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Tag: Davos
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85 riches possèdent autant que la moitié de l’Humanité !
Il nous faut un autre système!
En ce début d’année, le premier ministre Di Rupo (PS) n’a cessé de multiplier les réunions de famille. Forum économique de Davos, Cercle de Wallonie,… Son message est clair : selon lui, ‘‘la Belgique est sur la bonne voie’’. Mais qu’est-ce que cela peut bien vouloir dire dans un pays sans croissance et où les maigres emplois créés ne permettent plus depuis longtemps de compenser les fermetures et destructions massives d’emploi ?!
Par Baptiste (Nivelles)
Il suffit de savoir à qui ce discours est adressé : aux fortunés, au patronat et à leurs plus puissants défenseurs. Se présentant comme étant leur ‘‘humble serviteur’’, le Premier ministre s’efforce de maintenir les privilèges des nantis en faisant payer la crise aux travailleurs et à leur famille, car après tout ‘‘ce sont les entrepreneurs qui sont à l’origine du bien-être de la population’’. Et peu importe le fait que nous créons les richesses par notre travail, quelque part nous ne faisons que profiter du système, et en particulier les bénéficiaires d’allocations bien entendu…
Ce sont pourtant ces politiques néolibérales qui ont créé un fossé toujours plus grand entre riches et pauvres, alors que jamais dans l’histoire de l’humanité il n’y a eu autant de richesses et de possibilités technologiques. Ces richesses permettraient à chacun d’avoir accès à des conditions de vie décentes, mais la réalité est tout autre.
De la précarité à la pauvreté
Pour 99% de la population, le bilan n’est pas folichon : austérité budgétaire tous azimuts, gel des salaires, réforme des prépensions, dégressivité accrue des allocations de chômage,… Pour beaucoup de ménages, notamment quand il y a une perte d’emploi, la route vers la pauvreté est de plus en plus courte. La réforme du chômage de 2012 prévoyait une baisse de 25% du montant des allocations, et à cela s’ajoute une augmentation des sanctions et l’exclusion des allocations d’insertion d’environ 55.000 personnes le 1er janvier 2015. En 2010, les indemnités de chômage ne représentaient déjà plus que 27% du salaire annuel brut moyen, contre encore 42% 20 ans plus tôt. Nul doute que la situation s’est encore dégradée.
La Belgique : un paradis fiscal sans île, mais bien rentable
Par contre, pour les patrons et autres nantis à la recherche de refuge fiscal, la Belgique est ‘‘the place to be’’, grâce à l’absence d’impôt sur la fortune et parfois carrément sur les bénéfices réalisés par les entreprises. Pourtant, le taux d’imposition des sociétés est théoriquement de 33,99%. Mais dans les faits, en intégrant les divers cadeaux offerts au patronat, intérêts notionnels en tête, ce taux n’avoisine plus que les 20% depuis 2008. Pour l’année 2012, on estime que la déduction des intérêts notionnels a permis aux entreprises en Belgique d’exempter d’impôt quelque 20,4 milliards € de bénéfices engrangés.
La baisse du taux effectif est quasi continuelle depuis 2001, et ce n’est plus un secret pour personne, ce sont les plus puissantes multinationales présentes en Belgique qui payent le moins sur des bénéfices souvent gigantesques : ArcelorMittal, Electrabel, Janssen Pharmaceutica, ABInbev,…
À qui ce système profite-t-il ?
En Belgique, ce pays où tout va bien, environ 15% de la population vit sous le seuil de pauvreté tandis qu’en même temps les 20% les plus riches possèdent 61% du patrimoine financier.
Pour nous, les factures ne font qu’augmenter sous la pression de plans d’austérité se chiffrant à chaque fois à plusieurs milliards ; pour eux, tout est mis en place pour préserver les milliards de bénéfices. Après un à trois ans de chômage, un chef de ménage devra s’en sortir avec 1.090,70€/mois, un cohabitant avec 483,86 €/mois ; au même moment, les patrons d’entreprises publiques se voient subir l’affront de recevoir des rémunérations annuelles plafonnées à 250.000 €… Alors, qui profite du système : ceux qui tentent de survivre avec des moyens à en manger des cailloux ou ceux qui vivent grassement à ne plus savoir que faire de leur pognon ?
Lors de son discours de rentrée, la secrétaire générale de la FGTB Anne Demelenne a déclaré vouloir le retrait de la réforme du chômage au vu de la catastrophe sociale imminente. Des actions seraient à prévoir d’ici les élections du 25 mai, pour ‘‘ faire passer la revendication à tous les partis traditionnels’’. Nous avons besoin d’un plan d’action pour lutter contre cette escroquerie néolibérale, mais jouer le rôle de l’aiguillon pour des partis qui ne nous représentent pas n’est plus viable. De plus, nous avons besoin d’un parti politique qui représente nos intérêts !
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Pour une représentation politique des luttes des travailleurs !
Meeting pour une alternative à la gauche du PS et d’ECOLO à Charleroi
Construisons ensemble une alternative de gauche à la crise capitaliste
Samedi 27 avril 2013, 13h30, à la Géode à Charleroi

Voici un an, le Premier Mai, la FGTB CHARLEROI & SUD-HAINAUT dénonçait l’austérité et constatait que le PS et ECOLO n’étaient plus un relais politique aux revendications du monde du travail. Dans son discours, le Secrétaire Régional Interprofessionnel appelait à un rassemblement politique à gauche de ces partis pour rendre espoir et dignité aux travailleurs et travailleuses. Quelques semaines plus tard, le Secrétaire Général de la CNE s’exprimait dans le même sens. Plusieurs responsables syndicaux faisaient de même.
