Tag: Crise

  • La position des femmes dans la société menacée par la crise et l’austérité

    Cinq années déjà depuis le début de la crise. Sur ce laps de temps, des dizaines de milliers de personnes ont perdu leur emploi, surtout dans les secteurs industriels. Parmi les fonctionnaires, un véritable massacre social est également organisé. Quant aux années à venir, le type de ‘‘croissance’’ prévue est de celles qui ne change rien au chômage et ne fais que remplir les poches du 1% le plus riche. Pour la grande majorité de la population – ceux qui vivent de leur travail ou d’une allocation – la vie n’est devenue que plus difficile et incertaine. Salaires gelés, allocations en baisse,… Et en plus de ça, les familles doivent prendre en charge sans cesse plus de choses.

    Tract du PSL

    Equal Pay Day : Luttons pour des bons salaires, pour tous !

    L’impact de tout cela est énorme sur la vie de la plupart des travailleurs, plus particulièrement pour les femmes. La prise en charge des soins qui tombent traditionnellement sur leurs épaules et la flexibilisation du marché du travail assurent qu’il s’en faut de peu aujourd’hui pour que la moitié des femmes travaillent à temps partiels en Belgique, la majeure partie de manière tout à fait involontaire. En moyenne, une femme doit travailler trois mois de plus par an pour parvenir au salaire d’un homme.

    Cette lutte contre les salaires inférieurs des femmes n’a aucune chance de réussir en s’orientant sur la diminution des droits des travailleurs masculins. Nous voulons des ‘‘salaires d’hommes’’ et des ‘‘pensions d’hommes’’ pour tous ! Ne nous trompons pas d’ennemi : c’est le patronat qui paye de bas salaires, ce sont ses partis qui continuent à démanteler les soins de santé publics et rejettent le plus possible sur le dos des femmes sous la forme du ‘‘travail domestique’’ non-rémunéré.

    Luttons ensemble pour de bons salaires pour tous et pour des services de santé publics – avec de bons salaires et conditions de travail pour tout le personnel ! C’est la seule voie pour en finir avec les salaires inférieurs des femmes. Les moyens sont là, il suffit de jeter un œil sur les chiffres record des profits des grandes entreprises. Arrachons ces moyens ! Doivent-ils disparaître dans les poches d’actionnaires super-riches pour que ces derniers puissent spéculer ou doivent-ils être utilisés pour répondre aux besoins de la majorité de la population ?

    Avoir un enfant ou pas, c’est aux femmes de décider. Vraiment ?

    [box type=”shadow” align=”alignright” width=”100″]

    Manifestation de la plate-forme pro-choix contre la Marche pour la Vie

    30 mars 2014, Bruxelles, 13h à la Place d’Espagne.

    Défendons le droit à l’avortement ! Luttons contre la politique d’austérité qui limite notre choix !

    Plus d’infos : page Facebook
    [/box]

    Dans les pays du Sud de l’Europe, les données concernant le chômage parmi la jeunesse sont effrayantes ! Toute une génération a vu son avenir volé par la crise et la politique d’austérité. Toutes les images des protestations massives qui y ont pris place montraient de jeunes femmes en lutte, qui témoignaient de la manière dont elles devaient tout retarder dans leur vie, y compris le fait d’avoir des enfants… En Belgique également, des familles décident de ne pas avoir de deuxième ou troisième enfant simplement parce que c’est intenable financièrement au vu de l’accès actuel aux soins de santé et aux structure d’accueil, plus certainement encore si un enfant nécessite des soins spéciaux. En Belgique aussi, certaines femmes avortent parce que leurs moyens ne suffiront pas pour assurer une bonne éducation.

    De plus, le droit de choisir – mon corps, mon choix – est sous pression. Partout en Europe naissent ou se développent des groupes prétendument ‘‘pro-vie’’ menant campagne pour l’abolition du droit à l’avortement. L’Espagne illustre à quel point un gouvernement conservateur peut en un rien de temps limiter le droit à l’avortement si ce droit n’est pas activement défendu par des actions de masse. En Suisse, le remboursement par l’assurance-maladie des frais liés à un avortement est aujourd’hui remis en cause par référendum.

    En Belgique, ces groupes réactionnaires et conservateurs sont encore relativement petits, en dépit des personnalités qui les soutiennent au premier rang desquelles l’archevêque Léonard. Ils organisent tout de même chaque année une manifestation ‘‘pro-vie’’ et organisent régulièrement des piquets devant le centre d’avortement de Gand. En France la gauche officielle a laissé se développer ces actions ‘‘parce qu’ils sont de toute façon incapables de gagner un soutien large’’, mais nous avons vu l’an dernier le milieu conservateur dont font partie les ‘‘pro-vies’’ parvenir à mobiliser des centaines de milliers de personnes contre le mariage homosexuel ! Ne commettons pas la même erreur ! Il faut se battre contre ces ‘‘pro-vies’’ qui, avec leurs idées, ne conduiraient surtout qu’à de nombreux décès au cours d’avortements non-accompagnés. Bloquons leur la route avant qu’ils ne puissent trouver un écho parmi les couches larges de la population sur base de l’instrumentalisation de la colère qui vit face aux pénuries dans la société, notamment au niveau des soins de santé. Le PSL appelle donc à mobiliser pour la contre-action contre la ‘‘Marche pour la Vie’’, contre-action organisée par la plateforme Pro-choix. Cette action défend le droit de pouvoir faire un véritable choix en défense du droit à l’avortement et du droit d’avoir des enfants sans pour autant s’appauvrir.

    Ce n’est pas de plus de patrons ou de ministres féminins dont nous avons besoin, mais d’une société sans discrimination et sans oppression!

    Au cours des élections à venir, les politiciennes des partis établis vont à nouveau chercher à s’attirer le vote des femmes. Mais avant de leur accorder, il faut bien regarder dans leur programme s’il s’y trouve effectivement matière à conduire à progrès réel pour les femmes ! Aucun des partis établis n’est innocent du déclin subit par la majorité des travailleurs – femmes et hommes – au cours du dernier quart de siècle. Le système capitaliste qu’ils défendent n’est pas seulement responsable de cette crise qui dure depuis cinq ans déjà, mais aussi de la position inférieure systématiquement imposée aux femmes et encore de toutes les autres discriminations et inégalités qui hantent cette société !

    Le PSL est convaincu que seul un changement radical de société peut entraîner la disparition des discriminations et des inégalités, par la construction d’une une société démocratique et socialiste en finissant avec l’exploitation de l’homme par l’homme. Ce changement de société, il faudra nous battre pour l’obtenir, ceux qui s’agrippent au pouvoir – et à leurs fortunes réalisées sur le dos des travailleurs, des consommateurs et de l’environnement – ne l’abandonneront jamais volontairement. Ce combat nécessite de réunir la force du monde du travail, des allocataires sociaux et de la jeunesse, du point de vue syndical mais également politique. Le PSL appelle à la construction d’un nouveau parti des travailleurs qui prenne en charge la défense des droits et des intérêts de tous les travailleurs, sans distinction de sexe, de nationalité, d’orientation sexuelle, d’âge, de religion,…

    Nous soutenons dès lors le courageux appel de la FGTB de Charleroi pour rassembler toutes les forces de gauche afin de construire une formation capable de mener la lutte contre la crise et la politique d’austérité dans les entreprises, dans les quartiers, dans la rue et aux parlements. Luttons pour transformer en réalité le pouvoir potentiel des travailleurs et de la majorité de la population qui souffre de la politique au service des riches ! Et oui, cette lutte peut connaître des défaites, mais c’est une certitude que nous perdrons tout sans riposter ! Les femmes doivent revendiquer leur place dans ce combat et dans les organisations de lutte existantes, dans les syndicats et dans de nouveaux partis à construire !

  • Vers des actions de blocage du sommet européen de décembre à Bruxelles

    L’Europe reste la région la plus affectée par la crise mondiale du capitalisme et se trouve confrontée à une perspective de crise généralisée à long terme. Les capitalistes et leurs politiciens n’ont aucune solution. Les politiques d’austérité barbares contre la population ont amplifié les problèmes et atrophié la croissance. Les fermetures d’usines et plans de restructuration s’enchaînent. Le chômage se chiffre à 12,2 % de la population active pour la zone euro, 1 million de travailleurs sans emploi de plus qu’il y a un an ! Les pays les plus touchés restent l’Espagne et la Grèce où plus d’un actif sur quatre – et nettement plus d’un jeune sur deux – est au chômage. L’Italie est également tristement frappée par un taux record de 12,5%.

    Par Boris Malarme

    Un scénario à la japonaise pour la Zone euro ?

    En octobre, l’inflation moyenne dans les dix-sept pays membres est tombée à 0,7 %, contre 1,1 % un mois plus tôt. L’inflation sur un an est ainsi tombée à 0 % en Espagne et au Portugal et à -1,9 % en Grèce. L’emprise dominante au sein de la zone euro du capitalisme allemand, qui a imposé la diète et les baisses de salaires aux autres pays, a entrainé un plus grand déséquilibre au sein de celle-ci et représente un facteur important. Ajoutons à cela la hausse de l’euro par rapport aux principales devises depuis l’été 2012, ce qui impacte les exportations de la France, de l’Italie et de l’Espagne.

    C’est dans ce contexte que la Banque Centrale Européenne a, d’une part, décidé d’un assouplissement monétaire en baissant son taux directeur à 0,25% et de prolonger l’allocation illimitée de liquidités aux banques afin de hausser les prix pour avoir une inflation qui tend vers l’objectif des 2%. D’autre part, la Commission s’en prend à l’excédent commercial de 7% en Allemagne, s’alignant ainsi sur la position du FMI et des Etats-Unis. Une illustration des tensions croissantes entre les divers pays capitalistes où les rivalités d’intérêts s’accroissent en période de crise.

    La zone euro est-elle en voie de ‘‘japonisation’’? Cette formule pose une question réelle pour la zone euro : va-t-elle plonger dans une spirale déflationniste anesthésiant l’activité, avec une baisse des prix, des salaires, des investissements et de la consommation, et surenchérissant le coût auquel les Etats se financent comme l’a connu le Japon ces deux dernières décennies ? Ainsi l’establishment est hanté par cette idée qui entrainerait une longue période de croissance atone et de chômage de masse.

    Un virage politique vers la droite en Europe?

    Tel est probablement le sentiment de beaucoup de monde pour le moment. L’atmosphère de grèves générales au Sud de l’Europe semble s’être temporairement éloignée et une vague de succès de divers partis d’extrême-droite ou de droite populiste pourrait se profiler à l’horizon pour les élections européennes de mai 2014.

    Le manque d’alternative issue du mouvement des travailleurs pourrait temporairement profiter à diverses formations de droite eurosceptiques, populistes ou néo-fascistes capitalisant sur le mécontentement croissant face à l’austérité et l’Union Européenne. Un récent sondage plaçait Marine Le Pen du Front National en tête pour les prochaines élections européennes. Un sondage en septembre donnait Geert Wilders du PVV gagnant aux Pays-Bas. Profitant de cela, ils ont annoncé mi-novembre une alliance en vue des prochaines élections européennes et la volonté de former une fraction ‘‘euro-critique’’ au parlement européen.

    L’UKIP en Angleterre, qui pourrait également progresser sérieusement en mai prochain, ne souhaite pas rejoindre la nouvelle alliance. Marine LePen et Geert Wilders se tournent vers le FPÖ en Autriche qui a obtenu plus de 20% des voix lors des dernières élections, la Ligue du Nord en Italie, le Vlaams Belang en Belgique, les ‘‘démocrates suédois’’ ou le Parti du peuple danois. Ce danger d’une extrême droite renforcée est bien réel. Mais en déduire que le mouvement des travailleurs est défait serait une dangereuse erreur d’appréciation. Le mouvement ouvrier en recul ?

    Le 14 novembre 2012, la résistance à l’austérité prenait une nouvelle ampleur avec une première journée de manifestations et de grèves coordonnées en Europe, y compris des grèves générales en Espagne et au Portugal. C’est surtout la Grèce qui a connu une résistance phénoménale des travailleurs pour faire reculer les attaques avec 31 grèves générales en 3 ans dont quatre de 48h.

