Tag: Cisjordanie

  • Sharon disparaît de la scène politique et laisse l’instabilité derrière lui

    Le 4 janvier, pour des raions médicales, Ariel Sharon a disparu de la scène politique, ce qui a renforcé l’instabilité en Israël. Ce fait sera, à coup sûr, déterminant quant à l’issue des élections en Israël et aura des conséquences sur toute la région.

    Kevin Simpson

    Ariel Sharon, un faucon de droite

    Dans sa jeunesse, Sharon faisait partie du Gadna (organisation militaire des jeunes) et plus tard de la Haganah (l’armée secrète juive) qui oeuvraient pour la protection des immigrants juifs mais en réalité, lancaient des opérations commando contre les villages arabes de Palestine et anéantissaient leurs opposants.

    Sharon était lié au parti Herout, le prédécesseur du Likoud, qui préconisait un état juif sans syndicats ni arabes. Sur base de son expérience militaire, Sharon fit une carrière éclair dans l’armée israélienne. En 1953, il prit la responsabilité d’une action punitive au cours de laquelle 69 arabes furent tués, la moitié d’entre eux étaient des femmes et des enfants.

    Comme ministre de la défense, Sharon lança une action en 1982 au Liban pour éliminer l’OLP. Le 16 février, un bain de sang fut commis par ses alliés de droite (les phalangistes chrétiens) dans les camps de réfugiés de Sabra et Chatila.

    Sur le plan politique, Sharon s’est toujours opposé à des accords de paix avec les Palestiniens. En tant que minsitre des Infrastructures, il a doublé le nombre de colonies dans les territoires occupés de Cisjordanie. En septembre 2000, la visite de Sharon au Mont du temple est la cause directe de la deuxième intifada (résistance palestinienne contre l’armée israélienne). Entre 2001 et 2003, on a dénombré environ 1000 Israëliens et 3000 palestiniens tués.

    Micha Teller

    Le chaos politique au sein de l’autorité palestinienne (AP) a été croissant à mesure que les élections de juin approchaient. L’AP, dominée par les dirigeants du Fatah, la principale fraction de l’OLP (Organisation de Libération de la Palestine), est perçue comme corrompue et faible. Les islamistes du Hamas ont fait une percée électorale lors des élections municipales de l’année passée. Les différentes factions du Fatah et les milices dissidentes sont entrées plusieur fois en confrontation les unes avec les autres ces dernières semaines dans le sud de la bande de Gaza. La société est au bord de la désintégration totale après des années de direction corrompue de l’AP et des décennies d’oppression israélienne.

    Dans le passé, la classe dominante en Israël a été mise sous pression. Pression en provenance de l’impérialisme US mais également de l’impossibilité de s’imposer militairement en Palestine et de l’instabilité sociale au sein de la population juive. De plus, la population palestinienne croît davantage que la population juive d’Israël, ce qui signifie que la population palestinienne sera à terme majoritaire. C’est pourquoi Sharon et la majorité de la classe dirigeante israélienne ont dû réviser leur position historique concernant la mise sur pied d’un Grand Israël intégrant la bande de Gaza et les territoires situés à l’Ouest du Jourdain.

    L’autorité de Sharon a été renforcée au niveau local et international par le retrait de Gaza. Pendant ce temps, Amir Peretz a été élu comme président du parti travailliste. Il a remporté ce mandat sur base d’une rhétorique radicale (d’après les critères israéliens) promettant d’augmenter le salaire minimum de façon vigoureuse et d’introduire une pension pour tous.

    Ces évènements et la réorientation de la classe dominante furent les facteurs qui sont à la base du “Big Bang” du monde politique israélien. Sharon a démissionné du Likoud pour créer une nouvelle formation politique: Kadima (En avant).

    Selon certaines estimations, ce nouveau parti remporterait 40 sièges en cas d’élection. Ce n’est pourtant encore qu’un parti en construction dominé par Sharon lui-même. A l’heure actuelle, il semble bien que Kadima se présentera aux élections, même si ses figures dominantes craignent l’émergence de scissions. Cette situation pourrait être avantageuse pour Peretz du parti travailliste mais ce dernier a abandonné sa réthorique radicale après son élection.

