Your cart is currently empty!
Tag: Cisjordanie
-
Ariel Sharon : Mort de l’architecte brutal de crimes monstrueux
Le boucher de Sabra et Chatila est mort. Ariel Sharon, connu autrefois comme le ‘‘père des colonies israéliennes’’, est décédé après avoir passé huit ans dans un semi-coma, à la suite d’une attaque cérébrale survenue alors qu’il était encore Premier ministre, en janvier 2006. A travers le monde, de nombreux dirigeants capitalistes – qu’ils soient toujours en fonction ou non – ont tenu à exprimer leur sympathie, leur chagrin et même leur admiration pour cet ancien général et homme politique israélien. Main dans la main avec les médias dominants à l’extérieur du monde arabe, ils tentent de réécrire l’histoire et de travestir ce criminel de guerre en un courageux combattant de la paix.
Par Shahar Benhorin, Maavak Sozialisti (CIO-Israël/Palestine)
Georges W. Bush a dit de lui qu’il était ‘‘un guerrier et partenaire de longue date pour assurer la sécurité de la Terre Sainte et pour un meilleur et pacifique Moyen-Orient’’. Le Premier ministre britannique David Cameron a quant à lui déclaré qu’en tant que Premier ministre, ‘‘il avait pris des décisions courageuses et controversées à la recherche de la paix, avant d’être si tragiquement incapacité’’.
En partisan inconditionnel du thatchérisme et du néolibéralisme le plus dur, les gouvernements dirigés par Sharon ont instauré des mesures néolibérales agressives, ont réprimé des grèves et sont directement responsables de la forte augmentation de la pauvreté dans la société israélienne. Un tiers des enfants y vivent sous le seuil de pauvreté. D’autre part, l’histoire de la vie de Sharon comprend bon nombre de crimes parmi les plus horribles crimes par le régime israélien contre le peuple palestinien.
Il a pris part à la guerre israélo-arabe de 1948 en tant que commandant de détachement. Des centaines d’habitants ont été tués et des dizaines de milliers déracinés dans le cadre de ce nettoyage ethnique depuis lors connu comme la Nakba palestinienne (la catastrophe). En 1953, plus de 60 Palestiniens ont été tués dans le village de Qibya, en Cisjordanie, alors que Sharon dirigeait l’Unité 101 de l’armée israélienne dans l’infâme objectif d’infliger des ‘‘dommages maximaux’’ contre les habitants de Cisjordanie. En tant que major-général (Aluf) à la veille de la guerre d’occupation de 1967, la guerre des Six Jours, il a proposé d’examiner la possibilité d’un coup d’Etat militaire pour pouvoir partir en guerre sans le consentement du gouvernement, qui tardait à lancer l’offensive. Après la guerre, à la tête du Commandement Sud, il a mené diverses attaques brutales contre les habitants de Gaza. Il fut ensuite parmi les fondateurs du parti de droite Likoud et se distingua comme l’un des plus ardents défenseurs des colonies israéliennes dans les nouveaux territoires occupés.
Sabra et Chatila
Le massacre probablement le plus étroitement lié à Sharon est celui de Sabra et Chatila, qui eut lieu à Beyrouth, au Liban, en 1982. Des centaines, sinon plus, de réfugiés palestiniens et de résidents chiites libanais ont été abattus en un jour et demi par les fanatiques des Phalanges chrétiennes. La zone était sous occupation israélienne et les forces de Tsahal, l’armée israélienne, ont autorisé l’entrée des Phalanges, ont éclairé la zone avec leurs fusées éclairantes et ont empêché les victimes de l’attaque de s’échapper.
Les rapports concernant cet assassinat de masse pointent du doigt la responsabilité de Sharon, alors ministre de la sécurité, qui a permis aux Phalanges de laisser libre court à leur frénésie meurtrière. Sharon était le cerveau de cette guerre d’occupation visant à écraser les milices palestiniennes et à exploiter la guerre civile libanaise afin d’installer un régime fantoche chrétien destiné à respecter un ‘‘accord de paix’’ avec Israël. Il a même trompé le gouvernement israélien concernant l’ampleur de l’invasion.
Le massacre de Sabra et Shatila a donné naissance au plus grand mouvement anti-guerre de l’histoire d’Israël. Des centaines de milliers de personnes ont manifesté pour exiger une enquête condamnant les responsables ainsi que pour exiger le retrait des forces de Tsahal du Liban et la démission de Sharon et du Premier ministre Menahem Begin. Des soldats du front ont également convertis une chanson pour enfants en un chant de protestation contre leur utilisation en tant que chair à canon pour satisfaire les visées impérialistes de Sharon : ‘‘Des avions viennent jusqu’à nous, nous nous envolons pour le Liban, nous allons nous battre pour Sharon, et revenir dans un cercueil.’’
Provocations
En décembre 1987, dans les premiers jours de la première Intifada (un soulèvement palestinien de masse contre l’occupation), Sharon avait organisé une pendaison de crémaillère de provocation pour sa seconde résidence, installée en plein cœur du quartier musulman occupé de Jérusalem-Est. Treize ans plus tard, une autre provocation de sa part a déclenché la deuxième Intifada, une révolte contre l’imposture du ‘‘processus de paix’’ des accords d’Oslo.
En 2001, Sharon a été propulsé Premier minister, en surfant sur une vague nationaliste réactionnaire qui avait été alimentée dans la société israélienne. Il fut alors chargé par l’élite dirigeante israélienne de mener deux guerres – une campagne militaire sanglante contre les Palestiniens et une guerre de classe contre la classe ouvrière israélienne. Dans les deux cas, il fut sans merci.
Après s’être essayé à différentes tactiques, il a finalement adopté une approche d’intensification de la guerre contre les Palestiniens au travers d’une ré-occupation complètes de tous les centres de population relevant de l’Autorité palestinienne, à la suite d’une série d’horribles attentats-suicides commis dans les villes israéliennes en 2002. Environ 500 Palestiniens et 29 soldats israéliens ont été tués au cours de cette ‘‘Opération Rempart’’.
Peu de temps après, le gouvernement de Sharon a utilisé les attentats-suicides comme un prétexte pour construire une gigantesque barrière de séparation de béton et de barbelés s’étendant aujourd’hui sur des centaines de kilomètres à l’intérieur-même de la Cisjordanie.
Vers la fin de la deuxième Intifada, le dirigeant palestinien Yasser Arafat est tombé malade et est décédé en 2004, probablement à la suite d’un assassinat commis par les services secrets israéliens du gouvernement Sharon, comme le suggèrent des preuves récentes.
A cette époque, le ‘‘plan de désengagement’’ de Sharon était en plein essor, mais ce plan était bien loin d’être une ‘‘recherche de la paix’’. Derrière ce plan de démantèlement des colonies et des bases militaires dans la bande de Gaza se trouvait une combinaison de facteurs. Parmi eux, les soucis démographiques du régime israélien considérant que la croissance de la population palestinienne sous domination israélienne conduirait la population juive israélienne à devenir une minorité ainsi que la compréhension que les Palestiniens reprendraient inévitablement le chemin de la lutte contre l’occupation, encore et encore. Sharon a lui-même exprimé les craintes de l’élite dirigeante en déclarant en 2003 au sujet de l’occupation que : ‘‘Nous devons être libérés du contrôle de 3,5 millions de Palestiniens qui se reproduisent.’’
Le mouvement des colons et l’idéologie d’un ‘‘Grand Israël’’ a subi un grand coup avec le retrait ‘‘unilatéral’’ de la bande de Gaza à partir de 2005. Au plus fort de la guerre de 2002, Sharon avait déclaré qu’il ne fallait pas évacuer les colonies et que ‘‘le sort de Netzarim (ancienne colonie israélienne au cœur de la bande de Gaza) est lié au sort de Tel-Aviv.’’ Le retrait n’était toutefois qu’une démarche stratégique de compromis destinée renforcée l’occupation israélienne et d’autres colonies tout en préparant le terrain pour un approfondissement des mesures brutales à l’encontre des Palestiniens de la bande de Gaza, transformé en véritable prison à ciel ouvert. Cela a été largement démontré par les politiques de siège et les horribles massacres commis lors de la guerre de Gaza de 2008-09 et de l’opération Pilier de Défense en 2012.
Durant le temps où il était Premier ministre, quelques enquêtes de corruption ont été lancées contre lui, mais les grands médias israéliens ont consciemment travaillé à sa protection afin d’éviter les critiques publiques.
Le ‘‘dirigeant de la nation’’
Tout a été fait pour présenter Sharon comme un puissant dirigeant de la nation, une sorte de bonapartiste parlementaire, dont les efforts visaient à instaurer la paix. La scission qu’il a orchestrée au sein du Likoud et la création du parti Kadima a été considérée par une large partie de la classe dirigeante israélienne comme une tentative visant à permettre d’appliquer à la Cisjordanie un plan similaire à celui qui avait frappé la Bande de Gaza.