- Evénement Facebook
Tous ensemble contre l’austérité, la misère et l’injustice
Les constats dressés par les organisations syndicales en 2012 sont plus que jamais d’actualité. Depuis 2012, la situation des travailleurs et des allocataires sociaux s’est encore détériorée. Alors que des milliers d’emplois risquent de passer ou passent à la trappe, ARCELORMITTAL, Caterpillar, Ford GENK, … le gouvernement continue la chasse aux chômeurs et le détricotage de la Sécurité Sociale. Les femmes sont les principales victimes. Les salaires sont bloqués, l’index manipulé, le temps de travail annualisé, les jeunes sont précarisés. À propos du Budget 2012, le Secrétaire Régional de la FGTB CHARLEROI & SUD-HAINAUT disait, le 1er mai, « Ce budget est à nos yeux un budget antisocial et antisolidaire. C’est de l’austérité pour de l’austérité. … des mesures qui touchent le monde du travail, actifs et inactifs, travailleurs du privé et des services publics, si souvent eux aussi la cible du politiquement correct. Dès lors qu’on laisse capital et grosses fortunes tranquilles ».
Depuis 2008, partout en Europe et aux Etats-Unis, les banques ont été renflouées à coups de milliards, sur le dos de la collectivité, creusant ainsi les déficits publics. Nous sommes en 2013 et chaque « contrôle budgétaire » voit se répéter la chasse aux milliards. Croyez-vous que l’on a fait contribuer les entreprises et les grosses fortunes ? A Davos en janvier, le premier ministre, vantait les mérites des « intérêts notionnels » devant le gratin capitaliste mondial et se fendait d’un twit « de solidarité » avec les travailleurs d’Arcelormittal… En 2012, Arcelormittal a encore déduit 118 millions de ses impôts grâce aux intérêts notionnels. Avec 1,3 milliard de bénéfices en 2009 et 2010, il a payé 0 euro d’impôt. À la question : qui renflouera le holding Dexia ? La réponse est évidente : les finances publiques. À la question : qui paiera la note de la récession économique et de la dette publique ? La réponse est aussi évidente : le monde du travail.
Ce système ne peut être réformé. Il doit disparaître!
C’est ce que disait le Secrétaire Régional de la FGTB CHARLEROI & SUD-HAINAUT en 2012. « Combien de temps allons-nous encore, Camarades, nous laisser tondre la laine sur le dos ? Car, Camarades, c’est bien de cela dont il s’agit. Il nous faut mettre ce système capitaliste aux oubliettes de l’histoire. Ce système ne peut être réformé. Il doit disparaître. Mais se contenter de l’affirmer du haut de cette tribune ne suffit pas. Faut-il encore nous en donner les moyens et le relais politique pour concrétiser notre objectif ».
Un relais politique d’un type nouveau qui rassemble, se nourrit des résistances sociales et qui les renforce : voilà en effet ce qu’il faut construire pour redonner espoir au monde du travail. Certains pensent qu’il serait possible de « peser » sur le PS et ECOLO pour qu’ils (re)deviennent des partis de gauche. C’est une illusion. Nous préférons inviter les militants de gauche du PS et d’ECOLO à nous rejoindre pour construire ensemble une alternative. On nous rétorque souvent « qu’en Belgique, le paysage politique oblige à composer ». Daniel PIRON répondait le 1er mai 2012 « qu’à force de composer, on se décompose, on se dilue. Et pour l’instant, c’est la gauche qui se dilue dans la droite ». Le résultat, ce sont les catastrophes sociales que vivent aujourd’hui les populations grecque, portugaise, espagnole, chypriote et irlandaise. Notre ambition n’et pas de composer et de nous diluer au pouvoir. Elle est de nous opposer jusqu’au moment où nous pourrons imposer une alternative digne de ce nom.
Pour une alternative de gauche à la crise capitaliste
Il est illusoire de penser qu’on peut réformer le capitalisme pour qu’il devienne un « bon » capitalisme de relance. Il faut donc être clair : il faut une stratégie pour sortir du capitalisme et le remplacer par un autre système qui satisfait les besoins de la population et préserve notre planète.
Nous en appelons à toutes celles et ceux qui se reconnaissent dans cet appel, à tous les militants, tous les travailleurs, d’où qu’ils soient et qui partagent notre point de vue à nous rejoindre pour en débattre.
Programme de la Journée:
13H30 : Accueil.
14H00 : Début des travaux. Introduction par D. PIRON, Secrétaire Régional FGTB CHARLEROI & SUD HAINAUT et Isabelle VANSCHOOR, Secrétaire principale CNE HAINAUT.
- Rappel des motivations de l’appel du 1er Mai 2012 de la FGTB à construire une alternative à gauche du PS et d’Ecolo (D. PIRON). Travaux en cours.
- En quoi la CNE se retrouve-t-elle dans l’appel du 1er mai 2012 de la FGTB ?
14H30 : Témoignages de délégué(e)s.
- Un délégué du Non marchand.
- Un TSE.
- Un délégué d l’industrie.
- Un délégué des Services Publics.