  • Israël/Palestine. Un retrait lourd de nouvelles tensions

    Israël a mis fin en 4 semaines à 38 ans d’occupation dans la Bande de Gaza et le nord de la Cisjordanie. Mais Israël continue de contrôler la majeure partie de la Cisjordanie ainsi que l’espace aérien et maritime de Gaza. Surtout, le retrait israélien va aviver les tensions internes en Israël comme en Palestine.

    Thierry Pierret

    Le Premier Ministre israélien Ariel Sharon a mené l’opération tambour battant. Il a passé outre l’opposition du puissant lobby des colons et même d’une bonne partie de son gouvernement et de son propre parti, le Likoud. Il faut dire que Sharon était soumis à une double pression. Celle du Président Bush qui veut relancer la “feuille de route” pour arriver à un accord final entre Israël et l’Autorité palestinienne (AP). Celle de la population israélienne qui n’acceptait plus le coût exorbitant de l’occupation de ce territoire minuscule.

    La classe dirigeante israélienne se heurte aux limites de sa politique. Pendant 38 ans, elle a tenté de contenir les luttes sociales en Israël en envoyant des milliers de familles modestes dans les territoires occupés. Là, elles recevaient un logement à bas prix et des avantages sociaux payés par le contribuable israélien. Elles y recevaient également des terres fertiles confisquées aux Palestiniens. Les gouvernements israéliens successifs ont encouragé les mouvements extrémistes religieux dans leur entreprise de “reconquête” des terres bibliques de “Judée-Samarie”.

    Mais les contradictions de classe finissent toujours par reprendre le dessus. Les plans d’austérité draconiens successifs du gouvernement Sharon se sont heurtés à une résistance énorme des travailleurs israéliens. La colonisation est devenue un facteur de mécontentement supplémentaire, car nombre d’Israéliens ne comprennent pas pourquoi le gouvernement continue de subventionner généreusement les implantations alors qu’il taille allègrement dans les dépenses publiques en Israël même.

    Le fondamentalisme religieux, qui devait servir à détourner les Israéliens pauvres de la lutte des classes, échappe désormais au contrôle de la classe dirigeante israélienne. Des milliers de jeunes fanatiques venus de colonies illégales en Cisjordanie sont venus “prêter main forte” aux habitants des implantations de Gaza. Ils n’ont pas hésité à asperger d’acide les policiers et les soldats israéliens et à les traiter de nazis. Deux attentats mortels ont été commis contre des Palestiniens pour empêcher le retrait. Bien que la majorité des colons de Gaza soient partis de leur plein gré, ces excès les ont isolés. Avec un cynisme consommé, le gouvernement en profite pour refuser de faire suite à leurs revendications d’être relogés dignement en Israël. Ils craignent à juste titre de rester indéfiniment dans des préfabriqués. Cette situation risque de générer un terreau fertile pour l’extrême droite et le fondamentalisme.

    L’évacuation va aussi accroître les tensions du côté palestinien. La lutte pour le pouvoir que se livrent les factions palestiniennes va se doubler d’une lutte pour le partage des terres des colons. Le chef de l’AP, Mahmoud Abbas, s’est empressé de nationaliser la quasi-totalité de ces terres pour empêcher une curée générale. C’est une tentative illusoire de protéger la classe dirigeante palestinienne de sa propre voracité. En effet, c’est l’administration corrompue de l’AP qui contrôle ces terres… L’exaspération de la population est à son comble.

    Le 7 septembre, l’ancien chef des renseignements militaires de Gaza, Moussa Arafat, était abattu à son domicile par une centaine d’hommes armés. Ils lui reprochaient sa corruption et son despotisme. La seule solution, c’est la nationalisation de la terre sous le contrôle de ceux qui la travaillent, c’est-à-dire les ouvriers agricoles palestiniens. Pour cela, il faut que les travailleurs et les couches pauvres de Palestine s’organisent et conquièrent leur indépendance politique par rapport aux partis islamistes et nationalistes.

  • Elections en Palestine. Violence, pauvreté et insécurité restent sans réponses

    La victoire de Mahmoud Abbas à la présidence de l’autorité palestinienne est en partie l’expression de la lassitude des Palestiniens face au conflit permanent. Cependant, ces élections ont mis fin à la période de relative tranquillité. Le sanglant attentat suicide de Kari, près de la frontière israélo-palestinienne, a été revendiqué collectivement par le Hamas, le Jihad islamique et les Brigades des Martyrs d’Al-Aqsa. Le porte-parole du Hamas, Mushir al Masri a déclaré à ce propos : «Le fil rouge de notre existence reste la résistance armée, et nous ne permettrons à personne de nous arrêter».