Le parti Kadima a remporté les élections de 2006 autour d’une telle promesse, et a mené deux nouvelles guerres, au Liban puis à Gaza. Ce n’est que par crainte de voir la Cisjordanie contrôlée par le Hamas que cette stratégie ‘‘unilatérale’’ a été abandonnée.
L’invocation de Sharon est utilisée par certains membres de l’establishment israélien ou international pour faire pression sur le gouvernement Netanyahu afin qu’il prenne ‘‘des décisions difficiles’’ lors des farces de négociation avec l’Autorité palestinienne.
La classe dirigeante israélienne actuelle est particulièrement frustrée suite au processus de révolution et de contre-révolution en Afrique du Nord et au Moyen Orient, avec leurs problèmes démographiques en suspens sur fond de colère croissante parmi les Palestiniens ainsi qu’avec l’isolement grandissant d’Israël sur la scène internationale. Mais un boucher corrompu comme Ariel Sharon n’aurait résolu aucun problème.
Les attaques continuelles à l’encontre des Palestiniens verront tôt ou tard une lutte massive des Palestiniens leur faire face.
Les colonies israéliennes jouissent de moins en moins de soutien en Israël, et une nouvelle génération de travailleurs et de jeunes israéliens a soif de justice sociale et de paix. Elle devra entrer en lutte contre l’occupation, contre l’oppression et contre la discrimination des Palestiniens.
La seule manière d’en finir avec l’héritage venimeux de Sharon est de développer ces luttes, tout en construisant les forces du socialisme en Israël et dans les territoires occupés.
-
Les dirigeants israéliens sèment carnage et terreur pour servir leurs propres intérêts
‘‘Nul pays au monde ne tolérerait que des missiles pleuvent sur ses citoyens de par delà les frontières’’, a déclaré Obama, en soutien à Israël pour le bombardement de Gaza, des paroles qui déformaient délibérément la réalité qui est que la bande de Gaza est sous l’occupation brutale du régime israélien.
La situation est pire encore que ce que le mot ‘‘occupation’’ laisse présager. Gaza n’a absolument aucun contrôle sur ses frontières ou sur son commerce extérieur. Le territoire tout entier a été condamné à une pauvreté terrible suite à son blocage par l’armée et la flotte israélienne depuis six ans maintenant. La bande de Gaza a été victime d’incursions militaires régulières, de meurtres, d’agressions et d’emprisonnements arbitraires.
Dans le reste des territoires palestiniens occupés (essentiellement la Cisjordanie), le gouvernement israélien a poursuivi une politique de destruction des maisons et des vergers palestiniens afin de faire de la place pour les colons juifs et pour l’infrastructure d’État israélienne ainsi que pour empêcher la création d’un État palestinien.
Alors qu’ont estime que les milices palestiniennes à Gaza représentent 35.000 personnes équipés d’armes et de missiles de contrebande, Israël possède une armée de 175.000 soldats, avec 45.000 autres en réserve, avec une aviation, des hélicoptères, des drones, des tanks, et d’autres armes et bombes hypersophistiquées. Israël possède également des intercepteurs de missile ‘‘Iron Dome’’ qui identifient et détruisent en plein vol la plupart des missiles palestiniens.
Nous ne voulons pas fermer les yeux sur les attaques portées contre Israël. Elles causent parfois la mort de victimes innocentes, et en blessent d’autres. Certaines attaques ont presque atteint les zones de Tel Aviv et de Jérusalem, et elles ne servent en rien la cause palestinienne. Mais utiliser ces attaques pour justifier le massacre d’envergure contre les habitants de Gaza à l’aide d’armes high-tech est une tentative de cacher les véritables intentions des dirigeants israéliens et celles de leurs amis des classes dirigeantes du monde entier.
Le cessez-le-feu
L’opération ‘‘Pilier de défense’’ a semé la mort et la terreur à Gaza. Elle a mobilisé plus de troupes que l’opération ‘‘Plomb durci’’ de 2008-2009. Le ministre des affaires étrangère Avigdor Lieverman a expliqué que ‘‘cette fois’’, l’invasion terrestre devrait être menée ‘‘jusqu’au bout’’, contrairement à la dernière fois. Les puissances mondiales et régionales ont toutefois fait pression pour l’instauration d’un cessez-le-feu afin d’éviter une invasion terrestre. Obama s’est juste contenté de dire qu’il serait ‘‘préférable’’ d’éviter une invasion terrestre. Mais la décision du premier ministre israélien Benjamin Netanyahu d’accepter un cessez-le-feu n’est pas venue des suites des pressions internationales, mais d’un sondage israélien qui indique que même si 80% de la population approuve les bombardements, seuls 30% d’entre elle cautionnerait une invasion.
Le gouvernement déclare qu’il est de son devoir de stopper les attaques de missiles de Gaza. C’était aussi le but déclaré du massacre de 2008-2009, mais cela a échoué, et cette offensive est vouée au même sort. Nulle démonstration de force n’empêchera les habitants de Gaza de résister à l’occupation et à lutter pour rendre leurs vies plus tolérables. En plus de l’échec de la brutalité militaire, si les choses se poursuivent ainsi, les victimes en Israël vont se faire plus nombreuses, ce qui conduira à une remise en question et à une opposition à la guerre au sein même d’Israël.
De plus, la colère et la condamnation du massacre de la part de la population de tout le Moyen-Orient et à travers le monde va croître en parallèle avec le nombre de victimes en Palestine. Certains stratèges occidentaux craignent qu’une conséquence au désir des dirigeants israélien de détruire le Hamas soit le soutien indirect à d’autres milices palestiniennes, comme la Jihad Islamique, le partenaire favori du régime iranien à Gaza.
En réalité, bien que le Hamas lance de manière périodique des missiles sur Israël, et continue de le faire actuellement, il a à plusieurs reprises tenté d’imposer un cessez-le-feu à ses propres milices et à d’autres, afin de consolider son contrôle de la bande de Gaza en négociant avec Israël une certaine relâche de la répression et de la privation.
Peurs et objectifs de Netanyahu
Peu après la chute de missiles israéliens le 14 novembre, qui a tué le dirigeant militaire du Hamas Ahmed Jabari lors des premiers assauts, un accord de cessez-le-feu avait été conclu par Jabari. Mais Netanyahu et sa clique avaient d’autres plans en tête. Cela ne veut pas dire que la stratégie de Netanyahu est soutenue par toute la haute société israélienne, car il y a eu de nombreux avertissements du contraire et des dissensions ouvertes. Efraim Halevy, ancien dirigeant de l’agence d’information du Mossad, s’est ainsi distancé des attaques et a écrit : ‘‘Il est impératif qu’Israël contribue a un plan décidé par l’Egypte et soutenu par les Etats-Unis pour la région’’.
Mais Netanyahu a depuis longtemps préparé la voie à une possible attaque militaire contre l’Iran et est maintenant délibérément passé à la vitesse supérieure dans le conflit national. De la pure folie, menée avec au cœur la volonté de servir intérêts de l’impitoyable classe capitaliste. Cette dernière craint que le Hamas aient de nouveaux alliés dans la région suite à la victoire des islamistes en Egypte et en Tunisie, et au soutien croissant de la Turquie. Il y a quelques semaines l’émir du Qatar avait aussi visité Gaza et y a investi 400 millions de dollars, ce qui a renforcé la position du Hamas. L’élite du Qatar tente de développer sa propre influence régionale, notamment en profitant de la détresse des Palestiniens. Cela a été encouragé par le dirigeant du Hamas, Khaled Meshaal, qui s’est soustrait à l’aide du régime d’Assad en Syrie où il était basé, afin de s’installer à Doha, au Qatar.
Le président égyptien Mohamed Morsi, des frères musulmans, ne veut pas faire ouvertement affronter l’élite égyptienne et veut garder le soutien des Etats-Unis et de l’Union Européenne et donc éviter tout conflit avec Israël. Il a donc collaboré avec des agences de sécurité israéliennes au blocage de Gaza et du Sinaï. Mais la population égyptienne en colère fait pression sur lui pour soutenir Gaza. Les dirigeants israéliens sont très inquiets à propos d’autres évènements dans la région, particulièrement concernant la Syrie et ses répercussions au Liban.
Il y a également eu des grèves, des manifestations et des émeutes contre le régime jordanien, un autre voisin d’Israël. Les capitalistes israéliens ne veulent pas que cette rébellion et les précédents soulèvements dans les pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord n’inspirent les palestiniens des territoires occupés, ou ceux d’Israël, à se battre massivement aux côtés de la classe ouvrière israélienne. De plus, la réélection d’Obama n’a pas été de bon augure pour Netanyahu, qui ne veut pas se voir forcé d’entamer un processus de paix avec les Palestiniens. Il y a encore la tentative d’adhésion à l’ONU de la part de l’Autorité Palestinienne.