En quoi, les politiques menées par les gouvernements à participation socialiste, ont-elles des conséquences néfastes pour le monde du travail ?
15H00 : Répartition des participant(e)s en groupe de travail avec un rapporteur et un animateur (du banc syndical).
Invitation à répondre à deux questions majeures :
A. Quels sont les terrains que les partis traditionnels, dits de Gauche, ont déserté et qu’il faudrait réinvestir ?
B. Quelles suites donner à cette première, journée de rencontre et de réflexion à moyen terme ?
16H00 : Pause café et lunch.
Durant cette pause, les rapporteurs des groupes de travail se réuniront avec D. PIRON et I. VANSCHOOR pour préparer une synthèse d’ensemble à présenter en plénière.
17H00 : Présentation par D. PIRON et I. VANSCHOOR de la synthèse générale en plénière.
17H30 : Conclusions et contact avec la Presse.
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La crise se résoudra-t-elle par la seule justice fiscale ?
Face à la crise, de plus en plus de voix s’élèvent pour établir une plus grande justice fiscale. Cela va d’une fiscalité écologique au rétablissement de tranches d’impôts supplémentaires, en passant par la taxe des millionnaires. Ces mesures sont nécessaires et souhaitables, mais ne pourront à elles seules nous permettre de faire face à la crise profonde que traverse le système de production capitaliste.
Alain (Namur)
Aujourd’hui, la classe dominante ne veut pas seulement modifier les lois sur l’imposition de leur richesse, elle veut modifier la politique économique pour pousser plus loin le taux d’exploitation, c’est-à-dire augmenter la part de travail gratuit qu’elle impose aux travailleurs. Le patronat joue de la concurrence pour imposer des conditions de plus en plus défavorables aux travailleurs à travers le monde. Prenons les multinationales : celles-ci n’hésitent pas à faire du chantage à l’emploi face aux revendications des travailleurs. Si on ne prend que les filiales étrangères implantées en Belgique, les multinationales représentent plus de 500.000 emplois et produisent une valeur ajoutée de 63 milliards d’euros. Aujourd’hui, chaque pays est mis en concurrence pour avoir le taux d’imposition le plus bas, les salaires les plus bas et les conditions d’emplois les plus basses. Nous vivons dans un système où la propriété des grands moyens de production est extrêmement concentrée dans très peu de mains (147 multinationales contrôlent 40% du chiffre d’affaires engendré par les entreprises au niveau mondial). Malgré le fait que ceux qui possèdent ces richesses ne soient pas nombreux, ils sont très bien organisés et conscients de leur statut de classe.
En Belgique, par exemple, l’industrie pharmaceutique s’est organisée autour de Pharma.be. Leurs modalités d’actions étaient, selon Le Vif, des “réunions discrètes avec le top du gouvernement hors syndicats, étude confidentielle mettant la Belgique en concurrence avec six autres pays, menaces de délocalisation… Rédigée par un grand cabinet d’avocats payé notamment par GSK, la loi a été votée à la Chambre sans aucun débat de fond, noyée dans une loi-programme de 42 pages.”
On le voit, les capitalistes peuvent compter sur l’ensemble des institutions de l’Etat pour défendre leurs intérêts. Ils disposent de partis politiques qui relaient leur programme élaboré dans leurs institutions comme le FMI, la Commission européenne, l’OCDE,… Au moment de l’annonce de nouvelles fermetures de sites d’ArcelorMittal à Liège, au forum économique mondial de Davos, Di Rupo vantait le quasi-paradis fiscal belge et le climat “business friendly” belge devant un parterre de gros capitalistes. Pour quel résultat ?
Les grandes entreprises ne payent quasiment aucun impôt en Belgique. Grâce à la loi taillée sur mesure décrite ci-dessus et aux intérêts notionnels, GSK a pu sortir presque 2,6 milliards d’euros de sa base imposable ces 4 dernières années (une économie de 892 millions d’euros…). Pour l’ensemble des 50 plus grandes entreprises, le taux d’imposition moyen est de 0,57% et seulement de 3,76% pour les 500 sociétés qui ont réalisé le plus gros bénéfice en 2009 !
Non à l’extorsion de fonds !
Nous devons reprendre le contrôle des outils et des richesses produites par la collectivité. La fiscalité juste ou une taxe des millionnaires ne nous permettra pas de réorienter la production vers les besoins sociaux. C’est la propriété privée des moyens de production qui permet aux capitalistes d’organiser le démantèlement social et environnemental. C’est par la propriété collective des grandes entreprises, la nationalisation du secteur bancaire et la mise sous contrôle démocratique des travailleurs que l’on pourra avoir un effet de levier sur la transformation de l’ensemble de la société.
En France, après que le gouvernement Hollande-Ayrault ait évoqué une imposition de 75% sur les tranches de revenus supérieures à 1 million d’euros, c’est 54 milliards d’euros qui ont quitté le pays entre octobre et novembre 2012. Sans contrôle sur les banques, sans contrôle sur les moyens de production, il n’est pas possible d’endiguer ce mouvement.
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Reprise économique : Le pire derrière nous? Qui peut le croire?
Vous aussi vous l’avez remarqué ? Malgré l’annonce dramatique des fermetures de Ford à Genk et d’ArcelorMittal à Liège, malgré la cascade de faillites que cela entraîne, malgré la dislocation de quartiers entiers, de villes et de régions, malgré la monté excessive de la pauvreté,… les politiciens, les patrons, leurs bureaux d’étude ‘‘indépendants’’ et leurs médias s’accrochent avec acharnement au mythe selon lequel le pire est derrière nous.