    Partout, les travailleurs ont été confrontés aux limites de leur direction syndicale et à leur incapacité à obtenir des succès. Mais les luttes ne se développent pas en ligne droite. Elles connaissent des hauts et des bas. En général, la force potentielle immense du mouvement des travailleurs et sa capacité restent intactes en vue des explosions sociales qui nous attendent.

    Des luttes généralisées peuvent faire reculer l’extrême-droite. Les grèves récentes des éboueurs à Madrid ou celles des chauffeurs de bus à Gênes contre les privatisations sont des indicateurs de la combativité qui se développe à la base dans des sections plus larges de travailleurs.

    Le discrédit des partis traditionnels est phénoménal. Depuis 2010, presque chaque gouvernement a été vaincu lors des élections. La victoire de Merkel en Allemagne semble l’exception. Un accord comprenant l’introduction d’un salaire minimum pour une coalition avec les sociaux démocrate du SPD semble aboutir, une condition liée aux résultats catastrophiques engrangés par le SPD et à la pression du mouvement ouvrier. L’un après l’autre, les pays sont confrontés à l’instabilité et aux crises politiques.

    Le gouvernement de Letta n’est pas capable de passer à une véritable offensive frontale contre les travailleurs italiens. Le gouvernement de François Hollande, président recordman de l’impopularité, craint la réaction des travailleurs français quand il commencera à introduire des attaques plus dures.

    Au Portugal, la coalition de droite a été à deux doigts de voler en éclats à plusieurs reprises. Le coup de grâce aurait pu lui être porté après la grève générale du 27 juin dernier qui revendiquait explicitement sa chute. Cela aurait été vraisemblablement le cas si le syndicat CGPT avait appelé à une nouvelle grève générale de 48h pour y arriver.

    A la question de faire tomber un gouvernement se lie la question du besoin d’un gouvernement des travailleurs. Les faiblesses des nouvelles formations de gauche se fait ressentir. Partout en Europe existe le besoin de partis de masse des travailleurs munis d’un programme socialiste défendant l’annulation des dettes et la nationalisation des secteurs clés de l’économie.

    D19-D20, une alliance inédite entre producteurs de lait et syndicalistes en vue du blocage du sommet européen

    Tout le monde se souvient des images spectaculaires des producteurs de lait confrontés aux bas prix octroyés par les multinationales de la distribution. Munis de tracteurs, ils ont déversé 15.000 litres de lait sur le parlement européen à Bruxelles en novembre dernier. Ils avaient promis de revenir si rien n’était fait.

    C’est pourquoi ils étaient présents à la journée de grève et à la manifestation nationale des services publics du 24 juin dernier, qui avait rassemblé avec la manifestation bruxelloise contre le traité européen d’austérité (TSCG) environ 5000 travailleurs. Les producteurs de lait y ont tenu un discours pour des actions communes des agriculteurs et des syndicalistes contre l’austérité et la politique néo-libérale en Europe.

    Trois assemblées ont pris place depuis, qui ont concrétisé l’alliance D19-D20. Les producteurs de lait, la CGSP-ALR Bruxelles, la CNE et les Comités Actions Europe sont au coeur de l’initiative. Le PSL soutient et participe. D’autres organisations sont impliquées comme le MOC Bruxelles et Charleroi, La JOC, les étudiants FGTB, le CADTM et Oxfam.

    A la première assemblée, les représentants des producteurs de lait ont expliqué qu’ils étaient victimes de la crise et de l’austérité comme les travailleurs, qu’ils subissaient la fermeture de plus d’un millier de fermes chaque année avec la libéralisation de l’agriculture, tout comme les travailleurs subissent les fermetures d’usines, et qu’il ne fallait pas lutter de façon isolée.

    A leurs côtés ont participé des secrétaires syndicaux de la CGSP-ALR, de la CNE et de la CSC-Bruxelles ainsi que des militants et délégués de divers secteurs. Le TSCG, les coupes budgétaires, les privatisations, les licenciements dans la fonction publique, le statut unique ouvrier-employé sont autant de raisons qui ont été exprimées pour se battre contre le gouvernement le 19 décembre prochain. L’idée que des manifestations ‘‘promenades’’ sans lendemain ne suffisent pas et qu’il est temps de passer à des actions plus combatives est débattue.

    Ainsi, le 19 décembre les actions commenceront dès 7h du matin. Divers blocages des axes vers le rond-point Schuman prendront place. Participez avec le PSL à ces actions ! Prenez contact avec nous !

    Blocages D19-20, rdv 7h

    • Bld de L’Impératrice-Arenberg (à proximité de la Gare Centrale)
    • Botanique – Rue Royal (à proximité de Botanique)
    • Rue Bélliard – Av des Arts (à proximité de Trône ou Arts-loi)
    • Avenue d’Auderghem – Rue Belliard (à proximité de Schuman)
  • D’où provient la crise, quelle réponse de la gauche?

    Malgré son rejet, la proposition du PSL au PTB tient toujours

    Lors d’un débat organisé par Rood à Gand le 13 novembre dernier, le modérateur a posé les deux questions suivantes à un panel de 7 invités : D’où provient la crise et quelle réponse doit apporter la gauche ? Il a ainsi exprimé le mystère qui tracasse nombre de jeunes et de travailleurs depuis des années maintenant. Comment expliquer que la crise du néolibéralisme et du capitalisme n’ouvre pas la voie à la gauche, mais semble au contraire souffler dans les voiles de la droite populiste et de l’extrême droite ?

    Par Eric Byl, article tiré de l’édition de décembre-janvier de Lutte Socialiste

    • Lettre ouverte du PSL/LSP pour une union électorale de nos forces en 2014

    L’espace manquait pour aborder la combinaison de facteurs qui a conduit à cette crise qui dure depuis 5 ans. Stephen Bouquin, de Rood, a évoqué l’austérité, Ivo Flachet, du PVDA (nom du PTB en Flandre) s’est référé à la croissance des inégalités et le philosophe Bleri Leshi a insisté sur l’importance de lire Marx. Généralement, tous les orateurs s’accordaient à dire que la crise est systémique, la conséquence directe du mode capitaliste de production et de distribution. Cela a encore été confirmé par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), le club des pays riches dont Yves Leterme est secrétaire-général adjoint.

    Dans son dernier rapport, l’OCDE décrit les Etats-Unis comme étant la plus importante menace pour l’économie mondiale. Pourquoi ? Parce que la croissance économique s’y accélère. La possibilité que le chômage diminue et que les prix augmentent est, par conséquent, une perspective réaliste. Bonne nouvelle, penserait n’importe quel humble mortel. Mais cela ne marche pas comme ça. Cela peut pousser la Réserve Fédérale américaine (la FED, la Banque centrale des Etats-Unis) à raidir sa politique d’assouplissement monétaire, ce qui fera grimper les taux d’intérêts et rendra le crédit plus cher. La croissance économique serait ainsi étranglée. Le second danger le plus important, toujours selon l’OCDE, se trouve en Europe. Le manque de croissance peut y conduire à une spirale déflatoire, une baisse générale du niveau des prix avec en conséquence l’arrêt de la consommation et l’érosion de la rentabilité des entreprises.

    Bref: un cas classique de “cul de sac”. Qu’importe ce qui est tenté, le résultat est négatif. Pour tout le monde ? L’an dernier, la fortune des 500 Français les plus nantis s’est accrue de 25%. Il ne s’agit pas d’un phénomène français ou européen, mais d’un processus mondial. Pour certains, une crise est surtout synonyme d’opportunité. Ainsi, les patrons de la fédération patronale flamande Voka s’en saisissent comme arme pour essayer de fortement réduire notre salaire indirect, les cotisations sociales nécessaires pour nous protéger contre la maladie, l’invalidité, le vieillissement et le chômage.

    Daniel Piron, secrétaire général de la FGTB Charleroi & Sud-Hainaut, a déclaré à Gand que la gauche doit quitter la politique de casse “socialement” accompagnée pour adopter une attitude plus offensive, d’où son plaidoyer pour unifier tous ceux qui se trouvent à la gauche du PS et d’Ecolo. Sa collègue Katrien Neyt de la FGTB de Gand a surtout pointé du doigt le danger de la NV-A et des réglementations européennes afin de plaider pour un front “de tous les progressistes”. L’échevin gantois Tom Balthazar (SP.a) a quant à lui prétendu que l’index et la sécurité sociale avaient été sauvegardés grâce à la social-démocratie. Un plaidoyer peu convaincant.

    Egalement présent comme orateur, j’ai utilisé la ‘‘une’’ de l’édition précédente de Lutte Socialiste, sur laquelle figuraient les cinq patrons d’entreprises publiques qui refusent de travailler pour un ‘‘pourboire’’ de seulement 290.000 euros. Quatre d’entre eux ont étés nommés par le PS et le SP.a ! J’ai aussi accentué que la gauche est plus forte dans les pays où il y a plusieurs formations de gauche – les Pays-Bas, l’Allemagne, la France, l’Espagne, la Grèce,… – que là où une seule formation a le monopole. A l’occasion de l’appel de Daniel Piron, j’ai à nouveau proposé au PTB de renforcer sa campagne avec le PSL et toute la gauche en vue des élections de mai 2014.

    Ivo Flachet a confirmé au nom du PTB la réponse que nous avions déjà reçue au téléphone de Jan Hasaers, le responsable du PTB pour ces élections: le PTB ne désire pas collaborer avec le PSL et n’en a pas besoin. Nous espérons que cette position sera revue. Un front ouvert, pluraliste et unitaire autour d’un programme d’urgence offensif tel que le propose la FGTB Charleroi & Sud- Hainaut reste nécessaire avant, mais surtout après les élections afin de riposter contre l’attaque antisociale qui suivra ces élections.

  • Crise politique en Tunisie : des manoeuvres contre-révolutionnaires en cours

    Interview d’Hidouri Abdessalem, chercheur en philosophie, membre du bureau syndical régional de Sidi Bouzid pour l’enseignement secondaire

    A l’heure ou cette interview est publiée, la crise politique en Tunisie traverse son énième épisode. L’ampleur et la profondeur de la colère populaire contre le régime de la ‘Troika’, marquée par l’éruption quasi volcanique de protestations dans tout le pays à la suite de deux assassinats politiques de dirigeants de gauche cette année (l’un, celui de Chokri Belaid, en février, l’autre, de Mohamed Brahmi, fin juillet) constituent la toile de fond et la raison fondamentale de cette crise.

    Image ci-contre : “La révolution continue!”

    Les pourparlers qui se tenaient entre les partis gouvernementaux et ceux de l’opposition, appelés «l’initiative de dialogue national » viennent d’être suspendus ce lundi. En bref, «l’initiative de dialogue national » n’est rien d’autre qu’une tentative des classes dirigeantes de négocier un arrangement « par le haut » qui puisse apporter une solution à la crise politique tout en évitant que « ceux d’en-bas », à savoir les travailleurs et syndicalistes, la jeunesse révolutionnaire, les chômeurs, les pauvres, ne s’en mêlent un peu trop.

    En effet, lorsque les voix provenant de l’establishment, des grandes puissances et des médias traditionnels s’alarment des dangers d’un « vide politique » prolongé en Tunisie, ce n’est pas en premier lieu la montée de la violence djihadiste qu’ils ont en tête; leur principale crainte est que l’exaspération des masses explose à nouveau sur le devant de la scène.

    Le « dialogue national » vise à préparer une retraite ordonnée et négociée pour le pouvoir Nahdaoui, et la mise en place d’un gouvernement soi-disant «indépendant» et « apolitique ». Les discussions ont, officiellement du moins, buté sur le choix du nouveau Premier Ministre, discussions qui exposent à elles seules le caractère contre-révolutionnaire des manœuvres en cours. En effet, les différents noms qui ont circulé pour diriger un futur gouvernement sont tous soit des vétérans séniles de l’ancien régime, soit des néolibéraux pur jus.

    Bien sûr, tout cela n’a rien ni d’indépendant ni d’apolitique. De nouvelles attaques sur les travailleurs et les pauvres sont en cours de préparation, poussées entre autres par le FMI et les autres créanciers de la Tunisie; pour ce faire, les puissances impérialistes et les grands patrons tunisiens plaident pour un gouvernement suffisamment fort que pour être en mesure de maintenir les masses sous contrôle et leur faire payer la crise. C’est ainsi qu’il y a quelques jours, le gouverneur de la Banque centrale a déclaré que la Tunisie « a besoin d’un gouvernement de commandos pour sortir le pays de la crise».