Mais la véritable raison du timing de cette attaque réside dans la tenue des prochaines élections en janvier, si elles ne sont pas reportées. Les deux partis de droite menés par Netanyahu et Lieberman veulent accroître leur nombre de sièges à la Knesset (le parlement). Ces deux partis ont donc joint leurs forces, mais des sondages après l’attaque sur Gaza n’ont pas révélé le soutien auquel ils s’attendaient. Cette attaque leur est toutefois bénéfique dans la mesure où elle distrait les Israéliens en leur faisant penser à autres choses qu’aux coupes budgétaires et à la diminution de leurs conditions de vie. De plus, elle donne une impression de consolidation de la Défense. La population d’Israël est sujette à une propagande massive de la part du régime, qui développe qu’il s’agit de la seule manière d’améliorer la sûreté du pays. Mais une minorité importante se rend bien compte que l’armée ne garantit pas sa sécurité, et une partie de cette minorité participe à des manifestations anti-guerre au sein même de l’Etat d’Israël.
Des organisations pour les travailleurs
Le cessez-le-feu, même s’il est un soulagement, ne répond pas aux aspirations des Palestiniens, pas plus que toute autre négociation de paix. Les dirigeants capitalistes des deux côtés de la frontière n’ont aucun programme allant dans cette direction, ni aucune solution pour mettre fin aux bains de sang.
Pour les Palestiniens, ni le Hamas, une organisation islamique de droite, ni la direction du Fatah en Cisjordanie n’ont une stratégie viable pour mettre fin à l’occupation ou fournir des conditions de vie décentes. Au lieu de cela, les masses palestiniennes ont besoin de construire leurs propres organisations démocratiques pour organiser la défense et prendre des mesures offensives basées sur la lutte de masse, contre le blocus et la privation de terres.
En Israël, suite au mouvement social sans précédent ayant impliqué des centaines de milliers de personnes en 2011, il faut un nouveau parti des travailleurs pour concrétiser les attentes du mouvement – des services, salaires et logements décents, etc.
C’est par la construction de nouveaux partis de masse des travailleurs dans la région que les capitalistes pourront être jetés dehors, et que des idées socialistes pourront prendre racine. Telle est la route vers la construction de deux États socialistes : une Palestine socialiste et un Israël socialiste en tant que partie d’une confédération socialiste de Moyen-Orient, pour jeter les bases d’un futur libéré de la guerre, de la terreur et de la pauvreté.
-
Syrie : Huit mois de protestation de masses font face à une brutalité sanglante
Les assauts à la grenade, lancés par des déserteurs de l’armée syrienne sur le QG du parti au pouvoir de Baath à Damas, et quelques jours plus tôt sur le centre de renseignements de l’armée de l’air, marquent une nouvelle étape dans la rébellion syrienne. Ils indiquent le début d’une contre-attaque armée, après huit mois de manifestations antigouvernementales pacifiques entravées par la brutalité des forces armées syriennes.
Judy Beishon, (CIO-Angleterre et pays de Galles)
La contrebande d’armes a augmenté drastiquement le long des frontières de la Syrie, particulièrement celles jouxtant l’Irak et le Liban. Bien que les déserteurs soient en minorité face au reste des forces du régime, un groupe de volontaires organise comme il le peut ”l’armée libre de Syrie”. Certains d’entre eux ont déclaré ne pas rencontrer d’opposition de la part des troupes du régime, qui leur ont même offert de l’aide. (Guardian 19.11.11).
La plupart des bains de sang perpétrés dans le pays par la police gouvernementale et les forces armées visent les protestataires qui, inspirés par le processus révolutionnaire au Moyen Orient et en Afrique du Nord, réclament à corps et à cri l’abolition du régime autoritaire et répressif. Les estimations du nombre de victimes varient entre 3500 selon les Nations Unies, et des chiffres beaucoup plus élevés. Un rapport indique que 5000 civils ont été tués rien que dans la ville de Homs, la troisième de pays en terme de superficie.
Homs est maintenant sous ”occupation” militaire constante, et 150 personnes ont été abattues ce mois-ci. Mais malgré le risque énorme qu’engendre le fait de protester, les courageuses manifestations anti-gouvernement dans les banlieues continuent, non sans danger pour le mouvement d’opposition: la brutalité et les provocations des forces de sécurité de l’état ont créé des clivages dans certaines zones du pays, particulièrement à Homs, entre les membres d’ethnies et de religions différentes dans la population.
Les médias du monde entiers spéculent actuellement sur la naissance d’un sanglant conflit sectaire. Bien qu’un tel scénario puisse se vérifier si les masses syriennes n’entament pas la création de leurs propres organisations démocratiques et non-sectaires, la pierre angulaire de la situation actuelle est le large mouvement contestataire quasi omniprésent contre le régime, rassemblant aussi bien les travailleurs que les pauvres provenant de nombreuses couches minoritaires de la société, ainsi qu’une grande majorité de la population sunnite.
Un mouvement mené par une classe ouvrière unie détient le potentiel nécessaire pour mettre fin aux divisions, en organisant des corps de défense non sectaires à la base de la population et en adoptant un programme qui pourrait mener à un ”changement de régime” qui profiterait à la majorité de la population plutôt qu’à la classe capitalise syrienne et à l’impérialisme étranger.
La Ligue Arabe
Les institutions régionales et mondiales craignent la situation qui en en train de se développer mais en tirent aussi des bénéfices. La Ligue Arabe a appelé à la fin de l’intolérable répression en Syrie et a voulu impose 500 ”observateurs”. Cette interférence rejetée par le régime syrien, la Ligue a voté des sanctions à l’encontre de la Syrie et a suspendu son adhésion.
Le fait que les membres à la tête du gouvernement autocrate et moyenâgeux n’agissent pas en prenant en compte les droits de l’homme crève les yeux au vu de leur propre histoire, sans oublier la répression menée par le régime en Arabie Saoudite et l’aide militaire apportée pour écraser la révolution à Bahreïn. Leur critique du président Assad en Syrie vient en partie de leur désir de se protéger de l’indignation de la population quant aux massacres en Syrie, et aussi de la sympathie de cette même population pour les révoltes de masse en Tunisie et en Egypte, qui ont éjecté leurs confrères dictateurs. Mais ils ont aussi leurs propres intérêts géostratégiques, et se différencient de ce qui est, pour eux, un régime ”maladroit” en relation avec l’Iran. Ils craignent également les conséquences dans la région si Assad ne faisait pas de concessions suffisantes ou se résignait à un transfert du pouvoir – les tensions et les conflits qui pourraient en résulter se répandraient dans tout le Moyen-Orient.
Le roi Abdullah de Cisjordanie a déclaré que s’il était à la place de son ami de longue date Assad, il se résignerait. Il a également émis un avertissement quand au remplacement du leader autoritaire par un autre membre haut placé du parti Baath, ajoutant qu’il y a peu de chance que cela apporte une once de stabilité. Le renouvellement des protestations de masse en Egypte prouve la véracité de ses propos vis-à-vis de la classe dominante du moyen-orient.
L’Union Européenne (UE) a imposé des sanctions aux leaders Syriens: un embargo sur les armes et l’interdiction d’importer leur pétrole. De telles mesures, en plus de celles des USA, vont inévitablement affaiblir le régime d’Assad. En 2010 l’UE était le plus grand partenaire commercial de la Syrie, et représentait 22,5% de son chiffre d’affaire.
Le secteur du tourisme, qui contribuait à hauteur de 12% aux revenus du pays avant 2011, a aussi été touché. Résultat, le chômage augmente et la pauvreté s’intensifie; dans certains cas, les salaires ne sont même plus versés.
La balance des forces
Combien de temps Assad va-t-il pouvoir tenir dans de telles circonstances? L’élite nationale, dominée par la minorité alawite mais comprenant les élites d’autres secteurs de la population telles que la majorité sunnite et la minorité chrétienne, le supporte toujours, tout comme l’armée.
La Syrie dispose d’un important stock d’armes en provenance de Russie – la valeur des contrats actuels entre les deux pays dépasse les 2.5 milliards de dollars. Les élites ont également réussi à rassembler des centaines de milliers de ‘supporters’ du règne d’Assad dans une récente manifestation à Damas, mais de nombreuses personnes se sont vue contraintes d’y assister sous peine de représailles. Le Times (15.11.11) rapporte que le 13 novembre, un élève de 14 ans a été abattu pour avoir mené un refus massif contre la présence de son école à une manifestation en faveur du régime en place.
De plus, les organisations politiques faisant office de défenseurs de l’opposition sont elles-mêmes très divisées sur presque tous les sujets, que ce soit sur le fait d’encourager l’intervention étrangère ou bien de tenter d’enter en pourparlers avec le régime, ou sur la question de l’armement des manifestants. Les exilés de l’opposition au Conseil National de Syrie (CNS) – basé à Istanbul – réclament une intervention internationale pour protéger les civils. Cependant, en accord avec sa direction pro-capitaliste, bien que le CNS désire le départ d’Assad, il soutient la préservation des institutions étatiques, et principalement de l’armée. En Syrie, le Comité de Coordination Locale, la Commission Générale Révolutionnaire Syrienne, et la Fraternité Musulmane comptent parmi les organisations qui adhèrent au CNS.