Par Eric Byl
Ce mythe est basé sur l’illusion que le processus de ‘‘destruction créatrice’’ cessera bientôt et que les vieux sites ‘‘non-productifs’’ (lisez : qui ne génèrent pas suffisamment de profits) seront remplacés par de nouvelles structures productives. L’élite économique trouve géniale toute cette théorie de la ‘‘destruction créatrice’’ de l’économiste autrichien Schumpeter (1883-1950). Enfin une explication pour le phénomène d’expansion et de récession qui poursuit le capitalisme depuis son origine ! Mais l’élite capitaliste préfère oublier que Schumpeter a emprunté sa théorie à Karl Marx.
Dans son Manifeste du Parti Communiste (1847) celui-ci disait que la bourgeoisie ne peut exister ‘‘sans révolutionner constamment les instruments de production’’ en conséquence de la concurrence, c’est la principale loi du développement du capitalisme. Mais, contrairement à Schumpeter, Marx avait également immédiatement compris ses limites. Il a démontré que la fureur concurrentielle allait énormément augmenter le coût d’investissements en capital (surtout en recherches et en machines), que les petits producteurs étaient destinés à se faire écraser par les grands, que la concurrence s’accompagnerait de la constitution de monopoles et de cartels, que le capitalisme développait son propre fossoyeur – la classe des travailleurs- et que le capital d’investissements requis deviendrait finalement trop important pour séduire des investisseurs privés.
L’an dernier, les actions des bourses européennes ont grimpé de 15%, celles de la bourse japonaise de 25%. Durant les trois premières semaines de cette année, 3% s’y sont encore ajoutés en Europe et 5% au Japon. Comparez cela aux miettes que vous recevez sur votre compte d’épargne ou sur votre compte à terme ! Les 9 premiers jours de 2013, 22 milliards de dollars ont afflué sur les bourses à travers le monde ! Le pire de la crise est-il passé ? Non.
Des ‘‘spécialistes’’ expliquent cette montée des actions par le gage donné par la Banque Centrale Européenne de ne pas laisser tomber les banques européennes, grâce à l’accord budgétaire conclu aux Etats-Unis, par la baisse des taux d’intérêts espagnols et italiens et par l’assouplissement de Bâle III qui gère les exigences des capitaux propres des banques. D’autre part, le chômage progresse en Europe de façon alarmante et toute une série de datesbutoir sont face à nous. Ainsi, à la mifévrier, il faudra à nouveau relever le plafond des dettes aux Etats-Unis, les autorités espagnoles devront sauvegarder leur système bancaire sans pousser l’économie de récession en dépression et les autorités irlandaises devront bientôt retourner faire appel à l’aide des marchés financiers.
Qu’importe le zèle avec lequel Di Rupo et consorts défendent le régime fiscal belge au Forum Economique Mondial de Davos, les investissements obtenus ont un caractère spéculatif important et ne représentent que des miettes en comparaison de la montagne de liquidité (près de 8.000 milliards de dollars) que les entreprises accumulent sur leurs comptes à travers le monde en refusant d’investir dans la production. Comment les actions en Bourse augmentent-elles leur valeur ?
Pour nous, il s’agit à nouveau d’une bulle spéculative après celle d’internet, des matières premières, des obligations, etc. Mais, sans la moindre question au sujet des fondations économiques actuelles, toute la meute de propriétaires de capitaux fonce dans cette direction. Que le gouvernement, par la voix du ministre des finances Vanackere, veut inciter la population à parier ses épargnes dans ce casino illustre que personne dans l’establishment n’a tiré de leçons de la précédente phase de la crise.
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En Bref…
Chaque samedi, nous publions dans cette rubrique quelques faits marquants, des citations, de petites vidéos,… Aujourd’hui, petit retour sur la situation en Haïti deux ans après le séisme, l’austérité en Belgique et son porte-parole Elio Di Rupo, le taux de pauvreté en Belgique et quelques autres petites choses.
Haïti : 500.000 personnes vivent toujours sous tentes
Deux ans après le séisme qui avait frappé Haïti le 12 janvier 2010 et avait causé la mort de plus de 200.000 personnes, le chaos persiste encore. Le responsable de l’USAID, l’agence américaine pour le développement, a déclaré que "Haïti est en train de se reconstruire (…) L’économie a connu une croissance de 6% l’an passé et USAID y a participé de plusieurs manières." Mais le principal exemple qu’il cite est la mise en place d’une… zone industrielle! L’assistance des Etats-Unis se poursuivra dans les années à venir, a-t-il encore assuré, avec des efforts portés sur le "redressement de l’économie" et le "renforcement des institutions politiques". Autrement dit, les priorités concernent le fait de garantir les profits des entreprises et la ”stabilité politique du pays”. Pendant ce temps, plus de 500.000 personnes sont encore forcées de vivre dans des tentes…
Di Rupo : ”Personne ne peut échapper aux efforts de redressement !”