    L’UGTT est de loin la force la plus organisée du pays. Aucun arrangement politique quelque peu durable ne peut être réglé selon les intérêts de la classe capitaliste sans au moins l’accord tacite de sa direction. Pour les travailleurs et les couches populaires cependant, le nœud gordien du problème réside précisément dans le fait que la direction de la centrale syndicale, au lieu de mobiliser cette force pour imposer un gouvernement ouvrier et populaire, pris en charge par un réseau national de comités de base démocratiquement organisés à tous les niveaux, se révèle être un partenaire très coopératif pour la classe dirigeante et les pays impérialistes, dans les tentatives de ces derniers d’imposer un gouvernement non élu au service du grand capital. Tant et si bien qu’elle joue honteusement le rôle moteur dans l’organisation et la médiation de ce « dialogue national ».

    Les dirigeants syndicaux, au lieu de mobiliser sérieusement leurs troupes, ont mis tous leurs efforts à tenter de démêler un accord derrière les rideaux entre les principaux agents de la contre-révolution. Tout cela couronné par l’approbation et la participation directe, dans ces pourparlers, des dirigeants du Front Populaire, malgré l’opposition manifeste d’une large couche de ses propres militants et sympathisants.

    Cette stratégie, comme l’explique Abdessalem dans l’interview qui suit, est une impasse complète, les dirigeants de la gauche et du syndicat délivrant de fait les intérêts de leurs militants sur l’autel des plans cyniques de leurs pires ennemis. Trotsky disait que dans une période de crise profonde du système capitaliste, les directions réformistes « commencent à ressembler à l’homme qui s’accroche désespérément à la rampe, cependant qu’un escalier roulant l’emporte rapidement vers le bas. »

    Cette métaphore résume assez bien le tableau tunisien aujourd’hui. Le pays est au bord d’une crise d’une ampleur sans précédent. Le 30 octobre, deux tentatives d’attentats-suicide ont été évitées dans des zones touristiques. Une semaine avant, dans la région centrale de Sidi Bouzid, au moins 9 membres des forces de sécurité ont été tués dans de violents affrontements avec des salafistes armés.

    En réaction, la section locale de l’UGTT appela à une grève générale régionale dans le gouvernorat de Sidi Bouzid, mot d’ordre rapidement suivi dans la région voisine de Kasserine, afin de protester contre ces tueries. Ce genre de réflexes indiquent où résident les forces sociales qui peuvent offrir une solution viable et autour de laquelle une véritable alternative politique peut et doit être construite à la misère et la violence croissantes du système actuel.

    Comme le mentionne Abdesslem, il existe aujourd’hui en Tunisie un paradoxe: « les vraies fabricateurs du processus révolutionnaire sont en-dehors de la scène politique ». Le CIO partage largement ce constat. C’est pourquoi il y a une urgence à reconstruire, à l’échelle du pays, une force politique de masse au service de ces « fabricateurs », indépendante des partis pro-capitalistes, et armé d’un programme socialiste clair visant à mettre les principales ressources du pays dans les mains des travailleurs et de la population.

    Il fut un temps où tel était le but affiché du programme de l’UGTT. Lors de son congrès de 1949, l’UGTT demandait ainsi “le retour à la nation des mines, des transports, du gaz, de l’eau, de l’électricité, des salines, des banques, des recherches pétrolières, de la cimenterie, des grands domaines et leur gestion sous une forme qui assure la participation ouvrière.” La réactualisation d’un tel programme, combiné avec des mots d’ordre d’action précis, pourraient revigorer la lutte de masses et transformer radicalement la situation.

    Les militants, au sein du Front Populaire et de l’UGTT, qui veulent poursuivre la révolution et refusent les manœuvres actuelles -et ils sont nombreux- devraient à nos yeux exiger le retrait immédiat et définitif de leurs dirigeants du dialogue national, et demander à ce que ces derniers rendent des comptes auprès de leur base pour la stratégie désastreuse qu’ils ont suivie. Au travers de discussions démocratiques, les leçons des erreurs, présentes et passées, doivent être tirées, menant à un processus de clarification et de ré-organisation à gauche, sur le type de programme, de stratégie et de tactiques nécessaires pour mener à bien la révolution.

    Les militants du CIO en Tunisie sont ouvert à discuter et collaborer avec tous ceux et toutes celles qui partagent ces considérations. Car c’est seulement par ce biais que l’ «outil » et le « programme » révolutionnaires nécessaires, qu’Abdesslem évoque à la fin de l’interview, pourront être forgés en vue des futures batailles.

    Depuis l’assassinat de Mohamed Brahmi, une vague de mobilisations sans précédent contre le régime d’Ennahda a secoué la Tunisie. Quel bilan tires-tu de ces mobilisations?

    Les mobilisations contre le régime d’Ennahda, provoquées par l’assassinat de Mohamed Brahmi, et de Chokri Belaid avant lui, expriment plus largement une reprise du processus révolutionnaire visant à la chute du gouvernement de la ‘Troïka’ et à la chute du système.

    Mais devant l’absence d’un programme clair et d’un groupe révolutionnaire suffisamment influent, ces mobilisations ont été manipulées par la bureaucratie nationale de l’UGTT, par les partis politiques libéraux et par la direction opportuniste des partis de gauche, dans le but de dépasser la crise par l’outil du « dialogue national », sans pousser ces mobilisations vers leurs véritables objectifs: la chute du système.

    Au nom de l’unité dans la lutte contre les islamistes, la direction de la coalition de gauche du Front Populaire a rejoint Nidaa Tounes (un parti dans lequel se sont réfugiées beaucoup de forces du vieil appareil d’Etat et de l’ancien régime), ainsi que d’autres forces politiques, dans l’alliance du ‘Front de Salut National’. Que penses-tu de cette alliance et quelles conséquences a-t-elle sur la lutte de masses?

    La scène politique actuelle en Tunisie est caractérisée par une sorte de tripolarisation: le pôle des réactionnaires islamistes avec Ennahda et ses alliés, le pôle des libéraux de l’ancien régime (avec à sa tête le parti Nidaa Tounes, regroupées sous la direction de Caid Essebsi), et en contrepartie à ces deux pôles, le Front Populaire et l’UGTT.

    A l’époque de l’assassinat de Chokri Belaid, la situation a changé : les forces dites « démocratiques » et « modernistes » se sont regroupées contre la violence et le terrorisme (dans un « Congrès de Salut ») : cette étape a marqué le début de l’impasse politique pour le Front Populaire, car la direction de celui-ci a commencé à faire alliance avec les ennemis de la classe ouvrière et des opprimés, associés à l’ancien régime de Ben Ali.

    Ces derniers sont en compromis indirect avec les islamistes aux niveaux des choix politiques et économiques du pays.

    En conséquence, la lutte de masse a été manipulée et freinée par la direction du Front Populaire et de l’UGTT, suivant le rythme du « dialogue national » et des intérêts de ses différents partis et de leurs agendas politiques.

    Fin juillet, il avait été rapporté que dans le gouvernorat de Sidi Bouzid, des formes de contre-pouvoirs locaux s’étaient mis sur pied, reprenant la gestion des affaires locales des mains des Nahdaouis. Qu’en est-il aujourd’hui?

    On peut dire que dans les régions intérieures, il y a une sorte de vide politique au niveau des services, de l’administration et de la sécurité. Dans les moments révolutionnaires, les mobilisations lèvent le slogan de l’autogestion, et à sidi Bouzid, nous avons essayé de construire un contre-pouvoir à travers les communautés régionales et locales.

    Mais face à la répression de la police, ainsi que du manque d’appui et de relais de ce genre d’initiatives à l’échelle nationale, on n’a pas pu dégager pour de bon le gouverneur régional de Sidi Bouzid.

    Depuis le début, la position de la direction nationale de l’UGTT a été de s’opposer au double-pouvoir, car ce dernier obstrue le «dialogue » et le « compromis » avec le régime, vers lequel cette direction pousse à tout prix.

    Peux-tu expliquer ce qui s’est passé le 23 octobre et dans les jours qui ont suivi?

    Le 23 octobre, selon la Troïka, est la date de la réussite de la transition démocratique (une fête politique), mais selon les autres partis et pour la majorité de la population tunisienne, c’est la date de l’échec. D’où les protestations massives qui ont repris de plus belle contre Ennahda ainsi que contre les terroristes.

    Mais une fois encore, les mobilisations du 23 et du 24 contre la Troïka ont été manipulées par les partis politiques en place pour améliorer leurs positions dans le dialogue national, et non pas pour la chute du système et du gouvernement.

    Quelle est selon toi la réalité du danger salafiste/djihadiste dans la situation actuelle? Quels sont les rapports de ces groupes avec le parti au pouvoir? Comment expliques-tu la montée de la violence dans la dernière période, et comment les révolutionnaires peuvent–ils face à cette situation?

    Quand on parle politiquement du pole islamiste, on parle d’un réseau d’horizon mondial, articulé avec certaines grandes puissances et avec les intérêts du capitalisme mondial, donc je crois qu’il est difficile de distinguer entre les djihadistes et Ennahda, ou même avec le parti salafiste ‘Ettahrir’.

    On peut considérer les salafistes comme les milices du gouvernent actuel, qui pratiquent la violence avec des mots d’ordre venus d’Ennahda, contre les militants, contre les syndicalistes…Leur objectif c’est de rester au pouvoir à l’aide de ces milices.

    Devant cette situation, je crois que les forces révolutionnaires doivent s’organiser de nouveau, pour continuer le processus dans les régions internes. Devant l’absence des outils et des moyens, cette tâche sera difficile, mais pas impossible.

    Quels sont à tes yeux les forces et les limites du rôle joué par l’UGTT dans la crise actuelle?

    D’une part la direction de l’UGTT a joué un rôle de secours pour tous les gouvernements transitoires depuis le 14 janvier 2011 jusqu’au 23 octobre 2013, entre autres à travers l’initiative du dialogue national. Actuellement elle fait le compromis avec les patrons (l’UTICA). D’autre part, les militants syndicalistes de base essaient de continuer le processus révolutionnaire.

    Quelles sont à ton avis les initiatives à entreprendre à présent pour la poursuite et le succès du mouvement révolutionnaire en Tunisie?

    Ce qui se passe en Tunisie et dans le monde arabe est un processus révolutionnaire continu, avec un horizon nationaliste et socialiste contre le capitalisme et le sionisme, mais actuellement on parle dans le processus d’un paradoxe: les « vrais fabricateurs » du processus révolutionnaire sont en-dehors de la scène politique, et les forces contre-révolutionnaires s’attellent au détournement du processus, donc nous sommes face à une révolution trahie.

    Les initiatives à entreprendre à présent pour la poursuite et le succès du mouvement révolutionnaire en Tunisie, c’est de continuer le processus avec des garanties concernant l’outil, le programme et le parti révolutionnaire. Sur le plan pratique il faut construire des comités locaux et régionaux pour la lutte.

    Quelles leçons/conseils donnerais-tu aux militants socialistes, syndicalistes, révolutionnaires en lutte contre le capitalisme dans d’autres pays?

    Les leçons et les conseils qu’on peut tirer du processus révolutionnaire selon mon point de vue c’est:

    • De viser le pouvoir dès le début du processus et lutter sur la base de tâches révolutionnaires bien précises. Car beaucoup des forces de gauches et de jeunes révolutionnaires et syndicalistes n’ont pas visé le pouvoir à Tunis, mais ont cru pouvoir pousser vers la réforme du système.
    • De s’unifier en tant que forces révolutionnaires contre nos ennemis, et de créer des groupes de lutte avec des moyens qui dépassent la théorie vers la pratique, c’est-à-dire agir sur le terrain jour et nuit.
    • De transformer le conflit avec les ennemis dans les mass media, pour créer une opinion publique contre les ennemis
    • De trouver un réseau de lutte capable de soutenir les protestations qui dépasse l’horizon national, vers l’international.
  • Les Etats-Unis en route vers la faillite ?