Le Comité de Coordination Nationale (CCN), qui regroupe d’autres organes d’opposition, rejette de but en blanc l’intervention étrangère, mais demande la poursuite des manifestations pour mettre la pression sur l’armée afin de mettre fin à ses méthodes brutales, et préconise de dialoguer avec le régime afin de le réformer plutôt que de le remplacer.
Un programme socialiste est nécessaire
Pour faire court, l’opposition est désorientée et manque d’un programme qui pourrait unir les classes ouvrière et moyenne et leur fournir une stratégie de lutte de masse et de grève générale – entraînant avec elles les grandes ville de Damas et Alep entre autres – pour mettre fin au règne d’Assad. Elle doit aussi proposer une alternative viable, qui, pour mettre fin à la pauvreté et à la division, doit être un système socialiste basé sur une véritable démocratie ouvrière et une nationalisation des ressources-clés du pays.
L’état actuel de la révolution n’est pas surprenant au vu des décennies de répression des partis politiques et du contrôle exercé sur les syndicats. Mais des bases démocratiques pourraient êtres bâties très rapidement, de manière urgente dans les mois et semaines à venir.
Le rejet de l’assistance des pouvoirs régionaux et internationaux est justifié, en particulier dans le cas de la Turquie, membre de l’OTAN – encore un régime qui a persécuté ses propres opposants, mais qui prétend soutenir les opposants syriens. Les interventions impérialistes en Irak, en Afghanistan et en Libye ont démontré que leur véritable objectif est le prestige, l’influence, le commerce, et l’acquisition du marché et des ressources naturelles. Les travailleurs syriens ne peuvent compter que sur la solidarité et l’aide d’organisation ouvrières internationales.
En ce qui concerne la ”non-violence” et les armes, le seul moyen d’en finir avec les bains de sang le plus vite possible est de supporter le droit d’organiser des corps de défense armés de manière démocratique à la base de chaque communauté et de chaque lieu de travail. Les tanks et les missiles ne peuvent être contrés à mains nues sans une hécatombe – une défense armée et non sectaire s’impose donc.
Intervention militaire extérieure
Les puissances occidentales ont jusqu’à présent rejeté toute intervention militaire, même de petite ampleur, telles qu’un embargo aériens le long des zones frontalières. Bien qu’elles considèrent leur opération en Libye comme une réussite , elles ont failli s’enliser dans un combat sans fin, et sans garantie de gains réels. L’intervention militaire en Syrie serait bien plus risquée au vu des différences essentielles entre la Syrie et la Libye. En plus de son assemblage bien plus complexe d’ethnies, de religions et de nationalités, la Syrie se trouve à une position charnière du Moyen-Orient, les répercussions régionales seraient donc potentiellement bien plus graves.
L’éditeur diplomatique du Times, Roger Boyes, commente: “Un dictateur brutal du Moyen-Orient, c’est une chose; un pouvoir en train de s’écrouler, aux frontière d’Israël et de l’OTAN, c’en est une autre”.
Mais cette prudence ne les empêche pas de se mêler des affaires syriennes autrement, sans pour autant apporter le moindre soutien aux luttes de la population. Au lieu de cela, elles se préparent à la chute d’Assad, en discutant avec de soi-disant ”leaders” de l’opposition, espérant ainsi pouvoir les utiliser pour mettre en avant leurs intérêts occidentaux, comme ils l’ont fait lors de la chute de Kadhafi.
"Cela fait plusieurs mois que nous sommes en contact avec des membres de l’opposition. Nous sommes maintenant en train de consolider ces contacts", a déclaré une porte-parole anglaise du bureau des affaires étrangères, alors que le secrétaire des affaires étrangères William Hague a organisé des rendez-vous avec le CNS et le CCN à Londres le 21 novembre.
Bien que les puissances voient une opportunité dans la chute d’Assad – par exemple l’affaiblissement de son influence dans la région du Hezbollah au Liban, et surtout en Iran, elles craignent le chaos qui pourrait résulter. Comme le fait que l’Iran mette en avant ses intérêts en Irak plutôt que ceux de l’impérialisme occidental.
La classe ouvrière syrienne ne doit se fier qu’à ses propres forces – qui sont immenses – pour avancer. Le chemin ne sera pas aisé. Malgré sa détermination à se battre jusqu’au bout, Assad pourrait fuir ou se voir retirer le pouvoir, et alors la classe ouvrière devra être prête à imposer sa vision d’un nouveau gouvernement. L’expérience des travailleurs en Tunisie, en Egypte et en Libye est un exemple flagrant que nulle confiance ne doit être placée dans les mains d’autres régimes, des généraux de l’armée, ou celles d’autres politiciens pro-capitalistes. Il faut au contraire proposer une solution socialiste comme seul moyen d’enrayer le chômage, de mettre fin à la pauvreté et aux carnages, et de garantir des droits démocratiques pour tous.
- Une lutte unie contre le régime menée par la classe ouvrière et les démunis en Syrie, quelles que soient leurs origines ou leur religion.
- Bâtir des comités démocratiques sur les lieux de travail, et des organes de défense anti-répression pour continuer la lutte.
- Refus net de toute ingérence étrangère de la part des capitalistes.
- Pour des syndicats unifiés et un parti ouvrier de masse.
- Pour une assemblée constituante révolutionnaire.
- Pour un gouvernement ouvrier et démocratique, avec une politique socialiste, garantissant l’ensemble des droits démocratiques pour toutes les minorités.
-
Stop à la guerre à Gaza
Déclaration traduite de l’hébreu publiée le 30 décembre par le Mouvement Socialiste de Lutte (Tnu`at Maavak Sotzyalisti / Harakat Nidal Eshteraki – CIO – Israël), dans le contexte d’une vague réactionnaire très forte de militarisme et de nationalisme parmi les Juifs israéliens.
Tnu`at Maavak Sotzyalist (CIO-Israël)
Version PDF de cette déclaration
Des centaines de morts, des milliers de blessés et toujours pas de réelle sécurité pour les Israéliens ou les Palestiniens.
Les centaines de tués de ces derniers jours ne vont pas apporter la paix, mais plus de fureur et de morts. Tnu’at Maavak Sozialisti (Harakat Eshteraki Nidal) s’est toujours opposé aux tirs de roquettes Qassam ainsi qu’aux attentats contre les familles des travailleurs et des pauvres en Israël, dans les territoires palestiniens et dans le Moyen-Orient. L’offensive actuelle n’est nullement une action défensive et n’a pas pour objectif d’apporter la tranquillité aux résidents du sud d’Israël. Comme lors de la deuxième guerre du Liban, à laquelle nous nous sommes également opposés, nous ne parlons pas seulement d’une absence de solution, mais aussi d’une exacerbation des problèmes. Le gouvernement actuel est responsable de l’escalade actuelle et de ses conséquences. Cette offensive ne va pas apporter de solution et démontre une fois de plus que le principal danger pour la sécurité des habitants d’Israël et de la région provient de l’élite dirigeante israélienne.
Avec plus de 365 Palestiniens tués, 1.600 blessés, et 4 Israéliens, juifs et arabes, tués, c’est la plus grande offensive aérienne de tous les temps dans les territoires palestiniens. Les dix premières heures de l’attaque ont vu des dizaines de milliers de tonnes d’explosifs s’abattre sur Gaza. Le gouvernement et l’armée savaient très bien que les tirs de projectiles – dont peu sont de véritables missiles – augmenteraient en réponse à l’attaque Ils avaient même estimé que le nombre de tirs atteindrait les 100 par jour durant l’opération. Comme c’était à prévoir, l’offensive sème la colère dans toute la région entière et exacerbe la polarisation nationale entre les Juifs et les Arabes.
Le véritable but de l’offensive n’est pas de ramener le calme, tout comme ce n’était pas le but de l’opération "Hiver chaud" en février 2008 ou lors de la précédente guerre de Gaza (l’opération "Pluie d’été") menée parallèlement à la seconde guerre du Liban. Nous nous étions également opposés à ces attaques qui avaient fait 550 tués. Maintenant comme alors, la guerre n’est que la poursuite de la politique du gouvernement par des moyens militaires. Le but de l’attaque n’est pas de mettre fin aux tirs de projectiles, mais de déstabiliser le gouvernement Hamas de la bande de Gaza, tout en donnant l’impression que le gouvernement fait des efforts pour trouver une solution à ces tirs. Pour l’élite israélienne, les jeux de prestige vis-à-vis du Hamas sont plus importants que la sécurité des résidents du sud d’Israël, qu’ils utilisent comme otages. Tout cela s’effectue sous le couvert de la période électorale en Israël et de la période de transition entre les gouvernements aux USA. Il s’agit aussi d’effacer l’image de défaite qui colle au gouvernement depuis la deuxième guerre du Liban. En même temps, cela démontre la détermination de l’élite à engager une autre confrontation sanglante avec l’Iran et le Hezbollah.
Une guerre avant les élections est une tactique classique employée par des gouvernements en faillite. Ce gouvernement a été impliqué dans des opérations militaires sanglantes et de grande ampleur. Il lance maintenant une autre opération militaire conçue pour sauver « Kadima » et « `Avodah » de leur effondrement dans les sondages en compromettant la sécurité des habitants de la bande de Gaza, de Sderot, d’Ashkelon, de Netivot, et des autres villes dans la région.