Cette semaine s’est déroulée la cérémonie du Manager de l’Année de Trends-Tendance, en présence notamment du Premier Ministre Elio Di Rupo. Il a notamment été question dans son discours des mesures d’austérité. Il y a déclaré entre autres : ”Des efforts importants sont demandés à chacun. Aux politiques, aux fonctionnaires, aux allocataires sociaux, aux travailleurs et aux entreprises. Personne ne peut échapper aux efforts de redressement car il en va de l’équilibre global de notre société. Les réformes profondes et indispensables que nous mettons en œuvre ne seront acceptées que si tout le monde contribue à leur réussite.” On se demande bien de quel équilibre il veut parler, puisque ces mesures antisociales frappent durement les travailleurs et leurs familles, et laissent les spéculateurs, grands patrons et banquiers en paix. Cette même semaine, Di Rupo a d’ailleurs reconfirmé son allégeance à la Commission européenne et à ses politiques, notamment après les propos de Paul Magnette…
Des troubles internes au PS ?
… Paul Magnette a donc été l’invité de Matin Première ce jeudi. En cette occasion, il a critiqué la politique de la Commission européenne qui "prépare 15 ans de récession pour l’Europe". Il a aussi critiqué le salaire perçu par les patrons des entreprises publiques : "Il faut revenir à la gestion raisonnable". Il poursuit : "Qui est en train de faire l’analyse de nos budgets et de nous donner des bons ou des mauvais points ? C’est la Commission européenne !" C’est donc normal qu’elle soit dans le collimateur, estime-t-il. "Pour le reste, il y a beaucoup d’hommes politiques flamands qui se cachent derrière la Commission pour faire passer des réformes de droite sans l’assumer". A ce niveau, le PS n’a aucune leçon à recevoir. Combien de fois de pareilles déclarations ont pu permettre au PS d’être un pied au pouvoir (où il est depuis… 1988!) et un pied dans l’opposition. Sauf que, maintenant, le Premier Ministre est PS, et a dû désavouer les propos de Paul Magnette. Que l’on se rassure toutefois, il y a de fortes chances que tout cela n’était qu’une belle opération de communication, domaine dans lequel excelle le PS. Paul Magnette n’a tout de même pas appelé à participer massivement à la grève générale du 30 janvier pour lutter contre l’application de la politique de la Commission européenne en Belgique, une opération de communication a d’étroites limites…
Près de 15% des Belges vivent sous le seuil de pauvreté
Le premier annuaire fédéral sur la pauvreté vient d’être publié et met en avant que pas moins de 14,6% de la population belge vit sous le seuil de pauvreté, un pourcentage encore plus important parmi les jeunes et les personnes âgées. Quant au reste de la population, travailler ne constitue même plus une protection contre la pauvreté. Le seuil de pauvreté est fixé à 973 euros par mois pour les personnes isolées et 2.044 euros pour les ménages composés de deux adultes et deux enfants. Le seuil de pauvreté atteint 18,5% des enfants âgés de 0 à 18 ans et 19,4% des personnes âgées de plus de 65 ans. "Le préjugé selon lequel il suffit de travailler pour échapper à la pauvreté s’avère faux", a expliqué l’un des auteurs, Willy Lahaye, de l’Université de Mons, en pointant la responsabilité de l’augmentation des emplois précaires. Entre données, cet annuaire dénonce qu’un quart des Belges bénéficiant des revenus les plus faibles (28,5%) postposent leurs soins de santé pour raisons financières. Près de 32% des Belges bénéficiant des revenus les plus faibles souffrent d’une ou plusieurs maladies chroniques.
Une génération sans avenir
Le Forum Economique Mondial (FEM) tire des perspectives bien sombres pour notre avenir. Son rapport concernant les “risques mondiaux” rendu public en introduction au sommet de Davos et parle du danger constitué par tous ces jeunes qui forment une “génération sans avenir”. Que ces jeunes entrent en résistance contre le système capitaliste rendent sa survie incertaine. Voilà en tout cas l’avis des chefs d’entreprises, car ce rapport du FEM est basé sur un sondage qui a impliqué 469 chefs d’entreprises et topmanagers. Le texte accorde une place de choix au mouvement Occupy et aux soulèvements révolutionnaires en Afrique du Nord et au Moyen Orient.
La Belgique joue un rôle important dans la répression au Moyen Orient
Notre pays est le plus grand exportateur d’armes militaires vers le Moyen Orient. En 2010, des armes ont été exportées vers cette région pour une valeur de 63 millions d’euros, une augmentation de 50% par rapport à l’année précédente. C’est plus de la moitié des exportatiopns totales de l’Europe. Les commenditaires sont essentiellement la Jordanie et l’Arabie Saoudite. Globalement, notre pays a exporté des armes pour une valeur de 1 milliards d’euros en 2010.
Sureté d’Etat : l’extrême-droite ne va pas bien
Ce que la sureté d’Etat a dévoilé dans son rapport, les antifascistes le savent déjà très bien : l’extrême-droite n’a pas une forme excellente en Belgique. Les néonazis de Blood&Honour n’ont pu organiser que quelques concerts en 2010, contre plus d’une quinzaine il y a quelques années. Le Voorpost, qui sert notamment de service de sécurité au Vlaams Belang, a perdu des membres. Des groupes comme le N-SA ou Nation, du côté francophone, ne dépassent pas les 10 ou 20 membres actifs (ce qui n’empêche pas Nation de crier à la victoire sur son site à la lecture de ce rapoort…). Cela étant dit, le fait que l’extrême-droite ne se porte pas très bien ne signifie aucunement qu’il faut arrêter de la combattre ! Le prochain grand rendez-vous sera ce 15 mars à Louvain, pour la manifestation antifasciste contre le NSV.