    Le 1e octobre dernier, date officielle à partir de laquelle le budget 2014 est d’application aux USA, plus d’un million de ménages ont eu une bien mauvaise surprise. Considérés comme ‘‘non essentiels’’ à la survie du pays par le gouvernement Obama, 800.000 fonctionnaires fédéraux se sont retrouvés en congé forcé et sans solde pour une durée indéterminée. Des centaines de milliers d’autres, plus ‘‘vitaux’’, ont quant à eux pu rester à leur poste… sans être payés. La raison de cette mise à l’arrêt de l’Etat fédéral ? Tout simplement l’absence d’un budget 2014 permettant le fonctionnement de l’administration…

    Par Baptiste (Nivelles), article tiré de l’édition de novembre de Lutte Socialiste

    Que s’est-il passé ?

    Le budget fédéral doit être avalisé par deux entités : le Congrès, à majorité républicaine, et le Sénat, à majorité démocrate, ce qui impose, de facto, un compromis entre les deux partis du big-business américain. Or, ce nouveau budget a une particularité : l’introduction de ‘‘l’ObamaCare’’ (ou Affordable Care Act), la loi sur l’assurance maladie. Cette dernière est tout ce qui reste à Obama pour encore pouvoir justifier que ses deux mandats à la présidence des Etats-Unis aient eu, quelque part, un caractère un tant soit peu progressiste par rapport à ses prédécesseurs. Bien que sans cesse aménagée en faveur des lobbys pharmaceutiques par rapport à ce que promettait Obama lors de ses campagnes électorales, cette loi est, par la même occasion, le cheval de bataille de l’ultra-conservateur ‘‘Tea Party’’, cet horrible monstre de Frankenstein du parti républicain. La stratégie du Tea Party était dès lors simple : faire pression sur les républicains pour rentrer dans un bras-de-fer sur le nouveau budget avec l’espoir de postposer, d’année en année, l’entrée en vigueur de cette loi sur l’assurance maladie. D’où le blocage du 1e octobre dernier, qui a mis en place le shutdown, une cessation organisée des agences fédérales.

    Un blocage politique sur fond de crise économique profonde

    L’absence d’un budget pour 2014 n’était pas le seul enjeu des négociations. Les politiques de guerres et les politiques de rabattement fiscal pour les plus riches qu’Obama a menées ces dernières années, en digne successeur de Bush, ont creusé les déficits budgétaires, augmentant chaque année le plafond record atteint par la dette. Cette dernière avoisine aujourd’hui les 17.000 milliards $, soit plus de 100% du PIB des USA. Or, le plafond maximal que la dette pouvait atteindre avait été fixé à 16 700 milliards $ lors d’un vote au congrès en août 2011. Pour pouvoir continuer à emprunter sur les marchés, ce qui est indispensable pour un budget en déficit, il fallait donc voter, en même temps que le budget, un relèvement du plafond de la dette. Sans cela, le budget précédent ne pourrait même pas être reconduit puisque l’Etat ne pourrait plus rien emprunter, et donc il n’aurait plus été en mesure de répondre à ses obligations élémentaires. C’est la raison pour laquelle les Etats-Unis risquaient pour la première fois de leur histoire un défaut de paiement si un accord n’était pas trouvé pour le 17 octobre.

    Ce scénario, synonyme de catastrophe financière pour tout le système capitaliste, a été écarté grâce à un accord obtenu dans les dernières heures de la nuit du 16 octobre. Tout est à présent fini ?

    Rien n’est moins sûr. Certes, un accord a bien été trouvé entre les républicains et démocrates, en échange de nouvelles concessions sur l’ObamaCare, notamment le renoncement à une taxe sur les sociétés d’assurance, mais cet accord est un compromis très minimal sur le budget et sur la dette. Le relèvement du plafond de la dette est autorisé jusqu’au 7 février et les agences fédérales fermées durant le shutdown peuvent rouvrir… jusqu’au 15 janvier ! D’ici là, un accord complet sur le budget 2014 doit être trouvé, sans quoi l’histoire recommencera de plus belle.

    Un épisode de plus dans la crise des instruments politiques de l’impérialisme…

    S’agit-il d’une étrange mise en scène calculée ? Cette situation chaotique est plutôt le reflet d’une crise des instruments politiques traditionnels de l’impérialisme américain. La façade démocratique du système s’étiole au fur et à mesure des politiques néolibérales, qui dégradent toujours un peu plus le niveau de vie de la population, et les partis du big business s’en retrouvent profondément discrédités. Face à cela, les républicains avaient cru trouver un outil miracle : le Tea Party, la droite populiste hystérique façon US, leur permettant de canaliser une partie du sentiment ‘‘anti-establishment’’ tout en tirant vers la droite les lignes politiques. Depuis, les républicains ont littéralement perdu le contrôle de leur outil populiste et se retrouvent poussés dans des stratégies aventuristes, pas forcément dans l’intérêt de la classe qu’ils représentent, à savoir les capitalistes et le big-business.

    Ce dernier épisode représente une défaite pour les républicains puisque l’ObamaCare rentrera bien en vigueur. Des règlements de compte entre les fractions ‘‘responsables’’ et les fractions ‘‘aventuristes’’ risquent fort de prendre place dans les mois qui viennent dans le camp républicain. Obama a-t-il enfin vaincu le Tea Party ? À nouveau, des concessions ont dû être réalisées, et malgré qu’il ait pris l’ascendant sur ses adversaires politiques, son impopularité restera importante tant que la crise du capitalisme nuira aux 99% de la population et que ses politiques ne feront que creuser le fossé entre riches et pauvres. En outre, l’accord actuel reste très maigre et l’essentiel devra encore être discuté en janvier prochain. La crise politique est loin d’être clôturée.

    … dont la note est à chaque fois reportée sur le dos des travailleurs et de leurs familles

    Le précédent ‘‘clash’’ financier des Etats-Unis avait eu lieu au mois de mars dernier. Le gouvernement devait élaborer un plan drastique de diminution des dépenses publiques pour le 1e mars, cette date butoir faisant suite au relèvement du plafond de la dette voté en août 2011. Faute d’accord, des coupes automatiques ont eu lieu dans les dépenses publiques de l’ordre de 85 milliards $ en 2013 et ensuite pour 1 200 milliards $ sur 10 ans ! Ces coupes se retrouvent surtout dans les budgets de la Défense, mais également dans les budgets sociaux, comme les soins de santé, l’éducation,… Selon Standard and Poor’s, les 16 jours de shutdown d’octobre ont, quant à eux, causé une perte pour l’économie américaine d’environ 24 milliards $, ce qui équivaut à une contraction de l’économie de 0,7% durant cette période. À nouveau, les travailleurs et leurs familles auront payé la note, notamment à travers le chômage économique, et ce alors que les membres du Congrès percevront bien eux l’intégralité de leur 174 000 $ annuel !

    Il est plus que temps d’avoir un parti de masse pour représenter les intérêts des travailleurs et des pauvres. Wall Street a deux partis, les démocrates et les républicains, alors que la classe ouvrière n’en a aucun. Socialist Alternative (section du CIO aux Etats- Unis) fait campagne pour la construction d’un tel parti. Lors des dernières élections locales à Seattle en 2012, notre camarade Kshama Sawant avait obtenu 29% sur base d’un programme socialiste, illustrant le potentiel qu’ont de telles idées parmi la population.

    Le capitalisme ne fonctionne pas, le socialisme doit le remplacer

    Le capitalisme est arrivé depuis longtemps dans un stade de délabrement. Il ne propose aucun avenir pour la société. La guerre de classe, le chaos économique et les crises politiques sont ses seules perspectives. Ce système doit être remplacé par le socialisme, où les secteurs clés de l’économie sont nationalisés, permettant une planification démocratique de la production et des budgets en fonction des besoins de tous, et non en fonction des lobbys privés.

  • États-Unis : après le “shutdown” – Soupirs de soulagement, mais l'austérité va continuer

    C’est avec un grand soulagement que la population des États-Unis d’Amérique, simples travailleurs comme grands patrons, a appris la fin du “shutdown” de l’administration. 800 000 employés du gouvernement retournent au travail ; la plupart seront payés pour ces deux semaines sans travail.Malgré le fait que ces évènements soient perçus à juste titre comme une défaite pour le Tea Party, les Démocrates tout autant que les Républicains prévoient de lancer de grandes attaques sur les programmes d’aide sociale tels que Medicare, Medicaid et la sécurité sociale, dans le cadre de leurs négociations “bipartisanes” quant au nouveau budget fédéral, qui doivent commencer en décembre.

    Par Bryan Koulouris, Socialist Alternative (CIO-USA)

    Pour Robert Reich, qui était secrétaire au Travail sous le président Bill Clinton, « Obama a déjà proposé une méthode pour réduire les futures dépenses de la sécurité sociale, en modifiant la manière dont les montants à payer sont ajustés en fonction de la hausse du cout de la vie – en utilisant un indice des prix au consommateur “en chaine”, ce qui veut dire que lorsque les prix augmentent, les gens sont censés économiser en se tournant vers des alternatives meilleur marché. Mais cela n’a aucun sens si l’on parle des personnes âgées, qui dépensent déjà une part énorme de leurs revenus en médicaments, soins à domicile, et appareils médicaux dont les prix augmentent plus vite que l’inflation. »

    Ces propositions de coupes budgétaires ne feront qu’encore saper l’autorité déjà mise à mal de notre système politique foireux. Qui plus est, nous devons déjà nous attendre à connaitre une crise similaire en janvier et février 2014. Un sondage Gallup effectué durant le shutdown a révélé que 60 % de la population trouve qu’il faut créer un nouveau parti aux USA – un record ! –, tandis que 26 % seulement pense que le système à deux partis fonctionne correctement. Voilà qui révèle une polarisation profonde au sein de la société américaine. L’immense vide à gauche se reflète directement par le succès des campagnes électorales locales menées par notre section américaine, Socialist Alternative.

    La droite se retrouve isolée

    Les politiciens du “Tea Party” (fraction de droite populiste à l’intérieur du parti républicain) et même certains de leurs riches sponsors avaient planifié ce shutdown gouvernemental longtemps à l’avance. Ils pensaient que c’était là leur dernière chance de battre le “Obamacare”, partie intégrale de leur bataille pour une politique ultra-austérité tout en activant leur base de droite en vue des élections de mi-mandat qui se dérouleront l’année prochaine. Au lieu de cela, ils n’ont fait que révéler au grand jour les énormes divisions au sein du parti républicain et démontrer l’ampleur de la crise politique apparemment permanente qui traverse la classe dirigeante américaine.

    Le Tea Party est une invention de vieux républicains visant à créer une organisation faussement militante et “populaire” en se servant de l’énorme colère contre les renflouements bancaires et de la grande déception envers Obama. Ils ont reçu un certain écho dans un pays fort polarisé, et ont pu organiser de grands meetings qui rassemblaient des participants essentiellement blancs, âgés, vivant à la campagne ou dans les faubourgs résidentiels (suburbs) et de “classe moyenne”. L’idéologie du Tea Party colle à celle de ces personnes qui sont déçues du déclin relatif de la puissance américaine dans le monde et se sentent souvent mal à l’aise du fait d’avoir un président noir. Cette base a dans beaucoup d’endroits fortement ébranlé les primaires républicaines (élections au sein du parti), ce qui a poussé les candidats et députés républicains à se radicaliser et à refuser tout consensus bipartisan avec le reste de la classe dirigeante.

    Le Tea Party a reçu beaucoup de publicité de la part des médias capitalistes, qui l’ont utilisé pour orienter le débat vers la droite et pour faire passer le programme d’austérité. Mais aujourd’hui, ils sont fortement discrédités. Chaque nouveau sondage montre à quel point le Tea Party est déconnecté de la réalité et du point de vue de la grande majorité de la population concernant la plupart des enjeux de société. Le mouvement Occupy a complètement bouleversé le débat quant à la crise, en accusant les véritables responsables, qui sont non pas l’intervention gouvernementale dans l’économie, mais la classe dirigeante dans son ensemble, et les inégalités au sein de la société.