Le millionnaire ministre de la Sécurité Barak a déjà annoncé qu’il arrêtait sa campagne électorale, ce qui n’est pas étonnant parce qu’il comprend parfaitement que la campagne militaire forge sa propre campagne électorale. Tous les partis de l’establishment profiteront à court terme du prestige de l’initiative militaire, exploitée également pour détourner l’attention de la crise économique mondiale. Aucun des partis de l’establishment, qui soutiennent tous le capitalisme, n’a de solution pour la sécurité d’emploi et les conditions de vie des travailleurs. Ils n’ont pas davantage de solution au conflit israélo-palestinien et aux problèmes qu’il entraine.
L’opération militaire a reçu comme de coutume un nom cynique – « Plomb durci » qui provient d’une chanson de Hanukah – comme si des éléments de l’élite israélienne ne voyaient dans cette opération pas beaucoup plus qu’un jeu ou une aventure. Cette aventure militaire a déjà exigé un lourd tribut en vies humaines – dès les premières heures, le nombre de morts a dépassé celui des Israéliens tués par tous les projectiles lancés de la bande de Gaza jusqu’à maintenant.
Malheureusement, cette aventure n’est pas finie, le gouvernement refuse tout cessez-le-feu et n’exclut pas d’ouvrir un autre front contre le Hezbollah au Liban. Des milliers de réservistes ont déjà été mobilisés par des décrets d’urgence. L’offensive va se heurter à des difficultés et ne fera qu’aggraver les problèmes dans le Moyen-Orient. Comme Barak l’a déclaré: "Ce ne sera pas facile, et ce ne sera pas court."
Le gouvernement a saboté la « trêve »
Le gouvernement israélien a refusé de renforcer la ‘trêve’ et de la transformer en cessez-le-feu véritable, ce qui aurait au moins amélioré la vie quotidienne des Israéliens et des Palestiniens, sans même parler de toute prise réelle d’une initiative pour en finir avec le conflit israélo-palestinien, ce que le gouvernement est incapable de faire. Bien au contraire, pendant les mois de ‘trêve’, le gouvernement a continué ses actions provocatrices – comme par exemple le 4 novembre, le jour des élections aux USA, où des bombardements aériens ont eu lieu. Comme Barak le dit maintenant, l’opération militaire a été prévue en détail pendant ces mêmes mois. En Cisjordanie et dans la bande de Gaza, les opérations militaires ont continué. Le gouvernement a refusé de procéder à un échange complet de prisonniers, ce qui aurait pu aussi rendre le soldat captif Shalit à sa famille.
Au cours de la période de ‘Trêve’, le siège économique et militaire de la bande de Gaza a continué, avec la collaboration des grandes puissances, de l’Egypte, du Fatah et du reste des régimes de la Ligue Arabe. La plupart protestent maintenant hypocritement contre le massacre. Abbas (Abou-Mazen) et le régime dictatorial de Moubarak en Egypte ont même surpassé les autres quand ils ont donné un appui implicite à l’attaque d’une manière bien plus prononcée que certains des régimes arabes l’avaient fait au début de la deuxième guerre du Liban. La ministre des affaires étrangères, Livni, a été invitée lors d’une visite spéciale au Caire deux jours avant la guerre.
Cette collaboration a exaspéré les masses arabes au Moyen-Orient. Elle a augmenté la haine des régimes corrompus de la Ligue Arabe qui, comme le régime corrompu d’Israël, n’agissent pas pour servir les travailleurs et les pauvres, mais pour les exploiter et de les réprimer. La colère qui éclate maintenant pourrait précipiter la fin du régime affaibli de Moubarak en Egypte et affaiblir encore plus Abbas qui apparait comme une marionnette du gouvernement israélien. La nouvelle situation fait des pourparlers d’Annapolis une farce encore plus grotesque. Ces négociations de paix avaient été suspendues à cause de la guerre et n’ont jamais été prises au sérieux, que ce soit en Israël, dans les territoires palestiniens ou dans le reste du monde.
Depuis le retrait des colonies et de l’armée de la bande de Gaza en 2005, l’élite israélienne a continué dans la pratique à dominer le territoire comme si c’était une gigantesque prison. Après la victoire du Hamas aux élections pour le Conseil Législatif Palestinien, l’élite israélienne avait augmenté ses attaques contre les habitants avec le soutien des grandes puissances. Le Hamas avait remporté les élections en raison de la colère qui vit contre les chefs corrompus du Fatah et dans la perspective de l’échec des organisations palestiniennes, qui se sont par le passé qualifiées de socialistes.
Le Hamas est, naturellement, loin d’être un mouvement socialiste et est également une barrière dans la lutte des masses palestiniennes pour la libération nationale car il ne propose pas de stratégie pour une solution sérieuse aux problèmes qui se posent aux masses palestiniennes. Il est incapable de construire un soutien parmi les travailleurs et les pauvres israéliens à qui il nuit. Néanmoins, le Hamas est renforcé en raison de la corruption et de la trahison du Fatah ainsi que des actions du gouvernement israélien. La majorité des Palestiniens, comme des Israéliens, en a assez des grandes partis politiques existant actuellement et il y a un grand besoin d’une alternative.
Juste avant la guerre, le gouvernement avait cyniquement pris la crise humanitaire sous sa responsabilité et temporairement ouvert le passage des frontières à l’arrivée de nourriture et de médicaments. Les généraux et les politiciens de tous les partis de l’establishment israéliens justifient la politique de punition collective contre les habitants de la bande de Gaza comme une réponse aux tirs de roquettes contre les habitants israéliens des villes proches de la bande de Gaza. C’est une autojustification hypocrite. Le même gouvernement et les mêmes militaires jouent cyniquement avec les peurs, les soucis et la détresse des résidants du Negev occidental, ils ne proposent qu’une détérioration du problème et un approfondissement du conflit.
Le prix du conflit est finalement payé par la masse des familles des travailleurs et des pauvres israéliens et palestiniens, et pas par l’élite de décideurs qui tirent profit la plupart du temps du conflit national. Les tirs de roquettes sont juste le symptôme d’une situation dont le responsable en chef est l’élite israélienne, même si les fonctionnaires du ministère des Affaires Etrangères et les journalistes travaillent vingt-quatre heures sur vingt-quatre pour brouiller ce fait. le nombre de victimes de chaque côté témoigne tous les ans du point auquel le conflit pour la terre est loin d’être symétrique.
Durant des années, la politique gouvernementale avait imposé une occupation et une oppression systématique des masses palestiniennes par des moyens innombrables comprenant des démolitions, la famine et la tuerie. Au cours de ces derniers mois, le gouvernement a choisi de priver les habitants de la bande de Gaza de sorte que la grande majorité d’entre eux souffre de pauvreté extrême et manque de tout pour vivre, de nourriture comme de médicaments et d’électricité. Naturellement, cette situation entraîne l’opposition. Tant que il y aura une oppression nationale, le conflit national et le carnage continueront.
Le conflit est en dernière instance un problème social
Il y a des organismes palestiniens religieux de droite, tels que le Hamas, qui essayent de concurrencer Israël dans le massacre de civils, même si c’est à une échelle de beaucoup inférieure à ce dont est capable le gouvernement israélien, afin de donner l’impression qu’ils mènent une lutte contre ces attaques. En réalité, les tirs de roquette sont simplement une méthode de vengeance qui, à cause du désespoir et de la faim, obtient parfois un soutien parmi les Palestiniens. Les tirs de roquettes sont certainement incapables de casser la politique du siège (à la différence de l’évasion de masse de la frontière égyptienne) ou de nuire à l’oppression militaire. Cela nuit simplement à des civils autour des frontières de la bande de Gaza. C’est un cadeau politique fait à l’establishment capitaliste israélien qui emploie traditionnellement le conflit et la question de la sécurité afin d’augmenter son soutien. Le même soutien est chroniquement miné en raison de leurs attaques économiques continuelles sur les travailleurs et les pauvres en Israël ainsi qu’en raison des problèmes sociaux qui en résultent.
C’est également la raison pour laquelle la propagande de l’establishment fait un effort en créant une séparation artificielle entre les problèmes sociaux et les problèmes de sécurité. Mais le conflit israélo-palestinien est également un problème social brûlant, et on ne doit pas se baser sur ces mêmes partis qui mènent ou soutiennent la guerre économique contre la majorité des Israéliens pour ne s’inquiéter des intérêts de la population que pour les questions de sécurité. Aucun des partis de l’establishment n’a de solution au conflit et aux problèmes qu’il crée.
C’est également pourquoi les partis de l’establishment sont côte à côte en temps de guerre et ne proposent pas rien comme alternative. Les partis soi-disant en opposition participent à une coalition élargie, juste comme ils le font de façon plus cachée pour les sujets économiques. Ainsi, il était possible de voir Benjamin Netanyahu du Likoud et Haim Oron de Meretz parlant d’une même voix. La presse de l’establishment forme également un chœur pour féliciter l’attaque et souligne son rôle comme chien de garde de l’establishment capitaliste et de ses guerres.
