime aversion envers les politiciens et les dirigeants syndicaux et la base syndicale, et de la manière dont fonctionnerait un parti démocratique de la classe ouvrière. Au lieu de cela, elles restent absentes, ou participent à titre individuel. Il y a pourtant besoin d’une coordination entre les différents mouvements de protestation et d’une orientation vers la seule classe qui puisse réaliser le changement de société, la classe ouvrière. Il n’y a pas de meilleur moment pour discuter et mobiliser autour de la seule revendication capable de mettre un terme à la casse sociale : la fin du remboursement de la dette aux banques. Ce n’est que par la nationalisation des secteurs-clés de l’économie, et en particulier du secteur de la finance, sous le contrôle démocratique du personnel, que la collectivité pourra mobiliser l’ensemble des forces productives dans la société et accorder un emploi et un salaire décent pour chacun.

    64. Les mouvements en-dehors des structures officielles sont très explosifs, mais ils ont aussi la tendance à rapidement s’éteindre. Les énormes contradictions et les attaques continues de la part de la bourgeoisie engendrent cependant toujours plus de nouveaux foyers. Il y a des similitudes avec le mouvement antimondialisation du début de ce millénaire. C’était surtout un mouvement contre la répartition inéquitable, mais de manière abstraite, la partie officielle du mouvement oeuvrait surtout à des issues afin de tempérer le “capitalisme sauvage”. Les dirigeants syndicaux ont soutenu, tout comme les ONG, tandis que les travailleurs étaient plutôt observateurs que participants actifs. La crise économique est maintenant présente de manière bien plus proéminente. Le mouvement exprime des questions qui portent sur le système lui-même. Ce n’est plus seulement une protestation, mais aussi un appel au changement. Les travailleurs ne sont plus observateurs, mais participants actifs. Les dirigeants syndicaux, les ONG et les universitaires ne jouent clairement plus le même rôle central. Cela concerne maintenant nos emplois, nos salaires, nos vies. La volonté de changement et la composition sociale du mouvement mène également à la recherche d’une alternative. C’est la caractéristique la plus importante.

    65. Il est clair que les jeunes et les travailleurs adoptent de manière intuitive une position internationaliste. La crise frappe partout. Il n’y a aucune solution possible dans le cadre d’un seul pays. Même si le CIO n’a pas partout les quantités numériques que nous avions au milieu des années ’80, notre poids relatif à l’intérieur du mouvement ouvrier organisé est aujourd’hui plus fort qu’à ce moment-là. Nous avons des militants dans la plupart, si pas dans tous les pays où les travailleurs et les jeunes sont en mouvement, certainement en Europe. Dans un certain nombre de pays, nous jouons un rôle important, quelquefois décisif au sein des syndicats ou dans les mouvements étudiants. Nous avons la chance de disposer d’une série de figures publiques saillantes, aussi de parlementaires, y compris dans le Parlement européen. Nous devons saisir cela afin de recadrer notre lutte à l’intérieur de celle pour une fédération socialiste des États d’Europe.

    66. La faiblesse de la gauche peut mener à des actes de désespoir tels que les émeutes au Royaume-Uni, que la droite ne se prive pas d’utiliser pour susciter un soutien social en faveur de plus de répression. Le populisme de droite va utiliser la défaillance de la gauche et le plaidoyer pour une austérité plus douce pour se projeter en tant que soi-disant barrage contre la casse du bien-être de la population autochtone travailleuse. La période à venir va cependant faire pencher le pendule plus à gauche. Le mouvement que nous avons vu jusqu’à présent n’est qu’un signe avant-coureur de nouvelles explosions de masses, dans lesquelles le mouvement ouvrier va se réarmer politiquement et organisationnellement. Même une poignée de socialistes de lutte tenaces et bien préparés peut jouer un rôle déterminant dans cela. La faillite de l’Argentine en 2001 a mené à des mouvements de masse. En 18 mois, il y a eu 8 grèves générales. Puis on suivi des occupations d’entreprise. Les jeunes chômeurs, les piqueteros, construisaient chaque jour des barricades dans les rues. Les classes moyennes qui voyaient leurs économies s’évaporer sont descendues en masse dans les rues avec des pots et des casseroles, les carcerolazos, comme on les a appelés. Le 19 décembre 2001, des masses de chômeurs et de travailleurs précaires ont attaqué les supermarchés pour satisfaire leur faim. Le gouvernement a appelé à l’état d’urgence. Un jour plus tard, a eu lieu une confrontation de dizaines de milliers de manifestants avec la police. Il y a eu des dizaines de morts, et des centaines de blessés. En deux semaines, se sont succédé cinq présidents.

    67. Hélas, il manquait un parti révolutionnaire avec une alternative socialiste. Lorsque le mouvement social s’est terminé dans une impasse, beaucoup de gens se sont concentrés sur le terrain électoral. Luis Zamora, un ex-trotskiste avec un soutien de masse, n’aurait pas gagné les élections, mais a pu avoir utilisé son influence dans les élections pour mobiliser des milliers de travailleurs et de jeunes et avoir fait un début avec la construction d’un parti ouvrier socialiste. Zamora a hélas décidé de ne pas participer et s’est mis de côté dans cette lutte. Le contexte international dans lequel ce mouvement a pris place était cependant du point de vue de la bourgeoisie bien plus stable qu’aujourd’hui. De la même manière, nous pouvons nous attendre dans les années à venir à des mouvements explosifs qui peuvent prendre toute une série de formes possibles et de plus, auront un bien plus grand effet international. De temps à autre, ce mouvement se traduira plutôt sur le plan électoral, comme avec l’élection des cinq parlementaires de l’Alliance de gauche unie en Irlande. Pour nous, la lutte ne s’arrête pas là, mais il s’agit d’employer ce terrain aussi au maximum et d’utiliser les positions conquises en tant que tribune pour renforcer la lutte sociale.

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