    La rhétorique du Tea Party a peut-être aidé les républicains lors des primaires dans les quartiers résidentiels, mais ce n’est pas une stratégie durable ni pour le parti républicain, ni pour ses riches mécènes. Même les frères Koch, des milliardaires ultra-conservateurs, ont fini par publier une déclaration dans laquelle ils se distancient du Tea Party et de son rôle dans le shutdown gouvernemental. Idem en ce qui concerne le célèbre pasteur de droite Pat Robertson.

    Le dernier jour avant le début du shutdown, plusieurs très grands patrons sont intervenus auprès de John Boehner et de politiciens Tea Party pour tenter de les convaincre d’arrêter leurs menaces, qui revenaient à pointer un revolver sur la tempe de l’économie américaine. D’autres membres du Tea Party ont averti à Boehner que tout geste de soumission de sa part reviendrait à mettre un terme à sa carrière politique. Mais à présent, ils tentent de contenir le conflit au sein du parti républicain, qui est passé de la “guerre froide” à la “guerre de tranchées”. On s’attend encore à de grandes batailles lors des primaires républicaines pour les élections de mi-mandat, sans doute alimentées par les nouvelles divisions qui émergeront peut-être concernant la question du budget d’État en janvier et février prochains.

    Tout cela a déjà fait énormément de dégâts aux institutions dirigeantes américaines dans la perception des travailleurs américains comme aux yeux de la population mondiale.

    Une immense colère

    C’est surtout le Tea Party qui est jugé responsable du shutdown, mais la plupart des gens sont également en colère contre tous les politiciens quels qu’ils soient. Il a été largement révélé que les députés du Congrès continuaient à recevoir leurs salaires, alors même que 800 000 fonctionnaires et employés de l’État se retrouvaient de force en congés sans solde, et que la fermeture de l’ensemble des services publics (comme les urgences hospitalières) a causé un grand nombre de morts.

    Les dirigeants syndicaux n’ont pas appelé à la moindre manifestation contre le shutdown. Ce faisant, ils ont laissé passer une immense occasion de construire le soutien aux syndicats et pour un programme d’urgence pour l’emploi qui serait financé par des taxes sur les millionnaires et sur les grandes entreprises. La colère qui vit dans la société devait pourtant bien s’exprimer quelque part. Le Tea Party a tenté de mobiliser des camionneurs pour fermer les routes qui mènent à Washington DC, afin de capitaliser sur la frustration et de la diriger contre les Démocrates : cela a été un flop complet.

    Des millions de gens ont vu Dylan Ratigan, un commentateur libéral, donner à la télévision un discours de cinq minutes extrêmement radical et apparemment improvisé, venant du cœur, qui a ensuite été partagé des centaines de milliers de fois sur Facebook.

    Ratigan disait que « Des dizaines de milliers de milliards de dollars sont extraits des États-Unis d’Amérique par un système financier, un système boursier, un système de taxation, qui a été mis en place par les deux partis. Le Congrès est vendu ! Il faut arrêter affaire d’argent dans la politique ! Le système bancaire est totalement corrompu et il nous pille ! » Il n’a évidemment pas été jusqu’à dire qu’il nous faut un nouveau parti qui représente les 99 % de la population, pour installer le socialisme démocratique, mais le fait de voir ce pétage de plomb radical autant diffusé montre bien la conscience qui est en train de se développer.

    Un écran de fumée pour couvrir la boucherie

    L’adoption du budget fédéral a été renvoyé à un “comité congressionnel” qui prendra ses décisions dans les prochaines semaines. Obama et les dirigeants du parti démocrate ont déjà affirmé être prêts à attaquer tous les grands programmes sociaux qui nous viennent du “New Deal” et de la “Great Society”, qui avaient été imposés par des mouvements de masse des travailleurs, des opprimés et de la jeunesse. Obama a même été jusqu’à dire qu’il voudrait diminuer les taxes sur les grandes entreprises. Bien que beaucoup de gens sont contents de voir les politiciens “mettre leurs différences de côtés pour se mettre au travail”, le problème est que le programme des deux partis n’est pas du tout orienté vers la défense des intérêts de la population laborieuse et des pauvres. Il se base plutôt sur une approche conflictuelle qui vise à instaurer une politique pro-capitaliste. Tout accord budgétaire bipartisan s’en prendra de nouveau aux programmes essentiels que sont Medicare et la sécurité sociale, plutôt que taxer l’incroyable richesse de notre élite super-riche. Il faut donc s’attendre à voir encore grandir la déception envers les Démocrates si ces coupes budgétaires devaient être effectuées.

    Le vide politique

    Il y a d’immenses ouvertures pour le mouvement syndical et pour la gauche pour intervenir dans ce débat. Les récents sondages, les discours radicaux à la télévision, la popularité du mouvement Occupy, les luttes déterminées menées par les travailleurs à bas salaire – toutes ces éléments indiquent une ouverture massive que la gauche doit saisir fermement.

    Socialist Alternative, section américaine du CIO, a montré l’exemple avec nos campagnes électorales extrêmement politiques et dynamiques à Seattle et à Minneapolis. Il faut que d’autres militants de la classe prolétaire se dressent et se présentent aux élections de mi-mandat de 2014, au niveau local et national.

    Il nous faut des candidats qui viennent du syndicat des enseignants, en lutte contre les coupes et la privatisation de l’enseignement ; des candidats qui soient des propriétaires de maison menacés d’expulsion par les banques et les flics, en lutte contre les saisies immobilières ; des candidats qui soient des travailleurs à bas salaire, qui se présentent contre les politiciens capitalistes ; des militants anti-sexistes, anti-racistes, anti-homophobie, pour rompre avec la politique des deux partis des patrons.

    Plus que jamais, cette crise montre à quel point Wall Street a deux partis, tandis que nous n’en avons aucun. Un pas énorme dans la construction d’un parti qui soit un parti des 99 % de la population, serait de voir deux-cent candidats indépendants se présenter pour les élections de 2014. Des candidats liés aux mouvements sur le terrain, des candidats qui refusent de se voir achetés, des candidats avec un programme de lutte pour et avec les travailleurs, les jeunes et les pauvres.

  • Venezuela: la crise s’intensifie

    L’économie du Venezuela fait face à une inflation et une spéculation hors de contrôle ainsi qu’à d’importantes pénuries de nourriture. En même temps, les forces capitalistes gagnent en audace à cause des divisions croissantes au sein du gouvernement. Le vide à la tête du gouvernement vénézuélien depuis la mort d’Hugo Chávez, associé à l’intensification de la crise économique globale et aux limites des réformes gouvernementales, a contribué à exposer les faiblesses et les contradictions de la fameuse ”révolution bolivarienne”. Cela marque une nouvelle étape dans le développement de la lutte des classes.

    Johan Rivas, Socialismo Revolucionario (CIO-Venezuela)

    Dans le même temps, l’absence d’une organisation conscientisée de la classe ouvrière et des pauvres, opposée au capitalisme, à la corruption et à la bureaucratisation, a permis aux forces de droite de lancer une nouvelle offensive politique et économique dans le but de reprendre le flambeau.

    Depuis la mort de Chávez au mois de mars, les contradictions du chavisme se sont accentuées, ce qui a conduit à des clivages et à des divisions entre les secteurs civil et militaire pour le contrôle du PSUV (Partido Socialista Unido de Venezuela) au pouvoir et du gouvernement. Cela a conduit à une crise politique du PSUV, qui se reflète dans le choix des candidats pour les élections municipales qui auront lieu le 8 décembre.

    L’imposition de candidats par la direction du parti sans prendre en considération la base et les représentants des communautés a provoqué des fissures. Dans certaines régions, des membres en colère de la base du PSUV, qui se réclament du ”chavisme rebelle”, ont présenté des candidats indépendants sans consulter la direction du parti. Diosdado Cabello, vice-président du PSUV et président du parlement, a qualifié ceux qui ne ”respectent pas” les décisions du parti de traîtres et de contre-révolutionnaires, ajoutant qu’aucun candidat non-membre du PSUV ne pourrait être digne de l’héritage de Chávez.

    Dans un contexte qualifié de ”sabotage” et de ”guerre économique” par le gouvernement, la bourgeoisie est accusée de conspiration, alors qu’en même temps, le gouvernement tente de former des alliances avec des capitalistes qu’il qualifie de ”nationaux” et de ”démocratiques”.

    Le successeur de Chávez, Nicolás Maduro, n’a pas appelé à un rassemblement des travailleurs, des pauvres et des mouvements sociaux afin de développer un plan politique révolutionnaire pour affronter le capitalisme (et la violence des casseurs réactionnaires qu’il encourage) après son élection le 14 avril. Au lieu de cela, il a rencontré de grands patrons et des représentants de la bourgeoisie, dont la famille Mendoza, propriétaire de l’entreprise d’alimentation et de boissons POLAR, le plus gros monopole du pays. Le gouvernement leur a offert de grosses concessions pour qu’ils puissent promouvoir leurs affaires, notamment en les autorisant à ignorer d’importantes obligations concernant les droits des travailleurs et en leur octroyant des conditions de financement plus favorables, avec comme résultat une forte hausse du prix des aliments de base et une dévaluation de la monnaie nationale de 46%.

    Les patrons ne se sont pas montrés satisfaits et font maintenant pression pour plus de flexibilité sur le marché des changes et pour une dévaluation accélérée, ce que le gouvernement envisage. En même temps, ils exigent un affaiblissement du droit du travail, qui représente 20 à 30% du coût de la production. Selon les patrons, les droits des travailleurs sont l’un des facteurs derrière les pénuries dans l’économie.

    Inflation et spéculation

    Malheureusement, les principaux porte-paroles des fédérations syndicales comme la CBST (Central Bolivariana Socialista de Trabajadores) et l’UNETE (Unión Nacional de Trabajadores de Venezuela) ont aussi déclaré que l’absentéisme des employés est un facteur du déclin de la production. Ils ”modèrent” cependant leurs propos en disant que les travailleurs ont besoin de davantage de stimulation pour contribuer davantage au travail de leur entreprise.

    Bien sûr, il y a d’autres raisons à la baisse de la production. Par exemple, dans la région de Cordero dans l’Etat de Lara, l’entreprise de poulet SOUTO a fait banqueroute et a été fermée de manière frauduleuse, un coup orchestré par ses propriétaires. Puis, en août, l’entreprise toute entière et ses nombreuses usines ont fermé, ce qui a contribué à la pénurie d’aujourd’hui. Les travailleurs de SOUTO ont organisé une résistance héroïque pendant plusieurs mois, exigeant la nationalisation des usines sous contrôle des travailleurs et de la communauté. La réaction du gouvernement a été d’augmenter les importations de nourriture, y compris de poulet. Il existe bien d’autres exemples.

    La bureaucratie syndicale semble préférer s’allier de manière opportuniste à l’opposition au gouvernement plutôt que de lutter pour une action unie pour la défense des droits des travailleurs et une alternative révolutionnaire à la droitisation du gouvernement et au sabotage orchestré par la droite.

    Les mesures du gouvernement empirent la situation économique. La rareté des denrées atteint des niveaux historiques, généralement 20%, mais parfois 50% et même 100% pour certains produits comme le lait, le poulet, l’huile,… Les tentatives des bureaucrates de contrôler les prix ont échoué et les patrons continuent à spéculer. L’inflation atteint en moyenne 40%, et s’élève à 70% en ce qui concerne la nourriture. Les prix élevés du pétrole dans le monde, qui ont dépassé les 100$ depuis des années, n’ont pas suffi à permettre au gouvernement de maintenir ses politiques sociales, qui sont de plus en plus sapées au profit des concessions accordées à certains patrons (qui tentent malgré tout de faire tomber le gouvernement).

    Le gouvernement connaît une sérieuse crise de liquidités, principalement causée par des problèmes de production dans l’entreprise pétrolière nationale PDVA et à la CVG (secteur national du métal et des mines), qui représentent 97% du PIB. Phénomène accru par les fuites massives de capitaux causes par les capitalistes et les mafias.

    Malgré des recettes de 900 milliards de dollars ces 14 dernières années, le gouvernement est dans un déficit profond qui ne fait qu’empirer. La Chine est devenue son principal créancier. Mais le régime chinois s’inquiète de l’instabilité du Venezuela et de ses demandes constantes pour plus de crédit. Maduro s’est ainsi rendu en Chine au mois d’octobre pour demander un allongement de crédit. Le régime chinois investit dans la technologie, la construction, les télécommunications et l’automobile, en plus de chercher à s’approprier d’énormes espaces cultivables. Cela peut sembler paradoxal pour un pays qui connaît une énorme pénurie alimentaire.