Meretz, qui se décrit en tant qu’élément du ‘Camp de la paix’, a réclamé une action à Gaza avant même la guerre, comme il avait à l’époque soutenu la deuxième guerre du Liban. Il a même reçu des notes préliminaires du gouvernement au sujet de l’attaque. Afin d’essayer de gagner des voix du Parti Travailliste, Meretz continue à remplir son rôle historique, en soutenant une politique gouvernementale destructive et nocive pour les Juifs et les Arabes.
Une Alternative Socialiste
La sécurité des Juifs israéliens ne pourra jamais être réalisée aux dépens de la sécurité des autres populations de la région. Les travailleurs et les pauvres, Juifs comme Palestiniens, partagent les mêmes intérêts et les mêmes aspirations à une réelle sécurité ainsi qu’à une paix durable. Afin d’arrêter les bombardements et toutes les méthodes d’oppression utilisées contre les masses palestiniennes, il faut un large mouvement social sur le terrain pour les combattre et pour mettre en avant une alternative à la guerre permanente et aux bains de sang interminables. Les organisations ouvrières, y compris Histadrut, doivent contribuer à la construction d’un tel mouvement, et cela dans l’intérêt général des travailleurs.
Le manque d’un tel mouvement, un mouvement ouvrier solide, un grand mouvement socialiste composé des travailleurs juifs et arabes, en Israël comme dans les Territoires Palestiniens, fait en sorte que des tas de familles de travailleurs et de pauvres sont victimes d’événements sur lesquels elles n’ont pas le moindre contrôle. Actuellement, la classe ouvrière n’est pas réellement organisée. Si la population était organisée d’une telle manière, la majorité de l’opinion publique juive-israélienne ne serait pas désespérée au point d’accepter les prétendues propositions sécuritaires du gouvernement. Le fait que la majorité les soutient est dû au fait qu’elle n’a pas de réponses à la question : « Qu’est-il possible de faire dès maintenant afin d’améliorer la situation ? » Comme cela a été dit, le gouvernement aurait pu faire beaucoup d’autres choses, mais a finalement choisi l’attaque.
S’il y avait un mouvement socialiste large et organisé, il aurait été possible de forcer le gouvernement à instaurer un réel cessez-le-feu, à faire cesser le siège et l’oppression de la population palestinienne, et à procéder à un échange complet de prisonniers. Un large mouvement socialiste devrait se mettre en place aussi bien dans les Territoires Palestiniens qu’en Israël, afin d’offrir une véritable alternative aux grands partis politiques existants et de mener une lutte pour cesser les bombardements ainsi que tous les actes d’agression contre les masses palestiniennes de la part du gouvernement israélien.
En l’absence d’un mouvement socialiste large réunissant les Juifs et les Arabes en Israël et dans les Territoires Palestiniens, d’autres forces politiques qui n’ont rien d’autre à offrir qu’une intensification du conflit vont se renforcer, comme cela s’est déjà produit ces dernières années. Cependant, il y a des mesures urgentes qui peuvent et doivent être prises afin d’établir la base pour la construction d’un tel mouvement. Le mouvement anti-guerre doit être élargi autour de la revendication d’une solution alternative qui procurerait une paix et une sécurité réelles aussi bien aux Palestiniens qu’aux Israéliens. Les manifestations communes des Juifs et des Arabes contre la guerre doivent être renforcées, avec une opposition implacable à toute forme de répression des manifestations ou protestations contre la guerre, avec un soutien au droit à l’autodéfense des manifestants attaqués, et avec une opposition claire aux provocateurs et aux autres forces qui tentent de détourner la lutte contre les résidents eux-mêmes.
Une autre mesure à prendre en vue de la construction d’un mouvement large est d’organiser une discussion sur l’offensive militaire israélienne et ses conséquences dans toutes les organisations ouvrières, les organisations étudiantes, les communautés de quartier et toutes les formations qui luttent pour un changement social et pour la défense des travailleurs et des pauvres – et cela inclut “City for all of us” à Tel Aviv et l’organisation “Power to the workers”. Il est important que dans ces réunions, une discussion soit tenue entre travailleurs et activistes juifs et arabes, dans le but d’arriver à une analyse commune de la situation actuelle, de trouver des solutions communes , d’organiser l’élargissement des protestations contre la guerre et, dans la mesure du possible, de diffuser une condamnation publique contre la guerre.
Le groupe "Kol Akher" (L’Autre Voix), qui a été mis sur pied par des dizaines de résidents israéliens et palestiniens du Négev occidental et de la bande de Gaza, montre ce que les résidents peuvent faire, avant même qu’un mouvement social large ne soit établi et même dans le but de construire un tel mouvement. Ce groupe est maintenant en train de mener campagne pour un nouveau cessez-le-feu et contre la guerre, et des centaines de résidents du Sud de l’Israël ont déjà signé leur pétition. Le groupe organise des discussions directes entre Israéliens et Palestiniens, ce qui est particulièrement significatif vu le niveau d’incitation à la haine et à la division alimentées par les canaux d’information officiels.
Le but des discussions directes est d’arriver à une compréhension des intérêts communs, et de trouver une solution saine. Le groupe des "Combattants pour la Paix" (qui regroupe d’anciens soldats et Palestiniens qui ont pris une part directe dans la lutte contre l’occupation), organise aussi des réunions et des dialogues similaires. Un mouvement socialiste large pourrait faire avancer la discussion à une échelle bien plus large, dans le cadre de comités de paix et de réconciliation, et pourrait ouvrir des discussions formelles sur les questions de sécurité et sur les « questions-clés » du conflit.
Aussi bien en Israël que dans les Territoires Palestiniens, il y a un besoin urgent de larges partis socialistes pour la classe ouvrière et les pauvres qui pourraient diriger un tel mouvement, comme partie intégrante de la lutte pour renverser le capitalisme en Israël, dans les Territoires Palestiniens et au Moyen-Orient et pour établir un Israël socialiste côte-à-côte avec une Palestine socialiste indépendante, lesquels s’intègreraient dans une fédération démocratique et socialiste de la région.
Les manifestations contre la guerre subissent une lourde répression
Beaucoup de manifestations contre la guerre se sont déroulées dans beaucoup de villes en Israël, en Cisjordanie et dans le Moyen-Orient, certaines avec des participations massives. Dans la bande de Gaza, les manifestants sont parvenus à nouveau à ouvrir une brèche dans la frontière avec l’Egypte dans une tentative justifiée de briser le siège, mais ils ont rencontré le tir des gardes frontière égyptiens. Le Comité Suprême Arabe en Israël a déclaré une grève commerciale et une grève semblable a été déclarée en Cisjordanie. Des manifestations en Cisjordanie et à Jérusalem ont été férocement réprimées. Sous le couvert de la guerre, la police et les militaires augmentent leurs moyens de répression : au village Ni lin en Cisjordanie, par exemple, deux manifestants ont été tués par des tirs. A toutes les universités israéliennes, les manifestants ont été dispersés par la police anti-émeute.
La répression des manifestations est accompagnée d’intensives incitations anti-arabe dans les médias de l’establishment, qui soutiennent la répression et décrivent les manifestations comme des troubles de l’ordre public. L’establishment entier est enrôlé afin de faire taire l’opposition et les protestations. L’extrême-droite relève la tête et avec elle les appels racistes pour attaquer les droits démocratiques des citoyens palestiniens en Israël.
Dans le contexte de cette atmosphère super-militariste, une pression est également exercée sur les luttes des travailleurs. Le comité des travailleurs à l’Israeli Electric Corporation, par exemple, a suspendu la lutte des travailleurs contre les attaques qui suivent le début de la guerre.
À Tel Aviv, le samedi soir, des centaines de militants juifs et arabes – comprenant des membres de Tnu’at Maavak Sotzyalisti – ont manifesté devant le ministère de la Sécurité. Nos camarades ont crié des slogans tels que le "Barak : ministre de la Sécurité, vous n’achèterez pas la loi avec du sang", " Juifs et Arabes refusent d’être ennemis", "On fait couler le sang pour le prestige des ministres", "Aucune paix, aucune sécurité, ne démantèlent la loi du Capital", "De l’argent pour l’enseignement et les emplois, pas pour la guerre et l’occupation", "Le gouvernement a créé un désastre à Gaza et à Ashkelon", "À Gaza et à Sderot, les enfants veulent vivre", "Plus de murs et d’abris – dialogues entre résidants", et d’autres encore.
La conférence Socialisme 2008, organisée par nous un jour avant l’attaque, a été suivie par des dizaines de participants, y compris des résidants du Negev occidental tout comme des dirigeants de premier plan de travailleurs récemment en lutte. Lors de ce meeting, nous avons averti des dangers de la politique sécuritaire des partis gouvernementaux et de l’establishment et avons aussi averti qu’on ne peut pas faire confiance aux partis qui ne fournissent pas de sécurité économique pour fournir sécurité en cas de guerre et de terreur. Les lois du capital n’apporteront pas une vraie paix ou une vraie sécurité. Lors de ce meeting, l’organisation a exprimé sa solidarité avec les familles juives et arabes qui subissent cette situation, à Sderot, à Ashkelon, dans la bande de Gaza et les autres villes à proximité.