    Micha Teller

    Les tentatives d’Abbas et du Premier ministre Ahmed Qorei de retourner à la table de négociations et de casser une partie de la résistance se heurtent au refus catégorique de toutes les autres organisations. Ainsi, Abbas a proposé d’intégrer les Brigades d’Al-Aqsa au sein de l’armée palestinienne et a promis des postes à chaque organisation qui s’allierait aux «modérés». Les représentants des Brigades ont refusé en déclarant qu’elles «continueront à lutter contre l’occupation israélienne jusqu’au bout», tout en se qualifiant «d’incorruptibles». Ces expressions indiquent la faiblesse et l’impopularité du président nouvellement élu, favori de l’impérialisme américain et du gouvernement israélien.

    La position de faiblesse des dirigeants du Fatah était déjà claire lors des élections communales partielles du 24 décembre, puisque le Hamas a remporté 20% des voix alors qu’il n’y avait pas de liste et que ces élections se déroulaient en dehors de la bande de Gaza, fief du Hamas. Abbas sait qu’une confrontation ouverte avec des organisations comme le Hamas et les Brigades d’Al-Aqsa, qui jouissent d’un soutien passif mais massif, signifierait la fin de son mandat.

    A cause de l’instabilité actuelle, la promesse d’Abbas de rencontrer Sharon dans les plus brefs délais est déjà impossible à réaliser. Le gouvernement israélien veut suspendre toutes les négociations tant que l’autorité palestinienne ne prend pas en charge «ses terroristes». Cela signifie que l’impuissance d’Abbas peut mener à une nouvelle phase de répression sanglante par l’armée israélienne dans les territoires palestiniens. Le ministre de l’intérieur israélien Ze’ev Boim a déjà déclaré: «Si Abbas échoue, nous lancerons dans la semaine une grande opération militaire à Gaza où nous serons obligés de faire des choix plus fermes.»

    Ceci met en évidence l’objectif réel du plan de retrait israélien de Gaza. Jamais la coalition gouvernementale (composée du Likoud -le parti de Sharon-, du Parti Travailliste et de Yahadut Ha’torah -un petit parti ultra-orthodoxe de droite) n’a envisagé de faire un pas vers la création d’un Etat palestinien. «Au contraire», affirme le Likoud, «le moment est venu de mettre fin physiquement au problème des réfugiés, aux discussions aux postes frontières, etc.». L’occupation improductive et permanente de Gaza coûte trop cher à la bourgeoisie israélienne qui exige donc la séparation complète des deux régions. Mais avant de séparer totalement Gaza du monde extérieur (et de renforcer les contrôles en Cisjordanie), l’armée israélienne videra la région elle-même de tous les «terroristes». Le passé nous apprend qu’une telle opération ira de pair avec une répression brutale et des carnages en masse.

    Pour nous, il est clair que le Mur de séparation, qui sépare physiquement la Palestine et Israël, est une expression de la faillite de la classe dominante israélienne à répondre à l’insécurité régnante et aux contradictions croissantes dans son propre pays.

    D’autre part, l’échec des politiques, tant du Fatah que des organisations islamistes de droite, a démontré leur incapacité à répondre aux aspirations des masses palestiniennes. Ces organisations n’ont aucune solution à offrir à long terme aux Palestiniens pour contrer les humiliations et la détresse quoti-dienne dont ils sont victimes. Le capitalisme s’est avéré incapable de mettre fin à la pauvreté dans la région. La paix et le capitalisme se contredisent et chaque tentative d’arriver à une solution au sein du capitalisme dans le passé provoque une croissance de la violence et de la misère. Seule une lutte unifiée des travailleurs israéliens et des masses palestiniennes peut renverser les élites locales corrompues et peut faire en sorte que la gestion de la société soit prise en main par la classe ouvrière elle-même.

    Voilà pourquoi il nous faut un parti combatif, large et démocratique des travailleurs qui puisse offrir un prolongement politique aux aspirations de la population face à l’impasse de l’impérialis-me.

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