    Il s’agit d’une politique très risquée. Malgré sa croissance record des dernières années, la Chine n’est pas immunisée à la crise du capitalisme. Le ralentissement de son économie et l’effondrement économique du Venezuela, combinés à une chute généralisée des prix du pétrole, mettraient le pays dans une situation critique. Cela élèverait aussi l’intensité de la lutte des classes.

    Sous prétexte de combattre la corruption et la fuite de capitaux, le gouvernement s’en prend aux gens ordinaires qui, pour une raison ou une autre, souvent pour cause de nécessité absolue, se retrouvent enrôlés dans des réseaux criminels qui achètent de la monnaie étrangère à bas prix et la revendent à des prix bien plus élevés sur le marché noir. Les dirigeants de ces réseaux s’en sortent pour la plupart sans problèmes.

    La domination du marché noir des devises étrangle l’économie, avec une spéculation massive sur les prix. Par exemple, les prix des vols en avion ont augmenté de 400%. Les appareils électroniques et les téléphones qui coûtent généralement entre 100 et 500$ à l’étranger coûtent entre 1000 et 5000$ au Venezuela ! Le gouvernement a pris de nouvelles mesures via l’agence nationale de contrôle des devises, la DADIVI, pour limiter la quantité de devises étrangères auxquelles les Vénézuéliens peuvent avoir accès à l’étranger. Mais cela ne représente que le sommet de l’iceberg, environ 10% des fuites de capitaux seulement.

    Inégalités croissantes

    Rien que l’année dernière, 23 milliards de dollars ont été donnés au secteur privé pour compenser les ”coûts de l’importation”. Cet argent a disparu dans des entreprises fantômes créées pour faciliter la corruption, avec l’implication d’éléments de la bureaucratie d’Etat. Le gouvernement tente d’éviter ce sujet qui a provoqué le mécontentement parmi la base des chavistes, qui s’est mise à se demander si la croisade contre la corruption était vraiment sérieuse. Le gouvernement tente de cacher le fait que la bureaucratie décide de tout sans réelle participation des travailleurs, et que les taux élevés de corruption au sein de l’Etat ont provoqué et encouragé cette crise.

    Ces 14 dernières années, le gouvernement a gardé intactes les principales forteresses économiques des capitalistes, qui continuent à maintenir et à augmenter leurs profits. 70% du PIB reste concentré entre les mains de 1% de la population. L’année dernière, 97% des revenus des banques du pays venaient de la PDVSA. Les 1% les plus riches contribuent donc à moins de 3% ! 60% de cet argent a été dépensé en importations, en majorité de nourriture et de biens manufacturés, en grande partie à destination du secteur privé. La classe parasite bénéficie donc de la plus grande partie de l’argent du pétrole et du PIB.

    L’ALEM (Association Sud-Américaine des Economistes Marxistes) estime qu’au Venezuela, il y a 423 « unités » de production agricole. 2% d’entre elles possèdent 17 millions d’hectares, 55% des terres. Depuis 1999, l’Etat a augmenté les vides juridiques pour les grandes entreprises. Les multinationales basées à l’étranger ne paient aucune taxe sur la production vénézuélienne, juste celles de leur pays « d’origine ». Cette nouvelle législation a été dénoncée par Luis Brito Garcia, membre de gauche bien connu du Conseil Fédéral. Il dit que l’Etat a perdu 17 milliards de $ en taxes depuis 2009 à cause de cette législation. Cette réduction de taxe doit clairement être abolie, tout comme les taxes injustes telles que la TVA.

    Malgré le fait que la radicalisation des masses a poussé Chávez à nationaliser des entreprises et à exproprier de grands propriétaires terriens, faisant ainsi trembler le capitalisme et l’impérialisme, ces mêmes capitalistes ont maintenu et même augmenté leurs bénéfices sous Chávez et Maduro. Par exemple, le secteur banquier et financier privé continue à battre des records de profits, même en période de récession.

    De plus, malgré des conflits diplomatiques et des tentatives de nouvelles alliances avec la Russie et la Chine, l’économie vénézuélienne reste très dépendante des Etats-Unis, qui restent son principal partenaire dans des secteurs-clés. Le Département d’Etat des Etats-Unis a ainsi résumé la situation : ”Les tensions diplomatiques entre le gouvernement du Venezuela et l’administration des Etats-Unis n’affectent pas et n’ont rien à voir avec les relations commerciales fructueuses entre les deux pays.”

    Les victoires du passé menacées

    La classe ouvrière fait face à de nombreux défis majeurs au Venezuela, et pas qu’à celui de remplacer le poids politique de Chávez. Le défi principal est de continuer avec le processus qui a posé la question d’une révolution socialiste pour mettre fin à la pauvreté dans l’esprit de larges couches des travailleurs et des pauvres.

    Cependant, l’absence d’une organisation de la base des travailleurs et des pauvres, prête à jouer un rôle-clé, fait que le processus restera faible et limité à des réformes démocratiques et populistes dans le cadre du capitalisme. C’est le facteur principal qui explique comment un processus qui est devenu une référence si forte pour ceux en lutte contre le capitalisme à travers le monde a été incapable de se défaire définitivement du système.

    La crise politique et économique actuelle menace non seulement d’en finir avec les acquis de la révolution, mais augure aussi une défaite politique. Cela pourrait être utilisé par la classe dominante, comme c’est déjà en partie le cas, pour argumenter que le « socialisme » a échoué, qu’il s’agit d’un modèle obsolète et que l’on ne peut que chercher à réformer le capitalisme et à atteindre la paix sociale entre les classes. Rien ne pourrait être plus faux, au vu de la réalité dans laquelle nous vivons à l’échelle globale.

    Le gouvernement a parlé de sabotage et de guerre économique contre lui durant toute la période actuelle. Il l’a répété à l’occasion de la 40ème commémoration du coup d’Etat militaire contre Salvador Allende au Chili en 1973. Il a tenté de faire une référence historique de manière mécanique pour convaincre le peuple que la situation actuelle n’a rien à voir avec ses échecs politiques mais ne représente qu’une autre tentative du capitalisme et de l’impérialisme d’en finir avec la révolution. Il s’agit clairement de manipulation visant à dissimuler le fait que le gouvernement s’est engagé dans une politique de conciliation de classe, trahissant les aspirations des travailleurs qui ont soutenu Chávez et l’idée d’une révolution socialiste.

    Le rôle de l’armée

    L’échec de la politique économique du gouvernement et ses affaires avec les capitalistes ont fait trembler sa base sociale. Les élections du 14 avril ont montré que le chavisme a perdu 2 millions de votes en moins de 5 mois. Il y a un mécontentement croissant parmi la base du chavisme et les travailleurs qui, malgré la confusion et le manque de direction politique, conserve ses aspirations révolutionnaires et de changement de régime. Cela rend impossible pour l’aile droite et la bureaucratie chaviste de contrôler la situation à 100% ou de prévenir une nouvelle explosion révolutionnaire.

    Dans une telle situation, l’armée joue souvent un rôle d’arbitre et intervient pour préserver la stabilité du système. Cependant, il s’agit aussi d’un sujet complexe et il existe de nombreuses contradictions politiques au sein même de l’armée. Au Venezuela, certains éléments de l’armée sont d’origine prolétaire, contrairement à de nombreux autres pays de la région, et Chávez avait introduit l’idée du socialisme parmi les troupes, avec cependant une vision nationaliste.

    Même si ces idées socialistes sont abstraites et confuses, elles ouvrent la possibilité de divisions et de confrontations au sein des forces armées. Malgré tout, la majorité des militaires sont décidés à protéger le système, et ils pourraient jouer un rôle-clé.

    Maduro a aussi exercé plus de pouvoir sur l’armé, bien plus que Chávez. De nombreux départements-clés de l’Etat sont dirigés directement ou non par des personnalités militaires, dans le but de pacifier une partie du mécontentement qui s’élève dans l’armée. Le gouvernement a annoncé des augmentations de salaires pour le personnel militaire, et de nouveaux crédits pour acheter des armes et de l’équipement et financer des réparations. Rien de nouveau ; Chávez avait adopté une approche similaire. La différence, c’est que Chávez avait suffisamment de charisme et d’autorité pour être capable d’équilibrer la balance entre l’armée et les secteurs civils. Il profitait aussi d’une meilleure situation économique.

    Les contradictions croissantes au sein du chavisme, la crise politique et économique, et l’intensification des divisions parmi les partis qui soutiennent le gouvernement, particulièrement le PSUV, ouvrent la voie à une réorganisation de la gauche et de la base qui lutte pour une radicalisation et un approfondissement de la révolution bolivarienne.

    Dans la prochaine période, nous assisterons à une montée des conflits sociaux, comme c’est déjà le cas pour les travailleurs du métal de SIDOR et pour d’autres travailleurs. La nécessité d’une direction bâtie sur les luttes des travailleurs et des pauvres reste un facteur décisif. Cela représente le principal défi pour la gauche révolutionnaire.

    D’un autre côté, vu la balance actuelle des forces, il ne serait pas surprenant que la bourgeoisie reprenne tout le pouvoir, soit via une alliance de droite, MUD (Mesa de Unidad Democratica), ou à travers une contre-révolution au sein du chavisme même. Cependant, ce serait une erreur de tirer des conclusions défaitistes, car les contradictions du capitalisme au Venezuela atteignent leurs limites.

    A l’échelle mondiale, la crise du capitalisme se poursuit. Le changement ne viendra pas tout seul, mais, dans le contexte d’une nouvelle période de la lutte des classes, tout gouvernement qui opère sur une base capitaliste connaîtra la possibilité d’explosions révolutionnaires des travailleurs et des pauvres.

  • Après cinq ans de crise, nous sommes toujours plus nombreux à être pris en otage par les banques et un capitalisme en faillite

    Il y a cinq ans, le 15 septembre 2008, la banque d’investissement Lehman Brothers faisait faillite. Ce qui a suivi, personne parmi les politiciens bourgeois, les plus éminents spécialistes et toute la ribambelle de savants et d’experts ne l’avait prévu : une crise qui allait frapper le capitalisme mondial en plein coeur. Comment cela fut il possible ?

    Par Peter Delsing

    Mis à part tous les problèmes auxquels l’élite a été confrontée, les conséquences ont été dévastatrices pour la plus grande partie de la population mondiale. La crise économique de 2008 fut parmi les éléments déclencheurs d’une vague d’insurrections et de révolutions au Moyen- Orient et en Afrique du Nord. En Amérique, elle a mené à ce que des millions de personnes perdent leur maison ou leur travail, ou les deux, mais aussi à une profonde modification du débat politique.

    Le mouvement Occupy a dénoncé la domination des riches et a pu compter sur une large sympathie de la part des jeunes et des travailleurs. En Europe, la crise – après toute une série de plans d’austérité – a causé une hausse tragique du chômage, surtout parmi la jeunesse. Dans le Sud de l’Europe, cela a eu pour résultat des occupations d’usines et des grèves générales. La Grèce est maintenant rejetée dans les conditions de vie d’un pays néocolonial. Elle a vu le retour d’un parti ouvertement fasciste, Aube Dorée, qu’une partie de la bourgeoisie voudrait voir arriver au gouvernement.

    Le renflouement des banques a pu sauver le système. Pour l’instant.

    Selon le journal patronal Business Week, Ben Bernanke, président de la banque centrale américaine, avait alors adressé ce discours aux dirigeants du Congrès : ‘‘Si nous n’intervenons pas immédiatement, alors d’ici lundi, nous n’aurons plus d’économie.’’ Son collègue Hank Paulson, ministre des Finances sous le président Bush, a répondu : ‘‘Ben et moi avons réalisé une projection où tout le système financier faisait faillite. Les banques ne se prêtaient plus les unes aux autres. Le crédit ne coulait plus de manière normale. J’y ai vu un chômage de 25 %, le même que pendant la Grande Dépression. Une catastrophe se serait produite si nous n’étions pas directement intervenus.’’