C’est cool le socialisme ?
Même au Etats-Unis, ce n’est pas des plus évident de distribuer des auto-collants anti-socialistes. Dans cette vidéo, issue d’un groupe de droite, les réactions des passants face à ces stickers ‘socialism is not cool’ sont des plus intéressantes! De nombreuses personnes réagissent en affirmant le contraire de leur slogan et répondent : si, le socialisme c’est cool!
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L’impérialisme américain : affaibli et impopulaire, mais quelle est l’alternative ?
L’impérialisme américain s’embourbe dans les problèmes. La guerre contre le terrorisme en Afghanistan et en Irak a provoqué plus d’instabilité et de terrorisme. D’autres alliés, comme le Pakistan, sont également touchés par ces convulsions. Aux USA, le moteur économique commence à capoter et on parle de récession. Ce dossier se propose de brosser l’état des lieux de l’impérialisme américain.
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Vers une récession dure? Quelques citations
“Si, en plus, le protectionnisme freine l’arrivage de marchandises bon marché venant d’Asie, nous entrerons bientôt dans une situation de récession économique combinée à une inflation galopante de 5 à 8 % (voire plus), bref à une stagflation. Une telle situation est à l’ordre du jour, mais le calendrier exact est difficile a estimer. Cela peut se produire à tout moment comme cela peut également être reporté. Mais plus ce sera postposé, plus la crise frappera durement, tout comme la désintoxication est plus dure si l’intoxication a été longue. L’effet sur la lutte de classe est difficile à juger. La période précédente de stagflation a provoqué une vague révolutionnaire qui a menacé l’existence du système. Les réserves construites pendant la période d’après- guerre et l’autorité qu’avaient les partis sociaux-démocrates et « communistes » (là où ils avaient une base de masse) ont finalement pu freiner ce mouvement. Mais il suffit de se rappeler les acquis de Mai ’68 – le mouvement de démocratisation de l’enseignement qui n’est toujours pas entièrement détruit – ou la Révolution des Oeillets au Portugal et les diverses révolutions dans les anciennes colonies pour en mesurer l’impact.” (“Stagflation: syndrôme d’une maladie chronique” Alternative Socialiste no 126, novembre 2007, à relire sur les sites socialisme.be ou marxisme.org)
“Les USA n’ont connu que deux récessions ces 25 dernières années qui étaient l’une et l’autre une récession brève et douce. Il y a lieu de penser que la prochaine crise, lorsqu’elle viendra, sera plus grave.” (Wall Street Journal)
“Le marché immobilier américain a connu la crise la plus grave depuis les années septante, avec des baisses de prix de 8% en moyenne depuis le pic de 2005, mais de 40% dans les régions les plus touchées. Le marché part de l’idée que la baisse pourrait continuer jusqu’à 30%. Cela augure de la direction que l’économie américaine pourrait prendre. Avec un taux de chômage record depuis deux ans (5% en décembre) et qui pourrait atteindre les 7% selon certaines estimations, le consommateur américain (qui a longtemps été considéré comme le moteur de la croissance mondiale) pourrait jeter le gant. La consommation des ménages a chuté de 0,4% en décembre. Les ‘experts’ en discutent encore, mais six Américains sur dix jugent que le pays est déjà en récession.” (The Economist du 12 janvier 2008)
[/box]La guerre contre le terrorisme n’est pas une grande réussite. Dès le début de la guerre en Irak en 2003, nous avons publié une brochure écrite par Peter Delsing qui expliquait les tenants et les aboutissants de cette “guerre pour le pétrole”. Cinq ans après, nous avons interrogé Peter sur la situation actuelle de la guerre.
Trente mille soldats supplémentaires ont été envoyés sur place, l’impérialisme américain a-t-il réussi à stabiliser l’Irak après cette augmentation des troupes? Quelle est la situation en Irak même?
“L’invasion en 2003 faisait partie des projets de l’aile néoconservatrice des Républicains. Ces projets existaient depuis longtemps et visaient au remodelage du Moyen-Orient. Les attentats du 11/09 ont fourni le prétexte rêvé à leur mise en oeuvre. Cette guerre devait permettre à Bush et Cie de rétablir leur emprise sur cette région vitale et pétrolifère et aussi de soutenir leur allié local : Israël. Les régimes en Irak et en Iran étaient une cause permanente d’exaspération pour les Etats-Unis. Bush n’aurait jamais envahi l’Irak s’il n’y avait pas eu de pétrole sous son sol. Mais Bush s’est fourvoyé sur la possibilité d’y établir un régime à sa botte.”
“Le gouvernement de Maliki en Irak est assis sur un cimetière social. Chaque jour, des centaines d’adultes et d’enfants meurent des conséquences de l’occupation : le terrorisme, la violence, la misère, le grand banditisme, etc. En réalité, une guerre civile intercommunautaire y fait rage, entre chiites et sunnites ou entre Arabes et Kurdes. L’eau potable, l’électricité et même l’essence font défaut. L’augmentation des troupes a eu pour effet de militariser quasi complètement la ville de Bagdad et n’a fait que déplacer la violence ailleurs. Par exemple, les attentats terroristes se sont récemment multipliés au Kurdistan.