Les journaux rapportent déjà la colère croissante des gens dans le Negev occidental concernant les conditions de vies très basses. De façon comparable à l’atmosphère qui a accompagné la deuxième guerre du Liban, la vague nationaliste diminuera, au fur et à mesure où les gens se rendront compte qu’ils sont trompés. Mais sans un large mouvement socialiste capable de proposer une alternative politique, il y a également des chances que les populistes de droite tels que Lieberman réussissent à exploiter la colère contre l’élite et sortent renforcés. C’est, naturellement, un vrai danger, et c’est une autre raison pour laquelle le besoin de construire un mouvement est un besoin critique.
Le Mouvement Socialiste de Lutte appelle à:
- Une fin immédiate aux bombardements ainsi qu’au reste des opérations militaires dans la bande de Gaza, et une pleine compensation financière du gouvernement israélien aux familles des victimes des deux côtés de la barrière
- Un cessez le feu immédiat et complet qui comprend la fin du siège économique et financier des habitants de la Bande de Gaza et la fin des opérations militaires dans les Territoire Palestiniens, Stop aux tirs de roquette contre les habitants du Sud de l’Israël
- Continuer les manifestations communes de Juifs et Arabes contre la guerre à Gaza, contre la séparation nationale, contre le conflit et contre l’extrême-droite
- La fin de la répression policière et militaire du droit de manifester et à la fin des incitations anti-Arabes institutionnalisées, nationalistes et racistes
- La fin des jeux sur la peur des gens en Israël par l’establishment capitaliste, à la fin de l’instrumentalisation de la vie des habitants à des fins électorales et à la fin du recours aux soldats comme chair à canon.
- La fin des aventures militaires de l’élite dirigeante et de ses tentatives de cacher les problèmes politiques et sociaux de cette manière
- Un échange de prisonniers complet qui inclut la libération du soldat Gilad Shalit
- Un dialogue direct entre habitants israéliens et palestiniens, à un renforcement des liens entre travailleurs et organisations sociales des deux côtés de la division nationale
- La construction de larges partis socialistes composés des travailleurs, tant en Israël que dans les Territoires Palestiniens, qui puissent mener la lutte pour résoudre les problèmes sociaux, ce qui comprend le conflit israélo-palestinien
- Retirer l’armée des Territoires Palestiniens et à retirer toutes les mesures d’oppression et d’occupation imposées aux masses palestiniennes comme les checkpoints, le mur de séparation ou les colonies. Non au annexions de terres, des échanges de terres uniquement sur base d’accord complet et démocratique entre travailleurs et pauvres israéliens et palestiniens.
- Une véritable sécurité et une véritable paix, à la fin du conflit israélo-palestinien et à la fin aux interventions et dictats militaires, politiques et économiques menés par les grandes puissances sur les masses du Moyen Orient et menés par le gouvernement israélien dans les Territoires Palestiniens et les Etats voisins.
- Une lutte pour un Israël socialiste à côté d’une Palestine socialiste indépendante aux frontières déterminées démocratiquement par des discussions directes entre représentants des habitants et avec des garanties de pleine liberté de mouvement, à une lutte pour que Jérusalem soit la capitale commune des deux Etats socialistes, avec des règles autonomes des deux côtés de la ville.
- Une lutte unifiée des masses du Moyen-Orient pour de bonnes conditions de vie, pour la paix et pour le socialisme, pour un Moyen-Orient démocratique et socialiste avec des droits garantis pour tous les groupes et minorités.
-
L’impérialisme américain : affaibli et impopulaire, mais quelle est l’alternative ?
L’impérialisme américain s’embourbe dans les problèmes. La guerre contre le terrorisme en Afghanistan et en Irak a provoqué plus d’instabilité et de terrorisme. D’autres alliés, comme le Pakistan, sont également touchés par ces convulsions. Aux USA, le moteur économique commence à capoter et on parle de récession. Ce dossier se propose de brosser l’état des lieux de l’impérialisme américain.
[box type=”shadow” align=”alignright” width=”100″]
Vers une récession dure? Quelques citations
“Si, en plus, le protectionnisme freine l’arrivage de marchandises bon marché venant d’Asie, nous entrerons bientôt dans une situation de récession économique combinée à une inflation galopante de 5 à 8 % (voire plus), bref à une stagflation. Une telle situation est à l’ordre du jour, mais le calendrier exact est difficile a estimer. Cela peut se produire à tout moment comme cela peut également être reporté. Mais plus ce sera postposé, plus la crise frappera durement, tout comme la désintoxication est plus dure si l’intoxication a été longue. L’effet sur la lutte de classe est difficile à juger. La période précédente de stagflation a provoqué une vague révolutionnaire qui a menacé l’existence du système. Les réserves construites pendant la période d’après- guerre et l’autorité qu’avaient les partis sociaux-démocrates et « communistes » (là où ils avaient une base de masse) ont finalement pu freiner ce mouvement. Mais il suffit de se rappeler les acquis de Mai ’68 – le mouvement de démocratisation de l’enseignement qui n’est toujours pas entièrement détruit – ou la Révolution des Oeillets au Portugal et les diverses révolutions dans les anciennes colonies pour en mesurer l’impact.” (“Stagflation: syndrôme d’une maladie chronique” Alternative Socialiste no 126, novembre 2007, à relire sur les sites socialisme.be ou marxisme.org)
“Les USA n’ont connu que deux récessions ces 25 dernières années qui étaient l’une et l’autre une récession brève et douce. Il y a lieu de penser que la prochaine crise, lorsqu’elle viendra, sera plus grave.” (Wall Street Journal)
“Le marché immobilier américain a connu la crise la plus grave depuis les années septante, avec des baisses de prix de 8% en moyenne depuis le pic de 2005, mais de 40% dans les régions les plus touchées. Le marché part de l’idée que la baisse pourrait continuer jusqu’à 30%. Cela augure de la direction que l’économie américaine pourrait prendre. Avec un taux de chômage record depuis deux ans (5% en décembre) et qui pourrait atteindre les 7% selon certaines estimations, le consommateur américain (qui a longtemps été considéré comme le moteur de la croissance mondiale) pourrait jeter le gant. La consommation des ménages a chuté de 0,4% en décembre. Les ‘experts’ en discutent encore, mais six Américains sur dix jugent que le pays est déjà en récession.” (The Economist du 12 janvier 2008)
[/box]La guerre contre le terrorisme n’est pas une grande réussite. Dès le début de la guerre en Irak en 2003, nous avons publié une brochure écrite par Peter Delsing qui expliquait les tenants et les aboutissants de cette “guerre pour le pétrole”. Cinq ans après, nous avons interrogé Peter sur la situation actuelle de la guerre.
Trente mille soldats supplémentaires ont été envoyés sur place, l’impérialisme américain a-t-il réussi à stabiliser l’Irak après cette augmentation des troupes? Quelle est la situation en Irak même?
“L’invasion en 2003 faisait partie des projets de l’aile néoconservatrice des Républicains. Ces projets existaient depuis longtemps et visaient au remodelage du Moyen-Orient. Les attentats du 11/09 ont fourni le prétexte rêvé à leur mise en oeuvre. Cette guerre devait permettre à Bush et Cie de rétablir leur emprise sur cette région vitale et pétrolifère et aussi de soutenir leur allié local : Israël. Les régimes en Irak et en Iran étaient une cause permanente d’exaspération pour les Etats-Unis. Bush n’aurait jamais envahi l’Irak s’il n’y avait pas eu de pétrole sous son sol. Mais Bush s’est fourvoyé sur la possibilité d’y établir un régime à sa botte.”
“Le gouvernement de Maliki en Irak est assis sur un cimetière social. Chaque jour, des centaines d’adultes et d’enfants meurent des conséquences de l’occupation : le terrorisme, la violence, la misère, le grand banditisme, etc. En réalité, une guerre civile intercommunautaire y fait rage, entre chiites et sunnites ou entre Arabes et Kurdes. L’eau potable, l’électricité et même l’essence font défaut. L’augmentation des troupes a eu pour effet de militariser quasi complètement la ville de Bagdad et n’a fait que déplacer la violence ailleurs. Par exemple, les attentats terroristes se sont récemment multipliés au Kurdistan.
“Ces divisions communautaires que les Américains ont institutionnalisées ne peuvent mener qu’à des conflits de plus en plus aïgus pour la répartition des maigres ressources encore disponibles. La seule alternative viable serait une lutte commune des masses laborieuses et pauvres pour assurer leur propre sécurité et la défense des besoins de base. Cette lutte devrait être liée au respect du droit à l’autodétermination des différentes composantes de l’Irak et enfin à la lutte pour la transformation socialiste de la société.”
Quels sont les effets de cette politique impérialiste sur le reste du Moyen-Orient?