    Rapidement, les grandes banques, assureurs, producteurs automobiles (comme General Motors), etc. ont été renfloués à hauteur de 800 milliards de dollars. Des centaines de petites banques ont tout de même fait faillite. En Belgique, le soutien aux banques a atteint le montant de 25 milliards d’euros, que nous devons maintenant payer sous forme de coupes budgétaires. Mais en Chine aussi, un programme massif de relance de l’économie a été échafaudé, ce qui a pu fournir un marché pour l’économie mondiale (surtout pour les pays à forte croissance comme le Brésil, la Russie, l’Inde, la Turquie…)

    Ce sont ces plans de relance d’une ampleur jamais vue auparavant, en plus d’une certaine croissance qui perdure sur le marché international, qui ont permis au capitalisme mondial d’éviter l’effondrement total. Aux États-Unis, la Banque centrale a injecté environ 3600 milliards de dollars dans les banques (notamment en rachetant des crédits hypothécaires douteux) et sous forme de bons d’État. C’est plus de 20 % du PIB (la somme de tout ce que les États-Unis produisent en une année) américain, une somme immense. Fin 2011 et début 2012, la Banque centrale européenne a souscrit des prêts bon marché sur 3 ans d’échéance à hauteur de plus de 1000 milliards d’euros dans le but d’empêcher l’effondrement de plusieurs banques, ce qui aurait pu déclencher une nouvelle crise financière. Des centaines d’institutions financières européennes en ont bénéficié. Aujourd’hui, on dit qu’une nouvelle vague de prêts est nécessaire afin de sauver les banques d’Europe méridionale de la faillite.

    Le capitalisme à jamais sous perfusion de crédits bon marché ?

    Le système semble maintenant comme drogué, dépendant des prêts et des crédits bon marché. Lorsque la Banque centrale américaine suggère d’accorder son soutien aux banques et de mettre en place une politique à bas taux, les bourses commencent à gronder. Pourquoi ?

    La vérité, c’est que les grandes banques ne peuvent plus depuis longtemps réaliser des profits essentiellement à partir de l’argent qu’elles reçoivent des livrets d’épargne des entreprises et des ménages. Depuis plusieurs décennies, surtout depuis les années ‘70, le capitalisme se heurte à une tendance à la suraccumulation de capital et à la baisse du taux de profit dans l’économie réelle. Ce sont les causes que Marx avait déjà indiquées dans sa théorie du travail et de la valeur, selon laquelle le temps de travail est le facteur essentiel de fixation des prix.

    L’exploitation – l’appropriation de travail non-payé – et les attaques néolibérales sur les salaires et les allocations ont creusé le fossé entre les riches et la majorité de la population. Ce développement a contribué à une stagnation économique. La part croissante des machines et de la technologie dans la production, contre la force de travail supprimée ou en augmentation plus lente, assure que les capitalistes tirent moins de “travail non payé”, et donc moins de profits par produit. Ils se tournent donc vers le secteur financier, où des marges de profit supérieures peuvent être obtenues.

    Les banques ont joué un rôle crucial pour éviter une crise plus fondamentale dans une période de pouvoir d’achat en baisse et de chômage structurel, depuis les années ‘80. Elles vivaient de plus en plus de l’argent prêté plutôt que de l’épargne pour pouvoir maintenir la croissance économique. Grâce à tout ce capital fictif – des richesses qui ne résultent pas de la production, mais qui apparaissent comme par magie sur des écrans d’ordinateur – les entreprises, les gouvernements et les ménages faisaient toutes leurs prévisions sur base du crédit. On a ainsi vu une création massive mais artificielle d’argent et de croissance, et la formation d’une économie de “bulles”. Une économie dans laquelle on investissait de moins en moins dans la production réelle, et certainement moins dans l’emploi, mais où on investissait davantage en produits financiers de plus en plus exotiques.

    La plus grande banque américaine, JP Morgan Chase, possédait le 30 juin 2400 milliards de dollars d’actifs propres (argent non prêté, bâtiments, matériel,…). En contrepartie, la banque avait 2200 milliards de dollars d’obligations de paiement : 1200 milliards de dépôts d’épargne, 1000 milliards d’autres dettes. Pour de nombreuses banques, il est normal d’avoir 90 % de dettes par rapport aux fonds propres, ce qui serait absolument exceptionnel dans d’autres entreprises capitalistes. Vu l’importance du système, les PDG des banques tout comme leurs fournisseurs de crédit en concluent que les gouvernements seront toujours là pour intervenir. Lors de la crise suivante, cela pourrait pourtant se dérouler tout à fait autrement : les gouvernements pourraient, au vu de leurs dettes, ne plus pouvoir effectuer le moindre nouveau renflouement. Nous en avons eu un avant-goût à Chypre, où ce sont les actionnaires et même les épargnants qui ont été appelés à renflouer l’État !

    Il y a 70 ans, les banques avaient environ 20 à 30 % de fonds propres sur leur total de dettes. En 2008, ce n’était plus que 3 % ! Aujourd’hui, Wall Street mène une lutte contre la tentative de forcer les banques à conserver 5 % de fonds propres. Selon les dernières normes européennes, décidées à Bâle III, il reste possible de financer jusqu’à 97 % des actifs propres avec de l’argent prêté au lieu de fonds propres. Les banques peuvent bien avoir déjà liquidé une partie de leurs dettes, de telles normes assurent qu’elles soient comme une corde au cou du capitalisme.

    Leur comptabilité reste de plus souvent hermétique et, aux États-Unis, les investissements dans des “produits dérivés” à risques (où on peut facilement gagner de gros profits sur le prix futur des actions et des matières premières) ne sont même pas comptabilisés. Pour JP Morgan Chase, ce commerce de produits dérivés financiers vaut 70.000 milliards de dollars, soit plus de quatre fois l’ensemble de toute l’économie américaine ! Selon l’analyste financier Steve Dunning, environ les deux tiers des profits des grandes banques aujourd’hui viennent du commerce d’actions et de produits dérivés financiers, réalisés essentiellement avec de l’argent prêté. La prochaine crise économique qui fera plonger les marchés des actions et des produits dérivés effacera une grande partie de la (déjà faible) base de capital des banques. Le commerce mondial des produits d’investissements dérivés vaut 700.000 milliards de dollars, soit 10 fois l’économie mondiale ! Et le PDG de Dexia nous a récemment déclaré que sa banque serait balayée par la première crise qui frapperait un peu durement les gouvernements d’Italie ou d’Espagne. Les 54 milliards d’euros pour lesquels le gouvernement belge s’est porté garant auront vite fait de causer la ruine de l’État.

    Bref, cinq ans après la crise, rien n’a été fondamentalement résolu. Les spéculateurs sont devenus encore plus riches et c’est à nous de payer l’addition. Les grandes banques peuvent à présent mettre en faillite des pays entiers et déstabiliser des pans entiers de l’économie mondiale, comme en Grèce et en Espagne. Pour nous protéger de ces “armes de destruction massives financières”, l’ensemble du secteur bancaire doit être nationalisé sous le contrôle de la population, dans le cadre d’une nationalisation démocratique – par des comités élus et responsables de travailleurs et de jeunes – de l’ensemble de l’industrie et de l’économie, afin d’en finir une bonne fois pour toute avec la crise du capitalisme.

  • Berlusconi humilié

    Le gouvernement Letta fait face à une crise économique et sociale prolongée

    “Berlusconi est mort”, a déclaré l’un des plus proches collaborateurs du Cavaliere à la fin de la pire semaine de sa carrière politique. Après avoir dominé la scène politique italienne pendant près de 20 ans, Berlusconi a été contraint à un humiliant virage à 180° suite au vote de confiance, a été témoin de l’implosion de son parti, et, pour couronner le tout, a été privé de son titre de sénateur. S’il n’est pas encore complètement sorti de la scène politique, ce n’est plus qu’une question de temps.

    Christine Thomas, Controcorrente (CIO-Italie)

    Les décisions politiques en Italie ont pendant des années été influencées et motivées par les affaires et les intérêts privés de Berlusconi. Cela a de nouveau été le cas il y a quelques semaines, ce qui a créé une crise politique et a soulevé la question de la chute du gouvernement de la coalition Letta.

    En août, Berlusconi a été jugé coupable de fraude fiscale liée à son groupe Mediaset, et a été condamné à 4 ans de prison. A cause de son âge (77 ans), il n’ira pas en prison mais pourra choisir entre une résidence surveillée ou 1 an de travaux d’intérêt général. Il semble s’être décidé pour la seconde option, la moins lourde. Ses 4 ans d’emprisonnement le privent de la fonction de sénateur. Lorsque les deux chambres du parlement auront accepté la décision du sénat, il devra tirer sa révérence. Dans le courant du mois, un tribunal décidera combien de temps il restera privé de ses fonctions, probablement entre 1 et 3 ans plutôt que le maximum de 5 ans. Il perdra par conséquent son immunité diplomatique, ce qui, avec les affaires en cours (rapports sexuels avec une prostituée mineure et corruption d’un sénateur pour qu’il trahisse son parti), pourrait éventuellement lui valoir d’être arrêté et emprisonné.

    En réaction, Berlusconi est monté à l’offensive contre les décisions politiques et judiciaires ‘‘aux motifs politiques’’ destinées à ‘‘le sortir du gouvernement’’. Des semaines durant, il a tenté de tenir le gouvernement en otage en créant encore une autre crise politique et potentiellement économique. Il a forcé ses 5 ministres du PDL dans la coalition à démissionner. Ensuite, avec juste une poignée de ses associés les plus proches, il a décidé que le PDL ne soutiendrait pas un vote de confiance du gouvernement Letta. Le parti, qu’il fondé en 1994 et qu’il a depuis manipulé comme une marionnette, a explosé en une rébellion sans précédent entre les ‘‘colombes’’ menées par Alfano, le secrétaire général du parti (secrétaire d’Etat à l’Intérieur, et aussi premier ministre député) qui a refusé de se conformer à la décision de Berlusconi, et les ‘‘faucons’’ qui ont traité Alfano en Judas. Son parti en plein schisme et les actions de ses compagnies en baisse, Berlusconi a été forcé à se retirer et le PDL a voté en faveur du vote de confiance.

    Un gouvernement fragile

    ‘‘Crise repoussée, le gouvernement Letta renforcé’’. Voilà la une des médias actuellement mais, en réalité, les évènements de ces dernières semaines ont clairement démontré la fragilité et la précarité de ce gouvernement qui n’est que la réflexion d’une crise économique, sociale et politique sévère du capitalisme italien. Des économies du G7, celle de l’Italie est la seule à toujours être en récession, son PIB ayant baissé de 8% depuis le début de la crise économique. La production industrielle a baissé de 25% et le taux de chômage des 16-25 ans a atteint 40%. Des prévisions de ‘‘croissance’’ de 0,4% l’année prochaine ne changeront rien à l’hémorragie en cours.

    Pour la classe des travailleurs et la jeunesse qui luttent pour nouer les deux bouts à la fin du mois, la crise politique de ces dernières semaines n’est qu’un cirque, à des années-lumière de la réalité quotidienne.

    La coalition Letta est née en avril dernier pour être un gouvernement de dernier recours après que les résultats des élections de février aient démontré un rejet absolu du l’austérité, du système politique dysfonctionnel et de ses deux représentants, le PDL de Berlusconi et le PD, que se soient par le taux d’abstention ou les votes (25%) pour le Mouvement 5 Etoiles populiste de Beppe Grillo.

    Les gens ont voté pour le changement, mais ne l’ont pas trouvé. La coalition PDL/PD a gratté pour trouver un milliard par-ci, un milliard par-là, pour offrir l’équivalent de miettes de pain à des affamés, tout en échouant à appliquer les contre-réformes exigées par les grosses entreprises et l’UE. Le fait que la possibilité que ce gouvernement faible et paralysé s’effondre ait fait trembler la classe capitaliste italienne, l’UE et les marchés, démontre la profondeur de leur désespoir face à une crise profonde, sans représentants politiques stables.

    88% des gens disent que la crise politique n’est pas terminée, et peu croient que le gouvernement tiendra jusqu’en 2015 (le but originel de Letta). Même si le PDL se scinde en une aile chrétienne-démocrate ‘‘modérée’’ et en une autre de droite assumée, et que l’influence de Berlusconi s’essouffle, il y aura toujours d’énormes pressions sur les partis de la coalition de la part de nombreux électeurs, et particulièrement sur le PD, pour appliquer des réformes visant à diminuer les pires effets de la crise.