“Ces divisions communautaires que les Américains ont institutionnalisées ne peuvent mener qu’à des conflits de plus en plus aïgus pour la répartition des maigres ressources encore disponibles. La seule alternative viable serait une lutte commune des masses laborieuses et pauvres pour assurer leur propre sécurité et la défense des besoins de base. Cette lutte devrait être liée au respect du droit à l’autodétermination des différentes composantes de l’Irak et enfin à la lutte pour la transformation socialiste de la société.”
Quels sont les effets de cette politique impérialiste sur le reste du Moyen-Orient?
“Parlons d’abord de l’autre aventure impérialiste, celle d’Afghanistan. Un politicien britannique a récemment déclaré qu’on sous-estimait la position délicate du gouvernement de Karzaï. Fin janvier, les USA ont déplacé 2.200 marines vers l’Afghanistan, car la menace d’une offensive des Talibans se précisait dans le sud du pays. Lors du Forum Economique Mondial à Davos, Karzaï a même mis en garde contre “un embrasement du terrorisme” dans la région. Une telle instabilité – que renforcerait encore un possible effondrement de la société au Pakistan – montre bien l’impossibilité de développer ces pays dans le cadre du capitalisme et de l’impérialisme. Les conditions sociales y sont déjà telles qu’une récession mondiale pourrait donner le coup de grâce à plusieurs régimes instables.”
“Au Moyen-Orient, comme dans les pays du Golfe, il existe une élite riche qui nage littéralement dans les profits pétroliers. De l’autre côté, il y a une population souvent jeune, mais désorientée par la décadence capitaliste. La politique de Bush et de ses marionnettes locales a joué en faveur du fondamentalisme islamique, au Liban avec l’ascension du Hezbollah, à Gaza avec celle du Hamas. La soi-disant initiative de paix de Bush à Annapolis, en novembre de l’année passée, a donné plus de moyens au Fatah en Cisjordanie. Mais Israël continue à y construire des logements pour les colons.”
“En janvier, Bush a aussi fait une tournée dans sept pays arabes. Pour contrecarrer l’influence de l’Iran, il a vendu à l’Arabie Saoudite des bombes à guidage pour une valeur de 123 millions de dollars. Il en a aussi livré gratuitement 10.000 à Israël. D’autres contrats sont prévus pour une valeur totale de 20 milliards de dollars. La région devient une poudrière et l’exemple pakistanais n’a pas servi de leçon.”
Quels seront les effets d’une récession aux USA sur la position de l’impérialisme?
“Le prix du baril de pétrole a chuté légèrement depuis son pic de 10 dollars, mais il oscille toujours à un niveau élevé, entre 85 et 90 dollars. La crise financière actuelle – qui se traduira bientôt par des licenciements de masse, par des fermetures d’entreprises et par de nouvelles attaques sur les salaires et la sécurité sociale – se caractérise par l’éclatement des bulles artificielles qui maintenaient à flot le capitalisme en crise.
“Dans les années 80, dans le sillage de Reagan et de Thatcher, les gouvernements ont relancer les profits en sapant le pouvoir d’achat des salariés et des allocataires sociaux. Ils ont cependant préféré recourir provisoirement à l’emprunt public plutôt que de lancer une offensive encore plus dure contre la classe ouvrière. Dans le cas de Reagan, il s’agissait d’investir dans l’appareil militaire.”
“Au cours des dix dernières années, et surtout depuis la récession en 2001 aux USA, les dirigeants capitalistes ont essayé de différer une crise encore plus profonde en laissant enfler une bulle de crédits à bon marché. C’était le seul moyen pour que la population continue à consommer malgré des revenus qui ne progressaient plus ou même baissaient. C’est ainsi que les salariés se sont mis à dépenser leurs revenus futurs.”
“La bulle du marché immobilier est en train d’éclater aux USA. A l’heure actuelle, les prix n’y ont diminué “que” de 8%. Mais avec quelles conséquences ! Cela a cependant suffi pour que la Bourse américaine recule sérieusement, entraînant derrière elle toutes les Bourses à travers le monde. En Inde, la bourse a chuté de 11% en une journée. Les analystes n’en estiment pas moins que la chute des prix pourrait atteindre les 30%. La bulle d’autres formes de crédits aux USA pourrait produire des effets comparables.
“La bulle du ‘dollar fort’ est déjà en train d’éclater depuis un moment. Si elle devait éclater pour de bon, les exportations européennes auraient du mal à se maintenir et l’économie mondiale pourrait encaisser des chocs plus importants encore. “En outre, on ignore encore l’ampleur de la diffusion des ‘créances douteuses’ qui ont été converties en paquets d’actions. Un géant bancaire américain comme Citigroup a fait ses plus grosses pertes depuis 196 ans ! Un sentiment d’inquiétude, et même de panique, commence à s’installer parmi les dirigeants capitalistes. Il suffit de voir l’intervention énergique de la Federal Reserve (Banque Centrale Américaine) qui a réduit d’un coup ses taux de 0,75%. Les Américains sont endettés jusqu’au cou, mais Bernanke (le président de la FED) les incite à continuer dans cette voie.
“Les remèdes des rebouteux néolibéraux fonctionnent de moins en moins. La classe ouvrière américaine sera appelée à jouer un rôle important dans la construction de nouveaux partis pour les pauvres, les salariés et leurs familles, dans le feu de la lutte pour une autre société, une société socialiste.”