“Parlons d’abord de l’autre aventure impérialiste, celle d’Afghanistan. Un politicien britannique a récemment déclaré qu’on sous-estimait la position délicate du gouvernement de Karzaï. Fin janvier, les USA ont déplacé 2.200 marines vers l’Afghanistan, car la menace d’une offensive des Talibans se précisait dans le sud du pays. Lors du Forum Economique Mondial à Davos, Karzaï a même mis en garde contre “un embrasement du terrorisme” dans la région. Une telle instabilité – que renforcerait encore un possible effondrement de la société au Pakistan – montre bien l’impossibilité de développer ces pays dans le cadre du capitalisme et de l’impérialisme. Les conditions sociales y sont déjà telles qu’une récession mondiale pourrait donner le coup de grâce à plusieurs régimes instables.”
“Au Moyen-Orient, comme dans les pays du Golfe, il existe une élite riche qui nage littéralement dans les profits pétroliers. De l’autre côté, il y a une population souvent jeune, mais désorientée par la décadence capitaliste. La politique de Bush et de ses marionnettes locales a joué en faveur du fondamentalisme islamique, au Liban avec l’ascension du Hezbollah, à Gaza avec celle du Hamas. La soi-disant initiative de paix de Bush à Annapolis, en novembre de l’année passée, a donné plus de moyens au Fatah en Cisjordanie. Mais Israël continue à y construire des logements pour les colons.”
“En janvier, Bush a aussi fait une tournée dans sept pays arabes. Pour contrecarrer l’influence de l’Iran, il a vendu à l’Arabie Saoudite des bombes à guidage pour une valeur de 123 millions de dollars. Il en a aussi livré gratuitement 10.000 à Israël. D’autres contrats sont prévus pour une valeur totale de 20 milliards de dollars. La région devient une poudrière et l’exemple pakistanais n’a pas servi de leçon.”
Quels seront les effets d’une récession aux USA sur la position de l’impérialisme?
“Le prix du baril de pétrole a chuté légèrement depuis son pic de 10 dollars, mais il oscille toujours à un niveau élevé, entre 85 et 90 dollars. La crise financière actuelle – qui se traduira bientôt par des licenciements de masse, par des fermetures d’entreprises et par de nouvelles attaques sur les salaires et la sécurité sociale – se caractérise par l’éclatement des bulles artificielles qui maintenaient à flot le capitalisme en crise.
“Dans les années 80, dans le sillage de Reagan et de Thatcher, les gouvernements ont relancer les profits en sapant le pouvoir d’achat des salariés et des allocataires sociaux. Ils ont cependant préféré recourir provisoirement à l’emprunt public plutôt que de lancer une offensive encore plus dure contre la classe ouvrière. Dans le cas de Reagan, il s’agissait d’investir dans l’appareil militaire.”
“Au cours des dix dernières années, et surtout depuis la récession en 2001 aux USA, les dirigeants capitalistes ont essayé de différer une crise encore plus profonde en laissant enfler une bulle de crédits à bon marché. C’était le seul moyen pour que la population continue à consommer malgré des revenus qui ne progressaient plus ou même baissaient. C’est ainsi que les salariés se sont mis à dépenser leurs revenus futurs.”
“La bulle du marché immobilier est en train d’éclater aux USA. A l’heure actuelle, les prix n’y ont diminué “que” de 8%. Mais avec quelles conséquences ! Cela a cependant suffi pour que la Bourse américaine recule sérieusement, entraînant derrière elle toutes les Bourses à travers le monde. En Inde, la bourse a chuté de 11% en une journée. Les analystes n’en estiment pas moins que la chute des prix pourrait atteindre les 30%. La bulle d’autres formes de crédits aux USA pourrait produire des effets comparables.
“La bulle du ‘dollar fort’ est déjà en train d’éclater depuis un moment. Si elle devait éclater pour de bon, les exportations européennes auraient du mal à se maintenir et l’économie mondiale pourrait encaisser des chocs plus importants encore. “En outre, on ignore encore l’ampleur de la diffusion des ‘créances douteuses’ qui ont été converties en paquets d’actions. Un géant bancaire américain comme Citigroup a fait ses plus grosses pertes depuis 196 ans ! Un sentiment d’inquiétude, et même de panique, commence à s’installer parmi les dirigeants capitalistes. Il suffit de voir l’intervention énergique de la Federal Reserve (Banque Centrale Américaine) qui a réduit d’un coup ses taux de 0,75%. Les Américains sont endettés jusqu’au cou, mais Bernanke (le président de la FED) les incite à continuer dans cette voie.
“Les remèdes des rebouteux néolibéraux fonctionnent de moins en moins. La classe ouvrière américaine sera appelée à jouer un rôle important dans la construction de nouveaux partis pour les pauvres, les salariés et leurs familles, dans le feu de la lutte pour une autre société, une société socialiste.”
-
Mettons un terme à la deuxième guerre du Liban!
Le tract suivant, critiquant le projet de guerre du gouvernement Olmert, a été distribué en hébreu par les membres de Maavak Sozialisti (Lutte Socialiste), notre organisation-soeur en Israël.
Mettons un terme à la deuxième guerre du Liban !
Les politiciens et les généraux nous enfoncent dans un bourbier.
La guerre en cours n’a pas pour objectif de s’assurer que les soldats capturés soient relâchés, ni d’apporter la sécurité aux colonies nordiques. Les généraux et politiciens ne sont pas capables de supporter l’affront qui a été fait à leur prestige lors des attaques qui ont causé la mort et la capture des soldats à Keren Shalom et sur la frontière nord, et c’est pour cette raison qu’ils envoient combattre de simples soldats (c’est-à-dire, beaucoup de jeunes qui sont en train de faire leur service militaire, des réservistes, etc.), et qu’ils conseillent à plus d’un million de travailleurs et à leurs familles "d’encaisser les coups calmement".
Ces braves politiciens et géénéraux sont préparés à combattre jusqu’à la dernière goutte de sang – non pas leur sang, mais celui des milliers de simples gens, qu’ils soient Israéliens ou Libanais…
Les politiciens nous disent que le bombardement aérien est destiné à "briser le Hezbollah", et que le fait de forcer des centaines de milliers de Libanais à devenir des réfugiés, mettra la pression sur le gouvernement libanais afin qu’il force le Hezbollah à se rendre.
Mais aucune de ces choses ne se passe ! Les bombardements massifs ont fait bien plus de tort aux travailleurs qu’ils n’en ont fait au Hezbollah – qui est en train d’attirer l’armée israélienne dans le piège qu’il a préparé au Liban méridional.
Et maintenant, après nous avoir promis qu’il n’y aurait pas besoin d’une invasion terrestre et d’une réoccupation du Liban, les mêmes politiciens et généraux envoient des soldats ordinaires, précisément dans ces buts.
Au même moment, dans le Nord, les nettoyeurs de rue de Nahareeeya sont forcés de continuer à ramasser les déchets dans les rues abandonnées – sous la menace d’un licenciement immédiat et de la perte de leur salaire dérisoire.
Les incendies provoqués par les tirs de missile sont éteints par des pompiers qui n’ont pas été payés depuis deux mois. Des centaines de milliers d’habitants du Nord ont bien compris que le gouvernement est incapable de les défendre, et ont migré vers le Sud – et ne restent en arrière que ceux qui n’ont pas de cousins pour les accueillir au centre du pays, et qui n’ont pas non plus d’argent pour payer la facture de l’hôtel : en d’autres termes, les travailleurs pauvres.
Le gouvernement ne se soucie pas du tout des habitants du Nord, ni de ceux qui n’ont pas pu s’en aller.
Le système capitaliste, qui en temps normal est déjà incapable de nous assurer une vie, une éducation, et des soins de santé décents, sans parler du logement, est tout aussi incapable de nous apporter de la sécurité, et nous entraîne dans un nouveau bourbier à Gaza, sur la Rive Ouest et au Liban.
Les capitalistes qui ont profité des privatisations et du dernier boom économique, recevront aussi des compensations pour les pertes qu’ils auront subies pendant la guerre, et c’est nous qui serons forcés d’en payer le prix, par notre sang et notre pauvreté.
Il n’y a que nous, millions de travailleurs et de jeunes, qui pouvons mettre un terme à cela – grâce à une campagne massive de manifestations et de grèves.
- Lutte de masse des travailleurs israéliens et de la jeunesse pour arrêter le bombardement du Liban et pour retirer l’armée du Liban, de Gaza et de la Cisjordanie.
- Construction de logements pour les travailleurs qui ont été forcés de quitter leurs maisons.
- Paiement immédiat de tous les salaires qui ont été retenus. Paiement des salaires aux ouvriers de Haïfa et du nord sans qu’ils doivent risquer leurs vies pour travailler. Interdiction de renvoyer des travailleurs.
- Ce n’est pas à la classe ouvrière de payer le prix de la guerre. Aucune coupe dans les dépenses sociales.
- Pour la construction d’un parti de masse des travailleurs armé d’un programme socialiste, seule alternative au système capitaliste qui crée guerre et pauvreté.