    Le PD lui-même est dans un état de conflit ouvert alors qu’il s’apprête à élire un nouveau chef. Mais la profondeur de la crise, et les intérêts inconciliables en jeu, signifient que le gouvernement ne peut tenir parole. S’en tenir aux 3% de déficit budgétaire maximum (que l’UE menace d’imposer cette année) conduira à de nouvelles coupes dans les services publics déjà affaiblis par les coupes précédentes. De nouveaux secteurs seront privatisés. Restaurer la productivité et la compétitivité, comme l’exigent les grandes entreprises, signifie plus de ‘‘réformes du travail’’, des réductions de salaires et des attaques contre les conditions de travail des travailleurs italiens pour leur faire atteindre les mêmes conditions qu’au Portugal et en Grèce, où la productivité progresse sur fond de dévastation sociale.

    Un agonie prolongée

    Les politiques du Mouvement 5 Étoiles n’offrent aucun répit à l’agonie prolongée des ouvriers et la classe moyenne italienne. Le mouvement a connu expulsions et abandons dans son groupe parlementaire, et son soutien a baissé dans les sondages. Cependant, il se maintient à 20% et restera probablement l’atout de l’opposition, bien qu’il soit incapable de mobiliser l’opposition quant aux attaques du gouvernement.

    C’est la même chose pour les dirigeants des fédérations syndicales principales. Il n’y a de plus aucun parti de gauche conséquent ni aucun projet en cours. Il ne pourra y en avoir que sur la base des luttes futures sur les lieux de travail et dans les communautés, pas sur la base de tentatives visant à recoudre ensemble des bouts de groupes de gauche (comme Cremaschi, l’ancien dirigeant du syndicat radical des métallurgistes, la FIOM, tente de le faire avec l’initiative ROSSA), ni sur la base de formations qui s’attachent à la défense légale de la ‘‘démocratie’’ et de la Constitution (soutenues par le dirigeant actuel de la FIOM, Landini, et un groupe d’intellectuels).

    ControCorrente (section du CIO en Italie) est ouvert à une collaboration avec d’autres forces de gauche, mais le but essentiel en cette période et de développer des luttes industrielles et sociales, comme celle contre la privatisation massive des services locaux à Gênes, par exemple. Là-bas, sous l’influence de membres de ControCorrente, une grève municipale des travailleurs du transport, des éboueurs, du personnel de maintenance et d’autres services menacés a conduit à une victoire temporaire : le conseil ayant postposé le débat sur les privatisations. La lutte continue, et ce seront des luttes similaires qui poseront les bases de la reconstruction d’une organisation de masse de la classe ouvrière et d’une représentation politique pour les travailleurs et la jeunesse en Italie.

  • Etats-Unis : ‘‘Désolés, nous sommes fermés’’

    Une nouvelle illustration de plus la nécessité d’un nouveau parti représentant les 99%

    Environ 800.000 travailleurs fédéraux ont été contraints de prendre un congé sans solde. Alors que leurs familles se retrouvent sans rien, les membres du Congrès, qui touchent 174.000 $ de salaire annuels n’ont pas été affectés par le ‘‘shutdown’’, le blocage du Congrès sur le budget américain débuté le 1er octobre.

    Kai Stein, Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO)

    La majorité républicaine à la Chambre des Représentants (sous-chambre du Parlement) a bloqué toute tentative du président démocrate Barack Obama de conclure un nouveau budget fédéral ou de prolonger l’ancien. D’un côté, il s’agit d’une tentative de miner les réformes très limitées et business-friendly instaurées par Obama dans les services de santé publique, de l’autre, la classe dominante américaine est confrontée à un système politique dysfonctionnel et à un parti républicain qui l’est tout autant. Ce n’est pas un phénomène nouveau, mais il a été exacerbé par la récente crise du capitalisme.

    La fraction la plus vicieuse de la classe dominante s’était auparavant ralliée au mouvement conservateur populiste le ‘‘Tea Party’’ pour sauvegarder ses privilèges. Ce monstre de Frankenstein n’est toujours pas maîtrisé par les Républicains. Par conséquent, en général, les républicains n’agissent pas dans le meilleur intérêt de la classe dominante américaine.

    Une période de crise

    Une fermeture du gouvernement pendant 3 semaines pourrait faire se contracter le PIB de 0,9% selon Goldman Sachs. Mais ce que Wallstreet craint le plus, c’est que la dette du pays atteigne son plafond aux environs du 17 octobre. Sans nouvelle législation au Congrès, l’administration ne pourrait pas emprunter plus d’argent, et les Etats-Unis seraient incapables d’honorer leurs obligations et forcés à être en défaut de paiement, pour la première fois de leur histoire. Ce défaut serait un désastre pour les plus pauvres qui seraient forcés de payer le prix de la crise.

    Mais qui est responsable de l’expansion du déficit budgétaire fédéral ? Des milliards de dollars ont été dépensés en sauvetages financiers et en mesures prises depuis 2008 pour sauver le capitalisme américain, sans compter les baisses d’impôts pour les super-riches et les entreprises, ainsi que le financement de guerres sanglantes et sans issue par les administrations précédentes.

    Pour éviter d’aggraver la situation, les Républicains les plus ‘‘modérés’’ du Congrès se sont préparés à négocier avec les Démocrates et à chercher un compromis. Cependant, cela pourrait mettre en lumière des divisions bien plus tranchées au sein du parti, et mener à sa fragmentation.

    Le conte de fées que tentent de nous faire avaler les démocrates, c’est qu’il s’agit d’une répétition de la crise de 1995/96. A l’époque, la faible administration Clinton était entrée en conflit avec le Congrès, ce qui a conduit à un shutdown de 21 jours, un conflit hors duquel Bill Clinton est sorti avec une position renforcée face aux Républicains. Certains parallèles peuvent être faits, comme l’illustrent les sondages d’opinion, qui montrent une légère hausse du soutien à Obama, mais sa cote de popularité reste mauvaise. La meilleure comparaison à faire serait plutôt l’été 2011, au cours duquel l’impasse dans laquelle se trouvaient les Démocrates et les Républicains (confrontés aux réductions budgétaires consenties pour parvenir à un compromis forcé) a été révélée au grand jour.

    Le mouvement Occupy

    A la suite des soulèvements de masse au Moyen Orient et en Afrique du Nord, des mouvements de protestation ont eu lieu en Espagne et en Grèce, puis ailleurs dans le monde et notamment aux USA, où la colère des américains contre les sauvetages financiers des grandes entreprises s’est exprimée avec le mouvement anticapitaliste ‘‘Occupy’’.

    Cette colère reste d’actualité. Les sondages d’opinion démontrent que la frustration va grandissante contre le Congrès (qui dispose d’un taux d’approbation inférieur à 10%), et tout le système politique. Même les partisans les plus enthousiastes d’Obama, qui lui sont restés fidèles après le scandale de la NSA et ses ambitions guerrières en Syrie, mettent à présent en doute la capacité de leur président à tenir tête aux Républicains.

    De plus, la situation économique n’a pas augmenté le soutien pour Obama. Il y a eu un faible redressement économique, mais unilatéralement favorable aux riches. Les 1% les plus riches ont augmenté leurs revenus de 31% de 2009 à 2012, alors que ceux des 40% les plus pauvres ont diminué de 6% (Paul Krugman, New York Times, 23 septembre 2013).

    Le potentiel est là pour le développement d’un nouveau grand mouvement comme l’était celui d’Occupy mais, cette fois-ci, avec des revendications concernant des exigences socio-économiques concrètes.

    Des groupes pour les droits des immigrés se mobilisent contre les politiques anti-immigrations. Les travailleurs des fast-foods sont entrés en lutte pour bénéficier d’un salaire minimum de 15$ de l’heure et pour obtenir le droit de se syndiquer. Des travailleurs désorganisés dans des entreprises comme Walmart, connu pour sa position antisyndicale, commencent eux aussi à se rebeller. La lutte contre les expulsions et les saisies immobilières et pour des logements abordables pour tous a obtenu certaines victoires, comme l’utilisation de la législation ‘‘eminent domain’’ (une expropriation pour cause d’utilité publique) par le maire de Richmond en Californie, membre du Green Party. A Minnéapolis et ailleurs, le mouvement Occupy Homes a prouvé que des mouvements citoyens peuvent défendre les propriétaires de maisons et mettre fin aux expulsions.

    Multiplier ces luttes sur les lieux de travail et développer ces mouvements sociaux nécessite d’outrepasser l’inertie de la bureaucratie syndicale et la faiblesse des organisations de la classe des travailleurs. Lorsque la classe ouvrière américaine aura trouvé sa voix, le monde entier l’entendra.

    Lutter pour une alternative politique pour la classe ouvrière

    Comme le montre le Shutdown, ce système politique ne fonctionne pas. Wall Street a deux partis bien à lui, les Démocrates et les Républicains. La classe ouvrière n’en a aucun. Socialist Alternative (section du CIO aux Etats-Unis) fait campagne pour la construction d’un nouveau parti de masse pour se battre en faveur des intérêts des travailleurs, des pauvres et des minorités opprimées, sur base d’un programme clairement socialiste. Socialist Alternative présente aussi des candidats lors de prochaines élections locales.

    Un énorme soutien pour une candidate marxiste à Seattle

    En termes de moyens financiers, la campagne de Kshama Sawant, candidate de Socialist Alternative à Seattle, n’atteindra pas le montant de celle du conseiller municipal en place depuis 16 ans, Richard Conlin, qui a déjà dépensé 200.000 $ pour défendre son siège. La campagne menée contre lui par Socialist Alternative n’a réuni qu’un quart de ce montant, mais c’est impressionnant pour une campagne contre la politique capitaliste. De plus, ce manque d’argent est largement compensé par la manière dont par les idées défendues par Socialist Alternative résonnent parmi une couche de plus en plus grande de la classe des travailleurs et de la jeunesse.

    Le slogan de la campagne est ‘‘15 $ de l’heure et un syndicat’’. En course dans une campagne ouvertement socialiste, Kshama Sawant a récolté 29% des votes en novembre 2012 contre le représentant de Seattle à Washington, Frank Chopp. Avec 44.000 votes obtenus lors du premier tour de ces élections locales à Seattle en août 2013, Kshama Sawant et la campagne de Socialist Alternative ont montré qu’il ne s’agissait pas d’un coup d’éclat unique. Un nombre encore plus grand d’électeurs montreront leur ouverture pour une candidate socialiste combative le 5 novembre prochain à Seattle.

    Une course serrée à Minneapolis

    En tant que militant contre les expulsions et les saisies immobilières, et en défense de l’enseignement, Ty Moore peut être fier de son implication. Dans son district, il fait face à 5 autres candidats pour le poste de conseiller municipal à Minneapolis. Tous cherchent l’approbation du parti démocrate. Sans couverture médiatique et dans le contexte d’une course au siège confuse, le message de Ty de lutter pour un logement décent, pour un salaire minimum de 15$ de l’heure et contre les subsides aux grandes entreprises a dû être distribué au porte-à-porte. Mais Socalist Alternative a reçu le soutien du SEIU (l’un de plus grands syndicats américains), de nombreux porte-paroles de la communauté hispanique et de militants reconnus. Bien que l’issue soit serrée, la situation démontre le potentiel pour une victoire électorale des socialistes aux Etats-Unis.

    Ouverture aux idées socialistes

    Lors des élections de l’année prochaine, plus de candidats indépendants de gauche défieront les Républicains, les Démocrates et le système bipartite. Le parti Démocrate pourrait voir émerger des voix dissonantes et des forces populistes ‘‘de gauche’’.

    Dans cette nouvelle vague d’opposition, Socialist Alternative, en solidarité avec le CIO, se prépare à jouer un rôle majeur ; assister le mouvement des travailleurs pour lui donner sa propre voix politique, casser ses liens avec le parti démocrate, et armer une telle force avec un programme socialiste pour mettre fin au capitalisme.

0
    0
    Your Cart
    Your cart is emptyReturn to Shop