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Crash en Chine : 140 milliards de $ de valeurs boursières partent en fumée
Crash en Chine : 140 milliards de $ de valeurs boursières partent en fumée
L’index boursier de Shanghai et de Shenzhen a plongé de pas moins de 9,2% ce mardi 27 février, ce qui correspond à 140 milliard de dollars de pertes en valeurs boursières. Les bourses de Tokyo, Hong Kong, Séoul, Kuala Lumpur et Sidney ont suivis le lendemain. Au Mexique, en Argentine et au Brésil, des pertes de 5,8% à 7,5% ont été enregistrées. A New York, le Dow Jones a connu sa plus grande chute depuis le 11 septembre et, en Europe, 3% des valeurs en moyenne sont parties en fumée. Cela ne mènera probablement pas dans l’immédiat à une récession, mais c’est un signal appréciable d’un futur tremblement de terre de l’économie mondiale.
Eric Byl
La croissance mondiale de ces dernière années n’a pas été basée sur un renouvellement des techniques de production, mais surtout sur une baisse d’impôts pour les entreprises et une intensification de l’exploitation des forces de travail. Suite à la chute des caricatures de socialisme à l’Est, l’arrivée de nouveaux travailleurs a fortement augmenté la concurrence sur le marché de l’emploi. Les tentatives de la bureaucratie stalinienne chinoise pour instrumentaliser l’ancien appareil d’Etat et l’infrastructure construite sous l’économie planifiée, afin de se transformer graduellement en nouvelle classe capitaliste, a encore renforcé ce processus. Le nombre de travailleurs mondialement disponibles a doublé, avec pour conséquences des salaires plus bas et des conditions de travail détériorées.
Les forces de travail très bon marchés et la baisse systématique des charges patronales a conduit à des profits records. La valeur des actions a bondit, provoquant à son tour des investissements spéculatifs et la surévaluation des marchés d’actions, des « bulles ». Si les bas salaires minent le pouvoir d’achat, cela est cependant temporairement compensé par la concentration croissante de richesses dans les mains d’une élite constamment plus petite, ce qui créé un afflux d’argent liquide. Cet argent est mis à disposition à bas taux d’intérêts pour acheter de l’immobilier ou des produits de consommation. Notre pouvoir d’achat est diminué, mais grâce à des crédits bon marchés, nous dépensons aujourd’hui les salaires que nous devons encore gagner à l’avenir. Les ménages, surtout aux Etats-Unis, ploient sous des dettes massives.
Cette situation ne peut durer. L’abondance d’argent liquide devrait mener à une baisse de la valeur du dollar, mais grâce à l’arrivée de produits chinois bon marchés, l’inflation reste basse pour l’instant. De plus, la Chine, quelques pays asiatiques en voie de développement et les pays de l’OPEP investissent leurs surplus commerciaux en bonds d’Etat américains pour financer les déficits commerciaux et budgétaires des Etats-Unis. Un avertissement de l’ancien président de la Banque Fédérale américaine, Alan Greenspan, sur la possibilité d’une récession aux Etats-Unis ce deuxième semestre a mené à la panique.
Si la demande de produits chinois aux Etats-Unis et ailleurs diminue, cela provoquera de nombreuses faillites, d’abord en Chine, puis sur le plan mondial. Cela produirait en plus une forte chute du dollar et donc l’implosion des réserves investies dans cette monnaie.
Ce déséquilibre doit être corrigé. Au plus on attend, au plus se sera pénible. L’économie mondiale se comporte comme un drogué à l’héroïne. L’héroïne mène au dépérissement total de l’organisme mais, à chaque fois, le dernier shoot provoque un sentiment de soulagement. L’économie mondiale est intoxiquée de dettes, qui mènent inévitablement au dépérissement du tissu économique, mais chaque nouveau crédit créé temporairement ce sentiment de soulagement. Dans son chef d’œuvre sur la dépression de 1929, J.K. Galbraith écrit que la raison principale de ce crash était l’énorme écart entre riches et pauvres. A l’occasion du rassemblement de Davos, en Suisse, pour dirigeants d’entreprises et politiciens, Stephen Roach, économiste à Morgan Stanley, a pointé lui aussi les dangers liés à cet écart. Pierre Huylenbroeck, responsable Argent et Investissement au journal flamand Tijd, a écrit que si les cours boursiers ou les profits des entreprises augmentent durant des années de 10%, ou même plus, une rechute devient inévitable. Il a avertit : “Au plus quelque chose monte, au plus cela peut chuter plus tard”.
Ce crash ne mènera pas immédiatement à une dépression, de nouveaux crédits seront pompés dans l’économie. Mais tôt ou tard, les contradictions énormes du système capitaliste devront exploser et provoquer, comme pendant des récessions précédentes, un doublement, voire plus, du chômage et un accroissement catastrophique de la pauvreté. Les travailleurs ont un intérêt à ce que cela soit postposé afin de pouvoir au mieux préparer leurs forces.
Le capitalisme ne survit qu’en abusant des travailleurs, de leurs familles, de nos communautés et de notre environnement. Notre choix se limite à l’exploitation chaotique de nous-mêmes et de notre environnement ou à l’utilisation des richesses indescriptibles dont nous disposons en fonction des besoins de tous. Cette dernière option n’est possible que si les travailleurs et leurs familles construisent une force capable de rendre accessible l’alternative du socialisme démocratique.